« Des psychiatres dénoncent à nouveau l’amalgame entre terrorisme et psychiatrie »

La Croix

Pierre Bienvault constate en effet dans La Croix que « plusieurs médecins s’indignent d’un décret permettant de croiser les données du fichier des personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement et celles du fichier des personnes radicalisées ».
La journaliste évoque un 
« sujet ultrasensible », le ministère de la Santé précisant : « Ce texte constitue un point d’équilibre entre la nécessité de lutter contre la radicalisation terroriste et celle de protéger les données de personnes hospitalisées. Aucune donnée médicale ne sera communiquée au ministère de l’intérieur ».
Le Dr Jean-Pierre Salvarelli, membre du syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), déclare quant à lui que 
« c’est un scandale, une honte. Jamais on n’a connu une telle stigmatisation de la maladie mentale ».
Pierre Bienvault explique que 
« publié mardi 7 mai, ce texte vise à permettre «la mise en relation» des données du fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) avec celles du fichier Hopsyweb qui recense les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement. Le but est de croiser les informations dans les deux sens ».
« Quand une personne sera identifiée comme étant radicale, le préfet de son lieu de résidence pourra savoir si, dans les 3 ans, elle a été hospitalisée sous la contrainte en psychiatrie. Dans l’autre sens, quand un patient sera admis en psychiatrie, le préfet pourra savoir si elle figure dans le fichier des personnes radicalisées », 
relève le journaliste.
Le ministère de la Santé indique que «
 seuls le nom, le prénom et la date de la naissance des personnes seront communiqués. Le motif de l’hospitalisation ne sera jamais dévoilé ».
Le Dr Salvarelli déclare que 
« c’est une confusion inacceptable entre souffrance psychique et violence terroriste ». Le Dr Claire Gekiere, membre du bureau national de l’Union syndicale de la psychiatrie, remarque quant à elle : « Nous ne sommes bien sûr pas opposés à ce qu’on lutte de manière efficace contre le terrorisme. Mais au nom de ce combat, on ne cesse de faire reculer les limites de la liberté individuelle et de la protection de la vie privée et du secret médical ».
Pierre Bienvault observe que 
« le décret fait aussi tiquer la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), celle-ci estimant que la «mise en relation» des deux fichiers «ne peut être envisagée qu’avec une vigilance particulière» ».

Date de publication : 10 mai 2019

« Comment l’e-santé peut nous sauver de nos addictions »

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui fait savoir qu’« un rapport remis ce mardi à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues […] montre comment le numérique peut être la solution pour prendre en charge les patients «accros» ».
Elsa Mari souligne ainsi que 
« c’est un combat urgent, difficile mais qu’il faut absolument gagner. Aujourd’hui, l’Hexagone fait partie des pays qui subissent le plus important dommage causé par les addictions, responsables de 120.000 morts par an ».
« Cinq millions de Français consomment tous les jours de l’alcool, première cause d’hospitalisation, 13 millions du tabac, 700.000 du cannabis. Sans compter les autres drogues, les nouvelles dépendances liées aux jeux vidéo, à la pornographie, aux réseaux sociaux. Triste paradoxe, seules 20% de ces personnes sont prises en charge », 
observe la journaliste.
Elle s’interroge :
 « Comment soigner tous les autres, tétanisés par la honte, le déni, l’isolement, la peur de la rechute ? Face au manque cruel de spécialistes, le numérique pourrait être la solution ».
Elsa Mari note donc que 
« c’est ce que prônent, avec force, Michel Reynaud, le président du Fonds Actions Addictions, et Jean-Pierre Thierry, conseiller e-santé, dans un rapport inédit commandé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues (Mildeca) ».
La journaliste explique que 
« 90% des Français qui ont un smartphone ne s’en séparent jamais à plus d’1m50. Grâce à ce petit écran, les personnes addicts pourront évaluer leur niveau de dépendance sur les applis, obtenir un suivi, avec un psychologue en ligne, accéder à des forums d’entre-aide, démarrer une consultation par vidéo, partager leur dossier médical avec les spécialistes ».
Jean-Pierre Thierry déclare ainsi que 
« demain, un alcoolodépendant pourra géolocaliser tous les bars de son quartier et lorsqu’il passera devant, il recevra un message courage, tu as bien tenu jusqu’à présent. S’il est anxieux, il pourra parler à un médecin en appuyant sur un bouton panique. Les données collectées serviront aussi à améliorer la recherche ».
Elsa Mari ajoute que 
« le numérique facilitera la parole, souvent difficile avec un médecin généraliste, peu formé à l’addiction et mal à l’aise sur le sujet ». 
La journaliste constate cependant qu’
« on en est encore loin. Alors que le gouvernement vient de présenter sa feuille de route pour accélérer le virage de l’e-santé, la France reste très en retard. Dans l’addiction, seules quelques initiatives existent, comme celle du Pr Pascal Perney du CHU de Nîmes qui a lancé l’application Mydéfi pour réduire, en 12 semaines, sa consommation d’alcool ».
« Reste des questions de taille comme la protection des données et la qualité de la prise en charge », 
poursuit-elle.
Elsa Mari remarque que «
 tous en ont conscience, la technologie n’est pas la solution miracle, mais «une vraie opportunité, selon Nicolas Prisse, président de la Mildeca. On ne peut pas laisser la situation telle qu’elle est» ».
Dans un entretien, le Pr Michel Reynaud souligne que 
« le traitement des addictions n’a jamais été une priorité des pouvoirs publics, en tout cas sûrement pas à la hauteur des dommages causés par l’alcool, la drogue, le tabac. En France, elles sont responsables d’un mort sur cinq ! Il n’y a quasiment pas d’addictologues libéraux, on manque de services hospitaliers. Les centres de consultation sont surchargés. De toutes les pathologies, c’est dans l’addiction que le «treatment gap», qui définit l’écart entre le nombre de malades et ceux qui sont soignés, est le plus élevé ».
« Je crois donc beaucoup à l’e-santé, avec le développement de consultations par vidéo, de forums. Des plateformes d’écoute comme «Alcool Info service» ou des applications existent déjà mais ces dernières sont en moyenne abandonnées au bout de 2 semaines, en l’absence de suivi », 
poursuit le spécialiste, qui « demande la création d’un plan national. Il faut, en parallèle, mettre en place, un statut de «patients experts» qui n’existe pas actuellement. Ces anciens dépendants, qui aident les autres, auront une certification professionnelle. Je demande aussi la reconnaissance de la situation de longue maladie pour les addictions sévères. Elle permettra la prise en charge totale des patients ».

Date de publication : 14 mai 2019

« Baby-foot et burn-out au menu des DRH »

Libération

Libération relaie des « chiffres [qui] affolent. Selon une étude de 2018 de la Fondation Pierre Deniker pour la recherche en santé mentale, plus d’un Français actif sur cinq présente «une détresse orientant vers un trouble mental». A la clé, des dépressions, des addictions, du stress, voire des idées suicidaires ».
Le journal rappelle qu’« 
en 2015, l’Institut de veille sanitaire évaluait à 480.000 le nombre de salariés en souffrance psychique au travail, dont 30.000 en burn-out. Aucune leçon n’aurait donc été tirée depuis la crise chez France Télécom ? ».
Le quotidien cite le dirigeant Bruno Mettling,
 « qui a mené, dès 2010, le chantier de reconstruction du climat social de l’opérateur » : « Dans les grandes fonctions RH, il y a eu une prise de conscience des responsabilités de l’entreprise en matière de santé au travail alors que jusque-là ce n’était pas au centre des préoccupations ».
« Jean-Claude Delgènes, qui y a aussi participé en tant qu’expert, évoque un «contexte de sidération nationale» avec des crises similaires, au même moment, chez Renault et Peugeot. Ce qui a créé «une forte interrogation des dirigeants de l’époque qui redoutaient un effet Lombard», du nom de l’ex-PDG du groupe de télécoms, actuellement jugé pour «harcèlement moral» », 
note Libération.
Le journal remarque cependant que « 
cette peur est vite passée, regrette le spécialiste, et les préoccupations de santé au travail ont été renvoyées «en second rideau», chassées par la «vague numérique» et l’intensification de la concurrence ».
Le quotidien observe que 
« «la réponse a souvent été en dessous de ce qu’il fallait», poursuit Jean-Claude Delgènes. Selon lui, seules 20% à 30% des entreprises font un réel travail de «gouvernance éclairée». La faute, selon la psychologue clinicienne Catherine Mieg, à un «prêt-à-penser managérial, enseigné dans les grandes écoles, avec des tableaux Excel et des ratios, qui donne la priorité aux logiques de rentabilité. Ce qui rend difficile tout pas de côté» ».
« La spécialiste pointe aussi le poids du «capitalisme financier laissant peu de place au développement des compétences». Et note que les PME sont parfois plus attentives à ces questions car «plus proches de leurs collaborateurs» », 
relève Libération.
Le journal indique toutefois que «
 le pouvoir s’est saisi du sujet. Avant même que n’éclate la crise, un rapport sur les risques psychosociaux (RPS) est commandé en 2007 par le ministre du Travail de l’époque, Xavier Bertrand. Dans la foulée, un collège d’expertise sur le suivi des RPS au travail, rattaché à l’Insee, est mis en place ».
La sociologue Marie-Anne Dujarier observe que 
« cela a permis un meilleur suivi statistique, mais cela a aussi créé un marché des RPS. Car pour les employeurs [qui ont une obligation de sécurité et de santé envers leurs salariés, ndlr], le mot risque a un sens particulier : le risque juridique. Dès lors, ils ont surtout cherché à réduire le risque d’être accusés de ne rien avoir mis en place pour réduire ces risques. Mais nous n’avons pas vu le management renoncer à ses objectifs de productivité ».
Elle ajoute qu’
« il y a eu plusieurs lois promettant plus de protection des salariés. Mais en parallèle, on a retiré les moyens de vérifier si la loi est appliquée, avec la suppression par exemple des CHSCT ».
Libération note ainsi que 
« nombreux sont ceux qui se félicitent que le sujet ait émergé, tout en regrettant qu’il ne se traduise que par des mesures cosmétiques. Ici, c’est un chief happiness officer, responsable du bonheur en entreprise, qui est nommé. Ailleurs, on recrute un well-being officer, chargé du bien-être ».
Martine Keryern, du syndicat des cadres CGC, remarque qu’
« on installe des baby-foot, on met en place des lignes d’écoute que personne n’appelle, mais on ne fait pas de prévention primaire ». Elle constate : « Il faut travailler encore plus vite, les objectifs sont plus importants, le collectif de travail a disparu et les journées de travail sont de plus en plus longues », évoquant « une nette aggravation de la santé mentale. […] Le nombre de burn-out explose ».

Date de publication : 23 mai 2019

 

 


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