« Les larmes de la schizophrénie »
La Croix évoque un colloque sur la santé mentale qui vient de se dérouler à Paris, « pour parler notamment de schizophrénie et de cette stigmatisation ordinaire qui lui colle à la peau. Tous ces préjugés sur la dangerosité et la violence que véhiculent souvent les médias dès qu’un malade est impliqué dans un fait divers dramatique ».
« La surenchère de certains politiques persuadés qu’un terroriste en puissance se cache derrière chaque schizophrène. Sans que ni les uns ni les autres ne prennent toujours le temps de rappeler que seulement 0,2% des crimes sont commis par des personnes malades », observe le quotidien.
La Croix rend ainsi compte de ce colloque, « avec, sur scène, des psychiatres, un psychologue, des historiens, une anthropologue… Mais aussi une voix inédite et d’une force saisissante. La parole d’une malade. Ou plutôt d’une personne vivant avec une schizophrénie ».
Le quotidien cite Laurence Martin, qui « a parlé avec force de sa maladie, la schizophrénie, de la stigmatisation et des préjugés qu’elle combat » : « Oui, il y a de la violence chez certains schizophrènes. Mais la première violence, elle est d’abord contre nous-mêmes. 10% des schizophrènes meurent par suicide. Cela ne fait jamais les gros titres des journaux. Et vous risquez bien plus d’aimer un schizophrène qui se suicide que d’être tué par un schizophrène ».
Le journal explique que « Laurence Martin a 39 ans et vit à Namur en Belgique, où elle travaille dans une librairie. Depuis dix ans elle tient un blog dans lequel elle essaie de combattre les préjugés et le «discours ultra-sécuritaire» des politiques ».
La jeune femme indique : « Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour la “cause”. Que je serais complice de cette stigmatisation si je me taisais. […] La schizophrénie est violente parce qu’elle balaie tout sur son passage. Elle écrase tout, elle réduit en miettes. Le monde, les autres, soi-même. La violence, c’est celle de l’angoisse, celle de la mort. C’est celle de l’obsession, de la durée, du temps. Les pensées qui ne lâchent pas, le délire qui tourne, qui ronge, qui frappe dans la tête. La violence de la durée et du temps. Parce qu’être en crise pendant des mois, des années, ça épuise, ça vide, ça tue. La violence, c’est celle du monde qui va trop vite, qui tourne comme une toupie, qui va trop fort, qui crie. La violence, c’est celle des larmes qu’on retient ».
La Croix poursuit : « Laurence Martin raconte qu’un jour elle a rencontré une élève infirmière. Durant son stage, on lui avait dit de ne pas s’occuper des patients schizophrènes, «de toute façon ils ne ressentent rien». Alors Laurence Martin évoque ces moments de crise où elle se coupait le poignet ».
Elle précise : « Ce n’est pas parce que je ne ressentais pas la douleur mais parce que cette douleur provoquait une diversion. Si je ne pouvais rien répondre à ce psychiatre qui pensait que mon seul problème était de ne pas savoir étudier, ce n’est pas parce que je n’avais rien à dire. C’est parce que je n’avais pas les mots à mettre sur la maladie. Et si j’avais peur de sortir, ce n’était pas par désintérêt pour le monde extérieur, mais parce que, une fois dans la rue, je me sentais envahie par les autres (…). Quand j’étais malade, c’est vrai que j’avais peur des gens mais j’attendais tout d’eux. J’espérais une parole, une main tendue ou que quelqu’un voie ma souffrance ».
Laurence Martin ajoute : « Je prends des neuroleptiques, je vis et je ne suis pas une plante verte. Je rigole, je me révolte, je râle, je suis contente, je suis malheureuse. Juste comme tout le monde ».
Date de publication : 5 Décembre 2017
« La méditation freine le vieillissement du cerveau »
Denis Sergent observe dans La Croix : « La méditation permet-elle de mieux vieillir ? La question taraude les spécialistes depuis longtemps, d’autant plus que plusieurs personnalités la pratiquant plaident en ce sens ».
Le journaliste fait savoir qu’« une première étude scientifique menée chez des personnes de plus de 65 ans donne un début de réponse positive ».
Il rappelle qu’« avec l’âge survient une diminution progressive du volume cérébral et du métabolisme du glucose ayant pour conséquence un déclin des fonctions cognitives. Or ces changements physiologiques naturels peuvent être exacerbés par le stress et une mauvaise qualité de sommeil, deux paramètres par ailleurs considérés comme des facteurs de risques d’Alzheimer ».
Denis Sergent note donc que « pour étudier ce déclin, Gaël Chételat, neurobiologiste à l’Inserm à Caen, a lancé une étude pilote comparative en collaboration avec Antoine Lutz, neurobiologiste à Lyon ».
Gaël Chételat explique : « Nous avons sélectionné six «experts méditants» – dont le moine bouddhiste Matthieu Ricard – âgés en moyenne de 65 ans et pratiquant la méditation depuis longtemps et régulièrement (entre 15.000 et 30.000 heures chacun), selon différents courants traditionnels bouddhistes. Parallèlement, nous avons étudié 67 témoins non-méditants âgés de 65 ans ainsi qu’un groupe de 186 personnes, âgées de 20 à 87 ans, pour mesurer les effets classiques du vieillissement sur le cerveau ».
Le journaliste précise que « les chercheurs ont pratiqué un double examen du cerveau : l’un, anatomique, par IRM (imagerie par résonance magnétique), l’autre, fonctionnel, utilisant la tomographie par émission de positons (TEP) pour quantifier l’activité métabolique d’un organe ».
Gaël Chételat indique ainsi : « Nous avons mis en évidence des différences significatives au niveau du volume de la matière grise (constituée par les noyaux des neurones) et du métabolisme du glucose, le carburant énergétique du cerveau. Plus précisément, les images montrent que le cortex frontal est plus volumineux et/ou a un métabolisme plus élevé chez les personnes pratiquant la méditation que chez les témoins ».
« Ces premiers résultats suggèrent que la méditation pourrait réduire ou retarder de quelques années les effets néfastes de ces facteurs sur le cerveau et avoir un effet positif sur le vieillissement cérébral », remarque la neurobiologiste.
Denis Sergent indique que « les résultats de cette étude pilote devront toutefois être confirmés sur un échantillon plus large ».
Gaël Chételat ajoute que « nous allons maintenant nous attaquer à la compréhension des mécanismes mis en jeu en nous focalisant notamment sur le taux sanguin de cortisol, une hormone qui a un rôle prépondérant dans la réaction de stress, ainsi que sur l’activité des télomérases, enzymes jouant un rôle protecteur de l’extrémité des chromosomes ».
Le journaliste indique enfin que « l’équipe de neurobiologistes va intégrer une étude européenne de grande envergure qui vise à mieux comprendre les facteurs de vie qui déterminent le bien vieillir en testant les bienfaits d’entraînements mentaux à la méditation ou à l’apprentissage de l’anglais. À la recherche de volontaires, les chercheurs organisent une conférence le 16 janvier à Caen pour en recruter ».
Date de publication : 8 Décembre 2017
« Souffrance au travail : lancement d’un observatoire pour aider les praticiens hospitaliers »
Le Monde indique en effet que « face à la «dégradation des conditions de travail» à l’hôpital, l’organisation Action praticiens hôpital (APH), qui regroupe une dizaine de syndicats, a lancé […] son observatoire de la souffrance au travail. L’objectif est de mieux repérer et aider les professionnels touchés. soumis notamment à des pressions managériales de plus en plus fortes ».
Le journal explique qu’« à travers un questionnaire détaillé accessible en ligne, l’organisation veut définir les raisons du mal-être ressenti par certains praticiens (médecins, dentistes, pharmaciens) et dresser une «cartographie régionale et nationale de situations» jugées «indésirables et évitables» ».
Jacques Trévidic, président d’APH, remarque ainsi que « certaines disciplines sont particulièrement touchées », évoquant les « urgentistes, les anesthésistes, les biologistes, les psychiatres ».
Nicole Smolski, présidente d’honneur, évoque en outre les « chirurgiens qui, aux yeux des directions, ne sont pas assez rentables. […] Dans certains établissements, on n’est plus loin de ce qui se passe à Lidl ou Amazon ».
Le Monde explique : « En cause, la «tarification à l’activité», un mode de financement des hôpitaux controversé, que veut revoir le gouvernement, mais aussi les «pressions managériales» de plus en plus fortes de «l’hôpital entreprise», ou encore les restructurations liées aux groupements hospitaliers de territoire ».
Le journal précise que « l’outil développé par APH s’appuie sur l’observatoire déjà mis en place à la fin de 2009 par le syndicat d’anesthésistes SNPHAR-E, mais il vise un public plus large, APH étant constitué de deux intersyndicales (Avenir Hospitalier et CPH) regroupant 14 syndicats et organisations ».
« Selon les données récoltées entre 2010 et 2015 (200 appels), «90% des causes de la souffrance déclarée ont pour point commun des conflits avec la hiérarchie, médicale ou administrative», la surcharge de travail étant une cause «fréquente mais pas systématique» », observe le quotidien.
Date de publication : 8 Décembre 2017
« L’effet placebo guérit-il vraiment ? »
C’est ce que se demande Science et Vie, qui évoque « l’un des pouvoirs les plus extraordinaires de notre esprit sur notre corps : il suffit de faire croire à un malade qu’il prend un antalgique – alors qu’il s’agit d’une simple solution saline – pour que son cerveau déclenche la production de molécules aux effets antidouleur, comparables à ceux qu’aurait engendrés un véritable médicament ».
« Prodigieux : la suggestion psychologique provoque des conséquences biochimiques. Dans le cas de la douleur, la sécrétion de dopamine, un neuromédiateur mobilisé dans le circuit de la récompense », poursuit le magazine.
L’article souligne que « quand il s’agit d’apaiser la douleur, il suffit d’une attitude bienveillante et des gestes de soin pour que le patient se sente déjà mieux. Mais les médicaments, eux, doivent avoir un effet supérieur au simple effet placebo ».
Science et Vie s’interroge : « Quel est le secret de cet effet placebo, à l’incroyable pouvoir guérisseur ? Nul ne connaît précisément les mécanismes qui le sous-tendent, mais il semble agir initialement sur une partie du cortex préfrontal (impliqué dans l’attention). La croyance en l’efficacité du traitement pourrait détourner l’attention de la douleur pour la concentrer sur l’attente du soulagement ».
Le magazine rappelle que « la médecine a longtemps douté de l’existence d’un effet placebo, mis en évidence pour la première fois en 2002, grâce à l’imagerie cérébrale. Si les rouages de ce mécanisme psychobiologique restent mystérieux, il n’en demeure pas moins que c’est à des placebos que sont comparés les médicaments afin d’évaluer leur efficacité : s’ils ont un effet supérieur, c’est que leur principe est réellement actif ».
Science et Vie ajoute qu’« au quotidien, l’effet placebo passe aussi bien par le baiser déposé par un parent sur le bobo d’un enfant, qui agit sur lui comme un médicament, que par l’attitude d’un médecin : qu’il se montre chaleureux et le patient se sent déjà mieux… En clair, il ne faut pas hésiter à jouer de cet effet car il fait partie intégrante ».
Date de publication : 13 Décembre 2017
« A Rennes, les soignants de l’hôpital psychiatrique en souffrance »
Cécile Bouanchaud note dans Le Monde que « depuis 6 semaines, des membres du personnel protestent contre la «dégradation des conditions d’accueil des patients» au centre hospitalier Guillaume-Régnier » à Rennes.
La journaliste observe que « dans cette structure hospitalière employant plus de 2000 personnes, «impossible de connaître le nombre de soignants en détresse», estime Jacques Meny, secrétaire du syndicat SUD-Santé pour l’établissement ».
Elle indique qu’« un jour d’octobre, alors qu’un énième membre du personnel était venu faire part de ses idées noires, l’organisation syndicale a décidé d’«agir avant un drame, plutôt qu’après». Et le 6 novembre, plus d’une centaine de salariés ont commencé une grève, qui a été reconduite mardi 12 décembre, marquant la sixième semaine d’un mouvement par ailleurs renouvelé quasiment chaque année ».
Cécile Bouanchaud remarque en effet : « Demandez au personnel soignant ce qu’il pense des conditions de soins du CHGR, il résume ainsi la situation : aucun ne souhaiterait que lui ou l’un de ses «proches soit accueilli dans l’établissement». Tous savent ce qu’il se passe derrière ces «blocs de mal-être» qui accueillent 30.000 patients chaque année ».
La journaliste souligne que « les salariés dénoncent la «dégradation» de leurs conditions de travail, avec des conséquences sur «la prise en charge des patients». Selon le personnel, la liste illustrant ce «délitement» est longue, et dramatiquement ordinaire au sein des hôpitaux psychiatriques. Des mouvements de grève semblables ont d’ailleurs émergé ces derniers mois ».
Cécile Bouanchaud relève que « quelque 1400 signalements d’événements indésirables liés à des dysfonctionnements (violences, manque de lits, sous-effectifs) ont été adressés à la direction en 2016, selon SUD-Santé. D’après [Cécile, infirmière], ces passages à l’acte récurrents sont une façon d’exprimer un mal-être, lié aux conditions d’accueil matérielles et humaines indigentes ».
« «Nous n’avons plus le temps pour l’écoute», fait-elle savoir, évoquant les heures consacrées à «la gestion à flux tendus des lits» dans un hôpital qui en compte 802, ainsi que 20 chambres d’isolement », poursuit la journaliste.
Cécile Bouanchaud souligne ainsi que « tous les soignants interrogés ont déjà été confrontés à des situations où leurs patients n’avaient qu’«un lit pour deux». Comprendre que les malades sont régulièrement délogés au profit d’autres dont le «cas est plus grave» ».
Marine, infirmière, remarque que « les patients ont besoin d’un cadre extrêmement rassurant et on leur inflige l’inverse », évoquant « une absence de parcours de soins cohérent ». De son côté, Sébastien, médecin psychiatre, observe que les patients « subissent ce que personne n’accepterait de subir. […] Des patients venus en premiers soins se retrouvent avec des malades grabataires » ».
« D’autres sont «contentionnés toute la nuit», faute de personnel suffisant pour les surveiller. Sans compter le recours quasi systématique aux camisoles chimiques, des neuroleptiques puissants, qui rendent les malades amorphes », ajoute Cécile Bouanchaud.
La journaliste note que « selon Sophie, psychologue à l’hôpital, de telles situations se rencontrent seulement dans des établissements où les patients sont vulnérables : «Ils ne se plaignent pas, alors on s’en fout qu’ils souffrent.» Le personnel, lui, entretient une culpabilité tenace face à cette «déshumanisation de la psychiatrie». Si les soignants rencontrés évoquent leur «volonté de faire au mieux», c’est toujours avant d’aborder cet idéal brisé», ce «sentiment de mal faire en permanence » et «de devoir s’excuser tout le temps» ».
« A cela s’ajoutent des difficultés endémiques dans le milieu de la santé publique, où les contrats précaires sont légion, et les salaires insuffisants : 1700 € net par mois pour Marine, infirmière depuis 13 ans, qui prend depuis peu des anxiolytiques pour dormir », relève Cécile Bouanchaud.
La journaliste indique en outre que « le directeur, Bernard Garin, qui n’a pas reçu les représentants syndicaux depuis le début du mouvement, assure que «la situation s’est améliorée» depuis un précédent mouvement de grève en 2013, qui avait permis l’ouverture de nouveaux lits. Selon lui, la solution passe surtout par «un suivi des malades en dehors de l’hôpital». M. Garin reconnaît toutefois que son établissement est bloqué dans un «carcan budgétaire» et espère que le ministère fera de la psychiatrie «une priorité en termes de moyens» ».
Cécile Bouanchaud rappelle que « la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré qu’elle comptait lancer un «plan psychiatrie», et a débloqué 44 millions d’euros pour ces services, dont le budget est bloqué depuis des années. Le ministère assure que les détails de ce plan seront précisés en janvier 2018, ajoutant «être informé de la situation à l’hôpital de Rennes» ».
Date de publication : 14 Décembre 2017
« Vers la guérison de l’addiction au cannabis »
C’est ce que titre Le Point, qui indique que « l’espoir est réel avec la mise au point, par une équipe dirigée par le Pr Piazza, d’un médicament actif contre cette dépendance fréquente ».
Anne Jeanblanc se penche ainsi sur « le médicament que viennent de mettre au point des chercheurs de Bordeaux Neurocampus et de la société Aelis Farma, créée pour l’occasion. Il est actuellement en test chez l’homme aux États-Unis et, si tout va bien, une mise sur le marché est envisageable d’ici à fin 2024 ».
La journaliste rappelle que « l’addiction est un sujet de recherche historique pour les neuroscientifiques bordelais. Dans un article publié dans la prestigieuse revue Science, il y a près de 30 ans, Michel Le Moal, Pier-Vincenzo Piazza et Hervé Simon ont démontré que, contrairement à une idée longtemps admise, toute personne qui persiste à consommer de la drogue ne devient pas accro.
Le Pr Piazza indique ainsi qu’« à la fin des années 90, les équipes du pôle de recherche de Bordeaux ont mis en évidence les mécanismes de vulnérabilité aux drogues ».
Anne Jeanblanc note qu’« il faudra ensuite plus de 10 ans pour les analyser et découvrir les clés de la toxicomanie. On sait désormais que l’usage de stupéfiants modifie la physiologie du cerveau, notamment la plasticité des synapses (zones de contact entre neurones). Dans 80% des cas, ce changement est temporaire. En revanche, la persistance de ce phénomène chez certains individus paraît responsable de la perte de contrôle de la consommation et l’addiction s’installe ».
La journaliste explique que « les équipes du Neurocentre Magendie, qui étudient spécifiquement les effets cérébraux du cannabis, ont découvert que son usage entraînait la production d’une molécule appelée prégnénolone, qui défend l’organisme contre les effets de cette drogue. Elle aurait pu être donnée pour soigner la dépendance si elle n’était pas si mal absorbée et rapidement dégradée par l’organisme ».
Anne Jeanblanc relève donc que « l’équipe a créé la société Aelis Farma, la première à avoir désormais développé un dérivé stable de la prégnénolone ».
Le Pr Piazza précise : « Ce composé, l’AEF0117, bloque uniquement les parties des synapses activées par le cannabis. Lors de tests, les animaux dépendants stoppent leur consommation dès la prise de la molécule. Sur un individu qui n’est pas sous cannabis, cette molécule n’a aucun effet, même à 1500 fois la dose efficace. Nous avons créé une nouvelle classe de médicament psychoactif dont le mécanisme d’action est unique dans la pharmacopée ! ».
La journaliste observe qu’« un grand nombre de personnes pourraient en bénéficier notamment en France, où plus d’un jeune sur quatre déclare avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois ».
Elle souligne en outre que « cette substance se banalise et que la teneur moyenne en THC (produit actif) dans les produits augmente, celle de la résine a triplé en 10 ans, note le Pr Piazza. Il ajoute que, entre 16 et 30 ans, les consommateurs quotidiens ont 5 fois plus de risques d’être au chômage et 10 fois moins de chances d’avoir un diplôme universitaire que les autres. Le besoin d’un traitement est donc criant ».
Date de publication : 15 Décembre 2017
« La méditation aide à mieux vieillir »
Yann Verdo note à son tour dans Les Echos qu’« une étude française met en lumière le fait que la méditation préserve notre cerveau des impacts du vieillissement et du déclin cognitif. Mais ce n’est pas son seul effet bénéfique sur notre corps… ».
Le journaliste rappelle que « les études scientifiques consacrées aux impacts de cette pratique sur la santé mentale et physique, de plus en plus nombreuses, tendent toutes à accréditer la thèse de son pouvoir bénéfique, bien au-delà même de ce qu’on aurait pu penser initialement ».
Il relève donc qu’une étude « conduite par la chercheuse de l’Inserm Gaël Chételat, récemment parue dans Scientific Reports et plus spécifiquement axée sur les effets de la méditation sur le vieillissement et son triste corollaire qu’est le déclin cognitif, vient de verser une nouvelle et importante pièce au dossier ».
Yann Verdo explique que « d’après les expériences menées depuis une quinzaine d’années sous la houlette de Christophe André à l’hôpital Sainte-Anne, où des patients dépressifs viennent effectuer des stages de méditation de 8 semaines et se soumettre avant et après à des batteries d’examens, il est acquis que la méditation a une vertu antidépressive certaine ».
« Initier à la méditation une personne psychologiquement fragile quant à la dépression limite considérablement le risque de rechute, autant que si elle était maintenue sous antidépresseurs ; il a même été établi que méditer 20 minutes par jour permettrait à des personnes ayant déjà connu deux épisodes dépressifs majeurs de diviser par deux le risque d’en refaire un troisième », relève le journaliste.
Il note en outre que « le déclin cognitif, qui peut dégénérer en démence, dont la forme principale reste la maladie d’Alzheimer, est accéléré par la dépression et les problèmes de sommeil, eux-mêmes favorisés par les émotions négatives et le stress. Méditer régulièrement aiderait-il les personnes âgées à mieux se prémunir contre ce cycle infernal ? ».
Yann Verdo indique que « les chercheurs de la plate-forme d’imagerie biomédicale Cyceron de Caen ont recruté six méditants experts, âgés de 65 ans en moyenne et affichant entre 15.000 et 30.000 heures de pratique au compteur (le célèbre moine bouddhiste Matthieu Ricard était l’un d’entre eux). Et ils ont comparé, par imagerie, le cerveau de ces seniors passés maîtres dans l’art de «faire le vide» en eux avec ceux de personnes du même âge n’ayant jamais médité ».
Le journaliste précise que « deux techniques d’imagerie ont été utilisées. L’IRM anatomique pour analyser la structure du cerveau en ses différentes aires, et la tomographie par émission de positons (TEP) pour observer son fonctionnement en temps réel, en mesurant la quantité de glucose (d’énergie) brûlée par les neurones ».
Il constate que « les résultats sont éloquents. Il apparaît en effet que les «experts» ont conservé de plus grands volumes de matière grise (sur le plan structurel) et présentent un métabolisme du glucose plus élevé (sur le plan fonctionnel) dans des régions cérébrales qui sont justement celles qui déclinent le plus avec l’âge, et qui sont impliquées dans l’attention, la conscience des sensations et des signaux internes du corps, mais aussi le contrôle et la régulation des émotions ».
Gaël Chételat souligne que « ces résultats montrent que la méditation permet chez ceux qui la pratiquent régulièrement de préserver des zones cérébrales spécifiquement visées par le déclin cognitif, ce qui suggère qu’elle réduit les risques de développer une maladie d’Alzheimer ou en recule l’âge d’apparition des premiers symptômes ».
Yann Verdo poursuit : « Même si les mécanismes biologiques sous-jacents restent encore en grande partie à expliquer, il ne fait guère de doute que la méditation a bel et bien un effet protecteur contre le vieillissement cognitif. Et même contre le vieillissement en général, si l’on en croit d’autres recherches menées outre-Atlantique ».
Date de publication : 18 Décembre 2017
« L’addiction aux réseaux sociaux, nouveau fléau de santé publique »
Les Echos note en effet que « de plus en plus de chercheurs alertent sur les effets inquiétants des réseaux sociaux sur le cerveau, et sur leurs dangers pour les adolescents. Facebook a reconnu la semaine dernière que la consommation de contenus, quand elle est passive, peut avoir un impact négatif sur le bien-être ».
Le journal évoque les travaux de l’Américaine Jean Twenge, professeur en psychologie à l’université de San Diego, qui « étudie les différences de santé mentale entre générations depuis 25 ans. Il y a 2 ans, elle a remarqué que les courbes de plusieurs paramètres qu’elle surveille régulièrement s’étaient effondrées depuis 2012 : la fréquence des rencontres entre jeunes, la proportion de lycéens possédant un permis de conduire, ayant déjà eu des relations sexuelles ou un simple rendez-vous. Dans le même temps, le pourcentage d’adolescents dépressifs, déclarant se sentir seuls et commettant des tentatives de suicide a atteint des sommets, explique-t-elle dans son livre « iGen », le surnom qu’elle donne à la génération née entre 1995 et 2012 ».
Les Echos indique que « celle-ci souffre de «la pire crise de santé mentale depuis des décennies», estime Jean Twenge. Et le coupable serait le smartphone. Les adolescents «scrolleraient» infiniment sur les réseaux sociaux, se renfermant sur eux-mêmes et souffrant de la comparaison avec leurs pairs qui mettent en scène leur quotidien sur Facebook ou Instagram ».
« Ils n’arriveraient même plus à se séparer de leurs portables la nuit, certains chercheurs parlant de «nomophobia» – pour «no mobile phobia». Un problème qui n’épargne pas les adultes, mais qui touche encore plus les jeunes ayant grandi avec un téléphone dans les mains », souligne le quotidien.
Le journal observe toutefois que « des peurs similaires sur l’effet des télévisions, des ordinateurs et des consoles de jeux vidéo ont été exprimées lors de leur arrivée dans les foyers. Et si la corrélation entre temps passé sur son smartphone et dépression existe, la causalité reste difficile à prouver : est-ce sa consultation qui affecte la santé mentale, ou les personnes déjà fragiles qui passent plus de temps en ligne ? ».
« Ce que les chercheurs commencent à pouvoir affirmer, c’est que les réseaux sociaux ont un effet sur le cerveau proche de certaines substances addictives, comme la cigarette. Ofir Turel, professeur en systèmes d’information à l’université de Californie, a prouvé que «l’usage excessif de Facebook est associé à des changements dans le circuit de la récompense». Car, contrairement à la télévision, les réseaux sociaux offrent des «récompenses variables» : l’utilisateur ne sait jamais combien de likes il va récolter ou sur quelles vidéos il va tomber », explique Les Echos.
Le quotidien ajoute que « d’autres chercheurs pointent l’influence négative des smartphones sur les capacités cognitives : une récente étude de l’université de Chicago montre que leur simple présence diminue la faculté à mémoriser, raisonner et résoudre de nouveaux problèmes ».
Les Echos relève en outre que « pendant longtemps, Facebook est resté silencieux sur ce sujet. Difficile pour lui d’admettre les dangers de ces fonctionnalités addictives, car elles sont au cœur de son business model : faire que les utilisateurs passent le maximum de temps sur sa plate-forme pour vendre le plus d’espaces publicitaires possible ».
« Mais le réseau social a dû faire face à une charge de plus en plus vive d’anciens responsables mettant en garde contre le «monstre» que Facebook avait créé. La critique la plus vive est venue mi-novembre de Chamath Palihapitiya, ancien vice-président de la société, lors d’un discours devant des étudiants à Stanford. «Nous avons créé des boucles déclenchant des réactions de court terme nourries à la dopamine qui sont en train de détruire le fonctionnement de la société», a-t-il déclaré, évoquant son «immense sentiment de culpabilité» et expliquant ne pas vouloir «mettre cette merde» dans les mains de ses enfants », remarque le journal.
Les Echos note que « Facebook s’est enfin décidé à réagir, en levant le voile sur les travaux d’une équipe de recherche dédiée à répondre à une question : «Est-ce que passer du temps sur les réseaux sociaux est mauvais pour nous ?» […] Leur conclusion ? L’outil est neutre – tout dépend de son utilisation. Certes, ils admettent les effets négatifs de la consommation passive de contenus. […] Mais les interactions avec des proches à travers des commentaires et des messages, ainsi que l’utilisation du réseau social pour se remémorer des souvenirs «améliorent le bien-être», affirment-ils ».
Date de publication : 20 Décembre 2017
« Quand une tumeur du cerveau entraîne hyper-religiosité et psychose »
Dans son blog pour Le Monde, Marc Gozlan relate « l’histoire d’une femme de 48 ans, sans antécédent psychiatrique, qui se présente de sa propre initiative dans le service de psychiatrie de l’hôpital universitaire de Berne (Suisse) car elle entend des voix lui ayant commandé de se suicider. Elle s’est infligée plusieurs coups de couteau dans la poitrine. Certaines plaies ont une profondeur de 7 cm. Cette femme déclare avoir commis son geste en signe de sacrifice religieux, des voix divines le lui ayant ordonné ».
Le journaliste explique qu’« il y a 3 ans, cette patiente avait présenté des hallucinations auditives verbales qu’elle considérait d’origine céleste. De fait, dès l’âge de 13 ans, elle avait commencé à manifester de l’intérêt pour la spiritualité et à exprimer une grande dévotion. De grands élans spirituels se sont reproduits à trois autres reprises, quand elle avait 23, 32 et 41 ans ».
Marc Gozlan poursuit : « «A son admission à l’hôpital, cette quadragénaire présente un syndrome psychotique avec délire religieux grandiose», rapportent le Dr Sebastian Walther et ses collègues dans un article de la revue Frontiers in Psychiatry. […] La patiente ressent une tension extrême et un profond sentiment de sainteté. Les médecins notent un ralentissement psychomoteur et un blocage de la pensée formelle (pure, indépendante de l’action) ».
Le journaliste précise que « les hallucinations auditives sont fréquentes, à raison d’une par minute quand elles surviennent. Leur contenu est généralement de nature religieuse. […] La tonalité des voix est agréable. Selon les cas, il s’agit d’une injonction ou d’un dialogue avec la patiente. Un de ces phénomènes hallucinatoires a duré plusieurs heures ».
Il indique que « l’IRM cérébrale révèle chez cette patiente une lésion profonde dans l’hémisphère gauche, au niveau de la région postérieure du thalamus. Cette tumeur déborde à la fois dans une zone composée de substance blanche, appelée capsule interne, et dans une formation de substance grise, le putamen postérieur. Il s’agit selon toute vraisemblance d’une tumeur de croissance lente apparue au cours de l’adolescence ».
« De par sa localisation, elle désorganise l’ensemble des structures situées à proximité dont certaines entretiennent des connexions avec le cortex auditif, zone située dans le lobe temporal et qui analyse les informations sensorielles auditives. Par ailleurs, l’emplacement de la tumeur pourrait avoir un impact sur l’état émotionnel associé à une forte spiritualité », relève Marc Gozlan.
Le journaliste note qu’« au total, cette patiente a donc connu, à partir de l’âge de 13 ans, quatre épisodes de forte religiosité, chacun survenant après un délai de 9 à 10 ans. Ceux-ci pourraient correspondre à des phases de croissance de la tumeur cérébrale, le dernier épisode psychotique s’accompagnant de symptômes persistants (hallucinations auditives verbales, délire spirituel) ».
Il ajoute que « l’image IRM est compatible avec un gliome de bas grade. Certaines malformations caverneuses peuvent cependant présenter des caractéristiques similaires (diagnostic différentiel potentiel) ».
Date de publication : 22 Décembre 2017
« La méthode suédoise pour survivre aux longues nuits d’hiver »
C’est ce que titre Le Figaro, qui constate : « Voyages sous les tropiques, thérapie lumineuse, sport… Les Suédois rivalisent d’imagination pour échapper à l’obscurité nordique et à sa manifestation la plus grave, la dépression hivernale ».
Le journal observe ainsi : « Trois jeunes femmes en maillot de bain se balancent dans des hamacs. Face à elles, une plage qui s’ouvre sur un lagon. Elles ferment les yeux pour mieux sentir le souffle de chaud des alizés, un verre à la main. L’illusion est presque parfaite. Nous pourrions lézarder sous les tropiques, si l’on oublie que nous sommes à Stockholm, qu’il est 15 heures et qu’il fait déjà nuit. Le paysage n’est qu’une gigantesque carte postale collée sur le mur, et les alizés ont été savamment reconstitués avec un ventilateur… et trois projecteurs ».
Eilf Ohrling, « qui a ouvert ce centre de relaxation justement baptisé Nirvana », précise que « la température est de 30°C, et ces lampes vous apportent à la fois une lumière chaude et froide, avec des UV, comme si vous étiez à la plage. Dehors, il fait moins dix degrés, le soleil s’est couché, mais nous avons tous besoin de lumière pour vivre. Ici, les gens se sentent bien, ils oublient le stress, ils oublient l’hiver ».
Le Figaro souligne en effet qu’« à Stockholm, comme dans toutes les villes situées autour du 60e parallèle et au-delà, laisser passer l’hiver n’est pas une mince affaire. Dès le mois de novembre, et jusqu’à la toute fin janvier, la durée du jour est inférieure à 8 heures. Le 21 décembre, jour le plus court de l’année, elle tombe à 6 heures, avec un soleil qui se lève à peine au-dessus de la ligne d’horizon ».
Arne Lowden, professeur à l’université de Stockholm, observe en outre que « notre perception du jour est aussi affectée par la météo hivernale. Les nuages bas ou le brouillard dégradent la qualité de la lumière. La durée moyenne d’ensoleillement à Stockholm en hiver, c’est 30 heures par mois ».
Le quotidien relève que « selon une étude menée par ce spécialiste du stress, du sommeil et des rythmes circadiens, plus de 40% de cette population citadine ressent «une perturbation de l’humeur et une fatigue accrue» pendant l’hiver ».
Le Figaro constate que « les stratégies pour échapper à cette contrainte astronomique et géographique se multiplient. Des milliers de Suédois, dès les vacances de Noël, mettent le cap sur les tropiques. Cette année, les réservations de décembre étaient en augmentation de 12% par rapport à 2016 ».
« Ceux qui ont des moyens plus limités peuvent toujours aller au sud… de Stockholm. À 30 minutes de train, dans la ville de Södertälje, une arène couverte et chauffée abrite huit terrains de beachvolley, sur une immense étendue de sable fin », relève le journal.
Maria Maxine, conservatrice au musée Nordiska de Stockholm qui « a participé à l’organisation d’une grande exposition, baptisée «Nordic Lights», sur ce thème qui passionne ses concitoyens », remarque ainsi que « les Suédois ont passé des siècles à s’adapter à ces journées très courtes en hiver et très longues en été, cela a même forgé une grande partie de notre identité nationale. Jusqu’en 1850, la plupart des Suédois n’avaient que la lumière de leur cheminée pour s’éclairer, et encore on ne l’utilisait qu’une heure par jour pour économiser le bois ».
« Ce n’est pas un hasard si nous sommes le pays des trolls, des gobelins ou d’une multitude d’êtres maléfiques qui attirent les hommes dans la forêt. Les gens entendaient des bruits dans leur maison, dans l’obscurité, et racontaient des histoires. Toutes ces créatures ont disparu avec la généralisation de l’électricité, dans les années 1920 », relève la conservatrice.
Le Figaro note ainsi que « les Suédois, aujourd’hui, excellent dans l’art du luminaire. L’hiver, maisons et jardins sont savamment éclairés, alors que les bougies apportent une lumière tamisée dans les intérieurs ».
Le quotidien observe néanmoins que « passer 3 mois de l’année dans une obscurité relative reste une épreuve que certains n’arrivent pas à surmonter. Contrairement à l’idée reçue, le taux de suicide en Suède, qui s’élève à 12 pour 100.000 habitants, est à peine plus élevé que la moyenne européenne, et même inférieur au taux français (13 pour 100.000) ».
« Reste l’écueil de la dépression. […] Cette dépression hivernale, ou «seasonal affective disorder» (SAD), a été décrite au début des années 1980, aux États-Unis. Typique des hautes latitudes, elle n’existe pas sous l’équateur, mais touche en Suède 4% de la population, surtout les jeunes femmes », indique le journal.
Le Dr Ana-Lena Nordstrom, de l’hôpital universitaire d’Huddinge, remarque que « cela semble lié à la lumière et à son impact sur les rythmes biologiques. En plus des antidépresseurs classiques et de la psychothérapie, nous proposons aussi une thérapie par la lumière… Mais nous avons encore des doutes sur son efficacité. Les “light rooms”, en Suède, sont seulement utilisées pour la recherche ».
Le Figaro rappelle que « ces rythmes biologiques, ou circadiens, ont eu droit à un coup de projecteur cette année, grâce au prix Nobel reçu à Stockholm par trois chercheurs américains qui ont mis en évidence des mécanismes moléculaires et génétiques qui les régulent. Du côté de la recherche appliquée, en revanche, les travaux ne font que commencer ».
Le Pr Lowden précise qu’« en plus des traitements médicamenteux et de la prise de vitamine D, nous essayons de donner des conseils basiques. Le matin, il ne faut pas hésiter à allumer toutes les lumières de son domicile, pour bien signifier au cerveau que le temps du sommeil est révolu. La journée, s’il y a un rayon de soleil, sortez. Le soir, éloignez-vous des écrans ».
Le quotidien ajoute que « pour ceux qui se sentent glisser vers le gouffre de la dépression, il dispose même d’une arme secrète. Sur son bureau trône une paire de lunettes équipée de miroirs réfléchissants à la place des verres, sous lesquels sont fixées quatre lampes LED à forte intensité. À allumer chaque matin, allongé, pendant 20 minutes. Et si ça ne suffit pas ? ». Le Pr Lowden répond : « Dans ce cas, quittez le pays pendant quelques semaines. Partez ! ».
Date de publication : 22 Décembre 2017
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