« Le CBD est-il si inoffensif que cela ? »

Date de publication : 7 novembre 2022

Le Parisien

« En quelques années, le cannabidiol, sous-produit de la fleur de cannabis consommable en toute légalité, compte tenu de sa faible teneur en THC, la molécule psychotrope, s’est invité jusque dans nos assiettes, grâce à une réglementation floue. Paré de toutes les vertus, relaxant, déstressant, apaisant selon ses adeptes, il soulagerait aussi bien les maux de dos que de tête, les nuits agitées », indique Aline Gérard dans Le Parisien.
« 
C’est un produit autour duquel la science tâtonne encore. Son effet anxiolytique lui-même est sujet à caution : est-il dû à l’effet placebo, à la présence de THC, aux deux combinés ? On l’ignore », explique Nicolas Authier, chef des services de pharmacologie médicale et de médecine de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
« 
Ni classé drogue ni substance vénéneuse, [le CBD] ne doit pas en France avoir plus de 0, 3 % de THC », note la journaliste. « Mais cela ne signifie pas qu’il est totalement inoffensif. Le CBD a beau n’être pas classé réglementairement comme psychotrope, il a des effets psychoactifs », décrypte le spécialiste de la douleur.
« 
C’est par ce biais qu’on en observe les bénéfices chez des patients : ils se disent moins anxieux, dorment mieux », poursuit-il. La journaliste rappelle ses « effets sur l’activité cérébrale. Le plus connu est un effet sédatif ». Alors, « mieux vaut ne pas en consommer deux à trois heures avant de prendre le volant », prévient le médecin. « Réflexes ralentis, somnolence, votre conduite pourrait en pâtir », insiste la journaliste.
Concernant le dosage, « 
il faut raisonner en milligrammes. C’est uniquement comme cela qu’on peut savoir où on en est dans sa consommation », explique le psychiatre. « Ce sont les huiles à prendre sous forme orale qui sont les plus adaptées », précise-t-il. « Même s’il n’y a pas de risque de surdosage, l’idéal est de s’en tenir à 50 mg par jour », fait savoir Le Parisien.
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À faible dose et ponctuellement, comme lors d’un événement stressant, il y a peu voire aucun risque, à condition que le produit soit de bonne qualité et que vous soyez en bonne santé », résume le praticien « En revanche, à partir de 150 à 250 mg/ jour, il préconise de se faire accompagner par un médecin ou pharmacien, ne serait-ce que pour éviter certains mélanges déconseillés avec des médicaments (Ibuprofène, antidépresseurs) ou pour éviter des troubles gastro intestinaux », complète la journaliste.
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En aucun cas le cannabidiol peut être considéré comme un médicament : ce n’est ni un antidépresseur, ni un antalgique (antidouleur) », insiste Nicolas Authier. « Prétendre qu’il permet de réduire le diabète, la survenue de maladies cardiovasculaires ou les maladies de peau, c’est de l’escroquerie », assène le médecin.
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Le seul usage à visée thérapeutique du CBD validé scientifiquement, à ce jour, concerne certaines formes d’épilepsie » : « L’Epidyolex est le seul médicament enrichi en cannabidiol autorisé en France », rappelle-t-il.
« 
Évitez de le fumer », recommande enfin la journaliste. « À moins de vaporiser auparavant les fleurs en les broyant à l’aide d’un appareil spécial, fumer un joint riche en CBD est tout aussi toxique que fumer une cigarette. Problèmes respiratoires, cardiovasculaires, cancer : les risques sont les mêmes », alerte le médecin. « Il conseille en parallèle aux ados de faire attention aux Puff, ces mini-cigarettes électroniques jetables à la mode, enrichies en CBD », souligne Le Parisien.

 

« La psychiatrie s’effrite en silence »

Date de publication : 8 novembre 2022

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération que « dans le monde des hôpitaux psychiatriques, on le sait, on l’écrit même souvent, cela se délite d’un peu partout, mais voilà «tout le monde s’en fout». Parfois, cela peut déborder ».
Le journaliste observe que «
 la semaine dernière, cette syndicaliste, psychiatre, ne savait plus comment contenir son amertume. Dans un mail, elle a lâché : «Je suis en colère. 400 millions plus 150 millions sont accordés à la pédiatrie et aux soins critiques. Et la psychiatrie, tout le monde s’en fout.» Faisant référence aux mesures du gouvernement pour aider les urgences pédiatriques, la voilà presque aigrie, injuste même ».
La psychiatre ajoute : 
« Ça fait des années que la psychiatrie subit un Ondam [Objectif national de dépenses d’assurance maladie, ndlr] bien en deçà des autres spécialités. Régulièrement la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté vient dire les mauvaises conditions d’accueil et de soins des patients en psychiatrie. Mauvaises est bien en deçà de la réalité. Indignes, en dessous de tout. Inacceptables. Certes tout ne se résout pas par l’argent mais quand même ! Comment on peut soigner en psychiatrie sans moyens humains ? Ça dit bien la non-place dans la société des malades mentaux ».
Eric Favereau remarque que 
« cette psychiatre a néanmoins raison dans sa véhémence, car le monde de la psychiatrie publique n’est plus à la dérive, il est dans un trou noir, on y résiste comme on peut, sans souffle. Rien ne se passe, un univers à l’abandon. Il y a beau avoir un délégué ministériel chargé du dossier, mais qui s’en soucie ? ».
« Les fous sont absents de la sphère publique ; ils ne font pas l’actualité, sauf quand ils fuguent quelques heures (on dit alors qu’ils s’évadent !) ou quand ils sont violents (ce qui est, en pourcentage, beaucoup moins fréquent que chez les personnes dites «normales»). Qui se souvient qu’au printemps 2022, voilà à peine six mois, des centaines de soignants lançaient un appel à Elisabeth Borne, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ? »,
 continue le journaliste.
Il ajoute : «
 Depuis ? Rien. Si ce n’est, à intervalles réguliers, comme un symptôme de la situation, des rapports de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté qui viennent nous rappeler les dérives inédites de certains établissements psychiatriques. Le dernier en date, rendu public la semaine dernière, fait suite à la visite de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Vendée – le Centre hospitalier Georges-Mazurelle de La Roche-sur-Yon – effectuée par six contrôleurs du 27 juin au 6 juillet 2022. Bilan sévère, donnant lieu «au constat d’un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» ».
Eric Favereau conclut : «
 Ainsi va la vie de tous les jours, loin des règles élémentaires de droit, chez les malades que l’on hospitalise à La Roche-sur-Yon. Un rapport qui comme les autres est passé largement inaperçu ».

 

« Des ultrasons pour mieux observer le cerveau des bébés »

Date de publication : 8 novembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet relève en effet dans Le Figaro : « Être en mesure d’observer le fonctionnement du cerveau des nouveau-nés pour y détecter d’éventuelles anomalies, et cela sans danger ni gêne : voilà de quoi révolutionner la détection et la prise en charge précoces de divers troubles neurologiques ».
Mickaël Tanter, physicien et directeur de recherche à l’Inserm, indique que 
« jusqu’à présent, seule l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettait d’observer l’activité du cerveau avec une bonne résolution, mais cette technique n’est pas utilisable en routine chez des enfants. Elle est très bruyante et le bébé ne doit pas bouger ».
La journaliste explique que 
« c’est donc une autre piste que creuse l’entreprise Iconeus, qu’il a cocréée, logée dans un bâtiment de l’hôpital Cochin (Paris) et dont le laboratoire de recherche développe un appareil à ultrasons cent fois plus sensible qu’un échographe standard. La machine permet d’observer en temps réel le flux sanguin du cerveau, qui traduit l’activité neuronale ».
Mickaël Tanter précise ainsi :
 « L’appareil est peu onéreux, facile à déplacer d’une chambre à l’autre, et sans risque. Il suffit de poser une sonde sur le crâne du nourrisson, sans même le stimuler, alors qu’il est tranquillement dans sa couveuse ».
Delphine Chayet note que «
 les scientifiques espèrent découvrir des anomalies de communication entre les différentes régions du cerveau, qui seraient annonciatrices de troubles du neurodéveloppement, tels que l’autisme ou l’hyperactivité ».
La journaliste fait savoir que
 « l’échographe de neuro-imagerie, conçu avec des scientifiques de l’École de physique-chimie de Paris, va d’abord être testé auprès d’une trentaine de bébés à l’hôpital Robert-Debré (Paris) ».
Pierre Gressens, neuropédiatre et directeur d’unité à l’Inserm, ajoute que
 « l’étape suivante sera le suivi d’un plus grand nombre d’enfants durant plusieurs années pour surveiller leur évolution et vérifier que la machine a permis de détecter précocement des signes d’alerte ».
Delphine Chayet remarque que
 « si l’échographie ultrarapide s’avère efficace, un repérage pourra à terme être proposé juste après leur naissance à tous les enfants à risque (nés prématurément ou ayant des frères et sœurs atteints). Un dépistage dans les premiers mois de la vie, suivi d’un accompagnement adapté, augmente en effet les chances de progrès et réduit le risque de handicap »

 

« Une charte pour encadrer les recherches sur les neurotechnologies »

Date de publication : 9 novembre 2022

Le Figaro

Vincent Bordenave remarque dans Le Figaro : « Faire remarcher un paralytique, combattre les maladies dégénératives, mais aussi écrire un article directement par la pensée, sans l’aide d’un clavier. Ces perspectives réjouissantes, et parfois inquiétantes, sont autant de promesses des neurotechnologies, domaine en plein essor ».
Le journaliste observe que «
 le développement des neurosciences s’apparente à un jeu d’équilibriste balançant d’un côté vers des progrès souhaitables pour le plus grand nombre et même indispensables pour certains ».
Il cite ainsi Hervé Chneiweiss, neurobiologiste et neurologue, président du comité d’éthique de l’Inserm, 
« à l’origine d’une charte de développement responsable des neurotechnologies […] présentée le 17 novembre prochain par le ministère de la Recherche ».
Le spécialiste déclare que
 « l’enjeu est double : faire que ce domaine, porteur d’espoir, tienne toutes ses promesses, et secundo, le faire des conditions responsables. […] Les neurotechnologies ont d’ores et déjà permis des progrès faramineux dans de nombreux domaines. Historiquement, on peut citer l’utilisation de l’électroencéphalogramme pour diagnostiquer et traiter l’épilepsie. Il y a un tournant majeur à la fin des années 1980 avec l’implant de stimulation à haute fréquence comme traitement précoce de la maladie de Parkinson, qui concerne désormais près de 1 million de personnes dans le monde. En l’espace d’une trentaine d’années, ces progrès scientifiques ont donc bénéficié à un très large panel ».
Vincent Bordenave note qu
’« en parallèle, ces techniques penchent également vers des dérives que se sont évertuées à nous présenter de nombreuses œuvres des science-fiction, avec l’effrayante perspective de manipulation de la pensée ».
« Car ces approches technologiques s’attaquent au plus intime de chacun d’entre nous : notre conscience et, parfois, nos pensées les plus secrètes. Les avancées spectaculaires des neurosciences permettent en effet de toucher à la mémoire, aux souvenirs, et même d’influer sur les processus décisionnels »,
 relève le journaliste.
Hervé Chneiweiss souligne que «
 c’est toute l’importance de cette charte signée par l’ensemble des acteurs français du domaine, du public comme du privé. Ne pas sacrifier les progrès possibles à cause des dérives. Il faut pour ça convaincre de l’utilité de ces technologies et faire preuve de pédagogie sur les risques pour que chacun en ait pleinement conscience. Pour une fois, nous sommes en avance sur le mouvement et on peut réussir à tracer des limites avant qu’elles ne soient franchies ».

 

« La dépression post-partum, un mal enfin mesuré en France »

Date de publication : 15 novembre 2022

Le Monde

« Entre 15% et 20% des mères souffrent d’une dépression dans l’année suivant la naissance de leur enfant », fait savoir Pascale Santi dans Le Monde.
« 
Même les personnes les plus endurcies ne sont pas à l’abri. Laure Manaudou a confié récemment avoir fait une dépression post-partum pendant un an », souligne la journaliste.
« 
Selon l’enquête nationale périnatale 2021, menée auprès de 12.723 femmes, publiée en octobre, 16,7% des femmes ayant accouché en mars 2021 ont présenté des signes de dépression post-partum deux mois après l’accouchement. Ces scores, mesurés pour la première fois, ont été calculés sur la base des dix questions de l’échelle de dépression postnatale d’Edimbourg (EPDS) », détaille l’article.
« Ces chiffres sont concordants avec les autres pays similaires à la France, avec un taux de dépression maternelle postnatale variant de 15% à 20%, avec un pic de fréquence à deux-quatre mois et un autre à six mois », constate Camille Le Ray, chercheuse à l’Inserm et gynécologue-obstétricienne à la maternité Port-Royal (Paris), qui a coordonné l’étude. « Les pères ou coparents ne sont pas épargnés, mais il existe moins de données sur le sujet », note Le Monde.
« Ces chiffres nous inquiètent. Cela veut dire qu’une femme sur sept n’est pas bien après son accouchement, ce qui représente plus de 100.000 femmes par an. C’est inquiétant d’un point de vue sociétal, car la plupart des grossesses sont désirées. L’état de la femme se serait dégradé pendant la grossesse et/ou après l’accouchement », observe Anne Chantry, sage-femme et chercheuse à l’Inserm.
« 
La dépression post-partum se distingue du baby blues, un événement transitoire attendu qui concerne de 30% à 80% des accouchées dans la semaine qui suit, et qui dure de sept à dix jours », fait savoir Pascale Santi. « Les mères ont un sentiment d’incapacité à s’occuper de leur bébé, se disent que les autres seront plus à même de le faire, ce qui est spécifique de la dépression post-partum », décrit Sylvie Viaux-Savelon, pédopsychiatre périnatale à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon.
« La dépression post-partum est un tabou dans notre pays, car la maternité doit être forcément chose heureuse », estimait Adrien Taquet, alors secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, le 9 octobre 2020, lors des annonces des mesures en faveur des 1000 premiers jours de l’enfant. « L’arrivée d’un bébé est l’un des moments les plus à risque dans la vie d’une femme, avec des bouleversements hormonaux, corporels, organisationnels, familiaux ou professionnels », poursuit Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP, Colombes, Hauts-de-Seine) et chercheuse.
« 
Conséquence tragique, le suicide est la deuxième cause de mortalité des mères dans l’année qui suit l’accouchement, derrière les maladies cardio-vasculaires, avec 35 décès par suicide de 2013 à 2015, soit une femme par mois, comme l’avait révélé l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (Inserm, Santé publique France), rendue publique début 2021 », alerte Le Monde.
« 
Cette étude avait alors créé un électrochoc. Dans neuf cas sur dix, il y avait des signes d’alerte », révèle le journal. « Par exemple, les mères avaient du mal à s’occuper de leur bébé en suites de couches ou n’étaient pas venues à des rendez-vous de suivi de grossesse », constate Sylvie Viaux-Savelon. « D’où la nécessité de former les soignants de première ligne », insiste le journal.
« 
La dépression post-partum peut altérer les interactions précoces avec le bébé », met en garde Pascale Santi. « Plusieurs travaux ont mis en évidence un risque accru de troubles psychiatriques pendant la petite enfance, l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte chez les enfants dont les mères ont présenté une dépression post-partum », souligne Sarah Tebeka.
La journaliste évoque des causes « 
multifactorielles ». « Les antécédents de troubles psychiatriques, qu’ils soient individuels – ce qui est le cas pour la moitié des femmes – ou familiaux, sont le principal facteur de risque d’une dépression périnatale. Des variants de gènes candidats à la dépression, notamment ceux impliqués dans des voies sérotoninergiques, l’axe du stress, les rythmes circadiens ou encore l’ocytocine, sont aussi associés », explique Sarah Tebeka.
La psychiatre, avance « 
d’autres facteurs de vulnérabilité : l’isolement, la précarité, des événements de vie stressants comme des conflits familiaux, des traumatismes, des violences, parfois au travail ».
« 
Autant de données qui montrent l’urgence d’agir et de dépister le plus tôt possible. Depuis juillet, un entretien postnatal précoce, réalisé par une sage-femme ou par un médecin généraliste, est obligatoire », rappelle Pascale Santi.
« 
Dans les faits, toutes les femmes ne le font pas (…). L’enjeu est de taille : seules 40% à 50% des dépressions seraient diagnostiquées, et seulement la moitié des femmes déprimées trouveraient à qui s’adresser, mentionnait le rapport issu de la commission sur les 1000 premiers jours de la vie de l’enfant présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik », alerte la journaliste.

 

« Ces villes qui font de la santé mentale un enjeu de premier plan »

Date de publication : 24 novembre 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui observe que « même si ce domaine ne fait pas partie de leurs prérogatives, des municipalités s’engagent pour déstigmatiser ce sujet, cerner les besoins de la population et travailler à des solutions ».
Isabelle Hennebelle livre ainsi un reportage au Clubhouse de Nantes,
 « structure consacrée à l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap psychique : schizophrénie, bipolarité, dépression sévère… Ici, les adhérents contribuent, selon leur envie et leur capacité du moment, au fonctionnement du lieu, toujours en binôme afin de s’entraider : accueil, repas, ménage, comptabilité… ».
La journaliste explique : «
 La méthode Clubhouse, «fondée sur le modèle d’une journée de travail, permet à un membre sur trois en moyenne de reprendre une activité professionnelle», glisse Alice Aubineau, directrice de l’antenne nantaise ouverte il y a 2 ans, après celles de Paris, Bordeaux, Lyon et Lille, rejointes bientôt par Bastia et Rennes. A Nantes, le Clubhouse est financé à 50% par le privé et à 50% par le public, dont une subvention de 100.000 euros de la ville de Nantes ».
Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes, ajoute que la ville
 « déploie une série d’actions depuis plusieurs années. Il y a urgence, encore plus depuis le Covid : la pandémie a mis en lumière la stigmatisation autour des troubles psychiques et le manque d’investissements ».
Sylvie Justome (Génération Ecologie), adjointe au maire de Bordeaux en charge de la sécurité sanitaire et de la santé, indique pour sa part : 
« Nous sommes actifs sur ce sujet, car nous avons conscience que la santé du citoyen ne dépend pas seulement des soins, mais de ses conditions de vie en général. Qu’il s’agisse d’accès au logement, à la culture, au sport, aux espaces verts, aux mobilités urbaines, nous cherchons à ce que toutes nos actions incluent un objectif de santé mentale ».
Isabelle Hennebelle observe que 
« l’enjeu est de taille. Chaque année, un Français sur cinq est touché par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes. Le taux de suicide est au-dessus de la moyenne européenne, certes plus dans les premiers, l’incidence s’améliorant depuis plusieurs décennies ».
La journaliste note ainsi que 
« dans l’Hexagone, «l’accès aux soins est difficile : seules 40 à 60% des personnes souffrant de troubles psychiques sont aujourd’hui prises en charge, et la qualité des soins est très inégale», relève l’Institut Montaigne dans une étude de décembre 2020. En cause, «des ressources mal réparties sur le territoire, des barrières financières, des délais d’attente très longs, des cloisonnements forts entre médecine somatique, psychiatrie et médico-social, une forte stigmatisation». Et les centres médico-psychologiques, dispositifs sectorisés de soins gratuits, présents partout sur le territoire, sont débordés ».
Isabelle Hennebelle explique donc que
 « face à l’ampleur des besoins, un nombre croissant de villes mettent en place un conseil local de santé mentale (CLSM) afin, notamment, de lutter contre la stigmatisation, promouvoir le bien-être et le rétablissement et prévenir les troubles ».
Fanny Pastant, coordinatrice nationale des CLSM, précise que 
« généralement présidés par un élu local, coanimés par la psychiatrie publique et accordant une place centrale aux personnes vivant avec un trouble psychique ou aux aidants, ces espaces de concertation apparus dans les années 2000 rassemblent aussi les professionnels de la santé, les services sociaux, et tout acteur concerné par le sujet ».
Isabelle Hennebelle relève toutefois qu’
« en dépit de l’activisme des villes engagées, le chemin est encore long ». Alain Dannet, du centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale, remarque qu’« encore trop de maires cantonnent la santé mentale à une approche exclusivement sanitaire, et considèrent donc que ce sujet n’est pas de leur ressort, alors qu’il est éminemment politique et social ».
Fanny Pastant ajoute que « 
la couverture du territoire reste partielle et les moyens insuffisants : il existe actuellement 260 CLSM actifs, il en faudrait 800 pour que l’ensemble des Français en bénéficient ».

 

« L’addiction aux jeux en ligne, c’est une maladie »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien livre un entretien avec Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et professeur des universités à Paris-Saclay, qui « rappelle qu’une addiction aux jeux en ligne peut mener à «d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue» ».
Le journal note ainsi qu’«
 alors que la Coupe du monde de football au Qatar pourrait battre des records de mises et engendrer de nouveaux « addicts » aux paris sportifs en ligne, le spécialiste alerte sur les dangers que représente le jeu excessif : isolement, dépression, endettement, voire problèmes de couple et tentatives de suicide ».
Laurent Karila rappelle que «
 l’addiction au jeu est reconnue comme une maladie », et en évoque « les conséquences » : « Elles sont multiples. Financières et sociales, avec de l’endettement, de l’adhésion massive à des crédits de consommation… […] On a régulièrement un isolement social fort, les malades n’en parlant pas autour d’eux. Psychologiquement, on peut aller vers la dépression, voire des tendances suicidaires et des passages à l’acte. Un « addict » au jeu en ligne peut aussi verser dans d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue ».
Le Parisien interroge : 
« Combien de parieurs en ligne sont addicts en France ? ». L’addictologue répond qu’« on n’a pas le chiffre précis, mais on sait que 15% d’entre eux présentent un risque de jeu problématique, c’est-à-dire, en gros, de basculer dans une addiction. C’est une grosse proportion. Ce sont essentiellement des jeunes : 72% des joueurs sont des hommes de 18 à 35 ans ».
Le journal poursuit : 
« Comment s’en sortir ? ». Laurent Karila souligne qu’« il faut une prise en charge totale. Aller voir son médecin ne suffit pas. Celui-ci doit orienter vers des spécialistes qui vont traiter chaque aspect de la maladie : médicale, avec un psychiatre ou un addictologue, mais aussi sociale, psychologique. […] Il est aussi possible de s’interdire volontairement de jouer. Mais attention, cela ne suffit pas : l’addiction est une drogue, elle peut contourner ces mesures d’auto-exclusion ».

 

« Les psychiatres hospitaliers se mobilisent contre «l’abandon» de leur secteur »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque en effet : « Manque de lits d’hospitalisation, fermetures de centres faute d’effectifs suffisants… Les psychiatres hospitaliers sont invités à se mobiliser ce mardi contre le «délabrement» d’un secteur public victime d’un «abandon» de l’État, selon leurs syndicats ».
Le journal fait savoir que
 « 4 organisations appellent à la grève et à des manifestations, notamment à 11h à Paris, devant le ministère de la Santé. Des rassemblements sont annoncés dans d’autres villes, devant les agences régionales de santé (ARS) ou des hôpitaux ».
Le quotidien explique que
 « ces syndicats dénoncent un «abandon de la psychiatrie publique» qui «se caractérise au quotidien par le manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP)». Une situation liée à la pénurie d’effectifs de médecins et d’infirmiers, qui «touche aujourd’hui 5 établissements hospitaliers sur 6», selon un communiqué intersyndical ».
Le Parisien cite le Dr Norbert Skurnik, président de l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), qui déclare :
 « Rien qu’en Île-de-France, 60.000 à 70.000 personnes, dont au moins 60% sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile ».
Le journal relève ainsi : 
« Dans un contexte de «durcissement» des conditions de travail, la spécialité n’attire plus les jeunes médecins, déplore le Dr Skurnik, citant le chiffre de 100 internes à répartir en région parisienne, «là où il en faudrait 150» ».
Le quotidien note que le psychiatre 
« défend une augmentation de «20 à 25%» des salaires des psychiatres hospitaliers, sous forme de primes de pénibilité. Quatorze mois après sa présentation, le plan annoncé par Emmanuel Macron à l’issue d’assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes dans les CMP, est jugé insuffisant par la profession ».
Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens d’exercice hospitalier (INPH), souhaite également 
« un plan pour l’attractivité des carrières. Il y a nécessité que les pouvoirs publics reprennent le dialogue social avec les psychiatres ».
Le Parisien rappelle que le ministre de la Santé, François Braun, a 
« promis qu’un bilan serait tiré «très prochainement» des assises organisées en septembre 2021 ».

 


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