« Les profondeurs du cerveau stimulées sans chirurgie »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Dans un laboratoire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), hébergé à Genève », « une ingénieuse méthode de stimulation électrique, dite « par interférence temporelle transcrânienne » [(tTIS)], cible des zones précises enfouies dans l’encéphale, mais sans geste invasif », révèle Florence Rosier dans Le Monde.
« La tête coiffée d’un bonnet de Néoprène criblé de trous, Nicole patiente. Autour de son crâne, deux doctorants s’affairent, ruban centimétrique en main. Leur tâche : repérer les quatre points où ils positionneront, sur le cuir chevelu de cette jeune femme, les quatre électrodes qui cibleront, sans recours à la chirurgie, une structure nichée au centre de son cerveau, le striatum », raconte la journaliste.
« De la taille d’une grosse prune, cette zone joue un rôle crucial dans la motricité automatique, la prise de décision et la motivation, le contrôle des émotions et des impulsions – mais aussi dans les addictions ou la maladie de Parkinson, par exemple », révèle-t-elle.
« Une étude conduite par ce laboratoire, publiée le 29 mai dans la revue Nature Human Behaviour, démontre la capacité de cette technique, chez des volontaires humains, à stimuler le striatum à une fréquence telle – 80 hertz – qu’elle module un processus d’apprentissage moteur. Plus précisément, un apprentissage « par renforcement », qui mobilise le système de récompense du cerveau », explique Florence Rosier.
« La stimulation électrique par interférence temporelle transcrânienne (…) repose sur un concept proposé puis validé sur l’hippocampe de rongeurs en 2017 », reprend l’article. « C’est une double ruse », explique Friedhelm Hummel, qui dirige ce laboratoire de neuro-ingénierie de l’EPFL. « Dans cette technique, deux paires d’électrodes sont posées sur la tête. Première finesse, chaque paire délivre un courant alternatif de haute fréquence, mais l’une d’elles est réglée à 2 000 hertz, l’autre à 2 080 hertz », détaille la journaliste.
« Les neurones ne répondant qu’aux basses fréquences, ils restent insensibles à ces hautes fréquences », continue le neuroscientifique. « Seconde astuce« quand ces deux fréquences se croisent dans les profondeurs du cerveau, elles interfèrent – un peu comme deux ondes mécaniques créées à la surface de l’eau, quand nous y jetons deux pierres » », poursuit-il.
« Dans la nouvelle étude, 24 participants en bonne santé (dont 15 femmes, moyenne d’âge 25,3 ans) ont été soumis à une tTIS ciblant leur striatum. Tout en étant placés dans un appareil d’IRM, ils devaient moduler la force appliquée sur un capteur par leur main droite (dominante) pour suivre une cible mobile sur un écran. Tantôt ils étaient informés en temps réel du succès ou de l’échec de leur essai (apprentissage par « renforcement »), tantôt non », détaille Le Monde. Résultat, « lors de cet apprentissage par renforcement, les participants s’amélioraient en moyenne de 25%, même sans stimulation », résume Pierre Vassiliadis.
« Cette technique, par son caractère non invasif et sa capacité à moduler l’activité de structures cérébrales profondes, ouvre de nouvelles perspectives », estime Emmanuel Haffen, chef du service de psychiatrie adulte du CHU de Besançon. « Mais les données chez l’homme sont émergentes, il faut encore attendre un peu», nuance-t-il.
« Deux questions sont posées. La stimulation tTIS peut-elle promouvoir l’engagement dans l’effort ? Et le diamètre de la pupille, en lien avec le système de récompense du cerveau, peut-il être un marqueur de l’efficacité de la stimulation ? Réponse dans quelques mois », conclut Florence Rosier.

« Une amnésie post-concert rapportée par des fans de Taylor Swift »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Nommé « amnésie globale transitoire », ce phénomène, pas si rare, est décrit en lien avec des événements chargés d’émotions. Les personnes anxieuses ou dépressives y seraient plus sensibles », révèle Ynès Khoudi dans Le Monde.
« Si je devais décrire ma sensation, je dirais que le concert ne s’est pas encore produit », raconte Guenaëlle, 22 ans. « Et pourtant l’étudiante en master achats était bel et bien à La Défense Arena, à Paris, le 9 mai, pour assister à l’événement qu’elle attendait depuis presque un an : le concert de Taylor Swift, pop star américaine, sa chanteuse préférée », note la journaliste.
« Je suis incapable de me rappeler la couleur des tenues qu’elle a portées, par exemple. Par contre, je me souviens très bien de chaque détail du chemin du retour et de mon hôtel », explique Guenaëlle.
« En se plongeant dans la littérature, Nathan Carroll, psychiatre au Jersey Shore University Medical Center, dans le New Jersey (Etats-Unis), est tombé sur un syndrome : l’amnésie globale transitoire, ou ictus amnésique, qui se caractérise par une perte de mémoire sur une courte période », indique l’article.
« Le trop-plein d’excitation est vécu par le cerveau comme du stress, et cela impacte sa capacité à encoder les souvenirs », poursuit le psychiatre. « Notre mémoire est extrêmement sensible au stress, qu’il provienne d’une expérience positive ou négative », souligne-t-il.
« Selon une étude menée chez plus de 200 personnes en Argentine, publiée dans la revue de l’Académie brésilienne de neurologie Arquivos de Neuro-Psiquiatria, il s’agit pourtant d’un syndrome bien plus commun chez des individus plutôt âgés, entre 50 et 80 ans », observe Le Monde.
« On pourrait comparer ce phénomène à ce que font les états de stress post-traumatiques. L’intensité du souvenir, la sursollicitation de l’amygdale, les mécanismes à l’œuvre pour encoder la mémoire émotive sont sensiblement similaires », avance Yann Humeau, chercheur CNRS à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (IINS) de Bordeaux.
« L’anticipation extrême peut induire de l’anxiété. La montée d’adrénaline et de cortisol, l’hormone du stress, peut contribuer au phénomène », développe la journaliste. « Depuis une vingtaine d’années, la recherche sur les pertes de mémoire post-traumatiques s’est focalisée sur l’hippocampe, une zone du cerveau particulièrement impliquée dans le stress », précise-t-elle.
« L’amnésie globale transitoire est une expérience « beaucoup plus commune qu’on le pense » », assure Nathan Carroll. « Car les concerts ne sont pas les seuls événements concernés : rendez-vous sportifs, mariages, cérémonies de remise des diplômes… Tous les moments susceptibles de rendre le cerveau « débordé » par l’anticipation, l’excitation, la pression ou l’émotion peuvent causer ce type d’amnésie », explique l’article.
« Les événements modérément excitants renforcent globalement la mémoire. Mais, à mesure que l’excitation augmente, l’attention se réduit, et nous nous souvenons de moins en moins des détails et du contexte », analyse Robert N. Kraft, professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Otterbein dans l’Ohio (Etats-Unis).
« Nous ne sommes pas tous égaux face au risque d’oublier des portions d’une soirée que l’on considère comme importante, voire sa totalité », souligne la journaliste. « Les personnes souffrant d’anxiété ou de dépression sont bien plus susceptibles de subir cette perte de mémoire », avance Nathan Carroll. 
Le rôle du sommeil est « fondamental pour consolider les informations qui ont pu être encodées », rappelle Yann Humeau. « Or, l’excitation induite par l’anticipation d’un événement particulier peut le perturber », note Ynès Khoudi.

« À l’arrêt des antidépresseurs, 15% des patients souffriraient d’un syndrome de sevrage »

Date de publication : 7 juin 2024

Le Figaro

Delphine Chayet note dans Le Figaro que « l’existence d’un « syndrome de sevrage » survenant chez certains patients à l’arrêt de leur traitement antidépresseur est aujourd’hui reconnue dans les recommandations cliniques en psychiatrie. Vertiges, nausées, maux de tête, insomnie et irritabilité sont les symptômes les plus courants ».
La journaliste fait savoir que « dans la première analyse d’ampleur réalisée sur le sujet, des chercheurs de l’Université de Cologne évaluent à 15% le nombre de personnes qui connaissent, à l’arrêt de leur antidépresseur, un ou plusieurs désagréments directement causés par le sevrage, tandis que 3% subissent des troubles sévères ».
Les auteurs écrivent dans The Lancet Psychiatry : « Nos résultats montrent aussi qu’un patient sur trois décrit des effets indésirables du même type après l’arrêt d’un placebo, suggérant que les attentes du malade et de son médecin ont une influence ».
Delphine Chayet explique que « les scientifiques ont pris en compte les résultats de 79 essais cliniques et études observationnelles incluant au total plus de 21.000 patients âgés de 45 ans en moyenne – dont une grande majorité de femmes. La conclusion de cette synthèse est, à leurs yeux, «rassurante» ».
Christopher Baethge (Université de Cologne), co-auteur, remarque ainsi : « Nous espérons que ce résultat permettra d’informer les professionnels de santé et les patients sur les risques encourus à l’arrêt d’un antidépresseur, sans être inutilement alarmiste ».
« Notre travail ne signifie pas que les désagréments expérimentés par certaines personnes ne sont pas réels. Tout symptôme causant de l’inconfort ou de la détresse doit être pris en sérieux, et le malade doit être soutenu », 
ajoute le chercheur.
La journaliste observe que « les auteurs de l’étude ne relèvent pas un risque plus important de syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal des médicaments. Prudents, ils appellent à d’autres recherches sur ce point ».
Mark Horowitz, neurobiologiste et responsable d’une consultation spécialisée dans le syndrome de sevrage au Royaume-Uni, remarque pour sa part : « Leur résultat a été obtenu à partir d’études de court terme pour la plupart, dans lesquelles les patients étaient traités depuis 25 semaines en moyenne. Or il est prouvé que le risque de survenue d’effets indésirables à l’arrêt d’un antidépresseur augmente avec la durée de prise du traitement, de même que la sévérité des symptômes ».
« Il est très probable que la méta analyse sous-estime la fréquence et la sévérité des symptômes chez ces utilisateurs au long cours qui sont de plus en plus nombreux »
, déclare le spécialiste.

« A Millau, les larmes d’un psychiatre »

Date de publication : 11 juin 2024

Libération

Eric Favereau indique en effet dans Libération que « pour des raisons purement administratives, un psychiatre à diplôme étranger a dû quitter la France, mettant en péril la survie de la psychiatrie dans le Sud-Aveyron, et cela au grand désespoir du médecin psychiatre ».
Le journaliste explique que la semaine dernière, « le Dr Jean-Dominique Gonzalez, psychiatre, chef emblématique du secteur à l’hôpital de Millau, expliquait que «c’était fini», que «[son] collègue a dû quitter le territoire français le 31 mai», et qu’il se retrouvait quasi seul, juste avec un autre médecin à diplôme étranger, pour tenir et suivre une population de près de 80.000 personnes. Cet homme solide avec une longue et forte expérience, exerçant la psychiatrie depuis plus de 40 ans, ayant accompagné de grands malades, s’est alors effondré ».
Le Dr Gonzalez déclare : « J’ai craqué. D’un coup, les larmes m’ont monté aux yeux. On avait essayé des solutions depuis un mois, et je me suis dit que l’on était dans un monde de fous. On est là, dans un combat juridique, à chercher des solutions, alors que notre travail, c’est le soin. C’est d’aider. Mais où est-on ? Car ce sont quand même les autorités de tutelle qui devraient faire quelque chose, c’est la préfecture qui devrait trouver une solution. Face à cette intransigeance, ma passion dans le service public s’est cassée. Cela m’a provoqué un effondrement intérieur, ce que je n’avais jamais connu ».
« Les Padhue, ces fameux médecins à diplôme étranger, c’est eux qui viennent nous aider, ce n’est pas l’inverse. S’ils n’étaient pas là, le système français s’effondrerait »,
 ajoute-t-il.
Eric Favereau explique que « le 31 mai, un jeune psychiatre tunisien, aimé et apprécié de tous, exerçant depuis 18 mois dans le service de psychiatrie de l’hôpital de Millau, a dû quitter son poste et la France en raison d’une mesure d’OQTF. Il était en France depuis 2 ans. Son titre de séjour n’a pas été renouvelé en raison d’un imbroglio administratif, au prétexte qu’il n’avait pas pu s’inscrire dans les délais au concours de validation de ses diplômes. Il n’a pas pu le faire, car il attendait pour son dossier, a-t-il expliqué, l’arrivée d’un papier prouvant son diplôme tunisien – attestation nécessaire pour passer les épreuves de validation des connaissances permettant d’accéder à une autorisation d’exercice en France ».
« A l’hôpital de Millau, cela fut la stupeur. Et la crainte. Car tout le département du secteur de psychiatrie du Sud-Aveyron fonctionnait déjà avec seulement trois postes de psychiatres. Le départ de l’un rendrait la vie intenable aux autres. Une manifestation a eu lieu, le maire s’est décarcassé, le personnel aussi »,
 poursuit le journaliste.
Le Dr Gonzalez réagit : « On avait le sentiment d’avoir construit quelque chose d’humain. Quand j’ai commencé comme jeune interne dans le département, les hommes et les femmes étaient séparés, on avait des trousseaux de clés car toutes les portes étaient fermées. Nous, on était portés par l’idée de mettre les malades dans la ville, par la psychothérapie institutionnelle : soigner aussi les murs. Et on est arrivés à faire du bon travail ».

« Chez les jeunes, les écrans jusqu’au bout de la nuit »

Date de publication : 14 juin 2024

Le Parisien

« Une étude de l’Insee se penche sur l’effet négatif des écrans dans la vie courante », font savoir Bérangère Lepetit et Romain Gentils dans Le Parisien.
« OUI, je suis un peu accro ! » « Le téléphone, ça m’aide à m’endormir.», témoigne  Skander, lycéen parisien de 16 ans qui consulte Tik Tok  « Tous les soirs, vers 23 heures. Sinon, je ne m’endors pas », avoue-t-il.  
« Cette addiction est l’un des éléments notables qui ressortent de l’étude de l’Insee rendue publique ce jeudi. Pour la première fois, l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui étudie notamment les effets néfastes du numérique chez les tout petits et les enfants, se penche sur le lien qu’entretiennent les plus âgés avec leur téléphone, leur tablette et leur télévision (hors usage professionnel et scolaire) », indiquent les journalistes
« Et tente de mesurer l’impact négatif des écrans dans la vie courante des plus de 15 ans », ajoutent-t-ils.
« Les résultats sont édifiants : à partir de l’adolescence, une personne sur quatre déclare limiter son temps de sommeil pour rester sur son écran. Or les plus jeunes, entre 15 et 34 ans, sont aussi les plus prompts à déclarer les effets négatifs que cette exposition peut engendrer sur le sommeil et sur le temps accordé aux autres loisirs, aux relations avec la famille », révèlent-ils.
« 37% des 15-19 ans et 43% des 20-29 ans rognent ainsi sur leur nuit. Ils sont aussi 18% parmi les 20-24 ans à négliger leurs autres activités de loisirs. Et les hommes sont davantage concernés que les femmes. Entre 20 et 24 ans, ils sont même, d’après l’Insee, 51% (contre 35% des femmes) à retarder leur coucher pour profiter de leur téléphone ou de leur tablette », rapportent Le Parisien.
« Cela n’est pas très surprenant. Les pratiques à risque, comme la consommation d’alcool ou la vitesse, sont en général plus développées chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes », pointe Julie Solard, responsable de la division conditions de vie des ménages à l’Insee.
« Certains en oublient de dormir, de manger, préfèrent se disputer avec leur famille plutôt que de s’en passer et y pensent toute la journée, cela devient obsédant », abonde Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance.
« Les hommes jouent davantage aux jeux vidéo et courent le risque de rester connectés plus longtemps car les parties peuvent s’éterniser », confirme Grégoire Borst, professeur en psychologie du développement à l’université Paris Cité. « Il est prouvé que les pratiques parentales sont plus strictes vis-à-vis des filles que des garçons. Les filles font traditionnellement l’objet d’un contrôle parental plus important », avance aussi Grégoire Borst.
« Parfois, le matin, je suis fatiguée », reconnaît néanmoins Lamona, fan d’animes (les dessins animés japonais). « Ses acolytes, eux, filles et garçons, passent leur soirée et une partie de leur nuit, PlayStation en main,devant « Fifa », « Fortnite » », note l’article. « Il m’est même arrivé de ne pas aller en cours le matin », confesse Nathan. « Tous avouent aussi y avoir passé, de façon exceptionnelle, des nuits entières », souligne le journal
« L’étude de l’Insee comporte aussi des bonnes nouvelles. Les plus jeunes, s’ils consomment beaucoup de numérique, sont aussi pour la plupart conscients du problème. La moitié des moins de 30 ans essaient ainsi de limiter leur usage des écrans », fait savoir Le Parisien
« J’essaie de faire un travail là-dessus mais c’est compliqué parce que, l’air de rien, ça me permet de m’évader un peu », rapporte Bénédicte, enseignante. « Parfois, je m’endors avec le téléphone en main », reconnait-elle. « Au bout de trente minutes, je me dis stop, pour aller dormir », embraye Margot, 21 ans, en master« Même tentative de reprise en main chez Adrien, pompier de 21 ans, qui a installé sur son appareil un système pour calculer son temps d’écran », poursuit l’article.
« Hier, c’était deux heures trente ! », claironne- t-il. Grégoire Borst insiste sur cet enseignement de « bon augure », dit-il. « Il commence à y avoir une prise de conscience chez les jeunes là où, il y a encore quelque temps, certains parents ignoraient qu’exposer leurs jeunes enfants aux écrans pouvait être négatif », rappelle-t-il.

« Les chiens, de potentielles sentinelles de la santé humaine »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Figaro

Elisa Doré indique dans Le Figaro qu’« exposés, comme leurs maîtres, mais sur une durée de vie plus courte, les animaux de compagnie pourraient donner des indices précoces sur la toxicité de certains polluants ».
La journaliste relève que « le chien cohabite en effet très étroitement avec son maître, partageant les mêmes espaces de vie et parfois les mêmes sources de nourriture. De fait, il est exposé aux mêmes contaminants et subit donc potentiellement les mêmes effets néfastes sur sa santé ».
Elisa Doré explique que « dans une revue de littérature scientifique parue la semaine dernière dans Science, deux chercheuses de l’école de médecine vétérinaire de Virginie-Maryland de l’université de Blacksburg, aux États-Unis, ont compilé des études ayant tenté d’établir un lien entre la détérioration de la santé canine et celle de l’être humain, afin d’évaluer le potentiel de cette approche ».
La journaliste note que « les chiens sont notamment très sensibles aux perturbateurs endocriniens, des substances qui altèrent le fonctionnement du système hormonal. Parmi les plus connues : le bisphénol A ou encore les phtalates, présents dans les pesticides, les produits d’entretien, le plastique, mais aussi… certains jouets pour chien. En 2019, des chercheurs ont réussi à détecter aussi bien dans l’éjaculat du chien que dans celui de l’homme des quantités non négligeables de phtalates et d’autres perturbateurs endocriniens (PCB, PBDE et DEHP). […] Ces composés étaient dans les deux cas associés à une réduction significative de la motilité des spermatozoïdes, affectant probablement le niveau de fertilité des deux espèces ».
Renaud Tissier, professeur de pharmacologie et de toxicologie à l’École vétérinaire d’Alfort, remarque : « L’un des avantages du chien est que son espérance de vie est 6 fois plus courte que celle de l’humain. Cela peut aider les chercheurs à évaluer plus rapidement la réponse des animaux à ces facteurs environnementaux auxquels sont aussi exposés les humains. Cela permettrait aussi d’étudier les impacts sur plusieurs générations, afin de voir si les lignées d’animaux les plus exposés développent davantage certaines maladies ou certains troubles ».
Courtney Sexton et Audrey Ruple, auteures de l’article dans Science, ajoutent que « d’autres études suggèrent que le chien pourrait servir de bon indicateur d’exposition à certains pathogènes, mais aussi aux polluants atmosphériques, comme les composés organiques volatiles, les particules fines, ou encore à certains métaux lourds ».
Elisa Doré s’interroge toutefois : « Comment utiliser ces résultats en pratique ? La validation des chiens en tant que sentinelles nécessite encore des efforts de recherche ».
Le Dr Tissier relève que « le problème de certaines études épidémiologiques menées chez les chiens est qu’elles manquent encore d’envergure. Il faudrait réaliser un suivi de l’état de santé d’un grand nombre de chiens pendant plusieurs années, tout en évaluant leur exposition à une substance donnée, pour démontrer une éventuelle corrélation pour leur propre santé, puis éventuellement celle de l’homme ».
« Les auteurs suggèrent par exemple d’intégrer les informations démographiques et sanitaires des propriétaires à celles de leurs chiens, mais aussi de les combiner avec des données environnementales géocodées »,
 précise Elisa Doré.

« Pensées suicidaires, attaques de panique… Le Samu psy de Seine-Saint-Denis répond à l’autre bout du fil »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Parisien

Elsa Marnette explique dans Le Parisien que « depuis la fin du mois de mai, une équipe constituée d’un infirmier psychiatrique et d’un médecin vient en appui du Samu [93] pour les appels liés à des troubles psychiatriques. Objectif : réduire les passages aux urgences, en prenant mieux en charge les patients ».
La journaliste décrit ainsi ce Samu psychiatrique de Seine-Saint-Denis, « un dispositif innovant, qui vient d’être mis en place dans les locaux du Samu 93, au sein de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Toute la journée, 5 jours par semaine, un infirmier, en collaboration avec un médecin psychiatre, assure une permanence téléphonique dédiée aux appels liés à des troubles psychiques ou psychiatriques ».
Elsa Marnette relève que « lorsqu’une personne en souffrance appelle le 15, elle échange d’abord avec un agent de régulation médicale puis avec un médecin. Ce dernier peut ensuite décider de transférer l’appel à Kevin Peiro ou un de ses 4 collègues » infirmiers.
La Dr Noémie Ayache, coordinatrice du Samu psy 93, indique : « Nous allons par exemple intervenir sur les pensées suicidaires, les attaques de panique, l’agitation sans violence, la décompensation psychotique ».
Elsa Marnette précise que le dispositif « a bénéficié d’un financement de 400.000 euros du Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) et ce, pour 3 ans ».
La journaliste note que « les objectifs du Samu Psy 93 sont multiples ». La Dr Ayache remarque ainsi : « Réduire les passages aux urgences, réduire au maximum les mesures coercitives (sursédation, contention, soins à la demande du représentant de l’État) mais aussi orienter au mieux les familles démunies, car le maillage territorial est très particulier. Il faut être expert ».
Elsa Marnette ajoute que « ce dispositif, qui existe à Paris, Lyon et Lille, y a déjà montré son efficacité ».
La Dr Ayache relève qu’« ici en Seine-Saint-Denis, 80% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences. Et parmi ces passages aux urgences, 60% donnent lieu à un retour à domicile. Alors qu’à Paris, depuis la mise en place du Samu psychiatrique, 50% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences ».
Anne-Laure Feral-Pierssens, cheffe du Samu 93, remarque pour sa part que « l’offre de soins est en difficulté, on a du mal à répondre aux besoins des patients et des familles, qui peuvent ne pas avoir accès à des soins psychiatriques en dehors de l’urgence. Le Samu psy vient ajouter des alternatives. C’est un dispositif de plus dans la prise en charge de ces patients. […] Cela permet à ces équipes de psychiatrie de prendre le temps d’une régulation de qualité et d’apporter au patient le juste soin au moment où il appelle ».

« Hyperactivité chez les enfants : la Ritaline et l’orthophonie davantage prescrites aux natifs de la fin d’année »

Date de publication : 21 juin 2024

Le Parisien

Le Parisien indique qu’« une différence d’âge de quelques mois a «un impact considérable sur la fréquence d’initiation du méthylphénidate mais aussi de l’orthophonie», avance une étude réalisée par le groupement Epi-Phare, qui rassemble l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie ».
Le journal explique en effet que selon cette étude, « les traitements à base de méthylphénidate (Ritaline et génériques) qui soignent les troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et les séances d’orthophonie sont davantage prescrits aux enfants nés en fin d’année ».
Le quotidien relève que « parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55% de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate et 64% de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie que ceux nés en janvier de la même année ».
« Ce risque augmente régulièrement avec la différence d’âge : au sein d’un même niveau de scolarité, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7% de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux de juillet 29%, ceux d’octobre 46% », 
continue Le Parisien.
Le quotidien ajoute que « les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d’orthophonie, dont le recours augmentait de 3% chez les enfants nés en février, de 12% chez les natifs d’avril, 30% chez ceux de juillet, 49% chez ceux d’octobre ».
Le Parisien précise que « pour expliquer ces écarts, les auteurs ont émis plusieurs hypothèses. Les plus jeunes enfants d’une classe pourraient être confrontés à des exigences trop élevées pour leur âge, particulièrement au cours des premières années d’école ».
Le journal relève que « les enfants les plus jeunes seraient alors plus susceptibles d’être diagnostiqués par erreur avec un déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou avec des troubles des apprentissages, alors que leurs difficultés ne sont pas anormales ».
Alain Weill, médecin de santé publique, directeur adjoint du groupement EPI-PHARE, ajoute : « Peut-être qu’on sous-diagnostique les troubles des élèves plus âgés qui parviennent à les «compenser» par une plus grande maturité ».
Le Parisien note que « ces résultats devraient, selon lui, conduire à certaines recommandations : «Ne pas forcément affirmer qu’un enfant de CP est censé savoir lire à Noël», ou bien «préciser le mois de naissance en cas de prescription de Ritaline ou d’orthophonie», ajoute le médecin ».

« Comment le partage du lit conjugal impacte votre sommeil ? »

Date de publication : 21 juin 2024

Science et Vie

Louise Guyonnet observe dans Science et Vie que « c’est dans le lit conjugal que la science s’invite désormais, pour apporter de nouveaux arguments aux bienfaits de cette séparation nocturne ».
La journaliste remarque ainsi qu’« opter pour des chambres séparées afin de privilégier un sommeil de qualité plutôt que de passer une autre nuit avec son partenaire est une idée de plus en plus acceptée. Elle est même devenue si courante qu’elle a reçu un nom : le divorce du sommeil. Cette séparation est désormais soutenue par la science : d’après une recherche, l’individu serait prêt à sacrifier un sommeil tranquille pour le plaisir du contact physique ».
Louise Guyonnet explique que « les chercheurs ont observé l’activité cérébrale de souris sur une durée de 24 heures. Ils ont d’abord remarqué que ces dernières suivent un cycle de sommeil parfaitement synchronisé, jusqu’à la phase de sommeil paradoxal. À ce moment-là, les souris les plus tactiles présentaient une phase significativement plus troublée ».
Les auteurs de ce travail paru dans Current Biology (A Eban-Rothschild et al.) remarquent : « Ces résultats suggèrent que même si les souris recherchent activement un contact physique avant de dormir et continuent de se blottir, une telle proximité physique avec leurs congénères conduit à une fragmentation du [sommeil non paradoxal] ».
Louise Guyonnet de conclure : « Pour préserver votre sommeil, vous devriez donc éviter de partager votre lit … le choix vous appartient ! ».

« Santé mentale : « Il nous manque 30 médecins et 66 infirmiers »… dans l’Oise, le CHI de Clermont peine à recruter »

Date de publication : 25 juin 2024

Le Parisien

Armelle Camelin livre dans Le Parisien un reportage au Centre Hospitalier Isarien (CHI), Établissement public de santé mentale (EPSM), à Clermont (Oise), qui « fait partie des 5 établissements publics de santé mentale les plus importants de l’Hexagone. Fleuron de la recherche en schizophrénie et pathologies résistantes, le CHI EPSM manque de médecins et de personnels ».
La journaliste note ainsi qu’« en 2023, 18.267 personnes ont franchi pour la première fois les portes d’un des services [de l’établissement]. 9486 personnes ont été prises en charge par les urgences et plus de 137.000 consultations ont été effectuées au sein de cet établissement qui s’occupe aussi bien des problèmes de santé mentale les plus courants, comme la dépression ou le burn-out, que des maladies psychiatriques invalidantes ».
Armelle Camelin indique qu’« en nombre de lits — 655, dont 634 pour les adultes et 21 pour les enfants — le CHI reste l’un des 5 établissements de prise en charge des problèmes de santé mentale les plus importants de France. Et pour faire fonctionner tout cela, 2700 agents, dont seulement 91 médecins et 5 internes ».
Servane Olivier, directrice adjointe du CHI, remarque qu’« avec 30 médecins de plus, on fonctionnerait normalement ». « D’après elle, la situation est devenue critique il y a 5 ans avec le départ en retraite de nombreux psychiatres qui n’ont pas été remplacés depuis », note la journaliste.
Le Dr Bruno Tournaire Bacchini, président de la commission médicale d’établissement (CME) et chef du service Oise Est au sein du pôle de psychiatrie infanto-juvénile, relève ainsi que « la moyenne d’âge chez les psychiatres qui continuent d’exercer au CHI est élevée et la carrière dans le public moins attractive. […] Je me souviens du temps où 25 médecins descendaient du train de Paris-Clermont le matin pour venir travailler au CHI, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous subissons la concurrence des établissements parisiens et du CHU d’Amiens. Et, comme nous sommes de moins en moins nombreux, le travail est de plus en plus difficile ».
Armelle Camelin observe que « dans son service, il y a encore quelques années, ils étaient 9 médecins, contre seulement 3 temps plein aujourd’hui ».
La journaliste poursuit : « Pour remédier au manque de médecins, le CHI fait appel à quelques médecins intérimaires, signe des contrats dit « de type 2 », avantageux financièrement pour de jeunes médecins, et accueille des assistants spécialistes étrangers qui, s’ils ne peuvent pas prescrire, peuvent en tout cas se former et doubler les gardes des internes ».
Armelle Camelin souligne que « la crèche ouverte jusqu’à 21h30 est plébiscitée, ainsi que le restaurant du personnel. […] Autre point d’attractivité : la journée de 12 heures pour le personnel soignant, qui lui permet d’effectuer son temps de travail en 3 jours, au lieu de 7h45 répartis sur 5 jours actuellement. […] Cette dernière mesure d’attractivité, plébiscitée par les salariés, fait bondir les responsables syndicaux ».
Fabrice Oganosoff, secrétaire du syndicat CGT, déclare ainsi : « D’après une étude publiée par l’Institut national de recherche de sécurité (INRS), ce type de poste long entraîne des effets néfastes pour la santé des agents, avec des problèmes d’hypertension, des risques de maladie cardiaque etc. Et aussi l’augmentation du nombre d’erreurs ».

« Drogues : une étude inédite dresse le portrait d’une France accro aux stimulants »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Monde

Thomas Saintourens explique dans Le Monde que « le marché national des drogues illicites dispose, pour son volet consacré à l’« offre », d’une documentation chiffrée vaste et sans cesse renouvelée. Saisies de cocaïne dissimulée à l’intérieur de conteneurs, catalogues toujours plus riches de drogues de synthèse livrées à domicile, points de deal vantant leur approvisionnement constant en cannabis de qualité : la diffusion massive de stupéfiants devait induire une demande nationale à la hauteur des produits en circulation ».
Le journaliste relève que « les données publiées ce mercredi par l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT) le confirment. Elles apportent les preuves chiffrées d’une consommation en plein essor de la majorité des substances illicites, portée par la cocaïne, les amphétamines ou encore la MDMA ».
L’OFDT souligne qu’« en 2023, près d’un adulte sur dix (9,4%) a consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie contre 5,6% en 2017, soit la plus forte hausse en nombre de points (+ 3,8) mesurée parmi toutes celles des substances illicites autres que le cannabis ».
Thomas Saintourens relève notamment : « Produit phare du narcotrafic transatlantique, la cocaïne voit aussi son nombre d’adeptes grimper en « usage actuel » – c’est-à-dire au moins une fois dans l’année – de 1,6% en 2017 à 2,7% en 2023. Si l’on se réfère aux études datant de 1992, la proportion d’usagers de cocaïne en France a ainsi été multipliée par dix. La poudre blanche partage cette tendance haussière avec d’autres substances de la famille des stimulants, en particulier la MDMA, dont le taux d’expérimentation au cours de la vie s’établit désormais à 8,2%, contre 5% sept ans plus tôt. Mais aussi les amphétamines, à 4,3%, contre 2,2% en 2017 ».
« L’étude souligne que 14,6% des adultes de 18 à 64 ans ont déjà consommé au moins une fois une drogue illicite autre que le cannabis, un chiffre qui a doublé depuis 2017. L’usage actuel augmente de 70% sur la même période, passant de 2,3% à 3,9%. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à avoir déjà consommé ce type de drogues, que ce soit au cours de la vie (20,1% contre 9,3%) ou au cours des 12 derniers mois (5,2% contre 2,6%) »,
 continue le journaliste.
Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT, ajoute qu’« au-delà des liens avec des usages festifs, il y a des motivations à présent plus variées, en particulier pour tenir le choc face à des conditions de travail difficiles ».
Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie, relève quant à lui que « le principal constat concerne la hausse de stimulants naturels et synthétiques, liée à leur diffusion facilitée, avec une nouvelle forme de consommation, souligne le psychiatre addictologue. Les profils clairs de cocaïnomanes ou d’héroïnomanes n’existent plus vraiment, tandis que de plus en plus de patients sont des polyconsommateurs. Certains combinent l’usage de stimulants pour “accélérer” puis celui de substances aux effets sédatifs, alcool, cannabis, pour “atterrir” ».

« La kétamine, un anesthésiant porteur d’espoir contre la dépression résistante »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Figaro

Le Figaro s’interroge : « La kétamine, une molécule à la réputation sulfureuse, peut-elle aider certains dépressifs ? Les recherches s’accumulent pour l’affirmer, notamment dans les cas où aucun autre traitement ne marche. Mais la prudence reste de mise car ses lourds effets secondaires restent un défi à canaliser ».
Le journal rappelle en effet que « la kétamine n’est pas un antidépresseur classique, comme ceux développés depuis les années 1960. C’est, à la base, un anesthésiant mais, depuis une vingtaine d’années, les psychiatres s’en saisissent comme d’une piste contre la dépression ».
« Par contraste avec les antidépresseurs habituels, la kétamine agit de manière fulgurante, même si on ignore précisément par quels mécanismes physiologiques elle répond aux symptômes dépressifs », 
note Le Figaro.
Le quotidien précise qu’« elle suscite notamment l’intérêt dans deux cas de figure : quand il faut un traitement ponctuel et urgent, en premier lieu face aux crises suicidaires, mais pas uniquement ; et quand aucun médicament classique ne fonctionne, c’est-à-dire dans le cas de dépressions dites «résistantes» ».
Le journal observe que « ces derniers mois, plusieurs travaux publiés dans de prestigieuses revues ont confirmé l’intérêt de la kétamine dans ces deux scénarios. Dans le premier cas, une étude publiée en avril dans le BMJ montre que de jeunes mères ont vu leur risque de dépression post-partum réduit après avoir reçu une seule dose d’eskétamine, un dérivé de la kétamine, à la naissance de leur bébé. Dans le deuxième cas, une étude publiée ce lundi dans Nature Medicine témoigne qu’un traitement à base de kétamine a évité plus de rechutes dépressives par rapport à des patients sous placebo ».
Le Figaro remarque que « ces études viennent alimenter un corpus favorable à l’usage de la kétamine face à la dépression, un bénéfice qui ne fait plus guère de doutes chez les psychiatres ».
Michel Hofmann, psychiatre aux hôpitaux de Genève, déclare ainsi : « Il faut la considérer comme un intermédiaire entre les antidépresseurs classiques et les électrochocs. […] Pour les patients chez qui les traitements classiques ne marchent pas, la kétamine ouvre une possibilité de ne pas aller jusqu’aux électrochocs ».
Le journal observe toutefois que « si l’eskétamine est déjà approuvée depuis plusieurs années aux États-Unis et en Europe contre certaines dépressions, certains psychiatres restent rétifs. Sans nier l’efficacité de la kétamine, ils redoutent le risque d’addiction, d’autant que la molécule est souvent détournée comme drogue ».
« L’enjeu est donc de parvenir à réduire le risque d’abus, de même que de lourds effets secondaires, comme l’apparition de troubles dissociatifs de la personnalité. C’est tout l’intérêt de l’étude publiée par Nature Medicine. Elle vise à tester un nouveau mode d’administration de la kétamine : un comprimé libérant progressivement le traitement dans l’organisme. […] Sur ce terrain, l’étude donne des résultats prometteurs même s’il faudra, là encore, les confirmer », 
note Le Figaro.

« Légalisation du cannabis au Canada : des effets majeurs chez les femmes enceintes »

Date de publication : 27 juin 2024

Sciences et Avenir

Lénaïg Corderoc’h explique dans Sciences et Avenir que « le 17 octobre 2018, la Loi sur le cannabis (Loi C-45) permettait aux Canadiens âgés d’au moins 18 ans de cultiver, posséder et consommer du cannabis à des fins récréatives. Une première dans un pays occidental, cinq ans après l’Uruguay, pionnier en la matière ».
La journaliste note ainsi : « Depuis la promulgation de cette loi, constate-t-on au Québec plus de troubles liés au cannabis chez les femmes enceintes ? C’est la question que s’est posée une équipe de recherche dirigée par le Pr José Ignacio Nazif-Munoz, de l’Université de Sherbrooke (Québec). Elle a fait l’objet d’une étude publiée le 20 juin 2024 dans la revue scientifique Addiction ».
Lénaïg Corderoc’h retient que « le taux de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez les femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans dans la province canadienne de Québec a augmenté de plus de 20% après la promulgation de la Loi sur le cannabis, tandis que les taux de tous les autres troubles liés à la drogue et à l’alcool sont restés stables ».
Le Pr Nazif-Munoz remarque que « la consommation de cannabis pendant la grossesse est associée notamment à un risque élevé de naissance prématurée, d’admission en unité de soins intensifs néonatals et de faible poids à la naissance pour le bébé ».
La journaliste explique que « son équipe a mesuré l’évolution des taux mensuels de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez la population enceinte au Québec.  Avant octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics de troubles liés au cannabis (…) par mois était de 14,5 pour 100.000 femmes enceintes. Après octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics par mois a grimpé et s’est stabilisé à 23,5 pour 100.000 femmes enceintes ».
Le professeur ajoute : « Notre étude souligne l’importance du dépistage universel des troubles liés au cannabis. De plus, les femmes enceintes ayant des antécédents de troubles liés au cannabis pourraient bénéficier de dépistages répétés et de conseils adaptés pendant la grossesse ».
Maria Melchior, directrice de recherche à l’Inserm au sein de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP), note pour sa part : « Cette étude canadienne observe une augmentation de la consommation des femmes enceintes suite à la légalisation du cannabis, ce qui n’est pas très surprenant. Chez les adultes, on note une augmentation du nombre de consommateurs, mais surtout du niveau de consommation des personnes qui en prenaient déjà ! ».

« Suicide, dépression : pourquoi les hommes ont-ils tant de mal à parler de leur souffrance mentale ? »

Date de publication : 28 juin 2024

Le Figaro

Thomas Lestavel constate en effet : « Consultations psys, passage à l’acte : les écarts de pratiques avec les femmes sont frappants. Si les hommes ne souffrent pas moins psychiquement, ils peuvent l’exprimer différemment ».
Le journaliste explique qu’« affronter ses problèmes psychiques reste difficile pour beaucoup, mais les statistiques laissent entendre que les hommes ont encore plus de mal à le faire. Sur le site Doctolib, les utilisatrices représentent 75% des rendez-vous pris auprès de psychologues, les utilisateurs 25% ».
Stéphane Rusinek, professeur de psychologie clinique à l’université Lille Nord-de-France, souligne qu’« il y a autant d’hommes que de femmes qui ne vont pas bien ».
Thomas Lestavel note qu’« ils ont tendance à accorder moins d’importance au psychisme. D’après un sondage mené l’an dernier par l’institut Odoxa auprès de 1005 Français, 20% des femmes mais 35% des hommes considèrent que la santé mentale est «une mode, une manière pour certaines personnes d’attirer l’attention». De même, ils sont 19% à considérer que la santé mentale «est moins importante que la santé physique», contre 6% chez les femmes ».
Le journaliste souligne que « la réticence à demander de l’aide a des répercussions potentiellement dramatiques. Deux fois plus d’hommes que de femmes mettent fin à leurs jours (12,6 pour 100.000 hommes contre 5,4 pour 100.000 femmes), selon l’OMS. En France, l’écart est encore plus important, avec trois fois plus de suicides chez les hommes. […] Autre différence, les hommes présentent moins de cas de dépression, mais davantage de troubles liés à la consommation de substances ».
Thomas Lestavel relève que « les normes masculines comme l’autonomie, la réussite extérieure ou l’esprit de compétition découragent l’expression des émotions et poussent certains à «prendre sur eux». Là où des femmes parlent de déprime ou de tristesse, des hommes préfèrent évoquer le stress ou un passage à vide, en minimisant les symptômes. Ils ont plus de mal à exposer leur intimité, même à leurs amis proches ».
Le journaliste remarque que « les symptômes chez les hommes sont plus difficiles à détecter : chez eux, la dépression peut fréquemment se traduire par «une augmentation de la fatigue, de l’irritabilité, de la colère, (…) des troubles du sommeil ou encore la consommation de drogues et d’alcool qui peut masquer les signes de dépression», explique l’American Psychological Association ».
Thomas Lestavel conclut que « malgré une certaine libération de la parole depuis les confinements liés au Covid-19, du chemin reste à parcourir pour que les hommes osent regarder leurs fragilités. Quitte à s’inspirer de l’Australie, où des campagnes de prévention ont sensibilisé les habitants aux dangers qu’ils prennent lorsqu’ils dissimulent leurs émotions ».
 


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