« Mois sans tabac : le défi collectif est lancé »
Le Parisien se penche sur l’opération « mois sans tabac », qui vient de commencer. Le journal constate que « des équipes se constituent pour relever le défi » et évoque le cas d’un couple de Seine-Maritime : « Ensemble, Anthony et Stéphanie ont commencé à fumer à 13 ans. Ensemble, ils arrêtent 20 ans plus tard ».
Stéphanie déclare ainsi : « Seule, je n’y arrive pas. Le faire tous les deux est très motivant et a vraiment du sens. […] Anthony est plus calme, j’attends de lui qu’il m’encourage, qu’il me dise que j’en suis capable, que je peux continuer à diminuer progressivement ma consommation ».
Le Parisien note que « comme eux, ils sont déjà près de 100.000 à s’être inscrits au défi collectif #MoisSansTabac, qui récidive tout novembre après son succès de l’an passé. Objectif : stopper 30 jours (et plus si affinité) en s’entraidant par la formation d’équipes, de binômes ou en cherchant de la motivation sur les réseaux sociaux créés pour l’opération ».
Le journal publie en outre un entretien avec le tabacologue Joseph Osman, président de l’Office français de santé au travail. Il souligne que former des équipes « est très positif car cela crée de la stimulation. Il y a quelques années, j’avais formé un groupe qui s’appelait «la quarantaine» : 40 quadras qui arrêtaient 40 jours. Environ un tiers a tenu. Mais le groupe ne doit pas empêcher de travailler sur ce qui, moi, personnellement, me pousse à fumer : gestion du stress, association à l’alcool… C’est la clé de la réussite. Le problème d’un mois sans tabac à plusieurs, c’est le 31e jour ».
Le tabacologue explique que « les substituts, type patchs, vont s’attaquer au besoin physique de nicotine mais il faut aussi briser la notion de rituels. Il y a dans le cerveau un réseau de neurones qui associent la cigarette au café, à un coup de fil, à l’ordinateur… Pour casser le réseau, on peut par exemple mettre la cigarette à la bouche mais ne pas l’allumer avant 2 minutes le premier jour, 3 le deuxième et ainsi de suite jusqu’à ne même plus penser à le faire. L’alliance des deux permet à 30-35% des fumeurs d’arrêter. Pour les nombreux autres, il faut comprendre avec un professionnel d’où vient l’attachement à la cigarette, qui est comme un véritable doudou ».
Date de publication : 2 Novembre 2017
« Le cerveau des astronautes modifié après les longs vols »
Le Figaro note qu’« on connaît bien l’impact de l’apesanteur sur l’affaiblissement musculaire et la perte de calcium dans les os [des astronautes], mais les effets sur le système cardio-vasculaire et sur le cerveau restent assez mystérieux »
Le journal indique qu’« une équipe de l’université médicale de Caroline du Sud aux États-Unis apporte un regard nouveau sur le sujet en publiant, dans le New England Journal of Medicine, une étude qui décrit des modifications de la forme du cerveau pour des astronautes qui font des séjours dans l’espace de plus de 3 mois ».
Le quotidien explique que « l’étude, financée par la Nasa, a permis l’analyse des images par résonance magnétique (IRM) du cerveau de 34 astronautes, faites avant et après chaque mission. Des examens réalisés en routine par l’agence spatiale américaine, dans le cadre du suivi médical de ses astronautes ».
Le Dr Donna Roberts (université médicale de Caroline du Sud), qui a mené ce travail, indique ainsi que « les astronautes ayant réalisé des longs séjours en orbite, en moyenne 3 mois, présentent des signes montrant que leur cerveau s’est déplacé vers le haut dans leur boîte crânienne ».
De son côté, le Pr Philippe Arbeille, spécialiste de médecine spatiale à la faculté de médecine de l’université de Tours, précise que ces travaux « s’inscrivent dans un important effort de recherche de la Nasa pour tenter de comprendre les effets des transferts de liquides corporels vers le haut lors des séjours en apesanteur. En l’absence de gravité qui tire tout vers le bas, une partie des fluides, tant dans les vaisseaux sanguins que dans la boîte crânienne, s’accumulent dans la partie supérieure du corps ».
« Une répartition anormale qui se traduit visuellement par des veines jugulaires très apparentes dans le cou des astronautes et des visages assez bouffis. L’augmentation de la pression dans le crâne et dans les globes oculaires est aussi suspectée de provoquer des troubles de la vision chez près de la moitié des astronautes », ajoute Le Figaro.
Le journal note que « ces mécanismes précis qui provoquent ces pertes d’acuité visuelle ne sont pas encore élucidés, mais Donna Roberts pense que les modifications de la forme du cerveau pourraient participer au phénomène. Elle a en effet observé que certaines femmes, qui, sur Terre, souffrent d’un syndrome d’hypertension intracrânienne idiopathique, ont elles aussi des pertes d’acuité visuelle », remarque le quotidien.
Date de publication : 2 Novembre 2017
« Le binge drinking détruit le cerveau des adolescents »
Anne Jeanblanc note en effet dans Le Point que « les effets de ces « beuveries express » sont irréversibles, s’alarme un spécialiste, qui dénonce la responsabilité des lobbies et des politiques ».
La journaliste indique ainsi que le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), « lance un cri d’alarme. Il a publié en septembre Comment l’alcool détruit la jeunesse, un livre écrit avec la journaliste Marie-Pierre Samitier ».
Anne Jeanblanc explique qu’« on est loin aujourd’hui de la tradition qui consistait à faire découvrir un bon vin aux jeunes gens ou à leur offrir leur première coupe de champagne lors d’un repas de famille, regrettent les auteurs. «Entre 13 et 25 ans, il faut en passer aujourd’hui de façon quasi incontournable par le rituel du binge drinking», donc de la «beuverie express» ».
La journaliste observe que « les conséquences commencent à être mieux connues alors que, pendant longtemps, les études ont essentiellement porté sur les lésions liées à une consommation excessive dans le cerveau des adultes, en général autour de 45 ans. Or, le cerveau des jeunes, dont la maturation se termine vers l’âge de 25 ans, est bien plus sensible aux effets de l’alcool, a fortiori quand il est ingéré en doses massives ».
Anne Jeanblanc souligne que « les quelques études qui ont porté plus spécifiquement sur les effets du «binge drinking» chez les 13-24 ans ont montré des modifications au niveau de l’organisation globale du cerveau avec, notamment, une moindre densité de la matière grise, une désorganisation des réseaux qui traitent les informations sensorielles et des modifications au sein de différentes structures dont le cortex préfrontal (qui joue un rôle important dans la mémorisation, les émotions et les troubles de l’humeur) ».
Dans leur ouvrage, les auteurs écrivent ainsi que « des zones du cerveau qui ont des fonctions fondamentales pour chaque être humain dans la cognition et la mémoire, points de repère et d’arrimage dans la vie sociale, sont donc atteintes par la consommation d’alcool », et évoquent une « culture de banalisation, qui nous fait fermer les yeux ».
Ils dénoncent en outre « certains lobbies qui déploient leur perversité jusqu’à rendre l’alcool encore plus attractif » et « les politiques qui favorisent des intérêts privés ». « Selon eux, une réponse politique s’impose. D’urgence », conclut Anne Jeanblanc.
Date de publication : 3 Novembre 2017
« Pour les somnambules, la marche, c’est automatique »
Science et Vie constate que « même bien réveillés, les somnambules parviennent à marcher sans utiliser leur pleine conscience et seraient ainsi plus aptes à effectuer des tâches simultanées. C’est ce que viennent de démontrer des neuroscientifiques suisses », selon une parue dans Cell.
Le magazine observe ainsi : « Les scientifiques en rêvaient tout éveillés : expliquer les causes du somnambulisme. L’espoir est désormais permis grâce aux travaux d’une équipe de neuroscientifiques de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, en Suisse ».
Science et Vie explique que les chercheurs ont mis « en lumière l’un des mécanismes liés à cette parasomnie (trouble du sommeil) : les somnambules possèdent de meilleurs automatismes de contrôle de leurs mouvements et parviennent à mieux dissocier conscience et locomotion ».
Le magazine précise que les auteurs « ont conçu une expérience qui fait appel à la réalité virtuelle et au motion-tracking (capture de mouvements). Vingt-deux volontaires, pour moitié somnambules, ont revêtu à tour de rôle une combinaison bardée de marqueurs optiques ».
« Des caméras infrarouges réparties aux quatre coins de la pièce capturaient ainsi leur déplacement : les cobayes avaient pour mission de marcher vers une cible projetée devant eux, afin d’y mener un double virtuel guidé par leurs propres pas », continue l’article.
Oliver Kannape, maître de conférence à l’Université du Lancashire central (Royaume-Uni), indique que « l’avatar, grandeur nature, copiait les mouvements en temps réel ». « Rien de plus simple lorsque le personnage suivait avec fidélité leur chemin réel. Mais les scientifiques introduisaient progressivement un décalage de 5° à 30° entre l’itinéraire du sujet et celui de son double. Mener à bien la mission nécessitait alors de dévier d’autant sa trajectoire en direction opposée. L’ensemble des participants y est parvenu avec succès », relève Science et Vie.
« En revanche, les résultats se sont avérés bien différents lorsque les volontaires avaient, en parallèle, à réaliser un exercice accaparant leurs fonctions cognitives : décompter de 7 en 7 à partir de 200. Les somnambules parvenaient tout aussi bien à accomplir leur déplacement, alors que leurs congénères dits «sains», ralentissaient et peinaient à compenser la trajectoire biaisée de leur double à l’écran », note le magazine.
Oliver Kannape indique que « chez la plupart des gens, surtout les plus âgés, effectuer deux tâches simultanées ralentit la marche ou peut même la stopper ».
Science et Vie observe ainsi que « capables d’exécuter des mouvements complexes comme la marche, sans pour autant disposer de leur pleines capacités cognitives, les somnambules seraient en quelque sorte plus «multitâches». Détecter simplement cette particularité pourrait donc désormais suffire au diagnostic de la maladie, qui nécessitait jusqu’alors de longues nuits de suivi en centres du sommeil ».
« Cette révélation ouvre en outre la voie à des études par imagerie cérébrale des réseaux neuronaux impliqués dans le somnambulisme. L’espoir, sans doute, de remonter un jour à ses origines physiologiques », observe le magazine.
Date de publication : 3 Novembre 2017
« Etre payé pour arrêter de fumer, ça existe »
C’est ce que titre Le Parisien, qui explique : « Une prime de 750 $ (645 €) pour renoncer à fumer, cela vous motiverait ? «Et comment !» ont répondu les 352 participants à une étude américaine ».
Le journal indique que « les chercheurs du centre médical de Boston leur ont proposé un marché : 250 $ pour un arrêt de 6 mois, un bonus de 500 $ s’ils tenaient 6 mois supplémentaires. Les abstinents volontaires avaient également droit à des traitements de substitution à la nicotine et à un soutien psychologique ».
« Les résultats ont été jugés plutôt efficaces : 12% d’entre eux avaient cessé le tabac au bout de 6 mois contre moins de 2% dans le groupe qui n’avait pu compter que sur sa motivation… et une documentation expliquant comment trouver de l’aide », relève Le Parisien.
Le quotidien observe qu’« en France, on attend l’an prochain les résultats d’une expérience lancée en 2016 auprès de femmes enceintes. Seize maternités leur proposent jusqu’à 300 € en bons d’achat pour abandonner le tabac. De quoi provoquer le déclic ? En Ecosse, cela avait marché pour 23% des fumeuses enceintes bénéficiant d’une récompense contre 9% de celles qui n’y avaient pas eu droit ».
Le Parisien note cependant que « faire accepter l’idée dans l’Hexagone risque d’être compliqué ». Jean-Pierre Couteron, président de Fédération Addiction, constate ainsi qu’« il y a eu un déferlement de réflexions hostiles sur cette initiative. Dans l’imaginaire, l’addict l’a bien cherché, alors le payer, il ne manquerait plus que cela ! ».
Le responsable souligne toutefois que « plus une personne est aidée dans sa démarche, plus celle-ci est couronnée de succès. L’argent est donc une bonne technique pour déclencher l’arrêt. Cela facilite la mise en route. On appelle cela la motivation positive, et elle a fait ses preuves ailleurs ».
Le journal évoque un « autre exemple de carotte : les 6 jours de congé offerts par une entreprise japonaise, Piala Inc., à ses clopeurs invétérés à condition qu’ils tiennent un an. «Nos bureaux sont au 29e étage, cela prend au moins dix minutes de descendre dans la salle fumeurs du rez-de-chaussée», justifie un porte-parole. Le programme, lancé le 1er septembre, commence à porter ses fruits. Quatre des 42 accros de l’entreprise de marketing ont déjà renoncé à leur dose de nicotine ».
Date de publication : 3 Novembre 2017
« Psoriasis : jusqu’à un tiers de bonheur en moins en France »
Sciences et Avenir remarque : « Peut-on quantifier la différence de bonheur entre une personne saine et malade ? En ce qui concerne le psoriasis, la réponse est oui : en France, on estime un bonheur réduit de 10% à 31% pour les malades sévères par rapport à la population générale ».
Le magazine explique que « ces résultats concernant 121.800 patients atteints de psoriasis ont été présentés à l’occasion de la Journée du mondiale psoriasis dimanche 29 octobre, suite à la publication d’une étude sur 184 pays réalisée par le Leo Institute (qui possède le laboratoire de dermatologie LEO Pharma) via l’application PsoHappy, en partenariat avec le Happiness Research Institute de Copenhague ».
Sciences et Avenir rappelle que le psoriasis est « à la fois cause et conséquence du stress », puis note que « le bonheur des malades du psoriasis n’est pas là où on l’attend ». L’article indique que « selon le Happiness Research Institute, le bonheur est un terme générique regroupant trois composantes : cognitive (bien-être global), affective (les émotions positives et négatives ressenties) et réalisatrice (l’accomplissement, le sens). C’est en se basant sur ces paramètres que le bonheur peut être évalué et quantifié ».
« De façon surprenante, les deux pays avec le meilleur « score de bonheur » des malades du psoriasis sont le Mexique et la Colombie, avec un résultat sensiblement identique à celui de la population générale (soit respectivement 6,8 et 6,68), indiquant que les malades de psoriasis ne s’y estiment pas moins heureux que les autres », observe le magazine.
Sciences et Avenir continue : « Au contraire, la Norvège et le Danemark, normalement les deux pays au plus haut niveau de bonheur au monde selon le World Happiness Report 2017 […], ont obtenu -20 et -25% de bonheur ressenti par les malades du psoriasis par rapport à la population générale ».
Meik Wiking, CEO du Happiness Research Institute, remarque qu’« il est possible que ces résultats traduisent l’impact négatif de cette maladie chronique, échappant aux radars politiques propres à ces sociétés saines et heureuses, négligeant ainsi les personnes qui en souffrent ».
Le magazine ajoute que « pour étudier les freins au bonheur des patients atteints de psoriasis, les chercheurs ont noté leur ressenti sur l’application PsoHappy créée par le Leo Institute. Il a ainsi été établi que si le bonheur de la population générale dépend principalement de la qualité de la vie sociale, ce sont le stress, la solitude et l’incompréhension des professionnels de santé qui pèsent le plus sur les patients atteints de psoriasis.
Sciences et Avenir constate que « la France est le pays dans lequel les malades de psoriasis ressentent le plus de stress, devant le Royaume-Uni. De plus, les femmes sont les plus affectées avec -18,5% de bonheur contre -11,3% pour les hommes. Un résultat que Roberte Aubert [présidente de l’association de patients France Psoriasis] interprète comme la conséquence d’une pression sociale plus forte pour les femmes concernant leur apparence ».
L’article note par ailleurs que « 48% des patients atteints de psoriasis pensent que les professionnels de santé ne comprennent pas les répercussions du psoriasis sur leur bien-être. Ces patients affichent une diminution de bonheur de 21% par rapport à la population générale, contre seulement 3% pour les malades qui se sentent soutenus par leurs soignants ».
Roberte Aubert déclare ainsi : « ‘Soignez d’abord votre hypertension, le psoriasis ce n’est pas grave’, ce sont des phrases que nous entendons très souvent. Cela augmente le sentiment d’isolement ». Elle ajoute que « les chiffres de cette étude donnent une légitimité à des sentiments que nous exprimons déjà au quotidien, aujourd’hui, 70% d’entre nous expriment de la gêne, et un tiers de la honte vis-à-vis de la maladie ».
« Nous aimerions une grande campagne d’information au niveau national, notre maladie est chronique mais elle n’est pas contagieuse », poursuit la responsable.
Date de publication : 3 Novembre 2017
« Comment le sens des mots vient aux bébés »
Pierre Kaldy indique que selon une étude menée à l’Institut Max Planck des sciences du cerveau et de la cognition à Leipzig en Allemagne, « chez les bébés, le sommeil joue un rôle crucial dans la formation du langage » et que « plusieurs mois avant de savoir parler, les bébés mémorisent pendant leur sommeil tout le vocabulaire nouveau auquel ils sont exposés ».
Le neuropsychologue à l’université libre de Bruxelles, Philippe Peigneux, indique que « l’objectif de cette étude intéressante était de déterminer comment le sommeil permet à un mot associé à une image de devenir un élément plus général du langage chez le nourrisson ».
Le journaliste explique que « pour vérifier ce nouvel apprentissage, les bébés ne parlant pas, l’équipe s’est servie d’un signal spécifique qui apparaît sur l’électroencéphalogramme (EEG) lorsqu’un mot appris concorde avec l’image présentée et marque l’apprentissage de cette relation. Le mot chien prononcé devant l’image d’un canari ne donnera pas le même signal que devant celle d’un dalmatien ».
Il ajoute que « chez une centaine de bébés âgés de 6 mois, les chercheurs dirigés par Manuela Friedrich ont découvert une capacité temporaire à associer un mot à une catégorie si les enfants pouvaient faire une sieste juste après leur apprentissage. Et plus surprenant encore, quand la sieste dépassait 45 minutes, cette association était liée à la présence sur leur EEG de fuseaux de sommeil, connus pour être impliqués dans la consolidation en mémoire ».
Philippe Peigneux précise notamment que « des mois avant de pouvoir parler, dans des conditions expérimentales bien précises, les bébés de 6 mois apparaissent donc capables de créer des catégories sémantiques, cette préparation peut expliquer pourquoi vers l’âge de 18 mois, la capacité à utiliser les mots explose chez l’enfant : celui-ci a enfin acquis un répertoire de mots généraux qui va lui permettre d’organiser progressivement sa pensée et son vocabulaire. »
Et pour Pierre Kaldy, « savoir que les bébés comprennent beaucoup de choses avant de maîtriser la parole ne surprendra aucun parent, mais c’est en grande partie durant leur sommeil que les bases du langage et de cette compréhension se construisent » et alors qu’« une fois le langage parlé maîtrisé, le sommeil apparaît moins indispensable à l’apprentissage du vocabulaire général et des idées, même s’il reste nécessaire à leur mémorisation à long terme ».
« Cela peut expliquer pourquoi au réveil des idées nouvelles ou plus claires peuvent nous venir à l’esprit et le fait qu’il est peut-être préférable, pour consolider tout apprentissage, d’éviter de passer du temps devant des écrans juste avant d’aller se coucher », conclut le journaliste.
Date de publication : 8 Novembre 2017
« La petite enfance sur de bons rails »
« Tout se joue avant 6 ans. À l’époque, ce best-seller, paru en 1972, avait fait grand bruit. Son auteur, le psychologue américain Fitzhugh Dodson, y affirmait l’importance des premières années dans le développement de la personnalité de l’enfant. (…) Selon Dodson, le type et la nature des stimulations reçues par un jeune enfant déterminent en grande partie la suite de ses apprentissages » note France Lebreton dans on article où elle précise que « quatre décennies plus tard », « Nathalie Casso-Vicarini, présidente de l’association Ensemble pour l’éducation de la petite enfance, réactualise à sa manière la formule : « Tout ne se joue pas avant 6 ans mais beaucoup » ».
La journaliste souligne que « les récentes découvertes dans le domaine des neurosciences sont passées par là » et que « si le vécu quotidien contribue à remodeler sans cesse le cerveau, aux différents stades de l’existence, 85% de la maturation cérébrale intervient dans les premières années ».
C’est pourquoi, et afin de « de sensibiliser le public à ces enjeux et à l’éducation bienveillante », « cette association a organisé une exposition itinérante, à bord d’un train qui s’arrête dans les gares de plusieurs villes de France. L’objectif étant d’aller à la rencontre des parents et professionnels de la petite enfance, pour leur permettre de connaître, d’expérimenter, de partager les savoirs et les bonnes pratiques éducatives ».
France Lebreton indique que « le train « petite enfance et parentalité » est composé de six wagons thématiques : Naître et tisser des liens, jouer et communiquer, bien vivre le quotidien, agir tôt, protéger l’enfant et ses droits, tout un village pour élever un enfant. Une centaine d’experts et de spécialistes interviendra au cours de plus de 100 conférences et ateliers ». (www.train-petite-enfance-parentalite.org)
Date de publication : 8 Novembre 2017
« Quand le coma éclaire la conscience »
Paul Molga note dans Les Echos qu’« en s’intéressant aux états de conscience altérés, les neurologues ont fait des découvertes surprenantes sur le fonctionnement de la pensée. Une nouvelle approche basée sur les interactions coeur-cerveau pourrait permettre d’affiner le diagnostic des comateux »
Stanislas Dehaene, directeur de l’unité de neuro-imagerie cognitive Inserm-CEA et titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France, indique ainsi qu’« après plusieurs années de recherche, nous avons maintenant une idée assez claire des signatures de l’état cérébral ».
Paul Molga rappelle qu’« au cours d’une journée, notre cerveau passe alternativement par plusieurs phases. Lorsqu’il est en éveil, il émet surtout des ondes rapides, dites bêta (de 12 à 30 Hz), voire ultrarapides (les ondes gamma situées vers 40 Hz) quand notre activité intellectuelle est intense ».
« Au repos, relaxé les yeux fermés, les ondes alpha (de 8 à 12 Hz) dominent et, quand on s’endort ou quand on médite, l’activité cérébrale ralentit encore pour se caler sur le rythme des ondes thêta (entre 4 et 8 Hz). Enfin, pendant le sommeil profond, la matière grise se met en mode veille, affichant un tracé d’à peine plus de 0,5 Hz », précise le journaliste.
Stanislas Dehaene fait savoir que « l’électroencéphalogramme d’une personne plongée dans le coma a la même signature que ces ondes delta. Dans cet état marqué par des amplitudes cérébrales lentes, les réflexes demeurent. Un patient peut par exemple réagir à un pincement ou à un son nouveau ».
« Mais est-il pour autant conscient ? », s’interroge Paul Molga, qui note que « l’imagerie cérébrale […] nous apprend que ces signes d’éveil apparents ne traduisent pas forcément une pensée. Le cerveau est certes actif, comme l’indique son activité électrique, mais il traite l’information sous forme de modules non connectés entre eux, signe que «l’embrasement cortical» qui trahit une pensée consciente n’y est pas ».
Le journaliste continue : « Ce que montrent les expériences sur la perception de stimuli subliminaux est révélateur : à l’échelle de moins d’une seconde (300 millisecondes), énormément d’opérations se déroulent de façon non consciente. Une image ou un mot inséré dans un film active effectivement des zones cérébrales, y compris dans le cortex frontal qui permet de décrypter le code orthographique ou visuel, et le sens du message. Mais l’effet est de courte durée, comme un feu de paille, et l’objet ne s’inscrit pas dans la mémoire ».
Stanislas Dehaene précise que « notre critère expérimental est la rapportabilité : une personne a eu accès à un épisode conscient si elle est en mesure de le rapporter. Quand on est conscient, on est potentiellement capable de rapporter l’information à laquelle on a eu accès. Dans le cas contraire, on perd tout contact avec l’expérience ».
Paul Molga indique que « c’est ce qui se produit dans le coma : stimulé, le cerveau s’allume et l’information est traitée. Puis l’activité retombe. Pour être conscientisée, la réaction doit être amplifiée, de façon à accéder à d’autres zones corticales. L’information est alors partagée et devient disponible pour être traitée, par exemple par la mise en mémoire ou l’engagement d’un dialogue ».
« On assiste alors à ce que les neuroscientifiques appellent un «effet de réverbération» qui fait naître la conscience : des échanges électriques se produisent, cohérents et stables, entre des zones éloignées du cerveau. Tout le contraire se produit dans le cerveau comateux : l’activité électrique est là, des échanges ont bien lieu, mais ils sont aléatoires et chaotiques », explique le journaliste.
Il ajoute que « les chercheurs commencent aussi à comprendre à quoi sert la conscience ». Stanislas Dehaene remarque ainsi que « dans certaines circonstances ou activités, comme la lecture, nous avons besoin d’un espace de partage de l’information. La conscience est précisément cet espace mental de partage et de délibération internes, potentiellement coupé du monde extérieur. Grâce à lui, on peut conserver des informations et les croiser, alors qu’elles ont disparu dans le monde extérieur ».
Paul Molga souligne que « comprendre la nature et les mécanismes de la conscience devrait permettre aux chercheurs de mieux évaluer le niveau d’altération de patients incapables de communiquer : sont-ils plongés dans un état végétatif dans lequel, pourtant éveillés, ils ne montrent aucun signe de conscience de ce qui les entoure […], ou enfermés dans un état de conscience minimale marqué par des épisodes végétatifs succédant à des signes diffus et temporaires de conscience ? ».
Le journaliste explique que « des chercheurs de l’Inserm ont utilisé une nouvelle approche pour le déterminer : ils explorent les interactions entre le cœur et le cerveau. En étudiant les données de 127 patients en état végétatif ou de conscience minimale, l’équipe de Jacobo Sitt basée à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, a constaté que l’activité cardiaque était modulée par la perception d’une stimulation externe (auditive par exemple), mais uniquement chez les patients conscients ou minimalement conscients ».
« Elle en a tiré un test, décrit dans un article paru dans Annals of Neurology : il consiste à faire écouter des séquences sonores répétitives ponctuées de variations aléatoires. En combinant un test cardiaque et un EEG, les cliniciens analysent le rythme des battements cardiaques induits par ces perturbations. S’ils changent, c’est que le patient a conscience des bruits environnants », relève Paul Molga.
Date de publication : 13 Novembre 2017
« Tabac : une hausse des prix à l’efficacité contrastée »
La Croix constate que « ce lundi, le prix du paquet de cigarettes va augmenter de 30 centimes. Ensuite, la hausse sera régulière jusqu’en 2020 où le paquet coûtera 10 €. Pour les médecins, la hausse des prix est l’arme la plus efficace pour faire chuter la consommation. Mais cela n’est pas automatique chez les fumeurs défavorisés, selon certains chercheurs ».
Le Pr Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT), déclare que « le paquet à 10 €, c’est évidemment une victoire même si, dans l’idéal, nous aurions souhaité des hausses plus fortes et plus rapprochées ».
Le journal évoque ainsi « le tournant amorcé par le premier plan cancer lancé en 2003 par Jacques Chirac. Avec une hausse de près de 40% en moins de 2 ans. Selon l’Alliance contre le tabac, 1,8 million de fumeurs avaient alors arrêté ».
Le quotidien relève qu’« en juillet dernier, l’Organisation mondiale de la santé a elle aussi réaffirmé que la hausse des prix est le «moyen le plus efficace» pour réduire la consommation ». Le Pr Martinet déclare ainsi : « En moyenne, si on augmente le prix de 10%, on observe une baisse de 4% de la consommation. Et même de 6% chez les jeunes et les personnes défavorisées ».
La Croix note toutefois que « cette affirmation est nuancée par certains chercheurs ». Cécile Vuillermoz, doctorante en épidémiologie sociale, remarque qu’« en cas de hausse du prix, les plus précaires essaient de réduire le coût sans diminuer leur consommation en passant au tabac à rouler ou en achetant leurs cigarettes sur le marché noir. […] Avec l’augmentation des prix, le tabac pèse de plus en plus dans le budget des plus pauvres : les 10% des fumeurs les plus pauvres y consacraient 31% de leurs revenus en 2005 contre 25% en 2000 ».
Le journal cite en outre le sociologue et directeur de recherche à l’Inserm Patrick Peretti-Watel, qui « réfute l’idée que ce serait chez les plus pauvres que la hausse des prix serait la plus efficace ». Le chercheur observe : « Deux choses rendent très difficile l’arrêt du tabac : une forte dépendance et le fait de fumer pour gérer les problèmes du quotidien. Or, c’est dans les populations défavorisées que ces deux éléments sont les plus importants ».
Le sociologue ajoute : « Pour une bonne partie des catégories favorisées, le tabac sert surtout de support aux relations sociales. Et souvent, ce sont les plus riches qui arrêtent quand les prix augmentent. C’est moins difficile que pour les précaires, pour qui fumer est parfois ressenti comme le moyen de “tenir le coup au quotidien” ».
La Croix s’interroge : « Faut-il alors s’opposer à la hausse des prix du tabac en craignant que cela ne creuse encore davantage les inégalités sociales de santé ? ». Patrick Peretti-Watel répond : « Non, il faut juste que cela s’accompagne d’une large prévention. À l’étranger, un argument est souvent utilisé dans les campagnes, celui des économies réalisées. Prenons le cas des gens qui fument un paquet par jour. Quand il sera à 10 €, on pourra leur dire qu’on peut faire beaucoup de choses avec 3650 € par an ».
Date de publication : 13 Novembre 2017
Attentats : « Deux ans de souffrance et de renaissance »
Libération rappelle sur 4 pages : « 130 morts. 683 blessés. Le 13 novembre 2015, des terroristes ont tué au Stade de France, au Carillon, au Petit Cambodge, à la Bonne Bière, au Comptoir Voltaire, à la Belle Equipe, au Bataclan. Cette nuit-là, Paris était touché par la pire vague d’attentats de son histoire ».
Le journal s’interroge : « Comment s’en sortent ceux qui les ont subis directement ? », et livre les « paroles de victimes et témoins », dont Maëlle, 36 ans, blessée au visage et au bras au Bataclan.
Elle déclare notamment : « Au départ, pendant plusieurs semaines, j’ai été dans la sidération. Je me disais que c’était un cauchemar et que j’allais me réveiller. Mais au fur et à mesure que je retrouvais des sensations, et les douleurs insoutenables ne cessant jamais, j’ai compris que j’étais dans la vraie vie. J’ai été catapultée dans un monde, celui du soin intensif ».
« J’avais l’impression de n’être qu’un morceau de corps reconstitué sur lequel les médecins, les infirmières, les kinés allaient s’acharner, greffer os, peau, muscles, jusqu’à épuisement. En même temps, on noue un contact très particulier avec l’équipe soignante : on est complètement dépendant d’elle, même pour un verre d’eau… On n’est plus rien, on ne peut que penser ou faire des signes avec les yeux », poursuit la jeune femme
Elle ajoute : « Une des choses les plus compliquées à intégrer a été quand le chirurgien, 48 heures après, est venu m’annoncer qu’ils allaient faire leur possible, que cela allait durer au moins 2 ans et que je pourrais contacter des associations comme les Gueules cassées, créées après-guerre, si j’avais « besoin d’informations ». Mais où étais-je ? J’imaginais que la morphine me faisait trop d’effet et que j’allais me réveiller ».
Maëlle précise : « J’étais à la Pitié-Salpêtrière. J’ai eu à faire à une équipe très dévouée. En fait, l’ensemble du processus s’est apparenté à une naissance ou une renaissance, avec tout à réapprendre. Ça a été un travail d’équipe, grâce à ma famille plus que soudée et déterminée à y parvenir. […] Le parcours chirurgical est interminable. Là, entre le visage et le bras, j’en suis à environ 17 opérations. Sans compter la chirurgie esthétique reconstructrice postérieure, au minimum quatre ou cinq autres m’attendent cette année ».
« Celle que j’appréhende aujourd’hui constitue le dernier espoir de retrouver la mobilité de la partie gauche de mon visage. J’en ai très peur, car si elle ne fonctionne pas, je devrai faire aussi le deuil de mon visage. Elle consistera à m’ouvrir la tête pour prélever mon muscle temporal et l’implanter au niveau du zygomatique pour tenter de réanimer ma joue et ma lèvre, et les rendre mobile pour retrouver une esquisse de sourire. En revanche, elle ne limitera pas la douleur permanente de ma mâchoire, reconstruite avec mon péroné. J’ai déjà tellement été ouverte, prélevée, greffée, sur toutes les zones de mon corps – mis à part mon bras droit et ma jambe gauche. Je suis fatiguée de tous ces protocoles, imageries, rendez-vous et comptes rendus chirurgicaux quasi quotidiens », poursuit-elle.
Libération livre en outre les propos de Patrick Aeberhard, 72 ans, cardiologue, cofondateur de Médecins du monde, qui remarque : « Ça fait deux ans, c’est toujours aussi émouvant. Ce soir-là, je sortais d’une sorte de réunion souvenir, après l’enterrement de mon ami André Glucksmann. Je rentrais chez moi. J’ai déboulé sur la place du Xe arrondissement où se trouve le café la Bonne Bière ».
Le médecin raconte : « J’ai vu des gens par terre. Je me suis précipité. J’ai d’abord cru à un règlement de comptes. Il était 21 h 30. J’ai vu une jeune femme qui avait reçu une balle dans la cuisse. Et un homme avec une fracture ouverte. Avec le boulanger du quartier, nous avons fait un garrot à la jeune blessée. […] Sur place, j’ai retrouvé mon ami le médecin anesthésiste Michel Bonnot. Il habite le quartier, il est venu aider ».
« L’endroit est devenu comme un hôpital de guerre. Les serviettes et les nappes ont servi à faire des garrots. On a sorti un type qui était coincé sous un amas de cadavres, sous le bar. On a tenté de rassurer les gens. […] Le Samu ne venait pas. Les pompiers étaient là, mais ils n’avaient rien dans leur estafette. J’ai été médecin humanitaire toute ma vie. Je suis allé en Afghanistan, au Liban, en Irak… […] Ce soir du 13 Novembre, c’était comme à Beyrouth lorsque nous avions monté un hôpital de fortune. On pataugeait dans le sang, il fallait colmater les plaies avec les moyens du bord », continue le praticien.
Patrick Aeberhard ajoute : « Nous avons compté cinq morts. Un an plus tard, lors de la première commémoration, le bilan était le même. Tous les blessés ont donc survécu. Un soulagement. Surtout quand on sait que le Samu n’est jamais venu. Ils ont été très insuffisants ce soir-là ».
Date de publication : 13 Novembre 2017
« L’intelligence artificielle aux portes de l’imagerie médicale »
Les Echos note en effet que « la radiologie sera l’un des premiers secteurs de la médecine bousculés par l’IA. Fabricants d’équipements, start-up et géants des technologies tels Google, Microsoft et IBM s’intéressent de près au sujet ».
Le journal observe ainsi : « Au congrès de San Jose, en Californie, où se réunissait le gratin mondial de l’imagerie médicale en mai dernier, Curtis Langlotz, professeur à Stanford, a raconté avoir reçu un e-mail d’un de ses étudiants lui demandant : «Je veux devenir radiologue, mais le métier est-il encore viable ?» L’anecdote […] en dit long sur les états d’âme de la profession ».
« Et, à l’image du tsunami qui s’annonce pour les constructeurs automobiles, le secteur de la radiologie doit lui aussi s’attendre à «un bouleversement colossal», estime le Pr Guy Vallancien, membre de l’Académie nationale de médecine qui suit de très près les avancées technologiques dans ce secteur. Selon lui cependant, on est loin d’une prise de conscience générale », indique le quotidien.
Le Pr Vallancien déclare ainsi que « 10 à 15% des praticiens ont compris ce qui les attendait, 25% sont réfractaires ou se disent ‘j’ai plus de 60 ans, cela ne me concernera pas’. Enfin, 60% ne savent pas très bien que penser et font le gros dos ».
Les Echos remarque que « personne ne mesure précisément l’ampleur de cette révolution. Mais un signe ne trompe pas. Les grands constructeurs […] mais aussi des géants des technologies comme IBM, Microsoft ou Google et de nombreuses start-up se sont jetés dans la bataille pour se positionner sur ce marché planétaire. En France, pour préparer le terrain, la Société Française de Radiologie (SFR) […] a lancé mi-octobre un groupe de travail chargé de réfléchir sur cette thématique, emboîtant le pas à l’American College of Technology (devenu American Business & Technology University) aux Etats-Unis ».
Le journal rappelle : « Rayons X, scanner, IRM… : la radiologie a certes toujours été à la pointe des évolutions technologiques. Depuis des années, les praticiens utilisent déjà des logiciels d’aide automatique au diagnostic. Ces algorithmes sont surtout utilisés dans le cadre d’examens des poumons, de mammographies ou de coloscopies virtuelles ».
Le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues, remarque cependant que « concernant le poumon, la machine reconnaît 100% des taches. En revanche, pour les coloscopies virtuelles, on observe 90% de ‘faux positifs’ dans la détection des polypes, ce qui nous fait perdre du temps ».
Les Echos observe que « l’arrivée de l’intelligence artificielle dans le paysage annonce toutefois une rupture technologique majeure. Grâce au «machine learning assisté», l’une des principales facettes de l’IA, l’algorithme sera capable de reconnaître et d’interpréter des clichés mais aussi d’apprendre tout seul des «cas» en comparant une image aux milliers – voire aux millions – d’autres entrées dans sa base, et proposer un prédiagnostic. Un jour, il pourrait même livrer des pronostics ».
David Corcos, président de Philips France, déclare ainsi que « demain, on peut imaginer que le système combinera les clichés du patient avec son dossier médical, des données sociales ou comportementales ».
Le quotidien note que « sur un point, tout le monde est à peu près d’accord : l’IA sera un outil d’aide à la décision qui améliorera la prise en charge des patients. Entre le vieillissement de la population et le développement des maladies chroniques, le nombre d’actes d’imagerie médicale en France, 80 millions aujourd’hui, augmente chaque année d’environ 4%. Les algorithmes doivent aider les praticiens à gérer cette inflation d’examens qu’ils ont de plus en plus de difficultés à absorber ».
« Pour des tâches répétitives, le logiciel va augmenter la précision du diagnostic. Il sera capable de trier rapidement les images qui ne présentent aucune zone à problème, laissant plus de temps au radiologue pour se concentrer sur les cas complexes et la pathologie du patient. L’IA pourrait ainsi devenir un précieux allié dans les campagnes de dépistage de masse, comme la prévention du cancer du sein. Certains médecins pensent même que, dans certains cas, la machine fera mieux que l’homme, et réduira les risques d’erreur », continue le journal.
Le Pr Jean-Paul Beregi, chef du pôle radiologie-imagerie médicale au CHU de Nîmes, souligne néanmoins : « Un algorithme ne peut donner des renseignements que sur ce qu’il connaît. Par ailleurs, s’il réalise un calcul à partir de données qui ne sont pas justes, les résultats seront faussés ».
Les Echos ajoute que « l’existence même de l’IA en radiologie pose encore bien d’autres questions : celles du stockage, du transfert et de la sécurité des données. Ou encore celle tout aussi fondamentale de la responsabilité du diagnostic médical ».
Date de publication : 13 Novembre 2017
« Y a-t-il des «faux» dyslexiques ? »
C’est ce que se demande Le Parisien, qui note qu’« en dénonçant une «surmédicalisation» de la difficulté scolaire, le ministre de l’Education fait réagir ».
Le journal relève ainsi que « les parents, orientés par des enseignants, ou à leur propre initiative, seraient de plus en plus nombreux à consulter leur médecin pour obtenir une prescription d’orthophonie, ou à s’adresser à un praticien spécialisé «pour le motif que ça ne va pas à l’école», confie le pédopsychiatre Stéphane Clerget ».
Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer évoque une « surmédicalisation » de la difficulté scolaire : « Il n’est pas normal qu’on assiste à une telle inflation du besoin en orthophonie à l’école primaire. Il y a de vrais et de faux besoins en orthophonie, de vraies et de fausses dyslexies ».
« Dans le viseur, certaines méthodes pédagogiques utilisées pour entrer dans la lecture pourraient provoquer de la dyslexie », poursuit le quotidien.
Cécile Corrallini, secrétaire générale de la Fédération nationale des orthophonistes, réagit : « Il n’y a pas de vraie ou de fausse dyslexie : c’est un trouble qui se diagnostique et, même si davantage de personnes consultent, la proportion de personnes touchées dans la population n’est pas plus importante que par le passé ».
Le Parisien observe ainsi qu’« à l’inverse du ministre de l’Education, elle plaide… pour que soient organisées de vastes campagnes de dépistage des troubles « dys », dès le début de la scolarité des enfants ».
Anne Partiot, vice-présidente de l’Association nationale des parents d’enfants dyslexiques, déclare quant à elle : « Je ne sais pas ce qu’est un faux dyslexique… En revanche, je sais que plus les familles, les orthophonistes et les enseignants travaillent main dans la main, mieux les enfants en difficulté réussissent ».
La responsable appelle à « ne pas opposer entre eux [l’école et les cabinets médicaux]. On ne devient pas dyslexique par la méthode de lecture qu’on étudie, pas plus qu’on ne devient myope à force de lire des mots écrits en rouge ou en bleu ».
Date de publication : 14 Novembre 2017
« Ces patients frappés d’amnésie après un stress intense »
Marc Gozlan observe dans son blog pour Le Monde : « Les films d’action et d’aventure, de même que les séries TV, raffolent de ce genre de scénario : une personne, souvent retrouvée errante, a oublié un pan entier de son passé, jusqu’à parfois ne plus savoir qui elle est ».
« Les spécialistes parlent d’amnésie dissociative (anciennement dénommée amnésie psychogène). Ce trouble de la mémoire survient dans un contexte de traumatisme psychique, mais pas toujours. Il ne s’accompagne d’aucune anomalie à l’imagerie cérébrale (scanner, IRM) », relève le journaliste.
Il ajoute que « l’amnésie est rétrograde en ce sens que la personne est subitement incapable de se souvenir d’expériences, d’évènements ou de situations qu’elle a personnellement vécus antérieurement au traumatisme psychique. L’amnésie dissociative est donc caractérisée par un blocage soudain de la récupération de souvenirs autobiographiques ayant précédé un traumatisme psychologique qui n’est pas toujours connu ».
Marc Gozlan remarque qu’« il est très rare qu’une série de cas d’amnésie dissociative soit publiée dans la littérature médicale. Une étude, parue en septembre 2017 dans la revue Brain, fait état de 53 cas examinés entre 1990 et 2008 au St Thomas’s Hospital de Londres par le Pr Michael Koperman et ses collègues. Il aura donc fallu près de 20 ans pour cumuler ces cas. On comptait trois hommes pour une femme ».
Le journaliste explique que « ces médecins ont analysé les différentes expressions de ce trouble de la mémoire, exploré son association avec certaines caractéristiques cliniques et psychosociales, et précisé le pronostic de ces patients amnésiques ».
« La première catégorie est composée de personnes ayant présenté une fugue « dissociative ». Elles ont erré dans la rue, « sans bagage », ne sachant pas où elles se trouvaient, ni pourquoi elles étaient là. L’une d’elles avaient parcouru près de 650 km durant 7 heures, entre Londres à Glasgow, un trajet dont elle n’avait aucun souvenir. Parmi les 16 cas rapportés, 14 avaient également perdu leur identité », poursuit-il.
Marc Gozlan précise que « la mémoire est dans tous les cas revenue dans un délai de 4 semaines, souvent au bout de quelques heures ou quelques jours. Lors de la fugue dissociative, l’amnésie englobe la totalité de la vie de la personne. Après récupération, le patient présente néanmoins une amnésie résiduelle (de 2 heures à 21 jours) couvrant uniquement la période de la fugue. Les patients fugueurs (âge moyen : 48 ans), admis au St Thomas’ Hospital, avaient souvent été retrouvés par la police dans les parcs du centre de Londres ou dans des gares après avoir voyagé ».
Le journaliste note que « le deuxième groupe décrit par les cliniciens londoniens comprend 16 patients (âge moyen : 40 ans) présentant après leur fugue une longue période d’amnésie rétrograde. Celle-ci nécessite un réapprentissage de l’identité perdue (dans 81% de cas). La perte de mémoire couvre une période d’au moins 6 mois mais peut englober la totalité de la vie. La mémoire antérograde, qui permet de fabriquer de nouveaux souvenirs à compter de l’événement traumatisant, est en revanche intacte ou très peu altérée ».
Marc Gozlan continue : « Les auteurs décrivent un troisième groupe de patients (âge moyen : 43 ans) chez lesquels on observe une amnésie rétrograde massive, mais pas de fugue. Là encore, il n’existe pas d’amnésie antérograde, le sujet étant capable d’acquérir de nouveaux souvenirs normalement ».
Le journaliste note que « le début de l’amnésie rétrograde est brutal, survenant le plus souvent après un accident neurologique mineur ou un traumatisme crânien dont l’importance est sans commune mesure avec la sévérité de la perte de mémoire. Dans ces cas, l’amnésie ne disparaît pas en 4 semaines. Lorsqu’il y a perte d’identité (62% de cas), celle-ci est transitoire. Mais celle-ci oblige néanmoins le patient à «réapprendre» qui il est. Dans 3 des 16 cas rapportés dans cette catégorie, une amnésie résiduelle d’une durée inférieure à 2 ans a été observée. Dans les autres cas, une amnésie couvrant la vie entière perdurait ».
Marc Gozlan indique enfin que « le quatrième groupe est composé de 5 patients (âge moyen : 46 ans) souffrant de «trous de mémoire» d’une durée de quelques heures à plusieurs jours. Deux personnes présentaient une seule période lacunaire tandis que trois autres souffraient de 2 à 5 trous de mémoire. Aucun des 3 patients décrits n’avait fugué ».
Le journaliste précise que « ces patients diffèrent du troisième groupe dans la mesure où leur perte de mémoire n’englobe pas une longue période de la vie mais couvre un incident ou un événement particulier. Les pertes de mémoire les plus courtes ont duré moins de 6 heures, tandis que les plus longues ont persisté jusqu’à 90 jours. Une perte d’identité n’a été observée que chez un seul des 5 patients ».
Marc Gozlan retient notamment que « l’analyse fait apparaître qu’une perte d’identité, une dépression ancienne ou actuelle, des problèmes familiaux ou relationnels, des difficultés financières ou des problèmes d’emploi, sont les facteurs le plus souvent associés à l’amnésie dissociative. Ces résultats sont en accord avec le constat souvent rapporté que cette dernière est fréquemment précédée par un facteur déclenchant de forte intensité émotionnelle ».
Date de publication : 16 Novembre 2017
« Plus de troubles cardiovasculaires après les attentats ? »
Cécile Thibert s’interroge dans Le Figaro : « Les attentats sont-ils mauvais pour le cœur ? Peu après les attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo, Montrouge, magasin Hyper Casher), une clinique de Toulouse avait signalé une augmentation de 75% des hospitalisations pour maladies cardiovasculaires. Toutefois, une étude publiée […] par Santé Publique France montre que cette hausse ne se vérifie pas au niveau national ».
La journaliste indique ainsi que « les chercheurs ont passé au peigne fin les données des hôpitaux français enregistrées entre 2009 et 2016. Sur cette période, plus de 3,8 millions d’hospitalisations ont eu lieu pour syndrome coronarien aigu, infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral, dont environ 15% en Ile-de-France ».
« Une fois retranchées les variations habituelles, tel que l’effet saisonnier (plus d’hospitalisations en hiver), les chercheurs ont scruté d’éventuelles variations inhabituelles dans les jours suivants les attentats », poursuit Cécile Thibert.
Les auteurs indiquent que leur « étude n’a pas mis en évidence d’augmentation significative du nombre d’hospitalisations quotidiennes pour ces trois maladies dans les 15 jours ayant suivi les attentats de janvier et novembre 2015 et celui de juillet 2016, […] ni dans les zones géographiques où s’étaient produits les attentats, ni en dehors ».
La journaliste note que « selon eux, le stress généré par les attentats et leur suivi médiatique ne seraient «pas suffisants pour déclencher un événement cardiovasculaire aigu» », et s’interroge : « Comment expliquer ce résultat, totalement contradictoire à celui présenté par la clinique toulousaine ? ».
Les chercheurs écrivent que « compte tenu du faible nombre de patients hospitalisés dans cette étude (moins de 10 cas/jour en moyenne) et de l’approche essentiellement descriptive adoptée, ce résultat pourrait souffrir d’un manque de robustesse ».
Ils soulignent toutefois qu’« un stress émotionnel aigu est un déclencheur reconnu de pathologies cardiovasculaires », et notent qu’« une augmentation de l’incidence et de la mortalité par maladies cardiovasculaires a déjà été rapportée dans diverses situations ayant généré un stress émotionnel aigu (catastrophes naturelles, événements sportifs majeurs, guerres ou attentats terroristes) ».
Date de publication : 16 Novembre 2017
« Un syndicat d’internes en médecine brise le « tabou » du sexisme à l’hôpital »
Le Monde indique en effet que « l’Intersyndicale nationale des internes [ISNI] a lancé, début septembre, un questionnaire en ligne. Quelque 3000 personnes y ont répondu, dont 75% de femmes ».
Le journal observe ainsi que « le sexisme en milieu hospitalier est un phénomène massif, omniprésent, et qui s’est banalisé. «C’est simple, je ne peux même pas me souvenir de la blague sexiste qui m’a le plus choquée. Il y en a tellement qu’on finit par ne plus relever», raconte cette étudiante en sixième année de 24 ans, en externat dans un grand hôpital parisien ».
Le Monde continue : « «Mon chef m’appelle “petite chienne”», raconte cette jeune externe en médecine de 23 ans. […] Une petite phrase qui fait mal, «sexiste et insultante comme on entend souvent dans les couloirs de l’hôpital», poursuit la jeune fille ».
Le quotidien indique que « subir le sexisme ou en être directement victime : c’est le quotidien de 86% des internes de médecine – hommes et femmes confondus. C’est une donnée que vient confirmer l’ISNI dans une enquête inédite ».
Le Monde explique que « le syndicat a voulu interroger les 30.000 jeunes internes pour quantifier leur expérience du sexisme et du harcèlement sexuel pendant leurs études : 2946 ont répondu à ce questionnaire, diffusé par les associations locales et sur les réseaux sociaux ».
« Parmi les répondants, 8,6% affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel et 34% relèvent des «attitudes connotées», comme le contact physique ou le geste non désiré (65%), la simulation d’acte sexuel (9%), la demande insistante de relation sexuelle (14%) ou le chantage à connotation sexuelle (12%) », observe le journal.
Il souligne que « l’étude, bien que non représentative de la population des internes, confirme l’existence d’un climat pesant dans le monde médical et en particulier pour les étudiants, qu’ils soient infirmiers, médecins ou aides-soignants ».
Le Monde relève que « les étudiants évoquent souvent le huis clos du bloc opératoire comme lieu propice aux remarques sexistes et aux comportements les plus violents. L’ISNI relève que 24% du sexisme quotidien se déroule à cet endroit ».
Alizée Porto, « qui vient de terminer son internat en chirurgie et est à l’origine de cette enquête », souligne que « c’est un climat ambiant permanent qui existe depuis le début des études. En réalisant cette étude, j’ai été étonnée par le nombre de personnes qui ne se considèrent même plus victimes de sexisme tellement tout cela a été intégré et accepté. Le problème, c’est que le sexisme crée un climat qui conduit à accepter un geste déplacé qui prépare le terrain au harcèlement sexuel ».
Le Monde ajoute que « le rapport d’apprentissage entre étudiants et médecins aggrave les effets du sexisme », Thiziri Taibi, étudiante externe de 23 ans en sixième année à l’université Paris-V, remarquant : « Il est parfaitement illusoire, voire intellectuellement malhonnête, de croire qu’une anecdote grivoise isolée retranscrit ce qu’est le harcèlement à l’hôpital ».
Elle observe ainsi : « On se retrouve dans une double posture d’infériorité dans certaines situations, où le discours sexiste parfois se surajoute au statut d’étudiant en demande d’apprentissage. C’est la lassitude qui joue, on finit par laisser passer les réflexions dévalorisantes que toute profession adresserait à ses stagiaires, d’autres, misogynes, que toutes les femmes ont déjà pu entendre, et au bout de plusieurs mois… parfois arrive la réflexion de trop. Le patient qui vous prend pour l’infirmière lorsque vous entrez dans une pièce ou le médecin qui a oublié votre prénom et vous appelle “Bichette” peut suffire à vous faire perdre votre sang-froid dans ce contexte global de mésestime de soi ».
Le quotidien relève que « l’enquête montre […] que les auteurs de ces remarques ou de harcèlement sont majoritairement les médecins en position de «supériorité hiérarchique» de l’étudiant ».
Le Monde évoque une « autre conséquence concrète de cette culture du sexisme selon l’ISNI : l’influence sur la carrière ». Jérémie, 24 ans, remarque ainsi : « Mon stage actuel dans un SAMU d’un grand hôpital parisien est éprouvant. Je suis devenu le type pas drôle qui ne rit pas aux blagues sur le viol ou qui ne participe pas aux commentaires sur le physique de mes co-externes ».
Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens des facultés de médecine et directeur de l’UFR de médecine de l’université Paris-Est Créteil Val-de-Marne (UPEC), souligne pour sa part : « Si nous voyons qu’un service fait l’objet de plaintes récurrentes, c’est un premier carton rouge, si c’est du harcèlement, c’est directement le conseil disciplinaire. Cela peut aussi aller jusqu’au boycott d’un service dans un hôpital où nous n’envoyons plus d’étudiants ».
Le journal note toutefois que selon le cardiologue, « dans les services dits «problématiques», il faut parfois attendre un départ à la retraite pour que le climat s’apaise ».
Le Monde rappelle par ailleurs que « dans les facultés de médecine, des groupes de travail ou des associations d’étudiants commencent à faire évoluer le rapport de force avec le corps enseignant ».
Elsa Dechézeaux, étudiante en sixième année de médecine, indique ainsi : « J’ai l’impression que notre génération accepte de moins en moins le sexisme. Les chefs de service se plaignent de voir leurs blagues et leurs propos sexistes diffusés sur Twitter ou sur Payetablouse [site Internet qui recueille les témoignages sexistes du monde médical]. Peut-être que la crainte d’être de plus en plus exposé va changer la donne ».
Date de publication : 17 Novembre 2017
« Alzheimer : jouer pour ne pas oublier »
Les Echos remarque que « la science confirme ce que sait déjà la sagesse populaire : le cerveau est un muscle d’autant plus vigoureux qu’on le fait régulièrement travailler. Et la bonne nouvelle, c’est que ce précepte vaut même pour contrer la maladie d’Alzheimer. C’est ce que prouve une étude neurologique ambitieuse, conduite aux Etats-Unis 10 ans durant ».
Le journal explique que l’étude, « menée sur plus de 2.800 participants en bonne santé âgés de 74 ans au démarrage (il y a dix ans), dirigée par la chercheuse à l’université de Floride du Sud
Jerri Edwards, et publiée dans Alzheimer’s and Dementia, a consisté à faire jouer une partie d’entre eux, pendant un bref laps de temps de 5 semaines, à un jeu vidéo dont le but est d’identifier rapidement des objets apparaissant à l’écran ».
Le quotidien indique que « les participants soumis à cet exercice mental visant à tester et à doper les capacités de réaction et de mémorisation ont effectué une dizaine d’heures d’entraînement durant ces cinq semaines. Après quoi, leurs capacités cognitives ont été régulièrement mesurées tout au long des dix années et comparées à celles du groupe témoin ».
Les Echos retient ainsi que « le groupe des joueurs a bénéficié d’une réduction du risque de démence de près de 30% par rapport à celui des non-joueurs ».
Date de publication : 20 Novembre 2017
« Psychiatrie, de plus en plus de soins sans consentement »
Pierre Bienvault s’interroge dans La Croix : « Peut-on priver une personne de sa liberté pour la soigner ? La question n’est certes pas nouvelle en psychiatrie. Mais elle prend désormais une acuité particulière face à des chiffres qui interpellent ».
Le journaliste constate en effet qu’« en 2015, plus de 1,7 million de personnes, âgées de 16 ans ou plus, ont été suivies en France dans un établissement psychiatrique. Parmi elles, 92.000 ont été prises en charge sans leur consentement. Un chiffre en augmentation de 15% par rapport à 2012 ».
Magali Coldefy, maître de recherche à l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), ajoute que « la tendance se poursuit puisqu’en 2016, on recensait 94.000 patients soignés sans leur consentement ».
Pierre Bienvault souligne que « c’est un vrai signal d’alarme. La France est-elle devenue un pays où la logique sécuritaire conduit à enfermer de plus en plus les personnes en souffrance psychique ? C’est la conviction de certains acteurs de la santé mentale ».
Le journaliste explique notamment que « pour comprendre cette hausse, il faut surtout revenir au tournant qu’a constitué la loi du 5 juillet 2011. Ce texte a d’abord instauré un contrôle systématique de la situation des patients par un juge, entraînant un autre changement majeur : la possibilité d’instaurer des soins sans consentement en «ambulatoire». Sans que la personne ne soit hospitalisée entre quatre murs ».
« En 2011, la mesure avait fait grincer des dents dans certains cercles de la psychiatrie, opposés à cette contrainte dans les soins de ville. «Une surveillance sociale planifiée», affirmaient des psychiatres. Mais le législateur avait choisi d’entendre les arguments de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) qui plaidait de longue date pour cette innovation », poursuit Pierre Bienvault.
Le journaliste relève en effet que « des familles ne cachaient pas leur désarroi quand un de leurs proches refusait de prendre son traitement et voyait son état se dégrader. La seule solution était alors l’hospitalisation forcée. Une mesure parfois vécue comme trop radicale pour ces familles, juste désireuses que la continuité des soins puisse être assurée ».
Pierre Bienvault remarque que « depuis la loi de 2011, les soins sans consentement continuent de démarrer à l’hôpital. Néanmoins, au bout de 72 heures, le psychiatre peut décider que le patient continuera à être suivi, avec une certaine contrainte, mais à l’extérieur. Il établit alors un «programme de soins» qui peut prévoir l’obligation pour le patient d’avoir des consultations régulières en ville ».
Alain Monnier, administrateur de l’Unafam, précise qu’« une fois par mois, un patient peut ainsi être tenu de venir en consultation pour recevoir son traitement par injection ».
Pierre Bienvault relève que « certes, la contrainte sur le patient n’est alors pas la même que celle pouvant être mise en œuvre dans un hôpital. […] Mais le patient sait que, s’il ne respecte pas son programme de soins, il risque de retourner en hospitalisation. Ce qu’il peut vivre comme une menace ».
Magali Coldefy indique que « c’est bien le développement important de ces soins ambulatoires qui constitue la principale explication à l’augmentation globale du nombre de personnes soignées sans leur consentement. Ces patients, en effet, sont inclus dans des programmes souvent assez longs dans la durée ».
Pierre Bienvault évoque en outre les « patients désocialisés et sans entourage proche. C’est d’abord pour eux que la loi de 2011 a introduit une troisième modalité : celle de soins psychiatriques en cas de péril imminent (SPI). Dans ce cas, ce n’est pas un tiers qui autorise les soins mais un médecin ».
Magali Coldefy observe que « cette nouvelle modalité a un peu explosé ces dernières années avec 21% des demandes de soins sans consentement en 2015 ».
Denys Robiliard, ancien député socialiste, auteur de rapports sur la psychiatrie, remarque que « dans certains cas, c’est bien parce que le patient est sans attache familiale ou désocialisé que le médecin signe le certificat. Mais on constate aussi une certaine banalisation de ce mode d’admission qui devrait rester exceptionnel ».
Date de publication : 21 Novembre 2017
« Psychiatrie : à Amiens, l’hôpital abandonné »
C’est ce que titre Libération, qui fait savoir que « depuis sa visite du centre Philippe-Pinel, la députée Barbara Pompili (LREM) sonne l’alerte contre les conséquences dramatiques pour les patients du manque de personnel ».
Eric Favereau explique ainsi que la députée « s’est rendue, il y a quelques jours, au centre hospitalier spécialisé Pinel d’Amiens, lieu où sont suivis et hospitalisés la plupart des malades mentaux de la Somme ».
« C’est un établissement important avec plus de 400 lits, planté sur un terrain de 30 hectares. Un de ces vieux hôpitaux psychiatriques comme on en a tant construits à la fin du XIXe siècle. Il porte le nom de Philippe Pinel, figure de la psychiatrie qui avait eu l’audace en 1795 de détacher les «aliénés» de leurs chaînes », explique le journaliste.
Eric Favereau souligne que « l’hôpital est aujourd’hui en crise. Ce n’est certes pas le seul en France, mais cela dure depuis des années. […] Des grèves et des pétitions se sont succédé, des motions ont été votées par la communauté des psychiatres. Rien n’y fait. L’hôpital coule, croulant sous les dettes : près de 11 millions d’euros. Les psychiatres le désertent : près de la moitié des postes restent vacants ».
Le journaliste relève notamment que « la maison d’arrêt d’Amiens qui dépend de cet établissement pour les questions de santé mentale dispose de 3 postes de psychiatres, mais 2 sont inoccupés. Comment prendre en charge des patients lourdement atteints alors que la présence humaine est essentielle ? Pour des raisons budgétaires, des postes d’infirmiers et d’aide-soignants ont également été supprimés. Certains jours, il n’y a que 2 infirmiers pour 25 patients. Les malades s’entassent dans des chambres individuelles où il y a souvent trois lits ».
Barbara Pompili a ainsi déclaré : « C’est une honte ! Un système aveugle est en train de nous faire revenir en arrière sur la manière dont nous traitons nos plus faibles. Nous devons d’urgence remettre du personnel auprès des malades. Nous devons d’urgence arrêter de faire des économies sur la psychiatrie. C’est une question de dignité humaine. C’est une question de civilisation. C’est une question essentielle pour notre société : celle de pouvoir se regarder en face ».
La députée a ajouté : « Ils ont d’abord besoin d’aide-soignants pour faire simplement le ménage. Dans certaines unités, ce sont les infirmiers et infirmières qui se chargent du nettoyage. […] Pour l’hôpital, on cumule les difficultés, il y a le manque d’attractivité, il y a la psychiatrie parent pauvre de la santé, il y a la crise en général. Un médecin me disait : « Si je pars, qui va rester ? » ».
Eric Favereau indique que la députée « a, depuis sa visite, écrit à la ministre de la Santé, prévenu l’Agence régionale de santé : «J’ai eu rendez-vous avec le Premier ministre, Edouard Philippe, il m’a dit qu’il avait connaissance du dossier.» Et selon la députée, il aurait eu une réaction ahurissante, précisant que «c’était la même situation chez lui au Havre» ».
Le journaliste note que « pour la petite histoire, en décembre 2015 la Haute Autorité de santé (HAS) a certifié après une inspection, comme le veut la loi, l’établissement d’Amiens conforme avec des «recommandations», ce qui est dans le jargon administratif une appréciation guère sévère ».
« Il était, notamment, demandé à ce Centre hospitalier spécialisé (CHS) de «mettre en œuvre et d’évaluer une politique de respect des droits des patients, en ciblant notamment la désignation de la personne de confiance et la traçabilité du consentement du patient». Juste des mots. On pourrait conseiller aux visiteurs de la HAS d’y retourner, car manifestement la situation ne s’est pas améliorée », conclut Eric Favereau.
Date de publication : 21 Novembre 2017
Psychiatrie : « Au sein des soins sans consentement »
Libération se penche sur « le nouveau documentaire de Raymond Depardon, «12 Jours», [qui] sort ce mercredi sur fond d’augmentation des hospitalisations forcées en France. Le symptôme d’un inquiétant virage sécuritaire dans le monde de la santé ».
Le journal note ainsi : « Il ne se souvient plus trop de son passage devant le juge. «Pouf», marmonne-t-il. L’homme se tait, puis se reprend. Il aurait préféré raconter comment, aux urgences de l’hôpital Pompidou, ils l’ont attaché, puis piqué. Depuis – cela fait 3 semaines -, il attend de sortir ».
Le patient déclare : « Ce n’est pas tant qu’ils m’hospitalisent contre moi qui me gêne, c’est après, cela ne va pas. On s’ennuie tellement », un autre indiquant : « Je leur en veux pas, sauf au psychiatre. J’étais rentré libre, j’aurais dû en sortir libre ». Un autre observe : « Le juge ? C’est la première fois que ça m’arrive. J’y suis allé ce matin. Je l’ai vu au tribunal. C’était pour leur sauver la face à eux, les médecins, ça sert à valider leur décision, qu’ils ne soient pas abusifs ».
Libération relaie ainsi ces « histoires parmi tant d’autres, recueillies ces dernières semaines. Avec en toile de fond, un chiffre qui peut faire frémir : l’an dernier en France, ce sont près de 100.000 patients qui ont été hospitalisés en psychiatrie sans leur consentement. 92.000 personnes enfermées contre leur gré, parfois pour quelques jours, d’autres fois pendant plusieurs semaines. Soit 12.000 de plus qu’en 2012 ».
Le quotidien souligne que « cette hausse sensible fait suite à une augmentation encore plus forte entre 2006 et 2011, atteignant presque les 50%. Au total, depuis dix ans, on peut parler d’un doublement de ces hospitalisations sans consentement. Et parallèlement, durant cette même période, on a constaté une multiplication des pratiques d’isolement et de contention ».
Le journal observe ainsi que « la psychiatrie publique est de plus en plus marquée du sceau de la sécurité. On enferme, on attache, alors qu’il y a 30 ans ces pratiques avaient disparu. La législation française sur les soins sans consentement a été modifiée par la loi du 5 juillet 2011. Comme une nécessité, y sont réaffirmés les droits des personnes, et pour cela la loi a introduit deux mesures phares : l’intervention du juge des libertés et de la détention dans le contrôle de l’administration des soins sans consentement ; et l’obligation pour celui-ci de donner dans les douze jours son aval à toute hospitalisation sans consentement, lors d’une audience publique qui a désormais lieu à l’hôpital ».
« Autre innovation importante, la possibilité de soins ambulatoires obligatoires : la personne n’est plus hospitalisée mais elle a l’obligation de suivre chez elle un programme avec un contrôle régulier à l’hôpital », continue Libération.
Date de publication : 29 Novembre 2017
« La moitié des Français se plaignent d’être stressés »
Le Figaro observe que « contrairement à une idée reçue, le stress n’est pas le fruit amer de la vie moderne. Il est avant tout la conséquence d’un mécanisme cérébral primitif de réaction face au danger. Que certains modes de vie le favorisent est en revanche indéniable. Pour l’homme préhistorique, la vision d’un tigre à dents de sabre à l’approche était sans doute source de stress. Pour l’homme moderne, la sonnerie d’un téléphone peut parfois faire le même effet ».
Le journal rappelle qu’« un signal d’alerte, quel qu’il soit, déclenche la sécrétion d’hormones (adrénaline, cortisol) qui libèrent immédiatement de l’énergie (sous forme de sucre) dans le flux sanguin. Celui-ci est redirigé préférentiellement vers les gros muscles pour nous permettre de combattre ou de fuir. L’hésitation entre les deux comportements peut parfois conduire à un blocage tel un lapin pris dans les phares d’une voiture. Dans les trois cas, le stress prolongé peut avoir des conséquences importantes sur la santé, physique et mentale. Ce qui semble le cas pour un nombre considérable de Français ».
Le Figaro indique ainsi que « selon l’analyse du cabinet Stimulus, spécialisé en bien-être et santé au travail, portant sur plus de 32.000 salariés interrogés dans 39 entreprises, un quart d’entre eux subit un stress intense ».
« Une autre enquête, OpinionWay, présentée il y a quelques jours au Festival de la communication santé de Deauville, montre que c’est aussi le cas d’un Français sur dix âgé de plus de 18 ans. Chiffre auquel il faut ajouter 4 personnes sur 10 se disant «assez stressées». Soit 1 Français sur 2 touché par le stress », relève le quotidien.
Il souligne : « Plus inquiétant encore, 38% des Français estiment que leur stress a plutôt augmenté ces dernières années (12% qu’il a diminué) ».
Le Dr Stéphane Locret, directeur du collège scientifique du groupe Ramsay Générale de santé, qui a commandé l’enquête OpinionWay, observe que « les jeunes générations sont plus stressées qu’autrefois : 46% des 24-34 ans disent que leur niveau de stress a augmenté ces 3 dernières années contre 30% des plus de 65 ans ».
Le Figaro continue : « À long terme, 83% des Français estiment que le stress a des conséquences sur leur santé. Selon eux c’est d’abord sur le sommeil que retentit le stress (pour 54% des gens), devant les répercussions sur le comportement (40%) mais aussi sur la vie de famille et/ou la vie de couple (26%) ».
Date de publication : 29 Novembre 2017
Parole de victimes : « Les médecins devraient interroger leurs patients »
La Croix consacre sa rubrique « débats » à « la libération de la parole des victimes, en particulier de viols, de violences et de harcèlement sexuel ». Le journal publie notamment un texte du psychiatre Gérard Lopez, qui estime que « les médecins devraient interroger leurs patients ».
Le psychiatre écrit ainsi : « On ne peut que se féliciter de la libération de la parole ayant suivi l’affaire Weinstein. Reste à savoir ce qu’il en sortira en termes de santé publique. Car en parallèle du traitement judiciaire à réserver à ces dossiers, il faut porter une politique beaucoup plus volontariste en faveur des victimes, notamment auprès des médecins ».
« Je plaide pour qu’ils interrogent systématiquement leurs patients afin de savoir s’ils ont eux-mêmes été victimes de violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Les professionnels ayant choisi de le faire disent qu’un patient sur trois répond positivement à cette question. Les violences, notamment celles commises dans la sphère privée, constituent un problème de santé publique majeur ! Il est incompréhensible, sachant cela, qu’on n’encourage pas davantage la prise de parole des victimes », observe Gérard Lopez.
Le psychiatre souligne en effet que « verbaliser le traumatisme subi est un premier pas vers la reconstruction. Comment voulez-vous qu’une victime qui n’a jamais pu s’en confier puisse faire un lien entre le traumatisme subi et les troubles psychiques éventuellement développés par la suite ? C’est impossible. Il est par ailleurs établi qu’une victime présente un risque beaucoup plus élevé que la moyenne d’attenter à ses jours, de développer des addictions, de verser dans la délinquance, etc. ».
Gérard Lopez précise toutefois que « dans les faits, les choses ne sont pas si simples. Car nombre de victimes renâclent à s’exprimer. Revenir sur ce qu’elles ont enduré réactive une douleur insoutenable pour certaines. Aux praticiens, dès lors, de s’adapter et d’être créatifs dans leur prise en charge. […] Pour toutes ces raisons, je plaide pour qu’on développe massivement le secteur de la psycho-traumatologie en France. Et ce, afin de proposer des thérapies spécialisées en fonction des traumatismes et du profil des victimes ».
Date de publication : 30 Novembre 2017
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