« L’ecstasy autorisée à des fins médicales en Australie : est-ce vraiment raisonnable ? »

Date de publication : 6 juillet 2023

Le Parisien

Marie Vidalenc note dans Le Parisien que « de plus en plus de tests le montrent : dans un cadre thérapeutique, certaines drogues permettent de lutter contre des pathologies mentales. L’Australie a donc décidé de ne plus attendre : elle est devenue samedi 1er juillet le premier pays à autoriser l’usage de l’ecstasy et des hallucinogènes à des fins médicales ».
La journaliste relève ainsi que « les psychiatres peuvent prescrire de la MDMA ou de la psilocybine à certains de leurs patients ».
Elle note que « les dernières études ont en effet montré qu’un tiers des patients résistant aux antidépresseurs répondaient à la psilocybine. Les résultats sont tout aussi positifs pour la MDMA traitant des états de stress post-traumatiques ».
Lucie Berkovitch, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), confirme : « Lorsqu’elle est associée à la psychothérapie, on observe environ 40% de réponse dès la première séance. Ce chiffre monte à 80% après trois séances avec un tiers des patients qui n’ont plus de symptômes ! ».
Marie Vidalenc précise cependant que « sur les quatre phases d’études préalables, la MDMA et la psilocybine sont (…) en phase 3. La dernière étape, qui consiste à tester le médicament à plus grande échelle pour voir s’il est applicable sur toutes les populations, n’a donc pas commencé ».
La journaliste s’interroge : « L’Australie a-t-elle été trop vite ? ». Le Dr Mickael Naassila, spécialisé en addictologie, répond qu’« il n’y a vraiment aucun risque si les doses sont prescrites dans un cadre réglementé ».
Marie Vidalenc note que « les psychédéliques ne provoquent (…) pas d’addiction mais ils activent les récepteurs de la sérotonine, impliquée dans la régulation des comportements. (…) Le seul danger viendrait de l’usage potentiellement récréatif de ces médicaments une fois prescrits ».
« Mais dans un cadre strictement encadré, les psychédéliques pourraient renforcer un arsenal médical parfois lacunaire »,
 ajoute-t-elle.
Lucie Berkovitch souligne ainsi : « Je sais qu’il y a des patients en grande détresse qui n’ont aucune solution. Et la particularité de ces molécules, c’est qu’elles agissent tout de suite et de façon durable après une prise unique ».

« Les Etats-Unis élargissent l’accès à un nouveau traitement prometteur contre Alzheimer »

Date de publication : 7 juillet 2023

Le Monde

Le Monde annonce que « les autorités sanitaires américaines ont pleinement autorisé (…) un nouveau traitement contre Alzheimer, permettant ainsi de le rendre plus accessible en passant par le système fédéral d’assurance santé. Le Leqembi (lécanémab), qui vise à réduire le déclin cognitif, est autorisé pour les patients n’ayant pas encore atteint un stade avancé de la maladie ».
Le journal rappelle que le médicament « avait été approuvé en janvier par l’Agence américaine des médicaments (FDA) selon une procédure accélérée. L’analyse d’études complémentaires a désormais permis son autorisation complète ».
« Administré par intraveineuse toutes les 2 semaines, il est développé par l’entreprise pharmaceutique japonaise Eisai avec l’américaine Biogen. Son prix a été fixé à 26 500 dollars (24 328 euros) par an et par patient »,
 précise le quotidien.
Le Monde remarque que « le Leqembi fait partie d’une nouvelle génération de traitements ciblant une protéine appelée bêta-amyloïde, qui forme des plaques dans le cerveau de patients malades. Ce médicament a été le premier à démontrer clairement une réduction du déclin cognitif (de 27%) dans le cadre d’un essai clinique ».
« Sans soigner les patients, il peut permettre de ralentir un peu la progression de la maladie. Il est toutefois accompagné d’un avertissement : il peut entraîner des effets secondaires graves, comme des œdèmes ou des hémorragies cérébrales, qui peuvent être fatals », 
souligne le journal.
Il ajoute que « le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly développe également un traitement contre Alzheimer ciblant les plaques amyloïdes et ayant démontré une réduction du déclin cognitif. Au printemps, l’entreprise avait annoncé vouloir déposer rapidement des demandes d’autorisation dans le monde entier ».

« Suicides forcés : à l’AP-HP, les soignants formés à réagir avant qu’il ne soit trop tard »

Date de publication : 18 juillet 2023

Libération

Marlène Thomas relève dans un reportage pour Libération que « l’ancienne avocate Yael Mellul, qui a porté la reconnaissance du suicide forcé comme infraction, sensibilise le personnel de santé à la détection d’un harcèlement pouvant pousser une femme à se tuer. A la Pitié-Salpêtrière, en mai, l’échange a mis en lumière leur rôle central face à ces violences ».
La journaliste observe qu’« il suffit de compter les doigts timidement levés pour se rendre compte du chemin restant à parcourir. «Combien d’entre vous ont déjà entendu parler de suicide forcé ?» amorce Yael Mellul. (…) Sur la vingtaine de personnes présentes en ce dernier jour de mai à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris : 6 personnes ».
Marlène Thomas rappelle que « depuis 2020, un nouvel article du code pénal compte deux circonstances aggravantes au délit de harcèlement moral sur conjoint ou ex : lorsque ces violences psychologiques ont conduit la victime – majoritairement des femmes – à se suicider ou à tenter de se suicider, la peine est désormais de 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende ».
La journaliste explique que Yael Mellul « organise depuis près de 3 ans des sessions de prévention dans des commissariats ou hôpitaux en ne comptant que sur les bonnes volontés individuelles. (…) Une bonne partie de l’assistance est ce jour-là «acquise» à cette cause, «experte même». (…) En majorité, des médecins, aides-soignantes, accueillantes, psychologues des trois Maisons des femmes de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) – trois structures qui proposent un accompagnement global aux victimes de violences – mais aussi de la maternité ou de centres médico-psychologiques (CMP) ».
Marlène Thomas observe que « les soignants forment le premier rempart à cette spirale mortifère ».
Yael Mellul souligne : « Au moins deux fois plus de femmes meurent de suicides forcés que de féminicides. (…) Vous êtes dans l’écrasante majorité des cas en première ligne, c’est vous que les victimes de violences conjugales viennent voir en premier, c’est auprès de vous qu’elles viennent se faire soigner lorsqu’elles sont blessées ou qu’elles ont fait une tentative de suicide ».
Marlène Thomas relève en outre que « la responsabilité des médecins est double dans le cas d’un suicide forcé. Il y a la réaction à l’urgence immédiate et ce qu’il consigne pour l’après. Les certificats médicaux constituent des éléments probatoires clés ».
La journaliste ajoute que « les soignants marchent sur des œufs. Si le texte de loi n’exige pas que le harcèlement moral soit l’unique cause du suicide, les conséquences traumatiques des violences conjugales (dépression, perte d’emploi, alcoolisme, isolement, hospitalisation en psychiatrie…) sont encore souvent retenues comme des raisons du passage à l’acte plutôt que comme des preuves du harcèlement moral ».

« Alerte en psychiatrie : « Ce n’est pas du soin, c’est de la maltraitance » »

Date de publication : 21 juillet 2023

Le Parisien

Elsa Mari livre dans Le Parisien le témoignage de Laurène qui, « comme près de 1,5 million de personnes en France, est atteinte de troubles bipolaires. La trentenaire raconte comment la maladie a déferlé avec fracas dans sa vie : perte de discernement, euphorie, dépression. En même temps, elle découvre l’hôpital, le manque de temps et les méthodes «traumatisantes» des soignants ».
La journaliste relève ainsi : « La scène lui paraît toujours irréelle. Elle, faisant des salutations au soleil, pieds nus dans le tramway. Puis en train d’errer dans la banlieue de Strasbourg croyant s’y être téléportée. Ce soir-là, une bande de jeunes appelle la police. Le rêve éveillé prend fin à la vue du panneau « hôpital psychiatrique ». Laurène sera internée trois semaines ».
« Cette nuit de 2016, l’étudiante brillante de Sciences-po verse dans la folie. Personne ne comprend cette «bouffée délirante». Ni elle, ni ses parents, il n’y avait aucun signe. Excepté, peut-être, ce stress des examens qui l’a tenue debout trois nuits d’affilée », 
note Elsa Mari.
Elle explique que « le diagnostic sera posé 4 ans plus tard. Les médecins parlent d’un coup de tonnerre dans un ciel serein : la bipolarité, responsable de ses troubles de l’humeur, va-et-vient émotionnel épuisant. À partir de cette première crise, Laurène se fait envahir par ce double étrange, tantôt ivre de bonheur, tantôt désespéré. Il oblitère son jugement, décuple son activité cérébrale. Comme l’impression d’être hors de soi. Entre les deux, la phase de rémission lui laisse peu de répit ».
Elsa Mari relève que « ces traumatismes répétés l’ont abîmée. Mais un autre l’a détruit : la «brutalité» des soignants ». Laurène déclare : «Progressivement, je reconstruis mon identité que la psychiatrie m’a volée ».
La journaliste indique notamment : « Fin juin 2016, le moulin infernal des idées noires reprend. Nouvelle rechute. Cette fois, elle est internée. Les soignants jugent le risque de suicide élevé, ils la mettent à l’isolement plusieurs jours. Sans lui expliquer, ce qui est contraire à la réglementation. Tout va très vite, à peine le temps de comprendre ».
Laurène observe : « La porte se referme. Je me retourne : il y a un matelas par terre, un pot, un filet de lumière. Ce n’est pas un soin, c’est de la maltraitance. Je crie, je frappe à la porte. Six soignants débarquent, m’attrapent par le cou et les jambes, baissent mon pantalon et me piquent au valium ».
Elsa Mari souligne que « jamais Laurène ne s’est montrée agressive. «Pourquoi violente-t-on les malades ?», répète-t-elle, sidérée. La faute, selon elle, au manque d’effectifs. «Ils ne sont pas assez, alors ils paniquent vite et préfèrent enfermer.» Alors qu’elle est internée, le médecin n’a d’ailleurs qu’un quart d’heure de consultation par semaine à lui accorder ».
Laurène poursuit : « Dans les autres hôpitaux, c’est pareil. À partir de là, j’ai développé une colère immense envers l’institution. La psychiatrie ne guérit pas. Elle ajoute du trauma au trauma ».
Elsa Mari ajoute qu’« au fil du temps, Laurène est parvenue à apprivoiser son «handicap psychique», à trouver un «ancrage» grâce à un long travail et le soutien invétéré de sa famille. Si elle rechute, elle fera tout pour éviter l’hôpital. Car longtemps les images des sangles et de cette porte qui se referme l’ont hantée. Il lui a fallu des années pour se réconcilier avec son corps ».
La jeune femme déclare : « J’ai l’impression d’avoir vécu un viol médical ».


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