« Dépression, constipation, anxiété… Dix signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 1er mars 2022

Le Monde

Sandrine Cabut indique en effet dans Le Monde : « Dépression majeure, anxiété, mais aussi baisse de l’audition, constipation ou encore perte de poids… Grâce à une méthodologie originale, des équipes françaises ont identifié dix pathologies significativement plus fréquentes chez les malades d’Alzheimer dans les 2 à 10 ans précédant le diagnostic que chez des témoins du même âge ».
« L’étude, dont le premier auteur est Thomas Nedelec (postdoctorant à l’Institut du cerveau, à Paris), a été publiée en ligne, le 23 février, dans 
The Lancet Digital Health », précise la journaliste.
Elle explique que 
« les chercheurs français ont exploité deux bases de données anonymisées de patients suivis en médecine générale, en France et au Royaume-Uni. De ces deux sources indépendantes, mais issues d’une même base européenne, THIN (The Health Improvement Network), ils ont extrait les cas de démence dus à la maladie (environ 20.000 dans chaque pays) et apparié chacun d’eux à un témoin de même âge. Ils ont ensuite testé le lien possible entre l’apparition de la maladie et 123 pathologies, en remontant jusqu’à 15 ans avant le diagnostic ».
Sandrine Cabut retient que «
 si les données recueillies ne mettent pas en évidence de facteurs fortement associés à Alzheimer entre 10 et 15 ans avant le diagnostic, 10 facteurs sont retrouvés de façon statistiquement significatives dans la période 2-10 ans : dépression, anxiété, troubles de l’adaptation au stress, perte d’audition, constipation, spondylarthrose cervicale, pertes de mémoire, fatigue et malaises, chutes, perte de poids ».
Carole Dufouil, directrice de recherche au centre Bordeaux Population Health (Inserm), co-auteure, indique que
 « l’un des avantages de l’approche agnostique, c’est-à-dire sans hypothèse, est de pouvoir révéler des facteurs inattendus, comme ici la constipation. C’est très complémentaire des études de cohorte ».
La journaliste remarque cependant que selon l’épidémiologiste,
 « une limite des bases de données médicales pour la recherche est l’absence de données sociales, comme le niveau d’études, qui jouent pourtant un rôle important dans la survenue des démences ».
Carole Dufouil ajoute qu’« en poursuivant ce travail, on espère mettre au point des scores de risque pour détecter précocement les personnes les plus à risque de développer une démence, et qu’elles puissent bénéficier d’une surveillance appropriée ».

 

« Psychiatrie : nos fous aussi maltraités que nos vieux »

Date de publication : 1er mars 2022

Libération Le Parisien

C’est ce que titre Libération, qui fait savoir que « dans un rapport rendu public ce mardi, la contrôleure générale des lieux de privation de libertés rend compte de la situation inhumaine que vivent les patients dans un centre de santé mentale à Lens ».
Eric Favereau constate ainsi : «
 Parfois, les services de psychiatrie sont le théâtre de dérapages effrayants, pires même que ceux dénoncés récemment dans les maisons de retraite. Et heureusement parfois, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté s’en inquiète lors de visites impromptues ».
« C’est ce qui vient de se passer, avec le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens (Pas-de-Calais), où à l’issue d’un contrôle effectué le mois dernier, Dominique Simonnot a décidé de saisir la justice et de rendre public le rapport […] «tant nous avons pu constater un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» »
, relève le journaliste.
Il souligne que 
« ce rapport est d’autant plus désespérant que la situation n’est pas nouvelle. Elle a déjà été dénoncée par le conseil départemental de santé mentale, mais rien ne semble se passer en dépit de la gravité des accusations. Des patients sont ainsi enfermés, attachés, alors qu’ils sont en hospitalisation libre ».
Eric Favereau note que 
« la lecture de ce rapport ressemble à une triste liste de griefs à la Prévert. Tout va mal. Au premier jour du contrôle, 56 patients sur 71 étaient en hospitalisation libre. Tous, pourtant, étaient enfermés dans des lieux clos ».
Le journaliste évoque l‘accès aux soins :
 « Celui-ci est systématiquement défaillant, selon le rapport. «Les patients pris en charge aux urgences du centre hospitalier font parfois l’objet de contention sur des brancards… Au sein des unités, le projet de soins n’est pas défini, les patients n’y sont pas associés, ni les personnes de confiance dont la désignation n’est pas toujours valide en raison du flou des procédures observées.» Au passage, le consentement du patient semble pour le moins superflu ».
Eric Favereau ajoute que 
« ces pratiques illégales touchent tous les patients, y compris les mineurs. «Adultes et mineurs font l’objet de mesures d’isolement et de contention arbitraires, mises en œuvre dans des conditions indignes.» […] Plus ahurissant, «l’isolement et la contention ne sont pas seulement pratiqués en chambre d’isolement mais indistinctement en chambre hôtelière, de sorte que l’on peut considérer que le centre ne dispose pas de 2 chambres d’isolement mais de 80 chambres d’isolement potentielles» ».
Le journaliste parle d’une 
« situation dantesque, qui perdure », ou encore relève que « le contrôle du juge des libertés et de la détention est ineffectif. Le patient a rarement accès à son juge. […] Au final, conclut le rapport, «le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens doit faire l’objet de mesures urgentes». On peut l’espérer, mais comment comprendre le silence des médecins, comme celui de la direction, et plus généralement l’indifférence des autorités de tutelle et de l’Agence régionale de santé ? », s’interroge Eric Favereau.
Le Parisien se penche également sur ce rapport. Le journal retient ainsi : 
« Mesures d’isolement et de contention abusives, chambres mal chauffées, violation de l’intimité… Le contrôleur général des lieux de privations de liberté réclame des mesures urgentes face aux traitements infligés dans le centre de santé mentale ».
« Il épingle le manque de pilotage global, le non-respect du droit et l’absence de formation du personnel du centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens, qui conduisent à des dysfonctionnements «d’une particulière gravité et anciens», portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes », 
explique le quotidien.
Le Parisien indique que 
« dans un courrier adressé en réponse, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé son intention de diffuser «une instruction» pour «clarifier les conditions de l’équilibre à trouver entre le risque de fugue du patient et l’importance de la comparution à l’audience». Par ailleurs, il «regrette profondément» qu’une décision de justice de mainlevée d’une mesure d’hospitalisation «n’ait pas été immédiatement mise en application» ».

 

« Guerre en Ukraine, pandémie, catastrophes climatiques… Comment parler des événements angoissants aux enfants »

Date de publication : 2 mars 2022

Libération

Libération relève en effet : « Attentats terroristes, pandémie de Covid-19, constats alarmants du Giec, et désormais guerre en Ukraine : les enfants du XXIe siècle sont particulièrement confrontés à des catastrophes mondialisées, largement médiatisées, et qu’ils ne comprennent pas toujours ».
« Les parents tentent de les rassurer, mais peinent parfois à trouver les bons mots. Pour Christine Barois, pédopsychiatre à Paris, le dialogue doit passer par une normalisation de l’incertitude et des émotions négatives »,
 note le quotidien.
Libération interroge ainsi : 
« Les enfants du XXIe siècle vivent-ils une époque plus angoissante que les générations précédentes ? ».
Christine Barois répond que 
« la différence est qu’on se préoccupe un peu plus de l’état d’esprit des enfants aujourd’hui. Les jeunes nés au XXe siècle ont quand même connu deux guerres mondiales, la grippe espagnole, ils ont dû s’habituer à la menace nucléaire pendant la guerre froide… ».
« Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, le sentiment d’angoisse est amplifié par la médiatisation intense des événements stressants. On est dans un monde de l’image, où tout est en direct. Les parents ont sûrement un rôle dans la supervision des médias accessibles aux enfants, mais il faut surtout rassurer en dialoguant. Je pense qu’il faut dire aux plus jeunes que les crises font partie de l’histoire, et que les périodes angoissantes et de récession sont suivies de moments plus féconds », 
poursuit la pédopsychiatre.
Le journal demande : «
 Comment parler d’événements angoissants à un enfant ? ».
Christine Barois répond qu’«
 il faut attendre que l’enfant commence la conversation, et ne pas forcément partir du principe qu’il a peur, par exemple. Si l’on voit qu’il a envie d’en parler ou que l’on détecte des signes d’anxiété, comme une mise en retrait ou des réactions plus agressives que d’habitude, le mieux est de s’asseoir avec lui et de lui dire : «Pose-moi toutes les questions que tu as.» C’est important de faire comprendre à un enfant que ce qu’il ressent est normal. Il faut qu’il valide son émotion, pas qu’il la chasse ».
« Mais peu importe ce que l’enfant ressent, ça ne sert à rien de lui dire que tout va bien et qu’il ne faut pas avoir peur. A la place, il vaut mieux trouver des exercices pour métaboliser l’émotion. En clair, l’aider à trouver des outils pour aller mieux quand on est anxieux. […] On n’a peut-être pas de prise sur la situation, mais on peut maîtriser son anxiété, notamment avec des exercices de respiration et de méditation ou des coloriages par exemple… L’idée est de mettre en place des stratégies pour faire diminuer le stress », 
explique-t-elle.
Christine Barois ajoute qu’«
 il ne faut surtout pas leur mentir. La seule chose certaine, c’est que l’on ne connaît pas l’avenir. En tant que parent, on doit être fiable. Si l’on dit une chose et que le contraire arrive ou que cela ne se passe pas comme on l’avait prédit, les enfants risquent de perdre confiance dans les adultes. C’est important aussi de leur dire qu’on a déjà traversé plein de crises et qu’elles font partie de la vie ».

 

« Des tics nerveux chez les adolescents consommant trop TikTok »

Date de publication : 4 mars 2022

Le Point

Le Point fait ainsi savoir : « Alors que la pandémie due au coronavirus a décuplé le nombre d’utilisateurs et de contenus, un rapport scientifique signale une recrudescence des tics nerveux chez les jeunes usant de cette application ».
Le magazine note que « 
le réseau social TikTok, renommé à l’international pour ses vidéos courtes et éclectiques, augmenterait le risque de souffrir de troubles neurologiques fonctionnels ».
Il explique que
 « des chercheurs de l’université de Floride ont démontré l’aggravation de ces symptômes pendant la crise sanitaire et les divers confinements. […] Une étude menée sur 20 adolescents, âgés de 11 à 21 ans, prouve que la fréquence de leurs tics a doublé avec TikTok ».
« Les personnes sondées ont estimé, sur une échelle de gravité de 0 à 6, la gravité de leurs tics, répondant unanimement par les chiffres 4 ou 5. En octobre 2021, une précédente étude avait accusé le réseau social de favoriser le développement du syndrome de Gilles de la Tourette »,
 relève Le Point.
Le magazine indique en outre qu’
« une coalition de 8 États américains, dont la Californie et la Floride, a annoncé, mercredi, le lancement d’une enquête sur la très populaire application TikTok, qu’ils accusent de causer des torts aux enfants en les incitant à y passer toujours plus de temps ».
« Les magistrats veulent examiner les «techniques utilisées par TikTok pour encourager les jeunes» à y passer plus de temps, à réagir aux contenus et interagir avec les créateurs »,
 note Le Point.

 

« Obésité : au-delà de la maladie, affronter les regards et les remarques blessantes »

Date de publication : 7 mars 2022

Le Monde

Le Monde observe que « les personnes obèses sont souvent la cible de discriminations. Pour les adolescents, la situation est particulièrement douloureuse. A l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité [le 4 mars], les associations appellent à des campagnes de sensibilisation ».
Le journal rappelle que 
« selon la dernière enquête de l’Obépi-Roche de 2020, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants de 8 à 17 ans en France […] a atteint 21% des enfants de 8 à 17 ans, avec 6% d’obésité ».
Le Monde note ainsi que 
« pour Léo […], 15 ans, le diagnostic de l’obésité est tombé en 2017, lorsqu’il avait 10 ans. Le jeune garçon, déscolarisé depuis trois ans, a été fortement touché par les moqueries de la part de ses camarades d’école ».
Il déclare : «
 On me traitait de gros, de moche. Quand je courais en cours de sport, on se moquait et on m’insultait ».
Le quotidien relève que «
 pour Valentine, 17 ans, le poids n’a jamais été un problème. Jusqu’à une consultation avec un médecin ». La jeune fille indique : « Il m’a parlé de mon poids anormal et m’a posé de nombreuses questions sur mon alimentation. A la fin du rendez-vous, il m’a donné le numéro d’un médecin nutritionniste. Ç’a a été direct et très violent ».
Le Monde remarque que 
« ce constat a été dur à encaisser. «Je me détestais. Je ne supportais plus de me regarder dans la glace», raconte la lycéenne. Sa confiance en elle s’est envolée ».
Le journal souligne ainsi que 
« la rencontre avec les médecins ne se passe pas toujours bien. Pour Anne-Sophie Joly, présidente fondatrice du Collectif national des associations d’obèses (CNAO), dont l’objectif est de faciliter le lien entre le patient et le médecin, il existe encore de nombreux cas de praticiens mal formés à traiter l’obésité, et les «réflexions assassines» persistent à l’égard des patients ».
Jean-Pierre Poulain, sociologue, déclare qu’« 
il convient d’aider à anticiper les contextes dans lesquels ces adolescents risquent d’être stigmatisés et à réagir autrement qu’en intériorisant la dévalorisation ».
Le Monde relève que «
 pour Léo, la famille a été d’un réel soutien. […] Aujourd’hui suivi par une nutritionniste en Bretagne, le jeune homme reprend progressivement une alimentation équilibrée. Il a recommencé à s’insérer socialement. […] Valentine, quant à elle, a trouvé du réconfort lorsqu’elle a rencontré son copain il y a un an ».
Le journal conclut que «
 la présidente du CNAO affirme que malgré de nombreux progrès en France, il est impératif de renforcer les réflexions et les actions sur l’obésité ». Anne-Sophie Joly souligne ainsi qu’« à partir du moment où la société arrêtera de stigmatiser par rapport à la maladie, les jeunes culpabiliseront moins de leur poids et de ce qu’ils sont ».

 

« Non, passé 20 ans notre cerveau n’est pas plus lent »

Date de publication : 8 mars 2022

Le Figaro

Soline Roy remarque en effet dans Le Figaro : « C’est un fait entendu : la vingtaine passée, notre cerveau commence à ralentir et nos capacités cognitives entament une inexorable chute… Vraiment ? Pas tant que cela, affirme une équipe de l’Institut de psychologie de l’université de Heidelberg (Allemagne) dans la revue Nature Human Behavior ».
La journaliste indique ainsi que 
« nos réponses seraient certes moins rapides à partir de 20 ou 25 ans, mais cela serait davantage dû à une plus grande prudence et à une moindre célérité motrice qu’à un déclin de nos capacités cognitives ».
Elle explique que «
 les auteurs ont travaillé sur des données collectées auprès de 1,3 million de personnes âgées de 10 à 80 ans, dans le cadre du « Project Implicit », lancé en 1998 par trois chercheurs des universités de Washington, de Harvard et de Virginie pour étudier les biais affectant nos jugements ».
Soline Roy note que les auteurs «
 observent que les réponses deviennent de plus en plus rapides de 10 à 20 ans, puis commencent à ralentir lentement. Mais la vitesse mentale proprement dite continue à augmenter jusqu’à la trentaine avant de rester stable jusqu’à au moins 60 ans ».
La journaliste précise que «
 cette rapidité de réponse semble, entre 10 et 20 ans, augmenter au prix d’une moindre précaution dans la prise de décision, tandis qu’après 20 ans on soupèse davantage ses actions ».
Louis Bherer, professeur au département de médecine de l’université de Montréal et chercheur à l’Institut de cardiologie et à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, indique que
 « les plus âgés sont plus précautionneux et vont ralentir leur réponse pour éviter les erreurs. On dit souvent que c’est parce qu’en vieillissant une certaine sagesse s’installe. En réalité, je pense qu’on a surtout moins envie de se tromper et qu’on est plus aux aguets quand on vous demande de mener une tâche mentale ».
Soline Roy continue :
 « Force est aussi d’admettre que l’avancée en âge diminue l’efficacité de la réponse motrice : selon l’étude, le temps nécessaire, une fois l’information reçue, pour l’encoder et la traduire en geste baisse entre 10 et 15 ans, puis ne cesse d’augmenter progressivement ».
Louis Bherer précise qu’«
 on parle bien de différences liées à l’âge plutôt que de vieillissement : ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont répondu à 20, 40 et 80 ans ».
La journaliste ajoute que «
 d’autres paramètres que le vieillissement cérébral entrent en compte, par exemple la maîtrise de l’outil informatique selon que l’on appartient ou non à une génération née avec lui. Autre limite, selon le chercheur : les auteurs ont recueilli peu de données chez les plus âgés, et aucun participant n’avait plus de 80 ans ».
Louis Bherer remarque que
 « l’espérance de vie est généralement bien supérieure, autour de 86 ans en France et au Canada, et en gériatrie, on considère que plusieurs changements importants surviennent après 75 ans. En ne testant pas les plus de 80 ans, on ne fait donc pas le tour de l’histoire ».
Soline Roy ajoute que «
 rien ne condamne nos capacités cognitives à la chute : une bonne hygiène de vie et le maintien d’une activité intellectuelle permettent de lutter contre le vieillissement cérébral. Dans un article publié en 2019 dans le Journal of gerontology : psychological sciences, le chercheur a ainsi montré «qu’après 75-80 ans, la santé physique maintenue par l’exercice régulier aide à maintenir la vitesse de pensée» ».
Elle note que «
 l’alimentation, et la maîtrise de certains facteurs de risques (cardiovasculaires notamment) sont aussi clairement associées à un meilleur maintien des capacités cognitives. De même que l’activité intellectuelle. […] Le bagage intellectuel acquis au début de la vie est donc essentiel, mais le maintien d’une activité intellectuelle tout au long de l’existence également ».

 

« De la perte de sens à la désespérance… »

Date de publication : 9 mars 2022

La Croix

La Croix livre la chronique de Marion Broucke, infirmière en soins palliatifs (AP-HP), titulaire d’un master de recherche en médecine palliative, et enseignante.
Celle-ci observe : 
« Depuis plus d’un an, je partage avec vous mes indignations en tant qu’infirmière sur les dysfonctionnements que je constate au quotidien dans l’exercice de ma profession-passion. Malheureusement, l’accumulation des incohérences et des tensions entre nos valeurs fondamentales […] et la réalité imposée par une vision marchande et étriquée de la politique de santé ont eu raison de mes capacités à supporter l’intolérable ».
Marion Broucke poursuit :
 « Faut-il rappeler ici la scandaleuse inertie face au mal-mourir en France, aboutissant à considérer que faire administrer la mort par les soignants est plus logique que leur donner les moyens de soulager et d’accompagner ? ».
« Faut-il rappeler le mépris dont sont victimes les infirmières, sous-payées, considérées comme de simples exécutantes par certains médecins qui nous croient incapables de penser, mais seulement de panser, et qui s’opposent au développement des IPA (Infirmières en pratique avancée) ? »
, ajoute-t-elle.
L’infirmière remarque : 
« Faut-il rappeler le phénomène massif de désaffection des infirmières hospitalières qui préfèrent se tourner vers d’autres horizons ? […] Faut-il expliciter que le scandale des Ehpad privés, s’il est parfaitement justifié, ne peut servir de bouc émissaire. Laisser entendre que les Ehpad publics ne seraient pas le lieu de pratiques tout aussi déplorables voire pires n’est que se cacher derrière son petit doigt ».
« La seule façon de ne pas maltraiter nos anciens dépendants est de mettre du personnel formé et suffisant à leur disposition. Imaginez le terrible sentiment qui envahit ces soignants, parfaitement conscients de ne pas être aussi bientraitants qu’ils le souhaiteraient mais qui ne peuvent matériellement faire mieux en raison des contraintes qu’on leur impose », 
continue Marion Broucke.
Elle note que «
 dans l’immobilisme général, notre système de santé s’effondre. Les désormais fameux cabinets de consultants ont édicté une pensée unique aux technocrates hospitaliers, les bases de l’hôpital-entreprise et l’adoration des tableurs Excel. Ils ont imposé la sanctification du taux d’occupation qui, hors des activités programmées, s’avère une catastrophe ».
Marion Broucke écrit ainsi :
 « Comme tant d’autres de mes collègues, je ne peux m’abîmer davantage. Je rends ma blouse. En plein syndrome d’épuisement professionnel, j’ai décidé d’abandonner ce combat donquichottesque contre d’invincibles moulins à vent ».

 

« La pollution de l’air affecte le fonctionnement du cerveau »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Figaro

Pauline Fréour note en effet dans Le Figaro que « deux études, publiées cette année et en 2021, montrent que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmente de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus ».
La journaliste explique qu’« 
une étude conduite sur un très grand nombre de Français vient de confirmer que les polluants de l’air impactent négativement les performances cognitives, faisant écho en cela à d’autres recherches associant pollution et risque de démence ».
Elle précise que 
« c’est la cohorte Constances qui a fourni à Bénédicte Jacquemin et à son équipe de l’Inserm des données sur plus de 61.000 personnes de 45 ans et plus. Les chercheurs en épidémiologie ont pris en compte les résultats des participants à des tests cognitifs, et leur exposition, selon leur lieu de résidence, à trois polluants liés au trafic routier (particules fines inférieures à 2,5 microns – PM2,5, dioxyde d’azote, carbone suie) ».
« Ils ont calculé que le score des performances cognitives chez les volontaires les plus exposés baissait de 1 à près de 5% par rapport aux individus moins exposés », 
note Pauline Fréour, selon des travaux qui viennent de paraître dans The Lancet Planetary Health.
Bénédicte Jacquemin indique que
 « les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, c’est-à-dire la capacité de prendre des décisions. […] Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent d’avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand effet sur les fonctions exécutives ».
Claudine Berr, épidémiologiste à l’Institut des neurosciences de Montpellier et co-auteur, explique que 
« selon leur taille, les polluants inhalés s’introduisent plus ou moins loin dans les poumons, induisant une inflammation locale et systémique pouvant s’étendre jusqu’au cerveau, car les cytokines, vectrices du signal inflammatoire, peuvent passer la barrière hématoencéphalique qui le protège ».
« Pour les particules fines, on estime qu’il pourrait aussi exister une voie directe : les PM2,5 entrant dans l’organisme par le nez se déplaceraient via le nerf olfactif jusqu’au bulbe olfactif, situé dans le cerveau. On s’interroge aussi sur un passage des particules par le sang, puisque l’on retrouve des polluants jusque dans les petits vaisseaux cérébraux »,
 note la spécialiste.
Claudine Berr ajoute : 
« Ces recherches montrent une production accrue de marqueurs du stress oxydant et de médiateurs de l’inflammation dans les cellules du système nerveux central. Ce contexte peut être à l’origine de dommages cérébraux, comme l’agrégation de protéines – que l’on observe d’ailleurs chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer – des atteintes vasculaires, voire la mort de neurones ».
Pauline Fréour relève que 
« Claudine Berr et son équipe de Montpellier ont par ailleurs publié cette année et en 2021 deux études montrant que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmentait de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus. […] Bénédicte Jacquemin prévoit de poursuivre son travail sur Constances en suivant l’évolution dans le temps des fonctions cognitives des participants ».

 

« Autisme : pourquoi les demandes de diagnostic explosent chez les adultes »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Parisien

Fanny Delporte constate dans Le Parisien que « depuis trois ans, il y trois fois plus de demandes pour des adultes au centre spécialisé de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Notamment parce que beaucoup de gens, souvent mal orientés ou mal renseignés, sont persuadés d’être autistes sans l’être. Problème : cela provoque un engorgement ».
La journaliste explique en effet que l’établissement 
« abrite le Centre de diagnostic et d’évaluation autisme adultes (CDEAA), l’un des trois lieux de ce type en Ile-de-France ».
Elle souligne que «
 ce phénomène provoque l’engorgement de nombreux centres de diagnostic de l’autisme, notamment en Île-de-France où il existe trois centres experts — un à Versailles et un à Créteil, intégrés au réseau de la fondation FondaMental, ainsi qu’un autre à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, conventionné avec le Craif (Centre de ressources autisme Île-de-France) ».
Le Craif remarque qu’«
 il peut y avoir un délai de 6 mois avant d’être reçu, mais cela dépend vraiment des périodes de l’année. Par exemple, il suffit qu’il y ait des reportages à la télévision pour que nous soyons débordés de demandes ».
Hélène Vulser, psychiatre et responsable du centre de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, observe qu’«
 au départ, les centres créés entre 2000 et 2010 étaient dédiés aux enfants. Puis nous avons eu de plus en plus de demandes d’adultes ».
Fanny Delporte note que 
« ces 3 à 4 dernières années, au CDEAA, 50% des adultes reçus avaient un résultat positif ». Hélène Vulser indique que « désormais c’est 20%. Certaines personnes ayant un problème d’interaction sociale se disent : Je dois être autiste ».
« Certains, assure-t-elle, tentent même d’avoir accès à plusieurs [centres], persuadés qu’ils sont autistes mais mal diagnostiqués », 
relève la journaliste.
Elle ajoute que «
 pour Hélène Vulser, la solution pour désengorger les services réside dans une formation plus fine et poussée de ce qu’elle appelle «la deuxième ligne», des réseaux de psychiatres qu’il faut former, pour faire un premier «tri» ».

 

« L’exposition à un air pollué altère les fonctions mentales »

Date de publication : 16 mars 2022

Le Monde

Clémentine Thiberge indique à son tour dans Le Monde qu’« une étude publiée dans The Lancet Planetary Health […] associe la pollution de l’air à la diminution des performances cognitives : plus une personne est exposée à un air pollué, plus ses fonctions mentales seront affectées ».
La journaliste explique que 
« des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’université de Rennes et de l’Ecole des hautes études en santé publique ont analysé les données de plus de 61.000 Français âgés de plus de 45 ans ».
« Ces participants font partie de la cohorte épidémiologique française Constances et ont été recrutés aléatoirement à partir des listes de l’Assurance-maladie. Les chercheurs ont établi un score de leurs performances cognitives à partir de tests mesurant la mémoire, la fluidité d’expression orale (fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (fonctions exécutives) », 
précise Clémentine Thiberge.
Elle note que les auteurs
 « ont superposé ces résultats avec des cartes dites « d’exposition » qui estiment la concentration de polluants à l’adresse du domicile de chaque participant. Dans cette étude, trois polluants ont été pris en compte : les particules fines (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie ».
Bénédicte Jacquemin, chargée de recherche à l’Inserm et coauteure, remarque ainsi : 
« Nous nous sommes concentrés sur ces trois polluants car ils sont associés ou issus du trafic automobile. Les évidences scientifiques dans tous les domaines de la santé montrent que ces polluants sont probablement les plus nocifs pour la santé ».
Clémentine Thiberge retient que 
« non seulement l’exposition à de plus grandes concentrations de polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances cognitives mais chaque polluant agirait différemment sur ces performances ».
Bénédicte Jacquemin observe que « 
les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives. Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 agissent davantage sur la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives ».
La journaliste relève que 
« pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5% du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés ».
Bénédicte Jacquemin précise que «
 5% à niveau individuel, cela n’a pas un impact fort. Mais nos résultats sont très importants au niveau de la population parce que tout le monde, ou presque, est exposé à un niveau de pollution atmosphérique plus élevé que ce qui est recommandé par l’OMS ».
Kyle Steenland, professeur d’épidémiologie à l’université Emory (Etats-Unis), note pour sa part que 
« cette étude est très importante, car elle est représentative de la population française. Il est nécessaire d’avoir plusieurs études sur ce sujet, sur des populations différentes, et de voir que nous obtenons à chaque fois les mêmes réponses est assez significatif ».
Bénédicte Jacquemin précise que 
« cette étude est transversale, c’est-à-dire que nous avons pris une photo de la situation à un moment donné. On montre une association. Pour établir une causalité, il faut une étude longitudinale c’est-à-dire avec un suivi sur le long terme, que nous prévoyons de faire par la suite ».
Clémentine Thiberge rappelle qu’«
 en 2020, des scientifiques estimaient, dans The Lancet, qu’en agissant par des changements dans la réglementation qui encadre les niveaux de pollution, près de 40% des cas de démences pourraient être évités, qu’ils tiennent au mode de vie ou à l’environnement ».

 

« Une « banque de cerveaux » contre la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 18 mars 2022

La Croix

Audrey Dufour se penche dans La Croix sur l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui « conserve plusieurs centaines de cerveaux, exclusivement dédiés à la recherche contre les maladies neurodégénératives. Ces échantillons proviennent de personnes décédées, malades ou saines, qui ont accepté ce don d’organe pas comme les autres ».
La journaliste explique ainsi qu’un bâtiment 
« héberge un centre unique en France : une « biobanque » de cerveaux. Dans une dizaine de congélateurs gris, maintenus à – 80°C, 750 hémisphères cérébraux de donneurs patientent ».
Elle précise que «
 cogérée par les hôpitaux de Paris et les associations de malades, cette biobanque est utilisée pour la recherche sur les maladies neurodégénératives : Alzheimer et Parkinson, mais aussi les syndromes cérébelleux, les scléroses en plaques, les dégénérescences lobaires fronto-temporales, et les scléroses latérales amyotrophiques (maladies de Charcot) ».
Marie-Claire Artaud-Botté, coordinatrice scientifique du centre, indique que
 « les dons ne servent qu’à la recherche sur ces maladies, rien d’autre ».
Audrey Dufour relève que
 « les chercheurs peuvent demander ici des échantillons pour valider leurs hypothèses sur les mécanismes impliqués dans ces pathologies. Depuis 2009, près de 200 projets de recherches ont été menés grâce aux cerveaux de la biobanque ».
La journaliste souligne que 
« si aucun traitement dirigé contre Alzheimer n’est pour l’instant disponible en France, la recherche avance ».
Maï Panchal, directrice scientifique de la fondation Vaincre Alzheimer, remarque ainsi : 
« On sait désormais que près de la moitié des cas peuvent être évités en agissant sur les facteurs de risque, comme la sédentarité, l’alcool, le tabagisme et autres. Surtout, on sait diagnostiquer précisément la maladie ».
Audrey Dufour précise notamment qu’«
 en cas de don, le prélèvement doit être effectué sous les 48 heures après le décès, dans l’un des 14 centres partenaires à travers la France. Le défunt est ensuite rendu à sa famille ».
« À la biobanque, on reconnaît sans peine que le don de cerveau est lourd de symbole et que la démarche nécessite une acceptation particulière des familles, bien plus que le don d’organes pour sauver des vies. Le consentement est révocable à tout moment, par la personne ou par sa famille après le décès », 
poursuit-elle.
Maï Panchal indique qu’«
 en général, on voit un vrai élan chez les malades et leurs proches pour aider à développer des traitements ».
Audrey Dufour ajoute que
 « le centre conserve les échantillons pendant 10 ans, de façon anonymisée mais avec l’historique de santé. Un détail nécessaire pour pouvoir prendre en compte, par exemple, les effets du tabagisme. Et espérer, un jour, vaincre les maladies neurodégénératives ».

 

« Voici comment la listeria peut gagner le cerveau »

Date de publication : 18 mars 2022

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir fait savoir que « la listeria, bactérie à l’origine d’une infection alimentaire rare mais très dangereuse, parvient parfois à gagner le cerveau en rendant certaines cellules infectées résistantes au système immunitaire, avance une étude publiée [dans Nature] ».
« Ce mécanisme « permet à ces cellules de survivre plus longtemps dans le sang et de passer en plus grand nombre dans le cerveau » », 
explique le magazine.
Il précise ainsi que
 « réalisée en plusieurs étapes sur des souris de laboratoire, censées bien refléter l’évolution de la maladie chez l’humain, l’étude […] montre, dans un premier temps, que la listeria passe dans le cerveau via certains globules blancs, les monocytes. Les chercheurs ont ensuite découvert comment ces cellules infectées gagnaient le cerveau sans être détruites par le système immunitaire. C’est une protéine présente dans la listeria qui semble les protéger ».
Sciences et Avenir retient que
 « cette protéine, dite InlB, fait passer les cellules touchées sous le radar des lymphocytes T, dont le rôle est de détruire les cellules infectées par un virus où une bactérie. Ce mécanisme « crée une niche de protection cellulaire qui encourage la dissémination et la persistance de la listeria » dans l’organisme, conclut l’étude ».
« Non seulement il permet à la listeria de passer dans le cerveau mais il lui laisse aussi le temps de survivre dans l’intestin et d’être présente dans les excréments. La bactérie peut donc être d’autant plus présente dans l’environnement et continuer à se propager ainsi »,
 continue le magazine.
Il observe que «
 ce mode d’action est une surprise, de l’aveu des chercheurs, qui ne s’attendaient pas à ce que la listeria neutralise ainsi l’action des lymphocytes T ».
Marc Lecuit (Institut Pasteur et Inserm), qui a coordonné ce travail, évoque ainsi un 
« mécanisme spécifique et inattendu, par lequel un pathogène augmente la durée de vie des cellules qu’il infecte ».

 

« La schizophrénie identifiée au niveau cellulaire »

Date de publication : 18 mars 2022

Le Figaro

Pierre Kaldy annonce dans Le Figaro que « deux anomalies du fonctionnement des neurones ont été décelées chez des patients schizophrènes par des chercheurs américains de l’école de médecine de l’Université Johns Hopkins ».
« Elles pourraient même expliquer les symptômes les plus fréquents de cette maladie mentale très invalidante avancent les auteurs dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (The Proceedings of the National Academy of Sciences – PNAS) »,
 note le journaliste.
Il explique que 
« les recherches sur les bases physiologiques de la schizophrénie étaient freinées par l’absence d’équivalent de la maladie chez l’animal et par la difficulté à étudier des neurones de patients, le plus souvent obtenus après leur décès ».
Pierre Kaldy relève qu’
« une nouvelle technique, mise au point en 2007 par le japonais Shinya Yamanaka, prix Nobel de physiologie et de médecine en 2012, a changé la donne. Elle permet de faire revenir des cellules de la peau de patients au stade de cellules souches pluripotentes, que l’on peut ensuite faire se différencier in vitro en d’autres cellules. En l’occurrence, ici, des neurones du cortex cérébral ».
« Cette approche, qui permet de cultiver et d’étudier directement des cellules de patients dont les caractéristiques cliniques et génétiques sont connues, est en train de révolutionner l’étude des troubles psychiatriques ayant une composante héréditaire »,
 observe le journaliste.
Il précise que ce travail fait 
« un lien chez 13 patients entre leurs symptômes et deux paramètres cellulaires précis. Le premier, lié à une inhibition excessive de l’activation des neurones, est proportionnel à la désorganisation de la pensée et au retrait émotionnel observés dans la maladie ».
« Le second est une accentuation de l’entrée de sodium dans les cellules, une composante essentielle de la communication entre neurones qui s’avère d’autant plus marquée que les patients présentent des hallucinations ou des délires »,
 continue Pierre Kaldy.
Isabelle Cloëz-Tayarani, chercheuse en neurobiologie à l’Institut Pasteur, remarque que
 « ces résultats sont très intéressants et cohérents avec une étude génétique menée en 2018 auprès de milliers de patients qui a aussi montré l’implication de canaux sodium dans l’origine de la schizophrénie ».
Pierre Kaldy note que 
« de vastes études génétiques ont permis d’identifier des centaines de marqueurs de risques génétiques de la maladie, liés le plus souvent à des gènes impliqués dans le développement du cerveau et le fonctionnement des neurones. Les risques associés à ces marqueurs génétiques restent néanmoins très faibles pris isolément, ce qui traduit une grande hétérogénéité des mécanismes menant au dysfonctionnement des neurones ».
Il ajoute que 
« cette vulnérabilité génétique plus ou moins forte suivant les personnes est ensuite soumise à des facteurs environnementaux qui peuvent aussi influer sur la progression de la maladie ».
Anne Giersch, chercheuse au CHU de Strasbourg, observe : 
« On peut penser qu’il existe chez des personnes déjà prédisposées un effet de seuil pour basculer dans la pathologie, un phénomène qui serait renforcé sous l’effet d’évènements extérieurs comme une infection virale in utero ou la consommation de cannabis à l’adolescence ».
Isabelle Cloëz-Tayarani indique que 
« si ces résultats sont confirmés par d’autres études neurophysiologiques, un nouveau champ de recherche sur la schizophrénie pourrait s’ouvrir à l’aide de culture in vitro de « mini-cerveaux » pour étudier sur des temps plus longs les neurones en réseau, et la perspective de pouvoir mettre au point des médicaments plus adaptés au profil génétique ou clinique des patients ».

 

« Atteint du syndrome d’enfermement, un patient communique par la pensée… Et des électrodes »

Date de publication : 23 mars 2022

Sciences et Avenir

Camille Gaubert relaie « une première » dans Sciences et Avenir : « Un patient totalement tétraplégique en raison de la maladie de Charcot a pu s’exprimer au moyen de deux électrodes implantées dans son cerveau et d’une interface informatique. Un succès médical, qui montre que paralysie ne rime pas avec mort ni inconscience ».
La journaliste explique que «
 deux microélectrodes, chacune de 3,2 mm de côté, ont été insérées dans la surface du cortex moteur – la partie du cerveau responsable du mouvement. […] Le patient, tétraplégique, souffre du Locked-In Syndrome (LIS), dans lequel il entend tout et comprend tout, mais ne peut ni bouger ni parler ».
Camille Gaubert précise que «
 si 85% des LIS sont causés par un accident vasculaire cérébral (AVC), d’après l’association ALIS, le cas de ce patient est différent : il est atteint de sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot. Cette maladie neurodégénérative […] provoque une perte progressive du contrôle moteur de son corps. Au point que contrairement à la plupart des personnes souffrant de LIS, ce patient-là ne peut même plus cligner des yeux. Une perte dramatique, puisqu’elle permet aux systèmes d’interface cerveau-ordinateur de fonctionner ».
Jonas Zimmermann, neuroscientifique principal au Centre Wyss à Genève et co-auteur de l’étude parue dans 
Nature Communications, indique qu’« à notre connaissance, notre étude est la première à réussir à communiquer avec une personne qui n’a plus de mouvement volontaire et pour qui cette interface est désormais le seul moyen de communication ».
Camille Gaubert continue : «
 Dans la chambre qui lui a été aménagée chez lui, le patient met 105 jours à apprendre à communiquer avec les deux électrodes implantées dans des zones de son cerveau dédiées au contrôle moteur. […] Pour l’aider, les scientifiques installent un second système de “neuro-feedback” qui l’informe au moyen d’un signal sonore s’il a réussi à activer l’électrode ou non ».
Ujwal Chaudhary, co-auteur, précise que 
« le patient module son ‘taux de décharge’ (activation des neurones, ndlr) jusqu’à ce que le son qu’il entend l’informe qu’il l’a bien fait. […] Nous avons demandé au patient quelle était sa stratégie, en réponse à quoi il a épelé ‘MOUVEMENT DES YEUX’, ce qui peut être interprété comme le fait que le patient essayait de faire des mouvements oculaires pour moduler son taux de décharge, comme avant l’implantation ».
La journaliste relève qu’«
 à force de tâtonnement, le patient réussit à moduler le signal sonore correspondant à l’activation de ses électrodes au jour 86. Au jour 98, enfin, il parvient à moduler le taux de décharge neuronal pour atteindre les objectifs fixés par l’interface. Au jour 106, il réussit à sélectionner des lettres lorsqu’elles lui sont énoncées à l’oreille ».
« Au-delà d’un certain seuil et s’il était maintenu plus de 250 millisecondes, le signal de décharge neuronale capté par les électrodes est converti par l’interface en “OUI”, tandis que sous un certain seuil, c’est traduit comme un “NON”. Lorsque le patient réussit à excéder les 80% de réussite lors des exercices d’entraînement, les chercheurs lui permettent de former ses propres phrases. Au rythme moyen d’un caractère par minute, il s’exprime enfin »,
 continue Camille Gaubert.
Elle cite Ujwal Chandhary : «
 “De nombreux médecins et théoriciens de la conscience” supposent que la mémoire et la conscience sont “affectés” par la paralysie, mais l’étude démontre que c’est faux, continue le chercheur. Enfin, ils rapportent la possibilité d’une “qualité de vie positive” même dans cet état, d’autant que leur système fonctionnait au domicile du patient ».
Niels Birbaumer, autre co-auteur, souligne : «
 Notre principale réalisation c’est la démonstration que les patients atteints de LIS ne sont ni morts ni inconscients mais heureux et conscients comme vous et moi ».
Jonas Zimmermann ajoute que ce système de communication «
 profitera aux personnes les plus gravement paralysées, celles qui vivent avec un accident vasculaire cérébral du tronc cérébral, une sclérose latérale amyotrophique ou une lésion de la moelle épinière de haut niveau ».

 

« Quand le sommeil joue à cache-cache »

Date de publication : 29 mars 2022

Le Monde

Marie-Laure Théodule remarque dans Le Monde : « Nuits trop courtes, insomnies à répétition, somnolence diurne… Bien que très invalidants, ces troubles sont encore trop peu reconnus comme une maladie ».
Damien Léger, responsable du centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), souligne ainsi que 
« beaucoup de gens ignorent que l’insomnie est une maladie. Pourtant, c’est un véritable syndrome répertorié en tant que tel dans la classification internationale des troubles du sommeil ».
La journaliste note que le médecin «
 voit défiler de plus en plus d’hommes jeunes et sportifs, sans pathologie connue, mais qui souffrent de la « maladie insomnie » après un événement déclenchant, familial ou professionnel. […] Le syndrome est très invalidant, spécialement dans la vie professionnelle : manque de motivation et d’initiative, perte de concentration, troubles de l’humeur, augmentation de l’anxiété et du risque d’accidents et d’erreurs ».
Marie-Laure Théodule indique notamment qu’«
 en France, environ 20% de la population est atteinte de cette maladie. La prévalence est plus forte chez les femmes (25%) que chez les hommes (17%), et elle a tendance à croître avec l’âge. Ou avec le contexte. Ainsi, elle a augmenté en 2020 lors des confinements dus au Covid-19, avant de retomber à 20% en 2021 ».
La journaliste souligne que 
« le manque de sommeil a de graves conséquences sur le métabolisme. L’organisme ne secrète plus assez d’hormones nécessaires à son équilibre, comme la leptine (satiété) ou le cortisol (stress). Fatiguées, énervées, les personnes grignotent plus et bougent moins. Ce qui favorise de nombreuses maladies : surpoids, obésité, diabète de type II, hypertension, AVC, dépression et cancers hormono-dépendants ».
Elle précise :
 « Ce sommeil trop bref tient à deux causes principales : les horaires de travail (notamment de nuit), avec le temps de trajet, et les écrans, avec leur lumière bleue ».
Marie-Laure Théodule explique en outre que
 « pour la dette de sommeil, il existe des méthodes assez simples. Le patient doit d’abord prendre conscience de son syndrome, par exemple à l’aide d’une bague connectée qui mesure le temps de sommeil. Puis on lui propose des contre-mesures – séance de luminothérapie de 20 minutes le matin, sieste, exercice physique, extinction des écrans une heure avant le coucher – afin d’ancrer de nouvelles habitudes ».
« Pour l’insomnie installée, «le traitement par thérapie cognitivo-comportementale [TCC] est efficace auprès de 90% des personnes que nous recevons», constate Damien Léger. Les patients suivent des séances en groupe, 2 heures par semaine, pendant quelques mois, afin de trouver leurs horaires et temps de sommeil optimaux. Ils y apprennent des exercices de respiration et de relaxation », 
continue la journaliste.
Elle note toutefois que «
 l’accès aux TCC, non remboursées en cabinet privé, n’est pas toujours facile. Donc 10% des Français prennent des somnifères, au risque de devenir dépendants aux benzodiazépines, comme le zolpidem (Stilnox) ou le zopiclone (Imovane). Une nouvelle molécule pourrait changer la donne, le daridorexant (Quviviq) de la société suisse Idorsia ».
Le Pr Léger indique que 
« pendant la nuit, il inhibe un neurotransmetteur qui stimule l’éveil, l’orexine, sans provoquer de somnolence diurne ». Marie-Laure Théodule remarque ainsi que la molécule «sera bientôt disponible en France, car elle vient d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché au niveau européen ».

 

« Inceste et violences sexuelles : ces médecins soumis au secret professionnel qui ont refusé de se taire »

Date de publication : 31 mars 2022

Le Parisien

Bérangère Lepetit note dans Le Parisien que « la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs demande la suspension des poursuites disciplinaires contre les professionnels qui signalent des cas. Deux pédopsychiatres témoignent ».
La journaliste observe ainsi : 
« Elles ont osé parler. Pour dénoncer des faits inquiétants qui mettaient en cause la santé de leurs patients mineurs, des enfants parfois âgés de 6, 8 ou 9 ans, elles ont écrit un signalement à un juge des enfants ou au procureur de la République ».
Bérangère Lepetit explique que
 « dans le cas de Françoise Fericelli, 59 ans, pédopsychiatre en Haute-Savoie depuis plus de 30 ans, cela a débuté en 2016, lorsqu’elle a évoqué une suspicion de maltraitance physique, psychologique et sexuelle sur l’un de ses petits patients par son père. Il faisait partie d’une fratrie de trois enfants de 6, 5 et 3 ans ».
La médecin,
 « sous le coup d’un avertissement du Conseil de l’Ordre et de procédures multiples du père à son encontre », remarque : « Écrire un signalement, ça prend beaucoup de temps, ça ne rapporte rien et ça peut mettre en danger ».
Bérangère Lepetit indique que «
 depuis, l’un des trois enfants s’est suicidé. Françoise Fericelli rappelle que les médecins ne seraient aujourd’hui, d’après la Haute Autorité de santé, à l’origine que de moins de 5% des signalements de violences sur mineurs. Un chiffre terriblement bas vu le statut de « confident » du pédopsychiatre et le nombre d’enfants concernés ».
La journaliste note en outre qu’« 
à 50 ans, Eugénie Izard, pédopsychiatre à Toulouse depuis près de 20 ans, a, elle, subi une sanction plus lourde. Ce jeudi matin, […] elle se rendra au Conseil d’État à Paris [où] aura lieu son audience qui devra décider du maintien ou non de sa condamnation en février 2021 par le Conseil de l’Ordre des médecins à une interdiction d’exercer de 3 mois ».
La médecin, présidente du Réseau des professionnels pour la protection de l’enfance et l’adolescence (Reppea), indique :
 « J’ai voulu écrire au juge pour protéger un enfant de 8 ans qui m’avait confié subir des maltraitances de la part de son père qui était médecin. J’ai toujours respecté les lois, j’ai toujours tenu compte du code de la déontologie, j’ai agi de manière objective et en toute bonne foi ; et je n’ai pas hésité un instant à faire ce signalement. […] Je paye le prix de mon engagement à vouloir protéger les enfants contre les sévices ».
Bérangère Lepetit observe que 
« les deux pédopsychiatres qui dénoncent « l’autocensure » dont font preuve bon nombre de leurs confrères et consœurs avouent aussi avoir depuis modifié leur façon d’exercer leur métier »
La Dr Fericelli précise ainsi : 
« Quand j’ai des cas de maltraitance, j’envoie mes patients vers des psychologues qui, eux, n’étant pas médecins, ne risquent pas de condamnations », tandis que la Dr Izard souligne : « Il est urgent de s’inquiéter de ces renversements pervers de la loi qui vont à l’encontre de nos fondements humanistes, éthiques et de notre propre serment ».

 


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