« Première étude sur l’alcoolisation foetale »
Damien Mascret observe dans Le Figaro qu’« en dépit de l’enjeu de santé publique que représente la prise d’alcool pendant la grossesse, notamment dans ses formes nouvelles d’ivresse aiguë (binge drinking), on ne disposait pas, jusqu’à récemment, de chiffres précis sur ce qui se passe en France. Mais Santé publique France a publié mardi des données d’hospitalisation portant sur la période 2006-2013 ».
François Bourdillon, directeur de l’organisme public, indique ainsi que « le syndrome d’alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant en France, car l’alcool traverse le placenta et est toxique pour le bébé ».
Damien Mascret poursuit : « Selon les bases de données médico-administratives, on a diagnostiqué chez 3207 enfants un trouble causé par l’alcoolisation fœtale au cours de la période étudiée, «soit environ un enfant par jour», observe Nolwen Regnault, épidémiologiste et coordinatrice du programme de surveillance de la santé périnatale à Santé publique France, «et environ un par semaine avec un SAF», soit 452 enfants entre 2006 et 2013 ».
Le Dr Denis Lamblin, président de SAF France, « qui organise un Safthon (dons ouverts au 0800 119 120) les 8 et 9 septembre sur le modèle du Téléthon », précise que « ce sont des données a minima puisqu’elles ne concernent que le premier mois suivant l’accouchement, mais elles ont le mérite d’exister enfin. Et surtout, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car cela ne prend en compte que les formes d’atteinte importantes, mais les formes moins marquées sont de véritables bombes à retardement qui explosent à l’âge scolaire : troubles de l’attention, des apprentissages, du comportement, difficultés d’adaptation sociale, manque d’autocontrôle, etc. ».
David Germanaud, neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré (Paris), remarque quant à lui que « c’est un risque majeur de perturbation du développement de l’enfant, et il n’a pas forcément la place qu’ont les autres [génétique et accidentel, NDLR] dans notre système de santé ».
Damien Mascret note que le spécialiste « plaide aussi pour un meilleur suivi des femmes ayant une consommation à risque pendant la grossesse ».
Le journaliste ajoute que « peut-être faudrait-il aussi briser le tabou qui entoure la consommation d’alcool lorsqu’une femme essaie d’avoir un enfant. La campagne «rappelle aux femmes qu’elles ont le libre choix de consommer de l’alcool mais que ça comporte des risques», fait valoir Caroline Marcel-Orzechowski, chargée de la campagne de Santé publique France ».
Il livre le témoignage de Caroline, qui « avait 19 ans lorsqu’elle a appris qu’elle était enceinte » : « J’étais jeune, je faisais la fête et je buvais jusqu’à une bouteille de whisky le week-end, on nous avait appris à l’école à enfiler une capote sur une banane mais personne n’a jamais pensé à nous mettre en garde contre l’alcool ».
Damien Mascret indique qu’« aujourd’hui, […] la fille de Caroline a 17 ans. Elle entre en terminale mais conserve des troubles importants qui nécessitent une organisation familiale sans faille et des aménagements scolaires ».
Le journaliste indique que Caroline « aimerait que le syndrome d’alcoolisation fœtale ne soit plus tabou et que le diagnostic soit posé plus tôt (seules les formes sévères sont repérées à la naissance). Elle voudrait surtout que les jeunes filles soient mieux informées qu’elle ne l’était ».
Date de publication : 5 septembre 2018
« L’apprentissage de la musique modifie l’activité du cerveau »
Pierre Kaldy note dans Le Figaro que « jouer d’un instrument de musique est un défi pour le cerveau, qui doit apprendre à associer aux sensations auditives et tactiles des gestes très précis. Les modifications cérébrales liées à cette prouesse ont pu être mises en évidence par des chercheurs canadiens de l’université McGill au Canada », selon des travaux parus dans les PNAS.
Le journaliste précise que « l’objectif des chercheurs était de voir les régions cérébrales impliquées lorsque l’on reproduit un son avec un instrument de musique ».
Indiana Wollman, chercheuse en neurosciences cognitives, premier auteur, explique ainsi : « Nous avons choisi le violoncelle, car le geste d’un instrumentiste à cordes a une influence continue et extrêmement fine sur la justesse de la note produite. Ceci nous permet d’analyser précisément les mécanismes mis en place par le cerveau pour intégrer les gestes et les sons ».
Pierre Kaldy indique qu’« une version miniature et non magnétique de l’instrument utilisable dans l’enceinte d’un appareil d’IRM a été mise au point avec l’aide du Français Thibaut Carpentier, chercheur à l’Ircam et médaille de cristal du CNRS 2018 ».
Le journaliste relève que « 13 volontaires sans culture musicale se sont prêtés au jeu. L’activité de leur cerveau a été visualisée à trois moments, d’abord lors d’une première écoute de sons joués au violoncelle, puis quand ils ont répété des morceaux au bout d’une et quatre semaines d’apprentissage du violoncelle ».
Il note que « lors de la première écoute, des aires auditives et prémotrices se sont activées dans le cerveau. Avec l’apprentissage, d’autres aires motrices sont entrées en jeu ainsi que celle de l’hippocampe qui intervient dans la mémorisation des morceaux. Le degré croissant de connexion entre les aires auditives et motrices a été mesuré, reflet d’une coordination toujours plus forte entre audition et motricité fine des doigts et des bras ».
Pierre Kaldy ajoute : « Plus surprenant, le degré d’activation d’une région cérébrale mesuré lors de la première écoute a permis de prédire la rapidité de la progression de l’apprentissage de l’instrument par la suite ».
Hervé Platel, chercheur en neuropsychologie à l’université de Caen-Normandie, souligne qu’« il s’agit de l’aire motrice supplémentaire du cortex moteur, une région clé du couplage entre écoute et activité motrice ».
Le journaliste retient que « si ces résultats sont confirmés à plus vaste échelle, l’aptitude innée d’un adulte à apprendre à jouer d’un instrument serait décelable par IRM en lui faisant écouter un air de musique joué avec cet instrument ».
« D’autres prédispositions à des aptitudes artistiques ou sportives, où les sensations non plus auditives mais visuelles ou spatiales sont couplées à des gestes très fins, pourraient également être recherchées dans le cerveau », poursuit-il.
Hervé Platel indique qu’« il n’est pas exclu non plus que les aires associatives impliquées puissent être aussi stimulées par la vue d’autres personnes en train d’accomplir les bons gestes. Dans ce cas, montrer à des enfants comment s’entraînent des artistes ou des sportifs peut les aider dans leur apprentissage mais peut-être même révéler en eux des talents insoupçonnés ».
Date de publication : 10 septembre 2018
« Une drogue produit les mêmes effets que les expériences de mort imminente »
Le Figaro indique en effet que la diméthyltryptamine (DMT), « puissante drogue psychédélique, produit les mêmes effets chez ses consommateurs que ceux ressentis lors des expériences de mort imminente. Cela ouvre des pistes vers la compréhension des mécanismes biologiques complexes à l’œuvre lors de la mort ».
Le journal explique que « des scientifiques, emmenés par Christopher Timmermann, du «groupe de recherche psychédélique» à l’Imperial College London au Royaume-Uni (qui étudie l’effet de ce type de drogues et leur utilisation médicale potentielle), ont voulu tester et comparer scientifiquement les expériences vécues par les consommateurs de DMT et les récits d’individus qui reviennent de véritables EMI ».
Le quotidien explique en quoi ont consisté ces travaux parus dans Frontiers in Psychology : « Les chercheurs ont administré successivement, à une semaine d’intervalle, un placebo puis une substance contenant de la DMT à 13 participants en bonne santé et les ont interrogés sur leur expérience. Les participants ne savaient pas quel composant leur était administré à quel moment ».
« Ils ont alors mesuré «l’ampleur» de l’expérience de mort imminente vécue par les individus en utilisant «l’échelle de Greyson». Cette dernière fut établie en 1983 par le psychiatre Bruce Greyson après une étude statistique portant sur 73 expériences de morts imminentes différentes. Il avait identifié 16 éléments régulièrement vécus par les patients dont il notait l’intensité entre 0 et 2 », précise Le Figaro.
Le journal constate que « 10 des 16 éléments de l’échelle de Greyson étaient beaucoup plus représentés dans les récits des participants lorsqu’on leur avait administré la drogue plutôt que le placebo. Entre autres : altération de la perception du temps, impression de tout comprendre, sentiment de paix, de joie, sensation d’harmonie ou de communion avec l’univers, vision d’une lumière brillante, pensées plus intenses, expérience de sortie hors du corps… ».
Le quotidien ajoute que « 6 «symptômes» n’ont pas spécialement été rapportés par les participants (expérience de perception extrasensorielle, bilan de vie, prémonition d’évènements futurs, pensées extrêmement rapides et vision de personnes décédées), mais ce sont aussi ceux qui sont le moins communs dans les véritables EMI ».
Le Figaro remarque que « le constat est saisissant et il est très tentant de penser que le cerveau produirait au moment de la mort une substance similaire à la DMT, au moins dans ses effets, ce qui expliquerait du coup pourquoi les personnes qui vivent une EMI rapportent souvent un ressenti similaire ».
Steven Laureys, neurologue au CHU de Liège et directeur du Coma Science Group, co-auteur de l’étude, souligne toutefois qu’« il faut rester prudent ». Le journal relève que : « d’une part, la recherche présente quelques défauts : peu de participants, ordre dans lequel le placebo et la vraie drogue ont été administrés notamment. Mais il y a un problème plus profond ».
Le neurologue remarque ainsi : « Je suis régulièrement confronté à deux visions irréconciliables : celle selon laquelle on aurait enfin tout compris, que c’est tel ou tel produit chimique semblable à la DMT qui produirait ce type d’effets ; et celle qui dit au contraire que ce qu’il se passe après la mort restera à jamais un mystère insondable. Et je n’aime aucune des deux visions ! »
Les auteurs écrivent en outre qu’« une meilleure compréhension de la psychologie et de la neurobiologie de la mort, pourrait permettre à l’homme de mieux appréhender ce phénomène et de mieux l’accepter ».
Date de publication : 12 septembre 2018
« Comment Disney et ses princesses «façonnent» les petites filles »
C’est ce que titre Le Figaro, qui remarque : « Exposées à des déguisements de princesses Disney, des jeunes filles de 3 à 5 ans changent d’attitude, notamment vis-à-vis des garçons, ont observé des chercheurs américains. Une étude qui confirme les stéréotypes portés par de nombreux dessins animés du studio américain ».
Le journal observe ainsi que « les garçons se battent et accomplissent des exploits pendant que des filles, passives, rêvent de leurs princes. Les studios Disney, notamment, sont accusés de mettre en scène ces stéréotypes, qui influenceraient les enfants du monde entier ».
Le quotidien explique que « Beth Wiersma, une chercheuse de l’Université d’État du Dakota du Sud, a démontré en 2000 que les personnages féminins dans les films de Disney étaient beaucoup plus susceptibles d’exécuter des tâches ménagères que leurs homologues masculins, tandis qu’on retrouvait les hommes 6 fois plus souvent en position d’autorité. Elle s’était fondée pour cela sur l’analyse de 16 dessins animés sortis entre 1937 et 1995 ».
Le Figaro ajoute qu’« en 2015, une étude publiée par Karen Eisenhauer, une chercheuse en linguistique, révélait que parmi les 11 dessins animés mettant en scène des princesses chez Disney, les filles parlent bien moins longtemps que les garçons (20% en moyenne) ».
Le journal note que « si ce constat est édifiant, il est difficile de quantifier l’impact que cela peut avoir sur les enfants. C’est le travail qu’ont entrepris deux chercheuses du Mount Holyoke College aux États-Unis. Elles ont publié dans la revue scientifique Sex Roles une étude qui visait à déterminer quels effets ont les images propagées par Disney sur la conception de la féminité chez 31 filles âgées de 3 à 5 ans ».
« Les participantes, dans les aires de jeux, se comportaient globalement de la même façon que les garçons, et se mélangeaient à eux. Mais dès l’introduction de costumes de princesses Disney, les filles ont adopté une attitude bien différente », relève le quotidien.
Le Figaro observe ainsi qu’« une fois leurs déguisements revêtus, les petites filles se sont concentrées sur leur apparence physique et ont passé leur temps à rechercher des habits et accessoires pour faire en sorte de ressembler à leurs personnages préférés. «Elle est belle, j’aurais tellement aimé être comme elle» s’est désolé l’une des participantes. Une autre jeune fille ne pouvait pas conceptualiser d’autres moyens d’imiter sa princesse favorite, Belle, sinon de porter sa robe. Et lorsque la chercheuse lui a demandé ce qu’elle faisait ensuite, la question est restée sans réponse. En somme, ces enfants semblaient retenir de leurs dessins animés préférés que leur beauté est leur atout principal et que les biens matériels les rendent plus belles encore ».
Le journal souligne que « cette étude n’est certes pas parfaite d’un point de vue méthodologique (peu d’enfants étudiés notamment), mais elle soulève une problématique qu’il est difficile de nier. De tels stéréotypes ne manquent pas d’influencer d’une manière ou d’une autre les enfants, qui de plus regardent ces images à un âge où ils construisent leur identité sexuée ».
Les auteures écrivent toutefois que « les parents et les éducateurs ne devraient pas totalement éradiquer les dessins animés Disney du quotidien de leurs enfants. […] En les interdisant, les parents écartent toute possibilité de discussions avec leurs enfants sur le sujet des messages stéréotypés présents dans les médias, et ne peuvent plus envisager de les faire raisonner dessus ».
Le Figaro évoque enfin « des efforts prometteurs […] de Disney, ces dernières années, à mettre en scène des personnages qui échappent aux rôles qui leur sont normalement attribués ».
Date de publication : 14 septembre 2018
« Eteindre l’addiction au tabac dans le cerveau des fumeurs ? »
Les Echos se penche sur « une étude qui pourrait redonner de l’espoir à tous ceux qui n’arrivent pas à décrocher de la cigarette ».
Le journal observe que « si plus de 7 millions de personnes meurent chaque année du tabagisme, l’effet de la nicotine sur le cerveau des fumeurs est tel que les photos chocs et le prix faramineux des paquets ne suffisent pas toujours à se décider à arrêter. Mais tout serait changé si la science parvenait à bloquer l’action de la nicotine, qui est à l’origine de l’addiction. Et c’est peut-être ce qu’elle est sur le point de réaliser ».
Le quotidien indique ainsi qu’« un résultat spectaculaire vient d’être obtenu sur des souris grâce à l’optogénétique, cette discipline au croisement de l’optique et de la génétique qui permet de décrypter ou de manipuler le cerveau à l’aide de la lumière ».
Les Echos explique que « dans l’étude parue dans « eLife », une équipe franco-américaine (associant côté français Inserm, CNRS et Sorbonne Université) a réussi à agir sur les récepteurs nicotiniques auxquels se lie la nicotine ».
« Comment ? En y accrochant un outil moléculaire sensible à la lumière faisant office de nano-interrupteur, et en introduisant une fibre optique dans le cerveau de la souris pour flasher celui-ci avec des lumières de différentes longueurs d’onde », continue le journal.
Il constate que « sous l’effet de la lumière violette, l’interrupteur se replie et empêche la nicotine de se fixer. Par là même, il empêche aussi les neurones de la dopamine, constituant le circuit de la récompense, d’augmenter leur activité électrique et de libérer leur neurotransmetteur, mécanisme cérébral à la base de l’addiction. Et l’effet est réversible : à la lumière bleue, le récepteur nicotinique repasse de « off » à « on » et les souris retrouvent leur goût pour la nicotine ! », conclut Les Echos.
Date de publication : 17 septembre 2018
« Santé mentale des enfants : « On est au bord de la catastrophe » »
C’est ce que titre Le Parisien, qui observe : « Hyperactivité, autisme, troubles anxieux, anorexie, boulimie, schizophrénie. En France, près de 12,5% des enfants et ados sont en souffrance psychique ».
Le journal souligne que « si les chiffres restent vagues, trop peu réactualisés, le réseau européen des Défenseurs des enfants, lui, s’est penché, cette année, sur la santé mentale de ce public en France et en Europe et publie ce mercredi une enquête alarmante. […] Sa présidente, Geneviève Avenard, nous l’explique : la pédopsychiatrie est en grande difficulté. Et il y a, selon elle, urgence à agir ».
La Défenseure des enfants déclare ainsi qu’« il y a en France une pénurie importante de pédopsychiatres, une profession très touchée par la réduction du numerus clausus. C’est le cas dans les cabinets et surtout à l’hôpital. La densité moyenne n’est que de 15 pédopsychiatres pour 100.000 jeunes de moins de 20 ans avec une grande inégalité territoriale ».
Elle souligne que « selon la direction générale de l’offre de soins, dix départements ne comptent aucun lit d’hospitalisation en psychiatrie pour les enfants et les adolescents ! Dans certaines zones, il n’y a même plus de spécialistes, ni d’enseignements chercheurs. Les futurs pédopsychiatres ne peuvent donc plus être formés ».
Geneviève Avenard constate ainsi que « certains [enfants] ne sont pas soignés à temps. A titre d’exemple, le délai pour obtenir un rendez-vous dans les centres médicaux psychopédagogiques, la première porte d’entrée des enfants, en situation de mal-être, est de plus de 6 mois. Cela crée de l’inquiétude et de l’insécurité pour des familles entières ».
« On se rend compte aussi que certains adolescents de 15-16 ans qui ont besoin d’être hospitalisés en psychiatrie se retrouvent dans les mêmes services que les adultes ! On le dénonce. Ce n’est pas leur place. Cette situation, similaire dans les autres pays européens, peut aggraver leur anxiété. Quand aura-t-on un sursaut ? On est au bord de la catastrophe », poursuit la Défenseure des enfants.
Elle évoque en outre « une augmentation de la prise de médicaments » : « Oui, c’est un gros problème. Nous n’avons pas de chiffres mais des tendances. Leur consommation chez les enfants a fortement augmenté. Je ne suis pas contre, ils sont utiles pour calmer les angoisses, lutter contre la dépression, l’hyperactivité, les troubles mentaux ».
« Mais c’est aussi la facilité. On ne veut pas que cette prise de médicaments se fasse au détriment d’une approche thérapeutique et éducative. Misons plutôt sur l’accompagnement. Cette hausse de prescription médicamenteuse doit être une alerte », déclare Geneviève Avenard.
Date de publication : 19 septembre 2018
« Santé au travail : la pénibilité recule, pas la fatigue nerveuse »
Dans Le Parisien, Daniel Rosenweg relaie une « bonne nouvelle, la pénibilité [au travail] recule ». Le journaliste observe en effet que selon le dixième Baromètre Santé et qualité de vie au travail de l’assureur Malakoff-Méderic, « les salariés qui étaient 54% à juger leurs fonctions «physiquement fatigantes» en 2009 ne sont plus que 48% en 2018 ».
« Globalement, les salariés constatent moins de gestes répétitifs, de charges lourdes et de postures pénibles », note Daniel Rosenweg. Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation du groupe Malakoff-Méderic, remarque ainsi que « les entreprises ont fait des efforts de mécanisation et de prévention des risques, notamment dans les secteurs du BTP et de l’industrie ».
Le journaliste relève cependant que « le temps de transport reste un point difficile. Particulièrement en Ile-de-France où, selon l’étude, 56% des salariés passent plus d’une heure par jour dans le métro, leur voiture, contre un tiers en moyenne nationale ».
Il souligne en outre que « la tentation de se mettre en arrêt maladie, sans raison médicale avérée, traverse 29% des sondés, contre 21% en 2012. Les nouveaux modes de production restent sans effet sur la pression psychologique. Pour un salarié sur deux, celle-ci n’a pas baissé en dix ans ».
Daniel Rosenweg note par ailleurs que « 72% des sondés admettent que leur travail est «nerveusement fatigant» (4 points de plus qu’en 2009). Un constat qui invite les employeurs à réfléchir à des pistes d’amélioration, rendues d’autant plus nécessaires avec le recul du départ à la retraite : un salarié sur deux estime qu’il sera incapable de travailler au même rythme dans dix ans ».
Date de publication : 20 septembre 2018
« Le burn-out des médecins, un risque potentiel pour le patient »
C’est ce que titre Le Figaro, qui relève que « les praticiens souffrant d’épuisement professionnel font bien plus d’erreurs que les autres, avec des conséquences qui peuvent être parfois graves ».
Le journal explique ainsi que « l’épuisement professionnel, outre le risque qu’il fait courir aux médecins (leur taux de suicide est 2,3 fois plus élevé que dans la population générale), peut aussi mettre le patient en péril ».
Le quotidien observe qu’« une analyse de plusieurs études publiée dans le Journal of the American Medical Association conclut qu’un médecin en burn-out a deux fois plus de chance de mettre en danger la sécurité du patient. Ce peut être lié à une erreur de diagnostic ou thérapeutique ou encore à des effets indésirables liés aux soins ou aux médicaments… ».
Le Figaro précise que selon ce travail, « le burn-out des médecins entraîne deux fois plus souvent des soins de mauvaise qualité, par manque de professionnalisme. Le médecin surmené va notamment se montrer moins empathique, ne pas suivre les recommandations de bonne pratique ou ne pas donner d’information aux patients ».
« On imagine très bien les conséquences dramatiques de ces comportements à l’hôpital, dans un service de chirurgie. On a plus de mal à concevoir une véritable mise en danger en médecine générale », continue le journal.
Le Dr Marc Garcia, fondateur d’Inter-med, « association qui prend en charge la santé des soignants du Gard », remarque que « si le médecin traitant est distrait, perdu dans ses pensées, il peut passer à côté d’un diagnostic mais cela reste exceptionnel ».
Le Figaro relève ainsi qu’« une étude, menée en 2013 chez des médecins généralistes (sans qu’on sache s’ils étaient en burn-out ou pas), a montré que sur 475 événements indésirables liés aux soins, 7 seulement étaient cliniquement graves ».
Le quotidien observe cependant que « l’épuisement professionnel du médecin traitant peut affecter profondément la vie des patients. Le Pr Didier Truchot, psychologue, spécialiste du burn-out, avait mené il y a quelques années une expérience le démontrant. Il présentait aux médecins le cas d’une patiente âgée de 83 ans, sortant de l’hôpital après une fracture du col du fémur et vivant seule ».
« Dépendante pour plusieurs mois, il fallait lui trouver une solution adaptée. Mais cette patiente, persuadée d’être atteinte d’un cancer, demandait à multiplier les examens et ne suivait pas son traitement. Les médecins avaient le choix. Soit mettre en place des solutions pour un maintien à domicile, soit la diriger vers une maison de retraite médicalisée », indique le journal.
Le Pr Truchot remarque que « face à cette patiente plus difficile, les médecins avec un degré élevé de burn-out, choisissaient le placement en maison de retraite », ajoutant que « les médecins ne sont pas préparés à avoir des relations compliquées avec les patients agressifs, non observants, trop exigeants, qui arrivent en ayant fait leur diagnostic… ».
Le Figaro note que « les auteurs de l’étude suggèrent d’améliorer l’évaluation de la qualité des soins et la sécurité des patients. […] Mais les chercheurs américains insistent également sur la nécessité de prendre en compte le bien-être des médecins ».
Le Pr Éric Galam, enseignant de médecine générale, déclare ainsi : « Nous nous rendons enfin compte que la sécurité du patient et la prévention des accidents médicaux passent aussi par la prise en compte des soignants ».
« Une prise de conscience particulièrement nécessaire pour les jeunes médecins. En effet, 14% des étudiants et jeunes médecins déclarent avoir déjà eu des idées suicidaires, selon une enquête menée par l’Ordre des médecins en 2016 », rappelle Le Figaro.
Date de publication : 24 septembre 2018
Troubles du sommeil : « Pour beaucoup, ma maladie n’en est pas vraiment une »
Libération observe que « souvent négligées, les insomnies, hypersomnies et autres narcolepsies, qui touchent un Français sur trois, font l’objet de toutes les attentions au Centre du sommeil et de la vigilance de Paris. Et d’un ouvrage drôle et pédagogique de Matthew Walker ».
Le journal note ainsi : « On oublie que bien roupiller c’est la santé. C’est […] le message que martèle le Dr Matthew Walker. Vingt ans déjà que ce professeur de neurosciences et de psychologie à l’université de Berkeley (Californie) décortique les mécanismes à l’œuvre quand nous dormons. Le sommeil est même devenu pour lui une «obsession», qu’il entend faire partager avec le plus grand nombre ».
Libération souligne que « là où d’autres enjeux de santé publique tels que la nutrition, le tabagisme ou l’alcool font l’objet de vastes campagnes de prévention, la nécessité de bien dormir, elle, fait un peu figure de parent pauvre. Alors, avec humour et pédagogie, Walker rappelle les vertus de ce «fournisseur de santé universel» pour le corps comme pour l’esprit ».
Le médecin indique en effet qu’« aucun aspect du corps humain n’est épargné par le mal incommodant et toxique que provoque le manque de sommeil ». « Et d’égrener les conséquences sur le poids, le diabète, la dépression ou encore les facultés de concentration. En France, environ une personne sur trois est concernée par des troubles du sommeil (insomnie, apnée du sommeil, hypersomnie, narcolepsie…) et nos nuits ont rétréci d’une heure et demie en cinquante ans, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Ne serait-il pas temps de se réveiller ? », continue Libération.
Le Pr Damien Léger, responsable du Centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel-Dieu (AP-HP), constate quant à lui : « C’est assez compliqué de convaincre les pouvoirs publics de s’attaquer à cette problématique. […] Les villes évoluent de telle manière que l’on voudrait que les nuits soient désormais semblables au jour. Or cela peut avoir des conséquences catastrophiques ».
Libération note ainsi qu’« environ 7000 personnes consultent chaque année au sein de cette unité spécialisée située en plein cœur de Paris. Et 2000 y sont hospitalisées. Pendant 48 heures, leur activité, nocturne comme diurne, est passée au crible : rythme cardiaque et respiratoire, activité cérébrale, mouvements des paupières… ».
Le Pr Léger ajoute que « mal dormir peut s’apparenter à une profonde blessure », indiquant que cela peut « révéler d’autres difficultés, relatives aux risques psychosociaux, par exemple ».
Le journal cite des patients, dont Houria, 39 ans, qui déclare : « Je ne pouvais plus travailler, j’ai dû retourner chez mes parents, je me suis désociabilisée… Ma maladie a eu un impact dévastateur sur ma vie. Pourtant, pour beaucoup, ce n’est pas vraiment une maladie. […] Là, je me sens comme fracassée par dix trains. Je n’ai qu’une envie, c’est dormir. Pourtant, pour y arriver, il me faudrait au moins une anesthésie générale ».
Libération explique qu’« elle doit composer avec des électrodes placées sur son crâne et une forêt de fils reliés à un boîtier situé contre sa poitrine. A cinq reprises au cours de la journée, elle et les autres patients sont plongés dans des conditions favorables à la sieste. Et, comble du luxe, disposent d’un lit double, dans une chambre aux murs colorés et sans téléviseur ».
« Depuis le poste de soins, l’équipe analyse alors ce qui se trame, grâce à des caméras de vidéosurveillance et des capteurs qui donnent des courbes en temps réel, afin de mesurer notamment en combien de temps le patient sombre », relève le quotidien.
Le Pr Léger précise : « On accueille plusieurs centaines de personnes chaque année, trop souvent prises pour des paresseux. Or cette vision stigmatisante peut entraîner un retard de diagnostic ».
Date de publication : 24 septembre 2018
« La clause de conscience sur l’IVG à nouveau contestée »
La Croix constate en effet qu’« une pétition circule sur Internet, exigeant «le retrait de la clause de conscience» des médecins pour les IVG. Les signataires estiment que celle-ci entrave l’accès à l’avortement en France ».
Le journal relève que « la ministre de la Santé a rejeté l’idée d’une éventuelle suppression de la clause de conscience, mais a dit vouloir s’assurer qu’il n’y a pas une augmentation du nombre de médecins qui la font valoir ».
La Croix remarque ainsi que « les récents propos de Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens (Syngof), ont réveillé une polémique devenue récurrente ces dernières années. La clause de conscience sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) empêche-t-elle les femmes d’avorter dans les territoires déjà en proie à une pénurie de médecins ? ».
Le médecin avait déclaré lors d’une interview : « Nous ne sommes pas là pour retirer des vies. En tant que médecin, personne ne pourra m’y forcer, la loi me protège et ma conscience aussi ».
Madeline Da Silva, adjointe au maire des Lilas (Seine-Saint-Denis), « à l’origine de la pétition » qui comptait dimanche plus de 47.000 signatures, remarque : « Cette déclaration n’a fait que mettre en lumière ce qui se passe aujourd’hui en France. Des femmes sont éloignées de la possibilité d’avoir recours à l’IVG à cause de cette clause. Si on veut que l’avortement soit enfin un droit réel, et non plus un droit à part, on doit imposer à la nouvelle génération de gynécologues un accès à la profession conditionné à l’acceptation de cette pratique ».
La Croix précise : « Il existe au moins un exemple d’hôpital public dans lequel les IVG ont été suspendues. L’hôpital du Bailleul, dans la Sarthe, ne fait plus d’avortements depuis janvier, en l’absence de praticiens acceptant de les réaliser ».
Le journal note que « cela fait en réalité quelques années que la controverse est sur la place publique. En 2013, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a déjà préconisé dans un rapport la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG. Une idée reprise dans des amendements au projet de loi sur la santé en 2015, finalement rejetés lors de la discussion ».
Le quotidien rappelle que « la clause de conscience est définie par plusieurs textes. Le principe général, inscrit dans l’article 47 du code de déontologie, affirme, sans mentionner d’actes précis, que «hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser des soins pour des raisons professionnelles ou personnelles». Trois types d’actes sont toutefois visés par des clauses de conscience spécifiques, mentionnées dans le code de la santé publique : la stérilisation à visée contraceptive, la recherche sur les embryons et enfin l’IVG. Cette clause de conscience particulière date de la loi Veil de légalisation de l’avortement en 1975 ».
La Croix s’interroge : « Serait-il possible de supprimer la clause spécifique à l’IVG, sans toucher au cas général ? ». Aurélien Rissel, maître de conférences en droit privé, répond : « Selon moi ces deux textes sont autonomes, ils ont des domaines et des conditions d’application distincts ».
Bertrand Galichon, président du Centre catholique des médecins français (CCMF), remarque quant à lui que « cela risque de créer un précédent dangereux, surtout dans le contexte de la révision des lois de bioéthique, avec à terme le risque d’obliger les médecins à pratiquer la PMA ou le suicide assisté ».
Et Israël Nisand, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), déclare que « l’autonomie éthique du médecin est essentielle dans notre métier. Je ne suis pas contre supprimer la clause spécifique à l’avortement, mais cela ne servirait à rien puisqu’il resterait le cas général ». Le praticien ajoute que « le véritable problème pour l’accès à l’avortement en France est plutôt la baisse drastique des effectifs dans les hôpitaux ».
Date de publication : 24 septembre 2018
« Non, un homme âgé de 88 ans n’a pas subi une opération « à coeur ouvert uniquement grâce à l’hypnose » »
Sur son site et sous sa rubrique « checknews », Libération remarque : « Une opération du cœur sous hypnose ? L’information a été largement relayée ces derniers jours. […] Malheureusement, il y a beaucoup d’inexactitudes dans ces titres ».
Olivier Monod explique ainsi que « le premier média à sortir l’information est France Bleu Nord. Le patient […], 88 ans, vient de subir un remplacement d’une valve aortique. Concrètement, «l’opération nécessite une incision dans chacune de ses artères fémorales pour y introduire deux fils guides qui vont remonter tout le corps pour aller jusqu’au cœur et changer une valve aortique» précise France Bleu. Il ne s’agit en aucun cas d’une opération à cœur ouvert comme certains médias ont cru bon l’écrire ».
Le journaliste rappelle qu’« une telle intervention s’effectue en anesthésie locale ou générale. Dans le cas d’une anesthésie locale, celle-ci s’effectue de deux manières. Le patient reçoit en perfusion de la morphine et des anxiolytiques pour le calmer sans l’endormir. Ensuite de la lidocaïne, un anesthésique local, est administré à l’endroit de l’incision (donc au niveau de l’aine dans notre cas) ».
Olivier Monod précise qu’« ici l’hypnose a permis de se passer de la première étape (la perfusion de morphine et d’anxiolytique) mais la lidocaïne a bien été utilisée pour que le patient ne ressente pas l’incision. […] Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une opération «sans anesthésie» ».
Il ajoute que « cette opération reste une telle prouesse qui prouve encore un peu plus que l’hypnose permet, sous conditions, de se passer des médicaments puissants qui rendent les réveils postopératoires si difficiles. Une opération similaire s’était déroulée à Créteil en 2015 ».
Date de publication : 27 septembre 2018
« Cannabis : les jeunes fument plus dans le sud de la France »
Agnès Leclair note dans Le Figaro que « le premier volet de l’enquête Escapad (Enquête sur la santé et les consommations lors de l’appel de préparation à la défense) de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) menée en mars 2017 auprès de plus de 40.000 adolescents de 17 ans révélait un net recul de la consommation de ces substances psychoactives chez les jeunes, et en particulier pour le cannabis ».
La journaliste fait savoir que « le deuxième volet de cette enquête […] offre une photographie plus précise des habitudes des jeunes Français. Cette plongée dans les régions révèle en premier lieu une nette opposition Nord-Sud chez les consommateurs de cannabis sur le point d’entrer dans l’âge adulte ».
Agnès Leclair précise que « le Sud se distingue, en effet, à la fois par des usages réguliers ou élevés plus fréquents de ce produit et par une moindre baisse de son expérimentation par rapport au reste de la France. En Nouvelle-Aquitaine, par exemple, 44,7 % des adolescents déclarent avoir déjà fumé un joint au cours de leur vie. Un niveau d’expérimentation qui ne se retrouve pas dans le nord du pays, à l’exception de la Bretagne ».
Olivier Le Nézet, coauteur de ce travail, remarque : « On peut avancer l’hypothèse que la consommation de cannabis est plus élevée car la route des trafics de la résine de cannabis qui vient d’Espagne irrigue plusieurs de ces régions. Mais il faut aussi souligner que les disparités de consommation de cannabis sont relativement faibles sur l’ensemble du territoire. Il y a une homogénéisation de l’usage de ce produit. C’est également le cas pour le tabac ».
Le statisticien ajoute qu’« une présence plus importante de familles de CSP+ en Auvergne Rhône-Alpes peut aussi expliquer un usage de cannabis plus élevé chez les jeunes de ce territoire que dans les Hauts de France, moins favorisés économiquement ».
Agnès Leclair souligne que « la géographie de la consommation d’alcool est tout autre. À 17 ans, les habitués du «binge drinking», ou alcoolisations ponctuelles importantes répétées (API), sont plus nombreux sur l’arc Atlantique – en Bretagne, Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine – que dans le reste de la France, exception faite de la Corse. Dans ces régions, plus d’un adolescent sur cinq déclare se livrer au moins trois fois par mois à ce genre de beuverie ».
Olivier Le Nézet déclare que « c’est un mode de consommation assez spécifique à ces régions. Le cas de la Bretagne est emblématique. C’est une région où il y a une forte culture de la fête chez les jeunes. Les sorties entre amis y sont plus fréquentes qu’ailleurs ».
La journaliste note en outre que « l’expérimentation et l’usage quotidien de tabac sont moins fréquents dans trois régions : l’Île de France, les Hauts de France et le Grand Est. L’Île-de-France se distingue d’ailleurs pour ses niveaux inférieurs de consommation pour tous les produits ».
Jean-Pierre Couteron, psychologue, observe que « ces différences régionales peuvent en partie s’expliquer par l’accessibilité des produits et les traditions culturelles mais ces cartes reflètent aussi la plus ou moins grande présence des outils de prévention et d’aide, comme les consultations jeunes consommateurs ou l’intervention précoce ».
Date de publication : 28 septembre 2018
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