« Le taux de suicide en forte baisse en France »
La Croix remarque que « le nombre de décès par suicide marque, en 2014, un recul de 26% par rapport à 2003. C’est ce qui ressort du troisième rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS) publié le 5 février ».
« Selon cette instance, 8885 décès par suicide ont été enregistrés officiellement en 2014, ce qui représente tout de même près de 24 décès par jour », indique le quotidien.
Le journal souligne que « malgré l’embellie, ce chiffre reste donc alarmant et la France présente toujours l’un des taux de suicides les plus élevés d’Europe derrière les pays de l’Est, la Finlande et la Belgique ».
La Croix note que « de leur côté, dans un ouvrage réédité début février, les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet montrent un recul du suicide depuis 30 ans. Cela tiendrait à la «démocratisation» de la prise d’antidépresseurs et à la «transformation sociale des maladies mentales, mieux acceptées» ».
« Les personnes souffrant de dépression et nourrissant des pensées suicidaires iraient plus facilement consulter un «psy» que par le passé et n’hésiteraient pas à se faire aider. Un point de vue que nuance toutefois l’ONS », relève le quotidien.
L’Observatoire remarque ainsi : « Il est difficile de déterminer le poids d’un facteur plutôt qu’un autre du fait que le suicide est multifactoriel. Un élément de connaissance important est que cette baisse est observée en France et dans la plupart des pays développés ».
La Croix note que « Michel Debout, médecin spécialiste reconnu du suicide, rappelle de son côté que la prise en compte du suicide par les politiques publiques est très récente. […] Reste que la France pourrait mieux faire, selon le médecin. Un effort accru devrait porter sur les publics les plus exposés, parmi lesquels les chômeurs. Une étude de la Fondation Jean-Jaurès de 2016 montrait ainsi que 20% des personnes en recherche d’emploi ont «pensé sérieusement au suicide» cette année-là, soit beaucoup plus que la moyenne ».
Le journal cite notamment Thérèse Hannier, présidente de l’association Phare enfants-parents : « Peut-être que, grâce aux médicaments, les passages à l’acte reculent. Il n’empêche que le mal-être profond reste répandu dans la société. La souffrance psychique ne recule pas. Afin de l’évaluer, il faudrait également prendre en compte, non seulement les tentatives de suicides et les troubles mentaux, mais aussi tous les comportements à risque suicidaire : dépendance à l’alcool, etc. ».
La Croix indique enfin que « la ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé la création d’un numéro d’écoute spécifique pour les cas de détresse psychologiques et la systématisation d’un maintien du contact avec toutes les personnes ayant commis une tentative de suicide ».
Le Monde relève également que « le nombre de suicides continue de diminuer en France. Malgré cette baisse des suicides de – 26% en 2014 par rapport à 2003, la France reste au dixième rang sur trente-deux du nombre de personnes se donnant la mort en Europe ».
Le journal note que le rapport de l’Observatoire national du suicide « précise d’emblée que ce chiffre de 8885 suicides est sous-évalué de 10%, car il ne prend en compte que les décès officiellement enregistrés comme morts volontaires. En incluant ceux pour lesquels il existe une «très forte certitude», mais pas de certificat, on atteindrait pratiquement 10.000 décès, soit près de 3 fois le nombre de personnes tuées dans les accidents de la route (3384) en 2014 ».
Le quotidien poursuit : « Ces chiffres ne sont pas bons. Avec un taux de suicide de 14,9 pour 100.000 habitants en 2014, la France présente un des taux les plus élevés en Europe. Elle se situe au dixième rang sur 32, après la Finlande, la Belgique et la plupart des pays de l’Est. Le suicide représente d’ailleurs la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans (16,2% des décès de cette tranche d’âge en 2014, après les accidents de circulation) ».
Jean-Marc Aubert, à la tête de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, au ministère de la Santé, remarque toutefois : « La France a un moyen relativement précis de connaître le nombre de suicides, ce qui n’est pas le cas de tous les pays ».
Le Monde ajoute qu’« afin d’améliorer la prévention et de faire diminuer le nombre de décès par suicide, Agnès Buzyn, a annoncé, le 26 janvier, lors d’un discours consacré à la psychiatrie, qu’elle allait étendre, ces 2 prochaines années, le dispositif pour recontacter les «suicidants» à leur sortie des urgences ou d’hospitalisation et mettre en place un numéro de secours pour les personnes en détresse psychique extrême ».
Date de publication : 6 Février 2018
« Prévenir la dépression, c’est possible »
Les Echos publie sous sa rubrique « idées & débats » un texte de Patrick Aubert, secrétaire du comité d’entreprise de CIC Est, Marc Willard, psychiatre, et Nicolas Thery|, président du Crédit Mutuel, qui soulignent que « prévenir la dépression, c’est possible ».
Les trois auteurs remarquent ainsi que « chaque année, la dépression tue 6.000 personnes, le double des tués sur la route : on estime, en effet, qu’elle est la cause des deux tiers des suicides. Sans aller jusqu’à une issue aussi dramatique, la maladie touche 20% de la population au cours de sa vie. Or c’est une maladie qui peut être soignée dans de bonnes conditions si elle est détectée à temps. Les entreprises et la médecine du travail ont donc un rôle décisif à jouer pour la combattre, comme elles l’ont fait dans le passé pour prévenir les maladies cardio-vasculaires ou les troubles musculo-squelettiques ».
Ils indiquent qu’« au sein de CIC Est, filiale du groupe Crédit Mutuel CM11, le dialogue social et le soutien unanime des organisations syndicales ont permis de mettre en place une action concrète et efficace en ce domaine, qui est en train d’être reprise par le Crédit Mutuel Nord Europe. Quatre ans après son lancement, sa généralisation à tout le groupe Crédit Mutuel CM11 est envisagée ».
Ils expliquent ainsi que « cette action repose d’abord sur une sensibilisation des équipes de direction et des représentants syndicaux pour expliquer la maladie, montrer comment la dépression s’exprime dans un contexte professionnel et détailler les modalités de sa prise en charge. Cette étape est fondamentale pour sortir des débats aussi passionnés que conflictuels sur les conditions de travail, le burn-out ou le harcèlement : l’enjeu commun est de contribuer à la santé des salariés, sans a priori ».
Les trois responsables rappellent notamment que « la dépression relève d’un cadre médical : il appartient à la médecine du travail de participer à une meilleure prise en charge des salariés souffrant de dépression. Le harcèlement doit faire l’objet d’une lutte déterminée, dans un cadre disciplinaire et pénal : chaque signalement donne lieu à enquête commune d’un représentant de l’entreprise et d’un représentant du personnel, dans le respect des droits de chaque personne concernée ».
Ils continuent : « Pour ce qui concerne la prévention de la dépression, une fois passée la phase de sensibilisation, une détection systématique est mise en place : il est proposé à chaque salarié, qui reste libre de son choix, de remplir un questionnaire d’évaluation de la symptomatologie dépressive, fondé sur l’humeur des 7 derniers jours ».
« Ce questionnaire est géré sur un serveur extérieur à l’entreprise et le résultat n’est évidemment pas archivé. S’il fait apparaître une présomption de dépression, le médecin du travail ou le généraliste approfondit le diagnostic et peut orienter le salarié vers un médecin psychiatre. Tout ce processus se déroule dans le strict respect du secret médical », ajoutent-ils.
Ils concluent que « 4 ans après son lancement, nous pouvons aujourd’hui affirmer que cette action de prévention de la dépression dans l’entreprise est positive et efficace. Et nous avons la conviction qu’elle mériterait d’être étendue à d’autres entreprises… ».
Date de publication : 9 Février 2018
« Autisme, les signes pour anticiper le diagnostic au plus tôt »
Pierre Bienvault note dans La Croix que « la Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations sur le diagnostic précoce des enfants autistes. Elle invite les professionnels à ne pas mésestimer l’inquiétude de parents face à des troubles de l’enfant ».
Le journaliste remarque ainsi qu’« en général, ce sont les parents qui en parlent en premier. «Docteur, on a l’impression que notre enfant n’est pas comme les autres, qu’il ne réagit pas comme il devrait…» Et bien souvent, pour rassurer, le généraliste ou le pédiatre dit que cela va passer en grandissant… ».
Pierre Bienvault indique cependant que « quand l’inquiétude [des parents] porte sur le développement de leur enfant, en particulier sur le langage ou les interactions sociales, elle doit être considérée comme «un signe d’alerte majeur» pour les professionnels ».
Le Pr Amaria Baghdadli (CHU de Montpellier), co-présidente du groupe de travail de la HAS, observe ainsi que le diagnostic des troubles neurodéveloppementaux « est souvent trop tardif, en moyenne entre 3 et 5 ans, alors qu’une intervention précoce et adaptée peut réduire les troubles du comportement et aider l’enfant à limiter ses difficultés relationnelles et scolaires ».
Pierre Bienvault ajoute qu’« un autre signe d’alerte majeur, quel que soit l’âge de l’enfant, est une «régression des habiletés langagières ou relationnelles». Ensuite, les signaux peuvent varier. En dessous de 18 mois, il faut être attentif à certains signes : l’absence de babillage, de pointage à distance avec le doigt ou de certains gestes sociaux (faire coucou ou au revoir) ».
Le journaliste continue : « À partir de 18 mois, l’absence de mots doit interpeller, tout comme des difficultés au niveau de l’engagement relationnel (avec les parents ou les pairs), de la réactivité sociale (réponse au prénom) ou du langage réceptif (compréhension de consignes simples). Au-delà de 18 mois et jusqu’à l’adolescence, il faut tenir compte de certaines difficultés relationnelles : par exemple pour créer des liens amicaux, engager ou participer à une conversation, prendre des initiatives sociales (sorties, invitations…) ».
Pierre Bienvault précise que « ces signes, à eux seuls, ne signent pas un diagnostic mais doivent conduire le généraliste ou le pédiatre à faire une consultation dédiée. Si la suspicion d’autisme est confirmée, il adressera alors l’enfant vers une équipe spécialisée qui fera alors le diagnostic ».
Le journaliste relève que « la HAS invite aussi les professionnels à faire preuve de vigilance face au risque de repérage tardif des filles, celles-ci pouvant présenter des signes cliniques un peu différents de ceux des garçons ».
Le Pr Baghdadli souligne que « même si cela n’est pas une certitude, il semble possible que les filles présentent des symptômes plus “subtils” que les garçons avec moins de troubles de comportement ou de problème de communication ».
Pierre Bienvault note en outre que « la HAS publie aussi des recommandations pour améliorer l’autonomie, l’inclusion sociale et la qualité de vie des adultes autistes qui seraient entre 500.000 et 600.000 en France. Une population souvent oubliée ».
Date de publication : 19 Février 2018
« Autisme : favoriser un diagnostic précoce »
Aurélie Franc note à son tour dans Le Figaro qu’« en France, le diagnostic d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) reste trop tardif : aux alentours de 3 à 5 ans. Pourtant, selon la Haute Autorité de santé (HAS), le diagnostic est possible «dès 18 mois» ».
« Face à ce constat, la HAS a publié […] de nouvelles recommandations de bonne pratique. Le but : repérer et diagnostiquer les troubles de l’autisme le plus tôt possible », indique la journaliste.
Elle rappelle que « les manifestations cliniques de ce trouble neurodéveloppemental (le terme de «psychose infantile» n’est désormais plus utilisé) sont hétérogènes : difficulté pour communiquer, affection des perceptions sensorielles ou encore occurrence de mouvements répétitifs. De plus, l’origine de ce trouble n’est (dans la plupart des cas) pas connue ».
Aurélie Franc note que « certains signes peuvent cependant alerter les parents ou les professionnels de la petite enfance (crèche, etc.) : absence de babillage à 12 mois et au-delà, absence de mots à 18 mois ou encore absence d’association de mots à 24 mois ».
La HAS remarque ainsi qu’« aucun de ces signes pris de façon isolée n’a de valeur prédictive, mais l’association d’au moins deux signes nécessite un examen clinique approfondi du développement de l’enfant» »
Aurélie Franc ajoute que « plus généralement, la HAS considère comme un signe d’alerte l’«inquiétude des parents concernant le développement de la communication sociale et du langage des enfants» ».
Georgio Loiseau, président de l’association l’Oiseau bleu, « qui a participé à l’élaboration de ces recommandations », souligne que « cela donne un rôle central aux familles des enfants et cela fait en sorte que les professionnels les écoutent ».
La journaliste observe qu’« une fois les premiers signes repérés, encore faut-il confirmer les soupçons avec l’établissement d’un diagnostic. Selon la HAS, les parents qui ont un doute doivent s’orienter vers un médecin (généraliste, pédiatre, etc.), à la disposition de qui la HAS a mis des outils d’aide au dépistage, comme des questionnaires, des protocoles médicaux. Le médecin pourra, ensuite, orienter la famille vers une équipe spécialisée comme une unité de pédopsychiatrie ou un centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) pour une évaluation plus approfondie ».
Aurélie Franc relève toutefois que « ces équipes sont débordées : selon un rapport de la Cour des comptes de janvier, il fallait attendre «un peu plus de huit mois» en 2011 entre le premier contact avec un CMPP et le début du suivi. Dans les centres ressources autisme (CRA) sollicités normalement pour des cas complexes (troubles associés, désaccord concernant le diagnostic, troubles psychiatriques importants etc.), la situation n’est pas plus enviable. Le délai entre la réception de la demande par ces centres et la restitution du bilan atteignait en moyenne 446 jours (environ 15 mois) ».
« La HAS demande alors de «réduire les délais d’obtention d’un diagnostic». Elle rappelle en effet que «plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions pourront être mises en place précocement et aideront l’enfant dans son développement». Mais ces recommandations risquent d’être inutiles sans moyens supplémentaires… », continue la journaliste.
Date de publication : 20 Février 2018
« Les blessures morales du soldat mesurées »
Le Figaro constate qu’« on ne mesure pas toujours les risques pris par les soldats, au-delà de leur intégrité physique. Les blessures morales ont ainsi longtemps été méconnues. D’abord parce qu’elles sont invisibles. Ensuite parce que le syndrome de stress post-traumatique est mieux connu. Depuis une quinzaine d’années, les psychiatres militaires s’efforcent pourtant de mieux définir cette entité qui accompagne souvent le syndrome de stress post-traumatique ».
Le Dr Harold Koening, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à l’université Duke (États-Unis), écrit ainsi dans le Journal of Religion & Health que « la blessure morale est un syndrome caractérisé par des symptômes de conflit intérieur psychologique et religieux ou spirituel ».
Le journal explique que le spécialiste « vient, avec ses collègues de plusieurs centres d’accueil de vétérans américains, d’établir un questionnaire reposant sur 45 questions destinées aux militaires, le Miss-M (Moral Injury Symptom Scale-Military Version) ».
Le Figaro rappelle que « les événements susceptibles de transgresser les codes moraux d’un soldat sont nombreux, sinon fréquents : tuer, exercer ou être témoin de violence, déshumaniser l’ennemi, assister à la violation de codes moraux par d’autres, ne pas pouvoir protéger (lors de certaines opérations strictement humanitaires notamment) ».
« C’est ainsi que le questionnaire Miss-M considère autant le «sentiment de honte éprouvé pour des actes que l’on a faits», que celui ressenti pour «des actes que l’on n’a pas faits» (alors qu’on aurait dû !), le fait d’être moralement perturbé par le fait d’avoir commis des actes violant son sens moral, comme celui d’avoir assisté à des actes immoraux, les sentiments de culpabilité, de trahison, la difficulté à se pardonner, à faire confiance, la perte de sens, l’autocondamnation (sentiment d’échec) et, enfin, la perte de la foi et les conflits religieux intérieurs », explique le journal.
Il note que « dans l’étude américaine, menée sur 373 vétérans et 54 militaires d’active, dont 69% ont été engagés au combat, près des trois quarts déclaraient que la religion était importante ou très importante pour eux. L’étude montre que les blessures morales ne sont pas rares ».
Les auteurs écrivent ainsi que « près de 90% des participants rapportaient un indice de gravité de 9 ou 10 (sur une échelle allant jusqu’à 10) pour au moins l’un des symptômes de blessure morale et 50% indiquaient ceci pour plus de 5 symptômes ».
Le Figaro indique que « les concepteurs espèrent que la prise en charge des blessures morales sera plus précoce grâce au questionnaire Miss-M, et que celui-ci permettra un meilleur suivi de l’évolution des soldats traités. Ils pensent aussi que la prise en charge pourra faciliter la récupération des syndromes de stress post-traumatique ».
Date de publication : 22 Février 2018
« Dix unités de soins pour les victimes de psychotraumatisme »
C’est ce que titre La Croix, qui indique que « ces nouvelles unités pluridisciplinaires, qui devraient être bientôt dévoilées par Emmanuel Macron, prendront en charge les victimes de violences sexuelles autant que celles du terrorisme ».
Muriel Salmona, psychiatre, précise que « cela fait un an que l’on travaille sur le cahier des charges de ces structures. L’enjeu est de créer des structures pluridisciplinaires de prise en charge des victimes de psychotraumatisme, accessibles et surtout gratuites. Elles devront être un lieu sécurisé pour toutes les victimes de violences, d’agressions sexuelles, d’attentats… ».
La Croix observe que « même si ces unités sont aujourd’hui présentées dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles, ce sont bien les attaques de Paris en 2015 et de Nice en 2016 qui ont révélé au grand jour l’insuffisance de l’offre de soins sur le trauma ».
Muriel Salmona indique ainsi : « On a vu que l’urgence fonctionnait à peu près, mais que, sur le temps long, les victimes étaient dans une galère totale pour trouver des professionnels formés. Or quand on connaît l’impact majeur du psychotrauma sur la santé des personnes des années plus tard, on sait que mettre en place une prise en charge adaptée est une question de santé publique ».
Le journal note que « le cahier des charges prévoit que ces unités regrouperont une petite équipe de professionnels spécifiquement formés au trauma, des psychiatres et psychologues, mais aussi des médecins généralistes, des infirmiers, des assistantes sociales… », la psychiatre précisant : « L’enjeu est vraiment de proposer ce qu’on appelle une prise en charge holistique et gratuite », ajoutant que « que ces structures travailleront «en lien avec les centres hospitaliers» ».
La Croix note en outre que « même si elles devraient être avant tout des lieux de soins, ces unités auront aussi une mission de recherche. Elles devront permettre de mieux connaître le psychotraumatisme et les prises en charge adaptées. Le futur centre national de ressources et de résilience, purement tourné vers la recherche et la formation, pourra s’appuyer sur le travail des unités, précise une source gouvernementale. Il devrait ouvrir à l’automne ».
Date de publication : 23 Février 2018
« La kétamine révolutionne la prise en charge de la dépression sévère »
C’est ce que titre Le Figaro, qui note que « cette molécule donne des résultats spectaculaires chez les patients pour qui aucun traitement n’est efficace ».
Cécile Thibert explique que « c’est par hasard que les effets antidépresseurs de cette molécule mise au point dans les années 1960 ont été découverts il y a bientôt 20 ans. Une véritable révolution dans le monde de la psychiatrie, qui n’avait pas connu d’innovation thérapeutique dans la prise en charge de la maladie depuis près de 50 ans ».
Le Dr Pierre de Maricourt, chef de service de psychiatrie au centre hospitalier Sainte-Anne (Paris), précise que « les molécules commercialisées depuis les années 1950 ont quasiment toutes le même mécanisme d’action, ce n’est pas le cas de la kétamine ».
Cécile Thibert indique ainsi que « la kétamine se fixe sur des récepteurs neuronaux particuliers, les récepteurs NMDA au glutamate. Ce mode d’action lui confère des propriétés extraordinaires. Non seulement elle agit beaucoup plus vite que n’importe quel antidépresseur classique – en quelques heures contre 4 à 6 semaines -, mais elle se révèle aussi efficace chez des personnes souffrant de dépression résistante ».
La journaliste remarque toutefois que « pour l’heure, aucun pays n’autorise la kétamine dans le traitement de la dépression. L’unique moyen dont disposent les patients pour en recevoir consiste à prendre part à un protocole de recherche. L’un d’eux, mené par le laboratoire pharmaceutique Janssen, se déroule actuellement à l’hôpital Sainte-Anne sous la direction du Dr de Maricourt ».
Ce dernier explique : « Nous comparons l’efficacité de la kétamine – pour être précis, de la eskétamine, une molécule dont la structure est très proche de celle de la kétamine – en spray intranasal, à celle d’un placebo ».
Cécile Thibert ajoute qu’« en parallèle, tous les participants à l’étude reçoivent un antidépresseur standard, afin d’éviter que certains n’aient pas de traitement du tout. Pour le moment, une cinquantaine de personnes ont reçu de la kétamine […], «à des doses 5 à 10 fois plus faibles que celles utilisées en anesthésie», précise le Dr de Maricourt ».
La journaliste souligne que « les résultats sont bons, voire très bons. Les études indiquent en effet que la kétamine est efficace dans 70 à 80% des cas. […] Des résultats très encourageants au regard de ceux affichés par les antidépresseurs classiques, efficaces dans seulement 30% des cas. La molécule a aussi l’avantage d’être bien tolérée par les patients ».
Le Dr de Maricourt précise qu’« on constate généralement une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque dans les minutes qui suivent l’administration du médicament, mais ces effets s’arrêtent dans les deux heures, souligne. Certains patients présentent également des symptômes dissociatifs, comme des expériences de déréalisation ou de dépersonnalisation (l’effet recherché par les usagers récréatifs, NDRL). Mais, là aussi, c’est transitoire ».
Cécile Thibert évoque cependant « un problème de taille : l’action de la kétamine, bien que rapide et puissante, s’estompe au bout de quelques jours. «Ce n’est pas une molécule miracle», admet Pierre de Maricourt. Mais qu’importe, une première étape a été franchie ».
Le Dr Michaël Barde, psychiatre à la clinique du Château de Garches, précise : « Pour l’instant, nous n’avons pas encore trouvé la clé pour maintenir les effets de la kétamine. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut arrêter de chercher. Cette molécule représente une avancée extraordinaire car elle engendre un changement complet de paradigme dans le traitement de la dépression ».
Date de publication : 28 Février 2018
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