« Cinq à 17 années de vie en moins pour les malades psychiatriques »

Pauline Fréour remarque en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, trouble bipolaire, dépression, anxiété, addictions… La sensibilisation aux difficultés rencontrées par les personnes souffrant de ces maladies mentales s’améliore doucement. Mais sait-on à quel point elles s’avèrent mortifères, notamment lorsqu’elles s’additionnent ? ».
La journaliste explique que « cette double peine apparaît très clairement dans les résultats d’une vaste étude danoise, publiée dans la revue World Psychiatry. Grâce à des registres nationaux d’enregistrement des pathologies de tous les Danois, les enquêteurs disposent de données à l’échelle d’une population entière, ce qui rend leurs statistiques particulièrement fiables ».
Pauline Fréour précise que « selon ces données récoltées de début 1995 à fin 2016, chaque année, 9 personnes sur 1000 se sont vu diagnostiquer une maladie mentale. Et à la fin des 22 années d’observation, 40% des malades psychiatrique identifiés présentaient au moins deux pathologies mentales ».
Oleguer Plana-Ripoll (Université d’Aarhus), auteur principal, indique que « cette étude montre qu’il est courant que les gens développent plusieurs maladies dans le temps, par exemple d’abord une dépression, puis de l’anxiété, ou le contraire. On sait qu’il existe des facteurs communs à différents troubles mentaux : des difficultés socio-économiques, un traumatisme, ainsi que des prédispositions génétiques ».
La journaliste souligne que « les implications en sont dramatiques : l’espérance de vie de ces patients est écourtée de 5 à 17 ans, selon les pathologies. Les schizophrènes vivent en moyenne 9 ans de moins que la population générale, les dépressifs ou bipolaires, 5 ans. La mortalité est particulièrement forte lorsque le patient psychiatrique souffre en sus d’une addiction ».
Le Pr Xavier Laqueille, chef du service d’addictologie à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), remarque ainsi que « le fait de prendre des substances psychoactives multiplie par 2 la mortalité des troubles mentaux, démences exceptées ».
Le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire au CHU de Lille, ajoute que « les addictions et les troubles mentaux entretiennent des relations très dangereuses. Il arrive d’ailleurs parfois que la consommation de substances “masque” la pathologie mentale et retarde d’autant sa prise en charge ».
Pauline Fréour note que « l’étude danoise souligne à quel point il est essentiel de diagnostiquer et traiter le patient le plus tôt possible. […] Or il y a de grands progrès à faire ».
Le Pr Thomas rappelle en effet qu’« entre l’apparition des premiers symptômes d’un trouble mental et le début d’une prise en charge adaptée, il s’écoule en général 2 ans en France. À titre de comparaison, pour la sclérose en plaques, qui est aussi une maladie insidieuse, c’est 6 semaines ».
« En 2 ans, on a le temps de se marginaliser, d’arrêter ses études ou son travail, de perdre le contact avec sa famille… L’entrée en addiction survient souvent à ce moment-là, et au bout des 2 ans, la dépendance s’est bien ancrée. Pourtant, si l’on intervient tôt, on peut éviter la chronicité », souligne le spécialiste.

Date de publication : 5 octobre 2020

 

« Un peu de sport suffit à stimuler la mémoire »

Pascale Santi note en effet dans Le Monde : « Et si 15 minutes d’activité physique intensive favorisait la mémoire et l’acquisition de nouvelles compétences motrices ? C’est en tout cas ce que montre une étude de l’université de Genève (Unige), publiée dans Scientific Reports ».
La journaliste fait savoir que « les chercheurs ont demandé à un groupe de 15 hommes de 19 à 27 ans, en bonne santé, sportifs amateurs réguliers, de se soumettre à un exercice de mémoire. Un écran montrait 4 points placés les uns à côté des autres ; chaque fois que l’un d’entre eux se changeait en étoile, il fallait appuyer sur la touche correspondante, ceci afin de mesurer l’apprentissage des mouvements ».
« Puis ce même groupe a fait 15 minutes de vélo intensif (à 80% de leur fréquence cardiaque maximale), ce qui correspond à un effort en montée, ou 30 minutes à intensité modérée (sur du plat), ou est resté au repos. Ensuite, les mêmes personnes ont repassé le test de mémoire », précise Pascale Santi.
La journaliste constate que « la mémorisation était plus rapide après l’effort qu’avant, et encore plus après une activité soutenue. L’imagerie cérébrale montre un lien entre la rapidité des sujets et l’activation de l’hippocampe, zone-clé de la mémoire dans le cerveau, et du noyau caudé, une structure cérébrale intervenant dans les processus moteurs ».
Kinga Igloi, coauteure de ce travail, indique que « la mesure des endocannabinoïdes dans le sang le matin, puis après le sport, met en évidence que, plus ce taux est élevé, meilleures sont les performances cérébrales ». Blanca Marin Bosch, autre coauteure, précise ainsi que« les endocannabinoïdes se fixent sur les mêmes récepteurs que le cannabis, mais en concentration bien moindre, et sont impliqués dans la plasticité hippocampique ».
Pascale Santi relève qu’« une revue de la littérature scientifique menée par le Dr Peter Blomstrand, de l’université de Jönköping (Suède), publiée dans Translational Sports Medicine en août, qui recense 13 études, va dans le même sens. Elle confirme qu’une seule séance d’activité physique (marche, course, vélo), de 2 minutes à 1 heure, d’intensité modérée à élevée, suivie d’une brève récupération, a des effets positifs sur l’apprentissage, la mémoire, les fonctions cognitives liées à la concentration et l’attention des jeunes adultes de 18 à 35 ans. Ces effets positifs peuvent durer jusqu’à 2 heures après sa pratique ».
La journaliste note ainsi que « les effets bénéfiques de l’activité physique sur le cerveau sont bien documentés depuis plusieurs années. […] Bouger favorise la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, stimule la mémoire et retarde le déclin cognitif, améliore les apprentissages… sans compter l’impact positif sur l’humeur. Au vu de ces données, les implications sur la place de l’éducation physique et sportive dans le parcours scolaire pourraient être repensées ».
Pascale Santi souligne que « le but serait d’avoir des recommandations spécifiques, comme pour les personnes âgées, et de pouvoir répondre à la question : faut-il privilégier une longue marche ou une activité plus soutenue ? Identifier quels types d’activité et les moments les plus propices pourraient aider les élèves à améliorer leurs apprentissages et leur mémoire ».

Date de publication : 8 octobre 2020

 

 

« Le coronavirus a dopé les anxiolytiques et fait reculer la vaccination »

Solveig Godeluck remarque dans Les Echos : « Anxiogène, le confinement ? A n’en pas douter, à lire le quatrième rapport du groupement d’intérêt scientifique Epi-pharma sur la dispensation en ville, depuis le début de l’épidémie de coronavirus, de médicaments remboursés sur ordonnance, publié vendredi dernier par l’Assurance-maladie et l’Agence du médicament ».
La journaliste explique en effet que « les spécialités de santé mentale ont été dévalisées ces 6 derniers mois. Dans le même temps, les ventes de nombreuses catégories de médicaments dégringolaient, signant un inquiétant recul de l’accès aux soins ».
« Globalement, la délivrance et l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé ont plongé », poursuit-elle.
Les auteurs écrivent que « cet effondrement de la consommation sur toute la période du confinement et après ne fait pas l’objet d’un rattrapage à ce jour », et ce retard « ne pourra pas être comblé en 2020 ».
Solveig Godeluck note que « pour limiter la casse, ils suggèrent de mettre en place «une programmation à moyen et long terme», «voire une adaptation de certaines indications à une offre de soins nécessairement plus réduite» ».
La journaliste précise que « du 16 mars jusqu’au 13 septembre, il s’est écoulé 1,1 million d’anxiolytiques et 480.000 hypnotiques en sus des volumes attendus. Les instaurations de traitements pour de nouveaux patients ont crû de 5% et 3% pour ces deux classes thérapeutiques. Durant la première semaine du confinement, les Français se sont littéralement jetés sur ces médicaments, avec une hausse de 20% de la consommation d’antidépresseurs – suivie d’une légère chute la semaine suivante. Après le déconfinement, l’usage des anxiolytiques et des hypnotiques s’est maintenu à des niveaux élevés ».
« A l’inverse, les ventes de patchs et autres substituts nicotiniques ont décroché de 30% la deuxième semaine de confinement. Elles demeuraient inférieures de 17% aux volumes attendus durant la première quinzaine de septembre. L’angoisse de l’enfermement, puis la crise économique et sociale qui s’installe, semblent avoir découragé les fumeurs qui étaient nombreux depuis 2 ans à vouloir décrocher du tabagisme », relève Solveig Godeluck.
La journaliste souligne en outre que « les auteurs pointent la forte sous-consommation de traitements «nécessitant une administration par un professionnel de santé» comme le traitement de la dégénérescence maculaire de l’œil, les endoscopies, les scanners et IRM ».
Elle explique que « l’accès aux médecins a en effet été réduit pendant le confinement, et les consultations ont été prises d’assaut par la suite. Cela se traduit à présent par une «chute non rattrapable» des diagnostics pour «certains cancers ou maladies graves en poussée», s’inquiètent les auteurs ».
Solveig Godeluck relève qu’« alors que les déprogrammations de soins viennent de reprendre dans les hôpitaux franciliens et dans d’autres régions, les patients risquent d’être de plus en plus nombreux à découvrir leur cancer trop tard ».
Les auteurs du rapport soulignent par ailleurs que « le retard observé en termes de vaccination sera difficilement comblé en 2020 ».
La journaliste précise ainsi que « la consommation du ROR (rougeole-oreillons-rubéole) a diminué de 130.000 doses, celle du vaccin contre le papillomavirus de 150.000 doses, celle du vaccin contre le tétanos de 620.000 doses. Les vaccins polyvalents, désormais obligatoires pour le nourrisson (diphtérie-tétanos-polio-coqueluche-haemophilus-hépatiteB), ont un peu moins chuté, avec 40.000 doses en moins ».
Solveig Godeluck note enfin que « les malades chroniques, bénéficiant d’un traitement au long cours contre l’épilepsie, le diabète, l’insuffisance cardiaque, etc., ont maintenu leur consommation de médicaments. Pendant le confinement, ils ont pu renouveler leur traitement avec des ordonnances périmées, et consulter leur médecin à distance. Sans cela, le renoncement aux soins aurait probablement pris d’autres proportions ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« On ne dort pas tout au long de la vie pour les mêmes raisons »

Tristan Vey note dans Le Figaro : « C’est une question que l’on se pose peu, alors que la réponse n’a rien de trivial : pourquoi diable dort-on ? La réponse évidente, «pour se reposer», ne dit pas grand-chose. S’il s’agissait simplement de ménager le corps pour lui laisser le temps de se régénérer, il suffirait de s’allonger. Et puisque la perte de conscience temporaire inhérente au sommeil nous place dans une situation de vulnérabilité extrême, elle ne devrait avoir aucun intérêt sur le plan évolutif. Il est pourtant démontré chez le rat, le chien, la drosophile ou l’homme qu’une privation de sommeil prolongée… peut tuer ».
Le journaliste rappelle que « les neuroscientifiques ont identifié à ce jour deux grandes fonctions biologiques du sommeil : l’organisation des neurones (pour trier les souvenirs, consolider la mémoire et les apprentissages) et l’évacuation des toxines qu’ils produisent ».
« Il est dès lors possible de faire cette hypothèse : c’est parce que nous emmagasinons trop d’informations et produisons trop de déchets métaboliques pendant nos phases d’éveil qu’il est nécessaire de prendre ces moments de «pause» pour faire du ménage et du rangement », continue Tristan Vey.
Mélanie Strauss, professeur associée de neurologie à l’Université libre de Bruxelles, remarque qu’« il y aurait un phénomène de saturation en phase d’éveil. C’est l’hypothèse de l’homéostasie synaptique  : on accumule des synapses (zones de contact fonctionnel entre deux neurones, NDLR) et des métabolites (déchets) lorsqu’on est éveillé, et les phases de sommeil permettent d’effacer une partie de ces connexions, d’en renforcer certaines et d’évacuer les toxines ».
Tristan Vey explique que « cette vision est en particulier défendue par Van Savage, professeur à l’université de Californie à Los Angeles, qui établit depuis une dizaine d’années des modèles mathématiques «métaboliques» pour tenter d’expliquer le temps passé à dormir (ou à veiller) ».
« Le temps de veille serait proportionnel aux quantités de stimuli auxquels nous sommes exposés et aux déchets que nous produisons. De la même manière, le temps de sommeil serait proportionnel au nombre d’informations triées et de déchets évacués. Comme il doit par ailleurs y avoir une forme d’équilibre entre quantité de déchets produits et évacués d’une part, et informations enregistrées et triées d’autre part, cela permet d’établir une relation entre temps de veille et temps de sommeil », continue le journaliste.
Il ajoute que « l’efficacité «métabolique» de la réorganisation ou du nettoyage dépendrait enfin de la taille du cerveau, quand la quantité de stimuli enregistrés dépendrait plutôt de la taille du corps ».
Tristan Vey note que « ce sont ces modèles de temps de veille et de sommeil en rapport avec la taille du cerveau et du corps que Van Savage a appliqué à la croissance du cerveau humain, dans une étude parue en septembre dans Science Advances. Les modèles «mé­taboliques» ont été alimentés avec des données récoltées dans une soixantaine d’études portant sur la taille du cerveau en fonction de l’âge, des quantités de temps passés en sommeil et en éveil en fonction de l’âge, des proportions de sommeil lent et paradoxal, etc. ».
Le journaliste retient que « les modèles parviennent très bien à reproduire les temps de sommeil et de veille constatés, pour peu que l’on bascule entre 2 et 3 ans (à 2,4 ans exactement) d’une période de la vie où le sommeil sert principalement à l’organisation et à la construction des réseaux neuronaux à une deuxième phase où les opérations de nettoyage et de maintenance prennent le pas. Cela n’est pas absurde, dans la mesure où le cerveau atteint déjà 90% de sa taille adulte à cet âge ».
Karen Pruyt, spécialiste du sommeil au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS/Université Lyon 1), observe que« cela correspond aussi à une période où l’enfant devient plus indépendant, que ce soit au niveau du langage, des émotions ou de la cognition. C’est assez joli de se dire qu’un modèle trouve naturellement une transition dans la fonction du sommeil à ce moment ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« Psychiatrie : une nouvelle loi pour attacher et isoler certains malades »

Eric Favereau note dans Libération : « C’était une belle occasion pour en débattre, du moins pour s’interroger sur des pratiques de plus en plus étendues en psychiatrie : la contention […] et l’isolement. Le Conseil constitutionnel a, en effet, rendu un avis très ferme l’été dernier : faute de la présence d’un juge, les recours à l’isolement et la contention seront interdits. Les sages donnent au gouvernement jusqu’à la fin 2020 pour définir un cadre juridique, faute de quoi l’interdiction entrera en vigueur ».
Le journaliste remarque que « curieusement, cet avis de la haute juridiction n’a donné lieu à aucun débat, aucun échange, aucun témoignage. Comme si cette question ne méritait pas qu’on s’y attarde. Et bizarrement, c’est dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que se sont glissés quelques articles de loi pour fixer les nouvelles règles ».
« Cette absence de discussion est d’autant plus dommageable que ces dites pratiques sont pour le moins problématiques », continue Eric Favereau.
Le journaliste rappelle qu’« en France, ces méthodes sont présentes un peu partout, se sont développées discrètement dans le silence des hôpitaux, loin des regards extérieurs, et se sont «banalisées», comme le déplorait Adeline Hazan, ancienne contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ».
« Dans son rapport annuel, elle dénonçait, avec inquiétude, une sorte de recours habituel à ces mesures dès lors qu’il y avait un peu de tension dans un service. […] Ainsi, on attache, on isole, on referme la porte, et dans certains cas cela peut durer des jours, voire des semaines », observe Eric Favereau.
Adeline Hazan soulignait : « Ce qui est impressionnant, c’est que dans un même hôpital psychiatrique, un service pouvait y avoir recours de façon massive, et juste à côté un autre service ne jamais s’en servir. C’est de fait très arbitraire, et c’est bien cela qui nous interroge ».
Le journaliste note que de leur côté, « des associations de malades pointaient le caractère «violent» et «destructeur» de ces pratiques pour le malade. «Etre attaché ou isolé… Le malade le prend comme une punition», notait, avec effroi, Tim Greacen, représentant des usagers. Quant au personnel soignant, souvent dépassé, souvent seul face à des situations délicates, il mettait en avant l’absence cruelle de moyens pour justifier l’usage de ces mesures ».
Eric Favereau explique que « dans le PLFSS, le gouvernement a donc glissé un article 42, pour fixer de nouvelles règles. D’abord le cadre : «L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision motivée d’un psychiatre et uniquement de manière adaptée, nécessaire et proportionnée au risque après évaluation du patient. Leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin et tracée dans le dossier médical» ».
Le journaliste note que « sur la durée, la mesure d’isolement est prise pour une durée de 12 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 12 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 48 heures.» Quant aux mesures de contention, elles ne doivent être que de 6 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 6 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 24 heures» ».
Le texte précise qu’« à titre exceptionnel, le médecin peut renouveler, au‑delà des durées maximales prévues aux deux alinéas précédents, la mesure d’isolement ou de contention, dans le respect des autres conditions prévues aux mêmes alinéas. Le médecin informe, alors, sans délai le juge des libertés et de la détention, qui peut se saisir d’office pour mettre fin à la mesure. En cas de saisine, le juge des libertés et de la détention statue dans un délai de 24 heures ».
Eric Favereau de conclure : « Est-ce que cela va éviter les dérapages et le recours parfois bien systématiques à ce type de mesures ? […] On peut craindre que le manque de personnels ne serve d’argumentations pour le maintien de ces méthodes… bien peu hospitalières ».

Date de publication : 13 octobre 2020

 

 

« Quand la musique est bonne… pour le cerveau »

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « les progrès des neurosciences ces 30 dernières années ont permis de préciser les effets [de la musique] sur le cerveau. Grâce à l’émergence de l’imagerie par résonance magnétique, les chercheurs ont pu mettre en évidence les modifications induites par une pratique intensive de la musique ».
Le Pr Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen, « un des premiers chercheurs en France à avoir utilisé les techniques de neuro-imagerie pour étudier les effets de la musique sur le cerveau », précise ainsi : « Lorsque vous pratiquez une activité, que ce soit jongler ou jouer d’un instrument de musique, cela modifie certaines zones du cerveau. Chez un musicien, les milliers d’heures d’entraînement vont avoir un impact sur les aires auditives ou encore celles qui permettent la maîtrise de l’instrument. Les modifications sont structurales. C’est-à-dire une transformation du cerveau en tant qu’organe, avec une augmentation de neurones et d’épaisseur corticale et une augmentation des fibres de connectivité (la substance blanche) ».
Anne Prigent relève en outre que « des travaux comportementaux se sont intéressés aux effets de l’apprentissage musical sur les performances intellectuelles et scolaires. La plupart des études menées observent une amélioration de la mémoire de travail ou encore de l’attention, ce qu’on appelle les fonctions exécutives ».
La journaliste note qu’« une toute récente étude, publiée sur le site Frontiers in Neuroscience, a confirmé cet effet positif. Et, grâce à l’IRM fonctionnelle, ils ont pu mettre en évidence une activation plus importante de certaines aires cérébrales connues pour être associées à la lecture ou encore à la créativité chez les enfants pratiquant la musique. Plus les enfants avaient commencé tôt leur apprentissage de la musique, plus les effets étaient prononcés tant au niveau comportemental qu’au niveau neuronal ».
Le Pr Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive à Dijon, remarque ainsi que « cette étude confirme qu’il y a une corrélation positive entre le fait de pratiquer de la musique et des performances cognitives ou académiques. Maintenant, la question est de savoir si c’est un lien causal ou corrélationnel ».
Anne Prigent s’interroge : « Est-ce que la musique «sculpte» le cerveau pour le rendre plus performant ou est-ce qu’elle va seulement révéler les prédispositions de ce cerveau ? ».
Le Pr Bigand répond que « c’est sans doute un mélange des deux. L’enfant qui a une petite prédisposition va voir ses compétences amplifiées par la pratique de la musique. C’est ce que nous appelons un cercle vertueux ».
La journaliste note que le spécialiste « précise qu’il est cependant complètement faux de penser que pratiquer un instrument de musique rend plus intelligent. Certes, apprendre le solfège, maîtriser un instrument, se synchroniser avec d’autres musiciens va stimuler de nombreuses parties du cerveau mais pas forcément de manière définitive ».
Anne Prigent continue : « Si la musique ne rend pas plus intelligent, ses effets bénéfiques sont incontestables. Et notamment pour le cerveau malade. La musique va en effet favoriser la plasticité neuronale car son écoute engage la quasi-totalité du cerveau. Les régions qui s’activent couvrent les zones de décodage auditif, les zones motrices qui donnent envie de taper du pied ou de danser, les zones cérébrales de l’émotion et du circuit de la récompense, ou encore des zones proches de celles du langage. […] Grâce à ses liens avec la motricité, la musique peut être utilisée pour rééduquer des troubles moteurs ».
La journaliste note enfin que la musique « active le circuit de la «motivation-récompense» ».
Le Pr Bigand explique ainsi que « la musique se révèle un formidable outil pour faire entrer dans un processus de rééducation des patients ayant fait un AVC et aphasiques ou atteints de la maladie d’Alzheimer et apathiques. Bien sûr, elle ne va pas guérir mais peut aider à améliorer les symptômes, et c’est déjà beaucoup ».

Date de publication : 26 octobre 2020

 

 


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