« Covid-19 : la solitude, l’autre épidémie »

Le Parisien fait savoir que « la Fondation de France publie ce jeudi son 10e rapport annuel sur les solitudes. […] Il montre une forte augmentation de l’isolement, amplifiée par la crise sanitaire ».
Le journal note ainsi que « la solitude accompagne aujourd’hui 7 millions de Français. C’est 3 millions de plus qu’en 2010. Salariés en chômage partiel ou en télétravail qui se sentent inutiles, étudiants priés de rester seuls face à leur ordinateur… Sans faire de bruit, la solitude s’est ancrée dans le quotidien d’une population de plus en plus nombreuse ».
Le Parisien évoque « une constante : les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée par l’isolement, soit un sur quatre. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs mis un cruel coup de projecteur sur les conséquences que cela peut avoir chez nos aînés ».
« A tel point que la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, vient de nous annoncer l’ouverture de 10.000 missions de service civique en renfort dans les Ehpad, les résidences autonomie et auprès des personnes âgées bénéficiant d’aides à domicile », indique le journal.
Il souligne que « sans surprise, ce sont les plus précaires qui se sentent les plus seuls (surtout les femmes, majoritairement à la tête de familles monoparentales ou dans le rôle d’aidantes). Double peine également pour les personnes handicapées ou atteintes d’une maladie chronique. Mais les catégories touchées vont désormais bien au-delà. La part des classes aisées en situation d’isolement est passée de 6% à 11%. Les jeunes aussi ne sont plus épargnés ».
Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la philanthropie à la Fondation de France, remarque qu’« il existe une forme de généralisation assez alarmante. […] Le sentiment de méfiance envers les autres a fortement augmenté, surtout depuis les attentats de 2015. Chez certains, il alimente une forme de dégoût envers cette société qui ne semble pas vouloir les intégrer ».
Elle ajoute que « la situation sanitaire qui s’ancre dans la durée, la crise économique et ses probables effets sur la montée du chômage sont des facteurs de risque majeurs. La crainte d’une épidémie de solitude est donc bien réelle ».

Date de publication : 3 décembre 2020

« La santé mentale, parent pauvre du système de soins français »

Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro : « Anxiété, sommeil haché, boulimie, dépression, addictions aux écrans, au tabac, à l’alcool… La crise du Covid révèle au grand jour les troubles de santé mentale dont souffrent les Français, trop souvent passés sous silence car jugés tabous et honteux ».
La journaliste note toutefois qu’il s’agit d’une « occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale, parent pauvre du système tricolore, alors que les maladies psychiques touchent chaque année une personne sur cinq, soit 12 millions de Français, et que seuls 40% à 60% d’entre eux sont pris en charge ».
Elle annonce que « dans une étude très fouillée intitulée «Santé mentale, faire face à la crise», […] l’Institut Montaigne propose une prise en charge innovante des troubles les plus fréquents, légers à modérés, mais qui peuvent être très invalidants ».
Marie-Cécile Renault explique que « le think-tank indépendant plaide pour une approche plus intégrée entre médecine physique et psychiatrie, afin de déstigmatiser, favoriser l’accès aux soins et augmenter la qualité ».
« Car l’enjeu est énorme, non seulement pour le bien-être et la qualité de vie des individus, mais aussi d’un point de vue économique. Avec un total de… 23 milliards d’euros de remboursements (médicaments, soins, arrêts de travail, etc.) chaque année, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, loin devant le cancer ou les maladies cardiovasculaires », continue la journaliste.
Elle poursuit : « Dénonçant une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie qui oublie la médecine de ville, l’Institut Montaigne préconise de laisser les cas lourds aux psychiatres et de s’appuyer davantage sur les médecins généralistes pour les cas légers ».
« Or, aujourd’hui, les médecins de famille manquent de temps pour ces consultations chronophages ainsi que d’outils cliniques simples de dépistage, et surtout n’y sont pas incités financièrement : il n’y a aucun indicateur sur la santé mentale dans la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp), alors même que 30% de leur patientèle est concernée », remarque Marie-Cécile Renault.
Elle ajoute : « Et quand bien même le médecin traitant repère les troubles, il se trouve démuni. S’il envoie le patient chez un psychologue, les consultations ne sont pas remboursées. Une barrière financière, reconnaît l’Assurance-maladie, qui expérimente dans quatre départements le remboursement de psychothérapies, sur prescription médicale, pour des troubles légers ».
La journaliste note enfin que « l’Institut Montaigne prône aussi le renforcement du travail en équipe autour du médecin traitant et qu’une infirmière assure la coordination avec le psychiatre de secteur ou le psychologue, veille à la bonne observance des traitements, à ce que le patient revienne, etc. Des pratiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger, évitent d’«emboliser» les urgences et font gagner un temps précieux alors qu’un dépistage précoce évite l’aggravation ».

Date de publication : 8 décembre 2020

« Une vague de suicides est à craindre avec le déconfinement »

Stéphane Kovacs s’interroge dans Le Figaro : « Alors qu’approchent la fin du confinement et les fêtes de fin d’année, serait-ce maintenant «une vague de suicides» que l’on devrait craindre ? ». Le journaliste souligne en effet que « selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, publiée en novembre, le risque apparaît élevé lors de ce second déconfinement ».
Il observe qu’« au Japon, on a enregistré plus de décès par suicide pendant le mois d’octobre que de morts du coronavirus depuis le début de l’année. En France, il est trop tôt pour connaître le nombre de suicides en 2020. Mais d’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, parmi les 20% de personnes interrogées qui déclarent avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider, 11% déclarent l’avoir pensé durant le premier confinement, et 17% depuis sa fin ».
Stéphane Kovacs retient que « depuis la crise de 1929 aux États-Unis, «toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois, voire quelques années», rappellent les auteurs. Pour celle de 2008, c’est en 2009 et 2010 que le pic des suicides a été identifié ».
Le sociologue Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide et coauteur de l’enquête, indique ainsi que « paradoxalement, le risque de suicide apparaît plus important au moment du déconfinement. Quand on était tous confinés au printemps, tous les Français étaient traités de la même façon. Face à la menace virale, les personnes qui avaient une tendance dépressive ou étaient en difficulté sociale devenaient comme tout le monde. La solidarité a pu s’exprimer. Ça a créé une dynamique de survie. Or le déconfinement a fait revenir les disparités : le chômeur est resté au chômage, alors que les autres retournaient au travail… ».
Il déclare en outre que les autorités « sont borgnes : elles regardent la crise sanitaire d’un seul œil, celui du virus. […] Les plans sociaux, les boutiques qui ferment, les étudiants qui ne trouveront pas d’emploi, c’est pour demain ! Ce sont ces gens que l’on va retrouver dans nos hôpitaux quand ils seront vidés des malades du Covid ».
Stéphane Kovacs précise que « l’enquête relève trois catégories socioprofessionnelles plus particulièrement touchées : les dirigeants d’entreprise, dont 27% ont eu l’intention de se suicider en 2020, les artisans-commerçants (25%) et les chômeurs (27%). Parmi les artisans-commerçants qui ont envisagé le pire, 42% disent être passés à l’acte, avec une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« avec son numéro vert, l’association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) avait pris en charge 1007 personnes à la date du 6 décembre 2020 – contre 620 pour la même période de 2019 ».
Il cite notamment Bruno, entrepreneur en faillite : « J’ai toujours travaillé sans le soutien de personne. Aujourd’hui, je suis acculé par mes nombreux créanciers, l’État, l’Urs­saf, et je sais qu’il n’y aura pas d’issue. J’ai froidement décidé de me suicider. Toutefois, j’ai une femme et une petite fille… ».
Stéphane Kovacs remarque en outre que « chez SOS Amitié, comme pendant le premier confinement, les appels sont passés de «5000 à 6000 par jour à environ 8000, avec des pointes à 10.000». L’an dernier, le suicide était évoqué dans 14% des cas. Aujourd’hui, c’est «dans un appel sur trois ou quatre»… Et une catégorie socio-professionnelle apparaît, celle des soignants et du personnel non-soignant des hôpitaux ».
Le journaliste note que « selon le site Medscape, la moitié des médecins affirment présenter des symptômes de burn-out. Parmi lesquels près d’un tiers songerait au suicide. Quant aux étudiants, d’après une enquête de l’université de Lille publiée fin d’octobre, 11,4% d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires. La «détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus», a alerté […] le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken ».
« Depuis quelques semaines, les psychiatres voient défiler des patients qui n’avaient pas l’habitude de consulter : beaucoup de jeunes, et des personnes âgées souffrant d’isolement », continue Stéphane Kovacs, qui souligne dans un autre article que « le mal-être des adolescents [est] en forte augmentation depuis novembre ».

Date de publication : 9 décembre 2020

« Déprime post-Covid : perte d’envie, agressivité… les signes qui doivent alerter »

Christine Mateus s’interroge ainsi dans Le Parisien : « Comment distinguer un coup de mou d’une vraie dépression alors que toutes les études montrent que l’épidémie s’attaque aussi au moral, voire à la santé mentale des Français ? Deux psychiatres nous en disent plus ».
La journaliste souligne que « les contraintes liées à la crise sanitaire, et en particulier au confinement, pèsent en effet sur le moral des Français. Mais comment distinguer nos émotions négatives en réaction aux obstacles qui régissent actuellement notre quotidien, des symptômes de la dépression ou de l’anxiété ? ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, indique qu’« être agacé, inquiet par les annonces gouvernementales, c’est une réaction de l’esprit tout à fait saine. Ce qui est inquiétant, c’est lorsque des signes d’alerte durent dans le temps. Environ 3 semaines en continu. Si c’est le cas, c’est une situation médicale et il faut consulter son médecin ».
Christine Mateus poursuit : « Quels sont ces signes ? Qu’est-ce qui affiche qu’une personne va mal ? », et évoque tout d’abord « la perte d’envie » : « On traîne, on s’alimente mal (attention aux variations de poids qui sont aussi une manifestation à prendre en compte), on ne participe plus à la vie de la famille ».
Le Pr Lejoyeux précise : « La personne s’est comme autoconfinée. Elle ne bougera pas malgré l’allègement des contraintes. Si vous avez compté les jours avant l’ouverture des boutiques, c’est bon signe ».
La journaliste relève que « ces symptômes ont aussi des conséquences sur le sommeil. Les gens touchés dorment ainsi beaucoup. C’est une sorte de «sommeil refuge» ».
La Dr Fanny Jacq, psychiatre, explique que « l’anxieux rencontre des difficultés à trouver le sommeil. Le dépressif, lui, se couche tôt, s’endort facilement mais se réveille vers 3 heures avec un blues du petit matin. Toutefois, il restera au lit et retardera au maximum l’heure du lever ».
Christine Mateus évoque ensuite « l’irritabilité, l’agressivité » : « Ce sont des surréactions pour des petites choses, comme une assiette cassée, de la nervosité mais aussi la remise en cause des propos et des opinions des proches ».
La journaliste aborde aussi « le ralentissement du rythme », « la perte de l’estime de soi et la culpabilité », « la rumination de pensées négatives », et enfin « l’augmentation des addictions ». La Dr Jacq observe en effet que « l’alcool est un dépresseur. Il fait notamment baisser la sérotonine. Or, on note une reprise d’un alcoolisme solitaire ».

Date de publication : 21 décembre 2020

 


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