« Burn-out, antidépresseurs… la grande détresse des internes en médecine »
Date de publication : 2 mai 2023
C’est ce que titre Le Parisien, qui observe qu’« alors qu’une journée de grève vient d’avoir lieu, et qu’on attend mercredi un point d’étape du Conseil national de la refondation sur le système de soins, 6 carabins ont accepté de nous confier leur souffrance à l’hôpital ».
Le journal relève ainsi que « le plus dur, c’est la fatigue. Celle qui détruit tellement qu’elle empêche de penser, de parler et même d’entendre. Michel Gabriel Cazenave, interne au service de chirurgie urologique et digestive, en a peur. Mais qui peut résister à presque deux nuits blanches par semaine depuis 6 mois ? ».
« Lors des gardes dans cet hôpital des Yvelines, il faut s’occuper de «la salle», ces patients lourds, susceptibles de faire un arrêt cardiaque à tout moment, gérer les appendicites à 2 heures du matin, opérer en urgence les malades graves pendant que le téléphone sonne presque toutes les minutes », indique le quotidien.
Le Parisien constate que « ces 30.000 étudiants, en formation à l’hôpital après 6 ans sur les bancs de la fac de médecine, sont à bout de souffle. Petites mains d’un système en plein naufrage. Les chiffres glaçants n’étonnent aucun d’eux. Près de 30% d’idées noires, un suicide tous les 18 jours en France, selon l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) qui a appelé à une journée de grève vendredi : 13% ont enlevé leur blouse à Paris, 30% à Strasbourg, 10% à Bordeaux ».
Michel Gabriel Cazenave déclare : « On ne veut plus être la variable d’ajustement d’un hôpital en souffrance. 70% des internes font plus de 48 heures par semaine, le maximum légal ».
Le Parisien relève que « le ministre de la Santé, François Braun, qui présentera mercredi un point d’étape des travaux du Conseil national de la refondation du système de soins, a reconnu «une revendication juste» et promis une vigilance particulière du gouvernement sur le temps de travail hebdomadaire ».
Le journal observe que « Michel Gabriel passe jusqu’à 100 heures par semaine dans son service. (…) Plusieurs fois, il a frôlé l’erreur médicale. Il a failli passer à côté d’un diagnostic grave de tube digestif perforé. Il s’est retrouvé hébété devant un électrocardiogramme, incapable de le déchiffrer. Et il y a cette fois où il croit s’être endormi durant une opération d’appendicite ».
L’interne remarque : « J’ai eu la sensation de m’être réveillé en dehors du bloc. J’ai dit à mes collègues : Qui a recousu le patient ? Ils m’ont regardé et dit : Mais, c’est toi ! Je n’en avais aucun souvenir. (…) Tout se détériore. Je suis tellement inquiet, ça me tue ».
Le Parisien observe que « parmi les internes interrogés, rares sont ceux qui acceptent d’évoquer leurs idées noires. Tabou chez les carabins, censés être des héros. À bout de forces, l’un raconte anonymement ».
Il déclare que « le plus grand danger, c’est qu’on a tous les moyens de se tuer à l’hôpital. Après une garde où je n’avais pas réussi à réanimer un patient, je suis passé devant la pharmacie et je me suis dit : Et si tout s’arrêtait ? Puis le téléphone a sonné. Quand je repasse devant, ça me traverse toujours l’esprit. À l’intérieur, il y a du potassium et de l’insuline. Si on l’injecte, on meurt tout de suite. Il n’y a aucune chance d’être sauvé ».
Le journal souligne que « chez les jeunes docteurs, la souffrance n’a pas d’exutoire. C’est une prison. Dans certains services, ceux qui l’expriment sont traités de «feignasses». Un jour, après une nuit de garde, Jonathan Moisson, interne en médecine d’urgence, a du mal à faire la transmission à la relève »
Ce dernier relève : « Je voyais les autres médecins se foutre de ma gueule d’un air dépité. Les anciens nous répètent qu’à notre âge, ils travaillaient beaucoup plus que nous, sans jamais se plaindre. Ils oublient qu’à leur époque, il n’y avait pas les mêmes pénuries de soignants ».
« De TikTok aux défilés de mode, le retour en force du diktat de la maigreur »
Date de publication : 2 mai 2023
Angélique Négroni note en effet dans Le Figaro qu’« alors que la réapparition de mannequins décharnés dans les défilés de mode soulève des inquiétudes, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mis en place depuis mars dernier une surveillance active autour d’un médicament antidiabétique utilisé comme coupe-faim ».
« De la pharmacie à la haute couture, ces deux informations racontent la même histoire : celle du retour en force du culte de la minceur, érigée comme standard de beauté », relève la journaliste. Elle rappelle que « depuis une dizaine d’années, dans un élan de «body positivisme», des marques de vêtements avaient pourtant décidé de mettre en avant des modèles plus ronds dans leurs publicités. Mais cela n’a pas suffi à écarter une tendance de fond qui revient en force : la quête effrénée de la maigreur ».
Angélique Négroni explique que « par un défilé incessant de photos et vidéos prônant la beauté des clavicules saillantes ou du «thigh gap», (écart entre les cuisses, NDLR), les réseaux sociaux ont grandement contribué au phénomène. L’objectif est de faire rentrer coûte que coûte son corps dans un pantalon taille 36. Quitte à souffrir ou à se mettre en danger ».
La journaliste relève que « ces derniers mois, c’est un médicament qui est pointé du doigt : l’Ozempic (sémaglutide). Remède contre le diabète, ce dernier est détourné de son usage habituel pour maigrir. Utilisé aux États-Unis par les célébrités de la mode ou du cinéma, ce nouveau «secret minceur» a vite été ébruité. Le mot-clé #ozempic culmine désormais à 600 millions de vues sur TikTok ».
Angélique Négroni constate que « les tiktokeuses françaises se filment en se piquant le ventre à l’aide d’un petit stylo pour introduire le produit. Sur une vidéo, l’une d’elles annonce sa victoire en dansant : elle a perdu 15 kg en deux mois ».
« Outre l’effet de satiété qu’il provoque, l’Ozempic crée un dégoût de certains aliments que ces candidates à la cure d’amaigrissement encaissent avec joie, sans se soucier des effets secondaires. Or, selon l’ANSM, ces derniers peuvent être «potentiellement graves» », souligne la journaliste.
Elle indique : « En lançant une mise en garde sur l’usage détourné du médicament, en mars dernier, l’agence rappelle qu’il est susceptible de provoquer «des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies» ».
Bruno Maleine, de l’Ordre national des pharmaciens, remarque en outre qu’« au cours du premier trimestre, il y a eu des ruptures d’approvisionnement. Encore en début de la semaine dernière, il y avait une pénurie ».
Angélique Négroni relève que « des diabétiques ont donc été privés de leur traitement. Ce médicament produit par la firme pharmaceutique danoise Novo Nordisk n’est pourtant pas disponible en vente libre et n’est délivré que sur ordonnance. Mais les filons pour se le procurer sont nombreux, à commencer par les médecins complaisants qui le prescrivent aux non-diabétiques ».
« À l’origine d’un véritable trafic, ce produit est également obtenu par le biais de fausses ordonnances. Dans une même journée, certains fraudeurs envoient des documents falsifiés à des dizaines d’officines pour obtenir plusieurs lots de cet antidiabétique injectable », continue la journaliste.
Elle note que « les nutritionnistes s’inquiètent de ces récentes dérives et redoutent une nouvelle vague de troubles alimentaires. Or depuis l’épidémie de Covid, ils ont déjà fort à faire ».
Nicolas Sahuc, diététicien spécialisé dans les troubles alimentaires, observe ainsi : « Lors des confinements, les gens qui étaient cloués chez eux s’entendaient dire qu’ils allaient prendre du poids à force de ne plus bouger. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs incompétents leur ont donné mille conseils pour perdre des kilos. (…) Les patients que parfois je reçois ne sont ni minces, ni maigres mais en état de dénutrition. Tout leur corps est dégradé ».
« L’activité physique s’affirme comme un outil de sevrage »
Date de publication : 3 mai 2023
Sandrine Cabut relève en effet dans Le Monde que « l’activité physique est un outil de plus en plus reconnu dans la prise en charge de la dépendance à des substances psychoactives, comme en attestent les résultats d’une revue de la littérature, publiés le 26 avril dans Plos One par l’équipe de Florence Piché, (…) doctorante en sciences de l’activité physique à l’université de Montréal ».
La journaliste explique que « l’objectif était d’analyser les études évaluant une intervention d’activité physique dans le cadre du traitement d’une addiction à divers produits psychoactifs. Les auteurs de l’article le précisent d’emblée, ils ont laissé de côté les études se focalisant sur le sevrage tabagique ».
Sandrine Cabut note que « dans ce domaine, où les travaux sont de loin les plus nombreux, il a notamment été montré que l’activité physique permet un meilleur contrôle du manque et du craving (envie presque irrépressible de fumer) et peut limiter la prise de poids associée à l’arrêt de la cigarette ».
Elle indique que « les chercheurs québécois ont retenu 43 articles, cumulant 3135 participants. Il s’agissait, dans plus de 80% des cas, d’essais randomisés, avec en moyenne trois séances hebdomadaires d’environ 50 minutes avec une intensité modérée, pendant 13 semaines. Le jogging, éventuellement associé à d’autres disciplines (vélo, exercices en résistance…), était l’activité le plus souvent évaluée ».
La journaliste note qu’« une réduction ou un arrêt de la consommation de la substance après le programme d’activité physique ont été observés dans 75% des études où ces paramètres étaient évalués. (…) Des effets favorables sont aussi attestés sur la qualité de vie, le sommeil et l’état physique, avec notamment une amélioration de la capacité aérobie dans 71% des recherches où elle a été mesurée. Sur le plan psychologique, une diminution des symptômes dépressifs et anxieux est aussi rapportée ».
Sandrine Cabut évoque cependant « des facteurs limitant la portée des résultats, dont le fait que la majorité des études excluent les personnes avec une maladie mentale (bipolarité, schizophrénie…), comorbidités très fréquentes dans un contexte d’addiction. Les interventions d’activité physique semblent une aide prometteuse dans le traitement des dépendances, mais il faut encore des études scientifiques, menées de façon plus rigoureuse, concluent les auteurs ».
Mathieu Vergnault, président de la Société française des professionnels en activité physique adaptée (SFP-APA), souligne pour sa part que« proposer de l’activité physique à des patients dans un service hospitalier, ce n’est pas seulement mettre une table de ping-pong à disposition. Cela nécessite une stratégie précise, comme pour toute thérapie ».
Colin Fantin, enseignant en activité physique adaptée en région lyonnaise, indique quant à lui qu’« il y a une logique de priorisation des soins, et, pour qu’un patient puisse s’engager régulièrement dans une activité physique, il faut que son problème d’addiction soit déjà en partie résolu ».
« Que ressent-on lorsqu’on meurt ? Un pic d’activité cérébrale intrigue les scientifiques »
Date de publication : 3 mai 2023
Tanguy de l’Espinay note dans Le Parisien que « si la mort n’a rien d’un mystère d’un point de vue scientifique, le ressenti qui y est associé est à l’inverse totalement énigmatique pour la communauté médicale… pour la simple raison que personne n’en est jamais revenu pour «débriefer» ».
Le journaliste relève que « ceux qui s’en sont approchés de très près décrivent parfois, et assez invariablement, des sensations similaires : celle de flotter au-dessus de son corps, la vue d’une lumière au bout d’un tunnel, ou encore la vision de sa propre vie défilant en flash-back ».
Il fait savoir que « des chercheurs de l’université du Michigan, aux États-Unis, ont décidé d’étudier, de manière «plus détaillée que jamais auparavant», le mécanisme biologique à l’œuvre dans le cerveau dans les tout derniers instants », selon des travaux parus dans lesProceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Tanguy de l’Espinay explique qu’« il a fallu trouver des patients morts, pour le coup, d’un arrêt cardiaque, mais maintenus sous assistance ventilatoire. Et observer les signaux d’électrocardiogramme et d’électroencéphalographie (EEG) avant et après le retrait de l’assistance, synonyme de mort cérébrale ».
Le journaliste relève que les auteurs « ont étudié les dossiers de 4 personnes. Quand elles ont été débranchées de leurs respirateurs artificiels, deux d’entre elles (une femme de 24 ans et une autre de 77 ans) ont vu leur rythme cardiaque s’accélérer, et leur activité cérébrale a aussi montré un pic d’ondes gamma, à un niveau de fréquence associé habituellement… à la conscience ».
« Ces chercheurs ont surtout identifié la partie du cerveau la plus stimulée, le carrefour temporo-pariéto-occipital, une zone auparavant associée, entre autres, à la mémorisation des rêves », relève Tanguy de l’Espinay.
Les auteurs notent ainsi qu’« un schéma similaire a été observé sur cerveau sain pendant l’éveil et le rêve, chez des patients en proie à des hallucinations visuelles ou des expériences de hors-corps ».
Le journaliste souligne que « les scientifiques tracent toutefois des limites à leur étude : ils concèdent d’abord ne pas vraiment savoir pourquoi ces signes n’ont pas été observés chez les deux autres patients – des antécédents de convulsions pourraient avoir eu un impact, selon eux. Et enfin, la taille très réduite de l’échantillon ne permet évidemment pas de tirer une quelconque conclusion générale ».
« Le passage à l’heure d’été nocif pour le sommeil »
Date de publication : 4 mai 2023
Delphine Chayet indique en effet dans Le Figaro que des chercheurs de l’Université McGill à Montréal (Canada) « ont étudié la qualité du sommeil d’un vaste groupe de personnes, après un passage à l’heure d’hiver et à l’heure d’été. (Ils) observent une hausse des troubles du sommeil après le changement d’heure du printemps ».
La journaliste livre les détails de ce travail paru dans Neurology : « Plus de 30.000 personnes, âgées de 45 à 85 ans et vivant dans 7 provinces canadiennes, ont été interrogées sur les caractéristiques de leur sommeil : durée, satisfaction, difficultés à s’endormir, réveils nocturnes et symptômes de somnolence dans la journée. Les informations ont été recueillies à différents moments de l’année par des entretiens à domicile, à l’université et par téléphone ».
« Les scientifiques ont ensuite comparé les réponses des participants ayant répondu une semaine avant un changement d’heure avec celles recueillies une semaine après. Ils relèvent, après le passage à l’heure d’été, une augmentation du risque d’insomnie caractérisée par une hausse de l’insatisfaction exprimée par rapport au sommeil, deux fois plus de difficultés à s’endormir et plus de somnolence dans la journée », constate Delphine Chayet.
Ronald Postuma, coauteur, souligne que « ces perturbations ont été brèves et ont disparu deux semaines après le changement ».
La journaliste ajoute que « cette déstabilisation n’est a contrario pas observée dans l’autre sens, lors du changement vers l’heure d’hiver ».Damien Davenne, professeur de chronobiologie à l’université de Caen, explique ainsi que « l’organisme a plus de mal à récupérer quand on avance l’horloge que quand on la retarde, car il est plus facile de repousser son heure de coucher que d’essayer de dormir plus tôt que d’habitude ».
« Le fait d’imposer un décalage horaire brutal affecte principalement les personnes vulnérables qui auront plus de mal à s’ajuster physiologiquement. Cela se traduit par une augmentation des maladies cardio-vasculaires et métaboliques », indique le spécialiste.
Delphine Chayet note que le chronobiologiste « souligne cependant une limite de l’étude, fondée sur la perception subjective des participants, forcément moins fiable que des enregistrements réalisés en laboratoire ou à domicile ».
« ChatGPT jugé bien plus humain que les médecins dans ses réponses aux patients »
Date de publication : 5 mai 2023
C’est ce que titre Le Figaro, qui explique que « dans une expérience à l’aveugle publiée dans une revue de référence, l’IA s’est révélée plus correcte sur le plan médical et plus empathique avec les malades… selon les médecins eux-mêmes ».
Pauline Fréour se penche ainsi sur cette étude publiée dans Jama Internal Medicine : « Les chercheurs de l’université de San Diego (La Jolla) ont pioché au hasard près de 200 questions sur des forums Reddit auxquelles des médecins (identifiés comme tels par les modérateurs du site) avaient déjà répondu ».
« Ils ont ensuite demandé à ChatGPT de répondre aux mêmes questions, puis ont soumis le tout à différents experts médicaux (un psychiatre, un pédiatre, un oncologue, un infectiologue, un médecin généraliste et un expert en médecine préventive) en leur demandant d’évaluer sur une échelle de 1 à 5 les réponses selon deux critères : la qualité de l’information fournie et l’empathie démontrée », note la journaliste.
Pauline Fréour ajoute que « les experts, qui ne savaient pas, de l’homme ou de la machine, qui avait écrit ce qu’ils lisaient, ont également dû dire quelles réponses avaient leur préférence ».
Elle constate que « les réponses de ChatGPT, en moyenne plus longues que celles des médecins, ont été préférées dans 79% des cas. En termes de qualité, l’intelligence artificielle a vu ses réponses classées comme «bonnes» ou «très bonnes» à 78%, contre 22% pour celles des soignants ».
Pauline Fréour observe que « c’est sur l’aspect empathique que la supériorité du robot est le plus marquée : les plus hautes notes ont été octroyées à 45% de ses réponses, contre seulement 4,6% pour les rédacteurs humains, soit presque 10 fois plus ».
La journaliste explique que « l’IA commence ainsi souvent ses réponses par des formules rassurantes du type : «C’est naturel d’être préoccupé si vous avez…» ou encore : «C’est toujours une bonne idée de prêter attention aux modifications de votre état de santé.» Par comparaison, les soignants ont un style plus direct, qui peut sembler détaché : «Aucune glande dans cette partie du corps. Ce n’est pas une urgence. Les urgences ne vont pas pouvoir faire grand-chose pour vous d’ici à lundi.» ».
Pauline Fréour remarque que « dans un éditorial (…), trois médecins de l’université de Stanford s’interrogent : avec ChatGPT, une «boîte de Pandore» a-t-elle été ouverte ? ».
Ils écrivent : « Appliqués à l’information médicale en général, ces outils peuvent analyser, synthétiser et résumer la littérature scientifique, les manuels et la production des sites web sous un format accessible et compréhensible ».
Les médecins ajoutent que ces outils « peuvent tout autant propager des informations fausses ou biaisées provenant de ces mêmes sources, sans se préoccuper de leur pertinence ».
La journaliste ajoute que « comme le public sera tenté, dans tous les cas, de se tourner vers une IA, même imparfaite, dès lors qu’elle est disponible 24h/24, «nous devons trouver de nouvelles façons d’assister les patients», plaident-ils ».
« Fausses couches : le Sénat vote à son tour pour un arrêt maladie sans carence et un suivi psychologique »
Date de publication : 5 mai 2023
Le Parisien annonce en effet qu’« après l’Assemblée nationale, le Sénat a voté jeudi en première lecture une proposition de loi pour mieux prendre en charge les femmes après une fausse couche, avec un accompagnement psychologique et un arrêt maladie sans jour de carence ».
Le journal explique que « le texte met en place à compter de septembre 2024, sous l’égide de chaque Agence régionale de Santé (ARS), un «parcours fausse couche qui associe des professionnels médicaux et psychologues hospitaliers et libéraux», afin que les femmes et leurs partenaires soient informés et orientés de manière systématique ».
« La proposition de loi permet aussi aux sages-femmes, et plus seulement aux médecins, d’adresser directement leurs patientes ayant subi une fausse couche et leurs partenaires à un psychologue agréé par l’Assurance maladie », ajoute le quotidien.
Le Parisien relève par ailleurs que « les sénateurs ont (…) introduit un changement de sémantique, substituant à l’expression «parcours fausse couche», jugée «stigmatisante et négative» par les associations, celle d’«interruption spontanée de grossesse», présentée par le rapporteur comme «plus neutre et plus juste médicalement» ».
« Enfants et écrans : « La loi est indispensable quand les bonnes intentions ne suffisent plus » »
Date de publication : 5 mai 2023
Le Monde publie une tribune d’un collectif de professionnels de la santé de l’enfant, selon lesquels « comme pour le tabac et l’alcool, le législateur doit intervenir pour encadrer l’exposition des enfants aux écrans ».
Les signataires soulignent ainsi que « les écrans ne sont pas des objets passifs. Les nouveaux contenus et les algorithmes qui les génèrent agissent sur le comportement des utilisateurs et sont de ce fait plus nocifs que ne l’étaient les programmes de la télé d’antan. (…) Ces techniques d’influence et de récupération des données sont maintenant regroupées dans une nouvelle science, la «captologie», et sont déployées de façon cachée par les «dark patterns», avec un seul objectif : capter l’attention de l’utilisateur et, à son insu, l’exposer à des publicités ciblées ».
Ils remarquent : « Comme le souligne le Conseil d’Etat, réguler s’avère indispensable, tant ces procédés sont addictifs et tant le rapport de force entre l’utilisateur et les médias est défavorable. Il faut passer par la loi pour rétablir l’équilibre ».
« Nous, professionnels de l’enfance, de la santé et de l’éducation, alertons depuis plusieurs années sur les effets délétères des écrans. Une étude publiée en mars 2023 sur un échantillon représentatif national de 100.000 enfants américains est venue confirmer nos inquiétudes : les troubles du comportement, les retards de développement ou de langage, les troubles du spectre de l’autisme ou de l’attention sont d’autant plus fréquents que les temps d’écran des enfants sont élevés », indiquent les signataires.
Ils ajoutent que « des travaux menés avec des parents « accros » à leur portable et leurs nourrissons sont particulièrement alarmants, tant ces interactions précoces sont primordiales pour le développement psychomoteur et la construction du lien parent-bébé. Ces effets se conjuguent et se potentialisent : les enfants qui passent trop de temps devant les écrans, sont aussi ceux dont les parents font de même ».
Ils écrivent ainsi qu’« il est maintenant temps que le législatif prenne le relais. Arrêtons de faire porter la responsabilité individuelle aux parents et soutenons la responsabilité collective de l’exposition des enfants aux écrans par la loi comme le législateur l’a déjà fait pour l’alcool ou le tabac ».
« De la maison à l’hôpital, comment l’intelligence artificielle va révolutionner le parcours médical »
Date de publication : 5 mai 2023
Nicolas Berrod explique en effet dans Le Parisien : « Que ce soit pour la prévention, le diagnostic ou la prise en charge d’une maladie, de nouveaux outils vont considérablement modifier la façon dont on se soigne. Un secteur florissant, qu’ont déjà investi plusieurs start-up françaises ».
Antoine Tesnière, professeur d’anesthésie-réanimation et directeur du PariSanté Campus, incubateur de start-up dans le secteur médical, déclare que « l’IA sert déjà dans certains domaines, mais très vite elle va être utilisée partout ».
Nicolas Berrod cite « plusieurs (…) exemples », à commencer par « la prévention » : « Les objets connectés ont déjà envahi les salons et se sont imposés au poignet de certaines personnes. Ils pourraient, demain, être utilisés pour encore mieux se soigner. À partir des données brutes récupérées par des montres ou bracelets, «on reconstruit en temps réel et en permanence un électrocardiogramme (ECG) grâce à l’intelligence artificielle, en prenant aussi en compte le contexte (sommeil, sport, etc.)», illustre Yves Mboda, président de Dtectio ».
Nicolas Berrod note que « les données sont enregistrées dans le « cloud » et un praticien connecté au dispositif peut être prévenu en cas d’anomalie. «Nous sommes encore en phase d’entraînement des algorithmes», temporise le dirigeant, qui vise une commercialisation «à partir de janvier prochain» ».
Le journaliste évoque aussi Baracoda, qui « se fixe pour objectif de «transformer la salle de bains en lieu de soins». Le miroir pourrait détecter automatiquement un problème de santé, rien qu’en scannant le visage en permanence ».
Thomas Serval, président de l’entreprise, indique qu’« une grande partie des maladies de la peau sont détectables, et on sait aussi repérer les mélanomes, c’est-à-dire l’évolution dangereuse d’un grain de beauté ».
Nicolas Berrod relève que l’entreprise « développe bon nombre d’outils. (…) Un tapis de bain super-intelligent nous détecte en personne grâce à la forme de nos pieds. (…) Chute de poids, perte progressive d’équilibre… Autant d’informations qui pourraient s’avérer très utiles, notamment en Ehpad, pour limiter le risque de chute chez les personnes âgées ».
Le journaliste aborde « le diagnostic » : « Une téléconsultation médicale comporte beaucoup d’avantages : pas besoin de se déplacer, avoir un rendez-vous plus tôt… mais aussi des inconvénients, comme l’impossibilité pour le médecin de recueillir, physiquement, des informations sur la santé du patient. À partir d’une simple vidéo de 30 secondes, via sa webcam ou son smartphone en selfie, le logiciel Caducy de la société i-Virtual pourrait y remédier en «permettant de mesurer plusieurs signes vitaux (rythme cardiaque, fréquence respiratoire, niveau de stress, etc.)», décrit Myriam Benfatto, directrice marketing ».
Nicolas Berrod explique ainsi que « l’intelligence artificielle convertit les mouvements sanguins visibles à travers la peau. À l’avenir, la saturation en oxygène et la pression artérielle pourraient aussi être mesurées. Caducy vient d’obtenir une classification européenne, et vise désormais une éventuelle mise sur le marché ».
Le journaliste relève en outre que « les médecins pourraient aussi s’appuyer sur des robots conversationnels tels que GPT-4, en guise de super-assistants. Ceux-ci «pourraient proposer des diagnostics ou des options thérapeutiques auxquels le praticien ne pense pas forcément», illustre Guy Vallancien, membre de l’Académie de médecine. À condition que le système soit suffisamment «entraîné» et ne risque pas de se tromper. GPT-4 pourrait aussi s’occuper de tâches administratives fastidieuses, comme remplir un dossier médical à chaque consultation. De quoi libérer, pour chaque médecin, du fameux «temps médical» auprès du malade ».
Et dans un entretien, le Pr Emmanuel Hirsch, enseignant d’éthique médicale à l’université Paris-Saclay, déclare notamment que « ces nouvelles technologies vont transformer la relation entre un médecin et un patient en libérant du temps humain. Le recours à l’intelligence artificielle dans la phase d’investigation et de diagnostic peut aussi présenter d’évidents avantages pour la fiabilité des résultats ».
« Mais il est nécessaire d’assurer la « garantie humaine » du discernement du médecin afin que ses décisions soient bien acceptées. Il ne faut surtout pas que l’humain s’appauvrisse à mesure que les technologies apportent de nouveaux possibles », souligne-t-il.
« Un « décodeur » par IRM et intelligence artificielle parvient à lire les pensées »
Date de publication : 9 mai 2023
Pauline Fréour s’interroge dans Le Figaro : « Savoir lire dans les pensées est un ressort récurrent des scénarios de science-fiction. S’en rapprocherait-on ? Le raccourci est séduisant à la lecture d’une étude de l’université d’Austin (Texas), parue le 1er mai dans Nature Reviews Neuroscience. Mais comme souvent dans la recherche, l’écart reste grand entre le fantasme et la réalité de la vie de laboratoire », souligne la journaliste.
Elle explique en effet que « l’équipe du neuroscientifique Alexander Huth présente les résultats d’une technologie permettant de traduire en langage la pensée d’une personne lorsqu’elle est soumise à une perception (regarder un film, écouter une histoire…) ».
« Ce «décodeur» repose sur l’usage d’une IRM fonctionnelle (capable d’enregistrer en temps réel les variations de flux sanguin dans le cerveau, et donc d’identifier les zones activées selon les tâches et stimuli), couplée à un outil d’intelligence artificielle de type ChatGPT », précise Pauline Fréour.
La journaliste indique que « l’activité cérébrale de 3 volontaires a été enregistrée en direct par IRM pendant qu’ils écoutaient des heures de podcasts. Ces données, ainsi que des informations sur les histoires écoutées, ont ensuite été soumises à un outil d’intelligence artificielle afin de l’entraîner à décoder comment les mots, les phrases et leur signification stimulaient différentes régions du cerveau ».
Alexander Huth observe qu’« une grande partie du cerveau s’anime à l’écoute d’une histoire, pas seulement les zones associées à la parole et au langage », évoquant « des zones que nous utilisons pour nous repérer dans l’espace, pour faire du calcul mental, ou pour prédire la sensation d’un objet au toucher ».
Pauline Fréour ajoute que « quand les mêmes volontaires ont été soumis à des stimulations différentes (regarder un film, écouter ou imaginer une histoire), l’activité de leur cerveau enregistrée par IRM a pu être traduite en mots par l’IA, avec une certaine efficacité. Par exemple, «je n’ai pas encore mon permis de conduire» a été interprété par le décodeur comme «elle n’a même pas encore commencé à apprendre à conduire» ».
Alexander Huth précise : « Cela consiste à aller chercher les idées derrière les mots, le sens ».
La journaliste retient que « les applications pourraient à terme être médicales, par exemple pour assister des personnes ayant perdu l’usage de la parole à la suite d’un AVC ou d’un traumatisme crânien. D’autres technologies y sont déjà parvenues, mais elles reposent sur l’enregistrement de l’activité cérébrale directement au contact du cerveau via des électrodes, un geste invasif et potentiellement dangereux sur un organe aussi sensible ».
Jean-Rémi King, chercheur au CNRS, remarque toutefois qu’« il s’agit ici avant tout de recherche fondamentale. D’ailleurs, les performances sont encore très limitées, puisque le taux de mots reconnus est de 7% ».
Le chercheur ajoute : « C’est une méthode assez prometteuse pour essayer de comprendre comment le cerveau représente le sens. Pourquoi le cerveau humain est-il le seul sur terre capable d’acquérir et traiter le langage ? Cela reste largement incompris. Et c’est cette question-là qui est au cœur de l’étude ».
Pauline Fréour évoque enfin des « limites » : « La coopération de l’individu est nécessaire : les chercheurs texans ont en effet observé que les performances du décodeur chutaient lorsque le volontaire se mettait en opposition ».
La journaliste ajoute que « ce sont bien des perceptions (des récepteurs visuels par exemple) et non une «voix intérieure» qui sont captées par le décodeur. (…) Malgré tout, ces limites pourront peut-être être surmontées dans le futur, rappellent les auteurs. (…) En outre, même si les prédictions du décodeur ne peuvent être considérées comme fiables lorsque la personne ne coopère pas, elles pourraient quand même être mal interprétées à des fins malveillantes ».
« Après un AVC, gare au risque de dépression »
Date de publication : 9 mai 2023
C’est ce que titre Le Figaro, qui relève que « c’est une séquelle méconnue mais relativement fréquente. Sa prise en charge améliore la récupération globale des malades ».
Anne Prigent souligne en effet : « Beaucoup moins connus que les conséquences physiques ou les troubles de la parole (aphasie), les troubles de l’humeur sont pourtant fréquents après un accident vasculaire cérébral ».
La journaliste explique que « dans l’année qui suit la survenue d’un AVC, 30% des patients vont faire une dépression, comme l’a rappelé une analyse d’études, publiée en mars dernier dans Plos Medicine. Dans plus de deux tiers des cas, ces dépressions apparaissent dans les 3 mois qui suivent l’AVC. Et pour plus de la moitié d’entre elles, elles persistent au-delà d’un an ».
Le Pr Igor Sibon, directeur de l’unité neurovasculaire au CHU de Bordeaux, souligne ainsi : « On pense que c’est normal d’avoir un coup de mou au niveau du moral. En fait, il y a un vrai trouble de l’humeur qui nécessite une prise en charge. En effet, une dépression post-AVC, si elle n’est pas repérée et soignée, peut réduire l’efficacité des stratégies de récupération après l’accident et les récidives sont plus fréquentes ».
Anne Prigent relève que « pendant des années, les neurologues eux-mêmes négligeaient cela. Il faut dire qu’il y a encore peu de temps, les AVC entraînaient de lourds handicaps physiques. (…) De plus, lorsque les médecins diagnostiquaient un état dépressif, ils considéraient que le handicap en était la cause ».
La journaliste indique que « depuis une vingtaine d’années, les progrès de la prise en charge des AVC ayant permis de réduire la fréquence des handicaps physiques, les handicaps dits «invisibles» émergent ».
Le Pr Yannick Béjot, chef du service de neurologie du CHU de Dijon, remarque : « Comme les patients ressortent de l’hôpital sans séquelles physiques, on attend d’eux qu’ils reprennent une vie la plus normale possible. Nous sommes donc plus sensibles à l’apparition des symptômes comme la dépression, la fatigue, l’anxiété ou encore les troubles de la cognition ».
Anne Prigent observe cependant que « ces symptômes étant souvent présents en même temps, le diagnostic de dépression est parfois difficile ».
Le Pr Béjot indique que « les troubles cognitifs, par exemple, accompagnent la dépression, mais peuvent aussi la mimer. (…) Chez des patients ayant récupéré et n’ayant pas de handicap, nous avons retrouvé des taux de dépression autour de 25%. Ces patients avaient aussi plus de fatigue que les non déprimés et plus de troubles cognitifs ».
La journaliste relève qu’« aujourd’hui, les neurologues abordent plus facilement ce handicap invisible avec leurs patients. Notamment les plus jeunes, qui veulent reprendre leur activité professionnelle le plus vite possible. Or, le cerveau, qui a subi une véritable agression, a besoin de repos ».
Le Pr Charlotte Cordonnier, chef du service neurologie au CHU de Lille, souligne ainsi qu’« il faut prendre du temps pour soi, laisser le temps au cerveau de se reconstituer. J’insiste beaucoup auprès des patients sur la fatigabilité. Ils consomment plus d’énergie pour fonctionner, ont besoin de se reposer plus souvent, rencontrent des difficultés de concentration… ».
« Manque de médecins, d’infirmiers, de psychologues… L’école, premier désert médical de France »
Date de publication : 10 mai 2023
Florence Méréo et Thomas Poupeau annoncent dans Le Parisien que « le pilotage de la politique de santé scolaire est « défaillant », alerte un rapport d’information du député Robin Reda (Renaissance), présenté ce mercredi 10 mai à l’Assemblée nationale ».
Les journalistes notent ainsi : « Difficulté à recruter des médecins, infirmiers, psychologues scolaires, à les garder, à leur donner les moyens de repérer les difficultés de nos gamins… L’école est devenue le premier désert médical de France ».
Ils soulignent que « moins de 20% des élèves de 6 ans passent la visite médicale, censée être obligatoire ! À 12 ans, ils sont seulement 60% à avoir eu leur bilan infirmier ».
Robin Reda rappelle que « le non-diagnostic d’un enfant qui voit mal, s’exprime mal, entend mal, cela joue sur sa réussite scolaire, et cyniquement, sur le budget de l’assurance maladie », et entend « revitaliser la santé scolaire ».
Jocelyne Grousset, cosecrétaire nationale du syndicat de médecins scolaires SNMSU-Unsa, remarque pour sa part que « c’est le énième rapport en dix ans, mais aucune mesure n’a été prise depuis ».
Florence Méréo et Thomas Poupeau constatent en effet que ces praticiens « sont moins de 900 en France, pour 60.000 établissements. (…) Une marche blanche est organisée à Paris le 23 mai, pour dénoncer ce manque de moyens ».
Les journalistes relèvent que « le nombre de médecins en milieu scolaire a baissé de 20% en dix ans. (…) Même constat pour les infirmières. (…) Le nombre de tâches est devenu trop important. Maladies, chutes, malaises, suivi psychique des enfants, cas de maltraitance, lien avec les professeurs ».
Le rapport souligne que « les besoins des élèves sont grandissants ». Florence Méréo et Thomas Poupeau ajoutent que « la crise sanitaire, qui a entraîné trois mois de fermeture totale des établissements en mars 2020 puis des mois entiers de distanciel, a encore des effets ».
Valérie Wolff, infirmière dans un collège du Bas-Rhin, explique que « dans le premier degré, on constate des troubles de l’apprentissage directement liés à trop d’écrans et à une longue période de non-sociabilisation ».
Jocelyne Grousset indique que « renforcer l’attractivité est la première des choses ». Florence Méréo et Thomas Poupeau notent ainsi qu’« un médecin scolaire débutant gagne moins qu’un interne en médecine ». Robin Reda ajoute : « Il faut un choc de revalorisation, et une refondation du système ».
« Sans cela, les postes à pourvoir resteront lettre morte. En 2021, seuls 50% de ceux ouverts ont trouvé preneurs. Plus globalement, le réseau de santé scolaire doit être mieux considéré, car il est un maillon essentiel du système sanitaire », remarquent les journalistes.
« Les bienfaits du jeu d’échecs chez de jeunes déficients intellectuels »
Date de publication : 15 mai 2023
Delphine Chayet explique dans Le Figaro que « la Fédération française d’échecs est à l’initiative d’une expérimentation visant à explorer les bienfaits thérapeutiques du jeu de société millénaire sur les jeunes autistes. (…) Le jeu aurait des effets bénéfiques sur la capacité de concentration, l’orientation dans l’espace ou encore les aptitudes sociales ».
La journaliste note ainsi : « Maxime, Ethan, Elisa et Angeline ont appris à jouer aux échecs en 10 séances seulement, dans leur salle de classe de l’Institut médico-éducatif de Villers. L’établissement situé à 5 km de Coulommiers, en Seine-et-Marne, accueille des enfants et adolescents âgés de 6 à 20 ans, atteints de déficiences intellectuelles accompagnées ou non de troubles autistiques ».
Delphine Chayet précise que « l’apprentissage repose sur l’utilisation de trois supports différents. Un échiquier mural est utilisé pour apprendre le mouvement des pièces. Puis l’élève passe sur un tapis de 9 m² portant les 64 cases noires et blanches, sur lequel il va avancer comme s’il était la pièce. (…) En fin de séance, les joueurs se mettent autour de la table pour s’affronter sur un échiquier classique ».
Franck Droin, président de la commission santé au sein de la Fédération française des échecs (FFE), « à l’origine de cette expérimentation lancée l’an dernier dans 4 centres volontaires d’Île-de-France et de Guyane », indique : « Il s’agissait avant tout de leur donner l’opportunité de découvrir un nouveau jeu qu’ils pourraient ensuite partager avec leur famille et leurs amis ».
La journaliste observe que « des effets bénéfiques sur le raisonnement non verbal, la capacité de concentration, l’attention conjointe, l’orientation dans l’espace ou encore les aptitudes sociales (par exemple jouer chacun à son tour) étaient aussi attendus ».
Éric Desailly, directeur du pôle recherche et innovation de la Fondation Ellen Poidatz (dont dépend l’IME de Villers), explique que « quelques études ont mis en évidence une amélioration de la cognition chez des enfants ayant appris à jouer aux échecs. Certains mécanismes neuronaux impliqués dans la théorie de l’esprit, autrement dit la capacité à imaginer ce que pense l’autre, ont été observés par imagerie chez des joueurs d’échecs. Or c’est une compétence que les enfants autistes ont beaucoup de mal à acquérir ».
Delphine Chayet note que « la prochaine étape consistera à mesurer objectivement l’apport de l’atelier échecs. Une étude scientifique doit être lancée pour évaluer le programme, qui va être étendu à 25 nouveaux centres spécialisés (dont 9 en Occitanie) ».
« Cannabis de synthèse : le HHC bientôt interdit ? Les médecins saluent une « prise de conscience » »
Date de publication : 16 mai 2023
Elsa Mari note en effet dans Le Parisien que, ce lundi, le ministre de la Santé François Braun « a annoncé la probable interdiction des produits à base d’hexahydrocannabinol (HHC), une molécule dérivée du cannabis, actuellement en vente libre, en raison d’une faille juridique. Une «affaire de semaines», a-t-il précisé, tout en «déconseillant» ce produit, responsable d’une «addiction forte» ».
La journaliste que « depuis plusieurs mois, ce cousin du cannabis connaît un succès fulgurant dans l’Hexagone. En vente sous forme de résine, de plante, d’huile, de bonbons dans les magasins de cigarettes électroniques et même dans les bureaux de tabac ».
Nicolas Authier, professeur de pharmacologie, souligne que « c’est la première fois qu’une drogue de synthèse connaît une telle force de diffusion en s’appuyant un marché légal. C’est ça, le plus inquiétant ».
Elsa Mari relève que le spécialiste « salue la «prise de position» du ministère de la Santé. Car cette substance, fabriquée facilement en laboratoire à partir du CBD, une autre molécule à laquelle on ajoute de l’hydrogène, a une structure très proche du THC, à l’origine de l’effet de défonce ».
La journaliste observe qu’« aucune étude clinique n’a, pourtant, été réalisée sur le HHC. Joëlle Micallef, pharmacologue à l’université Aix Marseille Université, juge «rassurante cette prise de conscience au plus haut sommet de l’État» ».
Cette dernière remarque : « On est dans une société extrêmement exigeante sur la santé et on laisserait se répandre un produit dont on ne connaît pas les effets sur l’organisme ? ».
Elsa Mari retient ainsi que « les experts sont unanimes : l’interdire tombe sous le sens. «Mais il faut les preuves de sa dangerosité», avance l’addictologue William Lowenstein, sceptique malgré l’intention «louable» du ministère de la Santé. Le HHC est-il un stupéfiant ? Ce sera à l’Agence de sécurité du médicament de trancher », indique la journaliste.
« Douleurs chroniques : l’efficacité des antidépresseurs remise en question »
Date de publication : 22 mai 2023
Le Figaro observe qu’« en France, les douleurs chroniques, comme les douleurs neuropathiques, musculosquelettiques ou la fibromyalgie, touchent 1 personne sur 5. Ce sont des douleurs particulièrement difficiles à prendre en charge. Les médicaments opioïdes ne sont pas recommandés, non seulement en raison du risque de dépendance, mais aussi parce qu’ils ne sont pas efficaces ».
Le journal relève que « les médecins avaient trouvé une alternative avec les antidépresseurs. Outre leurs effets sur l’anxiété, très fréquente en cas de douleur chronique, ces médicaments auraient en effet une action antalgique spécifique. Les antidépresseurs sont donc de plus en plus fréquemment prescrits dans le cadre de douleurs chroniques ».
Le quotidien observe que « leur efficacité vient cependant d’être remise en cause par une analyse d’études menée par la Cochrane. (…) Les auteurs ont compilé 176 études réalisées sur un total de quelque 30.000 patients ».
Le Figaro explique ainsi que « 25 antidépresseurs différents ont été étudiés. L’analyse des données révèle que seule une molécule, la duloxétine, présente des preuves d’un effet pour les douleurs musculosquelettique, la fibromyalgie ou encore les douleurs neuropathiques ».
Tamar Pincus, professeur à l’université de Southampton (Royaume-Uni), co-auteure, souligne toutefois que « même pour la duloxétine, il n’y a pas de preuves suffisantes sur l’efficacité et les effets nocifs à long terme ».
Le Pr Nicolas Authier, responsable du centre antidouleur du CHU de Clermont-Ferrand, précise quant à lui que « chez les patients atteints de douleurs chroniques, si le seul objectif est de supprimer la douleur, c’est l’échec garanti. L’objectif thérapeutique est avant tout d’améliorer la qualité de vie ».
« Injures, menaces, coups… Les violences contre les médecins bondissent »
Date de publication : 24 mai 2023
Le Parisien constate en effet qu’« en 2022, la hausse de la violence contre les médecins grimpe d’un cran. Selon l’observatoire de sécurité du conseil national de l’Ordre, qui publie ces résultats ce mardi, 1244 incidents ont été déclarés. Des chiffres qui trouvent un écho particulier alors qu’une infirmière vient d’être tuée à l’arme blanche à Reims ».
Le Dr Jean-Jacques Avrane, délégué à l’observatoire au sein de l’instance, relève qu’« avec +20% des incidents par rapport à 2021, on n’a jamais vu des chiffres aussi élevés en 20 ans ».
Le journal note que le médecin « prévient : ces signalements, au bon vouloir des docteurs, ne sont que la «partie émergée de l’iceberg», bien loin du vrai décompte. Sujet tabou, traumatisme, peur des représailles… ».
Le quotidien ajoute que « les victimes sont dans 71% des cas des généralistes, «la première porte d’entrée des patients» dans les centres-villes de zone urbaine, puis les spécialistes (29%), en premier lieu les psychiatres (4%) et les cardiologues (3%) ».
Le Dr Avrane indique qu’« il y a une hausse de l’insécurité dans notre pays. Les institutions sont visées : profs, pompiers, policiers. Pourquoi nous, on y échapperait ? ». Le Parisien note que « selon Jean-Jacques Avrane, le vaccin anti-Covid, entre les contres et les pros, a exacerbé les tensions ». Il déclare : « Il ne faut pas se leurrer, elles ne sont jamais vraiment retombées ».
Le Parisien continue : « Les soignants ont aussi l’impression d’être considérés comme des «exécutants», le soin comme un «bien de consommation». «On nous prend pour de la m…», lance, écœuré, le Dr Éric Weinberg, 57 ans, généraliste à Créteil (Val-de-Marne) ». Le médecin ajoute : « Ce sont maintenant les patients qui nous dictent l’ordonnance. On est devenu un supermarché ».
Le journal observe qu’« en juillet, Éric Weinberg s’est évanoui lorsque deux jeunes l’ont étranglé pour lui voler sa montre. S’il peut, il prendra un «poste plus tranquille», à la médecine du travail, dans une clinique, même à l’étranger. En attendant, il n’ouvre plus la porte aux inconnus et son cabinet est truffé de caméras ».
Le Parisien souligne que « la crise de l’hôpital, la pénurie de médecins, les déserts médicaux provoquent un profond mécontentement dans la population. (…) La hausse des incidents n’étonne donc personne ».
Le Dr Jérôme Marty observe : « Il s’agit surtout d’injures. Mais comment voulez-vous que les gens ne sortent pas de leurs gonds ! Et je ne parle même pas de psychiatrie. Il n’y a plus de place dans les centres médico-psychologiques, résultat les malades échouent dans nos cabinets et aux urgences ».
Le quotidien indique que « l’Ordre s’apprête à lancer une campagne de prévention avec la diffusion d’affiches dans les salles d’attente et peut-être la mise en place de «bouton d’alerte» dans les cabinets ».
La Croix note également : « CHU de Reims : les soignants face au «fléau» de la violence ».
Jeanne Ferney explique qu’« au lendemain de l’agression mortelle d’une infirmière au CHU de Reims, l’Observatoire de la sécurité des médecins fait état d’une nette augmentation des attaques verbales et physiques. Un plan de lutte contre les violences faites aux soignants devrait voir le jour cet été ».
La journaliste relève que « les drames comme celui de Reims restent extrêmement rares. Dans 75% des cas, il s’agit d’agressions verbales ou de menaces, précise l’Observatoire de la sécurité des médecins. Elles ont souvent pour cause une perception négative du patient sur sa prise en charge, un temps d’attente jugé trop long ou encore un refus de prescription du praticien. En principe, toute menace physique ou verbale envers un professionnel de santé est passible de 45.000 € d’amende et de 3 ans d’emprisonnement. Mais dans les faits, la plupart de ces actes restent impunis ».
Elle cite le Dr Avrane, « qui milite pour que les victimes portent systématiquement plainte ». Le médecin remarque en effet que « 61% des médecins ne font rien ».
« « Lire » la douleur chronique dans le cerveau pour mieux soigner »
Date de publication : 25 mai 2023
Pauline Fréour fait savoir dans Le Figaro qu’« une équipe de l’université de Californie à San Francisco est parvenue à décrypter les signaux de la douleur chronique dans le cerveau de plusieurs malades chez qui tous les traitements avaient échoué ».
« Une avancée qui permet d’espérer une meilleure identification des personnes les plus à risque, mais aussi d’envisager des thérapies innovantes », remarque la journaliste.
Elle décrit ce travail paru dans Nature Neuroscience : « L’expérience a eu lieu dans le cadre d’un essai clinique évaluant une thérapie personnalisée contre les douleurs chroniques neuropathiques résistantes. Le traitement consiste à stimuler, pour les «reprogrammer», certaines aires cérébrales profondes à l’aide d’électrodes plantées à travers le crâne, reliées à un appareil ressemblant à un pacemaker ».
Pauline Fréour note que « les chercheurs, dirigés par le Dr Prasad Shirvalkar, ont profité de ces dispositifs dont étaient équipés les volontaires pour enregistrer par électroencéphalogramme les variations du signal électrique chez 4 d’entre eux, en souffrance depuis au moins 2 ans à la suite d’un AVC ou d’une amputation. (…) Les enregistrements ont pu être réalisés sur plusieurs mois ».
La journaliste ajoute que « les volontaires devaient remplir un questionnaire sur ce qu’ils ressentaient à ce moment-là, et noter l’intensité de la douleur perçue à l’aide d’échelles de référence. Toutes ces informations ont ensuite été traitées par intelligence artificielle ».
Pauline Fréour relève que « les chercheurs ont pu identifier, pour chaque individu, la «marque» de la douleur chronique dans une région particulière du cerveau, le cortex orbitofrontal. Ces «biomarqueurs» objectifs ont permis de prédire le score de sévérité de la douleur ressentie par chacun des participants ».
La journaliste observe qu’« en plus d’aider à préciser le diagnostic dans certains cas, les biomarqueurs pourraient être utilisés pour personnaliser – et donc optimiser – les thérapies par stimulation cérébrale profonde, en ajustant les stimulations en fonction des informations reçues, explique le neurobiologiste ».
« Mais la route est encore longue, notamment parce que la technique utilisée est invasive (les électrodes sont implantées directement dans le cerveau), et donc risquée », souligne-t-elle.
Le Pr Julien Nizard, chef du service douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes et professeur de thérapeutique, rappelle que « la stimulation cérébrale profonde n’est quasiment plus pratiquée en France pour le traitement des douleurs rebelles car elle entraîne 2 à 4% d’hémorragies cérébrales qui peuvent induire un handicap définitif voire un décès, ce qui n’est éthiquement pas acceptable ».
« Nous préférons la stimulation du cortex moteur, où les électrodes sont placées à la surface du crâne, ou la stimulation magnétique transcrânienne, non invasive, qui agit au travers d’impulsions envoyées au cerveau par une bobine externe », précise le spécialiste.
Pauline Fréour observe que « pour le Pr Nizard, les travaux californiens amènent des informations intéressantes sur la cartographie de l’origine de la douleur, avec de possibles retombées sur le repérage des profils à risque. (…) Toutefois, cela doit passer par une adaptation des outils au profit de méthodes non invasives ».
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