« Au bloc, un parfum d’hypnose »
Anne-Laure Barret fait savoir qu’en matière d’anesthésie, « une technique basée sur la diffusion d’odeurs agréables transforme des opérations douloureuses en expériences oniriques »
Marie-Annick Lallemand, anesthésiste de l’hôpital Cochin, praticienne de 48 ans réputée pour son sérieux, a fait « une étrange découverte » (…) : « Il a suffi d’une séance d’hypnose improvisée par une consœur pour la débarrasser des cauchemars qui la hantaient depuis un grave accident de parapente », raconte le journal. « Aucune magie blanche : les bénéfices de l’état hypnotique, pour apaiser l’angoisse, les douleurs chroniques ou durant une anesthésie locale, ont été établis par de nombreuses publications scientifiques, à commencer par celles de la pionnière belge Marie-Élisabeth Faymonville » précise-t-il.
« Le pari innovant du médecin de Cochin est d’avoir osé l’hypnose dans des « chirurgies profondes », sous anesthésie générale. Juste avant l’opération, en quelques vraies fausses questions rassurantes, Marie-Annick Lallemand, qui vient de décrocher un diplôme universitaire d’hypnose médicale, conduit le patient vers un état de dissociation. Une sorte de transe accélérée, atteinte en trois ou quatre minutes » explique la journaliste. « Pour obtenir cet état mental si particulier, mélange de relaxation et d’indifférence au monde extérieur dû à une stimulation sensorielle, l’anesthésiste a choisi de titiller l’odorat. L’injection d’un parfum dans le circuit alimentant le masque à oxygène capte l’attention du patient. L’odeur mystérieuse, déterminée en fonction de son passé (enfance à la campagne ou aux Antilles), l’accompagne tout au long de l’anesthésie générale » précise-t-elle.
« Contrairement aux autres sens, l’odorat ne dort jamais », justifie Marie-Annick Lallemand. « Sans surprise, l’hypnose, qui diminue les sensations douloureuses, lui a permis de réduire de moitié la quantité de produits anesthésiants » souligne le JDD.
Au réveil, la première question du malade n’est plus : « Comment s’est passée l’opération ? », mais :
« C’était de l’abricot ou de la vanille ? », s’amuse l’anesthésiste. Son chef de service, le chirurgien Michaël Peyromaure trouve les « malades sereins après des opérations aussi lourdes » : « Ils prennent moins de médicaments antidouleur et sortent plus tôt, ce qui est excellent pour les finances de l’hôpital », confirme-t-il.
Marie-Annick Lallemand a « inventé une technique inédite d’hypnose poétique, baudelairienne (l’idée folle a jailli à la lecture de L’Invitation au voyage) ou proustienne », résume la journaliste.
« Le parfum démultiplie les effets positifs de l’hypnose, remarque-telle. Les odeurs ont le pouvoir de nous transporter dans un autre temps et un autre lieu. Comme la fameuse madeleine, elles nous font vivre une expérience intime, une sorte de shoot de bonheur », explique l’anesthésiste.
« Inspirée par de récentes découvertes en génétique sur l’importance des récepteurs olfactifs et d’autres sur le rôle de l’odorat dans l’automédication chez les animaux, Marie-Annick Lallemand a prévu de tester, en consultation, différents parfums pour savoir s’il est possible de les adapter à la pathologie »,ajoute le journal.
Date de publication : 4 juin 2018
« Le défi du premier village Alzheimer »
« À Dax, la construction de ce lieu unique, avec une approche non médicamenteuse, débute ce lundi », annonce Pauline Boyer. « C’est le rêve secret des familles : un établissement sans télévision allumée toute la journée, sans horaires de toilette et sans blouses blanches. Avec des résidents libres de leurs mouvements et multipliant les activités. Cet Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) inédit ouvrira ses portes début 2020 », poursuit la journaliste.
« Le village landais sera organisé en quatre quartiers reproduisant des cadres de vie de la région (de type rural, forestier ou atlantique). Les 120 résidents seront regroupés au sein de maisonnées, en fonction de leurs goûts ou aptitudes : la musique, la cuisine, etc. La structure globale abritera une supérette, un salon de coiffure, une médiathèque, une salle de sport et même une petite ferme », détaille l’article. Le but : « recréer un cadre social familier, maintenir la vie, coûte que coûte », résume Francis Lacoste, directeur de la solidarité départementale. « Encourager la part d’autonomie restante plutôt que gérer la dépendance, tout en offrant une sécurisation douce. Les soignants devront jouer le jeu social et gérer les différents « commerces » », explique la journaliste. « Ils devront être multitâches. Être autant des maîtres de maison que des infirmiers », souligne Francis Lacoste.
« Oublier la blouse blanche et l’approche médicamenteuse, donc. 120 bénévoles interviendront également pour organiser des activités. Le tout pour un tarif de 66 euros par jour et par résident. La promesse semble presque trop belle mais tous veulent y croire », indique Le Figaro.
« On espère que les patients seront moins contraints et angoissés, plus heureux. Le personnel soignant aussi. Les familles seront aussi plus détendues, moins dans la culpabilité. C’est une première, il y a tout à inventer, mais il faut tester, et réussir ! », s’enthousiasme Françoise Diris, présidente de l’association France Alzheimer Landes.
« Aux Pays-Bas, on dit que l’espérance de vie des patients de la structure de Weesp est plus grande que celle de ceux en Ehpad classique. Mais aucune étude n’est encore venue le prouver », remarque Le Figaro. « Le pari est donc aussi scientifique. Le professeur Jean-François Dartigues, neurologue au CHU de Bordeaux, fait partie du comité qui sera en charge de l’évaluation de la réussite du lieu. Pour lui (…), cette prise en charge « innovante » peut « marcher sur les troubles du comportement » », rapporte la journaliste. « Le fait de maintenir une vie sociale dans cette maladie est fondamental. Le cerveau est l’organe de la relation humaine… », explique-t-il.
« Dans ce village à 28,8 millions d’euros – majoritairement porté par le conseil départemental des Landes -, un Centre ressources sera également mis en place, avec un volet recherche associant de nombreux spécialistes français de la maladie et un volet formation et information, pour faire évoluer favorablement la connaissance et surtout le regard des citoyens sur la maladie d’Alzheimer », fait savoir Le Figaro. « Un défi presque aussi important que celui d’une prise en charge plus bienveillante des malades », conclut Pauline Boyer.
Date de publication : 4 juin 2018
« Autisme : une prise en charge encore trop coûteuse »
C’est ce que titre Le Figaro, qui indique qu’« un rapport parlementaire, présenté [aujourd’hui] aux députés, recommande d’instaurer un annuaire des professionnels compétents en matière d’autisme ».
Le journal rappelle ainsi que « le 6 avril dernier, le gouvernement a lancé son 4ème plan autisme (2018-2022) – appelé Stratégie nationale pour l’Autisme – avec pour ambition de rattraper le retard français dans la prise en charge de ce handicap. Très attendu par les 700.000 personnes autistes vivant dans l’Hexagone et leurs familles, le plan vise, entre autres, à favoriser un diagnostic et une intervention précoce, à encourager l’inclusion des enfants autistes à l’école et à accélérer la recherche dans le domaine ».
Le quotidien s’interroge : « Ces mesures vont-elles assez loin ? Certaines non, selon [ce] rapport parlementaire qui formule 31 propositions ». Daniel Fasquelle, coauteur du rapport et député (LR), indique : « Le plan du gouvernement va dans la bonne direction. Mais nous souhaitons préciser et compléter certains points de cette stratégie ».
Le Figaro explique que « le rapport pointe un coût de la prise en charge trop élevé. Aujourd’hui, les familles doivent débourser en moyenne 3.000 € par an pour les soins de leur proche souffrant de troubles autistiques (transports, dépassements d’honoraires en libéral, acquisition de matériel pédagogique etc.), selon une enquête de la Cour des Comptes publiée fin janvier 2018 ».
Daniel Fasquelle remarque que « la prise en charge des enfants se fait en fonction des moyens financiers des parents et il n’existe donc pas d’égal accès aux soins en matière d’autisme ».
Le journal indique que « le plan du gouvernement prévoit «l’instauration d’un forfait d’intervention précoce», pour l’ensemble d’une classe d’âge (0 à 6 ans), pour financer entre autres des séances de psychomotricité et d’ergothérapie (accompagnement vers l’autonomie). Pas suffisant selon les auteurs du rapport ».
Florent Chapel, président d’Autisme Info service, note ainsi que « l’autisme ne s’arrête pas à l’âge de 6 ans. Que faire pour les personnes plus âgées ? Il faut imaginer un système de remboursement de la prise en charge tout au long de la vie ».
Le Figaro relève en outre que « les professionnels vers lesquels sont orientées les familles ne sont pas toujours compétents en matière d’autisme. Et pour cause : il n’existe pas de certification pour les professions paramédicales (psychologue, ergothérapeute, orthophoniste, etc.) qui travaillent avec les personnes autistes ».
« Le rapport recommande donc d’instaurer un annuaire, à destination des familles, des professionnels de santé compétents en matière d’autisme et respectant les recommandations de bonnes pratiques publiées par la Haute Autorité de Santé (HAS) », explique le quotidien.
Daniel Fasquelle ajoute qu’« il faut également dresser une liste des formations initiales et continues pour les professions médicales et paramédicales, qui respectent ces recommandations de bonne pratique de la HAS ».
Le Figaro note enfin que « l’objectif du rapport parlementaire est affiché clairement : «en finir avec les offres de soins inspirées des approches psychanalytiques». Un volet que le plan autisme du gouvernement s’était bien gardé d’aborder ».
Date de publication : 6 juin 2018
« La psychiatrie publique proche du délabrement »
Eric Favereau observe dans Libération qu’« en annonçant en janvier des mesures pour la psychiatrie, la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, avait dressé un constat clair. Et pointé une urgence ». La ministre avait ainsi déclaré : « La psychiatrie ne sera plus le parent pauvre de la médecine. C’est une discipline qui s’est paupérisée et sur laquelle il n’y a pas eu un vrai investissement depuis des années ».
« Pourtant, les besoins sont en constante augmentation, parce que la société est de plus en plus dure, qu’il y a plus d’addictions, moins d’accompagnement des familles… En psychiatrie, il y a le pire et le meilleur », avait-elle ajouté.
Le journaliste relève que « 6 mois plus tard, c’est le pire qui rejaillit », évoquant un « décalage énorme entre les attentes des personnels et les réponses des autorités sanitaires ».
Eric Favereau souligne que « la psychiatrie publique va terriblement mal. Elle fait face à une crise profonde aux multiples causes. La plus concrète étant depuis les années 70 une «désinstutionnalisation» massive des patients, avec une réduction spectaculaire du nombre de lits ».
« En 40 ans, les malades sont en grande partie sortis de l’asile, et ce mouvement était largement justifié. Il n’empêche, les chiffres sont impressionnants. Le nombre de lits d’hospitalisation en psychiatrie dans les établissements de santé publics et privés est passé de 100.000 dans les années 70, à 78 328 en 1994, puis à 60 794 en 2002, et 57.000 en 2015 », explique le journaliste.
Il continue : « Les patients en psychiatrie sont aujourd’hui suivis le plus souvent dans le cadre d’une prise en charge ambulatoire : 76% des patients reçus au moins une fois dans l’année sont pris en charge exclusivement sous cette forme. En 2014, plus de 20 millions d’actes ont ainsi été réalisés, notamment dans les 3700 centres médico-psychologiques, considérés comme les pivots du dispositif ambulatoire. On l’oublie, mais jamais une discipline médicale n’avait connu un tel bouleversement. Et cela s’est fait sans beaucoup de ménagement. Les limites ont été manifestement franchies ».
Eric Favereau souligne qu’« alors que la demande de soins en psychiatrie augmente régulièrement, il manque des lits partout en France. Les autorités de tutelle, arc-boutées sur des logiques budgétaires, ne veulent pas en ouvrir de nouveaux, imposant de fait des durées de séjour de plus en plus courtes aux malades mais aussi des conditions de travail de plus en plus difficiles au personnel ».
Il ajoute que « les équipes sont souvent épuisées, démoralisées, se devant de répondre à des consignes contradictoires. L’asile, devenu CHS (centre hospitalier spécialisé), est devenu souvent inhospitalier. Certains diront que l’hôpital psychiatrique en a gagné en «efficacité», mais le lieu est devenu dur, rude, sans chaleur, avec pour symptôme une multiplication récente des mesures de contention ou d’isolement ».
Le journaliste constate que « devant ce délabrement, les psychiatres ont déserté les hôpitaux publics pour aller dans le privé. Les personnels de santé, eux, se sont retrouvés encore plus en première ligne. Et cela sans formation particulière, le diplôme d’infirmier psychiatrique ayant entre-temps disparu. Il est de ce fait révélateur que les difficultés de l’hôpital de Rouvray aient entraîné une réaction désespérée du personnel de santé et en écho un relatif silence des médecins. Comme si ces derniers n’y croyaient déjà plus ».
Il observe ainsi qu’« à l’hôpital psychiatrique du Rouvray [(Seine-Maritime], dans le cadre d’un mouvement social illimité du personnel, 8 soignants ne s’alimentent plus… Les grévistes dénoncent des conditions de travail déplorables et demandent 52 postes et une unité pour ados. Les négociations se poursuivront ce vendredi matin ».
Date de publication : 8 juin 2018
« Hypnose : les scientifiques ne se laissent pas endormir »
« L’Inserm a mené sa première évaluation sur l’hypnose en milieu médical. Le résultat est mitigé », révèle Libération.
« C’était, il y a deux ans, pour la première fois, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) entreprenait une évaluation de la pratique de l’hypnose. Pour cela, les chercheurs ont travaillé sur toutes les études publiées, soit près de soixante essais cliniques », précise l’article.
« Premier enseignement, la pratique est très hétérogène. Le concept est mal défini, entre l’hypnose de cabaret ou de cirque pour épater le spectateur, l’autohypnose ou l’hypnose ericksonienne (approche thérapeutique souple basée sur les enseignements du psychiatre et psychologue américain Milton Erickson) », observe Libération. «On peut d’ailleurs se demander s’il est légitime de nommer tout cela avec le même mot», s’interroge l’Inserm.
« Mais surtout, est-ce que cela marche ? », se demande Libération. «Il y a un corpus assez solide autour de la prise en charge de la douleur et entre autres de la douleur en anesthésiologie […]. Un faisceau d’arguments indique, par exemple, une diminution de prises de médicaments en anesthésie quand la personne est sous hypnose », estime l’Inserm.
« Ainsi, pendant des examens de chirurgie et radiologie interventionnelle (extraction de dents de sagesse, biopsies mammaires, interventions transcatheter, etc.), le rapport indique que « bien que les études ne permettent pas de statuer sur une majorité des critères retenus (intensité douloureuse, anxiété, effets secondaires indésirables, ainsi que durée et coût de l’intervention), les résultats concordent sur la consommation de médicaments antalgiques ou sédatifs : grâce à l’hypnose, leur usage est réduit durant l’intervention»., rapporte l’article.
«C’est solide, bien documenté. En même temps, la douleur est un état compliqué », soulignent les chercheurs qui ont participé à cette évaluation. Ils citent en effet « l’exemple déroutant sur la douleur dans l’accouchement sous hypnose » : «Sur le moment, les femmes qui accouchent sous hypnose vont dire que leur douleur est la même, avec la même échelle d’intensité. Pourtant, ces mêmes femmes vont avoir un souvenir beaucoup plus léger de ce qu’elles ont pu souffrir lors de l’accouchement. Comme si la douleur avait été la même, mais que le vécu de la douleur n’était pas identique », racontent les chercheurs.
« On nous a raconté que lorsque l’anesthésiste commence à faire son travail avec la parturiente, tout le monde dans la salle d’accouchement se détend, est moins stressé, va mieux », note un des chercheurs, Bruno Falissard.
L’article évoque néanmoins « des éléments convaincants » : «Dans certaines indications, la littérature confirme ainsi l’intérêt thérapeutique de l’hypnose dans la prise en charge du syndrome du côlon irritable», précise le rapport. « Plus inattendu, l’Inserm a montré, dans son expertise, que l’hypnose n’est pas franchement concluante sur le sevrage tabagique, alors que nombreux sont ceux qui vantent cette méthode », souligne Libération.
« Dans le domaine de l’addiction ou de la psychiatrie, c’est là aussi une grosse déception, les études ne donnent rien. Or, en psychiatrie, historiquement, l’hypnose a été très utilisée et nous sommes confrontés à des collègues tout à fait raisonnables qui nous disent que cela fait extrêmement du bien à leurs patients. Aucune étude ne le confirme, pourtant », concluent les chercheur.
Date de publication : 15 juin 2018
« La parole des personnes schizophrènes se libère »
C’est ce que constate La Croix, qui relève que « de plus en plus de malades se racontent sur des blogs. Pour sortir d’un trop long silence et briser les clichés ».
Pierre Bienvault évoque ainsi « une sorte de lame de fond : depuis quelques années, on assiste à une libération sans précédent de la parole des personnes vivant avec une schizophrénie ». Aude Caria, directrice du site spécialisé Psycom, remarque qu’« il y a de plus en plus de témoignages et de récits de vie sur des blogs, sur Facebook ou dans des forums. C’est un véritable fait social ».
« Un phénomène qui, selon elle, présente une certaine analogie avec les « romans d’asile » de la seconde moitié du XIXe siècle », note le journaliste. Aude Caria observe que « ces livres dénonçaient les conditions inhumaines des traitements psychiatriques. Et ils ont permis une prise de conscience du public et des politiques, ce qui a entraîné une remise en cause de la loi de 1838 sur l’internement ».
Pierre Bienvault continue : « Des malades qui se confient dans des blogs… L’événement pourrait sembler banal à une époque où tant de gens racontent sur le Net leur moindre petit souci de santé. Mais pour la psychiatrie, c’est presque un séisme ».
Tim Greacen, directeur du laboratoire de recherche de l’établissement public de santé mentale Maison-Blanche à Paris, remarque ainsi : « Cela fait tellement d’années que tout le monde parle à la place des malades. Les soignants, les professionnels, les familles. Avec une parole dont je ne remets pas en cause l’intérêt, ni la légitimité. Mais qui n’est pas la parole des personnes directement concernées ».
« C’est comme si ces malades avaient retrouvé une parole jusque-là discréditée par l’institution psychiatrique ou éteinte par le poids des tabous véhiculés par la société », continue Pierre Bienvault.
Laurence Martin, qui tient un blog, observe pour sa part qu’« il y a une très forte infantilisation des patients en psychiatrie. Les médecins pensent que vous n’êtes pas capable de savoir ce qui est bien pour vous. Et donc encore moins de le dire ».
Emmanuelle Jouet, chercheuse en sciences de l’éducation à Maison-Blanche, relève que « ce très long silence des malades s’explique aussi par les représentations sociales de la folie et le discrédit quasi naturel de la parole du fou. Avec cette idée qu’on ne peut pas faire confiance ou juste entendre la parole d’une personne dont la raison dysfonctionne. Pendant longtemps, la parole du fou n’a été considérée comme audible que dans le cadre d’une relation duale avec un professionnel ».
Laurence Martin ajoute : « Grâce à mon blog, j’ai rencontré des gens dans la vie réelle, je suis allée à des conférences. Moi, la jeune fille muette, je suis devenue une femme qui parle, s’exprime, est écoutée ».
« Cela m’a aidée, le jour où j’ai parlé de ma maladie à tout le monde, d’avoir ce blog. Je savais que les gens pouvaient bien réagir, que j’avais une parole à porter, que tout ça n’était pas vain. Alors je pouvais me présenter comme schizophrène. Pas pour me réduire à une maladie, mais pour dire à mon entourage : voilà une schizophrène, c’est votre amie, votre collègue, n’ayez pas peur, laissez tomber vos préjugés, c’est juste moi », poursuit-elle.
Date de publication : 19 juin 2018
« La solitude nuit gravement à la santé »
C’est ce que titre Le Figaro, qui indique que « lorsqu’elle n’est pas volontaire, la solitude peut doubler la mortalité après une hospitalisation en cardiologie. Un effet plus sensible chez les hommes ».
Le journal remarque ainsi : « Un cœur fragilisé serait-il plus vulnérable à l’isolement social ? Oui, mais de façon différente pour un homme et une femme, comme l’a remarqué Anne Vinggaard Christensen, une étudiante en doctorat de santé publique au centre de cardiologie de l’université de Copenhague (Rigshospitalet). Elle présentait des résultats étonnants le 9 juin dernier au Trinity College de Dublin en Irlande lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (EuroHeartCare) ».
Le Figaro explique que « la chercheuse a repris les données de toutes les personnes hospitalisées entre avril 2013 et avril 2014 dans l’un des cinq centres de cardiologie du Danemark, dont le sien, soit plus de 13.000 personnes, âgées en moyenne de 65 ans ».
« La moitié avait été hospitalisée pour infarctus du myocarde et un tiers pour de l’arythmie cardiaque, le reste pour insuffisance cardiaque ou maladie des valves cardiaques. La majorité (70%) étaient des hommes », précise le quotidien.
Le Figaro note que « ceux qui vivaient seuls avaient 2 fois plus de risque de mourir que les autres dans l’année suivant leur sortie de l’hôpital. Un excès de risque [que la chercheuse] ne retrouve pas chez les femmes ! ».
Anne Vinggaard Christensen indique que « des recherches antérieures ont montré que les hommes utilisent principalement leur épouse comme premier support alors que les femmes ont souvent davantage de personnes support qui ne sont pas leurs époux, les hommes semblent donc plus dépendants que les femmes de la personne avec laquelle ils vivent ».
Le quotidien ajoute que « le plus étonnant est que la solitude ressentie double aussi la mortalité dans l’année suivant la sortie de l’hôpital et cette fois aussi bien pour les hommes que pour les femmes ».
Le journal explique : « Dans l’étude danoise, les patients devaient simplement répondre à la question suivante: «Est-ce qu’il arrive que vous soyez seul même lorsque vous préféreriez être avec d’autres personnes?» C’était «souvent» le cas pour 6% des hommes et 10% des femmes, et ça l’était «parfois» pour 17 % des hommes et 21 % des femmes ».
Anne Vinggaard Christensen remarque ainsi que « nous savions qu’il y avait une association entre un réseau social pauvre et la santé, mais la force de l’association nous a surpris ainsi que le doublement du risque de mortalité parmi ceux qui se sentent seuls ».
Le Figaro rappelle que « dans son livre Loneliness, Human nature and the need for social connection («Solitude, la nature humaine et le besoin de relations sociales», non traduit en français), John Cacioppo, neuroscientifique de l’université de Chicago […] insistait aussi sur l’impact de la solitude prolongée ».
Le chercheur écrivait : « La solitude n’altère pas seulement le comportement mais apparaît aussi lorsque l’on mesure les hormones de stress, l’immunité et la fonction cardiovasculaire. Au fil du temps, ces changements physiologiques s’aggravent de telle façon qu’ils précipitent dans la tombe des millions de gens ».
« Inquiétant lorsque l’on considère l’épidémie de solitude qui se développe aujourd’hui, surtout chez les seniors », remarque Le Figaro.
Date de publication : 20 juin 2018
« Quand la musique est bonne… pour le cerveau »
Pascale Santi note dans Le Monde que « si la musique adoucit les mœurs, ses effets vont bien au-delà. Depuis l’Antiquité, elle occupe une place à part, et ce dans toutes les sociétés et religions. Mais, depuis quelques années, «on est passé d’une pensée magique à un vrai savoir scientifique sur ses bienfaits, et cela, à chaque extrémité de la vie», souligne Emmanuel Bigand, directeur du Laboratoire d’étude de l’apprentissage et du développement (LEAD, CNRS) à l’université de Bourgogne et coordinateur de l’ouvrage Les Bienfaits de la musique sur le cerveau (Belin, 192 p., 18 €) ».
La journaliste relève ainsi que « chez le bébé, des études ont montré qu’elle agit comme un neurostimulant. Il mémorise les œuvres musicales in utero et peut même les reconnaître un an après sa naissance ».
Pascale Santi indique qu’« Emmanuel Bigand coordonne actuellement une étude financée par la Fondation de France, en collaboration avec la Philharmonie de Paris, chez des nourrissons à partir de 3 mois et suivis durant leurs trois années de crèche à Dijon et à Paris ».
« Lors d’ateliers d’environ 40 minutes, ils sont initiés au son et au rythme deux fois par semaine et encouragés à participer. Les séances sont filmées et décortiquées par Emmanuel Bigand », précise la journaliste.
Pascale Santi observe que « sans conteste, la musique est un moyen de capter leur attention et de créer une communication. Certains se lèvent, se synchronisent avec le rythme », Emmanuel Bigand précisant que « la musique met en place des schémas mentaux (macro-stimulus) qui permettent une meilleure appréhension du langage, de la lecture, et plus tard des facilités au cours préparatoire, on parle d’effets socio-cognitifs ».
La journaliste précise que « les découvertes les plus récentes montrent que la musique modifie les processus biochimiques du cerveau en renforçant la plasticité cérébrale. Ainsi, les violonistes ont un cortex moteur très développé dans l’hémisphère droit avec un plus grand nombre de synapses, car ils sollicitent beaucoup leur main gauche. Les pianistes présentent ce développement dans les deux hémisphères, en lien avec chaque main ».
Daniele Schon, directeur de recherche à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm), ajoute que « la musique serait aussi capable d’optimiser la synchronisation entre populations neuronales, c’est-à-dire l’aspect rythmique de l’activité cérébrale, et permettre ainsi une meilleure communication et anticipation du flux d’information ».
Pascale Santi relève ainsi que « la pratique musicale permet «aux aires – auditives et motrices notamment – de mieux communiquer entre elles», poursuit le chercheur, également violoncelliste. Ses études ont montré qu’un enfant ayant des troubles du langage arrive à mieux reproduire une phrase lorsqu’elle est précédée par un rythme. Il va aussi être plus performant sur les tâches grammaticales. Daniele Schon compare la musique à de l’antirouille, un peu comme si on remettait de l’huile dans le moteur ».
Isabelle Peretz, titulaire d’une chaire de recherche en neurocognition de la musique à l’université de Montréal (Canada), à la tête du Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son (Brams), ajoute que « l’apprentissage de la musique sculpte le cerveau par différents mécanismes physiologiques, en termes de densité de neurones et de connexion entre eux, via les axones ».
Pascale Santi note par ailleurs qu’« à un âge avancé, même lorsque les capacités cognitives sont altérées, la musique parvient à réveiller la mémoire et les émotions ».
Emmanuel Bigand résume : « Nous sommes convaincus en tant que scientifiques que l’activité musicale est au cœur de la sphère cognitive ».
Date de publication : 20 juin 2018
« L’addiction aux jeux vidéo devient officiellement une maladie »
La Croix fait savoir que « l’Organisation mondiale de la santé vient de mettre à jour sa classification internationale des maladies. Pour la première fois, l’addiction aux jeux vidéo y est considérée comme une maladie à part entière ».
Le journal retient ainsi que « comme la cocaïne ou les jeux d’argent, les jeux vidéo sont potentiellement addictifs, écrit pour la première fois l’OMS à l’occasion de la 11e mise à jour de sa classification internationale des maladies. L’organisation y reconnaît en effet officiellement l’existence d’un « trouble du jeu vidéo » ».
La Croix indique que « l’OMS ne bannit pas l’usage en tant que tel du jeu vidéo, qui séduit pas moins de 2,5 milliards d’adeptes dans le monde, mais l’abus de cet usage ».
Le quotidien précise : « Celui-ci se manifeste par une pratique extrême avec des conséquences négatives sur les «activités personnelles, familiales, sociales, éducatives, professionnelles, a détaillé Shekhar Saxena, directeur du département de la santé mentale et de la toxicomanie de l’OMS. La personne joue tellement que d’autres centres d’intérêt et activités sont délaissés, y compris le sommeil et les repas» ».
Le journal s’interroge : « Que représente ce phénomène en France ? », et cite Olivier Phan, pédopsychiatre et addictologue à la Fondation pour la santé des étudiants de France et la Croix-Rouge. Le spécialiste observe que « dans l’enquête Pelleas que nous avons menée en 2013-2015 en Île-de-France, 10% des 14 18 ans développent un usage addictif des jeux vidéo. Par ailleurs, 40% nous consultent pour une utilisation problématique des jeux vidéo ».
La Croix note que « le phénomène n’est donc pas rare et sa fréquence s’amplifie ». Le Dr Phan souligne ainsi que « depuis l’arrivée des jeux en ligne, les jeunes peuvent incarner un personnage et intégrer un univers virtuel. Ils acquièrent alors une reconnaissance de la part des autres joueurs avec le risque de s’accrocher à cette gratification ».
Le journal précise toutefois que « tous les jeunes ne seraient pas exposés de la même façon à ce risque », le médecin indiquant : « Il existe souvent une fragilité initiale. L’adolescent est alors plus sensible au besoin d’une reconnaissance qu’il n’obtient pas sur un plan scolaire ou familial, par exemple ».
La Croix souligne enfin que « la classification internationale des maladies de l’OMS a une valeur de référence pour les personnels soignants, mais aussi pour les pouvoirs publics ou les assureurs. […] Sur le plan de la recherche, ensuite, cette reconnaissance devrait permettre le lancement de nouvelles études sur les conséquences des jeux vidéo sur les adolescents et les enfants ».
Le Dr Phan ajoute qu’elle peut « soulager les parents qui vont comprendre qu’il y a quelque chose d’addictif dans la nature même des jeux vidéo et se permettront peut-être de venir consulter plus librement ».
De son côté, Libération remarque sur sa Une : « Jeux vidéo, c’est grave docteur ? », notant sur 3 pages que « l’OMS vient d’ajouter le «trouble du jeu vidéo» à sa liste d’addictions reconnues. L’industrie est vent debout, et les chercheurs très partagés ».
Le journal évoque ainsi « un point de sauvegarde pour les (vrais) addicts », expliquant qu’« en faisant entrer l’addiction aux jeux vidéo dans sa nouvelle liste des troubles mentaux, l’OMS a pris le risque de heurter les joueurs. La mesure vise pourtant à mieux définir un problème réel et à ainsi éviter bien des angoisses aux parents ».
Le quotidien précise que selon l’OMS, « «le trouble du jeu vidéo est caractérisé par un comportement persistant caractérisé par 1) la perte de contrôle sur le jeu ; 2) la priorité croissante accordée au jeu par rapport aux autres centre d’intérêt ; 3) la poursuite ou escalade de la pratique malgré des conséquences négatives». Une situation qui doit durer plus de 12 mois et avoir des répercussions sur la vie sociale, professionnelle, scolaire ou familiale ».
Libération souligne cependant qu’« on est loin du consensus concernant cette nouvelle pathologie. Une publication scientifique cosignée par de nombreux chercheurs, intitulée Une base scientifique faible pour les troubles du jeu : faisons preuve de prudence, conteste ainsi les conclusions de l’OMS. Pour eux, il est par exemple très compliqué d’isoler un trouble spécifique lié au jeu d’une pathologie préexistante comme la dépression ou l’anxiété ».
Dans un entretien, Joël Billieux, professeur associé en psychologie clinique à l’Université du Luxembourg, remarque : « Ce travail, auquel j’ai participé, est arrivé à la conclusion qu’il existait à ce jour assez de données scientifiques pour valider l’existence d’un trouble spécifique lié à l’utilisation excessive des jeux vidéo ».
Le spécialiste ajoute que « beaucoup de joueurs «passionnés» peuvent avoir une pratique intensive sans pour autant présenter une perte de contrôle ou des conséquences négatives sur les plans professionnel, social ou personnel », puis souligne : « Nous ne sommes pas du tout dans une approche médicamenteuse, même si on peut légitimement craindre que l’industrie pharmaceutique essaie de profiter à sa manière de l’effet d’annonce. Nous ne sommes même pas dans une logique d’abstinence, car nous connaissons l’importance des pratiques numériques dans la société et, sauf dans le cas d’une demande explicite, sortir complètement quelqu’un de ces activités peut poser plus de problèmes qu’en résoudre ».
« Nous travaillons donc pour permettre au patient de reprendre le contrôle sur sa pratique avec des traitements comme la thérapie cognitive et comportementale, ou les approches familiales incluant les proches », indique le Pr Billieux.
Le Figaro titre pour sa part sur sa Une : « Addiction aux écrans : les parents appellent à l’aide », relevant sur 2 pages que « cette dépendance est devenue le premier motif d’inquiétude des familles, avant même la scolarité ».
Date de publication : 20 juin 2018
« Le burn-out n’est toujours pas classé en maladie professionnelle »
C’est ce qu’observe Le Figaro, qui relève que « si aujourd’hui le burn-out n’est pas reconnu par les autorités médicales comme une pathologie, les maladies qu’il provoque sont en revanche bien identifiées : dépression, anxiété généralisée, stress post-traumatique… ».
Le quotidien souligne que « les troubles psychiques liés au travail sont de plus en plus nombreux et la bataille des chiffres fait rage. L’Académie de médecine les évalue à 400.000. L’Assurance-maladie révélait, elle, dans une étude publiée en début d’année, qu’ils avaient été multipliés par 5 en 7 ans. Mais elle n’en recensait que 10.000 en 2016. Et cette même année, 596 cas avaient été déposés comme maladies professionnelles ».
« La différence s’explique par le fait que ces troubles psychiques ne sont actuellement pas inscrits aux tableaux des maladies professionnelles. Pour être reconnus en tant que telles, des conditions particulières doivent être remplies : un lien direct et essentiel doit être établi entre le travail et la pathologie. Celle-ci doit en outre entraîner une incapacité permanente partielle (IPP) égale ou supérieure à 25% », précise Le Figaro.
Marie Pezé, docteur en psychologie, remarque que « c’est un parcours du combattant qui oblige le salarié à se battre, et lorsqu’il obtient gain de cause, il est indemnisé de façon forfaitaire, c’est-à-dire pas bien. Ce qui est dramatique lorsqu’on sait combien ces troubles psychiques abîment les cerveaux et les organismes des gens ».
Le journal relève en outre que « reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle aurait un impact sur le coût du travail, dans la mesure où le taux de cotisation d’une entreprise dépend du nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles ».
Le quotidien rappelle qu’« après Benoît Hamon en 2015, le député François Ruffin (LFI) avait déposé en début d’année une proposition de loi en ce sens. Rejetée par l’Assemblée nationale en février, elle visait à inverser la charge de la preuve, afin que ce soit aux employeurs de prouver que ces maladies ne résultaient pas de l’organisation du travail. Outre la reconnaissance du traumatisme subi, le texte prévoyait un remboursement à 100% des frais médicaux et une rente proportionnelle au dommage ».
Le Figaro de conclure : « Pour nombre d’acteurs, l’enjeu réside dans la prévention ».
Date de publication : 27 juin 2018
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