01 02 2017

Anxiété et dépression soupçonnées d’augmenter le risque de certains cancers

Anxiété et dépression soupçonnées d'augmenter le risque de certains cancersPar Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]

Anxiété et dépression sont associées à une augmentation du risque de cancer et notamment dans certaines régions comme la prostate, le pancréas ou encore le sang. C’est ce que montre une étude parue dans le BMJ.

Anxiété et dépression semblent avoir un pouvoir prédictif sur le site de survenue d’un cancer. C’est ce que montre une étude parue dans le BMJ. Les auteurs ont analysé les données de 16 cohortes anglaises et écossaises dont les suivis prospectifs ont débuté entre 1994 et 2008.
Elles comptaient 163.363 hommes et femmes de plus de 16 ans au moment de l’inclusion qui ne présentaient pas de cancer et rapportaient eux-mêmes leur état psychologique en utilisant l’échelle GHQ-12 (general health questionnaire). En moyenne, ces personnes ont été suivies 9,5 ans pendant lesquels 4353 personnes sont décédées par cancer.
A chaque fois, les auteurs recherchaient la localisation cancéreuse. Ils ont constaté que par rapport aux personnes présentant la meilleure santé psychologique avec un score GHQ-12 compris entre 0 et 6, le taux de mortalité par cancer était significativement plus élevé chez les personnes souffrant de stress, anxiété ou encore dépression (score de 7 à 12) avec une hausse du risque relatif de 32% y compris pour les cancers non associés au tabagisme (+45%).
Le risque relatif de cancer colorectal était également plus élevé (+84%), mais également celui des cancers de la prostate (X2,42), pancréas (x2,76), de l’œsophage (x2,59) et enfin la leucémie (x3,86).

Référence :
G David Batty 
et al.
Psychological distress in relation to site specific cancer mortality: pooling of unpublished data from 16 prospective cohort studies

 

07 02 2017

Le Figaro , Le Parisien , Libération

 

« Nouveau suicide à l’hôpital Georges-Pompidou »

 

Le Figaro indique en effet qu’« un nouveau suicide a eu lieu dimanche soir au sein de l’HEGP, où un jeune infirmier s’est défenestré. Il faisait partie de l’équipe de suppléance, formée de personnels non affectés à des services mais qui «tournent» selon les besoins ».

Le journal note qu’« il ne devait pas travailler ce soir-là, mais il est venu à l’HEGP, a enfilé sa blouse avant de rejoindre le 8e étage. Là, il a passé un appel à sa compagne avant de se jeter dans le vide. Il laisse deux enfants en bas âge ».

L’AP-HP fait savoir qu’« une enquête est diligentée par la direction de l’hôpital européen Georges-Pompidou et la cellule d’analyse des suicides est saisie, en lien avec les représentants du CHSCT» (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

Le Figaro remarque que « ce suicide intervient alors que la directrice de l’établissement, Anne Costa, très critiquée pour ses méthodes de management par toute une partie de l’HEGP, doit quitter cette semaine Pompidou pour rejoindre Ambroise-Paré. Elle doit être remplacée par la directrice de Robert-Debré, Stéphanie Decoopman ».

Le quotidien ajoute que « ce suicide à Pompidou intervient quasiment 14 mois après celui du Pr Jean-Louis Megnien. Le cardiologue de 54 ans, père de cinq enfants, s’était défenestré du 7e étage le 17 décembre 2015. Régulièrement et depuis au moins 2 ans, il faisait état d’un harcèlement, de maltraitances et de vexations de la part de sa hiérarchie directe […] et de la directrice ».

Le Figaro rappelle notamment que « la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait saisi l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Cette dernière avait pointé des manquements dans le traitement du conflit qui a conduit au geste du professeur, parmi lesquels «l’absence de signalement» sur sa souffrance. Mais l’Igas n’a pas rendu public ce rapport, considérant que le document était «non publiable au sens de la loi» ».

Le journal cite un membre du siège de l’AP, qui déclare : « Pour le moment, tout le monde est atterré, la communauté médicale est sens dessus dessous. C’est terrible. Après le suicide de Mégnien, c’est très lourd. C’est dur pour tout le monde. On est tous atteint. C’est vraiment difficile cet hôpital et pourtant il est tout neuf, ultramoderne avec des équipes de haut niveau. Il va falloir prendre des mesures de sécurité ».

Et un salarié de l’AP « qui va lancer une procédure de harcèlement contre la direction générale de l’AP-HP », remarque : « C’est fou. Je suis bouleversé. J’espère que nous ne sommes pas dans une série de type France Telecom. Il y a un problème gravissime et totalement inédit dans cette maison, Pompidou en est un peu l’emblème ».

De son côté, Libération s’interroge : « Y aurait-il comme une malédiction ? », et remarque que « même si, selon le Parisien, il ne serait pas motivé par des raisons d’ordre professionnel, ce suicide fait écho à celui qui avait secoué l’établissement, le 17 décembre 2015 ».

Le journal observe en outre que « le drame survenu dans la nuit de dimanche à lundi intervient également après les suicides de plusieurs infirmiers cet été qui ont fortement touché la communauté soignante. Et qui avaient conduit Marisol Touraine à lancer un «un plan pour l’amélioration de la qualité de vie au travail des hospitaliers» ».

Le Parisien relate également ce « suicide [qui] rouvre les plaies à Pompidou », et observe que « l’établissement où exerçait depuis 12 ans ce père de deux enfants est aussi célèbre pour ses pôles d’excellence que pour ses guerres des chefs et l’éreintement de ses soignants. Une situation que dénoncent ses personnels depuis déjà longtemps ».

Le journal revient aussi sur le suicide du Pr Megnien et note que « 14 mois après ce drame, ni les préconisations de l’Igas ni celles de la commission d’analyse des suicides, pas plus que la «stratégie nationale sur l’amélioration de la qualité de vie au travail» de la ministre Marisol Touraine, n’ont apaisé le mal-être ».

« Même si beaucoup évoquent des problèmes familiaux, pour les collègues et les syndicats, ce geste désespéré a rouvert les plaies », continue Le Parisien.
08 02 2017

« Lancement d’un projet d’intelligence artificielle contre le cancer »

Le Parisien

Le Parisien annonce que « la société française Oncodesign, sous-traitant de l’industrie biopharmaceutique pour la partie recherche, va bénéficier d’une aide de 7,7 millions d’euros du Programme d’investissements d’avenir (PIA) pour développer des solutions d’intelligence artificielle contre le cancer ».
Le journal explique ainsi que 
« le projet OncoSNIPE, doté d’un budget total de 12 millions d’euros, va faire appel à des solutions « bio-informatiques » comme l’intelligence artificielle pour identifier et caractériser des patients résistants aux traitements anti-cancéreux, selon le communiqué commun d’Oncodesign et de Bpifrance ».
« Le but sera d' »orienter la recherche et le développement de solutions thérapeutiques spécifiques » pour ces patients, en ciblant les cancers du sein, du pancréas et du poumon, où les résistances aux traitements actuels peuvent être particulièrement élevées », 
note Le Parisien.
Le quotidien précise que 
« d’une durée de 4 ans, le projet sera piloté par Oncodesign mais comprend trois autres partenaires industriels : la société d’intelligence artificielle italienne Expert System, le groupe lyonnais de services numériques Sword et Acobiom, développeur d’outils de diagnostic pour la médecine personnalisée, basé à Montpellier ».
Le Parisien ajoute que 
« trois institutions vont également participer au projet : les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et les centres régionaux de lutte contre le cancer de Dijon et de Marseille.
Ces partenaires académiques devront prendre en charge plus de 800 patients dans le cadre de l’étude ».


10 02 2017

Le Figaro

 

« Suicide du cardiologue de Pompidou : un «homicide involontaire» »

 

Le Figaro annonce en effet que « l’inspection du travail a conclu à un «homicide involontaire» pour le suicide du Pr Mégnien en décembre 2015. Elle met en cause la direction de l’hôpital et vient de saisir le procureur de la République ».

Anne Jouan revient sur les circonstances du drame et explique que « l’inspection du travail avait diligenté deux enquêteurs sur place. Ils ont longuement interrogé tous les collègues du Pr Mégnien. […] Leur rapport est sans appel : le cardiologue a bien été victime de harcèlement moral ayant conduit au suicide. Ils concluent à un «homicide involontaire» ».

La journaliste souligne que « le rapport des deux inspecteurs met directement en cause la directrice de l’hôpital, Anne Costa, qui s’apprête à quitter ses fonctions à Pompidou pour rejoindre Ambroise-Paré ».

« En raison de la violence des faits observés, l’inspection du travail a fait, le 17 janvier dernier, un signalement au procureur de la République de Paris dans le cadre d’un article 40. Ce dernier note que «toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs» », relève Anne Jouan.

La journaliste observe qu’« après le suicide du Pr Mégnien, l’administration avait voulu rejeter la faute sur les problèmes personnels rencontrés par le médecin, notamment le fait que sa femme vivait à l’étranger, à Boston ».

Un inspecteur du travail précise ainsi que « c’est un classique des employeurs. Ils utilisent toutes les confidences faites par les salariés à leurs collègues ou à la hiérarchie pour pouvoir dire qu’il s’agissait d’une personne fragile. Ces difficultés sont censées amoindrir les causes du suicide ».

Anne Jouan remarque que « cet argument resservi en début de semaine. Dimanche soir, Emmanuel, un infirmier de 35 ans se jetait par la fenêtre du 8e étage de Pompidou. Le lundi, exactement 12 heures plus tard, un chef de service important de l’hôpital nous appelait pour nous dire : «Il s’est suicidé pour des motifs personnels.» ».

« A l’AP-HP, une journée d’enquête suffit donc pour expliquer qu’un infirmier mette fin à ses jours en prenant pour cela le soin de venir sur son lieu de travail alors qu’il n’était pas d’astreinte », note la journaliste.

Elle s’interroge : « La ministre de la Santé […] rendra-t-elle enfin public le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) réalisé sur le suicide du Pr Mégnien ? Quel a été le rôle du directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, dans cette affaire, lui qui était informé des difficultés du médecin ? Depuis avril, une information judiciaire est ouverte pour harcèlement moral. Aucune mise en examen n’a pour le moment été prononcée ».
13 02 2017

« Alcoolisme : les mécanismes se précisent »

Les Echos

Paul Molga remarque dans Les Echos : « Reçoit-on l’alcoolisme en héritage ? Au moins en partie, viennent de confirmer des chercheurs du Texas South Medical Center de Dallas ».
Le journaliste explique que 
« leur étude publiée dans PNAS, la revue de l’Académie nationale des sciences américaine, vient de mettre en évidence le rôle très particulier joué par le gène bêta-klotho (ou KLB), responsable de la synthèse de la protéine du même nom ».
Il rappelle que 
« les chercheurs connaissent bien cette protéine : c’est un des constituants d’un récepteur neuronal impliqué dans notre appétence vis-à-vis des produits sucrés. Lorsque le gène KLB fonctionne correctement, le cerveau comprend les ordres de modération adressés par le foie via la sécrétion dans le sang d’une protéine spécifique, nommée FGF21. Mais sa forme mutante déforme le message hépatique, ont constaté les chercheurs américains en analysant le profil génétique de 105.000 buveurs ».
Paul Molga indique ainsi que 
« des tests réalisés sur des souris privées du gène KLB confirment ce mécanisme. L’équipe leur a donné le choix entre de l’eau ou de l’alcool. Les mammifères génétiquement modifiés ont préféré les boissons à base d’éthanol, qu’ils ont consommées en plus grande quantité, même quand ils avaient reçu l’hormone FGF21 en injection ».
Les auteurs écrivent : 
« Nous avons désormais une bonne idée de la voie de signalisation de l’appétence à l’alcool, ce qui ouvre des perspectives pharmacologiques prometteuses », le journaliste précisant que « le segment d’ADN variant serait en effet présent chez 40% de la population ».
Paul Molga note que 
« l’hypothèse génétique dans la dépendance à l’alcool n’est pas nouvelle », et souligne que « l’étude du Texas South Medical Center est la première à confirmer cette piste en étiquetant précisément un gène. Mais est-il le seul responsable de la dépendance alcoolique ? ».
Bertrand Nalpas, directeur de recherche à l’Inserm, déclare que
 « c’est un élément parmi d’autres facteurs, biologiques, environnementaux et psycho-sociaux ».
Le journaliste ajoute que 
« des travaux relatés l’été dernier dans la revue PloS Genetics et émanant de chercheurs de l’université de l’Indiana et de l’université Purdue suggèrent que les principales voies de régulation de la consommation d’alcool impliquent en réalité un groupe de 930 gènes entraînant chacun de petits effets. «Leur combinaison augmente le désir de boire», concluaient les auteurs ».
Paul Molga observe que 
« l’hérédité transmet pourtant une protection naturelle contre nos dérapages : un circuit neuronal spécifique qui attribue aux informations reçues par notre organisme des valeurs de plaisir ou de rejet qui déclenchent la réponse chimique ».
« Un type de neurone en particulier, le récepteur dopaminergiques D1, tient un rôle important dans ce mécanisme qui manipule nos humeurs. Il organise les données fournies par d’autres régions périphériques […] et commande à l’hypothalamus d’adresser des messages chimiques aux deux entités du système neurovégétatif : le système sympathique qui réagit aux agressions par l’intermédiaire de la noradrénaline, l’hormone du stress réveillant nos muscles, nos organes et nos réactions primaires (sudation, frisson, accélération du rythme cardiaque…) ; et le système parasympathique qui préserve l’équilibre corporel en modérant la tempête émotionnelle à coups d’acétylcholine, un autre puissant messager chimique », 
rappelle le journaliste.
Il relève qu’«
 un carburant fait fonctionner cette subtile mécanique du plaisir : la dopamine, un des neurotransmetteurs les mieux baptisés. Responsable de la dépendance psychique, c’est elle qui fait que plus une personne est exposée à l’alcool, plus elle a envie d’en retrouver la saveur ».
Paul Molga indique en outre que 
« des chercheurs de l’Université du Texas viennent de montrer que, à forte dose, l’alcool pouvait remodeler cet héritage génétique. De précédentes recherches ont montré que l’alcoolisme pouvait modifier la structure des neurones épineux moyens présents dans une zone du cerveau impliquée dans la prise de décision. Leurs travaux incriminent cette fois un autre récepteur dopaminergique, D2, qui inhibe habituellement le désir d’alcool ».
Jun Wang, principal auteur de ce travail publié dans la revue
 Biological Psychiatry, explique que « D2 se désactive en cas d’excès de consommation répétés ». Le journaliste note que « cela pourrait expliquer le succès des sessions de beuverie express (« binge drinking ») chez les jeunes, interprète le chercheur. L’alcool inhibe les « bons » neurones (D2), active leurs antagonistes (D1) et pousse à une consommation sans limites. Des cocktails – médicamenteux ceux-là – pourraient faire le contraire ».
Paul Molga relève par ailleurs que 
« le baclofène, prescrit en France depuis plusieurs années pour décrocher de la dépendance à l’alcool, est de plus en plus contesté. En décembre, lors du congrès des sociétés internationales de recherche biomédicales sur l’alcoolisme, les résultats de deux enquêtes épidémiologiques ont jeté un pavé dans la mare. Elles observaient chacune 320 patients alcoolo-dépendants ».
« La première, Alpadir, a conclu à l’absence d’effet significatif du baclofène par rapport à un placebo. La seconde, Bacloville, a montré une différence de 20% entre les deux groupes, mais peu des patients traités au baclofène sont parvenus à arrêter », 
remarque le journaliste, qui observe que « de plus en plus de spécialistes des addictions rechignent donc à prescrire cette molécule ».

15 02 2017

« Un lien entre accouchement accéléré et dépression »

Le Figaro

Cécile Thibert remarque dans Le Figaro : « Un sentiment de culpabilité, une tendance à se replier sur soi, des pensées morbides… Ce triste tableau est le lot de 13% des jeunes accouchées en France. […] La dépression du post-partum est une véritable maladie dont l’origine est mal connue ».
La journaliste indique que 
« des chercheurs de la faculté de médecine du Massachusetts (États-Unis) ont tenté d’identifier le rôle joué par l’oxytocine, une hormone parfois administrée aux femmes pour accélérer le travail ou prévenir le risque d’hémorragie ».
Cécile Thibert note en effet que 
« depuis 2011, plusieurs études ont mis en évidence un lien entre dépression avant l’accouchement et faible concentration en ocytocine naturelle dans le sang des futures mamans. Les auteurs de cette nouvelle étude ont donc émis l’hypothèse que l’injection d’oxytocine synthétique durant l’accouchement pourrait prévenir le risque de dépression ».
« Contre toute attente, ce n’est pas ce qu’ils ont découvert. Leurs résultats, publiés dans Depression and Anxiety, montrent que les femmes ayant reçu une injection d’oxytocine pendant leur accouchement ont 35% de risque supplémentaire de faire une dépression, par rapport aux autres », 
remarque la journaliste.
Cécile Thibert précise que 
« parmi les 46.732 femmes incluses dans l’étude, celles présentant des antécédents de troubles psychiques exposées à de l’oxytocine étaient même légèrement plus à risque que les femmes en bonne santé mentale non exposées (36% contre 32%) ».
Les auteurs écrivent ainsi que ces 
« données démontrent que l’administration d’oxytocine synthétique pendant le travail a un impact négatif sur l’humeur dans les mois après l’accouchement », « bien que les mécanismes d’action qui sous-tendent ce phénomène ne soient pas élucidés », poursuit la journaliste.
Le Dr Emmanuel Simon, gynécologue obstétricien au CHRU de Tours, remarque toutefois que 
« le niveau de preuves reste faible, l’étude ne permet pas d’établir un lien de causalité. De nombreux facteurs pouvant jouer sur la dépression n’ont pas été pris en compte, tels que le mode d’accouchement ou la situation affective de la femme ».
Cécile Thibert indique cependant que 
« le Dr Simon et ses collègues sont sur le point de publier des travaux similaires menés auprès de 400 femmes », le spécialiste annonçant : « Nos résultats suggèrent que plus les femmes reçoivent d’oxytocine, plus elles sont susceptibles de connaître un état dépressif ».
Laurent Gaucher, sage-femme aux Hospices civils de Lyon, remarque pour sa part que «
 ces données nous alertent une fois de plus sur le fait que l’oxytocine n’est pas une molécule anodine, et donc qu’il faut l’utiliser avec parcimonie. Cependant, elle reste indispensable pour décoller le placenta après l’accouchement et éviter ainsi les hémorragies placentaires. Dans les autres indications, il faut peser le pour et le contre ».

 

16 02 2017

« Les chiffres affolants des soins psy sans consentement »

Libération

Eric Favereau relaie dans Libération l’étude de la démographe Magali Coldefy sur « les soins sans consentement en psychiatrie », parue dans la revue de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, qui « montre une augmentation constante des hospitalisations, mais aussi des traitements à domicile obligatoires, autorisés depuis 2011 ».
Le journaliste note ainsi sur une double page que 
« près de 100.000 patients ont été hospitalisés en psychiatrie sans leur consentement l’an dernier en France. Le chiffre est énorme : 92.000 patients, exactement, enfermés contre leur gré, parfois quelques jours, d’autres fois plusieurs semaines. Soit 12.000 de plus qu’en 2012 ».
Eric Favereau observe que ce 
« travail est saisissant, l’évolution inquiétante. On assiste en effet à une hausse sensible entre 2012 et 2016, mais qui fait suite à une augmentation encore plus forte entre 2006 et 2011, atteignant presque les 50% ».
Il souligne que «
 depuis dix ans, on peut parler d’un doublement de ces hospitalisations sans consentement. Et parallèlement, […] on constate une multiplication des pratiques d’isolement et de contention. Que se passe-t-il donc derrière les murs de nos établissements psychiatriques ? La question des liens entre la liberté et la santé mentale se pose de façon insistante ».
Eric Favereau rappelle ce que
 « dit la loi » : « La psychiatrie est une exception. On l’oublie, mais le consentement est la règle d’or du soin. On ne soigne que librement. C’est la condition indispensable à toute prise en charge thérapeutique. Néanmoins, la législation française prévoit, «en cas de troubles psychiatriques sévères affectant la conscience et le besoin de soins, le recours aux soins sans consentement afin de prévenir le préjudice pour le patient de l’absence de soins» ».
Le journaliste note que 
« la législation française sur les soins sans consentement a été modifiée par la loi du 5 juillet 2011. Y sont réaffirmés les droits des personnes prises en charge dans ces conditions. Et la loi a introduit deux mesures phares : l’intervention du juge des libertés et de la détention dans le contrôle de l’administration des soins sans consentement ; celui-ci, dans les 12 jours, doit donner son aval à cette décision ».
« Autre mesure importante, la possibilité, non plus d’une hospitalisation, mais de soins ambulatoires obligatoires : la personne n’est plus internée, mais elle a l’obligation de suivre chez elle un programme de soins avec un suivi régulier à l’hôpital », 
poursuit Eric Favereau.
Il explique 
« qui sont les personnes visées » : « En 2015, plus de 1,7 million de personnes âgées de 16 ans ou plus ont été prises en charge dans les établissements de santé publics et privés de soins psychiatriques, dont 92.000 sans leur consentement, comme l’a calculé Magali Coldefy : «81.000 ont été hospitalisées au moins une fois à temps plein dans l’année, soit une augmentation de 11% par rapport à 2012.» Autre donnée : «Alors qu’en 2012, 4,8% des patients étaient suivis sans leur consentement, ils représentent 5,4 % des patients en 2015» ».
La démographe précise que 
« les personnes ayant reçu un diagnostic de troubles schizophréniques ou psychotiques représentent près de la moitié des personnes prises en charge sans consentement […]. Les troubles bipolaires (11%) et de la personnalité (8%) sont également plus fréquents chez les personnes prises en charge sans leur consentement ».
Eric Favereau note qu’
« au moins deux raisons expliquent cette hausse constante. D’abord, il y a «l’extension des modalités de prise en charge sans consentement aux soins ambulatoires et à temps partiel». On peut contraindre au traitement à domicile, et non plus seulement à l’hospitalisation. Ainsi, en 2015, près de 37.000 personnes ont eu des soins ambulatoires obligatoires, soit 40% des personnes ayant reçu un traitement sans consentement ».
« L’autre facteur est l’apparition d’un nouveau mode de placement, avec l’admission en soins psychiatriques pour péril imminent (SPI) : le patient arrive aux urgences et le personnel, plutôt que de chercher un tiers pour éventuellement l’hospitaliser, va le rediriger directement en psychiatrie, sans son consentement. Pour ce faire, il suffit de deux certificats médicaux », 
explique le journaliste.
Il relève que «
 selon la démographe, la banalisation du recours aux SPI par les professionnels s’explique par le fait qu’il s’agit d’une procédure plus simple et moins lourde ». Magali Coldefy remarque qu’« initialement destinée aux personnes désocialisées ou isolées pour lesquelles il était difficile de recueillir la demande d’un tiers, cette mesure connaît une montée en charge qui dépasse la procédure d’exception ».
Eric Favereau aborde enfin 
« les grandes variations en fonction des régions. On observe des taux qui varient dans un rapport de 1 à 10 selon les départements. […] Plusieurs facteurs expliquent ces disparités. Certains tiennent à l’offre de soins. […] Reste que l’importance de ces disparités est surtout due aux caractéristiques socio-économiques des territoires concernés ».

 

« Anorexie : stop aux défis maigreur »

Le Parisien

Le Parisien note en effet que « des médecins s’inquiètent de différents challenges, relevés par des jeunes filles, qui font l’apologie de la minceur extrême… mais qui peuvent déclencher la maladie ».
Le journal constate ainsi :
 « Test de la page A4, écart entre les cuisses… Au centre de référence des troubles alimentaires de Lyon, Sylvain Iceta, médecin psychiatre, praticien hospitalier, et Bérénice Segrestin, médecin nutritionniste, ont détricoté ces «challenges» du Net et expliquent comment ils sont une «porte d’entrée» dans l’anorexie pour les femmes qui ont un terrain favorable », rappelant qu’« en France, 230.000 personnes souffrent de cette maladie ».
Le Parisien explique que 
« le #A4Challenge consiste à réussir à cacher sa taille derrière une feuille A4, orientée à la verticale. Si rien ne dépasse, on est considéré comme mince. Très en vogue en 2016, ce défi, venu de Chine sur les réseaux sociaux, alerte les médecins. Il nécessite un tour de taille de 50 cm, soit «une taille enfant», assure Sylvain Iceta, ou «un poids de 47 kg pour 1,70 m» ».
Le spécialiste souligne que 
« c’est dangereux. Ce genre de défi peut déclencher la maladie anorexique chez les personnes vulnérables ».
Le journal remarque que 
« la question du ventre est omniprésente chez les anorexiques qui cherchent à supprimer ce lien avec la féminité. Elles se trouvent toujours trop grosses, c’est ce qu’on appelle la dysmorphophobie ». Bérénice Segrestin ajoute que « dans notre société, les abdomens ultraplats sont valorisés, notamment après un accouchement ».
Le Parisien relève que 
« ces deux spécialistes des troubles alimentaires redoutent encore plus le #collarbonechallenge, apparu sur le Net en février 2015, et le #thigh gap, l’écart entre les cuisses, en 2013 ».
« Le premier consiste à faire tenir le plus de pièces dans le creux des clavicules et le second à avoir le plus grand écart entre ses cuisses, genoux collés, ce qui induit une perte de graisse et de muscles. Des jeux qui entrent en résonance exacte avec les obsessions des anorexiques. Elles surveillent sans cesse ces parties du corps pour vérifier qu’elles progressent dans la perte de poids », 
explique le journal.
Il ajoute que 
« cette apologie relayée par des stars sur les réseaux sociaux ou en évoquant des régimes drastiques, est «délétère» », Sylvain Iceta remarquant qu’« elles sont censées être des modèles, aider les femmes à s’épanouir. Nous, derrière, on doit tout reconstruire à l’hôpital ».

 

« Le burn-out toujours en mal de reconnaissance »

Les Echos Le Figaro La Croix

Les Echos indique que « la question du burn-out revient au Parlement. Les députés Yves Censi (LR) et Gérard Sebaoun (PS) l’ont remis à l’agenda parlementaire en présentant mercredi à la commission des Affaires sociales leur rapport d’information sur le syndrome d’épuisement professionnel ».
Le journal remarque en effet que 
« Santé Publique France évoque 30.000 personnes touchées entre 2007 et 2012. L’Académie de médecine parle plutôt de 100.000 en 2016… Sans parler des 3,2 millions de salariés «en risque», d’après une étude menée par le cabinet Technologia en 2014 ».
« Or les assurés sociaux qui s’épuisent au travail ont souvent du mal à faire reconnaître leur burn-out comme maladie professionnelle. En 2015, seuls 418 cas de «maladies psychiques liées au travail» ont pu bénéficier de la prise en charge à 100% de leurs soins pour maladie professionnelle, plus une rente dépendant de leur taux d’incapacité. Même si ce chiffre a été multiplié par 5 en 4 ans, il reste très faible », 
souligne Les Echos.
Le quotidien observe :
 « Faut-il donc inscrire par décret le syndrome d’épuisement professionnel au tableau des maladies professionnelles ? A terme, pourquoi pas. Mais aujourd’hui, personne ne sait comment faire pour fixer une liste limitative de travaux susceptibles de provoquer cette maladie. Dans l’immédiat, la mission d’information privilégie la voie parallèle : l’examen des dossiers par l’une des 26 commissions régionales aptes à reconnaître une maladie professionnelle au cas par cas ».
Les Echos remarque toutefois qu’
« il faut d’abord être frappé d’un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) d’au moins 25%. Or seules 1% des incapacités reconnues concernent des pathologies psychiques ».
« Les députés proposent donc une expérimentation : le seuil d’IPP serait réduit à 10%, voire éliminé. S’il disparaît, […] le délai moyen d’examen par les commissions risque de bondir de 3 mois à 2 ans. C’est pourquoi ils demandent également un doublement des moyens des commissions les plus sollicitées, comme celles d’Ile-de-France ou d’Occitanie. Encore faudrait-il pouvoir recruter suffisamment de médecins experts », 
continue le journal.
Les Echos indique en outre que 
« le rapport préconise la création d’un centre national de référence sur le burn-out, comme pour la grippe. Alors que 200 médecins sont poursuivis devant les juridictions ordinales par des entreprises pour avoir écrit noir sur blanc que la santé d’un salarié s’était dégradée du fait de ses conditions de travail, il est proposé de modifier le code déontologique de la profession, afin de garantir cette latitude aux médecins du travail. Mais il faudra une loi pour cela ».
De son côté, La Croix relève que le burn-out est «
 mal défini et mal pris en charge », et note aussi qu’« une mission parlementaire propose de créer un centre national de référence sur le syndrome d’épuisement professionnel. Le but affiché : mieux cerner ce phénomène, pour mieux le prendre en charge ».
Le journal observe que «
 les tentatives parlementaires de le faire reconnaître comme maladie professionnelle ont échoué jusqu’à présent. Et la mission parlementaire n’a pas permis non plus d’«apporter de réponses définitives» ».
« 
Le rapporteur de la mission, Gérard Sebaoun, et son président Yves Censi (LR) proposent donc de créer un centre national de référence consacré à cette forme de souffrance au travail, qui fait l’objet pour le moment de travaux dispersés entre plusieurs instituts et qui, selon eux, continue «de résister à une définition claire et incontestable» », relève La Croix.
Le quotidien explique que « 
les députés plaident pour le renforcement de la prévention par une série de mesures : intégrer la prévention des risques psychosociaux dans la négociation annuelle obligatoire (NAO) dans l’entreprise ; favoriser la mise en place d’un réseau de salariés formés à la vigilance contre ces risques ».
« Mais aussi améliorer la formation des futurs dirigeants à la prise en compte du risque de burn-out ou rendre impossibles les poursuites disciplinaires intentées par des employeurs contre des médecins du travail ayant fait le lien entre des cas de souffrance au travail et l’activité professionnelle d’un patient 
», précise le journal.
Le Figaro indique également qu’« 
une mission parlementaire a proposé 27 mesures pour reconnaître et «mieux cerner la réalité» du burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel ».
Le remarque entre autres que « 
les députés souhaitent aussi créer un site web et une application associée à destination des professionnels afin de faciliter la compréhension et la prise en charge de ce mal-être. Ils suggèrent également d’obliger les managers à effectuer un stage parmi les salariés, sur le modèle des «stages ouvriers», afin de se rendre compte de leurs conditions de travail ».

 

17 02 2017

Maladie d’Alzheimer, la thérapie occupationnelle fait ses preuves

Maladie d'Alzheimer, la thérapie occupationnelle fait ses preuvesPar Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]

La thérapie occupationnelle, une thérapie brève à domicile destinée aux patients atteints de démence, peut ralentir la perte d’autonomie et réduire les troubles du comportement. C’est ce que montre une étude parue dans le Journal of Alzheimer’s Disease.

Stimuler certaines activités de personnes atteintes de démence ou maintenir leur autonomie de manière sécurisée et efficace en tenant compte de leurs habitudes de vie et de leur environnement. Tel est le concept de la thérapie occupationnelle.
Basée sur l’intervention d’ergothérapeutes, de psychomotriciens et d’assistants de soins en gérontologie (Équipes Spécialisées Alzheimer ESA), la prise en charge a lieu à domicile sur prescription médicale. Son efficacité vient d’être confirmée dans des conditions de soins de routine.
Dans cette étude, 421 patients atteints de démence (MMSE moyen = 17.3) ayant été dirigés vers des ESA par leur médecin ont été suivis pendant six mois. Les chercheurs ont évalué leur état clinique au début et à la fin de l’intervention (trois mois) puis encore trois mois après, à l’aide de différents questionnaires et évaluations (Mini-Mental State Examination, Disability Assessment in Dementia, Neuropsychiatric Inventory Questionnaire, qualité de vie du patient (EQ 5D-VAS), charge des aidants (score de Zarit) et quantité des soins).
Les résultats montrent que les performances cognitives des patients sont restées stables au cours des six mois ainsi que l’autonomie fonctionnelle au cours des trois mois d’intervention. Elle s’est ensuite malheureusement dégradée. Les troubles comportementaux ont eux diminué pendant la thérapie puis sont restés stables, tout comme la charge des aidants. Quant à la qualité de vie des patients, elle s’est améliorée pendant l’intervention mais s’est dégradée ensuite.
Les personnes récemment diagnostiquées étaient celles qui tiraient le plus grand bénéfice de cette prise en charge, sous-entendant qu’elles seraient une cible privilégiée pour cette thérapie. Cette dernière est conçue comme une intervention à court terme, mais les avantages sur le long terme et les conséquences d’un arrêt de la prise en charge restent à évaluer.

Référence :
Pimouguet Clément 
et al.
Benefits of Occupational Therapy in Dementia Patients: Findings from a Real-World Observational Study
Journal of Alzheimer’s Disease, vol. 56, no. 2, pp. 509-517, 2017

« Des chercheurs ont trouvé une piste pour un médicament anti-fatigue »

Science et Vie

Science et Vie explique en effet que « des chercheurs américains, italiens et néerlandais sont sur la piste d’un médicament contre la fatigue physique. Ils se sont intéressés à l’interleukine 37 (ou IL-37), une molécule naturellement produite par le système immunitaire, en cas d’inflammation provoquée par une infection ou une maladie chronique ».
« Chez la souris, ils ont observé que les performances physiques, lors d’un test d’endurance, diminuent d’environ 25% si l’on provoque une inflammation, mais que l’injection d’IL-37 annule cet effet, et rétablit des performances comparables à celles des souris indemnes », 
relève Science et Vie, qui relaie ces travaux parus dans PNAS.
Le magazine ajoute que «
 les chercheurs ont ensuite traité des souris saines sur plusieurs jours avec l’IL-37, et ont comparé leur endurance à celle de souris saines non traitées. Le résultat est spectaculaire : le temps passé à courir sur un tapis roulant était augmenté de 102 % dès le 2ème jour, et de 326% au 8ème jour ! ».
Science et Vie remarque qu’
« au-delà des propriétés anti-inflammatoires déjà connues de l’IL-37, les chercheurs ont montré que cette cytokine induisait des modifications métaboliques importantes. En particulier, elle participe à la protection anti-oxydante et améliore le rendement respiratoire des cellules musculaires ».
L’article souligne en outre que 
« ces résultats sont prometteurs pour les personnes souffrant de pathologies chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde ou le cancer, pour qui la fatigue est une composante souvent très handicapante de leur maladie ».

 

20 02 2017

Etats-Unis : « Des scientifiques plaident pour le droit de modifier le génome héréditaire humain »

La Croix

Denis Sergent note en effet dans La Croix que « des médecins, biologistes et ingénieurs de l’Académie des sciences des États-Unis plaident pour la recherche et l’application à la population de la manipulation de gènes portant sur les cellules reproductrices. Ils relancent un débat d’ordre éthique ».
Le journaliste rappelle que 
« pour l’heure, il est interdit à tout chercheur américain d’utiliser des fonds fédéraux pour créer ou modifier un embryon humain afin d’y modifier son hérédité ».
Denis Sergent explique que 
« les chercheurs partent d’un constat : la nouvelle et très efficace technique d’édition génomique (couramment appelée Crispr-cas9) fait actuellement l’objet de nombreux essais cliniques avec des cellules somatiques, comme les cellules du cœur, des muscles, du foie… ».
Le journaliste précise que 
« cette technique découverte par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna en 2011 consiste à ajouter, enlever ou remplacer des gènes pour éliminer des maladies graves. Ces modifications visent à corriger un ou des gènes d’une personne malade, et ne concernent pas sa descendance ».
Denis Sergent indique que 
« les scientifiques plaident pour étendre des essais au moyen de cette technique sur des cellules germinales (qui donneront ovules et spermatozoïdes), issues des premiers stades embryonnaires, entraînant par définition une transmission de génération en génération, conduisant à une modification de l’espèce humaine ».
« Certes, les chercheurs notent que si la technique est au point pour traiter des cellules malades que l’on peut extraire momentanément de l’organisme du patient (comme les cellules mères des globules blancs et rouges de la moelle osseuse), elle n’est pas encore maîtrisée pour les autres types de cellules », 
observe le journaliste.
Il ajoute que 
« les scientifiques assurent que, à ce jour, il n’est pas question de transférer des embryons génétiquement corrigés dans l’utérus d’une femme ».
Denis Sergent se penche sur 
« les implications éthiques » : « Les chercheurs assurent que ces modifications génétiques seront mises en œuvre uniquement «pour traiter ou prévenir des maladies graves». Toutefois, «parlant au départ de prévention et de guérison de maladies génétiques graves, ils extrapolent et introduisent la notion floue de “promotion du bien-être humain”», observe Marie-Jo Thiel, médecin et professeur d’éthique à l’université de Strasbourg ».
« Ce qui ouvre la porte à «l’homme augmenté», à l’eugénisme, voire au transhumanisme. En tout cas à une humanité inéquitable, l’accès à la «médecine de l’augmentation» étant réservée à quelques privilégiés », 
remarque le journaliste.
Il souligne que «
 les chercheurs affirment que rien ne sera possible si l’opinion publique n’est pas d’accord. Pour trancher, ils suggèrent la tenue d’une consultation publique avant «d’autoriser des essais cliniques d’édition du génome germinal pour tout autre objectif que le traitement ou la prévention de pathologies ou d’infirmités» ».

 

« La fin de vie, il faut y songer… »

Le Parisien Libération

Le Parisien observe que « la fin de vie… personne n’a vraiment envie d’en parler. Et pourtant, il peut être bien utile d’y réfléchir. Notamment depuis que, en prolongement de la loi Leonetti de 2005, de nouveaux droits ont été accordés aux personnes en fin de vie par la loi de février 2016 ».
« Ils invitent notamment à la rédaction de directives anticipées, permettant à chacun de dire, de son vivant, s’il souhaite limiter ou arrêter les traitements qu’il pourrait recevoir en fin de vie, s’il devenait incapable d’exprimer sa volonté », 
rappelle le journal.
Le Parisien indique ainsi qu’
« une campagne d’information pour inciter les Français à faire part de leurs volontés à leurs proches est lancée aujourd’hui », car « peu connaissent leurs droits ».
Le quotidien explique que cette 
« campagne de communication grand public (après celle menée auprès des médecins en décembre) est présentée aujourd’hui par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Très peu de Français écrivent des consignes. Or, sans elles, difficile de trancher les cas les plus épineux ».
Le ministère souligne que 
« cette campagne permettra à chaque Français de mieux connaître ses droits et d’aborder le sujet sereinement avec les professionnels de santé mais aussi avec ses proches ».
Le Parisien note en outre que 
« cette communication intervient à un moment où des divergences se font entendre sur ce thème ultrasensible, en cette année présidentielle. Benoît Hamon, pour le PS, mais aussi Jean-Luc Mélenchon, pour la France insoumise, veulent aller plus loin dans le droit à mourir. François Fillon, à droite, mais aussi une partie de la gauche s’y refusent ».
Jean Leonetti, député LR et médecin qui 
« a été largement consulté pour l’écriture de cette loi », remarque que « sur cette question ultra-complexe de la fin de vie, l’équilibre d’un texte est difficile à trouver. Celui-ci a le mérite d’être à l’équilibre entre les différents courants de pensée et d’avoir fait consensus à l’Assemblée. Je souhaite bonne chance à ceux qui veulent l’améliorer ».
Le quotidien observe que 
« des cas tels que celui de Vincent Lambert, tétraplégique plongé dans un état de conscience minimal et dont le cas déchire sa famille, illustrent l’aspect parfois insoluble de ces questions… Et prouve que la nouvelle loi ne règle pas tous les problèmes ».
Libération évoque aussi le sujet, titrant : 
« Directives anticipées : un débat en phrases finales ».
Le quotidien rappelle sur une double page que 
« la loi permet à toute personne de rédiger d’avance ses souhaits de prise en charge médicale si elle n’est plus en état de donner son avis. Elle les écrit, les donne à son médecin traitant ou à une personne de confiance. Le texte est évidemment libre : certains vont mettre en avant leur volonté de ne pas être réanimés s’ils n’ont plus de conscience, d’autres au contraire peuvent insister sur la poursuite des soins les plus actifs possible ».
« En France, ce dispositif existe formellement depuis près de dix ans. Il a été renforcé l’année dernière dans la loi dite Claeys-Leonetti : désormais, le médecin est tenu de le respecter, sauf si la demande de la personne est en opposition avec les bonnes pratiques médicales », 
relève le journal.
Libération ajoute qu’il 
« reste une question. Rédiger ou pas des directives anticipées ? Aujourd’hui, peu de personnes le font, alors que dans d’autres pays, comme en Allemagne, la pratique est beaucoup plus répandue. Ne pas dire est aussi une liberté », et indique avoir « demandé à diverses personnalités quelles dispositions elles ont prises ».
Ainsi, Marie de Hennezel, psychologue, observe : « 
Je me méfie beaucoup des écrits, je reste sur mes gardes. Et puis il y a comme un vice de forme : pour les personnes âgées, il est impossible d’appliquer les directives anticipées, car c’est compliqué de les recueillir. Leur demander d’en écrire ? Elles vivent, logiquement, cette demande comme quelque chose de très violent. Je crois beaucoup plus en la personne de confiance ».
De son côté, Didier Sicard, ancien président du Comité national d’éthique, remarque : « 
Les directives anticipées ne m’apparaissent pas d’une utilité folle. Leur usage dépend de situations assez rares, de situations embarrassantes, complexes, à peine 1 ou 2% des situations réelles. Il n’empêche, il est important symboliquement qu’elles existent et que l’on puisse en écrire ».
« En France aujourd’hui, à peine 1% des personnes en ont écrit, alors que dans d’autres pays c’est près de 20%. Pourquoi ? C’est un acte citoyen, et cela m’agace quand j’entends des médecins dire qu’ils ne veulent pas être contraints par ces directives, cela fait pourtant pleinement partie des droits des malades »,
 ajoute-t-il.
Nicolas Revel, directeur de l’Assurance maladie, relève quant à lui : «
 Avoir rendu les directives anticipées opposables constitue une belle avancée, un vrai pas en avant. Que faire ? Que dire ? Quoi écrire ? C’est à chacun de se projeter dans ces cas de figure… […] Les médecins ont un rôle important pour aider le patient à clarifier ce qu’il pense ».

 

23 02 2017

Le Figaro

 

« La musique agit dans le cerveau comme une drogue »

 

Anne Prigent indique en effet dans Le Figaro que « des chercheurs de l’Université McGill à Montréal ont montré que les opioïdes interviennent directement sur le plaisir musical, selon une étude publiée dans Scientific Reports ».

La journaliste explique que « l’équipe du Pr Daniel Levitin a bloqué de façon sélective et temporaire les opioïdes cérébraux à l’aide de la naltrexone, un médicament prescrit dans les dépendances à l’alcool ou aux opiacés. Les chercheurs ont ensuite mesuré les réponses à la musique chez les participants ».

« Ils ont découvert que même l’écoute de leurs morceaux préférés, quel que soit leur style musical, ne déclenchait plus aucune sensation de plaisir chez ces derniers. En créant cette anhédonie musicale, heureusement temporaire, les chercheurs peuvent en conclure que les opioïdes endogènes sont essentiels pour éprouver des émotions positives et négatives avec la musique, qui utilise les voies de la récompense connues pour la nourriture, la drogue et le plaisir sexuel », relève Anne Prigent.

Le Pr Levitin observe ainsi : « Les impressions qu’ont ressenties les sujets et dont ils nous ont fait part après l’expérience étaient fascinantes. L’un d’entre eux nous a dit: “Je sais qu’il s’agit de ma chanson favorite, mais je ne ressens pas la même chose que d’habitude en l’écoutant.” Un autre nous a affirmé : “C’est une belle chanson, mais elle ne vient pas me chercher.”» ».

La journaliste s’interroge : « Comment un tel mécanisme s’est mis en place avec la musique ? ». Salah El Mestikawy, chercheur en neurosciences au CNRS, remarque que « le lien entre circuit de la récompense et musique est multiple et complexe. Simple hypothèse personnelle, mais, comme le fonctionnement du cerveau est en partie électrique, on peut imaginer que la musique entre en résonance avec les oscillations de ce dernier ».

Le Dr Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif et porte-parole de SOS Addiction, indique quant à lui que « chez les fans de metal [dérivé du hard rock], cette dimension “addiction” est très présente. Mais avec les côtés uniquement positifs. L’envie irrépressible d’écouter du son est contrôlée… ».
24 02 2017

Le Parisien

 

« Contre la migraine, l’antidépresseur n’est pas miraculeux »

 

Aline Gérard s’interroge dans Le Parisien : « Comment venir à bout de votre migraine quand les antalgiques classiques s’avèrent inefficaces ? Pas forcément avec des antidépresseurs. […] Les médecins sont nuancés sur l’intérêt de leur prescription pour ce motif ».

La journaliste indique en effet qu’« il n’existe que très peu de preuves scientifiques montrant qu’ils peuvent terrasser une céphalée tenace ou vous permettre d’en finir avec les nuits blanches, alerte une étude publiée dans The British Medical Journal (BMJ) ».

Aline Gérard explique qu’« en se penchant sur plus de 102.000 ordonnances établies par 185 médecins de famille, entre 2003 et 2014, ces auteurs ont découvert que dans près d’un cas sur trois les antidépresseurs sont prescrits pour un tout autre motif que la dépression : la douleur, la migraine ou l’insomnie ».

« Or, seulement 16% de ces prescriptions «hors indication» étaient étayées par des publications scientifiques, remarque l’étude. Les antidépresseurs seraient-ils utilisés à toutes les sauces, à tort et à travers ? », observe la journaliste.

Jenna Wong, épidémiologiste à l’université MCGill de Montréal (Canada) et auteur de ce travail, répond : « Pas sûr. Les usages hors indications ne sont pas nécessairement fautifs. Il peut y avoir des données empiriques publiées, mais qui n’ont pas été encore prises en compte par les autorités médicales. Ou, alors, il peut s’agir d’une utilisation qui n’intéresse pas les laboratoires pharmaceutiques. Finalement, un médecin peut avoir entendu parler de cette utilisation par un collègue ou avoir constaté avec des patients qu’elle semblait fonctionner ».

Aline Gérard souligne que pour la spécialiste, « il est urgent que l’on se penche sérieusement sur les bénéfices et les risques de ces prescriptions «hors pistes». Car, en France aussi, la prescription de pilules du bonheur est assez fréquente en cas de migraine ou d’insomnie ».

La journaliste rappelle ainsi qu’« en France, la prescription d’antidépresseurs est assez fréquente pour soigner migraines et insomnies », et note que « certains antidépresseurs (pas tous) ont un effet antidouleur. Encore faut-il que les médecins prescripteurs puissent y retrouver clairement leur latin ! ».
28 02 2017

 

« La souffrance ordinaire des étudiants en santé »

La Croix

Pierre Bienvault fait savoir que « dans un livre, « Omerta à l’hôpital » [Éditions Michalon], qui sort ce jeudi 2 mars, plus d’une centaine d’élèves infirmières, aides-soignantes ou d’étudiants en médecine dénoncent les maltraitances vécues durant leur formation ».
Le journaliste observe en effet que 
« les étudiants dans les professions de la santé sont souvent victimes d’importantes pressions et charges de travail. Une succession de mots de souffrance et d’humiliations ».
Il cite ainsi cet ouvrage : 
«Ce n’est pas normal d’en arriver à pleurer systématiquement avant d’aller en stage, de vomir de stress pour une évaluation, de servir de punching-ball à certaines infirmières mal lunées», écrit une étudiante infirmière. «Je ne voulais plus vivre dans ce monde de dingues. Je pleurais tous les jours quasiment. J’ai failli me foutre en l’air en voiture sur l’autoroute plusieurs fois», dit une interne en radiologie. « Les violences en stage, on n’en parle même plus après quelques années. Ça fait partie du tout, du pack “études de médecine” », témoigne une autre interne ».
Pierre Bienvault explique qu’
« attachée à Sciences-Po, l’auteur [Valérie Auslender, médecin généraliste] a lancé en 2015 un appel sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias pour recueillir le témoignage d’étudiants en souffrance. En un an, elle a recueilli 130 récits d’aides-soignantes, d’élèves infirmières, d’étudiants en médecine, de kinés, d’ambulanciers… ».
Le journaliste évoque 
« la chronique d’une souffrance ordinaire, banalisée, quasi institutionnelle. Et comme reproduite de génération en génération par un système censé enseigner le soin et l’attention à l’autre ».
Pierre Bienvault précise qu’
« il s’agit certes là d’étudiants ayant répondu à une enquête ciblée. Tous les futurs médecins ou infirmières ne subissent pas au quotidien les mêmes violences verbales, sexistes ou psychologiques. Mais on aurait tort de n’y voir que des récits isolés ».
Le journaliste rappelle entre autres qu’
« en juin dernier, une enquête du conseil de l’Ordre, menée auprès de 8000 étudiants et jeunes médecins, constatait l’existence d’une souffrance «avérée». Avec 14% des étudiants ou jeunes médecins déclarant avoir déjà eu des idées suicidaires ».
Il indique en outre que le Dr Auslender 
« a choisi de faire réagir diverses personnalités à ces témoignages ».
Le Pr Didier Sicard, ancien président du Comité national d’éthique, remarque ainsi que 
« l’hôpital est un lieu étrange. Emblème du soin, de la relation humaine, de ce qui reste d’humanisme dans notre société, il peut soudain se révéler un lieu de barbarie et de maltraitance. Celles-ci restent cachées aux yeux des observateurs ».
Tandis que Céline Lefève, maître de conférences en philosophie de la médecine, 
« note que la relation pédagogique est vécue au «seul prisme d’une relation hiérarchique, elle-même réduite à une relation de domination». La détresse des étudiants provient du fait que «tout le monde sait» que leurs formations incluent des violences et que l’organisation hospitalière repose sur leur corvéabilité », poursuit Pierre Bienvault.

 


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