03 02 16
« Suicide : 27 décès par jour, un ‘drame de santé publique’ »
Libération constate en effet que « malgré une tendance à la diminution depuis le début des années 2000, le suicide est encore à l’origine de près de 27 décès par jour en France, en majorité des hommes, loin devant la mortalité routière, selon un rapport remis mardi à la ministre de la Santé».
Marisol Touraine a déclaré que « c’est un drame de santé publique », « estimant qu’il était temps d’agir pour prévenir le passage à l’acte », note le journal.
Le quotidien précise qu’« en se basant sur les certificats de décès, 9.715 personnes se sont donné la mort en 2012, mais le chiffre réel pourrait être plus important, de l’ordre de 10.700 décès, en se basant sur une sous-estimation de 10%, précise le 2e rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS) ».
Libération indique que « créé en 2013, cet Observatoire a été mis en place pour faire avancer la prévention du suicide, alors que la France se situe parmi les pays européens ayant des taux de suicide élevés, avec un taux de 16,7 pour 100.000 habitants en 2012, contre 11,7 pour 100.000 dans l’ensemble des 28 pays de l’Union Européenne ».
Le journal relève que « depuis 2002, les taux de décès par suicide ont pourtant baissé globalement de 17% en France, tandis que d’importantes disparités subsistent entre les sexes mais également au niveau régional. Comme dans la plupart des pays, le taux de décès par suicide est nettement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (25,9 contre 7,4 décès pour 100.000 habitants) et augmente avec l’âge ».
Libération ajoute que « la Bretagne reste la région où les gens se suicident proportionnellement le plus, devant la Basse-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, le Limousin et les Pays de la Loire, avec des taux supérieurs de plus de 25% au taux moyen de la France métropolitaine », tandis que« les régions Midi-Pyrénées, Corse, Rhône-Alpes et Alsace enregistrent les plus bas taux, [et] que la seule région où le taux de suicide a augmenté depuis 2002 est la Lorraine ».
Le quotidien précise en outre que « les modes de suicides les plus fréquents sont la pendaison (54%), loin devant les armes à feu (15%), les prises de médicaments ou d’autres substances (11%) ou les sauts dans le vide (7%), avec là aussi des différences notables entre les hommes et les femmes : ces dernières ont davantage recours aux médicaments (25%) alors que les hommes préfèrent la pendaison (59%) ou les armes à feu (19%) ».
Libération note que « les tentatives de suicides sont estimées à environ 200.000 par an, soit 20 fois plus que le nombre de décès par suicide. Elles concernent surtout les jeunes filles entre 15 et 20 ans et dans une moindre mesure les femmes de 40 à 50 ans, mais donnent moins souvent lieu à des hospitalisations que par le passé (80.000 en 2013 contre 105.000 en 2010) ».
Le journal observe que « le fait d’être «maigre», de consommer régulièrement du tabac ou de l’alcool, ou encore de vivre seul, constituaient les principaux facteurs de risques associés aux comportements suicidaires. Parmi les motifs avancés par les personnes ayant des pensées suicidaires, 81% citent une raison personnelle et 27% une raison professionnelle ».
Libération rappelle enfin que « des programmes de prévention du suicide ont été mis en place ces dernières années auprès de populations spécifiques comme les adolescents, les personnes en situation de précarité ou les agriculteurs ».
04 02 16
« Crise : 20% des Français ont déjà pensé sérieusement au suicide »
Le Parisien observe que « sur fond de crise, le moral des Français se détériore de façon alarmante. […] Le psychiatre Michel Debout réclame plus de prévention ».
Le journal note ainsi que « les chiffres sont renversants : 20% des Français ont déjà pensé sérieusement au suicide, dont 30% parmi les chômeurs. Selon l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès réalisée par l’Ifop en janvier 2016 visant à mesurer l’impact de la crise économique sur le rapport que les Français ont avec le suicide, ce mal se propage dangereusement ».
Le Parisien indique qu’« à la veille de la Journée nationale de prévention contre le suicide, l’un de ses auteurs, le Pr Michel Debout, membre de l’Observatoire du suicide créé en 2013, appelle à une mobilisation et dénonce 20 ans d’inaction des pouvoirs publics ».
Michel Debout déclare ainsi qu’« il y a un problème grave, c’est pour cela que j’appelle à une réaction de la société, des pouvoirs publics, des décideurs. Cette troisième enquête montre, de façon très préoccupante, une aggravation de la situation. En 2000, il y avait 13% de Français qui avaient envisagé sérieusement de se suicider, dont 3% avaient fait une tentative. Aujourd’hui, un Français sur cinq (20%) a déjà pensé sérieusement au suicide, dont 5% qui ont fait une tentative ».
« Cela traduit un état de détresse personnel et social de beaucoup de nos compatriotes. Et le plus alarmant, ce sont les chômeurs : 30% parmi les 5 millions de demandeurs d’emploi sont concernés », poursuit le psychiatre.
Le Pr Debout relève « un paradoxe : quand on perd son travail, on perd la médecine qui va avec », et estime qu’« une première visite médicale devrait avoir lieu dans les 2 mois qui suivent la perte de l’emploi. Si besoin, le médecin pourra proposer un accompagnement. Mais, surtout, il aura prévenu le chômeur des risques ».
« Depuis 20 ans, on n’a rien fait pour la santé des chômeurs, des agriculteurs qui ferment leur exploitation, des artisans et des commerçants qui ferment leur boutique. Et les petits patrons, dont on parle moins, pourtant très concernés par ce risque suicidaire », continue le psychiatre, ajoutant que « des Français en bonne santé, c’est un plus pour l’économie française ».
Plus de suicides et d’agressivité chez les jeunes sous antidépresseurs
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Une méta-analyse indique, malgré de nombreux biais et insuffisances des études, que le risque de suicide et d’agressivité double chez les enfants et adolescentes sous antidépresseurs. Alors que ces risques n’ont pas été retrouvés chez les adultes. Ces travaux sont parus dans le BMJ.
Les enfants et adolescentes présentent un risque suicidaire et d’agressivité accru sous antidépresseur alors que ce risque n’a pas été retrouvé chez les adultes. C’est ce que montre une méta-analyse parue dans le BMJ destinée à évaluer les risques graves associés à la prise d’inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine et inhibiteurs de recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.
Pour cela les auteurs ont regardé quatre risques principaux : la mortalité et le suicide ainsi que l’agressivité et l’akathasie rapportés dans des études contrôlées en double aveugle versus placebo incluant plusieurs molécules : duloxetine, fluoxetine, paroxetine, sertraline et venlafaxine.
Les auteurs ont identifié 70 études répondant à leurs critères et incluant 18.526 patients, mais présentant un risque important de sous-estimation de ces risques. Leurs résultats montrent néanmoins que ces risques ne sont pas augmentés chez les adultes ou en tout cas pas de façon significative, alors que chez les enfants et adolescentes, le risque relatif de suicide est multiplié par 2,39 (1,31 à 4,33), et celui d’agressivité par 2,79 (1,62 à 4,81).
Référence :
Tarang Sharma et al.
Suicidality and aggression during antidepressant treatment: systematic review and meta-analyses based on clinical study reports
BMJ 2016; 352
09 02 16
« Pourquoi les médecins n’ont plus le moral »
Guillaume Guichard note en effet dans Le Figaro que « les médecins libéraux ont le moral en berne » : « Surcharge de travail, pratique de plus en plus encadrée… À l’heure où s’ouvre, jeudi, la grande conférence de santé souhaitée par Manuel Valls mais boudée par les représentants des praticiens libéraux, le mal-être de la profession n’a jamais été aussi profond ».
Le journaliste revient sur « le sondage grandeur nature de l’Ordre des médecins, réalisé fin 2015, [qui] traduit l’ampleur de ce mal-être. Pas moins de 57% des médecins se plaignent de la lourdeur de leur charge de travail. La quasi-totalité (97%) dit crouler sous les contraintes réglementaires, économiques et administratives ».
Le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’ordre des médecins, souligne ainsi que « les inquiétudes sont massives et partagées au sein de l’ensemble de la profession médicale ».
Guillaume Guichard continue : « Signe que quelque chose ne tourne pas rond chez les blouses blanches, les médecins ont manifesté en masse à Paris en mars 2015. En octobre dernier, les syndicats les plus contestataires sont sortis renforcés des élections professionnelles […] ».
Le journaliste souligne ainsi que « les jeunes délaissent la médecine libérale », évoque « une pratique de plus en plus contrôlée », ou encore aborde « la guerre des tarifs », notant qu’« entre 2012 et 2014, les revenus nets des généralistes ont progressé de 3,7% en moyenne par an alors que celui des ménages français était quasiment atone. Malgré cela, les médecins hexagonaux sont toujours moins bien rémunérés que leurs confrères allemands ou britanniques ».
10 02 16
Le poisson bon pour le cerveau malgré la contamination au mercure
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Une prise régulière de poisson entraine une accumulation de mercure dans le cerveau des consommateurs sans que ce phénomène ne soit associé à des problèmes ou symptômes neurologiques. C’est ce que montre une étude parue dans le Jama qui confirme par ailleurs le bénéfice d’une consommation régulière de poisson pour réduire le risque de démence.
Une consommation régulière de poisson entraine une augmentation du taux de mercure dans le cerveau des consommateurs mais sans que cela ne semble entrainer de neuropathologie. Elle est par contre également associée à moins de maladie d’Alzheimer. Telles sont les conclusions de travaux parus dans le Jama.
Compte tenu du bénéfice santé vanté pour les produits de la mer mais de leur contamination par le mercure, connue comme neurotoxine, les auteurs voulaient évaluer l’imprégnation en mercure chez les consommateurs réguliers de poisson et voir si cela était associé à des complications neurologiques. Pour cela, ils ont travaillé à partir de 554 personnes décédées et précédemment incluses dans une cohorte suivie entre 2004 et 2013 « Aging Project clinical neuropathological ».
L’âge moyen était de 90 ans. Ils ont effectué 286 autopsies de cerveaux chez ces individus. La consommation de poisson était connue grâce à des questionnaires alimentaires renseignés au cours des 4,5 ans précédant le décès.
Les résultats montrent que la concentration en mercure retrouvée dans les cerveaux autopsiés était corrélée à la fréquence de consommation de poisson chaque semaine. Néanmoins, les chercheurs n’ont retrouvé aucune corrélation entre les taux plus élevés de mercure et une quelconque maladie ou symptôme neurologique chez les patients.
En revanche, une consommation plus fréquente de poisson était associée à un risque réduit de développer la maladie d’Alzheimer après ajustement sur plusieurs facteurs dont le niveau d’éducation ou encore les apports énergétiques totaux. De même, la consommation d’acides gras oméga 3 était corrélée à une moindre incidence de lésions cérébrales, plaidant en faveur du maintien d’une consommation régulière de poisson.
Référence :
Martha Clare Morris et al.
Association of Seafood Consumption, Brain Mercury Level, and APOE ε4 Status With Brain Neuropathology in Older Adults FREE
JAMA. 2016;315(5):489-497
« Santé : l’inquiétante explosion des dérives sectaires »
Le Parisien indique en effet que « le président de la Mission contre les dérives sectaires, Serge Blisko, sonne l’alarme : les charlatans prospèrent sur le dos des malades vulnérables ».
Le journal publie un entretien avec le médecin, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui « constate l’inquiétante montée en puissance des dérives sectaires dans le domaine de la santé ».
Serge Blisko déclare notamment que « sur les 2.500 à 3.000 signalements qui nous sont faits chaque année, 40% concernent désormais le domaine de la santé, une proportion qui a doublé en 3 ans. C’est d’autant plus préoccupant que par essence, nous n’avons qu’une vision partielle du phénomène, beaucoup de victimes se sentant trop honteuses pour en parler ».
« Cela va de la charlatanerie, qui surfe sur l’engouement pour les médecines naturelles, aux véritables gourous, avec emprise mentale, financière et parfois sexuelle », continue le responsable.
Serge Blisko relève que « dans les cas les moins graves, le préjudice est uniquement financier et les produits inoffensifs, comme cette infusion aux vertus miracles, en fait du simple thé vert à 150 € la boîte… Mais on trouve aussi des substances dangereuses, ou qui rentrent en conflit avec un traitement classique ».
Le médecin ajoute que les victimes sont « souvent, mais pas exclusivement, des personnes malades. 60% des personnes atteintes d’un cancer font appel à des méthodes complémentaires : il peut s’agir de traitements d’appoint comme l’acupuncture, mais aussi de choses délirantes, comme l’ingestion d’huile essentielle de lin ou même d’urine… ».
Serge Blisko souligne qu’« il y a danger lorsque ces méthodes remplacent les traitements éprouvés. Il existe ainsi tout un courant qui prétend guérir le cancer par la psychologie et exclut tout recours à la médecine conventionnelle. L’un de ses tenants, Claude Sabbah, vient d’être condamné à 2 ans de prison et 30.000 € d’amende après la mort d’un adepte ».
Le responsable remarque ainsi qu’« il y a aujourd’hui en France entre 10 et 15 millions de personnes qui souffrent d’une affection de longue durée et qui doivent prendre un traitement, parfois à vie. Cela nourrit une angoisse permanente qui, ajoutée à la froideur technicienne de la médecine conventionnelle et à l’effondrement du maillage des médecins de famille, fait d’eux des proies potentielles. C’est particulièrement vrai avec le cancer, une pathologie très déstabilisante ».
Serge Blisko appelle à « une vigilance de tous, car les victimes appartiennent à toutes les classes sociales, leur seul point commun étant d’être vulnérables à un moment de leur vie. On a par exemple vu surgir, après les attentats, des thérapeutes sans diplôme se proposant – moyennent finances – d’aider les familles… ».
11 02 16
« Recherche : aux origines de la maladie d’Alzheimer »
Anne Jeanblanc remarque dans Le Point que « la maladie d’Alzheimer conserve – encore – bien des mystères, mais une importante pièce du puzzle pourrait être mise en place grâce à la création d’un nouveau modèle animal ».
La journaliste indique que « des chercheurs [de l’Inserm] viennent de «fabriquer» des souris transgéniques qui développent une affection très proche de la pathologie humaine. Ils ont pu ainsi «décortiquer» les premières étapes de l’affection «dans des conditions similaires à l’environnement cérébral humain» ».
Anne Jeanblanc note en effet que « même si les recherches concernant la maladie d’Alzheimer sont intenses depuis des décennies, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Les thérapies vraiment efficaces tardent à arriver. Pour les scientifiques, l’une des principales causes serait l’absence de modèles pertinents de cette pathologie si complexe ».
Jérôme Braudeau, chercheur à l’Inserm, observe que « les manifestations biologiques apparaissent bien avant le diagnostic clinique, parfois 20 ans auparavant. Il est donc difficile de comprendre les altérations initiales, à l’échelle cellulaire. Or la compréhension de cette phase infraclinique est probablement une étape décisive pour le développement de molécules thérapeutiques efficaces ».
Anne Jeanblanc souligne que « pour étudier la maladie, les chercheurs ne disposaient, jusqu’à présent, que de modèles animaux «utiles mais caricaturaux, assez éloignés de ce qui se passe réellement chez l’homme», comme l’indique Nathalie Cartier, directrice de l’équipe en charge de ces travaux ».
La journaliste explique que « cette fois, les chercheurs ont injecté les gènes mutés dans le cerveau de souris adultes saines, très précisément dans leur hippocampe – lieu de la mémorisation –, pour induire la pathologie comme cela se passe dans la réalité ».
« Cette approche a parfaitement fonctionné : les animaux ont présenté des anomalies cérébrales et ont commencé à manifester des troubles de la mémoire, mais avec des concentrations de protéines amyloïdes cohérentes avec la pathologie humaine, et sans formation de plaques amyloïdes », relève Anne Jeanblanc. Jérôme Braudeau remarque ainsi que « nos résultats sont parfaitement compatibles avec la progression de la maladie chez l’homme ».
« Reste à espérer que ce bon résultat débouchera sur la mise au point de traitements efficaces. Ce qui – malheureusement – prendra forcément du temps », conclut la journaliste.
15 02 16
« Anxiété : pas de hausse des médicaments en France en 2015 »
Le Point relate « une surprise », relevant qu’« après une année 2015 particulièrement angoissante pour les Français (attentats, chômage, crise des migrants, tensions politiques, sociales et communautaires, etc.), on pouvait s’attendre à une augmentation de la consommation des médicaments prescrits contre les troubles anxieux. Il n’en est rien ! ».
Le magazine indique en effet que « la Cnamts a transmis ses statistiques sur les médicaments remboursés traitant l’anxiété. En 2015, le nombre de boîtes de benzodiazépines anxiolytiques […] a diminué par rapport à 2014, précisément 702.999 boîtes en moins. Soit 48.974.172 en 2015, contre 49.677.171 en 2014, ce qui équivaut à une baisse de 1,42% ».
Le Point ajoute que « le nombre de boîtes de benzodiazépines hypnotiques […] remboursées en 2015 en comparaison de l’année précédente a lui aussi diminué : 219.935 boîtes en moins (6.511.693 en 2015, contre 6.731.628 en 2014), soit une baisse de 3,26%. Seuls les antidépresseurs inhibiteurs de recapture de la sérotonine, ainsi que la Venlafaxine, ont été légèrement plus prescrits et consommés puisque le nombre de boîtes remboursées a progressé de 222.718 unités (33.660.173 en 2015, contre 33.437.455 en 2014), soit plus 0,67% ».
L’hebdomadaire souligne que « ces résultats portent sur l’ensemble des produits, princeps et génériques, appartenant aux trois classes thérapeutiques classiquement indiquées dans le traitement médicamenteux des troubles anxieux. Il manque toutefois deux molécules hypnotiques très utilisées (zolpidem et zopiclone), qui ne sont pas de vraies benzodiazépines mais des analogues ».
Le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et président de l’Association française des troubles anxieux et de la dépression, réagit, observant que « la diminution de la consommation des benzodiazépines anxiolytiques se confirme entre 2014 et 2015, et surtout par rapport aux années passées. J’ai retrouvé des données relativement comparables qui indiquaient des ventes de 68,9 millions de boîtes en 1997 et 76,5 millions en 1991 ».
« Il demeure encore beaucoup d’utilisateurs de ces molécules, environ 10 millions de personnes, mais, grâce à l’information sur les risques et à quelques alternatives nouvelles, cette population est en baisse », poursuit le spécialiste.
Le Point remarque enfin qu’« on aurait pu penser que la gravité des événements survenus en France en 2015 participerait à l’accroissement du nombre de personnes souffrant d’anxiété pathologique. Il n’en est rien, au vu de ces données nationales portant sur l’une des deux solutions de prise en charge de ces troubles, la voie médicamenteuse ».
« Est-ce à dire que l’autre option, celle des psychothérapies, s’y serait substituée et cacherait un nombre croissant de nouveaux anxieux ? Rien ne permet de l’affirmer », précise le magazine.
Le Pr Pelissolo indique ainsi que « ce n’est pas parce qu’une population encaisse des traumatismes répétés que ses membres deviennent automatiquement et maladivement anxieux. Il existe heureusement des phénomènes de compensation : l’adaptation de l’humain à son environnement, la solidarité de groupe, la résilience, la résistance individuelle et collective, et bien d’autres mécanismes encore ».
16 02 16
« La ‘protection maternité’ pour les femmes médecins jugée discriminatoire »
Le Parisien se penche sur une « annonce de la ministre de la Santé [qui] n’a pas tardé à soulever un tollé. Marisol Touraine a, en effet, décidé [la semaine dernière] d’une nouvelle aide de plus de 3.000 € par mois pendant 3 mois pour les femmes médecins enceintes, en complément de l’actuelle allocation forfaitaire ».
Le quotidien observe que cette « nouvelle «protection maternité» [est] critiquée par les représentants des professions de santé non médecins qui en dénoncent le caractère «discriminatoire» et demandent son «élargissement immédiat» aux autres professionnelles de santé libérales ».
Le Parisien précise qu’« environ 15.000 femmes médecins en âge de procréer pourront en bénéficier, si elles ne pratiquent pas de dépassement d’honoraires ou si elles se sont engagées à les limiter via un contrat d’accès aux soins ».
Mais dans un communiqué commun, des syndicats de kinésithérapeutes (FFMKR, SNMKR), orthophonistes (FNO), sages-femmes (ONSF), podologues (Fnp), infirmiers (Sniil, Fni, Convergence infirmière, Onsil) audioprothésistes (Unsaf), orthoptistes (SNAO), dentistes (UJCD, CNSD), écrivent que « les professionnelles de santé non médecins ont droit tout autant que les femmes médecins à pouvoir être dégagées des préoccupations financières pendant leur grossesse ».
« Ils soulignent que l’ensemble des professions de santé est «soumis aux mêmes conditions très insuffisantes» en terme de couverture sociale pour les congés maternité », relève le journal.
Le Parisien indique en outre que « Marisol Touraine «souhaite une remise à plat» des rémunérations forfaitaires des médecins, qui s’ajoutent aux tarifs des consultations, jugeant le système actuel illisible ».
« Alors que l’Assurance maladie doit réaliser plus de 3 milliards d’euros d’économies en 2016, la ministre de la Santé rappelle également qu’elle souhaite «une hausse de la rémunération» des médecins, à 9 jours de l’ouverture des négociations entre les syndicats de médecins libéraux et l’Assurance maladie pour une nouvelle convention quinquennale », remarque le quotidien.
Le journal observe que « si le tarif de la consultation […] «n’a pas évolué depuis 2011, les autres rémunérations forfaitaires ont significativement augmenté», fait valoir la ministre, y voyant un gain d’«environ 3 € par consultation» ».
Marisol Touraine déclare cependant dans le Quotidien du médecin que ces rémunérations « ne sont pas lisibles. Les praticiens eux-mêmes sont perdus, avec des forfaits versés tous les 3 mois pour certains, pour d’autres une fois par an. L’une des difficultés de la convention sera de maintenir et d’étendre le principe de ces rémunérations forfaitaires, mais aussi de gagner en visibilité ».
Le Parisien relève par ailleurs que « concernant la lutte contre les déserts médicaux, Marisol Touraine refuse toujours des mesures contraignantes pour réguler l’installation des médecins. […] Elle préfère jouer sur «des conditions d’installations plus attractives» ». La ministre remarque toutefois que « si les incitations ne suffisent pas, des majorités nouvelles seront tentées par des mesures plus contraignantes ».
Enfin, à propos de la « «recertification» tous les 6 ans des praticiens, […] la ministre assure qu’il ne s’agit pas d’un «contrôle des connaissances» mais d’«un processus d’accompagnement (…) dans l’actualisation de leurs compétences» et d’un «outil pour d’éventuels changements de spécialité». Ce mécanisme «s’appliquera aux nouveaux inscrits» à l’Ordre et «reposera sur le volontariat» pour les autres », souligne le quotidien.
17 02 16
« Le burn out, une maladie mal définie »
Damien Mascret observe en effet dans Le Figaro que « quels que soient vos symptômes, vous ne souffrez pas de burn out. Cette maladie n’existe pas ! Elle est absente des grandes classifications internationales des maladies mentales (DSM-V américain, CIM-10 de l’OMS) encadrant la recherche internationale en psychiatrie. Et rien n’indique que cela soit envisagé prochainement ».
Le journaliste rend compte d’un rapport de l’Académie de médecine qui « reconnaît la réalité de la souffrance mais demande d’affiner le diagnostic » : « «Le terme de burn out renvoie à une réalité mal définie», souligne l’Académie. […] Une réalité qui va «d’un état de détresse psychologique, un état pathologique de syndrome d’inadaptation, à un facteur stressant chronique» ».
Damien Mascret explique que « l’important, pour les psychiatres, reste de bien poser le diagnostic. Est-ce une dépression d’épuisement ? Un état de stress post-traumatique ? Un trouble de l’adaptation ? Une pathologie anxieuse ? Loin d’être une coquetterie d’académicien, il s’agit de bien nommer les choses pour mieux les traiter ».
Le Pr Bruno Falissard, médecin pédopsychiatre, remarque ainsi que « le malade c’est la plainte, et les personnes en burn out sont des malades. Mais pour parler de maladie, il faut un ensemble de caractéristiques statistiquement associées (phénotypes) qui permet de déterminer un diagnostic, un pronostic et une thérapeutique ».
Le Pr Jean-Pierre Olié, corapporteur de l’Académie, observe quant à lui qu’« en l’état actuel, le burn out n’est pas un diagnostic médical. Mais il y a une réalité, décrite très finement il y a plus d’un demi-siècle par le psychiatre français Claude Veil, sous le nom d’épuisement professionnel ».
Ce dernier écrivait ainsi en 1959 que « l’état d’épuisement est le fruit de la rencontre d’un individu et d’une situation. L’un et l’autre sont complexes, et l’on doit se garder des simplifications abusives ».
« Tellement complexe qu’un demi-siècle plus tard l’Académie s’avoue toujours impuissante à démêler l’écheveau de la souffrance au travail. Les sages invitent les organismes en charge de la recherche médicale à définir des critères clairs, à identifier des mécanismes de la maladie et, in fine, à proposer des mesures de prévention et des traitements », indique Damien Mascret.
Le Dr Patrick Légeron, également corapporteur de l’Académie, souligne que « des recherches permettront peut-être de mieux délimiter le burn out, mais aujourd’hui il n’est pas sérieux, psychiatriquement, de valider ce diagnostic ».
Le Pr Olié ajoute qu’« il faut voir ce qui doit rester dans le champ de la détresse psychologique et ce qui doit entrer dans celui de la pathologie. Le ministère de la Santé doit absolument se saisir de cette problématique et ne pas la laisser entre les mains du ministère du Travail ».
Pierre Bienvault constate également dans La Croix que « l’Académie de médecine estime que le burn-out ne «peut être actuellement un diagnostic médical». Ce qui rend difficile sa reconnaissance, en l’état, comme une maladie professionnelle ».
Le journaliste relève que « cette prise de position intervient alors que Benoît Hamon doit présenter aujourd’hui une proposition de loi pour faire reconnaître le burn-out comme une maladie professionnelle. Le député (PS) avait déjà fait une première tentative dans le cadre de la loi sur le dialogue social, adoptée en juillet 2015 ».
Benzodiazépines et démence : la causalité reste à prouver
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Les benzodiazépines semblent bien associées à un risque accru de démence mais le lien de causalité reste à prouver. Des chercheurs américains montrent en effet que ce risque est augmenté chez les faibles utilisateurs mais pas chez les plus gros consommateurs. Ces travaux sont parus dans le BMJ.
L’association entre prise de benzodiazépine et risque de démence n’en finit décidément pas de faire couler de l’encre. Alors que des études suggèrent un lien de causalité entre les deux, une nouvelle étude parue dans le BMJ va à l’encontre de cette hypothèse en montrant que le risque de démence augmente chez les personnes faiblement ou modérément exposées au médicament mais pas chez celles soumises aux plus fortes doses.
C’est la conclusion des chercheurs américains qui ont effectué une étude de cohorte à Seattle incluant 3.434 personnes âgées de plus de 65 ans non démentes au moment de l’inclusion. Les capacités cognitives des participants étaient évaluées tous les deux ans permettant de suivre les trajectoires cognitives dans la cohorte et de diagnostiquer les cas de démence et de maladie d’Alzheimer.
Pour chaque participant, la consommation de benzodiazépine était par ailleurs connue et rapportée à une consommation quotidienne sur une période de dix ans.
Après un suivi moyen de 7,3 ans, près d’un quart des individus avaient développé une démence (23,2%, soit 797 personnes) dont 637 cas de maladie d’Alzheimer. Les auteurs ont constaté que le risque relatif de démence était augmenté de 25% à 31% chez les utilisateurs faibles à modérés de benzodiazépine par rapport aux personnes n’en ayant jamais consommé.
En revanche, ils n’ont pas retrouvé de sur-risque chez les plus gros consommateurs de ces médicaments, ce qui remet en cause selon les auteurs, l’hypothèse d’un lien de causalité entre le traitement et l’apparition de la démence.
Référence :
Shelly L Gray et al.
Benzodiazepine use and risk of incident dementia or cognitive decline: prospective population based study
BMJ
19 02 16
La marijuana mauvaise pour la mémoire verbale
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Le fait d’avoir fumé de la marijuana pendant la jeunesse est associé à une moins bonne mémoire verbale à l’âge adulte mais ne semble pas affecter les autres fonctions cognitives telles que les fonctions exécutives ou la vitesse d’exécution. C’est ce que montre une étude parue dans le Jama Internal medicine.
La consommation de marijuana pendant la jeunesse pourrait bien entrainer quelques séquelles cognitives chez l’adulte d’âge moyen. C’est ce que montrent des chercheurs américains qui se sont penchés sur les effets à long terme de sa consommation sur la mémoire et les fonctions cognitives (mémoire verbale, fonctions exécutives et vitesse d’exécution des tâches).
Pour cela, ils ont étudié l’association entre la durée cumulée d’exposition à cette substance au cours de la vie et les performances cognitives à l’âge adulte. Ils ont utilisé les données de la cohorte CARIA (Coronary Artery Risk Development in Young Adults) composée de 5.115 hommes et femmes âgés de 18 à 30 ans, de couleur noire ou blanche, suivis pendant 25 ans entre 1986 et 2011.
A l’issue de leur analyse, les chercheurs ont calculé que plus de 84% de leur échantillon avaient fumé pendant leur jeunesse et 11,6% étaient toujours des consommateurs réguliers à l’âge adulte. Ils ont alors constaté que ces derniers présentaient des troubles de la mémoire verbale ainsi que des problèmes dans la vitesse d’exécution de leurs tâches.
Quant aux individus qui s’étaient le plus longuement exposés au cours de leur vie, ils présentaient des altérations dans les trois composantes de la fonction cognitive explorées dans cette étude. Néanmoins après ajustement sur plusieurs facteurs (cardiovasculaires, usage d’autres drogues dont l’alcool, ou encore activité physique et dépression), seule la perte de mémoire verbale était encore significative avec un degré de perte corrélé à la durée d’exposition.
Référence :
Reto Auer et al.
Association Between Lifetime Marijuana Use and Cognitive Function in Middle Age. The Coronary Artery Risk Development in Young Adults (CARDIA) Study
JAMA Intern Med. Published online February 01, 2016
22 02 16
« Médecins, experts et chercheurs réunis pour définir le burn-out »
Le Monde indique en effet que « quelques jours après le dépôt d’une proposition de loi […] en faveur d’une reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, la ministre de la Santé a annoncé la mise en place d’un groupe de travail réunissant médecins, experts et chercheurs pour définir «médicalement le burn-out et la manière de le traiter» ».
Marisol Touraine a ainsi déclaré qu’« il est temps de regarder les choses en face. La souffrance au travail, c’est une réalité que l’on ne peut plus escamoter. […] Avant d’en faire une maladie professionnelle, il faut définir ce que c’est que cette maladie ».
Le Monde explique que « la proposition de loi [du député PS] Benoît Hamon suggère de faciliter l’instruction et la reconnaissance individuelle des cas d’épuisement professionnel par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles ».
« L’Académie de médecine a pour sa part réclamé dernièrement davantage de recherches sur le burn-out, un concept flou non reconnu à ce jour comme une pathologie médicale, alors même qu’il donne lieu à des symptômes désormais connus comme l’épuisement émotionnel ou la dépersonnalisation », poursuit le quotidien.
Le journal souligne que « les estimations sur le nombre de personnes touchées en France par le burn-out vont de 30.000, selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), à 3 millions, d’après un cabinet spécialisé dans la prévention des risques. A ce jour, aucun pays n’a encore reconnu le burn-out comme maladie professionnelle ».
Le Point relève également sur son site que « le burn-out [sera] bientôt défini médicalement ». Le magazine retient lui aussi que « pour Marisol Touraine, « il est temps de regarder les choses en face ». La souffrance au travail est « une réalité que l’on ne peut plus escamoter » ».
Le Point cite la ministre, qui a précisé : « Je vais mettre en place dans les prochaines semaines un groupe de travail – médecins, experts, chercheurs – pour définir ce qu’est médicalement le burn-out, la manière de le traiter, et après la ministre du Travail verra ».
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