« « On se sent comme un animal » : pourquoi la France peine à freiner la contention en psychiatrie »
Date de publication : 1er octobre 2024
C’est ce que titre Le Parisien, qui constate qu’« attacher un patient contre sa volonté reste une pratique toujours utilisée dans les services psychiatriques. La mesure, pourtant plus encadrée, ne cesse d’interroger les médecins qui y voient, pour certains, la preuve d’un «défaut de soin systémique» ».
Marie Campistron livre ainsi le témoignage de Lidia, dont « le trouble psychique s’est réveillé à l’automne dernier. Pendant des semaines, elle passe ses nuits à regarder le plafond, sans parvenir à fermer l’œil. Le jour, des hallucinations refont surface. En un mot, elle décompense ».
« La voyant fragile, son neveu l’emmène un jour aux urgences. Mais une fois sur place, l’agitation la gagne : Lidia comprend qu’elle va être hospitalisée. Pour la maîtriser, les soignants qui perdent patience, la placent en chambre d’isolement et sortent des sangles », explique la journaliste.
Lidia remarque : « Je l’ai vécu comme une injustice. On se sent comme un animal. Devant eux, vous n’êtes plus qu’un corps. Se faire attacher aggrave encore plus le regard qu’on porte sur soi. Je me suis dit : Qu’est-ce que j’ai pu faire pour mériter ça ? ».
Marie Campistron observe qu’« à l’heure où le Premier ministre souhaite faire de la santé mentale, la grande cause nationale de 2025, la banalisation de la contention en psychiatrie, pointée par de nombreux spécialistes, pourrait revenir à la table des discussions ».
Elle relève notamment qu’« en 2022, 76.000 personnes ont été hospitalisées sans leur consentement en psychiatrie. Parmi elles, 28.000 ont été placées à l’isolement et 8000 ont été attachées, d’après les dernières données de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Des chiffres qui peinent à baisser ».
Le Dr Frédéric Médouze, psychiatre à l’hôpital Saint-Maurice (Val-de-Marne), remarque que « chaque praticien vous le dira, on doit tous progresser là-dessus. Ne plus avoir recours à la contention est un objectif que tous les soignants ont envie de soutenir ».
Marie Campistron explique que « la plupart du temps, certains réflexes parviennent à canaliser l’angoisse : proposer un traitement, une longue balade dans le parc qui entoure l’hôpital ou un simple geste d’apaisement. Et d’autres fois, «cela ne suffit pas», glisse le psychiatre ».
Le Dr Mathieu Bellahsen, psychiatre et ancien chef de service à l’hôpital d’Asnières-sur-Seine, déclare quant à lui que « la contention n’est pas un soin, mais bien une mesure de contrôle, une pratique d’entrave. Dire qu’il s’agit d’un moyen thérapeutique est une façon de se déresponsabiliser, de ne pas remettre en question ces pratiques qui nous foutent la honte ».
La journaliste rappelle que « depuis 2022, attacher un malade ou le placer à l’isolement ne peut plus se faire sans encadrement. Un juge des libertés et de la détention (JLD) doit désormais statuer, au-delà de 48 heures pour la contention et 72 heures pour l’isolement ».
« Malgré une législation plus stricte, tous les hôpitaux n’ont pas rangé leurs sangles. Des disparités très « marquées » s’observent même entre les établissements, pointe l’Irdes. Un constat qui interroge forcément », continue Marie Campistron.
Elle note que « le manque de personnel reste évidemment un frein. […] La disparition, en 1992, du diplôme d’infirmier psychiatrique continue de pénaliser le secteur ».
Le Dr Bellahsen ajoute que « l’emploi de la contention révèle un défaut de soin systémique. Cela nous pousse à nous interroger : à quel moment on a collectivement échoué dans la prise en charge d’un patient pour en arriver là ? C’est toute la structure d’accueil et de soins qui mérite d’être repensée ».
« Michel Barnier annonce la santé mentale, « grande cause nationale » 2025 : « La communication ne suffira pas » »
Date de publication : 2 octobre 2024
Nicolas Berrod note en effet dans Le Parisien que « dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a dit […] vouloir s’occuper de la santé mentale qui est «l’affaire de tous : État, collectivités, entreprises, associations». Deux psychiatres s’en réjouissent mais appellent à davantage de mesures ».
Le journaliste explique notamment : « C’est quoi, la « grande cause nationale » ? Il s’agit d’un label officiel attribué chaque année, depuis 1977, à un thème choisi par le gouvernement. Celui-ci permet à des organismes et des associations concernés par le sujet en question de diffuser, gratuitement, des campagnes de communication « d’intérêt général » dans les médias audiovisuels publics ».
Nicolas Berrod poursuit : « Est-ce que ça peut (vraiment) être utile ? ». Hugo Baup, du centre hospitalier de Périgueux, déclare que « quand on est psychiatre et que le Premier ministre fait cette annonce, spontanément, on est forcément ravis ».
Le journaliste note que « le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), se réjouit pour sa part qu’un « tabou » soit levé en octroyant – pour la première fois – ce label de « grande cause nationale » à la santé mentale ».
« Mais sur le fond, les médecins spécialisés demandent à voir. Et ils restent inquiets », observe Nicolas Berrod.
Hugo Baup souligne ainsi : « J’attends d’avoir des précisions sur la baisse des dépenses publiques, car si c’est pour diminuer les dépenses en psychiatrie… Cela ne sert à rien de faire des spots à la télévision si des gens se rendent ensuite aux urgences mais qu’on ne peut pas les recevoir ».
Antoine Pelissolo ajoute que « la communication ne suffira pas, il faut espérer des mesures fortes d’accompagnement pour la psychiatrie ». Nicolas Berrod relève que le « praticien plaide notamment pour former davantage de personnel pour les consultations psychiatriques et pour faire germer davantage de «centres d’accueil» spécialisés ».
Le Monde titre pour sa part : « La santé mentale érigée en « grande cause », alors que le système de soins est débordé ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni remarquent ainsi que « cette labellisation, qui permet de mettre un coup de projecteur sur une problématique, est réclamée depuis des mois par un collectif très large d’acteurs de la santé mentale, de la psychiatrie et du secteur médico-social. Les psychiatres, eux, sont plus circonspects ».
Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la santé mentale, déclare que « les campagnes de sensibilisation de cette envergure, comme il a pu y en avoir dans les pays anglo-saxons, ont un impact réel. Elles permettent des avancées sur l’accès aux droits, la déstigmatisation, ou dans la lutte contre les discriminations, et peuvent être le début d’un vrai changement dans la société ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni notent que « dans les rangs des psychiatres et de leurs représentants, le nouvel engagement de Matignon est accueilli avec plus de circonspection. Eux ne cachent pas être un peu « échaudés » par la communication politique récurrente, alors que la crise de la psychiatrie ne cesse de s’aggraver ».
Marie-José Cortes, présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux, réagit ainsi : « En général, à grande cause nationale, grand oubli préalable. Ce qui nous importe, c’est que la psychiatrie ne soit pas oubliée, dissoute, dans cette expression de santé mentale. Renforcer les moyens humains de la psychiatrie de secteur, renforcer le dépistage, renforcer la prise en charge des situations d’urgence et de crise, en évitant à tout prix les ruptures de parcours de soins : voilà les objectifs que le gouvernement doit prendre à bras-le-corps ».
Jean-Pierre Salvarelli, vice-président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement public de santé mentale, rappelle que « nous en sommes à 48% de postes de praticiens [titulaires] vacants à l’hôpital. Les demandes de prise en charge explosent, et les soignants n’en peuvent plus ».
Le psychiatre souligne qu’« il y a 25 ans, la psychiatrie publique, c’était 1,1 million de personnes suivies ; on est passé à 2,5 millions aujourd’hui [en majorité en ambulatoire], mais on a fermé 88.000 lits sur la période. Comment pourrait-on tenir ? ».
« Santé mentale : un nouvel outil au service de la prévention, qui fait discuter maires, soignants, bailleurs et policiers »
Date de publication : 10 octobre 2024
A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce jeudi 10 octobre, Agnès Vives indique en effet dans Le Parisien : « CLSM : le sigle n’est pas encore connu du grand public. Mais, aujourd’hui, c’est une des armes dont se dotent les collectivités ».
La journaliste explique que « derrière ces 4 lettres se cache le conseil local de santé mentale. Calqué sur son grand frère, le CLS, conseil local de santé, ou de son cousin le CLSPD, en matière de prévention de la délinquance, cet outil met en relation tous les acteurs (ville, soignants, bailleurs, justice, etc.) pour favoriser l’insertion des personnes ayant des troubles psychiques ».
Agnès Vives relève qu’« en Île-de-France, en 2022, selon l’agence régionale de santé (ARS), 51 communes en étaient dotées, sur les 141 qui comptent un quartier prioritaire de la politique de la ville. En effet, ces quartiers cumulant les difficultés, l’État donne un coup de pouce ».
La journaliste se penche sur Créteil, dans le Val-de-Marne, qui « fait partie des villes pionnières en la matière ».
Martine Garrigou-Gaucherand (PCF), adjointe chargée des questions de santé et ex-psychiatre, déclare ainsi que « dès 2015, nous avons identifié dans le cadre d’un diagnostic l’urgence des besoins en santé mentale avec des personnes qui n’étaient plus prises en charge, faute de médecins psychiatres, et alors que des lits fermaient ».
Agnès Vives note qu’« un an plus tard, le CLSM a été créé, coordonné par une psychologue, dont le poste est cofinancé à 50% par l’ARS. Réunions, formations en gestes de premier secours en santé mentale, cafés psycho, promotion de la santé mentale, les actions développées y sont variées ».
La journaliste ajoute que « le cœur du dispositif repose sur la cellule des cas complexes. En 2023, 57 situations ont été signalées, dont 54 pour des personnes isolées, avec un âge moyen de 58 ans. Sur les 6 derniers mois, le CLSM a été saisi de 22 cas. Avec, et c’est nouveau, de plus en plus de jeunes adultes ».
« Des remontées qui proviennent principalement du CCAS (centre communal d’action sociale), ou des bailleurs, mais la police, des habitants, et des familles de malades peuvent aussi toquer à la porte. […] SDF qui développent des troubles, personnes âgées isolées, malades de Diogène, voisins souffrant d’addiction avec des troubles neurologiques, les profils sont multiples », poursuit-elle.
Agnès Vives souligne que « le CLSM a donc fait ses preuves. L’ARS ambitionne d’ailleurs d’atteindre les 70 communes en 2028. Mais même sans quartiers difficiles, d’autres communes y voient un intérêt ».
Igor Semo (LR), maire de Saint-Maurice (Val-de-Marne), remarque que « le sujet de santé mentale peut surgir dans tous les milieux. On se doit aujourd’hui de mettre cette problématique à l’agenda. Être en réseau permet de trouver des solutions. Cela permet aussi aux aidants de se sentir moins isolés ».
La Croix titre pour sa part : « Santé mentale : comment aider un jeune qui va mal ? ». Jeanne Ferney note que « depuis la crise du Covid, les alertes sur la dégradation de la santé mentale des adolescents et jeunes adultes se multiplient. Si le recours à un spécialiste peut s’avérer nécessaire dans certains cas, les pistes qu’évoquent les psychiatres interrogés par La Croix sont à la portée de tous ».
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier Laborit, à Poitiers, remarque ainsi : « L’erreur qu’on a faite, c’est d’avoir trop invoqué le Covid, or la crise sanitaire est derrière nous et les chiffres ne redescendent pas ».
David Gourion, psychiatre à Paris, note que « certains marqueurs importants ne peuvent pas être ignorés, notamment l’augmentation des tentatives de suicide. Mais de même qu’on voit des parents banaliser des états de grande souffrance psychique chez leur enfant, certains ont tendance à dramatiser ce qui relève du coup de blues. Demandez à un ado comment il va, il vous répondra souvent qu’il va mal. L’adolescence est par définition une période où l’on peut avoir un côté torturé, et chercher à le revendiquer ».
Le Dr Stéphane Clerget, pédopsychiatre, observe : « Pour ma part, je n’y vois pas une aggravation du mal-être mais le signe d’un intérêt croissant pour la psychologie et la psychiatrie. Aujourd’hui, les jeunes savent qu’une écoute est possible et il la demande plus souvent ».
Jeanne Ferney observe : « Reste à savoir vers qui se tourner, à l’heure où les centres médico-psychologiques, clé de voûte de la psychiatrie ambulatoire des mineurs, sont pour la plupart saturés. «Les difficultés du secteur sont criantes, mais la densité de psychiatres et de pédo-psychiatres en France est l’une des plus élevées d’Europe», rappelle le Dr Gourion, pour qui le véritable enjeu se situe en amont de la prise en charge médicale ».
Le psychiatre indique : « Quand on parle de la santé mentale des jeunes, on oublie souvent de parler de prévention, or il n’y a pas besoin d’être psy pour en faire. Les parents, les grands-parents, les oncles et tantes, les enseignants : ce sont les personnes de l’entourage qui sont les mieux placées ».
La journaliste continue : « Réhabiliter la parole et l’échange, voilà ce que prescrivent en priorité ces psychiatres qui se veulent «résolument optimistes». Et paradoxalement, les réseaux sociaux du type TikTok sont parfois leurs meilleurs alliés ».
Le Pr Gicquel indique ainsi qu’« il y a tout un mouvement partiel mais réel de déstigmatisation des problèmes de santé psychiques sur ces réseaux ».
De son côté, Libération publie son « Libé des historiens », expliquant qu’« à l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité ».
Le journal livre notamment un article de Raphaël Gallien, enseignant en histoire à Sciences-Po, doctorant à Paris-Cité, intitulé : « La «santé mentale», une notion à panser collectivement ».
L’historien remarque entre autres : « Outre la déshérence que connaît la psychiatrie, les tentatives de réduire les itinéraires de soin à un parcours normé et essentialisant témoignent d’une profonde méconnaissance de ce que ces souffrances impliquent ».
« Le symptôme psychique n’est pas un simple désordre à corriger ni la marque d’un mal à éradiquer. Il suppose au contraire de penser collectivement ce qu’il induit et dit de l’état d’une société, bien loin d’une «santé mentale» faussement universalisante et d’un état de «bien-être» retrouvé à partir de recettes génériques plus ou moins stéréotypées. […] Plutôt qu’une «santé mentale», c’est donc une «santé sociale» qu’il faudrait ambitionner », souligne Raphaël Gallien.
« Les maires en première ligne face aux troubles psychiques : « On fait appel à eux car les moyens manquent » »
Date de publication : 10 octobre 2024
Le Parisien publie un entretien avec le Pr Antoine Pelissolo, chef de service en psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil, premier adjoint au maire, qui « revient sur les problématiques de santé mentale dans l’espace public, face à des lits fermés et des soignants débordés, les élus tentent de boucher les trous ».
Le journal note en effet que le médecin « fait partie des psychiatres qui travaillent à la déstigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques. Dans la ville où il est premier adjoint, il intervient lors des cafés psycho, mis en place par le conseil local de santé mentale ».
Le Parisien interroge tout d’abord : « Des faits divers mettent en lumière les violences commises par des malades souffrant de troubles mentaux. Y en a-t-il plus qu’avant ? ».
Le Pr Pelissolo répond que « c’est plus visible parce qu’on en parle plus. Il y a 20, 30, 40 ans, il y avait les mêmes problèmes. Peut-être mettions-nous un mouchoir dessus. Il y a un demi-siècle aussi, les malades passaient toute leur vie dans les asiles. Un choix a été fait de développer un autre modèle, pour permettre à ces personnes de ne pas être enfermées toute leur vie ».
Le professeur ajoute : « On peut comprendre que ces événements choquent. Ils sont toujours très spectaculaires. Il y a un effet médiatique. Mais le nombre d’actes graves est bien plus élevé à l’encontre des personnes souffrant de troubles psychiques. Elles sont bien plus victimes qu’autrices ».
Le journal demande en outre : « La crise du Covid-19 a-t-elle accentué les troubles ? ».
Antoine Pelissolo observe qu’« on a assisté à une montée de toutes les pathologies en raison du stress et de la désorganisation de la société durant cette période. Mais ce qui s’est accentué, c’est la souffrance des jeunes, et principalement des jeunes femmes. À 15, 18 ans, il est beaucoup plus difficile de revenir dans le système quand on en est sorti ».
« Cette période a cependant permis une prise de conscience, on parle davantage de la santé mentale. Elle devient une cause nationale. Chez les jeunes, il n’y a pas de tabou : des influenceurs en parlent. C’est un progrès. Même s’il y a encore besoin de déstigmatisation », poursuit le psychiatre.
Le Parisien remarque : « Les maires se retrouvent en première ligne, parfois bien démunis… ».
Le Pr Pelissolo observe qu’« ils sont appelés par les habitants, les professionnels parce que les moyens manquent. Ils sont véritablement une plaque tournante. Mais ce n’est pas leur compétence. C’est la raison pour laquelle les conseils locaux de santé mentale sont essentiels. Cette instance permet de coordonner tous les acteurs, bien qu’elle ne soit pas suffisante ».
Le médecin souligne que « le manque de places, de lieux de vie adaptés, est criant. Plus de 10.000 places en France ont été fermées, 40.000 à 50.000 places à l’hôpital. On n’a pas assez créé d’alternatives. La psychiatrie de secteur est saturée. Le spectre des pathologies s’est élargi avec les psychoses, les dépressions, les addictions, les syndromes post-traumatiques ».
« Si la France est plutôt bien dotée en termes de médecins psychiatres par rapport aux autres pays, il faut augmenter le numerus clausus. Dans dix ans, on n’aura pas assez de jeunes formés », ajoute-t-il.
Le Pr Pelissolo déclare qu’« il faut des équipes mobiles notamment. L’aller vers a un sens évident en psychiatrie. Depuis 3 ans, nous avons construit une équipe avec l’hôpital intercommunal de Créteil pour les 15-30 ans. C’est à cet âge-là que les troubles démarrent. Aller les voir chez eux, s’assurer de leur état, de leur prise de traitement, il n’y a que comme ça qu’on peut espérer qu’il n’y ait pas de rechute ».
« Santé mentale : des jeunes psychiatres militent contre la stigmatisation »
Date de publication : 10 octobre 2024
C’est ce que titre Le Monde, qui constate que « les troubles psychiques, qui touchent un Français sur cinq, continuent de pâtir d’idées reçues. Une nouvelle génération de psychiatres multiplie les initiatives pour faire évoluer les pratiques et les mentalités ».
Isabelle Hennebelle observe ainsi : « «Comment ça, tu déprimes ? Mais tu as tout pour être heureuse, tu es enceinte !» La période périnatale serait toujours nimbée de félicité : cette idée reçue, vision romantique, peut dissuader les futures mères de verbaliser leur éventuel mal-être ».
La journaliste relève que « cette autocensure est loin d’être un détail. Le suicide représente la première cause de mortalité maternelle dans l’année qui suit l’accouchement, selon un récent rapport de l’Inserm et de Santé publique France (45 suicides sur les 272 décès enregistrés entre 2016 et 2018) ».
Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Sorbonne Université), souligne : « Une grande part de ces décès serait évitable en développant davantage la prévention. […] Très peu d’études se penchent sur le cerveau des mères et sur leur grande vulnérabilité pendant cette période. Comment comprendre la dépression maternelle, les grossesses imaginaires, le syndrome du bébé fantôme, le déni de grossesse ? ».
Isabelle Hennebelle explique notamment que la jeune praticienne « forme […] sages-femmes et infirmiers à repérer les troubles psychiques et œuvre, avec l’équipe de psychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine, à la création d’une unité consacrée à la santé mentale au féminin ».
La journaliste poursuit : « Ce secteur sinistré − problèmes de financement, suppressions de postes, soignants épuisés, délais de consultation interminables, prises en charge dégradées − pâtit également d’idées reçues sur les troubles psychiques : «Les psys, c’est pour les fous», «Les dépressifs sont des mous chroniques», «Les schizophrènes, des criminels»… ».
« Combien de personnes rechignent ainsi à pousser les portes d’un psy, car «ça ne servira à rien» ? Combien d’étudiants en médecine tournent le dos à la discipline, considérée comme «le fond du panier» dans les choix de carrière ? Un écueil de plus à l’heure où se télescopent le manque croissant de psychiatres et les besoins toujours plus importants de soins de la population, adultes mais aussi enfants et adolescents, en particulier depuis le Covid », continue Isabelle Hennebelle.
Elle note : « Résolue à faire bouger les lignes, «une nouvelle génération de psychiatres engagés est en train d’émerger, attentive aux enjeux de déstigmatisation et de transformation des pratiques», se félicite Maeva Musso, 33 ans, présidente de l’AJPJA ».
La journaliste indique que « l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues fait partie du collectif qui milite, depuis l’été 2023, pour faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Avec succès : lors de son discours de politique générale, début octobre, le premier ministre, Michel Barnier, a donné le feu vert à cette initiative ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, déclare que ces jeunes psychiatres forment « un mouvement de fond massif : il suffit de jeter un œil sur les réseaux sociaux pour constater qu’ils sont nombreux à s’investir dans les associations, à intervenir dans les colloques ».
« Violences sexuelles : dans les hôpitaux de Paris, les preuves désormais conservées pendant 3 ans même sans plainte déposée »
Date de publication : 11 octobre 2024
Libération fait savoir que « toute personne ayant subi des violences sexuelles à Paris, et qui ne souhaiterait pas immédiatement porter plainte, pourra être examinée par des médecins légistes pour en conserver les preuves, ont annoncé ce jeudi 10 octobre le parquet de Paris, l’AP-PH et la préfecture de police ».
Le journal indique que le but est de « recueillir dès le début les «éléments matériels» et les conserver «pendant trois ans», même lorsque la victime n’est pas encore sûre de vouloir porter plainte. Ainsi, si la victime décide finalement de pousser la porte d’un commissariat, ces éléments pourront être joints à la procédure judiciaire ouverte ».
Les trois organismes expliquent que « ce dispositif permet à la victime de bénéficier d’un temps de réflexion dans le cadre d’un accompagnement pluridisciplinaire, tout en préservant ses droits et en évitant un classement sans suite, une relaxe ou un acquittement, faute d’éléments matériels ».
Libération précise ainsi : « Lorsqu’une victime, ayant subi un viol ou une agression sexuelle, est prise en charge dans un hôpital parisien de l’AP-HP, elle pourra recevoir les soins urgents sur place (contraception d’urgence, saignements importants…) puis être réorientée sur rendez-vous vers des médecins légistes de l’unité médico-judiciaire pour être examinée ».
« Les victimes bénéficieront aussi d’une consultation psychologique. Si elles déposent plainte ensuite, elles feront l’objet d’un autre examen complémentaire à l’UMJ », continue le quotidien.
Il observe que le dispositif est « expérimenté depuis janvier 2023 », notant qu’« en 2023, 22 personnes ont bénéficié de cette procédure et 6 patientes ont depuis déposé plainte. De janvier à septembre 2024, 16 personnes en ont bénéficié, dont 5 ont porté plainte ».
« Santé mentale : derrière la « grande cause nationale », un catalogue de mesures inconsistantes »
Date de publication : 17 octobre 2024
Dans Libération, Christian Lehmann, médecin et écrivain, évoque « la question de la santé mentale, désignée «grande cause nationale» par [le Premier ministre] Michel Barnier ».
Le médecin observe que « la réalité de la prise en charge psychiatrique en France a si souvent été dénoncée que je n’y reviendrai pas en détail : le secteur est sinistré, l’accès aux soins est complexe, les délais de prise en charge découragent les patients, en particulier en pédopsychiatrie, où le délai pour une première consultation peut dépasser un an ».
« Sans même parler des pathologies mentales plus graves, des psychoses, les troubles anxieux et dépressifs explosent, générateurs de mal-être et de ces arrêts de travail que le gouvernement traque en dénonçant une culture de l’absentéisme », continue Christian Lehmann.
Il cite le Premier ministre qui « liste les composantes de son plan » : « Permettre d’en parler grâce à une campagne de communication, prévenir et former aux premiers secours en santé mentale, encourager les initiatives collectives et s’appuyer sur les belles expériences, soutenir les professionnels et notamment la psychiatrie de secteur, intensifier l’effort de recherche, source de progrès ».
Christian Lehmann relève que « le plan de communication aurait pour but de déstigmatiser les maladies mentales, avec «des campagnes de sensibilisation, comme ça a été fait, d’ailleurs, sur le harcèlement ou contre le harcèlement moderne, qui parlera aux jeunes». Les médecins généralistes seraient incités à travailler plus étroitement avec les psychiatres, et le gouvernement soutiendrait «le travail en commun de toutes les associations et tous les acteurs qui doit concerner tout le monde» ».
Le médecin remarque que « ce catalogue de bonnes résolutions mollassonnes, Michel Barnier l’avoue, a un intérêt : ne pas coûter cher. Dans le monde où il vit, le problème de la santé mentale en France peut être résolu si les professionnels et les associations s’asseyent autour d’une table, à pas cher, au lieu de jouer les Gaulois réfractaires comme à leur habitude. […] Les généralistes, pas mauvais bougres mais jamais assez bien formés et incapables de communiquer avec leurs confrères du secteur psychiatrique, devraient faire un effort ».
Christian Lehmann note que « la réalité quotidienne est légèrement différente : le saccage financier du secteur, les fermetures de postes, ont amené de nombreux centres médico-psychologiques à abandonner le suivi de certains patients et à les renvoyer vers les médecins généralistes pour leur suivi exclusif. Faire prendre en charge en service de spécialité un enfant en souffrance est une gageure, pas par mauvaise volonté des acteurs de la chaîne de soins, mais parce que souvent celle-ci n’existe plus », souligne le praticien.
Il ajoute : « Aucun vrai questionnement sur les causes de cette «épidémie» de troubles de la santé mentale. Tout au plus le Premier ministre évoque-t-il parfois le Covid, sans qu’on sache s’il fait référence au fait que les pouvoirs publics font comme si la pandémie avait été vaincue, ou au confinement, qui en 2 mois aurait donc créé à la fois une dette immunitaire fantasmée et une dette psychologique à long terme ».
« Enfin des recommandations pour les enfants atteints de troubles de l’attention, de l’espoir pour les familles »
Date de publication : 21 octobre 2024
Bérangère Lepetit et Juliette Pousson font savoir dans Le Parisien qu’« après des années d’attente, un guide pour les mineurs atteints de TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) vient d’être publié par la Haute Autorité de santé (HAS). Un soulagement pour les parents souvent confrontés à un mur d’incompréhension ».
Les journalistes évoquent ainsi « un « mode d’emploi » à l’intention des familles et des soignants qui souhaiteraient faire diagnostiquer leur enfant, mieux le soigner, le prendre en charge. [Le guide de la HAS] éclaire sous un jour nouveau ce trouble longtemps sujet à controverses qui concernerait en France 2 à 3% des adultes et 3 à 6% des enfants et adolescents, souvent associé à d’autres pathologies comme la dyslexie ».
Bérangère Lepetit et Juliette Pousson expliquent que « la Haute Autorité préconise de diagnostiquer les enfants au plus tôt pour mieux les accompagner et appelle les pouvoirs publics à développer l’offre de soins en formant davantage de médecins ».
Christine Gétin, directrice de l’association HyperSupers, réagit : « Des fondations viennent d’être posées, et il reste à bâtir toute une politique publique. L’enjeu est ensuite que ces enfants passent les écueils de l’école en étant mieux intégrés car, avant, certains établissements les foutaient simplement dehors ».
Bérangère Lepetit et Juliette Pousson rappellent qu’« aujourd’hui, un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) peut être mis en place entre la famille et l’enseignant pour aménager le travail d’un élève avec TDAH. Les méthodes d’apprentissage seront alors différentes ».
« Si le trouble est reconnu comme un handicap, les élèves diagnostiqués avec TDAH peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement spécifique, comme la présence d’un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) », poursuivent-elles.
Les journalistes ajoutent que « face à ces enfants aux besoins particuliers, l’école joue un rôle d’alerte. Les enseignants sont en première ligne pour repérer ces profils ».
« Ecouter de la musique après une opération permet de réduire la douleur et le stress, selon une étude »
Date de publication : 22 octobre 2024
Apolline Le Romanser fait savoir dans Libération que « dans une revue de littérature publiée par l’«American College of surgeons», des chercheurs soulignent l’intérêt de la musicothérapie pour les patients au lendemain d’une opération. Ils notent une baisse de la sensation de douleur, de l’anxiété, et même de la fréquence cardiaque ».
La journaliste note ainsi que la musique, « sorte de «bulle» relaxante, capable de nous décharger de nos émotions, a un bénéfice thérapeutique pour les patients venant d’être opérés, comme le soulignent des chercheurs de l’Université de Californie ».
Eldo Frezza, coauteur et professeur de chirurgie, observe que « quand les patients se réveillent après une chirurgie, ils peuvent être effrayés, ne savent pas où ils sont. La musique peut les aider entre la phase de réveil et le retour à la normale, et réduire le stress lié à cette transition ».
Apolline Le Romanser relève : « Que les patients aient des écouteurs ou qu’ils profitent d’une chanson diffusée par des enceintes, son équipe note que le simple fait d’écouter de la musique a eu des «effets notables» pendant la période de convalescence. Les chercheurs ont […] analysé 35 études menées après différents types d’opérations (cardiaque, orthopédique…) et ont uniformisé les données pour se concentrer sur le lendemain de l’intervention ».
La journaliste retient que « les patients ayant bénéficié d’interludes musicaux ont déclaré des douleurs en moyenne 7% à 19% plus faibles. On trouve aussi des bénéfices sur l’anxiété (réduite de 3% en moyenne) ; quelques études suggèrent même une baisse dans la consommation d’opioïdes (comme la morphine). D’autres recherches concluent à un bénéfice sur le rythme cardiaque, avec une baisse moyenne de 4,5 battements par minute ».
Apolline Le Romanser explique que « la musique mobilise différentes régions cérébrales et peut solliciter certaines zones liées à la mémoire, les émotions voire l’attention et la concentration. Les auteurs de l’étude avancent que la réduction du taux de cortisol – hormone du stress – lors de l’écoute pourrait jouer un rôle dans le rétablissement ».
La journaliste relève que « l’idée intéresse aussi en France. Une équipe de l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes (Hauts-de-Seine), et de l’université Paris-Diderot a par exemple publié des recherches semblables en 2019, dans l’European Respiratory Journal ».
Apolline Le Romanser indique qu’« ils avaient suivi une centaine de patients sous ventilation non invasive – qui consiste en un masque sur le visage et/ou le nez pour délivrer de l’air. Une partie d’entre eux avaient bénéficié d’une séance de musique de trente minutes avec un casque ».
« Si les résultats n’ont pas montré d’amélioration significative sur leur confort respiratoire – hypothèse principale du travail –, l’équipe avait tout de même noté une tension artérielle plus basse dans le groupe avec musique. Et avait conclu qu’elle pouvait contribuer à réduire le stress à la sortie de l’unité de soins intensifs », note la journaliste.
Elle conclut que « si des données probantes soulignent l’intérêt de la musicothérapie, d’autres travaux plus robustes sont nécessaires pour mieux comprendre et affiner cette pratique. Et ainsi pouvoir davantage l’intégrer dans les prises en charge à l’hôpital ».
« Les nouvelles voies pour traiter les troubles de stress post-traumatique »
Date de publication : 23 octobre 2024
Pascale Santi explique dans Le Monde qu’« environ un tiers des patients souffrant de ce trouble psychiatrique ne répond pas aux prises en charge classiques. D’autres méthodes de traitement émergent et pourraient, à terme, être généralisées. Certaines d’entre elles incluent le recours aux psychédéliques et à la réalité virtuelle ».
La journaliste évoque notamment « une étude randomisée, en double aveugle […] menée à l’hôpital Saint-Antoine, à la Pitié-Salpêtrière et dans divers CHU en France, qui doit inclure une centaine de patients et vise à mesurer les effets de la stimulation magnétique transcrânienne (rTMS), associée à la réactivation du souvenir, chez des patients souffrant d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Trois séances hebdomadaires sont prévues pendant 4 semaines ».
Pascale Santi indique que « la moitié des participants est soumise à une stimulation placebo, sans impulsion magnétique. Cette étude nationale est coordonnée par Florian Ferreri, psychiatre et coresponsable du centre de référence psychotrauma Paris-Centre-Sud à l’hôpital Saint-Antoine. Il s’agit d’une approche novatrice pour un trouble qui est, aujourd’hui, au centre de plusieurs recherches ».
La journaliste observe ainsi : « A l’hôpital Saint-Antoine, «l’intensité de stimulation est personnalisée en fonction des caractéristiques neurophysiologiques du patient», précise Alexis Bourla [psychiatre], qui, au long de la séance d’une quinzaine de minutes, surveille la fréquence cardiaque. A chaque fois, Akhila Duflo, attachée de recherche clinique, fait remplir plusieurs questionnaires sur les symptômes, les effets ressentis, etc. ».
Le psychiatre déclare : « On part de l’idée que le souvenir n’a pas été consolidé au bon endroit et produit un cortège de symptômes, comme si l’événement était en cours ».
Wissam El-Hage, psychiatre au CHU de Tours, responsable du centre régional du psychotraumatisme, précise qu’en cas de TSPT, « les zones liées à l’émotion, comme l’amygdale, sont suractives, et d’autres régions impliquées dans la régulation de la peur sont hypoactives et ne remplissent pas leur fonction, comme le cortex préfrontal dorsolatéral, ciblé par la rTMS. L’idée est de renforcer cette région pour permettre une certaine normalisation des circuits de la peur ».
Pascale Santi note que « la rTMS a déjà montré son efficacité dans le traitement de la douleur, de la dépression et des hallucinations résistantes ».
La journaliste explique en outre que « dans le monde, le TSPT touche 3,9% de personnes à un moment donné de leur vie, selon l’OMS, avec des taux bien plus élevés chez les victimes de violences sexuelles, d’attentat, ou dans un contexte de guerre. […] Environ un tiers des patients ne répond pas de manière satisfaisante aux prises en charge classiques. […] Des médicaments peuvent être associés à la psychothérapie, mais seuls les antidépresseurs Paroxétine et Sertraline sont autorisés ».
Pascale Santi continue : « Point noir : une part des patients ne poursuit pas la prise en charge. Pour y remédier, des thérapies dites intensives commencent à voir le jour en France. Ad de Jhong, psychiatre, directeur du département de recherche de la clinique de TSPT Psytrec, aux Pays-Bas, en est à l’origine ».
Arnaud Leroy, psychiatre au CRP Hauts-de-France, au CHU de Lille, explique que « cette thérapie intensive, contrairement aux prises en charge classiques avec une séance par semaine sur plusieurs mois, est ramassée sur quelques semaines. En augmentant la fréquence [des séances], on améliore les chances de guérison ».
La journaliste relève qu’« un hôpital de jour « intensif et intégré » va y ouvrir à la fin de l’année, grâce au fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (FIOP), porté par le ministère de la Santé. Il allie thérapie d’exposition prolongée, EMDR et activité physique adaptée à chaque personne ».
Arnaud Leroy souligne que « le psychotrauma, c’est bien plus que le TSPT, c’est pourquoi on travaille sur le corps. L’approche psychocorporelle permet de repérer les zones marquées par le traumatisme et de les rééduquer, comme pour des femmes victimes de viol ».
Pascale Santi relève que « cela comprend aussi une consultation d’addictologie, l’implication des proches et de la psychoéducation (éducation thérapeutique). Le pari est que l’association des approches va augmenter l’effet de la prise en charge ».
« Drogue : pour les addictologues, les discours visant les consommateurs sont sans effet »
Date de publication : 24 octobre 2024
Pascal Charrier relève dans La Croix que « la semaine dernière, face à la multiplication des règlements de comptes liés au trafic en France, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a lancé un appel aux consommateurs, estimant qu’«un joint a le goût du sang» ».
« Son prédécesseur, Gérald Darmanin, les avait également mis en cause lors d’un déplacement à Marseille en janvier. Pour lui, les «premiers responsables» de la violence des narcotrafiquants sont «d’abord les consommateurs», qu’il faut viser par «un travail de harcèlement» au même titre que les dealeurs », note la journaliste.
Elle rappelle : « De fait, la loi française pénalise la consommation de drogue, qu’elle soit récréative ou pas ».
Marie Öngün-Rombaldi, déléguée générale de Fédération Addiction, réseau de professionnels de l’addictologie, précise que « tous les usages n’amènent pas forcément à un usage problématique ou une addiction, cela vaut pour tous les produits, légaux ou illégaux. On considère qu’il y a à peu près 80% de personnes qui ont un usage ne relevant pas d’une addiction. C’est une moyenne, cela dépend des produits. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’addiction qu’il n’y a pas de risque pour la santé ».
Pascal Charrier note que « le psychiatre Laurent Karila, médecin à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne), voit «rarement» en consultation ces usagers récréatifs ». Le médecin indique : « On sait que l’usage récréatif peut devenir à terme problématique, c’est clair et net, mais ce n’est pas parce que l’on va fumer un joint un jour qu’on va sniffer plus tard de la cocaïne ou prendre des méthamphétamines ».
Le journaliste relève que « le praticien estime que les déclarations de politiques désignant les consommateurs de substances illicites comme étant responsables de tueries à Marseille ou à Grenoble sont des «non-sens» ». Le Pr Karila souligne ainsi que « la France ferait mieux de faire des vraies campagnes de prévention ».
Marie Öngün-Rombaldi ajoute : « Pourquoi on consomme ? Cela peut être pour le plaisir, mais aussi dans le cadre de la recherche de la performance ou pour alléger des souffrances. Pour nous, ce n’est ni mal, ni bien, c’est un comportement humain qui présente des risques. […] La distinction légal-illégal ne sert à rien d’un point de vue de santé publique, et culpabiliser les personnes ne les fait pas moins consommer ».
« Dépression, troubles anxieux, addictions… Les entreprises se lancent dans la prévention en santé mentale »
Date de publication : 24 octobre 2024
Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro que « depuis le Covid, les maladies mentales sont en augmentation, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. En 2023, près de 936.000 jeunes ont été remboursés au moins une fois pour un médicament psychotrope, relève l’Assurance-maladie – soit 18% de plus qu’en 2019 ».
La journaliste observe que « la progression la plus forte concerne les antidépresseurs (+60%) tandis que les antipsychotiques, utilisés pour traiter la schizophrénie et la bipolarité, sont aussi en forte hausse (+35%). Mais le phénomène est plus large ».
Marie-Cécile Renault rappelle que le Premier ministre Michel Barnier « veut en faire une priorité et a déclaré la santé mentale grande cause nationale 2025. Le Premier ministre entend non seulement déstigmatiser ces maladies à travers des «campagnes de sensibilisation», mais surtout favoriser la «prévention» et le «repérage» ».
La journaliste note que « les entreprises se retrouvent en première ligne. Représentant 15% des arrêts maladie et un quart des arrêts longs, les troubles « psy » sont devenus la seconde cause d’absentéisme en entreprise, juste derrière les petites maladies ordinaires (33%) – rhume, grippe, gastro – et devant les troubles musculo-squelettiques (12%). Les maladies graves, comme les cancers, elles, ne représentant que 4% des arrêts maladie, selon le dernier baromètre Malakoff Humanis ».
Marie-Cécile Renault explique : « Parmi les causes évoquées, le côté anxiogène des réseaux sociaux, la perturbation du sommeil liée aux écrans, mais aussi la perte de sens ou la surcharge de travail. […] ».
La journaliste observe ainsi que « les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à mettre en œuvre des actions de prévention. Chez la plupart des assureurs et des mutuelles, des équipes de consultants accompagnent les entreprises clientes ».
« De son côté, le gouvernement veut généraliser la formation à la prévention aux premiers secours en santé mentale (PSSM), «qui vise à prévenir les troubles en repérant les personnes à risque au sein de leur communauté», indique Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale », continue Marie-Cécile Renault.
La journaliste explique que « cette initiative originale, inspirée du programme australien Mental Health First Aid, incite les entreprises à former des «personnes-ressources» susceptibles de détecter et d’aider leurs collègues en situation de fragilité, que ce soient lors de premiers symptômes, de l’aggravation d’un trouble connu ou d’une situation de crise ».
Marie-Cécile Renault relève que « des entreprises comme Sisley, Decathlon, Danone, Auchan se sont engagées dans cette voie. L’objectif est d’atteindre 150.000 secouristes en santé mentale formés en 2025 ».
« Pour y parvenir, l’Assurance-maladie dispense des formations dans le but d’impliquer les entreprises volontaires. Ainsi, en 2023, les caisses primaires d’assurance-maladie (CPMA) ont accueilli 227 salariés issus de 131 entreprises de divers secteurs d’activité », poursuit la journaliste.
Marie-Cécile Renault constate que « face au succès de l’opération (98% de satisfaits), [Frank Bellivier] a proposé en 2024 à chaque CPAM d’organiser deux à trois sessions de formation en fonction des besoins exprimés par les entreprises de son territoire ».
« L’Assurance-maladie agit également envers les médecins gros prescripteurs d’arrêts de travail, pour leur rappeler les bonnes pratiques. Sur 16.000 médecins généralistes ayant reçu la visite de délégués de l’Assurance-maladie en 2023, plus de 3000 avaient des pratiques atypiques concernant le lien entre arrêt de travail et santé mentale », relève la journaliste.
« Dépression : la stimulation transcrânienne bientôt disponible à domicile ? »
Date de publication : 25 octobre 2024
Elisa Doré remarque dans Le Figaro qu’« en France, 5 à 15% de personnes sont touchées par la dépression. Classiquement, ces patients sont traités à l’aide d’une psychothérapie et/ou d’antidépresseurs. Or ces traitements médicamenteux s’accompagnent parfois d’effets secondaires et ne sont pas toujours efficaces ».
La journaliste indique que « la thérapie électro-convulsive, c’est-à-dire les électrochocs, a fait ses preuves mais reste invasive. C’est pourquoi la stimulation transcrânienne est peu à peu venue s’imposer comme une alternative plus «douce» ».
Elisa Doré explique que « cette approche est conçue pour délivrer un champ magnétique (stimulation magnétique transcrânienne, rTMS) ou un courant électrique (stimulation transcrânienne à courant direct, tDCS) faible et indolore à travers des électrodes placées sur le cuir chevelu, dans le but de stimuler les zones du cerveau liées à la régulation de l’humeur ».
La journaliste relève cependant que « ces approches restent peu accessibles et obligent les participants à se rendre quotidiennement en milieu hospitalier. Pour y remédier, des chercheurs ont eu l’idée de déployer un dispositif de stimulation transcrânienne utilisable à domicile ».
Elle annonce que « les résultats prometteurs d’un premier essai, publiés dans Nature Medicine, ouvrent de nouvelles perspectives à la prise en charge de la dépression modérée à sévère, hors milieu hospitalier ».
Elisa Doré note que « ce dispositif ressemble à un bonnet de bain muni d’électrodes qui délivrent des impulsions électriques sur le principe de la tDCS employée en clinique. […] Les participants, 120 femmes et 54 hommes, ont été répartis aléatoirement dans deux groupes : ceux du groupe traitement ont emporté chez eux un dispositif qui délivrait un courant de 2 milliampères pendant 30 minutes, cinq fois par semaine pendant trois semaines, puis trois fois par semaine pendant les sept semaines suivantes ».
« Les autres patients, ceux du groupe témoin, ont suivi le même « traitement » mais portaient sans le savoir un appareil factice. […] Une partie des patients ne prenaient aucun traitement complémentaire tandis que d’autres continuaient à prendre des antidépresseurs, à suivre une psychothérapie, ou les deux », ajoute la journaliste.
Elle retient qu’« après dix semaines, 45% des participants traités ont vu une amélioration significative de leurs symptômes, jusqu’à la rémission clinique, contre seulement 22% dans le groupe témoin ».
Olivier David, directeur de recherche Inserm à l’université d’Aix-Marseille, remarque que « ces résultats prouvent que ce dispositif à domicile est une vraie option de traitement à envisager, notamment car elle n’induit peu ou pas d’effets secondaires ».
David Szekely, chef adjoint au Service de psychiatrie du Centre Hospitalier Princesse Grâce de Monaco, ajoute que « parmi les patients pour qui la stimulation a fonctionné, certains ne prenaient pas de traitement annexe, ce qui suggère que ce dispositif pourrait être non seulement utilisé en combinaison d’autres traitements pour les cas de dépression sévères (ne nécessitant pas d’hospitalisation, ndlr) mais aussi en première intention chez des patients avec un trouble plus modéré, réticents aux antidépresseurs à cause de leurs effets indésirables ».
Elisa Doré note que selon le praticien, « la technique aurait un «véritable intérêt» chez des personnes polymédicamentées, notamment le sujet âgé, pour qui les effets secondaires des traitements ont tendance à s’additionner ».
La journaliste indique cependant que « les spécialistes restent prudents. Tout d’abord parce que d’autres essais devront venir confirmer ces résultats. Mais aussi parce que la stimulation transcrânienne n’a, de fait, pas fonctionné chez la moitié des patients traités. […] Une des raisons évoquées étant que les manifestations de la dépression sont très variables selon les patients ».
« Une autre explication est que la tDCS agit sur la partie superficielle du cerveau. […] Pour le reste, les spécialistes soulèvent le problème de l’observance en pratique », ajoute Elisa Doré.
« « On apporte la joie mais on a aussi besoin de soutien » : les clowns hospitaliers, héros des enfants en pédiatrie »
Date de publication : 25 octobre 2024
Pour Le Parisien, Stéphanie Forestier explique dans un reportage que « depuis octobre, les enfants du service de pédiatrie du centre hospitalier de Compiègne [Oise] reçoivent tous les mardis la visite de clowns professionnels. Mais derrière les nez rouges se cachent des hommes et des femmes formés et soutenus pour tenir le coup ».
La journaliste évoque ainsi ces « deux clowns en goguette, une boîte de gourmandises sous le bras. Ils embarquent le cadre de santé, Bertrand Dufour, dans un défilé digne de la fashion-week, font des selfies avec les internes et les infirmières, planquent des bonbons dans tous les coins et frappent à la porte des petits malades. Ils amènent couleur et gaieté dans ce monde aseptisé rempli de blouses blanches ».
Stéphanie Forestier explique qu’« Ingrid Soler, alias Lady Zou, et Cyril Le Jalle, dit Otto, font partie des 7 clowns professionnels de la nouvelle antenne picarde de l’association des Clowns de l’espoir, originaire du Nord. Depuis le 8 octobre, ils ont commencé leur show à Compiègne et égayent le service de pédiatrie qui dispose de 20 lits pour des patients de 1 mois à 18 ans ».
Ingrid Soler précise : « On viendra tous les mardis et on n’a pas de date de fin. On sera là le 24 décembre, le 31 ! Notre objectif est de remettre du lien entre les enfants, les parents et les soignants. Les parents peuvent être angoissés et transmettre leurs craintes aux enfants. Nous, on est là pour détendre l’atmosphère. On prend les soignants à partie, ils rient avec nous et les enfants les voient autrement ».
La journaliste souligne que « pour devenir clown hospitalier, il ne suffit pas d’avoir de la bonne volonté et un nez rouge. Tous les intervenants sont des comédiens professionnels qui maîtrisent l’art clownesque. Ingrid Soler officie depuis 4 ans et Cyril Le Jalle depuis 11 ans comme clowns de spectacle ».
Cyril Le Jalle indique ainsi : « Quand on passe la porte de l’association, on a une formation initiale d’une semaine. On étudie les besoins des enfants, les pathologies, ce qu’on peut faire ou pas en fonction des maladies, de l’âge ».
Ingrid Soler ajoute que « chacun a un parrain ou une marraine pour le guider, répondre à ses questions, c’est primordial. […] C’est un métier super, mais ce n’est pas toujours facile. On apporte de la joie, mais on a aussi besoin de soutien. Il faut savoir gérer les émotions des enfants et les nôtres. On a aussi une supervision une fois par mois avec un temps d’échanges avec un psychologue. C’est très encadré. Nous faisons d’ailleurs partie d’une fédération, la Fédération française des associations des clowns hospitaliers ».
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