« Le congé de paternité réduit le risque de dépression post-partum chez les pères »
Date de publication : 4 janvier 2023
Le Monde note en effet que « si la dépression post-partum (DPP) chez les mères commence à être bien documentée, cette même pathologie chez les pères reste encore un tabou et ne fait l’objet que de très peu d’études. C’est pourtant une problématique réelle, puisqu’on estime que la DPP paternelle touche de 8% à 10% des pères à travers le monde dans l’année suivant la naissance de leur enfant ».
Le journal indique que « comme toute autre dépression, il s’agit d’une maladie multifactorielle », et cite la Dre Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), à Colombes, et chercheuse.
Elle déclare ainsi : « On peut dresser un parallèle entre les pères et les mères : la précarité, des antécédents psychiatriques, une grossesse difficile, le chamboulement social ou le manque de sommeil survenant avec l’arrivée d’un bébé sont autant de facteurs qui peuvent déclencher une DPP chez l’un ou l’autre des parents ».
Le Monde explique que « chez les pères, la DPP peut se manifester différemment. Là où une mère exprimera surtout de la tristesse, un père pourra manifester de la colère et de l’irritabilité ». La Dre Tebeka note qu’« ils développent aussi des conduites d’alcoolisation ou de consommation de produits illicites ».
Le journal souligne que « cette pathologie n’est pas à prendre à la légère. En effet, d’après la psychiatre, «les pères, comme les mères, jouent un rôle central dans le développement de l’enfant, autant en positif qu’en négatif». La dépression d’un père peut aussi peser sur la santé mentale de la mère. Il est donc important de prendre des mesures qui permettront de réduire le risque de DPP paternelle ».
Le quotidien fait savoir qu’« une étude de l’Inserm pilotée par la chercheuse Maria Melchior […] montre les effets positifs du congé de paternité sur la santé mentale des pères. Les chercheurs se sont basés sur un échantillon provenant de la cohorte Elfe […] et se sont intéressés aux effets de ce congé, d’une durée de 14 jours à l’époque [2011], sur la prévalence de la DPP chez les deux parents, 2 mois après la naissance de l’enfant ».
« 5,7% des pères n’ayant pas pris ce congé développent une DPP quand seulement 4,5% de ceux qui ont fait le choix de s’arrêter présentent cette pathologie. Même les pères ayant programmé un congé parental, mais ne l’ayant pas pris au cours des 2 premiers mois (ils ont 6 mois pour le prendre), semblent bénéficier d’une telle perspective, 4,8% d’entre eux souffrant d’une dépression », ajoute Le Monde.
Le journal conclut par une « bonne nouvelle, en 2021, le congé de paternité est passé de 14 à 28 jours. L’étude va donc pouvoir continuer et s’enrichir de nouvelles données ».
« Pourquoi la dépression postnatale touche aussi les hommes »
Date de publication : 5 janvier 2023
Pauline Fréour note à son tour dans Le Figaro que « des chercheurs français ont cherché à évaluer l’impact du congé paternité octroyé en France depuis 2002 sur la santé psychique du couple parental. Leurs résultats ont été publiés mercredi dans la revue The Lancet Public Health ».
La journaliste rappelle que « la dépression du post-partum (ou postnatale) est une pathologie psychiatrique, diagnostiquée lorsque certains symptômes sont présents au quotidien pendant au moins 15 jours : difficultés à fonctionner (aller au travail, s’occuper de ses enfants, se concentrer…), tristesse (chez les mères notamment), irritabilité voire colère (chez les hommes) ».
« Les mécanismes sous-jacents sont les mêmes pour les deux sexes : cette période de grand changement qu’est l’arrivée d’un bébé peut générer une fragilité particulière, et amorcer des problèmes psychologiques plus durables. Les facteurs de vulnérabilité sont multiples : avoir subi des traumatismes dans l’enfance ou l’adolescence, avoir déjà souffert de dépression, être précaire, isolé ou encore exercer un travail stressant », continue Pauline Fréour.
Elle explique que « l’équipe de Maria Melchior, épidémiologiste et directrice de recherche Inserm à l’institut Pierre Louis de santé publique, s’est appuyée sur le suivi de la cohorte Elfe. […] Les jeunes accouchées étaient rencontrées lors d’un entretien peu après la naissance du bébé. Puis 2 mois plus tard, père et mère étaient contactés par téléphone. L’occasion de vérifier si le père avait droit au congé paternité et s’il envisageait de le prendre ou l’avait déjà pris. Les deux parents se voyaient aussi poser les questions de «l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg» ».
La journaliste relève que « les hommes ayant pris leur congé ou prévoyant de le prendre souffraient moins de dépression du post-partum que ceux qui n’envisageaient pas d’y recourir (respectivement 4,5%, 4,8% et 5,7%) ».
Les chercheurs remarquent : « Cela suggère qu’en plus des bénéfices que le congé paternité peut avoir sur la dynamique familiale et le développement de l’enfant, cette disposition peut aussi avoir des retombées positives sur la santé mentale des pères ».
Pauline Fréour ajoute que « le congé de paternité s’avère non seulement protecteur pour les hommes, mais il est aussi bénéfique pour l’enfant ».
Les chercheurs soulignent qu’« il permet aux pères de passer du temps avec leur bébé très tôt et de s’adonner à des activités telles que le peau à peau ou les repas. Ces moments (partagés) réduisent le risque pour l’enfant de présenter plus tard des troubles émotionnels ou du comportement, d’anxiété ou de dépression, ou de retard de langage ».
Le Dr Sarah Tebeka, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale au CHU Louis-Mourier à Colombes (AP-HP) et enseignante-chercheuse à l’Université Paris Cité, note pour sa part : « Beaucoup de choses se développent autour de la femme en périnatalité, ce qui est tout à fait positif, mais n’oublions pas qu’il faut être deux pour danser la valse. La santé du père est l’un des principaux déterminants de la santé de la femme et de l’enfant. Or la dépression du père est encore très taboue, y compris chez les cliniciens et les chercheurs ».
« L’enjeu consiste donc à repérer les hommes concernés. Mais pour cela, encore faut-il les rencontrer. Certains acteurs de la périnatalité s’ouvrent au sujet », observe Pauline Fréour.
La journaliste cite notamment le Pr Catherine Massoubre, chef du pôle de psychiatrie du CHU de Saint-Etienne, qui indique que « depuis un an, nous les incluons systématiquement dans le dépistage proposé aux mères quand ils les accompagnent ».
« Un ancien alcoolique décrypte la maladie dans un livre sans tabou »
Date de publication : 5 janvier 2023
Le Parisien indique en effet que « dans « Sacrée descente », Yann Alex G. […] explique avec clarté et pudeur les mécanismes d’addiction à l’alcool, qu’il aimerait voir considérée comme une drogue. En attendant, il applaudit l’opération Dry January qui invite à limiter sa consommation durant tout le mois de janvier ».
Le journal note que « désormais abstinent, ce col blanc est devenu «patient expert addictions» au sein d’une fédération nationale (France Patients Experts Addictions, FPEA) et intervient à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), dont le service en la matière est reconnu nationalement ».
Le quotidien livre un entretien avec l’auteur, demandant : « À qui s’adresse votre livre ? ».
Yann Alex G. répond que « la première partie est destinée à ceux qui veulent comprendre la maladie et le chemin qui y mène, les gens ayant une relation malsaine avec l’alcool mais aussi ceux dont un proche est touché. La seconde partie s’adresse au grand public pour lui dire : Ouvrez les yeux ! Notre société de bons vivants offre un marketing excessif autour de l’alcool. Tous les jours, des élèves attendent leur bus pour les cours à côté d’une pub pour de la bière à 8 degrés, surnommée la bière de la défonce (elle équivaut presque à quatre whiskys). J’y détaille aussi cette pression sociale (un homme est viril s’il boit ; une femme qui refuse un verre est louche…), l’alcool dans le milieu professionnel, etc. J’explique comment dire non dans ce type de situation ».
Le Parisien poursuit : « Devrait-on supprimer totalement l’alcool du paysage ? ».
L’auteur répond : « Pas du tout ! La prohibition, ça ne marche pas. Toutes les sociétés vivent avec des drogues. Mais il faut réguler. Nous vivons dans une société « open bar » où tout est fait pour nous alcooliser : publicités, promotions, etc. […] La loi Evin, détricotée, n’est plus assez forte et n’est pas adaptée à Internet. Les bouteilles en magasin devraient être vendues derrière une vitre. L’âge des clients devrait être vérifié réellement. […] ».
Il évoque l’opération Dry January : « Cette initiative s’inscrit dans la mode du « consommer sain ». Cela permet de parler d’alcool de manière ludique au pays des bons vivants. Car l’alcoolisme reste la maladie de la honte. Celui qui était dans le déni peut ainsi avoir une prise de conscience et décider d’aller voir son médecin généraliste ».
« Psychiatrie : la piste prometteuse de l’inflammation chronique »
Date de publication : 9 janvier 2023
La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, trouble du spectre autistique (TSA)… Malgré des progrès dans la prise en charge des maladies psychiatriques, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Raison pour laquelle la Pr Marion Leboyer souhaite changer radicalement la façon d’aborder les troubles mentaux ».
Elle explique que la responsable du département de psychiatrie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor (Créteil), directrice de la Fondation FondaMental, « souhaite faire de la psychiatrie une médecine de précision au même titre que la cancérologie ».
Le Pr Leboyer indique ainsi : « Les pathologies psychiatriques sont des maladies d’origine biologique comme les autres ».
Nathalie Szapiro-Manoukian explique que « les pathologies psychiatriques touchent des personnes ayant hérité d’un patrimoine génétique les rendant plus vulnérables aux facteurs de risque environnementaux, et qui ont été exposées de façon précoce et/ou répétée à des stress variés: infections, mode de vie urbain, maltraitance infantile, migration, prise de drogues, etc. Leur organisme produit trop de molécules inflammatoires, à l’origine d’une inflammation chronique qui finit par gagner le cerveau ».
Le Dr Ryad Tamouza, chercheur et immunologiste aux côtés de la Pr Leboyer, remarque ainsi : « Pendant la grossesse, toute une série de preuves épidémiologiques montre une relation entre le fait d’avoir une infection, une maladie auto-immune, un stress, etc. et le développement d’un trouble psychiatrique chez l’enfant par la suite ».
Il précise que « les virus pour l’instant identifiés sont banals : herpès, virus d’Epstein-Barr, grippe, etc. Il n’y a pas de virus spécifique associé au développement d’une affection psychiatrique. Suite à une infection de la future maman par l’un de ces virus et si le fœtus a un patrimoine génétique qui le rend moins apte à se défendre, cela peut générer de l’inflammation et éventuellement altérer son neurodéveloppement. La toxoplasmose est aussi reconnue comme facteur de risque de survenue de maladie psychiatrique chez l’enfant en raison du tropisme cérébral de ce parasite ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute qu’« on sait désormais qu’il existe aussi des psychoses auto-immunes. L’équipe de la Pr Leboyer, en collaboration avec l’équipe de Laurent Groc à Bordeaux, est à l’origine du concept. Il s’agit de maladies psychiatriques caractérisées par la présence d’autoanticorps dirigés contre des récepteurs de neurotransmetteurs dans le cerveau. Proches de certaines protéines de pathogènes (virus ou parasite par exemple), les structures de ces récepteurs sont «reconnues» par ces autoanticorps qui déclenchent une réponse immunitaire ».
Le Pr Leboyer précise : « En attaquant par erreur ces récepteurs situés au niveau des synapses, les autoanticorps initialement dirigés contre les virus, les parasites, etc., empêchent la neurotransmission de se faire normalement, favorisant l’apparition de troubles psychotiques ».
« Nous allons démarrer en 2023 un programme hospitalier de recherche clinique pour tester l’efficacité de stratégies thérapeutiques immunomodulatrices (anti-inflammatoires, perfusion d’immunoglobulines) en plus du traitement habituel chez ces porteurs d’autoanticorps. Ces psychoses auto-immunes représentent un pourcentage non négligeable de troubles bipolaires et de troubles schizophréniques – souvent des formes très sévères – et nous espérons que ces stratégies pourront entraîner des améliorations, voire des rémissions », indique-t-elle.
« Débat sur la fin de vie : les malades et anciens malades prennent la parole »
Date de publication : 9 janvier 2023
Le Parisien note en effet que « tandis que la convention citoyenne sur la fin de vie reprend ses travaux ce week-end, des débats organisés par les comités éthiques régionaux se tiennent partout en France. Nous avons assisté à une rencontre organisée au CHU de Limoges ».
Bérangère Lepetit relate ainsi : « Ils l’ont parfois frôlé, la mort. L’ont redouté. S’en sont approchés sans pour autant y croire tout à fait. Et c’est d’ailleurs parce qu’ils ont été atteints d’un cancer, s’en sont remis ou pas encore, que Christine, Odile, Pierre-Yves, Laurence et Madeleine, tous membres du comité de patients d’oncohématologie du Limousin posent un regard aigu sur la fin de vie, en ce jour gris d’hiver, au CHU de Limoges ».
La journaliste explique qu’« invités par l’espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine (ERENA) à débattre de ce sujet éminemment sensible, en plein débat national et alors qu’une convention citoyenne réfléchit ce premier week-end de janvier et ce, pendant trois mois, à la possibilité de changer l’actuelle loi, eux aussi prennent la parole, pour une fois. Leur regard est rare, précieux ».
Bérangère Lepetit observe : « Tandis que les derniers sondages font état d’une large adhésion des Français à la légalisation de l’euthanasie (9 sur 10 d’après un sondage Ifop), la salle du CHU de Limoges penche plutôt du côté des « antis ». Il y a par exemple Pierre-Yves, ancien médecin qui a contracté une leucémie il y a 12 ans ».
Il déclare : « On vit trop vite. Il faut prendre le temps de vivre, et de mourir. Que les personnes puissent accéder à la mort de façon pacifiée. Les soins palliatifs, c’est la première période du deuil ».
La journaliste relève que « tous ces patients s’accordent en tout cas sur un sujet : mieux communiquer, diffuser l’information à la population. Que les jeunes, dès leurs 18 ans, puissent être sensibilisés et connaître les différents choix qui s’offrent à eux. Tous recommandent d’écrire leurs directives anticipées, ces fameux souhaits de fin de vie ».
Bérangère Lepetit observe enfin que « le débat va prendre fin. Il a été « serein ». […] Reste encore à savoir si l’exécutif se saisira en 2023 des observations et de l’avis de la population, et de quelle manière ».
« Quelle éthique pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la santé ? »
Date de publication : 10 janvier 2023
Soline Roy fait savoir dans Le Figaro que « le Comité national d’éthique publie un avis sur les questions posées par l’utilisation de l’IA pour le diagnostic médical ».
La journaliste note ainsi : « Identifier en un éclair un AVC sur un scanner cérébral. Prévoir le risque suicidaire en analysant des conversations sur un réseau social. Déceler une maladie de Parkinson débutante grâce à un changement de démarche. Dépister un cancer du poumon à un stade ultra-précoce… ».
« Les promesses de l’intelligence artificielle (IA) sont nombreuses, et elle en remplit déjà beaucoup à toutes les étapes du soin, de la conception des médicaments au suivi post-traitement en passant par le dépistage et le diagnostic. Mais à l’aube d’une révolution médicale qui nous propose de mettre notre santé aux mains des machines, les questions soulevées sont nombreuses. Et en particulier les questions éthiques », remarque-t-elle.
Soline Roy explique ainsi que « le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN), sous l’égide du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), rend public ce mardi un avis sur les enjeux liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du diagnostic médical. Des enjeux «hétérogènes, voire parfois contradictoires, alertent les experts, entre intérêts économiques et industriels, promesses thérapeutiques pour les patients, modification de la pratique professionnelle des personnels de santé concernés et objectifs de régulation pour les autorités publiques» ».
La journaliste relève que « les concepteurs d’IA médicales n’ont que peu de comptes à rendre sur leurs produits. En France, précisent les auteurs de l’avis, ces dispositifs médicaux sont évalués par la Haute Autorité de santé lorsqu’ils ont vocation à être pris en charge par l’Assurance-maladie ».
Ils écrivent ainsi que « la presque totalité des algorithmes utilisés par les professionnels de santé se voient donc exclus de l’évaluation par la HAS puisqu’ils n’ont pour la plupart pas vocation à être vendus aux patients ».
Soline Roy poursuit : « Faut-il élargir le périmètre de la HAS ? Et sur quels critères évaluer ces nouveaux «systèmes très singuliers comparativement à, par exemple, un abaisse-langue ou des béquilles» ? Les risques de biais sont nombreux, à commencer par le choix des bases de données sur lesquelles sont entraînés ces programmes informatiques, lesquelles doivent donc être «elles-mêmes évaluées» ».
La journaliste relève que « l’une des règles d’or édictées par les membres du CNPEN et du CCNE est celle de «l’explicabilité» : un médecin doit toujours pouvoir expliquer ce que l’IA a découvert ou suggéré. Ces «décisions» doivent aussi toujours pouvoir être questionnées : il ne faut pas «se priver des avantages apportés par ces outils», mais se donner «constamment les moyens de prendre de la distance avec le résultat fourni» ».
Soline Roy s’interroge : « La machine totalement autonome existera-t-elle ? «Il faudra redéfinir le rôle et la responsabilité de l’expert», juge Philippe Moingeon, spécialiste de l’utilisation de l’IA pour le développement de médicaments. Mais de nombreux experts parient encore sur une longue supériorité de l’intelligence humaine ».
La Croix remarque de son côté : « Intelligence artificielle dans la santé, la prudence du comité d’éthique ».
Le journal retient ainsi que « l’intelligence artificielle utilisée pour le diagnostic médical ouvre des perspectives majeures, par exemple en permettant d’identifier des microlésions échappant à l’œil humain sur des radiographies, ou encore en permettant aux médecins de surveiller en continu les indicateurs biologiques des patients à domicile ».
Le quotidien ajoute qu’« elle ne saurait être utilisée «dans une logique de substitution à l’intervention humaine», insistent le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) ».
La Croix note que « l’algorithme peut en effet commettre des erreurs – aussi bien des faux négatifs (une lésion ou une anomalie lui échappe) que des faux positifs (il identifie des lésions qui n’en sont pas en réalité). Plus largement, ces outils «peuvent être binaires lorsqu’ils ne sont pas utilisés avec un regard critique» ».
« Le «contrôle humain à toutes les étapes du soin» fait ainsi partie des 16 recommandations émises par cet avis, qui compte du reste 7 points de vigilance. Parmi eux, le risque qu’il y a à considérer ces systèmes numériques comme «des solutions de substitutions des équipes médicales», dans un contexte de raréfaction des ressources hospitalières », souligne le journal.
« Prédire l’apparition des troubles anxieux dès l’adolescence »
Date de publication : 16 janvier 2023
Anne Prigent observe dans Le Figaro que « chez certains, l’angoisse peut devenir excessive et persistante, et entraîner différentes manifestations, allant de la phobie au trouble anxieux généralisé en passant par l’agoraphobie ».
La journaliste note ainsi que « sur toute une vie, une personne sur cinq souffrira d’un trouble anxieux. Ce sont les troubles psychologiques les plus fréquents. Ils débutent souvent dans l’enfance ou pendant l’adolescence, et «on sait que le diagnostic d’anxiété chez le jeune adolescent est prédictif d’anxiété plus tard», explique le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, directeur du centre Psychiatrie du développement et trajectoires à Paris ».
Anne Prigent s’interroge : « Qu’en est-il des adolescents sans troubles diagnostiqués ? Peut-on repérer les plus à risques de développer une anxiété clinique une fois adulte ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre les chercheurs du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (Inserm/ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli (CNRS/Université Paris-Saclay) ».
Elle explique que « les scientifiques ont suivi un groupe de plus de 2000 adolescents européens âgés de 14 ans, pendant 9 ans. Les participants ont rempli des questionnaires en ligne sur leur état de santé psychologique à 14, 18 et 23 ans ».
Anne Prigent note ainsi qu’« à l’aide de l’intelligence artificielle, les chercheurs ont pu déterminer que la présence à l’adolescence de neuroticisme (tendance à ressentir des émotions négatives comme la peur, la colère, la culpabilité…, une mauvaise maîtrise des pulsions et une inadaptation face au stress), du désespoir (associé à un manque d’optimisme et de confiance en soi) et de symptômes émotionnels (qui regroupent des signes aussi divers que des maux de tête ou d’estomac, un sentiment d’inquiétude, d’abattement ou de peur), augmente significativement le risque de troubles anxieux plus tard ».
Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre, directeur de recherche Inserm et co-auteur de ce travail, souligne que « cette étude montre des prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés qui pourraient permettre de détecter plus tôt les patients et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne ».
« Mais, attention, mettent en garde les pédopsychiatres, il n’est pas question de faire passer ces tests à l’ensemble des adolescents de 14 ans »,continue la journaliste.
Le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, remarque ainsi que « les études scientifiques restent tout à fait intéressantes, car elles nous permettent d’avancer dans la compréhension du fonctionnement cérébral et psychique des adolescents. Mais, en pratique, il n’y a aucun intérêt à prédire à un jeune de 14 ans des troubles qui surviendront dans quelques années. D’autant que ces prédictions peuvent être totalement remises en question par des éléments de vie ».
Le spécialiste ajoute que « dans la crise d’adolescence, on assiste à des fluctuations d’humeur. Rien d’anormal. En revanche, il faut être vigilant lorsque les changements s’installent, se majorent, s’amplifient. Il faut faire attention à l’adolescent qui s’isole, qui arrête son sport favori, qui stoppe une activité culturelle ou encore qui a des troubles du sommeil permanents ou a tout le temps mal quelque part ».
« « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année qui n’est en réalité qu’un concept publicitaire »
Date de publication : 16 janvier 2023
Mathilde Damgé relève dans Le Monde que « depuis une quinzaine d’années, l’expression «Blue Monday» reparaît au mois de janvier sur les réseaux sociaux et dans les médias… Le «lundi le plus déprimant de l’année» tombe cette année le 16 janvier, dans un contexte particulièrement morose ».
La journaliste explique cependant que « ce concept, prétendument basé sur les calculs savants d’un psychologue, n’a d’existence que dans l’esprit d’experts en marketing. Décryptage de cette « infaux » à visée commerciale, bien éloignée des problèmes psychologiques réels ».
Elle rappelle ainsi que « le Blue Monday (qui s’inspire de l’expression anglaise to feel blue, «être déprimé») désignerait de manière irréfutable le troisième lundi de janvier comme le jour le plus déprimant de l’année… selon une prétendue étude scientifique parue en 2005, laquelle se base sur [une] équation ».
Mathilde Damgé explique que « cette équation relève plus d’une farce que de l’arithmétique : certains facteurs sont inquantifiables (météo, manque de motivation, etc.). Son auteur, Cliff Arnall, qui se présente comme psychologue, a lui-même admis en 2010 qu’il n’y avait rien de scientifique derrière ce calcul, et qu’il avait été commandé par une société de publicité pour le compte de l’agence de voyages Sky Travel. Ironie de l’histoire, il milite depuis pour son «abolition» dans le cadre d’une campagne sponsorisée par le comité touristique des îles Canaries ».
Dean Burnett, chercheur en neurosciences, souligne que « ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie. C’est également irrespectueux envers ceux qui souffrent de vraie dépression, car cela sous-entend qu’il s’agit d’une expérience temporaire et mineure, dont tout le monde souffre ».
« Anxiolytiques, antidépresseurs : comment se sevrer des médicaments psychotropes ? »
Date de publication : 16 janvier 2023
Anne-Laure Lebrun constate dans Le Figaro qu’« une petite baisse s’amorçait ces dernières années, mais la pandémie de Covid-19 a relancé de plus belle les prescriptions de psychotropes ».
La journaliste relève ainsi : « Anxiété, angoisse, troubles du sommeil… Face à ces souffrances psychiques, «les instaurations d’antidépresseurs (+ 23%), d’anxiolytiques (+ 15%) et d’hypnotiques (+ 26%) pour de nouveaux patients sont en très forte croissance en 2021», notait en mai 2021 le rapport du groupement d’intérêts scientifiques Epi-Phare ».
Anne-Laure Lebrun souligne : « Des médicaments efficaces mais à utiliser avec parcimonie, et qu’il faut savoir arrêter, en raison du risque de dépendance ou de difficultés à l’arrêt. Les benzodiazépines utilisées contre l’anxiété et/ou l’insomnie mais aussi les antidépresseurs sont particulièrement concernés, et le risque est d’autant plus élevé que la prescription est prolongée et les doses importantes. Or, force est de constater que les ordonnances inappropriées sont encore trop nombreuses ».
La journaliste relève que « plus de la moitié des consommateurs de benzodiazépines y sont exposés plus de 2 ans, alors que la durée maximale de prescription recommandée est de 12 semaines pour les anxiolytiques et de 4 semaines pour les hypnotiques. Ces prescriptions inadaptées font le lit de la dépendance. Des études estiment que l’addiction aux benzodiazépines touche 50% à 80% des patients. Celle-ci s’exprime par l’incapacité de s’en passer et la nécessité d’augmenter les doses en raison de l’installation d’une accoutumance ».
« Il est alors très difficile de se sevrer, et lorsque les patients tentent d’interrompre leur traitement, un syndrome de sevrage peut surgir dans les jours qui suivent. Ce syndrome est marqué par le retour de l’anxiété ou des troubles du sommeil, mais aussi par l’apparition de nouveaux symptômes tels que des tremblements involontaires, des douleurs musculaires, des nausées, des céphalées, une photophobie ou des convulsions », continue Anne-Laure Lebrun.
Le D Alexandra Dereux, responsable de l’unité ambulatoire d’addictologie de l’hôpital Fernand-Widal (AP-HP), souligne que « le syndrome de sevrage peut engager le pronostic vital des patients. C’est pour cette raison que l’arrêt doit se faire de manière très progressive ».
La journaliste relève que « l’accompagnement psychologique, et en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), est également clé dans ce long processus afin d’agir sur l’insomnie chronique et l’anxiété qui ont justifié initialement la prescription. Ce suivi psychologique maximise les chances de réussite du sevrage : environ 80% de patients restent abstinents après une TCC, contre 7% sans aucune intervention et 40% en cas d’intervention brève réalisée par le médecin généraliste ».
Anne-Laure Lebrun note en outre que « s’il est difficile de prédire qui seront les patients concernés, on constate que ceux ayant présenté une relative intolérance au début du traitement sont davantage sujets aux manifestations de sevrage que les autres ».
Le Pr Christophe Lançon, chef du service de santé mentale adulte au CHU de Marseille, ajoute que « plus la demi-vie de l’antidépresseur est courte et plus les symptômes seront prononcés ».
« Le grand spleen des étudiants en médecine face à la crise de l’hôpital : « On se prend une douche froide » »
Date de publication : 17 janvier 2023
C’est ce que titre Le Parisien, qui note : « Alors que le système de soins craque, comment le vivent les futurs carabins, déjà pris dans le rouleau compresseur des études ? La situation les démoralise ».
Elsa Mari remarque ainsi : « Paul et Julian avalent vite leur croissant. Dans quelques minutes, ils prendront le chemin pavé qui mène à « la BU ». Comme tous les étudiants en médecine croisés ce matin devant le campus des Cordeliers, à Paris, les deux copains de 24 ans y ingurgiteront des tonnes de révisions, de la neurologie, de l’ophtalmo, de la dermato. Ils tiendront, ils l’espèrent, jusqu’à 22 heures, la fermeture de la bibliothèque universitaire. C’est leur dessein de la journée, ce sera celui du lendemain ».
La journaliste indique que « ces années de sacrifice à en perdre la tête feront d’eux des médecins généralistes. De campagne, aiment-ils dire. Paul, à Tours, la région lui plaît ; Julian, en Ardèche, entre la mer et l’Italie. L’hôpital n’a pas leurs faveurs. Manque de bras, manque de personnels, manque de tout… ».
Ils remarquent ainsi : « Infirmiers, aides-soignants… Tout le monde s’en va ! On n’ira pas, ça donne pas du tout envie ! […] Ça fout le blues ! ».
Elsa Mari note que « leur stage a conforté leur intuition. Paul […] est passé par les urgences et la pédiatrie ». Il déclare : « J’ai eu l’impression de voir des machines. Les médecins sont tellement débordés qu’ils manquent d’empathie. Ils parlent même du patient devant lui comme s’il n’était pas là ! […] Cette semaine, on s’est dit : Si t’avais su, t’aurais fait médecine ? On a tous dit non. ».
Charlotte remarque pour sa part : « On se demande dans quel monde on va débarquer ». Elsa Mari indique que « l’étudiante en 4e année savait tout ça, son métier serait éreintant, les études « un sacrifice », les gardes « un enfer ». Il n’empêche, sa première nuit aux urgences lui a fait l’effet d’une claque ».
« Elle garde l’image des couloirs « blindés » de malades sur des brancards. […] Prises en charge à retardement, manque de médecins, sentiment d’impuissance. Lassés d’attendre, les patients souffrants l’alpaguent en la voyant passer en blouse blanche. […] Mais rien ne la découragera de devenir chirurgienne. […] Charlotte essayera de tenir le plus longtemps possible à l’hôpital », relève la journaliste.
L’étudiante déclare ainsi : « Je veux être médecin et je serai médecin, quoi qu’il en coûte. C’est ma vocation. […] À un moment, vers 45-50 ans, je pense que je me dirai ça suffit, j’ai trop donné, et j’irai dans le privé ».
Elsa Mari observe que « cette idée d’une demi-carrière dans le public revient souvent chez les futurs carabins. Pas question d’affronter des tempêtes toute leur vie, ils font déjà face à la première : survivre aux études de médecine, douloureuse traversée ».
Estelle souligne quant à elle : « On arrive des étoiles dans les yeux et on se prend une douche froide. C’est dur d’avancer en visualisant qu’à la fin de médecine ce ne sera pas comme on l’espère. Mais il faut se battre ! Qui changera les choses, sinon ? ».
« Les analogies entre réseaux sociaux et drogues posent un problème »
Date de publication : 20 janvier 2023
L’Express constate que « l’usage excessif des réseaux sociaux par les plus jeunes est de plus en plus redouté. Contenus violents, insultes, harcèlement… La modération de ces plateformes, souvent limitée quand elle n’est pas inexistante, n’a pas de quoi rassurer les parents ».
« Pas plus que le fonctionnement des algorithmes qui visent à capturer le plus possible de « temps de cerveau disponible », au détriment des études ou d’autres activités. Et face à la détresse de certains enfants anxieux, dépressifs ou suicidaires, les questions se multiplient », remarque le magazine.
Il livre ainsi un entretien avec Séverine Erhel, maître de conférences en psychologie cognitive à Rennes 2, selon qui « il est nécessaire de réguler les plateformes tout en prenant garde à mieux identifier leurs risques et éviter les amalgames ».
La chercheuse en psychologie indique que « les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux de manière excessive ont souvent des troubles de l’anxiété, de la dépression et de l’estime de soi, comme une image corporelle négative. Nous tentons actuellement de mesurer les associations entre ces différents facteurs et un aspect bidirectionnel n’est pas à exclure. Il est aussi possible que plus un individu anxieux ou dépressif utilise les réseaux sociaux, plus il accentue ses troubles ».
Séverine Erhel ajoute que « de nombreuses études montrent aussi qu’il est possible que les adolescents qui ont ces profils ont des stratégies de gestion de leur stress inadaptées : plutôt que de travailler sur la cause de leur anxiété ou dépression, ils se réfugient dans le monde numérique, par exemple en recherchant un jugement positif ».
« Mais il faut aussi rappeler que l’usage problématique du numérique concerne moins de 10% de la population. Il en est probablement de même pour les réseaux sociaux. […] C’est sur ces personnes qu’il faut concentrer les efforts en matière de prévention en santé mentale »,poursuit-elle.
L’Express interroge : « Faut-il procéder à un sevrage des réseaux sociaux chez les adolescents dépressifs ou suicidaires ? ».
Séverine Erhel répond qu’« il s’agit d’une mauvaise solution car cela leur enlève une béquille, certes mauvaise, mais qui les aide à gérer leur état. Et comme tout sevrage, cela peut se révéler particulièrement violent. Il faut traiter les causes plus que les conséquences, avec une prise en charge par un professionnel de santé qui va aider à diminuer les interactions sur les réseaux ».
Le magazine poursuit : « Peut-on vraiment affirmer que les algorithmes peuvent rendre accroc aux réseaux sociaux au même titre qu’une drogue ? ».
La chercheuse souligne : « Je me méfie des analogies hâtives qui créent une confusion entre l’addiction aux substances et celle aux réseaux sociaux, qui n’est pas à strictement parler une addiction, mais un usage problématique ».
« Ce type de comparaison est faux, d’abord sur le plan neurobiologique, car l’ampleur des modifications et des conséquences dans notre cerveau n’est pas comparable ; ensuite en matière de santé, parce que des substances comme l’alcool ou le tabac peuvent provoquer des cancers, pas les réseaux sociaux. Enfin, cela reviendrait à considérer que le problème vient uniquement des technologies et pas d’autres déterminants psychologiques et socio-économiques », remarque Séverine Erhel.
Elle ajoute que « nous pouvons reprendre le pouvoir au niveau individuel en privilégiant le monde des logiciels et applications libres et décentralisés […], et au niveau collectif avec l’éducation aux médias et la régulation des plateformes par les pouvoirs publics ».
« Eviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être »
Date de publication : 23 janvier 2023
Le Monde livre la tribune d’un collectif de médecins, de chercheurs et d’élus qui « estime […] nécessaire de refonder notre vision de la santé publique en l’élargissant à des domaines autres que le seul monde médical ».
Les signataires observent ainsi : « Notre système de santé, entend-on partout, est en crise. Mais c’est inexact. Ce qui est en crise, ce n’est pas un système de santé, c’est-à-dire un système qui aborde la santé dans toutes ses dimensions avec pour objectif premier d’éviter la maladie, mais un système de soins. Et, au surplus, essentiellement fondé sur les soins médicaux ».
Il évoquent « un système qui date et dont les tares, pourtant congénitales, ont longtemps été ignorées : du fait du paiement à l’acte, renforcement de la concurrence en lieu et place de la coopération des établissements de santé entre eux et avec la médecine de ville ; inadaptation aux maladies chroniques et dégénératives aujourd’hui dominantes ; manque de moyens pour la recherche ; inégalités sociales et territoriales grandissantes […] ».
Ils soulignent que « l’heure est grave, et la crise se signale d’abord par le manque inquiétant de médecins et d’infirmiers à l’hôpital comme en ville. Des spécialités sont sinistrées : psychiatrie, cardiologie, rhumatologie, gynécologie, pédiatrie et bien d’autres. Partout les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent… à six mois, à un an… conduisant à des situations dramatiques et – cela commence à être sérieusement documenté – à des pertes de chance de survie ».
Les signataires indiquent que « la crise est profonde, systémique, touchant tous les aspects de notre système de soins. Ce n’est pas demain que cela changera. Quand bien même ce serait possible, il y faudrait du temps. Soudain, on se rend compte que ce ne serait pas plus mal d’éviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être ».
Ils expliquent ainsi ue « la santé n’est pas liée qu’aux soins, mais à tout un ensemble, bien plus large, de déterminants de santé. Plusieurs études ont cherché à les quantifier, elles convergent généralement en expliquant que 20% de notre état de santé repose sur le système de soins et de protection sociale, 15% sur les déterminants génétiques et biologiques propres à l’individu ou à son groupe, 15% sur l’environnement physique et 50% sur l’environnement social et économique ».
« Mais, en France, aujourd’hui on continue à fonctionner en tuyaux d’orgue sans accorder aux élus, aux citoyens, aux patients, aux éducateurs, à tous, la place qu’ils devraient occuper dans les instances de santé et sans leur donner les moyens d’agir pour la santé dans tous les territoires, à leur échelle. Et dans le même esprit on continue de ne consacrer à la prévention que moins de 5% des dépenses totales de santé », notent-ils.
Les signataires notent que « les acteurs locaux savent faire et voudraient faire mieux encore : cantines, services aux personnes âgées, culture et vie associative, sports, toutes choses qui ont un impact très fort sur la santé. Au-delà de ces dépenses, il faudrait développer, en proximité et au quotidien, la culture de santé publique, l’information et l’éducation à la santé, dans les écoles, les centres sociaux ou les associations de quartier ».
« Les établissements hospitaliers, premiers concernés par le manque de professionnels, se démènent souvent pour des actions de prévention, mais leurs moyens financiers sont également très limités et la tarification à l’activité les condamne à une impossible et immorale « rentabilité ». […] Finançons donc, au niveau voulu et collectivement, toutes ces initiatives et fabriquons ensemble un véritable système de santé territorialisé », concluent-ils.
« Fin de vie : vers le suicide assisté plutôt que l’euthanasie »
Date de publication : 24 janvier 2023
C’est ce que titre Libération, qui relève que « le comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer a rendu un avis où il ne s’oppose pas au suicide assisté. Une attitude de plus en plus partagée, même si elle paraît un brin hypocrite aux yeux de certains ».
Eric Favereau note ainsi qu’« alors que se poursuit chaque week-end la Convention citoyenne sur la fin de vie […], se multiplient en parallèle des colloques, des réunions, des prises de position sur cette question, avec en toile de fond une éventuelle modification législative en France. […] A mi-chemin de ce processus, il ressort que la possibilité la plus fréquemment citée (car peut-être la moins conflictuelle) serait d’aller vers une dépénalisation de l’aide au suicide, voire une autorisation du suicide assisté ».
Le journaliste observe qu’« après l’avis en partie dans ce sens du Comité national d’éthique, […] c’est la position que vient d’adopter le groupe «Ethique et Cancer» de la Ligue nationale contre le cancer ».
Cette dernière remarque : « S’il était admis par le législateur que le cadre juridique actuel de la fin de vie ne permet pas de répondre humainement à certaines demandes d’aide à mourir exprimées par des personnes malades, une aide active à mourir sous la forme d’une assistance au suicide pourrait alors être prévue et encadrée par la loi ».
Eric Favereau note que « des questions demeurent. […] Par exemple, faut-il ou non faire une énième chimiothérapie à ce patient qui le réclame, alors que les médecins savent que cela ne sert à rien ? Faut-il, à l’inverse, accepter la demande de fin de vie médicalisée à ce malade qui n’en peut plus de cette vie sans espoir, épuisé par des traitements devenus trop lourds ? ».
« L’avis du comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer est en cela utile. Dans ce long travail, les experts font d’abord un constat, largement partagé par tous les professionnels de santé : en France, nous sommes en manque chronique de soins palliatifs », continue Eric Favereau.
« Puis le texte revient sur la question de la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès, dispositif prévu par la loi Claeys-Leonetti sous certaines conditions. Ledit comité constate que cette avancée réelle ne répond pas à toutes les situations ni à toutes les demandes. Et que, de ce fait, trois scénarios existent devant «la demande qui s’exprime de faire évoluer le cadre légal qui interdit actuellement les aides actives à mourir» », relève le journaliste.
Il précise qu’« il y a le scénario qui consiste à ne pas bouger, attendant que les structures des soins palliatifs montent en puissance partout sur le territoire. Le second est celui d’une dépénalisation de l’assistance au suicide. Et, enfin, existe celui d’une «dépénalisation de l’euthanasie en réponse à une demande de la personne» ».
Eric Favereau note que « cette dernière proposition est clairement refusée par le comité, qui met en avant «les réticences» massives du corps médical et du corps soignant. […] Le scénario du statu quo, lui, n’a pas non plus les faveurs du comité. Reste donc celui de «lever les obstacles juridiques au suicide assisté» ».
Le journaliste explique que « cette ouverture – nouvelle – vers le suicide assisté repose, de fait, sur des arguments particuliers, ceux-là mêmes que l’on retrouve dans l’avis du Comité national d’éthique, comme d’ailleurs également dans l’attitude des acteurs du monde des soins palliatifs, très opposés à l’euthanasie ».
« Ils partent du constat, ou plutôt du sentiment, que le corps médical ne veut pas donner la mort, en tout cas ne veut pas collaborer directement avec des pratiques d’euthanasie. De ce fait, il se décharge de la décision de fin de vie comme de sa mise en pratique sur le patient : à lui de faire le geste. Reste que c’est quand même le médecin qui prescrit le produit létal, mais ce n’est pas lui qui le donne. Cette attitude, considérée par certains comme un brin hypocrite, permet de contourner les oppositions d’une partie des professionnels de santé à l’euthanasie médicale », observe Eric Favereau.
Il ajoute que « ces mêmes professionnels de santé insistent pour dire que, paradoxalement, la fin de vie est de leur ressort. Une contradiction évidente à laquelle le législateur devra éventuellement répondre. Qui doit, en effet, décider ? Le médecin ou le patient ? ».
« Santé au travail : les promesses de l’intelligence artificielle pour améliorer la prévention »
Date de publication : 25 janvier 2023
François Desnoyers rappelle dans Le Monde que « lorsque des accidents surviennent en entreprise, les comptes-rendus sont souvent rédigés de façon spontanée, sans formatage. Des propos libres qui apportent de nombreuses précisions, une richesse contextuelle, mais ont leur revers : ils sont très difficiles à exploiter. Une problématique que des outils d’intelligence artificielle (IA) pourraient pallier, forts de leur capacité à faire ressortir d’une masse textuelle récurrences des signaux faibles ».
Le journaliste s’interroge : « L’IA peut-elle être un atout pour la santé et la sécurité des travailleurs ? C’est ce que pensent aujourd’hui nombre de scientifiques, qui observent le potentiel croissant de solutions technologiques et les perspectives prometteuses qu’elles dessinent pour la prévention en entreprise ».
Martin Bieri, chargé d’études au sein du laboratoire d’innovation numérique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), remarque que « les avancées sont impressionnantes. Dans des organisations qui comptent des métiers à risque, où l’on observe beaucoup d’accidents, l’IA peut être une aide précieuse pour exploiter les données et mieux comprendre la multiplication d’incidents ».
François Desnoyers note que « des solutions sont d’ores et déjà déployées dans certaines d’entre elles, comme le logiciel Plus de la société Safety Data – Omnicontact. Il doit «améliorer la sécurité grâce au traitement automatique de données textuelles et faire office d’aide à la décision», explique l’une de ses salariés, Céline Raynal. D’autres outils ambitionnent de surveiller en temps réel les espaces de travail et leurs occupants, dans le seul but déclaré de les sécuriser, et de lancer une alerte si un danger est repéré ».
Le journaliste évoque entre autres les « équipements connectés capables de mesurer et de transmettre des données biométriques du salarié (la fréquence cardiaque, par exemple) et des positions articulaires ».
Timothée Silvestre, chargé de prospective au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), note que « l’IA sera en capacité de donner l’alerte sur la fatigue d’un travailleur en combinant l’analyse de différents paramètres. L’enregistrement de certains mouvements ou du cumul de poids portés pourront par ailleurs être réalisés avec des capteurs portés, afin de prévenir des risques pour le corps du salarié, notamment de troubles musculosquelettiques ».
François Desnoyers continue : « Des solutions d’IA en devenir pourraient ainsi favoriser la sécurité et la santé des salariés. Mais une grande incertitude demeure : se déploieront-elles sur le terrain ? Sur le sujet, rien n’est joué d’avance, préviennent les scientifiques ».
Timothée Silvestre note que « ce n’est pas parce qu’une technologie est mature qu’elle est adoptée. Il faut qu’elle rencontre son marché, des besoins utilisateurs et qu’elle soit acceptée par les opérateurs ».
« Légalisation du cannabis, qu’en pensent les addictologues ? »
Date de publication : 26 janvier 2023
Jeanne Ferney s’interroge dans La Croix : « Un «débat dépassionné» sur le cannabis est-il possible en France ? C’est en tout cas ce que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle de ses vœux dans un projet d’avis adopté le 24 janvier. Le Cese, lui, a choisi son camp : celui d’une légalisation encadrée des usages dits récréatifs du cannabis ».
La journaliste indique que « son argumentaire repose essentiellement sur l’idée que la politique de prévention actuelle est un échec ».
Le Cese remarque : « Malgré la mise en place d’un système de prohibition depuis plus de 50 ans, un des plus répressifs d’Europe, la France est le pays de l’Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs et de consommatrices de stupéfiants ».
Jeanne Ferney note ainsi que « selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 45% des 15-64 ans ont déjà consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie, contre 27% dans l’ensemble de l’Union européenne ».
La journaliste précise que « dans le scénario du Cese, seules les personnes majeures pourraient se procurer du cannabis, «dans des points de vente dédiés soumis à licence». La répression du trafic illégal visant les mineurs serait par ailleurs renforcée, et toute publicité interdite. Autre condition sine qua non : la création d’une filière de production française ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), président de la Fédération française d’addictologie, précise que « contrairement à ce qu’on imagine, la légalisation n’est pas synonyme de dépénalisation aveugle. […] Parce que c’est de la drogue, on a une espèce d’inhibition, une barrière psychologique, mais le fait est qu’on ne viendra pas à bout du cannabis. L’urgence, c’est d’en réduire les risques ».
Le Dr Bernard Basset, président de l’association Addictions France, ajoute : « Il n’est évidemment pas question d’encourager la consommation d’un produit psychoactif et dangereux tel que le cannabis, ni d’en faire un marché libre comme dans le Colorado, mais force est de constater que le système actuel ne marche pas. Il faut en tirer les conclusions et sortir des positions idéologiques. […] Nous devons prendre le temps d’observer les pistes tracées ailleurs, comme au Canada ».
« Psychiatrie : peut-on se passer de l’enfermement ? »
Date de publication : 31 janvier 2023
C’est ce que titre Le Figaro, qui remarque que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement restent l’unique moyen de protéger la personne d’elle-même ».
Anne Prigent rappelle ainsi que « depuis 2004, le consentement aux soins est inscrit dans la loi française. Aucun acte médical ou traitement ne peut donc être pratiqué sans l’accord libre et éclairé de la personne. Il existe cependant une exception : la psychiatrie. Dans cette spécialité, il reste possible de recourir aux soins sans consentement, à l’isolement et à la contention ».
Le Dr David Masson, responsable du département de réhabilitation psychosociale du Centre psychothérapeutique de Nancy, indique qu’« il s’agit de répondre à des situations où les personnes sont en incapacité de consentir aux soins en raison d’une conscience altérée de leurs troubles ou des besoins de soin, alors que leur état psychique nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance médicale. […] Ces pratiques sont très encadrées et doivent être utilisées en ultime recours ».
Anne Prigent remarque que « chaque année, plus d’un quart des personnes hospitalisées en psychiatrie l’ont été sans consentement, rappelle une étude de l’Institut de recherche et d’économie de la santé (Irdes) publiée en juin 2022. Soit près de 80.000 personnes ! Parmi elles, 3 personnes sur 10 seront concernées par des mesures d’isolement ».
La journaliste poursuit : « Qui sont les personnes hospitalisées sous contrainte? Principalement des malades souffrant de troubles psychiatriques sévères, notamment de schizophrénie et de troubles bipolaires ».
Le Dr Laurent Defromont, psychiatre, chef de pôle psychiatrie du secteur 59G21 dans les Hauts-de-France, précise cependant que« l’enfermement peut concerner tout un chacun. Si vous arrivez aux urgences avec des idées suicidaires, vous pouvez tout à fait être hospitalisé sans votre consentement ».
Anne Prigent note qu’« une hospitalisation sans consentement est souvent très mal vécue par les patients » et cite notamment Sandra, qui « se dit traumatisée par son expérience » : « Je ne peux plus retourner à l’hôpital, même dans un autre service, sans faire une crise d’angoisse. Et je refuse de me faire hospitaliser dans un service de psychiatrie depuis ».
La journaliste souligne qu’« il est pourtant possible d’agir pour diminuer le nombre d’hospitalisations sous contrainte ».
La Dr Rachel Bocher, chef de service en psychiatrie au CHU de Nantes, remarque ainsi que « la meilleure façon d’éviter le soin sans consentement est d’intervenir suffisamment tôt avec des politiques de prévention et des soins de premiers recours ».
Anne Prigent observe cependant que « les hospitalisations sous contraintes ne baissent pas, bien au contraire. Pourquoi ? ».
Le Pr Antoine Pelissolo, responsable du service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor à Créteil, répond : « À cause notamment des difficultés d’accès aux psychiatres en ville et du manque de lits d’hospitalisation : il est en effet parfois plus facile d’hospitaliser une personne sous contrainte, même si elle ne s’y oppose pas entièrement, car les services de psychiatrie sont alors obligés de l’accepter ».
Anne Prigent note que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement sont un pis-aller qui demeure cependant l’unique moyen pour protéger la personne d’elle-même. Mais aussi, de façon plus inavouée, de protéger la société ».
Déborah Sebbane, présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA), remarque que « cela n’a rien à voir avec du soin. Nous pensons au contraire que plus les patients verront leurs droits respectés, plus la psychiatrie respectera ce qu’ils considèrent comme utile pour eux-mêmes, et mieux ils se porteront. Nous devons repenser nos façons de faire. Ce n’est pas uniquement une question de moyens, mais aussi d’organisation et de formation ».
La journaliste évoque ainsi « des solutions ambulatoires pour prévenir et gérer les crises, mais aussi un accompagnement après l’hospitalisation pour éviter les rechutes. Les solutions existent, mais les bonnes pratiques ont du mal à se généraliser ».
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