« Idées noires, dépression, anorexie… plongée dans les hôpitaux où l’on répare les adolescents »

Date de publication : 7 avril 2021

Le Parisien constate que « les troubles des adolescents ont explosé depuis le début de la crise du Covid-19. Deux temples de la pédiatrie nous ont ouvert leurs portes, alors qu’une campagne nationale de prévention est lancée ce mardi. Ici, lors d’ateliers, de thérapies collectives, de temps d’écoute, on tente chaque jour de raviver le désir de vivre ».
Le journal se penche notamment sur Chloé, 16 ans, qui « est une brillante élève de classe scientifique, qui dévore les livres mais s’épuise à repousser la vie. La lycéenne a bien trop peur de ce qui pourrait arriver aux autres et en particulier à ses parents – la maladie, un accident ou maintenant le Covid – pour pouvoir vivre pleinement la sienne. A la Toussaint, quand l’adolescente a eu «un plan suicide en tête, très précis», elle a su qu’il était temps d’accepter de l’aide. Hospitalisée depuis 5 mois, elle la trouve à la Maison de Solenn ».
Le quotidien rappelle que « dans ce temple parisien des adolescents, lumineux, aéré, coloré, 3000 jeunes et leur famille viennent chaque année chercher un répit. […] Depuis plusieurs mois, la permanence téléphonique sonne plus de vingt fois par jour ».
Le Parisien souligne que « déjà en nette augmentation avant la crise sanitaire, les chiffres ont explosé depuis. Et les 30% supplémentaires de 11-19 ans accueillis ici n’ont rien d’une exception ».
Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, indique ainsi que « depuis un an, il y a une hausse spectaculaire des passages aux urgences pour les moins de 15 ans. Chez les pédiatres, les généralistes, dans les PMI… partout, c’est la déferlante. Aucune région n’est épargnée. Dans mon service, à Nantes, on hospitalise normalement pour des méningites, des maladies infantiles, des bronchiolites. Là, 25 de mes 36 lits sont occupés par des ados dépressifs. La fermeture des écoles ne va rien arranger ».
Le journal relève que « face à l’urgence, le gouvernement a lancé, ce mardi, une campagne pour encourager la parole des Français en souffrance, surtout des jeunes, avec ce slogan : «En parler, c’est déjà se soigner» ».
Marie-Rose Moro, psychiatre, directrice de la Maison de Solenn, remarque ainsi : « Tout est en augmentation : les tentatives de suicide, les troubles alimentaires, les jeunes malades, diabétiques par exemple, qui refusent de continuer à se soigner ou les phobies scolaires. Enfin, en ce moment, on a du mal à assurer les phobies. Il y a tellement d’urgences vitales, de jeunes qui disent «Je n’ai plus envie de vivre», que la priorité est de réanimer leur élan de vie ».
La Pr Moro ajoute : « Notre objectif est de ne laisser tomber aucune famille. De leur trouver une solution individuelle. C’est un casse-tête permanent ».
Noël Pommepuy, chef de service en psychiatrie, souligne quant à lui que « les demandes ont augmenté de 100% sur les 6 derniers mois, c’est du jamais-vu. Cette crise leur a fait perdre leurs repères. Or, les adolescents ont besoin de sécurité pour se sentir bien. Ils ont trouvé dans l’anorexie un moyen de réguler leurs angoisses ».
Le Parisien rappelle que c’est « une issue de secours qui n’est rien d’autre qu’un piège. C’est la maladie psychiatrique la plus meurtrière : 8% décèdent par suicide ou dénutrition ».

 

« Des équipes mobiles à l’hôpital pour détecter la maltraitance infantile »

Date de publication : 12 avril 2021

Emmanuelle Lucas indique dans La Croix que « 7 unités mobiles sont en train d’être déployées au sein d’hôpitaux, afin d’épauler les médecins confrontés à des cas de suspicion de maltraitance infantile. Au-delà du repérage, elles coordonneront tout un parcours de reconstruction pour les petites victimes, le plus tôt possible ».
La journaliste souligne ainsi que « trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance. Chaque jour, dans le flot des passages aux urgences, des médecins se posent cette question douloureuse : tel enfant a-t-il réellement fait une mauvaise chute ou a-t-il, en fait, reçu des coups ? Est-il en danger chez lui et dois-je le signaler ? Le plus souvent, ils renoncent à prendre une décision aussi lourde pour l’avenir d’enfants qu’ils ne font que croiser ».
La Dr Céline Gréco, responsable des soins palliatifs pédiatriques à l’hôpital Necker (Paris), observe que « seuls 5% des signalements de maltraitance sont réalisés par des médecins, alors que ceux-ci voient, à un moment ou à un autre, tous les enfants victimes. Faute d’être secourus à temps, les enfants maltraités perdent 20 ans d’espérance de vie ».
Emmanuelle Lucas explique donc que la médecin « porte depuis plusieurs années un projet qui aboutit ces jours-ci : la création d’équipes mobiles spécialisées dans les hôpitaux. Sept sont en train de voir le jour. Composées de spécialistes – médecin, psychologue et assistante sociale –, elles interviennent à la demande de leurs collègues, à l’hôpital et en ville, afin de les épauler ».
« Ce dispositif pourrait changer en profondeur la trajectoire des enfants, espère cette médecin très respectée dans les milieux de la protection de l’enfance. […] Les premiers résultats montrent l’ampleur des besoins », continue la journaliste.
La Dr Tania Ikowsky, responsable de l’unité mobile de l’hôpital Robert-Debré à Paris, indique qu’« en deux jours, j’ai déjà été sollicitée dix fois. […] En pédiatrie et aux urgences, chacun se rend compte que, trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage qui n’arrive pas à évaluer la souffrance globale de l’enfant et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance ».
Elle souligne que l’équipe mobile « permet de rompre la solitude des médecins, de les épauler dans la détection, mais aussi de les rassurer sur l’avenir de l’enfant après un éventuel signalement. En pareil cas, je fais moi-même le lien avec le juge pour enfants, les services sociaux, etc. pour savoir ce qu’il devient et coordonner son parcours de soins ».
Emmanuelle Lucas précise que la fédération Pacte pour l’enfance « regroupe les 7 hôpitaux qui doivent déployer d’ici à septembre une équipe mobile de protection de l’enfance. Il s’agit de trois hôpitaux pédiatriques parisiens (Necker, Trousseau, Robert-Debré), d’un établissement de Seine-Saint-Denis (Jean-Verdier à Bondy), d’un autre dans le Val-de-Marne (Kremlin-Bicêtre) et des CHU de Brest et de Grenoble ».

 

« Beaucoup plus fort en THC, le nouveau cannabis accroît le risque de dépendance »

Date de publication : 12 avril 2021

Le Monde explique dans une enquête que « plus chargé en THC, la molécule à l’origine des effets psychotropes, le cannabis en circulation évolue, et les drogues de synthèse se développent. Plusieurs agences régionales de santé s’inquiètent ».
Le journal revient ainsi sur « une évolution qui s’est faite à bas bruit et qui commence à inquiéter les autorités sanitaires. La litanie des annonces de saisie de cannabis en France masque une autre réalité : la hausse très significative du THC – le tétrahydrocannabinol, la molécule à l’origine des effets psychotropes –, ainsi que la poursuite de l’expansion des produits de synthèse. Plusieurs agences régionales de santé (ARS) ont tiré la sonnette d’alarme, ces derniers mois. Ces produits entraînent un risque de dépendance accru et leurs effets peuvent, dans certains cas, entraîner une hospitalisation ».
Le Monde explique que « selon les chiffres du service national de la police technique et scientifique (PTS), le taux moyen de THC dans la résine de cannabis saisie par les services répressifs a triplé en 20 ans ».
Le quotidien relève notamment qu’« à l’automne 2020, l’alerte est d’abord venue du centre d’addictovigilance de Marseille et de l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En décembre, le centre d’addictovigilance de Bordeaux et l’ARS Nouvelle-Aquitaine ont emboîté le pas. En cause : les réactions inhabituelles observées chez plusieurs consommateurs de cannabis. A Marseille, des clients réguliers, pensant avoir acheté de l’herbe classique – composée de THC et de cannabidiol (une autre molécule contenue dans la plante) –, se sont retrouvés en sueur, fiévreux, pris de vertiges et de tremblements, de nausées, voire de vomissements. A Bordeaux, plusieurs mineurs ont dû être hospitalisés ».
Le journal indique que « les pharmacologues du centre d’addictovigilance de Marseille effectuent alors des investigations. Aucune trace de THC n’est repérée dans les analyses. En revanche, sont détectés du CBD et, plus inquiétant, un cannabinoïde de synthèse au nom barbare, le « MDMB-4en-Pinaca ». […] Il s’agit d’une molécule produite par des laboratoires clandestins, censée reproduire les effets du THC ».
« Si cette molécule agit dans le cerveau sur les mêmes récepteurs que le THC, «ce n’est pas juste le Canada Dry du cannabis, alerte la Dr Joëlle Micallef, présidente du Réseau français d’addictovigilance et directrice du centre PACA. Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100.» En fonction du dosage, particulièrement difficile à maîtriser, les conséquences sont variables : malaise, vertige, tachycardie, bad trip, agressivité, voire, dans les cas les plus sévères, AVC, infarctus, jusqu’au décès », continue Le Monde.
Le journal souligne ainsi qu’« en 2019 et 2020, ce sont 12 cas de décès liés à la consommation de MDMB-4en-Pinaca qui ont été déclarés à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, dont 8 en Hongrie, 3 au Royaume-Uni et 1 en Suède ».
Le quotidien ajoute que « pour la Dr Micallef, il ne faut pas s’arrêter au nombre de cas identifiés. Car la plupart des consommateurs passent sous les radars. Pour analyser les produits, encore faut-il que les personnes arrivent à l’hôpital ou soient repérées par les professionnels de santé. Encore faut-il, également, que des analyses soient réalisées, que des liens de cause à effet soient déterminés ou que le produit soit collecté ».
La spécialiste indique : « Quand on a 5 cas, c’est qu’en réalité on en a 500. Ce qui nous alerte, c’est la tendance évolutive. Quand on voit que les cas augmentent, que le produit arrive dans différentes régions, qu’il touche tout type de public, c’est plus important qu’un chiffre. Pour nous, il ne manque rien pour faire une sensibilisation nationale sur le sujet ».

 

« La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans »

Date de publication : 23 avril 2021

Le Monde indique que « l’ensemble de la communauté pédopsychiatrique française lance, dans une tribune […], un cri d’alarme sur la situation de la pédopsychiatrie, déjà en grande difficulté avant la pandémie et qui l’est encore plus actuellement, pénalisée par la pénurie de spécialistes ».
Les signataires observent ainsi que « la pédopsychiatrie en France a besoin de l’aide du président de la République. Les besoins pour assurer la santé mentale de la jeunesse de notre pays sont criants. Ce n’est pas tant la supplique d’une profession trop longtemps oubliée des pouvoirs publics qui nous incite à interpeller Emmanuel Macron – vous avez commencé à y répondre et nous y sommes sensibles –, mais bien la perspective d’une carence massive des soins psychiques adaptés et essentiels pour notre jeunesse qui s’annonce, du fait d’un manque croissant de professionnels formés ».
Les pédopsychiatres rappellent que « la majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans. Ils sont d’autant plus susceptibles d’impacter l’avenir de l’enfant qu’ils ne sont pas détectés, ni traités, ce qui est actuellement le cas d’une large proportion d’entre eux, comme le souligne un récent rapport de l’OMS ».
Ils ajoutent que « la liste du mal-être et des souffrances des jeunes est loin d’être exhaustive, sans oublier ni l’explosion actuelle des besoins des jeunes, amplifiés par le contexte épidémique, et qui augure des besoins durables de soins, ni les questions essentielles des maltraitances, qui elles aussi requièrent notre intervention du fait des répercussions psychiques ».
Les signataires soulignent que « pour l’heure, en France, pour environ 200.000 enfants qui auraient besoin de soins, seuls 600 pédopsychiatres (deux fois moins qu’il y a dix ans) sont disponibles. Cet état de fait entraîne des délais d’accès aux soins interminables et insupportables pour les patients et leurs familles. A cela s’ajoutent des capacités d’hospitalisation toujours insuffisantes et très inégalement réparties ».
« En faisant état de cette réalité quotidienne et inquiétante, nous souhaitons vous interpeller afin de mobiliser et d’engager les moyens et les réformes nécessaires. Bien sûr, et nous l’avons noté avec espoir, des signaux positifs ont été envoyés à la pédopsychiatrie par votre gouvernement. On ne peut que s’en féliciter. […] Mais que seraient des moyens financiers supplémentaires sans professionnels formés et en nombre pour les mettre à profit au bénéfice des patients et de leurs familles ? », continuent-ils.
Ils soulignent : « Former, c’est aussi à ce défi que nous sommes confrontés, et nous ne disposons pas en l’état des moyens nécessaires pour le relever. C’est pour cela que nous sollicitons une action rapide et concrète de votre part, Monsieur le Président. Les capacités de formation de pédopsychiatres étaient déjà insuffisantes avant 2017, mais la réforme de l’internat les a très sévèrement réduites. Cela, si rien n’est mis en place, conduira à une véritable catastrophe ».

 

« « Je ne suis pas loin du burn-out » : des médecins las à tous les niveaux »

Date de publication : 27 avril 2021

Eric Favereau constate dans Libération que « docteurs et pouvoirs publics ne semblent plus en état de se comprendre, entre l’inconnu des variants et la difficulté à saisir l’état de tolérance de la société face à cette épidémie qui s’éternise ».
Le journaliste relève ainsi : « Ils sont fatigués. Tous. C’est un drôle d’air du temps qui transpire, ces jours, dans les rapports compliqués entre les pouvoirs publics et les médecins, autour de la crise du Covid. Nous sommes loin de la bonne entente des premiers mois, de la tension que l’on a pu connaître lors de la deuxième vague et même de la défiance qu’on avait notée au début de cette année 2021… Aujourd’hui, on ressent comme de la lassitude ».
La Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine, souligne : « On est fatigué et on est déconcerté, on ne sait plus trop le sens des décisions que vont prendre les pouvoirs publics. Pour autant, je ne veux pas non plus m’opposer par principe ».
Le Pr André Grimaldi (Pitié-Salpêtrière) observe pour sa part que « ce n’est même plus Macron qui décide, c’est l’état que l’on croit de l’opinion qui impose ses choix » ?
Le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, indique quant à lui : « Je ne suis pas loin du burn-out. […] Que voulez-vous. Nous avons été incapables de mener la stratégie zéro Covid, et sur ce point, on s’est révélé un vrai pays sous-développé par rapport à ceux d’Asie. Il faut en tirer les conclusions. Certains de mes collègues, en France, continuent d’y croire, alors que c’est fini. Zéro Covid, on a laissé passer. Voilà, il faut s’habituer, on n’a pas été bon, mais pouvait-on l’être ? On va vivre avec le virus, cela va durer, cela n’a rien de réjouissant mais cela n’a rien de catastrophique non plus ».
Eric Favereau remarque que « les pouvoirs publics continuent à prendre des décisions dans une opacité d’autant plus déroutante que ces mesures s’avèrent complexes à décortiquer, avec des confinements qui n’en sont pas tout à fait, des diagnostics qui font état de baisses épidémiques alors que les chiffres restent élevés ».
Le Pr François Bourdillon, ancien directeur de Santé publique France, observe : « Les pouvoirs publics ont décidé de vivre avec le virus. Pourquoi pas ? Mais ce n’est même plus argumenté. […] Les pouvoirs publics se prennent pour des épidémiologistes et les conseillers ministériels donnent des recommandations qui ne sont pas de leurs compétences. L’air du temps n’est pas constructif ».
Le journaliste relève que « dans ce paysage embrumé, nos médecins, aux idées parfois arrêtées, se disent perdus, même les plus remontés d’entre eux. Hier, ils n’étaient pas d’accord mais le disaient haut et fort. Aujourd’hui ils donnent le sentiment qu’ils ont baissé les bras. Ils n’y croient plus. Ne se sentent plus partie prenante ».
Le Pr Caumes remarque : « Je ne veux pas pour autant charger la barque du gouvernement. Mais ce qui m’inquiète, c’est que l’on va entrer en phase électorale, on ne va plus être dans de la communication, on va rentrer dans la propagande… ».
Eric Favereau note par ailleurs que « les cabinets ministériels, tout comme certains des ministres, se révèlent proches eux aussi du burn-out. […] Au final, la lassitude domine. Chacun est dans son coin. On est passé du conflit à l’incompréhension. Cela ne laisse présager rien de bon, non pas seulement dans la gestion des suites de l’épidémie, mais dans les rapports futurs entre pouvoirs publics et professionnels de la santé ».

 


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