« Comment le bruit nuit gravement à la santé »
Nathalie Szapiro-Manoukian rappelle dans Le Figaro que « notre niveau de tolérance à l’environnement sonore dépend de sa nature, de son intensité et de notre vécu ».
La médecin et journaliste relève ainsi : « Un moineau chante. Il émet 30 décibels […]. À ce niveau sonore et jusqu’à 60 dB, l’écouter en continu est sans risque. Encore faut-il y prêter attention, car en ville, son chant est noyé sous les conversations de passants (60 à 80 dB), les klaxons (85 dB), voire un marteau-piqueur (120 dB) dont il faut s’éloigner : sans protection, au-delà de 10 secondes, l’audition est en danger ».
Elle souligne que « bien en dessous du seuil de douleur de 120 dB, nos oreilles pâtissent aussi d’une exposition pendant 2 heures à 100 dB (discothèque, concert) ou 20 heures hebdomadaires à 85 dB (cour de récréation, tondeuse à gazon, etc.) ».
Le Dr Jean-Claude Normand, maître de conférences en médecine et santé au travail (université Claude Bernard-Lyon 1), rappelle pour sa part qu’« à la naissance, nous disposons d’un capital de cellules auditives qui ne se renouvelleront jamais, d’où l’importance de les protéger ».
Nathalie Szapiro-Manoukian poursuit : « Notre tolérance au bruit a aussi «une dimension psychologique», note le Dr Normand. «Les bruits subis sont bien moins tolérés que ceux générés par notre activité.» Par ailleurs, précise Valérie Rozec, docteur en psychologie de l’environnement au Centre d’information sur le bruit (CidB), «la perception des bruits est propre à chacun. Elle dépend de facteurs individuels, sociaux, culturels et environnementaux» ».
La journaliste remarque que « hormis quelques bruits réputés relaxants et générés par la nature (comme le clapotis des vagues), rares sont ceux qui mettent tout le monde d’accord : telle musique charme les uns, mais hérisse les autres ; coq, vaches et cloches ont leurs adeptes, mais aussi leurs détracteurs ».
Valérie Rozec souligne en outre que les bruits subis au quotidien « peuvent perturber le sommeil et entraîner une fatigue chronique. Même si l’on peut s’habituer psychologiquement à un bruit de fond, les troubles physiologiques demeurent, provoquant stress, baisse de l’immunité, augmentation des risques d’obésité, de diabète, d’hypertension artérielle et donc de maladie cardiovasculaire ».
« Enfin, le bruit perturbe les activités cognitives chez l’enfant comme chez l’adulte, avec des «difficultés de concentration et une perturbation des apprentissages pouvant aller jusqu’à 6 mois de retard en lecture dans des zones très exposées aux bruits du trafic aérien». Le bruit pourrait même avoir un impact avant la naissance », continue Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Normand explique qu’« au dernier trimestre de la grossesse, l’audition du fœtus est en place. Outre les effets auditifs, il subit les effets du stress ressenti par la future maman ».
Date de publication : 18 novembre 2019
« Violences conjugales : faut-il lever le secret médical ? »
C’est ce que titre Le Parisien, qui note que « le gouvernement y est favorable pour mieux protéger les femmes victimes des coups de leur conjoint. Mais pour de nombreux experts, il faudrait d’abord que les commissariats prennent bien les plaintes et que la justice ne classe pas les affaires ».
Le journal explique ainsi : « Le protocole existe déjà pour les enfants en danger. Demain, la levée du secret médical sera-t-elle étendue pour les femmes victimes de violences conjugales ? Cette recommandation figure en bonne place dans le rapport sur les homicides conjugaux, rendu public ce dimanche par l’inspection générale de la justice ».
« La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, y est favorable «pour résoudre les situations dans lesquelles la victime ne peut pas saisir la justice», explique-t-elle dans un entretien accordé au JDD », indique le quotidien.
Le Parisien observe que « Marlène Schiappa, son homologue en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, est sur la même longueur d’onde ». Celle-ci déclare : « Nous voulons permettre de lever le secret médical. Quand une femme est en danger, chacun doit prendre ses responsabilités pour la protéger ».
Le journal relève toutefois que « pour de nombreux experts, le principal frein n’est pas à chercher dans les cabinets des médecins, mais dans ceux des juges ». Le Dr Gilles Lazimi, membre de l’association SOS Femmes 93, réagit ainsi : « Combien de fois avons-nous incité les femmes à porter plainte, et combien de fois ont-elles été mal reçues ? ».
Le Parisien rappelle que « chaque année, 220.000 femmes sont victimes de violences conjugales. […] Permettre à un médecin de signaler des violences conjugales sans l’accord de la femme concernée, est-ce une bonne idée ? Pour la Dr Emmanuelle Piet, médecin de PMI (Protection maternelle et infantile), présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV) et membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, ce n’est pas la réponse qu’elle attend du gouvernement pour lutter contre les violences faites aux femmes. Elle craint même que la situation des victimes empire, faute de prise en charge à la suite de cette démarche ».
« Mais pour la spécialiste du harcèlement moral et des violences faites aux femmes, la psychiatre Marie-France Hirigoyen, qui participe à l’un des groupes de travail constitué dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, «il faudrait pouvoir faire un signalement» », continue le journal.
Marie-France Hirigoyen déclare notamment qu’« actuellement, nous, médecins, sommes démunis quand une femme vient nous voir, affolée, apeurée… Elle a tellement peur qu’elle ne veut pas porter plainte. Il faudrait pouvoir faire un signalement. Si dans la foulée la justice intervient rapidement pour trouver des solutions, à la fois pour l’accueil de la femme et l’éloignement du conjoint, on peut arriver à des résultats ».
La spécialiste poursuit : « De la même façon qu’on lève le secret médical pour les enfants, le médecin, une association, ou une assistante sociale pourrait le faire pour une femme s’il a le sentiment qu’elle est en danger. Dans les situations moins urgentes, il existe d’autres possibilités d’agir. Je passe déjà beaucoup de temps à convaincre des patientes de saisir la justice. La levée du secret médical concernerait peu de cas, mais elle pourrait sauver des vies ».
De son côté, Emmanuelle Piet remarque que « le secret médical a évolué depuis une vingtaine d’années et la loi permet aux médecins de réagir face aux victimes de violences conjugales. Mais elle est peu connue. Une femme qui arrive en consultation et qui ne peut plus marcher à cause de coups, est en situation de «fragilité physique et psychique». Ce qui entre dans le cadre de la loi et de l’article 226-14 (NDLR : précisant les exceptions au secret professionnel) ».
La médecin souligne cependant que « si ces femmes ne portent pas plainte, c’est qu’elles ont peur de l’après. Que va-t-il se passer si elles le font ? Est-ce que la police et la justice les protégeront après cette démarche ? Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Nicole Belloubet […] reconnaît ce que les associations disent depuis 40 ans : le système ne fonctionne pas ».
« Je ne veux pas mettre les femmes encore plus en danger, face à l’auteur des violences, si un signalement reste sans suite. Si on me demande de lever le secret médical, je veux aussi être le juge et qu’on me garantisse que ces femmes seront protégées », déclare le Dr Piet.
Date de publication : 18 novembre 2019
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