Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – octobre 2021

« Les rythmes cardiaques se synchronisent lorsqu’on écoute attentivement une histoire »

Date de publication : 1er octobre 2021

Sciences et Avenir

Anouk Tomas relève dans Sciences et Avenir que « les êtres humains sont des créatures sociales : nous interagissons quotidiennement les uns avec les autres, et partageons de nombreuses expériences de vie à plusieurs. Lorsque nous vivons la même chose au même moment, par exemple si nous regardons un film ou assistons à un concert, il arrive souvent que certaines de nos fonctions corporelles – comme la respiration ou le rythme cardiaque – se synchronisent ».
La journaliste fait savoir que
 « grâce à une série de 4 expériences, une équipe scientifique a observé que cette synchronisation va plus loin et s’applique également dans un contexte différent… Les résultats de leur étude, publiés dans la revue Cell Reports, montrent que les individus qui écoutent une histoire, même chacun de leur côté, présentent les mêmes fluctuations cardiaques : l’attention portée à la narration synchronise les battements de leur cœur ».
Anouk Tomas précise que «
 d’autres expériences ont permis aux scientifiques de montrer que c’est l’attention portée au stimulus narratif qui module cette synchronisation du rythme cardiaque : elle n’avait pas lieu ou du moins était beaucoup plus faible lorsque les participants étaient concentrés sur autre chose que l’histoire qu’ils écoutaient, par exemple s’ils devaient compter à rebours en même temps ».
Jacobo Diego Sitt, co-auteur de ce travail, indique que 
« ce qui est important, c’est que la personne qui écoute soit engagée cognitivement, attentive à ce qu’il se passe dans l’histoire. Le cœur réagit à ces signaux cérébraux ».
Anouk Tomas relève que 
« la concentration est un processus conscient : concentrer son attention sur quelque chose, par exemple sur quelqu’un qui parle, se fait généralement de façon volontaire et contrôlée. La synchronisation des rythmes cardiaques observée par les chercheurs est donc bien, au moins partiellement, induite par un traitement conscient de l’information auditive perçue ».
« C’est pourquoi ils proposent que cette découverte pourrait servir d’outil pour “tester” la conscience de certains patients, en particulier ceux dans des états où il est difficile voire impossible d’évaluer leur état de conscience (des patients dans le coma ou en état végétatif) », 
observe la journaliste.
Elle ajoute que
 « d’autres études sont encore à mener, notamment en comparant les résultats obtenus à ceux fournis par l’imagerie cérébrale (essentiellement l’électroencéphalogramme et l’IRM fonctionnelle), et sur un échantillon plus large de patients. M. Sitt a indiqué souhaiter comprendre le mécanisme neurologique qui se cache derrière cette synchronisation cardiaque : “comment le cerveau décompose l’histoire et quelles parties de celle-ci modulent la synchronisation” ».

 

« Les neurones qui perçoivent les caresses savent aussi calmer la peau agressée »

Date de publication : 4 octobre 2021

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « les neurones impliqués dans la perception d’une sensation agréable lors d’une caresse sont aussi capables, si la peau est lésée, d’apaiser l’inflammation locale et de limiter l’emballement de la réponse immunitaire », selon une étude parue dans Nature.
La journaliste explique que 
« lorsqu’on se brûle, qu’on se blesse ou qu’on a une infection cutanée, des neurones sensoriels, localisés au niveau de la peau, s’activent et transmettent au cerveau des signaux générateurs de douleur. Mais ce n’est pas tout : non contents de signaler le problème, certains semblent apporter une partie de la solution… ».
Sophie Ugolini, directrice de recherche au centre d’immunologie de Marseille-Luminy, indique ainsi qu’«
 outre ce rôle de système d’alerte important, certains de ces neurones sensoriels, impliqués dans les perceptions des caresses, sont capables de limiter la réaction inflammatoire en libérant des neuromédiateurs. Nous avons ainsi identifié une molécule, Tafa 4, capable de limiter l’inflammation et de favoriser la cicatrisation ».
Anne Prigent relève que «
 l’équipe de Sophie Ugolini travaille depuis plusieurs années sur les interactions entre le système nerveux sensoriel et le système immunitaire, un domaine de recherche original pour lequel elle a bénéficié d’un financement de recherche européen ».
La chercheuse précise : «
 La question fondamentale que nous nous posions au début du projet était : le système nerveux et le système immunitaire, activés simultanément lorsque la peau ou les tissus sont lésés, interagissent-ils pour promouvoir une réponse adaptée à l’agression ? ».
Anne Prigent note que «
 l’équipe a travaillé sur un modèle de souris génétiquement modifié pour comparer la réparation tissulaire après une surexposition aux UV (donc un coup de soleil) chez les rongeurs qui possédaient ou non certains neurones sensoriels. Les animaux dépourvus de certaines sous-populations de neurones présentaient une inflammation persistante et un défaut de cicatrisation ».
La journaliste retient que
 « l’équipe de chercheurs a montré qu’une sous-population de neurones innervant la peau, également impliqués dans la perception des caresses, sécrètent une molécule appelée Tafa 4 qui agit sur des cellules immunitaires impliquées dans l’inflammation, les macrophages ».
Sophie Ugolini souligne que «
 ces cellules de l’immunité, présentes ou recrutées dans les tissus, ont une activité pro-inflammatoire qui permet l’élimination des pathogènes. Cependant, la réaction inflammatoire, si elle persiste trop longtemps, peut devenir toxique pour les tissus sains et empêcher la cicatrisation ».
« Les neurones sensoriels interviennent en résolvant l’inflammation et en permettant la cicatrisation de la peau. En particulier, nous avons montré qu’ils sécrètent la protéine Tafa 4, qui agit sur les macrophages en réduisant leur production de cytokines inflammatoires et, au contraire, en favorisant la production d’un médiateur anti-inflammatoire, l’interleukine 10 (IL-10) », 
précise la chercheuse.
Anne Prigent remarque ainsi que
 « les neurones impliqués dans la perception d’une sensation agréable lors d’une caresse sont également capables, si la peau est lésée, d’apaiser l’inflammation locale et de limiter l’emballement de la réponse immunitaire en produisant la molécule Tafa 4. Un résultat pour le moins inattendu et qui ouvre un champ de recherche thérapeutique dans les maladies inflammatoires ».
Elle observe que 
« la molécule Tafa 4 pourrait en particulier être utilisée à chaque fois que le système immunitaire s’emballe de manière inappropriée, par exemple dans les maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde ».
Sophie Ugolini indique en effet 
: « Nous sommes en train de tester en laboratoire les propriétés anti-inflammatoires de ce neuropeptide dans des modèles précliniques de maladies inflammatoires ».
Anne Prigent ajoute qu’«
 il faut aussi comprendre le rôle physiologique de cette molécule : les neurones de la peau la produisent-ils lors des caresses ? Dans le cas de maladies inflammatoires de la peau, comme le psoriasis ? ».

 

« La dépression chez les jeunes adultes peut favoriser la démence à un âge avancé »

Date de publication : 5 octobre 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir observe qu’« on savait déjà que la dépression chez les seniors est associée à un risque de démence. Mais il semblerait que ce risque commence bien plus tôt, car être déprimé pendant sa vingtaine serait déjà un facteur de risque pour une démence à un âge avancé ».
Le magazine indique en effet que
 « selon une étude de l’université de Californie à San Francisco (États-Unis), publiée […] dans le Journal of Alzheimer’s Disease, la dépression chez les jeunes adultes aurait un impact sur la cognition environ une dizaine d’années après, entraînant à long terme une chute cognitive pouvant aller jusqu’à une démence ».
Sciences et Avenir explique ainsi que 
« les chercheurs ont regroupé les données de santé d’environ 15.000 personnes âgées de 20 à 89 ans, afin d’élaborer un modèle avec les symptômes liés à la dépression dans chaque âge et leur progression ».
« Ensuite, ils ont appliqué ce modèle à 6.000 participants de plus de 70 ans, qui ont été suivis annuellement pendant près de onze ans. Ainsi, ils ont prédit quel niveau de dépression chacun d’entre eux devait avoir quand ils étaient plus jeunes »,
 relève l’article.
Willa Brenowitz, épidémiologiste spécialisée dans la santé mentale lors du vieillissement, auteure de ce travail, indique que 
« normalement, on prédit ‘en avant’ en se basant sur ce que l’on observe. Ici, nous avons prédit ‘en arrière’, en utilisant l’information des cohortes de participants plus jeunes pour obtenir une estimation des symptômes dépressifs des personnes âgées lorsqu’ils étaient plus jeunes ».

 

« Un laxatif contre les trous de mémoire »

Date de publication : 6 octobre 2021

Sciences et Avenir

Hervé Ratel note dans Sciences et Avenir : « Pertes de mémoire, troubles du langage, difficultés d’apprentissage… Beaucoup de problèmes psychiatriques s’accompagnent de déficits cognitifs multiples que les médications actuelles sont impuissantes à traiter ».
Le journaliste fait savoir qu’
« une équipe de chercheurs menée par Angharad de Cates et Susannah Murphy, du département de psychiatrie de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne) vient de publier un résultat intéressant dans la revue Translational Psychiatry et pourrait avoir trouvé un candidat-médicament efficace. Insolite, ce médicament existe depuis plusieurs années pour traiter… la constipation ».
Hervé Ratel explique ainsi que 
« plusieurs études animales ont montré par le passé que des molécules ciblant l’un des récepteurs à la sérotonine (le 5-HT4) pouvaient se montrer prometteuses pour améliorer les fonctions cognitives. La sérotonine est le neurotransmetteur ciblé notamment par les médicaments contre la dépression (les IRS) ».
« Mais de l’animal à l’être humain, il y a un monde et jusqu’à présent ces résultats prometteurs n’avaient jamais été reproduits. Pour courir le moins de risques possibles, l’équipe britannique a décidé de tester un médicament déjà bien éprouvé. Spécialement conçu pour se fixer sur ce récepteur à la sérotonine, le prucalopride est indiqué dans le traitement symptomatique de la constipation chronique. Il est essentiellement réservé aux femmes car son efficacité n’a pas été démontrée chez l’homme »,
 précise le journaliste.
Il relève que 
« 44 volontaires âgés de 18 à 36 ans ont participé à l’étude. La moitié a reçu le prucolapride. L’autre, un placebo. Après une semaine, les chercheurs leur ont fait passer un IRM pour mesurer leur activité cérébrale. Avant de pénétrer dans l’appareil, une série d’images d’animaux ou de paysages était montrée à chacun d’entre eux. Qui devait, à la sortie de l’IRM, se soumettre à plusieurs tests de mémoire ».
Les auteurs indiquent que 
« la principale conclusion de notre étude est que 6 jours d’administration de prucalopride à de jeunes volontaires sains ont conduit à une amélioration de la mémoire et à une activité neurale augmentée dans les hippocampes. Le groupe prucalopride a identifié 81% des images. Le groupe témoin, 76%. Statistiquement, cela nous semble très significatif ».
Hervé Ratel rappelle qu’en France, 
« ce médicament est uniquement vendu sous ordonnance. En 2013, la Haute Autorité de Santé (HAS) statuait que les services médicaux rendus (SMR) du produit étaient insuffisants pour lui permettre d’être pris en charge par la Sécurité sociale. […] S’il s’avère que cette molécule a effectivement des effets positifs sur la cognition, une reformulation comme “booster de mémoire“ pourrait sans nul doute lui redonner une seconde jeunesse… ».

 

« Une dépression grave guérie grâce à un dispositif innovant de stimulation cérébrale »

Date de publication : 7 octobre 2021

Le Figaro

Delphine Chayet observe dans Le Figaro que « souffrant depuis 5 ans d’une dépression gravissime, Sarah avait épuisé toutes les possibilités de traitements. Un dispositif novateur de stimulation cérébrale profonde, expérimenté au centre médical de l’université de Californie à San Francisco, a finalement permis une amélioration spectaculaire de son état ».
La journaliste note ainsi que
 « la patiente âgée de 36 ans a déclaré que la thérapie lui avait redonné «une vie digne d’être vécue», lui permettant de rire spontanément pour la première fois depuis longtemps ».
Delphine Chayet souligne que 
« ce cas clinique, décrit le 4 octobre dans la revue Nature Medicine, est jugé très prometteur ».
La Dr Marion Plaze, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), réagit : 
« Les chercheurs sont parvenus pour la première fois dans le champ de la psychiatrie à mettre au point une stimulation cérébrale profonde personnalisée, adaptée au profil neurologique et clinique de la patiente. Ce travail donne des perspectives de soins pour tous les malades en échec thérapeutique ».
Delphine Chayet rappelle que 
« la dépression, qui touche entre 10% et 20% de la population à un moment ou un autre de la vie, peut être dans sa forme la plus sévère très invalidante ».
La journaliste souligne qu’«
 une part non négligeable des malades ne répond ni aux traitements médicamenteux, ni à l’électroconvulsivothérapie (électrochocs) ou à la stimulation magnétique transcrânienne, cette dernière étant proposée en France à titre compassionnel. En cas d’échec, les malades se retrouvent sans solution et en grande détresse ».
« C’est à ce public que s’adresse la stimulation cérébrale profonde. La technique est régulièrement utilisée pour traiter des patients atteints de la maladie de Parkinson et d’épilepsie, mais elle est encore au stade de la recherche en ce qui concerne la dépression. Le traitement suppose l’implantation chirurgicale, sous le cuir chevelu, d’électrodes reliées à un neurostimulateur placé sous la peau et chargées d’envoyer des impulsions électriques dans une région précise du cerveau »,
indique Delphine Chayet.
Olivier David, directeur de recherche à l’Inserm à Marseille, note que «
 toute la difficulté est de cibler correctement la zone à stimuler, car les réseaux neuronaux impliqués dans la dépression sont très larges ».
Delphine Chayet précise que 
« dans un premier temps, les médecins ont placé temporairement des électrodes dans plusieurs régions du cerveau pour explorer l’effet d’une stimulation. Parallèlement, la patiente devait répondre à des questionnaires mesurant son humeur. Les scientifiques ont ainsi réussi à montrer que les états émotionnels de Sarah étaient liés à certains schémas de l’activité électrique dans l’amygdale, une zone impliquée dans la gestion des émotions. Ils ont ensuite identifié une région cérébrale susceptible d’interagir avec ces schémas : le striatum ventral ».
« Dans un deuxième temps, l’équipe a pu implanter un dispositif permanent comportant un capteur dans l’amygdale pour détecter ces fluctuations électriques anormales et déclencher dans la foulée une stimulation grâce à une autre électrode placée dans le striatum ventral »,
 continue la journaliste.
Elle note que 
« le système ici mis en place délivre des impulsions intermittentes dont la durée optimale a été estimée à 6 secondes. Au rythme de 300 minichocs quotidiens, l’amélioration des symptômes est survenue au bout de 12 jours, et une rémission complète a été constatée plusieurs mois plus tard ».
Delphine Chayet ajoute que «
 cette réussite doit encore être reproduite chez d’autres malades, précisent les auteurs ».
Mircea Polosan, professeur de psychiatrie et chercheur (Inserm) à l’Institut des neurosciences de Grenoble, relève ainsi que 
« l’analyse directe de l’activité cérébrale peut sembler intrusive et prend du temps, mais cette approche individualisée sera sans doute le moyen optimal de soigner des patients très sévères et résistants ».

 

« Suicide de l’adolescent : des signaux d’alarme à connaître »

Date de publication : 11 octobre 2021

Le Figaro

Le Figaro fait savoir que « la HAS conseille de prendre au sérieux toutes les idées suicidaires chez les jeunes ».
Le journal indique ainsi : 
« «As-tu déjà pensé au suicide ?» Aux médecins, parents ou enseignants, souvent désarmés face au mal-être des adolescents, la Haute Autorité de santé conseille, dans des recommandations publiées le 30 septembre, de poser la question explicitement ».
Le Dr Charles-Édouard Notredame, psychiatre à l’hôpital universitaire de Lille et président du groupe de travail réuni par la HAS, explique que
 « parler du suicide n’est pas une incitation au passage à l’acte, c’est au contraire la meilleure façon de repérer les situations à risque et de les prendre en charge ».
Le Dr Bojan Mirkovic, psychiatre au Nouvel Hôpital de Navarre (Évreux), ajoute que 
« la question de l’envie de mourir, que je pose systématiquement en consultation, surprend beaucoup les enfants. Elle donne lieu à des démentis catégoriques des patients non concernés, mais elle permet aux autres de se confier. Les enquêtes réalisées après certains suicides montrent en effet que la plupart des enfants n’avaient pas osé en parler, par peur de ne pas être pris au sérieux ou d’inquiéter leur entourage ».
Le Figaro souligne que «
 la HAS entend lever le tabou. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents. Près de 600 jeunes de moins de 24 ans, en majorité des garçons, se tuent chaque année en France, tandis qu’environ 70.000 tentatives sont recensées ».
Le Dr Notredame indique que «
 la prévention est une responsabilité collective, chacun peut avoir un rôle à jouer ».
Le journal remarque qu’
« aux parents, le psychiatre recommande de ne « jamais banaliser » des propos de leur enfant sur la mort, mais d’en parler ouvertement, et de ne pas hésiter à consulter leur médecin traitant, une maison des adolescents, un centre médico-psychologique. Ou à appeler le nouveau numéro dédié, 31 14 ».
Le quotidien rappelle que 
« la dépression de l’enfant ne ressemble pas à celle de l’adulte, mais compose un puzzle de signes souvent difficiles à interpréter. Irritabilité, humeur instable, repli sur soi, perte d’intérêt pour les activités habituelles, rejet de l’école, entrée dans le tabagisme, difficultés pour s’endormir… ».
Géraldine Chanal, psychologue à l’association Phare, note cependant que 
« les parents me disent qu’ils ont du mal à placer le curseur entre ce qui relève d’un mal-être profond et ce qui est de l’ordre de la crise de l’adolescence. Ils doivent savoir qu’un changement radical de comportement qui perdure dans le temps (un enfant qui s’isole, se désintéresse de choses qui lui apportaient du plaisir) doit déclencher l’alarme ».
Le Figaro ajoute que «
 la HAS invite aussi les médecins, les éducateurs et les enseignants à redoubler de vigilance. «Le repérage repose sur une écoute active et un questionnement direct du patient», notent les experts. Ils préconisent l’utilisation du Bits, un test de repérage mis au point pour les médecins généralistes ».
« Ses initiales forment le rappel mnémotechnique des quatre sujets à aborder, quel que soit le motif de consultation : brimades, insomnies, tabac et stress. En cas de doute, le praticien doit interroger son patient sur ses éventuelles idées suicidaires présentes ou passées. Il peut aussi l’orienter vers un psychiatre », 
précise le journal.
Le Dr Notredame explique que «
 le spécialiste va évaluer lors d’un entretien en tête à tête la gravité de la crise, en mesurant la fréquence, l’intensité et le caractère envahissant des pensées suicidaires, le degré d’élaboration du scénario, ainsi que le niveau de douleur ressentie par l’adolescent. Il estimera aussi la vulnérabilité de son patient. Des antécédents familiaux, un trouble psychiatrique, un milieu familial défavorable, un harcèlement, un suivi par l’aide sociale à l’enfance sont des facteurs de risque de passage à l’acte ».
Le Figaro rappelle enfin que «
 des dispositifs d’éducation à la santé mentale ayant fait leur preuve existent pourtant. Mené en classe, le programme YAM comprend ainsi 3 heures de jeux de rôle, des ateliers interactifs, des affiches éducatives et deux conférences d’une heure sur la santé mentale. Une étude menée dans plusieurs pays européens a montré qu’il réduisait de moitié le nombre de tentatives de suicide par rapport à un groupe d’adolescents n’y ayant pas participé ».

 

« Alcoolisme : d’anciens buveurs au chevet des patients »

Date de publication : 11 octobre 2021

Le Parisien

La Dre Martine Perez remarque dans Le Parisien : « Comment rester abstinent dans un monde qui ne l’est pas, lorsque l’on est fragile vis-à-vis de l’alcool ? Les associations d’usagers représentent une aide au maintien de l’abstinence, grâce à d’anciens dépendants qui s’en sont sortis ».
La médecin et journaliste explique que « France Patients Experts Addictions, présidée par Sandra Pinel, forme ainsi d’anciens patients devenus experts en addiction pour accompagner des personnes dépendantes, dans des centres de soins, ou des associations ».

Martine Perez souligne ainsi 
« toutes les associations d’ex-buveurs font un travail indispensable qu’il s’agisse de la Croix bleue, des Alcooliques anonymes, ou de Vie libre. Ces structures, d’où le jugement est exclu, réalisent un accompagnement par des pairs, clé de la réussite ».
Martine Perez note qu’«
 en 2020, une étude américaine publiée dans la « Cochrane Library » a démontré l’importance des associations de patients, à partir d’une enquête évaluant les Alcooliques anonymes (AA). Cette association a été lancée en 1935 à la suite de la rencontre dans l’Ohio de 2 Américains qui cherchaient un moyen de rester sobre ».
« Ils ont formé un groupe de soutien, puis défini les 12 étapes pour le sevrage, la première étant d’accepter son incapacité à contrôler sa consommation ; la dernière étant d’aider les autres à rester sobres en devenant le parrain d’un nouveau membre »,
 rappelle la journaliste.
Elle indique que 
« dans cette analyse récente portant sur 10.000 participants, les chercheurs ont conclu que les Alcooliques anonymes étaient au moins aussi efficaces que la psychothérapie pour atteindre et maintenir l’abstinence ».

 

« Dérives des médecines parallèles : « On est plus vulnérable psychiquement après l’annonce d’un cancer » »

Date de publication : 14 octobre 2021

Le Parisien

Le Parisien publie un entretien avec Isabelle Guillemot, psychologue clinicienne en cancérologie, qui « met en garde les personnes atteintes de cancer face aux promesses de certains spécialistes des médecines parallèles, comme la naturopathie ».
Le journal observe en effet que «
 certains patients se tournent vers les médecines parallèles pour atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie. En 12 ans d’expérience à l’hôpital en cancérologie, Isabelle Guillemot a rencontré de nombreux patients tentés par le recours aux médecines parallèles. Désormais psychologue libérale à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), elle décrypte pour nous ce phénomène ».
Isabelle Guillemot explique qu’«
 il existe deux types de patients. Ceux qui tournent le dos à la médecine traditionnelle parce que les traitements leur font trop peur. Et ceux qui veulent lutter contre les effets secondaires, de la chimiothérapie notamment, mais qui ne le disent pas à leur oncologue ».
Le Parisien demande : 
« Que risquent les patients qui se tournent vers la naturopathie ? ».
La psychologue indique que «
 s’ils s’en servent en parallèle des traitements anticancéreux, le risque c’est l’interaction. Certaines plantes par exemple diminuent les effets thérapeutiques de la chimio sur le cancer. Le jeûne, lui, affaiblit l’organisme, ce qui a pour conséquence une majoration des effets secondaires de la chimio, et donc un traitement moins bien supporté ».
« Ceux qui ne se tournent que vers un naturopathe prennent le risque de voir la maladie proliférer rapidement. Même quand ils finissent par revenir vers nous, il est trop tard. J’ai déjà perdu des patients de cette façon, alors que leur cancer était parfaitement curable »,
 souligne-t-elle.
Isabelle Guillemot indique qu’«
 il faut déjà travailler sur l’annonce d’un cancer. Cela provoque toujours un état de sidération, une inquiétude face à la mort. Il faut préparer le patient en lui indiquant au fur et à mesure les résultats de ces examens, mais aussi prendre le temps d’évoquer les traitements qu’il va recevoir. On est toujours plus vulnérable psychiquement après l’annonce d’un cancer. Quand l’annonce fait peur, on cherche des alternatives auprès de personnes au discours moins effrayant. Il faut alors s’emparer des soins de supports proposés à l’hôpital, que ce soit le psychologue, l’infirmière d’annonce, le diététicien… ».
La psychologue clinicienne ajoute que 
« le malade doit absolument changer de lieu de traitement si l’annonce a été trop brutale, s’il est mal à l’aise avec son oncologue. Cela fait partie des droits du patient. Quand l’un de vos proches vous semble sous l’emprise d’un manipulateur, le tutoiement et le coût élevé des traitements parallèles proposés sont des signes inquiétants. Ça peut toucher absolument tout le monde, justement du fait de l’état de sidération provoqué par l’annonce d’un cancer. Vous pouvez alors faire appel au médecin traitant du malade ».

 

« Insomnie : vaincre l’anxiété qui mine vos nuits »

Date de publication : 18 octobre 2021

Le Parisien

La Dr Martine Perez observe dans Le Parisien que « nos états d’âme nous poursuivent aussi la nuit. Certains troubles psychiques fréquents, comme la dépression, l’anxiété généralisée ou les attaques de panique (qui sont des états anxieux aiguës) sont associés à des insomnies pénibles. Il arrive même parfois que ces maladies soient diagnostiquées lors d’une consultation pour des problèmes de sommeil ».
« Les épisodes dépressifs majeurs, avec perte d’envie, d’estime de soi, d’énergie, s’accompagnent de difficultés à dormir »
, poursuit-elle.
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, chef de service dans les hôpitaux Bichat à Paris et Beaujon, indique ainsi que 
« les troubles du sommeil dans la dépression sont quasiment systématiques. Il s’agit, le plus souvent, de réveil très précoce le matin, chez une personne accablée par l’idée d’une journée qui commence et qu’elle ne sait pas comment affronter, plus rarement de difficultés d’endormissement ».
Martine Perez explique que «
 le traitement de la dépression, désormais très standardisé, basé sur des antidépresseurs et des thérapies comportementales, permet aussi de venir à bout de l’insomnie. L’anxiété généralisée perturbe surtout l’endormissement. Les attaques de panique peuvent, elles, être associées à des réveils au milieu de la nuit, avec le cœur qui bat et une sensation de mort imminente ».
« Les recommandations pour le traitement sont aussi très claires : donner le moins possible de tranquillisants. Et mettre en place des psychothérapies, associées à de petites doses d’antidépresseurs. Ces psychothérapies visent à repérer les situations ou les pensées qui déclenchent l’angoisse, pour apprendre à les dépasser »
, précise la journaliste et médecin.
Elle ajoute que 
« quelques séances peuvent suffire à guérir l’anxiété, et donc l’insomnie. Le médecin généraliste est d’ailleurs souvent à même de repérer et de prendre en charge ces situations ».

 

« Covid-19 : plus de la moitié des survivants développent un Covid long »

Date de publication : 19 octobre 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir observe que « des études précédentes avaient estimé qu’environ un tiers des patients de Covid-19 développeraient un Covid long. Cette proportion vient d’être revue à la hausse par une analyse regroupant l’ensemble des études sur ces symptômes à long terme ».
Le magazine indique ainsi que 
« plus de la moitié des personnes avec le Covid-19 vont présenter des symptômes 6 mois après l’infection », selon un travail paru dans JAMA Network Open.
Il explique que «
 les auteurs ont cherché tous les travaux parlant de Covid long ou de symptômes à long terme après le Covid-19. Cela a représenté 57 études avec un total de 250.351 patients non-vaccinés au moment de l’infection (diagnostiquée entre décembre 2019 et mars 2021) ».
« Parmi ces patients, 54% présentaient au moins un symptôme un mois après l’infection, 55% pendant deux à cinq mois, et 54% pendant 6 mois ou plus. De quoi montrer que la majorité de ces symptômes à rallonge étaient persistants dans la durée », 
note Sciences et Avenir.
Le magazine précise que «
 la majorité des personnes incluses dans ces études étaient hospitalisées (79%). Il pourrait donc être possible que les cas de Covid long soient surestimés. […] Cependant, les auteurs ont mis en évidence que cette proportion de Covid long est comparable entre les études comportant plus ou moins de personnes hospitalisées, résultat qui suggère que cette proportion de Covid long est indépendante des hospitalisations ».
Sciences et Avenir ajoute que 
« ces symptômes de Covid long étaient très variés et pouvaient affecter une grande partie du corps des patients. Les plus fréquents étaient la fatigue ou la faiblesse musculaire (38%), entraînant un déclin dans la mobilité (20%) ou le fonctionnement général de la personne (44%). Les personnes présentaient aussi des problèmes respiratoires (30%) et des troubles cardiaques ou digestifs, ainsi que des irritations cutanées ou même de la perte de cheveux (21%) ».
« Mais en plus de ces atteintes corporelles, certains des symptômes les plus fréquents concernaient des troubles neurologiques, comme des difficultés de concentration (24%) et des problèmes de mémoire (19%), ou psychologiques, notamment de l’anxiété (30 %), des troubles du sommeil (27%) et la dépression (20%) »,
 continue le magazine.
Paddy Ssentongo, chercheur à l’université Penn State (États-Unis) et co-auteur, remarque ainsi que
« le fardeau de mauvaise santé chez les survivants du Covid-19 est accablant. La bataille contre le Covid ne finit pas après l’infection aigüe. La vaccination est notre meilleure alliée pour éviter d’avoir le Covid-19 et ainsi diminuer la probabilité de développer un Covid long ».

 

« Contre les violences gynécologiques, enfin une charte des bonnes pratiques »

Date de publication : 21 octobre 2021

Le Parisien

Le Parisien indique en effet que « la profession publie ce jeudi un document écrit, rappelant aux blouses blanches les règles simples à respecter avec les patientes. […] Gestes ou propos déplacés… de nombreux témoignages de femmes victimes de violences gynécologiques ont poussé la profession à mettre noir sur blanc les règles d’une bonne consultation ».
Le journal relève ainsi que 
« le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) tape aujourd’hui du poing sur la table. En réaction à l’affaire Daraï [« gynécologue accusé de maltraitances et de viols »], il publie ce jeudi une charte inédite de bonnes pratiques, signée par toute la profession ».
Joëlle Belaisch-Allart, présidente du CNGOF, remarque que
 « ce texte, on en a besoin, c’est une certitude. Que tous les gynécologues de France et de Navarre l’affichent dans leur cabinet ! […] On demande d’abord à la patiente si elle est d’accord pour être examinée et on respecte son choix ».
Le Parisien note qu’«
 un autre travail d’ampleur débute, ce qu’on appelle les «recommandations pour la pratique», véritable bible du praticien. Rédigées par les médecins et patients, elles sont attendues d’ici un an et visent à améliorer la qualité et la sécurité des soins ».
Le journal s’interroge : 
« Suffisant ? Depuis les premières accusations, fin septembre, contre le Pr Daraï, mis en retrait de ses responsabilités de chef de service par l’AP-HP, le collectif « Stop aux violences obstétricales et gynécologiques » croule sous les témoignages de victimes passées par son cabinet. Mais pas seulement ».
Le quotidien relève que 
« dans l’ombre de la médiatique « affaire Tenon » se cachent d’autres dossiers, comme celui de Maria, qui a porté plainte pour viol aggravé contre un gynécologue du sud de la France, il y a quelques mois. Lors de son examen, la jeune femme de 29 ans décrit des mouvements de va-et-vient réalisés avec une sonde d’échographie, et des attouchements sur ses parties intimes ».
Le Parisien indique que Sonia Bisch, porte-parole du collectif, «
 appelle le gouvernement à lancer une campagne de communication sur le droit des patientes et créer un numéro d’urgence pour les victimes. Parmi les explications à ce problème de société, selon la militante, le manque de contrôle et de formation des blouses blanches ».
Le journal observe que
 « pourtant, après le rapport du Haut Conseil à l’égalité en 2018, l’enseignement commençait à évoluer. Quid du «changement en marche» dont parlait, à l’époque, Philippe Deruelle, l’ancien secrétaire du CNGOF ? «On avance mais doucement», reconnaît-il ».
« Certes, la prévention des violences gynécologiques fait bien partie des connaissances à acquérir par les étudiants de médecine, entre la 4e et 6e année. «Mais son application est hétérogène selon les villes et les envies.» Et les formations continues ? », 
continue Le Parisien. Philippe Deruelle répond que « le Covid a cassé la dynamique ».
Le journal conclut qu’« 
en attendant une révolution des pratiques, les femmes s’échangent […] les contacts de gynécologues bienveillants. Certaines […] s’en détournent carrément, préférant être suivies par des sages-femmes ».

 

« Dépression : comment faire face à la maladie d’un proche ? »

Date de publication : 25 octobre 2021

Le Parisien

Lucie Alexandre note dans Le Parisien que « la dépression ne produit pas seulement des ravages chez ceux qui la subissent. Les parents, conjoints, et enfants, se sentent souvent aussi éprouvés qu’impuissants. Des spécialistes livrent leurs conseils ».
La journaliste explique ainsi que «
 lorsqu’un proche sombre dans la dépression, il faut être à l’écoute tout en ayant conscience qu’on peut apporter du soutien, mais pas soigner à la place d’un professionnel.
Elle souligne tout d’abord que 
« le changement est souvent un avertissement. Constater qu’une personne abandonne soudain ses petites habitudes plaisantes du quotidien peut inciter à la vigilance. Car le trouble dépressif a ceci de caractéristique qu’il empêche de ressentir toute forme de plaisir, y compris vis-à-vis d’expériences qui autrefois procuraient à coup sûr de la joie ».
Lucie Alexandre ajoute que
 « d’autres signes peuvent aussi alerter. Perte de la volonté, vision pessimiste, tristesse continue, troubles du sommeil, manque d’appétit, renfermement sur soi, comportements addictifs, et ralentissement général physique et psychique, sont autant de symptômes d’un état dépressif latent. À condition bien sûr, qu’ils s’installent dans la durée ».
Samuel Dock, psychologue clinicien, précise que «
 la première chose à faire est de se renseigner pour évaluer ce qui arrive. On peut même consulter un psychiatre pour quelqu’un d’autre, ce n’est pas une trahison, car dans certains cas la personne encourt un vrai risque de passage à l’acte suicidaire ».
La journaliste explique ainsi que
 « les périls liés à la dépression sont aussi réels que répandus. Alors que selon un dernier rapport de l’Inserm datant de 2019, près d’une personne sur cinq en France a souffert ou souffrira d’un trouble dépressif au cours de sa vie, entre 5 et 20% des patients atteints par cette maladie mettent fin à leur jour. De quoi ne pas prendre les choses à la légère. Et si l’individu fait part de pensées morbides, ou d’envie d’en finir, direction sans attendre les urgences psychiatriques ».
« Lorsque notre proche se refuse à se faire soigner, il faut même parfois consentir à ce que l’on appelle une hospitalisation à la demande d’un tiers »,
 ajoute Lucie Alexandre.
Isabelle Secret-Bobolakis, psychiatre, secrétaire générale de la Fédération Française de Psychiatrie, remarque que 
« c’est une situation très dure, mais c’est parfois indispensable. Bien sûr on se fait aider d’un médecin, qui pose le diagnostic, et il faut lui faire confiance s’il estime qu’il n’y a pas d’autre solution que des soins sous contrainte ».
La journaliste observe qu’«
 avant de parvenir à cette extrémité, l’idéal est bien sûr de convaincre d’aller consulter. Un échange qui n’est pas toujours aisé ». Samuel Dock explique qu’« il faut bien choisir son moment pour engager la discussion, et verbaliser avec une grande clarté ses inquiétudes, dire : J’ai le sentiment que tu ne vas pas bien, tout en reconnaissant une forme d’impuissance ».
Lucie Alexandre note que le psychologue 
« pointe par ailleurs la nécessité de ne pas bousculer la personne dépressive, qui éprouve souvent de la culpabilité, tout en tentant de l’empêcher de se laisser aller. Un équilibre difficile à trouver ».
La journaliste continue :
 « Côté traitement, on peut d’abord se tourner vers le médecin généraliste, surtout en cas de premier épisode dépressif. Habilité à prescrire des antidépresseurs, il peut aussi orienter vers un psychiatre pour un suivi plus précis, ou en cas de soupçons de troubles psychiques associés comme la bipolarité ou la schizophrénie ».
« Et si les remèdes médicamenteux semblent indispensables dans les troubles sévères pour éviter des rechutes, on peut parfois s’en passer dans les dépressions légères. Ou du moins leur associer d’autres thérapies comme la psychanalyse, les thérapies cognitives-comportementales, efficaces contre les symptômes physiques de l’angoisse, mais aussi l’activité sportive. De plus en plus d’études scientifiques tendent à montrer son utilité dans la lutte contre la dépression »,
 ajoute-t-elle.
Lucie Alexandre conseille enfin de «
 se préserver soi-même ». Isabelle Secret-Bobolakis souligne qu’« il faut être à l’écoute, mais avoir conscience qu’on peut seulement soutenir l’autre et non le soigner, cela doit être délégué à un professionnel. Il faut aussi prendre du temps pour soi sans culpabiliser, ne pas s’oublier dans la maladie de l’autre, demander de l’aide pour que d’autres prennent le relais, et se ménager du temps pour continuer de voir du monde à l’extérieur ».

 

« Comment les traumas psychologiques répétés affectent le cerveau »

Date de publication : 26 octobre 2021

Le Figaro

Dans le cadre d’un dossier sur les troubles dissociatifs de l’identité (TDI), Le Figaro se penche sur les psychotraumatismes répétés. La Dr Laurence Carluer, neurologue, psychothérapeute et chercheur à l’Inserm (CHU de Caen), remarque ainsi : « Ils attaquent la capacité du cerveau à fabriquer du sens, c’est-à-dire à intégrer les différents processus cognitifs, émotionnels, physiques, en un tout cohérent. Comme il n’existe pas de perception de soi unifié avant 5-6 ans, des traumas répétés avant cet âge vont casser ce processus de représentation d’un tout et c’est ainsi que naissent les TDI ».
La Dr Stéphanie Khalfa (Laboratoire de neurosciences cognitives, Marseille) ajoute que «
 quand les traumas sont répétés et donc que le stress perdure, il y a globalement une diminution de l’activité dans le cortex préfrontal qui régule le traitement émotionnel et une augmentation de l’activité de l’amygdale chargée de détecter les menaces ».
« L’activité de l’hippocampe qui joue un rôle dans la mémorisation du contexte, dans le temps et dans l’espace, est également abaissée, pouvant expliquer les difficultés d’ancrage, de repérage des personnes atteintes de TDI. Dans le cortex pariétal postérieur, le précunéus impliqué dans la conscience de soi, dans l’intégration multisensorielle et dans la mémoire épisodique, est moins actif lui aussi. Or il est difficile de revenir en arrière »,
 remarque la spécialiste.
Le Figaro indique qu’«
 une étude parue dans le British Journal of Psychiatry de 2018 suggérait que la neuro-imagerie permettait de faire la différence entre personnes atteintes de TDI et personnes bien portantes avec une précision supérieure à celle attendue. Sans doute une voie de recherche pour raccourcir le délai nécessaire au diagnostic de cette pathologie si complexe ».

 

Covid-19 : « Une étude controversée sur un antidépresseur »

Date de publication : 28 octobre 2021

Le Figaro

Cécile Thibert s’interroge dans Le Figaro : « La fluvoxamine va-t-elle s’ajouter à la longue liste des traitements qui ont suscité en vain l’espoir dans cette pandémie ? ».
La journaliste indique qu’« 
une étude tout juste publiée dans The Lancet Global Health remet une pièce dans la machine en affirmant que ce médicament – un antidépresseur proche du Prozac – serait efficace pour réduire le risque d’hospitalisation chez les patients atteints du Covid-19. Révolution médicale pour certains, résultats très discutables pour d’autres : cette annonce est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique ».
Elle explique que l’étude «
 a été menée dans 11 hôpitaux brésiliens, auprès de 1700 patients infectés par le virus. Ces derniers ont été choisis parce qu’ils avaient au moins un facteur de risque de développer une forme grave […]. La moitié d’entre eux s’est vu distribuer le médicament antidépresseur à prendre deux fois par jour pendant 10 jours, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo ».
Le Dr Nicolas Hoertel, psychiatre à l’hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux, AP-HP), observe que
 « les gens qui ont pris le traitement ont vu leur risque d’hospitalisation réduit de 66% et la mortalité de 91%, les résultats sont très significatifs. C’est une étude indépendante à la méthodologie très solide qui confirme d’autres résultats qui vont dans le même sens. S’il y a un traitement aujourd’hui qui doit faire la une de tous les journaux, c’est celui-là ! ».
Cécile Thibert note que le médecin
 « est sans doute l’un des premiers au monde à s’être intéressé de près à cette molécule, après avoir constaté que seuls de très rares patients de son service de psychiatrie avaient attrapé le Covid, malgré la présence de nombreux personnels malades ».
« Avec son équipe, ils avaient alors passé en revue les dossiers médicaux de 7200 patients hospitalisés à cause du Covid dans des hôpitaux publics parisiens entre janvier et avril 2020. Ils s’étaient alors aperçus que les patients sous antidépresseurs admis à l’hôpital pour un Covid représentaient un effectif bien plus faible qu’en temps normal (4,8% contre 8 à 15% en temps normal, selon le Dr Hoertel). Fort de son intuition, le médecin avait transmis ces données à d’autres équipes, dans l’espoir qu’elles aillent plus loin »
, rappelle la journaliste.
Le Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, remarque pour sa part : «
 Quand on regarde de près cette étude, il y a des éléments atypiques. Par exemple, ils prennent comme critère d’efficacité le fait de rester plus de 6 heures aux urgences. Cela ne veut strictement rien dire ! Ce n’est pas un critère solide. Être hospitalisé ou non, décéder ou non, voilà des critères solides ! ».
Cécile Thibert relève que «
 pour ces deux critères, l’étude montre clairement qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes. De même, le groupe sous antidépresseur ne semble pas se débarrasser plus vite du virus que le groupe placebo ».
Le Pr Molimard déclare ainsi que «
 c’est peut-être une étude intéressante, mais elle ne suffit absolument pas pour dire que ce traitement est efficace ».

 

Revue de presse santé psy – septembre 2021

« Surdoses aux opiacés : la France dans l’urgence »

Date de publication : 1er septembre 2021

Libération

Libération se penche sur « une épidémie dont on parle moins mais qui sévit dans l’ombre. Ce mardi, à l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation aux surdoses lancée en 2001, des associations et des professionnels de santé alertent les pouvoirs publics sur les dégâts liés aux overdoses. Et de rappeler que la France est loin d’être prête à faire face à une flambée des overdoses ».
Le journal souligne ainsi qu’«
 au-delà des retards en matière de réduction des risques et de prévention, les derniers chiffres publiés en avril par l’ANSM portant sur des données relevées en 2019 sont éloquents. Ils révèlent une augmentation des décès liés à la consommation d’opioïdes, licites ou non. Ainsi, en 2019, quelque 450 personnes sont mortes en France à la suite d’une overdose d’opioïdes et 77 après avoir fait une surdose de cocaïne ».
Libération précise que
 « dans l’Hexagone, l’accoutumance aux opioïdes provoque 5 morts par semaine. Mais ces données sont très largement sous-estimées. En France, les hommes sont très majoritairement concernés par les surdoses, avec un âge moyen situé à 38,7 ans. Généralement, on y meurt en raison d’une surdose liée à un médicament de substitution comme la méthadone plus qu’après un shoot d’héroïne ».
Le quotidien rappelle que 
« depuis 1999 outre-Atlantique, la crise des opioïdes aurait tué près d’un demi-million de personnes. Quelque 130 personnes y meurent chaque jour d’une overdose aux médicaments antalgiques qui créent une forte dépendance ».
Bertrand Leibovici, médecin addictologue spécialisé dans la réduction des risques liés à la toxicomanie, déclare ainsi que 
« le principal problème est devant nous. On ne peut pas exclure qu’il y ait une arrivée massive de Fentanyl en Europe continentale ».
Libération observe qu’« 
en Angleterre, au pays de Galles mais surtout en Ecosse, le nombre de décès causés par la drogue n’a jamais été aussi élevé qu’en 2020, selon un rapport publié début août. Un taux de 76,7 par million d’habitants, soit un bond de 3,8% par rapport à 2019. Des chiffres jamais vus depuis l’instauration de ces relevés en 1993. Une tendance liée à la consommation d’opiacés mais aussi à l’augmentation des morts à cause d’autres substances telles que la cocaïne ».
Bertrand Leibovici note que «
 la Grande-Bretagne donne le “la” pour le reste de l’Europe continentale, en matière de vêtement, de musique, et de drogues ». Le médecin rappelle en outre que les overdoses sont « des urgences médicales qui se déroulent dans un contexte d’insécurité juridique. Le gouvernement devrait s’engager à ne pas poursuivre les gens qui appellent les secours pour rapporter une overdose. Et leur faire passer le message. Car souvent, les personnes se sauvent et laissent la personne seule ».
Le quotidien ajoute que «
 pour le praticien, une autre façon de prévenir les overdoses serait de mettre à disposition de «la famille mais aussi les camarades de «défonce» des kits de naloxone [antidote aux opiacés ndlr]» ».
Bertrand Leibovici précise que
 « la naloxone ne suffit pas. Il faut surveiller l’usager après lui avoir administré la dose. Surtout s’il a fait une overdose de méthadone, qui est un opiacé lourd. Trois ou quatre heures après avoir reçu la naloxone, le consommateur peut en refaire une. La méthadone reste longtemps dans le corps, tandis que la naloxone a une durée d’action très brève ».
Nicolas Authier, psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie, note quant à lui qu’aux Etats-Unis et en Angleterre,
 « les médecins y prescrivent beaucoup plus de médicaments antalgiques opioïdes que nous. La population est donc beaucoup plus exposée. C’est pour ça que la France doit diffuser dès maintenant la naloxone afin d’éviter une crise similaire. En matière d’overdose, prévenir c’est efficace. Guérir, c’est souvent trop tard ».

 

« Le cerveau des rugbymen affecté dès la première saison professionnelle »

Date de publication : 2 septembre 2021

Le Point

Le Point annonce en effet que « selon une étude de l’université du pays de Galles du sud, dont les résultats complets seront publiés dans le prochain numéro du Journal of Experimental Physiology, […] un rugbyman peut voir son cerveau affecté dès sa première saison au niveau professionnel. Un déclin des fonctions cognitives et une baisse de l’afflux sanguin vers le cerveau ont été observés chez plusieurs joueurs au cours des recherches ».
Le magazine explique que
 « les scientifiques ont suivi une équipe professionnelle participant au United Rugby Championship. Ils ont examiné les joueurs avant, au milieu, et à la fin de la saison. Ils ont alors constaté que les fonctions cognitives […] et l’afflux sanguin vers le cerveau avaient baissé pour tous les joueurs. Et pas seulement ceux victimes d’une ou plusieurs commotions cérébrales au cours de la saison. Ce qui veut dire que n’importe quel choc à la tête, même s’il paraît mineur, mais effectué de façon répétée, peut avoir des conséquences ».
« L’étude suppose aussi que ces problèmes affectent davantage les joueurs professionnels parce que le rythme des matchs les empêche de réellement récupérer et de se reposer suffisamment longtemps entre deux chocs. De plus, selon la Fédération britannique de rugby, 20% des commotions cérébrales ont lieu à l’entraînement », 
continue Le Point.
L’article précise que 
« les données varient aussi en fonction du poste occupé. Un avant est plus susceptible d’être plaqué ou de se prendre des coups par rapport à un arrière ».
Le Point note par ailleurs que 
« cette étude survient alors qu’un collectif de joueurs, victimes de déficience mentale et autres troubles mentaux, a lancé une action en justice contre la Fédération internationale de rugby, pour la mauvaise prise en charge des commotions cérébrales sur les différents terrains à travers le monde. Certains souffrent aujourd’hui de pathologies graves, allant de la démence précoce à une maladie neurodégénérative ».

 

« Les Français usés par la crise sanitaire »

Date de publication : 6 septembre 2021

Le Figaro

Soline Roy note dans Le Figaro qu’« un an et demi après son apparition, le SARS-CoV-2 est toujours là et notre forme s’en ressent : 40% des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise, selon un sondage Odoxa pour les laboratoires Leurquin-Mediolanum ».
« Les congés d’été les ont moins reposés que d’habitude : seuls 26% des personnes interrogées se sentent plus reposées qu’avant les vacances, 8 points de moins que lors d’une précédente enquête publiée en 2017 », 
relève la journaliste.
Elle cite l’OMS, qui a observé que 
« la lassitude face à une pandémie est une réponse attendue et naturelle à une crise de santé publique prolongée, notamment parce que la sévérité et l’ampleur de la pandémie de Covid-19 ont demandé la mise en œuvre de mesures invasives ayant des impacts sans précédent sur la vie quotidienne de chacun ».
Soline Roy indique que 
« ce type de crise «sollicite nos capacités d’adaptation», explique le Pr Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris). Le fait qu’elle se prolonge «est un facteur de fragilisation. Certains pouvaient penser qu’on était sortis d’affaire, et ont un sentiment d’essoufflement» ».
La journaliste fait savoir que
 « dans une lettre à paraître dans la revue L’Encéphale, le Pr Nicolas Franck [psychiatre chef du pôle centre rive gauche au centre hospitalier Le Vinatier, Lyon] montre chez des étudiants et salariés suivis pendant les deux premiers confinements en France une détérioration plus nette des marqueurs de santé mentale lors du second, alors que la gravité de l’épidémie et la sévérité des mesures étaient moindres ».
« L’absence de perspective sur la sortie de crise n’aide pas : au printemps 2020, les Français espéraient voir disparaître le virus en quelques semaines ou mois ; la crise s’écoule désormais sans date de fin annoncée… », 
relève Soline Roy.
Florian Ferreri ajoute que «
 l’été n’a pas été tel que les gens l’avaient imaginé ». La journaliste explique : « Météo maussade, voyages et activités annulés, contraintes du passe sanitaire, tensions familiales et amicales autour de la vaccination, actualité estivale moins légère que d’ordinaire… Les batteries n’ont pas pu être rechargées à bloc ».
Elle note que
 « cela «ne créera pas de pathologies de toutes pièces», nuance le Pr Nicolas Franck. Mais les plus vulnérables peineront davantage à affronter «la vie en mode dégradé» que nous connaissons actuellement ».
Le Pr Ferreri évoque ainsi 
« des tensions, une irritabilité, des difficultés de sommeil qui puisent encore plus dans leurs réserves. Ce n’est probablement pas dramatique, mais on part pour l’hiver avec moins de réserve et certains auront le sentiment d’être moins efficaces et plus tendus ».
Soline Roy ajoute que de leur côté, les «
 autorités […] craignent aussi que la fatigue accumulée pousse le public à baisser la garde sur les gestes barrières. En France, l’enquête Coviprev menée par Santé publique France montre une diminution légère, mais régulière, du respect des gestes barrières ; baisse amplifiée peut-être par un sentiment de confiance apportée par la vaccination ».
« Or l’adhésion du public aux mesures de lutte contre l’épidémie est l’un des facteurs qui «sous-tendent l’évolution future de la pandémie», notait en juillet une équipe internationale dans The Lancet Regional Health »,
 remarque la journaliste.
Elle s’interroge : «
 Face à cette fatigue qui s’installe, que faire ? ». Le Pr Ferreri répond que « l’un des enjeux, quand on a l’impression de pas avoir eu la maîtrise (de la météo, de la crise sanitaire…), est de la retrouver sur des choses que l’on décide, des petits succès du quotidien ».
Soline Roy note qu’«
 améliorer son sommeil, retrouver un rythme régulier et une bonne hygiène de vie, faire du sport, «sont des choses simples et efficaces, mais parfois difficiles à mettre en œuvre. Certaines techniques de relaxation peuvent aussi être utiles». Il faut aussi miser sur l’alimentation. […] Certains médicaments peuvent aider au sommeil, «mais il faut en prendre le moins possible», met en garde le psychiatre ».

 

« Santé psychique : reprise à risque pour les télétravailleurs au long cours »

Date de publication : 8 septembre 2021

Le Monde

C’est ce qu’indique Le Monde, qui observe que « replonger dans le collectif d’entreprise constitue une source de souffrance psychique pour certains ».
François Desnoyers livre cet exemple :
 « Le retour au bureau un jour par semaine avait été programmé courant juin dans l’entreprise de Bastien (…). Après 15 mois en télétravail intégral lié au Covid-19, la nouvelle a alors été un véritable choc pour ce cadre dans la publicité. Une angoisse l’a saisi à l’idée de reprendre contact avec un «monde extérieur» qu’il ne fréquentait plus ».
« Le mal a rapidement été diagnostiqué : il était atteint du «syndrome de la cabane», cette difficulté à réintégrer l’environnement social dont on s’est, un temps, soustrait. Ce n’est qu’à petits pas et au prix d’efforts douloureux qu’il a finalement réussi à sortir de son isolement », 
explique le journaliste.
Il souligne que «
 bien d’autres salariés vivent aujourd’hui une trajectoire similaire. Alors que la plupart des entreprises s’engagent dans une phase de reprise et de retour partiel au bureau, des phénomènes d’anxiété se font jour au sein des effectifs. Si elles sont minoritaires, ces pathologies sont parfaitement identifiées par les professionnels de santé ».
Une médecin du travail d’Ile-de-France remarque ainsi que « le retour sur site pose question, le sujet est fréquemment abordé lors de mes visites médicales ».

Olivier Coldefy, psychologue expert, observe pour sa part que 
« ce retour peut être vécu comme une régression. Les périodes de confinement ont été subies, mais elles ont pu apporter des bénéfices secondaires : plus de transport, plus de promiscuité, une redécouverte de la vie familiale… ».
La médecin francilienne ajoute que 
« les gains sur le temps de sommeil ont également pu être considérables. […] Certains [salariés] sont par ailleurs très angoissés face au risque épidémique ».
Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint CFDT Cadres, remarque que 
« beaucoup n’avaient jusqu’à la crise pas goûté à l’autonomie offerte par le télétravail. Or ils ont constaté, à l’occasion des confinements, qu’ils étaient capables de travailler seuls ».
Le Monde relève que «
 le choc provoqué par le retour au bureau peut donc inciter certains d’entre eux à chercher à obtenir un maintien en télétravail intégral ». La médecin du travail confirme : « Nous recevons ce genre de demande ».
Le journal évoque «
 des problématiques que nombre de sociétés essaient de maîtriser, selon M. Coldefy. Il en veut pour preuve le fort accroissement des demandes d’ateliers sur les risques psychosociaux qui lui parviennent ».
Le psychologue précise :
 « Je vais en organiser autant en septembre et octobre prochains que sur l’ensemble de l’année 2019 ».
Le quotidien note qu’« 
à l’heure de la reprise, l’une des priorités de ces entreprises est de parvenir à détecter les salariés qui peinent à réintégrer l’organisation en présentiel », et cite notamment le cas d’Orange, « où un retour a été impulsé à compter du mois de juin après une phase de recours important au télétravail. […] Une étude sur l’état de stress des équipes françaises devrait être menée en fin d’année. Les managers devront par ailleurs favoriser la réintégration dans les murs de l’entreprise ».
« En parallèle, des sociétés tentent de mettre en place de nouvelles organisations sur le long cours. Elles doivent permettre notamment d’apaiser les tensions et de faire un pas en direction des salariés qui redoutent le retour en présentiel », 
continue Le Monde.

 

« L’établissement de santé mentale de Bailleul, symbole de la déliquescence de la psychiatrie en France »

Date de publication : 13 septembre 2021

Le Monde

Laurie Moniez remarque dans Le Monde que « l’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 km de là ».
Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance, déclare que « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France ».
Laurie Moniez observe que « dans le Nord, comme partout en France, […] la pénurie de psychiatres est devenue telle que des établissements de santé sont contraints de fermer des lits ou de fusionner pour assurer un minimum de garanties de soins aux patients ».
Le Dr Christian Müller, président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) des Centres hospitaliers spécialisés (CHS) en psychiatrie, souligne que « même à Paris, à Sainte-Anne, ils ont du mal à recruter. La situation est particulièrement préoccupante et ce qu’il se passe à Bailleul est emblématique de la psychiatrie nationale ».
La journaliste continue : « Problème de démographie médicale, le nombre annuel de psychiatres formés a été divisé par 5 au milieu des années 1980. La crise est sans précédent, avec près de 30% des postes de praticiens vacants en France. […] Parallèlement, la psychiatrie ne séduit plus les étudiants en médecine. Comme à Bailleul, de nombreux postes d’internes ne sont pas pourvus en France ».
Le Dr Eric Salomé, président de la CME de l’EPSM des Flandres, remarque que « c’est une des spécialités les moins choisies. Il y a un problème d’attractivité et pourtant, on essaie de changer la représentation du métier auprès des jeunes ».
Le pédopsychiatre poursuit : « Chez nous, la baisse du nombre d’internes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Quand on est moins nombreux dans un service, il y a un effet boule de neige, avec un nombre de gardes qui augmente et une charge de travail qui s’accroît ».
« La concurrence est désormais sur les conditions de travail et sur les finances. Moi, je reste à l’EPSM des Flandres car je travaille avec des équipes qui me donnent envie, que mon travail est plus intéressant ici qu’ailleurs et que les projets sont passionnants »,
 continue le Dr Salomé.
Laurie Moniez note cependant que « d’autres ont préféré partir. En février, la direction de l’EPSM des Flandres a été contrainte de fermer une ligne de garde. […] En quelques mois, la direction a dû faire face à l’annonce du départ de 3 de ses 6 praticiens hospitaliers ».
La journaliste note que « dès son arrivée, en 2017, Valérie Bénéat-Marlier [directrice générale des EPSM Lille-Métropole et des Flandres] a pris d’importantes décisions pour faire face au déficit de près d’un million d’euros ».
La directrice indique que « désormais, on a les moyens de recruter correctement. On a une situation budgétaire saine, des projets innovants, mais sauf à vouloir tuer le service public psychiatrique, il faut corriger les écarts de rémunération entre public et privé ».
Laurie Moniez ajoute que « la directrice, comme les syndicats, réclame aussi une répartition plus juste des internes, car depuis la réforme du troisième cycle de 2017, la majorité d’entre eux sont affectés au CHU de Lille. L’Agence régionale de santé des Hauts-de-France, à Lille, reconnaît que «la baisse du nombre d’internes dans cet établissement peut s’expliquer par une modification des maquettes d’internat intervenue en 2017, avec pour conséquence d’augmenter le nombre de stages au profit des CHU» ».
« En attendant, c’est devant les locaux lillois de l’ARS que syndicats […] et élus locaux manifesteront le 16 septembre pour dire «non au démantèlement de l’EPSM de Bailleul et à la relocalisation de 70 lits de psychiatrie adulte sur le site de l’EPSM d’Armentières» »,
 continue la journaliste.
 

« Le télétravail présente-t-il un risque pour notre santé ? »

Date de publication : 20 septembre 2021

Le Figaro

Le Pr Christian Géraut, médecin spécialiste de la santé au travail, membre de l’Académie nationale de médecine, traite de cette question dans Le Figaro.
Après un véritable boom du télétravail, 
« actuellement, il semble y avoir des désirs de retour en présentiel, tant de la part des salariés, qui souhaitent se retrouver en compagnie de leurs collègues, que des employeurs, qui veulent disposer de leurs salariés sur place. Les directives gouvernementales deviennent plus souples », observe le spécialiste.
« 
La toute récente loi du 2 août 2021, dite pour « renforcer la prévention en santé au travail » cite, dans son article L. 4 622-2 du code du travail modifié, l’impact du télétravail sur la santé comme un sujet de surveillance particulière par les médecins du travail. Ils doivent évaluer la qualité de vie et des conditions de travail quelles qu’elles soient, y compris le travail à domicile, et les conséquences sur la santé des changements organisationnels. C’est une extension des tâches des médecins du travail », indique-t-il.
Concernant « 
les aspects positifs [du télétravail] qui influent favorablement sur le bien-être des salariés », le médecin cite :

  • « Sur leur santé : le télétravail permet d’éviter la contamination par le Covid ou d’autres infections, de s’épargner de longs et fatigants trajets, (…) de ne pas subir dans les grandes villes des encombrements sources de stress, ou des transports en commun surchargés et parfois désagréables ».

  • « Sur leur confort de vie : le télétravail offre à certains salariés la possibilité de déménager de grands centres urbains pour des habitats plus grands et plus aérés ». 

Le professeur fait état de « certains points négatifs pour la santé pourraient cependant être pris en compte et corrigés » :
– « Sur l’ergonomie du poste de travail » : le médecin évoque « [un] ordinateur (…) souvent de moindre performance » ; « un siège de bureau de bonne qualité ». « Faute de place adaptée, l’ordinateur est souvent mal situé dans un emplacement réduit, mal étudié, parfois devant une vitre exposée au soleil avec une luminance de 25.000 candélas par m2 alors que l’écran a une luminance de 25 candélas par m2. L’oeil s’adaptant automatiquement à la source lumineuse la plus intense va fatiguer sur l’écran de l’ordinateur dont la luminance est faible », poursuit-il. « L’absence de médecine du travail à domicile ne permet pas de corriger ces erreurs ergonomiques à l’origine de troubles ophtalmologiques (fatigue visuelle, vision trouble, ­diplopie, hémorragies conjonctivales, céphalées surtout occipitales, etc.) et de troubles ostéo­ articulaires, notamment des cervicalgies du fait d’une tension accrue sur les muscles du cou », note-t-il.
– « 
Sur l’hygiène de vie », le médecin indique  « des perturbations dans les horaires de sommeil, lorsque le travail se fait aux dépens du sommeil, le salarié voulant profiter de la « zone de tranquillité » le soir après le dîner et le coucher des enfants », et note que « la sédentarité accrue (notamment parce que le salarié ne se déplace plus à pied pour aller au travail, pour monter des escaliers, etc.) ajoute ses effets négatifs sur la santé physique et mentale ». 
– « 
Sur la vie sociale : certains salariés ressentent une sensation d’isolement à domicile (26% des salariés) », rapporte-t-il
– « 
Sur l’articulation avec la vie ­privée : avec le télétravail, apparaît une double tâche source de fatigue et parfois d’épuisement, avec une probable inégalité homme-femme, cette dernière s’occupant davantage des enfants tout en travaillant (elles sont 1,5 fois plus dérangées par les enfants qu’en période de travail normal d’après une enquête Ipsos) », assure-t-il.
« 
L’utilisation de casques anti-bruit n’est pas encore répandue ni financée », note le médecin.
« 
Certains se plaignent par ailleurs de ne plus avoir de véritable tranquillité et de capacité de récupération au domicile, le télétravail intervenant [parfois] à toute heure (…) L’habitude de solliciter les personnes à toute heure peut aussi entraîner le non-respect des jours habituels de repos », observe Christian Géraut.
« 
L’enquête Ipsos a montré qu’il y avait chez les salariés en télétravail 48% de stress en plus, et 34% de femmes en télétravail se plaignant de burn-out. Il existe aussi chez certains la crainte d’avoir un profil de carrière plus difficile, en particulier pour les femmes », souligne-t-il.

 

Alzheimer – « Entourez-le d’amour et protégez-vous »

Date de publication : 21 septembre 2021

Le Parisien

« À l’occasion de la journée mondiale [de la maladie d’Alzheimer], Élie Semoun adresse un message à tous ceux qui s’occupent d’un proche atteint par cette maladie. Elle touche 900.000 personnes en France », indique Elsa Mari dans Le Parisien.
« 
Dans son documentaire, « Mon vieux », l’humoriste Élie Semoun faisait vivre, à l’écran, le quotidien de son père Paul, atteint de la maladie d’Alzheimer », rappelle la journaliste. « Un an après, l’humoriste, parrain de la Fondation pour la recherche médicale, revient sur son deuil douloureux », ajoute-t-elle. L’humoriste évoque tout d’abord l’« élan de solidarité » qui a suivi son documentaire.
« 
Votre père a été diagnostiqué à 84 ans. Que saviez-vous alors de cette maladie ? », demande la journaliste. « Rien du tout, que des choses drôles ! Muriel Robin, qui est une très bonne amie, me parlait de sa maman qui racontait n’importe quoi et délirait. Il y a une forme de folie douce au début de la maladie », répond-t-il.
« 
Comment avez-vous géré ce rôle d’aidant ? », interroge Elsa Mari. « On s’abîme psychologiquement, on devient fou. Je craquais et je le ramenais à Lyon chez ma soeur. Puis on lui a trouvé une résidence pour personnes âgées, alors là, ça a été horrible, il a fallu le mettre dans un appartement de 40 m² et le laisser alors qu’il ne comprenait pas ce qu’il faisait là », raconte Élie Semoun.
« 
Il a commencé à embêter tout le monde, à réveiller sa voisine à 3 heures du matin, la directrice nous a dit qu’il serait temps de le confier à un Ehpad », poursuit-il. « L’autre étape a été de le convaincre d’y aller, de lui faire croire que ça allait être sympa, de tout positiver alors qu’au fond, c’était à pleurer. Mais on ne peut pas faire autrement. À un moment, il faut passer au-delà de sa culpabilité », se souvient-il.
« 
Tout est dégueulasse dans cette maladie. Avec ma soeur, on se disait parfois, « vivement qu’on en finisse », car notre père était un poids. Évidemment, c’était la tristesse, la colère qui nous faisaient penser cela. Personne ne veut voir son père, le Superman de son enfance, perdre ses facultés », témoigne-t-il. Quand « votre père comprend qu’il perd la mémoire », « c’est le pire dans la liste des horreurs. Il avait des accès de lucidité et ses yeux se noyaient de larmes car il devait s’apercevoir de son état », indique-t-il.
« 
Vous avez dit : « Le confinement a tué mon père ». Pourquoi ? », demande la journaliste. « L’isolement a accéléré sa chute. On n’a pas pu le voir durant deux mois et il pensait qu’on l’avait abandonné. On l’appelait tout le temps sur FaceTime, mais ça ne changeait rien, c’était virtuel », affirme l’humoriste. « Plein de personnes âgées sont mortes faute d’avoir reçu de l’affection », persiste-t-il.
« 
Je conseille à ceux qui sont dans cette situation de tout extérioriser, de lâcher prise et de dire à la personne qu’on l’aime avant qu’elle meure. Armez-vous de patience, ne lui en voulez pas s’il vous fait répéter dix fois, entourez-le d’amour, c’est très important, et pensez à vous protéger », recommande l’humoriste en conclusion.

 

« Psychiatrie : des Assises très attendues pour une discipline en crise »

Date de publication : 27 septembre 2021

Le Monde La Croix

C’est ce que titre Le Monde, qui note que « présentées par le ministère de la Santé comme un «moment historique du débat national», les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie amèneront-elles des réponses concrètes aux maux psychiques des Français et à la détresse de ceux qui les soignent ? ».
Le journal indique qu’«
 annoncées par Emmanuel Macron le 14 janvier 2021, d’abord prévues en juillet, elles se tiennent finalement ces 27 et 28 septembre et seront clôturées par le président de la République, une confirmation pour certains de l’attention portée au sujet par l’Elysée. Le contexte est d’autant plus périlleux que la pandémie, avec ses effets délétères sur la santé mentale de la population, a aggravé un état des lieux déjà critique ».
Le Monde relève ainsi qu’
« alors que les troubles psychiques (dépression, schizophrénie, troubles anxieux, addictions…) concernent des millions de Français, et représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’Assurance-maladie par pathologie, les rapports et tribunes s’accumulent depuis des années pour dénoncer une situation intenable, sur fond toutefois de fortes disparités sur le territoire ».
Le journal souligne notamment que «
 la capacité d’accueil en psy dans les hôpitaux publics a chuté de 13% entre 2013 et 2019, au profit du secteur privé. Les délais pour un premier rendez-vous dans les centres médico-psychologiques, premier maillon de prise en charge dans le secteur public, peuvent dépasser un an, notamment en pédopsychiatrie, particulièrement sinistrée. Ces derniers mois, certains jeunes ne trouvent pas de lit lorsqu’ils arrivent en urgence pour troubles anxieux et un fort risque suicidaire, alors que ces situations ont augmenté avec la pandémie ».
Le Monde poursuit :
 « Les deux jours d’Assises et les annonces attendues d’Emmanuel Macron pourront-ils éclaircir l’horizon ? Pour le professeur de psychiatrie et d’addictologie Michel Lejoyeux, qui préside la Commission nationale de la psychiatrie, lancée en janvier pour la préparation de ces journées, «ces Assises sont importantes mais ne régleront évidemment pas à elles seules la crise majeure de notre discipline». Le spécialiste espère toutefois «l’annonce de mesures structurantes et une reconnaissance, avec l’inscription de la psychiatrie et de la santé mentale comme “priorité nationale”» ».
Le quotidien précise : 
« Parmi les urgences, le Pr Lejoyeux pointe la démographie en berne des professionnels et en particulier des psychiatres, et les tensions pour l’accès aux soins de santé mentale ».
Le spécialiste indique que 
« face aux besoins considérables, la priorité n’est pas de mettre toute l’organisation par terre mais de renforcer l’existant. Pour sortir des prophéties auto-réalisatrices, on doit trouver une attractivité pour les jeunes ».
Le Monde note en effet que 
« le manque d’appétence pour la psychiatrie s’est encore confirmé cette année. Au terme des épreuves classantes nationales, où les médecins en formation choisissent leur spécialité, 71 postes de psychiatrie (soit 13% des postes proposés) n’ont pas trouvé preneurs », ajoutant que « nombre de professionnels, de familles, de patients, restent dubitatifs sur l’issue de ces Assises ».
Le Dr Nicolas Rainteau, psychiatre, responsable du centre de rétablissement et de réhabilitation (C2R) Jean-Minvielle, à Montpellier, a ainsi observé :
 « Les intervenants et les thématiques sont déjà bien connus. Ce sont les mêmes qu’aux différents congrès. Peur de ne rien voir de concret. […] L’état des lieux, tout le monde le connaît. Le délégué ministériel qui a été nommé en 2019 l’a fait, sans compter les nombreux rapports ces dernières années ».
« Parler des outils de soins ou d’accompagnement c’est bien, mais pourquoi n’y a-t-il jamais de discussion sur au service de quoi on met ces outils ? Je crains qu’une fois de plus, on se contente de survoler les sujets, sans résoudre les questions concrètes telles qu’elles se posent à nous, en bout de chaîne : comment on accompagne le retour à l’emploi des patients, pourquoi des projets innovants ne trouvent pas d’appui au niveau des mairies, régions, agences régionales de santé… ? […] Des moyens il y en a, mais c’est tout un système à repenser », 
poursuit le médecin.
Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, remarque pour sa part :
 « Nous sommes étonnés que seul le point de vue de l’hôpital soit présenté, alors que l’une des problématiques concerne la santé des étudiants qui souffrent du contexte sanitaire et qui nécessitent des approches décloisonnées ».
Le Monde ajoute que «
 beaucoup d’acteurs, notamment associatifs, regrettent une orientation surtout sanitaire et l’absence des débats des acteurs de l’accompagnement social et médico-social ».
De son côté, La Croix se penche sur 
« ces enfants qui pâtissent de la pénurie de pédopsychiatres ». Le journal note qu’« alors que se tiennent les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ces 27 et 28 septembre, les pédopsychiatres alertent sur leurs difficultés à répondre aux besoins grandissants des mineurs. Des familles, en particulier les plus modestes, se retrouvent sans solution pour leur enfant ».
Le quotidien relève que «
 le problème est connu depuis des années : la France manque de pédopsychiatres, tant dans le secteur public que dans le privé. […] Une pénurie d’autant plus sensible que la crise sanitaire a entraîné une augmentation des troubles anxieux et des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans. […] Clés de voûte de la psychiatrie ambulatoire des mineurs, les centres médico-psychologiques (CMP) et médico-psycho-pédagogiques sont désormais contraints de faire du «tri» ».
La Croix note qu’«
 affichée comme une priorité par le gouvernement, la santé mentale des enfants sera l’un des thèmes majeurs des Assises de la psychiatrie qui s’ouvrent ce 27 septembre ».

 

« J’ai joué de l’alto pendant mon opération du cerveau »

Date de publication : 29 septembre 2021

Le Parisien

Le Parisien indique que « la chirurgie éveillée a permis à Adrien Tournier, 42 ans, de se faire ôter une tumeur tout en s’assurant que l’ablation ne le priverait pas de son métier d’altiste. Le musicien et son neurochirurgien racontent ».
Le journal note ainsi que le musicien 
« se souviendra toute sa vie du récital très particulier qu’il a donné la semaine dernière au CHU de Caen… pendant l’opération à cerveau ouvert au cours de laquelle une tumeur lui a été retirée le 21 septembre dernier ».
« Sur la vidéo disponible sur notre site Internet, on voit ce musicien professionnel jouer un chant de marins, « Le Forban », au violon alto, au cœur du bloc opératoire. Son neurochirurgien David Berro, 36 ans, et son équipe s’animent derrière la protection translucide qui sépare l’instrument et le malade de sa boîte crânienne béante, encadrée d’un champ opératoire stérile. Un peu plus loin dans la séquence, on observe le médecin appuyer à l’aide d’un outil muni de deux broches métalliques, directement sur le cerveau, et vérifier l’absence d’effet sur son patient », 
explique le quotidien.
David Berro précise qu’«
 une tumeur cérébrale se trouvait à un carrefour, dans une zone fonctionnelle responsable du langage, de la motricité et de la vue. On sollicite le patient pendant la chirurgie pour voir si les zones cérébrales qu’on veut enlever sont très utiles ou responsables d’une fonction particulière. On vérifie à l’aide d’une stimulation électrique. Si cela interfère avec une fonction, on n’enlève pas, sinon on le fait. De cette manière, on réalise une cartographie du cerveau ».
Adrien Tournier remarque pour sa part : 
« Je ne connaissais pas cette technique. Avant, oui, j’ai eu de l’appréhension et je me suis préparé psychologiquement, notamment avec une neuropsychologue. J’ai eu le trac, bien sûr, mais deux jours avant, j’étais prêt. Pendant l’opération, je n’ai pas eu peur. Le moment le plus impressionnant était celui de l’ouverture du crâne. Ça fait un peu comme une perceuse ».
Le Parisien rappelle que «
 la technique est utilisée depuis plusieurs décennies, le plus souvent pour des applications plus courantes comme le langage ou la vue ».
David Berro explique que
 « cela a un sens médical. On peut aussi passer par l’imagerie pour visualiser l’activité cérébrale, mais on ne peut pas passer un violon à l’IRM et cette méthode de la chirurgie éveillée est la plus fiable. Il reste assez rare de tester autre chose que la motricité et le langage, pour des contraintes techniques ».
« Le violon est sa profession, il était particulièrement important de préserver sa pratique. Cette zone du cerveau est importante pour la main droite et peut coordonner la musicalité. La stimulation était destinée à voir si on allait bloquer l’usage du violon et ça n’a pas été le cas »,
 poursuit le neurochirurgien.
Il ajoute que 
« l’opération a duré 4 heures et nous lui avons demandé de jouer 5 à 10 minutes. Grâce à ces tests, on a pu enlever tout ce qu’on voulait. Cette tumeur ne semblait pas trop méchante. Le patient est sorti sans problème. Il était très motivé, ce qui est indispensable pour ce genre d’opération. D’après les tests réalisés après la chirurgie, ses capacités n’ont pas été altérées et il pourra reprendre son activité professionnelle au terme de sa convalescence de 3 mois ».

 

« Le repérage des dépressions post-partum renforcé par le gouvernement »

Date de publication : 29 septembre 2021

Libération La Croix

Marlène Thomas relève dans Libération que « longtemps incomprise, minimisée, occultée, la dépression post-partum commence enfin à se faire une place dans les politiques publiques françaises. A l’occasion des Assises de la santé mentale à Paris, le secrétaire d’Etat à l’Enfance, Adrien Taquet, a rappelé une mesure, déjà annoncée l’an dernier dans le sillage du plan des «1000 premiers jours» : un «entretien systématique autour de la cinquième semaine après l’accouchement» sera instauré début 2022 pour repérer les dépressions post-partum ».
La journaliste rappelle en effet que «
 cette souffrance ne touche pas qu’une poignée de parents : un récent sondage OpinionWay pour Qare relève que 30% des mères sondées disent avoir connu un épisode dépressif après la naissance de leur enfant, ainsi que 18% des pères ».
Elle évoque une 
« nouveauté de 2021, «pour les femmes à risque, [le premier entretien à la cinquième semaine, ndlr] sera suivi d’un second entretien autour de la douzième semaine». […] Les facteurs de risque restent pour l’heure à déterminer. Antécédents de dépression, conditions socioéconomiques, mariage et entourage de la mère sont généralement scrutés par les spécialistes ».
Marlène Thomas note que Fanny Jacq, directrice santé mentale au service de téléconsultation Qare et psychiatre spécialisée en périnatalité, 
« salue une «bonne mesure» mais insiste sur la nécessité de prévoir pour toutes les femmes ces deux entretiens ».
La psychiatre souligne que 
« le pic de dépression post-partum est à peu près 3 mois après l’accouchement, s’il n’y a pas de consultation à ce moment-là, le rendez-vous précédent est un peu un coup d’épée dans l’eau ».
Marlène Thomas observe que
 « pour les experts, la période de dépression s’échelonne de 6 semaines après l’accouchement aux 3 ans révolus de l’enfant », et relève que « seules 5% des mères disent dans le sondage avoir été diagnostiquées par un spécialiste et 78% des parents n’avaient jamais entendu parler de la dépression post-partum lors des rendez-vous médicaux. Une absence de diagnostic liée également à une méconnaissance de cette pathologie et à un manque criant de formation du côté des professionnels de santé ».
La Croix remarque également que
 « le gouvernement s’attaque aux dépressions post-partum. Un «entretien systématique autour de la 5e semaine après l’accouchement» sera instauré début 2022 pour repérer ce mal encore méconnu, qui toucheraient entre 15 et 30% des mères, a déclaré […] le secrétaire d’État à l’enfance Adrien Taquet ».
Ce dernier a ajouté que 
« pour les femmes à risque, il sera suivi d’un second entretien autour de la 12e semaine ». Le journal note qu’« il sera effectué par des professionnels de santé : médecins traitants ou sages-femmes, qui auront été sensibilisés au repérage des dépressions post-partum, précise-t-on au secrétariat d’État. Si des signes de dépression sont détectés, le parent pourra être orienté vers un psychiatre ou psychologue ».

 

« Consultations psy remboursées et « effort massif »… Macron au chevet de la santé mentale »

Date de publication : 29 septembre 2021

Libération Le Figaro

Nathalie Raulin relève dans Libération que « c’est avec la ferme intention de remobiliser une discipline longtemps négligée par les pouvoirs publics qu’Emmanuel Macron a clôturé les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ce mardi ».
Le président de la République a ainsi déclaré : 
« Vos professions méritent la considération. Cela doit conduire à ce que le sujet prenne une place différente dans la société et le débat public ».
La journaliste observe que 
« cette réhabilitation en grande pompe doit beaucoup à la pandémie. La réduction des interactions sociales, la baisse d’activité physique tout comme la peur de la maladie ont affecté massivement la santé mentale de la population. Tabous, ces maux restent souvent sans soin. Seul un malade sur trois est aujourd’hui suivi par un professionnel de santé, à en croire un sondage CSA pour l’Unafam (Union nationale de familles ou amis de personnes malades ou handicapés) et la fondation Pierre-Deniker. De quoi augurer d’une situation explosive, l’anxiété pouvant dégénérer en dépression faute d’être soignée à temps ».
Nathalie Raulin explique que
 « pour élargir rapidement l’offre de soin et faciliter les prises en charge précoces, Macron fait assaut de pragmatisme. L’hôpital étant débordé, il en appelle au secteur privé. Après le «chèque psy» mis en place pour soutenir les étudiants affectés par la crise, puis du «forfait 100% psy enfant» instauré mi-avril en faveur des 3-17 ans, le Président annonce la création d’un forfait psy de plusieurs consultations, renouvelable si besoin ».
« Des consultations qui, sur prescription médicale, seront remboursées par l’Assurance maladie à hauteur de 40 euros pour la première et 30 euros pour les suivantes. Un tarif indécent aux yeux du syndicat national des psychologues, qui appelait mardi ses troupes à protester préventivement », 
relève la journaliste.
Nathalie Raulin ajoute que le chef de l’Etat 
« déclare vouloir «faire un effort massif pour l’hôpital». Au programme : rénovation des locaux, revalorisation des salaires et renforcement des équipes de soignants. Et le Président d’annoncer la création dès 2022 de 800 postes dans les centres médicaux psychologiques, structure de premier recours pour la santé mentale auprès de la population. Objectif : réduire le délai d’obtention d’un premier rendez-vous. Lequel peut aujourd’hui atteindre 18 mois dans les territoires les plus en tension ».
Pauline Fréour note également dans Le Figaro que «
 les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui se tenaient lundi et mardi ont été l’occasion d’un bilan inédit sur un secteur en plein marasme. Très attendues, les mesures annoncées […] par Emmanuel Macron ont cherché à rassurer et valoriser des professionnels à bout de souffle, minés par le manque d’attractivité du secteur, une demande croissante de soins et la détresse des patients et de leurs proches devant la difficulté, parfois, à se faire soigner ».
La journaliste explique notamment que 
« cela se traduit, au niveau humain, par plusieurs efforts, le plus symbolique étant la création de 800 postes dans des centres médico-psychologiques, structures locales accessibles gratuitement à tous, où les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent atteindre à certains endroits dix-huit mois. Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d’une quarantaine d’équipes mobiles pour aller à la rencontre des populations isolées et une augmentation du nombre d’«infirmiers en pratique avancée» (plus autonomes, spécialisés, capables de renouveler des ordonnances par exemple) supérieure à ce que prévoyait le « Ségur de la santé » ».
Pauline Fréour évoque «
 la généralisation à tout le territoire des consultations de psychologue remboursées par la Sécurité sociale sur prescription médicale, à hauteur de 40 euros la première et 30 euros les suivantes. Un tarif jugé insuffisant par les syndicats de la profession, mais qu’Emmanuel Macron a pour sa part défendu comme étant «un encadrement juste et équilibré et une tarification réaliste comparée à d’autres spécialités» ».
La journaliste note en outre qu’« 
un fonds spécial de 80 millions d’euros devrait être réservé au financement de la recherche en psychiatrie orienté vers l’intelligence artificielle, les neurosciences et les dispositifs médicaux, dans le cadre du 4e programme d’investissement d’avenir ».
« Professionnels et associations se disent satisfaits de l’analyse du problème présentée par le président, mais attendent encore de voir les retombées réelles de ses ambitions, en cette année préélectorale »,
 conclut Pauline Fréour.

 

 

Revue de presse santé psy – juillet 2021

« Une thérapie pour adultes hyperactifs »

Date de publication : 12 juillet 2021

Le Figaro

Stéphany Gardier note en effet dans Le Figaro que « des séances de « neurofeedback » améliorent les capacités attentionnelles des patients sans aucun médicament ».
La journaliste rappelle que la technique
 « consiste à enregistrer l’activité cérébrale d’un sujet avec des électrodes afin de pouvoir lui montrer et lui donner les moyens de mieux la contrôler. […] Grâce aux évolutions technologiques, elle a gagné en efficacité et pourrait bien aujourd’hui changer la donne pour certains patients, dont les adultes souffrant de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA-H) ».
Stéphany Gardier explique qu’«
 une équipe de chercheurs et de médecins de l’université de Genève et des Hôpitaux universitaire de Genève ont évalué le neurofeedback chez un petit groupe de patients adultes avec TDA-H. Leurs travaux publiés dans la revue Clinical Neurophysiology montrent que les capacités attentionnelles seraient améliorées dès la première séance ».
La journaliste indique ainsi que 
« 25 adultes souffrant de TDA-H ont participé à l’étude suisse. Chaque séance de neurofeedback de 30 minutes était précédée et suivie par un test d’attention ».
Marie-Pierre Deiber, chercheuse au département de psychiatrie de la faculté de médecine de l’Unige, précise :
 « Il s’agit de tests avec des lettres qui défilent et dans lesquels le sujet doit soit indiquer l’apparition de certaines lettres, soit volontairement ne pas réagir à l’apparition d’une lettre précise. Les personnes avec TDA-H se trompent plus que les personnes sans trouble attentionnel sur les deux modalités en général ».
Stéphany Gardier ajoute que 
« pour réaliser le neurofeedback, les patients portaient un casque comportant 64 électrodes superficielles enregistrant leur activité cérébrale. Parmi toutes les ondes enregistrées sur l’électroencéphalo­gramme, les chercheurs se sont principalement intéressés aux ondes dites alpha ».
Tomas Ros, chercheur au département de neurosciences fondamentales de la faculté de médecine de l’Unige, indique que
 « les études réalisées jusqu’ici utilisaient deux autres ondes, thêta et bêta. Mais les résultats obtenus n’étaient pas toujours concordants. L’onde alpha est représentative de l’attention visuelle, et nous considérons que c’est plus pertinent ».
La journaliste explique que 
« le casque d’EEG est relié à un ordinateur qui transforme la valeur de l’onde alpha en un signal visuel explicite pour le sujet, ici une fusée dont la vitesse de progression est directement dépendante de l’attention déployée ».
Le Dr Hervé Caci, pédopsychiatre au CHU Lenval de Nice, note ainsi que 
« c’est un des intérêts de cette méthode, elle permet au patient de voir, concrètement, quand son attention se détourne, de prendre conscience de ce vagabondage attentionnel et, a contrario, de ressentir le fait d’être concentré ».
Tomas Ros poursuit : 
« Nos données montrent, après 30 minutes de neurofeedback, une amélioration significative des scores aux tests d’attention. Les bénéfices sur les capacités attentionnelles sont aussi confirmés par l’augmentation d’une autre onde cérébrale, dite “P3”. Cela confirme une neuromodulation à court terme. Nous espérons montrer, en répétant les séances, qu’il y a une plasticité des synapses à long terme, une sorte de reconfiguration de certains circuits neuronaux impliqués dans l’attention ».
« De quoi redonner espoir aux patients à la recherche d’une thérapie non médicamenteuse. Les options thérapeutiques pour les adultes atteints de TDA-H sont en effet restreintes. La ritaline (méthylphénidate) n’est pas toujours bien tolérée, et étoffer l’arsenal thérapeutique avec des interventions non médicamenteuses serait un plus pour ces patients, dont beaucoup sont encore diagnostiqués tardivement », 
rappelle Stéphany Gardier.

 

« L’impact psychologique de la météo »

Date de publication : 16 juillet 2021

Le Figaro

Stéphany Gardier s’interroge dans Le Figaro : « La météo maussade qui a marqué le printemps et ce début d’été peut-elle aller jusqu’à déclencher des dépressions saisonnières ? ».
La Dr Hélène Richard-Lepouriel, responsable de l’unité des troubles de l’humeur des hôpitaux universitaires de Genève, remarque ainsi qu’«
 il y a un impact réel des conditions sur l’humeur, certains patients rapportent des symptômes, mais nous n’avons pas noté de rechutes dépressives au sens clinique du terme ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, note pour sa part qu’
« il est normal d’être triste, déçu ou morose face à une météo qui nous empêche de faire ce que l’on avait prévu, mais ce n’est pas pathologique. Tant que vous râlez contre la météo c’est plutôt bon signe ! Et le meilleur moyen de se sentir mieux est de bouger, de cultiver des moments de convivialité, de trouver comment vivre des petites expériences au quotidien même sans soleil ! ».
Stéphany Gardier souligne que «
 certains signes doivent alerter ». Le Pr Lejoyeux indique que « si on note une perte d’envie, que l’on se sent fatigué, physiquement ou psychiquement et que l’on se fait beaucoup de reproches, il peut être nécessaire de demande un avis médical ».
La journaliste ajoute que «
 si notre humeur pâtit d’une météo pourrie ce n’est pas tant à cause de la pluie mais bel et bien faute d’ensoleillement suffisant ».
La Dr Richard-Lepouriel explique qu’«
 il y a un continuum de vulnérabilité à la luminosité : certains ne sont pas gênés du tout, d’autres vont se sentir moins gais et, tout au bout du spectre, il y a les patients qui souffrent d’un trouble affectif saisonnier ».
Stéphany Gardier remarque en outre que 
« souvent banalisée, la dépression saisonnière n’a rien d’anodin ». Le Pr Florian Ferreri, psychiatre spécialiste de l’anxiété et de la dépression à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), précise : « Il s’agit d’un réel épisode dépressif qui peut avoir des répercussions importantes sur la vie des patients qui sont plongés dans un état de fatigue intense et pour qui tout devient laborieux. Il n’est pas impossible que ceux qui souffrent de ce type de dépression ressentent cette année des symptômes plus précocement, faute d’avoir pu “recharger” les batteries, il faudra donc être vigilant ».

 

« Covid-19 : un fort impact psychologique chez les soignants en réanimation »

Date de publication : 23 juillet 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir note que « cela fait déjà une année et demie que les soignants se battent courageusement pour sauver les vies des patients atteints de Covid-19. Une lutte épuisante qui a eu un impact significatif sur leur bien-être psychologique, notamment pour ceux travaillant dans les services de réanimation, pour qui chaque nouveau patient représente une nouvelle bataille entre la vie et la mort ».
Le magazine indique ainsi que
 « selon une étude publiée […] dans le British Journal of Nursing, la moitié d’entre eux auraient développé diverses conditions psychologiques liées à ce stress, dont de l’insomnie, de la dépression et un syndrome de stress post-traumatique ».
Il précise que «
 l’étude a recruté 515 soignants travaillant dans les services de réanimation ou des soins intensifs, y compris les infirmiers et les physiothérapeutes, en mai 2020 dans sept pays : le Royaume-Uni, la France, l’Italie, la Belgique, Taïwan, la Chine et l’Égypte, dont plus de la moitié (309) travaillaient en France. De ces 515 participants, seulement 11 d’entre eux avaient un historique de maladie mentale ».
« Les participants devaient remplir des questionnaires sur le bien-être et l’anxiété, et leurs réponses ont été utilisées pour identifier différents troubles psychologiques. La grande majorité d’entre eux (78%) présentaient des signes d’insomnie, un sur trois (37%) des signes de dépression, et 28% un syndrome de stress post-traumatique »,
 continue Sciences et Avenir.
Matthieu Komorowski, chercheur à l’Imperial College London et co-auteur, indique que 
« le grand nombre de patients hospitalisés pendant le pic de la pandémie a mis une pression considérable sur les réanimations et leurs employés. Des facteurs comme l’isolation individuelle, la perte de soutien social pendant le confinement, combinés à des changements dans les conditions de travail, ont pu exacerber ces troubles ».
Sciences et Avenir souligne que 
« ces soignants en réanimation étaient en première ligne dans la lutte contre le virus, donc les conséquences néfastes de l’infection étaient très présentes dans leur quotidien. Ajoutée au stress généré par des horaires de travail allongés et des services de réanimation saturés, la peur de la maladie et de la mort, qu’ils côtoyaient de près ».
Le magazine explique que
 « selon cette étude, 57% des soignants en réanimation se déclaraient très préoccupés par le danger d’être infectés, alors que 21% d’entre eux se disaient très inquiets de mourir à cause du coronavirus. Une lourde charge mentale que la majorité de ces soignants (89%) portaient même à l’extérieur de leur lieu de travail ».
« Les auteurs sont convaincus que ces données peuvent être un indicateur utile pour démarrer une conversation nécessaire autour de la santé mentale des soignants », 
poursuit-il.
Ahmed Ezzat, co-auteur, remarque ainsi : 
« Comme dans le reste de la société, la maladie mentale reste un tabou parmi les soignants. Le Covid-19 a exacerbé ce problème et notre inquiétude est à quel point la résilience de ces employés a été épuisée, et quelles ressources on peut mettre en place à moyen ou long terme pour les protéger de la maladie mentale. C’est une opportunité pour aborder les problèmes de santé mentale dans le domaine de la santé ».

 

Une association établie entre risque de décès par COVID-19 et maladie mentale

Une association établie entre risque de décès par COVID-19 et maladie mentalePar Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 28 juillet 2021

Les troubles mentaux préexistants, en particulier les troubles psychotiques et de l’humeur, et l’exposition aux antipsychotiques et aux anxiolytiques sont associés à un surrisque de mortalité par COVID-19. Ces résultats parus dans le Lancet Psychiatry soulignent la nécessité d’approches ciblées pour gérer et prévenir la COVID-19 dans ces groupes de patients.

Une méta-analyse confirme un lien entre troubles mentaux et risque de COVID-19 sévère. Les auteurs ont recherché toutes les études informatives parues entre le 1er janvier 2020 et le 5 mars 2021, évoquant la maladie COVID-19 chez les patients atteints de troubles psychiatriques, comparés à des sujets contrôles.
Au total, 33 études ont été incluses dans la revue systématique et 23 études dans la méta-analyse. Elle incluaient 1,5 million de personnes atteintes de COVID-19, dont près de 44.000 souffrant de maladies mentales. Parmi ces études, 22 ont été jugées de haute qualité, permettant de conclure à une association entre ces troubles prééxistants et la mortalité par COVID-19 (OR 2 ; 1,58-2,54).
Cette association a été observée pour les troubles psychotiques (2,05 ;1,37-3,06), les troubles de l’humeur (1,99 ; 1,46-2,71), les troubles liés à l’utilisation de substances (1,76 ; 1,27-2,44), les déficiences intellectuelles et troubles du développement (1,73 ; 1·29-2·31) mais pas pour les troubles anxieux (1,07 ;0,73–1,56).
La mortalité due au COVID-19 était également associée à l’exposition aux antipsychotiques (3,71 ;1,74–7,91), aux anxiolytiques (2,58 ; 1,22–5,44) et aux antidépresseurs (2,23 ; 1,06–4,71). Pour les troubles psychotiques, les troubles de l’humeur, les antipsychotiques et les anxiolytiques, l’association est restée significative après ajustement pour l’âge, le sexe et d’autres facteurs de confusion. Malgré ces risques accrus, ces patients ne sont pas admis plus que les autres en unité de soins intensifs.



 

Revue de presse santé psy – juin 2021

« En psychologie, le recours aux téléconsultations fait débat »

Date de publication : 10 juin 2021

La Croix note en effet que « la pandémie a mis en lumière les conditions de travail des psychologues qui manifestent ce jeudi 10 juin. Le premier confinement les a obligés à organiser les consultations à distance. Un an après, deux psychologues et une patiente témoignent des avantages et des inconvénients de cette pratique qui perdure ».
Le journal souligne que « de nombreuses études ont montré que la crise sanitaire et les confinements successifs ont entraîné une dégradation de la santé mentale d’une partie des Français, et notamment des jeunes. Entre octobre 2020 et janvier 2021, le nombre de recherches sur Doctolib en lien avec la psychologie a doublé, passant de 120.000 à 255.000. Résultat, la pratique de la consultation par téléphone ou en visioconférence avec une webcam, s’est imposée et semble se maintenir ».
Le quotidien cite notamment Sylvia Martin, qui « a milité pour le passage à la téléconsultation dans son établissement de santé au début du premier confinement. En proposant des créneaux en visioconférence à ses patients habituels, la psychologue a vu arriver une nouvelle patientèle ».
Elle indique ainsi : « J’ai reçu des appels de la France entière, car il n’y a pas partout des spécialistes en troubles de la personnalité “borderline”. J’ai aussi été appelée par des personnes vivant en milieu rural, qui ne voulaient pas faire une heure de voiture pour consulter ».
La Croix relève que « pour elle, la visio-thérapie permet d’abord de rendre la psychologie accessible à des personnes incapables matériellement ou psychologiquement de se rendre au cabinet. La psychologue peut par exemple, en direct, entraîner ses patients agoraphobes à sortir de chez eux. Quand Sylvia Martin a recommencé à proposer des créneaux en présentiel en mai 2021, certains patients ont d’ailleurs choisi de continuer à distance ».
Stéphanie Mancion, pédopsychologue, déclare pour sa part que « derrière l’écran, il est très difficile de savoir ce qu’il se passe dans la famille et d’évaluer les situations de violence. [La visioconférence] sert à garder le lien en période de crise, mais on ne peut en rester là. Remettre devant un écran les jeunes accros aux jeux vidéo, alors qu’ils ont besoin de lien humain et réel, c’est empêcher la thérapie. De même qu’en ne faisant pas venir au cabinet les jeunes qui ont du mal à sortir de chez eux, on ne s’attaque pas aux symptômes ».

 

« Des neurones de la curiosité identifiés dans le cerveau »

Date de publication : 24 juin 2021

Pierre Kaldy note dans Sciences et Avenir que « le désir spontané d’explorer le monde autour de nous correspond à un instinct déjà présent chez la souris, révèle une étude publiée par des chercheurs néerlandais dans la revue Science ».
Etienne Coutureau, spécialiste des bases nerveuses du comportement exploratoire au CNRS, indique qu’« étudier la curiosité pure, désintéressée, chez l’animal n’est pas une chose facile car elle peut être motivée par de nombreux facteurs tels que la faim, la soif, la recherche d’un partenaire sexuel. Cette étude intéressante semble néanmoins y être arrivé ».
Pierre Kaldy explique que les « auteurs ont utilisé le comportement exploratoire spontané de la souris dès qu’elle décèle quelque chose de nouveau dans son environnement, que ce soit un objet ou un congénère. Le rongeur se met alors à le sentir, à le mordiller, voire à s’en saisir, manifestant un comportement exploratoire stéréotypé qui permet à l’animal d’emmagasiner de nouvelles connaissances ».
Etienne Coutureau remarque : « Après l’effet de surprise qui aide à mémoriser, la recherche d’information sur ce qui apparaît nouveau dans l’entourage est vitale pour les animaux car c’est un préalable à tout apprentissage. C’est grâce à elle qu’ils pourront anticiper de futurs dangers ou, du moins, faire ensuite les choix les plus favorables ».
Pierre Kaldy note ainsi que « les chercheurs de l’Institut des neurosciences d’Amsterdam au Pays-Bas ont réussi à identifier le circuit nerveux à l’origine de ce comportement exploratoire spontané. Ils montrent qu’une région du cerveau située sous le thalamus et encore peu connue, la zona incerta ou « zone incertaine », s’active dès que l’animal entame l’exploration plus poussée d’un objet ou d’un congénère ».
Le journaliste retient que « l’activation spécifique des neurones de cette zone accentue le comportement exploratoire chez des animaux à jeun qui disposent pourtant de nourriture à leur côté. Au contraire, l’inhibition de ces neurones a l’effet opposé : il réduit le temps d’exploration de l’objet ou du congénère inconnu. L’activation de neurones de la zone incertaine fait mettre en éveil tous les sens de l’animal quand il vient d’identifier un élément non familier de son environnement ».
Etienne Coutureau observe que « cette région profonde est très conservée chez les mammifères, tant par sa structure que par ses connexions avec le reste du cerveau, et elle doit donc avoir son équivalent chez l’être humain ».

 

« Covid-19 : de possibles complications neurologiques et psychiques révélées par une nouvelle étude »

Date de publication : 25 juin 2021

Le Parisien fait savoir que « selon une étude néerlandaise publiée ce jeudi, le Covid-19 pourrait être à l’origine de complications neurologiques et psychiques ».
Le journal relève ainsi que « le coronavirus peut infecter les neurones, déclenchant des réponses immunitaires locales qui pourraient être à l’origine des complications neurologiques et psychiques liées au Covid-19 ».
« La propagation du virus s’arrête rapidement et se limite à quelques cellules du cerveau, mais cette infection minimale entraîne une réaction des « cytokines », les messagers entre les cellules immunitaires, jouant un rôle dans l’inflammation locale, a conclu l’étude, publiée dans une revue américaine spécialisée en microbiologie mSphere », précise le quotidien.
Debby van Riel, chercheuse en virologie à l’hôpital Erasmus MC (Rotterdam), indique ainsi : « Ce que nous avons vu est cohérent avec le fait que l’infection par le SARS-CoV-2 conduit rarement à une encéphalite sévère parce que le virus se propage de manière incontrôlable dans le cerveau ».
« Mais le fait que le SARS-CoV-2 puisse éventuellement pénétrer dans le cerveau via le nerf olfactif et infecter localement les cellules, ce qui entraîne à son tour une réponse inflammatoire, peut certainement contribuer à des troubles neurologiques », relève-t-elle.
Le Parisien rappelle que « depuis le début de la pandémie, des malades du monde entier ont signalé des troubles neurologiques et psychiatriques, tels que problèmes de mémoire, maux de tête, psychoses rares et même encéphalites (inflammation du tissu cérébral). Une personne sur trois qui a surmonté le Covid-19 a eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques dans les six mois suivant l’infection, avait indiqué en avril une large étude publiée dans le journal spécialisé The Lancet Psychiatry ».
Le journal note que « de plus en plus de données indiquent que le virus pourrait entrer dans le cerveau via le nerf olfactif. Cependant, ce qui se passe après l’entrée du SARS-CoV-2 dans le cerveau restait mal compris ».
Femke de Vrij, du département de psychiatrie de l’hôpital Erasmus, fait savoir : « En plus de ce qu’indique notre étude, le système immunitaire joue probablement aussi un rôle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour le savoir ».

 

« Les confinements ont nettement réduit les capacités physiques et intellectuelles des enfants »

Date de publication : 29 juin 2021

Pascale Santi et Sandrine Cabut font savoir dans Le Monde qu’« une étude menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et CE2 indique que les confinements ont eu un fort impact sur leur poids et leur souffle, faisant le lit de futures maladies chroniques. Leurs capacités cognitives ont baissé de 40% ».
Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand, à la tête de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), et qui coordonne ce travail, remarque que « les chiffres sont catastrophiques. […] Nous n’avons jamais vu ça. Des enfants sportifs, sans aucun problème de santé, aucun problème de poids, ont grossi de 5 à 10 kg, du fait de l’arrêt de la pratique sportive. Et tous n’ont pas repris l’activité physique ».
Les journalistes indiquent en effet qu’« en un an, l’indice de masse corporelle, […] reflet de la corpulence, a augmenté de 2 à 3 points en moyenne ».
Pascale Santi et Sandrine Cabut notent que « la condition physique de ces jeunes de 7-8 ans s’est fortement dégradée. Lors du test navette, épreuve classique qui consiste à courir de plus en plus vite d’un plot à un autre (éloignés de 10 m), «des enfants, déjà très essoufflés, n’arrivaient pas à atteindre le premier plot avant le premier bip», décrit la Pr Duclos ».
« Parallèlement, leurs capacités cognitives auraient baissé d’environ 40%. Pour les mesurer, l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand a notamment eu recours à un test consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps imparti. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé », expliquent les journalistes.
Martine Duclos relève qu’« un an de confinement a été catastrophique, à un moment essentiel de plasticité neuronale ».
Pascale Santi et Sandrine Cabut ajoutent que « ces résultats sont d’autant plus inquiétants que la situation antérieure était déjà peu brillante. Ainsi, avant la pandémie, en France, 87% des adolescents de 11 à 17 ans ne respectaient pas l’heure quotidienne d’activité physique préconisée par l’OMS. Et pendant le premier confinement, seulement 0,6% d’entre eux ont atteint ce seuil, la proportion étant de 4,8% chez les 5-11 ans (2,8% des filles et 6,5% des garçons) ».
Elle ajoutent qu’« une expertise menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), publiée en novembre 2020, a mis en évidence que 66% des jeunes de 11 à 17 ans «présentent un risque sanitaire préoccupant», caractérisé par le dépassement simultané de deux seuils : plus de 2 heures de temps d’écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour ».
« Il y a urgence à inverser la tendance, estiment les autorités sanitaires, d’autant que c’est beaucoup dans l’enfance que se constitue le capital santé. Le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité (temps d’éveil passé assis ou allongé) entraînent une perte de condition physique cardio-respiratoire, et ils sont souvent associés à un surpoids, du fait d’habitudes nutritionnelles peu favorables. Un cocktail qui, à terme, favorise la survenue de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle… », rappellent Pascale Santi et Sandrine Cabut.

 

Revue de presse santé psy – mai 2021

Cannabis : « Un risque d’altérations cérébrales chez l’adolescent »

Date de publication : 6 mai 2021

Le Figaro consacre sa Une et 3 pages à la « légalisation du cannabis » et au « débat [qui] divise la majorité », relevant qu’« un rapport parlementaire soutenu par des députés LREM propose de légaliser cette drogue ».
Cécile Thibert rappelle cependant que le cannabis « altère les facultés cognitives et peut favoriser le déclenchement de troubles psychotiques. Des effets délétères qui durent jusqu’à la fin de la maturation du cerveau, vers 25 ans ».
La journaliste indique ainsi : « Loin des débats passionnés, que dit la science sur les risques liés à la consommation de cannabis ? ».
Le Pr Nicolas Authier, médecin psychiatre et pharmacologue au CHU de Clermont-Ferrand, répond qu’« ils sont plutôt bien connus, il s’agit principalement d’effets neuro-psychiques tels que l’altération des capacités d’apprentissage, de mémorisation, de jugement, des effets sur les émotions, l’anxiété. Cela peut aussi entraîner des crises d’angoisse ».
« Des problèmes qui peuvent apparaître dès la première consommation mais qui surviennent surtout chez les consommateurs réguliers », ajoute Cécile Thibert.
Elle explique que « le cannabis est une plante contenant plus de 500 composés chimiques, dont les plus connus sont le tétrahydrocannabinol (THC), responsable de la plupart des effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD), qui n’a pas d’effet psychoactif et qui, au contraire, atténue les effets du THC ».
La journaliste note que « le THC peut être à l’origine de troubles psychotiques tels qu’«un sentiment de persécution, une paranoïa, indique le Pr Authier. Ce peut être des effets transitoires qui disparaissent après quelques heures, mais ils peuvent revenir. Évidemment, cela ne touche qu’une minorité de fumeurs» ».
Cécile Thibert continue : « Contrairement aux idées reçues, la schizophrénie ne peut pas être déclenchée par le cannabis seul ». Le Pr Authier explique qu’« il faut avoir des facteurs de vulnérabilité, qu’ils soient d’ordre génétique ou environnementaux ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et addictologie à l’Hôpital Paul-Brousse à Villejuif, ajoute : « Dire que le cannabis seul est dangereux n’a pas de sens. Il le devient lorsqu’il est associé à un certain nombre de facteurs de risque ».
La journaliste précise : « Précocité et fréquence de consommation sont sans doute ceux qui pèsent le plus lourd, car jusqu’au début de l’âge adulte, le cerveau poursuit son processus de maturation. […] L’existence de prédispositions personnelles ou familiales est aussi un facteur de fragilité. […] Entre aussi en ligne de compte le type de cannabis consommé ».
Le Pr Benyamina remarque ainsi : « Toute personne qui a des antécédents psychiatriques ou dont un membre de la famille présente un risque augmenté. […] Nous savons que [le type de cannabis] qui circule actuellement sur le marché contient de plus en plus de THC et de moins en moins de CBD, ce qui augmente clairement les risques ».
Le Pr Authier ajoute que pour les adultes, « si on est anxieux ou déprimé, ce n’est pas forcément une bonne chose d’en consommer. Cela peut impacter le moral dans le mauvais sens ». Le Pr Benyamina rappelle enfin que « quand on le compare à l’alcool ou au tabac, on peut clairement dire que le cannabis est moins létal. L’alcool tue 40.000 personnes chaque année en France, le tabac 72.000 ».

 

« L’addiction, une affaire de rythme cérébral ? »

Date de publication : 10 mai 2021

Stéphany Gardier remarque dans Le Figaro que « nous ne sommes pas égaux face à l’addiction. Mais à ce jour, il reste difficile de savoir si un consommateur de produits psychotropes développera un usage problématique conduisant à l’addiction, ou s’il saura maintenir un usage récréatif. Or, pour mettre en place des préventions et des prises en charge les plus efficaces possibles, identifier précocement les sujets à risque semble primordial ».
La journaliste fait savoir que « les travaux expérimentaux d’une équipe de Marseille, récemment publiés dans la revue PNAS, apportent des clés de compréhension sur les mécanismes à l’œuvre dans le cerveau face à l’addiction et mettent en évidence, chez l’animal, un marqueur prédictif des comportements à risques ».
Christelle Baunez, directrice de recherche à l’Institut de neurosciences de la Timone, co-autrice de ce travail, précise : « L’addiction se caractérise notamment par une perte de contrôle vis-à-vis de la consommation de la substance, mais aussi par le fait que les personnes avec une conduite addictive continuent à rechercher et consommer bien qu’ils en connaissent les conséquences négatives. Nous avons utilisé un protocole qui permet de reproduire ces comportements chez des rats ».
Stéphany Gardier note ainsi que « les animaux ont été mis en présence de cocaïne, qu’ils pouvaient consommer librement pendant 6 heures chaque jour. «Dans cette phase, on observe pour tous les animaux une escalade, ils consomment tous, et de plus en plus», détaille la chercheuse. Par la suite les animaux ont été mis face à une punition : lorsqu’ils actionnaient un levier pour rechercher la cocaïne, ils avaient une chance sur deux de recevoir un léger choc électrique ».
La journaliste relève que « deux types de rats se sont distingués. Une majorité préfère se priver de cocaïne plutôt que de prendre le risque de recevoir le choc électrique, alors qu’une minorité d’animaux continue à appuyer sur le levier, quelle qu’en soit la conséquence. Ces derniers ont un comportement similaire à celui observé chez les patients souffrant d’addiction ».
Stéphany Gardier observe qu’« aucun paramètre comportemental ne permettait initialement de prévoir quel rat allait développer cette conduite addictive à la cocaïne. […] C’est en comparant l’activité cérébrale des rats que [les auteurs] ont trouvé une disparité : l’analyse des enregistrements réalisés dès le début du protocole a mis en évidence une différence d’activité du noyau sous-thalamique, une petite structure cérébrale très étudiée pour son implication dans la maladie de Parkinson ».
Christelle Baunez indique que « ce noyau a une activité électrique rythmique oscillatoire à différentes fréquences. Nous avons constaté que les rats qui in fine avaient une conduite addictive montraient tout au long du protocole une augmentation progressive des basses fréquences, entre 6 et 20 Hz ».
Stéphany Gardier ajoute que « les scientifiques sont allés plus loin et ont réussi à démontrer le lien de causalité entre cette variation d’activité électrique et le comportement des animaux face à la cocaïne. Grâce à des électrodes, ils ont pu modifier l’activité électrique du noyau sous-thalamique de rats qui, lors du premier protocole, avaient stoppé leur consommation de drogue face à la punition ».
« Avec des stimulations à basse fréquence (8 Hz), les animaux réexposés à l’escalade de prise de cocaïne sont devenus résistants à la punition. D’autre part, chez les individus résistants à la punition et donc «addicts», l’application d’une autre fréquence d’oscillations (30 Hz) dans le noyau sous-thalamique des animaux a permis de réduire leur appétence pour la cocaïne », continue la journaliste.
Christelle Baunez prévient toutefois : « Enregistrer l’activité du noyau sous-thalamique nécessite des électrodes implantées dans le cerveau, ce qui est inimaginable dans une démarche de dépistage. Mais nous allons maintenant étudier les activités plus superficielles du cerveau et voir si cette signature profonde a une répercussion qui serait détectable avec un simple électroencéphalogramme, un examen qui n’est pas invasif et peut se réaliser facilement en dépistage ».

 

« La réalité virtuelle, un allié réel contre la douleur »

Date de publication : 11 mai 2021

La Croix constate que « l’utilisation de casques plongeant les malades dans d’autres univers peut faciliter certains soins mais aussi apaiser des douleurs chroniques ».
Jeanne Ferney livre ainsi les propos de Lionel Bonnet, kinésithérapeute au CHU de La Réunion qui« depuis un an et demi […] utilise la réalité virtuelle pour rééduquer des personnes souffrant de douleurs chroniques ».
Il indique : « Ce matin, j’ai reçu une fillette atteinte d’arthrite juvénile. Comme elle rêvait d’aller à la neige, je lui ai fait faire de la luge et du ski ».
Jeanne Ferney remarque que « ces immersions dans d’autres mondes n’ont pas seulement l’avantage de détourner l’attention des malades ».
Lionel Bonnet précise ainsi : « Pendant quelques minutes, ces gens qui vivent jour et nuit avec des douleurs persistantes vont passer un moment agréable, mais aussi gagner en mobilité en se concentrant sur un exercice imposé. Quand je leur montre la vidéo, ils sont toujours stupéfaits de voir les mouvements qu’ils ont faits, alors qu’ils ont souvent développé une kinésiophobie, une peur de bouger. Là, ils sautent pour éviter un obstacle ou se baissent pour contourner une branche… ».
La journaliste observe que « loin d’être de simples gadgets, les casques de réalité virtuelle sont ainsi devenus de précieux alliés des soignants pour soulager la douleur, qu’elle soit chronique ou aiguë ».
Le Dr Abesse Ahmeidi, chef du département d’anesthésie-réanimation-douleur au Centre de lutte contre le cancer Oscar-Lambret (Lille), indique que « ce sont des dispositifs médicaux à part entière, avec des normes au niveau européen. Le parcours des personnes atteintes d’un cancer est souvent jalonné de prises de médicaments, de chirurgie, de radiothérapie. Le recours à la réalité virtuelle ne les remplace pas mais elle représente une autre voie ».
Anne-Céline Milanov, psychologue au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur chronique de la clinique de la Toussaint, à Strasbourg, explique pour sa part que « dans le cas de douleurs chroniques, l’intrication entre anxiété et ressenti douloureux est souvent très forte. Agir sur l’une, c’est agir sur l’autre ».

 

« Gestes suicidaires en France : des signaux de hausse chez les jeunes »

Date de publication : 17 mai 2021

Sandrine Cabut évoque dans Le Monde « des chiffres à interpréter avec prudence, mais qui rejoignent ce qu’observent des pédopsychiatres sur le terrain depuis quelques mois ». La journaliste note en effet que « les tentatives de suicide (TS) semblent à la hausse en France chez les enfants, mais aussi chez les adolescents et les jeunes adultes, selon plusieurs enquêtes ».
Elle relève ainsi que « le nombre d’appels aux centres antipoison (CAP) pour intoxication volontaire est en augmentation depuis le deuxième confinement de l’automne 2020, et la tendance s’accentue depuis début 2021, en particulier chez les jeunes, selon une étude en cours de publication ».
Sandrine Cabut explique que « le Dr Dominique Vodovar (médecin au CAP de Paris) et le Pr Fabrice Jollant, psychiatre et chercheur (GHU Paris psychiatrie et neurosciences), ont analysé l’activité des 8 CAP du territoire, entre le 1er janvier 2018 et le 31 mars 2021. Ils se sont en particulier intéressés aux appels (provenant soit de professionnels accueillant ces patients en urgence, soit des suicidants eux-mêmes ou de leur entourage) pour tentative de suicide par ingestion de produits ménagers, de plantes ou le plus souvent de médicaments. Sur cette période de 3 ans et un trimestre, environ 50.000 dossiers ont été examinés ».
Le Dr Vodovar souligne ainsi : « Alors que le nombre d’appels quotidiens pour TS avait nettement chuté pendant le premier confinement [du 17 mars à au 11 mai 2020], on observe une hausse globale depuis celui de l’automne 2020 et surtout depuis janvier, essentiellement chez les 12-24 ans ».
Sandrine Cabut ajoute que « l’augmentation récente des tentatives de suicide chez les jeunes est à rapprocher d’autres signaux de mal-être rapportés dans cette catégorie de population par les médecins : anxiété, troubles du sommeil, états dépressifs… En cause, le stress persistant et la situation exceptionnelle engendrés par la pandémie, qui exacerbent les fragilités psychologiques. Mais peut-être aussi d’autres facteurs ».
Le pédopsychiatre Richard Delorme remarque que « cette génération subit une incroyable pression entre la crise sanitaire, l’inquiétude écologique et les menaces d’attentats qui la touchent aussi ».
La journaliste indique notamment que « de janvier à mars 2021, les CAP ont traité quotidiennement 40 à 60 dossiers d’intoxications volontaires, contre 30 à 45 pour la même période en 2020. Des médicaments sont impliqués dans 80% des cas. Une hausse des appels se dessine aussi depuis l’automne 2020 chez les moins de 12 ans et les plus de 65 ans, «mais les effectifs sont limités, donc il est difficile de conclure», tempère le Dr Vodovar ».
Sandrine Cabut relève par ailleurs qu’« à Santé publique France (SpF), une surveillance des indicateurs de santé mentale a été mise en place en mars 2020, dès le début de la crise sanitaire. […] S’agissant en particulier des tentatives de suicides, plusieurs indicateurs sont suivis : gestes suicidaires chez les patients pris en charge dans les services d’urgences (réseau Oscour), décès, et depuis février pensées suicidaires en population générale (enquête CoviPrev) et chez les enfants aux urgences ».
La Dr Céline Caserio-Schönemann, spécialiste de santé publique, indique que « sur 2020, nous n’avons pas constaté de hausse des gestes suicidaires dans les services d’urgence quelle que soit la tranche d’âge. En revanche, nous avons été interpellés depuis début 2021 par plusieurs épisodes de hausse, notamment deux pics chez les moins de 15 ans autour des semaines 5 et 10, avec une augmentation de l’ordre de 40% par rapport au niveau des années précédentes. Nous restons très vigilants ».
La journaliste souligne que « les pédopsychiatres et les pédiatres, qui prennent en charge ces jeunes patients, sont eux toujours préoccupés. A l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, «mars a été le pire mois avec + 300% de tentatives de suicides par rapport aux années précédentes. Des collègues d’autres hôpitaux me décrivent des cas inédits pour eux de TS par arme à feu chez de jeunes enfants», souligne ainsi le Pr Richard Delorme, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ».
Sandrine Cabut continue : « Quid des décès par suicide ? Pour l’instant, il n’y a pas de signal à ce niveau. A l’échelle internationale, une étude menée dans 21 pays de différents niveaux de vie […] n’a pas mis en évidence de hausse de cet indicateur dans les premiers mois de la pandémie, voire même une baisse dans certains. Encore provisoires, les données françaises, qui portent sur l’ensemble de l’année 2020, sont plutôt rassurantes ».

 

 

revue de presse santé psy – avril 2021

« Idées noires, dépression, anorexie… plongée dans les hôpitaux où l’on répare les adolescents »

Date de publication : 7 avril 2021

Le Parisien constate que « les troubles des adolescents ont explosé depuis le début de la crise du Covid-19. Deux temples de la pédiatrie nous ont ouvert leurs portes, alors qu’une campagne nationale de prévention est lancée ce mardi. Ici, lors d’ateliers, de thérapies collectives, de temps d’écoute, on tente chaque jour de raviver le désir de vivre ».
Le journal se penche notamment sur Chloé, 16 ans, qui « est une brillante élève de classe scientifique, qui dévore les livres mais s’épuise à repousser la vie. La lycéenne a bien trop peur de ce qui pourrait arriver aux autres et en particulier à ses parents – la maladie, un accident ou maintenant le Covid – pour pouvoir vivre pleinement la sienne. A la Toussaint, quand l’adolescente a eu «un plan suicide en tête, très précis», elle a su qu’il était temps d’accepter de l’aide. Hospitalisée depuis 5 mois, elle la trouve à la Maison de Solenn ».
Le quotidien rappelle que « dans ce temple parisien des adolescents, lumineux, aéré, coloré, 3000 jeunes et leur famille viennent chaque année chercher un répit. […] Depuis plusieurs mois, la permanence téléphonique sonne plus de vingt fois par jour ».
Le Parisien souligne que « déjà en nette augmentation avant la crise sanitaire, les chiffres ont explosé depuis. Et les 30% supplémentaires de 11-19 ans accueillis ici n’ont rien d’une exception ».
Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, indique ainsi que « depuis un an, il y a une hausse spectaculaire des passages aux urgences pour les moins de 15 ans. Chez les pédiatres, les généralistes, dans les PMI… partout, c’est la déferlante. Aucune région n’est épargnée. Dans mon service, à Nantes, on hospitalise normalement pour des méningites, des maladies infantiles, des bronchiolites. Là, 25 de mes 36 lits sont occupés par des ados dépressifs. La fermeture des écoles ne va rien arranger ».
Le journal relève que « face à l’urgence, le gouvernement a lancé, ce mardi, une campagne pour encourager la parole des Français en souffrance, surtout des jeunes, avec ce slogan : «En parler, c’est déjà se soigner» ».
Marie-Rose Moro, psychiatre, directrice de la Maison de Solenn, remarque ainsi : « Tout est en augmentation : les tentatives de suicide, les troubles alimentaires, les jeunes malades, diabétiques par exemple, qui refusent de continuer à se soigner ou les phobies scolaires. Enfin, en ce moment, on a du mal à assurer les phobies. Il y a tellement d’urgences vitales, de jeunes qui disent «Je n’ai plus envie de vivre», que la priorité est de réanimer leur élan de vie ».
La Pr Moro ajoute : « Notre objectif est de ne laisser tomber aucune famille. De leur trouver une solution individuelle. C’est un casse-tête permanent ».
Noël Pommepuy, chef de service en psychiatrie, souligne quant à lui que « les demandes ont augmenté de 100% sur les 6 derniers mois, c’est du jamais-vu. Cette crise leur a fait perdre leurs repères. Or, les adolescents ont besoin de sécurité pour se sentir bien. Ils ont trouvé dans l’anorexie un moyen de réguler leurs angoisses ».
Le Parisien rappelle que c’est « une issue de secours qui n’est rien d’autre qu’un piège. C’est la maladie psychiatrique la plus meurtrière : 8% décèdent par suicide ou dénutrition ».

 

« Des équipes mobiles à l’hôpital pour détecter la maltraitance infantile »

Date de publication : 12 avril 2021

Emmanuelle Lucas indique dans La Croix que « 7 unités mobiles sont en train d’être déployées au sein d’hôpitaux, afin d’épauler les médecins confrontés à des cas de suspicion de maltraitance infantile. Au-delà du repérage, elles coordonneront tout un parcours de reconstruction pour les petites victimes, le plus tôt possible ».
La journaliste souligne ainsi que « trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance. Chaque jour, dans le flot des passages aux urgences, des médecins se posent cette question douloureuse : tel enfant a-t-il réellement fait une mauvaise chute ou a-t-il, en fait, reçu des coups ? Est-il en danger chez lui et dois-je le signaler ? Le plus souvent, ils renoncent à prendre une décision aussi lourde pour l’avenir d’enfants qu’ils ne font que croiser ».
La Dr Céline Gréco, responsable des soins palliatifs pédiatriques à l’hôpital Necker (Paris), observe que « seuls 5% des signalements de maltraitance sont réalisés par des médecins, alors que ceux-ci voient, à un moment ou à un autre, tous les enfants victimes. Faute d’être secourus à temps, les enfants maltraités perdent 20 ans d’espérance de vie ».
Emmanuelle Lucas explique donc que la médecin « porte depuis plusieurs années un projet qui aboutit ces jours-ci : la création d’équipes mobiles spécialisées dans les hôpitaux. Sept sont en train de voir le jour. Composées de spécialistes – médecin, psychologue et assistante sociale –, elles interviennent à la demande de leurs collègues, à l’hôpital et en ville, afin de les épauler ».
« Ce dispositif pourrait changer en profondeur la trajectoire des enfants, espère cette médecin très respectée dans les milieux de la protection de l’enfance. […] Les premiers résultats montrent l’ampleur des besoins », continue la journaliste.
La Dr Tania Ikowsky, responsable de l’unité mobile de l’hôpital Robert-Debré à Paris, indique qu’« en deux jours, j’ai déjà été sollicitée dix fois. […] En pédiatrie et aux urgences, chacun se rend compte que, trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage qui n’arrive pas à évaluer la souffrance globale de l’enfant et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance ».
Elle souligne que l’équipe mobile « permet de rompre la solitude des médecins, de les épauler dans la détection, mais aussi de les rassurer sur l’avenir de l’enfant après un éventuel signalement. En pareil cas, je fais moi-même le lien avec le juge pour enfants, les services sociaux, etc. pour savoir ce qu’il devient et coordonner son parcours de soins ».
Emmanuelle Lucas précise que la fédération Pacte pour l’enfance « regroupe les 7 hôpitaux qui doivent déployer d’ici à septembre une équipe mobile de protection de l’enfance. Il s’agit de trois hôpitaux pédiatriques parisiens (Necker, Trousseau, Robert-Debré), d’un établissement de Seine-Saint-Denis (Jean-Verdier à Bondy), d’un autre dans le Val-de-Marne (Kremlin-Bicêtre) et des CHU de Brest et de Grenoble ».

 

« Beaucoup plus fort en THC, le nouveau cannabis accroît le risque de dépendance »

Date de publication : 12 avril 2021

Le Monde explique dans une enquête que « plus chargé en THC, la molécule à l’origine des effets psychotropes, le cannabis en circulation évolue, et les drogues de synthèse se développent. Plusieurs agences régionales de santé s’inquiètent ».
Le journal revient ainsi sur « une évolution qui s’est faite à bas bruit et qui commence à inquiéter les autorités sanitaires. La litanie des annonces de saisie de cannabis en France masque une autre réalité : la hausse très significative du THC – le tétrahydrocannabinol, la molécule à l’origine des effets psychotropes –, ainsi que la poursuite de l’expansion des produits de synthèse. Plusieurs agences régionales de santé (ARS) ont tiré la sonnette d’alarme, ces derniers mois. Ces produits entraînent un risque de dépendance accru et leurs effets peuvent, dans certains cas, entraîner une hospitalisation ».
Le Monde explique que « selon les chiffres du service national de la police technique et scientifique (PTS), le taux moyen de THC dans la résine de cannabis saisie par les services répressifs a triplé en 20 ans ».
Le quotidien relève notamment qu’« à l’automne 2020, l’alerte est d’abord venue du centre d’addictovigilance de Marseille et de l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En décembre, le centre d’addictovigilance de Bordeaux et l’ARS Nouvelle-Aquitaine ont emboîté le pas. En cause : les réactions inhabituelles observées chez plusieurs consommateurs de cannabis. A Marseille, des clients réguliers, pensant avoir acheté de l’herbe classique – composée de THC et de cannabidiol (une autre molécule contenue dans la plante) –, se sont retrouvés en sueur, fiévreux, pris de vertiges et de tremblements, de nausées, voire de vomissements. A Bordeaux, plusieurs mineurs ont dû être hospitalisés ».
Le journal indique que « les pharmacologues du centre d’addictovigilance de Marseille effectuent alors des investigations. Aucune trace de THC n’est repérée dans les analyses. En revanche, sont détectés du CBD et, plus inquiétant, un cannabinoïde de synthèse au nom barbare, le « MDMB-4en-Pinaca ». […] Il s’agit d’une molécule produite par des laboratoires clandestins, censée reproduire les effets du THC ».
« Si cette molécule agit dans le cerveau sur les mêmes récepteurs que le THC, «ce n’est pas juste le Canada Dry du cannabis, alerte la Dr Joëlle Micallef, présidente du Réseau français d’addictovigilance et directrice du centre PACA. Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100.» En fonction du dosage, particulièrement difficile à maîtriser, les conséquences sont variables : malaise, vertige, tachycardie, bad trip, agressivité, voire, dans les cas les plus sévères, AVC, infarctus, jusqu’au décès », continue Le Monde.
Le journal souligne ainsi qu’« en 2019 et 2020, ce sont 12 cas de décès liés à la consommation de MDMB-4en-Pinaca qui ont été déclarés à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, dont 8 en Hongrie, 3 au Royaume-Uni et 1 en Suède ».
Le quotidien ajoute que « pour la Dr Micallef, il ne faut pas s’arrêter au nombre de cas identifiés. Car la plupart des consommateurs passent sous les radars. Pour analyser les produits, encore faut-il que les personnes arrivent à l’hôpital ou soient repérées par les professionnels de santé. Encore faut-il, également, que des analyses soient réalisées, que des liens de cause à effet soient déterminés ou que le produit soit collecté ».
La spécialiste indique : « Quand on a 5 cas, c’est qu’en réalité on en a 500. Ce qui nous alerte, c’est la tendance évolutive. Quand on voit que les cas augmentent, que le produit arrive dans différentes régions, qu’il touche tout type de public, c’est plus important qu’un chiffre. Pour nous, il ne manque rien pour faire une sensibilisation nationale sur le sujet ».

 

« La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans »

Date de publication : 23 avril 2021

Le Monde indique que « l’ensemble de la communauté pédopsychiatrique française lance, dans une tribune […], un cri d’alarme sur la situation de la pédopsychiatrie, déjà en grande difficulté avant la pandémie et qui l’est encore plus actuellement, pénalisée par la pénurie de spécialistes ».
Les signataires observent ainsi que « la pédopsychiatrie en France a besoin de l’aide du président de la République. Les besoins pour assurer la santé mentale de la jeunesse de notre pays sont criants. Ce n’est pas tant la supplique d’une profession trop longtemps oubliée des pouvoirs publics qui nous incite à interpeller Emmanuel Macron – vous avez commencé à y répondre et nous y sommes sensibles –, mais bien la perspective d’une carence massive des soins psychiques adaptés et essentiels pour notre jeunesse qui s’annonce, du fait d’un manque croissant de professionnels formés ».
Les pédopsychiatres rappellent que « la majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans. Ils sont d’autant plus susceptibles d’impacter l’avenir de l’enfant qu’ils ne sont pas détectés, ni traités, ce qui est actuellement le cas d’une large proportion d’entre eux, comme le souligne un récent rapport de l’OMS ».
Ils ajoutent que « la liste du mal-être et des souffrances des jeunes est loin d’être exhaustive, sans oublier ni l’explosion actuelle des besoins des jeunes, amplifiés par le contexte épidémique, et qui augure des besoins durables de soins, ni les questions essentielles des maltraitances, qui elles aussi requièrent notre intervention du fait des répercussions psychiques ».
Les signataires soulignent que « pour l’heure, en France, pour environ 200.000 enfants qui auraient besoin de soins, seuls 600 pédopsychiatres (deux fois moins qu’il y a dix ans) sont disponibles. Cet état de fait entraîne des délais d’accès aux soins interminables et insupportables pour les patients et leurs familles. A cela s’ajoutent des capacités d’hospitalisation toujours insuffisantes et très inégalement réparties ».
« En faisant état de cette réalité quotidienne et inquiétante, nous souhaitons vous interpeller afin de mobiliser et d’engager les moyens et les réformes nécessaires. Bien sûr, et nous l’avons noté avec espoir, des signaux positifs ont été envoyés à la pédopsychiatrie par votre gouvernement. On ne peut que s’en féliciter. […] Mais que seraient des moyens financiers supplémentaires sans professionnels formés et en nombre pour les mettre à profit au bénéfice des patients et de leurs familles ? », continuent-ils.
Ils soulignent : « Former, c’est aussi à ce défi que nous sommes confrontés, et nous ne disposons pas en l’état des moyens nécessaires pour le relever. C’est pour cela que nous sollicitons une action rapide et concrète de votre part, Monsieur le Président. Les capacités de formation de pédopsychiatres étaient déjà insuffisantes avant 2017, mais la réforme de l’internat les a très sévèrement réduites. Cela, si rien n’est mis en place, conduira à une véritable catastrophe ».

 

« « Je ne suis pas loin du burn-out » : des médecins las à tous les niveaux »

Date de publication : 27 avril 2021

Eric Favereau constate dans Libération que « docteurs et pouvoirs publics ne semblent plus en état de se comprendre, entre l’inconnu des variants et la difficulté à saisir l’état de tolérance de la société face à cette épidémie qui s’éternise ».
Le journaliste relève ainsi : « Ils sont fatigués. Tous. C’est un drôle d’air du temps qui transpire, ces jours, dans les rapports compliqués entre les pouvoirs publics et les médecins, autour de la crise du Covid. Nous sommes loin de la bonne entente des premiers mois, de la tension que l’on a pu connaître lors de la deuxième vague et même de la défiance qu’on avait notée au début de cette année 2021… Aujourd’hui, on ressent comme de la lassitude ».
La Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine, souligne : « On est fatigué et on est déconcerté, on ne sait plus trop le sens des décisions que vont prendre les pouvoirs publics. Pour autant, je ne veux pas non plus m’opposer par principe ».
Le Pr André Grimaldi (Pitié-Salpêtrière) observe pour sa part que « ce n’est même plus Macron qui décide, c’est l’état que l’on croit de l’opinion qui impose ses choix » ?
Le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, indique quant à lui : « Je ne suis pas loin du burn-out. […] Que voulez-vous. Nous avons été incapables de mener la stratégie zéro Covid, et sur ce point, on s’est révélé un vrai pays sous-développé par rapport à ceux d’Asie. Il faut en tirer les conclusions. Certains de mes collègues, en France, continuent d’y croire, alors que c’est fini. Zéro Covid, on a laissé passer. Voilà, il faut s’habituer, on n’a pas été bon, mais pouvait-on l’être ? On va vivre avec le virus, cela va durer, cela n’a rien de réjouissant mais cela n’a rien de catastrophique non plus ».
Eric Favereau remarque que « les pouvoirs publics continuent à prendre des décisions dans une opacité d’autant plus déroutante que ces mesures s’avèrent complexes à décortiquer, avec des confinements qui n’en sont pas tout à fait, des diagnostics qui font état de baisses épidémiques alors que les chiffres restent élevés ».
Le Pr François Bourdillon, ancien directeur de Santé publique France, observe : « Les pouvoirs publics ont décidé de vivre avec le virus. Pourquoi pas ? Mais ce n’est même plus argumenté. […] Les pouvoirs publics se prennent pour des épidémiologistes et les conseillers ministériels donnent des recommandations qui ne sont pas de leurs compétences. L’air du temps n’est pas constructif ».
Le journaliste relève que « dans ce paysage embrumé, nos médecins, aux idées parfois arrêtées, se disent perdus, même les plus remontés d’entre eux. Hier, ils n’étaient pas d’accord mais le disaient haut et fort. Aujourd’hui ils donnent le sentiment qu’ils ont baissé les bras. Ils n’y croient plus. Ne se sentent plus partie prenante ».
Le Pr Caumes remarque : « Je ne veux pas pour autant charger la barque du gouvernement. Mais ce qui m’inquiète, c’est que l’on va entrer en phase électorale, on ne va plus être dans de la communication, on va rentrer dans la propagande… ».
Eric Favereau note par ailleurs que « les cabinets ministériels, tout comme certains des ministres, se révèlent proches eux aussi du burn-out. […] Au final, la lassitude domine. Chacun est dans son coin. On est passé du conflit à l’incompréhension. Cela ne laisse présager rien de bon, non pas seulement dans la gestion des suites de l’épidémie, mais dans les rapports futurs entre pouvoirs publics et professionnels de la santé ».

 

Revue de presse santé psy – mars 2021

« En psychiatrie, on attache et on isole, faute de personnel »

C’est ce que constate Eric Favereau dans Libération. Le journaliste relève ainsi que « dans un récent courrier au ministère de la Santé, la contrôleuse générale des lieux de privation et de liberté exhortait une nouvelle fois à ce que soient revues les pratiques françaises en matière d’isolement et de contention dans les services de psychiatrie. Pour le Conseil constitutionnel, un juge des libertés devrait être impliqué ».
Eric Favereau explique que « le 7 décembre dernier, après une nouvelle visite de ses services à l’hôpital d’Aulnay, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a écrit ainsi une lettre sévère au ministre de la Santé, Olivier Véran. Outre le fait qu’elle souligne que les droits à l’information des patients ne sont toujours pas respectés, elle s’inquiète, encore et encore, des pratiques d’isolement et de contention ».
« «Ces pratiques se font sans décision médicale», et l’isolement peut être «maintenu pendant plusieurs jours sans corrélation avec un état clinique qui le justifie, alors que les observations horaires des infirmières rapportent de façon continue le calme du patient». Ou encore : «En toute illégalité, le registre d’isolement et de contention n’est pas tenu ou l’est de manière aléatoire.» Et enfin, cette remarque : «Les pratiques d’isolement et de contention sont exercées dans des locaux indignes.» Et Dominique Simonnot de demander au ministre de «prendre immédiatement les mesures nécessaires» », note le journaliste.
Il s’interroge : « Que va-t-il se passer ? Le ministre va-t-il répondre ? On peut en douter. Ces jours-ci tout paraît figé. Se joue, en effet, un bras de fer entre le ministère et les différents syndicats de psychiatres autour d’un décret qui devrait sortir sur l’intervention du juge des libertés dans les pratiques d’isolement et de contention ».
« Le Conseil constitutionnel a en effet décidé que comme ces pratiques mettent en cause les libertés individuelles, le législateur se devait de faire intervenir le juge des libertés. En réponse, le gouvernement a fait voter en septembre un amendement mettant le juge dans la boucle, mais de façon peu contraignante », remarque Eric Favereau.
Dominique Simonnot observe que « la réforme proposée pour encadrer l’isolement et la contention est au plus bas niveau de l’échelle. Le gouvernement a fait le choix d’une saisine du juge qui n’est pas automatique. La procédure n’est en rien contraignante. C’est juste une possibilité ».
« Le texte prévoit également que c’est au médecin de prévenir le juge qu’une mesure d’isolement ou de contention est en cours [dans le cas où celle-ci va être renouvelée au-delà d’une certaine durée, ndlr] et le juge pourra alors se saisir d’office. Mais c’est notoirement insuffisant », poursuit-elle.
Eric Favereau ajoute que « les psychiatres disent que l’on va trop loin. Ou surtout trop vite. Tous les syndicats viennent en effet d’adresser une lettre au ministre de la Santé sur l’impossibilité de faire appliquer cette loi, mettant avant le manque de moyens de la psychiatrie publique ».
« Que va-t-il se passer ? Entre le manque de moyens, et le côté peu contraignant du décret, on peut redouter que les mauvaises pratiques perdurent », observe le journaliste.

Date de publication : 2 mars 2021

Covid-19 : « Derrière les statistiques mortifères, il y a des familles brisées »

Libération constate que « depuis le début de la pandémie, au moins 90.315 personnes sont mortes du Covid-19 en France. Au-delà des chiffres, les proches des victimes appellent à limiter les lourdes contraintes sanitaires qui entourent les personnes en fin de vie et les défunts pour faciliter ce «deuil impossible» ».
Le journal souligne ainsi : « Des disparus, au sens strict. Des morts du Covid qu’on n’a souvent pas pu accompagner, revoir, ni même honorer. Pour nombre de familles, l’épidémie est d’abord un drame intime, souvent invisibilisé un an après le début du premier confinement national. Un «deuil impossible» dit même Julie Grasset, dont le père mort du Covid dans son lit le 25 mars 2020 a été incinéré 5 heures plus tard sans qu’elle ait pu voir sa dépouille ».
Le quotidien évoque notamment l’association Victimes du Covid-19, qui se bat « pour qu’un hommage national soit rendu aux défunts de la pandémie », mais note que « beaucoup des endeuillés du Covid se réfugient dans le silence ».
Libération précise que « le gros des traumatismes remonte à la première vague ». Marc Dupont, directeur adjoint des affaires juridiques de l’AP-HP, déclare : « On ne savait alors rien du virus et de sa contagiosité. La mortalité avait brutalement explosé. Il fallait protéger les patients, les soignants comme les familles. A l’hôpital, les visites étaient suspendues dans de nombreuses unités de soins, les défunts placés tout de suite dans une housse hermétique, la toilette mortuaire impossible en chambre mortuaire et la mise en bière immédiate ».
Le quotidien relève : « Coupées de leurs proches, contraintes de se plier à l’impératif sanitaire, les familles encaissent mal ». Le Dr Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique de l’hôpital Avicenne (Bobigny), indique ainsi : « Ça a été épouvantablement difficile pour beaucoup surtout durant le premier confinement. Ne pas pouvoir accompagner le mourant dans ses derniers instants ni accéder au corps du mort est particulièrement difficile à comprendre et à métaboliser pour les proches. On a ouvert une ligne téléphonique à vocation régionale pour aider les endeuillés désorientés. On a distribué des flyers dans les chambres funéraires en quinze langues pour que les gens en souffrance sachent où appeler : 300 familles ont sollicité notre soutien mais on n’a pas touché les plus précaires ».
Le Dr Axel Bastien, psychiatre en charge du dispositif d’aide aux familles endeuillées du Covid mis en place par le CHR de Lille, ajoute qu’« on est encore loin d’un retour à la normale. Même si elles sont autorisées pour les fins de vie, les visites sont toujours très encadrées. Les toilettes post mortem comme les rites funéraires ne sont pas possibles et les dernières volontés des défunts ne peuvent pas toujours être respectées. La situation reste difficile pour les familles. Dans de telles circonstances, la phase de déni qui fait partie du deuil est plus marquée. On observe plus de complications que d’ordinaire. Les deuils se figent, n’évoluent pas ».
Libération remarque que « les risques Covid étant scientifiquement mieux cernés, le besoin de desserrer les contraintes sanitaires entourant les fins de vie s’est fait sentir dans les établissements hospitaliers ».
Marc Dupont précise que « depuis décembre dans les hôpitaux de l’AP-HP, si un patient décède plus de 10 jours après la date des premiers symptômes ou un test positif, il n’y a plus de housse, de mise en bière immédiate, ni de restrictions à la présentation des corps et à la toilette mortuaire ».

Date de publication : 15 mars 2021

« Les complémentaires santé vont rembourser des consultations de psychologue »

Le Parisien indique en effet que « les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an. […] Un projet rendu urgent avec la crise sanitaire, alors que les troubles dépressifs sont en nette hausse ».
Le journal explique que « leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement «dès le premier euro» des psychologues libéraux, «sur orientation médicale». Pour les mutuelles, «un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 € par séance», précise la Mutualité française ».
Le Parisien évoque un « même tarif pour les assureurs, qui ne s’engagent toutefois à rembourser que «jusqu’à 4 consultations» par an, indique la Fédération française de l’assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP), spécialisées dans les contrats d’entreprises, promettent également de «renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues» ».
Le quotidien précise que « cette initiative n’entrera toutefois pas immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d’abord «initier un échange» avec les syndicats de médecins et de psychologues ».
« Ces derniers ne sont pour l’heure pas pris en charge par la Sécu, même si l’Assurance maladie teste depuis 2 ans un remboursement – sur prescription du médecin traitant – dans 4 départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan). Un schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un rapport en février de le «généraliser dès que possible» »,remarque Le Parisien.

Date de publication : 23 mars 2021

« Les dépressions sévères des salariés ont été multipliées par deux en un an »

Le Figaro observe que « le télétravail a des effets de plus en plus négatifs sur la santé, alors que le gouvernement demande aux entreprises de le privilégier au maximum. Les moins de 29 ans, qui ont peur pour leur avenir, se classent en tête des plus fragiles ».
Le journal indique ainsi qu’« un an après le premier confinement, [la] détresse psychologique [des salariés] reste importante (45%, soit près d’un sur deux), selon une étude OpinionWay […]. Si la hausse n’est que de 1 point par rapport à début avril 2020, le taux de dépression nécessitant un accompagnement quant à lui explosé (+36%). En 12 mois, les dépressions sévères ont ainsi été multipliées par… deux ».
« Des indicateurs qui inquiètent au sommet de l’État alors que la population, dans 16 départements, subit de nouvelles restrictions de liberté depuis le week-end dernier », poursuit le quotidien.
Il précise que « 63% des personnes interrogées indiquent voir de plus en plus de gens en détresse psychologique. Les moins de 29 ans se classent en tête des plus fragiles (62%), avec un risque de dépression pour 39% d’entre eux. Ces jeunes ont peur pour leur avenir et redoutent la précarité, beaucoup n’ayant pas eu le temps de bien appréhender la réalité du monde du travail. Comme de nombreux autres salariés, ils sont en perte de repères ».
« Les femmes (53%) figurent aussi parmi les catégories les plus exposées, versus 38% des hommes. Leur charge mentale, avec des contraintes à la fois professionnelles et domestiques, y contribue, quand bien même elles n’ont pas à gérer leurs enfants en journée, les écoles étant restées ouvertes contrairement au confinement du printemps 2020. En conséquence, elles sont désormais deux fois plus nombreuses à envisager de passer à temps partiel : 31%, contre 15% des hommes », continue Le Figaro.
Le journal note que « la situation des managers est également difficile, puisque 48% sont en situation de détresse psychologique. Ils font cependant preuve d’abnégation, puisque six sur dix ne parlent pas de leurs difficultés pour mieux traiter celles de leurs collaborateurs et au risque de tomber en burn-out ».
Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte humaine, cabinet spécialisé sur les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail, déclare que « des lignes d’écoute ne suffisent pas. Il faut réfléchir à aménager les mesures sanitaires du télétravail. Les gens ne vont pas tenir, c’est évident ».

Date de publication : 24 mars 2021

« Psychiatrie : avis de défaillance généralisée »

Eric Favereau indique en effet dans Libération : « Recours excessif à la contention, locaux indignes, non-respect des droits des patients… Dans une analyse de 135 rapports issus de 54 départements, l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques dresse un état des lieux alarmant du secteur médical ».
Le journaliste retient « une foule de petits dérapages. Ce sont des chambres d’isolement sans fenêtre, des médecins absents et qui ne contrôlent pas les pratiques. Des certificats d’hospitalisation qui sont de simples copiés-collés. Des patients enfermés, sans sortie possible, alors qu’ils sont hospitalisés librement. D’autres qui sont obligés d’être en pyjama ».
« Ce sont des mineurs avec des adultes. Des lits dans les couloirs. Des lieux fermés. C’est, au final, un monde de petits arrangements avec la loi, loin des bonnes pratiques que devrait requérir le fait de s’occuper de personnes en très grande souffrance psychique », continue Eric Favereau.
Il souligne que « ce constat était connu en partie. Des visites dans des hôpitaux psychiatriques du contrôleur général des lieux de privation de libertés ont pointé, depuis 5 ans, des dérapages. Ils pouvaient donner le sentiment de bavures, de cas à part. Mais il s’agit là d’une tout autre dimension. Car cela dérape partout, dans toute la France ».
Eric Favereau explique ainsi que « l’Union nationale de familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques (Unafam) vient […] de terminer un travail exceptionnel de collecte des rapports des commissions départementales de soins psychiatriques. La fonction de ces structures est simple : observer, ausculter tout ce qui se passe en termes de soins psychiatriques dans le département, avec pour mission «de veiller au respect des libertés individuelles et de la dignité des personnes hospitalisées sous contrainte en milieu psychiatrique» ».
Le journaliste observe qu’« en tout, ce sont des moments de vie de plus de 50.000 patients qui ont été ainsi observés ». Michel Doucin, administrateur de l’Unafam qui a coordonné ce travail, remarque : « On peut dire que, presque partout, il y a des violations des droits des patients, des dysfonctionnements graves ou des incohérences problématiques ».
Eric Favereau livre « un échantillon de ces mille et un petits scandales, une liste infinie à la Prévert. Il y a d’abord les locaux, souvent vétustes, souvent innommables, souvent indignes. En Seine-et-Marne, la commission a dressé les «points noirs» constatés ou signalés par les patients : «Insuffisance du chauffage, absence de serviettes de toilette, remplacées par des draps, portions de nourriture insuffisantes, qualité des repas médiocre, chambres à trois voire quatre lits, état dégradé de certaines pièces notamment des sanitaires, saleté des vitres, nettoyées trop rarement, impossibilité pour les patients d’être tranquilles dans leur chambre, difficultés d’accès aux espaces extérieurs pour les patients en fauteuil roulant, absence de sanitaires dans les chambres d’isolement.» ».
Le journaliste continue : « Il y a le temps qui coule. Des délais d’attente, sans fin, comme aux urgences. Au centre hospitalier du Forez (Loire), «le délai d’attente aux urgences est de 4 jours avec un taux d’occupation de 100% depuis le début de l’année». Et cette remarque : «Le service des urgences n’est pas adapté pour accueillir durant 3 ou 4 jours des patients psychiatriques.» ».
Il relève qu’« il y a des hospitalisations qui n’en finissent pas. Dans l’Hérault, ce cas d’école : «Un patient a quitté l’établissement après avoir passé 19 ans dans le secteur fermé, alors qu’il était en soins consentis. Il ne relevait pas d’une hospitalisation en psychiatrie, mais d’un accueil en établissement médico-social.» ».
Eric Favereau continue : « Il y a l’arbitraire. Là on isole, là non. Au centre hospitalier de Dieppe (Seine-Maritime), «les heures de début et de fin d’isolement ne sont pas renseignées, les motifs de mise en isolement ne correspondent pas à des indications thérapeutiques». Dans les Hauts-de-Seine, «à Antony et Issy-les-Moulineaux, il n’était pas clair que les décisions de mise en chambre d’isolement ou de contention prises par un interne ou par un infirmier devaient toujours être confirmées dans l’heure par la visite d’un médecin auprès du patient» ».
Le journaliste souligne en outre qu’« il y a ces droits que l’on ne respecte pas. Un non-respect global. «D’une manière générale, la lecture des dossiers de patients a permis de constater que très peu de récépissés sont signés par les patients eux-mêmes. Trop souvent, ces documents sont signés par un membre de l’équipe soignante, ce qui constituerait «une solution de facilité», pointe l’Unafam ».

Date de publication : 30 mars 2021

 

Revue de presse santé psy – février 2021

« Covid-19, la fatigue pandémique prend de l’ampleur »

C’est ce que constate La Croix, qui note qu’« évoqué par l’OMS à l’automne, le syndrome de fatigue pandémique désigne une forme de lassitude liée aux aspects anxiogènes de la crise sanitaire, plus manifeste chez les jeunes et les personnes âgées ».
France Lebreton observe ainsi : « Lassitude, anxiété, insomnies… Ces symptômes ne sont pas nouveaux mais ils se seraient accentués sous l’effet de la crise sanitaire. Au point que l’OMS a publié, en octobre 2020, un document intitulé «Lassitude face à la pandémie. Remotiver la population pour prévenir le Covid-19» ».
La journaliste relève que « cette fatigue pandémique serait, selon l’OMS, «une réponse naturelle et attendue à une crise de santé publique prolongée», marquée par un «sentiment de détresse» voire de «désespoir», un sentiment d’isolement et une dévalorisation de soi. Autant d’éléments pouvant miner l’adhésion des populations aux mesures permettant de lutter contre la pandémie, prévient l’OMS ».
Nicolas Franck, psychiatre, chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier à Bron (Rhône), explique en effet que « le bien-être mental de la population s’est trouvé altéré au printemps 2020, lors du premier confinement, qui a provoqué un stress majeur, mais aussi suscité un sursaut de créativité pour rebondir ou se reconstruire. À l’automne suivant, le second confinement, bien que moins strict, a été vécu plus difficilement : par effet d’accumulation, le poids des contraintes, le sentiment d’être enfermé chez soi, la limitation des contacts sociaux, l’accès à la culture entravé, ont fait prendre conscience que les besoins fondamentaux n’étaient pas comblés ».
« Résultat, le sentiment d’une grande fatigue, au sens, définit-il, d’une «usure due à la répétition des épreuves», l’a emporté. Et depuis le début de l’épidémie, il y a un an, une succession d’épreuves s’est enchaînée, imposant à chacun de tenir dans la durée : couvre-feu, menace d’un troisième confinement… », remarque France Lebreton.
La journaliste souligne : « Parmi les catégories concernées par ce syndrome, les personnes âgées, premières cibles du virus, qui ne sortent plus de chez elles, parfois n’en ont même plus le désir. Et, paradoxalement, les jeunes qui, moins touchés par le virus, en subissent les contraintes de plein fouet ».
Elle indique que « pour faire diminuer ce mal-être, le Pr Nicolas Franck propose d’associer les jeunes aux mesures mises en place en faveur des aînés – leur donner un rôle social, les impliquer dans la solidarité intergénérationnelle… – et de sensibiliser les personnes âgées à ce qu’est une bonne hygiène de vie psychique, en leur prodiguant des conseils pour rester en lien, conserver un rythme régulier d’activités physiques, etc. ».

Date de publication : 9 février 2021

« La crise sanitaire, une pente dangereuse pour les addictions »

Jeanne Ferney remarque en effet dans La Croix que « les études sur l’impact du confinement ne traduisent pas une explosion des addictions. Mais la crise sanitaire qui dure, et les conséquences économiques qui vont en découler, pourraient exposer les plus fragiles à une surconsommation d’alcool et de drogues illicites ».
La journaliste observe qu’« au printemps dernier, les associations alertaient sur le risque de surconsommation d’alcool et de drogues illicites. «Rester à la maison, ne pas faire grand-chose, cela représentait un contexte favorable», souligne le Pr Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Près d’un an plus tard, les études sur l’impact du confinement semblent indiquer que l’explosion tant redoutée n’a pas eu lieu ».
Bernard Basset, président de l’association Addictions France, indique ainsi que « les consommations sont globalement restées stables. […] Certains facteurs, comme une consommation excessive antérieure ou l’isolement, ont pu conduire à une consommation plus grande. À l’inverse, des consommateurs d’alcool qui buvaient essentiellement lors de rencontres entre amis ou au restaurant, ont diminué leur consommation car ces occasions avaient disparu ».
Jeanne Ferney souligne que « les premiers temps de la pandémie sont en revanche allés de pair avec une hausse notable de la consommation de benzodiazépines, des anxiolytiques. […] Les Français ont globalement délaissé les «drogues stimulantes», comme l’alcool et la cocaïne, pour les drogues à visée apaisante ».
Marie-Jauffret Roustide, sociologue et chercheuse à l’Inserm, indique que « les usagers disent y avoir eu recours contre l’angoisse, la déprime ou un sentiment de solitude ». Le Pr Karila remarque quant à lui : « Pendant le premier confinement, certains de mes patients addicts à la cocaïne ou au cybersexe ont stoppé net. Mais cela n’a pas tenu sur le long terme ».
La journaliste note que « selon lui, la période actuelle, qu’il qualifie de «pseudo-confinement», reste à haut risque. Dans son hôpital, il a constaté «20 à 25% de nouvelles demandes. Certains patients étaient déjà addicts, d’autres viennent pour la première fois après une consommation excessive d’alcool ou de cannabis», détaille le médecin, qui s’inquiète d’un «boom inexpliqué de la consommation de cocaïne, qui a donné lieu à plus d’hospitalisations ces derniers mois» ».
Jeanne Ferney conclut qu’« au-delà de l’épidémie, la crise économique à venir pourrait faire des dégâts », Marie Jauffret-Roustide soulignant : « On sait d’expérience que les crises économiques ont tendance à entraîner une augmentation problématique des usages ».

Date de publication : 17 février 2021

« Covid-19 : les états anxieux et dépressifs en nette hausse entre janvier et février »

Le Parisien note en effet que « la hausse est jugée «significative» par Santé publique France. Le pourcentage de personnes disant ressentir un état anxieux ou dépressif est passé de 29 à 34% en un mois, d’après les nouveaux résultats de l’enquête CoviPrev ».
Le journal rappelle que « cette enquête est menée une ou deux fois par mois, depuis un an, auprès d’un panel représentatif de 2000 adultes. Dans le détail, en vague 21 (du 15 au 17 février), 11% des personnes interrogées présentaient un état anxieux seulement, 11 % un état dépressif seulement et 12% un état à la fois dépressif et anxieux. Un mois plus tôt, ces taux étaient respectivement de 10%, 10%, et 9% ».
« 23% des sondés se disent cette fois anxieux et 23% ressentent des symptômes de dépression. Ces taux n’ont jamais été atteints depuis fin mars 2020, en plein confinement. Si l’on regarde uniquement la part de ceux qui se sentent dépressifs, elle avait doublé à la rentrée de septembre dernier », explique Le Parisien.
Le quotidien souligne que « plusieurs profils sont particulièrement associés à ces états de souffrance psychique. Santé publique France mentionne notamment les étudiants, les personnes sans activité professionnelle ou celles en situation de précarité ».
Le Parisien rappelle que « d’après un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, […] 40% des 18-24 ans ont rapporté un trouble anxieux généralisé, soit 9 points de plus que l’ensemble des Français. Ces jeunes souffrent souvent de l’interruption des cours en présentiel et des fortes perturbations qui impactent la vie sociale et étudiante depuis près d’un an de pandémie en France. Sans surprise, l’inquiétude «à l’égard de la situation» ainsi que le sentiment de solitude sont aussi des facteurs régulièrement liés à l’anxiété ou à la dépression ».
Le quotidien observe que « cela fait plusieurs mois que médecins et autorités mettent en garde contre le risque d’une «troisième vague mentale», pour reprendre l’expression d’Olivier Véran utilisée en novembre dernier. En cas de souffrance, Santé publique France recommande de se rapprocher de son médecin ou d’appeler le 0 800 130 00 «pour demander à être orienté vers une écoute ou un soutien psychologique» ».

Date de publication : 26 février 2021

 

Revue de presse santé psy – janvier 2021

« Covid-19 : la santé mentale, grande sacrifiée de l’épidémie ? »

Le Point constate en effet que « les mesures restrictives liées au virus semblent avoir eu un impact sur les personnes qui, avant l’épidémie, peinaient déjà à trouver un équilibre mental ».
Le magazine se penche sur l’Allemagne où, « comme ailleurs, leur suivi médical a été fortement affecté par la fermeture imposée à de nombreuses structures de soutien en vertu des mesures anti-Covid, d’abord en mars puis à nouveau depuis décembre avec la seconde vague épidémique qu’affronte actuellement le pays ».
« Depuis le printemps, plusieurs établissements ont proposé leurs services en ligne ou via des applications pour smartphones, mais les résultats ne sont pas très probants pour ce type de soins où les échanges directs restent primordiaux », note Le Point.
Le magazine indique que « selon la Fondation allemande d’aide aux victimes de dépression (DDH), les personnes souffrant de cette maladie ont vécu les mesures restrictives du printemps avec un stress plus de deux fois supérieur à la moyenne de la population. Plus de la moitié d’entre elles ont aussi vu leur accès aux traitements restreint, a encore évalué la fondation. Cliniques psychiatriques ambulatoires, centres de conseil et services de prévention du suicide ont tous connu une augmentation des demandes d’aide cette année, même à distance ».
Dietrich Munz, chef de la Chambre allemande des psychothérapeutes, souligne ainsi : « Il y a maintenant toute une série d’études qui montrent que le stress mental causé par les mesures restrictives peut aussi conduire à une maladie mentale ».
Il ajoute que « les humains sont des êtres sociaux. Cela signifie que nous recherchons et avons besoin d’échanges interpersonnels, que ce soit des petites conversations au travail ou des confidences avec ses amis. […] Trop de proximité peut également provoquer un stress psychologique. […] Réduire ses échanges exclusivement avec la famille est difficile s’il y a trop peu d’occasions de s’isoler ».
Le Point conclut que « dans un récent sondage de la compagnie d’assurance maladie Pronova BKK, 75% des 154 psychiatres et psychothérapeutes interrogés s’attendent à une augmentation des cas de maladies mentales au cours des 12 prochains mois ».

Date de publication : 8 janvier 2021

« L’excès de mauvaises nouvelles nuit à notre santé mentale »

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian s’interroge dans Le Figaro : « Bien calé dans son fauteuil, est-on vraiment passif lorsque l’on écoute les informations télévisées ? ».
Le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur au CHU de Marseille, répond : « Pas du tout. Toute information est traitée par notre cerveau : lorsque les informations se succèdent, cela finit par constituer une charge mentale non négligeable. Or chez une personne qui se sent déjà épuisée psychiquement, ce n’est pas rien, surtout avec les chaînes d’information en quête de sensationnel ».
« Ces chaînes, met en garde le médecin, nous font vivre dans l’instantané et la recherche de réactions émotionnelles », poursuit Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond explique ainsi que « la catastrophe fascine ! Il y a un effet d’amplification de ces informations négatives qui, répétées au quotidien, finissent par donner le sentiment de vivre dans un monde en perdition. Et cette impression de vivre dans un monde moche, sans espoir, peut créer de la dépression et même favoriser des idées suicidaires chez une personne prédisposée. C’est le sentiment d’impuissance qui fait le plus de dégâts sur le plan psychique. Le stress généré par ces informations négatives qui paralysent provoque une sécrétion prolongée de cortisol et favorise à terme l’inflammation dans le cerveau ».
Nathalie Szapiro-Manoukian relève que « les informations reçues par notre cerveau ne sont pas traitées de façon égalitaire, comme l’a montré récemment une équipe de chercheurs de Montréal du CHU Ste Justine (Nature Communications, août 2020) ».
La journaliste explique que « notre cerveau est composé de milliards de cellules nerveuses excitables, et c’est par le biais des épines dendritiques (de minuscules protubérances en contact avec les autres cellules nerveuses) que les données s’échangent entre cellules. Lorsqu’une information persiste et/ou se répète […], ces échanges se multiplient, le nombre d’influx nerveux traitant cette information augmente et les neurones y deviennent encore plus sensibles. Cela ne fait qu’amplifier l’information. À l’inverse, une information reçue ponctuellement fait l’objet de peu d’échanges et, même s’il s’agit d’une excellente nouvelle, son évocation trop éphémère va faire que pour notre cerveau elle va passer quasi inaperçue car elle manque d’écho ! ».
« À cette iniquité de traitement des informations s’ajoute le fait que l’être humain a une certaine appétence pour les catastrophes. […] Autre biais cognitif : nous retenons ce qui nous est proche, bien plus en tout cas, que ce qui semble lointain », ajoute-elle.
Nathalie Szapiro-Manoukian observe que « les personnes non affectées par ces nouvelles négatives ont intégré instinctivement que les informations télévisées délivrées à la chaîne créent de la distorsion et ne traduisent pas exactement la réalité (il y a un effet « zoom »). Elles contrebalancent ces informations négatives par des annonces positives et/ou se concentrent sur ce qui compte vraiment pour elles, sur quoi elles peuvent agir ».
Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne, indique ainsi que « pour repérer ce qui va bien, ce qui nous convient, il faut faire un effort. Un vrai effort. Il faut être mobilisé dans cette intention et y revenir dès qu’on l’a lâchée, qu’on a oublié et que notre naturel revient au galop… Notre attention réclame un effort pour nous permettre d’être attentif aux belles choses ».
« Mais pour ceux déjà épuisés psychiquement, ce recul manque. Il y a alors urgence à faire l’économie des informations négatives non essentielles ! Mais aussi à s’informer autrement »,souligne Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond indique : « Je leur conseille de se trouver d’autres sources d’information qui traitent ces sujets plus en profondeur comme les journaux, les podcasts, la radio, etc. Ces médias laissent la place aux analyses, aux recherches et aux solutions possibles. Or accroître ses connaissances dans un domaine rassure. Cela permet aussi de faire le tri entre vraies informations et fake news ».

Date de publication : 11 janvier 2021

« La santé mentale des étudiants mise à fac »

Cassandre Leray constate en effet dans Libération : « Isolement, angoisse liée à l’enseignement à distance, précarité… Syndicats et enseignants s’alarment de l’état de détresse des jeunes ».
La journaliste fait savoir que « mardi soir, une étudiante [à l’université Lyon-III] a tenté de sauter du cinquième étage de sa résidence universitaire. Bien qu’elle ait été prise en charge «avant de commettre l’irréparable», selon les mots d’[Eric Carpano, président de l’université], cet événement fait violemment écho à ce qui s’est passé durant la nuit de vendredi à samedi ».
Cassandre Leray explique qu’« à la résidence universitaire de Villeurbanne, un étudiant en master de droit à Lyon-III s’est jeté par la fenêtre du cinquième étage. Son pronostic vital est engagé. Les causes de ces gestes ne sont pas encore connues, mais une chose est sûre, «il y a un profond mal-être de la jeunesse aujourd’hui, qui a le sentiment d’avoir été délaissée. La crise sanitaire leur impose des contraintes absolument redoutables», selon le président de l’université ».
Eric Carpano ajoute : « Il faut une prise de conscience nationale pour accompagner notre jeunesse et lui offrir un horizon. J’espère que la réponse gouvernementale sera à la hauteur des attentes ».
La journaliste note que « ce constat, le Premier ministre Jean Castex ne l’a pas nié lors de sa conférence de presse de jeudi soir, parlant d’un «profond sentiment d’isolement», de «vraies difficultés psychologiques», une «source de préoccupation majeure». […] Il a annoncé un retour très progressif dans les amphis des 1,6 million d’étudiants assignés à l’enseignement à distance depuis 3 mois, à partir du 25 janvier pour «une reprise en demi-groupes des travaux dirigés des élèves de première année» ».
Cassandre Leray ajoute que « ce vendredi, [le Premier ministre et la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal] doivent recevoir les représentants de la communauté universitaire pour préciser les modalités de cette prudente évolution, alors que la reprise en physique des étudiants les «plus fragiles», annoncée en décembre, s’est faite au compte-gouttes depuis la rentrée de janvier ».
La journaliste cite en outre Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui souligne : « On se retrouve dans des situations de plus en plus anxiogènes : la hausse de la précarité, l’angoisse liée aux partiels, la peur pour l’avenir, la fermeture des universités, l’isolement. Je ne sais même plus comment mettre des mots là-dessus ».
Marielle Wathelet, médecin de santé publique au Centre national de ressources et de résilience (CN2R), note pour sa part : « On sait que les étudiants ne vont pas bien. Leur état de santé mentale est altéré, quel que soit l’indicateur que nous avons mesuré ».
Cassandre Leray explique qu’« en octobre, elle a codirigé à une étude sur l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France pendant le confinement, du 17 avril au 4 mai. Sur les 70.000 répondants, 11,4% ont déclaré avoir des idées suicidaires, 27,5% rapportaient des symptômes sévères d’anxiété et 16,1% de dépression. Des chiffres qui «sont plus élevés que la moyenne, hors contexte de pandémie», note Marielle Wathelet ».
La journaliste précise que « des données manquent encore : celles des suicides. […] De premiers résultats, concernant la période de janvier à août 2020, ont tout de même pu être analysés ».
Fabrice Jollant, psychiatre spécialiste des conduites suicidaires, indique qu’« ils portent sur les tentatives de suicide hospitalisées seulement. Chez les jeunes, il y a eu une diminution durant la première partie de la pandémie ».
Cassandre Leray relève qu’« il reste difficile de poser un constat ferme, puisque cette baisse des hospitalisations pourrait notamment s’expliquer par un accès aux soins plus difficile à cette période. Surtout, comme le pointe le spécialiste, «tout le monde a le sentiment que c’est de plus en plus difficile depuis la rentrée. Chez les étudiants, il y a une fatigue, une lassitude, une crise qui dure. On craint que les prochains chiffres aillent dans l’autre sens» ».

Date de publication : 15 janvier 2021

« Sans horizon, les Français peinent à garder le moral »

Le Figaro relève en effet : « Un «tunnel sans fin», une «atmosphère pesante», un sentiment entêtant de «tourner en rond». Du deuxième confinement au couvre-feu à 18 heures, de la fermeture des restaurants aux portes closes des musées, en passant par les masques, le gel hydroalcoolique et les produits non-essentiels, les Français expriment un ras-le-bol de plus en plus envahissant. La menace des nouveaux variants du Covid-19, plus contagieux, et la perspective d’un troisième confinement ont achevé de plomber leur moral ».
Le journal constate que « les unités psychiatriques voient arriver de nouveaux patients qui n’avaient jusqu’à présent jamais consulté ».
Le Figaro note ainsi que « dans le centre de psychiatrie où il exerce à Lyon, le Pr Nicolas Franck s’inquiète du nombre croissant de Français en souffrance, à tel point que les standards saturés peinent à répondre à leurs appels. Une population hétérogène qui va des «soignants traumatisés» aux étudiants isolés «qui vivent à distance de leur famille, reclus dans une chambre minuscule, sans cours et sans ressources» ».
Le Pr Franck déclare que « les épreuves qui s’accumulent altèrent le bien-être mental » et évoque ces personnes âgées qui « ne sont quasiment pas sorties de chez elles depuis bientôt un an car elles ont peur de se contaminer, y compris dans un centre de vaccination. Elles vivent repliées sur elles-mêmes. Elles ont perdu des capacités physiques et sont en grande souffrance morale car elles ne voient plus leurs proches ».
« Quant aux personnes fragiles psychologiquement, qui consultaient déjà avant la pandémie, elles vivent cette période «encore plus difficilement que les autres», prévient-il. Plus les mesures sanitaires sont longues, «plus les conséquences sur la santé mentale s’aggravent» », continue le journal.
Marie-Estelle Dupont, psychologue, remarque que « les Français saturent. Ils perdent leurs repères. […] Avec ces mesures sanitaires, on a réduit l’être humain à des besoins alimentaires et matériels. Les dégâts sont catastrophiques : les gens boivent, grossissent, prennent des psychotropes, deviennent addicts aux écrans. Quand on est privé d’air, de lumière, d’échanges affectifs, de culture et qu’on a toujours peur de contaminer l’autre, nécessairement, on déprime… ».
Le Figaro observe que « chez Nightline, un service d’écoute destiné aux étudiants, on note «une légère augmentation du nombre d’appels, avec des pics autour des annonces du gouvernement» ». Patrick Skehan, son délégué général, précise : « Solitude, études, problèmes relationnels, ce sont toujours les mêmes problématiques, mais exacerbées par la crise sanitaire. Quelque 10% de nos appelants évoquent des idées suicidaires. Va-t-on trouver une réponse structurelle à cette crise ou bien simplement créer de nouveaux numéros verts ? ».
Le quotidien relève qu’« à l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, qui sonde les effets de la pandémie sur la santé mentale des Français, on reconnaît que les chiffres sur les troubles anxieux et dépressifs n’ont «sans doute jamais été aussi hauts». Tristesse, perte d’intérêt, énergie à plat, ralentissement intellectuel et physique… ».
« Santé publique France souligne cependant que «70% des gens arrivent à s’en sortir» et que le vaccin apparaît comme un motif d’espoir. Son principal objectif est aujourd’hui d’éviter que ces troubles «s’installent dans la durée et s’aggravent». Une vaste campagne d’information sur la santé mentale est en préparation », indique Le Figaro.
Dans un autre article, le journal se penche en outre sur une « inquiétante augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes » : « Précarisés, isolés, exténués, de plus en plus de jeunes voient leur santé mentale se dégrader. Alors qu’un troisième confinement se profile, les professionnels de santé alertent sur l’importance de garder les établissements scolaires et universitaires ouverts ».

Date de publication : 29 janvier 2021

 

Revue de presse santé psy – décembre 2020

« Covid-19 : la solitude, l’autre épidémie »

Le Parisien fait savoir que « la Fondation de France publie ce jeudi son 10e rapport annuel sur les solitudes. […] Il montre une forte augmentation de l’isolement, amplifiée par la crise sanitaire ».
Le journal note ainsi que « la solitude accompagne aujourd’hui 7 millions de Français. C’est 3 millions de plus qu’en 2010. Salariés en chômage partiel ou en télétravail qui se sentent inutiles, étudiants priés de rester seuls face à leur ordinateur… Sans faire de bruit, la solitude s’est ancrée dans le quotidien d’une population de plus en plus nombreuse ».
Le Parisien évoque « une constante : les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée par l’isolement, soit un sur quatre. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs mis un cruel coup de projecteur sur les conséquences que cela peut avoir chez nos aînés ».
« A tel point que la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, vient de nous annoncer l’ouverture de 10.000 missions de service civique en renfort dans les Ehpad, les résidences autonomie et auprès des personnes âgées bénéficiant d’aides à domicile », indique le journal.
Il souligne que « sans surprise, ce sont les plus précaires qui se sentent les plus seuls (surtout les femmes, majoritairement à la tête de familles monoparentales ou dans le rôle d’aidantes). Double peine également pour les personnes handicapées ou atteintes d’une maladie chronique. Mais les catégories touchées vont désormais bien au-delà. La part des classes aisées en situation d’isolement est passée de 6% à 11%. Les jeunes aussi ne sont plus épargnés ».
Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la philanthropie à la Fondation de France, remarque qu’« il existe une forme de généralisation assez alarmante. […] Le sentiment de méfiance envers les autres a fortement augmenté, surtout depuis les attentats de 2015. Chez certains, il alimente une forme de dégoût envers cette société qui ne semble pas vouloir les intégrer ».
Elle ajoute que « la situation sanitaire qui s’ancre dans la durée, la crise économique et ses probables effets sur la montée du chômage sont des facteurs de risque majeurs. La crainte d’une épidémie de solitude est donc bien réelle ».

Date de publication : 3 décembre 2020

« La santé mentale, parent pauvre du système de soins français »

Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro : « Anxiété, sommeil haché, boulimie, dépression, addictions aux écrans, au tabac, à l’alcool… La crise du Covid révèle au grand jour les troubles de santé mentale dont souffrent les Français, trop souvent passés sous silence car jugés tabous et honteux ».
La journaliste note toutefois qu’il s’agit d’une « occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale, parent pauvre du système tricolore, alors que les maladies psychiques touchent chaque année une personne sur cinq, soit 12 millions de Français, et que seuls 40% à 60% d’entre eux sont pris en charge ».
Elle annonce que « dans une étude très fouillée intitulée «Santé mentale, faire face à la crise», […] l’Institut Montaigne propose une prise en charge innovante des troubles les plus fréquents, légers à modérés, mais qui peuvent être très invalidants ».
Marie-Cécile Renault explique que « le think-tank indépendant plaide pour une approche plus intégrée entre médecine physique et psychiatrie, afin de déstigmatiser, favoriser l’accès aux soins et augmenter la qualité ».
« Car l’enjeu est énorme, non seulement pour le bien-être et la qualité de vie des individus, mais aussi d’un point de vue économique. Avec un total de… 23 milliards d’euros de remboursements (médicaments, soins, arrêts de travail, etc.) chaque année, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, loin devant le cancer ou les maladies cardiovasculaires », continue la journaliste.
Elle poursuit : « Dénonçant une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie qui oublie la médecine de ville, l’Institut Montaigne préconise de laisser les cas lourds aux psychiatres et de s’appuyer davantage sur les médecins généralistes pour les cas légers ».
« Or, aujourd’hui, les médecins de famille manquent de temps pour ces consultations chronophages ainsi que d’outils cliniques simples de dépistage, et surtout n’y sont pas incités financièrement : il n’y a aucun indicateur sur la santé mentale dans la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp), alors même que 30% de leur patientèle est concernée », remarque Marie-Cécile Renault.
Elle ajoute : « Et quand bien même le médecin traitant repère les troubles, il se trouve démuni. S’il envoie le patient chez un psychologue, les consultations ne sont pas remboursées. Une barrière financière, reconnaît l’Assurance-maladie, qui expérimente dans quatre départements le remboursement de psychothérapies, sur prescription médicale, pour des troubles légers ».
La journaliste note enfin que « l’Institut Montaigne prône aussi le renforcement du travail en équipe autour du médecin traitant et qu’une infirmière assure la coordination avec le psychiatre de secteur ou le psychologue, veille à la bonne observance des traitements, à ce que le patient revienne, etc. Des pratiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger, évitent d’«emboliser» les urgences et font gagner un temps précieux alors qu’un dépistage précoce évite l’aggravation ».

Date de publication : 8 décembre 2020

« Une vague de suicides est à craindre avec le déconfinement »

Stéphane Kovacs s’interroge dans Le Figaro : « Alors qu’approchent la fin du confinement et les fêtes de fin d’année, serait-ce maintenant «une vague de suicides» que l’on devrait craindre ? ». Le journaliste souligne en effet que « selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, publiée en novembre, le risque apparaît élevé lors de ce second déconfinement ».
Il observe qu’« au Japon, on a enregistré plus de décès par suicide pendant le mois d’octobre que de morts du coronavirus depuis le début de l’année. En France, il est trop tôt pour connaître le nombre de suicides en 2020. Mais d’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, parmi les 20% de personnes interrogées qui déclarent avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider, 11% déclarent l’avoir pensé durant le premier confinement, et 17% depuis sa fin ».
Stéphane Kovacs retient que « depuis la crise de 1929 aux États-Unis, «toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois, voire quelques années», rappellent les auteurs. Pour celle de 2008, c’est en 2009 et 2010 que le pic des suicides a été identifié ».
Le sociologue Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide et coauteur de l’enquête, indique ainsi que « paradoxalement, le risque de suicide apparaît plus important au moment du déconfinement. Quand on était tous confinés au printemps, tous les Français étaient traités de la même façon. Face à la menace virale, les personnes qui avaient une tendance dépressive ou étaient en difficulté sociale devenaient comme tout le monde. La solidarité a pu s’exprimer. Ça a créé une dynamique de survie. Or le déconfinement a fait revenir les disparités : le chômeur est resté au chômage, alors que les autres retournaient au travail… ».
Il déclare en outre que les autorités « sont borgnes : elles regardent la crise sanitaire d’un seul œil, celui du virus. […] Les plans sociaux, les boutiques qui ferment, les étudiants qui ne trouveront pas d’emploi, c’est pour demain ! Ce sont ces gens que l’on va retrouver dans nos hôpitaux quand ils seront vidés des malades du Covid ».
Stéphane Kovacs précise que « l’enquête relève trois catégories socioprofessionnelles plus particulièrement touchées : les dirigeants d’entreprise, dont 27% ont eu l’intention de se suicider en 2020, les artisans-commerçants (25%) et les chômeurs (27%). Parmi les artisans-commerçants qui ont envisagé le pire, 42% disent être passés à l’acte, avec une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« avec son numéro vert, l’association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) avait pris en charge 1007 personnes à la date du 6 décembre 2020 – contre 620 pour la même période de 2019 ».
Il cite notamment Bruno, entrepreneur en faillite : « J’ai toujours travaillé sans le soutien de personne. Aujourd’hui, je suis acculé par mes nombreux créanciers, l’État, l’Urs­saf, et je sais qu’il n’y aura pas d’issue. J’ai froidement décidé de me suicider. Toutefois, j’ai une femme et une petite fille… ».
Stéphane Kovacs remarque en outre que « chez SOS Amitié, comme pendant le premier confinement, les appels sont passés de «5000 à 6000 par jour à environ 8000, avec des pointes à 10.000». L’an dernier, le suicide était évoqué dans 14% des cas. Aujourd’hui, c’est «dans un appel sur trois ou quatre»… Et une catégorie socio-professionnelle apparaît, celle des soignants et du personnel non-soignant des hôpitaux ».
Le journaliste note que « selon le site Medscape, la moitié des médecins affirment présenter des symptômes de burn-out. Parmi lesquels près d’un tiers songerait au suicide. Quant aux étudiants, d’après une enquête de l’université de Lille publiée fin d’octobre, 11,4% d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires. La «détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus», a alerté […] le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken ».
« Depuis quelques semaines, les psychiatres voient défiler des patients qui n’avaient pas l’habitude de consulter : beaucoup de jeunes, et des personnes âgées souffrant d’isolement », continue Stéphane Kovacs, qui souligne dans un autre article que « le mal-être des adolescents [est] en forte augmentation depuis novembre ».

Date de publication : 9 décembre 2020

« Déprime post-Covid : perte d’envie, agressivité… les signes qui doivent alerter »

Christine Mateus s’interroge ainsi dans Le Parisien : « Comment distinguer un coup de mou d’une vraie dépression alors que toutes les études montrent que l’épidémie s’attaque aussi au moral, voire à la santé mentale des Français ? Deux psychiatres nous en disent plus ».
La journaliste souligne que « les contraintes liées à la crise sanitaire, et en particulier au confinement, pèsent en effet sur le moral des Français. Mais comment distinguer nos émotions négatives en réaction aux obstacles qui régissent actuellement notre quotidien, des symptômes de la dépression ou de l’anxiété ? ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, indique qu’« être agacé, inquiet par les annonces gouvernementales, c’est une réaction de l’esprit tout à fait saine. Ce qui est inquiétant, c’est lorsque des signes d’alerte durent dans le temps. Environ 3 semaines en continu. Si c’est le cas, c’est une situation médicale et il faut consulter son médecin ».
Christine Mateus poursuit : « Quels sont ces signes ? Qu’est-ce qui affiche qu’une personne va mal ? », et évoque tout d’abord « la perte d’envie » : « On traîne, on s’alimente mal (attention aux variations de poids qui sont aussi une manifestation à prendre en compte), on ne participe plus à la vie de la famille ».
Le Pr Lejoyeux précise : « La personne s’est comme autoconfinée. Elle ne bougera pas malgré l’allègement des contraintes. Si vous avez compté les jours avant l’ouverture des boutiques, c’est bon signe ».
La journaliste relève que « ces symptômes ont aussi des conséquences sur le sommeil. Les gens touchés dorment ainsi beaucoup. C’est une sorte de «sommeil refuge» ».
La Dr Fanny Jacq, psychiatre, explique que « l’anxieux rencontre des difficultés à trouver le sommeil. Le dépressif, lui, se couche tôt, s’endort facilement mais se réveille vers 3 heures avec un blues du petit matin. Toutefois, il restera au lit et retardera au maximum l’heure du lever ».
Christine Mateus évoque ensuite « l’irritabilité, l’agressivité » : « Ce sont des surréactions pour des petites choses, comme une assiette cassée, de la nervosité mais aussi la remise en cause des propos et des opinions des proches ».
La journaliste aborde aussi « le ralentissement du rythme », « la perte de l’estime de soi et la culpabilité », « la rumination de pensées négatives », et enfin « l’augmentation des addictions ». La Dr Jacq observe en effet que « l’alcool est un dépresseur. Il fait notamment baisser la sérotonine. Or, on note une reprise d’un alcoolisme solitaire ».

Date de publication : 21 décembre 2020