« Des étudiants infirmiers et sages-femmes dénoncent les violences de l’hôpital »

Le Monde constate en effet : « Agressions verbales, humiliations, malveillance… Sur les réseaux sociaux, des étudiants en santé, en particulier issus des écoles d’infirmières et de sages-femmes, racontent les traumatismes vécus pendant leurs stages en milieu médical ».
Le journal livre notamment le témoignage de « Clotilde, 21 ans, [qui] se souvient qu’on lui a tendu un plateau, dans les couloirs de la clinique de Seine-Maritime où elle réalise son premier stage d’infirmière. «Tiens, va le donner à la patiente», lui demande un collègue. A son entrée dans la chambre, l’étudiante découvre le corps inerte de la dame. Quand Clotilde ressort, très secouée, elle est accueillie par les mines hilares de ses encadrants infirmiers, qui guettaient sa sortie ».
La jeune femme remarque : « Ils avaient fait exprès de m’y envoyer sans me prévenir. Ils étaient bien contents de leur “blague”, alors que la patiente était morte, depuis déjà longtemps. J’avais 18 ans, c’était ma première confrontation à la mort ».
Le Monde note que « cet événement traumatisant, Clotilde s’est décidée à le raconter publiquement sur Twitter lorsqu’elle a vu le mot-dièse #balancetonstage prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux depuis le 5 septembre ».
Le quotidien explique qu’« initialement créé cet été par trois étudiants de l’Ecole de management de Lyon pour dénoncer le sexisme en entreprise, le mot-dièse a été massivement repris par des étudiants en santé ces derniers jours – élèves en écoles d’infirmiers, d’aides-soignants, de sages-femmes principalement – pour raconter des violences vécues sur leur lieu de stage, qu’elles soient verbales, physiques, sexistes ou psychologiques ».
« Depuis ce week-end, plusieurs centaines de témoignages ont fleuri, venant de jeunes ébranlés par leurs premiers pas dans la vie professionnelle à l’hôpital, en clinique ou en maison de retraite, victimes de petites humiliations mais aussi de harcèlement moral », continue le journal.
Le Monde souligne que « ces comportements en milieu hospitalier ne sont pas nouveaux. Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes et secrétaire générale de l’Ordre des sages-femmes, se souvient qu’il y a 30 ans, lorsqu’elle était étudiante, son quotidien était émaillé de paroles brutales et d’agressions ».
La responsable note ainsi que « les mains aux fesses dans le bloc opératoire, c’était la norme. […] Je regrette que la réalité du XXe siècle soit la même que celle du XXIe. J’ai lu des témoignages terribles sur Twitter, et je suis trop bien placée pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un fantasme étudiant, mais d’une réalité inacceptable ».
Le Monde évoque cette « forme de libération de la parole. «On est passé de la loi du silence à la loi du hashtag. Il faudra aller plus loin», poursuit Isabelle Derrendinger. Car la tâche reste plus facile sur les réseaux sociaux que dans les écoles de formation, où la parole est «verrouillée», estime Vincent Opitz, vice-président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) ».
Ce dernier déclare que « les étudiants s’expriment peu, de peur des représailles. Et quand ils en parlent, on leur répond trop souvent de prendre sur eux ».
Le Monde relève cependant que « les enquêtes de syndicats ont fleuri pour quantifier ces dérives. Dans une étude menée par la FNESI en 2017, 78% des étudiants infirmiers déclaraient se sentir stressés «tout le temps ou souvent» et 40% se disaient victimes de harcèlement. En 2018, un tiers des étudiants sages-femmes interrogées exprimaient un sentiment de «maltraitance» de la part de leur équipe pédagogique, dans une enquête de l’Association nationale des étudiants sages-femmes ».
Le journal souligne en outre que « les conséquences sur la santé peuvent s’avérer désastreuses pour les étudiants. Lorsqu’elle était en deuxième année d’école d’infirmière, « Dame Gertrude » (son pseudo sur Twitter), 23 ans, se souvient d’un stage traumatisant qui l’a rendue littéralement malade : vertiges, tremblements, insomnies, perte d’appétit… ».
Elle déclare : « Une pomme me faisait trois jours. Et ce pont que je traversais chaque jour, je me disais qu’il pouvait me permettre d’abréger ma souffrance ».
Le quotidien précise qu’« à la suite d’une alerte de la médecine du travail, elle est mise en arrêt maladie. Le terrain de stage reste désormais fermé aux étudiants, dans l’attente d’une «charte de bientraitance» ».
Le Monde note que « Martine Sommelette [pésidente du Cefiec, association qui fédère les directeurs d’écoles d’infirmières] rappelle que les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les soignants font un «travail énorme pour que les étudiants évoluent dans des situations favorables». Il est d’ailleurs important de souligner qu’un stage peut très bien se passer et que certains tuteurs sont d’excellents pédagogues. […] Dans des services où le soin et la relation au patient se dégradent, difficile par ailleurs de dégager du temps pour l’accompagnement des étudiants. […] La crise sanitaire a pu, à de nombreux égards, aggraver la situation, avec des professionnels qui accumulent la fatigue, parfois dans de mauvaises conditions. Et plus le travail est accablant, plus la violence se faire sentir », continue le journal.

Date de publication : 10 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques prescrits contre l’autisme, l’Agence du médicament saisit la justice »

La Croix fait savoir que « l’Agence du médicament (ANSM) a signalé à la justice le cas de médecins prescrivant des antibiotiques ou des traitements inadaptés à des enfants autistes, exposant ces derniers à des effets indésirables. C’est l’association SOS Autisme qui avait signalé ces comportements via une procédure de lancement d’alerte ».
L’ANSM indique ainsi : « Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d’autisme, [l’agence] déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».
La Croix explique que « les pratiques incriminées concernent la prescription «sur de longues durées (plusieurs mois)» de «médicaments anti-infectieux» (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de «chélateurs de métaux lourds», des substances censées éliminer les métaux lourds de l’organisme, dont l’utilisation n’est recommandée qu’en cas d’intoxication avérée ».
« Informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, l’agence a recueilli notamment des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions », continue le journal.
Il ajoute qu’« après enquête interne, l’ANSM a informé le procureur de la République cet été, ainsi que l’Ordre des médecins et des pharmaciens, responsables du respect des règles de déontologie par leurs membres, ainsi que la Caisse nationale d’Assurance maladie ».
La Croix note en outre qu’« Olivia Cattan, qui s’apprête à publier un livre pour dénoncer ces pratiques, va elle aussi déposer plainte auprès du procureur de la République. […] Elle déclare avoir également alerté les Ordres des médecins et des pharmaciens ».
Elle remarque ainsi : « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des «protocoles» pas prouvés scientifiquement ».
Le quotidien ajoute que « selon Olivia Cattan, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5000 enfants depuis 2012 ».
Philippe Vella, de l’ANSM, souligne pour sa part que « les troubles du spectre de l’autisme constituent un syndrome neuro-développemental pour lequel il n’y a pas de traitement médicamenteux curatif. Nous souhaitons avant tout envoyer un message aux familles dans le désarroi, potentiellement vulnérables, pour les alerter : on expose ces enfants aux effets indésirables connus de traitements pour lesquels les bénéfices n’ont pas été prouvés ».

Date de publication : 16 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques pour « guérir » l’autisme : ouverture d’une enquête ouverte pour « mise en danger d’autrui » »

Le Monde indique en effet que « saisi cet été par l’Agence du médicament (ANSM) du cas de médecins prescrivant à des enfants autistes des antibiotiques ou des substances censées éliminer les métaux lourds, le parquet de Paris annonce qu’une enquête a été ouverte ».
Le journal précise que « le pôle santé publique du parquet a ouvert cette enquête le 11 septembre pour «mise en danger de la personne d’autrui» et «infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine». […] Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ».
Le quotidien rappelle que « mardi, l’ANSM avait annoncé avoir saisi cet été le procureur de Paris de ces pratiques de prescriptions dangereuses. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions ».
L’ANSM a fait savoir qu’elle « déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».

Date de publication : 18 septembre 2020

 

 

« La science perd-elle la raison ? »

C’est ce que se demande Libération, qui observe qu’« universitaires, journalistes et vulgarisateurs s’écharpent sur l’usage de la science dans l’espace public. Chacun avance l’argument de la raison pour peser sur des questions sanitaires et environnementales ».
Le journal relève ainsi : « Un interlocuteur qui souhaite ne pas répondre pour s’épargner des pressions, un autre qui rapporte une tentative d’accusation de harcèlement sexuel à son encontre, des empoignades sur les réseaux sociaux et des prises de becs par billets de blogs interposés… le cadre de ces petits meurtres entre amis ? Rien d’autre que le train-train habituel de la recherche scientifique française ».
« Plus précisément, celui des «rationalistes», une petite communauté d’acteurs du monde de la science peu connue du grand public mais dont les luttes internes peuvent avoir des répercussions dans la vie des Français. Il suffit pour mesurer le niveau de tensions de voir le cyclone de réactions qu’a fait naître, avant même sa parution, le livre des journalistes du Monde Stéphane Foucart et Stéphane Horel et du sociologue Sylvain Laurens, « Gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique ». Journalistes, scientifiques et vulgarisateurs y ont trouvé là une nouvelle occasion de s’écharper sur l’appropriation de la parole scientifique dans le débat public »,constate Libération.
Le journal rappelle que « la querelle n’est pas nouvelle. En 2019, c’est la publication de la tribune du collectif No Fake Science dans le quotidien libéral l’Opinion qui met le feu aux poudres. Proclamant que «la science ne saurait avoir de parti pris», les quelque 250 signataires du texte exposent des thématiques faisant, selon eux, l’objet d’un consensus scientifique et sur lesquelles le débat devrait être considéré comme scientifiquement clos ».
« Outre un rappel sur les bénéfices de la vaccination ou le manque de preuves sur l’efficacité des produits homéopathiques, l’appel écrit que «les différentes instances chargées d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent comme improbable qu’il présente un risque cancérigène pour l’homme». Ou encore : «Le fait qu’un organisme soit génétiquement modifié (OGM) ne présente pas, en soi, de risque pour la santé.» Deux affirmations assenées avec aplomb mais qui ne font pourtant pas l’unanimité scientifique. De quoi faire bondir une partie de la communauté de chercheurs », remarque le quotidien.
Libération continue : « Ce clivage autour de la rationalité scientifique, que l’on se figure neutre, objective et indiscutable, pose en creux une vaste question : «Qui peut prétendre parler au nom de la science ? Et qu’est-ce que la « bonne science » ? Qu’est-ce qu’un consensus scientifique ?» C’est là le cœur du problème : un énoncé scientifique ne peut jamais être vérifié avec une certitude absolue ».
« Interrogations brûlantes dès lors qu’il s’agit de statuer sur le degré d’implication de l’activité humaine dans le réchauffement climatique ou l’efficacité d’un traitement face à une maladie. Débat d’autant plus explosif que la pandémie a développé l’intérêt du grand public pour les sciences ainsi que son instrumentalisation par les politiques », observe le journal.

Date de publication : 24 septembre 2020

 


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