« Bouger pour ralentir le déclin cognitif »
Le Figaro se penche sur le déclin cognitif léger : « Cette altération des facultés mentales est sans conséquences sur la vie quotidienne, mais elle peut annoncer la maladie d’Alzheimer. Néanmoins, le trouble cognitif léger n’est pas une fatalité ».
Le journal indique que « l’Académie américaine de neurologie recommande [dans Neurology] de pratiquer 150 minutes d’activité physique par semaine après 65 ans pour améliorer la mémoire ».
Ronald Petersen, responsable des recommandations et directeur du centre de recherche sur la maladie d’Alzheimer de la Mayo Clinic (États-Unis), remarque que « l’exercice physique régulier est connu depuis longtemps pour ses bienfaits pour la santé cardiaque, et aujourd’hui nous pouvons affirmer qu’il peut améliorer la mémoire des personnes atteintes de troubles cognitifs légers. Ce qui est bon pour votre cœur peut être bon pour votre cerveau »
Le Figaro explique ainsi : « Marche, course à pied, vélo… Le Dr Peterson encourage tous les seniors atteints de ce trouble à pratiquer une activité physique à raison de 150 minutes par semaine, soit le temps recommandé par les autorités internationales ».
Le médecin précise que « le niveau d’exercice doit être d’une intensité modérée pour permettre de tenir une conversation ».
« Les neurologues américains préconisent également les approches de stimulation cognitive. De la pratique des échecs à celle des mots croisés en passant par l’apprentissage d’une langue ou d’un instrument, tout ce qui peut nourrir le cerveau est bénéfique. La littérature scientifique montre aussi l’importance du maintien des liens sociaux », ajoute le quotidien.
Le Figaro observe en outre que « ces nouvelles recommandations soulignent qu’aucune thérapie médicamenteuse ne permet de ralentir le trouble cognitif léger. En revanche, les spécialistes pointent que certains traitements peuvent entraîner son apparition. Aussi, «les médecins devraient interrompre, dans la mesure du possible, les médicaments qui y contribuent», préconisent-ils ».
Le journal rappelle enfin qu’« un peu moins d’une personne de 65 ans sur dix est affectée par ce trouble neurologique. Mais, à 85 ans, plus d’un tiers des seniors l’ont développé. Et plus de la moitié d’entre eux développeront la maladie d’Alzheimer ».
Le Dr Petersen écrit ainsi que « le vieillissement n’est pas un processus passif, nous pouvons agir en adoptant certains comportements. Cela pourrait vraiment faire une différence pour les individus et la société ».
Date de publication : 3 Janvier 2018
« Le manque de sommeil fait le lit d’Alzheimer »
Sciences et Avenir observe : « Et si le manque de sommeil favorisait la pathologie cérébrale en jeu dans la maladie d’Alzheimer ? C’est la conclusion d’une équipe de l’École de médecine de l’université Washington à Saint-Louis (États-Unis) publiée dans les Annales de neurologie ».
Le magazine rappelle que « l’une des caractéristiques de cette pathologie cérébrale est la présence dans le cerveau de plaques dites amyloïdes, formées par des agrégats de peptides bêta-amyloïdes produits par les neurones. Selon la théorie de « la cascade amyloïde » […], la synergie entre ces plaques et une autre protéine, la protéine tau phosphorylée, aboutirait à la dégénérescence des neurones chez le malade ».
Sciences et Avenir s’interroge : « Quel rôle joue le sommeil dans cette pathologie amyloïde cérébrale ? », et indique que « Randall Bateman […] et [ses] collègues de l’université Washington ont fait appel à 8 volontaires de 30 à 60 ans, sans problème de sommeil ni cognitifs. Chaque sujet pouvait, au hasard, faire une nuit normale, ne pas dormir, ou dormir avec un narcotique l’oxybate de sodium, qui augmente le sommeil à ondes lentes (le plus profond et récupérateur) ».
Le mensuel précise que « chaque scenario durait 36 heures pendant lesquelles les personnes étaient surveillées. Surtout, elles portaient un cathéter lombaire qui permettait de récolter régulièrement un peu de liquide céphalorachidien pour mesurer les taux de peptides bêta-amyloïdes présents ».
« Six mois plus tard, les 8 participants sont revenus expérimenter un des trois autres scénarios dans les mêmes circonstances. Quatre sur les 8 ont accompli les trois cas de figure », ajoute Sciences et Avenir.
Le magazine évoque des « résultats sans appel : les taux de peptide bêta-amyloïde chez les personnes privées de sommeil étaient de 25 à 30% plus élevés que ceux qui avaient dormi toute la nuit ! Quant à ceux qui avaient pris un narcotique, ils avaient des niveaux de bêta-amyloïde équivalents à ceux qui avaient dormi normalement. L’aide de médicaments n’apporte donc pas d’avantages pour un adulte en bonne santé sans problème pour dormir ».
Randall Bateman observe que « cette étude est la démonstration la plus claire chez l’homme que la perturbation du sommeil conduit à un risque accru de maladie d’Alzheimer par un mécanisme bêta-amyloïde ». « Et ce, à cause de la surproduction du peptide délétère pendant la phase de privation de sommeil », souligne le magazine.
Il note que « dans une précédente publication, ces mêmes chercheurs avaient déjà donné une explication probable du mécanisme. […] La production cérébrale de bêta-amyloïde suivrait un cycle circadien (jour/nuit). Le niveau de peptide bêta-amyloïde fluctue selon le cycle veille-sommeil. Les taux sont plus élevés durant l’éveil et baissent durant le sommeil. L’hypothèse avancée est que la production du peptide est liée à une activité neuronale plus élevée pendant l’éveil et baisse lorsque le cerveau s’endort, notamment lorsqu’il est en phase de sommeil profond ».
Sciences et Avenir relève ainsi que « chez les adultes âgés, la qualité du sommeil s’altère. Il devient plus fragmenté. De ce fait, l’activité métabolique du cerveau pendant la période de sommeil est plus élevée en comparaison d’adultes plus jeunes. La concentration de peptide bêta-amyloïde durant la période de sommeil ne baisse donc plus comme on pourrait s’y attendre, « ce qui promeut le dépôt d’amyloïde dans le cerveau, ce qui en retour perturbe encore plus le sommeil et élève le taux de ce peptide » ».
Le mensuel observe que « les chercheurs faisaient alors des recommandations : privilégier une période de sommeil entre 7 et 8 heures, éviter de fragmenter le sommeil en préservant une vraie alternance jour/nuit, consulter pour des troubles comme l’apnée du sommeil ».
Date de publication : 9 Janvier 2018
« Dépression post-partum : des risques précisés »
Le Figaro rappelle que « la dépression post-partum survient dans les 6 mois après la naissance d’un enfant, et de 5 à 15% des femmes seraient concernées. Autant dire qu’il s’agirait de la complication la plus fréquente après un accouchement ! ».
Le journal indique cependant qu’« une étude parue dans PLOS Medicine se veut rassurante pour les femmes sans antécédent psychiatrique. Pour elles, le risque serait plutôt de 0,6% ».
Le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), explique ainsi : « Les auteurs ont tenu compte des cas de dépression ayant fait l’objet de prescriptions d’antidépresseurs ou d’hospitalisation, ce qui exclut les situations dans lesquelles les femmes n’auraient pas consulté pour leur dépression ».
« Cela suggère qu’au moins 0,6% souffrent de dépression sévère après un accouchement mais que davantage présentent certainement des dépressions modérées ou légères n’ayant pas entraîné de prise en charge. Néanmoins, ce taux est faible et rassurant », poursuit le psychiatre.
Le Figaro explique que « les auteurs ont eu recours à des registres danois des naissances, des prescriptions de médicaments et enfin des hospitalisations. Ils ont ainsi pu constituer une cohorte de 457.317 femmes sans antécédent de dépression et ayant accouché d’un premier enfant ou plus entre 1996 et 2013. Elles étaient suivies jusqu’en 2014 et les auteurs ont disposé alors des cas de prescriptions d’antidépresseurs et d’hospitalisation pour dépression ».
« Mais si les auteurs n’ont relevé que 0,6% de dépressions post-partum chez ces mères, les autres résultats rappellent que cette maladie est tenace », observe le quotidien.
Il indique que « le suivi sur plusieurs années leur a permis d’évaluer la durée de traitement et le risque de récidive. Le bilan est éloquent : plus de 5% des femmes sont toujours sous antidépresseurs après 4 ans et le risque de nouvelle dépression est multiplié par plus de 6 pendant au moins 6 ans chez les mères ayant fait une dépression post-partum par rapport à celles qui n’ont pas d’antécédents ».
Le journal note qu’« environ 13% des premières connaissaient un nouvel épisode dépressif contre seulement 1,8% des secondes. Quant au risque de récidive après une seconde grossesse, il est multiplié par 27 pour les femmes traitées par antidépresseurs après une première dépression et par 46 pour celles qui ont été hospitalisées ! Concrètement, 15% des premières rechutaient et 21% des secondes ».
Le Pr Pelissolo remarque ainsi : « Nous savons que la dépression est une maladie à rechutes, ces données le confirment, mais elles permettent de mieux évaluer ce risque pour améliorer le dépistage. Tout événement initial doit nous interpeller sur le risque de récidive ».
Le Figaro ajoute qu’il « reste à savoir comment lutter contre une première dépression post-partum, point de départ de cette possible cascade d’événements. Malheureusement il n’y a pas de recette miracle. De précédents travaux ont montré que les femmes en situation précaire, ayant une grossesse non désirée, seules, très jeunes ou encore prenant des stupéfiants avaient un risque accru de dépression, mais «ces facteurs expliqueraient à peine un tiers des dépressions», selon l’étude. Il y a aussi la génétique et, surtout, les modifications biologiques […] induites par la grossesse et l’accouchement ».
Date de publication : 10 Janvier 2018
« Quand l’hôpital devient un lieu de souffrance pour les soignants »
Pierre Bienvault se penche dans La Croix sur un rapport qui « décrit de graves problèmes de souffrance au travail au CHU de Grenoble. Liée dans certains cas à des querelles parfois violentes entre médecins, cette souffrance est aussi provoquée par un management dicté par une «logique comptable et financière» ».
Le journaliste remarque ainsi : « C’était un jeune neurochirurgien pédiatrique de 36 ans qui, de l’avis général, était brillant et très investi dans son travail. Un «perfectionniste» qui, en novembre, s’est donné la mort sur son lieu de travail, au CHU de Grenoble. Selon une lettre qu’il a laissée, ce suicide aurait été lié à des motifs personnels ».
« «Il n’en reste pas moins que le choix du lieu a une signification», note un rapport rendu public lundi par le ministère de la santé. Selon ce rapport, cette mort brutale a «profondément traumatisé» les médecins et les équipes du CHU de Grenoble, où règne depuis plusieurs mois un climat très lourd, plusieurs médecins ayant dénoncé un harcèlement moral et de la souffrance au travail », observe Pierre Bienvault.
Le journaliste explique que « la ministre Agnès Buzyn a confié une mission à Édouard Couty, médiateur national chargé des hôpitaux. Au terme de ce travail, celui-ci livre un diagnostic sévère, décrivant des conflits aigus, dans certains services, entre des médecins en place depuis longtemps et de jeunes chefs de service venus de l’extérieur étayant le titre de professeurs. Le service de néphrologie est décrit comme «divisé», «balkanisé» et sans cohérence. Le service de réanimation est lui aussi en proie à des guerres intestines ».
Le document souligne : « Il est clair que ce conflit rejaillit sur la prise en charge des malades et sur l’ensemble des professionnels du service, cadres et infirmiers notamment, au point de cliver les équipes et de générer de la souffrance au travail », évoquant « une «communication de mauvaise qualité» entre le sommet et la base, qui «fait place à la rumeur dont l’effet est destructeur et délétère» ».
Pierre Bienvault note en outre que « les situations de conflits et de souffrance au travail constatées au CHU de Grenoble se retrouvent dans d’autres hôpitaux », et précise que « dans certains cas, ces situations sont liées à des conflits de pouvoir entre médecins ». Nicole Smolski, présidente d’honneur de l’intersyndicat Action praticiens hôpital (APH), remarque que « cela peut être très violent. On reçoit des témoignages de gens qui se retrouvent sans bureau et sans patient car les secrétaires ont reçu pour consigne de ne plus leur en adresser ».
Le Pr Philippe Halimi, chef du service de radiologie à l’hôpital Pompidou à Paris, indique pour sa part que « nombre de conflits sont alimentés par un management défaillant. Bien souvent, en cas de problème grave, le directeur finit par réunir le harcelé et le harceleur mais sans prendre position. Il leur demande juste d’arriver à s’entendre. C’est “un partout, la balle au centre”, et personne ne tranche. Résultat, les conflits se chronicisent et aboutissent à des situations humainement parfois dramatiques ».
Pierre Bienvault ajoute que « pour de nombreux observateurs, cette souffrance est surtout liée à l’instauration, à partir de 2007, de la tarification à l’activité (T2A) ». Marie Pezé, docteur en psychologie, psychanalyste et spécialiste de la souffrance au travail, déclare ainsi : « Avant à l’hôpital, on prodiguait des soins. Désormais, on “produit” des soins sur le modèle d’une entreprise, avec une logique uniquement financière et comptable. L’hôpital est devenu un lieu déshumanisé où les médecins sont poussés à être en compétition les uns avec les autres sans que le travail n’ait plus de sens ».
Le Pr Halimi ajoute que « contrairement à une idée reçue, les personnes harcelées ne sont pas des gens fragiles. Ce sont des gens très investis et qui se retrouvent face des situations d’une violence dont il est insupportable qu’elle survienne dans ce qui est avant tout un lieu de soins et d’attention à l’autre ».
Date de publication : 10 Janvier 2018
« L’hôpital psychiatrique de Rennes s’enfonce dans le conflit »
Libération constate en effet : « Manque de postes, nombre de lits insuffisants, gardiennage des patients… Malgré l’annonce de nouveaux crédits, le personnel du centre psychiatrique Guillaume-Régnier poursuit sa grève pour qu’une amélioration significative de ses conditions de travail soit décidée ».
Le journal relève qu’« en grève depuis le 7 novembre, le personnel du centre psychiatrique […] n’a guère été convaincu par l’annonce de nouveaux crédits – pour l’essentiel des fonds qui avaient été gelés – accordés par l’ARS (Agence régional de santé) et le ministère de la Santé ».
Libération observe que « près du brasero et du thermos de café qui servent de point de rassemblement devant l’accueil de l’établissement, le malaise est palpable. Et chacun décline son désarroi face à des conditions de travail dégradées et des dysfonctionnements récurrents ».
Le quotidien cite notamment Sarah, aide médico-psychologique de 27 ans, qui remarque qu’« il y a une perte totale de sens du métier. On en est réduit à faire du gardiennage avec seulement le temps de s’occuper de la toilette et des repas des patients, alors qu’on voudrait tellement faire mieux. On repart du travail déprimés ».
Le journal note que « largement partagé, ce malaise serait à l’origine de multiples burn-out et de pulsions suicidaires exprimées par des salariés qui ont précisément conduit le syndicat à engager une mobilisation. Chacun consacre, selon ses possibilités, quelques heures ou une journée à la permanence du piquet de grève ».
Libération explique qu’« outre le manque de postes qui oblige certaines nuits des infirmiers à assurer seuls la veille sur des unités d’une vingtaine de patients – là où ils devraient être au moins deux –, le manque de lits et la suroccupation arrivent au premier rang des récriminations ».
Marion, aide-soignante, déclare ainsi : « Des patients sont parfois obligés de rester un jour supplémentaire en chambre d’isolement, une pièce carrelée totalement nue avec seulement une planche fixée au sol et un matelas, dans l’attente d’un lit disponible ».
Le quotidien relève que « les salariés mettent également en cause des méthodes de management qui pourraient s’apparenter à de «l’intimidation ou de la mise au placard», touchant particulièrement des personnes en contrats précaires, qui représenteraient environ 20% du personnel du centre psychiatrique rennais ».
Tugdual, infirmier, remarque : « Il y a un manque de communication flagrant avec le management. On nous dépossède de notre capacité à réfléchir. Dans mon service, les soignants sont sans cesse remplacés, comme si on voulait casser le travail d’équipe. Cela se répercute sur les patients qui ont besoin de repères ».
Libération observe que « face à ces difficultés, la direction se retranche derrière «le carcan budgétaire» qui limite ses marges de manœuvre. Pour l’heure, elle se félicite surtout des crédits qui viennent d’être alloués à l’établissement. Soit 520.000 € débloqués par l’ARS pour renforcer «l’offre de proximité en ambulatoire», «la qualité des soins» et le renforcement du personnel mobile de remplacement. A cette somme, s’ajoutent le dégel de 264.000 € par le ministère de la Santé et une augmentation de 84.000 € pour la dotation annuelle du centre hospitalier ».
« Début décembre, 500.000 € sur une enveloppe globale de 44 millions débloqués pour la psychiatrie par le ministère, ont également été alloués à Guillaume-Régnier. Au total, une somme plutôt conséquente. Pas sûr toutefois qu’elle réponde véritablement aux demandes exprimées à Rennes depuis 2 mois, mais aussi dans d’autres établissements de l’Hexagone », conclut le journal.
Date de publication : 11 Janvier 2018
« La prise en charge très diverse du stress post-traumatique »
Le Figaro relève que « les premiers instants après un événement traumatique sont capitaux. Un constat aussi pertinent pour les soldats que les civils témoins de scènes violentes, comme un attentat ou même un accident grave ».
Le journal observe ainsi que « tous les experts s’accordent à dire que plus la prise en charge du stress lié au drame est précoce, plus le risque de développer une affection psychiatrique chronique, appelée état de stress post-traumatique (ESPT), est faible. Malgré ce consensus, les interventions préventives divergent selon les pays. Et pour cause : les données sur le sujet sont imparfaites ».
Sylvie Molenda, docteur en psychologie à la cellule d’urgence médicopsychologique (CUMP) de Lille, indique qu’« il est très difficile de recueillir le consentement éclairé chez des personnes qui sont en état de choc, donc ce sont des études très compliquées et délicates à mettre en place ».
Le Figaro évoque les CUMP (cellules d’urgence médicopsychologique), « créées après l’attentat du RER Saint-Michel en 1995. Ces unités médicales psychiatriques se déplacent sur les lieux du drame et mettent en place «dès les premières heures des entretiens de “déchocage” où la parole du patient est libre», raconte Thierry Baubet, responsable de la consultation psychotraumatisme de l’hôpital Avicenne de Bobigny. […] Lorsque les patients rentrent chez eux (s’ils ne sont pas hospitalisés), un médecin les rappelle systématiquement pour évaluer l’évolution des symptômes et prendre, si besoin, rendez-vous ».
Le quotidien relève que « les pays anglo-saxons […] l’ESPT davantage grâce aux thérapies cognitives et comportementales (TCC) ». Sylvie Molenda remarque ainsi : « En France, nous sommes très en retard sur l’utilisation de ces thérapies ».
Le Figaro note en outre qu’« en Angleterre, les chercheurs étudient le rôle [du jeu vidéo] Tetris dans la prévention de l’ESPT. Ils ont ainsi montré que «la mémoire d’un événement traumatique se construit dans les heures qui suivent». En faisant jouer à ce jeu de blocs à imbriquer, les scientifiques ont supposé que la concentration sur un élément extérieur leur permettrait d’éviter de consolider les souvenirs du traumatisme. Et ils ont eu raison : «Chez les personnes qui ont joué, il y avait moins de souvenirs intrusifs et les analyses ont montré que le nombre d’intrusions diminuait plus rapidement», notent-ils ».
Le journal observe enfin que « les débats portent aussi sur l’utilisation de traitements médicamenteux dans la prévention de l’ESPT, notamment les bêtabloquants et les hormones, pour lesquelles des études sont en cours. En revanche, tous les experts s’accordent pour ne pas donner de benzodiazépines (anxiolytiques) ».
L’OMS a ainsi souligné en 2013 que « rien ne prouve qu’ils sont efficaces contre les symptômes de stress imputables à un traumatisme récent. Ils pourraient même allonger le temps nécessaire pour se remettre d’événements potentiellement traumatisants ».
Date de publication : 24 Janvier 2018
« Le sommeil, clé de l’efficacité du soldat »
Damien Mascret observe dans Le Figaro que « les services de recherches médicales de l’armée ont évalué diverses méthodes pour lutter contre la fatigue ».
Le journaliste explique ainsi que « lorsqu’ils sont en opération, les militaires doivent faire preuve d’une vigilance et d’une efficacité accrues. Ce qui passe avant tout par un bon sommeil. Si tout le monde est familier du principe de la dette de sommeil, accumulée après plusieurs nuits trop courtes, un nouveau concept plus étonnant est apparu ces dernières années. Celui de la réserve de sommeil. Autre découverte, la possibilité d’approfondir les bénéfices d’une sieste grâce à des techniques d’hypnose et de relaxation ».
Damien Mascret relève que « la fatigue et la vigilance sont des domaines dans lesquels l’armée possède une expertise particulière, comme le montrent les travaux de l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba). En 2015, une étude dirigée par Mounir Chennaoui, chercheur et chef de l’unité fatigue et vigilance de l’Irba, montrait qu’il était possible de se constituer une réserve de sommeil quelques jours avant une nuit blanche ».
Le journaliste explique que « dans ce travail mené avec la collaboration de centres de recherche français (universités de Lyon et de Paris-Descartes) et canadien (université de Calgary), 14 hommes âgés de 26 à 37 ans ont participé à deux protocoles différents avant de devoir subir une nuit blanche et de réaliser divers tests. Les paramètres biologiques étaient enregistrés la nuit par polysomnographie (activité cérébrale, cardiaque et musculaire) »
Damien Mascret indique que « dans le protocole «sommeil habituel», ils devaient enchaîner 6 nuits au cours desquelles ils devaient rester au moins 8 heures au lit, en se couchant entre 22 h 30 et 23 heures et en se levant à 7 heures le lendemain. Pour la partie «sommeil rallongé», ils devaient cette fois enchaîner 6 nuits de 10 heures, avec un coucher vers 21 heures et un lever maintenu à 7 heures ».
Le journaliste constate qu’« après 6 nuits «rallongées», les individus étaient capables de mieux résister à la pression de sommeil qui croît au fil de la journée et bénéficiaient d’une meilleure attention qu’après des nuits habituelles. En outre, cette réserve de sommeil accumulée leur permettait de mieux résister à la nuit blanche et d’être plus performants aux tests subséquents ».
Damien Mascret évoque une « autre technique expérimentée par les militaires, celle de la «sieste optimisée». L’Irba et l’université Paris-Descartes en publient les résultats ce mois-ci dans la revue Industrial Health ».
Mounir Chennaoui explique : « Nous avons montré qu’une sieste associée à une suggestion hypnotique permettait une sieste plus profonde, explique, mais aussi qu’il était possible d’intégrer à cette sieste une dynamisation pour le réveil ». Le chercheur ajoute toutefois qu’« une sieste profonde ne remplace pas le sommeil ».
Date de publication : 24 Janvier 2018
« Les stéréotypes de genre jouent sur l’attitude des médecins comme des patients »
L’Obs
L’Obs remarque en effet qu’« en matière de santé, les hommes et les femmes ne sont pas logés à la même enseigne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’Insee, un garçon né en 2016 peut compter vivre 79 ans, quand une fille peut atteindre 85 ans. Pour autant, si les femmes vivent plus longtemps que les hommes, elles passeraient plus d’années qu’eux en mauvaise santé ».
« Une différence que les facteurs biologiques ne peuvent à eux seuls justifier, souligne finement Catherine Vidal, neurobiologiste et membre du comité d’éthique de l’Inserm. Dans un livre intitulé « Femmes et santé, encore une affaires d’hommes ? » qu’elle cosigne avec l’historienne Murielle Salle, la chercheuse explique en quoi les stéréotypes de genre influencent le monde médical et conduisent ainsi à des situations d’inégalité », fait savoir le magazine.
Dans un entretien, Catherine Vidal évoque « la précarité économique. Il faut quand même rappeler que 70% des travailleurs pauvres sont des femmes [chiffres de l’Insee, NDLR]. Elles ont des petites retraites, vivent souvent seules ou dans des familles monoparentales… Face à cette précarité, les femmes vont plus facilement renoncer aux soins ».
« Cela peut aussi s’accompagner d’une mauvaise hygiène de vie, d’une consommation d’alcool, du surpoids. Ajoutez à cela le fait que les femmes sont les premières victimes de violences et d’agressions sexuelles. Ces violences se répercutent sur leur santé morale et physique. Enfin, il y a le poids des stéréotypes de genre qui influencent encore nos pratiques médicales et la recherche », observe la neurobiologiste.
Elle souligne qu’« historiquement les femmes sont plus attentives sur le plan de leur santé reproductive. Elles s’occupent aussi souvent de la santé des enfants. Elles ont donc moins de réticences à aller consulter que beaucoup d’hommes. Mais le recours va être différent selon l’âge : une personne avec des enfants en bas âge va être plus souvent en interaction avec le monde médical. Cela sera moins fréquent par la suite ».
Catherine Vidal note en outre : « Il y a des différences biologiques entre les hommes et les femmes, certes. Mais aussi des inégalités dans la prise en charge médicale et dans l’accès aux soins. Ces inégalités sont liées à des facteurs culturels et sociaux. Les stéréotypes liés au genre féminin ou masculin jouent sur l’attitude des médecins, comme des patients. Par exemple l’infarctus du myocarde reste sous-diagnostiqué chez les femmes car on considère que c’est une maladie d’homme stressé au travail ».
La spécialiste précise que « les hommes sont sous-diagnostiqués pour l’ostéoporose parce qu’elle est encore perçue comme une pathologie de femmes ménopausées. Pourtant un tiers des fractures de la hanche chez les hommes est liée à l’ostéoporose. On le voit aussi dans le cas de la dépression. Les symptômes classiques (pleurs, fatigue, tristesse, anxiété…), sont davantage exprimés par les femmes, à l’inverse des hommes qui sont censés être durs et stoïques ».
Et à la question « Comment promouvoir une médecine plus égalitaire ? », Catherine Vidal répond : « Il faut d’abord sensibiliser les étudiants en médecine, faire de la formation continue pour les médecins tout au long de leur carrière et alerter aussi les patients. L’idée c’est d’apprendre aux femmes à faire contrôler leur cœur et d’apprendre aux hommes à faire contrôler leur squelette ! On ne doit plus se focaliser de façon exclusive sur la notion de biologie mais repenser le genre dans la santé ».
Date de publication : 25 Janvier 2018
« Les psychiatres épuisés par leur environnement de travail »
C’est ce que titre Le Figaro, qui indique que « selon une enquête, plus de la moitié des psychiatres travaillent dans des conditions émotionnelles difficiles ».
Le journal relève ainsi que « certains psychiatres sont eux-mêmes en détresse psychologique. La plupart d’entre eux seraient vulnérables au burn-out, selon une étude présentée […] lors du 16ème congrès de l’Encéphale à Paris, par le Dr Philippe Nuss, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) ».
Le Figaro explique que « sur les 820 médecins qui ont répondu au questionnaire, 30% exercent en tant que psychiatres libéraux tandis que les autres travaillent à l’hôpital. «Ce qui est assez représentatif de l’état de la profession», assure le Dr David Gourion, psychiatre. En moyenne, ils déclarent travailler 44 heures par semaine, pour 53 consultations ».
Le quotidien note que « le Dr Nuss a posé les questions présentes dans le Copenhague Burn-out Inventory (CBI). Ce test «mesure la perception personnelle du sentiment d’épuisement, un des trois critères du burn-out». Les deux autres critères sont : un cynisme vis-à-vis du travail et la diminution de l’accomplissement personnel au travail. Avec le CBI, il est possible d’évaluer l’épuisement émotionnel dans sa dimension personnelle, professionnelle et relationnelle ».
Le Figaro indique qu’« en fonction de leurs réponses, les participants ont été classés en trois grandes catégories : «pas à risque de burn-out», «vulnérable au burn-out» ou «en burn-out» ». Le Dr Nuss observe ainsi : « Nous avons remarqué qu’il y avait très peu d’épuisement émotionnel dans la relation avec le patient, mais plus de 50% des participants étaient en burn-out ou à vulnérables au burn-out dans leur situation personnelle ou professionnelle ».
Le journal remarque qu’« en recoupant les données, les chercheurs ont conclu que «la plupart des participants épuisés avaient estimé leur travail stressant. De même le nombre d’heures et le nombre de gardes avaient un impact sur les symptômes» ».
Le Figaro ajoute que « les chercheurs ont analysé les commentaires laissés sous les questionnaires ». Le Dr Gourion précise : « Après le mot travail et psychiatrie, les termes les plus utilisés étaient: «administration», «pression» et «stress». Quasiment tous les psychiatres écrivent qu’ils «adorent leur métier», mais c’est la surcharge de travail et le poids de l’administration qui est compliqué à vivre ».
Le quotidien évoque enfin un « corps médical en souffrance », relevant que « le corps médical tout entier exprime son mal-être. Une étude, publiée en juin 2017, faisait l’état de 28% de dépression chez les étudiants et jeunes médecins. Depuis quelques jours, des médecins ont lancé sur Twitter le hashtag #balancetonhosto pour dénoncer les conditions de travail dans les établissements de santé ».
Le journal rappelle que « depuis le 1er janvier 2018, l’Ordre national des médecins a lancé un numéro unique pour les médecins en difficulté. Le personnel de la plateforme sera lié par le secret professionnel. Le numéro est le : 0826 000 401 (gratuit) ».
Date de publication : 26 Janvier 2018
« Consommation de cocaïne : les chiffres qui tuent »
C’est ce que titre Le Parisien, qui constate dans un dossier spécial que « le bilan sanitaire de la consommation de cocaïne dressé par l’Agence du médicament […] montre une augmentation alarmante des ravages de cette drogue ».
Le journal détaille les « résultats inquiétants » de cette enquête, expliquant que « ces 6 dernières années, le nombre d’intoxications à la cocaïne a été multiplié par 6, pour atteindre 416 en 2016. Et le nombre de cas graves (réanimation ou pronostic vital engagé) par 8 ! ».
Le quotidien ajoute que « quand cette drogue avait tué à 25 reprises en 2010, 44 personnes ont succombé en 2015, selon les dernières données disponibles. Un chiffre mortifère que nombre de professionnels s’attendent à voir rapidement dépassé ».
Le Parisien souligne ainsi : « Troubles délirants, douleurs thoraciques, troubles cardio-vasculaires… tous les signaux sont passés au rouge ». Nathalie Richard, de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM), indique que « notre réseau nous a fait remonter une hausse des hospitalisations liées à la cocaïne. Nous avons alors lancé une enquête d’envergure nationale ».
Le Parisien remarque que « le nombre de consommateurs augmente, ce qui s’explique notamment par la baisse des prix dans les années 2000 et de la vente de petites quantités d’environ 20 € adaptée aux budgets serrés : selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), 2,2 millions de Français en ont déjà pris et 450.000 en consomment au moins une fois par an ».
« Mais la cocaïne, à l’effet stimulant, est surtout plus pure qu’avant, car la «qualité» du produit, très prisée, est désormais le premier des arguments marketing », observe le journal, qui ajoute : « Avec, à la clef, des effets sanitaires dramatiques pour les consommateurs. Plus encore que les produits de coupe, la cocaïne elle-même est plus nocive et peut entraîner dans les cas les plus graves un arrêt du cœur ».
Le Parisien publie un entretien avec le Pr Patrick Henry, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (AP-HP), qui « s’apprête à lancer une vaste étude sur les effets de la cocaïne sur le cœur, financée par la Fondation Cœur & Recherche ».
Le médecin déclare que « depuis environ 2 ans, nous avons l’intuition que la prise de cocaïne augmente chez nos patients hospitalisés pour des problèmes cardiaques graves. Une première étude menée à Lariboisière sur 150 d’entre eux a montré que certains en avaient consommé. Qu’il s’agisse d’une population jeune, mais aussi de «soixante-huitards» ».
« Aujourd’hui, il existe encore très peu de travaux sur ce sujet, en France comme dans le monde. On a donc décidé de quantifier ce phénomène. […] Ce projet va nous permettre d’étudier 2500 patients en unité de soins intensifs, hospitalisés pour des problèmes cardiaques aigus dans dix centres de l’Hexagone au printemps et à l’automne », précise le cardiologue.
Le Pr Henry rappelle que la cocaïne « a une action directe sur les vaisseaux sanguins qui se ferment alors comme une huître. Jusqu’à un certain seuil, autour de 70% de rétractation, le patient ne sent rien. Puis, d’un coup, l’artère se spasme. Une partie du cœur n’est plus irriguée, ce qui entraîne une crise cardiaque ».
Il ajoute : « Le myocarde peut aussi s’accélérer, il répond comme s’il était énervé. Le rythme s’intensifie et entraîne une mort subite : le patient se sent mal, s’écroule, son cœur ne fonctionne plus. Seuls 20% s’en sortent. Plus la cocaïne est pure, plus le choc sur les artères est puissant, et plus elles se rétractent. Un rail suffit à provoquer un infarctus. Par ailleurs, la cocaïne peut abîmer le cœur à long terme ».
Le médecin constate en outre que la plupart des patients « ne connaissent pas les effets cardiovasculaires. Alors que les fumeurs savent que le tabac n’est pas bon pour leur santé, les consommateurs de cocaïne, eux, disent que «ce n’est pas bien». Ils parlent d’un point de vue moral et pensent plutôt que cette drogue favorise des problèmes psychiatriques ».
« Je vois 3 ou 4 fois par an des jeunes qui sont victimes d’une mort subite à cause de la cocaïne. Il y a 3 mois, un homme de 28 ans est arrivé dans mon service après en avoir consommé. Nous ne sommes pas parvenus à faire repartir son cœur et il est décédé quatre jours après. Ce phénomène est sous-estimé car certains décès liés à la cocaïne ne sont pas toujours identifiés », souligne le praticien.
Date de publication : 26 Janvier 2018
« Décrocher des somnifères ? Pourquoi pas une cure… »
Le Parisien relève que « les anxiolytiques et hypnotiques sont très prisés des Français, qui se classent parmi les plus gros consommateurs européens derrière l’Espagne, avec 117 millions de boîtes vendues en 2015. Des chiffres que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) juge trop élevés, notamment en raison du risque de dépendance ».
Le journal indique ainsi que « l’Assurance maladie a signé un accord avec les établissements thermaux pour prendre en charge pour la première fois un programme dans le domaine de la prévention. Il s’agit du sevrage des psychotropes dont les cures seront ainsi en partie remboursées. Cette démarche devrait inciter davantage d’«addicts» à tenter de «décrocher»… ».
Le Dr Christiane Vaugeois, « qui travaille avec les thermes d’Ussat-les-Bains, en Ariège, où sont proposées des cures pour décrocher des psychotropes », rappelle que « ces médicaments sont adictogènes. Lorsque la prescription ne dépasse pas 3 mois, il y a peu de risques ».
Le Parisien note cependant que « 14 à 15% des prescriptions (entre 2012 et 2014) faites par les médecins et les psychiatres dépassent cette durée. Le patient peut alors développer des signes de dépendance, comparable à celle envers la nicotine ».
Le journal explique donc que « le séjour thermal dure 21 jours (dont 18 de soins) et coûte environ 800 €, en plus de la nourriture et de l’hébergement qui restent aux frais du curiste ». Marie Blanque, directrice des thermes de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), précise : « Le patient est extrait de son quotidien pendant 3 semaines. Il est pris en charge par une équipe composée de médecins, infirmières, psychologues et sophrologues ».
Le Parisien note qu’« avec eux, le curiste développe «les outils physiques et intellectuels pour gérer le manque et le besoin, explique le Pr Christian-François Roques, président du conseil scientifique de l’Association française pour la recherche thermale. Il marche et nage, il a du temps libre pour pratiquer une activité physique, ce qui lui permet de faire diminuer son anxiété» ».
Le Parisien ajoute que « si le remboursement partiel de ces cures va être proposé dès mars, c’est qu’elles obtiennent des résultats probants contre l’addiction, comme le démontre une étude commencée il y a 5 ans ».
Le Pr Roques indique ainsi que « sur 150 patients étudiés, 80% diminuent leur consommation ou arrêtent totalement de prendre des psychotropes ».
Date de publication : 29 Janvier 2018
« Les maisons de retraite, des lieux de « maltraitance » ? »
La Croix remarque en effet : « Les maisons de retraite en France sont-elles devenues des lieux de maltraitance ? Impossible de ne pas poser la question alors que se déroule le 30 janvier une vaste grève dans de nombreux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ».
Le journal explique que « ce débrayage de quelques heures, surtout symbolique, ne devrait pas avoir d’incidence sur les résidents. Le but est de mobiliser l’opinion pour réclamer davantage de moyens. Et aussi de témoigner de la souffrance assez largement inaudible des métiers du grand âge, aussi bien en établissement qu’au domicile ».
Le quotidien note ainsi que « devant micros et caméras, les soignantes en grève vont une nouvelle fois tenter d’attirer l’attention sur leurs conditions de travail. Et sur le sentiment de participer, bien malgré elles, à une sorte de «maltraitance institutionnelle». Une expression qui revient désormais en boucle, que ce soit à l’hôpital ou dans les Ehpad ».
La Croix cite notamment Marie-France, infirmière CGT en région parisienne : « Dans mon établissement, à l’étage des personnes en totale perte d’autonomie, les aides-soignantes sont obligées de faire les toilettes à la chaîne. Dix minutes, pas beaucoup plus, pour lever la personne, la laver, l’habiller et l’installer au fauteuil. […] Le relationnel ? C’est zéro. Alors oui, on peut parler de maltraitance ».
L’Association nationale des centres hospitaliers locaux et des hôpitaux de proximité a toutefois indiqué en décembre dernier : « Les médias consacrent depuis quelques mois une attention accrue aux Ehpad et à leur fonctionnement. Les reportages et les articles diffusés présentent l’exaspération des professionnels à travailler dans des conditions difficiles… On laisse entendre que ces établissements (surtout publics) deviennent des lieux de maltraitance perpétuelle. C’est une image abusive et injuste que l’on est en train d’ancrer dans l’opinion ».
Thierry Fillaut, directeur de l’hôpital du pays de Retz et qui gère cinq Ehpad, remarque pour sa part : « Ça veut dire quoi maltraitance institutionnelle ? Je dirige une institution qui n’organise pas la maltraitance. Oui, c’est vrai, il y a un décalage entre la réalité du terrain et ce qu’on lit dans tous les guides qu’on nous envoie sur les bonnes pratiques et la bientraitance. […] Ce que je vois au quotidien, c’est l’extraordinaire dévouement des personnels. […] On ne se rend pas bien compte du chemin parcouru. Moi, j’ai connu l’époque des hospices avec les dortoirs, les douches collectives et l’absence totale d’animation dans la journée ».
Pascal Champvert, directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), note quant à lui : « Je comprends que des soignants soient obligés d’utiliser des mots très forts pour dénoncer le fait que l’État ne leur donne pas les moyens de s’occuper correctement des personnes âgées ».
La Croix ajoute que « ce que dit la grève du 30 janvier, c’est aussi l’effet repoussoir que semblent désormais exercer ces métiers du grand âge, parmi les plus exposés aujourd’hui aux accidents du travail ».
Le Figaro constate aussi que « les Ehpad sont en grève [aujourd’hui]. Les personnels veulent dénoncer les mauvaises conditions de travail, qui se dégradent de plus en plus ».
Le journal note que « voilà des mois, voire des années, que les professionnels du secteur alertent sur les conditions de travail et d’accueil des personnes âgées qui se sont considérablement dégradées », et « fait le point sur les raisons de cette mobilisation inédite » : « un personnel soignant en sous-effectifs », « plus d’accidents de travail que dans le BTP », « des entrants toujours plus nombreux et plus dépendants », « une réforme du financement qui passe mal », et souligne que « d’ici à 2060 un citoyen sur 3 aura plus de 60 ans ».
Le Monde explique également que « le personnel des Ehpad se mobilise pour dénoncer ses conditions de travail. A l’appel d’une large intersyndicale, des débrayages dans des établissements pour personnes âgées et des rassemblements sont organisés sur tout le territoire. Ils se disent «cassés», «usés», «à bout» ».
Date de publication : 30 Janvier 2018
« Suicides, morts inexpliquées : malaise parmi les internes »
Eric Favereau note en effet dans Libération que « ces dernières semaines, comme en écho au malaise hospitalier, plusieurs jeunes internes se sont suicidés ou sont morts de façon inexpliquée ».
Le journaliste s’interroge : « Que se passe-t-il […] pour que ce monde plutôt préservé de l’hôpital semble aujourd’hui en proie à un mal-être parfois dramatique ? L’année dernière, on évoquait un nombre inquiétant de suicides au sein du personnel soignant. Depuis quelques mois, plusieurs suicides ou morts inexpliquées de jeunes internes sont à déplorer ».
« Comme le raconte la Revue du praticien, dans les derniers jours de décembre, Clara, jeune interne en médecine générale qui effectuait un stage à Mirande, s’est tuée en voiture, sur la RN21. «Sans que l’on puisse déterminer pourquoi la jeune femme de 26 ans a perdu, en fin d’après-midi, le contrôle de son véhicule.» Un accident resté sans explication à ce jour », remarque Eric Favereau.
Le journaliste continue : « Quelques jours plus tard, c’est à l’hôpital de Pontoise que les médecins des urgences prennent en charge un de leurs confrères qui s’est endormi sur l’autoroute, de retour d’une garde difficile. A Strasbourg, la semaine dernière, un interne de médecine générale de 25 ans s’effondre dans le service de gériatrie. La cause ? Un accident cardiaque, mais rien ne le laissait présager ».
« Enfin, ce week-end, l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) révèle le suicide de Marine, interne en dermatologie dans un service réputé difficile à Paris », observe Eric Favereau.
Pierre Hamann, ancien président l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), écrit dans un texte intitulé « Lettre pour Marine » : « C’est devenu une habitude pour nous, jeunes médecins, en formation, d’apprendre le suicide d’un confrère, d’une consœur, de nos collègues médicaux, paramédicaux dont l’encadrement des risques psychosociaux n’est pas à la hauteur ».
Eric Favereau note que ce week-end « s’est tenu le congrès des futurs généralistes de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG). Les risques psychosociaux ont concentré une bonne partie des débats ».
Maxence Pithon, président de l’Intersyndicale, a ainsi indiqué que « l’enquête santé mentale des jeunes et futurs médecins a mis en évidence des chiffres alarmants : deux tiers des répondants présentent une symptomatologie anxieuse et un quart rapporte des idées suicidaires », évoquant une « réglementation sur le temps de travail des internes qui est toujours loin d’être appliquée partout », ou « le rythme hebdomadaire, souvent supérieur à 48 heures ».
Le journaliste observe : « La situation est-elle à ce point tendue ? Sur ce dossier, les données manquent cruellement. La direction générale de la santé, qui suit entre autres l’épidémiologie des suicides dans le monde paysan, n’a aucune donnée sur les suicides dans le monde de la santé ».
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a déclaré aux jeunes généralistes : « Je veillerai à ce que vos inquiétudes, s’agissant du bien-être, de la santé mentale des étudiants, soient prises en compte. […] Je ferai tout pour que vos ressources matérielles soient suffisantes et surtout, pour que vos pairs, pour que votre hiérarchie vous soutiennent, en paroles et en actes ».
Eric Favereau cite en conclusion un directeur d’un groupe hospitalier parisien, qui note pour sa part : « Ce qui me trouble, c’est qu’hier, l’hôpital rassurait, voire protégeait les patients comme le personnel soignant ou médical. Aujourd’hui, ce n’est plus toujours le cas. L’hôpital est un peu comme la société : vulnérable ».
Date de publication : 30 Janvier 2018
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