« “Stopper l’entrée dans le tabagisme” : peut-on vraiment interdire la cigarette aux prochaines générations ? »
Date de publication : 5 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Nicolas Berrod relève dans Le Parisien que « le député écologiste Nicolas Thierry a présenté, ce mardi, une proposition de loi visant à proscrire la vente de tabac à toutes les générations nées après 2014. Comme l’interdiction est déjà en vigueur pour les mineurs, cela ne changerait rien jusqu’en 2032. Mais à partir de cette date, progressivement, de plus en plus de Français ne pourront plus s’acheter de cigarettes ».
Le député fait savoir que « l’objectif est de stopper l’entrée des jeunes dans le tabagisme, c’est une mesure de santé publique ciblée et graduelle ».
Le journaliste observe que « sa proposition ne vise donc pas les fumeurs d’aujourd’hui… mais elle a pour but d’éviter que des jeunes ne les rejoignent ».
Marion Catellin, directrice de l’Alliance contre le tabac, précise quant à elle qu’« il ne s’agit pas de stigmatiser, mais de s’attaquer à la source en asséchant ce business mortifère. C’est un changement de paradigme total ».
Nicolas Berrod observe qu’il « reste à savoir si une interdiction de vente à une génération entière serait appliquée. Car aujourd’hui, de nombreux mineurs parviennent assez facilement à s’acheter des cigarettes ».
Le Dr Emmanuel Ricard, directeur du service de prévention et promotion des dépistages à la Ligue contre le cancer, déclare que « si on veut que cette initiative ait un véritable impact, il faut qu’elle soit bel et bien appliquée par les buralistes dont les licences peuvent être maintenues ou supprimées ».
Nicolas Berrod relève que « sans surprise, les commerçants à la carotte rouge ne voient pas d’un bon œil une telle initiative. À leurs yeux, interdire la vente ne ferait que jeter les jeunes dans les bras du marché noir ».
Nicolas Thierry réagit : « Je pense qu’il faut être lucide et pragmatique. Si on allait vers une interdiction rapide et brutale, on verrait l’explosion des circuits de contrebande car on aurait des millions de fumeurs dépendants en situation très difficile ».
Le journaliste note que « pour le moment, l’entourage de [la ministre de la Santé] Stéphanie Rist dit soutenir le principe… mais pas forcément cette initiative en tant que telle ». Le ministère indique que « toute nouvelle mesure devra s’inscrire dans le cadre légal et européen, en cohérence avec les résultats déjà obtenus et la dynamique nationale ».
Nicolas Berrod ajoute : « Encore faudra-t-il que cette proposition de loi soit examinée, dans ce contexte politique particulièrement incertain… À l’étranger, hormis les Maldives, aucun pays n’interdit encore la vente de tabac à une génération entière ».
« Au bloc opératoire, la musique adoucit aussi la douleur »
Date de publication : 6 novembre 2025 Temps de lecture: 2 min

Anne Prigent note dans Le Figaro que « les vertus de la musique sur la douleur et l’anxiété sont bien établies. De nombreuses études ont démontré qu’écouter une mélodie peut atténuer la perception de la douleur, ralentir le rythme cardiaque, et même réduire la consommation de morphine après une opération ».
La journaliste fait savoir qu’« une récente étude menée par une équipe de New Delhi et publiée dans la revue Music and Medicine s’est penchée sur un aspect encore peu exploré : l’effet de la musique pendant l’intervention chirurgicale elle-même ».
Anne Prigent explique ainsi que « les chercheurs ont observé 56 patients subissant une ablation de la vésicule biliaire par cœlioscopie, répartis en deux groupes. En sus de l’anesthésie générale, le premier groupe a «écouté» une musique douce, principalement des morceaux de flûte inspirés de la musique classique indienne, tout au long de l’opération. Le second portait des écouteurs antibruit, sans musique ».
La journaliste retient que « les patients du groupe musical ont eu besoin de 15% de propofol en moins, un anesthésique couramment utilisé. Ils ont également reçu des doses significativement réduites de fentanyl, un puissant antalgique opioïde ».
« Leur taux de cortisol, l’hormone du stress, était plus bas, et leur pression artérielle est restée plus stable durant l’intervention. Au réveil, ces patients se sont montrés plus calmes et globalement plus satisfaits de leur expérience », précise Anne Prigent.
Le Pr Emmanuel Bigand, spécialiste en psychologie cognitive, observe ainsi que « la musique modifie la biochimie cérébrale, elle agit sur le système opioïde endogène et joue ainsi un rôle dans la régulation de la douleur et du plaisir ».
Le Pr Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen et directeur de l’unité Inserm U1077 Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine, précise quant à lui : « La musique agit sur l’attention et la conscience de la douleur. Comme l’hypnose, elle détourne l’attention du patient, qui ne se focalise plus sur la sensation douloureuse ».
Anne Prigent rappelle qu’« en France, cette idée n’est pas tout à fait nouvelle. L’application Music Care propose déjà des séquences musicales protocolisées destinées à induire relaxation et analgésie. Le patient peut même choisir l’esthétique musicale qui lui convient, ce qui renforce l’efficacité ».
« Santé mentale : près d’un adulte sur six déclare avoir vécu un épisode dépressif en 2024 »
Date de publication : 13 novembre 2025 Temps de lecture: 2 min

Libération relaie « des résultats déprimants. Près d’un adulte sur six déclare avoir vécu un épisode dépressif en 2024, particulièrement les jeunes, les femmes et les personnes précaires, selon les résultats d’un baromètre de Santé publique France. […] La santé mentale, en particulier celle des jeunes, ne va pas fort », souligne ainsi le journal.
Il explique qu’« en 2024, quelque 15,6% des 18-79 ans ont déclaré avoir vécu un épisode de ce type lors des 12 derniers mois – au moins 2 semaines consécutives où ils se sentaient tristes, déprimés ou sans intérêt pour leur quotidien, avec d’autres symptômes et un retentissement sur les activités habituelles ».
Le journal relève que « cela s’inscrit dans «une tendance à la hausse déjà amorcée en 2017 et amplifiée par les effets de la pandémie de Covid-19», note l’agence sanitaire, qui souligne aussi des disparités sociodémographiques et socioéconomiques marquées ».
Libération souligne que « les 18-29 ans apparaissent plus concernés (22%), comme les femmes (18% contre 13% des hommes), les chômeurs (25%), les étudiants (22%), les télétravailleurs (17,2%), les personnes vivant seules (19%) ou en famille monoparentale (21%). La gravité des épisodes déclarés est plus forte chez les femmes et les 18-59 ans, avec un pic chez les 40-49 ans ».
SpF ajoute que « pour l’ensemble de la population, le recours aux soins reste insuffisant ». Le journal note en effet qu’« environ 4 personnes sur 10 concernées par un épisode dépressif sévère ont déclaré n’avoir bénéficié d’aucun recours thérapeutique. C’est plus de la moitié des actifs parmi les agriculteurs, artisans, commerçants, chefs d’entreprise et ouvriers. Le médecin généraliste apparaît comme le premier recours, en particulier pour les femmes et en cas d’épisode dépressif sévère ».
Le quotidien fait savoir que « Santé publique France et le ministère de la Santé ont lancé dimanche une campagne de communication, qui sera diffusée jusqu’au 10 décembre. […] Dans le cadre de sa «grande cause nationale» 2025, le gouvernement a dévoilé en juin un plan pour mieux repérer et soigner les troubles psychiques et rendre plus attractive la psychiatrie publique. Sans convaincre nombre de soignants qui ont regretté des mesures et des moyens financiers insuffisants ».
« “Cela ouvre de belles perspectives” : contre la dépression sévère, l’espoir des implants cérébraux et ultrasons »
Date de publication : 20 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Gaël Lombart relève dans Le Parisien que « si les traitements conventionnels parviennent à venir à bout de la maladie la plupart du temps, la dépression résiste dans environ un tiers des cas ». Le journaliste explique que « plusieurs équipes de chercheurs à travers le monde travaillent actuellement à soigner ces formes les plus sévères, avec des essais cliniques prometteurs, même si les méthodes peuvent surprendre ».
Il indique ainsi que « dans une étude publiée mardi dans la revue Nature Communications, des scientifiques détaillent comment ils ont recouru à la stimulation cérébrale profonde (SCP) : l’insertion d’électrodes fines au cœur du cerveau pour délivrer des stimulations électriques ».
Gaël Lombart note que « les résultats de ces expériences, menées dans un hôpital de Shanghai, sont au rendez-vous : sur 26 patients traités, la moitié a connu une amélioration significative de son état. Neuf d’entre eux (35% du groupe) ont même atteint une rémission, c’est-à-dire une quasi-élimination de leurs symptômes ».
Valerie Voon, professeure en neuropsychiatrie à l’université de Cambridge et autrice principale, précise que « les patients traités avaient des antécédents de dépression sévère et n’avaient pas répondu à de nombreux traitements par le passé ».
Le journaliste remarque que « plusieurs équipes de scientifiques à travers le monde expérimentent la SCP quand les rechutes sont fréquentes et que les autres remèdes se révèlent inefficaces. Mais elles ciblent différentes régions du cerveau ».
« L’approche de Valerie Voon est une première : deux zones — impliquées en l’occurrence dans le traitement de la peur et de la motivation — ont été stimulées simultanément avec une électrode, ce qui permettrait notamment d’analyser les progrès des patients », observe Gaël Lombart.
La spécialiste rappelle que « la SCP est le traitement de référence pour les formes sévères de la maladie de Parkinson et d’autres troubles neurologiques (comme les TOC, les troubles obsessionnels compulsifs). Elle est utilisée chez plus de 250.000 personnes dans le monde, ce qui témoigne de son innocuité et de son efficacité ».
Gaël Lombart relève que « pour la dépression, toutefois, des effets secondaires ne seraient pas à exclure, bien que les travaux de l’équipe sino-britannique n’en fassent pas état ».
David Attali, chef de clinique assistant à l’Université Paris Cité, précise ainsi qu’« une étude de 2022 affirme qu’il y a eu 480 effets indésirables recensés par le passé, comme des saignements, des infections, de l’épilepsie ou des douleurs associés à la SCP ».
Gaël Lombart indique que « ce chercheur a piloté un autre essai clinique à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, pour traiter la dépression en profondeur dans le cerveau. […] La méthode utilisée ne nécessite pas d’acte chirurgical : il s’agit d’ultrasons. […] Des résultats préliminaires publiés en avril ont montré une amélioration des symptômes chez 4 des 5 patients traités ».
Le journaliste ajoute que « les recherches se poursuivent désormais avec un panel plus large de patients ».
David Attali déclare ainsi que « c’est vraiment la première fois qu’on peut stimuler de façon non invasive les régions profondes du cerveau, dont on sait qu’elles sont très impliquées dans beaucoup de maladies psychiatriques et neurologiques. Même si on n’en est qu’aux prémices, ça ouvre quand même de belles perspectives pour la médecine ».
« “Un organe vivant” : les secrets d’un neuroscientifique pour garder un cerveau en “bonne santé” jusqu’à 90 ans »
Date de publication : 20 novembre 2025 Temps de lecture: 2 min

Le Parisien note en effet : « Après avoir passé 30 ans à décortiquer le fonctionnement du cerveau, le neuroscientifique Majid Fotuhi en est convaincu : les fonctions cognitives ne sont pas vouées à se détériorer. Dans son ouvrage « The Invincible Brain », à paraître le 3 mars 2026 aux États-Unis, il détaille les stratégies qu’il a mises en place pour prévenir son propre déclin cognitif. Au moins jusqu’à ses 90 ans ».
Le Dr Fotuhi observe ainsi : « On croit souvent, à tort, que le cerveau est comme un vieil ordinateur qui finit inévitablement par tomber en panne avec l’âge. En réalité, c’est un organe vivant qui peut se développer (ou se réduire) en fonction de nos actions et de nos choix quotidiens ».
Le journal explique que « pour conserver un cerveau performant, le spécialiste du vieillissement cérébral a une routine bien définie. Il commence sa journée avec une séance de sport, combinant cardio et musculation. Le sexagénaire, qui parcourt entre 96 et 128 km à vélo par semaine, rappelle que la stimulation sanguine, et donc cérébrale, est la clé d’une bonne mémoire ».
Le quotidien ajoute que « côté alimentation, le médecin mise sur le régime méditerranéen. Fruits, légumes, poisson, huile d’olive… Sa grande richesse est qu’il favorise l’équilibre alimentaire, tout en limitant l’apport en viande rouge, les produits laitiers, raffinés et transformés qui favorisent l’inflammation ».
Le Parisien relève que « les compléments alimentaires, eux, n’ont pas leur place dans ce menu. À une exception près : les oméga-3 ». Le neuroscientifique précise que « pour moi, c’est le seul complément alimentaire pour lequel il existe des données très solides qui soutiennent la santé cérébrale et préviennent la maladie d’Alzheimer ».
Le journal indique en outre que « pour préserver son cerveau, le médecin s’efforce de le nourrir quotidiennement avec des lectures, des jeux comme le sudoku ou les mots fléchés ». Le Dr Fotuhi explique que « le cerveau est comme un muscle : ne pas l’utiliser peut l’affaiblir et le rétrécir. C’est pourquoi la pratique quotidienne d’exercices mentaux est bénéfique ».
« Tout comme les interactions sociales. En ce sens, le médecin prend des cours de danse une fois par semaine avec sa femme. Le dernier facteur à ne pas négliger, selon lui, et pas des moindres : le sommeil », continue Le Parisien.
« Chez l’adolescent, [la fluoxétine] ne fait pas mieux qu’un placebo »
Date de publication : 24 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Soline Roy note dans Le Figaro que les adolescents « sont de plus en plus nombreux à être pris en charge pour des troubles dépressifs. Or, du diagnostic à la guérison, un adolescent ne se soigne pas comme un adulte. En particulier concernant les médicaments : si un antidépresseur peut être prescrit d’emblée chez l’adulte, il ne doit être envisagé pour lui que lorsque tout le reste a échoué », souligne la journaliste.
Elle relève ainsi que la fluoxétine (molécule active du Prozac), « seul antidépresseur autorisé en France dans la dépression chez l’enfant et l’adolescent, ne serait «pas plus efficace qu’un placebo» dans cette population, assènent des chercheurs britanniques et autrichiens dans le Journal of Clinical Epidemiology ».
Soline Roy explique que « les auteurs reviennent sur deux méta-analyses publiées en 2016 et 2020, qui, tout en relevant la balance bénéfice-risque douteuse du Prozac chez les enfants et adolescents, considéraient qu’il était «probablement la meilleure option à considérer quand un traitement pharmacologique est indiqué» ».
La journaliste indique qu’« en mai 2021, […] une revue de littérature menée par la chercheuse néo-zélandaise Sarah Hetrick conclut que la différence d’effet entre fluoxétine et placebo chez l’enfant et l’adolescent est «faible et insignifiante», qu’aucun antidépresseur ne franchit le seuil de l’efficacité clinique dans cette population, et que se pose donc «la question de savoir si les antidépresseurs doivent être utilisés» ».
Les auteurs du nouvel article écrivent ainsi que « l’efficacité de la fluoxétine dans le traitement de la dépression pédiatrique ne peut plus être considérée comme cliniquement significative » et « les effets secondaires créent un rapport bénéfice/risque défavorable ».
Soline Roy s’interroge : « Faut-il alors renoncer au Prozac ? La réponse est plus nuancée que cela… D’abord, insiste le Dr Xavier Benarous, maître de conférences en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Sorbonne Université, dire que le Prozac n’est pas plus efficace qu’un placebo ne signifie pas qu’il est totalement inefficace ».
Le spécialiste indique que « dans les essais cliniques, la fluoxétine réduit la sévérité des symptômes dépressifs d’environ 55-60%. Mais chez l’adolescent, la réponse au placebo est très importante, environ 50% soit bien plus que chez l’adulte. La différence entre les deux est donc plus difficile à mettre en évidence dans cette population ! ».
Soline Roy remarque que « le simple fait de prendre un médicament, ou ce que l’on croit être un médicament, active des réponses neurochimiques qui peuvent suffire à soulager les symptômes ».
Le Dr Benarous ajoute : « C’est l’un des problèmes méthodologiques des essais cliniques dans la dépression de l’adolescent : le recrutement est fait avec des critères diagnostiques assez larges, et mêle des dépressions sévères avec des formes de mal-être plus transitoires, chez qui l’effet placebo est plus marqué, ou bien avec des évolutions spontanément favorables ».
La journaliste note que « le Prozac garde donc toute sa place, insiste le pédopsychiatre, d’autant plus qu’il est relativement bien toléré. Mais seulement en seconde intention, «dans les formes résistantes et sévères, pour des patients chez qui on constate un manque d’efficacité de psychothérapies bien conduites» ».
« Plongée dans le mystérieux “syndrome du savant” »
Date de publication : 24 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian explique en effet que « dans de très rares cas, des personnes peuvent se réveiller musicien ou mathématicien de génie après un accident ».
La praticienne explique notamment : « En 2002, après une agression à la sortie d’un bar qui lui vaut un trauma crânien, l’Américain Jason Padgett, vendeur (et surtout fêtard), développe un soudain appétit pour les mathématiques et l’art, au point de reprendre ses études et d’être reconnu en tant que «génie» : c’est, raconte-t-il, comme si tout ce qu’il voyait était fragmenté en une multitude de petites formes géométriques qu’il pouvait dessiner ».
« Quelques années plus tôt, en 1994, semblable aventure était arrivée à un autre Américain, Tony Cicoria : touché par la foudre, le chirurgien orthopédique se passionna soudain pour le piano au point de composer et d’en faire son nouveau métier… », relève Nathalie Szapiro-Manoukian.
Elle poursuit : « Leur point commun ? Un problème cérébral initial – trauma, accident vasculaire cérébral, démence fronto-temporale – qui laisse émerger un don : c’est le fameux «syndrome du savant acquis» ».
La praticienne observe qu’« avec seulement une quarantaine de personnes connues dans le monde, ce destin reste exceptionnel. Mais, en dépit de ses apparences incroyables, ce syndrome n’a rien d’ésotérique ».
Le Pr Marc Vérin, neurologue, fondateur de l’unité de recherche Brain Clinical and Experimental Neuroplasticity (B-Cline) à l’université d’Orléans et vice-président recherche du CHU d’Orléans, souligne que « les compétences qui ressortent étaient forcément présentes et enfouies dans le cerveau, mais elles ne s’exprimaient pas et n’étaient pas conscientes. L’idée qu’après un coma, par exemple, on puisse se réveiller en parlant couramment une langue étrangère est un mythe pour qui n’aurait jamais entendu parler cette langue. Il ne peut s’agir que d’un gain d’une fonction déjà ancrée dans le cerveau et qui ne demande qu’à être approfondie ».
Nathalie Szapiro-Manoukian continue : « Si les neurologues sont aussi certains de l’absence de « miracle » dans ce phénomène, c’est parce qu’ils peuvent s’appuyer sur l’exemple des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA). Présenter des capacités hors norme dans un domaine et de grosses lacunes par ailleurs concerne effectivement 10% à 30% d’entre eux ».
La praticienne précise que « la fréquente association entre TSA et syndrome du savant, ou le fait qu’il puisse apparaître après un traumatisme ou une maladie, est […] liée à certaines particularités des circuits cérébraux : certaines zones proches dans le cerveau sont hyperconnectées (notamment le lobe temporal et pariétal), alors que d’autres zones plus distantes sont hypoconnectées (lobe frontal et occipital) ».
Le Pr Vérin indique : « Normalement, le lobe frontal a une fonction inhibitrice sur les autres. C’est d’ailleurs grâce à cela qu’un adulte est capable de se contrôler sans céder à ses pulsions. Mais si cette fonction inhibitrice ne peut pas s’exercer parce que certains circuits longue distance en provenance du lobe frontal sont déficients, ou ont été altérés à la suite d’un accident ou d’une démence par exemple, cela libère certains circuits locaux et permet à des fonctions jusque-là en veilleuse de s’exprimer. Dans le cerveau encore en construction d’un enfant, des circuits locaux se réorganisent et sont parfois à l’origine d’une hypercompétence et d’un syndrome du savant inné ».
Nathalie Szapiro-Manoukian conclut que « l’équipe du Pr Vérin souhaite lancer une étude auprès d’enfants atteints de TSA comparés à un groupe témoin, avec un électroencéphalogramme (EEG) de haute résolution capable de suivre en temps réel le cheminement de la pensée, pour cartographier les circuits associés au syndrome du savant ».
« “La maltraitance envers les enfants est courante, et l’absence de diagnostic conduit à un risque de répétition des violences”, alerte un collectif de 120 médecins »
Date de publication : 25 novembre 2025 Temps de lecture: 2 min

Le Monde publie une tribune d’un collectif de pédiatres, chercheurs, médecins issus de différentes spécialités, qui « fait le point sur l’état des recherches et des savoirs liés aux maltraitances infantiles ».
Les signataires écrivent notamment : « Nous, pédiatres, chercheurs, médecins, souhaitons rappeler un certain nombre de points. La maltraitance envers les enfants est malheureusement une pratique courante, qui a fait l’objet de déni à travers les siècles. Les conséquences sur la vie de l’enfant peuvent pourtant être très graves, jusqu’à entraîner son décès ».
« Nous savons que l’absence de diagnostic de maltraitance conduit à un risque de répétition des violences, qu’il s’agisse de lésions traumatiques cutanées, de fractures par manipulations forcées, de lésions cérébrales par traumatisme crânien infligé, de lésions traumatiques abdominales provoquées par des coups de pied ou des saisies violentes de l’enfant souvent très jeune, pour ne parler que des violences physiques », poursuivent-ils.
Les signataires précisent que « le diagnostic de maltraitance est toujours évoqué devant l’ensemble du contexte médical, en éliminant parallèlement toutes les autres causes possibles des lésions observées. Un seul test ne suffit jamais. Chez le nourrisson, c’est toujours une équipe pluridisciplinaire qui pose le diagnostic et émet, s’il y a lieu, un signalement judiciaire. L’expertise médico-légale prend place dans un second temps et a pour objectif d’éclairer le magistrat instructeur ».
Ils soulignent en outre que « des consensus et des recommandations internationales sont régulièrement actualisés, et la recherche dans ce domaine est active. […] Le questionnement scientifique se poursuit. On ne peut que s’en réjouir car, contrairement au déni, la recherche fait avancer la connaissance. Sur un sujet aussi douloureux que le syndrome de l’enfant secoué, la science et la société doivent évoluer de concert ».
« 9, 32, 66 et 83 ans : chacun de ces âges correspond à une phase de développement de notre cerveau »
Date de publication : 28 novembre 2025 Temps de lecture: 3 min

Apolline Le Romanser explique dans Libération qu’« une équipe de l’université de Cambridge s’est attelée à cartographier les connexions neuronales du cerveau au fil de son vieillissement. Cela leur a permis de déterminer l’existence de quatre «points de bascule» : à 9, 32, 66 et 83 ans. Une «première», affirment-ils dans la communication de leur travail, publié mardi 25 novembre dans Nature Communications ».
La journaliste relève que « pour dégager ces phases, les scientifiques ont observé quelque 4000 cerveaux, de nourrissons jusqu’à des personnes de 90 ans. Il y a d’abord «la petite enfance et l’enfance». Les réseaux neuronaux se consolident. Les scientifiques notent par exemple que le nombre de synapses, c’est-à-dire les connexions entre les neurones, diminue : seules les plus actives subsistent. Le volume de la matière grise (partie qui contient nos cellules nerveuses) et de la matière blanche (la substance qui assure les liaisons nerveuses entre les différentes parties cérébrales) croît rapidement… ».
Apolline Le Romanser ajoute que « le premier tournant survient à 9 ans. Place à l’adolescence. L’organe continue de se développer peu à peu, l’organisation du réseau cérébral s’affine, ses connexions sont plus performantes. Concrètement, les performances cognitives s’améliorent. […] Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette période ne s’arrête pas à la vingtaine : les chercheurs la situent plutôt dix ans après. Autour de 32 ans. C’est d’ailleurs à cet âge-là que les scientifiques ont observé les changements les plus marqués ».
Alexa Mousley, coautrice, souligne que « si la puberté marque un début clair, la fin de l’adolescence est beaucoup plus difficile à cerner scientifiquement ».
La journaliste poursuit : « Le début de la trentaine marque donc le début de «l’âge adulte» du cerveau. Il s’agit, selon les chercheurs, de la plus longue période du développement cérébral : une trentaine d’années. Dans cette phase, l’architecture cérébrale se stabilise, sans rupture majeure ».
« Le prochain tournant ne survient qu’au milieu de la soixantaine. C’est à ce stade que s’amorce le déclin cognitif – sans être «soudain», insistent les auteurs de l’étude. Et c’est effectivement à partir de cette tranche d’âge que des troubles comme l’hypertension ou la démence se développent généralement. Une phase plus avancée du vieillissement est identifiée à partir de 83 ans : les mêmes changements cérébraux se poursuivent, mais sont plus prononcés », précise Apolline Le Romanser.
La journaliste observe que « ces différentes phases ne peuvent pas être transposées avec exactitude d’une personne à l’autre », puis note que « l’équipe s’est […] dite particulièrement surprise par la manière dont les changements neuronaux «coïncident avec de nombreuses étapes importantes» de la vie, comme la puberté ou la parentalité ».
Alexa Mousley remarque pour sa part que ces périodes « pourraient nous aider à comprendre pourquoi certains cerveaux se développent différemment à des moments clés, qu’il s’agisse de difficultés d’apprentissage dans l’enfance ou de démence plus tard dans la vie ».
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