« Une étude révèle une baisse des suicides en France pendant les confinements de 2020 »
Date de publication : 6 septembre 2022
Le Monde fait savoir que « la crise liée au Covid-19 a eu des «effets contrastés» sur la population française, estime l’Observatoire national du suicide (ONS) dans un rapport […] évoquant une baisse générale des suicides lors des confinements de 2020 et une évolution différenciée des gestes suicidaires en fonction des populations ».
Le journal retient que « la pandémie n’a pas entraîné «une hausse immédiate des conduites suicidaires», explique l’observatoire de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). […] Les gestes suicidaires ont même «diminué au début de la pandémie malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil» ».
Le Monde indique que « les décès par suicide dans la population générale ont ainsi baissé de 20% et 8% durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes, et les hospitalisations en court séjour pour lésions auto-infligées de 10% sur 2020 par rapport à la période 2017-2019 ».
Le quotidien ajoute que « ces chiffres […] correspondent aux données «recueillies dans d’autres pays de niveau économique similaire», et suggèrent que les confinements «ont pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire» grâce au «sentiment de partage d’une épreuve collective» ou encore en raison de la «surveillance accrue par les proches» ».
Le Monde précise cependant que « cette baisse ne s’est pas poursuivie hors confinement, car «le nombre global de décès par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès» entre le début de janvier 2020 et la fin de mars 2021 «ne paraissent pas avoir été affectés par la pandémie» ».
Le Parisien relève également que « les décès par suicide dans la population générale ont diminué […] durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. Mais la pandémie a eu des «effets contrastés». Les hospitalisations pour lésions auto-infligées ont nettement augmenté pour les adolescentes et jeunes femmes ».
Le journal explique que selon l’ONS, « ces dernières ont été affectées «par le premier confinement, avec une hausse des syndromes dépressifs, qui n’ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la pandémie une fois passées ses phases les plus aiguës», […] évoquant le «rôle d’accentuation» des vulnérabilités psychologiques préexistantes joué par le Covid-19 chez les jeunes issues de milieux socio-économiques défavorisés ».
« La DREES appelle toutefois à une interprétation prudente de ces chiffres en raison de possibles «effets rebonds» et de la «tendance générale à la baisse des conduites suicidaires, observable depuis les années 1980» », conclut Le Parisien.
La Croix titre pour sa part : « Pendant la crise sanitaire, des tentatives de suicide en forte hausse chez les jeunes femmes ». Le journal observe que « pour tous les niveaux de vie, les femmes sont particulièrement vulnérables entre 15 et 19 ans, mais plus particulièrement pour celles appartenant aux 25% des ménages les plus modestes ».
« Covid, burn-out… Dans les entreprises, les arrêts maladie repartent à la hausse »
Date de publication : 8 septembre 2022
Catherine Gasté constate en effet dans Le Parisien que « dans les entreprises, la tendance est plutôt au mal-être, si l’on en croit les résultats sur 7 ans du baromètre annuel « Absentéisme » réalisé par l’organisme de protection sociale complémentaire Malakoff Humanis ».
La journaliste indique qu’« après une baisse significative durant la période du Covid (36% en 2020 et 38% en 2021), la proportion de salariés absents au moins une fois dans l’année pour maladie est repassée au-dessus de la barre des 40% en 2022 : à 42% contre 34% en 2012… ».
Anne-Sophie Godon-Rensonnet, en charge du baromètre, observe ainsi qu’en 2020 et 2021 « il y a eu beaucoup de salariés en chômage partiel donc pas ou peu d’arrêts maladie. On sait aussi que le télétravail a été un «protecteur» des arrêts de courte durée. Enfin, les arrêts un peu plus longs sont souvent liés à des opérations qui ont été mises en stand-by ».
Catherine Gasté relève que « si, entre mi-2021 mi-2022, le Covid représente le premier motif d’absence avec 22% des arrêts maladie, les motifs psychologiques deviennent la deuxième cause des arrêts (20%) et devancent les troubles musculosquelettiques (16%) ».
« Ce bond des arrêts pour risques psychosociaux et burn-out peut en partie s’expliquer par «une période marquée, au-delà de la crise sanitaire, par de grands bouleversements qui affectent le monde de l’entreprise et le travail lui-même», souligne Malakoff Humanis. Ils constituent par ailleurs le principal motif des arrêts longs : 28% contre 14% en 2016 », continue la journaliste.
Elle évoque en outre « de fortes disparités. Une «surreprésentation des jeunes (18-34 ans) constante», selon l’étude, depuis 2016. Près d’un sur deux (46%) a déposé au moins un arrêt maladie en 2022, et la moitié d’entre eux ont eu des arrêts multiples ».
Catherine Gasté en précise « les principaux motifs : là encore, Covid et troubles psychologiques en forte hausse. D’ailleurs, 26% des jeunes jugent leur santé mauvaise ou moyenne, dont un tiers sur le plan mental. Un jeune sur deux se dit stressé souvent ou très souvent au travail. […] Les plus de 50 ans en revanche sont les moins nombreux à avoir des arrêts maladie, une «sous-représentation constante» (34% en 2022) ».
La journaliste ajoute que « les femmes s’arrêtent plus que les hommes : 48% contre 37% des hommes en 2022 ». Anne-Sophie Godon-Rensonnet évoque des « conditions de travail et d’emplois souvent plus précaires. Il y a des secteurs d’activité entiers où ce sont plutôt les femmes qui ont les postes avec des conditions de travail pénibles, moins bien rémunérés ».
Catherine Gasté note enfin que « devenir manager ne fait plus rêver », relevant que « le taux de fatigue explose chez les managers, quel que soit leur sexe : 59% disent avoir ce sentiment. D’ailleurs, 4 sur 10 ont au moins été arrêtés une fois dans l’année et 22% pour des troubles psychologiques ».
« Pandémie et capacités physiques et cognitives, retour sur le cas des enfants »
Date de publication : 21 septembre 2022
Pascale Santi constate dans Le Monde que « les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont eu des répercussions sur l’activité physique et le niveau de sédentarité des Français, enfants et adolescents au premier chef ».
La journaliste rappelle que « bouger est un facteur de protection de nombreuses maladies chroniques et ses bienfaits sont prouvés sur la santé physique, mentale et sociale des jeunes, sans parler de l’amélioration de certaines performances cognitives et des apprentissages scolaires. »
Elle note ainsi que « l’agence sanitaire Santé publique France (SPF) a lancé, début septembre, la campagne «Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager, c’est important» ».
Pascale Santi observe que « les experts alertent depuis plus de 10 ans […] sur une situation préoccupante. Selon plusieurs études, 8 ados sur 10 n’atteignent pas le niveau d’activité physique recommandé. Parallèlement, le temps de sédentarité ne cesse de croître, en raison de l’explosion des temps d’écran. Un cocktail délétère, aggravé par la pandémie ».
La journaliste revient sur les « résultats […] d’une étude dont [Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand] a été coordinatrice, menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et de CE2 ».
Pascale Santi retient que selon ce travail paru en octobre 2021 dans International Journal Environmental and Public Health, « les capacités physiques ont significativement baissé, confirmant les premières données : la capacité d’endurance (VO2 max) a chuté de 25% en un an, les capacités motrices (sauter, courir, passer d’un pied à l’autre…) d’environ 20%. La diminution des capacités cognitives est de 25% dans la publication, et non plus de 40% comme annoncé » lors de résultats préliminaires en juin 2021.
« Par ailleurs, si, dans les données préliminaires, l’IMC avait grimpé de 2 à 3 points en moyenne, l’augmentation n’est que de 1 point dans l’étude publiée », ajoute-t-elle.
La journaliste note cependant que « selon plusieurs chercheurs, des aspects de cette publication interrogent ».
L’un d’eux observe : « Comparativement aux résultats de l’étude préliminaire réalisée avec 90 enfants testés à deux périodes différentes, laissant supposer un suivi longitudinal, dans l’étude publiée, les tests ont été réalisés dans deux classes différentes, donc avec des enfants différents. Il est donc difficile d’interpréter et de comparer les résultats en raison d’un manque d’informations sur les conditions de l’étude ».
Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives Marc-Jeannerod (Inserm, CNRS), remarque pour sa part : « Certes, les résultats sur la cognition sont moins alarmants, mais ils restent élevés, et ils vont dans le même sens que d’autres travaux sur ce sujet. La baisse des compétences cognitives, du temps de sommeil, de lecture… est observée depuis plusieurs années ».
Pascale Duché, directrice du laboratoire Impact de l’activité physique sur la santé de l’université de Toulon, note quant à elle que « la question est de savoir si la reprise des activités scolaires, physiques et sportives va permettre de retrouver les niveaux d’avant le Covid, qui étaient déjà très bas ».
« Un Français récompensé pour avoir trouvé la cause de la narcolepsie et son traitement principal »
Date de publication : 23 septembre 2022
C’est ce que titre Le Parisien, qui observe : « C’est une maladie «bizarre», «incroyable», mais aussi «dévastatrice», dont les patients atteints «souffrent terriblement». Le Français Emmanuel Mignot, 63 ans, a consacré sa carrière à l’étude de la narcolepsie, jusqu’à en trouver la cause et permettre ainsi d’éclairer un peu l’un des grands mystères de la biologie : le sommeil ».
Le journal fait savoir que « sa découverte lui vaut d’être aujourd’hui récompensé par un grand prix américain, le Breakthrough Prize, aux côtés du Japonais Masashi Yanagisawa, arrivé à des conclusions similaires au même moment ».
« Grâce à ces recherches, des médicaments qui promettent de révolutionner le traitement de la narcolepsie et d’autres troubles du sommeil sont aujourd’hui en cours de développement », note le quotidien.
Le Parisien explique qu’« il y a 30 ans, jeune diplômé de médecine et de sciences, Emmanuel Mignot décide de se rendre aux États-Unis durant son service militaire, afin d’étudier le fonctionnement d’un médicament alors utilisé contre la narcolepsie. […] Il enseigne à présent à l’université Stanford, en Californie, où des narcoleptiques du monde entier viennent le consulter ».
« Finalement, en 1999, la trouvaille : un récepteur situé sur des cellules du cerveau des chiens narcoleptiques est anormal. Ce récepteur est comme une serrure, qui ne réagit qu’en présence de la bonne clé : une molécule, découverte en même temps par le Japonais Masashi Yanagisawa, qui la baptise orexine (aussi parfois appelée hypocrétine). Il s’agit d’un neurotransmetteur, produit dans l’hypothalamus, à la base du cerveau, par une toute petite population de neurones », précise le quotidien.
Le journal note qu’« Emmanuel Mignot réalise les premiers tests chez les humains. Et les résultats sont époustouflants : les niveaux d’orexine dans le cerveau des patients narcoleptiques sont à zéro. La voie d’action de la maladie est donc similaire : chez les chiens, la serrure est cassée, mais chez l’humain, c’est la clé qui manque. Ce qui explique également pourquoi la maladie peut être héréditaire chez les chiens, et non chez les humains ».
« En donnant un médicament mimant l’orexine dans le cadre d’essais, les résultats sont «vraiment miraculeux», raconte le chercheur français. Les patients ont alors «des yeux différents», ils sont «juste réveillés, calmes», une vraie «transformation.» Le défi reste aujourd’hui de développer la formulation délivrant la bonne dose, au bon moment », ajoute Le Parisien.
Le journal relève enfin que « toutes les questions ne sont pas pour autant résolues. Emmanuel Mignot essaie aujourd’hui de prouver que la narcolepsie est déclenchée par le virus de la grippe. Selon lui, le système immunitaire, chargé de nous défendre contre les infections, peut se mettre à confondre les neurones produisant l’orexine avec certains virus de la grippe, et finir par les attaquer. Or une fois morts, ces neurones ne peuvent pas se renouveler, et les patients ne pourront plus produire d’orexine de leur vie ».
« Quand la réalité virtuelle aide à combattre la douleur »
Date de publication : 26 septembre 2022
Delphine Chayet note en effet dans Le Figaro que « comme l’hypnose, la réalité virtuelle peut être utilisée au bloc opératoire en complément d’une anesthésie locale. Casque couvrant les yeux et les oreilles, le patient est transporté dans un paysage bucolique en trois dimensions, son attention retenue par une voix relaxante pendant que le médecin opère ».
La journaliste relève qu’« un des bienfaits de cette technologie, qui a en France une place encore modeste à l’hôpital, vient d’être remis en évidence par une étude publiée dans Plos One : elle permet de réduire les doses de sédatifs administrés pendant l’intervention quand le patient manifeste des signes de douleur ou d’anxiété ».
Delphine Chayet explique que « des scientifiques de l’université du Colorado Hospital (États-Unis) ont comparé les parcours d’une trentaine d’adultes opérés pour une chirurgie bénigne de la main, avec ou sans programme de réalité virtuelle ».
« Alors qu’ils ont reçu moins de médicaments destinés à les faire somnoler, les patients ayant bénéficié du programme immersif affichent des taux de satisfaction postopératoires identiques aux individus pris en charge de façon habituelle. Ils ont passé moins de temps en salle de réveil. Les chercheurs américains rappellent qu’une sédation excessive peut être à l’origine de complications respiratoires », continue la journaliste.
Antoine Bioy, professeur de psychologie à l’université Paris 8 et praticien au CHU de Bordeaux, observe que « l’approche, destinée au grand public pour des gestes médicaux simples, est intéressante dans la mesure où tous les services hospitaliers n’ont pas d’hypnothérapeutes ou de sophrologues formés ».
Delphine Chayet précise que « la technologie permet de réunir plusieurs méthodes de relaxation. L’immersion dans un décor naturel – jardin, forêt, plage… – s’accompagne d’exercices de respiration, de bruits apaisants et d’une voix enregistrée qui guide le patient dans l’expérience, attirant son attention sur le mouvement des feuilles ou des vagues ».
La journaliste relève qu’« à l’hôpital Saint-Joseph [à Paris], où le casque est testé depuis 6 mois pour les coloscopies, le Dr Marie-Charlotte Desmaizières [médecin anesthésiste] constate son effet positif ».
La praticienne indique : « Il nous est arrivé d’observer des signes objectifs de douleur, par exemple une tachycardie, sans que le patient exprime une quelconque gêne. Globalement, nous parvenons à diminuer, voire à supprimer la sédation et à réduire la durée de surveillance post-interventionnelle ».
Yacine Hadjiat, spécialiste de la douleur à l’Inserm et expert en santé digitale, explique que « via la distraction active et l’hypnothérapie, on stimule notamment les systèmes inhibiteurs et endogènes de contrôle de la douleur, de type endorphines. La douleur est une expérience subjective, physique et émotionnelle, influencée par de multiples facteurs, d’où la nécessité d’interventions dites multimodales ».
Delphine Chayet relève toutefois que « malgré un intérêt grandissant, la réalité virtuelle reste une pratique émergente ».
La Dr Fanny Lévy, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière et présidente de la société MyReVe, remarque ainsi : « La recherche et la technologie ont fait de grands progrès, mais le déploiement est limité par le coût des casques et le manque de formation des professionnels de santé. Elle pourrait pourtant être proposée à un très grand nombre de patients – à condition que les programmes soient conçus par des médecins ».
« De « faux » cerveaux pour mieux comprendre le vieillissement précoce »
Date de publication : 28 septembre 2022
Audrey Dufour explique dans La Croix qu’« une équipe de l’Institut Pasteur a développé des organoïdes cérébraux, des structures vivantes qui reproduisent un stade très précoce et incomplet du cerveau. Ces organoïdes doivent servir pour mieux comprendre et soigner les atteintes neurodégénératives de maladies rares ».
La journaliste indique ainsi que « le laboratoire de Miria Ricchetti à l’Institut Pasteur, à Paris, travaille sur les maladies génétiques progéroïdes. Rares, ces troubles provoquent un vieillissement accéléré chez les enfants et une très courte espérance de vie, comme la progéria. Chaque boule blanche dans la boîte est en réalité un organoïde cérébral, sorte de «bébé cerveau» ».
Elle précise que « ces organoïdes ne sont pas des cerveaux complets et ne peuvent pas le devenir. Au bout de 2 ou 3 mois, ils cessent leur développement, faute d’une vascularisation. Pour qu’ils se développent, il faudrait les implanter dans un animal, ce qui aboutirait à une chimère, technique autorisée par la dernière loi de bioéthique ».
Audrey Dufour note que « ces cellules sont tout de même bien vivantes, et on enregistre même une activité électrique, presque comme on le ferait pour de «vrais» cerveaux ».
Miria Ricchetti remarque ainsi : « C’est assez spectaculaire, et je crois qu’on ne saisit pas encore toutes les implications de ces organoïdes ».
La journaliste explique que « l’équipe part des cellules de la peau des enfants malades, qu’on a prélevées pour confirmer le diagnostic. Ces cellules sont traitées pour devenir des cellules souches pluripotentes induites (les CSPi). Celles-ci sont alors mises en culture pour donner des neurones. Là, diverses techniques permettent de créer non plus une simple couche de cellules, mais un véritable «organoïde» en trois dimensions ».
« Ces organoïdes issus de patients malades sont ensuite comparés à d’autres organoïdes issus de personnes saines, pour mieux comprendre les mécanismes neurodégénératifs des maladies du vieillissement accéléré. Les structures millimétriques dans les boîtes servent également à tester d’éventuels traitements », continue Audrey Dufour.
Elle ajoute : « Avec, à terme, une application à d’autres maladies plus répandues ? ». Miria Ricchetti précise cependant que « ces organoïdes présentent plus de limitations pour Alzheimer et Parkinson ».
« « Le sevrage est plus complexe qu’il y a 30 ans » : au coeur d’un service d’addictologie aux côtés de jeunes patients »
Date de publication : 29 septembre 2022
Le Parisien publie un reportage au sein de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, où « les soignants voient de plus en plus de jeunes gravement dépendants. Nous avons pu pénétrer dans ce service où on les aide à sortir de cet enfer ».
Elsa Mari évoque ainsi « des visages d’enfants, cœur meurtri et cerveau abîmé, [qui] puisent tout au fond d’eux la force d’affronter leur addiction. Et il en faut pour quitter, ce qu’ils appellent « la prison » de la drogue, ce diable grimé en ange, qui vous ouvre grands les bras pour mieux les refermer, comme un piège tendu. Le confinement a creusé le lit de leur dépression et sa levée les a propulsés dans des soirées, où l’on revivait à l’excès ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie, souligne : « On observe une explosion des dépendances chez les jeunes. D’anciens produits reviennent en force et de nouveaux de synthèse, arrivent, tous les jours. Les trafiquants ont toujours un train d’avance sur nous ».
Elsa Mari évoque le cannabis : « Avec 5 millions de fumeurs dans l’année, le marché français est toujours l’un des plus importants d’Europe. Derrière, et de loin, avec 600.000 usagers, la cocaïne est 4 fois plus expérimentée qu’il y a 20 ans, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Elle aborde l’alcool : « Si la consommation bat en retraite, le binge-drinking, les «beuveries express», qui sont banalisées chez les jeunes, multiplie par 3 les risques de dépendance. Certains, à 30 ans, ont déjà le foie d’un autre. Aucune blouse blanche ne voyait de greffés de moins de 50 ans, il y a 15 ans. […] Même désolation pour le gaz hilarant, qui, pour quelques marrades répétées, vaut aux jeunes une atteinte du cerveau ».
La journaliste précise : « Que ce soit en consultation, en hospitalisation de jour ou à temps complet, personne n’arrive ici sous la contrainte. Cela fait bien longtemps que les soignants ont compris que la méthode dure était infructueuse. Mais un contrat moral les lie : pas de contact avec l’extérieur durant les 3 premiers jours de sevrage, les plus durs ».
« Au fil des ans, la tâche des soignants s’est durcie : patients plus jeunes, polyaddictions… », poursuit-elle. Éric Saunier, psychiatre, indique ainsi que « le sevrage est bien plus complexe qu’il y a 30 ans ».
« Alors, la dépendance se combat sur tous les fronts, à coups de substituts, de thérapies comportementales, d’ateliers », relève Elsa Mari.