« Covid-19 : la santé mentale, grande sacrifiée de l’épidémie ? »

Le Point constate en effet que « les mesures restrictives liées au virus semblent avoir eu un impact sur les personnes qui, avant l’épidémie, peinaient déjà à trouver un équilibre mental ».
Le magazine se penche sur l’Allemagne où, « comme ailleurs, leur suivi médical a été fortement affecté par la fermeture imposée à de nombreuses structures de soutien en vertu des mesures anti-Covid, d’abord en mars puis à nouveau depuis décembre avec la seconde vague épidémique qu’affronte actuellement le pays ».
« Depuis le printemps, plusieurs établissements ont proposé leurs services en ligne ou via des applications pour smartphones, mais les résultats ne sont pas très probants pour ce type de soins où les échanges directs restent primordiaux », note Le Point.
Le magazine indique que « selon la Fondation allemande d’aide aux victimes de dépression (DDH), les personnes souffrant de cette maladie ont vécu les mesures restrictives du printemps avec un stress plus de deux fois supérieur à la moyenne de la population. Plus de la moitié d’entre elles ont aussi vu leur accès aux traitements restreint, a encore évalué la fondation. Cliniques psychiatriques ambulatoires, centres de conseil et services de prévention du suicide ont tous connu une augmentation des demandes d’aide cette année, même à distance ».
Dietrich Munz, chef de la Chambre allemande des psychothérapeutes, souligne ainsi : « Il y a maintenant toute une série d’études qui montrent que le stress mental causé par les mesures restrictives peut aussi conduire à une maladie mentale ».
Il ajoute que « les humains sont des êtres sociaux. Cela signifie que nous recherchons et avons besoin d’échanges interpersonnels, que ce soit des petites conversations au travail ou des confidences avec ses amis. […] Trop de proximité peut également provoquer un stress psychologique. […] Réduire ses échanges exclusivement avec la famille est difficile s’il y a trop peu d’occasions de s’isoler ».
Le Point conclut que « dans un récent sondage de la compagnie d’assurance maladie Pronova BKK, 75% des 154 psychiatres et psychothérapeutes interrogés s’attendent à une augmentation des cas de maladies mentales au cours des 12 prochains mois ».

Date de publication : 8 janvier 2021

« L’excès de mauvaises nouvelles nuit à notre santé mentale »

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian s’interroge dans Le Figaro : « Bien calé dans son fauteuil, est-on vraiment passif lorsque l’on écoute les informations télévisées ? ».
Le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur au CHU de Marseille, répond : « Pas du tout. Toute information est traitée par notre cerveau : lorsque les informations se succèdent, cela finit par constituer une charge mentale non négligeable. Or chez une personne qui se sent déjà épuisée psychiquement, ce n’est pas rien, surtout avec les chaînes d’information en quête de sensationnel ».
« Ces chaînes, met en garde le médecin, nous font vivre dans l’instantané et la recherche de réactions émotionnelles », poursuit Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond explique ainsi que « la catastrophe fascine ! Il y a un effet d’amplification de ces informations négatives qui, répétées au quotidien, finissent par donner le sentiment de vivre dans un monde en perdition. Et cette impression de vivre dans un monde moche, sans espoir, peut créer de la dépression et même favoriser des idées suicidaires chez une personne prédisposée. C’est le sentiment d’impuissance qui fait le plus de dégâts sur le plan psychique. Le stress généré par ces informations négatives qui paralysent provoque une sécrétion prolongée de cortisol et favorise à terme l’inflammation dans le cerveau ».
Nathalie Szapiro-Manoukian relève que « les informations reçues par notre cerveau ne sont pas traitées de façon égalitaire, comme l’a montré récemment une équipe de chercheurs de Montréal du CHU Ste Justine (Nature Communications, août 2020) ».
La journaliste explique que « notre cerveau est composé de milliards de cellules nerveuses excitables, et c’est par le biais des épines dendritiques (de minuscules protubérances en contact avec les autres cellules nerveuses) que les données s’échangent entre cellules. Lorsqu’une information persiste et/ou se répète […], ces échanges se multiplient, le nombre d’influx nerveux traitant cette information augmente et les neurones y deviennent encore plus sensibles. Cela ne fait qu’amplifier l’information. À l’inverse, une information reçue ponctuellement fait l’objet de peu d’échanges et, même s’il s’agit d’une excellente nouvelle, son évocation trop éphémère va faire que pour notre cerveau elle va passer quasi inaperçue car elle manque d’écho ! ».
« À cette iniquité de traitement des informations s’ajoute le fait que l’être humain a une certaine appétence pour les catastrophes. […] Autre biais cognitif : nous retenons ce qui nous est proche, bien plus en tout cas, que ce qui semble lointain », ajoute-elle.
Nathalie Szapiro-Manoukian observe que « les personnes non affectées par ces nouvelles négatives ont intégré instinctivement que les informations télévisées délivrées à la chaîne créent de la distorsion et ne traduisent pas exactement la réalité (il y a un effet « zoom »). Elles contrebalancent ces informations négatives par des annonces positives et/ou se concentrent sur ce qui compte vraiment pour elles, sur quoi elles peuvent agir ».
Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne, indique ainsi que « pour repérer ce qui va bien, ce qui nous convient, il faut faire un effort. Un vrai effort. Il faut être mobilisé dans cette intention et y revenir dès qu’on l’a lâchée, qu’on a oublié et que notre naturel revient au galop… Notre attention réclame un effort pour nous permettre d’être attentif aux belles choses ».
« Mais pour ceux déjà épuisés psychiquement, ce recul manque. Il y a alors urgence à faire l’économie des informations négatives non essentielles ! Mais aussi à s’informer autrement »,souligne Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond indique : « Je leur conseille de se trouver d’autres sources d’information qui traitent ces sujets plus en profondeur comme les journaux, les podcasts, la radio, etc. Ces médias laissent la place aux analyses, aux recherches et aux solutions possibles. Or accroître ses connaissances dans un domaine rassure. Cela permet aussi de faire le tri entre vraies informations et fake news ».

Date de publication : 11 janvier 2021

« La santé mentale des étudiants mise à fac »

Cassandre Leray constate en effet dans Libération : « Isolement, angoisse liée à l’enseignement à distance, précarité… Syndicats et enseignants s’alarment de l’état de détresse des jeunes ».
La journaliste fait savoir que « mardi soir, une étudiante [à l’université Lyon-III] a tenté de sauter du cinquième étage de sa résidence universitaire. Bien qu’elle ait été prise en charge «avant de commettre l’irréparable», selon les mots d’[Eric Carpano, président de l’université], cet événement fait violemment écho à ce qui s’est passé durant la nuit de vendredi à samedi ».
Cassandre Leray explique qu’« à la résidence universitaire de Villeurbanne, un étudiant en master de droit à Lyon-III s’est jeté par la fenêtre du cinquième étage. Son pronostic vital est engagé. Les causes de ces gestes ne sont pas encore connues, mais une chose est sûre, «il y a un profond mal-être de la jeunesse aujourd’hui, qui a le sentiment d’avoir été délaissée. La crise sanitaire leur impose des contraintes absolument redoutables», selon le président de l’université ».
Eric Carpano ajoute : « Il faut une prise de conscience nationale pour accompagner notre jeunesse et lui offrir un horizon. J’espère que la réponse gouvernementale sera à la hauteur des attentes ».
La journaliste note que « ce constat, le Premier ministre Jean Castex ne l’a pas nié lors de sa conférence de presse de jeudi soir, parlant d’un «profond sentiment d’isolement», de «vraies difficultés psychologiques», une «source de préoccupation majeure». […] Il a annoncé un retour très progressif dans les amphis des 1,6 million d’étudiants assignés à l’enseignement à distance depuis 3 mois, à partir du 25 janvier pour «une reprise en demi-groupes des travaux dirigés des élèves de première année» ».
Cassandre Leray ajoute que « ce vendredi, [le Premier ministre et la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal] doivent recevoir les représentants de la communauté universitaire pour préciser les modalités de cette prudente évolution, alors que la reprise en physique des étudiants les «plus fragiles», annoncée en décembre, s’est faite au compte-gouttes depuis la rentrée de janvier ».
La journaliste cite en outre Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui souligne : « On se retrouve dans des situations de plus en plus anxiogènes : la hausse de la précarité, l’angoisse liée aux partiels, la peur pour l’avenir, la fermeture des universités, l’isolement. Je ne sais même plus comment mettre des mots là-dessus ».
Marielle Wathelet, médecin de santé publique au Centre national de ressources et de résilience (CN2R), note pour sa part : « On sait que les étudiants ne vont pas bien. Leur état de santé mentale est altéré, quel que soit l’indicateur que nous avons mesuré ».
Cassandre Leray explique qu’« en octobre, elle a codirigé à une étude sur l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France pendant le confinement, du 17 avril au 4 mai. Sur les 70.000 répondants, 11,4% ont déclaré avoir des idées suicidaires, 27,5% rapportaient des symptômes sévères d’anxiété et 16,1% de dépression. Des chiffres qui «sont plus élevés que la moyenne, hors contexte de pandémie», note Marielle Wathelet ».
La journaliste précise que « des données manquent encore : celles des suicides. […] De premiers résultats, concernant la période de janvier à août 2020, ont tout de même pu être analysés ».
Fabrice Jollant, psychiatre spécialiste des conduites suicidaires, indique qu’« ils portent sur les tentatives de suicide hospitalisées seulement. Chez les jeunes, il y a eu une diminution durant la première partie de la pandémie ».
Cassandre Leray relève qu’« il reste difficile de poser un constat ferme, puisque cette baisse des hospitalisations pourrait notamment s’expliquer par un accès aux soins plus difficile à cette période. Surtout, comme le pointe le spécialiste, «tout le monde a le sentiment que c’est de plus en plus difficile depuis la rentrée. Chez les étudiants, il y a une fatigue, une lassitude, une crise qui dure. On craint que les prochains chiffres aillent dans l’autre sens» ».

Date de publication : 15 janvier 2021

« Sans horizon, les Français peinent à garder le moral »

Le Figaro relève en effet : « Un «tunnel sans fin», une «atmosphère pesante», un sentiment entêtant de «tourner en rond». Du deuxième confinement au couvre-feu à 18 heures, de la fermeture des restaurants aux portes closes des musées, en passant par les masques, le gel hydroalcoolique et les produits non-essentiels, les Français expriment un ras-le-bol de plus en plus envahissant. La menace des nouveaux variants du Covid-19, plus contagieux, et la perspective d’un troisième confinement ont achevé de plomber leur moral ».
Le journal constate que « les unités psychiatriques voient arriver de nouveaux patients qui n’avaient jusqu’à présent jamais consulté ».
Le Figaro note ainsi que « dans le centre de psychiatrie où il exerce à Lyon, le Pr Nicolas Franck s’inquiète du nombre croissant de Français en souffrance, à tel point que les standards saturés peinent à répondre à leurs appels. Une population hétérogène qui va des «soignants traumatisés» aux étudiants isolés «qui vivent à distance de leur famille, reclus dans une chambre minuscule, sans cours et sans ressources» ».
Le Pr Franck déclare que « les épreuves qui s’accumulent altèrent le bien-être mental » et évoque ces personnes âgées qui « ne sont quasiment pas sorties de chez elles depuis bientôt un an car elles ont peur de se contaminer, y compris dans un centre de vaccination. Elles vivent repliées sur elles-mêmes. Elles ont perdu des capacités physiques et sont en grande souffrance morale car elles ne voient plus leurs proches ».
« Quant aux personnes fragiles psychologiquement, qui consultaient déjà avant la pandémie, elles vivent cette période «encore plus difficilement que les autres», prévient-il. Plus les mesures sanitaires sont longues, «plus les conséquences sur la santé mentale s’aggravent» », continue le journal.
Marie-Estelle Dupont, psychologue, remarque que « les Français saturent. Ils perdent leurs repères. […] Avec ces mesures sanitaires, on a réduit l’être humain à des besoins alimentaires et matériels. Les dégâts sont catastrophiques : les gens boivent, grossissent, prennent des psychotropes, deviennent addicts aux écrans. Quand on est privé d’air, de lumière, d’échanges affectifs, de culture et qu’on a toujours peur de contaminer l’autre, nécessairement, on déprime… ».
Le Figaro observe que « chez Nightline, un service d’écoute destiné aux étudiants, on note «une légère augmentation du nombre d’appels, avec des pics autour des annonces du gouvernement» ». Patrick Skehan, son délégué général, précise : « Solitude, études, problèmes relationnels, ce sont toujours les mêmes problématiques, mais exacerbées par la crise sanitaire. Quelque 10% de nos appelants évoquent des idées suicidaires. Va-t-on trouver une réponse structurelle à cette crise ou bien simplement créer de nouveaux numéros verts ? ».
Le quotidien relève qu’« à l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, qui sonde les effets de la pandémie sur la santé mentale des Français, on reconnaît que les chiffres sur les troubles anxieux et dépressifs n’ont «sans doute jamais été aussi hauts». Tristesse, perte d’intérêt, énergie à plat, ralentissement intellectuel et physique… ».
« Santé publique France souligne cependant que «70% des gens arrivent à s’en sortir» et que le vaccin apparaît comme un motif d’espoir. Son principal objectif est aujourd’hui d’éviter que ces troubles «s’installent dans la durée et s’aggravent». Une vaste campagne d’information sur la santé mentale est en préparation », indique Le Figaro.
Dans un autre article, le journal se penche en outre sur une « inquiétante augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes » : « Précarisés, isolés, exténués, de plus en plus de jeunes voient leur santé mentale se dégrader. Alors qu’un troisième confinement se profile, les professionnels de santé alertent sur l’importance de garder les établissements scolaires et universitaires ouverts ».

Date de publication : 29 janvier 2021

 


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