« Combattre la dépendance aux opioïdes et benzodiazépines : « Pourquoi m’a-t-on laissé me gaver de médocs, pourquoi ne m’a-t-on rien dit ? » »
Date de publication : 3 décembre 2024
Pascale Santi constate dans Le Monde que « 12 millions de Français prennent des opioïdes pour lutter contre la douleur, et quelque 10 millions des benzodiazépines, contre l’anxiété et les troubles du sommeil, avec des risques de mésusage et de dépendance. Un enjeu majeur de santé publique ».
La journaliste rappelle que « les opioïdes regroupent des substances naturelles telles que la morphine, l’opium, la codéine, et des composés synthétiques comme le fentanyl ou le tramadol ».
« Ils sont prescrits pour des douleurs modérées à sévères, postchirurgicales ou liées à un cancer, par exemple. Ils agissent sur les récepteurs opioïdes du cerveau et jouent un rôle-clé dans le système nerveux central, en régulant la perception de la douleur, et en augmentant la sensation de plaisir, de récompense, de bien-être », continue Pascale Santi.
Elle ajoute qu’« ils sont classés en deux catégories : ceux de palier 2, dit « faible », pour les douleurs modérées à sévères. Parmi eux, le tramadol, seul ou associé au paracétamol, est le plus utilisé avec 31 millions de boîtes par an vendues en France. Ceux, classés comme stupéfiants, de palier 3, dit « fort » (morphine, oxycodone, fentanyl), visent à traiter les douleurs intenses ».
Mathieu Chappuy, pharmacien au Cerlam (Centre Ressource Lyonnais des Addictions Médicamenteuses, Hospices Civils de Lyon), souligne que « la distinction entre opioïdes faibles et forts, qui provient d’une classification de l’OMS, en 1986, dans la douleur cancéreuse, est totalement trompeuse. “Faible” laisse entendre que ce n’est pas très puissant, or, les deux sont à risque de dépendance ».
Pascale Santi souligne que « pas moins de 12 millions de personnes ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes au cours des 12 derniers mois, en légère augmentation depuis 10 ans, dont 800.000 pour ceux de palier 3 […] ».
« Ces médicaments, s’ils sont nécessaires, préoccupent les autorités sanitaires depuis plusieurs années, en raison des risques de mésusage (utilisation non conforme à la prescription) et de dépendance. Pour mieux les contrôler, l’ANSM a annoncé, en septembre, que les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène…), seront prescrits uniquement sur ordonnance sécurisée et donc infalsifiable », rappelle la journaliste.
Elle note que « le prescripteur devra y avoir inscrit le dosage, la posologie et la durée de traitement qui, précise l’ANSM, ne devra pas dépasser 3 mois pour la codéine, ce qui est déjà le cas pour le tramadol depuis 2020 ».
Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM, indique toutefois que « l’entrée en vigueur de ce dispositif, initialement prévu le 1er décembre, a finalement été reportée au 1er mars 2025, pour des raisons logistiques ».
Pascale Santi continue : « Si la situation est moins critique qu’aux Etats-Unis, où près de 100.000 personnes meurent chaque année d’une overdose aux opioïdes, «ça reste un sujet préoccupant en raison d’un mésusage important», explique Maryse Lapeyre-Mestre, responsable du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP) de Toulouse ».
La journaliste relève qu’« une autre classe de molécules préoccupe : les benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques). Un peu plus de 10 millions de Français en prennent ». Sophie Kelley, responsable du département des produits de santé à l’Assurance-maladie, remarque que « ces chiffres sont élevés et nécessitent des actions ».
Pascale Santi poursuit : « Les autorités sanitaires ont pris des mesures. La codéine, auparavant en vente libre, doit, depuis 2017, être prescrite sur ordonnance. […] Il faut faire de la pédagogie. Mais, «malheureusement, dans la douleur chronique, on a du mal à soulager complètement, ce qui est propice aux escalades thérapeutiques vers les opioïdes, car on n’a pas tant de médicaments à disposition», observe le Dr Nicolas Authier », chef des services de médecine de la douleur et de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand.
La journaliste ajoute que « l’ANSM a également demandé aux fabricants de tramadol de mettre à disposition des boîtes de petite contenance, de 5 à 15 comprimés, pour que cela corresponde exactement à la prescription. […] De même, l’agence discute avec les laboratoires pour fabriquer des boîtes de 5 à 7 comprimés pour les hypnotiques apparentés aux benzodiazépines ».
« Santé mentale : à Sceaux, ces jeunes « en détresse » se soignent tout en étudiant »
Date de publication : 3 décembre 2024
Aude Bariéty de Lagarde se penche dans Le Figaro sur la clinique FSEF de Sceaux (Hauts-de-Seine), qui « accueille près de 170 adolescents et jeunes adultes souffrant de troubles psychiatriques. La grande majorité sont scolarisés dans une annexe pédagogique du lycée Lakanal située au sein même de l’établissement de soins ».
La journaliste explique que « cet établissement de près de 170 lits et places […] a ouvert en 1956. Géré par la Fondation santé des étudiants de France (FSEF), il est entièrement dédié à la santé mentale des jeunes Franciliens. En son sein coexistent plusieurs structures, parmi lesquelles l’UPA [unité post-aigu], qui accueille une quinzaine de jeunes âgés de 16 à 25 ans nécessitant des soins intensifs, mais aussi 6 services de soins-études en hospitalisation à temps plein ainsi qu’un hôpital de jour ».
Le Dr Laurent Pinel, médecin chef de l’UPA, indique que « les jeunes que nous accueillons sont très malades ».
Aude Bariéty de Lagarde précise ainsi : « Troubles du spectre autistique, troubles de l’attention, hyperactivité, schizophrénie, troubles du comportement alimentaire, bipolarité, états limites… ».
Le Dr Pinel continue : « Lorsque les patients arrivent chez nous, ils présentent une intensité symptomatique importante. Ils nous sont envoyés par des psychiatres libéraux, des psychiatres des centres médico-psychologiques ou des urgences psychiatriques. Ils restent en moyenne entre 6 et 8 semaines. Il y a trois étapes : on évalue, on traite – avec des médicaments, mais pas seulement – et on organise la sortie ».
La journaliste relève que « certains patients, trop en difficulté, doivent être internés dans un service psychiatrique hospitalier près de leur domicile. D’autres réussissent à réintégrer le «milieu ordinaire». D’autres encore sont orientés en soins-études, mais souvent après une période de transition, car les délais pour intégrer l’une des six unités soins-études de la clinique de Sceaux sont longs de plusieurs mois ».
Aude Bariéty de Lagarde explique que « sur deux étages se répartissent un accueil, le bureau des soignants, des bureaux de consultation, une infirmerie, des salles communes pour les jeunes, un réfectoire surtout destiné au petit déjeuner, des petites chambres individuelles, des sanitaires, une salle de sport… ».
« Ici, du dimanche soir au vendredi après-midi, vivent 22 jeunes âgés de 16 à 25 ans encadrés par une équipe pluridisciplinaire composée de psychiatres, d’infirmiers, d’éducateurs spécialisés, d’une psychologue, d’une ergothérapeute et d’une psychomotricienne. La semaine, les patients alternent cours, entretiens avec les médecins, soins et ateliers thérapeutiques ; le week-end, ils rentrent chez eux, en famille », continue la journaliste.
Le Dr Pinel souligne en outre : « Avant la pandémie [de Covid-19], nous recevions 120 demandes d’admission par an. Nous en acceptions 60, et les 60 autres jeunes trouvaient une place ailleurs. En 2021-2022, nous avons été destinataires de 240 demandes… Nous avons augmenté notre capacité d’accueil et admis 80 jeunes, mais cela ne suffit plus. Je suis harcelé de demandes. Nous sommes en grande difficulté pour accueillir toute cette détresse, d’ailleurs assez genrée, car nous recevons une majorité de filles ».
Aude Bariéty de Lagarde note qu’« à cette détresse grandissante de la jeunesse s’ajoute «un problème de démographie infirmière assez massif», assure le médecin chef de l’UPA ». Ce dernier souligne qu’« en psychiatrie, le soin passe avant tout par le lien. Pour que cela fonctionne, il faut que les patients connaissent les soignants qui s’occupent d’eux ».
La journaliste rappelle qu’« en septembre, le premier ministre a fait savoir qu’il souhaitait ériger la santé mentale en « grande cause nationale » de l’année 2025. Une volonté accueillie favorablement, mais aussi prudemment, à la clinique FSEF de Sceaux ».
« Pourquoi coucher votre enfant à la même heure tous les soirs le rendra moins casse-pieds »
Date de publication : 4 décembre 2024
Bénédicte Lutaud évoque dans Le Figaro « la régularité de l’heure du coucher » des enfants : « Des chercheurs du Collège de santé et de développement Humain, et du Collège de Médecine de Pennsylvanie (États-Unis) se sont penchés sur la question, dans une étude publiée récemment dans le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics ».
La journaliste explique ainsi qu’« Adwoa Dadzie, doctorant en santé comportementale, et Orfeu Buxton, professeur de santé comportementale, ont analysé avec leur équipe les données de sommeil et de comportement de 143 enfants âgés de 6 ans, provenant du projet Insight, une étude de long cours menée en Pennsylvanie, dans le cadre d’un programme de prévention de l’obésité infantile ».
Bénédicte Lutaud explique que « les petits étaient équipés d’un moniteur sur leur poignet pendant 7 jours. Cet appareil mesurait de multiples aspects du sommeil : l’heure d’endormissement, l’heure de réveil, le total d’heures de sommeil, les réveils nocturnes, etc. ».
La journaliste note que « ces données étaient comparées avec les observations des chercheurs lors de divers exercices auxquels étaient soumis les enfants pour évaluer leur comportement. L’un d’entre eux, un brin cruel, évaluait leur capacité à gérer la frustration. Chaque enfant pouvait choisir un jouet parmi une large sélection, avant que ce jouet ne soit placé dans une boîte verrouillée. Après quoi, l’enfant recevait un jeu de clés… dont aucune ne fonctionnait ».
Bénédicte Lutaud retient que « plus l’heure du coucher était régulière, meilleures étaient ses capacités de gestion émotionnelle et comportementale. Au contraire, ceux dont les heures de coucher et d’endormissement étaient plus irrégulières se montraient plus impulsifs ».
Elle précise : « Pas besoin d’être réglé comme une pendule non plus : une variation de l’heure du coucher de 20 minutes par nuit sur la semaine engendrait ainsi plus d’autorégulation qu’une variation de 2 heures par nuit sur la semaine ».
Adowa Dadzie indique que « l’établissement d’une routine de coucher aura un impact sur le moment d’endormissement, en le rendant moins variable ». Orfeu Buxton souligne pour sa part que « cette approche a aussi des conséquences sur la santé des enfants tout au long de leur vie ».
Bénédicte Lutaud remarque que « plusieurs études, davantage centrées sur le manque de sommeil chez les enfants, ont ainsi montré des risques accrus de surpoids ou d’obésité. L’étude Insight, elle, a démontré des IMC moins importants chez les enfants bénéficiant notamment d’un bon sommeil ».
Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie, chercheuse au centre de recherche en neurosciences de Lyon rattaché à l’Inserm, indique de son côté que « lorsque nos habitudes de sommeil sont irrégulières, nous sommes exposés de façon irrégulière à la lumière. Nos activités physiques et nos repas sont également irréguliers. Cela perturbe les rythmes circadiens et en conséquence, génère des troubles de santé. Une étude publiée cette année dans la revue Sleep a mis en évidence que l’irrégularité du sommeil était plus prédictive que la durée du sommeil en termes de longévité ».
« Troubles bipolaires : faut-il croire aux tests sanguins ? »
Date de publication : 5 décembre 2024
Henri Frasque note dans Le Point que le président de l’association Bipolarité France, Renaud Maigne, « exprime l’immense espoir qu’a fait naître chez les patients bipolaires – ils sont 1,6 million en France – la mise sur le marché, au printemps dernier, des premiers tests sanguins pour détecter la bipolarité ».
Le responsable déclare ainsi que « c’est l’avenir. Ça change complètement la donne. Je suis moi-même patient bipolaire. Mes premiers symptômes ont eu lieu à 20 ans et je n’ai été diagnostiqué qu’à 36 ans ».
Émilie Olié, psychiatre au CHU de Montpellier, souligne que « le trouble bipolaire commence souvent par un épisode dépressif. Il faut en moyenne 8 ans avant que le bon diagnostic soit correctement posé et que le traitement adapté soit prescrit ».
« Avec, dans l’intervalle, de longues années de souffrances pour les patients et leurs proches. Et parfois des suicides », remarque Henri Frasque.
Le journaliste relève que « diagnostiquer la bipolarité rapidement, par un simple test sanguin, serait donc une avancée sans précédent. C’est la promesse du premier test lancé en avril dernier sur le marché français, avec une opération de communication bien huilée, par la société Alcediag ».
Il explique que ce test « mesure les modifications d’édition d’ARN de marqueurs spécifiques dans le sang des patients. Alcediag promet une fiabilité «supérieure à 80%» pour son test myEdit-B, vendu en France au prix de 900 euros, et non remboursé ».
Renaud Maigne évoque un prix « hyperexcessif pour les patients. Alors que ce serait un outil très pertinent pour des gens de 20 ans qui sont dans le déni ».
Henri Frasque indique cependant que « la Haute Autorité de santé a publié un avis négatif, en mai. La HAS a refusé d’accorder le forfait innovation – une avance sur la prise en charge – au test d’Alcediag au motif que «les données disponibles à son sujet ne permettent pas de justifier d’un service attendu suffisant» ».
Le journaliste précise que la HAS « reproche à la société de ne lui avoir présenté qu’une seule étude clinique, ainsi que le manque de données sur l’algorithme utilisé et les changements de cet algorithme ».
Alexandra Prieux, dirigeante d’Alcediag, déclare : « On s’est peut-être un peu précipités. Nous avions déjà le soutien de France 2030. On a choisi de faire cette demande de forfait innovation en quelques mois pour une question de timing ».
« Le test sur le marché utilise des biomarqueurs qui ont été publiés. Avec un algorithme extrêmement précis que, certes, nous n’avons pas divulgué pour des questions de propriété intellectuelle mais qui est tout à fait documenté dans nos dossiers réglementaires », poursuit la dirigeante.
Sylvain Lehmann, directeur de l’Institut des neurosciences de Montpellier, remarque pour sa part que « quand une société veut vendre directement ces tests au consommateur, ce n’est pas bon signe ».
Henri Frasque indique que « deux autres [études] sont en cours : l’une auprès de 418 patients, en France, en Espagne et au Danemark ; la seconde, pilotée par la psychiatre Chantal Henry, en France, pour demander un remboursement du test. Lequel est pour l’instant peu utilisé par les psychiatres ».
L’Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie (AFPBN) estime ainsi qu’« à ce jour, aucun test ne remplit [les conditions nécessaires] pour un usage en pratique clinique ».
« « La mise au rebut de la psychiatrie » : à l’hôpital Cochin de Paris, le déménagement forcé du service inquiète »
Date de publication : 10 décembre 2024
Marion Kremp note en effet dans Le Parisien : « Long couloir, murs décrépits et lumière blafarde conduisent à la salle d’attente les patients de l’hôpital de jour. Installée à l’étroit dans une aile du pavillon Tarnier, […] depuis 2006, l’unité de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Cochin s’est habituée à l’exiguïté de ces locaux isolés et vétustes. Et surtout éloignés des besoins de l’hôpital. À l’époque, déjà, il ne devait s’agir que d’une situation provisoire ».
La journaliste indique que « le service est à nouveau prié de déménager, une nouvelle expatriation que dénonce le directeur de l’unité. Le Pr Bernard Granger vient d’adresser un courrier à la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, pour l’alerter de la situation qu’il considère comme une nouvelle preuve de «la mise au rebut de la psychiatrie», alors même que la santé mentale a été déclarée grande cause nationale en 2025 ».
Marion Kremp explique que « l’ancienne clinique d’accouchement, ouverte en 1881, accueillera bientôt l’Institut Tarnier pour la santé des femmes. Une structure pluridisciplinaire pilotée par l’université Paris-Cité et la Ville de Paris, propriétaire des murs, dont l’ouverture est annoncée pour 2029 ».
La journaliste remarque qu’« inquiet pour l’avenir de son service, le Pr Bernard Granger dénonce un déménagement forcé dans l’hôpital gériatrique de la Collégiale, à l’abandon depuis 2022 du fait de sa vétusté ».
Le psychiatre observe : « C’est sinistre et désaffecté ! Accueillir des malades là-bas est une aberration médicale ! Nous avons besoin d’être au cœur du réacteur, là où sont les malades, pour travailler en liaison avec tous les autres services, ce que l’AP-HP refuse d’entendre en prenant une décision arbitraire qui conduira au blocage de notre part ! ».
Marion Kremp précise qu’il « propose, depuis de longs mois, le regroupement de son service dans l’ancienne crèche de l’hôpital Cochin qui accueillait des enfants jusqu’en 2020. Une proposition soutenue par les syndicats CGT et FO ainsi que par de nombreux médecins chefs de service de l’hôpital Cochin ».
Le Pr Granger déclare ainsi : « On pourrait y réunir tout le service, et être en lien direct avec le reste de l’hôpital. Nous aurions la place qu’il nous faut pour la prise en charge des patients en hôpital de jour et en consultation, et nous serions en lien direct avec le reste de l’unité de psychiatrie de liaison. Les besoins de psychiatrie sont considérables, un patient hospitalisé sur cinq aurait besoin du suivi d’un psychiatre ou d’un psychologue ».
Marion Kremp note que de son côté, « l’AP-HP invoque «un coût de réhabilitation démesuré» de l’ancienne crèche de Cochin et une «durée de travaux incompatible avec le calendrier de libération attendue du pavillon Tarnier l’été prochain». D’autant qu’il est prévu de rassembler les activités de jour de psychiatrie et d’addictologie dans le nouvel hôpital de l’Hôtel-Dieu, qui doit lui aussi faire l’objet d’une vaste réhabilitation pour le moment bloquée par la révision du PLU. Là encore, le Pr Granger pointe le manque de locaux adaptés prévus par le projet ».
La journaliste conclut que « l’AP-HP a missionné Édouard Couty, président du conseil hospitalier de territoire du groupe hospitalo-universitaire, sur le sujet. Ses conclusions […] «devront permettre de vérifier que l’organisation prévue à court et à long terme consolide et renforce l’offre de soins en psychiatrie» ».
« Mal-être des enfants : plus de 8% des 3-6 ans connaissent au moins une difficulté de santé mentale »
Date de publication : 11 décembre 2024
Le Parisien indique en effet qu’« un peu plus de 8% des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle dans l’Hexagone connaissent au moins une difficulté de santé mentale probable, selon une étude publiée mardi ».
La journal explique qu’« il s’agit de la première enquête nationale sur la santé mentale qui s’intéresse en France aux enfants si jeunes. Et d’un nouveau volet de l’étude épidémiologique sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans scolarisés en France hexagonale (Enabee) menée par Santé publique France ».
Le Parisien relève ainsi qu’« en combinant les points de vue des parents et des enseignants sur un échantillon représentatif de plus de 2600 enfants, cette étude, menée en 2022, révèle que 8,3% des enfants en maternelle ont «au moins une difficulté de santé mentale probable, de type émotionnel, oppositionnel ou inattention/hyperactivité, impactant leur vie quotidienne» ».
Stéphanie Monnier-Besnard, épidémiologiste et cheffe de projet de l’étude Enabee, souligne que « ces données posent la dimension du problème de santé publique. […] Ce n’est pas une surprise que les enfants si jeunes puissent rencontrer des difficultés de santé mentale probables. […] C’est le même ordre de grandeur que les résultats d’études approchantes en France ou dans des pays assez comparables, comme l’Allemagne ou les États-Unis ».
Le quotidien précise notamment que « 1,8% des enfants scolarisés de la petite à la grande section de maternelle présentent des «difficultés émotionnelles», 5,9% des «difficultés oppositionnelles», 1,9% des «difficultés d’inattention/hyperactivité» ».
Le Parisien ajoute que « les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie (11,3%) que les filles (5,2%) ».
Le journal note par ailleurs que « près de 13% des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage lors des 12 mois précédant l’étude ».
« «Prudence» cependant sur l’interprétation des résultats, avertit Santé publique France, car «à ces âges précoces, les difficultés de comportement ou émotionnelles peuvent évoluer rapidement et leur mesure est impactée par les perceptions et attentes des adultes répondants». Et il ne s’agit pas de diagnostics cliniques mais d’une représentation épidémiologique », remarque Le Parisien.
Le Monde indique aussi que « plus de 8% des enfants de 3-6 ans connaissent au moins une difficulté de santé mentale «probable» en France ».
Le journal retient que « cela confirme la nécessité d’intervenir dès le plus jeune âge et d’améliorer les dispositifs d’accompagnement en santé mentale avant 6 ans, selon l’agence qui évoque par exemple les compétences psychosociales ».
« Un dispositif simple pour repérer autisme, TDAH et troubles dys »
Date de publication : 11 décembre 2024
Elisa Doré note dans Le Figaro qu’« en France, 3 à 4 élèves par classe sont concernés par un trouble du neurodéveloppement (TND). Une prévalence qui a connu une hausse croissante dans de nombreux pays depuis plus de 20 ans ».
La journaliste souligne que « malgré la fréquence de ces troubles, le diagnostic reste souvent trop tardif, en laissant le temps aux difficultés scolaires et sociales de s’aggraver parfois jusqu’à l’âge adulte, à défaut d’une prise en charge adaptée ».
« C’est pourquoi face à l’errance médicale de nombreux enfants et de leurs parents, développer des moyens de dépistage précoce constitue un enjeu majeur de santé publique, dans la droite ligne du projet gouvernemental qui fait de la santé mentale sa Grande Cause nationale pour l’année 2025 », observe Elisa Doré.
Elle indique ainsi que « pour améliorer le dépistage, l’une des solutions se trouverait dans les yeux. C’est l’idée portée par les scientifiques de la start-up française SuriCog. Ils ont développé un dispositif qui consiste à sonder le regard des enfants. Très prometteuse, cette approche pourrait s’imposer comme un test de dépistage fiable dès l’école primaire et vaut ce mardi à Marc Massonneau, médecin et directeur de SuriCog, le prix Marcel Dassault 2024 pour l’innovation en santé mentale ».
Le Pr Marion Leboyer, psychiatre et directrice générale de la Fondation FondaMental, déclare que « c’est un prix très important, car il y a trop peu d’innovations qu’elles soient diagnostiques ou thérapeutiques des troubles mentaux en psychiatrie ».
Elisa Doré précise qu’« en complément de tests classiques en psychologie, longs et soumis à interprétation, SuriCog mise sur l’oculométrie, une technique plus objective qui consiste à mesurer des anomalies des mouvements oculaires par le «eye-tracking» ».
« Le dispositif développé par SuriCog, nommé EyeBrain Neo, vise à traquer toutes ces anomalies grâce à des lunettes un peu particulières, munies de micro-caméras. Concrètement, l’enfant équipé de ces lunettes est invité à regarder des images-types sur un écran : des points qui bougent ou des scènes spécifiques », continue la journaliste.
Le Dr Massonneau explique : « En tant qu’interface directe avec le monde extérieur, les yeux sont le miroir du fonctionnement de notre cerveau. Ainsi les anomalies du déplacement oculaire constituent des clefs robustes d’interprétation et de mesures de dysfonctionnements cérébraux, et constituent, à ce titre, des biomarqueurs fiables, capables de détecter très tôt et caractériser l’essentiel des altérations neurocognitives propres aux TND ».
Le Pr Leboyer remarque pour sa part que « cette notion d’identifier des marqueurs est essentielle car contrairement à d’autres domaines de la médecine, la psychiatrie en bénéficie peu. C’est essentiel pour mieux caractériser l’hétérogénéité des troubles psychiatrique et cela constitue la base de la prise en charge thérapeutique de l’enfant atteint de TND ».
Le Dr Massonneau ajoute que « ce bilan est une aide au diagnostic mais n’a pas vocation, à ce stade, à confirmer un éventuel diagnostic de TND qui est de la responsabilité des médecins ».
Elisa Doré relève que « les résultats doivent en effet être analysés par un comité d’experts, constitué de médecins et d’orthoptistes, qui jugeront la nécessité ou non de mener un bilan diagnostic supplémentaire en cas de suspicion de TND ».
« L’infertilité peut-elle être d’origine psychologique ? »
Date de publication : 16 décembre 2024
Ségolène Barbé observe dans Le Figaro qu’« on estime aujourd’hui qu’un couple sur six ne parvient pas à avoir d’enfant après un an d’essai (OMS, 2023). Une infertilité en hausse, sans doute due à plusieurs facteurs – recul de l’âge à la maternité, perturbateurs endocriniens, obésité… – mais qui garde aussi sa part de mystère, d’où la tentation, sans doute, de lui attribuer peut-être trop systématiquement des causes psychologiques ».
Marie-Ange Périé, psychologue au centre d’AMP (Aide Médicale à la Procréation) des Hospices Civils de Lyon, remarque ainsi : « Dire aux femmes que l’infertilité, c’est dans leur tête, c’est une grande violence potentielle. Cela peut les faire culpabiliser davantage de ne pas réussir à tomber enceintes. Le psychisme humain est ainsi fait : on a toujours besoin de trouver un sens à ce que l’on vit et on préfère encore se dire que c’est de sa faute plutôt que de ne pas comprendre… ».
Jean-Marc Ayoubi, chef du service de la reproduction à l’hôpital Foch à Suresnes, note qu’« en 25 ans, je n’ai jamais porté de diagnostic d’infertilité psychologique. […] Une infertilité psy n’a pas de substrat scientifique. En revanche, être bien accompagnée ne fera pas de mal et pourra améliorer les résultats. Le rôle du psychologue est d’ailleurs central dans les centres de PMA ».
Nouria Grundler, psychologue au sein du service de biologie et médecine de la reproduction à l’Hôpital Cochin, à Paris, précise pour sa part que « chaque histoire est singulière: il faut rester une personne et refuser de se laisser enfermer dans une catégorie, estime. Tout ce business autour de l’infertilité (coachs et experts en tous genres, traitements miracles…) est aussi très culpabilisant car il cautionne cette idée qu’on n’a pas fait tout ce qu’il fallait faire… Parfois, il faut juste se souvenir de ce qui est important pour soi, se recentrer par exemple sur son couple, continuer à avoir une histoire à deux, que l’enfant paraisse ou non… ».
« Santé mentale : travailler ensemble, serait-ce possible ? »
Date de publication : 17 décembre 2024
Eric Favereau note dans Libération qu’« en dépit des aléas politiques, la santé mentale devrait bel et bien rester grande cause nationale en 2025. Mais comment y croire, tant les effets d’annonces sur la psychiatrie se sont succédé depuis quelques années sans aucune suite, ni consistance ? Et croire en quoi ? Dans ce monde éclaté de la santé mentale, comment avancer, sans que cela ne tire de tous les côtés ? »,s’interroge le journaliste.
Il indique que « le 3 décembre, à l’initiative du site VIF-fragiles, les différents acteurs sont venus débattre ensemble, ce qui leur arrive rarement. […] Le thème du débat : «Grandes causes, petits effets ?» Ils ont échangé longtemps, n’étaient souvent pas d’accord, mais avec l’envie commune que cela bouge ».
Eric Favereau relève notamment que « ce sont, au préalable, des problèmes démographiques qu’il faut affronter, pour la psychiatre Maeva Musso ».
La présidente de l’Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues a souligné qu’« aujourd’hui, 48% des postes de psychiatres à l’hôpital sont non pourvus, la moyenne d’âge de ceux qui exercent est de 62 ans. Nous sommes à un moment charnière. Lors d’une enquête que nous avons menée auprès d’étudiants en psychiatrie et de psychiatres diplômés, plein de leviers ont émergé : transformer la formation, les pratiques, sortir d’une vision hospitalo-centrée, s’appuyer sur les innovations, par exemple sur la pair-aidance. La grande cause, pour nous, c’est de mettre tous les sujets sur la table… et mettre tout le monde autour de cette table ».
Emmanuelle Rémond, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam), a quant à elle remarqué : « Ce qui caractérise les difficultés du système actuel, c’est le retard de plus en plus accentué pour accéder aux soins. Comme dans un cercle vicieux, en raison de la stigmatisation qui reste attachée aux malades mentaux, ces derniers ne vont pas aux soins ».
La responsable a ajouté : « C’est dramatique. Il n’y a pas de prévention. C’est comme si l’on attendait que la tumeur soit énorme pour s’en soucier. […] Nous sommes le pays où les généralistes adressent le moins à un psychiatre, moins de 5%. Les généralistes vont prescrire, ils ne vont pas apporter d’autres réponses, la maladie va progresser et un jour, ce sera l’explosion ».
De son côté, Bruno Falissard, pédopsychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, a souligné que « contrairement à ce que l’on pourrait penser, le suicide en France a considérablement baissé dans les 30 dernières années. Cette baisse intervient dans toutes les tranches d’âge, avec une seule exception : les jeunes femmes, où l’on voit que le taux de suicide remonte légèrement à partir de 2017 ».
Le chercheur a ajouté : « Il y avait 800 morts par suicide chez les adolescents et jeunes adultes dans les années 80, il y en a 250 maintenant. Par contre, on ne peut nier qu’il y a un volume global de souffrances psychiques exprimées qui est, là, bien supérieur. C’est donc une situation paradoxale, difficile à comprendre. […] La cause est systémique. Il y a un dénigrement du psy, une haine du psy et donc du malade ».
Eric Favereau note que le pédopsychiatre « invite «professionnels, administratifs, politiques, patients» à se «remettre en question» ».
Emmanuelle Rémond a en outre déclaré que « trop de psychiatres décident de tout. Certains font des choses géniales, et d’autres pas. Globalement, les familles ne sont pas écoutées. Nos patients sont dans une grande vulnérabilité. Nous, les aidants familiaux, nous sommes utiles, on doit nous écouter, on sait des choses, on doit pouvoir les dire ».
« Retour à la revue de presse.