« « Filmer » le cerveau pour mieux comprendre le sommeil »

La Croix

Denis Sergent remarque dans La Croix : « Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous dormons ? ».
Le journaliste fait ainsi savoir que 
« des biophysiciens et des neurobiologistes (Inserm, ESPCI, CNRS et Sorbonne Université) ont réalisé les premiers films de l’ensemble du cerveau du rat pendant son sommeil en couplant la classique électroencéphalographie […] à une technique innovante d’imagerie par ultrasons ultrarapides (fUS) développée par Mickaël Tanter ».
Ce dernier, biophysicien, précise :
 « Cette approche permet de visualiser, avec une grande précision, les variations de flux sanguin liées à l’activité neuronale de l’ensemble du cerveau de rats éveillés et en mouvement ».
Denis Sergent note que 
« les chercheurs ont ainsi pu observer le fonctionnement du cerveau des rongeurs, notamment pendant la phase de sommeil paradoxal. […] Jusqu’ici, on pensait que le sommeil paradoxal était uniquement lié aux rêves et aux émotions. Mais de récentes études ont montré qu’il jouait également un rôle majeur dans la plasticité neuronale d’une zone située à peu près au centre du cerveau, l’hippocampe, une région cruciale pour la mémoire ».
Le journaliste relève ainsi que 
« le sommeil paradoxal est associé à une forte augmentation du débit sanguin dans le cerveau, se présentant sous forme de «vagues» qui atteignent d’abord les régions sous-corticales et se déplacent ensuite le long de l’hippocampe puis du cortex. Ces pics d’augmentation du débit sanguin pourraient être induits par un signal électrique dans l’hippocampe ».
Mickaël Tanter souligne que 
« ces premiers films du cerveau entier durant le sommeil paradoxal confirment l’intérêt des ultrasons neurofonctionnels pour la recherche fondamentale en neurosciences ».
Denis Sergent conclut qu’
« à l’heure actuelle, la technique par ultrasons reste difficile à appliquer chez l’être humain adulte, à la différence du nouveau-né. Ces résultats représentent néanmoins une avancée pour la compréhension du couplage entre activité électrique et vasculaire, un phénomène impliqué dans des maladies comme l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou l’épilepsie ».

Date de publication : 8 janvier 2019

« Psychiatrie, un système sous contention »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui constate dans une enquête que « la disparité territoriale en termes de prise en charge des malades et le nombre de postes vacants inquiètent les professionnels », et se penche sur quatre établissements français.
Eric Favereau remarque ainsi qu’
« en France, les malades mentaux sont souvent maltraités. Ou plus exactement, c’est la loterie. Le paysage de la psychiatrie publique est en effet comme un puzzle, éclaté, sans cohérence d’ensemble. Certaines zones territoriales – et équipes médicales – arrivent à fonctionner. D’autres se battent ou s’effondrent ».
« Pour le malade, c’est la grande incertitude dans la prise en charge, l’arbitraire parfois. On attache bien plus les patients dans l’Hexagone que dans les pays voisins. Et, depuis 20 ans, les chambres d’isolement se sont multipliées », 
poursuit le journaliste.
Eric Favereau publie des reportages au Havre, à Lyon, à Plouguernével (Côtes-d’Armor), ou encore à Saint-Etienne avec ses « 
urgences sous tension ». Le journaliste note que Jean-Claude Mazzini, ex-président de l’Unafam (Union des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) de la Loire, « n’en peut plus, il ne sait plus quoi faire : «Vous vous rendez compte, à Saint-Etienne, on ne prend plus en charge les nouveaux malades mentaux. Ou alors au compte-gouttes» ».
Le journaliste explique qu’«
 au centre médico-psychologique de la Charité (CMP, lieu névralgique où se tiennent toutes les consultations psy de la ville), il y a des files d’attente de 300 personnes. Et pendant tout l’automne, le lieu a refusé tout nouveau patient ».
Jean-Claude Mazzini souligne ainsi 
: « Quand on reçoit des familles, on ne sait quoi faire. Notre conseil est d’attendre, c’est terrible, on leur dit d’attendre que la crise vienne et que la crise soit violente. Et quand la crise est là, on leur dit d’aller aux urgences… Mais ce n’est pas une solution adaptée quand on voit l’état de ce service ».
Eric Favereau poursuit : 
« Les urgences psychiatriques au CHU de Saint-Etienne ? En mars, on s’en souvient, elles ont fait parler d’elles. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, publiait alors en urgence des recommandations, dénonçant les traitements inhumains que devaient supporter les malades, attachés pendant des jours dans des couloirs en attendant une hypothétique place dans un lieu d’hospitalisation ».
« Ils étaient mis systématiquement sur un brancard et contentionnés. «On n’a ni la place ni le temps, alors on attache.» Telles étaient les pratiques du service des urgences. La contrôleuse exigeait des changements immédiats, qu’a promis la direction du CHU. Dix mois plus tard, on attend toujours », 
remarque le journaliste.
Eric Favereau écrit ainsi que «
 la situation de la psychiatrie publique à Saint-Etienne reste problématique. Depuis plusieurs mois, tous les syndicats, regroupés dans un collectif («Psy Cause»), ont lancé symboliquement une grève illimitée. «Que voulez-vous qu’on fasse ? lâche un infirmier CGT. On se fait injurier par la direction, on nous a intimé l’ordre de ne pas parler à l’extérieur pour ne pas abîmer l’attractivité du CHU. Et le personnel est à bout». Une infirmière FO : «Comme on ne peut plus prendre de nouveaux malades, notre activité va baisser et on va dire que l’on est trop nombreux.» Cercle vicieux, logique désespérante, dialogue limité entre les professionnels de santé mentale et la direction ».
Dans un autre article intitulé 
« Psychiatrie : des malades délaissés, les syndicats remontés », le journaliste remarque : « L’année 2019, année de tous les dangers pour la psychiatrie française ? Assurément. Le secteur de la psychiatrie publique est mal en point comme jamais. Et les autorités donnent le sentiment de faire juste ce qu’il faut pour que cela n’implose pas complètement ».
Eric Favereau continue : 
« Malgré une enveloppe de 50 millions d’euros allouée en fin d’année par le ministère de la Santé à la psychiatrie, la situation dans les hôpitaux devient explosive. Au manque de moyens s’ajoute la montée en puissance des neurosciences ».

Date de publication : 9 janvier 2019

« Lyon : le Samu découvre les vertus de l’hypnose »

20 minutes

Le Point note en effet que « depuis 2 ans, le Samu 69 a intégré l’hypnose à sa panoplie de soins. Une résolution qui semble porter ses fruits », remarque le magazine, qui relaie une information parue dans 20 Minutes.
Le Point observe ainsi que 
« si l’hypnose souffre encore de nombreux clichés, certains professionnels de la santé ont su les dépasser ». Le magazine cite Pierre-Yves Gueugniaud, chef de service du Samu, qui « reconnaît qu’il n’a pas été conquis d’entrée de jeu ». Le praticien remarque : « Je me disais que cela allait nous faire perdre du temps lors de nos prises en charge pré-hospitalières ».
Le Point indique que l’urgentiste 
« a fini par se laisser convaincre. Si bien que la pratique est désormais entrée dans les mœurs du Samu 69. Médecins, ambulanciers, infirmiers, assistants de régulation médicale… De plus en plus de membres du personnel sont formés à l’hypnose, y compris les soignants en lien avec des enfants. Et cela semble porter ses fruits ».
Pierre-Yves Gueugniaud observe que 
« l’hypnose permet d’éviter les tensions, de calmer l’angoisse des patients ».
Le Point ajoute que 
« grâce à des interventions plus apaisées, le nombre de médicaments utilisés a même diminué ». Un infirmier du Samu lyonnais déclare : « Nous pouvons remettre un membre déplacé sans avoir à poser un cathéter ou à donner un médicament intraveineux contre la douleur ».
« Cerise sur le gâteau, le recours aux techniques d’hypnose ne coûte presque rien au Samu, hormis la formation du personnel. Un argument qui a fini de convaincre le chef de service », 
observe Le Point.

Date de publication : 10 janvier 2019

« La dépression se joue-t-elle aussi dans notre assiette ? »

Les Echos

Yann Verdo remarque en effet dans Les Echos : « L’alimentation serait-elle un facteur clef dans la lutte contre la dépression, cette maladie mentale étroitement liée à notre système immunitaire et à notre microbiote intestinal ? A la lumière des découvertes récentes sur le « deuxième cerveau », cette piste est de plus en plus étudiée. Et étayée ».
Le journaliste explique qu’
« une nouvelle étude sur la dépression […] doit prochainement paraître dans « La Presse médicale ». Réalisée par une équipe de chercheurs de l’université Aix-Marseille, elle montre que le taux de dépressions en France est passé de 6% dans les années 2000 à 8% dans les années 2010 ».
Guillaume Fond, coauteur, psychiatre et médecin de santé publique à l’hôpital de la Conception (AP-HM), souligne qu’
« une augmentation de deux points en dix ans ne peut pas être le fait du hasard ».
« En ligne de mire : tous les facteurs dépressogènes que recèlent notre environnement et notre mode de vie. Le stress, bien sûr, mais pas seulement, avertit le chercheur. La mauvaise qualité de notre alimentation jouerait aussi un rôle de premier plan dans cette inexorable montée des troubles dépressifs. Et cette même alimentation pourrait, si elle était mieux choisie, se révéler au contraire une puissante alliée dans la lutte contre cette maladie, en complément des traitements classiques par antidépresseurs », 
continue Yann Verdo.
Le journaliste relève que «
 le lien entre dépression et alimentation n’a a priori rien d’évident pour un non-spécialiste. Le trait d’union entre les deux est le système immunitaire. De plus en plus d’études sont venues montrer, ces dernières années, que la dépression entretenait un lien étroit avec cette réaction de défense immunitaire qu’est l’inflammation ».
« «Or, l’alimentation moderne est de plus en plus inflammatoire», explique Guillaume Fond, car de plus en plus riche en sucres raffinés et en graisses saturées, mais aussi de plus en plus pauvre en nutriments de régulation du métabolisme, comme les vitamines ou les acides gras essentiels, dont certains ont un effet anti-inflammatoire », 
note Yann Verdo.
Le journaliste rappelle notamment qu’
« en 2016, une étude parue dans l’American Journal of Psychiatry avait démontré les effets bénéfiques, sur la dépression, d’au moins trois substances disponibles sous forme de compléments alimentaires : une famille d’acides gras, les oméga-3, et deux vitamines, la vitamine D et le méthylfolate (une forme de la vitamine B9). Il a été prouvé que, pris en adjonction à un antidépresseur, ces nutriments réduisaient les symptômes dépressifs. Pourtant, du moins en France, les psychiatres sont encore rares à les prescrire systématiquement ».
Guillaume Fond déclare ainsi : « 
Il existe encore dans les esprits l’idée que les compléments alimentaires relèvent de la ‘médecine douce’, pour ne pas dire de la ‘médecine parallèle’. Pour la plupart des gens, prendre des vitamines est quelque chose qui ne peut pas faire de mal, mais qui ne constitue pas en soi un traitement. Mais notre regard change si l’on sait que la vitamine D est en réalité une hormone, et qu’elle joue un rôle dans le système immunitaire et les réactions inflammatoires ».
Yann Verdo relève en outre que 
« 95% de la sérotonine présente dans notre corps provient… de notre ventre ! Ces dernières décennies, les progrès de la biologie ont mis en lumière l’existence et le rôle complexe de ce qu’il est convenu d’appeler notre «deuxième cerveau» ».
« A la lumière de ces découvertes, on ne s’étonne plus que la clef de certaines maladies mentales puisse se trouver dans notre intestin. De fait, il apparaît que 90% de toutes les maladies connues ont un lien avec une perturbation du microbiote, que cette perturbation se range du côté des causes ou des effets. Est-il encore raisonnable de croire que les maladies mentales pourraient faire exception ? », 
poursuit le journaliste.
Il conclut : « 
L’alimentation, la composition de notre microbiote, mais aussi l’activité physique, qui toutes ont une influence sur notre statut inflammatoire, ne devraient donc pas être négligées dans le traitement de la dépression. Dans bien des pays, ces éléments font d’ailleurs partie de la «boîte à outils» du psychiatre. La France, à cet égard, a incontestablement un train de retard ».

Date de publication : 14 janvier 2019

« Prévenir les addictions chez les ados »

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui évoque les « idées reçues » sur le sujet, « alors que le nouveau plan du gouvernement se fixe comme premier objectif de protéger [les ados] «dès le plus jeune âge» », et cite l’addictologue Laurent Karila (hôpital Paul-Brousse, AP-HP). Il souligne que « les ados sont en péril. Il est grand temps de faire des addictions une cause nationale ».
Le spécialiste explique notamment que « nous ne sommes pas égaux face à l’addiction. Certains ont plus de prédispositions génétiques que d’autres. Cela a été montré très clairement pour l’alcool. Les facteurs génétiques entreraient au moins à hauteur de 40% ».
Le Parisien observe : « Quels gènes sont impliqués ? Les neurobiologistes y travaillent. Seule certitude : toutes les addictions liées à un produit ou à un comportement (surconsommation d’écrans, de sexe…) fonctionnent de la même manière : elles perturbent le système de récompense du cerveau »
Le quotidien relève en outre que « c’est entre la classe de 4e et 3e que la progression de consommation de cannabis est la plus forte… C’est aussi autour de 15 ans qu’on expérimente la première ivresse ».
« Pour contrer le fléau du binge drinking (beuverie express), les addictologues préconisent un accompagnement gradué par les parents : jusqu’à 15 ans, c’est d’accord pour les premières fiestas, mais sans alcool, et en présence d’un membre de la famille », 
continue le journal.
Le Parisien poursuit : « Une petite consommation est sans danger : faux ». Le Dr Karila indique ainsi que « tous les produits psychoactifs comportent un risque. Il est maintenant prouvé que le cannabis, chez des sujets souffrant de troubles psychiatriques préexistants, peut accélérer l’apparition de troubles bipolaires ou la schizophrénie ».
L’addictologue précise enfin que « si le cannabis est particulièrement dangereux à l’adolescence, c’est parce qu’à cette période le cerveau est en plein remodelage neuronal et hormonal ». Le journal note ainsi que « sur ces cerveaux, le THC [substance active] peut faire l’effet d’une mini-bombe ! Alors, si on s’inquiète, vite, on lui glisse l’adresse de l’une des quelque 500 consultations jeunes consommateurs (CJC) présentes au niveau de chaque département. Votre ado peut s’y rendre, seul ou accompagné. C’est anonyme et gratuit ».

Date de publication : 14 janvier 2019

 

« Fatigue chronique : un syndrome encore trop méconnu »

Le Figaro

Anne Prigent indique en effet dans Le Figaro : « Une fatigue qui dure depuis plusieurs mois, incapacité à récupérer grâce au sommeil, malaises et épuisement durable après un effort, des douleurs intenses dans les muscles et les articulations, de la fièvre, de l’hypotension…Tous ces signes cliniques sont ceux du syndrome de fatigue chronique ».
La journaliste note que 
« cette pathologie qui concernerait entre 150.000 et 300.000 personnes en France est encore trop souvent méconnue par les soignants eux-mêmes comme le rappelle une étude publiée le 10 janvier sur le site de la revue Emergency Medicine ».
Anne Prigent relève ainsi que
 « 42% des personnes souffrant d’un syndrome de fatigue chronique qui sont passées aux urgences affirment que leur plainte a été considérée comme psychosomatique, selon le sondage réalisé par une équipe de chercheurs de l’université de Georgetown (États-Unis) ».
La journaliste observe que 
« cette crainte de ne pas être pris au sérieux décourage les malades qui hésitent à avoir recours aux services d’urgence lorsqu’ils vont très mal. Dans l’étude américaine, 41% des personnes interrogées ne s’étaient pas rendues aux urgences alors qu’elles étaient victimes d’un malaise pour cette raison ou parce qu’elles pensaient que rien ne pouvait être fait pour les soulager ».
Le Pr Jean-Dominique de Korwin, responsable du service de médecine interne au CHU de Nancy et président du conseil scientifique de l’Association française du syndrome de fatigue chronique (AFSFC), remarque pour sa part que 
« s’il est vrai qu’on ne meurt pas d’un malaise post-effort, renoncer à faire appel aux urgences lorsqu’on se sent mal c’est aussi prendre le risque de ne pas diagnostiquer de véritables urgences vitales ».
Anne Prigent relève que 
« ces patients ont de quoi dérouter les médecins. Ils arrivent aux urgences avec des signes cliniques sévères comme des douleurs musculaires insupportables, de la tachycardie, une incapacité à tenir debout seuls… ».
« Mais lorsqu’on réalise des examens, on ne trouve rien », 
indique le Pr de Korwin. La journaliste note en effet que « pour le moment, il n’existe aucune anomalie biologique ou radiologique spécifique du syndrome de fatigue chronique. C’est pourquoi les patients qui s’en plaignent sont souvent perçus comme des malades imaginaires à qui l’on conseille d’aller consulter un psychiatre ».
Robert Schenck, président de l’AFSFC, souligne que 
« c’est une catastrophe pour ces malades qui ne relèvent en rien de la psychiatrie. Pourtant, bon nombre d’entre eux passent par la case psychiatre, ce qui engendre une errance diagnostique. Cette dernière dure en moyenne 4 à 5 ans ».
Anne Prigent ajoute que 
« l’origine de cette fatigue extrême demeure toujours inexpliquée et reste largement débattue au sein de la communauté médicale. Une théorie « psychosomatique » insiste sur la présence d’une fatigue mentale et d’une détresse psychique. Mais pour le Pr de Korwin la théorie la plus probable aujourd’hui est celle de la piste inflammatoire ou immunologique ».
Le Pr Patrick Chérin, médecin interniste à la Pitié-Salpêtrière à Paris, précise de son côté que 
« chez 30% des patients environ, on retrouve un stress post-traumatique au cours de l’enfance ».
La journaliste note enfin que «
 pour le moment, faute d’avoir identifié un ou plusieurs mécanismes pathologiques, les médecins n’ont pas grand-chose à proposer pour soulager les malades. La prise en charge repose sur des thérapies cognitivo-comportementales pour apprendre à gérer son énergie et éviter les malaises après l’effort ».
Le Pr Chérin ajoute qu’« 
il faut également mettre en place des stratégies pour continuer à bouger malgré la fatigue ».

Date de publication : 14 janvier 2019

« L’hypnose, une aide utile en intervention d’urgence »

Le Figaro

Le Figaro constate que « l’hypnose médicale a acquis ses lettres de noblesse. Principalement utilisée contre la douleur ou encore l’anxiété liée à un geste médical, l’hypnosédation, comme on l’appelle en médecine, s’est imposée, depuis plusieurs années déjà, au sein des hôpitaux et des salles d’opération ».
Le journal relève qu’
« aujourd’hui, elle investit un service hospitalier beaucoup plus inattendu. Celui des Samu. Dans ce domaine de l’urgence absolue, souvent vitale, rempli de bruit et d’agitation, la pratique de l’hypnose peut sembler complètement anachronique. Et pourtant, de Lille à Marseille en passant par Metz ou encore Lyon, de plus en plus de Samu se convertissent à cette pratique ».
Le Pr Pierre-Yves Gueugniaud, chef du service du Samu de Lyon, précise qu’
« on ne va pas utiliser l’hypnose chez un patient dans le coma ou en arrêt cardiaque. Mais lorsque les patients sont conscients, la douleur est présente dans plus de deux tiers des cas. L’hypnose peut alors avoir sa place ».
Le Figaro rappelle ainsi que 
« depuis 2017, la Société française de médecine d’urgence a listé les indications pouvant relever de l’hypnose. De la gestion du stress de la personne appelant le centre 15 jusqu’à la prise en charge de la douleur lors d’un accident de la route, le champ d’application est large ».
Le Dr Nazmine Guler, urgentiste au CHR de Metz-Thionville, observe :
 « Par exemple lors d’infarctus du myocarde, l’hypnose permet de soulager la douleur et d’éviter l’injection de morphine. De plus, toujours grâce à l’hypnose, le patient va diminuer sa tension et sa tachycardie ».
Le journal explique que 
« la mise en condition d’hypnose se fait dès le premier contact avec le patient. Dans l’idéal, dès l’appel au centre 15 ». Le Dr Vincent Brulin, urgentiste au Samu de Lille, indique ainsi que « dès le premier contact, la communication et le comportement vis-à-vis des patients doivent être positifs et bienveillants. Si je vous dis “n’ayez pas peur, je vais vous piquer, vous n’aurez pas mal”, vous retiendrez uniquement les mots peur, piquer et mal ».
« Les médecins formés à l’hypnose vont donc plutôt dire à la personne face à eux «rassurez-vous, je vais vous poser une perfusion et ce sera plus confortable». De la même façon, ils vont s’agenouiller pour être à la hauteur de la personne ou encore lui serrer la main et se présenter, même en situation d’urgence. Ensuite, en lui parlant, il s’agit d’amener le patient ailleurs, de l’éloigner de sa douleur… C’est l’hypnose conversationnelle », 
poursuit le quotidien.
Le Figaro note que «
 les enfants sont particulièrement réceptifs à l’hypnose. Plongé dans un match de foot à la télé ou dans un jeu sur sa Game Boy imaginaire, un enfant ne bronchera pas lorsqu’on lui posera une perfusion ».
Le quotidien ajoute que 
« les urgentistes convertis à l’hypnose en parlent avec enthousiasme. Ils mettent en avant son efficacité sur le stress des interventions, son action sur la consommation d’antalgiques ou encore la reconnaissance des patients. La méthode doit cependant faire ses preuves. Pour le moment, la littérature scientifique sur le sujet est en effet inexistante ».

Date de publication : 21 janvier 2019

« Les psychanalystes à l’heure du fake »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui constate que « les remises en cause ont poussé de nombreux praticiens à s’exprimer pour défendre une discipline plus que jamais au cœur des problématiques les plus brûlantes de notre société ».
Le journal publie ainsi une tribune de Pascal-Henri Keller, professeur de psychopathologie clinique, université de Poitiers, et Patrick Landman, psychiatre, psychanalyste, et juriste.
Les deux auteurs écrivent notamment que 
« les mises en cause incessantes et injustifiées de leur discipline ont […] fait naître chez [les psychanalystes] le désir de se rassembler pour se faire entendre. Car ils savent que dans l’esprit du public et des décideurs politiques, la psychanalyse est le plus souvent attachée aux représentations fragmentaires et caricaturales générées par ces attaques permanentes. Ils savent aussi que leur discipline centenaire, considérée comme une source permanente de controverses, est pourtant partie prenante de la vie sociale, professionnelle et même privée, de leurs contemporains ».
Ils remarquent que 
« d’une façon générale, dans les domaines de la santé mentale et de la psychiatrie, de la médecine, de l’enseignement, de l’éducation, de l’information ou encore de la justice, les psychanalystes apportent sans contestation possible leur contribution, au bénéfice des professionnels concernés comme des usagers ».
Ils écrivent qu’
« à l’ère des fake news et en plein développement des fausses sciences, les psychanalystes rappellent que leur travail concerne la vérité du sujet dont la parole porte témoignage. Si la référence à la vérité n’exclut pas la critique, les reproches qui visent le plus souvent la psychanalyse relèvent plus du stéréotype et de l’idée reçue que de l’argumentation rigoureuse ».
« Ainsi, continuer à faire de l’inconscient freudien une croyance héritée du XIXe siècle dépassée par la science moderne résonne au XXIe comme un aveu d’ignorance. Non seulement, les psychanalystes contribuent à faire avancer la connaissance sur l’autisme, une pathologie identifiée au début du XXe, mais ils étudient désormais les phénomènes les plus contemporains : l’homoparentalité, le retrait social des jeunes ou hikikomori, ou encore la radicalisation islamique des adolescents », 
soulignent Pascal-Henri Keller et Patrick Landman.
Ils ajoutent : 
« Compte tenu de leur incessante activité dans ces différents domaines et soutenus par les chercheurs et scientifiques avec lesquels ils collaborent, les psychanalystes estiment avoir gagné le droit d’inscrire leurs travaux cliniques, non seulement dans le cadre de la recherche scientifique universitaire et académique, mais aussi dans l’ensemble du paysage culturel français ».

Date de publication : 21 janvier 2019

« Ils vont manifester pour une psychiatrie plus humaine »

La Croix

La Croix fait savoir qu’« une manifestation nationale de défense de la psychiatrie est organisée [aujourd’hui] à Paris pour réclamer les «moyens d’accueillir et de soigner dignement les patients» ».
« Voilà le message que viendront porter des responsables syndicaux mais aussi des représentants de collectifs qui, ces derniers mois, se sont créés un peu partout en France à l’occasion de conflits locaux, parfois très durs », 
continue le journal.
Christelle Leclerc, infirmière CGT à l’hôpital Pinel d’Amiens, souligne que 
« ces collectifs regroupent des soignants, syndiqués ou non, ainsi que des usagers, des citoyens. Peu importent les étiquettes. On est tous là pour défendre une psychiatrie plus humaine ».
La Croix explique en effet que 
« le collectif «Pinel en lutte» pourra témoigner que se mobiliser n’est pas inutile. Pendant plus de 7 mois, une partie du personnel de ce vaste établissement psychiatrique de la Somme a fait grève pour réclamer des moyens supplémentaires. Un conflit au long cours qui a pris fin mi-janvier par un protocole d’accord signé avec la direction de l’hôpital ».
Christelle Leclerc précise que 
« sur les 35 postes supplémentaires de soignants que nous réclamions, nous en avons obtenu 30. C’est une grande victoire ».
Le journal note ainsi : 
« Davantage de moyens humains pour «éviter que le soin ne soit vidé de son sens»… Voilà ce que réclament d’autres syndicats ou collectifs, parfois au prix d’opérations spectaculaires. En mai, 7 soignants de l’hôpital du Rouvray, près du Havre, se sont lancés dans une grève de la faim, interrompue 3 semaines plus tard après la conclusion d’un accord avec la direction prévoyant la création de 30 postes et d’une unité pour adolescents ».
Le quotidien s’interroge : 
« La santé mentale est-elle à ce point en déshérence budgétaire ? En 2017, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociale (Igas) nuançait un peu ce constat. Il notait que, comparé aux autres pays européens, la France a un taux «relativement élevé» d’équipement en lits de psychiatrie ».
« «Il est inexact de parler d’un appauvrissement de la psychiatrie», indiquait ce rapport, en relevant que la dotation annuelle de financement (DAF) aux établissements a augmenté de 8,4% de 2009 à 2016. Mais cette DAF n’est pas toujours affectée comme il le faudrait. C’est le constat que font 120 psychiatres dans un courrier adressé en novembre à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé », 
poursuit La Croix.
Le Pr Antoine Pelissolo, chef du service à l’hôpital Henri Mondor à Créteil, souligne ainsi que
 « dans certains endroits, cette dotation n’est pas intégralement attribuée aux services de psychiatrie. Des hôpitaux en tension financière piochent dans cette enveloppe pour soutenir d’autres services. […] Nos services sont débordés et le système craque de partout ».
Le Pr Pelissolo ajoute :
 « Nous avons de plus en plus de personnes en souffrance psychique qui ne peuvent pas vivre seules et ou n’ont plus d’hébergement. Et le problème est que cela peut prendre beaucoup de temps pour leur trouver une place dans un foyer ou une structure d’accueil spécialisés. Dans tous les services de psychiatrie, il y a au moins un tiers des lits destinés à recevoir des patients en situation de crise aiguë qui sont occupés par ces patients que nous gardons pour qu’ils ne se retrouvent pas à la rue ».

Date de publication : 22 janvier 2019

« L’hôpital psychiatrique est devenu uniquement un lieu de crise »

Libération

Libération note à son tour que « syndicats et collectifs de soignants, familles de patients, travailleurs sociaux se sont donné rendez-vous [hier à Paris], à l’occasion de la journée nationale de la psychiatrie », pour « témoigner […] de la dégradation de la prise en charge des patients en psychiatrie ».
Le journal relève notamment :
 « «Avant j’aimais mon métier, maintenant je suis écœurée. Avant j’étais payée pour soigner, maintenant je suis payée pour maltraiter. Aujourd’hui je dis stop», peut-on lire au dos de la blouse blanche de Nathalie, 45 ans, infirmière à l’hôpital psychiatrique d’Argenteuil depuis 18 ans. Une inscription qui reflète l’état d’esprit ambiant ».
Le quotidien souligne que 
« le manque de lits et d’effectifs est sur toutes les lèvres, des soignants aux familles des patients. Le nombre de lits de psychiatrie générale a diminué de 60% entre 1976 et 2016 selon l’Inspection générale des affaires sociales ».
Libération cite entre autres Linda, 55 ans, infirmière à Argenteuil, qui remarque : 
« L’hôpital psychiatrique est devenu uniquement un lieu de crise. Maintenant, pour être hospitalisé, il faut que les patients arrivent au stade de la crise ».
Le journal note ainsi : 
« Des manifestants observent que les patients qui arrivent sont dans un état de crise de plus en plus avancé et que les hospitalisations se font toujours plus sous contrainte. Et puis, à peine sortis, on les oriente vers un projet social sans penser à la phase de stabilisation ».
Le quotidien ajoute que 
« dans la foule, on croise deux psychologues (très peu représentés parmi les manifestants) qui exercent au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris : Esther, 39 ans, psychologue depuis 10 ans, et Lena, 59 ans, depuis 30 ans. Les deux regrettent que, de plus en plus, l’accent soit uniquement mis sur les neurosciences et appellent à une approche plurielle qui prenne en considération la singularité et l’histoire du patient ».
« Quant à la prise en charge, elles observent aussi que les patients sortent souvent avant d’être stabilisés et que, faute de temps et de soignants, la contention (l’entrave du patient) redevient un soin à part entière », 
remarque Libération.

Date de publication : 23 janvier 2019

« Complexe comme un cerveau qui dort »

Les Echos

Yann Verdo observe dans Les Echos : « Qu’il s’agisse du sommeil profond ou du sommeil paradoxal, l’exploration de l’activité nocturne du cerveau n’en finit pas de nous révéler de nouvelles surprises. Notamment en ce qui concerne les liens du sommeil avec la mémoire ».
Le journaliste remarque ainsi que
 « tout récemment, une étude réalisée par une équipe associant des chercheurs du CNRS et de l’ENS Paris, et parue dans la revue Nature Human Behaviour […], est venue montrer à quel point le cerveau endormi restait attentif à son environnement ».
Yann Verdo explique que les auteurs 
« ont exposé des dormeurs à deux voix, très similaires sur le plan acoustique mais tenant des discours différents : l’une, un flot de mots ressemblant à du français mais en réalité dépourvus de toute signification ; l’autre, des textes cohérents et informatifs ».
« L’analyse réalisée grâce à l’imagerie cérébrale a permis de montrer que le cerveau des participants privilégiait le discours faisant du sens au détriment de l’autre. D’où le fait que l’annonce du nom de sa station puisse réveiller une personne « piquant du nez » dans le bus ou dans le métro, et lui permettre de descendre juste à temps… », 
observe le journaliste.
Il précise cependant que
 « cette capacité du cerveau endormi à continuer de discriminer les informations auditives en fonction de leur utilité ne vaut […] que durant le sommeil léger ».
Yann Verdo indique que 
« le sommeil profond a lui aussi ses curieuses spécificités, que diverses expériences ont peu à peu mises en lumière. Par exemple, […] il a été montré il y a dix ans, dans la revue Science, que si on demandait à un sujet de mémoriser l’emplacement de différents objets sur un échiquier, chaque objet étant associé à un son spécifique, puis qu’on lui faisait entendre certains de ces sons pendant qu’il était en sommeil profond, il se souvenait mieux, à son réveil, de la position des objets correspondants que des autres ! ».
Le neurobiologiste Robert Jaffard, professeur émérite à l’université de Bordeaux, indique ainsi : «
 Les études d’imagerie montrent que les réseaux neuronaux qui se sont activés, à l’état de veille, pour accomplir une tâche donnée […], se réactivent spontanément, à l’identique quoique de façon ‘compressée’ (accélérée dans le temps), durant le sommeil profond ».
« Comme si le cerveau, en sommeil profond, rejouait la scène en accéléré pour mieux se l’assimiler. Et les stimuli extérieurs, qu’ils soient auditifs ou olfactifs, peuvent déclencher ce processus »,
 continue Yann Verdo.
Le journaliste note enfin que 
« plus abondant en fin de nuit qu’à son commencement, le sommeil paradoxal, qui a été jusqu’à présent beaucoup moins étudié que le sommeil profond, demeure à bien des égards une énigme ».
Il évoque une étude publiée en décembre dans 
Nature Communications : « En utilisant une nouvelle technique d’imagerie par ultrasons ultrarapides appelée fUS (pour «functional ultrasounds»), une équipe du laboratoire Physique des ondes pour la médecine (Inserm/ESPCI) a pu, pour la première fois, «filmer» dans sa totalité le cerveau d’un rat endormi. Ces images, inédites par leur caractère à la fois global et très détaillé, ont permis de mettre en évidence la survenue, durant le sommeil paradoxal, d’un processus cérébral encore insoupçonné ».
« Cela commence par l’émission, par l’hippocampe, d’oscillations gamma à très haute fréquence. Ces oscillations précèdent, avec une régularité de métronome, de très fortes poussées vasculaires qui se propagent sous forme de vagues dans tout le cerveau, poussées au cours desquelles le débit sanguin va jusqu’à doubler par rapport à ce qu’il est durant la journée. Si les ondes gamma sont aussi présentes à l’état d’éveil, ces brusques et encore inexpliquées irruptions vasculaires, propres au sommeil paradoxal, lui ajoutent un mystère de plus », 
relève Yann Verdo.

Date de publication : 28 janvier 2019

« L’autisme, un trouble précoce du développement cérébral mieux compris »

Le Figaro

Damien Mascret évoque dans Le Figaro le quatrième plan national autisme (2018-2022), qui « affiche comme objectif de permettre, d’ici à 2021, l’insertion scolaire de tous les enfants atteints de TSA » (troubles du spectre autistique).
Le journaliste remarque ainsi : 
« Il y a une trentaine d’années, c’est sous les huées que le Pr Catherine Barthélémy, pédopsychiatre, présentait les découvertes d’anomalies neurobiologiques dans l’autisme. Jeudi dernier, ce sont des applaudissements nourris qui l’ont accompagnée à sa descente de la tribune du 17e congrès annuel de la psychiatrie française (L’Encéphale) à Paris ».
« Elle participait à une session consacrée aux nouvelles prises en charge de l’autisme, qui s’appuient sur l’approche neurologique qu’elle défend depuis longtemps », 
précise Damien Mascret.
Le journaliste indique notamment qu’
« en France, un enfant sur 100 présente un TSA, ce qui représente aujourd’hui 700.000 personnes vivant en France avec un tel handicap. Car le spectre est large et va de la personne avec autisme sévère (1% des TSA) qui n’a pas pu acquérir le langage (non-verbal) à l’autisme de haut niveau (dit Asperger) souvent capable de tenir une conversation, avec néanmoins une interprétation très littérale du langage ».
Damien Mascret relève en outre que 
« le 6 avril 2018, le premier ministre Édouard Philippe, en présentant le quatrième plan national autisme (2018-2022), annonçait un réel effort de 103 millions d’euros dédiés à la scolarisation stricto sensu, avec l’objectif ambitieux de permettre d’ici à 2021 l’insertion scolaire de tous les enfants atteints de TSA ».
« Le plan insiste aussi sur l’importance d’une intervention précoce », ajoute-t-il. Le Pr Barthélémy souligne ainsi que « le trouble du développement est extrêmement précoce, c’est pourquoi il doit être repéré dès la période périnatale pour permettre des interventions les plus précoces possible ».

La spécialiste observe cependant :
 « Comment sera financé le parcours précoce alors que le diagnostic ne pourra pas être posé avant 12-18 mois ? La question de l’ouverture des droits (en l’absence de diagnostic, NDLR) n’est pas anodine, il faut casser les verrous administratifs ».
« C’est tout l’enjeu du forfait d’intervention précoce en discussion. Espérons qu’il ne manque pas sa cible par excès de rigorisme médico-administratif », 
continue Damien Mascret.

Date de publication : 29 janvier 2019

« Pêcheurs, soignants, serveurs… les nouvelles victimes de la cocaïne »

La Croix

La Croix constate en effet que « la «blanche», longtemps réservée à une élite fortunée, touche désormais tous les milieux sociaux. Moins chère, consommée de façon assumée y compris au travail, elle n’a pourtant rien perdu de sa dangerosité ».
Le journal publie ainsi une 
« enquête sur une banalisation aussi alarmante que méconnue ». Il indique que « l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) [relève], dans son dernier rapport, un quadruplement de la consommation en vingt ans. 5,6% des Français ont pris au moins une fois de la cocaïne dans leur vie ».
« La déclinaison par métier chamboule les idées reçues : artisans et commerçants arrivent en tête des consommateurs (7,2%), les ouvriers devancent les cadres (5,3% contre 4,9%) », 
poursuit La Croix.
Le quotidien cite notamment Bernard Le Floch, médecin généraliste et 
« auteur d’une étude sur la prise d’opiacés chez les marins pêcheurs, [qui] constate chez eux «une prévalence forte de toxicomanie». Parmi ses patients, il compte des professionnels dépendants au cannabis, à la cocaïne, à l’héroïne… ».
Le médecin remarque :
 « Quand j’ai commencé à exercer, on parlait surtout de l’alcool, mais on n’en voit plus beaucoup. La drogue l’a un peu remplacé chez les jeunes générations ».
« Une observation que confirme une étude du Service de santé des gens de mer, menée sur le littoral atlantique en 2013 : sur 1000 marins pêcheurs testés, 4,5% étaient positifs à la cocaïne, tous âges confondus. Le chiffre grimpe à 8% chez les moins de 35 ans », 
observe La Croix.
Le quotidien explique que 
« la hausse de la production colombienne a entraîné une reconfiguration du marché français. Pour écouler une marchandise devenue abondante, les trafiquants vont désormais «vers les usagers plutôt que l’inverse» afin de «faciliter l’achat par les usagers les plus précarisés», décrypte l’OFDT ».
La Croix poursuit :
 « Leur méthode consiste à «fractionner les unités de ventes au demi-gramme, au quart de gramme». Un billet de 20 € suffit désormais à se procurer de la « C ». Des SMS submergent les usagers de promotions de même que, depuis peu, des offres envoyées par Snapchat, application dont les messages disparaissent en quelques secondes ».
Le journal cite 
« Thomas, 36 ans dont vingt accro à la coke, «abstinent» depuis onze mois, [qui] a longtemps cumulé deux jobs : le jour, aide-soignant dans le service de réanimation d’un hôpital de la région marseillaise ; la nuit, surveillant dans un centre pour personnes handicapées. […] Obsédé par le «produit» de longue date, il sniffait toujours plus en travaillant ».
Il déclare : 
« Rien ne m’arrêtait. Pour aller aux cabinets, il me fallait une trace ; pour faire la toilette d’une mamie, il me fallait une trace ; pour une perfusion, il me fallait une trace. Tout était prétexte et, à chaque trait, je pensais au prochain ».
La Croix relève que 
« la cocaïne ronge son quotidien et son salaire : 800 € par semaine pour trois grammes reniflés chaque jour. Tout y passe, jusqu’au projet immobilier. «Très vite, le coup du crédit est tombé à l’eau et mon boulot de nuit m’a permis de payer ma consommation pour deux semaines.» Il se met alors à travailler plus… pour consommer plus ».
Le journal note qu’«
 à l’époque, sur quelque 25 membres de son service à l’hôpital, cinq consommaient de la cocaïne – trois aides-soignants, un interne et une infirmière –, parfois ensemble aux toilettes. Jusqu’au jour où un vol de cartes bleues précipite Thomas en prison pour un an. Aujourd’hui « clean », il est déterminé à le rester ».
La Croix publie en outre un entretien avec le Dr Laurent Karila, psychiatre spécialisé dans l’addictologie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, selon qui 
« les pouvoirs publics n’alertent pas suffisamment sur la dangerosité de cette drogue ».
Le médecin précise que 
« l’impact de la cocaïne sur le cerveau n’a rien à voir d’un individu à l’autre. En fait, l’installation de l’addiction dépend de divers paramètres. Ils sont d’abord d’ordre psychologique : certains individus présentent une tendance plus marquée que d’autres à la dépression, aux troubles anxieux… Viennent ensuite les facteurs environnementaux : le stress au quotidien, le cadre dans lequel on a consommé la première, le fait d’être entouré ou non de consommateurs. Reste enfin, le terrain génétique, important lui aussi ».
Le Dr Karila ajoute :
 « Le plus souvent, la dépendance s’installe sournoisement. Au bout d’un an ou deux de consommation, des troubles cognitifs apparaissent : troubles de la mémoire, de l’attention. Mais c’est surtout une drogue très cardiotoxique. Elle est vasoconstrictrice et le risque, au moment d’une prise, c’est qu’une artère se trouve serrée trop fort et qu’une partie de l’organisme ne soit plus irriguée ».
« Une étude a récemment montré que, après un trait, un cocaïnomane a un risque 24 fois plus élevé que la moyenne de faire un infarctus dans l’heure qui suit. Et ce, qu’il s’agisse du millième trait ou du tout premier, c’est totalement aléatoire », 
souligne le psychiatre.
Il remarque que 
« les autorités insistent avant tout sur [les méfaits] du tabac et de l’alcool et elles ont raison puisqu’ils font, à eux deux, 130.000 victimes par an. On parle de plus en plus du cannabis, mais on fait trop peu sur la cocaïne. À tort, car c’est vraiment en train de devenir une drogue problématique ».

Date de publication : 30 janvier 2019

 

 


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