« La carte complète du génome humain enfin dévoilée »
Date de publication : 1er avril 2022
Marc Cherki note en effet dans Le Figaro que « 6 articles publiés ce 31 mars dans la revue Science complètent – presque – le séquençage des 23 paires de chromosomes qui caractérisent l’espèce humaine. Car il y avait des « trous » à remplir et des erreurs à corriger. Il manquait 8% de la carte d’identité complète de l’ADN ».
« Il est maintenant possible d’affirmer que le génome complet comprend 3,1 milliards de paires de bases qui constituent un enchaînement de quatre lettres, A, T, C ou G, portés sur deux brins en forme de double hélice. Les scientifiques ont séquencé 225 millions de paires de bases supplémentaires qui n’avaient pas été identifiées ou bien localisées. Ces nouvelles régions permettent de supposer que 182 protéines présentes dans l’espèce humaine n’avaient pas encore été repérées », remarque le journaliste.
Marc Cherki précise notamment que « les chercheurs se sont intéressés en particulier aux morceaux de l’ADN qui se répètent. Ils se situent notamment au milieu de chaque chromosome, une région appelée « centromère », et à la fin, baptisée « télomère ». Ces parties ont des fonctions spécifiques ».
Il relève que « le programme a mobilisé plus de 100 personnes dans le monde. Il a été supervisé par Karen Miga, chercheuse à l’Institut de génomique de l’université de Californie, à Santa Cruz, et par Adam Phillippy de l’Institut national de la recherche sur le génome humain, à Bethesda, qui dépend des NIH (National Institute of Health) ».
Le journaliste note qu’« après ces publications, les chercheurs du monde entier disposent, en quelque sorte, d’une nouvelle « pierre de Rosette », selon l’expression d’Evan Eichler [chercheur à l’Institut médical Howard Hughes, à l’université de Washington], pour comparer le génome de chaque individu ».
« Car une autre originalité du travail a été de recenser le nombre de fois qu’une séquence était présente sur un chromosome. Cette quantification permet notamment de déterminer le risque pour un individu de développer une maladie et de comprendre pourquoi certaines personnes ou groupes ethniques pourraient développer, par exemple, une maladie cardiovasculaire, en cas d’erreur sur un gène codant pour une protéine qui transporte ou détruit les lipides », continue Marc Cherki.
Jean-François Deleuze, directeur du Centre national de recherche en génétique humaine du CEA et directeur scientifique du Centre d’études du polymorphisme humain, remarque pour sa part qu’« avec les méthodes actuelles de séquençage, seulement 50% des maladies génétiques sont comprises. Nous allons donc peut-être enfin mieux expliquer certaines maladies orphelines. […] Ce résultat est extrêmement important, car il permet, en outre, de comprendre des mécanismes clés de la biologie ».
Le Parisien note également que « 21 ans après un premier « brouillon » fondateur, des scientifiques dévoilent une séquence complète, l’achèvement de plus de 30 années de travail sur notre ADN… livrant ses derniers secrets ».
Le journal retient entre autres que « les nouvelles données renseignent aussi sur 622 gènes médicalement pertinents, en particulier certains liés aux maladies coronariennes, à la schizophrénie ou à l’autisme. Les recherches vont se poursuivre et ce nouveau génome de référence sera le jalon d’une longue série ».
« Guerre en Ukraine : les conseils de psys pour répondre aux angoisses des plus jeunes »
Date de publication : 4 avril 2022
Le Parisien observe qu’« il n’y a pas que les adultes qui se préoccupent du conflit en Ukraine. Les enfants aussi, surtout lorsqu’ils ressentent et absorbent l’anxiété de leurs parents et de leurs copains. Il ne s’agit donc pas de dissimuler la réalité mais de mettre des mots, d’expliquer et de rassurer ».
Aurélie Curnier, psychologue clinicienne spécialisée sur les troubles des enfants et adolescents dans l’Hérault, indique ainsi : « On constate actuellement des cauchemars chez les enfants qui sont déjà sujets à l’anxiété ».
Thierry Baudet, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, explique que « les parents doivent être disponibles pour rassurer les enfants. Il faut pouvoir répondre, proposer d’en parler sans pour autant expliquer des choses qu’ils ne veulent pas savoir ! Bref, il faut s’adapter ».
Le Parisien livre « quelques réponses sur-mesure dans lesquelles piocher », à commencer par : « Est-ce que la France va partir en guerre ? ».
Clémence Prompsy, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, indique que « votre réponse va dépendre de l’âge de l’enfant, de son degré de maturité et d’émotivité. Mais en dessous de 8 ans, il vaut mieux minimiser. Pour relativiser, il peut être utile, par exemple, de rappeler qu’il y a déjà de nombreux conflits dans le monde dans lesquels la France est ou a été récemment impliquée et qu’il n’en a même pas entendu parler ».
Le quotidien ajoute : « Essayez, dans la mesure du possible, d’ajouter une note positive ». Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre et psychiatre à Saint-Denis, précise : « Aux adultes, surtout, de faire référence à certaines guerres dont on s’est sortis, qui sont à présent bien finies. Mais à l’heure actuelle, la réponse est non, on ne va pas partir en guerre ! C’est ce que l’enfant attend. Si la situation évolue, il sera toujours temps de lui réexpliquer la situation ».
Le Parisien continue : « Le réchauffement climatique, le Covid, maintenant la guerre, est-ce que c’est la fin du monde ? Attention, terrain piégé ! Doit-on en profiter pour sensibiliser les plus jeunes à l’état de la planète ou mieux vaut-il remiser ses grands discours écolos à une période plus propice ? ».
Aurélie Callet, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, remarque que « les enfants ont vu ça dans des films à la télé ou au cinéma. Alors on dit : bien sûr que non ce n’est pas la fin du monde parce qu’on n’est pas au cinéma dans un film catastrophe ! Et puis, on peut aussi parler des dinosaures. Dans l’Histoire, c’est un exemple de fin du monde qui a donné lieu à une nouvelle vie. La fin du monde, c’est aussi le début d’un autre monde ».
« Prescrit-on trop de médicaments contre les troubles de l’attention ? »
Date de publication : 4 avril 2022
Anne Prigent remarque dans Le Figaro que « c’est une tendance qui se confirme d’année en année : de plus en plus d’enfants prennent des médicaments destinés à lutter contre l’hyperactivité et les troubles de l’attention ».
« Ils contiennent tous du méthylphénidate, un psychostimulant. Et leur consommation a plus que doublé en dix ans, selon une étude qui a analysé les données de l’assurance-maladie portant sur 144.509 patients de 0 à 17 ans, publiée en février dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence », explique la journaliste.
Elle note que « le nombre de boîtes délivrées est ainsi passé de 183.696 en 2010 à 453.598 en 2019. Cette même année, plus de 15.000 nouveaux enfants se sont vu prescrire du méthylphénidate. Ils étaient un peu plus de 10.000 en 2011 ».
Sébastien Ponnou, psychanalyste et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, co-auteur de l’étude, ajoute que « cette augmentation de la prescription se double d’une augmentation des durées de traitements. En 2011, la médiane était de 5 ans et demi. Depuis, nos données ne nous permettent pas de mesurer précisément l’évolution de cette durée jusqu’à 2019 mais le fait que le nombre total de prescriptions (la prévalence) a augmenté plus rapidement que le nombre de nouveaux patients (l’incidence) montre cette augmentation ».
Anne Prigent observe qu’« au total, 0,75% des enfants seraient sous méthylphénidate. Faut-il s’en inquiéter ? Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 3,5 à 5,6% des enfants scolarisés souffrent de TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité) en France ».
« Mais tous ne relèvent pas d’une prescription de médicament, qui, comme le rappelle la HAS, demeure un traitement de seconde intention, lorsqu’une prise en charge psychologique, éducative et sociale s’avère insuffisante », indique la journaliste.
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Henri-Laborit (Poitiers), déclare que « nous sommes encore loin de traiter tous les enfants souffrant de TDAH qui devraient l’être ».
Sébastien Ponnou remarque quant à lui : « Nous avons surtout constaté une prescription de méthylphénidate basée sur des déterminants sociaux et sur l’âge des enfants ».
Anne Prigent relève qu’« un enfant sur cinq sous méthylphénidate vit dans un foyer bénéficiant de la CMU ou d’un dispositif apparenté (alors que ces aides concernent 7,8% des Français). De la même manière, les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus souvent sous médicaments que ceux nés en janvier de la même année ».
Sébastien Ponnou indique : « On peut comprendre que cette quasi-année d’écart ait une influence qui n’a rien de pathologique sur l’attention de l’enfant ».
La journaliste continue : « Cette prescription chez des enfants qui ne souffrent sans doute pas de TDAH inquiète d’autant plus le chercheur que depuis septembre, les conditions de prescription du méthylphénidate se sont assouplies. La première ordonnance peut désormais être délivrée par un psychiatre, un neurologue ou un pédiatre installé en ville. Une décision prise à la demande des associations de parents pour limiter le retard de diagnostic et l’accès au médicament ».
Anne Prigent souligne « le paradoxe avec ce médicament : trop prescrit chez des enfants qui n’en ont pas besoin, il peut faire défaut à des enfants qui pourraient en bénéficier. La raison ? La difficulté de poser le diagnostic ».
« La médecine narrative, mieux écouter pour mieux soigner »
Date de publication : 5 avril 2022
Alice Le Dréau explique dans La Croix : « Utiliser les ressources offertes par l’écriture et le récit pour développer son empathie envers les patients, c’est le principe de la médecine narrative. Née aux États-Unis, cette approche, parfois jugée trop conceptuelle, fait son chemin en France ».
La journaliste relate un cours de médecine donné par le Pr Serge Perrot, chef de service au centre de la douleur de l’hôpital Cochin (Paris) : « Un cours un peu spécial, coanimé avec un écrivain, Mathieu Simonet, et qui propose de sensibiliser une dizaine d’étudiants de 3e année à la «médecine narrative» ».
Alice Le Dréau explique que « le concept, vu comme un complément de la «médecine fondée sur les faits» – rechercher les meilleures preuves disponibles pour résoudre un problème clinique –, est apparu au début des années 2000 aux États-Unis, avant de se diffuser en France, de manière encore assez confidentielle. L’idée : en s’appuyant sur les outils narratifs que sont le récit, la lecture et l’écriture, «apprendre à écouter le patient, pour mieux le soigner», résume Serge Perrot ».
La journaliste observe : « Écouter le malade pour établir un premier diagnostic : n’est-ce pas un réflexe de base pour tout médecin ? «C’est ce que nous faisons tous les jours», souligne un généraliste dubitatif. Pas si simple, réplique Serge Perrot, pour qui les entretiens médicaux sont souvent «très standardisés et techniques. On demande les antécédents, le parcours de santé, façon interrogatoire de police». Et de manière parfois expéditive ».
Alice Le Dréau remarque : « Comment muscler sa capacité d’écoute ? «Par la narration», répond Christian Delorenzo, docteur en «humanités médicales et philosophie» qui, à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), anime des formations à destination des soignants au côté d’un pédopsychiatre ».
La journaliste explique ainsi : « Lecture, écriture, puis partage des créations à voix haute… Organisées en trois temps, les séquences s’articulent autour d’œuvres toujours plus ou moins un lien avec le soin. Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, constitue l’un des supports pour parler du don d’organes ; Les Récits d’un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov sert à évoquer l’exercice de la médecine ; Oscar et la dame en rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt, le cancer pédiatrique ; Une mort très douce, de Simone de Beauvoir, la fin de vie… ».
Isabelle Galichon, « qui codirige […] un diplôme universitaire de médecine narrative à la faculté de médecine de Bordeaux », indique pour sa part que les textes « accrochent l’attention, bousculent les représentations et permettent de s’en approprier d’autres. […] On aurait tort de penser qu’en médecine il n’y a que des textes scientifiques, des études de cas cliniques, des comptes rendus de recherches qui peuvent apprendre quelque chose de la psychologie ou du ressenti du patient ».
Alice Le Dréau ajoute que « les ateliers d’écriture, dans lesquels les étudiants sont invités à composer sur leur propre expérience […] puis à partager leur texte, poussent chacun à développer ses propres capacités à raconter une histoire, à questionner le sens et la perception qu’il a de son métier et sa façon d’améliorer sa pratique ».
Serge Perrot souligne que « la médecine narrative aide à aiguiser le regard sur l’histoire du malade. Le parcours d’un patient, c’est un peu comme un polar. Au médecin de repérer des indices qui ont pu lui échapper ».
La journaliste poursuit : « Une plus grande empathie, une meilleure efficacité diagnostique, des capacités relationnelles renforcées, tels seraient les effets positifs de la médecine narrative, dont l’approche apparaît néanmoins trop conceptuelle aux yeux de certains professionnels. […] Une chose est sûre : entre la théorie et la pratique, il y a un pas à franchir. Et pas de recette miracle ».
« Les médecins font-ils preuve de suffisamment d’empathie ? »
Date de publication : 5 avril 2022
C’est ce la question que pose La Croix dans sa rubrique « débat ». Le journal souligne en effet : « Qualité primordiale de l’exercice de la médecine, l’empathie est de plus en plus menacée par le manque de temps et de moyens au sein de la profession ».
Le Pr Daniel Bontoux, membre de l’Académie de médecine, déclare que « l’empathie semble une qualité naturelle assez répandue chez les jeunes gens qui s’engagent dans les études de médecine. En revanche, on constate que celle-ci a tendance à s’atténuer à mesure que les études avancent, car le cursus devient de plus en plus technique et scientifique ».
« Pourtant, l’empathie est, suivant tous les avis et toutes les publications sur le sujet, un élément majeur et nécessaire pour une relation malade-médecin de qualité. Elle favorise à la fois le bien-être du médecin, le diagnostic et le suivi thérapeutique du patient. Seulement, l’exercice professionnel peut la mettre à rude épreuve », observe-t-il.
Le Pr Bontoux souligne que « le grand souci vécu par le corps médical, c’est le manque de temps. Une consultation de médecins généralistes est vue comme devant durer 15 minutes. Or, les tâches administratives sont toujours plus lourdes et reposent de plus en plus sur le médecin, ce qui réduit sa disponibilité et son écoute. Résultat, le temps manque pour les choses essentielles que sont l’interrogatoire et l’examen clinique ».
Lolita Mercadié, docteure en psychologie, enseignante à l’université de médecine de Brest, remarque quant à elle que « l’empathie et ce que l’on appelle les «compétences relationnelles» ont longtemps été mises de côté dans la formation des étudiants en médecine. À Brest, ces enseignements sont obligatoires depuis 2013, de la deuxième à la cinquième année ».
« Le plus délicat est de parvenir à une forme de flexibilité émotionnelle : le médecin doit pouvoir comprendre le ressenti de son patient, partager un instant son point de vue, mais sans se laisser submerger ni se mettre en danger », souligne-t-elle.
La Dr Mercadié ajoute que « l’empathie ne doit pas virer à la sympathie, au sens premier du terme, qui est l’incapacité à faire la part des choses entre ses propres émotions et celles de son patient. C’est fragilisant voire épuisant pour le médecin et paradoxalement, pas forcément sécurisant pour le patient. […] J’encourage souvent les médecins hospitaliers à aller au contact des aides-soignants, des infirmiers, qui sont moins dans le raisonnement clinique et davantage dans le relationnel ».
« L’évolution du cerveau retracée sur toute la vie »
Date de publication : 8 avril 2022
Pauline Fréour explique dans Le Figaro que « l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
La journaliste note ainsi qu’« il a fallu pas moins de 120.000 IRM et 2 millions d’heures d’ordinateur à l’équipe du Britannique Richard Bethlehem (Université de Cambridge), accompagné de nombreux autres chercheurs internationaux dont plusieurs Français, pour répondre à la question. Ce travail inédit, présenté mercredi dans Nature, permet de disposer pour la première fois de courbes de référence sur la croissance d’un cerveau en bonne santé, du fœtus de 15 semaines jusqu’aux 100 ans de l’adulte ».
Pauline Fréour précise : « Volume de la matière grise, de la substance blanche, volume ventriculaire, surface et épaisseur corticales… : ce travail colossal permet de disposer de référentiels sur l’évolution non pathologique des différents composants du cerveau, pour chacun des deux sexes ».
Elle relève notamment que « l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
« Il en ressort que le volume de matière grise (qui comprend les neurones) croît rapidement chez le fœtus dès la moitié de la grossesse, atteignant un pic chez l’enfant de 6 ans, avant de décroître doucement. Le volume de substance blanche (qui transmet les signaux des neurones) augmente aussi rapidement chez le fœtus, l’enfant, et parvient à son maximum juste avant que l’individu n’ait 29 ans ; le déclin s’accélère après 50 ans. Le volume de matière grise sous-corticale progresse jusqu’à 14 ans et demi », poursuit la journaliste.
Elle note que « ces courbes de croissance devraient être utilisées, dans un premier temps, à des fins de recherche car leur manipulation reste complexe. […] Mais les auteurs espèrent aussi que les versions ultérieures, intégrant encore davantage de données, pourront être utilisées pour établir des diagnostics médicaux ».
Richard Bethlehem indique ainsi que « ces courbes devraient permettre au neurologue de répondre à la question : “Cette zone est atypique, mais dans quelle mesure ?” ».
Pauline Fréour relève que « dans la maladie d’Alzheimer par exemple, la dégénérescence des neurones conduit à leur mort. Les personnes atteintes ont donc des risques de présenter une perte plus importante de tissu cérébral que d’autres individus du même âge en bonne santé ».
Richard Bethlehem précise qu’« on pourrait imaginer utiliser les courbes pour aider les médecins à identifier des signes de neurodégénérescence en comparant la vitesse à laquelle le volume du cerveau du patient a changé par rapport à ses pairs ».
« Consultations remboursées, le dispositif « MonPsy » sème la discorde »
Date de publication : 13 avril 2022
La Croix constate en effet que « plusieurs organisations de psychologues ont appelé au boycott du protocole « MonPsy », destiné à permettre le remboursement de huit consultations. Lancé le 5 avril, il n’a pour le moment attiré qu’un millier de candidatures parmi les professionnels ».
Le journal explique que « ce dispositif permet le remboursement de 8 consultations annuelles chez un psychologue libéral. Une semaine après [son lancement], pourtant, il n’a recueilli que 1300 candidatures de psychologues […], dont seules 372 conventionnés par l’assurance-maladie ».
« Et il est loin de faire l’unanimité parmi les psychologues. Plusieurs organisations, dont le Syndicat national des psychologues (SNP), ont ainsi appelé au boycott. […] Contraire, selon eux, à leur déontologie et à leur pratique sur le terrain », note La Croix.
Solenne Albert, psychologue clinicienne à Nantes, remarque que « 8 séances remboursées à l’année, ça ne correspond pas à notre travail. On ne peut dire à l’avance la durée qu’il faut pour sortir d’un deuil, retrouver goût à la vie, s’extraire de ses angoisses ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, évoque de son côté « un dispositif de première ligne, de dépistage et de prise en charge des difficultés psychologiques classées légères ».
Le quotidien s’interroge : « Mais à qui sera dévolue la charge de ce dépistage ? C’est là que le bât blesse : le protocole confie cette mission au médecin traitant. Si Frank Bellivier considère qu’«il s’agit là d’un parcours de soins normal qui ne fait qu’entériner un mode de coopération entre le médecin généraliste et le psychologue», Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du SNP, dénonce l’absence de légitimité des médecins ».
Il déclare que « seuls les psychologues ont une formation adéquate pour évaluer les troubles psychiques. Une petite dépression peut révéler en arrière-plan un effondrement plus inquiétant ».
La Croix évoque ainsi « un mépris général à l’égard de la profession, dont témoignerait également le tarif imposé pour les consultations, 40€ pour la première et 30€ pour les suivantes ».
Camille Mohoric Faedi, psychologue clinicienne, observe que « de telles conditions imposeront une pratique ubérisée, avec des patients à la chaîne toutes les 20 minutes. Ce n’est plus du soin, mais du low cost ».
Le journal observe que « pour les signataires de la tribune, la vraie solution pour répondre à la vague de souffrance psychique et à l’explosion de la demande en soins, amplifiée par le Covid, est de donner davantage de moyens aux établissements publics de soins, comme les Centres médico-psychologiques (CMP), où les listes d’attente peuvent durer jusqu’à 2 ans. Certains évoquent également le modèle italien, où le gouvernement vient d’octroyer une aide financière de 600€ pour financer des séances chez un psychologue ».
« La guerre en Ukraine a aussi des conséquences sur la santé psychologique des salariés »
Date de publication : 14 avril 2022
Le Parisien remarque que « selon une étude réalisée par les Chambres de commerce et d’industrie en régions, citée dans un article des Échos, 90% des PME françaises s’inquiètent des retombées de la guerre en Ukraine sur leur activité ».
Le journal souligne ainsi que « si cette crise pèse sur le moral des chefs d’entreprise, elle n’épargne pas non plus celui des employés si l’on en croit l’ICAS. Cette organisation mondiale de prévention des risques psychosociaux propose aux entreprises des lignes d’écoute psychologique et juridique à destination des salariés : elle constate un regain d’appels depuis le début du conflit, le 24 février ».
Mathieu Wilkens, responsable des services ICAS Europe de l’Ouest, explique que « 9% des personnes qui contactent nos intervenants en France le font pour évoquer la guerre en Ukraine. […] Ce peut être parce qu’ils sont concernés directement par ce sujet, avec des proches vivant en Ukraine ou en Russie. Ou parce que cela génère chez eux une anxiété générale avec des interrogations plus larges : Est-ce que le conflit pourrait arriver chez nous ? ou, ai-je le droit d’aller bien alors que des personnes meurent pas loin de notre pays ? ».
Isabelle Tarty, vice-présidente de la FIRPS (Fédération des intervenants en risques psychosociaux), indique également que « les salariés ne vont pas bien. Cela se traduit par des troubles du sommeil, des irritabilités, une hausse des incivilités ».
Le quotidien observe que « même si le salarié n’a aucun lien avec le conflit, ce contexte anxiogène peut «réactiver d’anciens traumatismes ou des situations d’angoisse», sans compter «le sentiment d’impuissance ou d’incertitude» qu’il génère ».
« Le microbiote parle au cerveau… et vice-versa »
Date de publication : 15 avril 2022
Hervé Ratel remarque dans Sciences et Avenir : « Ça ne fait désormais plus de doute. Non seulement les 100.000 milliards de bactéries que compte notre microbiote intestinal font partie intégrante de notre organisme et contribuent pleinement à sa régulation mais les scientifiques s’aperçoivent aujourd’hui qu’il dialogue directement avec nos neurones ! ».
Le journaliste cite le chercheur Gérard Eberl, de l’institut Pasteur/Inserm (Paris), qui « vient de participer à une étude parue dans le magazine Science […] menée sur les souris. Axe d’investigation principal : NOD2, présent à l’intérieur des cellules, notamment les cellules immunitaires. NOD2 est un récepteur capable de détecter la présence de muropeptides, des petites molécules échappées de la paroi bactérienne ».
Le chercheur indique en effet que « toute bactérie qui prolifère ou qui meurt relargue des morceaux de sa coque ».
Hervé Ratel observe que « NOD2 s’avère n’être pas seulement présent dans les cellules immunitaires. A l’aide de techniques d’imagerie cérébrale, l’équipe de scientifiques a constaté que ce récepteur était également exprimé par les neurones de différentes régions du cerveau, et notamment l’hypothalamus, la zone cérébrale qui gère des fonctions essentielles comme la faim, la soif, la reproduction ou la température de l’organisme ».
Le journaliste relève ainsi que « lorsque des muropeptides issus des bactéries intestinales rentrent en contact avec des récepteurs NOD2 des neurones, ceux-ci s’éteignent, leur activité électrique étant alors réprimée et de fait régulée. Mais, si NOD2 est défaillant, les neurones ne peuvent plus être contrôlés par les muropeptides intestinaux ».
« Les conséquences pour l’organisme peuvent alors conduire à une perte de contrôle par le cerveau de la prise alimentaire et de la température corporelle. Des mutations de NOD2 chez l’être humain sont également associées à plusieurs désordres cérébraux, comme la bipolarité ou la maladie de Parkinson », continue Hervé Ratel.
Il s’interroge : « Les défaillances de NOD2 peuvent-elles être causées par le microbiote ? ». Gérard Eberl répond que « c’est en quelque sorte une causalité circulaire, comme l’œuf et la poule… Il peut y avoir un déséquilibre qui s’installe, du fait de l’alimentation par exemple. Une dérégulation épigénétique qui pourrait être accentuée par les bactéries du microbiote. Au fil du temps, ce déséquilibre serait de pire en pire ».
Hervé Ratel relève que « des études précédentes menées sur la souris avaient déjà suggéré que certains états psychologiques, par exemple un stress chronique, pouvaient influencer nos bactéries intestinales qui, ensuite, influençaient le cerveau. […] D’autre part, on sait que ce lien fonctionne dans l’autre sens : l’obésité cause une inflammation chronique qui, au bout de quelques années, aura une influence néfaste sur le cerveau et l’humeur ».
Le journaliste note ainsi que « la recherche sur ce lien direct entre microbiote et cerveau n’en est qu’à ses débuts ».