« Les professionnels de santé souffrent toujours au travail »

Date de publication : 6 novembre 2024

Le Figaro

Alissa de Chassey note en effet dans Le Figaro qu’« avec une situation bien plus tendue que dans les autres professions, et malgré une amélioration depuis la fin de la période du Covid, la souffrance des professionnels de santé, et en particulier leur santé mentale, reste fragile en 2024 ».
La journaliste relaie les résultats du baromètre Odoxa réalisé avec la chaire santé de Science Po pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et Le Figaro : « Si 77% des Français se disent «satisfaits» de leur activité professionnelle, ils ne sont que 64% chez les professionnels de santé ».
Le Pr Martine Bagot, élue au Conseil de l’Ordre des médecins et ancienne chef de service à l’hôpital Saint-Louis (Paris), réagit : « C’est un métier de stress. À l’hôpital, la pression des urgences est permanente. Cela n’aide pas le personnel à se sentir satisfait de son travail, même s’ils l’aiment et l’ont choisi ».
Alissa de Chassey indique toutefois qu’« on note une amélioration depuis le Covid : en 2020, ils n’étaient que 38% à se dire épanouis professionnellement. Parmi les sources de stress, une exposition plus élevée à la violence : 45% des soignants font régulièrement face à l’incivilité, contre 30% des autres professionnels ».
La journaliste ajoute que « la charge de travail est également pointée du doigt, 76% des professionnels de santé estimant avoir un «volume de travail trop important», contre 50% pour les autres professions ».
Alissa de Chassey relève que « les professionnels de santé sont plus souvent malades que le reste de la population : 46% d’entre eux disent l’avoir été au cours des trois derniers mois (hors maladies chroniques), contre 28% pour les autres professions ».
Elle souligne en outre que « 61% des soignants ont des difficultés à dormir au moins une fois par semaine, contre 48% des Français. Et ils ne prennent pas mieux soin de leur santé : chaque semaine, 54% d’entre eux (pour 58% dans l’ensemble des autres professions) boivent de l’alcool, fument du tabac ou du cannabis ou prennent des anxiolytiques ».
Le Pr Bagot remarque ainsi qu’« il n’y a pas plus de sensibilisation dans les hôpitaux que dans les autres structures. Le stress du métier favorise ces conduites à risques, même si les professionnels de santé sont conscients des impacts sur leur propre santé ».
Alissa de Chassey note enfin que « les chiffres sont également préoccupants concernant la santé mentale. Si 41% des Français souffrent de problèmes de santé mentale, c’est le cas de 57% des professionnels de la santé ; 29% d’entre eux estiment que leur santé mentale est «mauvaise» ou «médiocre», soit le double de ce que l’enquête relève pour la population générale ».
Martine Bagot explique qu’« il n’existe pas de service de médecine du travail pour les médecins hospitaliers. Les jeunes médecins rencontrent parfois des conditions sociales difficiles ».

« « Nous n’arrivons plus à suivre » : la pédopsychiatrie s’enfonce dans la crise »

Date de publication : 8 novembre 2024

Le Figaro

Julie Malo observe dans Le Figaro qu’« alors que le premier ministre Michel Barnier a annoncé faire de la santé mentale la «Grande Cause Nationale» 2025, les enfants et adolescents français vont de plus en plus mal, tout comme le système de soin censé les accueillir ».
La journaliste souligne ainsi que « la psychiatrie est en crise, et la pédopsychiatrie tout particulièrement. Parmi les 14 millions d’enfants et d’adolescents vivant en France, 1,6 million souffre de troubles psychiques, et la moitié seulement bénéficie de soins, selon un rapport de la Cour des comptes paru en mars 2023. La demande ne cesse d’augmenter depuis des années, et le Covid a fait exploser les demandes ».
Le Dr Noël Pommepuy, pédopsychiatre et chef de service à l’établissement public de santé de Ville Evrard (Seine-Saint-Denis), observe : « Entre 2019 et 2021, sur mon unité dédiée aux troubles du comportement alimentaire, on a eu 100% de demande en plus. En France, les services de pédopsychiatrie ont constaté en moyenne entre 35 et 50% d’augmentation ».
Julie Malo note que « ces nouveaux patients présentent surtout de l’anxiété, des phobies, des troubles du comportement alimentaire ou encore de la dépression ».
Le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre et président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, relève quant à lui que « le suicide diminuait fortement en France, et chez toutes les classes d’âges, depuis 1980. En 2017, il est reparti à la hausse chez les jeunes, en particulier les jeunes femmes là où, aujourd’hui encore, il continue de diminuer pour les autres tranches d’âges ».
De son côté, la Dr Juliette Rastoin, pédopsychiatre et cheffe de pôle à l’Établissement public de santé mentale (EPSM) Sud Bretagne (Morbihan), évoque « une forte augmentation post-Covid des demandes pour les 2-4 ans : c’est une unité sur laquelle il n’y avait jamais eu de liste d’attente, et où nous avons été obligés d’en mettre une en place ».
Julie Malo explique : « Expérimentations moindres de la socialisation, rentrées scolaires anxiogènes, masques chez les parents et les instituteurs et mesures d’éloignement social sont autant de pistes pour tenter d’expliquer les angoisses de séparation et agitations que l’on voit de plus en plus chez les tout-petits ».
La journaliste souligne que « les pédopsychiatres sont, eux, de moins en moins nombreux. La Cour des Comptes estime que leur nombre a diminué de 34% entre 2010 et 2022, passant de 3113 en 2010 à 2039 en 2022. Le Conseil de l’Ordre des Médecins, lui, n’en recense que quelques centaines ».
Le Pr Falissard remarque : « Nous sommes sûrement plus que 600, mais moins que 2000, nous devons probablement être 1000 environ sur le territoire ».
Julie Malo ajoute que « ce chiffre devrait baisser encore, la moyenne d’âge des pédopsychiatres étant largement au-dessus de la barre des 60 ans ».
La journaliste évoque « le manque d’attractivité d’une spécialité difficile et pourtant parmi les moins rémunérées, surtout en libéral. La pédopsychiatrie est également peu représentée chez les professeurs des universités-praticiens hospitaliers et mal mise en valeur pendant le cycle d’études de médecine ».
« Le nombre de places dans les services de psychiatrie ne cesse de diminuer. La Cour des comptes souligne que 58% des lits ont été supprimés entre 1986 et 2013, passant de 5380 à 2239. En 2021, huit départements ne disposaient toujours d’aucun lit dédié à la prise en charge de jeunes patients psychiatriques », 
continue Julie Malo.
Elle explique notamment que « les professionnels de santé mentale se réorganisent. Certains services de pédopsychiatrie se reposent ainsi sur les infirmiers en pratique avancée. Dotés de compétences élargies, ils peuvent suivre certains patients en coordination avec les psychiatres […] ».

« Attention, mémoire, concentration… Et si des médicaments amélioraient les symptômes cognitifs de la dépression ? »

Date de publication : 12 novembre 2024

Le Figaro

Bénédicte Lutaud rappelle dans Le Figaro qu’« en France, on estime qu’une personne sur cinq connaîtra un épisode dépressif dans sa vie. Si la dépression entraîne des troubles de l’humeur, elle est aussi souvent associée à des troubles cognitifs altérant la mémoire, l’attention, la concentration ou encore la prise de décision ».
La journaliste annonce que « des chercheurs du centre de neurosciences de l’hôpital universitaire de Copenhague viennent de découvrir comment certains antidépresseurs pourraient améliorer non seulement le moral des patients, mais aussi certaines de leurs fonctions cognitives », selon un travail paru dans la revue Biological Psychatry.
Bénédicte Lutaud retient qu’« ils y montrent comment les «inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine» (ou ISRS), les antidépresseurs les plus prescrits actuellement, améliorent la mémoire verbale, telle que le souvenir d’une conversation, en jouant sur une voie métabolique particulière ».
La journaliste précise que « l’équipe de Vibeke Naja Høyrup a scanné les cerveaux de 90 patients souffrant de dépression, afin de mesurer le niveau d’activation des récepteurs 5-HT4. Dans le même temps, ces patients étaient soumis à une série de tests d’humeur et de capacités cognitives. Ils ont ensuite reçu des doses quotidiennes d’escitalopram (un ISRS) pendant 8 semaines. Puis, 40 patients ont de nouveau passé un scanner ».
« Les chercheurs ont alors constaté une amélioration de leur bien-être, mais aussi découvert, dans un second temps, de meilleures performances cognitives, notamment pour leur mémoire verbale »,
 relève Bénédicte Lutaud.
Vibeke N. Høyrup Dam, principale autrice, indique que « les molécules de sérotonine activent le récepteur 5-HT4 et nous pensons qu’elles améliorent ainsi la fonction de mémoire ».
La journaliste observe que « cibler directement ce récepteur serait donc une piste intéressante pour «optimiser les résultats des antidépresseurs», conclut la chercheuse. Mais comment ? En effet, la sérotonine agit sur de nombreux autres récepteurs ».
Vibeke N. Høyrup Dam remarque qu’« il existe des médicaments qui ciblent seulement le 5-HT4. C’est le cas du prucalopride, utilisé pour traiter les troubles gastro-intestinaux, testé et prouvé sûr chez l’homme. Nous pouvons donc réutiliser ce médicament pour voir comment il agit sur les symptômes de la mémoire et de l’humeur chez les patients atteints de dépression, ce qui est très enthousiasmant ».
Bénédicte Lutaud note qu’« en France, l’équipe du Pr Denis David, professeur de pharmacologie et codirecteur de l’équipe Mood (UMR 1018, CESP-Inserm), à l’Université Paris-Saclay, s’intéresse au récepteur 5-HT4 depuis une dizaine d’années ».
Le professeur observe que l’étude danoise « montre que le 5-HT4 est une cible d’intérêt pour une prise en charge de patients qui auraient des épisodes dépressifs avec des troubles cognitifs. Mais quid des effets du prucalopride seul, ou en association avec d’autres médicaments ? Cela demande des essais cliniques ».
Il ajoute : « On ne sait pas si cibler ce récepteur sera l’antidépresseur de demain. Mais pour certains types de dépression, associer un agoniste du 5-HT4 avec un ISRS permettrait moins de rechutes de dépression ».

« Carnet de santé : le nouveau modèle informera sur les risques d’un usage excessif des écrans »

Date de publication : 14 novembre 2024

La Croix

C’est ce que titre La Croix, qui note que « la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a annoncé […] qu’il y aura des pages de conseils sur l’utilisation des écrans au sein de la famille dans le nouveau carnet de santé ».
Esther Serrajordia remarque ainsi : « Conséquences des écrans sur le sommeil, temps d’exposition recommandé, effets sur le neurodéveloppement… Ces conseils et informations à destination des parents seront inscrits dans le nouveau carnet de santé ».
La journaliste explique que « distribué à partir du 1er janvier 2025, il informera sur les risques que peut représenter l’usage des smartphones, télévisions et autres tablettes ».
Geneviève Darrieussecq a fait savoir : « C’est important d’expliquer aux parents, qui sont en première ligne, quelle est la nocivité du temps trop long devant les écrans ». Esther Serrajordia note ainsi qu’« un temps trop long passé devant les écrans «désocialise les enfants» en les «enfermant dans leurs bulles», au risque de générer «troubles psychiques et mal-être» ».
La journaliste ajoute que la ministre « a également indiqué qu’elle souhaitait que la question du temps passé devant les écrans «fasse partie» des thèmes abordés dans les rendez-vous de prévention sur la santé pour les enfants et les adolescents ».
Fabienne Kochert, pédiatre libérale à Orléans, réagit : « C’est très bien qu’il y ait cette documentation pour les parents, même si idéalement on espère qu’ils aient obtenu toutes ces informations avant la naissance du bébé. Il faut ensuite que tout cela fasse l’objet d’une discussion avec le professionnel de santé ».

« Angela Me (ONUDC) : « La menace des drogues de synthèse doit déjà être prise en considération » »

Date de publication : 18 novembre 2024

Le Monde

« Au-delà du fentanyl, les nitazènes, opioïdes de synthèse encore plus puissants, se diffusent en Europe. Les drogues de synthèse, moins chères et plus faciles à transporter, remplaceront peu à peu les produits issus de plantes », prévient Angela Me, cheffe du service de la recherche et de l’analyse des tendances au sein de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime dans un entretien au « Monde ».
« En 2022, près de 300 millions de personnes ont consommé des drogues, selon le dernier rapport annuel de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), soit 20% de plus qu’il y a dix ans », poursuit le journal.
« Au cours des dix dernières années, la plupart des drogues ont connu une augmentation de leur consommation à l’échelle de la planète. La cocaïne, notamment, dont la hausse de l’usage est parti­culièrement marquée en Europe, mais pas seulement. Le cannabis aussi connaît une augmentation de sa consommation sur la dernière décennie », détaille la spécialiste.
« Et surtout, nous avons également observé cette année l’augmentation de l’usage de stimulants, en particulier de la méthamphétamine, alors que pour les downers (drogues aux effets sédatifs), le marché est plutôt stable. En Europe, par exemple, mais aussi en Asie du Sud-Est, toute une génération de consommateurs d’héroïne continue de vieillir », continue-t-elle.
« Néanmoins, il n’y a pas vraiment de travaux de recherche qui permettent d’établir une relation de cause à effet entraînant la consommation de drogue. Nous avons identifié bien sûr certains facteurs récurrents, parmi lesquels la santé mentale. L’augmentation des troubles liés à la santé mentale, d’ailleurs particulièrement importante durant le Covid, a des liens avec la consommation et la dépendance aux drogues », développe Angela Me.
« Un autre facteur est la disponibilité des substances. Cette offre est toujours liée à la demande, et l’une appelle l’autre, comme un cercle vicieux », ajoute-t-elle.
« L’essor de la consommation de nouvelles drogues de synthèse – en particulier les opioïdes – constitue-t-il, selon vous, le début d’une nouvelle ère du trafic de drogue ? », demande Le Monde.
« En effet, les opioïdes de synthèse sont moins chers et plus faciles à transporter que les drogues traditionnelles. En conséquence, ils sont pour les trafiquants beaucoup plus rentables et pratiques à importer. Il s’agit donc clairement d’une menace », confirme l’experte.
« Au-delà du fentanyl, qui fait des ravages en Amérique du Nord, nous commençons à voir des signaux préoccupants, en Europe notamment, sur les nitazènes, qui sont encore plus puissants », met-elle en garde. « Nous ne cessons de le répéter : les drogues de synthèse remplaceront peu à peu les drogues issues de plantes », insiste-elle.
« La menace de ces drogues de synthèse, particulièrement puissantes, doit déjà être prise en considération, même s’il ne faut pas oublier que l’Europe est toujours dominée par les marchés à base de plantes », assure-t-elle.

« Dépression, harcèlement, surcharge de travail… L’état de santé mentale des étudiants en médecine toujours très préoccupant »

Date de publication : 22 novembre 2024

Le Figaro

Sidonie Rahola-Boyer indique dans Le Figaro qu’« un rapport publié par des syndicats étudiants montre que de nombreux futurs médecins vont mal. Plusieurs professionnels et futurs professionnels de santé ont accepté de témoigner ».
La journaliste explique ainsi : « Alors qu’il s’agit d’une voie souvent poursuivie par passion, [les étudiants en médecine] sont nombreux à déclarer aller mal. En effet, un étudiant en médecine sur dix pense quotidiennement à arrêter ses études, et un sur cinq a des idées suicidaires ».
Sidonie Rahola-Boyer souligne que « les résultats de cette étude, réalisée auprès de 8307 étudiants des trois cycles (pré-clinique, externat et internat), alertent sur la souffrance liée aux conditions de travail des futurs médecins. Les répondants sont à 71% des femmes, soit une proportion similaire à ce qu’elles représentent parmi la population étudiante ».
La journaliste relève notamment que « 52% des étudiants font état de symptômes anxieux et 27% d’épisodes dépressifs caractérisés. 66% des internes et externes sont en burn-out, et 21% des étudiants ont rapporté avoir eu des idées suicidaires pendant l’année ».
« Un étudiant sur quatre a des symptômes de troubles du comportement alimentaire et 16% des étudiants rapportent une consommation excessive et à risque d’alcool. Autre fait grave : 92 étudiants ont signalé des viols ou tentatives de viols, et 423 autres des agressions sexuelles »,
 poursuit-elle.
Sidonie Rahola-Boyer note que « sept étudiants sur dix ont déjà pensé à arrêter leurs études de médecine au cours des douze derniers mois. Un sur dix y pense même tous les jours ».
La journaliste observe que « cette souffrance qui touche de nombreux étudiants découle d’une multitude de facteurs ». Lucas Poittevin, président de l’ANEMF (association nationale des étudiants de médecine de France), déclare que « le processus de formation est très compliqué. Il y a de nombreuses connaissances à assimiler, des concours assez stressants aussi bien en première qu’en sixième année ».
Sidonie Rahola-Boyer explique qu’« une fois ses six premières années de cours et de stages terminées, les étudiants deviennent internes. Là, le rythme devient souvent insoutenable et dépasse le cadre imposé par la loi ».
« Nombreux rappellent aussi que les étudiants en médecine sont très tôt confrontés aux situations les plus dures »
, continue la journaliste. La Dr Corinne Blanchet, endocrinologue et nutritionniste, observe : « On considère qu’à 20 ans on est capable d’affronter la mort, la maladie, d’avoir une attitude adaptée face aux patients et aux familles, tout en faisant face au stress des études qui sont très prenantes ».
Sidonie Rahola-Boyer ajoute que « certains sont victimes de violences au sein de leur service. En effet, 14% des étudiants sondés ont subi des humiliations répétées au cours de leurs études. Elles se traduisent par «des moqueries, l’usage de surnoms méprisants et le fait d’être rabaissé et humilié» ».
La journaliste note que « l’étude révèle également que 63% des viols, tentatives de viols, attouchements ou agressions sexuelles dénoncés (525 cas au total) ont eu lieu à l’hôpital. De plus, les auteurs de ces violences étaient une fois sur deux un médecin thésé ».
Elle relève que « malgré les multiples conséquences pathologiques déjà citées (TCA, alcool à outrance, symptômes anxieux, épisodes dépressifs caractérisés, burn-out, idées suicidaires), nombreux ne parviennent pas à s’arrêter. […] Il arrive que cette souffrance pousse certains étudiants à mettre en pause leur cursus, le temps de se soigner. Et dans ce cas, la stigmatisation est forte ».
Le Dr Ariel Frajerman, psychiatre et chercheur associé à l’INSERM, remarque néanmoins : « Le changement va venir des associations étudiantes, la mentalité des jeunes change. Ils n’acceptent plus ce que les générations antérieures ont accepté ».

« Violences faites aux femmes : peut-on soigner les hommes violents ? »

Date de publication : 25 novembre 2024

La Croix

Paula Pinto Gomes note dans La Croix qu’« une femme est tuée par son compagnon ou son ex-compagnon tous les 3 jours, rappelle France Victimes, en ce lundi 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ».
La journaliste observe que « malgré les avancées impulsées par le mouvement #MeToo, les violences faites aux femmes restent un fléau. Certains hommes violents sont condamnés, mais peut-on vraiment les soigner et prévenir la récidive ? ».
Paula Pinto Gomes explique que « c’était l’objectif de la loi du 17 juin 1998, dite loi Guigou, qui prévoyait une injonction de soins pour les auteurs d’infractions sexuelles, laquelle s’est ensuite généralisée à toutes les formes de violences. Ces soins peuvent se faire dans des consultations spécialisées sous forme de thérapies de groupe, individuelles ou de traitements médicamenteux ».
Gabrielle Arena, psychiatre, précise : « Il n’existe pas de profil type. Ils sont collègues de travail, pères de famille. Cette banalité reflète leur nature humaine et met en lumière la nécessité de comprendre leur parcours sans excuser leurs actes ».
Paula Pinto Gomes poursuit : « Le point commun entre ces hommes, ce sont souvent des parcours de vie chaotiques ». Gabrielle Arena relève que « chez les auteurs de violences sexuelles, on retrouve fréquemment des traumatismes précoces ou des carences dans la construction de leur identité, souvent liées à des relations parentales défaillantes, poursuit la psychiatre. La violence peut être une stratégie inconsciente pour surmonter des angoisses d’anéantissement ou compenser de graves failles narcissiques ».
La journaliste ajoute que « les hommes violents manquent souvent aussi d’empathie ». Caroline Legendre, psychologue clinicienne, indique qu’« ils sont incapables de se mettre à la place de l’autre, et ce phénomène est amplifié par des mécanismes de défense psychique comme le déni et le clivage. Le clivage est un processus complexe qui permet à l’agresseur de se déconnecter de ses actes criminels, dont il a conscience sur le moment, et de revenir ensuite à une vie normale ».
Paula Pinto Gomes s’interroge : « Ces agresseurs peuvent-ils vraiment être soignés ? ».
Gaëlle Saint-Jalmes, psychologue clinicienne à la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), répond : « En tant que professionnels, nous faisons le pari que tous sont susceptibles d’évoluer. Mais plus les traumatismes sont anciens et plus ce sera compliqué, d’où la nécessité de les prendre en charge le plus tôt possible. Par ailleurs, tous les patients ne sont pas accessibles au travail thérapeutique, notamment en thérapie individuelle ».
Alain Legrand, président de la Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales (Fnacav), remarque pour sa part que « si les thérapies sont bien menées et sur le long terme – de 2 à 20 ans –, elles peuvent apporter des résultats durables pour ceux qui s’engagent sincèrement dans le processus. J’ai par exemple suivi un patient condamné pour violences graves, pendant 8 ans, qui a complètement changé de vie au terme de ce travail ».

« Internes en médecine : la dépression des dépréciés »

Date de publication : 27 novembre 2024

Libération

Dans Libération, Christian Lehmann, médecin et écrivain, remarque que « même si les chiffres sont probablement minorés à la demande des familles, on relève en moyenne deux suicides d’internes par mois, depuis des années. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg ».
Le médecin rappelle qu’« en 2021, une première étude sur la santé mentale des étudiants en médecine (de la deuxième année jusqu’à la fin de l’internat) avait livré un sombre état des lieux. […] Trois ans plus tard, les organisations représentatives se sont regroupées à nouveau pour relancer une seconde enquête, dont les résultats confirment que, comme pour la «dette immunitaire», le Covid a bon dos ».
Christian Lehmann retient que « les résultats de l’étude sont superposables, et particulièrement inquiétants : un étudiant sur deux souffre de troubles anxieux, un quart d’entre eux a fait un épisode dépressif caractérisé, deux tiers d’entre eux sont en burn-out, et un cinquième a été traversé par des idées suicidaires pendant l’année. Au-delà des conséquences individuelles, cela a amené 7 étudiants sur 10 à envisager d’arrêter leurs études, au moins une fois par mois et quotidiennement pour certains ».
Le médecin constate : « Parmi les causes de ce malaise dans la médecine : les humiliations, les violences sexistes et sexuelles, le fait d’être rabaissé dans le cadre des études. Sur X, une cheffe de chirurgie digestive ayant été amenée à prendre une garde d’interne pour remplir le planning en faisait récemment le constat ».
Cette dernière remarque : « J’ai le bip de l’interne ce soir. Après un an de gardes de chef c’est une expérience sociale… Vraiment, il faut vous calmer quand vous parlez aux internes. La différence de ton quand j’annonce que je suis chef et pas interne est flagrante ».
Christian Lehmann note que selon la praticienne, « les internes sont considérés comme taillables et corvéables à merci et les chefs sont beaucoup moins souvent réveillés que les internes pour des situations ne nécessitant pas réellement leur présence ».
Le médecin observe que « ce n’est pas nouveau, mais rien n’a changé, du fait en grande partie de l’immobilisme des structures, qui au-delà des belles paroles se satisfont toujours d’imposer aux étudiants en médecine un temps de travail pouvant atteindre 80 heures par semaine, plutôt que de recruter du personnel hospitalier qualifié en nombre suffisant pour limiter le glissement de tâches, partiellement responsable de la surcharge de travail et du manque de formation auxquels font face les étudiants ».
« L’hôpital les considère encore trop souvent comme des apprentis sans autonomie, tout en faisant tourner les services grâce à leur présence, au point d’imposer aux internes en médecine générale une quatrième année d’internat censée les amener au plus près du terrain… mais confinant plus de la moitié d’entre eux dans des services hospitaliers dans certaines académies, du fait du manque de terrains de stage en ville », 
continue Christian Lehmann.

« Quand la cocaïne ou le cannabis peuvent rendre un infarctus fatal »

Date de publication : 28 novembre 2024

Le Parisien

Véronique Hunsinger observe dans Le Parisien : « Cannabis, cocaïne, MDMA ou opioïdes : que ces drogues illégales soient mauvaises pour le cœur n’est pas franchement une surprise. En revanche, les médecins ne savaient pas, jusqu’à présent, à quel point leur prise dans les jours précédant un accident cardio-vasculaire aggrave très considérablement le pronostic ».
La journaliste explique que « c’est une des découvertes mise au jour l’année dernière par une grande enquête réalisée pendant une semaine au mois d’avril 2021 dans 39 unités de soins intensifs cardiologiques (Usic), dans toute la France », financée par la Fondation Cœur et Recherche.
Véronique Hunsinger relève ainsi qu’« un dosage urinaire avait été pratiqué (avec leur accord) sur les 1499 patients hospitalisés pour rechercher la présence de 5 types de stupéfiants (cannabis, cocaïne/crack, héroïne/morphine/opiacés, amphétamines et ecstasy) ainsi que de 5 familles de médicaments, essentiellement des psychotropes ».
« Un examen complété par la mesure du monoxyde de carbone (CO) expiré et un interrogatoire sur la consommation de tabac »,
 poursuit la journaliste.
Le Dr Théo Pezel, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (Paris) qui a mené ce travail, précise : « Notre idée était de chercher à savoir si les chances d’une personne hospitalisée, pour infarctus du myocarde par exemple, étaient moins bonnes si elle avait pris une drogue peu de temps auparavant ».
Véronique Hunsinger évoque ce « premier enseignement étonnant : plus de 10% des patients, âgés en moyenne de 63 ans dont 70% d’hommes, avaient consommé des drogues illicites dans les 2 à 6 jours précédents, essentiellement du cannabis. Or à peine une grosse moitié l’avait «avoué» à son arrivée à l’hôpital ».
La journaliste observe que « les chercheurs ont ainsi pu calculer que la survenue d’un «événement grave» lors de l’hospitalisation est multipliée par 3,5 après la prise de cannabis et par 5,1 après celle de cocaïne ».
Le Dr Pezel indique que « quel que soit l’âge, ce sont des consommateurs qui n’ont aucune idée que le joint qu’ils ont fumé quelques jours avant leur hospitalisation aggrave leur risque de mortalité. Ce sont généralement des personnes bien insérées dans la société qui vont consommer de la cocaïne pour tenir leur journée de travail puis du cannabis ou un benzodiazépine le soir pour atterrir ».
Véronique Hunsinger ajoute qu’« une autre étude à partir des mêmes données a également permis de montrer qu’il n’y a pas que les drogues illégales qui aggravent le pronostic du patient passé par une unité de cardiologie. Un an après l’hospitalisation, le risque de décès est significativement plus important chez les fumeurs de cigarettes ».


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