« Dépression et cancer : la double peine »
Yann Verdo observe dans Les Echos : « La santé mentale des patients en phase terminale de cancer impacterait-elle négativement leur prise en charge oncologique ? C’est la question que le Dr Guillaume Fond, psychiatre et médecin de santé publique à l’hôpital La Conception à Marseille, s’est posée avec son équipe de chercheurs ».
Le journaliste relève que « la réponse, explicitée dans une étude publiée dans le Journal of Affective Disorders, est un scandaleux «oui» ! ».
Il explique que « les chercheurs marseillais avaient déjà constaté ce révoltant «deux poids, deux mesures» s’agissant des schizophrènes, montrant que ceux-ci, lorsqu’ils entraient en phase terminale de cancer, étaient adressés plus rapidement en soins palliatifs et bénéficiaient de moins de chirurgie, de chimiothérapie et d’actes d’imagerie que les autres malades sans trouble mental ».
Yann Verdo indique que « la nouvelle étude montre que cet état de fait n’est pas spécifique à la schizophrénie et concerne aussi la dépression. Pour établir ce résultat, les auteurs ont passé au crible les données relatives à plus de 4.000 patients souffrant de formes sévères et récurrentes de dépression, les comparant à celles de 22.000 patients non dépressifs décédés par cancer entre 2013 et 2016 dans notre pays ».
Le journaliste retient ainsi que « les patients dépressifs reçoivent moins de chimiothérapie, de nutrition artificielle, de dialyse, de transfusion, de chirurgie, d’endoscopie, d’actes de haute intensité et d’admission en service d’urgence dans le mois qui précède le décès. Lequel survient, en moyenne, 3 ans plus tôt ».
Date de publication : 3 février 2020
« Un nouveau médicament contre la dépression bientôt disponible »
Catherine Ducruet remarque dans Les Echos que « c’est du jamais vu depuis 30 ans… une nouvelle famille d’antidépresseurs va être lancée ».
La journaliste explique ainsi que « Spravato de Janssen a […] obtenu fin 2019, le feu vert des autorités de santé européennes, après celle des autorités américaines ». Sophie Bouju, directrice médicale Neurosciences de Janssen en France, souligne que « ce médicament repose […] sur un mécanisme d’action complètement nouveau ».
Catherine Ducruet explique que « son principe actif, l’eskétamine, est une variante de la kétamine, molécule utilisée habituellement en anesthésie, afin de soulager les douleurs chroniques, ou en soins intensifs. Sur la base de cinq études cliniques de Phase III, ce type de kétamine a donc fait son entrée dans le domaine de la dépression ».
La journaliste précise que le médicament est « réservé seulement aux dépressions résistantes, c’est-à-dire qui ne sont pas sous contrôle, en dépit de tentatives de traitement avec au moins deux médicaments. Mais cela représente malgré tout 15 à 30% des 300 millions de malades dans le monde, soit quelque 150.000 des 2,9 millions de dépressifs en France ».
Catherine Ducruet ajoute que « devraient venir bientôt s’ajouter à cette population, les patients «dépressifs avec idées suicidaires et intention de passer à l’acte», nouvelle catégorie de patients plus difficile à cerner, pour lesquels Janssen a déposé, il y a quelques jours, une demande d’autorisation européenne ».
Sophie Bouju déclare de plus : « Alors que le poids de la dépression s’accroît – elle devrait être la première cause d’invalidité en 2030 – les familles actuelles d’antidépresseurs ne permettent pas de traiter correctement tous les patients ».
Catherine Ducruet souligne ainsi que « le recours possible à une nouvelle classe élargit […] l’éventail thérapeutique des psychiatres. Elle leur fournit en particulier un produit dont les effets bénéfiques sont sensibles au bout d’une semaine (contre 3 à 4 pour les antidépresseurs oraux), et qui diminue de 50% le risque de rechute ».
La journaliste précise que « ce nouveau produit a déjà pu bénéficier à certains patients français avant même son autorisation officielle, grâce au mécanisme dérogatoire dit d’«Autorisation temporaire d’utilisation de cohorte», «la première jamais accordée en psychiatrie» souligne-t-on chez Janssen. Mais il doit être utilisé avec précaution ».
Catherine Ducruet explique que « sa prescription peut en effet entraîner des effets secondaires qui nécessitent une surveillance (dissociation, vertiges, sédation…), ou un risque d’addiction en cas d’abus. Il sera donc uniquement à usage hospitalier, et sous une forme originale, celle d’un spray nasal (pour un effet rapide) et à usage unique (afin d’éviter les détournements), en complément d’un antidépresseur oral ».
Elle ajoute que « Janssen, qui a lancé son produit aux Etats-Unis au prix de 32.400 dollars par an, devra certainement en rabattre en Europe. En France, son dossier vient d’être soumis à la Haute autorité de santé pour évaluation médicale, étape préalable à la négociation du prix, avec un lancement commercial espéré fin 2020 ».
La journaliste conclut que « les analystes américains créditent, en tout cas, un bel avenir au Spravato avec 3 milliards de dollars de ventes à son apogée. Une promesse de succès dans un domaine, les neurosciences, que les laboratoires ont tendance à déserter, en dépit d’importants besoins non satisfaits, du fait d’un taux d’échec très élevé. Janssen est un des rares à persister dans ce domaine. Il dispose actuellement de 7 molécules en développement clinique ».
Date de publication : 4 février 2020
« Choisir le bon traitement antidépresseur à partir des ondes cérébrales »
Camille Gaubert observe dans Sciences et Avenir qu’« avec seulement quelques électrodes et un peu d’intelligence artificielle, il serait possible de prédire quel traitement antidépresseur soulagerait un patient ».
La journaliste relève ainsi qu’« un simple électroencéphalogramme combiné à une analyse par un modèle informatique permettrait […] de reconnaitre les patients susceptibles de bénéficier de la sertaline », selon une étude parue dans Nature Biotechnology.
Amit Etkin, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à Stanford, qui a mené cette étude, observe : « Je serai surpris si cela n’est pas utilisé par les cliniciens dans les 5 prochaines années ».
Le spécialiste souligne en effet que « le traitement des personnes souffrant de dépression commence souvent par la prescription d’un antidépresseur. Si cela ne fonctionne pas, un deuxième antidépresseur est prescrit. Chacun de ces ‘essais’ prend souvent au moins 8 semaines pour évaluer si le médicament a marché et si les symptômes sont atténués ».
Camille Gaubert rappelle qu’« en cas d’échec ou en parallèle, la psychothérapie et la stimulation cérébrale transcrânienne (un traitement impliquant un type spécifique de stimulation cérébrale non invasive) peuvent également être proposés ».
Amit Etkin note que « les méthodes actuelles de diagnostic de la dépression sont tout simplement trop subjectives et imprécises pour guider les cliniciens dans l’identification rapide du bon traitement ».
Camille Gaubert précise que « l’Université de Stanford a utilisé les données de l’étude EMBARC, la plus grande étude sur les antidépresseurs couplés à l’imagerie et contrôlés par placebo, portant sur 309 patients dépressifs prenant ou non un antidépresseur nommé sertaline ».
La journaliste indique qu’« un examen par électroencéphalographie (EEG) a permis au moyen d’électrodes placées sur le cuir chevelu des patients de mesurer l’activité électrique de leur cerveau avant de commencer le traitement ».
Elle ajoute qu’« en s’appuyant sur des théories des neurosciences, de la science clinique et de la bio-ingénierie, les scientifiques ont construit un modèle prédictif avancé basé sur un nouvel algorithme d’apprentissage automatique (« machine learning ») spécialisé dans l’analyse des données EEG appelé SELSER. Les chercheurs ont alors appliqué SELSER aux données EEG des 309 participants de l’étude ».
Camille Gaubert relève que l’algorithme « a pu prédire de manière fiable la réponse individuelle des patients à la sertaline sur la base d’un type spécifique de signal cérébral, connu sous le nom d’ondes alpha. Liées à un état général de relaxation, d’un point de vue physiologique les ondes alpha réduisent les capacités de traitement d’une zone donnée du cerveau ».
Elle précise que « c’est particulièrement le cortex préfrontal qui est touché, cette zone à l’activité souvent altérée chez les dépressifs. Le cortex préfrontal participe à nos réponses émotionnelles, notamment via d’autres régions du cerveau responsables du contrôle de la dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine, des neurotransmetteurs importants pour la régulation de l’humeur ».
Les auteurs écrivent ainsi que « les cortex préfrontaux des meilleurs répondeurs au traitement sont plus actifs ou excitables que ceux des mauvais répondeurs ».
Camille Gaubert ajoute que « ce modèle basé sur l’EEG a surpassé les modèles conventionnels qui utilisaient des données EEG ou d’autres types de données individuelles, telles que la gravité des symptômes et les caractéristiques démographiques ».
Et « les participants qui, selon SELSER, montraient une faible amélioration avec la sertaline étaient plus susceptibles de répondre à la stimulation magnétique transcrânienne, en combinaison avec une psychothérapie », souligne la journaliste.
Madhukar Trivedi, psychiatre, observe ainsi : « Nos recherches montrent que [les patients] n’auront sans doute bientôt plus à supporter le processus douloureux d’essais et d’erreurs ».
Date de publication : 11 février 2020
« Les chercheurs réveillent des singes anesthésiés en stimulant leur conscience »
L’Express s’interroge : « Où se situe la conscience du cerveau ou, plus exactement, où se déroulent les mécanismes liés à la capacité d’éprouver des sensations internes et externes ? C’est l’une des questions centrales des neurosciences modernes ».
Le magazine fait savoir que « selon une étude publiée […] dans Neuron, la réponse pourrait se trouver au sein d’une zone spécifique du cerveau, dans le « thalamus central latéral ». C’est ce qu’indiquent les chercheurs, qui expliquent que stimuler cette zone chez les singes sous anesthésie permet de les réveiller ».
Yuri Saalmann, professeur à l’université du Wisconsin et principal auteur, précise ainsi : « L’approche classique consiste à enregistrer les signaux d’une seule zone à la fois. Mais nous avons voulu aller au-delà et enregistrer de nombreuses zones en même temps afin de comprendre comment l’ensemble du réseau neuronal fonctionne ».
L’Express explique que « les neurologues ont étudié les cerveaux de macaques alors qu’ils étaient éveillés, endormis ou sous anesthésie. […] Cette méthode novatrice leur a non seulement permis d’exclure des zones qui avaient été désignées comme siège potentiel de la conscience, mais surtout de déterminer avec une précision jamais atteinte jusqu’à maintenant le principal suspect : le thalamus latéral central, qui se trouve profondément dans le cerveau antérieur ».
« Les chercheurs ont voulu voir ce qu’il se passerait si ce thalamus latéral central était stimulé quand les singes étaient sous anesthésie générale. Après avoir endormi les macaques pour une durée de 2 heures, ils ont stimulé cette région grâce à un léger courant électrique de 50 Hertz », continue le magazine.
Yuri Saalmann indique : « Nous avons découvert qu’en stimulant cette toute petite zone du cerveau, nous pouvions réveiller les animaux et rétablir l’intégralité de l’activité neurale que l’on observe normalement dans leur cortex quand ils sont réveillés. Les singes se comportaient comme s’ils étaient éveillés puis, quand nous arrêtions la stimulation électrique, ils retombaient instantanément dans un état d’inconscience ».
L’Express note que les chercheurs « ont ainsi pu voir les primates sous anesthésie générale ouvrir et cligner des yeux, effectuer des mouvements faciaux et corporels, comme des flexions de leurs membres antérieurs. Leur réactivité était également accrue – ils effectuaient un mouvement de retrait lorsque leurs orteils étaient pincés – et leur rythme respiratoire et fréquence cardiaque redevenaient normaux, écrivent-ils dans leur étude ».
L’article ajoute que « l’un des tests utilisés pour déterminer si le cerveau des macaques était bien totalement réveillé consistait en un dispositif audio émettant une série de « bips » entrecoupés de sons aléatoires. Le cerveau des animaux anesthésiés, mais stimulés, réagissait de la même manière que s’ils étaient éveillés ».
Yuri Saalmann souligne que « la conception de nos électrodes est très particulière. Elles sont beaucoup plus adaptées à la forme et la structure du cerveau que nous voulions stimuler et elles imitent aussi plus fidèlement l’activité électrique que l’on observe dans un système sain et normal ».
Il poursuit : « La raison principale pour laquelle nous avons réalisé cette expérience est que nous voulions trouver un moyen d’aider les personnes souffrant de troubles de la conscience à vivre mieux ».
Michelle Redinbaugh, étudiante au département de psychologie de l’université du Wisconsin, co-autrice, ajoute qu’« il existe de nombreux autres débouchés passionnants. Il serait par exemple possible d’utiliser nos électrodes de stimulation cérébrale profonde pour sortir des personnes du coma ».
L’Express observe enfin que ces « travaux pourraient également permettre de développer de nouvelles méthodes de surveillance des patients sous anesthésie clinique, par exemple pour s’assurer qu’ils sont totalement inconscients et ne courent aucun danger ».
Date de publication : 13 février 2020
« Comment le cerveau tente d’atténuer les souvenirs traumatiques »
Damien Mascret remarque dans Le Figaro : « Que se passe-t-il dans les connexions cérébrales de personnes qui ont vécu un événement traumatique ? La réponse à cette question n’est pas seulement théorique, elle a des implications thérapeutiques ».
Le journaliste annonce que « des chercheurs de l’Inserm publient ce 14 février dans […] Science, les résultats étonnant de l’étude d’imagerie cérébrale, Remember, partie du vaste «programme 13 Novembre» de recherche transdisciplinaire lancé par l’Inserm, le CNRS et Hesam université, dans les suites des attentats de 2015 à Saint-Denis et Paris ».
Damien Mascret observe que « cette étude, dirigée par le chercheur Inserm Pierre Gagnepain, pourrait aussi expliquer pourquoi certains s’en sortent mieux que d’autres ».
Le Pr Francis Eustache, directeur du laboratoire Inserm neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, codirecteur du « programme 13 Novembre », précise : « Il s’agit de comprendre la construction des mémoires individuelles et collectives à partir de ces événements ».
Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au CNRS, également codirecteur du programme, ajoute qu’« il est impossible de comprendre ce qui se passe dans la mémoire collective si on ne prend pas en compte les dynamiques cérébrales individuelles… et réciproquement ».
Damien Mascret souligne que « normalement, après un événement traumatique, «les symptômes tendent à diminuer graduellement après la résolution de la situation traumatique à mesure que nous recueillons l’aide des autres et partageons notre expérience», explique le Pr [Louis Cozolino, chercheur en neurosciences et professeur de psychiatrie à l’université Pepperdine en Californie] dans The Neuroscience of Psychotherapy (3e édition, 2017) ».
Pierre Gagnepain indique que « depuis une vingtaine d’années, les travaux réalisés en neuroscience ont montré qu’oublier est un processus actif, mais nous ne sommes pas tous égaux devant cette capacité à oublier ».
Damien Mascret indique que « l’étude qu’il a dirigée à Caen compare les connexions cérébrales de 102 survivants des attaques de Paris, dont 55 souffrant de syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Soixante-treize personnes n’ayant pas été exposées aux attentats ont également participé à l’étude ».
Le journaliste retient que « les personnes résilientes (sans PTSD) ont une capacité nettement supérieure à inhiber les zones de la mémoire lorsque surgit un souvenir intrusif. L’un des intérêts du protocole d’étude utilisé dans Remember est de ne pas être basé sur les souvenirs traumatiques mais sur le mécanisme de contrôle ».
Jacques Dayan, psychiatre, observe que « cela pourrait conduire à des approches thérapeutiques plus rassurantes pour les patients qui craignent de revivre des souvenirs angoissants ».
Pierre Gagnepain ajoute que « ce système de contrôle est en revanche très perturbé en cas de stress post-traumatique, ce qui est très pénible pour la personne qui revit le passé comme si c’était le présent ».
Damien Mascret continue : « À côté des reviviscences, le PTSD s’accompagne d’une hypervigilance et de comportements d’évitement. L’hypervigilance résulte d’une activation du système de vigilance chargé de nous alerter en cas de danger. Dans le PTSD, il reste activé en permanence. Le monde est perçu comme dangereux, il devient impossible de «baisser la garde». L’évitement est ce qui conduit certaines victimes à ne plus s’exposer au moindre risque, quitte à ne plus sortir de chez elles ».
Il conclut que « grâce au «programme 13 Novembre», on peut désormais espérer que de nouvelles pistes thérapeutiques se développent et les aident sur ce chemin difficile ».
Date de publication : 14 février 2020
« La réalité virtuelle pour apaiser les patients »
Le Parisien indique en effet que « la réalité virtuelle, dans laquelle on plonge son regard à travers un casque, peut aussi faire office d’assistant de santé. Et faire baisser de façon plus ou moins efficace l’anxiété, le stress et aussi la sensation de douleur lors de certaines interventions médicales ».
« De plus en plus de médecins font appel à cette technologie pour le plus grand bénéfice de leurs patients », relève le quotidien.
Il explique que « le principe de base est tout d’abord celui du détournement de l’attention. En isolant le patient dans un univers totalement différent de celui, souvent anxiogène, d’une salle de soins, on parvient à faire drastiquement baisser son niveau de stress. C’est le cas le plus simple, qui prend la forme d’un moment récréatif grâce à des projections de vidéos classique ou à 360°, comme le propose l’hôpital privé le Bois, à Lille (Nord), à ses patients en soins palliatifs ».
Le Parisien souligne que « la réalité virtuelle […] permet d’aller beaucoup plus loin. Grâce à des images associées à des sons savamment choisis après de longues recherches scientifiques, il est possible d’amener un ou une patiente dans un état d’hypnose médicale ».
Tanguy Perrin, cofondateur de Deepsen, « société lyonnaise qui commercialise […] sa solution médicale de VR auprès d’une quarantaine d’hôpitaux et d’établissements de soins en France », précise que « la première étape consiste à placer le patient dans un état de relaxation grâce à une séance de respiration en cohérence cardiaque. Il est ensuite équipé d’un casque de réalité virtuelle grâce auquel il visionne un programme vidéo fait d’images réelles dans l’univers de son choix (mer, montagne, campagne, etc.) ».
« L’expérience est complétée par un environnement sonore particulier, mêlant voix et musiques dont les fréquences favorisent l’entrée dans un état d’autohypnose », poursuit le responsable.
Le journal remarque que « l’objectif est également de réduire l’usage médicamenteux traditionnel pour faire baisser la sensation de douleur pendant un acte médical, «partout où les soins génèrent de la douleur, poursuit Tanguy Perrin, de la peur d’une aiguille jusqu’à des opérations chirurgicales lourdes». Plusieurs milliers de patients ont déjà, par exemple, expérimenté le casque Deepsen lors d’opérations orthopédiques de la hanche ou lors d’interventions gynécologiques ».
Le Parisien note que « les applications sont multiples. Les sapeurs-pompiers de la Mayenne utilisent depuis un mois un casque Bliss commercialisé par l’entreprise l’Effet Papillon de Laval. Ils peuvent ainsi proposer à une victime prise en charge après une chute ou un malaise, avant l’intervention du Samu ou pendant le transport jusqu’au service d’urgences, d’oublier la douleur en s’offrant une séance de réalité virtuelle à partir d’un casque relié à un simple smartphone ».
Le quotidien indique que l’équipement est aussi « utilisé pour détourner l’attention des patients lors de ponctions de moelle osseuse, de biopsies ou encore d’opérations de chirurgie dentaire ».
Le Parisien précise : « Pas question pour autant, aujourd’hui, d’abandonner totalement l’option anesthésique classique au profit de l’état d’hypnose obtenue par cet outil de réalité virtuelle ».
Mélanie Peron, fondatrice de l’Effet Papillon, indique ainsi que « la technique fonctionne sur la plupart des sujets, mais l’efficacité dépend tout de même du niveau d’accueil des patients. Il sera plus difficile d’obtenir de très bons résultats sur des personnes qui restent dans le contrôle total et acceptent difficilement de s’abandonner dans un autre monde ».
Le journal conclut que « la mise en place de la technologie de réalité virtuelle reste pour l’instant à la discrétion des médecins et des services hospitaliers (une cinquantaine sont équipés en France). Le coût d’installation se chiffre à quelques centaines ou milliers d’euros (200 € de location mensuelle pour un appareil Deepsen, par exemple), et reste gratuit pour les patients pris en charge ».
Date de publication : 24 février 2020
« Rester assis est mauvais pour le moral des adolescents »
Pascale Santi indique en effet dans Le Monde : « Enfants et adolescents, si vous lisez cette chronique, alors levez-vous… «Passer trop de temps assis est lié à un risque accru de symptômes dépressifs chez les adolescents», montre une étude conduite par le University College de Londres (UCL), publiée mardi 11 février dans The Lancet Psychiatry ».
La journaliste explique que ce travail « met en évidence que 60 minutes supplémentaires d’activité légère (comme marcher ou faire des tâches ménagères) chaque jour, à l’âge de 12 ans, sont associées à une réduction de 10% des symptômes dépressifs à 18 ans ».
« L’équipe a utilisé les données de 4257 adolescents qui participent à une recherche longitudinale depuis leur naissance, l’Alspac (Avon Longitudinal Study of Parents and Children). A l’aide d’accéléromètres, les enfants ont mesuré leur temps sédentaire et leur temps d’activité physique à 12 ans, 14 ans et 16 ans. Puis, à 18 ans, ils se sont soumis au «Depression Score», qui mesure la présence ou non de symptômes dépressifs (manque de concentration, de plaisir, mauvaise humeur…), et leur gravité, sur une échelle allant de 0 à 21 », précise Pascale Santi.
Elle relève ainsi : « Ces données mentionnent si l’enfant pratique une activité légère (par exemple marcher, jouer d’un instrument, faire de la peinture), une activité modérée (comme la course ou le vélo) ou s’il est sédentaire. Le port d’un accéléromètre permet d’obtenir des données plus fiables que lors d’études précédentes où il s’agissait souvent d’autodéclarations. Ces résultats ont été pondérés avec des données socio-économiques, des antécédents familiaux… ».
La journaliste retient qu’« une augmentation de 60 minutes par jour du comportement sédentaire à 12, 14 et 16 ans était associée, à l’âge de 18 ans, à un score de dépression plus élevé de 8% à 11% par rapport à ce même score sans cette heure supplémentaire. Les personnes très sédentaires avaient, elles, un score de dépression plus élevé de 28,2% à l’âge de 18 ans ».
« A l’inverse, chaque heure supplémentaire d’activité physique légère à l’âge de 12, 14 et 16 ans était liée à des scores de dépression inférieurs de 7,8% à 11% à l’âge de 18 ans », poursuit-elle.
Pascale Santi note que « ces chiffres inquiètent les auteurs de ces travaux, qui relèvent que «le nombre de jeunes souffrant de dépression semble augmenter» ».
Aaron Kandola (UCL Psychiatry), auteur principal, observe cependant que « ce ne sont pas seulement des formes d’activité plus intenses qui sont bonnes pour notre santé mentale, mais toute activité physique pouvant réduire le temps passé assis est susceptible d’être bénéfique. L’activité légère pourrait être particulièrement utile parce qu’elle s’intègre facilement dans la routine quotidienne de la plupart des jeunes. Les écoles pourraient l’intégrer dans la journée de leurs élèves, par exemple avec des cours debout ou actifs ».
La journaliste relève toutefois qu’« on en est loin, car lycéens et étudiants ont bien souvent des cours durant 3 ou 4 heures d’affilée, parfois sans aucune pause, même brève, et restent ainsi plus de 8 heures assis par jour ».
De son côté, David Thivel, chercheur et membre du conseil scientifique de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), réagit : « C’est une très bonne étude, le message est pertinent. Ces travaux montrent les effets de l’activité physique sur la santé mentale. L’activité physique des enfants et adolescents, souvent collective, favorise les interactions sociales, importantes pour le développement cognitif ».
Pascale Santi note enfin que « pour François Carré, cardiologue du sport, le sujet «est une bombe à retardement». En effet, en France, 87% des adolescents de 11 à 17 ans sont en deçà d’une heure quotidienne d’activité physique, la dose minimale recommandée dans cette tranche d’âge par l’OMS ».
Date de publication : 27 février 2020
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