03 05 16
« Nourrir les bébés prématurés au sein développe leur cerveau »
Le Parisien fait savoir qu’« une étude américaine révèle un nouveau bénéfice du lait maternel. Hormis ces vertus nutritionnelles, il rendrait le cerveau des bébés prématurés plus robuste et l’aiderait à se développer. Cet impact positif apparaitrait avec une alimentation quotidienne constituée d’au moins 50% de lait maternel ».
Le journal précise que « ces conclusions viennent d’être présentées à la réunion annuelle de la Pediatric Academic Societies à Baltimore », aux Etats-Unis.
Le quotidien note ainsi que « de nombreuses études ont montré que le lait maternel jouait un rôle protecteur face aux infections et maladies, l’inflammation aussi, grâce à sa composition riche en nutriments et en anticorps. Des chercheurs de l’université de Washington aux États-Unis ont pu constater, cette fois, les effets bénéfiques de l’exposition précoce au lait maternel sur le développement de l’enfant prématuré ».
Le Parisien explique que « l’équipe médicale a suivi 77 nourrissons prématurés d’au moins 10 semaines – pris en charge en soins intensifs – durant leurs premières années de vie, en analysant leurs développements moteur, cognitif et social à l’aide d’IRM ».
« À l’imagerie, plus la quantité de lait maternel était importante, plus la zone du cerveau associée à la cognition était importante. Des données qui suggèrent donc que le lait maternel à l’âge très précoce contribue à améliorer la cognition via le développement du cerveau », note le journal.
Il évoque un « autre constat : les prématurés dont l’alimentation quotidienne était constituée au moins à 50% de lait maternel ont un tissu cérébral et un cortex plus développés en volume que les bébés prématurés qui ont reçu moins de lait maternel, au même âge ».
« La corrélation entre le volume du cerveau et le développement cognitif est bien connue, ce qui rend cette donnée précieuse. En revanche, l’étude ne précise pas comment le lait maternel influe sur le cerveau ni quels sont les composants qui contribuent à favoriser le développement du cerveau », conclut Le Parisien.
« Changer le regard sur les troubles psychiques »
La Croix observe dans son cahier « sciences & éthique » qu’il n’est « pas si facile de balayer les préjugés liés aux troubles mentaux, ni d’intégrer dans la société ceux qui en souffrent. L’exposition « Mental désordre » [organisée à la Cité des sciences, à Paris] veut y répondre ».
Christine Legrand remarque ainsi que « selon l’OMS, 1 personne sur 4 souffrirait de troubles mentaux à un moment de sa vie. Même si ces termes recouvrent un large spectre de pathologies, de gravité et de durée très variables, ils constitueront en 2020 la première cause d’invalidité. Pourtant ils demeurent l’objet de préjugés tenaces ».
Luc Mallet, psychiatre et chercheur en neurosciences à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), souligne qu’« à chaque catégorie de maladie correspond un jugement moral. Les schizophrènes sont associés à une représentation de violence, alors qu’ils passent très exceptionnellement à l’acte, et sont au contraire plus souvent victimes d’agressions que les autres. Les troubles bipolaires bénéficient d’une image plus positive, alliant imprésivibilité et créativité – même s’il s’agit d’un autre stéréotype ».
Il ajoute que « les patients comme les familles vivent avec une grande difficulté ces stigmatisations ; elles génèrent un repli et un isolement qui peuvent être dramatiques ».
Christine Legrand observe ainsi qu’« elles entraînent un retard dans l’accès au soin et dans l’observance des traitements. Beaucoup n’osent pas aller consulter un psychiatre ou demander de l’aide », et note qu’il y a « plus de prises de parole et d’information. […] Des manifestations comme les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) connaissent un succès grandissant ».
La journaliste évoque « les avancées des neurosciences [qui] ont permis d’éclairer certains processus cérébraux mais sont loin d’en avoir percé les mystères », mais relève que « les progrès de la médecine ne suffisent pas à changer le regard. […] Les campagnes d’information auprès du grand public n’ont pas produit les effets escomptés. La piste explorée pour avancer serait plutôt, selon les experts, de faire «l’expérience de vie» avec les personnes qui en souffrent. L’intégration d’enfants différents dans les écoles pourrait porter ses fruits à long terme ».
Christine Legrand note ainsi que pour le sociologue Xavier Briffault, « plutôt que d’agir «sur la perception des causes en donnant des explications biologiques simplistes, qui viennent se substituer aux représentations morales», il vaudrait mieux agir sur «les conséquences de ces troubles sur la vie quotidienne», associer davantage les proches dans les stratégies thérapeutiques, leur apprendre quel comportement adopter ».
Le sociologue appelle à « mieux intégrer ces personnes dans la société et le monde du travail, y compris par un aménagement législatif ».
« Mais ce «partage d’expérience de vie» et cette «intégration» ont aussi leurs limites. Que faire face à un homme atteint de TOC sévères qui dépense 2 000 euros de lingettes par mois et fait vivre sa famille au sous-sol, car il a peur de salir sa maison ? Ou face à un malade qui reste chez sa mère de 75 ans et refuse de se faire soigner ? Ces questions restent sans réponse », remarque la journaliste.
04 05 16
« Malades du travail »
François Desnoyers constate dans Le Monde : « De 30.000 à… 3 millions. Telle est l’impressionnante fourchette qui permet d’évaluer, en France, le nombre de personnes touchées par le burn-out (épuisement professionnel) ».
Le journaliste indique que « le premier chiffre est avancé par l’Institut de veille sanitaire (InVS), le second par un cabinet spécialisé dans la prévention des risques. Une estimation pour le moins imprécise, qui en dit long sur la difficulté à appréhender aujourd’hui le phénomène ».
François Desnoyers rappelle que « Marisol Touraine a annoncé courant février la mise en place d’un groupe de travail chargé de définir «médicalement le burn-out et la manière de le traiter» », et relève que « si les travaux sur la définition du phénomène et sa prise en compte efficace en entreprise apparaissent considérables, les spécialistes du sujet s’accordent d’ores et déjà sur un constat : les cas de burn-out, et plus largement les risques psychosociaux, sont en croissance dans les milieux professionnels ».
Thierry Rochefort, professeur associé à l’Institut d’administration des entreprises de Lyon, note ainsi que « la montée du burn-out et des dépressions est aujourd’hui frappante et s’accompagne de taux d’absentéisme importants ».
François Desnoyers souligne notamment que « le nombre de dossiers présentés pour des affections psychiques devant les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles augmente sensiblement depuis 2012 ».
Virginie Loye, responsable des formations en ressources humaines chez Cegos, « spécialiste de la formation professionnelle », remarque pour sa part que « le niveau d’intensité du stress perçu par les collaborateurs et managers a presque doublé en un an : 72% des salariés et 79% des managers évaluent leur niveau de stress à 7 et plus [sur une échelle de 0 à 10], contre respectivement 38% et 41% en 2014 ».
François Desnoyers indique que « la question du burn-out, point extrême des pathologies psychiques subies en entreprise, n’est jamais loin : le baromètre Cegos précise qu’«un quart de la population interrogée déclare avoir subi au cours de sa carrière un problème psychologique grave, de type dépression ou burn-out» (19% chez les managers) ».
Le journaliste observe en outre : « Qu’ils soient jeunes diplômés ou cadres plus expérimentés, les salariés doivent faire face à «un travail plus complexe, des contraintes plus fortes, des temps de réalisation réduits dans un environnement moins porteur, du fait de l’éloignement croissant du management». Des évolutions au long cours, que le développement des technologies numériques a accentuées ces dernières années. Le climat économique morose ne pouvant, lui aussi, qu’encourager une telle tendance ».
06 05 16
Dépression : les formes durables et progressives associées au risque de démence
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
Si la dépression en général n’est pas associée à un risque accru de démence, les formes progressives sur plusieurs années pourraient en revanche être annonciatrices de la survenue d’une démence. C’est ce que montre une étude parue dans The Lancet psychiatry.
Si le lien entre épisode de dépression tardive et démence a été largement exploré, les données manquent sur le risque de survenue d’une démence chez des patients ayant connu une dépression au long cours avec ses phases de rémission et de rechutes.
C’est pourquoi des chercheurs ont revisité ce lien chez des patients souffrant de dépression sur une dizaine d’années. Ces personnes, à 60% des femmes, étaient âgées de 75 ans en moyenne et étaient originaires de Rotterdam aux Pays-Bas. Elles présentaient des symptômes dépressifs au moins au cours d’une visite de suivi entre 1993–95, 1997–99 ou 2002–04 mais aucun symptôme de démence.
Les auteurs ont distingué cinq trajectoires de dépression suivies par ces patients sur onze ans : symptômes légers, symptômes modérés à sévères mais à court terme, symptômes évoluant en sévérité puis rémission et enfin symptômes en progression régulière sur plusieurs années. Ils ont ensuite calculé le risque de démence pour ces différentes trajectoires selon deux modèles, l’un ajusté sur le sexe et l’âge uniquement, l’autre ajusté sur le statut APOEɛ4, le niveau d’éducation, l’indice de masse corporelle, le tabagisme, la consommation d’alcool, le score cognitif, l’usage d’antidépresseurs et l’état de santé au moment de l’inclusion.
Leurs résultats montrent que seules celles manifestant des symptômes dépressifs au long cours et en progression régulière en terme d’intensité ont un risque accru de survenue de démence par la suite.
Référence :
Saira Saeed Mirza et al.
10-year trajectories of depressive symptoms and risk of dementia: a population-based study
The Lancet Psychiatry online first 2016
09 05 16
« Face à la douleur, l’amitié plus forte que la morphine »
Le Parisien note qu’« avoir des amis permettrait de lutter plus efficacement contre la douleur que la morphine », selon une « étude menée par des chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et publiée […] dans Nature ».
Michel Lejoyeux, professeur de médecine à l’université Paris-Diderot, réagit : « C’est normal. Quand nous sommes en interaction avec nos amis, on libère des endorphines », « ces hormones du plaisir reconnues pour leurs propriétés analgésiques naturelles », note le quotidien.
Katerina Johnson, chercheuse en psychologie et principal auteur de ce travail, indique ainsi que « les endorphines ont un effet analgésique puissant, plus fort même que la morphine ».
Le Parisien explique que « 107 participants âgés de 18 à 35 ans ont dû exécuter l’exercice de la chaise, une position très inconfortable dans laquelle l’individu est assis dans le vide, le dos bien droit collé contre un mur et les genoux à 90 degrés ».
Le journal relève que « les participants avec un cercle amical bien garni ont résisté plus longtemps à la douleur. Et sans médicament ! ».
Le Dr Patrick Assoune, chef de service du centre d’étude et de traitement de la douleur à l’hôpital André-Mignot, à Versailles, remarque ainsi que « la morphine ne règle pas tous les problèmes, loin de là. Il ne faut pas négliger la composante psychique et affective du patient pour soulager sa douleur. […] Quand un patient est entouré de ses amis, il libère des neuromédiateurs, comme les endorphines ou la sérotonine, qui agissent sur l’humeur ».
Le Parisien livre l’exemple de Benjamin : « Ce jeune sportif de 28 ans, opéré d’une rupture d’un ligament croisé au genou droit en janvier 2015, est resté 4 jours hospitalisé. Avec pour seule distraction ses amis. Il se souvient encore de leur passage surprise à l’hôpital ».
Le jeune homme déclare que « c’était une bouffée d’oxygène, une forme de soutien qui m’a donné envie d’aller mieux plus vite. […] Les seuls échanges avec le personnel de l’hôpital, c’est : Bonjour, voilà les médicaments. Si vous avez mal appuyez là, ou voilà votre repas. Si pendant la nuit ça fait mal, on vous donne un deuxième comprimé. Tout le monde nous rappelle qu’on a mal ».
10 05 16
« Autisme : l’étonnante interdiction du packing »
Libération s’interroge : « Ségolène Neuville, secrétaire d’Etat en charge des Personnes handicapées, et médecin de formation, ne ferait-elle plus confiance aux études cliniques ? Elle vient de décider, dans une circulaire révélée par le site Hospimedia, que le «packing» serait interdit en France ».
Le journal rappelle que « le packing, c’est une technique devenue le symptôme des tensions dans la prise en charge de l’autisme. C’est une méthode d’enveloppement du corps de l’enfant dans des draps humides ou secs. Les draps sont peu à peu retirés, avec autour des personnes accompagnant l’enfant ».
« Apparue dans les années 60 en France, elle est utilisée, soit dans les cas d’autisme infantile «avec manifestations d’automutilations», soit dans les cas de «psychose avec tendance à l’agressivité destructrice». Le but étant de faire reprendre aux enfants une certaine conscience de l’image de leur corps », poursuit Libération.
Il cite la circulaire interdisant cette technique : « La signature des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens avec des gestionnaires d’établissements accueillant les personnes avec des troubles du spectre de l’autisme est [désormais] strictement subordonnée […] à l’absence totale de pratique du packing. […] Cette pratique doit être considérée comme une mise en danger de la santé, de la sécurité et du bien-être moral et physique ».
Le journal observe toutefois que « cette décision est prise alors que la secrétaire d’Etat avait demandé, il y a 2 ans, la réalisation d’une étude scientifique pluridisciplinaire sur cette pratique, afin de sortir des anathèmes. Cette enquête, réalisée par l’Inserm, doit être rendue publique le mois prochain et publiée dans une grande revue médicale. Elle semble indiquer l’efficacité de cette pratique, dans certains cas. Ségolène Neuville n’a donc pas jugé bon d’attendre ces résultats ».
13 05 16
« Suicide des jeunes : près d’un millier de morts par an »
Le Point constate que « le suicide d’une jeune femme qui s’est jetée sous un train tout en se filmant sur Periscope remet en lumière le drame du suicide des jeunes ».
Le magazine rappelle ainsi que « selon les dernières estimations, entre 600 et 1.000 adolescents mettraient fin à leurs jours chaque année en France. Le suicide représente actuellement la deuxième cause de mortalité entre 15 et 24 ans (après les accidents de la route), selon l’Union nationale pour la prévention des suicides ».
« Si les tentatives se comptent en dizaines de milliers, leur nombre est en revanche impossible à préciser. Les études montrent que les tentatives qui aboutissent à la mort sont plus fréquentes chez les garçons », continue l’hebdomadaire.
Le Point rappelle en outre que « des violences sexuelles ou psychologiques sont fréquemment retrouvées chez les jeunes qui veulent mettre fin à leurs jours. D’une façon générale, les deux principaux facteurs de risque sont des problèmes familiaux et sentimentaux. Une récente étude réalisée dans trois pays du nord de l’Europe (Danemark, Finlande et Suède) montre aussi que le suicide de l’un des parents, pendant l’enfance, double les risques pour la génération suivante, notamment si le drame s’est produit quand l’enfant avait moins de 6 ans ».
Le magazine indique que « pour aider au mieux les ados en plein désarroi, les spécialistes conseillent d’abord de prendre au sérieux les causes à l’origine de leurs pensées suicidaires. Il ne faut surtout pas les minimiser, encore moins en rire ».
« Il faut au contraire aborder le sujet, engager la discussion, valoriser le jeune, ne pas fuir le sujet du suicide et surtout faire appel à un professionnel de santé si la situation perdure. Les spécialistes mettent en garde contre toute amélioration trop soudaine de l’état affiché par l’ado car cela précède parfois le passage à l’acte », continue l’article.
« Alcool : les objets publicitaires vont être interdits aux moins de 18 ans »
Le Parisien indique en effet qu’« un projet de décret, ramification de la loi de modernisation de notre système de santé votée en janvier dernier, vient d’être présenté à la Commission européenne. Seront proscrits de cession aux mineurs «les jeux, vêtements, accessoires de mode, éléments décoratifs, ustensiles, accessoires pour équipements électroniques ou tout autre objet incitant directement à la consommation excessive d’alcool», précise le décret ».
Le ministère de la Santé, « à l’origine de cette mesure qui n’a paradoxalement pas été étendue aux jeux vidéo où la consommation d’alcool est pourtant très présente », précise : « Notre but est de combattre l’image festive et conviviale de nombreux objets faisant la promotion de l’alcool. Cela peut concerner aussi bien des tee-shirts que des coques de smartphones ou des jeux à boire ».
« L’alcoolisation des jeunes est devenue un fait de société. Les risques, importants, sont souvent relativisés. Ils peuvent être immédiats (comas éthyliques, comportements dangereux) ou sur le long terme (cancers) », ajoute le ministère.
Le Parisien cite un distributeur de ces produits, qui s’interroge : « La mise en œuvre va être délicate. Comment trier ? ». « D’autant que la législation pour provocation à la consommation excessive d’alcool d’un mineur prévoit de punir les enseignes ou les marques tentées de contourner le décret d’un an d’emprisonnement et de 15.000 € d’amende », observe le quotidien.
Brasseurs de France, « qui fédère la plupart des professionnels de la bière », remarque pour sa part que « tout ce qui peut aider à préserver les jeunes est une bonne chose ».
Le Parisien note que « la mesure attend la ratification des Etats membres de l’Union européenne, qui ne semble faire aucun doute, avant d’être applicable d’ici 3 à 6 mois ».
Les troubles psychiques des adolescents et jeunes adultes atteints d’hémopathie maligne sont-ils sous-estimés ?
Par le Dr Jean-Pierre Mérel (CHU de Montpellier) [Déclaration de liens d’intérêts]
Article commenté :
Psychological morbidities in adolescent and young adult blood cancer patients during curative-intent therapy and early survivorship
Muffly LS, Hlubocky FJ, Khan N et al.
Cancer. 2016 ; 122(6):954-61
► Retrouvez l’abstract en ligne
Les hémopathies cancéreuses « agressives » telles que les leucémies aiguës et certains types de lymphomes ont une fréquence élevée parmi les cancers des adolescents et jeunes adultes (AJAs).
Si une grande partie d’entre eux parviennent à la guérison, c’est au prix de traitements nécessitant une chimiothérapie pouvant s’étendre sur plusieurs mois ou années, et pouvant inclure radiothérapie et transplantation de cellules hématopoïétiques. La menace d’une rechute dans les 2 ans suivant l’achèvement du traitement y est réelle.
Par ailleurs les AJAs sont considérés comme ayant à traverser une période de la vie plus particulièrement vulnérable sur le plan psychique et le cancer les confronte à des problèmes considérés comme spécifiques (fertilité, socialisation, emploi, coût financier).
Telles sont les bases qui servent d’argumentaire à cette recherche visant à établir la fréquence des troubles psychologiques dans une population d’AJAS atteints d’hémopathies malignes, pendant la phase de traitement à visée curative, mais aussi dans les deux ans suivant la fin de la cure (phase précoce de survie).
Sur 61 jeunes patients inclus, 26 étaient en cure, 35 en période précoce de survie (médiane : 13 mois après diagnostic) ; leur âge moyen était de 26 ans (de 15 à 39 ans). Ils ont été évalués au cours d’entretiens semi-structurés incluant la mesure par des échelles validées de l’anxiété, de la dépression et du stress post-traumatique.
En parallèle, 15 professionnels spécialisés en hématologie et oncologie (médecins, infirmiers) ont effectué, en duo, la mesure de leur propre perception des mêmes troubles psychiques pour les 30 premiers des patients inclus.
Les résultats confirment la prévalence des troubles psychiques chez ces patients : 23% présentaient les critères de trouble anxieux, 28% ceux de dépression, 13% ceux de PTSD ; 46% avaient des symptômes de stress post-traumatique. Trente-neuf pour cent étaient affectés d’un ou plus de ces troubles, qui ont été retrouvés aussi fréquemment chez les sujets en traitement que chez les patients en période précoce de survie.
Il est tout aussi intéressant de noter l’absence de congruence entre l’évaluation des troubles et la perception que les soignants en avaient, qui significativement sous-estimaient l’existence des morbidités psychiques.
Voilà qui doit conduire à sensibiliser la communauté oncologique s’occupant d’AJAs à la détection de ces troubles. Sur le plan méthodologique on pourra cependant regretter l’absence d’un groupe témoin de sujets sains de la même tranche d’âge.
Pour ce qui serait de la spécificité de leur prise en charge, à quoi semblent conclure les auteurs, celle-ci ne nous paraît pas simple à définir : ne serait-ce que parce que le groupe « AJAs » nous semble trop étendu.
Que le temps de l’adolescence ne s’arrête pas à l’âge de la majorité, chacun peut en convenir ; mais quels points communs existent-ils sur le plan psychologique comme social entre un « jeune » adolescent de 15 ans et un « jeune » adulte de 39 ? La comparaison de 2 sous-groupes 15-25 ans et 26-39 ans nous aurait peut-être éclairés.
17 05 16
« Les micro-AVC, des alertes à ne pas prendre à la légère »
Anne Prigent observe dans Le Figaro qu’« entre 10.000 et 20.000 accidents vasculaires cérébraux (AVC) pourraient être évités chaque année. Comment ? En prenant en charge dans les 24 heures les accidents ischémiques transitoires (AIT), ces prémices de l’attaque cérébrale ».
« Comme l’a révélé une étude publiée dans le New England Journal of Medicine […], cette prise en charge précoce réduit de moitié le risque d’AVC dans les 3 mois qui suivent », indique la journaliste.
Anne Prigent rappelle que « les micro-AVC se manifestent comme les AVC : paralysie ou anesthésie d’un membre, trouble de la vision, de l’équilibre ou encore perte de la parole. Mais ces troubles durent peu, à peine quelques secondes ou minutes. Lorsque rien n’est fait, 12% à 20% de ces symptômes, dont le caractère transitoire est faussement rassurant, seront suivis d’un AVC, avec un risque majoré dans la première semaine ».
Le Pr Pierre Amarenco, chef du service de neurologie à l’hôpital Bichat à Paris et coordonnateur de l’étude, souligne ainsi que « lorsque les patients arrivent aux urgences suite à un AIT, les symptômes ont disparu et souvent ils sont renvoyés pour faire des examens complémentaires qui vont prendre 8 à 15 jours. Or il faut une solution immédiate ».
Anne Prigent note que selon ce travail, « l’évaluation rapide des causes de l’AIT chez les patients permet de faire chuter le risque d’AVC ultérieur de 12% à 6%. Pour le Pr Amarenco, ces résultats spectaculaires plaident pour la multiplication des cliniques SOS-AIT, comme il en existe pour le moment seulement deux en France (l’une à Paris à et l’autre à Toulouse) ».
Anne Prigent explique que « dans ces centres, l’objectif est de réaliser tous les examens (IRM comprise) en moins de 3 heures. À l’issue de ce bilan, un quart des patients sera hospitalisé pour un traitement immédiat et les trois quarts restants vont rentrer chez eux avec une ordonnance et des médicaments destinés à prévenir la survenue d’une attaque cérébrale ».
Le Pr Norbert Nighoghossian, chef de service de neurologie vasculaire au CHU de Lyon, remarque ainsi que « la prise en charge des AVC a subi une véritable révolution ces 25 dernières années, qui s’est concrétisée par la mise en place d’unités neuro-vasculaires. Avec les AIT, nous sommes dans l’étape suivante, qui permettra d’éviter des accidents lourds, source de mortalité et de handicap ».
La journaliste souligne toutefois qu’« alors que le Royaume-Uni a créé plus de 200 structures pour les AIT depuis une dizaine d’années, la France reste à la traîne. Un retard qu’il paraît aujourd’hui urgent de rattraper car, en l’absence de ces structures, la prise en charge des AIT est souvent différée ou insuffisante. […] L’enjeu de santé publique est de taille. Car lorsque l’attaque cérébrale survient, en moyenne seuls 5% des patients français reçoivent un traitement efficace dans un délai de 6 heures ».
« Rire ? Un drôle de médicament »
Le Parisien remarque en effet : « Aux éclats, en cascade, en grelot, à en avoir mal au ventre, à se rouler par terre, avec ou sans raison, lâchez le rire qui sommeille en vous : votre corps vous remerciera ».
Le journal explique que « preuves et études à l’appui, rigoler régulièrement se révèle aussi efficace – gratuit et sans effets secondaires – que nombre de pilules vite avalées, pour dormir, digérer ou chasser le stress. Mais si enfant on se bidonne jusqu’à 300 fois par jour, adulte, on ne s’esclaffe plus, au mieux, qu’une vingtaine de fois. Et encore. Un tiers des grandes personnes n’atteindrait même pas la minute de rire quotidien ».
Le Dr Henri Rubinstein, spécialiste de l’exploration du système nerveux, souligne que le rire est « une véritable onde musculaire, qui part du visage et se diffuse dans tout le corps, suivie d’une période de relaxation, telle que certains doivent s’asseoir ».
« Dans le seul visage, il actionne déjà une soixantaine de muscles, dont les célèbres zygomatiques. Au milieu du thorax, il contracte le diaphragme. Ce muscle en coupole chapeautant tous les organes de l’abdomen, il leur impose sa gym, qui libère les sucs gastriques, et les masse, favorisant la digestion. Le diaphragme étant aussi LE muscle de la respiration, les poumons, situés au-dessus, en profitent », poursuit le quotidien.
Le Parisien ajoute que le rire est « beaucoup plus efficace pour oxygéner le corps entier, jusqu’au cerveau, qu’une respiration «normale». En riant, on déplace «jusqu’à 2,5 l d’air, contre 0,5 l habituellement» : jusque dans les recoins d’alvéoles pulmonaires rarement aussi bien irriguées, ce qui en augmente les défenses immunitaires. Un raz de marée d’air qui contribue aussi à éliminer du cholestérol ».
« Brièvement accéléré par la petite décharge d’adrénaline au moment où vous vous mettez à pouffer, le cœur, lui, fait mieux circuler le sang, les risques de caillots et la tension artérielle diminuent », poursuit le quotidien. Il note en outre que « si ça fait autant de bien au moral, si l’on ne dort jamais aussi bien qu’après un repas dans la bonne humeur ou sortant d’un spectacle comique, c’est que le rire déclenche aussi un orage cérébral bienfaiteur ».
« A lui seul, outre l’adrénaline, il est capable de faire sécréter plusieurs hormones indispensables au fragile équilibre de la transmission entre neurones. La dopamine et la sérotonine, qui régulent l’humeur et pour la seconde également le sommeil ; les endorphines qui, lorsque leurs taux augmentent, abaissent la douleur », relève le journal.
Le Parisien souligne enfin que « dans les services hospitaliers pour enfants où interviennent les clowns de l’association le Rire Médecin, les soignants observent ainsi une baisse de 30% de consommation d’antidouleur après leur passage ».
« La chaleur infrarouge efficace pour traiter la dépression »
Le Parisien fait savoir que « des chercheurs américains viennent de montrer que l’exposition de la peau à la chaleur infrarouge pouvait reproduire les effets des anti-dépresseurs en stimulant la production de sérotonine, l’hormone liée à la régulation de l’humeur ».
Le journal relaie ainsi les résultats de ces travaux présentés aujourd’hui à la conférence de la Society of Biological Psychiatry à Atlanta, et parus dans le Jama Psychiatry. Le quotidien explique que « les chercheurs de l’université de Wisconsin-Madison aux États-Unis viennent de montrer la nette amélioration de la santé mentale de patients dépressifs exposés à des lumières infrarouges. On comprend mieux les effets antidépresseurs du soleil ».
« En augmentant ainsi leur température corporelle, 40% d’entre eux ont connu une rémission après un seul traitement. Et l’effet est durable puisque les sujets se portent mieux après 6 semaines de traitement », observe Le Parisien.
Le journal précise que les auteurs « ont suivi 338 volontaires, classés sur une échelle de 0 à 19 selon la gravité de la dépression. 0 à 7 réfère à un état normal, 8 à 13 à la dépression douce, 14 à 18 à une dépression modérée et 19 et plus à une dépression grave ».
« L’expérience a placé les patients dans un dispositif d’hyperthermie par lumière infrarouge chauffant leur poitrine et leurs jambes. Au bout d’une heure trente d’exposition, leur température corporelle est montée à 38,5 degrés, imitant une fièvre modérée », poursuit Le Parisien.
Le quotidien indique que « 14 [participants] ont été soumis à un « faux test » avec des ventilateurs et lumières peu chauffantes. L’idée était de leur faire croire que leur corps était exposé à la même chaleur que l’autre groupe ».
« Une semaine après le traitement réel, l’état de santé des 34 patients les plus sévères s’est amélioré en moyenne de 5,67 points de plus sur l’échelle de référence que les patients soumis au « faux test » et une différence moyenne de 4,83 points après 6 semaines », relève Le Parisien.
Le journal note que selon les auteurs, « la chaleur stimulant la peau active des cellules productrices de sérotonine qui modifient le fonctionnement du cerveau. Autrement dit, la chaleur transmise par la peau rend le cerveau heureux ».
« Si payer les femmes enceintes pour ne plus fumer fonctionne, la moralité n’a pas d’importance »
Le Parisien observe qu’une « étude lancée le 7 avril dans 16 maternités françaises sur l’incitation financière chez les femmes enceintes pour arrêter de fumer a choqué de nombreuses personnes. La méthode testée en Grande-Bretagne et aux États-Unis a pourtant révélé des résultats positifs ».
Le journal remarque que « pour le Dr Ivan Berlin, docteur en pharmacologie à l’hôpital Salpêtrière à Paris qui dirige cette étude, face à un problème de santé publique majeur, il faut tout essayer pour éviter aux enfants de naître des troubles graves ».
Le Parisien rappelle en effet qu’« arrêter de fumer avant 4 mois de grossesse évite d’exposer l’enfant à des complications lié à un poids de naissance trop faible », mais note que « 20% des femmes françaises enceintes continuent de fumer tout au long de leur grossesse. Un record européen révélé en février 2015 par le ministère de la Santé ».
Le quotidien précise que « l’étude, financée par l’Institut national du cancer, concerne 400 femmes volontaires, majeures, qui sont enceintes de moins de 4 mois et demi et fument un minimum de 5 cigarettes par jour. Elles recevront en moyenne 300 €. L’expérimentation […] doit durer 2 ans ».
Le Dr Berlin déclare ainsi qu’« il faut donner sa chance à toute méthode qui peut fonctionner. Pour le moment rien n’existe en France pour aider les femmes enceintes fortement dépendantes à arrêter de fumer. Les femmes savent très bien qu’il ne faut pas fumer en attendant un enfant, mais être enceinte n’est pas une motivation suffisante pour certaines. Il y a des marqueurs biologiques indépendants de la volonté, souvent présents jeune dans la vie de ces femmes, qui indiquent que l’emprise physiologique du tabac est très élevée. Si payer les femmes enceintes pour ne plus fumer fonctionne, comme des études anglo-saxonnes le prouvent, la moralité n’a pas d’importance ».
Le spécialiste explique que « donner la possibilité aux femmes d’aller s’acheter des vêtements ou des produits culturels via les bons d’achat va activer un processus de plaisir et de récompense autre que la cigarette qui va faire contre-poids au besoin compulsif du tabac. Une étude écossaise, publiée en janvier 2015, montre que 23% des femmes ayant reçu une incitation financière étaient parvenues à arrêter la cigarette contre 9% parmi celles qui n’avaient reçu aucune rétribution ».
Concernant l’arrêt du tabac à 4 mois de grossesse, le Dr Berlin souligne que « la situation est en effet récupérable. C’est un compromis. On gagne en termes de poids de naissance – un critère majeur dont découlent les complications comme le retard de croissance, le risque accru d’asthme, d’obésité. 150.000 enfants qui naissent en France chaque année sont sous tabagisme actif, avec une probabilité de développer des troubles du comportements, et une attirance vers les substances et les drogues ».
Le chercheur ajoute que « des études ont montré que 50% des femmes refument après l’accouchement, mais ce n’est pas le sujet de notre étude et la santé de l’enfant n’est plus concerné. Nous allons cependant suivre ces femmes jusqu’à 6 mois après la naissance, nous aurons donc des chiffres précis ».
19 05 16
« La lumière verte pourrait dompter la migraine »
Le Parisien constate en effet qu’« une étude israélienne, publiée dans « Brain« , révèle les vertus anti-migraineuses de la lumière verte. Cette découverte prometteuse pourrait aboutir à la conception de lunettes thérapeutiques ».
Le journal note ainsi que « des chercheurs israéliens du « Beth Israel Deaconess Medical Center » (BIDMC) ont constaté que les personnes souffrant de migraines sévères voyaient l’intensité de la douleur se réduire significativement quand on les exposait à une bande lumière verte ».
Le quotidien explique que « les chercheurs ont soumis les participants à des lumières de couleurs différentes : rouge et bleue, verte et ambre. D’après les résultats, 80% des patients ont vu leur état empiré à la vue de toutes les couleurs sauf le vert. La lumière de couleur verte a même réduit la douleur d’environ 20% ».
Le Parisien relève que « pour comprendre ce phénomène, les scientifiques ont mesuré l’ampleur des signaux électriques produits par la rétine de l’œil et le cerveau de ces patients en réponse à chaque couleur de lumière. Ils ont constaté que des lumières rouges et bleues produisaient de plus grands signaux tant dans la rétine que dans le cortex. A contrario, la lumière verte produisait les signaux les plus petits ».
Le journal note par ailleurs que « ce résultat corrobore une précédente étude menée sur des rats migraineux. Les neurones du thalamus – zone du cerveau qui transmet des informations sur la lumière de l’œil au cerveau, révélaient être plus sensibles à la lumière bleue et moins sensibles à la verte ».
Le quotidien indique enfin que « le Dr Rami Burstein du Beth Israel Deaconess Medical Center travaille désormais à l’élaboration d’une ampoule de basse intensité qui émet une lumière verte pure ainsi que des lunettes de soleil capables de filtrer toutes les couleurs sauf cette source verte. Actuellement, cette technologie existe, mais elle concerne les microscopes de laboratoire à un prix très coûteux ».
23 05 16
« Les smartphones peuvent vous rendre hyperactifs »
Elena Sender relève dans Sciences et Avenir que « les smartphones et autres nouvelles technologies pourraient causer des symptômes similaires à l’hyperactivité, plus savamment nommée « trouble avec déficit d’attention avec ou sans hyperactivité » (TDAH) ».
« Selon, en tout cas, une étude des universités de Virginie et de Colombie Britannique, menée par trois chercheurs (Kostadin Kushlev, Jason Proulx et Elizabeth Dunn) et présentée à la conférence Human-Computer Interaction à San José », indique la journaliste.
Elena Sender note ainsi que « des enquêtes américaines montrent qu’aux Etats-Unis, 7 Américains sur 10 utilisent leur smartphone en travaillant, 55% en conduisant, 33% à un diner galant, et même 9% admettent consulter leur téléphone pendant leurs ébats sexuels ! ».
Kostadin Kushlev, chercheur en psychologie de l’université de Virginie, remarque que « selon les estimations, certaines personnes consultent leur téléphone plus de 100 fois par jour et passent près de 2 heures à l’utiliser », et s’interroge : « Ce déluge d’alertes de smartphones et de notifications contribue-t-il à une augmentation des symptômes de TDAH dans la population générale ? ».
Elena Sender explique que les chercheurs « ont décidé de mesurer l’impact de ces technologies envahissantes sur nos comportements, avec un protocole somme toute assez simple. 221 étudiants de l’université de Colombie Britannique, issus de la population estudiantine générale (non diagnostiqués hyperactifs) ont été assignés, pendant une semaine, à « maximiser » les interruptions venant de leur téléphone ».
La journaliste précise qu’« ils ont dû garder leur smartphone allumés près d’eux en permanence, en activant les alertes et notifications. La semaine suivante, ces mêmes participants ont, au contraire, dû « minimiser » les interruptions, en éloignant leur téléphone et en maintenant inactives les alertes et notifications. A la fin de chaque semaine, ils ont complété un questionnaire portant sur leurs comportements ».
Elena Sender note que « sans surprise, les résultats ont montré que les participants avaient des niveaux d’inattention et d’hyperactivité plus élevés quand les alertes étaient allumées ».
Les chercheurs ajoutent que « même les gens qui n’ont pas été diagnostiqués hyperactifs peuvent expérimenter des symptômes du trouble TDAH, tels que la distraction, la bougeotte, de la difficulté à rester assis, de la difficulté à faire des tâches et des activités calmes, de l’agitation et une difficulté à la concentration, ainsi que le fait de s’ennuyer facilement en essayant de se concentrer ».
Gabriel Wahl, psychiatre et pédopsychiatre français, souligne toutefois que « si la distractibilité est induite, elle ne peut être comparée à un trouble, sauf si elle venait à se pérenniser au-delà de l’effet du distracteur ».
Les chercheurs américains indiquent ainsi que « tout comme nous ne suggérons pas que les interruptions du téléphone peuvent causer le TDAH, nous ne prétendons pas que réduire les interruptions téléphoniques peut le traiter ».
« Ce que nos résultats suggèrent c’est qu’être constamment interrompu par des alertes et des notifications peut contribuer à une augmentation problématique du déficit d’attention dans notre société numérique connectée. Dans cet âge de stimulations numériques incessantes, nous espérons que nos résultats stimuleront de futures recherches sur la manière dont les gens peuvent prendre le contrôle sur leur attention », ajoutent les auteurs.
24 05 16
« La réalité virtuelle au secours des phobies »
La Croix observe qu’à l’hôpital de la Conception, à Marseille, « un psychiatre utilise des casques de réalité virtuelle et d’univers associés pour traiter les phobies. Les patients, «virtuellement» confrontés à la situation redoutée, sont amenés à affronter leur peur, à leur rythme ».
Le journal note ainsi que « depuis la semaine dernière, tous les professionnels de la santé mentale peuvent s’ils le souhaitent proposer à leurs patients la thérapie par exposition à la réalité virtuelle pour soigner leurs phobies. La société toulonnaise C2care loue à cet effet des casques et des téléphones portables contenant 8 univers qui couvrent les phobies courantes (peur du vide, de la foule, des lieux fermés…) ».
Pierre Gadea, cofondateur de C2Care, souligne que « 11% des Français sont concernés », « une clientèle potentiellement encore plus importante «si l’on y inclut les personnes anxieuses et stressées». Il propose ainsi un module de relaxation, avec feu de camp crépitant en 3D et compte bientôt étendre ses univers virtuels aux addictions (tabac, alcool) et aux troubles alimentaires », continue le quotidien.
Éric Malbos, psychiatre à l’hôpital marseillais, souligne que « la technologie va se généraliser ». La Croix explique qu’il « a participé à la conception de ces logiciels. Ce passionné de jeux vidéo de 41 ans est l’un des trois praticiens français à recourir à la réalité virtuelle dans sa pratique. […] Ce psychiatre, doté d’un casque coûtant 10.000 €, a ainsi conçu seul une vingtaine d’environnements virtuels ».
« Un échantillonnage unique en France qui couvre la peur de l’avion, des oiseaux, du sang, ou encore… le sevrage tabagique. L’idée est d’aider le patient à ne pas rechuter en le confrontant à autant de bars enfumés, par exemple… », continue le journal.
Éric Malbos indique qu’« en réalité virtuelle, le patient trouve le courage d’affronter la situation qu’il redoute dans le cadre rassurant de l’hôpital et à son rythme en contrôlant les paramètres. […] Le taux de réussite atteint 90% ».
La Croix précise que « pour mesurer objectivement l’apport de la réalité virtuelle, Éric Malbos utilise l’imagerie cérébrale, afin de déterminer les zones du cerveau activées par la 3D. Il coordonne actuellement plusieurs études, dans le cadre de l’aide au sevrage tabagique et du traitement du vertige. Et a lancé deux autres protocoles visant les dépressions profondes et l’inquiétude chronique ».
« Arrêter de fumer un mois… et peut-être définitivement »
La Croix note à son tour que « le ministère de la Santé vient d’annoncer l’organisation en novembre prochain d’une opération d’un «mois sans tabac». L’idée vient d’Angleterre où, depuis 2012, existe un programme collectif d’aide à l’arrêt du tabac, inspiré des techniques de «marketing social» », explique le journal.
Le quotidien relève que « ce projet est porté par Santé publique France, la toute nouvelle agence sanitaire créée par les pouvoirs publics », son directeur général, le Pr François Bourdillon, précisant : « L’objectif est de créer un événement autour du tabac au deuxième semestre. En janvier, beaucoup de fumeurs prennent de bonnes résolutions en se disant qu’ils vont arrêter. Le 31 mai, il y a la Journée mondiale sans tabac. Et notre but est de lancer, durant tout le mois de novembre, une grande mobilisation à la fois nationale et locale pour favoriser les tentatives d’arrêt ».
Le Pr Bourdillon explique que « ce délai [d’un mois] vient de l’expérience de la recherche clinique. Au bout de 28 jours, la dépendance est moins forte et il y a 5 fois plus de chances d’arrêter pour de bon ».
La Croix ajoute que « proposer de s’arrêter un mois plutôt que définitivement «permet de faciliter l’engagement des fumeurs dans la démarche d’arrêt», soulignait en mai 2015 l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) ».
Le journal remarque ainsi qu’« en 2012, l’agence sanitaire publique (Public Health England) a lancé l’opération Stoptober. Une sorte de grand défi collectif visant à inciter les fumeurs à ne plus toucher à une cigarette à partir du 1er octobre et pendant 28 jours ».
« Au départ, chaque fumeur désireux de relever ce défi est invité à s’inscrire sur le site de la campagne. Ce qu’ont fait 215.000 Britanniques à l’automne dernier. Ensuite chacun reçoit un kit d’aide à l’arrêt du tabac, avec notamment une application sur smartphone. Et durant tout le mois d’octobre, de nombreuses manifestations sont organisées dans le pays par des professionnels de santé mais aussi par des entreprises ou des universités », poursuit le quotidien.
Le Pr Bourdillon précise que « comme en Angleterre, notre volonté ne sera pas de communiquer sur les risques liés au tabac mais sur tous les bénéfices d’un arrêt dans un esprit de partage des solutions ».
La Croix ajoute que « l’objectif est aussi d’utiliser en France des techniques de «marketing social» ». Karine Gallopel-Morvan, enseignante à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, explique qu’« il s’agit de s’inspirer des techniques commerciales utilisées par les entreprises. Avec comme objectif d’arriver à modifier les comportements d’un certain nombre d’individus dans un sens favorable à leur bien-être et à la santé publique ».
27 05 16
« En médecine, ils apprennent en jouant »
Le Parisien remarque en effet que « futurs neurologues ou généralistes, des étudiants s’entraînent à reconnaître des syndromes neurologiques en incarnant la maladie ». Le journal livre un reportage dans l’amphithéâtre Charcot à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), « à l’occasion d’un examen final plutôt cocasse, tranchant avec l’austérité de ce haut lieu de la neurologie », où se déroulent des « exercices de « médecine réalité » inédits ».
Le quotidien relate ainsi : « La femme titube, s’accroche aux personnes à proximité pour éviter de tomber. Elle a aussi des nausées. Pour le commun des mortels, il s’agit d’une femme qui a trop bu. Pour ces étudiants en troisième année de médecine, c’est la manifestation clinique d’un syndrome neurologique, le syndrome vestibulaire, que l’on retrouve notamment chez des patients qui souffrent d’une sclérose en plaques ».
Le Parisien explique que « des étudiants de la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie se sont transformés en patient, et donc en comédiens d’un jour, pour mimer des symptômes de maladies touchant le cerveau, comme Parkinson ou Alzheimer. Plusieurs équipes de ces apprentis médecins ont ainsi défilé devant un jury de chefs de clinique qui avait préalablement tiré au sort un trouble neurologique à incarner ».
« Leur mission ? Désigner la meilleure prestation. Ça vous rappelle une téléréalité ? C’est normal, l’exercice est calqué sur le principe de ces émissions. Sauf que cette « médecine réalité » ne s’appelle pas « The Voice » mais « The Move », une méthode d’apprentissage inédite de la neurologie », précise le journal.
Le Parisien observe qu’« après 2 années « pilotes », ce concept innovant et les résultats prometteurs de sa mise en application viennent d’être publiés dans la Revue neurologique ».
Le journal souligne en effet « un enjeu. Celui du vieillissement de la population et de l’augmentation prévue du nombre de personnes atteintes de maladies neurologiques ». Le Pr Emmanuel Flamand-Roze, professeur à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, à l’origine du concept, déclare ainsi que « dans quelques années, les neurologues ne pourront pas s’occuper de tous les malades, en tout cas pas aussi régulièrement. D’autres médecins, comme les généralistes, devront aussi accompagner ces patients, repérer les signes, être à l’aise avec eux ».
Le Parisien relève que « parmi ces jeunes apprentis médecins, beaucoup choisiront une autre voie que celle de la neurologie. Et être à l’aise avec ce type de malade est loin d’être une évidence. Ça tombe bien. « The Move » n’est pas seulement une aide au diagnostic, c’est aussi un dispositif pour « apprendre le savoir-être » avec ces patients ».
Le Pr Flamand-Roze poursuit : « Un grand nombre d’étudiants ont la trouille devant eux. Cette neurophobie existe d’ailleurs partout dans le monde. Les étudiants en médecine considèrent que l’examen neurologique est compliqué à mener et que les maladies neurologiques sont les plus difficiles à appréhender ».
Manon, future neurologue, remarque pour sa part : « Ça nous aide à être plus systématique, à ne pas oublier des points lors de l’examen clinique. Toutefois, nous ne sommes pas mis en situation. Lorsqu’on sera devant de vrais patients et leur propre façon d’agir, on verra… ».
« Un seul cachet pour vaincre un traumatisme »
C’est ce que titre Le Parisien, qui remarque : « Bloquer en 6 semaines la douleur d’un violent traumatisme psychique qui, de cauchemars à répétition en blocages, va jusqu’à empêcher de vivre après un attentat ou une agression, c’est possible. Ça se tente en tout cas, sachant qu’après des actes de guerre 10 à 15% des victimes peuvent en souffrir ».
Claudine Proust note que « l’annonce en sera faite ce soir, à l’Hôpital européen Georges-Pompidou où se tient une conférence publique inaugurant les journées portes ouvertes de l’AP-HP. Celle-ci lance, conjointement avec l’université McGill de Montréal, un projet international de recherche sur une technique innovante qui pourrait se révéler la meilleure façon d’accompagner les victimes de stress post-traumatique après des agressions massives, comme les attentats de novembre 2015 ».
La journaliste indique le but est d’« expérimenter à grande échelle, sur 300 personnes, une forme de psychothérapie dont plusieurs essais déjà menés en plus petit montrent des résultats aussi efficaces sinon plus que de longs mois d’antidépresseurs (et leurs effets secondaires) ».
Claudine Proust observe qu’« expérimenté au Canada sous l’égide du Dr Alain Brunet, professeur de psychiatrie, vice-président de l’International Society of Traumatic Stress Studies (Etats-Unis), le traitement, baptisé blocage de la reconsolidation, s’appuie sur la prise d’un simple cachet, une fois par semaine ».
La journaliste explique que « le propranolol, bêtabloquant utilisé pour soigner la migraine, est distribué au patient à chacune de ses six visites. 90 minutes après la prise du comprimé, il est invité à réactiver son vécu de l’agression, à en décrire toutes les émotions. Au fil des six séances, espacées d’une semaine, les manifestations de stress liées à cette évocation répétée diminuent ».
Le Pr Alain Millet (Pitié-Salpêtrière), co-coordinateur de l’étude, remarque que « le souvenir lui-même ne s’efface pas ». « En revanche, l’émotion qui l’accompagne s’estompe. Alain Brunet l’a mesuré sur de petites cohortes de patients au Canada. Une équipe du CHU de Toulouse le constate également dans une étude en cours sur une soixantaine de personnes, dont les premières avaient durement ressenti l’explosion du site AZF »,indique Claudine Proust.
Elle ajoute que « l’étude sera menée conjointement dans 14 hôpitaux, en région parisienne à l’AP-HP, mais aussi à Sainte-Anne, Saint-Denis ou à Perray-Vaucluse (Essonne), ainsi qu’à Lille. Trois cents des patients recrutés, par téléphone puis après une visite, bénéficieront de la thérapie innovante, 100 – pour contrôle – d’une prise en charge classique (antidépresseurs et psychothérapie). Bilan dans 2 ans ».
La journaliste indique enfin que « toute personne souffrant de stress post-traumatique peut prendre contact avec l’équipe de la Pitié-Salpêtrière au 01.42.16.15.35 ».
30 05 16
Syndrome de fatigue chronique : plus de mortalité par suicide
Par le Dr Sophie Florence (Paris)[Déclaration de liens d’intérêts]
La mortalité par suicide semble très augmentée chez les personnes atteintes de syndrome de fatigue chronique. En revanche, dans cette population relativement jeune, la mortalité globale n’est pas modifiée. Des chercheurs anglais du King’s College of London ont réalisé une importante étude de cohorte rétrospective ayant suivi plus de 2000 personnes pendant 7 ans. Ces résultats, qui viennent d’être publiés dans la revue The Lancet, soulignent l’importance pour les cliniciens d’être vigilants à l’état psychique de ces patients et d’évaluer systématiquement leur risque suicidaire.
Le syndrome de fatigue chronique est caractérisé par une fatigue persistante et inexpliquée depuis au moins six mois plus ou moins accompagnée d’autres symptômes tels que des douleurs articulaires ou musculaires, des céphalées, des troubles de la mémoire… sans symptômes dépressifs. Les taux de mortalité associés au syndrome de fatigue sont incertains. Quelques études, dont la méthodologie était très limitée, ont retrouvé des taux de mortalité plus élevés parmi les personnes atteintes de syndrome de fatigue chronique.
Les auteurs ont analysé rétrospectivement les données de 2147 personnes atteintes de ce syndrome (1533 femmes et 614 hommes) de 39,1 ans en moyenne. Entre janvier 2007 et décembre 2013, ils ont observé 11 décès parmi les femmes et 6 parmi les hommes.
Il n’y avait pas de différence avec la population générale en termes de mortalité toutes causes confondues et de mortalité liée au cancer. Cependant les auteurs ont mis en évidence un taux bien supérieur de décès par suicide, 6,85 fois plus fréquent chez les personnes souffrant de syndrome de fatigue chronique (IC95%= [2,2-16,0]).
Même si d’autres études devront confirmer ces résultats et examiner les mécanismes sous-jacents, les auteurs concluent sur l‘importance, pour les soignants, d’être attentif au risque suicidaire chez ces patients.
Référence :
Roberts E, Wessely S, Chalder T, Chang CK, Hotopf M.
Mortality of people with chronic fatigue syndrome: a retrospective cohort study in England and Wales from the South London and Maudsley NHS Foundation Trust Biomedical Research Centre (SLaM BRC) Clinical Record Interactive Search (CRIS) Register.
Lancet. 2016 Apr 16;387(10028):1638-43
31 05 16
« Schizophrénie : les troubles cognitifs seraient liés à l’inflammation cérébrale »
Anne Prigent relate dans Le Figaro les résultats d’une étude française parue dans Schizophrenia Bulletin, selon lesquels « l’inflammation observée chez des patients schizophrènes est associée à un niveau intellectuel général plus bas et à des déficits cognitifs plus prononcés ».
La journaliste explique que « l’étude a été menée entre 2011 et 2015 chez 369 patients suivis par dix centres experts du réseau de coopération scientifique en santé mentale Fondamental. Pour mesurer l’inflammation, les chercheurs ont fait appel à un marqueur détectable par prise de sang, la protéine C réactive (CRP) ».
Le Dr Guillaume Fond, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), coordinateur du réseau des centres experts schizophrénie et coauteur de ce travail, précise qu’« aucune imagerie ou radiomarqueur ne permet de visualiser l’inflammation dans le cerveau. C’est donc l’inflammation périphérique qui est recherchée ».
Anne Prigent relève ainsi que « chez près de 3 patients sur 10, le taux de CRP indiquait la présence d’une inflammation chronique. Le quotient intellectuel de ces malades était inférieur à celui des patients sans inflammation et le niveau de pensée abstraite était altéré ».
Le Dr Fond d’ajouter : « Nous avons également constaté une altération du QI verbal, alors qu’il est considéré comme un marqueur du niveau d’éducation et de l’environnement social ».
La journaliste souligne qu’« au-delà de la confirmation de l’existence d’une corrélation entre inflammation et déclin cognitif dans la schizophrénie, cette étude pourrait modifier la prise en charge des malades schizophrènes ».
Le Dr Fond remarque ainsi que « pour le moment, les recommandations se focalisaient essentiellement sur le bilan lipidique et endocrinologique, car ces patients sont connus pour être à plus haut risque cardiovasculaire. Un dosage systématique de la CRP semble recommandé, et lorsqu’elle est anormale, un bilan cognitif poussé devrait être prescrit ».
Anne Prigent retient que « la piste inflammatoire ouvre la porte à de nouveaux traitements : des anti-inflammatoires, les oméga 3, la N-acétylcystéine (un acide aminé antioxydant), la vitamine D, les modifications du régime alimentaire et l’activité physique pourraient ainsi améliorer la cognition des schizophrènes ».
Le Dr Fond précise enfin : « Nous avons lancé une étude observationnelle pour voir si, en améliorant l’inflammation grâce aux modifications alimentaires et à l’activité physique, par exemple, nous obtenons des résultats sur les troubles cognitifs ».
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