08 03 12
Autisme : « Le chercheur Franck Ramus défend les méthodes scientifiques »
Libération
Libération revient sur les recommandations de la Haute Autorité de santé sur la prise en charge de l’autisme, indiquant que « dans la mouture définitive, qu’elle doit présenter aujourd’hui, […] la psychanalyse et la psychothérapie ne sont plus rangées dans le catalogue des «interventions globales non recommandées ou non consensuelles», mais seulement dans le catalogue des «interventions globales non consensuelles» ».
Le journal remarque que « c’est un détail mais le changement est suffisamment symbolique pour, sans doute, ne pas satisfaire une grande partie des associations de parents d’enfant autiste, en guerre contre les psys ».
« Pour autant, la HAS devrait interdire la pratique controversée du «packing», qui consiste à enrouler dans un drap humide un enfant, puis à l’entourer pendant qu’il se réchauffe », continue Libération, qui publie un long entretien avec Franck Ramus, directeur de recherches au Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique de l’Ecole normale supérieure.
Ce dernier déclare entre autres : « Je dénonce la psychanalyse appliquée à l’autisme quand elle n’est pas évaluée. […] Autour de l’autisme, il y a des questions scientifiques et médicales très sérieuses. On ne peut pas dire et faire n’importe quoi. Je défends la médecine basée sur les preuves, qui conçoit des thérapies à partir d’évaluations et met en place de bonnes pratiques ».
« Il y a toute une série de données qui montrent que les thérapies cognitives sont efficaces face à certains troubles. Mais ce qui est sûr, c’est que les thérapies psychanalytiques ne sont jamais évaluées. Là-dessus, l’absence de données est un aveu », poursuit le chercheur.
09 03 12
« L’ecstasy attaque le cœur, comme le Mediator »
Le Figaro
C’est ce qu’annonce Martine Perez dans Le Figaro. La journaliste remarque qu’« il y a 2 ans, un jeune homme de 33 ans était hospitalisé en urgence à la clinique des Cèdres de Toulouse pour des douleurs thoraciques, un essoufflement, une grande fatigue. Après une batterie d’examens, il s’est avéré que ce patient souffrait d’une altération importante des valves mitrales. Après interrogatoire, le malade en question s’est révélé être un toxicomane consommant régulièrement de l’ecstasy ».
Martine Perez note donc que « dans un article publié sur le site Internet du British Journal of Clinical Pharmacology, les cardiologues de la clinique [Guillaume Montastruc et Philippe Vigneux], avec l’équipe d’addictovigilance du CHU de Toulouse, annoncent que l’altération des valves cardiaques dans ce cas est consécutive à la prise d’ecstasy. Et que les lésions observées sont similaires à celles produites par le Mediator ».
La journaliste précise que « le jeune homme consommait plusieurs comprimés d’ecstasy par semaine depuis plusieurs années », et relève que « le Pr Patrick Bruneval, meilleur expert français d’anatomopathologie en la matière (hôpital Georges-Pompidou, Paris) a confirmé, après avoir examiné les prélèvements, que les lésions étaient typiques de celles provoquées par le Mediator et de manière générale par les médicaments de la famille des fenfluramines. Aucun autre facteur de risque n’a pu être mis en évidence ».
Martine Perez explique que « l’ecstasy, qui aurait des similitudes structurelles avec les amphétamines, agirait sur le même récepteur sérotoninergique au niveau du cœur que le Mediator et les fenfluramines. Par ailleurs, cette substance attaquerait aussi les neurones sérotoninergiques du cerveau, avec des risques neurologiques à long terme ».
La journaliste ajoute que « cette observation devrait conduire à rechercher la prise d’ecstasy chez les personnes souffrant de maladies des valves cardiaques. Et à mener des études systématiques sur ce sujet afin d’évaluer plus précisément le risque ».
12 03 12
« Des doses de LSD pour soigner l’alcoolisme »
L’Express
L’Express indique qu’« une étude confie de nouvelles vertus thérapeutiques au LSD. Cette drogue pourrait aider les dépendants à l’alcool à réduire leur consommation ».
Le magazine explique ainsi que « selon une étude publiée dans le très sérieux Journal Of Psychopharmacology, l’acide lysergique diéthylamide soigne l’alcoolisme. Deux chercheurs de la Norwegian University of Science and Technology ont mené des tests sur 536 personnes. Ils ont prescrit du LSD à faible dose à deux tiers d’entre eux. Les autres ont reçu un placebo ».
L’Express constate que « 59% des personnes traitées au LSD ont effectivement diminué leur consommation d’alcool. Les chercheurs ont pu observer que la molécule aidait les alcooliques à prendre en charge leur dépendance. Elle les inciterait à prendre conscience de leur maladie, et à construire un nouveau mode de vie sobre ».
« Toutefois, l’équipe incite à la prudence car elle ignore encore les effets d’un tel traitement à long terme », précise l’hebdomadaire.
Le magazine rappelle ainsi que « le LSD a été placé dans la liste des psychotropes peu de temps après sa création. […] Quant à ses effets sur l’alcoolisme, on ignore encore si de vrais essais encadrés vont être prochainement lancés ».
15 03 12
« La santé mentale des soldats en mission »
Le Figaro
Damien Mascret annonce dans Le Figaro que « dans une étude à paraître dans les Annales médico-psychologiques, le Dr Yann Andruetan, psychiatre de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Sainte-Anne de Toulon, cosigne avec le Pr Patrick Clervoy, lui aussi psychiatre militaire, une analyse sur les modes de prise en charge des soldats sur le terrain pour éviter, ou limiter, les conséquences psychologiques des opérations armées ».
Le journaliste relève que « lorsqu’un accrochage fait des blessés, il est par exemple très utile d’organiser une brève entrevue entre le groupe et le blessé évacué pour atténuer les sentiments de culpabilité ressentis par les combattants ».
« Contre le stress permanent, «il est important de respecter des temps de repos», ajoute le Dr Andruetan. Avec parfois des séjours sur une base arrière «pour souffler un peu». Des séances de tir de défoulement sont aussi «une façon simple de soulager la tension accumulée» », ajoute Damien Mascret.
Le journaliste rappelle ainsi que « les contingents de retour d’Afghanistan passent 2 jours à Chypre pour se détendre et disposer d’un sas avant de rentrer dans leur famille. […] Enfin les psychiatres se rendent sur le terrain pour mener des actions de prévention. Quand un soldat ne va pas bien, l’objectif est double: «limiter les risques pour lui et éviter qu’il ne mette en danger les autres» ».
Le Dr Andruetan explique que « ce qui est perturbateur, car faisant naître un sentiment nouveau, le doute, c’est l’événement exceptionnel, la surprise. Quand vous subissez des tirs de roquettes nocturnes dans un camp vous avez un sentiment de vulnérabilité qui est épuisant ».
« Comme le meilleur acier exposé à l’air libre, la répétition de la menace corrode l’esprit et peut entraîner la rupture psychique. Les soldats savent repérer cette corrosion psychique. Elle peut se manifester par une fatigue exprimée, des bagarres, une augmentation des erreurs notamment dans la manipulation de l’arme, voire un décrochage du sens moral », poursuit le spécialiste.
Damien Mascret relève notamment que « la semaine dernière, une étude de l’armée américaine publiée dans la revue Injury and Prevention montrait que le taux de suicide de soldats avait augmenté de 80% entre 2004 et 2008 et que près de la moitié de ceux survenus en 2008 étaient consécutifs à l’engagement en Irak ».
16 03 12
« Autisme, la contre-attaque des psychiatres »
La Croix
Pierre Bienvault note dans La Croix que « le rapport de la HAS sur l’autisme suscite de nombreuses critiques dans le monde de la psychiatrie. De nombreux professionnels affirment qu’ils sont prêts à évaluer leurs pratiques, mettant en avant un travail de recherche lancé en 2008 avec l’Inserm sur 82 enfants atteints ».
Le journaliste relève ainsi que « nombre de psychiatres ont été très agacés par la «provocation» du Pr Jean-Luc Harousseau, le président du collège de la HAS, invitant les psychiatres à «se remettre en cause» et à évaluer leurs prises en charge ». Le Pr Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker à Paris, déclare ainsi : « Nous n’avons pas attendu la HAS pour le faire ».
Le Dr Jean-Michel Thurin, responsable du groupe « Recherches » à la Fédération française de psychiatrie, revient sur cette étude de 2008 et indique que les résultats « montrent une évolution positive de 50% en moyenne sur les différents critères de l’évaluation ».
Pierre Bienvault ajoute que « de nombreux psychiatres estiment que le rapport de la HAS a été dicté par des «impératifs politiques» et le souci de ne «pas déplaire» aux associations de parents ». Le Pr Gérard Schmit (CHU de Reims) déclare que « de très nombreux pédopsychiatres, très dévoués, sont meurtris par ces recommandations bien peu scientifiques. […] Peut-être que certains psychiatres estiment toujours qu’il y a un lien entre le fonctionnement mental des parents et l’autisme de leur enfant. Mais je peux vous assurer que cette idée a été abandonnée depuis longtemps par la grande majorité d’entre nous. C’est un procès en sorcellerie que l’on nous fait ».
« Pourquoi nous dormons si mal »
Le Parisien
C’est ce que titre Le Parisien sur sa Une. Le journal note en effet que « selon une étude dévoilée à l’occasion de la Journée du sommeil [par l’Institut national du sommeil et de la vigilance et la Mutuelle générale de l’Education nationale], la nuit des Français a en moyenne raccourci de 1h30 en l’espace de 50 ans ».
Le quotidien précise que « les jeunes adultes, adeptes du Net et des réseaux sociaux, ne dorment plus que 5h40 par nuit », ou encore note que « 40% de la population [est] concernée ».
Le Parisien rappelle que « la privation de sommeil — définie par les médecins lorsqu’on dort moins de 6 heures par 24 heures — a une incidence directe sur la santé. De nombreuses études ont montré qu’elle engendrait de la fatigue musculaire, des troubles immunitaires, une prise de poids, mais aussi de l’anxiété ou encore la dépression. Résultat : si on ne dort pas la nuit, eh bien on dort… le jour ».
Le journal note ainsi que « près de 19% des Français somnolent sur leur lieu de travail. C’est ce que ses adeptes appellent la sieste Azerty. […] En 2007, le ministère de la Santé avait d’ailleurs proposé d’expérimenter des lieux de sieste dans une centaine d’entreprises. Toutefois, pour l’instant, rares sont les sociétés qui disposent de salles de repos adéquates ».
« Mais que l’on se rassure, selon l’Organisation de coopération et de développement économique, si les Français sont loin derrière les pandas, ils restent toutefois les plus gros dormeurs du globe, devant les Etats-Unis, l’Espagne et le Canada », relève le quotidien.
Pour « expliquer nos insomnies », Le Parisien évoque notamment « l’abus d’écrans », « l’allongement des temps de transports », « les horaires décalés » ou bien « le stress au boulot ».
19 03 12
« Suicides : la Poste tente d’éteindre l’incendie »
Le Parisien, Le Figaro
Le Parisien note sur une page qu’« après une série de suicides, le PDG de la Poste, Jean-Paul Bailly, doit annoncer aujourd’hui une mise entre parenthèses de 6 mois du plan de réorganisation de l’entreprise ».
Le journal remarque en effet qu’« en 6 mois, 3 salariés ont mis fin à leurs jours sur leur lieu de travail. […] En l’absence de statistiques officielles, les salariés tiennent à jour sur Internet des listes qui font froid dans le dos. Depuis janvier, ce forum a recensé 5 suicides et une tentative, après 11 suicides et 7 tentatives en 2011 et 17 suicides et 10 tentatives en 2010 ».
Le quotidien relève que syndicats et médecins du travail « pointent du doigt des objectifs «inatteignables», des accidents du travail en hausse, des réorganisations permanentes et une dictature du chiffre ».
Le Parisien publie les propos du Dr Jean-Paul Kaufmant, ancien médecin du travail à la Poste, qui a rédigé en 2010, avec le Syndicat professionnel des médecins de prévention de la Poste, « un rapport accablant qui dénonce la «dégradation de la vie au travail» ».
Le praticien remarque qu’« il ne s’est rien passé depuis la publication de ce rapport. La Poste n’a rien mis en place pour améliorer les choses. […] Aujourd’hui, la dégradation des conditions de travail s’est même accélérée ».
Le Dr Kaufmant note que « c’est très compliqué d’évaluer le nombre de suicides ou de tentatives liés au travail. Mais il y a un chiffre très parlant : celui de l’absentéisme qui augmente d’année en année ».
Le médecin ajoute que « les salariés sont face à un système très hiérarchisé et très compliqué. Ils vivent des réorganisations tous les 6 mois, qui sont généralement prévues de manière très théorique. En clair, on modifie très souvent l’emploi du temps des agents sans que cela soit forcément bien pensé. En plus, les méthodes de management sont très difficiles. Après, on peut dire que les gens sui travaillent à la Poste sont fragiles, mais on ne se suicide pas par hasard ».
Le Figaro remarque également que « la Poste fait une pause dans sa réorganisation ».
Le journal explique que « les salariés seront consultés sur les conditions de travail », note que « les directions régionales entameront des négociations sur l’allègement des rythmes de travail dans les bureaux de poste », ou encore indique qu’« au niveau national, Jean-Paul Bailly lancera la mise en place d’une «cellule d’alerte sociale» et pourrait également débloquer une enveloppe budgétaire pour l’accompagnement des agents les plus fragiles ».
« La folie n’est pas une infraction »
Libération
Eric Favereau constate dans Libération que « psys et membres d’associations de malades étaient réunis samedi en Seine-Saint-Denis pour contester la politique du gouvernement, à l’appel du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire ».
Le journaliste observe que « depuis plus de 4 ans, la politique gouvernementale en matière de psychiatrie a été fortement déséquilibrée, renforçant le volet sécuritaire », évoquant le « plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques (multiplication des chambres d’isolement, instauration des bracelets électroniques, etc.) » en 2009, ou encore les récentes « recommandations polémiques de la HAS » sur la prise en charge de l’autisme.
Eric Favereau note ainsi que « psys, soignants, membres d’associations sont venus très nombreux. Avec la forte envie d’en découdre, en particulier contre la HAS et son «faux discours scientiste». Le collectif a d’ailleurs clôturé cette journée très offensive en appelant tous les psychiatres de France à ne plus «collaborer» avec la HAS ».
Le journaliste cite le pédopsychiatre Pierre Delion, « mis au pilori ces derniers jours car il pratique dans son service le packing », qui a déclaré : « Je serais, moi, un barbare ? Je ferais, moi, de la torture ? […] Rendez-vous compte qu’aujourd’hui, on en arrive à recommander de mettre des casques sur les enfants agités ! Il faut nous mettre debout pour dire «cela suffit» ! ».
De son côté, le magistrat Serge Portelli a déclaré que « la folie n’est pas une infraction. La médecine n’est pas là pour surveiller, elle est là pour soigner ».
20 03 12
« Suicides : les mesures a minima du PDG de la Poste »
Le Parisien, Libération, Le Figaro, La Croix, Le Monde, L’Humanité
C’est ce que titre Le Parisien, qui note qu’« après une semaine de discussions avec les syndicats à la suite des deux récents suicides au sein de l’entreprise, [Jean-Paul Bailly] a finalement annoncé non pas une pause mais des «ajustements» dans les réorganisations ».
Le quotidien indique que le PDG « a notamment annoncé «le report de 6 mois du déploiement de l’actionnariat salarié» et la nomination d’une «médiatrice de la vie au travail» afin de «traiter les situations particulièrement difficiles» ».
Le Parisien constate que « les organisations syndicales ont fait part de leur déception. Pour la CGT, ces mesures sont «très loin de ce qu’il faudrait pour répondre à une urgence absolue : réhumaniser la Poste». Pour elle, il faut stopper «toutes les réorganisations sans attendre» et créer des emplois ».
Libération consacre une double page au sujet, constatant dans un reportage qu’« après deux suicides en trois semaines en Bretagne, les salariés de la Poste accusent les restructurations à répétition dans l’entreprise ». Le journal relève lui aussi que « malgré les drames, la patron de la Poste refuse de stopper la réorganisation ».
Le Figaro retient quant à lui que « la direction de la Poste promet plus de dialogue […] tout en poursuivant la réorganisation de l’entreprise », tandis que La Croix note que « la Poste veut «ajuster» sa réorganisation ».
22 03 12
« L’imagerie peut-elle permettre de lire dans les pensées ? »
Le Figaro
C’est ce que se demande Damien Mascret dans Le Figaro. Le journaliste indique que « dans un avis [à paraître], le Comité national d’éthique s’inquiète des dérives des neurosciences et de la neuro-imagerie ».
Damien Mascret explique ainsi que « l’imagerie du cerveau a fait des progrès considérables au cours des dernières années. Elle permet outre l’anatomie d’observer le cerveau en fonctionnement », puis se penche sur le cas de Gary Greenberg, un Américain atteint de dépression qui « raconte son parcours dans un livre paru il y a 2 ans (« Manufacturing Depression », Bloomsbury). […] «Vous voyez Gary, cette tâche sur l’image de votre cerveau, je l’appelle le signe en or, quand je la trouve, je pose toujours la question: Avez-vous déjà été traumatisé? Il semble que vous ayez connu de nombreux traumatismes dans votre famille en grandissant» ».
Le journaliste explique que « le psychiatre qui lui parle, le Dr Daniel Amen, est à la tête de plusieurs cliniques. Pour délivrer son diagnostic, il s’appuie sur les images obtenues la veille par TEP-scan, une technique d’imagerie du cerveau qui détecte l’activité cérébrale ».
« Ce qu’ignore Gary Greenberg, c’est que son psychiatre surinterprète l’imagerie », remarque Damien Mascret. Sylvain Ordureau, directeur d’une société spécialisée dans l’imagerie du vivant et de la matière au sein de l’université Paris-Descartes, précise ainsi qu’« aujourd’hui la neuro-imagerie c’est comme survoler une ville. Le jour, on peut voir les routes, les structures, et la nuit on voit les lumières, l’activité. Mais on ne lit pas dans les pensées ».
Le journaliste indique donc que « pour faire le point, le Comité consultatif national d’éthique devrait rendre un avis sur les enjeux de la neuro-imagerie fonctionnelle »et cite notamment le Pr Lionel Naccache (Institut du cerveau et de la moelle épinière), qui déclarait en janvier lors des Journées annuelles d’éthique : « Il faut faire la part des choses des splendeurs et misères de l’imagerie cérébrale. Il faut sortir du fantasme. […] La capacité à identifier par l’IRM que quelqu’un ment me semble irréaliste, inatteignable, pour l’instant. On ne peut pas différencier mensonge et réaction d’anxiété, d’émotion ».
Damien Mascret précise que « pour les médecins, l’apport de la neuro-imagerie est évident. Dans l’épilepsie, par exemple, où selon la métaphore du Dr Vincent Navarro (Pitié-Salpêtrière) la crise démarre «comme une étincelle qui met le feu à une région cérébrale et se propage de proche en proche», il est désormais possible d’atteindre un niveau de précision sans précédent. […]Entre progrès et limites, le CCNE devrait tracer la ligne ».
23 03 12
« Enquête sur la maltraitance des malades mentaux »
Le Figaro
Aude Rambaud s’interroge dans Le Figaro : « Faut-il se méfier des malades mentaux ? Sont-ils réellement plus dangereux que les autres ? ». La journaliste indique qu’« une étude parue dans The Lancet fait voler ce cliché en éclats. Elle montre au contraire que ces personnes sont très souvent victimes de maltraitances physiques et sexuelles de la part de leur entourage ».
Aude Rambaud explique que « financée par l’OMS, cette étude était destinée à faire un état des lieux de la violence à l’encontre des personnes handicapées. Les auteurs ont passé en revue tous les travaux parus sur le sujet au cours des 20 dernières années et sélectionné 26 études incluant plus de 21.500 handicapés ».
La journaliste note que « les malades mentaux paient de très loin le plus lourd tribu : 24% d’entre eux déclarent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles au cours des 12 derniers mois contre 6% en cas de retard mental et 3% pour l’ensemble des handicaps. Par malades mentaux, les auteurs incluent les schizophrènes, les sujets atteints de dépression majeure, les psychotiques ou encore les déments suivis en ambulatoire ou hospitalisés ».
Aude Rambaud relève que « ce taux de 24% paraît effrayant mais n’étonne ni les auteurs de l’étude ni les professionnels du secteur ». Un des auteurs, le Pr Mark Bellis, estime ainsi qu’« il est même très probablement sous-estimé, car nous avons répertorié les violences subies au cours des 12 derniers mois et non au cours de toute une vie. En outre, la peur de représailles ou de ne pas être pris au sérieux réduit le nombre de déclarations ».
Le Dr Elena Turpin, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), confirme : « Ce chiffre n’est pas surprenant par rapport à ce que l’on constate en clinique. Nous nous penchons sur la maltraitance auprès de nos patients car elle peut dégrader leur état de santé, entraîner un traumatisme, provoquer une décompensation. Les patients ne relatent pas spontanément un événement de ce type mais en font part le plus souvent lorsqu’on leur pose simplement la question ».
Aude Rambaud souligne qu’« une commission d’enquête du Sénat indiquait en 2003 que la famille était le lieu du délit dans environ 70% des cas et les institutions 30%. Dans le cadre de cette étude 37,8% des handicapés mentaux déclarent une violence issue de leur conjoint ».
La journaliste ajoute que pour le Dr Turpin, « la meilleure façon de prévenir la maltraitance est de bien suivre médicalement les patients et d’impliquer l’entourage ».
26 03 12
« Des consultations de psychiatrie à distance pour les expatriés »
Le Figaro
Damien Mascret remarque dans Le Figaro qu’« a priori, parler à un écran d’ordinateur n’est pas un signe de santé mentale. Sauf lorsqu’il s’agit de télépsychiatrie, un nouveau mode d’exercice proposé par une jeune société française, Eutelmed, installée au sein de la pépinière Paris Biotech Santé (université Paris-Descartes, l’Essec, l’Ecole centrale Paris et l’Inserm) ».
Le journaliste explique qu’« un patient qui se trouve à Séoul peut par exemple voir et entendre le thérapeute installé à Paris, et réciproquement. De la psychiatrie à distance ». Le Dr Bernard Astruc, psychiatre et cofondateur d’Eutelmed, déclare ainsi que « la psychiatrie est ce qui se prête le mieux à la télémédecine ».
« Mais à condition que plusieurs règles soient respectées », précise Damien Mascret, qui évoque « tout d’abord la confidentialité ». Le Dr Astruc note que le système « impose une plate-forme hautement cryptée, comme l’est le système bancaire ».
Damien Mascret continue : « Deuxième impératif, la gestion des données par un hébergeur agréé pour les données de santé. […] La troisième condition que s’est imposée la société, «c’est qu’il y ait la possibilité d’un traitement et d’un suivi sur place, explique le Dr Astruc. Le patient se rend dans un lieu dédié où se trouve un professionnel de santé» ».
Le journaliste note que c’est « une façon aussi de contrer les critiques de déshumanisation qu’induirait ce nouveau type de relation entre un patient et son médecin. Le patient […] est aussi accompagné après la séance. D’ailleurs, le psychiatre aura besoin d’un confrère sur place s’il recommande un médicament car la prescription à distance est interdite ».
Damien Mascret s’interroge : « Le face-à-face est-il équivalent à la téléconsultation ? Une équipe canadienne a mené une étude comparative entre 2001 et 2004. Les chercheurs ont divisé en 2 groupes près de 500 patients que leurs médecins généralistes avaient adressés pour consultation de psychiatrie à l’hôpital régional de Thunder Bay, Ontario. […] Tous les patients devaient se rendre à l’hôpital, les uns pour voir un psychiatre, les autres pour «téléconsulter» ».
Le journal remarque que « l’amélioration, évaluée grâce à des questionnaires rigoureux, s’est avérée tout à fait comparable pour les deux groupes ainsi que le taux de satisfaction par rapport à la méthode utilisée ».
Damien Mascret relève que outre que « dans les études, seul 1 patient sur 10 est rétif à la télépsychiatrie, les 9 autres trouvent ça aussi bien, voire mieux ».
27 03 12
« Les médicaments anticholestérol réduiraient la dépression »
Le Figaro
Le Figaro indique en effet qu’une étude parue dans le Journal of Clinical Psychiatry « conclut que les statines réduiraient aussi le risque de dépression ».
Le quotidien explique qu’« une équipe américaine a suivi pendant 6 ans une cohorte de 965 patients présentant une cardiopathie et recrutés dans différentes cliniques de Californie. Parmi eux, 65% prenaient des statines dans le cadre de leur traitement ».
Le Figaro précise que « les auteurs ont évalué le lien entre statines et troubles de l’humeur chez ces patients au cours du temps. Les symptômes dépressifs étaient évalués chaque année grâce au Patient Health Questionnaire, un auto-questionnaire permettant de mesurer la fréquence de différents symptômes au cours des deux précédentes semaines : morosité, fatigue, baisse de l’estime de soi, pensées suicidaires, etc. ».
Le journal relève qu’« au moment de l’inclusion, les patients qui prenaient des statines avaient un score de dépression en moyenne plus faible que les non-utilisateurs, et cette différence s’est confirmée, voire accrue, tout au long du suivi. Les premiers étaient de moins en moins sujets à dépression alors que les seconds voyaient ce risque augmenter ».
Le Figaro poursuit : « Au terme des 6 ans, 28% des personnes sous statines ont finalement eu au moins un épisode dépressif mineur ou plus grave, contre 40% des non-utilisateurs. En outre, chez les 776 patients qui ne présentaient pas de symptômes dépressifs au début de l’étude, le risque de dépression a diminué de 38% en cas de prise de statines par rapport à ceux qui n’étaient pas dépressifs au départ et n’en prenaient pas ».
Le quotidien observe que « pour les auteurs, ces résultats encourageants recoupent ceux de précédentes études observationnelles. Or les patients atteints de cardiopathies ont plus de risques de souffrir d’une dépression que la population générale. Si ce lien est confirmé, les conséquences pourraient être importantes du point de vue de la santé publique ».
Le Pr Mary Whooley (Université de San Francisco), coauteur des travaux, écrit que « cet effet pourrait s’expliquer par l’action des statines contre l’athérosclérose au niveau du cerveau, qui semble augmenter le risque de dépression ».
La chercheuse précise toutefois que ces observations « ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet et demandent, bien sûr, à être confirmées par d’autres travaux. Or, à ce jour, les essais randomisés n’ont pas montré de bénéfice psychologique des statines chez les utilisateurs ».
De son côté, le Dr Philippe Giral, du service d’endocrinologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), remarque qu’« il existe dans cette étude de nombreux biais que les multiples ajustements de l’analyse statistique ne peuvent gommer, comme l’absence de tirage au sort des patients. Dans le même type d’étude, les statines ont montré qu’elles diminuaient le risque de fracture du col du fémur ou encore le risque de survenue de cancer… Tous ces résultats ont été infirmés par des études prospectives avec tirage au sort ! ».
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