Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – juillet 2021

« Une thérapie pour adultes hyperactifs »

Date de publication : 12 juillet 2021

Le Figaro

Stéphany Gardier note en effet dans Le Figaro que « des séances de « neurofeedback » améliorent les capacités attentionnelles des patients sans aucun médicament ».
La journaliste rappelle que la technique
 « consiste à enregistrer l’activité cérébrale d’un sujet avec des électrodes afin de pouvoir lui montrer et lui donner les moyens de mieux la contrôler. […] Grâce aux évolutions technologiques, elle a gagné en efficacité et pourrait bien aujourd’hui changer la donne pour certains patients, dont les adultes souffrant de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA-H) ».
Stéphany Gardier explique qu’«
 une équipe de chercheurs et de médecins de l’université de Genève et des Hôpitaux universitaire de Genève ont évalué le neurofeedback chez un petit groupe de patients adultes avec TDA-H. Leurs travaux publiés dans la revue Clinical Neurophysiology montrent que les capacités attentionnelles seraient améliorées dès la première séance ».
La journaliste indique ainsi que 
« 25 adultes souffrant de TDA-H ont participé à l’étude suisse. Chaque séance de neurofeedback de 30 minutes était précédée et suivie par un test d’attention ».
Marie-Pierre Deiber, chercheuse au département de psychiatrie de la faculté de médecine de l’Unige, précise :
 « Il s’agit de tests avec des lettres qui défilent et dans lesquels le sujet doit soit indiquer l’apparition de certaines lettres, soit volontairement ne pas réagir à l’apparition d’une lettre précise. Les personnes avec TDA-H se trompent plus que les personnes sans trouble attentionnel sur les deux modalités en général ».
Stéphany Gardier ajoute que 
« pour réaliser le neurofeedback, les patients portaient un casque comportant 64 électrodes superficielles enregistrant leur activité cérébrale. Parmi toutes les ondes enregistrées sur l’électroencéphalo­gramme, les chercheurs se sont principalement intéressés aux ondes dites alpha ».
Tomas Ros, chercheur au département de neurosciences fondamentales de la faculté de médecine de l’Unige, indique que
 « les études réalisées jusqu’ici utilisaient deux autres ondes, thêta et bêta. Mais les résultats obtenus n’étaient pas toujours concordants. L’onde alpha est représentative de l’attention visuelle, et nous considérons que c’est plus pertinent ».
La journaliste explique que 
« le casque d’EEG est relié à un ordinateur qui transforme la valeur de l’onde alpha en un signal visuel explicite pour le sujet, ici une fusée dont la vitesse de progression est directement dépendante de l’attention déployée ».
Le Dr Hervé Caci, pédopsychiatre au CHU Lenval de Nice, note ainsi que 
« c’est un des intérêts de cette méthode, elle permet au patient de voir, concrètement, quand son attention se détourne, de prendre conscience de ce vagabondage attentionnel et, a contrario, de ressentir le fait d’être concentré ».
Tomas Ros poursuit : 
« Nos données montrent, après 30 minutes de neurofeedback, une amélioration significative des scores aux tests d’attention. Les bénéfices sur les capacités attentionnelles sont aussi confirmés par l’augmentation d’une autre onde cérébrale, dite “P3”. Cela confirme une neuromodulation à court terme. Nous espérons montrer, en répétant les séances, qu’il y a une plasticité des synapses à long terme, une sorte de reconfiguration de certains circuits neuronaux impliqués dans l’attention ».
« De quoi redonner espoir aux patients à la recherche d’une thérapie non médicamenteuse. Les options thérapeutiques pour les adultes atteints de TDA-H sont en effet restreintes. La ritaline (méthylphénidate) n’est pas toujours bien tolérée, et étoffer l’arsenal thérapeutique avec des interventions non médicamenteuses serait un plus pour ces patients, dont beaucoup sont encore diagnostiqués tardivement », 
rappelle Stéphany Gardier.

 

« L’impact psychologique de la météo »

Date de publication : 16 juillet 2021

Le Figaro

Stéphany Gardier s’interroge dans Le Figaro : « La météo maussade qui a marqué le printemps et ce début d’été peut-elle aller jusqu’à déclencher des dépressions saisonnières ? ».
La Dr Hélène Richard-Lepouriel, responsable de l’unité des troubles de l’humeur des hôpitaux universitaires de Genève, remarque ainsi qu’«
 il y a un impact réel des conditions sur l’humeur, certains patients rapportent des symptômes, mais nous n’avons pas noté de rechutes dépressives au sens clinique du terme ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, note pour sa part qu’
« il est normal d’être triste, déçu ou morose face à une météo qui nous empêche de faire ce que l’on avait prévu, mais ce n’est pas pathologique. Tant que vous râlez contre la météo c’est plutôt bon signe ! Et le meilleur moyen de se sentir mieux est de bouger, de cultiver des moments de convivialité, de trouver comment vivre des petites expériences au quotidien même sans soleil ! ».
Stéphany Gardier souligne que «
 certains signes doivent alerter ». Le Pr Lejoyeux indique que « si on note une perte d’envie, que l’on se sent fatigué, physiquement ou psychiquement et que l’on se fait beaucoup de reproches, il peut être nécessaire de demande un avis médical ».
La journaliste ajoute que «
 si notre humeur pâtit d’une météo pourrie ce n’est pas tant à cause de la pluie mais bel et bien faute d’ensoleillement suffisant ».
La Dr Richard-Lepouriel explique qu’«
 il y a un continuum de vulnérabilité à la luminosité : certains ne sont pas gênés du tout, d’autres vont se sentir moins gais et, tout au bout du spectre, il y a les patients qui souffrent d’un trouble affectif saisonnier ».
Stéphany Gardier remarque en outre que 
« souvent banalisée, la dépression saisonnière n’a rien d’anodin ». Le Pr Florian Ferreri, psychiatre spécialiste de l’anxiété et de la dépression à l’hôpital Saint-Antoine (Paris), précise : « Il s’agit d’un réel épisode dépressif qui peut avoir des répercussions importantes sur la vie des patients qui sont plongés dans un état de fatigue intense et pour qui tout devient laborieux. Il n’est pas impossible que ceux qui souffrent de ce type de dépression ressentent cette année des symptômes plus précocement, faute d’avoir pu “recharger” les batteries, il faudra donc être vigilant ».

 

« Covid-19 : un fort impact psychologique chez les soignants en réanimation »

Date de publication : 23 juillet 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir note que « cela fait déjà une année et demie que les soignants se battent courageusement pour sauver les vies des patients atteints de Covid-19. Une lutte épuisante qui a eu un impact significatif sur leur bien-être psychologique, notamment pour ceux travaillant dans les services de réanimation, pour qui chaque nouveau patient représente une nouvelle bataille entre la vie et la mort ».
Le magazine indique ainsi que
 « selon une étude publiée […] dans le British Journal of Nursing, la moitié d’entre eux auraient développé diverses conditions psychologiques liées à ce stress, dont de l’insomnie, de la dépression et un syndrome de stress post-traumatique ».
Il précise que «
 l’étude a recruté 515 soignants travaillant dans les services de réanimation ou des soins intensifs, y compris les infirmiers et les physiothérapeutes, en mai 2020 dans sept pays : le Royaume-Uni, la France, l’Italie, la Belgique, Taïwan, la Chine et l’Égypte, dont plus de la moitié (309) travaillaient en France. De ces 515 participants, seulement 11 d’entre eux avaient un historique de maladie mentale ».
« Les participants devaient remplir des questionnaires sur le bien-être et l’anxiété, et leurs réponses ont été utilisées pour identifier différents troubles psychologiques. La grande majorité d’entre eux (78%) présentaient des signes d’insomnie, un sur trois (37%) des signes de dépression, et 28% un syndrome de stress post-traumatique »,
 continue Sciences et Avenir.
Matthieu Komorowski, chercheur à l’Imperial College London et co-auteur, indique que 
« le grand nombre de patients hospitalisés pendant le pic de la pandémie a mis une pression considérable sur les réanimations et leurs employés. Des facteurs comme l’isolation individuelle, la perte de soutien social pendant le confinement, combinés à des changements dans les conditions de travail, ont pu exacerber ces troubles ».
Sciences et Avenir souligne que 
« ces soignants en réanimation étaient en première ligne dans la lutte contre le virus, donc les conséquences néfastes de l’infection étaient très présentes dans leur quotidien. Ajoutée au stress généré par des horaires de travail allongés et des services de réanimation saturés, la peur de la maladie et de la mort, qu’ils côtoyaient de près ».
Le magazine explique que
 « selon cette étude, 57% des soignants en réanimation se déclaraient très préoccupés par le danger d’être infectés, alors que 21% d’entre eux se disaient très inquiets de mourir à cause du coronavirus. Une lourde charge mentale que la majorité de ces soignants (89%) portaient même à l’extérieur de leur lieu de travail ».
« Les auteurs sont convaincus que ces données peuvent être un indicateur utile pour démarrer une conversation nécessaire autour de la santé mentale des soignants », 
poursuit-il.
Ahmed Ezzat, co-auteur, remarque ainsi : 
« Comme dans le reste de la société, la maladie mentale reste un tabou parmi les soignants. Le Covid-19 a exacerbé ce problème et notre inquiétude est à quel point la résilience de ces employés a été épuisée, et quelles ressources on peut mettre en place à moyen ou long terme pour les protéger de la maladie mentale. C’est une opportunité pour aborder les problèmes de santé mentale dans le domaine de la santé ».

 

Une association établie entre risque de décès par COVID-19 et maladie mentale

Une association établie entre risque de décès par COVID-19 et maladie mentalePar Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 28 juillet 2021

Les troubles mentaux préexistants, en particulier les troubles psychotiques et de l’humeur, et l’exposition aux antipsychotiques et aux anxiolytiques sont associés à un surrisque de mortalité par COVID-19. Ces résultats parus dans le Lancet Psychiatry soulignent la nécessité d’approches ciblées pour gérer et prévenir la COVID-19 dans ces groupes de patients.

Une méta-analyse confirme un lien entre troubles mentaux et risque de COVID-19 sévère. Les auteurs ont recherché toutes les études informatives parues entre le 1er janvier 2020 et le 5 mars 2021, évoquant la maladie COVID-19 chez les patients atteints de troubles psychiatriques, comparés à des sujets contrôles.
Au total, 33 études ont été incluses dans la revue systématique et 23 études dans la méta-analyse. Elle incluaient 1,5 million de personnes atteintes de COVID-19, dont près de 44.000 souffrant de maladies mentales. Parmi ces études, 22 ont été jugées de haute qualité, permettant de conclure à une association entre ces troubles prééxistants et la mortalité par COVID-19 (OR 2 ; 1,58-2,54).
Cette association a été observée pour les troubles psychotiques (2,05 ;1,37-3,06), les troubles de l’humeur (1,99 ; 1,46-2,71), les troubles liés à l’utilisation de substances (1,76 ; 1,27-2,44), les déficiences intellectuelles et troubles du développement (1,73 ; 1·29-2·31) mais pas pour les troubles anxieux (1,07 ;0,73–1,56).
La mortalité due au COVID-19 était également associée à l’exposition aux antipsychotiques (3,71 ;1,74–7,91), aux anxiolytiques (2,58 ; 1,22–5,44) et aux antidépresseurs (2,23 ; 1,06–4,71). Pour les troubles psychotiques, les troubles de l’humeur, les antipsychotiques et les anxiolytiques, l’association est restée significative après ajustement pour l’âge, le sexe et d’autres facteurs de confusion. Malgré ces risques accrus, ces patients ne sont pas admis plus que les autres en unité de soins intensifs.



 

Revue de presse santé psy – juin 2021

« En psychologie, le recours aux téléconsultations fait débat »

Date de publication : 10 juin 2021

La Croix note en effet que « la pandémie a mis en lumière les conditions de travail des psychologues qui manifestent ce jeudi 10 juin. Le premier confinement les a obligés à organiser les consultations à distance. Un an après, deux psychologues et une patiente témoignent des avantages et des inconvénients de cette pratique qui perdure ».
Le journal souligne que « de nombreuses études ont montré que la crise sanitaire et les confinements successifs ont entraîné une dégradation de la santé mentale d’une partie des Français, et notamment des jeunes. Entre octobre 2020 et janvier 2021, le nombre de recherches sur Doctolib en lien avec la psychologie a doublé, passant de 120.000 à 255.000. Résultat, la pratique de la consultation par téléphone ou en visioconférence avec une webcam, s’est imposée et semble se maintenir ».
Le quotidien cite notamment Sylvia Martin, qui « a milité pour le passage à la téléconsultation dans son établissement de santé au début du premier confinement. En proposant des créneaux en visioconférence à ses patients habituels, la psychologue a vu arriver une nouvelle patientèle ».
Elle indique ainsi : « J’ai reçu des appels de la France entière, car il n’y a pas partout des spécialistes en troubles de la personnalité “borderline”. J’ai aussi été appelée par des personnes vivant en milieu rural, qui ne voulaient pas faire une heure de voiture pour consulter ».
La Croix relève que « pour elle, la visio-thérapie permet d’abord de rendre la psychologie accessible à des personnes incapables matériellement ou psychologiquement de se rendre au cabinet. La psychologue peut par exemple, en direct, entraîner ses patients agoraphobes à sortir de chez eux. Quand Sylvia Martin a recommencé à proposer des créneaux en présentiel en mai 2021, certains patients ont d’ailleurs choisi de continuer à distance ».
Stéphanie Mancion, pédopsychologue, déclare pour sa part que « derrière l’écran, il est très difficile de savoir ce qu’il se passe dans la famille et d’évaluer les situations de violence. [La visioconférence] sert à garder le lien en période de crise, mais on ne peut en rester là. Remettre devant un écran les jeunes accros aux jeux vidéo, alors qu’ils ont besoin de lien humain et réel, c’est empêcher la thérapie. De même qu’en ne faisant pas venir au cabinet les jeunes qui ont du mal à sortir de chez eux, on ne s’attaque pas aux symptômes ».

 

« Des neurones de la curiosité identifiés dans le cerveau »

Date de publication : 24 juin 2021

Pierre Kaldy note dans Sciences et Avenir que « le désir spontané d’explorer le monde autour de nous correspond à un instinct déjà présent chez la souris, révèle une étude publiée par des chercheurs néerlandais dans la revue Science ».
Etienne Coutureau, spécialiste des bases nerveuses du comportement exploratoire au CNRS, indique qu’« étudier la curiosité pure, désintéressée, chez l’animal n’est pas une chose facile car elle peut être motivée par de nombreux facteurs tels que la faim, la soif, la recherche d’un partenaire sexuel. Cette étude intéressante semble néanmoins y être arrivé ».
Pierre Kaldy explique que les « auteurs ont utilisé le comportement exploratoire spontané de la souris dès qu’elle décèle quelque chose de nouveau dans son environnement, que ce soit un objet ou un congénère. Le rongeur se met alors à le sentir, à le mordiller, voire à s’en saisir, manifestant un comportement exploratoire stéréotypé qui permet à l’animal d’emmagasiner de nouvelles connaissances ».
Etienne Coutureau remarque : « Après l’effet de surprise qui aide à mémoriser, la recherche d’information sur ce qui apparaît nouveau dans l’entourage est vitale pour les animaux car c’est un préalable à tout apprentissage. C’est grâce à elle qu’ils pourront anticiper de futurs dangers ou, du moins, faire ensuite les choix les plus favorables ».
Pierre Kaldy note ainsi que « les chercheurs de l’Institut des neurosciences d’Amsterdam au Pays-Bas ont réussi à identifier le circuit nerveux à l’origine de ce comportement exploratoire spontané. Ils montrent qu’une région du cerveau située sous le thalamus et encore peu connue, la zona incerta ou « zone incertaine », s’active dès que l’animal entame l’exploration plus poussée d’un objet ou d’un congénère ».
Le journaliste retient que « l’activation spécifique des neurones de cette zone accentue le comportement exploratoire chez des animaux à jeun qui disposent pourtant de nourriture à leur côté. Au contraire, l’inhibition de ces neurones a l’effet opposé : il réduit le temps d’exploration de l’objet ou du congénère inconnu. L’activation de neurones de la zone incertaine fait mettre en éveil tous les sens de l’animal quand il vient d’identifier un élément non familier de son environnement ».
Etienne Coutureau observe que « cette région profonde est très conservée chez les mammifères, tant par sa structure que par ses connexions avec le reste du cerveau, et elle doit donc avoir son équivalent chez l’être humain ».

 

« Covid-19 : de possibles complications neurologiques et psychiques révélées par une nouvelle étude »

Date de publication : 25 juin 2021

Le Parisien fait savoir que « selon une étude néerlandaise publiée ce jeudi, le Covid-19 pourrait être à l’origine de complications neurologiques et psychiques ».
Le journal relève ainsi que « le coronavirus peut infecter les neurones, déclenchant des réponses immunitaires locales qui pourraient être à l’origine des complications neurologiques et psychiques liées au Covid-19 ».
« La propagation du virus s’arrête rapidement et se limite à quelques cellules du cerveau, mais cette infection minimale entraîne une réaction des « cytokines », les messagers entre les cellules immunitaires, jouant un rôle dans l’inflammation locale, a conclu l’étude, publiée dans une revue américaine spécialisée en microbiologie mSphere », précise le quotidien.
Debby van Riel, chercheuse en virologie à l’hôpital Erasmus MC (Rotterdam), indique ainsi : « Ce que nous avons vu est cohérent avec le fait que l’infection par le SARS-CoV-2 conduit rarement à une encéphalite sévère parce que le virus se propage de manière incontrôlable dans le cerveau ».
« Mais le fait que le SARS-CoV-2 puisse éventuellement pénétrer dans le cerveau via le nerf olfactif et infecter localement les cellules, ce qui entraîne à son tour une réponse inflammatoire, peut certainement contribuer à des troubles neurologiques », relève-t-elle.
Le Parisien rappelle que « depuis le début de la pandémie, des malades du monde entier ont signalé des troubles neurologiques et psychiatriques, tels que problèmes de mémoire, maux de tête, psychoses rares et même encéphalites (inflammation du tissu cérébral). Une personne sur trois qui a surmonté le Covid-19 a eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques dans les six mois suivant l’infection, avait indiqué en avril une large étude publiée dans le journal spécialisé The Lancet Psychiatry ».
Le journal note que « de plus en plus de données indiquent que le virus pourrait entrer dans le cerveau via le nerf olfactif. Cependant, ce qui se passe après l’entrée du SARS-CoV-2 dans le cerveau restait mal compris ».
Femke de Vrij, du département de psychiatrie de l’hôpital Erasmus, fait savoir : « En plus de ce qu’indique notre étude, le système immunitaire joue probablement aussi un rôle. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour le savoir ».

 

« Les confinements ont nettement réduit les capacités physiques et intellectuelles des enfants »

Date de publication : 29 juin 2021

Pascale Santi et Sandrine Cabut font savoir dans Le Monde qu’« une étude menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et CE2 indique que les confinements ont eu un fort impact sur leur poids et leur souffle, faisant le lit de futures maladies chroniques. Leurs capacités cognitives ont baissé de 40% ».
Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU Clermont-Ferrand, à la tête de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), et qui coordonne ce travail, remarque que « les chiffres sont catastrophiques. […] Nous n’avons jamais vu ça. Des enfants sportifs, sans aucun problème de santé, aucun problème de poids, ont grossi de 5 à 10 kg, du fait de l’arrêt de la pratique sportive. Et tous n’ont pas repris l’activité physique ».
Les journalistes indiquent en effet qu’« en un an, l’indice de masse corporelle, […] reflet de la corpulence, a augmenté de 2 à 3 points en moyenne ».
Pascale Santi et Sandrine Cabut notent que « la condition physique de ces jeunes de 7-8 ans s’est fortement dégradée. Lors du test navette, épreuve classique qui consiste à courir de plus en plus vite d’un plot à un autre (éloignés de 10 m), «des enfants, déjà très essoufflés, n’arrivaient pas à atteindre le premier plot avant le premier bip», décrit la Pr Duclos ».
« Parallèlement, leurs capacités cognitives auraient baissé d’environ 40%. Pour les mesurer, l’équipe du CHU de Clermont-Ferrand a notamment eu recours à un test consistant à relier les lettres aux chiffres correspondant dans l’ordre alphabétique, dans un temps imparti. Tous les écoliers l’ont fait dans le temps limite en septembre 2019. Un an plus tard, un grand nombre n’a pas terminé », expliquent les journalistes.
Martine Duclos relève qu’« un an de confinement a été catastrophique, à un moment essentiel de plasticité neuronale ».
Pascale Santi et Sandrine Cabut ajoutent que « ces résultats sont d’autant plus inquiétants que la situation antérieure était déjà peu brillante. Ainsi, avant la pandémie, en France, 87% des adolescents de 11 à 17 ans ne respectaient pas l’heure quotidienne d’activité physique préconisée par l’OMS. Et pendant le premier confinement, seulement 0,6% d’entre eux ont atteint ce seuil, la proportion étant de 4,8% chez les 5-11 ans (2,8% des filles et 6,5% des garçons) ».
Elle ajoutent qu’« une expertise menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), publiée en novembre 2020, a mis en évidence que 66% des jeunes de 11 à 17 ans «présentent un risque sanitaire préoccupant», caractérisé par le dépassement simultané de deux seuils : plus de 2 heures de temps d’écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour ».
« Il y a urgence à inverser la tendance, estiment les autorités sanitaires, d’autant que c’est beaucoup dans l’enfance que se constitue le capital santé. Le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité (temps d’éveil passé assis ou allongé) entraînent une perte de condition physique cardio-respiratoire, et ils sont souvent associés à un surpoids, du fait d’habitudes nutritionnelles peu favorables. Un cocktail qui, à terme, favorise la survenue de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle… », rappellent Pascale Santi et Sandrine Cabut.

 

Revue de presse santé psy – mai 2021

Cannabis : « Un risque d’altérations cérébrales chez l’adolescent »

Date de publication : 6 mai 2021

Le Figaro consacre sa Une et 3 pages à la « légalisation du cannabis » et au « débat [qui] divise la majorité », relevant qu’« un rapport parlementaire soutenu par des députés LREM propose de légaliser cette drogue ».
Cécile Thibert rappelle cependant que le cannabis « altère les facultés cognitives et peut favoriser le déclenchement de troubles psychotiques. Des effets délétères qui durent jusqu’à la fin de la maturation du cerveau, vers 25 ans ».
La journaliste indique ainsi : « Loin des débats passionnés, que dit la science sur les risques liés à la consommation de cannabis ? ».
Le Pr Nicolas Authier, médecin psychiatre et pharmacologue au CHU de Clermont-Ferrand, répond qu’« ils sont plutôt bien connus, il s’agit principalement d’effets neuro-psychiques tels que l’altération des capacités d’apprentissage, de mémorisation, de jugement, des effets sur les émotions, l’anxiété. Cela peut aussi entraîner des crises d’angoisse ».
« Des problèmes qui peuvent apparaître dès la première consommation mais qui surviennent surtout chez les consommateurs réguliers », ajoute Cécile Thibert.
Elle explique que « le cannabis est une plante contenant plus de 500 composés chimiques, dont les plus connus sont le tétrahydrocannabinol (THC), responsable de la plupart des effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD), qui n’a pas d’effet psychoactif et qui, au contraire, atténue les effets du THC ».
La journaliste note que « le THC peut être à l’origine de troubles psychotiques tels qu’«un sentiment de persécution, une paranoïa, indique le Pr Authier. Ce peut être des effets transitoires qui disparaissent après quelques heures, mais ils peuvent revenir. Évidemment, cela ne touche qu’une minorité de fumeurs» ».
Cécile Thibert continue : « Contrairement aux idées reçues, la schizophrénie ne peut pas être déclenchée par le cannabis seul ». Le Pr Authier explique qu’« il faut avoir des facteurs de vulnérabilité, qu’ils soient d’ordre génétique ou environnementaux ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et addictologie à l’Hôpital Paul-Brousse à Villejuif, ajoute : « Dire que le cannabis seul est dangereux n’a pas de sens. Il le devient lorsqu’il est associé à un certain nombre de facteurs de risque ».
La journaliste précise : « Précocité et fréquence de consommation sont sans doute ceux qui pèsent le plus lourd, car jusqu’au début de l’âge adulte, le cerveau poursuit son processus de maturation. […] L’existence de prédispositions personnelles ou familiales est aussi un facteur de fragilité. […] Entre aussi en ligne de compte le type de cannabis consommé ».
Le Pr Benyamina remarque ainsi : « Toute personne qui a des antécédents psychiatriques ou dont un membre de la famille présente un risque augmenté. […] Nous savons que [le type de cannabis] qui circule actuellement sur le marché contient de plus en plus de THC et de moins en moins de CBD, ce qui augmente clairement les risques ».
Le Pr Authier ajoute que pour les adultes, « si on est anxieux ou déprimé, ce n’est pas forcément une bonne chose d’en consommer. Cela peut impacter le moral dans le mauvais sens ». Le Pr Benyamina rappelle enfin que « quand on le compare à l’alcool ou au tabac, on peut clairement dire que le cannabis est moins létal. L’alcool tue 40.000 personnes chaque année en France, le tabac 72.000 ».

 

« L’addiction, une affaire de rythme cérébral ? »

Date de publication : 10 mai 2021

Stéphany Gardier remarque dans Le Figaro que « nous ne sommes pas égaux face à l’addiction. Mais à ce jour, il reste difficile de savoir si un consommateur de produits psychotropes développera un usage problématique conduisant à l’addiction, ou s’il saura maintenir un usage récréatif. Or, pour mettre en place des préventions et des prises en charge les plus efficaces possibles, identifier précocement les sujets à risque semble primordial ».
La journaliste fait savoir que « les travaux expérimentaux d’une équipe de Marseille, récemment publiés dans la revue PNAS, apportent des clés de compréhension sur les mécanismes à l’œuvre dans le cerveau face à l’addiction et mettent en évidence, chez l’animal, un marqueur prédictif des comportements à risques ».
Christelle Baunez, directrice de recherche à l’Institut de neurosciences de la Timone, co-autrice de ce travail, précise : « L’addiction se caractérise notamment par une perte de contrôle vis-à-vis de la consommation de la substance, mais aussi par le fait que les personnes avec une conduite addictive continuent à rechercher et consommer bien qu’ils en connaissent les conséquences négatives. Nous avons utilisé un protocole qui permet de reproduire ces comportements chez des rats ».
Stéphany Gardier note ainsi que « les animaux ont été mis en présence de cocaïne, qu’ils pouvaient consommer librement pendant 6 heures chaque jour. «Dans cette phase, on observe pour tous les animaux une escalade, ils consomment tous, et de plus en plus», détaille la chercheuse. Par la suite les animaux ont été mis face à une punition : lorsqu’ils actionnaient un levier pour rechercher la cocaïne, ils avaient une chance sur deux de recevoir un léger choc électrique ».
La journaliste relève que « deux types de rats se sont distingués. Une majorité préfère se priver de cocaïne plutôt que de prendre le risque de recevoir le choc électrique, alors qu’une minorité d’animaux continue à appuyer sur le levier, quelle qu’en soit la conséquence. Ces derniers ont un comportement similaire à celui observé chez les patients souffrant d’addiction ».
Stéphany Gardier observe qu’« aucun paramètre comportemental ne permettait initialement de prévoir quel rat allait développer cette conduite addictive à la cocaïne. […] C’est en comparant l’activité cérébrale des rats que [les auteurs] ont trouvé une disparité : l’analyse des enregistrements réalisés dès le début du protocole a mis en évidence une différence d’activité du noyau sous-thalamique, une petite structure cérébrale très étudiée pour son implication dans la maladie de Parkinson ».
Christelle Baunez indique que « ce noyau a une activité électrique rythmique oscillatoire à différentes fréquences. Nous avons constaté que les rats qui in fine avaient une conduite addictive montraient tout au long du protocole une augmentation progressive des basses fréquences, entre 6 et 20 Hz ».
Stéphany Gardier ajoute que « les scientifiques sont allés plus loin et ont réussi à démontrer le lien de causalité entre cette variation d’activité électrique et le comportement des animaux face à la cocaïne. Grâce à des électrodes, ils ont pu modifier l’activité électrique du noyau sous-thalamique de rats qui, lors du premier protocole, avaient stoppé leur consommation de drogue face à la punition ».
« Avec des stimulations à basse fréquence (8 Hz), les animaux réexposés à l’escalade de prise de cocaïne sont devenus résistants à la punition. D’autre part, chez les individus résistants à la punition et donc «addicts», l’application d’une autre fréquence d’oscillations (30 Hz) dans le noyau sous-thalamique des animaux a permis de réduire leur appétence pour la cocaïne », continue la journaliste.
Christelle Baunez prévient toutefois : « Enregistrer l’activité du noyau sous-thalamique nécessite des électrodes implantées dans le cerveau, ce qui est inimaginable dans une démarche de dépistage. Mais nous allons maintenant étudier les activités plus superficielles du cerveau et voir si cette signature profonde a une répercussion qui serait détectable avec un simple électroencéphalogramme, un examen qui n’est pas invasif et peut se réaliser facilement en dépistage ».

 

« La réalité virtuelle, un allié réel contre la douleur »

Date de publication : 11 mai 2021

La Croix constate que « l’utilisation de casques plongeant les malades dans d’autres univers peut faciliter certains soins mais aussi apaiser des douleurs chroniques ».
Jeanne Ferney livre ainsi les propos de Lionel Bonnet, kinésithérapeute au CHU de La Réunion qui« depuis un an et demi […] utilise la réalité virtuelle pour rééduquer des personnes souffrant de douleurs chroniques ».
Il indique : « Ce matin, j’ai reçu une fillette atteinte d’arthrite juvénile. Comme elle rêvait d’aller à la neige, je lui ai fait faire de la luge et du ski ».
Jeanne Ferney remarque que « ces immersions dans d’autres mondes n’ont pas seulement l’avantage de détourner l’attention des malades ».
Lionel Bonnet précise ainsi : « Pendant quelques minutes, ces gens qui vivent jour et nuit avec des douleurs persistantes vont passer un moment agréable, mais aussi gagner en mobilité en se concentrant sur un exercice imposé. Quand je leur montre la vidéo, ils sont toujours stupéfaits de voir les mouvements qu’ils ont faits, alors qu’ils ont souvent développé une kinésiophobie, une peur de bouger. Là, ils sautent pour éviter un obstacle ou se baissent pour contourner une branche… ».
La journaliste observe que « loin d’être de simples gadgets, les casques de réalité virtuelle sont ainsi devenus de précieux alliés des soignants pour soulager la douleur, qu’elle soit chronique ou aiguë ».
Le Dr Abesse Ahmeidi, chef du département d’anesthésie-réanimation-douleur au Centre de lutte contre le cancer Oscar-Lambret (Lille), indique que « ce sont des dispositifs médicaux à part entière, avec des normes au niveau européen. Le parcours des personnes atteintes d’un cancer est souvent jalonné de prises de médicaments, de chirurgie, de radiothérapie. Le recours à la réalité virtuelle ne les remplace pas mais elle représente une autre voie ».
Anne-Céline Milanov, psychologue au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur chronique de la clinique de la Toussaint, à Strasbourg, explique pour sa part que « dans le cas de douleurs chroniques, l’intrication entre anxiété et ressenti douloureux est souvent très forte. Agir sur l’une, c’est agir sur l’autre ».

 

« Gestes suicidaires en France : des signaux de hausse chez les jeunes »

Date de publication : 17 mai 2021

Sandrine Cabut évoque dans Le Monde « des chiffres à interpréter avec prudence, mais qui rejoignent ce qu’observent des pédopsychiatres sur le terrain depuis quelques mois ». La journaliste note en effet que « les tentatives de suicide (TS) semblent à la hausse en France chez les enfants, mais aussi chez les adolescents et les jeunes adultes, selon plusieurs enquêtes ».
Elle relève ainsi que « le nombre d’appels aux centres antipoison (CAP) pour intoxication volontaire est en augmentation depuis le deuxième confinement de l’automne 2020, et la tendance s’accentue depuis début 2021, en particulier chez les jeunes, selon une étude en cours de publication ».
Sandrine Cabut explique que « le Dr Dominique Vodovar (médecin au CAP de Paris) et le Pr Fabrice Jollant, psychiatre et chercheur (GHU Paris psychiatrie et neurosciences), ont analysé l’activité des 8 CAP du territoire, entre le 1er janvier 2018 et le 31 mars 2021. Ils se sont en particulier intéressés aux appels (provenant soit de professionnels accueillant ces patients en urgence, soit des suicidants eux-mêmes ou de leur entourage) pour tentative de suicide par ingestion de produits ménagers, de plantes ou le plus souvent de médicaments. Sur cette période de 3 ans et un trimestre, environ 50.000 dossiers ont été examinés ».
Le Dr Vodovar souligne ainsi : « Alors que le nombre d’appels quotidiens pour TS avait nettement chuté pendant le premier confinement [du 17 mars à au 11 mai 2020], on observe une hausse globale depuis celui de l’automne 2020 et surtout depuis janvier, essentiellement chez les 12-24 ans ».
Sandrine Cabut ajoute que « l’augmentation récente des tentatives de suicide chez les jeunes est à rapprocher d’autres signaux de mal-être rapportés dans cette catégorie de population par les médecins : anxiété, troubles du sommeil, états dépressifs… En cause, le stress persistant et la situation exceptionnelle engendrés par la pandémie, qui exacerbent les fragilités psychologiques. Mais peut-être aussi d’autres facteurs ».
Le pédopsychiatre Richard Delorme remarque que « cette génération subit une incroyable pression entre la crise sanitaire, l’inquiétude écologique et les menaces d’attentats qui la touchent aussi ».
La journaliste indique notamment que « de janvier à mars 2021, les CAP ont traité quotidiennement 40 à 60 dossiers d’intoxications volontaires, contre 30 à 45 pour la même période en 2020. Des médicaments sont impliqués dans 80% des cas. Une hausse des appels se dessine aussi depuis l’automne 2020 chez les moins de 12 ans et les plus de 65 ans, «mais les effectifs sont limités, donc il est difficile de conclure», tempère le Dr Vodovar ».
Sandrine Cabut relève par ailleurs qu’« à Santé publique France (SpF), une surveillance des indicateurs de santé mentale a été mise en place en mars 2020, dès le début de la crise sanitaire. […] S’agissant en particulier des tentatives de suicides, plusieurs indicateurs sont suivis : gestes suicidaires chez les patients pris en charge dans les services d’urgences (réseau Oscour), décès, et depuis février pensées suicidaires en population générale (enquête CoviPrev) et chez les enfants aux urgences ».
La Dr Céline Caserio-Schönemann, spécialiste de santé publique, indique que « sur 2020, nous n’avons pas constaté de hausse des gestes suicidaires dans les services d’urgence quelle que soit la tranche d’âge. En revanche, nous avons été interpellés depuis début 2021 par plusieurs épisodes de hausse, notamment deux pics chez les moins de 15 ans autour des semaines 5 et 10, avec une augmentation de l’ordre de 40% par rapport au niveau des années précédentes. Nous restons très vigilants ».
La journaliste souligne que « les pédopsychiatres et les pédiatres, qui prennent en charge ces jeunes patients, sont eux toujours préoccupés. A l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, «mars a été le pire mois avec + 300% de tentatives de suicides par rapport aux années précédentes. Des collègues d’autres hôpitaux me décrivent des cas inédits pour eux de TS par arme à feu chez de jeunes enfants», souligne ainsi le Pr Richard Delorme, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent ».
Sandrine Cabut continue : « Quid des décès par suicide ? Pour l’instant, il n’y a pas de signal à ce niveau. A l’échelle internationale, une étude menée dans 21 pays de différents niveaux de vie […] n’a pas mis en évidence de hausse de cet indicateur dans les premiers mois de la pandémie, voire même une baisse dans certains. Encore provisoires, les données françaises, qui portent sur l’ensemble de l’année 2020, sont plutôt rassurantes ».

 

 

revue de presse santé psy – avril 2021

« Idées noires, dépression, anorexie… plongée dans les hôpitaux où l’on répare les adolescents »

Date de publication : 7 avril 2021

Le Parisien constate que « les troubles des adolescents ont explosé depuis le début de la crise du Covid-19. Deux temples de la pédiatrie nous ont ouvert leurs portes, alors qu’une campagne nationale de prévention est lancée ce mardi. Ici, lors d’ateliers, de thérapies collectives, de temps d’écoute, on tente chaque jour de raviver le désir de vivre ».
Le journal se penche notamment sur Chloé, 16 ans, qui « est une brillante élève de classe scientifique, qui dévore les livres mais s’épuise à repousser la vie. La lycéenne a bien trop peur de ce qui pourrait arriver aux autres et en particulier à ses parents – la maladie, un accident ou maintenant le Covid – pour pouvoir vivre pleinement la sienne. A la Toussaint, quand l’adolescente a eu «un plan suicide en tête, très précis», elle a su qu’il était temps d’accepter de l’aide. Hospitalisée depuis 5 mois, elle la trouve à la Maison de Solenn ».
Le quotidien rappelle que « dans ce temple parisien des adolescents, lumineux, aéré, coloré, 3000 jeunes et leur famille viennent chaque année chercher un répit. […] Depuis plusieurs mois, la permanence téléphonique sonne plus de vingt fois par jour ».
Le Parisien souligne que « déjà en nette augmentation avant la crise sanitaire, les chiffres ont explosé depuis. Et les 30% supplémentaires de 11-19 ans accueillis ici n’ont rien d’une exception ».
Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie, indique ainsi que « depuis un an, il y a une hausse spectaculaire des passages aux urgences pour les moins de 15 ans. Chez les pédiatres, les généralistes, dans les PMI… partout, c’est la déferlante. Aucune région n’est épargnée. Dans mon service, à Nantes, on hospitalise normalement pour des méningites, des maladies infantiles, des bronchiolites. Là, 25 de mes 36 lits sont occupés par des ados dépressifs. La fermeture des écoles ne va rien arranger ».
Le journal relève que « face à l’urgence, le gouvernement a lancé, ce mardi, une campagne pour encourager la parole des Français en souffrance, surtout des jeunes, avec ce slogan : «En parler, c’est déjà se soigner» ».
Marie-Rose Moro, psychiatre, directrice de la Maison de Solenn, remarque ainsi : « Tout est en augmentation : les tentatives de suicide, les troubles alimentaires, les jeunes malades, diabétiques par exemple, qui refusent de continuer à se soigner ou les phobies scolaires. Enfin, en ce moment, on a du mal à assurer les phobies. Il y a tellement d’urgences vitales, de jeunes qui disent «Je n’ai plus envie de vivre», que la priorité est de réanimer leur élan de vie ».
La Pr Moro ajoute : « Notre objectif est de ne laisser tomber aucune famille. De leur trouver une solution individuelle. C’est un casse-tête permanent ».
Noël Pommepuy, chef de service en psychiatrie, souligne quant à lui que « les demandes ont augmenté de 100% sur les 6 derniers mois, c’est du jamais-vu. Cette crise leur a fait perdre leurs repères. Or, les adolescents ont besoin de sécurité pour se sentir bien. Ils ont trouvé dans l’anorexie un moyen de réguler leurs angoisses ».
Le Parisien rappelle que c’est « une issue de secours qui n’est rien d’autre qu’un piège. C’est la maladie psychiatrique la plus meurtrière : 8% décèdent par suicide ou dénutrition ».

 

« Des équipes mobiles à l’hôpital pour détecter la maltraitance infantile »

Date de publication : 12 avril 2021

Emmanuelle Lucas indique dans La Croix que « 7 unités mobiles sont en train d’être déployées au sein d’hôpitaux, afin d’épauler les médecins confrontés à des cas de suspicion de maltraitance infantile. Au-delà du repérage, elles coordonneront tout un parcours de reconstruction pour les petites victimes, le plus tôt possible ».
La journaliste souligne ainsi que « trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance. Chaque jour, dans le flot des passages aux urgences, des médecins se posent cette question douloureuse : tel enfant a-t-il réellement fait une mauvaise chute ou a-t-il, en fait, reçu des coups ? Est-il en danger chez lui et dois-je le signaler ? Le plus souvent, ils renoncent à prendre une décision aussi lourde pour l’avenir d’enfants qu’ils ne font que croiser ».
La Dr Céline Gréco, responsable des soins palliatifs pédiatriques à l’hôpital Necker (Paris), observe que « seuls 5% des signalements de maltraitance sont réalisés par des médecins, alors que ceux-ci voient, à un moment ou à un autre, tous les enfants victimes. Faute d’être secourus à temps, les enfants maltraités perdent 20 ans d’espérance de vie ».
Emmanuelle Lucas explique donc que la médecin « porte depuis plusieurs années un projet qui aboutit ces jours-ci : la création d’équipes mobiles spécialisées dans les hôpitaux. Sept sont en train de voir le jour. Composées de spécialistes – médecin, psychologue et assistante sociale –, elles interviennent à la demande de leurs collègues, à l’hôpital et en ville, afin de les épauler ».
« Ce dispositif pourrait changer en profondeur la trajectoire des enfants, espère cette médecin très respectée dans les milieux de la protection de l’enfance. […] Les premiers résultats montrent l’ampleur des besoins », continue la journaliste.
La Dr Tania Ikowsky, responsable de l’unité mobile de l’hôpital Robert-Debré à Paris, indique qu’« en deux jours, j’ai déjà été sollicitée dix fois. […] En pédiatrie et aux urgences, chacun se rend compte que, trop souvent, l’hôpital reste un lieu de passage qui n’arrive pas à évaluer la souffrance globale de l’enfant et ne sait pas décrypter les signes latents de la maltraitance ».
Elle souligne que l’équipe mobile « permet de rompre la solitude des médecins, de les épauler dans la détection, mais aussi de les rassurer sur l’avenir de l’enfant après un éventuel signalement. En pareil cas, je fais moi-même le lien avec le juge pour enfants, les services sociaux, etc. pour savoir ce qu’il devient et coordonner son parcours de soins ».
Emmanuelle Lucas précise que la fédération Pacte pour l’enfance « regroupe les 7 hôpitaux qui doivent déployer d’ici à septembre une équipe mobile de protection de l’enfance. Il s’agit de trois hôpitaux pédiatriques parisiens (Necker, Trousseau, Robert-Debré), d’un établissement de Seine-Saint-Denis (Jean-Verdier à Bondy), d’un autre dans le Val-de-Marne (Kremlin-Bicêtre) et des CHU de Brest et de Grenoble ».

 

« Beaucoup plus fort en THC, le nouveau cannabis accroît le risque de dépendance »

Date de publication : 12 avril 2021

Le Monde explique dans une enquête que « plus chargé en THC, la molécule à l’origine des effets psychotropes, le cannabis en circulation évolue, et les drogues de synthèse se développent. Plusieurs agences régionales de santé s’inquiètent ».
Le journal revient ainsi sur « une évolution qui s’est faite à bas bruit et qui commence à inquiéter les autorités sanitaires. La litanie des annonces de saisie de cannabis en France masque une autre réalité : la hausse très significative du THC – le tétrahydrocannabinol, la molécule à l’origine des effets psychotropes –, ainsi que la poursuite de l’expansion des produits de synthèse. Plusieurs agences régionales de santé (ARS) ont tiré la sonnette d’alarme, ces derniers mois. Ces produits entraînent un risque de dépendance accru et leurs effets peuvent, dans certains cas, entraîner une hospitalisation ».
Le Monde explique que « selon les chiffres du service national de la police technique et scientifique (PTS), le taux moyen de THC dans la résine de cannabis saisie par les services répressifs a triplé en 20 ans ».
Le quotidien relève notamment qu’« à l’automne 2020, l’alerte est d’abord venue du centre d’addictovigilance de Marseille et de l’ARS Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). En décembre, le centre d’addictovigilance de Bordeaux et l’ARS Nouvelle-Aquitaine ont emboîté le pas. En cause : les réactions inhabituelles observées chez plusieurs consommateurs de cannabis. A Marseille, des clients réguliers, pensant avoir acheté de l’herbe classique – composée de THC et de cannabidiol (une autre molécule contenue dans la plante) –, se sont retrouvés en sueur, fiévreux, pris de vertiges et de tremblements, de nausées, voire de vomissements. A Bordeaux, plusieurs mineurs ont dû être hospitalisés ».
Le journal indique que « les pharmacologues du centre d’addictovigilance de Marseille effectuent alors des investigations. Aucune trace de THC n’est repérée dans les analyses. En revanche, sont détectés du CBD et, plus inquiétant, un cannabinoïde de synthèse au nom barbare, le « MDMB-4en-Pinaca ». […] Il s’agit d’une molécule produite par des laboratoires clandestins, censée reproduire les effets du THC ».
« Si cette molécule agit dans le cerveau sur les mêmes récepteurs que le THC, «ce n’est pas juste le Canada Dry du cannabis, alerte la Dr Joëlle Micallef, présidente du Réseau français d’addictovigilance et directrice du centre PACA. Il s’agit de substances qui, pour des doses largement inférieures, sont beaucoup plus fortes. C’est le cannabis puissance 100.» En fonction du dosage, particulièrement difficile à maîtriser, les conséquences sont variables : malaise, vertige, tachycardie, bad trip, agressivité, voire, dans les cas les plus sévères, AVC, infarctus, jusqu’au décès », continue Le Monde.
Le journal souligne ainsi qu’« en 2019 et 2020, ce sont 12 cas de décès liés à la consommation de MDMB-4en-Pinaca qui ont été déclarés à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, dont 8 en Hongrie, 3 au Royaume-Uni et 1 en Suède ».
Le quotidien ajoute que « pour la Dr Micallef, il ne faut pas s’arrêter au nombre de cas identifiés. Car la plupart des consommateurs passent sous les radars. Pour analyser les produits, encore faut-il que les personnes arrivent à l’hôpital ou soient repérées par les professionnels de santé. Encore faut-il, également, que des analyses soient réalisées, que des liens de cause à effet soient déterminés ou que le produit soit collecté ».
La spécialiste indique : « Quand on a 5 cas, c’est qu’en réalité on en a 500. Ce qui nous alerte, c’est la tendance évolutive. Quand on voit que les cas augmentent, que le produit arrive dans différentes régions, qu’il touche tout type de public, c’est plus important qu’un chiffre. Pour nous, il ne manque rien pour faire une sensibilisation nationale sur le sujet ».

 

« La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans »

Date de publication : 23 avril 2021

Le Monde indique que « l’ensemble de la communauté pédopsychiatrique française lance, dans une tribune […], un cri d’alarme sur la situation de la pédopsychiatrie, déjà en grande difficulté avant la pandémie et qui l’est encore plus actuellement, pénalisée par la pénurie de spécialistes ».
Les signataires observent ainsi que « la pédopsychiatrie en France a besoin de l’aide du président de la République. Les besoins pour assurer la santé mentale de la jeunesse de notre pays sont criants. Ce n’est pas tant la supplique d’une profession trop longtemps oubliée des pouvoirs publics qui nous incite à interpeller Emmanuel Macron – vous avez commencé à y répondre et nous y sommes sensibles –, mais bien la perspective d’une carence massive des soins psychiques adaptés et essentiels pour notre jeunesse qui s’annonce, du fait d’un manque croissant de professionnels formés ».
Les pédopsychiatres rappellent que « la majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans. Ils sont d’autant plus susceptibles d’impacter l’avenir de l’enfant qu’ils ne sont pas détectés, ni traités, ce qui est actuellement le cas d’une large proportion d’entre eux, comme le souligne un récent rapport de l’OMS ».
Ils ajoutent que « la liste du mal-être et des souffrances des jeunes est loin d’être exhaustive, sans oublier ni l’explosion actuelle des besoins des jeunes, amplifiés par le contexte épidémique, et qui augure des besoins durables de soins, ni les questions essentielles des maltraitances, qui elles aussi requièrent notre intervention du fait des répercussions psychiques ».
Les signataires soulignent que « pour l’heure, en France, pour environ 200.000 enfants qui auraient besoin de soins, seuls 600 pédopsychiatres (deux fois moins qu’il y a dix ans) sont disponibles. Cet état de fait entraîne des délais d’accès aux soins interminables et insupportables pour les patients et leurs familles. A cela s’ajoutent des capacités d’hospitalisation toujours insuffisantes et très inégalement réparties ».
« En faisant état de cette réalité quotidienne et inquiétante, nous souhaitons vous interpeller afin de mobiliser et d’engager les moyens et les réformes nécessaires. Bien sûr, et nous l’avons noté avec espoir, des signaux positifs ont été envoyés à la pédopsychiatrie par votre gouvernement. On ne peut que s’en féliciter. […] Mais que seraient des moyens financiers supplémentaires sans professionnels formés et en nombre pour les mettre à profit au bénéfice des patients et de leurs familles ? », continuent-ils.
Ils soulignent : « Former, c’est aussi à ce défi que nous sommes confrontés, et nous ne disposons pas en l’état des moyens nécessaires pour le relever. C’est pour cela que nous sollicitons une action rapide et concrète de votre part, Monsieur le Président. Les capacités de formation de pédopsychiatres étaient déjà insuffisantes avant 2017, mais la réforme de l’internat les a très sévèrement réduites. Cela, si rien n’est mis en place, conduira à une véritable catastrophe ».

 

« « Je ne suis pas loin du burn-out » : des médecins las à tous les niveaux »

Date de publication : 27 avril 2021

Eric Favereau constate dans Libération que « docteurs et pouvoirs publics ne semblent plus en état de se comprendre, entre l’inconnu des variants et la difficulté à saisir l’état de tolérance de la société face à cette épidémie qui s’éternise ».
Le journaliste relève ainsi : « Ils sont fatigués. Tous. C’est un drôle d’air du temps qui transpire, ces jours, dans les rapports compliqués entre les pouvoirs publics et les médecins, autour de la crise du Covid. Nous sommes loin de la bonne entente des premiers mois, de la tension que l’on a pu connaître lors de la deuxième vague et même de la défiance qu’on avait notée au début de cette année 2021… Aujourd’hui, on ressent comme de la lassitude ».
La Pr Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine, souligne : « On est fatigué et on est déconcerté, on ne sait plus trop le sens des décisions que vont prendre les pouvoirs publics. Pour autant, je ne veux pas non plus m’opposer par principe ».
Le Pr André Grimaldi (Pitié-Salpêtrière) observe pour sa part que « ce n’est même plus Macron qui décide, c’est l’état que l’on croit de l’opinion qui impose ses choix » ?
Le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, indique quant à lui : « Je ne suis pas loin du burn-out. […] Que voulez-vous. Nous avons été incapables de mener la stratégie zéro Covid, et sur ce point, on s’est révélé un vrai pays sous-développé par rapport à ceux d’Asie. Il faut en tirer les conclusions. Certains de mes collègues, en France, continuent d’y croire, alors que c’est fini. Zéro Covid, on a laissé passer. Voilà, il faut s’habituer, on n’a pas été bon, mais pouvait-on l’être ? On va vivre avec le virus, cela va durer, cela n’a rien de réjouissant mais cela n’a rien de catastrophique non plus ».
Eric Favereau remarque que « les pouvoirs publics continuent à prendre des décisions dans une opacité d’autant plus déroutante que ces mesures s’avèrent complexes à décortiquer, avec des confinements qui n’en sont pas tout à fait, des diagnostics qui font état de baisses épidémiques alors que les chiffres restent élevés ».
Le Pr François Bourdillon, ancien directeur de Santé publique France, observe : « Les pouvoirs publics ont décidé de vivre avec le virus. Pourquoi pas ? Mais ce n’est même plus argumenté. […] Les pouvoirs publics se prennent pour des épidémiologistes et les conseillers ministériels donnent des recommandations qui ne sont pas de leurs compétences. L’air du temps n’est pas constructif ».
Le journaliste relève que « dans ce paysage embrumé, nos médecins, aux idées parfois arrêtées, se disent perdus, même les plus remontés d’entre eux. Hier, ils n’étaient pas d’accord mais le disaient haut et fort. Aujourd’hui ils donnent le sentiment qu’ils ont baissé les bras. Ils n’y croient plus. Ne se sentent plus partie prenante ».
Le Pr Caumes remarque : « Je ne veux pas pour autant charger la barque du gouvernement. Mais ce qui m’inquiète, c’est que l’on va entrer en phase électorale, on ne va plus être dans de la communication, on va rentrer dans la propagande… ».
Eric Favereau note par ailleurs que « les cabinets ministériels, tout comme certains des ministres, se révèlent proches eux aussi du burn-out. […] Au final, la lassitude domine. Chacun est dans son coin. On est passé du conflit à l’incompréhension. Cela ne laisse présager rien de bon, non pas seulement dans la gestion des suites de l’épidémie, mais dans les rapports futurs entre pouvoirs publics et professionnels de la santé ».

 

Revue de presse santé psy – mars 2021

« En psychiatrie, on attache et on isole, faute de personnel »

C’est ce que constate Eric Favereau dans Libération. Le journaliste relève ainsi que « dans un récent courrier au ministère de la Santé, la contrôleuse générale des lieux de privation et de liberté exhortait une nouvelle fois à ce que soient revues les pratiques françaises en matière d’isolement et de contention dans les services de psychiatrie. Pour le Conseil constitutionnel, un juge des libertés devrait être impliqué ».
Eric Favereau explique que « le 7 décembre dernier, après une nouvelle visite de ses services à l’hôpital d’Aulnay, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a écrit ainsi une lettre sévère au ministre de la Santé, Olivier Véran. Outre le fait qu’elle souligne que les droits à l’information des patients ne sont toujours pas respectés, elle s’inquiète, encore et encore, des pratiques d’isolement et de contention ».
« «Ces pratiques se font sans décision médicale», et l’isolement peut être «maintenu pendant plusieurs jours sans corrélation avec un état clinique qui le justifie, alors que les observations horaires des infirmières rapportent de façon continue le calme du patient». Ou encore : «En toute illégalité, le registre d’isolement et de contention n’est pas tenu ou l’est de manière aléatoire.» Et enfin, cette remarque : «Les pratiques d’isolement et de contention sont exercées dans des locaux indignes.» Et Dominique Simonnot de demander au ministre de «prendre immédiatement les mesures nécessaires» », note le journaliste.
Il s’interroge : « Que va-t-il se passer ? Le ministre va-t-il répondre ? On peut en douter. Ces jours-ci tout paraît figé. Se joue, en effet, un bras de fer entre le ministère et les différents syndicats de psychiatres autour d’un décret qui devrait sortir sur l’intervention du juge des libertés dans les pratiques d’isolement et de contention ».
« Le Conseil constitutionnel a en effet décidé que comme ces pratiques mettent en cause les libertés individuelles, le législateur se devait de faire intervenir le juge des libertés. En réponse, le gouvernement a fait voter en septembre un amendement mettant le juge dans la boucle, mais de façon peu contraignante », remarque Eric Favereau.
Dominique Simonnot observe que « la réforme proposée pour encadrer l’isolement et la contention est au plus bas niveau de l’échelle. Le gouvernement a fait le choix d’une saisine du juge qui n’est pas automatique. La procédure n’est en rien contraignante. C’est juste une possibilité ».
« Le texte prévoit également que c’est au médecin de prévenir le juge qu’une mesure d’isolement ou de contention est en cours [dans le cas où celle-ci va être renouvelée au-delà d’une certaine durée, ndlr] et le juge pourra alors se saisir d’office. Mais c’est notoirement insuffisant », poursuit-elle.
Eric Favereau ajoute que « les psychiatres disent que l’on va trop loin. Ou surtout trop vite. Tous les syndicats viennent en effet d’adresser une lettre au ministre de la Santé sur l’impossibilité de faire appliquer cette loi, mettant avant le manque de moyens de la psychiatrie publique ».
« Que va-t-il se passer ? Entre le manque de moyens, et le côté peu contraignant du décret, on peut redouter que les mauvaises pratiques perdurent », observe le journaliste.

Date de publication : 2 mars 2021

Covid-19 : « Derrière les statistiques mortifères, il y a des familles brisées »

Libération constate que « depuis le début de la pandémie, au moins 90.315 personnes sont mortes du Covid-19 en France. Au-delà des chiffres, les proches des victimes appellent à limiter les lourdes contraintes sanitaires qui entourent les personnes en fin de vie et les défunts pour faciliter ce «deuil impossible» ».
Le journal souligne ainsi : « Des disparus, au sens strict. Des morts du Covid qu’on n’a souvent pas pu accompagner, revoir, ni même honorer. Pour nombre de familles, l’épidémie est d’abord un drame intime, souvent invisibilisé un an après le début du premier confinement national. Un «deuil impossible» dit même Julie Grasset, dont le père mort du Covid dans son lit le 25 mars 2020 a été incinéré 5 heures plus tard sans qu’elle ait pu voir sa dépouille ».
Le quotidien évoque notamment l’association Victimes du Covid-19, qui se bat « pour qu’un hommage national soit rendu aux défunts de la pandémie », mais note que « beaucoup des endeuillés du Covid se réfugient dans le silence ».
Libération précise que « le gros des traumatismes remonte à la première vague ». Marc Dupont, directeur adjoint des affaires juridiques de l’AP-HP, déclare : « On ne savait alors rien du virus et de sa contagiosité. La mortalité avait brutalement explosé. Il fallait protéger les patients, les soignants comme les familles. A l’hôpital, les visites étaient suspendues dans de nombreuses unités de soins, les défunts placés tout de suite dans une housse hermétique, la toilette mortuaire impossible en chambre mortuaire et la mise en bière immédiate ».
Le quotidien relève : « Coupées de leurs proches, contraintes de se plier à l’impératif sanitaire, les familles encaissent mal ». Le Dr Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique de l’hôpital Avicenne (Bobigny), indique ainsi : « Ça a été épouvantablement difficile pour beaucoup surtout durant le premier confinement. Ne pas pouvoir accompagner le mourant dans ses derniers instants ni accéder au corps du mort est particulièrement difficile à comprendre et à métaboliser pour les proches. On a ouvert une ligne téléphonique à vocation régionale pour aider les endeuillés désorientés. On a distribué des flyers dans les chambres funéraires en quinze langues pour que les gens en souffrance sachent où appeler : 300 familles ont sollicité notre soutien mais on n’a pas touché les plus précaires ».
Le Dr Axel Bastien, psychiatre en charge du dispositif d’aide aux familles endeuillées du Covid mis en place par le CHR de Lille, ajoute qu’« on est encore loin d’un retour à la normale. Même si elles sont autorisées pour les fins de vie, les visites sont toujours très encadrées. Les toilettes post mortem comme les rites funéraires ne sont pas possibles et les dernières volontés des défunts ne peuvent pas toujours être respectées. La situation reste difficile pour les familles. Dans de telles circonstances, la phase de déni qui fait partie du deuil est plus marquée. On observe plus de complications que d’ordinaire. Les deuils se figent, n’évoluent pas ».
Libération remarque que « les risques Covid étant scientifiquement mieux cernés, le besoin de desserrer les contraintes sanitaires entourant les fins de vie s’est fait sentir dans les établissements hospitaliers ».
Marc Dupont précise que « depuis décembre dans les hôpitaux de l’AP-HP, si un patient décède plus de 10 jours après la date des premiers symptômes ou un test positif, il n’y a plus de housse, de mise en bière immédiate, ni de restrictions à la présentation des corps et à la toilette mortuaire ».

Date de publication : 15 mars 2021

« Les complémentaires santé vont rembourser des consultations de psychologue »

Le Parisien indique en effet que « les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an. […] Un projet rendu urgent avec la crise sanitaire, alors que les troubles dépressifs sont en nette hausse ».
Le journal explique que « leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement «dès le premier euro» des psychologues libéraux, «sur orientation médicale». Pour les mutuelles, «un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 € par séance», précise la Mutualité française ».
Le Parisien évoque un « même tarif pour les assureurs, qui ne s’engagent toutefois à rembourser que «jusqu’à 4 consultations» par an, indique la Fédération française de l’assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP), spécialisées dans les contrats d’entreprises, promettent également de «renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues» ».
Le quotidien précise que « cette initiative n’entrera toutefois pas immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d’abord «initier un échange» avec les syndicats de médecins et de psychologues ».
« Ces derniers ne sont pour l’heure pas pris en charge par la Sécu, même si l’Assurance maladie teste depuis 2 ans un remboursement – sur prescription du médecin traitant – dans 4 départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan). Un schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un rapport en février de le «généraliser dès que possible» »,remarque Le Parisien.

Date de publication : 23 mars 2021

« Les dépressions sévères des salariés ont été multipliées par deux en un an »

Le Figaro observe que « le télétravail a des effets de plus en plus négatifs sur la santé, alors que le gouvernement demande aux entreprises de le privilégier au maximum. Les moins de 29 ans, qui ont peur pour leur avenir, se classent en tête des plus fragiles ».
Le journal indique ainsi qu’« un an après le premier confinement, [la] détresse psychologique [des salariés] reste importante (45%, soit près d’un sur deux), selon une étude OpinionWay […]. Si la hausse n’est que de 1 point par rapport à début avril 2020, le taux de dépression nécessitant un accompagnement quant à lui explosé (+36%). En 12 mois, les dépressions sévères ont ainsi été multipliées par… deux ».
« Des indicateurs qui inquiètent au sommet de l’État alors que la population, dans 16 départements, subit de nouvelles restrictions de liberté depuis le week-end dernier », poursuit le quotidien.
Il précise que « 63% des personnes interrogées indiquent voir de plus en plus de gens en détresse psychologique. Les moins de 29 ans se classent en tête des plus fragiles (62%), avec un risque de dépression pour 39% d’entre eux. Ces jeunes ont peur pour leur avenir et redoutent la précarité, beaucoup n’ayant pas eu le temps de bien appréhender la réalité du monde du travail. Comme de nombreux autres salariés, ils sont en perte de repères ».
« Les femmes (53%) figurent aussi parmi les catégories les plus exposées, versus 38% des hommes. Leur charge mentale, avec des contraintes à la fois professionnelles et domestiques, y contribue, quand bien même elles n’ont pas à gérer leurs enfants en journée, les écoles étant restées ouvertes contrairement au confinement du printemps 2020. En conséquence, elles sont désormais deux fois plus nombreuses à envisager de passer à temps partiel : 31%, contre 15% des hommes », continue Le Figaro.
Le journal note que « la situation des managers est également difficile, puisque 48% sont en situation de détresse psychologique. Ils font cependant preuve d’abnégation, puisque six sur dix ne parlent pas de leurs difficultés pour mieux traiter celles de leurs collaborateurs et au risque de tomber en burn-out ».
Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte humaine, cabinet spécialisé sur les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail, déclare que « des lignes d’écoute ne suffisent pas. Il faut réfléchir à aménager les mesures sanitaires du télétravail. Les gens ne vont pas tenir, c’est évident ».

Date de publication : 24 mars 2021

« Psychiatrie : avis de défaillance généralisée »

Eric Favereau indique en effet dans Libération : « Recours excessif à la contention, locaux indignes, non-respect des droits des patients… Dans une analyse de 135 rapports issus de 54 départements, l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques dresse un état des lieux alarmant du secteur médical ».
Le journaliste retient « une foule de petits dérapages. Ce sont des chambres d’isolement sans fenêtre, des médecins absents et qui ne contrôlent pas les pratiques. Des certificats d’hospitalisation qui sont de simples copiés-collés. Des patients enfermés, sans sortie possible, alors qu’ils sont hospitalisés librement. D’autres qui sont obligés d’être en pyjama ».
« Ce sont des mineurs avec des adultes. Des lits dans les couloirs. Des lieux fermés. C’est, au final, un monde de petits arrangements avec la loi, loin des bonnes pratiques que devrait requérir le fait de s’occuper de personnes en très grande souffrance psychique », continue Eric Favereau.
Il souligne que « ce constat était connu en partie. Des visites dans des hôpitaux psychiatriques du contrôleur général des lieux de privation de libertés ont pointé, depuis 5 ans, des dérapages. Ils pouvaient donner le sentiment de bavures, de cas à part. Mais il s’agit là d’une tout autre dimension. Car cela dérape partout, dans toute la France ».
Eric Favereau explique ainsi que « l’Union nationale de familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques (Unafam) vient […] de terminer un travail exceptionnel de collecte des rapports des commissions départementales de soins psychiatriques. La fonction de ces structures est simple : observer, ausculter tout ce qui se passe en termes de soins psychiatriques dans le département, avec pour mission «de veiller au respect des libertés individuelles et de la dignité des personnes hospitalisées sous contrainte en milieu psychiatrique» ».
Le journaliste observe qu’« en tout, ce sont des moments de vie de plus de 50.000 patients qui ont été ainsi observés ». Michel Doucin, administrateur de l’Unafam qui a coordonné ce travail, remarque : « On peut dire que, presque partout, il y a des violations des droits des patients, des dysfonctionnements graves ou des incohérences problématiques ».
Eric Favereau livre « un échantillon de ces mille et un petits scandales, une liste infinie à la Prévert. Il y a d’abord les locaux, souvent vétustes, souvent innommables, souvent indignes. En Seine-et-Marne, la commission a dressé les «points noirs» constatés ou signalés par les patients : «Insuffisance du chauffage, absence de serviettes de toilette, remplacées par des draps, portions de nourriture insuffisantes, qualité des repas médiocre, chambres à trois voire quatre lits, état dégradé de certaines pièces notamment des sanitaires, saleté des vitres, nettoyées trop rarement, impossibilité pour les patients d’être tranquilles dans leur chambre, difficultés d’accès aux espaces extérieurs pour les patients en fauteuil roulant, absence de sanitaires dans les chambres d’isolement.» ».
Le journaliste continue : « Il y a le temps qui coule. Des délais d’attente, sans fin, comme aux urgences. Au centre hospitalier du Forez (Loire), «le délai d’attente aux urgences est de 4 jours avec un taux d’occupation de 100% depuis le début de l’année». Et cette remarque : «Le service des urgences n’est pas adapté pour accueillir durant 3 ou 4 jours des patients psychiatriques.» ».
Il relève qu’« il y a des hospitalisations qui n’en finissent pas. Dans l’Hérault, ce cas d’école : «Un patient a quitté l’établissement après avoir passé 19 ans dans le secteur fermé, alors qu’il était en soins consentis. Il ne relevait pas d’une hospitalisation en psychiatrie, mais d’un accueil en établissement médico-social.» ».
Eric Favereau continue : « Il y a l’arbitraire. Là on isole, là non. Au centre hospitalier de Dieppe (Seine-Maritime), «les heures de début et de fin d’isolement ne sont pas renseignées, les motifs de mise en isolement ne correspondent pas à des indications thérapeutiques». Dans les Hauts-de-Seine, «à Antony et Issy-les-Moulineaux, il n’était pas clair que les décisions de mise en chambre d’isolement ou de contention prises par un interne ou par un infirmier devaient toujours être confirmées dans l’heure par la visite d’un médecin auprès du patient» ».
Le journaliste souligne en outre qu’« il y a ces droits que l’on ne respecte pas. Un non-respect global. «D’une manière générale, la lecture des dossiers de patients a permis de constater que très peu de récépissés sont signés par les patients eux-mêmes. Trop souvent, ces documents sont signés par un membre de l’équipe soignante, ce qui constituerait «une solution de facilité», pointe l’Unafam ».

Date de publication : 30 mars 2021

 

Revue de presse santé psy – février 2021

« Covid-19, la fatigue pandémique prend de l’ampleur »

C’est ce que constate La Croix, qui note qu’« évoqué par l’OMS à l’automne, le syndrome de fatigue pandémique désigne une forme de lassitude liée aux aspects anxiogènes de la crise sanitaire, plus manifeste chez les jeunes et les personnes âgées ».
France Lebreton observe ainsi : « Lassitude, anxiété, insomnies… Ces symptômes ne sont pas nouveaux mais ils se seraient accentués sous l’effet de la crise sanitaire. Au point que l’OMS a publié, en octobre 2020, un document intitulé «Lassitude face à la pandémie. Remotiver la population pour prévenir le Covid-19» ».
La journaliste relève que « cette fatigue pandémique serait, selon l’OMS, «une réponse naturelle et attendue à une crise de santé publique prolongée», marquée par un «sentiment de détresse» voire de «désespoir», un sentiment d’isolement et une dévalorisation de soi. Autant d’éléments pouvant miner l’adhésion des populations aux mesures permettant de lutter contre la pandémie, prévient l’OMS ».
Nicolas Franck, psychiatre, chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier à Bron (Rhône), explique en effet que « le bien-être mental de la population s’est trouvé altéré au printemps 2020, lors du premier confinement, qui a provoqué un stress majeur, mais aussi suscité un sursaut de créativité pour rebondir ou se reconstruire. À l’automne suivant, le second confinement, bien que moins strict, a été vécu plus difficilement : par effet d’accumulation, le poids des contraintes, le sentiment d’être enfermé chez soi, la limitation des contacts sociaux, l’accès à la culture entravé, ont fait prendre conscience que les besoins fondamentaux n’étaient pas comblés ».
« Résultat, le sentiment d’une grande fatigue, au sens, définit-il, d’une «usure due à la répétition des épreuves», l’a emporté. Et depuis le début de l’épidémie, il y a un an, une succession d’épreuves s’est enchaînée, imposant à chacun de tenir dans la durée : couvre-feu, menace d’un troisième confinement… », remarque France Lebreton.
La journaliste souligne : « Parmi les catégories concernées par ce syndrome, les personnes âgées, premières cibles du virus, qui ne sortent plus de chez elles, parfois n’en ont même plus le désir. Et, paradoxalement, les jeunes qui, moins touchés par le virus, en subissent les contraintes de plein fouet ».
Elle indique que « pour faire diminuer ce mal-être, le Pr Nicolas Franck propose d’associer les jeunes aux mesures mises en place en faveur des aînés – leur donner un rôle social, les impliquer dans la solidarité intergénérationnelle… – et de sensibiliser les personnes âgées à ce qu’est une bonne hygiène de vie psychique, en leur prodiguant des conseils pour rester en lien, conserver un rythme régulier d’activités physiques, etc. ».

Date de publication : 9 février 2021

« La crise sanitaire, une pente dangereuse pour les addictions »

Jeanne Ferney remarque en effet dans La Croix que « les études sur l’impact du confinement ne traduisent pas une explosion des addictions. Mais la crise sanitaire qui dure, et les conséquences économiques qui vont en découler, pourraient exposer les plus fragiles à une surconsommation d’alcool et de drogues illicites ».
La journaliste observe qu’« au printemps dernier, les associations alertaient sur le risque de surconsommation d’alcool et de drogues illicites. «Rester à la maison, ne pas faire grand-chose, cela représentait un contexte favorable», souligne le Pr Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Près d’un an plus tard, les études sur l’impact du confinement semblent indiquer que l’explosion tant redoutée n’a pas eu lieu ».
Bernard Basset, président de l’association Addictions France, indique ainsi que « les consommations sont globalement restées stables. […] Certains facteurs, comme une consommation excessive antérieure ou l’isolement, ont pu conduire à une consommation plus grande. À l’inverse, des consommateurs d’alcool qui buvaient essentiellement lors de rencontres entre amis ou au restaurant, ont diminué leur consommation car ces occasions avaient disparu ».
Jeanne Ferney souligne que « les premiers temps de la pandémie sont en revanche allés de pair avec une hausse notable de la consommation de benzodiazépines, des anxiolytiques. […] Les Français ont globalement délaissé les «drogues stimulantes», comme l’alcool et la cocaïne, pour les drogues à visée apaisante ».
Marie-Jauffret Roustide, sociologue et chercheuse à l’Inserm, indique que « les usagers disent y avoir eu recours contre l’angoisse, la déprime ou un sentiment de solitude ». Le Pr Karila remarque quant à lui : « Pendant le premier confinement, certains de mes patients addicts à la cocaïne ou au cybersexe ont stoppé net. Mais cela n’a pas tenu sur le long terme ».
La journaliste note que « selon lui, la période actuelle, qu’il qualifie de «pseudo-confinement», reste à haut risque. Dans son hôpital, il a constaté «20 à 25% de nouvelles demandes. Certains patients étaient déjà addicts, d’autres viennent pour la première fois après une consommation excessive d’alcool ou de cannabis», détaille le médecin, qui s’inquiète d’un «boom inexpliqué de la consommation de cocaïne, qui a donné lieu à plus d’hospitalisations ces derniers mois» ».
Jeanne Ferney conclut qu’« au-delà de l’épidémie, la crise économique à venir pourrait faire des dégâts », Marie Jauffret-Roustide soulignant : « On sait d’expérience que les crises économiques ont tendance à entraîner une augmentation problématique des usages ».

Date de publication : 17 février 2021

« Covid-19 : les états anxieux et dépressifs en nette hausse entre janvier et février »

Le Parisien note en effet que « la hausse est jugée «significative» par Santé publique France. Le pourcentage de personnes disant ressentir un état anxieux ou dépressif est passé de 29 à 34% en un mois, d’après les nouveaux résultats de l’enquête CoviPrev ».
Le journal rappelle que « cette enquête est menée une ou deux fois par mois, depuis un an, auprès d’un panel représentatif de 2000 adultes. Dans le détail, en vague 21 (du 15 au 17 février), 11% des personnes interrogées présentaient un état anxieux seulement, 11 % un état dépressif seulement et 12% un état à la fois dépressif et anxieux. Un mois plus tôt, ces taux étaient respectivement de 10%, 10%, et 9% ».
« 23% des sondés se disent cette fois anxieux et 23% ressentent des symptômes de dépression. Ces taux n’ont jamais été atteints depuis fin mars 2020, en plein confinement. Si l’on regarde uniquement la part de ceux qui se sentent dépressifs, elle avait doublé à la rentrée de septembre dernier », explique Le Parisien.
Le quotidien souligne que « plusieurs profils sont particulièrement associés à ces états de souffrance psychique. Santé publique France mentionne notamment les étudiants, les personnes sans activité professionnelle ou celles en situation de précarité ».
Le Parisien rappelle que « d’après un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, […] 40% des 18-24 ans ont rapporté un trouble anxieux généralisé, soit 9 points de plus que l’ensemble des Français. Ces jeunes souffrent souvent de l’interruption des cours en présentiel et des fortes perturbations qui impactent la vie sociale et étudiante depuis près d’un an de pandémie en France. Sans surprise, l’inquiétude «à l’égard de la situation» ainsi que le sentiment de solitude sont aussi des facteurs régulièrement liés à l’anxiété ou à la dépression ».
Le quotidien observe que « cela fait plusieurs mois que médecins et autorités mettent en garde contre le risque d’une «troisième vague mentale», pour reprendre l’expression d’Olivier Véran utilisée en novembre dernier. En cas de souffrance, Santé publique France recommande de se rapprocher de son médecin ou d’appeler le 0 800 130 00 «pour demander à être orienté vers une écoute ou un soutien psychologique» ».

Date de publication : 26 février 2021

 

Revue de presse santé psy – janvier 2021

« Covid-19 : la santé mentale, grande sacrifiée de l’épidémie ? »

Le Point constate en effet que « les mesures restrictives liées au virus semblent avoir eu un impact sur les personnes qui, avant l’épidémie, peinaient déjà à trouver un équilibre mental ».
Le magazine se penche sur l’Allemagne où, « comme ailleurs, leur suivi médical a été fortement affecté par la fermeture imposée à de nombreuses structures de soutien en vertu des mesures anti-Covid, d’abord en mars puis à nouveau depuis décembre avec la seconde vague épidémique qu’affronte actuellement le pays ».
« Depuis le printemps, plusieurs établissements ont proposé leurs services en ligne ou via des applications pour smartphones, mais les résultats ne sont pas très probants pour ce type de soins où les échanges directs restent primordiaux », note Le Point.
Le magazine indique que « selon la Fondation allemande d’aide aux victimes de dépression (DDH), les personnes souffrant de cette maladie ont vécu les mesures restrictives du printemps avec un stress plus de deux fois supérieur à la moyenne de la population. Plus de la moitié d’entre elles ont aussi vu leur accès aux traitements restreint, a encore évalué la fondation. Cliniques psychiatriques ambulatoires, centres de conseil et services de prévention du suicide ont tous connu une augmentation des demandes d’aide cette année, même à distance ».
Dietrich Munz, chef de la Chambre allemande des psychothérapeutes, souligne ainsi : « Il y a maintenant toute une série d’études qui montrent que le stress mental causé par les mesures restrictives peut aussi conduire à une maladie mentale ».
Il ajoute que « les humains sont des êtres sociaux. Cela signifie que nous recherchons et avons besoin d’échanges interpersonnels, que ce soit des petites conversations au travail ou des confidences avec ses amis. […] Trop de proximité peut également provoquer un stress psychologique. […] Réduire ses échanges exclusivement avec la famille est difficile s’il y a trop peu d’occasions de s’isoler ».
Le Point conclut que « dans un récent sondage de la compagnie d’assurance maladie Pronova BKK, 75% des 154 psychiatres et psychothérapeutes interrogés s’attendent à une augmentation des cas de maladies mentales au cours des 12 prochains mois ».

Date de publication : 8 janvier 2021

« L’excès de mauvaises nouvelles nuit à notre santé mentale »

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian s’interroge dans Le Figaro : « Bien calé dans son fauteuil, est-on vraiment passif lorsque l’on écoute les informations télévisées ? ».
Le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur au CHU de Marseille, répond : « Pas du tout. Toute information est traitée par notre cerveau : lorsque les informations se succèdent, cela finit par constituer une charge mentale non négligeable. Or chez une personne qui se sent déjà épuisée psychiquement, ce n’est pas rien, surtout avec les chaînes d’information en quête de sensationnel ».
« Ces chaînes, met en garde le médecin, nous font vivre dans l’instantané et la recherche de réactions émotionnelles », poursuit Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond explique ainsi que « la catastrophe fascine ! Il y a un effet d’amplification de ces informations négatives qui, répétées au quotidien, finissent par donner le sentiment de vivre dans un monde en perdition. Et cette impression de vivre dans un monde moche, sans espoir, peut créer de la dépression et même favoriser des idées suicidaires chez une personne prédisposée. C’est le sentiment d’impuissance qui fait le plus de dégâts sur le plan psychique. Le stress généré par ces informations négatives qui paralysent provoque une sécrétion prolongée de cortisol et favorise à terme l’inflammation dans le cerveau ».
Nathalie Szapiro-Manoukian relève que « les informations reçues par notre cerveau ne sont pas traitées de façon égalitaire, comme l’a montré récemment une équipe de chercheurs de Montréal du CHU Ste Justine (Nature Communications, août 2020) ».
La journaliste explique que « notre cerveau est composé de milliards de cellules nerveuses excitables, et c’est par le biais des épines dendritiques (de minuscules protubérances en contact avec les autres cellules nerveuses) que les données s’échangent entre cellules. Lorsqu’une information persiste et/ou se répète […], ces échanges se multiplient, le nombre d’influx nerveux traitant cette information augmente et les neurones y deviennent encore plus sensibles. Cela ne fait qu’amplifier l’information. À l’inverse, une information reçue ponctuellement fait l’objet de peu d’échanges et, même s’il s’agit d’une excellente nouvelle, son évocation trop éphémère va faire que pour notre cerveau elle va passer quasi inaperçue car elle manque d’écho ! ».
« À cette iniquité de traitement des informations s’ajoute le fait que l’être humain a une certaine appétence pour les catastrophes. […] Autre biais cognitif : nous retenons ce qui nous est proche, bien plus en tout cas, que ce qui semble lointain », ajoute-elle.
Nathalie Szapiro-Manoukian observe que « les personnes non affectées par ces nouvelles négatives ont intégré instinctivement que les informations télévisées délivrées à la chaîne créent de la distorsion et ne traduisent pas exactement la réalité (il y a un effet « zoom »). Elles contrebalancent ces informations négatives par des annonces positives et/ou se concentrent sur ce qui compte vraiment pour elles, sur quoi elles peuvent agir ».
Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne, indique ainsi que « pour repérer ce qui va bien, ce qui nous convient, il faut faire un effort. Un vrai effort. Il faut être mobilisé dans cette intention et y revenir dès qu’on l’a lâchée, qu’on a oublié et que notre naturel revient au galop… Notre attention réclame un effort pour nous permettre d’être attentif aux belles choses ».
« Mais pour ceux déjà épuisés psychiquement, ce recul manque. Il y a alors urgence à faire l’économie des informations négatives non essentielles ! Mais aussi à s’informer autrement »,souligne Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond indique : « Je leur conseille de se trouver d’autres sources d’information qui traitent ces sujets plus en profondeur comme les journaux, les podcasts, la radio, etc. Ces médias laissent la place aux analyses, aux recherches et aux solutions possibles. Or accroître ses connaissances dans un domaine rassure. Cela permet aussi de faire le tri entre vraies informations et fake news ».

Date de publication : 11 janvier 2021

« La santé mentale des étudiants mise à fac »

Cassandre Leray constate en effet dans Libération : « Isolement, angoisse liée à l’enseignement à distance, précarité… Syndicats et enseignants s’alarment de l’état de détresse des jeunes ».
La journaliste fait savoir que « mardi soir, une étudiante [à l’université Lyon-III] a tenté de sauter du cinquième étage de sa résidence universitaire. Bien qu’elle ait été prise en charge «avant de commettre l’irréparable», selon les mots d’[Eric Carpano, président de l’université], cet événement fait violemment écho à ce qui s’est passé durant la nuit de vendredi à samedi ».
Cassandre Leray explique qu’« à la résidence universitaire de Villeurbanne, un étudiant en master de droit à Lyon-III s’est jeté par la fenêtre du cinquième étage. Son pronostic vital est engagé. Les causes de ces gestes ne sont pas encore connues, mais une chose est sûre, «il y a un profond mal-être de la jeunesse aujourd’hui, qui a le sentiment d’avoir été délaissée. La crise sanitaire leur impose des contraintes absolument redoutables», selon le président de l’université ».
Eric Carpano ajoute : « Il faut une prise de conscience nationale pour accompagner notre jeunesse et lui offrir un horizon. J’espère que la réponse gouvernementale sera à la hauteur des attentes ».
La journaliste note que « ce constat, le Premier ministre Jean Castex ne l’a pas nié lors de sa conférence de presse de jeudi soir, parlant d’un «profond sentiment d’isolement», de «vraies difficultés psychologiques», une «source de préoccupation majeure». […] Il a annoncé un retour très progressif dans les amphis des 1,6 million d’étudiants assignés à l’enseignement à distance depuis 3 mois, à partir du 25 janvier pour «une reprise en demi-groupes des travaux dirigés des élèves de première année» ».
Cassandre Leray ajoute que « ce vendredi, [le Premier ministre et la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal] doivent recevoir les représentants de la communauté universitaire pour préciser les modalités de cette prudente évolution, alors que la reprise en physique des étudiants les «plus fragiles», annoncée en décembre, s’est faite au compte-gouttes depuis la rentrée de janvier ».
La journaliste cite en outre Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui souligne : « On se retrouve dans des situations de plus en plus anxiogènes : la hausse de la précarité, l’angoisse liée aux partiels, la peur pour l’avenir, la fermeture des universités, l’isolement. Je ne sais même plus comment mettre des mots là-dessus ».
Marielle Wathelet, médecin de santé publique au Centre national de ressources et de résilience (CN2R), note pour sa part : « On sait que les étudiants ne vont pas bien. Leur état de santé mentale est altéré, quel que soit l’indicateur que nous avons mesuré ».
Cassandre Leray explique qu’« en octobre, elle a codirigé à une étude sur l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France pendant le confinement, du 17 avril au 4 mai. Sur les 70.000 répondants, 11,4% ont déclaré avoir des idées suicidaires, 27,5% rapportaient des symptômes sévères d’anxiété et 16,1% de dépression. Des chiffres qui «sont plus élevés que la moyenne, hors contexte de pandémie», note Marielle Wathelet ».
La journaliste précise que « des données manquent encore : celles des suicides. […] De premiers résultats, concernant la période de janvier à août 2020, ont tout de même pu être analysés ».
Fabrice Jollant, psychiatre spécialiste des conduites suicidaires, indique qu’« ils portent sur les tentatives de suicide hospitalisées seulement. Chez les jeunes, il y a eu une diminution durant la première partie de la pandémie ».
Cassandre Leray relève qu’« il reste difficile de poser un constat ferme, puisque cette baisse des hospitalisations pourrait notamment s’expliquer par un accès aux soins plus difficile à cette période. Surtout, comme le pointe le spécialiste, «tout le monde a le sentiment que c’est de plus en plus difficile depuis la rentrée. Chez les étudiants, il y a une fatigue, une lassitude, une crise qui dure. On craint que les prochains chiffres aillent dans l’autre sens» ».

Date de publication : 15 janvier 2021

« Sans horizon, les Français peinent à garder le moral »

Le Figaro relève en effet : « Un «tunnel sans fin», une «atmosphère pesante», un sentiment entêtant de «tourner en rond». Du deuxième confinement au couvre-feu à 18 heures, de la fermeture des restaurants aux portes closes des musées, en passant par les masques, le gel hydroalcoolique et les produits non-essentiels, les Français expriment un ras-le-bol de plus en plus envahissant. La menace des nouveaux variants du Covid-19, plus contagieux, et la perspective d’un troisième confinement ont achevé de plomber leur moral ».
Le journal constate que « les unités psychiatriques voient arriver de nouveaux patients qui n’avaient jusqu’à présent jamais consulté ».
Le Figaro note ainsi que « dans le centre de psychiatrie où il exerce à Lyon, le Pr Nicolas Franck s’inquiète du nombre croissant de Français en souffrance, à tel point que les standards saturés peinent à répondre à leurs appels. Une population hétérogène qui va des «soignants traumatisés» aux étudiants isolés «qui vivent à distance de leur famille, reclus dans une chambre minuscule, sans cours et sans ressources» ».
Le Pr Franck déclare que « les épreuves qui s’accumulent altèrent le bien-être mental » et évoque ces personnes âgées qui « ne sont quasiment pas sorties de chez elles depuis bientôt un an car elles ont peur de se contaminer, y compris dans un centre de vaccination. Elles vivent repliées sur elles-mêmes. Elles ont perdu des capacités physiques et sont en grande souffrance morale car elles ne voient plus leurs proches ».
« Quant aux personnes fragiles psychologiquement, qui consultaient déjà avant la pandémie, elles vivent cette période «encore plus difficilement que les autres», prévient-il. Plus les mesures sanitaires sont longues, «plus les conséquences sur la santé mentale s’aggravent» », continue le journal.
Marie-Estelle Dupont, psychologue, remarque que « les Français saturent. Ils perdent leurs repères. […] Avec ces mesures sanitaires, on a réduit l’être humain à des besoins alimentaires et matériels. Les dégâts sont catastrophiques : les gens boivent, grossissent, prennent des psychotropes, deviennent addicts aux écrans. Quand on est privé d’air, de lumière, d’échanges affectifs, de culture et qu’on a toujours peur de contaminer l’autre, nécessairement, on déprime… ».
Le Figaro observe que « chez Nightline, un service d’écoute destiné aux étudiants, on note «une légère augmentation du nombre d’appels, avec des pics autour des annonces du gouvernement» ». Patrick Skehan, son délégué général, précise : « Solitude, études, problèmes relationnels, ce sont toujours les mêmes problématiques, mais exacerbées par la crise sanitaire. Quelque 10% de nos appelants évoquent des idées suicidaires. Va-t-on trouver une réponse structurelle à cette crise ou bien simplement créer de nouveaux numéros verts ? ».
Le quotidien relève qu’« à l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, qui sonde les effets de la pandémie sur la santé mentale des Français, on reconnaît que les chiffres sur les troubles anxieux et dépressifs n’ont «sans doute jamais été aussi hauts». Tristesse, perte d’intérêt, énergie à plat, ralentissement intellectuel et physique… ».
« Santé publique France souligne cependant que «70% des gens arrivent à s’en sortir» et que le vaccin apparaît comme un motif d’espoir. Son principal objectif est aujourd’hui d’éviter que ces troubles «s’installent dans la durée et s’aggravent». Une vaste campagne d’information sur la santé mentale est en préparation », indique Le Figaro.
Dans un autre article, le journal se penche en outre sur une « inquiétante augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes » : « Précarisés, isolés, exténués, de plus en plus de jeunes voient leur santé mentale se dégrader. Alors qu’un troisième confinement se profile, les professionnels de santé alertent sur l’importance de garder les établissements scolaires et universitaires ouverts ».

Date de publication : 29 janvier 2021

 

Revue de presse santé psy – décembre 2020

« Covid-19 : la solitude, l’autre épidémie »

Le Parisien fait savoir que « la Fondation de France publie ce jeudi son 10e rapport annuel sur les solitudes. […] Il montre une forte augmentation de l’isolement, amplifiée par la crise sanitaire ».
Le journal note ainsi que « la solitude accompagne aujourd’hui 7 millions de Français. C’est 3 millions de plus qu’en 2010. Salariés en chômage partiel ou en télétravail qui se sentent inutiles, étudiants priés de rester seuls face à leur ordinateur… Sans faire de bruit, la solitude s’est ancrée dans le quotidien d’une population de plus en plus nombreuse ».
Le Parisien évoque « une constante : les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée par l’isolement, soit un sur quatre. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs mis un cruel coup de projecteur sur les conséquences que cela peut avoir chez nos aînés ».
« A tel point que la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, vient de nous annoncer l’ouverture de 10.000 missions de service civique en renfort dans les Ehpad, les résidences autonomie et auprès des personnes âgées bénéficiant d’aides à domicile », indique le journal.
Il souligne que « sans surprise, ce sont les plus précaires qui se sentent les plus seuls (surtout les femmes, majoritairement à la tête de familles monoparentales ou dans le rôle d’aidantes). Double peine également pour les personnes handicapées ou atteintes d’une maladie chronique. Mais les catégories touchées vont désormais bien au-delà. La part des classes aisées en situation d’isolement est passée de 6% à 11%. Les jeunes aussi ne sont plus épargnés ».
Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la philanthropie à la Fondation de France, remarque qu’« il existe une forme de généralisation assez alarmante. […] Le sentiment de méfiance envers les autres a fortement augmenté, surtout depuis les attentats de 2015. Chez certains, il alimente une forme de dégoût envers cette société qui ne semble pas vouloir les intégrer ».
Elle ajoute que « la situation sanitaire qui s’ancre dans la durée, la crise économique et ses probables effets sur la montée du chômage sont des facteurs de risque majeurs. La crainte d’une épidémie de solitude est donc bien réelle ».

Date de publication : 3 décembre 2020

« La santé mentale, parent pauvre du système de soins français »

Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro : « Anxiété, sommeil haché, boulimie, dépression, addictions aux écrans, au tabac, à l’alcool… La crise du Covid révèle au grand jour les troubles de santé mentale dont souffrent les Français, trop souvent passés sous silence car jugés tabous et honteux ».
La journaliste note toutefois qu’il s’agit d’une « occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale, parent pauvre du système tricolore, alors que les maladies psychiques touchent chaque année une personne sur cinq, soit 12 millions de Français, et que seuls 40% à 60% d’entre eux sont pris en charge ».
Elle annonce que « dans une étude très fouillée intitulée «Santé mentale, faire face à la crise», […] l’Institut Montaigne propose une prise en charge innovante des troubles les plus fréquents, légers à modérés, mais qui peuvent être très invalidants ».
Marie-Cécile Renault explique que « le think-tank indépendant plaide pour une approche plus intégrée entre médecine physique et psychiatrie, afin de déstigmatiser, favoriser l’accès aux soins et augmenter la qualité ».
« Car l’enjeu est énorme, non seulement pour le bien-être et la qualité de vie des individus, mais aussi d’un point de vue économique. Avec un total de… 23 milliards d’euros de remboursements (médicaments, soins, arrêts de travail, etc.) chaque année, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, loin devant le cancer ou les maladies cardiovasculaires », continue la journaliste.
Elle poursuit : « Dénonçant une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie qui oublie la médecine de ville, l’Institut Montaigne préconise de laisser les cas lourds aux psychiatres et de s’appuyer davantage sur les médecins généralistes pour les cas légers ».
« Or, aujourd’hui, les médecins de famille manquent de temps pour ces consultations chronophages ainsi que d’outils cliniques simples de dépistage, et surtout n’y sont pas incités financièrement : il n’y a aucun indicateur sur la santé mentale dans la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp), alors même que 30% de leur patientèle est concernée », remarque Marie-Cécile Renault.
Elle ajoute : « Et quand bien même le médecin traitant repère les troubles, il se trouve démuni. S’il envoie le patient chez un psychologue, les consultations ne sont pas remboursées. Une barrière financière, reconnaît l’Assurance-maladie, qui expérimente dans quatre départements le remboursement de psychothérapies, sur prescription médicale, pour des troubles légers ».
La journaliste note enfin que « l’Institut Montaigne prône aussi le renforcement du travail en équipe autour du médecin traitant et qu’une infirmière assure la coordination avec le psychiatre de secteur ou le psychologue, veille à la bonne observance des traitements, à ce que le patient revienne, etc. Des pratiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger, évitent d’«emboliser» les urgences et font gagner un temps précieux alors qu’un dépistage précoce évite l’aggravation ».

Date de publication : 8 décembre 2020

« Une vague de suicides est à craindre avec le déconfinement »

Stéphane Kovacs s’interroge dans Le Figaro : « Alors qu’approchent la fin du confinement et les fêtes de fin d’année, serait-ce maintenant «une vague de suicides» que l’on devrait craindre ? ». Le journaliste souligne en effet que « selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, publiée en novembre, le risque apparaît élevé lors de ce second déconfinement ».
Il observe qu’« au Japon, on a enregistré plus de décès par suicide pendant le mois d’octobre que de morts du coronavirus depuis le début de l’année. En France, il est trop tôt pour connaître le nombre de suicides en 2020. Mais d’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, parmi les 20% de personnes interrogées qui déclarent avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider, 11% déclarent l’avoir pensé durant le premier confinement, et 17% depuis sa fin ».
Stéphane Kovacs retient que « depuis la crise de 1929 aux États-Unis, «toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois, voire quelques années», rappellent les auteurs. Pour celle de 2008, c’est en 2009 et 2010 que le pic des suicides a été identifié ».
Le sociologue Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide et coauteur de l’enquête, indique ainsi que « paradoxalement, le risque de suicide apparaît plus important au moment du déconfinement. Quand on était tous confinés au printemps, tous les Français étaient traités de la même façon. Face à la menace virale, les personnes qui avaient une tendance dépressive ou étaient en difficulté sociale devenaient comme tout le monde. La solidarité a pu s’exprimer. Ça a créé une dynamique de survie. Or le déconfinement a fait revenir les disparités : le chômeur est resté au chômage, alors que les autres retournaient au travail… ».
Il déclare en outre que les autorités « sont borgnes : elles regardent la crise sanitaire d’un seul œil, celui du virus. […] Les plans sociaux, les boutiques qui ferment, les étudiants qui ne trouveront pas d’emploi, c’est pour demain ! Ce sont ces gens que l’on va retrouver dans nos hôpitaux quand ils seront vidés des malades du Covid ».
Stéphane Kovacs précise que « l’enquête relève trois catégories socioprofessionnelles plus particulièrement touchées : les dirigeants d’entreprise, dont 27% ont eu l’intention de se suicider en 2020, les artisans-commerçants (25%) et les chômeurs (27%). Parmi les artisans-commerçants qui ont envisagé le pire, 42% disent être passés à l’acte, avec une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« avec son numéro vert, l’association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) avait pris en charge 1007 personnes à la date du 6 décembre 2020 – contre 620 pour la même période de 2019 ».
Il cite notamment Bruno, entrepreneur en faillite : « J’ai toujours travaillé sans le soutien de personne. Aujourd’hui, je suis acculé par mes nombreux créanciers, l’État, l’Urs­saf, et je sais qu’il n’y aura pas d’issue. J’ai froidement décidé de me suicider. Toutefois, j’ai une femme et une petite fille… ».
Stéphane Kovacs remarque en outre que « chez SOS Amitié, comme pendant le premier confinement, les appels sont passés de «5000 à 6000 par jour à environ 8000, avec des pointes à 10.000». L’an dernier, le suicide était évoqué dans 14% des cas. Aujourd’hui, c’est «dans un appel sur trois ou quatre»… Et une catégorie socio-professionnelle apparaît, celle des soignants et du personnel non-soignant des hôpitaux ».
Le journaliste note que « selon le site Medscape, la moitié des médecins affirment présenter des symptômes de burn-out. Parmi lesquels près d’un tiers songerait au suicide. Quant aux étudiants, d’après une enquête de l’université de Lille publiée fin d’octobre, 11,4% d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires. La «détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus», a alerté […] le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken ».
« Depuis quelques semaines, les psychiatres voient défiler des patients qui n’avaient pas l’habitude de consulter : beaucoup de jeunes, et des personnes âgées souffrant d’isolement », continue Stéphane Kovacs, qui souligne dans un autre article que « le mal-être des adolescents [est] en forte augmentation depuis novembre ».

Date de publication : 9 décembre 2020

« Déprime post-Covid : perte d’envie, agressivité… les signes qui doivent alerter »

Christine Mateus s’interroge ainsi dans Le Parisien : « Comment distinguer un coup de mou d’une vraie dépression alors que toutes les études montrent que l’épidémie s’attaque aussi au moral, voire à la santé mentale des Français ? Deux psychiatres nous en disent plus ».
La journaliste souligne que « les contraintes liées à la crise sanitaire, et en particulier au confinement, pèsent en effet sur le moral des Français. Mais comment distinguer nos émotions négatives en réaction aux obstacles qui régissent actuellement notre quotidien, des symptômes de la dépression ou de l’anxiété ? ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, indique qu’« être agacé, inquiet par les annonces gouvernementales, c’est une réaction de l’esprit tout à fait saine. Ce qui est inquiétant, c’est lorsque des signes d’alerte durent dans le temps. Environ 3 semaines en continu. Si c’est le cas, c’est une situation médicale et il faut consulter son médecin ».
Christine Mateus poursuit : « Quels sont ces signes ? Qu’est-ce qui affiche qu’une personne va mal ? », et évoque tout d’abord « la perte d’envie » : « On traîne, on s’alimente mal (attention aux variations de poids qui sont aussi une manifestation à prendre en compte), on ne participe plus à la vie de la famille ».
Le Pr Lejoyeux précise : « La personne s’est comme autoconfinée. Elle ne bougera pas malgré l’allègement des contraintes. Si vous avez compté les jours avant l’ouverture des boutiques, c’est bon signe ».
La journaliste relève que « ces symptômes ont aussi des conséquences sur le sommeil. Les gens touchés dorment ainsi beaucoup. C’est une sorte de «sommeil refuge» ».
La Dr Fanny Jacq, psychiatre, explique que « l’anxieux rencontre des difficultés à trouver le sommeil. Le dépressif, lui, se couche tôt, s’endort facilement mais se réveille vers 3 heures avec un blues du petit matin. Toutefois, il restera au lit et retardera au maximum l’heure du lever ».
Christine Mateus évoque ensuite « l’irritabilité, l’agressivité » : « Ce sont des surréactions pour des petites choses, comme une assiette cassée, de la nervosité mais aussi la remise en cause des propos et des opinions des proches ».
La journaliste aborde aussi « le ralentissement du rythme », « la perte de l’estime de soi et la culpabilité », « la rumination de pensées négatives », et enfin « l’augmentation des addictions ». La Dr Jacq observe en effet que « l’alcool est un dépresseur. Il fait notamment baisser la sérotonine. Or, on note une reprise d’un alcoolisme solitaire ».

Date de publication : 21 décembre 2020

 

Revue de presse santé psy – novembre 2020

« Reconfinement : comment affronter un « jour sans fin »  ? »

La Croix constate que « la nouvelle période de confinement, d’une durée d’au moins un mois, fait craindre un impact négatif sur la santé mentale des Français. Les enseignements du printemps donnent néanmoins des pistes pour éviter le risque de panique et d’épuisement psychologique ».
Le journal relève ainsi : « L’impression de traverser un long tunnel qui n’en finit plus. Le «jour sans fin», décrit par Emmanuel Macron mercredi 28 octobre, se poursuit. L’annonce d’un nouveau confinement […] s’ajoute à un contexte déjà morose, marqué à la fois par des attentats ou tentatives d’attentat qui se multiplient sur le sol français depuis 2 semaines et par les conséquences économiques de la première vague de la pandémie, qui affectent particulièrement les catégories les plus précaires de la population », souligne le quotidien.
Frédéric Worms, philosophe, observe que « nous sommes dans un moment singulier dans lequel plusieurs dangers se répètent et font système. Ces dangers mettent à l’épreuve nos institutions, nos relations, nos émotions et nous laissent entre sidération et incertitude ».
La Croix remarque que « cette «épreuve» nationale pourrait s’avérer encore plus dure que la première. Parce que l’épidémie paraît hors de contrôle, tout d’abord, et que «la deuxième vague sera sans doute plus meurtrière que la première», a prévenu Emmanuel Macron. Mais aussi parce que les nerfs ont déjà été soumis à rude épreuve ».
Le journal fait savoir que le psychiatre Nicolas Franck « a mené une enquête auprès de 20.000 personnes en mars. Ses conclusions à l’appui, il dresse un tableau peu optimiste des jours à venir ».
Le médecin souligne que « ceux qui ont mal vécu le premier confinement vont vivre encore plus mal le deuxième. Et certains qui avaient vécu de manière à peu près correcte le premier pourraient mal vivre le deuxième, car ils subissent la dégradation de leurs conditions économiques, ce qui n’était pas le cas en mars ».
La Croix relève en outre que « Santé publique France, en partenariat avec l’institut de sondages BVA, a suivi 2000 personnes à partir de mars pour évaluer les effets de la pandémie sur la santé mentale. Fin mars, plus du quart des répondants à l’enquête CoviPrev ressentaient un état d’anxiété, soit le double du taux observé en 2017 (13,5%). Ce taux a diminué pour atteindre 15% en juin, avant de repartir à la hausse (18% lors de la dernière phase d’enquête, fin septembre) ».
Anne Giersch, directrice du laboratoire de neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie à l’Inserm de Strasbourg, indique ainsi : « Anxiété, stress, dépression… Le confinement peut accentuer les problèmes de santé mentale. Il faut y être attentif. […] Toute personne en souffrance peut se tourner vers la plateforme CovidÉcoute, qui sera remise en service. Elle permet de gagner du temps en orientant vers la bonne consultation ».
Le quotidien note que « pour déjouer la détresse psychologique, il faut ainsi piocher en hiver dans les leçons du printemps, propose Nicolas Franck, qui indique trois préceptes à suivre. «Structurer ses journées», d’abord : avoir un programme, des objectifs quotidiens. «Garder des contacts sociaux», ensuite, par téléphone ou de visu ».
« Enfin, poursuit Nicolas Franck, il faut «se fixer un objectif de confinement, une activité constructive qui permet de laisser une trace, comme l’écriture, la peinture…». Pendant le premier confinement, la lecture a par exemple fait figure de refuge et les ventes de livres ont explosé dès la réouverture des magasins, à partir de juin », observe le journal.
La Croix ajoute : « A la différence du premier confinement, les écoles vont cette fois rester ouvertes et l’activité continuera «avec plus d’intensité». […] Contrairement au premier confinement, les visites en Ehpad et maisons de retraite seront par ailleurs permises, afin d’éviter les «drames humains» du printemps, évoqués par Emmanuel Macron, mercredi ».
Le journal souligne que « le confinement, cela dit, n’est qu’une étape. Il faudra «tenir jusqu’au vaccin», attendu «à l’été», a déclaré le chef de l’État mercredi. Alors comment habiter l’incertitude qui nous entoure depuis maintenant sept mois ? ». Nicolas Franck indique qu’« il faut imaginer que toute catastrophe a une fin, et qu’il faudra reconstruire après. Faire preuve d’anticipation et de solidarité, ça aide à se projeter ».

Date de publication : 2 novembre 2020

 

« Alcool, tabac, drogue : lorsque le télétravail augmente les risques pendant le confinement »

Christine Mateus constate dans Le Parisien que « l’entreprise n’est pas seulement le lieu où l’on exerce son métier. Pour les salariés victimes d’une addiction, elle est aussi un rempart plus ou moins poreux, permettant de contrôler leur dépendance et donc la conduite compulsive qui va avec. Alcool, tabac, drogues… avec le confinement et la généralisation du télétravail, une grande partie d’entre eux se retrouvent désormais seuls face à cette emprise ».
La journaliste annonce que « selon une étude […] menée par Odoxa pour le cabinet spécialisé dans la prévention des pratiques addictives GAE Conseil, les signaux sont au rouge. Si 31% des salariés et 40% des manageurs affirment que les pratiques addictives étaient déjà fréquentes sur le lieu de travail, elles le sont encore davantage, selon eux, en télétravail. C’est ce que confient 41% des salariés et 47% des manageurs ».
Ariane Pommery de Villeneuve, ancienne alcoolique, patiente-experte au service d’addictologie de l’hôpital Bichat (Paris), souligne ainsi : « Lorsqu’on est dépendant, on se cache beaucoup du regard des autres. En travaillant à domicile, cette barrière saute et cela devient beaucoup plus compliqué. Et c’est applicable pour toutes les addictions. […] Avec le télétravail, les dépendants se retrouvent avec un temps libre supplémentaire à occuper. Sans compter l’isolement et l’ennui qui peuvent faire augmenter cette consommation ».
Le Dr Alexis Peschard, addictologue et président de GAE Conseil, remarque quant à lui que « cette question de l’addiction dans cette configuration inédite est totalement hors des radars. Pourtant, le premier confinement a été épouvantable pour nos patients. 70% d’entre eux ont rechuté. Pour pouvoir les ramener à nous, nous avons dû adapter rapidement notre cadre thérapeutique, proposer des groupes de parole par visioconférence, faire des permanences à rallonge… Si nous sommes mieux préparés, nous restons tout de même très vigilants ».
Le spécialiste ajoute que « l’addiction est une maladie du lien social, elle vous coupe des autres. Souvent, avec la place qu’occupe l’addiction, l’entourage a disparu et les seules relations qui restent sont celles entre consommateurs, mais aussi entre collègues de travail. En travaillant de chez eux, les dépendants perdent un vrai vecteur thérapeutique ».
« Aujourd’hui, toutes les conditions sont […] réunies pour ajouter des difficultés aux personnes déjà malades mais aussi à ceux, pas encore dans la dépendance, qui ont un trouble de l’usage des substances et pourraient basculer. Les entreprises et les pouvoirs publics doivent se mobiliser et mettre en place des politiques de prévention adaptées aux nouveaux enjeux du distanciel », continue le Dr Peschard.

Date de publication : 5 novembre 2020

 

« Dépression, idées suicidaires… quand le confinement fait craquer les plus jeunes »

C’est ce que titre Le Parisien, qui indique : « Nous avons pu accéder à l’unité psychiatrique de l’hôpital nord-parisien Robert-Debré où il y a deux fois plus d’hospitalisations pour idées suicidaires. Nous y avons rencontré des enfants, des ados, et des médecins qui leur viennent en aide ».
Elsa Mari remarque ainsi qu’« ici, […] les malades n’ont pas le Covid. Et pourtant, certains sont entre la vie et la mort, anéantis par un confinement sans fin. Plus de rêve, ni de sens, ils en sont là, face au vide et l’ennui ».
Elsa Mari souligne que « l’épidémie a fait l’effet d’une claque au ralenti. Rythme perturbé, papa et maman en télétravail, manque des copains, de l’école, de place, climat de peur… ».
Le Pr Richard Delorme, chef de la pédopsychiatrie, explique : « Ils sont plus agités, les enseignants disent la même chose. C’est le principe du vase qui se remplit, un, deux, trois stress et ça déborde ».
La journaliste poursuit : « Il faudra voir si les chiffres se confirment mais la marée d’appels au secours l’inquiète. Deux fois plus d’hospitalisations pour idées suicidaires dans son service, 20 en septembre, 40 en octobre, c’est beaucoup. Pour les guérir, les médecins ont des thérapies très efficaces, visant à modifier leur représentation anxiogène du monde. Et des médicaments, pour les cas les plus graves, toujours sur une durée courte ».
Le Pr Delorme indique : « On a beaucoup de succès, énormément d’enfants vont mieux après deux, trois semaines ».
Elsa Mari relève que « s’il n’y a pas de chiffres à l’échelle de la France, plusieurs études américaines et européennes montrent que près 40% des parents ont observé des signes de détresse chez leurs petits durant le confinement ».
« Face à cette pluie d’appels des parents en mars, les blouses blanches se sont mises à publier des conseils sur leur site pour les guider à distance, sans jamais les culpabiliser. Résultat, 600.000 vues! Et toujours 1000 par jour, aujourd’hui », remarque la journaliste.
Le Pr Delorme souligne que « les enfants sont la priorité des parents et pourtant ce sont les invisibles de cette crise, les grands oubliés. Tout d’un coup, ils ne devaient plus faire du bruit, ni bouger, ils n’existaient plus ».
Elsa Mari poursuit : « Cette souffrance invisible a laissé des traces. Dans toute la population d’ailleurs. Selon Santé Publique France, les troubles dépressifs ont doublé entre fin septembre et début novembre, passant de 10 à 21%. Les petits, eux, ne sont pas toujours capables de verbaliser, d’expliquer. Alors les éducateurs […] redoublent d’attention ».

Date de publication : 16 novembre 2020

 

« À l’hôpital, « pour les soignants aussi, c’est lourd émotionnellement » »

Soline Roy publie un reportage au sein de l’unité Covid-2 au Centre Hospitalier de Valenciennes, « l’une des sept unités de médecine ouvertes par les différents pôles de l’hôpital. […] Ici sont accueillis les patients qui doivent être surveillés de près, mais n’ont pas besoin de réanimation ou n’y sont pas éligibles ».
La journaliste relève ainsi que « dans les unités de médecine dédiées au Covid, les soignants jonglent avec les fragilités et la solitude des patients ».
Le Dr Simon Atmeare, « médecin généraliste avec une orientation palliative [qui] s’est mis à disposition de l’unité Covid-2 durant la première vague et pour les mois à venir », remarque : « L’unité est abritée dans le service d’oncologie, mais nous avons ici des soignants venant des services de lutte contre la douleur, de gynécologie, de gastro-entérologie… ».
Soline Roy observe que « personne ne ménage sa peine. Certains ont été détachés dans l’unité, d’autres viennent aider durant leurs jours de repos ou lorsqu’ils ne sont pas de garde ».
La Dr Aurélie Joye, médecin au service d’oncologie, indique qu’« il y a une grande solidarité entre les praticiens, cela nous permet de ne pas terminer trop tard sachant que nous travaillons déjà quasiment tous les week-ends. […] La plupart [des patients] n’ont pas que le Covid, ils ont des pathologies associées et il faut aussi faire de la prise en charge cardiologique, oncologique, de diabétologie, etc. ».
La journaliste explique notamment que « deux fois par semaine, l’unité se réunit avec un membre de l’équipe mobile palliative pour passer en revue les dossiers des patients. L’enjeu est de définir à l’avance si une place en réanimation sera demandée pour eux en cas d’aggravation de leur état ».
La Dr Joye déclare qu’« on essaie de statuer au plus tôt sur ce qu’on fera en cas de dégradation. On sait que certains patients ne supporteront pas la réanimation. […] J’ai eu une dame de 91 ans avec tous les antécédents du monde, qui a passé le cap tranquillement avec son petit litre d’oxygène. D’autres ont l’air d’aller bien, ils respirent normalement, mais ils se dégradent en interne et brutalement il y a une cassure ».
La praticienne souligne en outre qu’« il faut qu’il y ait de l’humanité dans cette prise en charge. L’après-Covid sera très complexe sur le plan psychologique. On parle beaucoup des répercussions du confinement sur la population, mais peu de ce que vivent ceux confrontés à la maladie. Des patients se retrouvent brutalement entre la vie et la mort, seuls, les familles ne peuvent pas les accompagner… ».
« Pour les soignants aussi, c’est lourd émotionnellement. L’une de mes collègues psychologues a vu ses demandes de consultations exploser entre les deux vagues. L’hôpital ne pourra pas y répondre, en ville les centres médico-psychologiques sont débordés et les consultations en libéral ne sont pas remboursées… », observe-t-elle.

Date de publication : 17 novembre 2020

 

« « On va tous se planter » : l’angoisse des étudiants en première année de médecine »

Le Parisien constate que « le cursus de première année de médecine, réformé cette année pour rendre le parcours des étudiants plus humain, vire au cauchemar pour de nombreux carabins », et fait savoir que « ce jeudi, cinq associations affiliées à la Fage, la première fédération étudiante en France, remettent au gouvernement un rapport sur les effets de la réforme des études de santé ».
Ainsi Hugo, en licence « accès santé » (LAS) à l’université de Besançon, déclare : « Seuls les plus endurcis psychologiquement survivront. J’ai des gens dans ma promo qui sont sous anxiolytiques, et beaucoup d’autres abandonnent. On a un mur sur nos épaules c’est inhumain. […] C’est comme si on avait rajouté un quart du programme de médecine à une première année de physique-chimie ».
Sirine, en LAS droit-santé à Paris-XIII, note quant à elle : « J’ai appris la semaine dernière que mes partiels ne seront pas en QCM, alors que je m’entraîne dessus depuis la rentrée. […] Il me faut finir dans les 10% des premiers en droit, tout en obtenant un minimum de 7/20 dans toutes les unités, et une moyenne générale plancher qu’on ne nous a pas encore communiquée. Franchement, c’est ingérable. J’aurais préféré le numerus clausus. Et je ne pense pas que je soignerai un jour un patient avec de la jurisprudence ! ».
Mamadou Ndoye, porte-parole de la Fage, remarque que « la Paces (NDLR : le précédent système de première année de médecine) était un carnage sur le plan psychosocial, mais on se demande si ce n’est pas pire aujourd’hui ».
Le Parisien rappelle que « le cursus a justement été modifié pour en finir avec le couperet du numerus clausus, qui laissait en fin de première année 25.000 jeunes les pattes coupées, évincés par un système de sélection par QCM (questionnaire à choix multiples) aussi drastique que méchant ».
Le journal note que « le nouveau système, conçu pour diversifier les profils des soignants et permettre aux recalés de rebondir vers d’autres horizons, a créé deux voies d’accès : la Pass, avec une majorité de matières médicales et « une mineure » dans une autre discipline, et la LAS, où domine à l’inverse une autre matière (sciences, droit, histoire…), mais par laquelle les meilleurs élèves pourront bifurquer vers médecine, maïeutique (sage-femme), dentaire ou pharmacie ».
Le quotidien observe que « cette année, période de transition oblige, s’ajoute à ces deux contingents, celui des redoublants de l’ancien système, la Paces. Et dans les universités, on ignore encore, à quelques semaines des premiers partiels de sélection, combien de places seront réservées dans chacun de ces trois entonnoirs, à l’issue d’un processus de sélection, lui aussi flou, mais tout aussi exigeant qu’avant ».
Guillaume Gellé, président de l’université de Reims, « qui doit recevoir ce jeudi la Fage, au nom de la Conférence des présidents d’université (CPU) », réagit : « Le nombre de places en deuxième année va être légèrement augmenté, il faut rassurer les étudiants sur ce point ».
Freddy Garcia, directeur exécutif du groupe Gallien, « un organisme de prépas qui coache des étudiants en médecine », relève quant à lui que « beaucoup d’étudiants se préparent sans aucune visibilité : les élèves ne savent pas s’ils sont encore dans la course ou s’ils travaillent pour rien, le tout exacerbé par le contexte du Covid, avec 100% des cours en distanciel, qui les laisse très seuls ».
Le Parisien indique que « pour la première fois cette année, il a «commencé à recevoir des coups de fil» de jeunes découragés, prêts à jeter le caducée. «D’habitude, des appels de ce type, on en a à partir de janvier, après les premiers partiels, jamais avant…», assure-t-il ».

Date de publication : 19 novembre 2020

 

« Le confinement, source de souffrance mentale pour un Français sur cinq »

Pauline Fréour constate dans Le Figaro que « nous sommes légitimement préoccupés par l’afflux dans les hôpitaux de malades atteints d’infections respiratoires aiguës causées par le Sars-CoV-2. Mais l’épidémie de Covid impacte aussi la santé des Français d’une autre façon, en faisant plonger une part croissante de nos concitoyens dans un puits de souffrance mentale ».
Le Pr Pierre-Michel Llorca, directeur des soins à la Fondation FondaMental, « qui participe à une étude internationale COH-FIT », remarque ainsi : « Pour moi, c’est une épidémie qui a un volet infectieux et un volet psychiatrique, ce qui élargit d’autant le spectre des personnes touchées ».
La journaliste relève que « selon les dernières estimations de Santé publique France, 21% des Français présentaient début novembre un état dépressif (caractérisé par une tristesse tenace, des idées sombres, de la fatigue ou la disparition des envies et plaisirs habituels). C’est presque le double des 11% observés fin septembre, et à peu près le même niveau qu’autour du 20 avril, au cœur de la première vague. Les troubles anxieux, qui se manifestent par une peur constante et sans objet précis, ont aussi progressé de trois points depuis la fin du mois d’août ».
« De fait, les services de psychiatrie du pays voient la vague monter depuis quelques semaines », indique Pauline Fréour.
Jean-Michel Llorca, chef du service de psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, note ainsi que « la demande de soins pour anxiété ou dépression a été multipliée par 6 ou 8 depuis la fin du mois d’août, parmi lesquels beaucoup de gens qui consultent pour la première fois ».
Le Pr Xavier Laqueille, chef du service d’addictologie au Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, souligne quant à lui : « On voit aussi arriver des gens souffrant d’une pathologie psychiatrique dont l’état s’est beaucoup aggravé : ils consomment plus d’alcool ou de drogues, sont plus délirants ou plus déprimés ».
Pauline Fréour continue : « Avoir des antécédents psychiatriques est l’un des facteurs de vulnérabilité identifiés à l’impact mental du confinement, avec le fait d’être jeune, d’être une femme, ou de se trouver dans une situation économique précaire. Le Dr Éric Charles, psychiatre hospitalo-universitaire au CHU de Limoges, voit ainsi dans ses consultations beaucoup de personnes dont l’activité professionnelle est menacée ».
La journaliste retient en outre « une forte hausse des états dépressifs chez les jeunes adultes (+ 16 points chez les 18-24 ans et + 15 points chez les 25-34 ans) ».
Sylvie Tordjman, professeur de pédopsychiatrie au CHU de Rennes, remarque que « comparé à la même période en 2019, nous accueillons deux fois plus de jeunes patients aux urgences pédiatriques pour des crises suicidaires, trois fois plus pour les troubles anxieux avec somatisation (des douleurs physiques inexpliquées, NDLR), et quatre fois plus pour les troubles anorexiques ».
Pauline Fréour souligne enfin que « l’isolement imposé par le confinement semble être la composante de la crise actuelle qui engendre le plus de souffrances mentales, «davantage que la peur du Covid pour soi ou ses proches», même si celle-ci peut exister, estime Éric Charles ».
« Toutefois, par rapport au premier confinement où les gens évitaient les lieux de soin, cette vague-ci se traduit plutôt par un afflux de personnes cherchant à se faire soigner », note la journaliste. « Ce qui est une bonne chose », indique Xavier Laqueille, précisant que « nous avons appris de l’expérience et allons au contact des malades pour prendre de leurs nouvelles ».

Date de publication : 24 novembre 2020

 

« Covid-19 : le blues des blouses »

C’est ce que titre La Croix, qui relève que « la crise sanitaire a mis à rude épreuve le moral des professionnels de santé. Lancés lors de la première vague, des dispositifs de soutien psychologique ont été pérennisés pour répondre à leurs angoisses ».
Alice Le Dréau explique ainsi que « les cellules d’écoute et de soutien psychologique dédiées aux soignants […] continuent de recevoir plusieurs dizaines d’appels de ce type chaque jour. En pleine nuit, parfois… Épuisement physique, psychique, la pandémie a mis à rude épreuve les équipes. Et malgré des indicateurs à la baisse, de nombreux soignants restent aujourd’hui encore tendus, aux aguets ».
La journaliste relève que « plusieurs dispositifs d’aide ont donc été maintenus ou réactivés pour répondre au mal-être, persistant. Il y a ces lignes téléphoniques mises en place au sein de l’AP-HP, à Paris ou dans les hôpitaux de Strasbourg, Saint-Etienne, Angers… Ces «maraudes psy», organisées dans les établissements hospitaliers de Mulhouse, au CHU de Lille, à Marseille ».
Frédérique Warembourg, psychiatre et référente pour la cellule d’urgence médico-psychologique du département du Nord, indique ainsi qu’« une équipe mobile circule dans les services, pour identifier les collègues ayant besoin de soutien. […] L’été n’a pas permis aux équipes de bien récupérer ».
La psychiatre souligne cependant que « les soignants ne sont pas habitués à demander de l’aide ».
Alice Le Dréau note : « Ils encaissent, encaissent…. Jusqu’au trop-plein. Parmi d’autres hantises, la peur de contaminer les proches, et la culpabilité qui l’accompagne, ne les a pas quittés. Beaucoup ont en outre l’impression de «mal faire leur travail» constate Catherine Vernay, psychologue au CHU d’Annecy. Elle décrit cette infirmière, rencontrée la veille, «sanglotant comme une petite fille» parce qu’elle avait confié l’un de ses patients à un collègue, moins débordé ». La psychologue relève qu’« ils ont l’impression de devenir maltraitants ».
La journaliste souligne enfin : « S’ajoute la confrontation au deuil qui peut être source de troubles psychiques. À sa cellule psy, Paul, médecin hospitalier en région parisienne, a raconté, comment, dans ses cauchemars, il revit les annonces de décès, réentend les pleurs, éprouve à nouveau son impuissance. Les soignants sont habitués à la mort. Mais le Covid-19 reste une maladie déstabilisante, avec des dégradations rapides ».
« Contrecoup, pour les professionnels : une remise en question de leur vocation. Élise, l’infirmière en arrêt de travail, songe à passer en libérale. Tout comme Paul, le médecin au sommeil agité, envisage de partir dans le privé », indique Alice Le Dréau.
Elle note que « face à ce désarroi au long cours, les cellules de soutien écoutent, accompagnent, orientent vers des consultations ».

Date de publication : 25 novembre 2020

 

Revue de presse santé psy – juillet 2020

« Séquelles neurologiques, décès… l’inquiétante mode du gaz hilarant chez les jeunes »

Le Parisien constate que « depuis le déconfinement, l’usage récréatif du protoxyde d’azote, récupéré à partir des siphons de chantilly, est en hausse chez les jeunes. Or son usage est très dangereux, et parfois mortel », rappelle le journal.
Il note ainsi : « A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à Périgny (Val-de-Marne) et, depuis quelques jours, à Brunoy (Essonne), à Elbeuf, (Seine-Maritime) ou à Valenciennes (Nord) et Arras (Pas-de-Calais)… Les arrêtés municipaux visant à interdire la vente de protoxyde d’azote aux mineurs ne cessent de se multiplier. […] Face à l’ampleur du phénomène, la ville de Paris travaille actuellement sur une vaste campagne de prévention auprès des ados ».
Le Parisien explique que « d’abord observée dans les « free parties » ou les soirées médecine, cette mode s’est au fil du temps démocratisée chez les collégiens, lycéens et étudiants. En 2017, de nombreuses cartouches sont repérées dans les rues de Lille. Sur la période 2018-2019, 47 cas ont été signalés aux centres d’addictovigilance en France, dont 37 cas « graves », selon la direction générale de santé. Parmi eux, 60% ont eu des complications neurologiques ».
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) souligne ainsi que « des signalements sont récurrents depuis le début du déconfinement ». Son directeur, Julien Morel d’Arleux, précise qu’« une investigation est prévue dans les Hauts-de-France où ces consommations sont souvent observées ».
Le Parisien rappelle qu’« en décembre 2019, le Sénat avait, pourtant, voté à l’unanimité l’interdiction de la vente du protoxyde d’azote aux mineurs. Mais depuis, le texte n’a toujours pas été examiné par l’Assemblée nationale. […] La cause de ce retard ? Le peu de journées réservées à [son] examen et un calendrier bousculé par le coronavirus ».
La sénatrice centriste Valérie Létard déclare ainsi : « Je me bagarre pour que ce soit une priorité. […] On attend de connaître l’agenda de rentrée, la proposition de loi sera présentée entre novembre et janvier ».

Date de publication : 6 juillet 2020

 

 

« Coronavirus : des problèmes cérébraux sont à craindre, même dans des formes bénignes »

Le Point indique en effet : « Accident vasculaire cérébral, délire, hallucinations, lésions nerveuses… Des complications du Covid-19 touchant le cerveau, potentiellement mortelles, pourraient être plus courantes qu’on ne le pensait initialement, a averti […] une équipe de médecins britanniques ».
Le magazine note ainsi que « les infections sévères au nouveau coronavirus sont connues pour comporter des risques de complications neurologiques, mais les recherches menées par l’University College London (UCL) suggèrent que de graves problèmes peuvent survenir même chez ceux présentant des formes bénignes ».
Il explique que « l’équipe s’est penchée sur les symptômes neurologiques de 43 patients hospitalisés pour une maladie Covid-19 confirmée ou suspectée. Parmi eux, 10 cas de dysfonctionnement cérébral temporaire, 12 cas d’inflammation cérébrale, 8 accidents vasculaires cérébraux (AVC) et 8 cas de lésions nerveuses ».
« La plupart de ces patients atteints d’inflammation ont reçu un diagnostic d’encéphalomyélite aiguë disséminée (ADEM, également appelée encéphalite post-infectieuse), une maladie rare généralement observée chez les enfants après des infections virales », observe Le Point.
Michael Zandi, du Queen Square Institute of Neurology de l’UCL, précise : « Nous avons identifié un nombre plus élevé que prévu de personnes atteintes de troubles neurologiques […], qui n’étaient pas toujours en corrélation avec la gravité des symptômes respiratoires ».
Le magazine ajoute que « l’étude, parue dans la revue spécialisée Brain, montre qu’aucun des patients diagnostiqués avec des problèmes neurologiques n’avait de virus Covid-19 dans le liquide céphalorachidien, ce qui suggère que le virus n’a pas attaqué directement leur cerveau ».
Ross Paterson, du Queen Square Institute of Neurology de l’UCL, remarque pour sa part qu’« étant donné que la maladie n’existe que depuis quelques mois, nous ne savons pas encore quels dommages à long terme le Covid-19 peut causer. Les médecins doivent être conscients des effets neurologiques possibles, car un diagnostic précoce peut améliorer les résultats sur la santé des patients ».
Le Point note toutefois que « même si ces nouveaux travaux suggèrent que les complications cérébrales pourraient être plus courantes qu’on ne le pensait, les experts soulignent que cela ne signifie pas pour autant que cela soit très répandu ».
Anthony David, directeur de l’Institut de santé mentale de l’UCL, déclare ainsi que « la très grande attention portée à cette pandémie fait qu’il est très peu probable qu’il y ait une grande pandémie parallèle de lésions cérébrales inhabituelles liées au Covid-19 ».

Date de publication : 9 juillet 2020

 

« AVC, confusion, anosmie… cinq questions sur les troubles neurologiques liés au Covid-19 »

Le Parisien note qu’« après plus de 6 mois d’existence, le coronavirus commence tout juste à livrer certains de ses secrets, faisant parfois évoluer les certitudes acquises au début de l’épidémie. Alors que les médecins pensaient en premier lieu que le Covid-19 affectait quasi exclusivement les poumons, ils ont bien vite compris que la liste des symptômes variait bien davantage, touchant aussi le cerveau ».
« Plusieurs études, dont l’une britannique, publiée mercredi dans la revue Brain, pointent des problèmes neurologiques parfois graves, chez des patients présentant pourtant une forme jugée bénigne de Covid-19 », indique à son tour le journal, qui « fait le point sur ces atteintes parfois inquiétantes ».
Il explique notamment que « les troubles neurologiques peuvent être extrêmement variés. Les plus courants et les moins alarmants sont l’anosmie (la perte de l’odorat), la dysgueusie (perte du goût), les douleurs musculaires et les maux de tête. Dès le mois d’avril, des médecins New-yorkais disaient aussi constater chez certains malades du Covid-19 une perte de repère, ou une confusion générale. Des observations confirmées par des spécialistes de Strasbourg, qui décrivaient dans le New England Journal of Medicine des cas de patients confus ou agités en réanimation ».
Le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré (Garches), évoque quant à lui « «quelques cas, assez exceptionnels», de patients qui étaient en état de «délire», avec «des troubles du comportement», qui se sont avérés être atteints du coronavirus ». Le spécialiste remarque qu’« ils sont souvent passés par la case psychiatrie, avant que notre diagnostic ne soit rectifié ».
Le Parisien rappelle qu’« en juin, des médecins espagnols, qui ont étudié les profils de 841 malades du Covid-19, ont pu déterminer que 57,4% d’entre eux «ont développé des symptômes neurologiques» ».Les auteurs notaient que « les complications neurologiques ont été la principale cause de décès chez 4,1% des sujets décédés ».
Le quotidien ajoute que « les chercheurs de l’University College London évoquent dans leur étude publiée mercredi le cas de 43 patients hospitalisés à l’hôpital Queen Square et infectés par le coronavirus (ou soupçonnés de l’être), qui souffraient de dysfonctionnement cérébral temporaire, d’inflammation cérébrale, d’AVC, voire de lésions nerveuses ».
Le Parisien s’interroge : « Comment agit le virus ? C’est un mystère. Ce qui étonne les spécialistes, c’est que ces atteintes parfois graves, peuvent toucher des personnes présentant une forme bénigne de Covid-19 ».
Le journal relève que « les chercheurs britanniques, qui ont cherché à comprendre comment le virus pouvait affecter le cerveau, ont également constaté qu’aucun des patients étudiés ne présentait de trace de virus dans le liquide céphalorachidien ».
Il poursuit : « Comment expliquer ce retard de connaissances ? ». Le Dr Davido remarque qu’« au début de l’épidémie, on n’avait pas tous les outils pour tester, notamment PCR, alors on ne diagnostiquait pas tous les patients, seulement ceux qui présentaient des atteintes respiratoires et des formes sévères de Covid-10 ».
Le Parisien note ainsi que « dans son hôpital, certains malades se présentant aux urgences avec des troubles neurologiques ou en état de confusion, ont d’abord été orientés en psychiatrie ou en neurologie, avant que les médecins ne réalisent qu’ils étaient infectés par le coronavirus. […] L’hypothèse que des contaminations aient eu lieu dans ces services de psychiatrie n’est pas négligeable, conçoit d’ailleurs l’infectiologue ».
Le journal remarque en outre qu’« il s’avère compliqué, encore aujourd’hui, de déterminer si ces troubles neurologiques qui ont émergé avec le coronavirus auront des conséquences durables sur la santé des patients ».
Ross Paterson, co-auteur de l’étude de l’UCL, souligne que « nous ne savons pas encore quels dommages à long terme le Covid-19 peut causer. […] Les médecins doivent être conscients des effets neurologiques possibles, car un diagnostic précoce peut améliorer les résultats sur la santé des patients ».

Date de publication : 10 juillet 2020

 

 

« Le « village Alzheimer », la thérapie du bonheur »

Pascale Krémer indique dans Le Monde que « le 11 juin, le premier «village Alzheimer» ouvrait en France, à Dax, dans les Landes, sur un terrain sécurisé de 5 hectares » : « Seize «maisonnées» calmes et lumineuses, une supérette, un salon de coiffure, une médiathèque, un terrain de pétanque… Calqué sur un modèle néerlandais, le premier «village Alzheimer» de France détonne par son approche apaisée ».
La journaliste rappelle qu’« en 2013, le concept paraissait si novateur que Le Monde avait filé aux Pays-Bas. Dans la banlieue d’Amsterdam, à Weesp, un village était sorti de terre pour les malades d’Alzheimer qui, en son sein, pouvaient aller et venir librement, menant «une vie presque ordinaire» ».
« Sept années plus tard, […] le Village landais Alzheimer, première transposition française de ce modèle pionnier, vient d’être inauguré à Dax. Pour qui a déjà visité l’unité Alzheimer d’une maison de retraite, fermée par digicode, l’étonnement est le même qu’à Weesp, une fois franchie l’enceinte bardée de bois du bâtiment, en découvrant l’espace, le calme, la banalité préservée, ou plutôt recréée, du quotidien », observe Pascale Krémer.
Elle indique que « 60 personnes atteintes de la maladie neurodégénérative, tout juste octogénaires en moyenne, ont déjà intégré l’immense résidence close dont le Covid-19 a retardé l’ouverture ; elles seront 120 en septembre ».
La journaliste observe notamment : « Liste de courses en main, guidées par leur accompagnatrice, elles font leur choix à la supérette où l’argent n’a pas cours, pour compléter les menus de leur «maisonnée». Sur les côtés de la bastide landaise s’ouvrent encore une salle de spectacle et de cinéma, une autre de sport, une brasserie, un centre de santé. Et une médiathèque : deux dames toutes frêles, nichées au creux de fauteuils géants, y feuillettent des livres sans les regarder, tout en devisant sans se comprendre. L’air affairé et ravi ».
Pascale Krémer poursuit : « Derrière un gros bouquet d’hortensias, un peu plus loin, se cache le salon de coiffure où Nathalie Lagaüzère dispense son art du brushing et du bonheur à chaque résident. La boutique semble figée dans les «30 glorieuses». Paris Match pleure la mort de Françoise Dorléac et Bourvil chante «Nous vieillirons ensemble/Tout au long des années» sur le tourne-disque. La quinquagénaire chic en lin blanc masse les crânes, bichonne le cheveu trop rare, manucure ». Cette dernière précise : « Plus important, les clients, je les regarde ! ».
La journaliste évoque en outre « les 5 hectares de terrain arboré que traversent en tous sens de larges allées propices à la promenade. Elles mènent jusqu’à la miniferme, ses poules, ses ânes, son potager, ramènent vers les grosses maisons landaises (familières aux personnes hébergées, toutes issues de la région) pour pouvoir se reposer sur une chaise de jardin, à l’ombre de la coursive ».
« Ni blouses blanches, ni cris, ni télé braillant dans cette bulle qui reproduit une réalité ralentie, facilitée, adoucie par les références vintage, derrière des palissades de bois fondues dans le décor », continue Pascale Krémer.
La journaliste précise en outre que « bâtir le village a coûté 29 millions d’euros, contre 20 millions environ pour un Ehpad, du fait des nombreux équipements. Le budget de fonctionnement aussi est un peu plus élevé (6,6 millions d’euros l’an) puisqu’il inclut les soins du médecin généraliste salarié et du kinésithérapeute. Pour les familles, néanmoins, la somme à débourser demeure comparable, et couverte par les mêmes aides sociales – 1962 € mensuels, ramenés à 223 € pour les moins aisées ».
Elle ajoute : « Les 300 m2 de chacune des seize bâtisses du domaine ont été méticuleusement pensés avec la psychologue de France-Alzheimer Landes, Nathalie Bonnet. Luminosité, circulation jamais bloquée, centralité des toilettes, buffets chinés, puisque le passé lointain demeure seul en mémoire, avec vaisselle apparente, pour pousser à l’autonomie… Plutôt qu’un nom sur la porte de la chambre, des niches murales abritant un objet fétiche parfois surprenant, chouette empaillée ou bouteille de ketchup ».
La psychologue souligne que « les personnes qui n’ont plus de capacité de raisonner ont encore une énergie à dépenser. Dans une unité fermée, elles cassent, frappent, ou se replient sur elles-mêmes. Ici, elles sont incitées à sortir et à agir ».
Le Dr Daniel Falcinelli, gériatre, ajoute : « La déambulation soulage, diminue l’agitation et l’agressivité chez les patients atteints de troubles neurocognitifs ».
Pascale Krémer indique enfin que « l’impact du village sur les malades (chutes, dénutrition, consommation de médicaments…), leurs proches, les personnels, sera jaugé par des équipes de recherche (Inserm), sous la houlette d’Hélène Amieva, professeur de psycho-gérontologie à l’université de Bordeaux ».
Cette dernière explique que « mettre au centre de l’accompagnement la personne, son bien-être, sa qualité de vie, le maintien de sa participation sociale, tout cela semble de bon sens mais, en sciences, cela ne peut suffire, il faut évaluer ».

Date de publication : 17 juillet 2020

 

 

« Des chercheurs auraient découvert comment l’anxiété naît de la peur »

Antoine Duval indique en effet dans Sciences et Avenir que « dans une étude publiée dans […] NeuroImage, une équipe du Département de Pathologie de l’Université du Nouveau-Mexique (Etats-Unis) et de l’Institut Californien de Technologie (ou Caltech) atteste avoir découvert un lien entre peur et anxiété dans le cerveau des souris ».
« Les expériences menées sont basées sur des analyses comportementales et IRM des rongeurs. Les résultats mettent en avant plusieurs régions du cerveau, déjà stimulées lorsque les souris sont apeurées, toujours dans un état d’activité importante jusqu’à 23 jours après le stimulus originel », explique le journaliste.
Antoine Duval précise que « les chercheurs, menés par la Pr Elaine Bearer, ont manipulé des récepteurs en sérotonine (ou « l’hormone du bonheur », il s’agit d’un neurotransmetteur impliqué dans de nombreuses fonctions) du cerveau d’une partie des souris. En effet, une fois le gène SERT “débranché”, les souris […], plus vulnérables à l’anxiété et aux expériences effrayantes, ont permis une meilleure analyse IRM et comportementale ».
Le journaliste poursuit : « Pour mettre en avant leurs activités neuronales, les souris se sont vu injecter du manganèse qui, sous sa forme ionique, permet d' »illuminer » les neurones à l’IRM. Suite à cela, et après quelques jours de rétablissement pour éviter tout stress parasite à l’expérience, les souris ont été exposées à un parfum déclenchant la peur. La molécule TMT (2,3,5-trimethyl-3-thiazoline), sécrétée par les glandes anales du renard, a été utilisée comme facteur d’épouvante pour cette expérience ».
« Des scans IRM ont été effectués avant, pendant et après les expériences. Sur les clichés IRM, l’accumulation de manganèse, et donc les zones de forte activités cérébrales, sont nombreuses. Les chercheurs en dénombrent 45 au total, dont certaines qui sont apparues plusieurs jours après l’expérience traumatisante », relève Antoine Duval.
Il ajoute que « les clichés IRM révèlent également que l’activité de ces zones chez une souris “normale” (non SERT-KO) peut durer jusqu’à neuf jours après l’exposition à l’odeur. Pour une souris prédisposée à l’anxiété, les signaux, bien plus importants, peuvent ne disparaître qu’après… 23 jours ».
La Pr Bearer remarque ainsi : « Nous savons désormais que l’activité cérébrale durant l’anxiété n’est pas la même que lors d’une réponse précise à la peur. Avec l’anxiété, l’activité neurologique est élevée sur plusieurs régions spécifiques du cerveau, et la coordination naturelle entre ces régions est perdue ».
Antoine Duval indique que « parmi ces régions, celles du striatum (structure nerveuse située entre le cerveau et la moelle épinière, impliquée dans les fonctions de motivation et de survie) et du pallidum (structure relais connectée notamment au striatum, et participant au système des ganglions de la base) sont les plus touchées ».
« Le circuit de la récompense du cerveau, constitué notamment des récepteurs en sérotonine, est également atteint lors d’une expérience anxieuse, ce qui était totalement ignoré des spécialistes jusque-là »,relève le journaliste.
Il conclut que « ces découvertes permettront à l’avenir de mieux dépister les syndromes post-traumatiques et épisodes d’anxiété chez l’humain, et pourquoi pas aboutir à des traitements plus ciblés et donc plus efficaces ».

Date de publication : 20 juillet 2020

 

 

« Violences faites aux femmes : que va changer la levée du secret médical ? »

Le Parisien note qu’« il existe désormais une nouvelle exception au secret médical. Définitivement adoptée mardi par le Sénat, après son approbation la semaine dernière par l’Assemblée nationale, la proposition de loi pour «protéger les victimes de violences conjugales» prévoit notamment la possibilité de lever le secret médical en cas de «danger immédiat» ».
Le journal se penche sur ce « texte qui a fait l’objet d’âpres débats au Parlement, parce qu’il touche à un pilier de la relation entre le médecin et son patient. Que dit exactement le texte ? Que va-t-il changer ? Qu’en pensent les professionnels de santé et les associations de défense des victimes ? ».
Le quotidien évoque « la mesure la plus controversée de la proposition de loi. […] Dans son article 8, ce texte autorise un médecin – ou tout autre professionnel de santé – à déroger au secret professionnel à deux conditions : s’il «estime en conscience» que les violences constatées sur son ou sa patient(e) constituent un «danger vital imminent» et s’il juge qu’il y a situation d’emprise ».
« Le praticien pourra alors signaler les faits au procureur. Car sur cette question, l’Ordre des médecins a été entendu : il n’y aura aucune obligation. En outre, le praticien devra, à chaque fois, «s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime». S’il n’y parvient pas, il devra alors «l’informer» du signalement fait au procureur », explique Le Parisien.
Le journal rappelle que « dans les faits, les médecins doivent déjà lever le secret médical en cas de violence sur enfant et sur personne vulnérable, en vertu de l’article 226-14 du Code pénal. En outre, le code de la déontologie médicale «précise déjà que si le médecin considère que la femme est dans un état d’emprise, et qu’elle est en danger imminent, alors il peut prendre son téléphone et alerter le procureur», souligne le député LR du Lot, Aurélien Pradié ».
L’élu estime que ce texte n’« apporte donc strictement rien à la situation actuelle, si ce sont des complications. Car désormais, le médecin sera tenu de recueillir l’accord de la victime, ou à défaut, l’informer du signalement au procureur ».
Ernestine Ronai, coprésidente de la commission violences du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), déclare pour sa part : « Quand on veut protéger une femme victime de violences, l’un des objectifs est de lui permettre de reprendre sa vie en main. Sûrement pas de décider à sa place. En l’informant, où en demandant son accord, le médecin ne l’infantilise plus ».
Le Parisien remarque que « tous s’accordent sur ce point : dès que les faits ont été signalés par le professionnel de santé, la réponse du procureur doit être rapide ».
Le journal note enfin : « Qu’en pensent les professionnels de santé ? Après des semaines de débats houleux, le Conseil national de l’Ordre des médecins avait fini par approuver le texte, en décembre, à condition notamment que la levée du secret médical ne soit pas une obligation. Doléances qui ont donc été entendues par le législateur ».
« De son côté, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes s’est opposé au texte, qui «rajoute de la confusion à un cadre juridique complexe et risque d’être contre-productive», plaidait encore mardi dernier sa présidente Anne-Marie Curat », observe le quotidien.

Date de publication : 23 juillet 2020