05 12 16
« Le Royaume-Uni autorise les bébés à trois parents »
La journaliste Anne-Laure Barret révèle dans le Journal du Dimanche que « le Royaume-Uni devrait donner son feu vert à des essais cliniques pour concevoir des bébés à trois parents. Objectif : permettre à une femme porteuse d’une anomalie génétique d’être la mère biologique de l’enfant ». Elle rappelle qu’« un petit garçon conçu au Mexique par fécondation in vitro (FIV) à partir de l’ADN d’un homme et celui de deux femmes est né au mois d’avril(…) ».
« Pour l’instant, seul le Royaume-Uni a autorisé en théorie cette pratique controversée et un feu vert pour des essais cliniques, prélude à des grossesses, pourrait y être donné le 15 décembre », poursuit-elle. « Selon un tel protocole, la mère porteuse d’une maladie mitochondriale transmet à son bébé les gènes non mutés contenus dans le noyau de ses cellules (ADN nucléaire) mais pas ceux, beaucoup plus rares, qui se trouvent dans les mitochondries (ADN mitochondrial), les centrales énergétiques des cellules. Ces quelques gènes-là sont apportés par une donneuse, le « troisième parent » », explique l’article.
« On extrait l’ADN nucléaire de l’ovule de la mère et on l’introduit, avec le sperme du père, dans l’ovule sans noyau de la donneuse dont le génome mitochondrial est sain », précise le biologiste de la reproduction Samir Hamamah, du CHU de Montpellier. Mais, cela « comporte plus de risques que de bénéfices, car l’ADN porteur des mutations n’est pas totalement éliminé », poursuit le spécialiste. « Une étude publiée (…) dans la revue Nature suggère de contourner la difficulté en choisissant une donneuse dont l’ADN mitochondrial est « compatible » avec celui de la mère », note le JDD. Il observe que « Samir Hamamah, toujours prompt à dénoncer le retard français en matière d’assistance à la reproduction, accueille cette nouvelle avec scepticisme ».
« La médecine offre déjà une solution à ces femmes : le don d’ovocytes. Certes elles ne transmettent pas leur patrimoine génétique mais elles portent l’enfant conçu avec le sperme de leur mari. Les Anglo-Saxons sacralisent trop le tout-biologique », estime en effet le professeur.
« Quand dépression rime avec inflammation »
« S’intéressant aux liens entre système immunitaire et maladies mentales, l’immuno-psychiatrie engrange des résultats prometteurs dans la lutte contre la dépression », révèle le journaliste Yann Verdo dans Les Echos.
« Trouble mental le plus répandu dans les sociétés occidentales, étroitement lié à la précarité et à la solitude de la vie moderne, la dépression peut, à bon droit, être qualifié de « mal du siècle ». Et pourtant, face à ce fléau dont les ravages vont sans cesse croissant, la recherche en psychiatrie semble faire du surplace », poursuit l’article.
« Depuis la découverte des premiers antidépresseurs, au début des années 1950, les effets secondaires de cette classe de médicaments ont été sensiblement maîtrisés, mais sans ou avec peu de progrès en termes d’efficacité », confirme Raphaël Gaillard, professeur de psychiatrie à l’université Paris-Descartes et chef de pôle à l’hôpital Sainte-Anne.
« Pratiquement toutes les molécules développées par l’industrie pharmaceutique jusqu’ici ont visé à augmenter dans le cerveau le taux d’un seul et unique neurotransmetteur (…), la sérotonine. Or les médecins constatent qu’un tiers des malades ne répondent tout simplement pas à cette classe de psychotropes développée et proposée par tous les laboratoires. Et, d’année en année, cette proportion ne diminue pas », souligne l’article.
Mais « depuis quelques années, un secteur de la psychiatrie encore très largement méconnu (et sous-financé), l’immuno-psychiatrie, est en train d’accumuler les résultats prometteurs », indique le journal. « Depuis les travaux précurseurs, en France, du neurobiologiste Robert Dantzer sur la souris, il est désormais quasiment sûr que certaines dépressions sont liées à une réaction de défense immunitaire bien connue : l’inflammation », précise Les Echos. Raphaël Gaillard cite en exemple: « Quand [la grippe] vous cloue au lit et que l’inflammation est maximale, la personne grippée développe ce que nous appelons un « comportement-maladie » (« sickness behavior » en anglais), qui se caractérise par un certain nombre de symptômes communs avec la dépression : elle n’a plus envie de rien, n’éprouve plus aucun plaisir aux choses qui normalement lui en procurent, est globalement ralentie, etc. ».
« Pendant longtemps, ce lien entre inflammation et dépression est resté ignoré, car l’inflammation dont il s’agit (…) [est] de très faible intensité – les spécialistes disent « de bas grade » -, peu virulente donc, mais persistante (elle peut durer toute une vie, avec des pics et des creux). Il a fallu attendre que l’on soit capable de la détecter, par exemple en mesurant de très fines variations de ce marqueur de l’inflammation qu’est la protéine C réactive (ou CRP), pour pouvoir bâtir des hypothèses solides. Les récentes avancées techniques ont rendu cela possible, et les processus biochimiques à la base de l’association inflammation-dépression sont de mieux en mieux connus », explique l’article.
« Plutôt qu’aux neurones, qui en constituent le « processeur », l’immuno-psychiatrie s’intéresse au « système de sécurité » du cerveau, c’est-à-dire à ses cellules immunitaires », résume-t-il. « Dans une étude récente publiée dans « Molecular Psychiatry », Raphaël Gaillard et son équipe, (…), se sont intéressés à la mastocytose, une maladie orpheline qui consiste en la prolifération de cellules immunitaires jouant un rôle important dans l’allergie, les mastocytes », or « une étude précédente avait montré que 50 % des malades de la mastocytose souffrent également de dépression », souligne l’article. « Ce n’est nullement un hasard. L’article de « Molecular Psychiatry » établit clairement le lien entre l’hyperactivité des mastocytes et les symptômes dépressifs en mettant en évidence, chez les malades présentant ces symptômes, un taux élevé d’acide quinolinique, un composé organique neurotoxique. Il a également été montré que si l’on administrait à ces patients de la kétamine, un anesthésique diminuant les effets délétères de l’acide quinolinique sur le cerveau, les symptômes dépressifs s’estompaient », poursuit-il.
Le journal note que « les psychiatres s’intéressent de près [aux] cytokines ». « Ce sont les messagères du système immunitaire, certaines servant à déclencher l’alarme qui conduira à l’inflammation (cytokines pro-inflammatoires), d’autres à stopper cette même alarme (cytokines anti-inflammatoires). Il en existe quatre sortes principales : l’interféron, le facteur de nécrose tumorale ou TNF, l’interleukine 1 béta (IL1 béta) et l’interleukine 6 (IL6) », explique-t-il. « Une méta-analyse parue (…) dans « Acta Psychiatrica Scandinavica » a repassé au peigne fin toutes les études existantes au sujet de l’IL1 béta, qui est le premier signal déclencheur de l’inflammation au niveau cérébral. Ses conclusions ne laissent aucun doute : il existe des liens très étroits entre des taux augmentés d’IL1 dans le sang et le déclenchement d’une dépression », indique l’article.
« Traquer les traces d’une éventuelle inflammation de bas grade chez les dépressifs venant consulter un psychiatre ne constitue pas encore un examen de routine, mais on peut espérer que ce sera le cas dans un proche avenir. Tout comme on peut espérer que de nombreux médicaments connus – à commencer par de simples anti-inflammatoires tels que l’aspirine, mais aussi des anticorps anticytokines – se verront délivrer une autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la dépression », se réjouit-il. « En attendant le jour où sera développé un premier vaccin préventif contre la dépression – une idée récemment émise par Robert Dantzer lui-même -, tout ou partie des 30 % de laissés-pour-compte de cette terrible maladie pourraient bientôt connaître à leur tour un soulagement à leurs maux », conclut Les Echos.
Concernant les chiffres de la dépression, Le journal précise qu’« à l’échelle planétaire, près de 350 millions de personnes de tous âges souffrent de dépression. Les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes ». « Les psychiatres estiment qu’une personne sur cinq fera, à un moment ou un autre de sa vie, un épisode dépressif caractérisé », ajoute-t-il. « La dépression devrait devenir d’ici à 2020 la deuxième cause de mortalité et de handicap dans le monde », estime l’OMS, « qui en a fait le thème de la prochaine Journée mondiale de la santé, le 7 avril 2017 », souligne le journal.
06 12 2016
« Autisme : des députés LR relancent la guerre contre les psys »
Libération revient sur la proposition de loi déposée par le député Les Républicains Daniel Fasquelle « qui interdirait toute pratique psychanalytique dans la prise en charge de l’autisme ». « Le projet, porté par 93 parlementaires (dont Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet), sera débattu le 8 décembre à l’Assemblée », précise l’article. Le journal évoque des réponses du « milieu psy » : «Non à la science d’Etat», «attaque inadmissible contre la liberté du médecin».
« De fait, en matière de prise en charge de l’autisme, on aurait pu espérer un peu de calme, tant les difficultés sont nombreuses, les douleurs fortes et les malentendus fréquents », souligne l’article.
« Daniel Fasquelle s’appuie, voire détourne, les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui en 2012 avait noté que les pratiques psychothérapeutiques n’avaient pas montré «un niveau de preuve suffisant dans la prise en charge de l’autisme (…). La HAS recommandait plutôt les thérapies comportementales. A l’époque, ce fut un tollé », explique-t-il. « Selon Daniel Fasquelle, qui a fait de la lutte contre la psychanalyse son cheval de bataille, il faut s’en tenir strictement aux conclusions de la HAS et, en déduit-il, supprimer toute subvention à la psychothérapie », résume Libération.
Pour le pédopsychiatre Bernard Golse (hôpital Necker), «cette interférence du politique dans le contenu du soin est inconcevable vis-à-vis de la protection des libertés, et ceci d’autant plus qu’il n’existe aucun consensus et aucune solution générale quant à la prise en charge de l’autisme». « Si ce projet passe, les autistes ne pourront plus bénéficier de thérapies par la parole, ou de thérapies de groupe comme l’équithérapie, l’art-thérapie, etc. Et les parents ne pourront plus venir parler de leurs difficultés. Pour l’heure, le gouvernement se tait devant cette nouvelle polémique », conclut Libération.
« Un plan contre le malaise des soignants »
« Des infirmières à bout de souffle, des pontes de la médecine qui se disent maltraités par leur hiérarchie… Face à la souffrance des soignants — ils sont deux millions en France —, la ministre de la Santé a présenté hier sa stratégie pour améliorer leur qualité de vie à l’hôpital », indique la journaliste Florence Méréo dans Le Parisien.
Elle précise que la ministre a réaffirmé « [sa] détermination à prendre soin de ceux qui nous soignent », et évoqué « 30 M€ sur trois ans pour généraliser dans chaque groupement hospitalier de territoire les services de santé au travail ». Objectif : « Comprendre : des équipes de psychologues, assistants sociaux… afin que chaque soignant puisse bénéficier d’une prise en charge médicale et psychologique sur son lieu de travail ». A cette proposition de « généraliser les psys », Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI) répond qu’« il y a un problème de faisabilité, L’enveloppe est beaucoup trop petite pour répondre aux attentes de terrain ».
« Un médiateur » [national, « prochainement » nommé, [et] épaulé par des médiateurs régionaux] traitera « les situations de conflit, de tensions » au sein de l’hôpital. Il pourra proposer un changement d’orientation, une réorganisation de services », explicite Marisol Touraine.
« C’est une bonne chose car trop de conflits se terminent par une judiciarisation qui dure des années. Mais il manque clairement un volet répressif. Il n’y a pas dans le plan de volonté de sanctionner les personnes responsables de la souffrance au travail », estime Philippe Halimi, le président de l’association Jean-Louis Mégnien qui lutte contre le harcèlement à l’hôpital public.
La journalise rappelle que « le 26 novembre, « le Parisien » – « Aujourd’hui en France » avait publié la carte de la maltraitance établie à partir des 200 signalements de médecins qui s’étaient déclarés harcelés auprès de l’association ».
Autre mesure évoquée par l’article, « un observatoire national » qui sera « installé début 2017 » et « présidé par un expert en risques psychosociaux ». « Sa mission : repérer les dysfonctionnements et proposer des solutions », précise la journaliste. « Autre nouveauté après que cinq infirmiers se sont donné la mort cet été : les suicides et les tentatives devront obligatoirement être signalés « afin d’en analyser les causes » », souligne-t-elle.
« Pour l’instant, il y a trop d’affichage, pas assez de concret. Mobilisés il y a un mois, les professionnels pourraient de nouveau descendre dans la rue « dès début 2017 », estime Nathalie Depoire. « C’est vraiment l’emplâtre sur une jambe de bois. Ce sont des mesures très incantatoires dont on ne sait pas si elles seront tenues avec les échéances électorales. On ne peut pas parler de qualité de vie si on n’y met pas les moyens et si on n’arrête pas les suppressions de lits et d’effectifs », abonde Patrick Bourdillon, délégué CGT Santé. « Avec, en conséquence, des urgences saturées par de simples grippes et bronchiolites », note Le Parisien.
« Les autres syndicats restent prudents », indique la journaliste. « Un espace se dessine, on a au moins l’impression d’être entendus », note Max-André Doppia, président de l’intersyndicale Avenir hospitalier, qui représente les praticiens. « Le bilan est mitigé. Il y a des éléments pertinents, importants, mais on s’interroge sur la cohérence du projet et les moyens qui seront donnés aux établissements, où la priorité reste de répondre aux objectifs financiers » juge Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière.
Pour la journaliste Marie-Cécile du Figaro qui titre « Infirmières : le plan a minima de Touraine »,
« Les syndicats n’y croient plus ». Même si l’article évoque « une concertation [qui] s’ouvrira avec les organisations syndicales pour « adapter le régime indemnitaire et mieux valoriser » les astreintes. Bref, pour augmenter les salaires », « pour les syndicats, le compte n’y est pas. Et de loin », souligne-t-elle. Elle rapporte en conclusion que « l’intersyndicale CGT-FO-Sud a boycotté la réunion qui suivait les annonces de la ministre, « parce que ces semblants de réponse ne sont pas satisfaisants et que les vrais problèmes ne sont pas posés, notamment la fin des suppressions d’effectifs ou l’arrêt de la mise en œuvre des GHT » », selon Luc Delrue, secrétaire fédéral FO Santé.
08 12 2016
« Dépakine : les bipolaires, les oubliées du scandale sanitaire »
L’Obs
L’Obs publie une enquête sur ce « médicament commercialisé par Sanofi [qui] a été prescrit à des milliers de femmes épileptiques durant leur grossesse, mettant en danger la santé de l’enfant à naître. En psychiatrie, un « cousin » du traitement est toujours utilisé pour soigner les bipolaires ».
Le magazine remarque ainsi : « On connaissait « l’affaire Dépakine », du nom de cet antiépileptique que de nombreuses femmes enceintes ont pris, et continuent de prendre pour certaines, sans savoir que ce médicament fait courir un risque de handicap physique et mental parfois gravissime à leur enfant à naître ».
« On sait moins en revanche que ce scandale sanitaire concerne autant, ou presque, de femmes bipolaires, celles qui prennent du Dépakote, un régulateur de l’humeur fabriqué avec la même molécule que la Dépakine : le valproate de sodium », explique L’Obs.
L’hebdomadaire indique en effet qu’« entre 2007 et 2014, parmi les femmes enceintes sous valproate, 57% étaient épileptiques et 43%, bipolaires, selon les chiffres de la Caisse Nationale d’Assurance maladie. Il ne s’agit donc pas de « l’affaire Dépakine », mais de « l’affaire Dépakine et Dépakote », qui concerne dès lors bien plus de femmes et d’enfants ».
L’Obs souligne que « pourtant, […] à l’époque, nombre d’experts ont lancé l’alerte : l’information sur la toxicité potentielle du valproate sur le fœtus ne parvient pas aux médecins de ville en général et aux psychiatres en particulier ».
« Hélas, aucune suite n’a été donnée à ces signalements de première importance. Pas étonnant quand on sait que les « responsables » alors aux postes-clé de la pharmacovigilance au sein de l’Agence du médicament (ex-Afssaps, aujourd’hui ANSM), ceux qui auraient dû agir, sont ceux-là mêmes qui ont été remerciés pour incompétence dans l’après-Médiator », continue le magazine.
« Les députés relancent le débat sur l’autisme »
Pierre Bienvault fait savoir dans La Croix que « l’Assemblée nationale examine aujourd’hui une «résolution» qui appelle à des «poursuites pénales» contre les médecins utilisant la psychanalyse face à l’autisme ». Il observe que « ce texte déclenche une vive indignation chez les professionnels concernés », et note qu’« en France, les méthodes éducatives et comportementales, préconisées par les pouvoirs publics, restent peu diffusées ».
Le journaliste explique ainsi que le député (Les Républicains) Daniel Fasquelle « va présenter […] une proposition de résolution explosive. Co-signée par une centaine de députés de son camp, ce texte invite le gouvernement à «fermement condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes dans la prise en charge de l’autisme» ».
Le député déclare : « J’ai découvert ce problème en 2010. J’ai regardé les données scientifiques, écouté des familles. Et je trouve inacceptable qu’on finance des méthodes qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité. C’est un scandale sanitaire ».
Pierre Bienvault poursuit : « Autre petite bombe, le texte demande au gouvernement «de faire systématiquement engager la responsabilité pénale des professionnels de santé qui s’opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d’autisme» ».
Le journaliste relève que « sans surprise, la planète «psy» est en ébullition. «L’empêchement de penser, donc de créer, pour les patients, pour les professionnels, et pour les familles, est une atteinte à la démocratie et à la culture», proclame le collectif des 39. Une colère partagée par l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) », celle-ci remarquant qu’« il ne peut et il ne doit pas y avoir de doctrine scientifique d’État et, corollaire, de doctrine psychothérapique d’État ! ».
Pierre Bienvault précise que « pour comprendre ce débat, il faut remonter à la prise de position de la Haute Autorité de santé (HAS). En 2012, cette instance avait recommandé les méthodes comportementales et éducatives largement utilisées dans les pays anglo-saxons. Et défendues par plusieurs associations de familles, qui rejettent de manière parfois très virulente les approches psychanalytiques, historiquement très implantées en France ».
« Tout en restant prudente, la HAS avait classé dans les interventions «non consensuelles» les approches psychanalytiques. Selon ses experts, «l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence» de ces interventions. Depuis, le gouvernement s’efforce de promouvoir les méthodes éducatives et comportementales », rappelle le journaliste.
Le député Daniel Fasquelle déclare toutefois que « cela ne va pas assez vite. Les méthodes psychanalytiques ne marchent pas. Il faut arrêter de les rembourser ». De son côté, le Pr Daniel Golse, pédopsychiatre à l’hôpital Necker, remarque : « Ce député dévoie les recommandations de la HAS. Celle-ci n’a jamais demandé l’interdiction de la psychanalyse ».
« Ces méthodes éducatives, je les utilise. Mais dans certains cas, il faut les associer à une psychothérapie. Pas pour rechercher la cause de l’autisme ni culpabiliser les parents. Le but est de comprendre les angoisses de l’enfant et de l’aider à desserrer ses mécanismes de défense pour qu’il puisse profiter au mieux de ses compétences », poursuit le médecin.
15 12 2016
« Un psy condamné pour un patient meurtrier »
Libération relate « une affaire rarissime en France qui risque de secouer le milieu de la santé mentale : la condamnation d’un psychiatre pour des actes commis par un patient ».
Le journal annonce en effet qu’« à l’issue du procès du Dr Lekhraj Gujadhur, poursuivi pour homicide involontaire après le meurtre d’un passant en 2008 par un de ses malades atteint de schizophrénie, le jugement du tribunal correctionnel de Grenoble est tombé mercredi : 18 mois de prison avec sursis ».
« L’établissement psychiatrique où travaillait ce médecin à Saint-Egrève (Isère) a été relaxé. Le médecin condamné va faire appel de sa condamnation », poursuit le quotidien.
Libération rappelle que « le meurtre commis à Grenoble, fin 2008, avait frappé les esprits. Nicolas Sarkozy, alors président, avait dénoncé ce fait divers et s’était alarmé de ceux qui renvoyaient ce crime à la fatalité. Il posait brutalement la question de la dangerosité potentielle de certains patients ».
Le journal explique que « le 1er novembre 2008, Jean-Pierre Guillaud, 56 ans, atteint de psychose délirante depuis près de quatre décennies et déjà auteur d’agressions à l’arme blanche, mais autorisé à des sorties non surveillées dans le parc de l’établissement, s’était échappé de l’hôpital. Il avait pris le car pour le centre de Grenoble et avait tué un étudiant, Luc Meunier, 26 ans ».
Le quotidien note que « l’instruction avait montré une prise en charge sans aucune cohérence de ce patient, par à-coups, le malade errant entre différents services et hôpitaux pendant des années. Peu avant les faits, alors qu’il était hospitalisé, celui-ci n’avait rencontré aucun médecin. L’avocat du psychiatre avait argumenté que ce qui s’était passé était de l’ordre d’un accident médical ».
Libération cite un psychiatre hospitalier, qui déclare que « ce jugement est lourd de dérives. On ne peut pas prévoir. Laisser croire que l’on peut éliminer tous les risques est un leurre. Il y a des choses qui nous échappent ».
La Croix relève également, sur quelques lignes, que « le psychiatre d’un malade mental meurtrier [a été] condamné […] à 18 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Grenoble ».
Le journal souligne que « cette condamnation au pénal est une première en France pour un praticien hospitalier – en 2012, une psychiatre libérale avait écopé de la même peine pour des faits similaires ».
16 12 2016
« Un psychiatre doit-il être tenu responsable des actes de son patient ? »
C’est ce que se demande Pierre Bienvault, qui note dans La Croix que « le tribunal correctionnel de Grenoble a condamné à 18 mois de prison avec sursis un psychiatre dont le patient, schizophrène, s’était échappé avant de commettre un meurtre en 2008. Une décision «incompréhensible» pour son avocat tandis que, du côté de la famille de la victime, on évoque les «fautes caractérisées» du médecin ».
Me Jean-Yves Balestas, l’avocat du médecin, déclare ainsi : « Avec cette condamnation, la justice envoie un message très clair à tous les psychiatres : ’’enfermez tous vos patients schizophrènes pour ne pas prendre le moindre risque’’». Tandis que Me Hervé Gerbi, l’avocat de la famille de la victime, remarque : « Il ne faut pas tirer des enseignements concernant toute une profession. Le tribunal a juste estimé que ce praticien avait commis des manquements graves et des fautes caractérisées ».
Pierre Bienvault revient sur ce « drame au retentissement national » et note qu’« au final, la justice avait renvoyé devant le tribunal un seul médecin : le Dr Lekhraj Gujadhur, en charge du pavillon où était hospitalisé Jean-Pierre Guillaud », le patient schizophrène.
L’avocat du praticien déclare : « On reproche à mon client de l’avoir laissé sortir dans le parc. Mais il faut savoir qu’il bénéficiait d’une autorisation du préfet pour sortir de l’hôpital une fois par semaine. C’est donc bien le signe qu’il n’était pas jugé immédiatement dangereux ».
L’avocat de la famille de la victime remarque quant à lui : « Alors qu’il était son médecin référent, le Dr Gujadhur n’a, en 2 ans, jamais eu le moindre entretien clinique avec ce patient qui était placé en hospitalisation d’office à la suite de deux agressions pour lesquelles il avait déclaré irresponsable pénalement. Le Dr Gujadhur avait confié son suivi à une médecin stagiaire qui, 3 jours avant le drame, l’avait alerté sur une aggravation de son état. Il était en état de décompensation et avait montré des pulsions meurtrières ».
Pierre Bienvault note enfin qu’« en 2012, une psychiatre libérale avait été condamnée à de la prison avec sursis à Marseille dans une affaire similaire, avant d’être relaxée en appel pour cause de prescription des faits. À l’époque, cette affaire avait suscité un très large mouvement de soutien du monde de la psychiatrie qui, cette fois, se montre plus discret dans son soutien au Dr Gujadhur ».
20 12 2016
« Alzheimer, une enquête inédite sur la tutelle »
Pierre Bienvault fait savoir que « selon une enquête, 38% des mesures de protection prises par les juges des tutelles concernent des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ».
Le journaliste indique que « la mesure vise surtout à protéger une personne qui ne peut plus gérer son budget ou assurer la vente d’un bien, mais le juge peut aussi décider de l’entrée en maison de retraite ou retirer le droit de vote de la personne ».
Pierre Bienvault rend ainsi compte de cette « enquête sur les juges de tutelle qui vient d’être rendue publique par la Fondation Médéric Alzheimer. Le sujet est majeur ». Fabrice Gzil, responsable du pôle recherche de la Fondation, remarque qu’« on estime que 260.000 personnes atteintes de cette maladie font l’objet d’une protection juridique, soit environ 30% de l’ensemble des personnes vivant avec cette maladie ».
Le journaliste précise qu’« au total, 182 juges des tutelles ont répondu à l’enquête. […] Premier constat : parmi l’ensemble des mesures prises par ces magistrats, 38% concernent des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Dans la quasi-totalité des cas, la demande de protection vient de la famille. Principalement pour trois motifs : la personne malade n’est plus capable de gérer son budget, elle ne peut plus assurer seule la vente d’un bien et il y a un désaccord sur son lieu de vie, entre le maintien à domicile ou la maison de retraite ».
Pierre Bienvault indique que « chaque fois que c’est possible, le juge choisit un tuteur dans la famille. Mais ce n’est pas toujours simple. Car l’aidant le plus proche peut se retrouver dans une situation d’épuisement qui l’empêche d’exercer cette mission. Dans ce cas, un mandataire extérieur peut être désigné ».
Brigitte Huon, vice-présidente de France Alzheimer, remarque cependant que « parfois, les décisions ne sont pas comprises. Je connais le cas d’une femme qui accueillait sa mère chez elle. Le tuteur a pris la décision de la placer en maison de retraite sans demander l’avis de la mère, ni de la fille ».
Pierre Bienvault relève qu’« en cas de conflit familial, c’est parfois le juge, au final, qui choisit le lieu de vie de la personne. Dans l’enquête, les magistrats disent que c’est la décision qui leur pose le plus de problèmes éthiques ».
Le journaliste continue : « Avant de rendre leur décision, moins de la moitié des juges auditionnent la personne. En général, ils suivent l’avis du médecin expert, celui-ci estimant que l’intéressé n’est pas en mesure d’être entendu. Quand l’audition a lieu, elle est parfois constructive, parfois moins ».
Un magistrat note ainsi que « les malades ne sont pas préparés, ils sont angoissés par la présence d’inconnus, choqués par le bouleversement de leur quotidien que représente une audition », un autre relevant que « la vulnérabilité des malades d’Alzheimer peut «les conduire à répondre oui systématiquement aux questions du juge» ».
Pierre Bienvault observe en outre que « la tutelle, ce n’est pas seulement décider de la vente d’une maison. C’est aussi, parfois, prendre des mesures qui touchent très directement la vie de la personne. Ainsi, un juge peut retirer le droit de vote ». Anne Caron-Déglise, présidente de la cour d’appel de Versailles, remarque que « depuis, la loi du 5 mars 2007, pour retirer le droit de vote, il faut un avis motivé du médecin. Or, bien souvent, le praticien fait cette préconisation sans rien motiver ».
Enfin, Olivier Saint-Jean, responsable du service de gériatrie de l’hôpital Pompidou (Paris), souligne que « faire un certificat dans une procédure de tutelle est difficile. Le médecin n’a pas le droit de recevoir en expertise ses propres patients. Il reçoit donc des personnes qu’il ne connaît pas et dont le dossier médical est plus ou moins complet. Il doit se fonder sur l’examen clinique ».
Le praticien explique que « pour évaluer les fonctions de mémoire ou de langage, nous avons des outils cliniques qui marchent très bien. Mais pas pour apprécier, via un seul entretien, la capacité de la personne à continuer à prendre des décisions pour elle-même ».
« La grossesse induit des changements dans le cerveau de la mère »
Le Parisien note en effet que « la grossesse entraîne d’importantes modifications dans le cerveau, qui persistent pendant au moins 2 ans après et permettraient de préparer la mère aux exigences de la prise en charge du bébé », selon une étude espagnole.
Le journal précise que « ces changements dans la structure et la fonction cérébrale, se produisent dans les régions qui sont impliquées dans les interactions sociales comme la perception et l’interprétation des désirs, des émotions, des intentions et de l’humeur d’autrui ou de soi-même, d’après la revue spécialisée Nature Neurosciences où paraissent les travaux des chercheurs ».
Le Parisien explique qu’« Elseline Hoekzema (unité de recherche en sciences cognitives, département de psychiatrie et médecine légale à l’Université de Barcelone, Espagne) et ses collègues ont analysé à l’aide d’examens d’imagerie, avant et après l’accouchement, 25 femmes, devenues mères pour la première fois, afin de caractériser les changements structurels induits par la grossesse dans la matière grise de leurs cerveaux ».
« Par comparaison avec les cerveaux de 19 pères, 17 hommes sans enfants et 20 femmes n’ayant jamais accouché, les femmes dont c’était le premier enfant, ont présenté une matière grise réduite dans les régions associées aux aptitudes sociales. Ce sont des aptitudes qui présentent des déficiences dans certaines pathologies ou handicap, comme la schizophrénie et l’autisme », relève le quotidien.
Il note que « les auteurs ont observé une augmentation de l’activité neurale dans certaines de ces régions cérébrales modifiées par la grossesse lorsqu’ils ont montré aux mères des photos de leurs propres nourrissons ».
Le Parisien ajoute qu’« une séance d’imagerie de suivi a permis de constater que presque toutes ces réductions de matière grise étaient maintenues chez les mères dont c’était le premier enfant près de deux ans après l’accouchement, à l’exception d’une récupération partielle du volume de la matière grise dans l’hippocampe, région associée avec la mémoire ».
Le journal observe que selon les auteurs, « ces changements peuvent préparer une femme aux exigences sociales d’une maternité imminente. Ce modèle de changements structurels pourrait être, en outre, utilisé pour distinguer les cerveaux des femmes qui ont finalement accouché de celles qui ne l’ont pas fait, ainsi que pour prédire la qualité de l’attachement des mères à leurs nourrissons dans la période post-partum ».
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