06 01 15

« Le taux de suicide augmente proportionnellement à celui du chômage »

 

Anne Jeanblanc note dans Le Point que « selon une étude de l’Inserm [parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire], près de 600 cas [de suicide] pourraient être attribués à la hausse du chômage. Les hommes entre 25 et 49 ans sont particulièrement touchés ».
La journaliste explique que 
« les auteurs – du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Inserm et de l’AP-HP – ont voulu estimer « l’association par sexe et âge entre les taux de suicide et de chômage en France métropolitaine entre 2000 et 2010″ ».
Anne Jeanblanc indique ainsi que
 « le taux de décès par suicide augmente avec le taux de chômage et près de 600 suicides pourraient être attribués à la hausse du chômage observée en France entre 2008 et 2010 ».
« 
Chez les hommes, le nombre de suicides a réduit entre 2000 et 2007 (passant de 26,3 à 22,8 décès pour 100 000 habitants). Il a ensuite augmenté pour atteindre 23,2 en 2008, puis 23,5 en 2009, avant de revenir à 22,8 en 2010. Chez les femmes, il a oscillé entre 8,2 et 8,6 pour 100 000 entre 2000 et 2005 avant de baisser pour atteindre un plateau à 7,5 entre 2007 et 2010 », précise la journaliste.
Anne Jeanblanc ajoute qu’«
 après une baisse entre 2000 et 2001, le taux de chômage a progressé jusqu’en 2004 pour atteindre un plateau à 9,3%. Il a diminué ensuite jusqu’à un taux de 7,8% en 2008, et augmenté rapi­dement pour atteindre 9,5% en 2009 et 9,7% en 2010 ».
« 
En clair : à chaque fois que le chômage augmente de 10%, le taux de mortalité par suicide progresse de 1,5% pour l’ensemble de la population de plus de 15 ans », observe la journaliste, qui note que « l’association entre chômage et suicide apparaît plus marquée pour les hommes de 25 à 49 ans pour qui le risque croît même de 2,6% ».
Anne Jeanblanc relève néanmoins que «
 les chercheurs soulignent le caractère statistique et « observationnel » de leur étude : « aucun lien » de cause à effet entre chômage et suicide au niveau des individus « ne peut être déduit à partir de ces résultats ». Ils jugent difficile de dresser une liste exhaustive des composants pouvant jouer un rôle sur l’évolution du taux de suicides et de démêler leurs effets respectifs ».
Le Parisien retient pour sa part que 
« le chômage provoque près de 200 suicides par an », et observe que le « phénomène préoccupe les médecins ». Le quotidien publie ainsi un entretien avec Michel Debout, psychiatre, « auteur d’un livre à paraître sur le traumatisme du chômage » (« Le traumatisme du chômage. Alerte sur la santé de 5 millions de personnes », Ed. de l’Atelier).
Le praticien observe qu’«
 être licencié, ça influe sur votre santé, sur votre rapport aux vôtres et sur l’estime de soi. Le chômage, ce n’est pas seulement un problème économique, social, financier, c’est aussi un problème de santé publique. […] Dans les cas les plus graves, cette dépression peut mener au suicide ».
« Je trouve que les pouvoirs publics sous-estiment ce problème, et je souhaite témoigner de sa gravité. Il est urgent d’alerter les gens pour qu’ils n’hésitent pas à aller consulter un médecin s’ils se sentent dans une situation difficile 
», continue le psychiatre.

« A l’écoute des voix venues de l’intérieur »

Eric Favereau relate dans Libération le témoignage de Vincent Demassiet, « sauvé par un groupe de parole entre «entendeurs», [et qui] dirige un réseau national d’entraide », le Réseau français sur l’entente de voix.
Le journaliste se penche ainsi sur cet «
 étonnant mouvement où se retrouvent des gens qui entendent des voix, classés bien vite comme schizophrènes. Ce sont, en tout cas, des personnes qui vont mal, assaillies de voix, des voix qui blessent, des voix qui détruisent souvent ».
Eric Favereau indique que «
 nés dans les pays anglo-saxons, ces groupes de patients misent sur  l’entraide, en présence ou non de soignants ».
Vincent Demassiet déclare notamment, après avoir été diagnostiqué « 
schizophrène » : « Je m’isolais. On me donnait des médicaments, je me taisais. On rejetait mon expérience, on a augmenté le traitement pour arriver à des doses énormes, c’était hallucinant. Mais pour la psychiatrie, j’étais bien, j’étais sage, je ne faisais plus rien, je restais chez moi, la tête de travers avec un filet de bave ».
Eric Favereau note que le jeune homme «
 devient l’une de ces silhouettes qui errent dans les couloirs des hôpitaux. A l’entendre, c’est le hasard qui le sauve : quelqu’un lui propose d’aller à une rencontre de patients sur l’entente de voix ».
Vincent Demassiet remarque ainsi : 
« D’un seul coup, dans ce groupe, on m’a écouté. J’ai découvert qu’il y avait plein d’entendeurs de voix : 7% de la population. Seulement 1% se retrouve en psychiatrie. Cela veut dire que 6% des gens se débrouillent avec les voix ».
Eric Favereau observe que «
 petit à petit, Vincent apprend des trucs qui aident à la prise de distance », puis constate que « ces réunions se développent : il y a une dizaine de groupes d’entendeurs en France ».

12 01 15

« Le burn-out reste mal défini, mal quantifié »

Le Monde fait savoir que « dans les prochains jours paraîtra le rapport du groupe de réflexion sur «Les risques psychosociaux et le burn-out», mis en place début 2014 par le ministère du Travail ». Le journal rappelle que « ce groupe de travail avait pour but de «clarifier ce que recouvre le burn-out dans l’objectif de donner des recommandations pour mieux prévenir ce syndrome» ».
Le quotidien relève en effet que 
« même si […] le thème du burn-out est devenu un sujet d’actualité, le plus grand flou existe sur ce que recouvre ce terme – qui mélange cause et effet et n’a pas de définition médicale reconnue – et sur le nombre de personnes concernées ».
Le Monde évoque 
« des études nombreuses, mais à manier avec prudence », et se penche sur ce travail de l’institut Think pour le cabinet conseil Great place to work, qui « établit chaque année un palmarès des entreprises où il fait bon travailler ». L’institut a ainsi indiqué la semaine dernière qu’« un salarié français sur deux est confronté à une situation de burn-out ». Le journal note que « le titre […] est toutefois trompeur. Et la définition burn-out pour le moins imprécise ».
Le Monde relève en effet qu’«
 à la question «êtes-vous confrontés à des situations de burn-out (arrêt de travail soudain suite à un épuisement lié aux conditions de travail) ou à des niveaux de stress très importants», 17% des salariés interrogés répondent «oui, pour moi-même, je suis potentiellement en situation de burn-out», et 31% «oui, pour des proches dans [mon] entourage professionnel» ».
Le journal rappelle que «
 le 20 novembre 2014, l’organisme de formation et de conseil en ressources humaines Cegos avait publié son «baromètre» 2014 sur le climat social, qui montrait qu’un salarié sur quatre déclarait avoir vécu «un problème psychologique grave lié au travail (dépression, burn-out)» ».
« En janvier 2014, l’enquête du cabinet de prévention des risques professionnels Technologia avait, quant à elle, évalué à 3,2 millions le nombre d’actifs occupés «en risque élevé de burn-out», soit 12,6% des actifs », 
observe le quotidien.
Le Monde constate que ces études et les initiatives qui ont suivi 
« n’ont pas dissipé le flou sur la nature des pathologies visées, les facteurs de risques et sur le nombre de personnes concernées ».
Le journal relève enfin qu’« 
au ministère du Travail, où ce sujet est pris en compte, on avance à pas prudents. La Dares, département études et statistiques du ministère, explique qu’elle «ne dispose pas de chiffres parce qu’il n’y a pas de définition scientifique consensuelle sur le burn-out» ».
« C’est pourquoi en 2016, une enquête sur les risques psychosociaux sera lancée, conjointement avec l’Insee. Celle-ci devrait être d’une tout autre dimension que les sondages publiés récemment par des cabinets privés », indique Le Monde.

14 01 15

« Les optimistes ont un meilleur profil santé »

Damien Mascret s’interroge dans Le Figaro : « Les optimistes vivent-ils plus longtemps ? Il est un peu tôt pour l’affirmer mais ils ont en tout cas un meilleur profil cardiovasculaire selon une étude américaine publiée dans Health Behavior and Policy Review ».
Le journaliste explique qu’« 
une batterie de tests a été réalisée pour estimer la santé de plus de 51.000 Américains âgés de 45 à 84 ans : mesure de la pression artérielle, corpulence, taux de sucre et de cholestérol dans le sang, alimentation, tabagisme mais aussi état du foie, des reins, présence d’arthrose, évaluation de la santé mentale générale ».
Damien Mascret observe que « 
l’originalité est d’avoir aussi mesuré un trait de caractère, l’optimisme », indiquant que « pour faire partie des plus optimistes, il fallait être d’accord avec les affirmations suivantes: Dans les moments d’incertitude, je m’attends habituellement au mieux ; Dans l’ensemble, je m’attends à ce que plus de bonnes choses m’arrivent que de mauvaises ; Je suis toujours optimiste face à mon avenir ».
« Il fallait aussi être en désaccord avec les trois suivantes: Je ne m’attends presque jamais à ce que les choses aillent comme je voudrais ; S’il y a des chances que ça aille mal pour moi, ça ira mal ; Je m’attends rarement à ce que de bonnes choses m’arrivent »,
 poursuit le journaliste.
Le Pr Rosalba Hernandez (université de l’Illinois, États-Unis) fait savoir que
 « les personnes les plus optimistes ont 2 fois plus de chance d’avoir une santé cardiovasculaire idéale par rapport aux plus pessimistes ». La chercheure ajoute que « cette association demeure significative même après avoir ajusté la comparaison en fonction des caractéristiques sociodémographiques […] et la santé mentale ».
Damien Mascret précise qu’«
 il faudra toutefois attendre les analyses de mortalité pour affirmer que l’amélioration du profil cardiovasculaire se traduit bien par une réduction des événements cardiaques et fatals ».
Le journaliste souligne que selon ce travail, 
« le bénéfice de l’optimisme passe en partie par le comportement. Les optimistes ayant tendance à être moins gros, plus actifs physiquement et à ne pas fumer. D’où aussi des paramètres biologiques – glycémie, profil lipidique – plus favorables ».
« Ce n’est donc pas tant l’optimisme qui compterait directement mais le fait, qu’indirectement, ce trait de caractère incite à un comportement plus sain. Toutefois, le débat est encore trop récent pour être tranché. Certaines études montrent qu’à facteurs de risques similaires, l’athérosclérose mesurée par échographie carotidienne progresse moins vite chez les optimistes », 
conclut Damien Mascret.

20 01 15

« Attentats : non, les ventes d’anxiolytiques n’ont pas augmenté »

Le Parisien observe que « la ruée vers les pharmacies n’a pas eu lieu. Contrairement à ce qui avait été annoncé jeudi dernier, les attentats perpétrés [début janvier] n’ont pas été suivis par une hausse de ventes d’anxiolytiques dans les pharmacies en France, a affirmé l’Ordre national des pharmaciens ».
Le journal rappelle que 
« la société privée Celtipharm, spécialiste de la collecte et de l’analyse des données de santé en temps réel, avait rapporté une hausse de 18,2% d’anxiolytiques et de somnifères dans les 4 jours ayant suivi les attentats par rapport aux semaines précédentes ».
Le quotidien explique que 
« l’Ordre des pharmaciens a passé au crible les données des dispensations d’anxiolytiques, des médicaments pour traiter l’anxiété, dans les pharmacies en janvier 2015 par rapport à janvier 2014 ».
L’Ordre indique ainsi qu’«
 à ce jour, on ne constate pas de lien entre ces événements dramatiques […] et la consommation d’anxiolytiques. Il n’y a pas de rebond de dispensations entre début janvier 2014 et 2015 ».
Le Parisien précise que «
 les chiffres de l’Ile-de-France, où les attentats se sont produits, ne diffèrent pas de ceux du reste de la France », puis relève que « pour ces calculs, l’Ordre indique se baser sur les dossiers pharmaceutiques informatisés dont les patients peuvent disposer auprès de leur pharmacien ».

22 01 15

Alzheimer : « Le traitement prometteur découvert par une équipe française »

Pierre Kaldy indique en effet dans Le Figaro qu’« une start-up française obtient une amélioration des performances cognitives en combinant deux molécules déjà connues », selon un travail paru dansScientific Reports.
Le journaliste explique qu’«
 en utilisant la combinaison de deux anciens médicaments connus pour leur innocuité, l’acamprosate et le baclofène, la start-up française Pharnext a pu améliorer les symptômes de la maladie d’Alzheimer aussi bien chez la souris que chez des patients ».
Daniel Cohen, fondateur de Pharnext, déclare ainsi que 
« notre approche a ciblé plusieurs protéines dans les neurones et les cellules vasculaires, car nous voulions modifier leur sensibilité au glutamate ».
Pierre Kaldy rappelle que «
 pour contrer la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont pris le parti de limiter les effets toxiques d’un neurotransmetteur, le glutamate, produit en quantité excessive par les neurones en présence du peptide A bêta, petite protéine pathologique liée à la maladie ».
Le journaliste relève donc que «
 le double traitement avec l’acamprosate et le baclofène, des médicaments qui agissent au niveau des voies de signalisation du glutamate dans ces cellules, les protège effectivement des effets du peptide A bêta ».
Pierre Kaldy souligne que chez la souris, 
« la bithérapie améliore les performances cognitives des animaux et réduit la perte de leurs neurones ainsi que les marqueurs de l’inflammation caractéristiques de la maladie ».
« Chez l’homme, l’amélioration des performances cognitives obtenues après seulement 1 mois de traitement chez une trentaine de patients en début de maladie, si elle se confirme, est inédite, et elle a déjà attiré l’attention de tous les spécialistes lors de la présentation de cet essai pilote au dernier congrès sur les essais cliniques de la maladie tenu à Philadelphie en novembre dernier », 
observe le journaliste.
Pierre Kaldy relève que 
« jusqu’à présent, aucun médicament candidat validé chez la souris n’a permis d’obtenir une amélioration clinique notable de la maladie d’Alzheimer », et observe : « Autre signe convaincant de l’efficacité de cette nouvelle approche, seule la combinaison des deux médicaments a des effets chez la souris ».
Daniel Cohen remarque ainsi qu’«
 en utilisant deux moyens différents avec le même objectif dans les cellules, nous obtenons une synergie qui permet de réduire considérablement les doses de médicaments et donc leurs effets indésirables potentiels ».
Le journaliste note que le chercheur «
 tient cependant à préciser qu’une formulation à faible dose est mieux adaptée aux personnes âgées, la prescription des deux médicaments à la fois, aux posologies habituelles, pouvant être dangereuse pour les patients ».
De son côté, le Pr Florence Pasquier (CHRU de Lille) remarque :
 « Nous trouvons cette approche intéressante et innovante dans la maladie d’Alzheimer. Elle mérite d’être approfondie, et nous attendons les essais cliniques prévus ces prochains mois pour nous prononcer ».


« Retour à la revue de presse.