« Trop de travail met en danger le cerveau »
Le Figaro relève qu’« une étude française, publiée […] dans la revue médicale Stroke, vient […] de montrer que les gros travailleurs sont plus exposés à l’attaque cérébrale que ceux travaillant moins. Le risque d’accident vasculaire cérébral augmenterait ainsi de 29% chez les personnes travaillant plus de 10 heures par jour, au moins 50 jours par an. Un danger qui croît avec le temps. Ainsi, lorsque la situation dure depuis plus de 10 ans, le risque augmente de 45% ! ». Le Pr Alexis Descatha, spécialiste des pathologies liées au travail à l’hôpital Raymond-Poincaré et coauteur de ce travail, souligne qu’« il ne s’agit pas pour autant d’être alarmiste. Le risque demeure faible : il passe de 0,8 à 0,93% ». Le quotidien ajoute que « si l’étude montre une association significative entre temps de travail et risque pour le cerveau, elle ne permet pas de conclure à un lien de causalité, précisent les chercheurs qui se sont appuyés sur les données de la cohorte française Constances regroupant 200.000 personnes âgées de 18 à 69 ans ». Le Pr Descatha précise : « Travailler de manière prolongée dans de mauvaises conditions ou sous pression peut soit avoir un effet direct en affectant la coagulation et le rythme cardiaque. Mais le risque augmente aussi de façon indirecte en raison des modifications de comportements liés à ces horaires ». Le Figaro relève ainsi que « les durées de travail à rallonge riment souvent avec le stress, qui est connu pour faire grimper la pression artérielle, principal facteur de risque de l’attaque cérébrale. Tout comme le travail de nuit ». Le Pr Yannick Bejot, qui dirige le registre dijonnais des AVC, remarque ainsi : « Physiologiquement, la nuit, la pression artérielle diminue de 10 à 20%. Cette fonction protectrice est alors perturbée par la modification du rythme veille-sommeil ». « Le travail de nuit va également déréguler la prise alimentaire et la sécrétion d’insuline, faisant le lit du surpoids et du diabète, autres facteurs de risques d’attaques cérébrales », continue le journal. Le quotidien note en outre que « la plupart des professionnels ayant une activité intense négligent leur hygiène de vie, aggravant la menace. En effet, on sait depuis l’étude internationale Interstroke, que dix facteurs de risques modifiables contribuent à la survenue de 90% des AVC. Outre l’hypertension, figurent le tabagisme, un rapport taille-tour de hanche élevé, la sédentarité, une alimentation défavorable à la santé ou encore une consommation excessive d’alcool… ». Le Figaro relève donc que « pour ceux qui ont du mal à lever le pied ou qui ne peuvent pas se le permettre, les spécialistes recommandent de corriger les habitudes de vie et les comportements délétères pour le cerveau ». Le Pr Bejot explique qu’« il s’agit par exemple d’éviter les sandwichs pris sur le pouce, d’aménager des périodes de repos ou encore d’arrêter le tabac et de surveiller sa consommation d’alcool… ». Le quotidien ajoute qu’« après un premier accident, qu’il survienne sous forme d’AIT […] ou d’AVC mineur sans séquelles, il faudra redoubler de vigilance. […] Ces personnes, qui ne présentent pas de séquelles visibles, ne peuvent pas bénéficier d’aménagement du temps de travail. Si elles étaient déjà en surcharge de travail, elles seront sans doute conduites à adopter des comportements à risque qui les mettront en danger ».
Date de publication : 1er juillet 2019
« Agnès Buzyn annonce un congé rémunéré pour les « aidants » dès l’an prochain »
Le Monde annonce que « le gouvernement va créer en 2020 un congé indemnisé pour les «aidants» qui soutiennent un proche âgé, malade ou handicapé, a assuré […] la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, précisant que cette mesure figurerait dans le prochain budget de la Sécurité sociale ». Le quotidien ajoute que « cette question des aidants, qui «dépasse la question des personnes âgées», fera l’objet d’un plan dont les détails seront annoncés à l’automne avec la secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, a précisé la ministre lors d’un discours devant des professionnels du secteur médico-social ». Agnès Buzyn indique : « Je peux déjà vous dire que parmi les axes majeurs de ce plan figurera la conciliation de la vie professionnelle et de la vie de proche aidant. Pour la faciliter, nous allons créer un congé de proche aidant, indemnisé, dès la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale ». Le Monde rappelle qu’en avril dernier, « le président Emmanuel Macron avait souligné la nécessité de mieux «reconnaître» le rôle des aidants familiaux. Il faudra notamment «leur bâtir une place pendant la réforme des retraites et leur construire des droits», avait dit le chef de l’Etat, évoquant «celles et ceux, souvent les femmes, qui ont mis entre parenthèses ou sacrifié leur vie professionnelle pour s’occuper d’un enfant en situation de handicap, d’un proche, une personne de la famille devenue dépendante» ». Le journal observe en effet que « dans l’état actuel de la législation, les aidants ont le droit de prendre un congé pour s’occuper de leur proche, pendant 3 mois maximum (sauf éventuelle disposition plus favorable dans la convention collective). Mais ce congé n’est pas rémunéré, et seul un très petit nombre de personnes demande donc à en bénéficier ».
Date de publication : 4 juillet 2019
« Les allergies rendent-elles dépressif ? »
Les Echos remarque en effet : « Votre allergie au pollen, aux chats, aux chiens ou encore aux acariens vous rend plus anxieux et sujet à la dépression. Cette affirmation peut surprendre. Et pourtant, c’est le magazine américain « The Atlantic » qui le dit, études à l’appui. Les personnes allergiques ont souvent l’impression d’être enrhumées, de perdre leurs souffles rapidement et d’étouffer, ce qui peut générer du stress et accentuer une sensation d’anxiété ». Le journal note que « les allergies provoquent, selon Maya Nanda, pédiatre allergologue à l’hôpital pour enfants du Kansas, une sécrétion de cortisol – l’hormone du stress – qui pourrait inhiber la réception de sérotonine. Sans sérotonine, le système nerveux humain est plus en proie à la dépression ». « Les allergies entraînent également une accumulation de substances chimiques pro-inflammatoires, appelés cytokines, au niveau du nez et des sinus. Ces cytokines s’infiltrent dans le sang et affectent le système nerveux », continue Les Echos. Le quotidien rappelle qu’« en 2017, une étude menée par l’université de Colombia a révélé que les enfants souffrant d’une allergie alimentaire étaient beaucoup plus susceptibles d’être anxieux. De même, une autre enquête conduite par le psychiatre Teodor Postolache, a établi un lien entre les allergies au pollen et un risque accru de suicide ». Les Echos note que « selon William Yao professeur adjoint en oto-rhino-laryngologie (ORL) à l’université du Texas, il est important de traiter l’anxiété sans négliger la possible corrélation avec les allergies. Même si, tempère [« The Atlantic], «davantage d’études doivent être menées pour déterminer comment, exactement, les allergies pourraient influer sur la santé mentale» ».
Date de publication : 12 juillet 2019
« Comment l’empathie peut soulager la douleur »
Anne Jeanblanc indique dans Le Point que « les mécanismes cérébraux expliquant les bénéfices de la reconnaissance de la souffrance par les soignants ont été identifiés par une équipe Inserm de Lyon ». Camille Fauchon, chercheur de l’équipe d’intégration centrale de la douleur chez l’homme (NeuroPain) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Lyon/Saint-Étienne), déclare en effet que « la reconnaissance de la souffrance, l’empathie, peut diminuer la douleur. Tout médecin ou infirmier sait que son comportement peut influencer le ressenti douloureux des patients ». Anne Jeanblanc indique que le chercheur « vient de réaliser une évaluation scientifique du phénomène. Ses travaux ont été publiés dans Scientific Reports ». La journaliste relève que « dans un précédent article, le chercheur expliquait que les avancées de l’imagerie médicale (IRM) avaient permis de mieux cerner les mécanismes cérébraux mis en jeu lors de la réponse à la douleur d’autrui. Et de montrer que les mêmes zones cérébrales étaient activées, que l’on souffre ou que l’on voit une personne avoir mal ». « Il expliquait aussi que d’autres expériences avaient montré qu’il n’était pas nécessaire d’avoir déjà souffert pour ressentir de l’empathie. Et enfin que, logiquement, cette dernière variait en fonction du contexte et de la relation que nous entretenons avec la personne en train de souffrir », note Anne Jeanblanc. Elle précise que « ce nouveau travail a été mené en deux temps. Le premier a consisté à faire mimer, par des comédiens professionnels et de manière reproductible, le comportement de soignants empathiques ou non, et à tester l’effet sur le ressenti douloureux de volontaires sains ». Camille Fauchon indique que « les acteurs ont joué des phrases écrites par les psychothérapeutes, selon trois versions : neutre, empathique ou non empathique, avec des mots-clés forts. Ces commentaires étaient enregistrés. Pendant l’expérience, la personne soumise à des stimulations douloureuses calibrées entendait les expérimentateurs parler dans la pièce à côté ». Anne Jeanblanc ajoute que « les sujets, qui évaluaient leur douleur sur une échelle de 100, étaient soumis à un stimulus d’intensité correspondant à environ 60, soit une douleur déjà bien présente mais supportable. Résultat : les phrases empathiques diminuent la souffrance ressentie d’environ 12% ». Le chercheur observe que « certains médicaments ne font pas mieux ». La journaliste explique enfin que pour « comprendre comment agissent les différents commentaires des soignants, […] les sujets ont été installés dans un tunnel d’IRM fonctionnelle, soumis au même stimulus douloureux, et ils entendaient les mêmes commentaires – empathiques, neutres ou non empathiques – dans le casque audio, laissé ouvert «par inadvertance» ». « Les chercheurs ont observé les réseaux cérébraux dédiés à l’attention, à la mémoire autobiographique, à la conscience de soi, à l’exploration du contexte, etc. », relève la journaliste. Camille Fauchon souligne que « ces régions donnent tout le relief à la sensation douloureuse en intégrant des dimensions cognitives, émotionnelles ou liées au contexte. […] Cela confirme qu’en modifiant le contexte par une attitude empathique, on change la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau ». Anne Jeanblanc note que le chercheur « va désormais étudier la façon dont les adultes décryptent les pleurs des nourrissons ».
Date de publication : 19 juillet 2019
« PMA, filiation, anonymat… Les ministres détaillent le projet de loi Bioéthique »
Le Parisien rappelle que « le projet de loi sur la bioéthique est présenté en Conseil des ministres [ce] mercredi », et livre les propos de « trois ministres [qui] en détaillent le contenu ». Le journal remarque ainsi : « Une médecin, une juriste, une biochimiste ; trois ministres, trois femmes, trois symboles. […] Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, et Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche, se sont prêtées […] au jeu des questions-réponses sur le projet de loi Bioéthique. […] Ce sont elles qui porteront le texte à la rentrée devant les députés ». Le Parisien aborde tout d’abord « la PMA remboursée pour toutes » : « Aujourd’hui, la procréation médicalement assistée (PMA) est réservée aux couples hétérosexuels ne pouvant pas avoir d’enfant. À l’avenir, les couples de femmes ainsi que les célibataires y auront accès ». Agnès Buzyn déclare que « ce nouveau droit répond à une demande sociétale et nous allons sécuriser leur parcours. Les schémas familiaux ont changé ». Le quotidien relève que « ces femmes bénéficieront de la même prise en charge par la Sécurité sociale, à savoir un remboursement total », la ministre soulignant : « C’est la condition pour que ce droit devienne réalité. Aujourd’hui, nous savons que les couples de femmes qui ont projet de parentalité partent à l’étranger et seules celles qui en ont les moyens peuvent le faire… Ce n’est pas normal ». Le Parisien évoque en outre « l’accès aux origines rendu possible » : « De nombreuses personnes nées d’une PMA avec donneur, désirent, une fois adultes, accéder à leur origine biologique. Cet accès va devenir possible. Le projet de loi prévoit que l’enfant qui est né du don pourra, à ses 18 ans, avoir accès, soit à des données non identifiantes (âge, caractéristiques physiques…), soit à l’identité du donneur, selon le choix de ce dernier ». Le journal aborde par ailleurs le « feu vert à l’autoconservation des gamètes » : « Les femmes ont des enfants de plus en plus tardivement. Pour leur permettre de mener un projet parental, même si elles n’ont pas trouvé le compagnon ou la compagne idéale, le projet de loi va autoriser, de façon encadrée, une femme à congeler ses ovocytes (ou un homme son sperme) ». Le Parisien rappelle qu’« actuellement, cette autoconservation n’est possible que pour des raisons médicales en cas de cancer par exemple. Cela pourra se faire à partir de la trentaine (on évoque 35 ans). L’acte médical sera remboursé, mais pas les frais de conservation (environ 100 € par an) ». Le quotidien se demande enfin : « Quelle limite à la recherche ? ». Le Parisien souligne qu’« interdites sauf dérogation jusqu’en 2013, les recherches sur l’embryon et les cellules-souches issues d’un embryon humain sont aujourd’hui strictement encadrées. Le sujet est sensible, tant il soulève des questions sur les limites éthiques de la science. Le texte de la loi Bioéthique devrait cependant permettre d’alléger les demandes d’autorisation dans le cadre des cellules-souches embryonnaires ». Frédérique Vidal déclare ainsi que « des thérapies sont en cours, il devenait important qu’on simplifie le processus ». « Elle cite le besoin de faciliter des essais cliniques sur la rétine pour soigner certaines maladies de l’œil, mais aussi certaines insuffisances cardiaques et des maladies du foie », précise le quotidien. De son côté, La Croix titre : « PMA, les professionnels de la reproduction entre satisfaction et craintes ». Le journal remarque que « l’extension de la PMA et la légalisation de la conservation des ovocytes accroîtront le nombre de demandes auxquelles il pourrait être difficile de répondre, alertent les praticiens de l’assistance médicale à la procréation (AMP) ». Le quotidien observe ainsi : « Il ne suffit pas d’ouvrir une nouvelle possibilité, encore faut-il pouvoir la mettre en œuvre. C’est, en substance, le message que font passer depuis plusieurs jours au gouvernement les professionnels de la procréation ». La Croix relève que « sur le fond, ces derniers saluent d’abord la volonté gouvernementale d’étendre la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ». Le Pr Israël Nisand, à la tête du pôle mère-enfant de l’hôpital civil de Strasbourg et président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), déclare ainsi : « Que notre société s’ouvre, que l’on donne place à la demande, fut-elle rare, de femmes seules et de couples de femmes, est un grand progrès ». Le quotidien note cependant que « des critiques s’élèvent quant à la possibilité d’honorer toutes les nouvelles demandes que fera immanquablement naître la nouvelle loi ». La Pr Nelly Achour-Frydman, à la tête du laboratoire de fécondation in vitro à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart), remarque que « le gouvernement doit mettre en place de toute urgence un plan AMP pour évaluer les demandes et cartographier les capacités des centres à répondre aux besoins ». « Une requête adressée officiellement à la ministre de la santé, Agnès Buzyn, dans une lettre envoyée il y a quelques jours par la Société de médecine de la reproduction », continue La Croix. Le journal relève que « les centres risquent fort d’être dépassés par les demandes, qu’il s’agisse de PMA ou d’autoconservation ovocytaire », la Pr Achour-Frydman déclarant : « Aujourd’hui, les couples hétérosexuels infertiles doivent attendre entre 12 et 18 mois pour voir leur demande satisfaite. Si la loi change mais qu’aucun moyen supplémentaire ne nous est donné, les délais vont s’allonger considérablement et tout le monde va en pâtir. Les couples de femmes et les femmes seules vont se heurter à un autre mur que l’illégalité à laquelle elles étaient confrontées jusqu’alors : celui de la non-faisabilité ». La Croix évoque un « deuxième point qui inquiète les professionnels de la reproduction : l’obligation de détruire, un an après l’entrée en vigueur de la loi, tous les stocks de sperme, d’ovocytes et d’embryons réservés à l’accueil par un couple. Cette mesure […] est liée à la levée de l’anonymat du donneur prévu par le projet de loi ». La Pr Achour-Frydman remarque que « l’idée est de repartir de zéro, mais elle est scandaleuse. D’abord, c’est extrêmement choquant vis-à-vis des donneurs, en particulier des femmes qui ont subi des ponctions d’ovocytes, une opération très lourde. Ensuite, cela va contribuer à accroître encore la pénurie de gamètes ». Le Pr Jean-Pierre Wolf, responsable de l’activité PMA à Cochin, déclare qu’« au-delà de notre capacité à honorer la demande, en raison de nos moyens humains limités, je crains qu’il s’agisse là d’un leurre pour les femmes. Beaucoup vont croire qu’elles ont du temps devant elles parce qu’elles ont congelé leurs ovules. Alors que les taux de réussite sont en fait faibles : nous n’avons que 25 à 30% de probabilité de faire naître un bébé par femme ayant recouru à cette méthode ». Le quotidien relève que « la solution, selon lui, consiste non seulement à informer les femmes sur les possibilités réelles d’avoir un enfant après avoir congelé leurs ovocytes, mais aussi de les informer sur la fertilité. Un «plan fertilité» réclamé depuis des années par plusieurs associations et qui ne figure pas dans le projet de loi gouvernemental ». Le Figaro retient pour sa part « les craintes d’une révolution de la procréation », observant que « la disparition du critère d’infertilité pour accéder à la PMA inquiète. Certains y voient une nouvelle étape vers l’eugénisme et la gestation pour autrui ». Le journal cite le juriste Jean-René Binet, spécialiste de la bioéthique : « La suppression du critère d’infertilité constitue une vraie révolution. Si ce projet de loi est adopté tel quel, il ouvrirait de facto un droit à la procréation médicalement assistée “pour tous”, bien au-delà des couples de femmes et des célibataires. Seul le désir d’enfant ferait office de critère ». Le juriste poursuit : « On peut craindre une dérive vers l’eugénisme. En l’absence de limites, certains couples fertiles pourraient être tentés de faire une PMA pour avoir accès à des diagnostics préimplantatoires de l’embryon afin d’éviter toute anomalie ou tout risque génétique ». Le Pr Jacques Testart, « biologiste à l’origine du premier bébé-éprouvette en France », déclare : « Outre la conservation des gamètes et embryons (moyen de planification des naissances pour tous et toutes), la sélection des enfants pourra se généraliser à toute la population puisque ses indications vont s’ouvrir largement. Le Meccano de la reproduction contrôlée se met en place et s’affirme à chaque révision des lois de bioéthique. Cette dernière saison sera un grand cru vers les pulsions transhumanistes ». De son côté, le Pr René Frydman, « gynécologue également à l’origine du premier bébé-éprouvette », remarque que le « véritable changement a déjà eu lieu. Nous sommes déjà passés du strictement médical au sociétal avec des demandes de grossesse de plus en plus tardives. Lorsqu’une femme de 45 ans souhaite avoir un enfant, faut-il considérer que son infertilité est médicale ou naturelle ? ». Le Figaro note que « favorable à la PMA pour toutes, [le spécialiste] déplore néanmoins que le projet de loi ne dise pas un mot de la montée en puissance de l’infertilité ». Et dans un entretien, la Pr Nathalie Rives, présidente de la Fédération française des centres d’études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos), déclare notamment : « Nous sommes favorables à cette évolution malgré les réserves de certains professionnels sur l’extension de la PMA aux femmes seules. Mais nous avons des interrogations sur la mise en œuvre de cette réforme. Nous sommes prêts à accompagner ce changement, mais il ne faut pas imaginer que l’expression «PMA pour toutes» veut dire que toutes les femmes y auront droit. ». « Nous n’accéderons pas automatiquement à toutes les demandes. Si une jeune fille fertile et célibataire de 20 ans vient consulter pour avoir un enfant, ses motivations seront évaluées, et il lui sera probablement demandé d’attendre avant d’envisager ce projet. L’acceptation de la prise en charge est conditionnée par de nombreux critères qui peuvent être médicaux et psychologiques », précise la spécialiste. Elle souligne que « les demandes d’assistance médicale à la procréation pourraient être multipliées par 2 ou par 3. Au Royaume-Uni, quand l’accès à la PMA a été étendu, les centres ont d’abord constaté une augmentation de 30% de la demande avant un doublement, voire un triplement de leur activité annuelle. Alors que nous sommes déjà dans une situation un peu tendue, nous craignons l’allongement des files d’attente. Nous n’avons pas la capacité de recruter des praticiens, des psychologues spécialisés ni des techniciens supplémentaires. En cas de pénurie de gamètes, les demandes seront difficiles à gérer. Cette réforme doit donc être accompagnée financièrement ». Libération brosse de son côté le portrait de Laurence Vanceunebrock-Mialon, « élue LREM lesbienne ayant eu recours à la procréation médicalement assistée, [qui] entend peser sur l’examen du texte ». Le journal note que « l’élue de l’Allier […] mesure, au fil des nombreux courriers reçus, que sa démarche n’est pas si anodine. Des remerciements, des encouragements et des mails qui lui demandent de poursuivre la bataille pour la reconnaissance des droits, transformant parfois sa messagerie en «recueil de douleurs», parce qu’«il y a bien de quoi pleurer» en lisant le récit de certains couples et familles dans le désarroi ». Et Les Echos constate que « l’exécutif veut éviter les déchirements du mariage pour tous ». Le journal observe ainsi : « Surtout ne pas réveiller les fractures, le climat et les oppositions du débat sur le mariage pour tous. C’est la ligne de l’exécutif sur le projet de loi bioéthique présenté ce mercredi pour le dernier Conseil des ministres avant la pause estivale ». Le quotidien relève que « la PMA pour toutes est la mesure la plus emblématique de ce texte porté par trois ministres. […] Mais elle est loin d’en épuiser les 32 articles puisqu’ils abordent entre autres le dispositif de filiation dans le cadre de cette PMA élargie, la possibilité de mettre fin à l’anonymat du don de sperme, l’autoconservation des ovocytes, les dons d’organes, les cellules-souches et embryons, les tests génétiques, etc. ».
Date de publication : 24 juillet 2019
« L’activité physique permet de lutter contre le déclin cognitif »
Sandrine Cabut s’interroge dans Le Monde : « L’activité physique (AP) serait-elle un des meilleurs moyens de retarder la survenue d’un Alzheimer ? A l’heure où la recherche de médicaments contre cette maladie neurodégénérative accumule les échecs, une étude américaine publiée […] dans JAMA Neurology livre de nouvelles données sur les effets neuroprotecteurs de l’AP ». La journaliste explique ainsi que « l’équipe de Jennifer Rabin (Massachusetts General Hospital, Boston) a suivi pendant 7 ans 182 seniors (73 ans en moyenne) cliniquement en bonne santé. Au début de l’étude, leur niveau d’activité physique a été évalué avec un podomètre. Ils ont eu également une mesure de la charge amyloïde dans leur cerveau. Une charge élevée reflète une forte accumulation de protéines bêta-amyloïdes, état qui peut précéder de plusieurs années le début clinique d’une maladie d’Alzheimer. ». « Ces participants ont ensuite bénéficié de tests annuels de leurs performances cognitives et d’IRM cérébrales appréciant le volume de matière grise », poursuit Sandrine Cabut. Elle constate que « parmi les personnes avec une charge amyloïde élevée – donc plus à risque de maladie d’Alzheimer –, les performances cognitives chutent nettement moins au cours des 7 ans de suivi chez celles ayant une activité physique importante (8300 pas par jour) que chez celles ayant une AP limitée (2900 pas par jour) ». La journaliste relève en outre que « la perte de matière grise à la fin de l’étude est moindre dans le groupe des individus les plus actifs, surtout chez ceux avec une charge amyloïde élevée ». Sandrine Cabut précise que « ces bienfaits de l’AP sur le cerveau sont indépendants des facteurs de risque vasculaire (hypertension artérielle, diabète, tabagisme, excès de poids) ». Les auteurs écrivent ainsi que « des approches interventionnelles ciblant à la fois l’activité physique et les facteurs de risque vasculaire pourraient avoir des effets bénéfiques additionnels pour retarder la progression de la maladie d’Alzheimer ». Philippe Amouyel (université de Lille), professeur de santé publique et chercheur, réagit : « A l’échelle épidémiologique, la lutte contre la sédentarité est le troisième facteur le plus protecteur de la maladie d’Alzheimer, derrière le niveau d’études, et l’arrêt du tabac. L’étude publiée […] suggère que l’activité physique agit sur la charge amyloïde, donc directement sur l’un des mécanismes de la maladie. Et la force de ce travail réside dans son caractère prospectif ». De son côté, Séverine Sabia, chercheuse à l’Inserm, déclare que « c’est un travail original mais observationnel, donc avec des biais potentiels qui ne permettent pas d’être si affirmatif. Pour démontrer que l’activité physique protège de l’évolution de la maladie d’Alzheimer, il faut des études d’intervention [comparant l’évolution d’un groupe avec un programme d’AP et un autre sans], et celles actuellement disponibles restent inconcluantes ».
Date de publication : 24 juillet 2019
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