« Le daridorexant, un nouveau somnifère porteur d’espoir »
Date de publication : 5 février 2024
C’est ce que titre Le Figaro, qui observe que « 4 millions de Français souffrent d’insomnies à des degrés divers. Les médicaments sont-ils la solution ? L’arrivée d’un somnifère dernière génération relance le débat ».
Brigitte Fanny Cohen rappelle ainsi que « si les troubles du sommeil durent depuis plus de 3 mois, au moins trois fois par semaine, avec des difficultés au quotidien – fatigue, manque de concentration, irritabilité, somnolence -, on parle d’insomnies. Il faut alors consulter pour identifier leurs causes ».
« Elles sont nombreuses : certaines maladies comme la dépression, les apnées du sommeil, le syndrome des jambes sans repos… Mais aussi certains médicaments comme la cortisone ou des excitants pris avant de dormir comme le thé, le café ou l’alcool… Ou encore la lumière bleue des tablettes et autres smartphones qui perturbe la production de mélatonine et l’endormissement », indique la journaliste.
Elle explique que « soigner la cause permet le plus souvent de traiter l’insomnie. Parfois, on ne retrouve pas de raison bien identifiée aux insomnies chroniques qui représentent un véritable cauchemar pour ceux dont elles hantent les nuits ».
Brigitte Fanny Cohen observe que « les somnifères sont assez décriés et ne sont prescrits, en principe, que sur des périodes courtes : 28 jours maximum, pour aider à passer un cap difficile. […] Selon la Haute Autorité de santé, plus d’un quart des plus de 65 ans […] prennent des somnifères au long cours, 7 mois en moyenne mais parfois durant des décennies ».
Le Dr Patrick Lemoine, psychiatre, docteur en neurosciences, remarque en effet qu’« ils provoquent une dépendance inefficace et toxique : inefficace car ils ne guérissent pas les insomnies et toxique car ils entraînent de nombreux effets secondaires ».
Brigitte Fanny Cohen relève qu’« un nouveau somnifère (le daridorexant) sera commercialisé en mars 2024 en France. Il apporte une lueur d’espoir avec son mécanisme d’action différent des autres. Cet hypnotique de dernière génération s’attaque à l’orexine, une hormone qui intervient dans le sommeil mais aussi dans le contrôle du poids ».
Le Dr Damien Léger, directeur du Centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), explique qu’« il bloque les récepteurs des neurones qui fabriquent l’orexine. En cela, il favorise un endormissement plus rapide et augmente le temps de sommeil. Il améliore aussi l’éveil, le jour suivant, ce qui est totalement nouveau pour un somnifère. Dans les études, il n’a pas provoqué plus d’effets secondaires que le placebo ».
La journaliste observe que « l’arrivée de ce nouveau médicament risque de provoquer un raz de marée de prescriptions, ne respectant pas toujours les indications ».
Le Pr Léger souligne que « sa mise sur le marché sera encadrée par la Haute Autorité de santé, avec une étude pour savoir qui prend ce médicament et avec quels effets. Je la coordonne et nous allons être très vigilants : il ne s’agit pas de la pilule miracle pour dormir ».
« Loi contre les dérives sectaires : l’incitation à ne pas suivre un traitement médical sera-t-elle sanctionnée ? »
Date de publication : 6 février 2024
C’est ce que titre Le Parisien, qui fait savoir que « les ordres des professionnels de santé appellent les députés à réintroduire dans le projet de loi le délit initialement prévu mais retiré lors de l’examen au Sénat. La rapporteuse du texte à l’Assemblée nous présente les « garde-fous » qu’elle compte proposer pour tenir compte des réserves du Conseil d’État ».
Nicolas Berrod explique que « dans sa version initiale, [l’article] prévoyait de punir d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende «la provocation à abandonner ou à s’abstenir de suivre un traitement médical, lorsque cela est présenté comme bénéfique pour la santé des personnes visées alors que [cela] est, en l’état des connaissances médicales, manifestement susceptible d’entraîner des conséquences graves pour leur santé physique ou psychique» ».
« Mais le Sénat l’a provisoirement supprimé fin décembre, tandis que le Conseil d’État avait émis des réserves dès le mois de novembre », rappelle la journaliste.
Elle indique qu’« interrogés mardi 24 janvier à l’Assemblée, les représentants des principaux ordres professionnels (médecins, kinés, chirurgiens-dentistes, podologues, etc.) ont « unanimement » plaidé pour réinstaurer un tel délit ».
Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), déclare ainsi : « On reçoit chaque jour des signalements et il existe déjà l’escroquerie et l’exercice illégal de la médecine, mais l’interdiction de faire de la propagande permettrait d’englober d’autres situations ».
Nicolas Berrod relève que « dans son avis, le Conseil d’État a pourtant estimé qu’une telle mesure n’était «ni nécessaire ni proportionnée». Parmi leurs arguments, les juges estiment qu’«il convient de garantir un équilibre entre les droits constitutionnels, afin, notamment, de ne pas remettre en cause la liberté des débats scientifiques et le rôle des lanceurs d’alerte». Or une atteinte à la liberté d’expression doit être «nécessaire, adaptée et proportionnée à l’objectif poursuivi», ce qui ne serait pas le cas ».
Le journaliste note que « la balle est désormais dans le camp des députés. [L’article] pourrait être rédigé différemment pour prendre en compte les remarques du Conseil d’État et limiter le risque de dérives. Car certains traitements, rejetés par la communauté scientifique dans un premier temps, peuvent finir par prouver leur efficacité sur la base de nouvelles études, par exemple ».
Brigitte Liso (Renaissance), rapporteuse du texte, évoque « 4 critères : que la personne soit malade, qu’il y ait une incitation à abandonner les soins, que cela entraîne un risque manifeste pour la santé et avec des conséquences graves ».
« « J’ai régulièrement envie d’en finir » : ces jeunes adultes de plus en plus affectés par des pensées suicidaires »
Date de publication : 6 février 2024
Léo Aguesse relaie dans Le Parisien « une nouvelle illustration, s’il en fallait encore une, d’une détérioration de la santé mentale des jeunes adultes. Les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des 18-24 ans ont fortement augmenté depuis le Covid, dévoile […] le dernier baromètre de Santé publique France ».
Le journaliste retient que « les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 chez les jeunes (passant de 3,3% à 7,2% en 2021) et les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (de 6,1% à 9,2%) ».
Il cite notamment Arthur, 23 ans, dont « les phases de déprime ont toujours fait partie du quotidien » : « Je souffre depuis que je suis jeune du syndrome du côlon irritable, une maladie qui n’est pas grave mais très inconvenante. J’ai régulièrement envie d’en finir pour ne plus avoir mal ».
Léo Aguesse observe que « les mauvaises nouvelles qui s’accumulent depuis l’an passé le tirent vers le bas. «Une série d’évènements difficiles» pour Arthur, parmi lesquels plusieurs décès de proches et une séparation avec son ancienne compagne ».
Le jeune homme souligne : « Je suis clairement tombé dans une longue dépression, avec des envies suicidaires plus fortes qu’habituellement ».
Concernant cette étude, Léo Aguesse explique que « les racines du mal, multifactorielles, sont souvent les mêmes. Parmi les causes principales «figurent régulièrement la rupture amoureuse, les problèmes familiaux ou encore la perte d’emploi», souligne la psychologue Jessica Sautron. Mais cette préoccupation des jeunes adultes sur leur santé mentale est «nouvelle», relève la spécialiste, qui constate que la parole se libère ».
Le journaliste poursuit : « Les patients qu’elle reçoit dans son cabinet pointent bien souvent un «contexte sociétal assez morose», une «perte de sens» ou encore un «manque de perspectives d’avenir». Les réseaux sociaux, sorte de miroir déformant de la société, peuvent également participer à l’apparition d’un état dépressif ».
Léo Aguesse conclut que « la psychologue rappelle l’importance de la prévention, de «poser des questions autour de soi». Puis, lorsque les troubles dépressifs sont confirmés, il devient nécessaire de «se tourner vers la psychiatrie» et les structures existantes ».
Le Figaro remarque pour sa part que « près de 10% des jeunes femmes ont eu des pensées suicidaires en 2021 ».
Soline Roy explique aussi que cette « étude de Santé publique France montre une forte hausse des pensées suicidaires et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans, en particulier chez les jeunes femmes ».
La journaliste souligne que « cette étude «confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation», écrivent les auteurs ».
Soline Roy ajoute que « ces hausses [de tentatives de suicide et d’idées suicidaires chez les jeunes adultes] pourraient également être partiellement attribuables à une «ouverture de la parole sur les questions de santé mentale» ».
« Des progrès restent cependant à faire dans la prise en charge : tous âges confondus, «un peu moins de 6 personnes ayant tenté de se suicider sur dix (57%) estimaient avoir reçu le soutien nécessaire pour s’en sortir lors de leur dernière tentative de suicide» », souligne la journaliste.
Le Monde évoque également cette « forte hausse des pensées et des tentatives de suicide des jeunes adultes français ».
Le journal note que « ces résultats «constituent un changement important, puisque [les pensées suicidaires] étaient inférieures ou comparables [à celles des] autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19», rappelle l’agence de santé publique. Cette inversion de tendance vient «confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes» ».
« Psychédéliques : une première étude menée en France avec la psilocybine »
Date de publication : 12 février 2024
Soline Roy évoque dans Le Figaro cette « étude pionnière en France sur la psychothérapie assistée par psilocybine, la substance active des champignons hallucinogènes ».
« Menée à l’Hôpital de réadaptation, de rééducation et d’addictologie du Grau-du-Roi (Gard) sur 30 patients atteints de troubles de l’usage de l’alcool associés à la dépression, celle-ci va tout d’abord étudier «la faisabilité et l’acceptabilité» du traitement avant qu’il ne soit éventuellement évalué sur une plus grande cohorte », précise la journaliste.
La Dr Amandine Luquiens, psychiatre addictologue au CHU de Nîmes, explique : « Nous incluons des patients dont l’addiction est sévère et chez qui les signes de dépression restent présents après le sevrage, ce qui est un gros facteur de risque de rechute ».
Soline Roy rappelle ainsi qu’« en moyenne, près de la moitié des patients alcoolodépendants rechutent dans les 6 mois suivant une cure de sevrage, et un tiers des patients dépressifs sont résistants aux traitements actuels ».
Elle note que « les psychédéliques ont plusieurs avantages sur les médicaments antidépresseurs, qui justifient le regain d’intérêt des médecins à leur endroit. Ces produits qui modifient l’état de conscience semblent efficaces en une ou deux prises, de façon immédiate et persistante. Ils agissent sur les récepteurs de la sérotonine, un neurotransmetteur notamment impliqué dans la gestion des humeurs et de l’anxiété, et induisent une altération profonde des perceptions et de la conscience, indique l’Inserm ».
Soline Roy relève notamment que « dans le cadre d’une étude récemment publiée dans Scientific Reports, des chercheurs new-yorkais ont fait passer des IRM à 11 patients dépendants à l’alcool, 3 jours avant d’avoir bénéficié d’une psychothérapie assistée par psilocybine, puis 2 jours après. Ils montrent des modifications de l’activité cérébrale qui «suggèrent une meilleure action dirigée vers un but, une meilleure régulation émotionnelle et une diminution de l’état de manque» ».
La journaliste souligne que « le maniement des psychédéliques nécessite […] un encadrement étroit de la part de l’équipe médicale. Chaque session doit avoir lieu dans un environnement chaleureux et rassurant, avec un accompagnement des soignants qui doivent rester auprès du patient tout au long de l’expérience ».
La Dr Luquiens remarque ainsi que « c’est chronophage pour les soignants, mais si cette stratégie s’avère efficace, elle pourrait être efficiente car en seulement deux prises le patient pourrait entrer en rémission ».
Soline Roy explique que « les patients, sevrés d’alcool depuis au moins 2 semaines, recevront de la psilocybine à deux reprises, à 3 semaines d’intervalles ». La Dr Luquiens précise : « Ils resteront hospitalisés pendant 4 semaines. Nos patients peuvent avoir des complications liées au sevrage et sont vulnérables psychologiquement ».
La journaliste note que « la prise de psilocybine est associée à une prise en charge psychothérapeutique avant, pendant et après la session ».
Soline Roy observe que « la psilocybine agit une quarantaine de minutes après la prise et son effet dure 6 heures, pendant lesquelles le patient, allongé sur son lit, les yeux masqués, doit être sollicité le moins possible : l’expérience psychédélique est un voyage intérieur que rien ne doit venir perturber ».
La journaliste précise que « la molécule a reçu une autorisation spéciale de l’Agence du médicament dans le cadre de cette étude, et est conditionnée en gélules au sein de la pharmacie de l’hôpital ».
Soline Roy ajoute qu’« en France, d’autres essais du même type sont prévus par d’autres équipes, avec de la psilocybine et une autre molécule issue de l’ergot de seigle : le fameux LSD. Ils signent le grand retour de la médecine psychédélique. Avant d’être détournées à des fins récréatives, ces substances avaient en effet été développées comme médicaments contre la dépression, l’anxiété ou la dépendance à l’alcool ».
« Dans la tête de Lise, aux personnalités multiples : « J’en ai voulu à mes 30 alters de me voler ma vie » »
Date de publication : 12 février 2024
Dans Le Parisien, Julie Cloris brosse le portrait de cette « jeune femme [qui] a fait la paix avec sa multiplicité, après des années destructrices. « Vivre » avec plusieurs personnalités, soit des idées, des souvenirs et des goûts différents, serait le lot de 1,1 à 1,5% de la population », note la journaliste.
Julie Cloris explique que « Lise présente un « trouble dissociatif de l’identité » (TDI), ou « trouble de la personnalité multiple ». […] Pour Lise, de subtiles modulations dans la voix trahissent la « présence » d’un alter, mot qui vient de l’expression « état alternatif de conscience », mais qui s’est imposé dans l’esprit collectif comme « un autre » ».
Lise indique : « Moi, j’ai deux co-hôtes et plus de 30 alters, ils ne sont pas tous actifs. Mes deux co-hôtes se ressemblent beaucoup, on a la même façon de penser, une manière comparable de naviguer dans la vie ».
Elle précise : « C’est un état étrange, bizarre, parasite. On semble lunatique mais à l’intérieur, c’est encore plus incohérent. Parfois on ne se voit pas faire les choses, parfois on a des envies contraires. Ce n’est pas toujours concret : on est surtout tiraillé ».
Julie Cloris note que « la jeune femme ne sait pas quand ce flou s’est imposé en elle. «Ado, je croisais des gens qui me connaissaient, et je n’avais aucune idée de qui ils étaient. Des objets, des vêtements, apparaissaient dans ma chambre», relate-t-elle. Elle ressent «des difficultés relationnelles et physiques, beaucoup d’angoisse et d’anxiété». Lise ne se sent pas en confiance dans sa famille pour parler, elle doute, souffrant en silence ».
La jeune femme évoque « la guerrière » : « La première que j’ai conscientisée, [elle] est très différente de moi. Elle se tient très droite, les épaules redressées. Elle a une voix grave et posée. Elle est froide et rationnelle, son rythme cardiaque est stable. Quand je dis aujourd’hui que je suis multiple, il suffit qu’elle se montre pour que les gens me croient, c’est un peu ma bête de foire ».
Elle évoque aussi « la fulgurante », qui « est une tornade, elle veut ressentir pleinement les choses, faire la fête, manger des trucs sympas. Elle aime le contact, elle est très bavarde. Si elle n’a rien à faire, elle peut être frustrée et débarquer à 3 heures du matin ».
Julie Cloris explique que « pendant des années, ces deux antagonistes se sont fait la guerre. […] Entre «désespoir et résignation», Lise enchaîne les crises d’angoisse, les «crashs émotionnels», les douleurs physiques. Qu’elle travaille à la chaîne dans une usine de jour, comme vendeuse ou comme serveuse dans un bar de nuit, sa vie est une succession de hauts et de bas ».
« Lise s’enfonce dans une profonde dépression ; seule la guerrière surnage, elle traîne tout le monde chez une psychiatre. À la thérapeute, Lise dit entendre des voix dans sa tête. Des tests permettent d’écarter la schizophrénie. Vient alors le diagnostic de trouble dissociatif de l’identité », indique la journaliste.
Elle relève que « faute de spécialiste pour la suivre au long cours, la jeune femme doit se débrouiller seule. Une grande aventure commence, qui passe, dit-elle, par le dialogue entre tous ses « moi » ».
Lise précise : « Au début du processus, on pensait vraiment qu’on était moins de dix, c’étaient en fait les alters les plus actifs. Il y avait beaucoup de mésentente entre nous, de peurs, de rejet. Je leur en ai voulu de me voler ma vie, de mettre fin à des relations, de semer le bazar. Il a fallu du temps pour que les choses s’apaisent, et on a réussi. On s’entend relativement bien maintenant, on s’entraide ».
Julie Cloris observe que « la reconnaissance d’un handicap physique lui permet de percevoir l’allocation avec laquelle elle vit. Et de se consacrer au bénévolat, la seule activité où elle peut adapter ses horaires et sa charge de travail à son état de fatigue ».
« Dans le Finistère, une psychiatrie efficace qui a « le souci de l’autre » »
Date de publication : 13 février 2024
Eric Favereau remarque dans Libération que « tout n’est pas absolument pourri dans le royaume de la psychiatrie. Il y a ainsi des endroits où l’on ne manque pas de psychiatres ni d’infirmières, où les uns comme les autres sont contents de travailler, et où les patients sont non seulement pris en charge, mais bien pris en charge. Et cela se passe dans le Finistère, à Landerneau ».
Le journaliste se penche ainsi sur ce « service reposant sur la psychothérapie institutionnelle. Un lieu qui existe depuis une trentaine d’années, et qui satisfait patients comme médecins ».
Il cite la Dre Delphine Glachant, qui « a trouvé il y a un peu plus d’un an un poste à l’hôpital de Landerneau. Dans l’histoire de la psychiatrie publique, c’est un lieu qui n’est pas anodin, où depuis plus d’une trentaine d’années, on y pratique, à l’initiative du Dr Jean-Michel de Chaisemartin, une prise en charge humaniste, ouverte, en réseau, reposant sur ce que l’on appelle la psychothérapie institutionnelle. Et cela marche ».
La psychiatre observe dans la revue Pratiques : « Au-delà de la gentillesse des uns et des autres, une véritable culture de l’accueil est travaillée, qui traverse les patients et le personnel. […] A Landerneau, on fait de la psychiatrie de secteur, de la vraie, celle où tout le monde circule, patients, soignants, d’une unité à l’autre, vers la ville, vers la mer. Plus de dix gîtes [séjours thérapeutiques, ndlr] s’organisent chaque année, y compris pour aller à la pêche… Les personnes, les biens, la parole circulent ».
Elle ajoute que « la continuité d’être n’est pas qu’une formule. C’est un souci de l’autre. Quand quelqu’un commence à décompenser, on en aura tellement parlé au cours de plusieurs synthèses successives que lorsqu’il arrive sans prévenir au centre médico-psychologique, ça va de soi qu’il est accompagné à l’hôpital, tranquillement, où là-bas, il est attendu et accueilli ».
La Dre Glachant précise : « Pour moi, il y a une foule de facteurs qui nous permettent ce travail. Il y a au départ un projet de gens qui se sont engagés. L’air de rien, c’est une vision de soins très politiques. Les patients sont présents, dans la boucle. On pense que le soin, cela passe aussi par leur émancipation ».
La psychiatre souligne cependant que « notre secteur subit comme partout les méfaits des politiques de santé. L’établissement mène notamment une politique de contractualisation qui précarise et fragilise les personnels. Ils restent en CDD des années, ne sont stagiairisés qu’au bout de six, huit ans ».
« Ce mois-ci, le dispositif d’alarme du travailleur isolé [DATI], mis en place dans les services de psychiatrie après le double homicide [à l’hôpital psychiatrique] de Pau en 2004, est arrivé dans le service alors que jusque-là, les équipes s’en étaient passées. Ressentir ce besoin, c’est mauvais signe, et l’arrivée du DATI en lui-même modifie l’ambiance. Cela témoigne de situations dans lesquelles l’équipe se sent en insécurité », ajoute la Dre Glachant.
Elle conclut néanmoins : « J’ai retrouvé un plaisir à travailler qui me fait beaucoup de bien. Il y a, il peut, y avoir plein de Landerneau dans la psychiatrie publique ».
« Femmes, hommes : les premières « preuves irréfutables » d’une différence de fonctionnement cérébral entre les sexes »
Date de publication : 20 février 2024
Camille Gaubert indique en effet dans Sciences et Avenir que « les cerveaux féminins et masculins ne fonctionnent pas tout à fait de la même manière, concluent de nouveaux travaux de l’université de Stanford publiés dans la revue PNAS ».
La journaliste retient que ce « nouveau modèle présenté par les scientifiques de l’équipe de Vinod Menon [professeur en psychiatrie et sciences du comportement à Stanford] affiche un taux de fiabilité inégalé : il parvient à prédire dans 90% des cas si le cerveau observé dans l’enregistrement par IRMf appartient à une femme ou un homme, et ce même en l’utilisant sur des jeux de données différents de celui qui lui a permis de s’entraîner ! Ce dernier compte environ 1.000 enregistrements par IRMf d’adultes de 20 à 35 ans issus du Human Connectome Project ».
Camille Gaubert indique que « ce projet soutenu par les autorités de santé américaines a l’ambition d’identifier les processus de connectivité cérébrale à l’œuvre dans divers troubles et maladies telles que la dyslexie, l’autisme ou la schizophrénie. En se basant sur ce millier d’enregistrements, le modèle d’IA par deep-learning (apprentissage profond) développé tout spécialement par les chercheurs a identifié trois réseaux et zones cérébrales permettant de distinguer les cerveaux féminins et masculins : le striatum, le système limbique – plus précisément le cortex orbitofrontal – et le réseau du mode par défaut ».
Camille Gaubert remarque : « Attention cependant, les scientifiques ne concluent à aucun déterminisme inné. […] Les chercheurs ne savent pas si ces différences entre femmes et hommes sont innées, par exemple dues à des influx hormonaux ou des caractéristiques génétiques, ou si elles sont façonnées tout au long de la vie par les attentes genrées de la société ».
La journaliste conclut que les chercheurs « espèrent que ces découvertes permettront de mieux comprendre, identifier et traiter les troubles et maladies psychiatriques et neurologiques dont la prévalence est nettement plus importante dans un sexe que dans un autre ».
Les auteurs observent ainsi que « le réseau du mode par défaut, le striatum et le système limbique sont également des lieux de dysfonctionnement dans les troubles psychiatriques dont les taux de prévalence sont biaisés entre hommes et femmes, notamment l’autisme, les troubles déficitaires de l’attention, la dépression, la toxicomanie, la schizophrénie et la maladie de Parkinson, qui ont tous des séquelles et des résultats sexospécifiques ».
« « Je nai jamais vu ça » : à Toulouse, le ministre de la Santé dénonce le manque de coopération du privé sur les urgences psychiatriques »
Date de publication : 21 février 2024
Paul Périé observe en effet dans Le Parisien : « Le ton est ferme, les mots choisis et le message clair. Pour l’une de ses premières sorties médiatiques, le nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, était en visite au CHU de Purpan à Toulouse, ce mardi ».
Le journaliste explique qu’il a été « alerté par la députée Renaissance de Haute-Garonne Monique Iborra à la suite de deux viols dans la même nuit du 10 au 11 février et du suicide d’un patient hospitalisé aux urgences psychiatriques le 14 février dernier ».
« Après avoir reçu l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur, celui qui a présidé pendant 11 ans la Fédération hospitalière de France et «visité des centaines d’hôpitaux» assure qu’il n’avait «jamais vu ça» », constate Paul Périé.
Le journaliste précise : « Dans sa ligne de mire, un secteur privé qui, selon lui, ne fait pas sa part, au détriment de la prise en charge des patients. […] Le ministre juge inacceptable de se retrouver dans de telles situations, alors que «des partenaires privés qui portent 75% du nombre de lits, n’acceptent pas des patients qui ne leur conviennent pas» ».
Frédéric Valletoux a ainsi déclaré : « C’est une crise inédite qui montre un paysage inacceptable de ce secteur de la santé mentale, qui ne fonctionne pas dans la métropole toulousaine, et cela depuis des années. J’ai découvert que le public et le privé ne coopèrent pas, des urgences psychiatriques qui pèsent uniquement sur l’hôpital… ».
Paul Périé relève que « s’il a annoncé des mesures de court terme, comme la réouverture de 15 lits accolés aux urgences psychiatriques du CHU de Purpan et la mise en place d’une équipe mobile, le ministre a surtout mis en avant «l’état d’esprit et la mentalité qui doivent changer» ».
Le journaliste ajoute que le ministre « a annoncé l’arrivée prochaine d’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Celle-ci devra pointer les responsabilités et trouver les moyens pour faciliter cette coopération ».
Paul Périé note en outre que « Frédéric Valletoux s’est aussi montré très ferme, indiquant qu’il allait dorénavant conditionner les autorisations et les financements à la bonne coopération des acteurs ». Ce dernier a souligné que « l’hôpital ne peut pas être le réceptacle de ce que les autres ne veulent pas faire ».
« Dépression, troubles bipolaires… En Île-de-France, on peut tous devenir secouristes en santé mentale »
Date de publication : 21 février 2024
Elsa Marnette constate dans Le Parisien qu’« alors que près de 30% des Français déclarent avoir présenté un trouble psychique dans l’année, l’Agence régionale de santé [d’Île-de-France] veut encourager la population à se former aux premiers secours dans ce domaine ».
La journaliste explique que ces formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM), qui « se développent en France depuis 2018, se pratiquent déjà dans une trentaine de pays, parfois depuis plus de 20 ans ».
Elle note qu’« en 2021, soit après la crise sanitaire et le constat des dégâts qu’elle a occasionnés en matière de souffrance psychique, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont amplifié leur déploiement, avec l’objectif d’atteindre, sur tout le territoire national, 60.000 secouristes formés en 2023 et 150.000 en 2025 ».
« La première étape est franchie et l’ambition affichée a été dépassée : à la fin de l’année, on comptait plus de 90.000 secouristes dans toute la France dont près de 15.000 en Île-de-France », relève Elsa Marnette.
La journaliste observe ainsi que l’ARS d’Île-de-France « a débloqué des crédits, soit plus de 385.000 euros pour 2023. Priorité est donnée «aux personnes qui n’ont pas accès à la formation professionnelle continue, par exemple les associations locales du champ de la solidarité, les étudiants», détaille l’ARS, qui dit soutenir également «les formations de formateurs et les universités qui proposent les formations aux PSSM à leurs étudiants» ».
Elsa Marnette cite notamment Elsa, jeune habitante de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), qui « s’investit beaucoup dans la formation ». Elle déclare : « J’ai été confrontée à des personnes qui avaient des troubles psychiques et je n’ai pas su les orienter. […] Peu importe le trouble, nous avons appris la méthode Aérer mise en place par PSSM […] : A pour approcher et évaluer ; E pour écouter activement et sans jugement ; R pour réconforter et informer ; E pour encourager à aller vers des professionnels ; R pour renseigner sur les ressources disponibles (familles, amis…) ».
« Les jeunes sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale, un mal aux causes profondes »
Date de publication : 26 février 2024
Mattea Battaglia et Camille Stromboni constatent en effet dans Le Monde qu’« en pleine crise de la psychiatrie, idées suicidaires et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans, tandis qu’elles stagnent dans les autres classes d’âge. Crise écologique, guerre, absence de perspectives… Le contexte anxiogène, même s’il n’explique pas tout, pèse sur les esprits des jeunes ».
Charles-Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille, coordinateur de la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide, souligne ainsi : « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit ».
Les journalistes notent que « le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni soulignent que « cette enquête, déclarative, menée en 2021 […] auprès d’un échantillon de près de 30.000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3% à 7,2%. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2% pour l’ensemble des répondants ».
Les journalistes retiennent que « chez les jeunes majeurs toujours, les tentatives de suicide déclarées les 12 derniers mois ont augmenté de plus de 60% (de 0,7% en 2017 à 1,1% de cette tranche d’âge en 2021) ; celles sur l’ensemble de leur vie de 50% sur la même période (passant de 6,1% à 9,2%). Une rupture au regard des précédents baromètres qui, depuis le début des années 2000, et à intervalles réguliers, donnaient pour cette tranche d’âge des résultats inférieurs ou comparables à ceux des répondants plus âgés ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni remarquent que « sur le terrain, le constat est largement partagé : si le choc du Covid-19 et de ses confinements s’éloigne, la demande de soins, chez les jeunes adultes comme chez les adolescents, ne faiblit pas. Au contraire : services saturés en pédopsychiatrie et en psychiatrie, délais pour accéder à une consultation qui s’allongent (jusqu’à 6 mois après une tentative de suicide, alors qu’un contact avec un médecin dans le mois qui suit est généralement préconisé), chambres sanctuarisées aux urgences pédiatriques pour accueillir les « TS » (tentatives de suicide), lits occupés par des jeunes patients « suicidaires » en pédiatrie… Ni l’hôpital ni la médecine de ville ne voient baisser la vague ».
« Les professionnels le soulignent : les tensions sur le système de soins de premier recours, engorgé de toutes parts, et les prises en charge plus tardives, ont de lourdes conséquences. Car cela ne permet plus de faire de la prévention et de désamorcer les crises », continuent les journalistes.
« Une IA parvient à distinguer le cerveau des hommes et des femmes »
Date de publication : 27 février 2024
Elisa Doré note à son tour dans Le Figaro qu’« un algorithme développé par des chercheurs américains a réussi à déterminer le sexe biologique des personnes à partir de l’analyse de leurs résultats d’IRM. Un défi qui résistait depuis longtemps aux neurologues ».
La journaliste explique : « On savait depuis longtemps que le sexe biologique détermine la production d’hormones par le cerveau. […] Récemment, une équipe de neurologues américains de l’université de Stanford en Californie s’est emparée de la question en misant sur une approche dans l’air du temps : l’intelligence artificielle. Et ils trouvent bien une différence cérébrale entre les hommes et les femmes. Du moins, si l’on s’en tient à aux aspects purement physiologiques de l’activité cérébrale, il n’y aurait plus aucun doute sur l’existence d’un dimorphisme sexuel du cerveau ».
Elisa Doré retient qu’« après avoir entraîné l’algorithme, il a été capable de dire, quasiment sans faute, si les IRM cérébrales qu’on lui présentait appartenaient à un cerveau d’homme ou de femme. Les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue des Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (Pnas, Proceedings of the National Academy of Sciences) ».
La journaliste précise que « tout l’intérêt de l’algorithme développé par les chercheurs est qu’il est « explicable » : ils ont pu l’interroger sur son propre raisonnement interne et donc déceler les caractéristiques fonctionnelles qui, a priori, différaient entre les sexes ».
Elisa Doré continue : « Il en ressort que l’IA s’est principalement fondée sur l’activité de trois types de réseaux neuronaux intimement liés au traitement des émotions. Le premier, la région du striatum, est associé au traitement de l’information douloureuse et plus généralement au circuit de la récompense qui contrôle la motivation. Le second, le système limbique, est notamment impliqué dans l’attention, la mémoire et la régulation des émotions ».
« Mais c’est principalement l’activité du troisième réseau neuronal, que les neurologues appellent « le mode par défaut », qui aurait le plus influencé les conclusions de l’IA. Ce réseau connecte un ensemble de régions cérébrales qui s’activent au repos. Il est souvent lié à la rêverie mentale ou à la conscience de soi », explique la journaliste.
Le Pr Pascal Reynier, médecin biologiste au CHU d’Angers, réagit : « Il est très difficile de donner une signification claire à ces résultats. Cela pourrait signifier que nous aurions un mode de traitement des informations différent selon notre sexe biologique, qui pourrait notamment s’observer sur le plan comportemental mais aussi dans certaines pathologies par exemple ».
Elisa Doré note que « les auteurs espèrent que cette IA pourra servir à améliorer la compréhension des processus neuropathologiques voire, à terme, à améliorer les traitements et la prise en charge des patients ».
« Aux urgences psychiatriques de Toulouse, un suicide sur un brancard… »
Date de publication : 27 février 2024
Eric Favereau remarque dans Libération qu’« après le suicide sur un brancard d’un malade psychique aux urgences de Toulouse le 14 février, le ministre de la Santé a dénoncé le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission et annoncé une kyrielle de mesures. Mais peut-on y croire ? ».
Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapés psychiques (Unafam), observe ainsi : « Le 14 février, un patient concerné par un trouble bipolaire a mis fin à ses jours, après être resté 10 jours sur un brancard de consultation, faute de places pour une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« on ne sait pour autant rien de plus de ce patient : ni son nom, ni son histoire, ni les raisons de son hospitalisation. Dix jours ainsi, enfermé dans un petit espace, dans un bureau de 3 m2, faute de lit. Dix jours, c’est terriblement long ».
Isabelle Prono, représentante du syndicat SUD santé sociaux au CHU de Toulouse, réagit : « Ce n’est pas normal que l’on n’ait pas pu trouver une place d’hospitalisation. Les patients qui nécessitent une hospitalisation en psychiatrie sont en grande souffrance, on les stocke dans des lieux qui ne sont pas prévus pour ça alors qu’on a fermé 8 lits qui sont toujours vides ».
Eric Favereau relève que « le nouveau ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, s’est déplacé dans la préfecture de Haute-Garonne. Une bonne décision. Il est rare, en effet, que des ministres se déplacent après la mort de patients. Il a dénoncé les mauvaises relations entre les secteurs hospitaliers privé et public, qui seraient responsables de ces attentes inhumaines. […] Frédéric Valletoux a annoncé une collection de mesures ».
Le journaliste note cependant que « comme à chaque fois, on préfère des annonces formelles, classiques comme un catalogue. […] Le disque paraît rayé et tous les acteurs sur place l’ont déjà anticipé : il ne se passera rien ou presque. Pas de moyens supplémentaires. Juste, cette fois-ci, un nouveau bouc émissaire : le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission. Une critique que ce dernier a d’ailleurs très mal pris ».
Eric Favereau cite en conclusion Marie-Jeanne Richard, qui écrit dans une lettre ouverte au ministre de la Santé : « Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique. […] Le temps des déclarations et des seules ambitions doit être derrière nous pour laisser place à une réelle transformation de la prise en charge des troubles psychiques ».
« La qualité de nos nuits a un impact majeur sur notre santé, bien au-delà des effets néfastes de la fatigue »
Date de publication : 29 février 2024
C’est ce que titre Le Figaro, qui consacre une double page au sujet. Elisa Doré explique ainsi que « pendant très longtemps, on a considéré le sommeil comme un temps mort sans grande utilité, d’où la tendance des sociétés industrielles à réduire progressivement le temps accordé à dormir. Or les dégâts d’une privation chronique du sommeil nous ont appris qu’il revêt en réalité une importance cruciale pour notre santé ».
« Somnolence, problèmes de concentration et sautes d’humeur, tout le monde a déjà ressenti les effets d’un manque de repos sur son quotidien. À plus long terme, les conséquences peuvent s’avérer plus graves en rendant le terrain propice à l’installation de certaines pathologies. On estime qu’un humain consacre en moyenne un tiers de sa vie à dormir. De la simple récupération à la mémorisation en passant par l’apprentissage, le sommeil assure un large spectre de fonctions complémentaires à celles de l’éveil mais très souvent sous-estimées », note la journaliste.
Le Dr Marc Rey, neurologue et président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que « lorsque nous dormons, le cerveau restimule les circuits neuronaux utilisés dans la journée, par exemple pour retenir une leçon ou apprendre à faire du vélo. Par ce processus, il est capable de consolider les informations apprises, ce qui n’est pas possible en journée lorsque son activité est la plus intense ».
Elisa Doré relève que « les effets du sommeil s’étendent bien au-delà du cerveau. On sait que certaines hormones et protéines ne sont fabriquées que la nuit, et le temps passé à dormir est crucial pour l’ajustement de cette production. C’est le cas de l’hormone de croissance, une protéine essentielle au développement et à la réparation des tissus endommagés, ou encore des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit ».
« De nombreuses études scientifiques ont par ailleurs établi un lien inextricable entre sommeil et immunité. Lorsqu’un agent pathogène pénètre dans l’organisme, il éveille le système de défense de notre corps en stimulant la production d’anticorps par nos cellules immunitaires, telles que les lymphocytes ou les cytokines », continue la journaliste.
Le Dr Rey précise que « la transmission de cette information “d’alerte”, par des mécanismes complexes, se déroule en grande partie la nuit, pendant laquelle les niveaux de cellules immunitaires sont plus élevés. Notre système immunitaire étant affaibli après une longue privation de sommeil, cela expliquerait pourquoi nous sommes plus susceptibles de tomber malade ».
Elisa Doré poursuit : « Outre une augmentation de la susceptibilité aux infections, une privation de sommeil sur le long terme peut faire le lit de pathologies chroniques plus graves. En outre, les chercheurs sont désormais certains du lien entre des nuits trop courtes et le risque d’obésité. […] Des études ont notamment rapporté la prévalence inquiétante de l’obésité chez les travailleurs de nuit qui ont un risque 30% plus élevé de développer cette pathologie au cours de leur vie ».
« Plus récemment, des chercheurs ont trouvé que cette catégorie de travailleurs était aussi exposée à un risque supérieur de 26% de cancer du sein, risque d’autant plus important chez les femmes ayant travaillé plus de deux nuits par semaine sur une durée supérieure à dix ans. […] Une piste de réflexion est que le risque de cancer du sein augmente avec les perturbations hormonales induites par l’inversion du rythme veille sommeil », explique la journaliste.
Dans un autre article, Stéphane Kovacs fait une « plongée dans la France qui dort mal », soulignant qu’« en 50 ans, nos concitoyens ont perdu 1h30 de sommeil chaque nuit. Un déficit aux conséquences sérieuses pour leur santé et leur bien-être ».
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