11 07 16
« Enquête sur la prise en charge des grands prématurés »
Le Journal du Dimanche observe que « des pratiques de soins aux grands prématurés pourtant reconnues comme efficaces sont sous-utilisées. C’est la conclusion d’une vaste étude coordonnée par l’Inserm et publiée dans le British Medical Journal, dans le cadre du projet européen Epice ».
Le journal explique que « le but de ce projet est d’évaluer les «pratiques médicales fondées sur les preuves» apportées à ces bébés pour améliorer leur prise en charge. Pour cela, les chercheurs de 12 institutions de recherche européennes suivent depuis 2011 les grands prématurés nés dans 19 régions de 11 pays d’Europe (Belgique, Danemark, Estonie, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suisse, Royaume-Uni) ».
L’hebdomadaire souligne qu’« aujourd’hui, un à deux nouveau-nés sur cent sont considérés comme des grands prématurés, c’est-à-dire nés avant 32 semaines. Pour eux, le risque de mortalité et de troubles neurologiques à long terme est plus élevé que pour les enfants qui sont nés à terme ».
Le Journal du Dimanche précise ainsi que « Jennifer Zeitlin, directrice de recherche à l’Inserm, s’est penchée sur l’application de 4 pratiques médicales recommandées pour améliorer la survie et la santé à long terme de ces enfants nés trop tôt : le transfert des femmes enceintes dans des centres spécialisés ; l’administration avant la naissance de corticostéroïdes ( pour favoriser la maturation des poumons) ; la prévention de l’hypothermie ; l’administration de surfactant ( une substance essentielle à la fonction respiratoire) dans les deux heures après la naissance ou la ventilation nasale en pression positive ».
Le journal retient que « séparément, chacune de ces pratiques est utilisée de manière élevée (entre 75% et 89% des cas). Mais seuls 58% des grands prématurés ont bénéficié des 4 pratiques conjuguées ».
Il ajoute que « pour mesurer l’impact d’un défaut de prise en charge, Jennifer Zeitlin a simulé deux modèles et les a confrontés. Elle estime ainsi que si chaque nouveau-né avait reçu l’ensemble des quatre pratiques, la mortalité aurait été réduite de 18% ».
« Traumatisme crânien : une épidémie silencieuse inquiétante »
Hervé Ratel se penche dans Sciences et Avenir sur un « problème sous-estimé au football », notant que « les têtes […] pourraient provoquer des mini-commotions aux effets délétères sur le long terme ».
Le journaliste rappelle ainsi que « le danger de la répétition de commotions cérébrales sur le cerveau des sportifs a été largement mis en évidence dans d’autres sports », et indique que « la découverte des ravages des commotions cérébrales consécutives à la pratique sportive est à mettre au crédit du neuropathologiste américain Bennet Omalu. En 2002, il fut le premier, lors de l’autopsie d’un ancien joueur de football américain, à remarquer que son cerveau présentait une apparence étrange. Une investigation plus poussée le mènera à la découverte d’une nouvelle maladie qu’il nommera encéphalopathie traumatique chronique (ETC) ».
Hervé Ratel note qu’« il est désormais difficile de nier l’ampleur de la situation en football américain comme en hockey sur glace, sports très violents. Impossible même de considérer que l’ETC serait une maladie rare : une étude menée par l’université de Boston (États-Unis) fin 2015 montrait que sur 165 anciens joueurs décédés ayant évolué au sein de la ligne nationale de football américain (NFL) ou dans des championnats universitaires ou semi-professionnels, les tissus cérébraux de 131 d’entre eux présentaient les signes de l’ETC, soit près de 80% ».
Le journaliste relève qu’« en France, la Ligue nationale de rugby a mis en place une procédure, malheureusement contre-productive, se désole Jean-François Chermann, spécialiste en neurologie du sport ».
Le praticien remarque ainsi qu’« on sort le joueur du terrain, on recherche des symptômes de commotion, on lui fait passer des tests cognitifs et d’équilibre. S’ils sont jugés réussis, le joueur revient aussitôt sur le terrain, ce qui se produit dans plus de 30% des cas. Or, on sait que certains tests sont faussement négatifs et que certains joueurs développent des signes parfois 2 jours plus tard. La simple suspicion de commotion devrait être suffisante à faire sortir le joueur ».
Hervé Ratel souligne en outre que « dans la boxe, où la commotion cérébrale du partenaire par KO est l’objectif à atteindre, voilà bien longtemps que l’ETC est un secret de polichinelle. Depuis sa première description en 1928 par le Dr Harrisson Martland, un pathologiste américain, on sait en effet que des coups répétés à la tête conduisent les boxeurs à développer ce qu’on appelle alors la Dementia pugilistica, une affection incurable et progressive ».
13 07 16
Soins intensifs, l’art de doser l’information auprès des familles
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)
Trop de transparence n’est pas forcément favorable aux familles ayant un proche en soins intensifs. C’est ce que montre une étude parue dans le JAMA. Les auteurs ont évalué l’impact de réunions d’information et de soutien organisées spécifiquement pour chaque famille, comparé à un mode de fonctionnement classique.
Pas moins d’anxiété ou de dépression et davantage de syndromes de stress post-traumatique. Autant dire que le fait de surinformer les familles sur le rôle de chaque traitement et chaque soin prodigué à un patient en soins intensifs n’améliore pas leur bien-être par rapport à un mode d’information classique.
La détresse des familles ayant un proche en situation critique a amené une équipe américaine à évaluer l’intérêt de les informer davantage sur tous les soins prodigués et le but de ces interventions. Pour cela, ils ont inclus 365 membres de familles ayant un avis à donner sur la situation d’un de leur proche de plus de 21 ans sous assistance respiratoire pendant au moins sept jours, dans quatre centres de soins intensifs aux Etats-Unis.
Ils étaient âgés en moyenne de 51 ans avec 71% de femmes. La moitié de ces individus se sont vus proposer deux réunions spécifiques avec un spécialiste en soins palliatifs alors que les autres étaient informés normalement par l’équipe de soins.
Après trois mois, les auteurs n’ont pas constaté de diminution de l’anxiété ou de la dépression au sein de ces familles et ont par contre noté une augmentation du risque de syndrome de stress post traumatique grâce à différentes échelles d’évaluation spécifiques. En outre, ces familles ne sont pas déclarées davantage satisfaites de cette organisation privilégiée que les autres.
Référence :
Shannon S. Carson et al.
Effect of Palliative Care–Led Meetings for Families of Patients With Chronic Critical Illness. A Randomized Clinical Trial
JAMA. 2016;316(1):51-62
18 07 16
Antipsychotiques : vers moins d’effets secondaires
Par le Dr Sophie Florence (Paris)
Des chercheurs de l’Inserm viennent de mettre en évidence le mécanisme jusque-là inconnu du déclenchement des effets secondaires moteurs des antipsychotiques. Ils publient les résultats de leur étude expérimentale chez la souris dans la revue Neuron. Ces données devraient permettre de développer de nouveaux médicaments dépourvus d’effets secondaires et de mieux prendre en charge les patients traités par antipsychotiques.
Largement utilisés pour le traitement des psychoses et des maladies neuropsychiatriques comme la schizophrénie, les antipsychotiques ont des effets indésirables fréquents tels que fatigue, effets extrapyramidaux, troubles digestifs… Ces effets sont variables d’une personne à l’autre.
Les cliniciens doivent essayer sur leur patient puis s’adapter en modifiant la posologie, le produit le mieux toléré et en prescrivant des médicaments correcteurs. Le parkinsonisme est une atteinte des muscles qui ne réagissent plus aux stimuli extérieurs et deviennent rigides.
Les auteurs ont voulu examiner l’origine de cet effet secondaire et la possibilité de bloquer cet effet tout en maintenant l’efficacité du traitement.
A partir de modèle murin, ils montrent que ces effets secondaires seraient dus au blocage du récepteur D2 de la dopamine dans des types de neurones spécialisés du striatum appelés interneurones. Le contrôle de la motricité repose sur un équilibre entre plusieurs neurotransmetteurs dont la dopamine et l’acétylcholine.
Ils ont constaté in vivo que le blocage du récepteur D2 (D2R) augmente de manière trop importante les signaux transmis par le neurotransmetteur acétylcholine sur les neurones voisins, entrainant des dysfonctionnements moteurs chez le rongeur, qui correspondent au parkinsonisme chez l’humain.
Les auteurs concluent que ces résutats offrent de nouvelles pistes thérapeutiques pour les patients traités par antipsychotiques.
Référence :
Kharkwal G, Brami-Cherrier K, Lizardi-Ortiz JE, Nelson AB, Ramos M, Del Barrio D, Sulzer D, Kreitzer AC, Borrelli E.
Parkinsonism Driven by Antipsychotics Originates from Dopaminergic Control of Striatal Cholinergic Interneurons.
Neuron. 2016 Jul 6;91(1):67-78.
« Attentat à Nice : nombreuses consultations dans les cellules d’aide psychologique »
Le Monde revient sur l’attentat à Nice le 14 juillet dernier, et observe entre autres que « 4 lieux ont été ouverts pour prévenir les séquelles psychiques des victimes et des témoins, comme l’état de stress post-traumatique ».
Le journal indique ainsi qu’« en quelques heures, un dispositif de grande ampleur s’est organisé pour le soutien psychologique des nombreuses victimes et des témoins directs de l’attentat de Nice. L’équipe de la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) du département a rapidement reçu des renforts, de la région et bien au-delà ».
« Des lieux de consultation se sont déployés : à l’hôpital Pasteur-2, au Centre universitaire méditerranéen, à la Maison pour l’accueil des victimes et, pour les enfants, adolescents et familles, à l’hôpital pédiatrique Lenval. Le numéro d’information dédié (04-93-72-22-22) avait déjà reçu 1 358 appels, vendredi à 19 heures », relève le quotidien.
Le Monde souligne que « pour ceux qui ont vécu de près les événements, l’objectif d’une prise en charge précoce est d’apaiser le choc, et d’éviter des séquelles psychiques, dont l’état de stress post-traumatique ».
Le quotidien cite le Pr Florence Askenazy, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Lenval, qui explique que « chez les enfants, l’enjeu est de prévenir le développement d’angoisses, et notamment d’angoisses de séparation ».
« Nous avons vu des personnes en état de stress très aigu, avec un vécu de guerre. Les mères avaient des craintes terribles pour leurs enfants, avec l’impression que ça allait continuer. Des adolescents m’ont étonnée par leur capacité à faire face, leur lucidité. Ils arrivaient à verbaliser sur le thème de l’impuissance, de la culpabilité, de l’incompréhension totale surtout. La question que tous, ados, parents… m’ont posée, c’est : comment est-il possible qu’un être humain fasse une chose pareille ? », continue la praticienne.
Le Monde cite en outre le Dr Abram Coen, ancien chef de service de psychiatrie à Saint-Denis, « venu épauler la cellule du Centre universitaire méditerranéen », qui remarque : « On a tous une résilience, il faut la cultiver pour ne pas se laisser abattre, se convaincre que ce n’est pas le chauffeur fou qui va gagner, mais nous ».
De son côté, le pédopsychiatre Michel Spodenkiewicz observe qu’« environ 20% des personnes exposées développent secondairement un état de stress post-traumatique, ce qui signifie que la grande majorité s’en sortira plutôt bien ».
Le Monde remarque en outre qu’à la date du 17 juillet, « «les médecins évaluent à environ 18, le nombre de personnes pour lesquelles le pronostic vital est engagé», a déclaré Marisol Touraine ».
« Un enfant fait partie de ces blessés les plus graves. Parmi les 85 personnes encore hospitalisées, l’identité d’une seule n’est pas encore «formellement établie». La ministre de la Santé a également annoncé «la prise en charge totale et complète» des frais médicaux pour les victimes de l’attentat », ajoute le quotidien.
Le Journal du Dimanche souligne pour sa part que « les enfants [sont les] premières victimes » : « Avec 10 enfants et adolescents tués, les plus jeunes ne sont pas épargnés. Psychologues et psychanalystes pointent leurs traumatismes et expliquent comment les prendre en charge. […] Un bilan qui risque malheureusement de s’alourdir encore. Selon la mairie de Nice, pas moins de 50 enfants seraient hospitalisés. Beaucoup trop sont dans un état critique ».
Le Journal du Dimanche relève par ailleurs qu’« après le drame, les victimes [sont] toujours plongées dans l’horreur. […] Sur le parvis de l’hôpital Pasteur de Nice, à l’écart des caméras de télévision devant lesquelles des journalistes du monde entier préparent leurs directs, des hommes et des femmes, seuls, en couple, des familles entières se tiennent ou se croisent et parfois s’entrelacent, aussi fortement que des points de suture. Il y a ici et là des étreintes douloureuses, des prunelles immobiles, bordées de colère ou de dévastation, des ombres sans lumière ».
Le journal observe en outre que « dans les hôpitaux niçois, « c’était la guerre ». Médecins et infirmiers niçois ont vécu une nuit d’horreur jeudi soir après l’attaque sur la Promenade des Anglais, enchaînant les interventions pour sauver le maximum de vies ».
20 07 16
Sept femmes par jour décèdent de violences dans le couple en Europe
Par le Dr Sophie Florence (Paris)
Une femme européenne sur cinq a été victime de violences physiques et/ou sexuelles et presqu’une sur deux a été victime de violences psychologiques. L’Institut de veille sanitaire (devenu Santé publique France) a engagé une analyse des publications scientifiques disponibles concernant l’épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux. Leurs résultats sont publiés dans un numéro spécifique du Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire consacré aux violences dans le couple. Cette synthèse constitue une base utile pour surveiller et améliorer la détection et la prise en charge des violences dans le couple.
Les violences conjugales relèvent d’un processus au cours duquel un partenaire ou un ex-partenaire adopte à l’encontre de l’autre des comportements agressifs, violents et destructeurs. À partir des années 1990, l’Organisation mondiale de la santé a intégré les violences conjugales dans la santé publique, quittant ainsi le champ exclusif de la police et de la justice. Les auteurs ont voulu examiner leur poids en France et en Europe. Ils ont réalisé des recherches bibliographiques via PubMed et des sites institutionnels en 2012 et en 2015.
Différents axes ont été étudiés : prévalence, populations spécifiques (femmes enceintes, personnes âgées, etc.), conséquences (santé), facteurs de risques, coûts, dépistage et prévention, intervention et prise en charge.
En moyenne, depuis l’âge de 15 ans, une femme européenne sur cinq a été victime de violences physiques et/ou sexuelles et presqu’une sur deux a été victime de violences psychologiques. Des différences marquées existent entre les pays : la France se situe au-dessus de la moyenne européenne. Sur les 12 mois précédents, 9,5% des femmes en France métropolitaine ont subi des violences conjugales.
Ces violences sont responsables de conséquences graves allant jusqu’au décès : 38,6% des homicides de femmes et 6,3% des homicides d’hommes ont été commis par un partenaire intime. Sept femmes par jour décèdent de violences dans le couple en Europe dont une tous les 3 jours en France.
Référence :
Guillam MT, Ségala C, Cassagne E, François C, Thélot B.
Épidémiologie des violences conjugales en France et dans les pays occidentaux.
Bull Epidémiol Hebd. 2016;(22-23):385-9.
21 07 16
« Un homme vit normalement avec seulement 10% de son cerveau »
Lise Loumé remarque dans Sciences et Avenir qu’« en 2014, le cas d’une Chinoise de 24 ans ne possédant pas de cervelet avait étonné la communauté scientifique, le nombre de personnes vivant aussi longtemps sans cette partie majeure du cerveau […] se comptant sur les doigts d’une main, ou deux ».
La journaliste observe que « ces patients sont la preuve qu’il est possible de vivre avec 10% de volume de cerveau en moins. Mieux, il est même possible de vivre normalement sans posséder 90% du volume de cet organe ! C’est le cas très étonnant d’un Français de 44 ans dont 90% de la boîte crânienne ne contient quasiment que du liquide céphalo-rachidien ».
Lise Loumé explique qu’« abordé en juin 2016 par le psychologue Axel Cleeremans de l’université de Bruxelles lors du 20e Congrès annuel de l’Association for the Scientific Study of Consciousness à Buenos Aires, en Argentine, ce cas clinique a fait l’objet d’une publication dans The Lancet en 2007 ».
« Les auteurs de l’étude racontent que le patient s’est rendu à l’hôpital pour une douleur à la jambe gauche. C’est grâce à un simple examen IRM que les médecins ont découvert que 90% de la boîte crânienne est rempli de liquide céphalo-rachidien. Une découverte très étonnante car […] l’homme vit de façon tout à fait normale », souligne la journaliste.
Elle note ainsi que « marié, deux enfants, fonctionnaire, il n’a aucun antécédent de trouble neurologique. Son quotient intellectuel est de 75 : inférieur à la moyenne, il n’est pas pour autant révélateur d’une déficience mentale ».
Lise Loumé s’interroge : « Comment expliquer une telle présence du liquide céphalo-rachidien dans la boîte crânienne ? Probablement par une hydrocéphalie […] ont suggéré les médecins français. […] Cette maladie rare avait été diagnostiquée au patient lorsqu’il était nourrisson, sans que la cause soit déterminée ».
« Des médecins lui avaient implanté un petit tube pour évacuer ce liquide vers d’autres parties du corps. À l’âge de 14 ans, le patient souffrant de problèmes de coordination (ataxie) et d’une diminution de la force musculaire (parésie) de sa jambe gauche, le tube a été retiré. Le liquide se serait donc de nouveau accumulé les années suivant l’opération », remarque la journaliste.
Elle souligne que « pour Axel Cleeremans, ce cas clinique exceptionnel remet en question les théories fondamentales basées sur la pleine conscience ». Le psychologue a déclaré qu’« une théorie devrait pouvoir expliquer comment une personne, dont 90% des neurones sont absents, peut avoir un comportement tout à fait normal ».
Lise Loumé précise que « chez cet homme, les aires frontales, pariétales, temporales et occipitales ont toutes été réduites. Des fonctions comme la sensibilité, le langage, la vision, l’audition, devraient donc être sévèrement impactées ».
« Pour le psychologue, ce cas clinique constitue la preuve suivante : si le cerveau n’est pas endommagé brutalement, mais petit à petit, l’organe reste capable de s’adapter, et ce malgré le manque de place dans la boîte crânienne […] pour être en mesure de fonctionner comme à l’accoutumée. Une explication plutôt logique, qu’il reste à prouver », conclut-elle.
25 07 16
Relation entre consommation d’Oméga 3 et adaptation au stress
Par le Dr Sophie Florence (Paris)
Les traitements stimulant la production d’endocannabinoïdes au niveau cérébral, dont font partie les Oméga 3 nutritionnels, ont permis dans une étude expérimentale chez la souris de limiter l’anxiété face à des situations de stress. Des chercheurs de l’Inserm et de l’Inra, de l’Unité mixte de recherche « Nutrition et neurobiologie intégrée », viennent de publier dans la revue Cell Reports, les résultats de leurs travaux. Ils prouvent, pour la première fois, le lien entre l’anxiété et les niveaux d’endocannabinoïdes produits par le cerveau.
Plusieurs études ont jusqu’ici suggéré des liens entre alimentation et moral. En 2011 déjà, l’équipe de chercheurs avait montré qu’une moindre consommation d’Oméga 3 chez les rongeurs augmentait leur niveau de stress. L’hypothèse principale reposait sur l’altération des capacités du cerveau à produire des cannabinoïdes endogènes, les « endocannabinoïdes ».
Il s’agit de lipides du cerveau qui contrôlent la plasticité synaptique des neurones du noyau accumbens, zone du cerveau liée à la régulation des émotions et du stress. Pour mieux comprendre ces liens entre anxiété et plasticité synaptique dépendante des endocannabinoïdes, l’équipe de chercheurs a poursuivi ses expérimentations en testant différents modèles de stress comportementaux sur les rongeurs.
Ils ont soumis les rongeurs à une batterie de tests liés au stress comportemental : isolement, labyrinthe ou environnement anxiogène. Les souris qui présentaient plusieurs symptômes liés à l’anxiété ont reçu un traitement stimulant la production d’endocannabinoïdes dans le noyau accumbens et les chercheurs ont constaté une limitation de l’anxiété chez ces souris.
Les auteurs concluent que ces résultats renforcent l’hypothèse d’un potentiel thérapeutique des molécules modulant la production naturelle d’endocannabinoïdes dont font partie les Oméga 3 nutritionnels.
Référence :
Bosch-Bouju et al.
Endocannabinoid-Mediated Plasticity in Nucleus Accumbens Controls Vulnerability to Anxiety after Social Defeat Stress
Cell Reports (2016)
26 07 16
« Ce que les psychiatres disent des terroristes »
La Croix consacre sa Une à « la folie terroriste », relevant : « Terroristes et fous ? Les récentes attaques, qui ont frappé la France et l’Allemagne, montrent en tout cas la grande fragilité psychologique de ces criminels ».
Le journal remarque ainsi sur une double page que « pour la plupart des experts, rares sont les terroristes relevant de pathologies psychiatriques au sens strict. Mais ils présentent de lourdes fragilités psychiques ».
La Croix s’interroge notamment : « Tous les terroristes ont-ils une pathologie psychiatrique ? », et note que « pour le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, « il est rare » de diagnostiquer, chez les terroristes, des pathologies psychiatriques au sens strict du terme comme par exemple la schizophrénie. En revanche, ils souffrent très souvent de « troubles psychopathologiques » ».
Roland Coutanceau, président de la Ligue française pour la santé mentale, précise quant à lui : « On pense qu’il faut être fou pour tuer ! Mais en réalité, il faut être mégalomaniaque et paranoïaque. Or ce sont des troubles de la personnalité plutôt que des maladies mentales ».
Le journal indique que « d’après Boris Cyrulnik, les troubles « psychopathologiques » peuvent avoir des origines diverses : une culture diluée, une famille absente ou très conflictuelle, une incapacité à trouver du travail et donc une place… ».
La Croix s’interroge en outre : « Peut-on faire un travail de prévention ? ». Il souligne que « beaucoup d’experts se désolent de l’état de la psychiatrie en France, alors que le nombre de lits est en baisse constante depuis des années ».
Un expert de la police judiciaire remarque ainsi : « Il faudrait inventer un dispositif de masse, mais en période de restrictions, on a plutôt tendance à se concentrer sur les cas les plus lourds. Idéalement, les centres médico-psychologiques devraient s’adresser également à ces publics socialement fragiles, chez les jeunes. Par le passé il y a eu des tentatives de dispensaires en hygiène mentale, pour accompagner les gens qui ne sont pas des malades. Mais eux aussi ont tous fermé ».
Le journal observe que « les pratiques médicales demandent à évoluer. Jean Furtos [psychiatre] plaide notamment en faveur d’une meilleure circulation de l’information sur les patients susceptibles de passer à l’acte ».
« Ce psychiatre renvoie aussi par ailleurs à la responsabilité des médias, pour éviter « l’exacerbation maniaque » des patients », poursuit La Croix.
29 07 16
« L’addiction aux drogues moins répandue en outre-mer qu’en métropole »
Le Monde constate qu’« on fume moins, on boit moins, on se drogue moins dans les collectivités d’outre-mer qu’en métropole. Ces affirmations, si elles vont à l’encontre des idées reçues, ne sont pas tout à fait nouvelles ».
« Mais pour la première fois, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) dispose d’une photographie complète et détaillée des usages de « drogues » (tabac, alcool, cannabis et autres) en Guadeloupe, en Martinique, à la Réunion et en Guyane, et ce, pour les personnes âgées de 17 à 75 ans », selon des résultats recueillis en 2014 par l’OFDT et l’agence Santé publique France, explique le journal.
Le quotidien relève que « plusieurs facteurs expliqueraient cet usage plus limité de produits addictifs en outre-mer. Tout d’abord, il ne faut pas négliger le «contexte familial, social et religieux, qui favorise un contrôle parental et sociétal plus fort auprès des jeunes», avancent François Beck, Jean-Baptiste Richard, Thibault Gauduchon et Stanislas Spilka, les auteurs de l’étude ».
François Beck, directeur de l’OFDT, précise que « beaucoup de jeunes Antillais ne recherchent pas les effets procurés par ces produits, et n’ont peut-être pas envie de mettre en péril leur performance sportive ».
Le Monde observe que « pour l’alcool, la fiscalité justifierait une consommation moindre chez les Ultramarins. Dans les îles, les taxes sur le vin, le champagne et la bière – toutes les boissons importées – sont beaucoup plus élevées. Rapport de cause à effet ? La consommation hebdomadaire de vin y est 2 à 3 fois moins importante qu’en métropole (37% dans l’Hexagone chez les 15-75 ans, contre 17% en Martinique, 18% en Guadeloupe, 15% en Guyane, 19% à la Réunion). En revanche, la consommation hebdomadaire de bière ou d’alcool fort est sensiblement la même (entre 15 et 20%) ».
François Beck remarque en outre qu’« aux Antilles, l’ivresse est moins un rite de passage qu’en métropole ».
Le quotidien note cependant que « lorsque les Ultramarins boivent, les conséquences sont plus dramatiques. En Guadeloupe et Martinique, «la part des accidents [de la route] pour lesquels l’alcool est impliqué est bien plus élevée qu’en métropole». En Martinique, le tiers des accidents corporels et la moitié des accidents mortels sont liés à l’alcool, contre respectivement 11% et 28% en métropole ».
Le Monde ajoute que « l’explication [du prix] ne tient pas pour le tabac. Les cigarettes sont en effet beaucoup moins chères aux Antilles et en Guyane. Pourtant, on y fume bien moins qu’en métropole ».
« En 2014, un tiers des adolescents et des adultes déclaraient fumer au moins une cigarette par jour en métropole. En Guadeloupe et en Guyane, ils ne sont que 12%. Sur ce sujet toutefois, les Réunionnais dénotent un peu et partagent davantage les habitudes des métros », relève le quotidien.
Le Monde indique par ailleurs que « l’exception réunionnaise pour le tabac vaut aussi pour les produits de substitution à l’héroïne comme le Subutex, plus consommé sur l’île qu’ailleurs. Est-ce lié à la présence de Métropolitains venus se soigner à la Réunion ? Globalement, sur cette île, «où les mélanges de populations sont plus prononcés qu’ailleurs», rappelle l’un des auteurs de l’étude, les habitudes de consommation – hormis pour l’alcool – sont plus proches de ceux de l’Hexagone ».
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