Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – mars 2025

« Jeux d’argent : des chercheurs français veulent comprendre ce qui se passe dans le cerveau des joueurs »

Date de publication : 4 mars 2025

Le Figaro

Anne Prigent remarque dans Le Figaro que « plus de la moitié des Français entre 18 à 75 ans ont joué à [des] jeux d’argent et de hasard en 2023. Un pourcentage en hausse de 4,6 points depuis 2019. Une augmentation qui n’est pas sans conséquence puisque 1,7% sont considérés comme des joueurs à risque modéré de développer une addiction, selon l’observatoire Français des drogues et tendances addictives (OFDT) ».
« Soit 810.000 personnes, qui peuvent perdre le contrôle et tomber dans une spirale de jeu compulsif aux conséquences dramatiques »
, souligne la journaliste.
Anne Prigent observe : « Que se passe-t-il exactement dans le cerveau lorsque l’on devient addict au jeu ? », et fait savoir qu’« une équipe de Lyon cherche des volontaires, joueurs réguliers, pour étudier les mécanismes cérébraux ».
Guillaume Sescousse, chercheur à l’Inserm et directeur adjoint du Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, remarque : « Comme dans le cas de l’addiction aux substances, un faisceau d’observations indique un rôle central de la dopamine dans l’addiction aux jeux d’argent ».
« L’une des hypothèses les plus consensuelles est que les personnes qui deviennent addicts auraient une plus faible densité de certains récepteurs dopaminergiques (dits D2), avec des réponses cérébrales à la récompense diminuées. Pour compenser ce déficit, ces personnes seraient naturellement attirées par des activités qui vont générer des récompenses fortes et donc des décharges de dopamine importantes », 
précise le chercheur.
Anne Prigent note toutefois que « dans le cas de l’addiction aux jeux d’argent, le mécanisme sous-jacent semble différent et reste encore mal compris ».
La journaliste indique que « l’étude lancée par Guillaume Sescousse et son équipe à Lyon pourrait apporter des éléments de réponses ».
Le chercheur précise : « Nous cherchons à distinguer de possibles différences au niveau cérébral, en fonction du type de joueur. En effet, il y a grande diversité de joueurs, et certains vont par exemple jouer plutôt sous le coup d’émotions négatives, alors que d’autres vont plutôt jouer sous le coup d’émotions positives. De plus nous pensons que les mécanismes en cause chez les joueurs de poker ne sont sans doute pas les mêmes que ceux en cause chez les adeptes de machine à sous… ».
Anne Prigent indique que « pour cela, il est à la recherche d’une cinquantaine de volontaires, joueurs réguliers. […] À terme, l’objectif sera de proposer des prises en charge personnalisées pour les personnes concernées par cette addiction ».

« Violences, insultes… Le quotidien « insoutenable » des soignants de l’hôpital psychiatrique de Bures-sur-Yvette »

Date de publication : 7 mars 2025

Le Parisien

Nolwenn Cosson constate ainsi dans Le Parisien : « Coups de poing et de pieds, morsures jusqu’au sang, jets d’urines au visage, crachats… C’est face à une situation devenue « insoutenable » qu’ils ont décidé de prendre la parole ».
La journaliste explique que « l’hôpital du Grand-Mesnil, à Bures-sur-Yvette (Essonne), accueille une soixantaine de patients présentant des troubles psychiatriques. Derrière les portes, systématiquement fermées à clé, des trois étages, les violences verbales comme physiques sont devenues le quotidien des soignants qui se relaient jour et nuit. Ils assurent aujourd’hui ne plus être en mesure d’exercer leur métier dans de bonnes conditions ».
Un soignant souligne : « Nos patients sont de plus en plus ultra-violents. Il n’y a pas une semaine où l’on ne se fait pas taper dessus, pas une semaine où un patient ne s’en prend pas à un autre. On est insultés et menacés de mort de façon régulière par les patients, mais aussi par leur entourage. Ce n’était pas stipulé lorsqu’on a choisi cette voie. Et la réponse de notre direction, c’est : Inscrivez-vous à des formations de self-défense… ».
Nolwenn Cosson relève que « le parking comme l’entrée du bâtiment sont accessibles à tous. Il n’y a pas d’équipe de sécurité formée à la psychiatrie pour assister les agents, et les policiers ne peuvent pas toujours rapidement intervenir sur place. Le système de PTI (protection pour les travailleurs isolés), sorte de bipeur qui permet à tout moment d’alerter les collègues en cas de problème et d’être localisé, n’est pas fonctionnel. Pire encore : lors des transferts de patients détenus vers l’hôpital, les soignants voyagent en leur compagnie sans connaître leurs antécédents ».
Une soignante observe : « Nous avons bien obtenu la présence de policiers. Mais ils suivent dans une autre voiture. Si, dans l’ambulance, il se passe quoi que ce soit, on est seuls face à eux ».
La journaliste précise que « c’est aussi pour les patients que le personnel a décidé de parler. L’architecture du bâtiment peut se révéler propice aux pendaisons, notamment les balcons accessibles par les chambres. Lorsqu’un patient est sur un brancard, les infirmiers doivent passer par l’arrière du bâtiment et dans les cuisines pour accéder aux étages. […] Les chambres d’isolement, censées garantir la sécurité du personnel et des patients lors des situations de violence ou de crise suicidaire, n’ont ni toilettes ni point d’eau ».
La CGT indique que « cette situation est indigne d’un service de santé psychiatrique en 2025 et met en lumière un manque de moyens et de considération des autorités concernées ».
Nolwenn Cosson note que « l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France rappelle qu’un plan doté de 4 millions d’euros est déployé en Essonne pour renforcer l’offre psychiatrique. Les projets de modernisation des infrastructures bénéficient d’un suivi régulier dans le cadre du Ségur de l’investissement ».
L’ARS indique être « particulièrement attentive à la sécurité des soignants et soutient les initiatives de sensibilisation des patients ainsi que la sécurisation des locaux. Un plan de sécurisation avec la présence 24 heures sur 24 d’un vigile dans les unités cliniques a été mis en place depuis 18 mois ».
La journaliste relève que « sur les transferts de détenus, le GHNE (groupement hospitalier nord Essonne), dont dépend la structure, indique que le patient peut être maintenu mécaniquement si besoin avec une prescription médicale, et explique que quatre personnes se trouvent dans l’ambulance ».
Nolwenn Cosson poursuit : « Concernant les équipements, la dernière visite de l’ARS «n’a révélé aucune carence particulière». Néanmoins, en réponse aux alertes des soignants, une visite est prévue ».
Teim Ghanem, chef de pôle psychiatrie du GHNE, précise que « certains travaux ont pris du retard, c’est fait lentement mais c’est fait. Pour les chambres d’apaisement, un projet pour améliorer les choses existe, les travaux seront réalisés cette année. Et concernant les brancards, une sorte de rampe pourrait être installée ».

« Cannabis : la consommation de CBD peut altérer l’efficacité des médicaments »

Date de publication : 12 mars 2025

Le Figaro
Le Parisien

Le Figaro note en effet : « Tisanes, bonbons, gâteaux, e-liquides pour cigarette électronique au CBD : consommer ces produits à base de dérivés du cannabis pendant un traitement peut réduire l’efficacité ou augmenter les effets indésirables d’un grand nombre de médicaments, avertissent [… les autorités sanitaires ».
Le journal indique que « vendu depuis 2015 sous différentes formes et consommé pour ses «effets réels ou supposés sur le bien-être des personnes», le CBD «n’est pas un médicament», rappelle […] l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ».
Le quotidien relève que l’agence « appelle à la vigilance, au vu de 58 cas d’interactions avec des médicaments recensés par les centres antipoison entre 2017 et 2023 et 4 cas graves (un nombre «sans doute fortement sous-évalué») identifiés par le réseau de pharmacovigilance en 2021/2022 ».
Le Figaro souligne ainsi que « des interactions ont été constatées avec 17 familles de médicaments, dont les analgésiques, anticoagulants, antidiabétiques, antibiotiques, antifongiques, antidépresseurs, antiépileptiques, antipsychotiques, hypnotiques, benzodiazépines et méthadone. Mais le CBD est susceptible d’interagir avec d’autres types de médicaments «pas encore identifiés», précise l’agence du médicament ».
Le quotidien ajoute que « l’ANSM demande par ailleurs aux personnes sous traitement médicamenteux et qui utilisent ou envisagent d’utiliser des produits contenant du CBD, même ceux en vente libre, de le signaler à leur médecin, qui en tiendra compte dans sa prescription ».
Le journal note de plus qu’« en cas de «nausées, diarrhées, vertiges, somnolence, fatigue, maux de tête, idées et comportements suicidaires, crises d’épilepsie» après la consommation d’un produit contenant du CBD, il convient d’arrêter d’en consommer et de consulter son médecin ».
Le Parisien indique également que « le CBD peut réduire l’efficacité des médicaments ou augmenter leurs effets indésirables », relevant que l’ANSM « appelle à la vigilance ».
Le quotidien précise que « ces effets peuvent se produire quelle que soit la forme du CBD consommé (bonbons, gâteaux, tisanes…), après quelques heures comme plusieurs mois de consommation, et quelle que soit la fréquence de cette dernière ».

« Une trace héréditaire dans les spermatozoïdes des pères maltraités durant leur enfance »

Date de publication : 13 mars 2025

Le Figaro

Pierre Kaldy observe dans Le Figaro qu’« une enfance traumatique peut affecter le développement et la santé d’une personne. Mais elle impacte aussi son héritage biologique, montre une récente étude finlandaise ».
Le journaliste explique qu’« en 2020, les chercheurs de l’université de Turku avaient déjà constaté, chez 72 couples et leur nourrisson, que le cerveau des bébés dont le père avait été maltraité durant l’enfance présentait une légère différence de développement, proportionnelle au degré de maltraitance subie par le père ».
Pierre Kaldy indique que « l’analyse épigénétique du sperme de ces pères, publiée en début d’année dans la revue Molecular Psychiatry, a été instructive : elle a révélé que les spermatozoïdes portaient des modifications du «profil de méthylation» de leur ADN, une marque réversible affectant l’expression des gènes ».
Il ajoute que « les spermatozoïdes de ces pères maltraités dans l’enfance présentaient aussi des différences dans leur contenu en ARN, des molécules produites à partir de l’ADN qui contribuent au développement de l’organisme après la fécondation ».
Pierre Kaldy relève donc qu’« une autre forme d’hérédité que celle liée à la séquence de l’ADN commence ainsi à émerger. Ce type de découvertes fait tomber un vieux dogme, celui de la « barrière de Weismann », selon lequel ces cellules reproductrices et leur matériel génétique seraient à l’abri des modifications physiologiques vécues par l’individu ».
Isabelle Mansuy, à la tête d’un laboratoire d’études sur le sujet à l’Université de Zürich et à l’École polytechnique fédérale de Zürich (Suisse), note que « cette hypothèse du XIXe siècle n’a jamais été démontrée, et l’on sait maintenant que les spermatozoïdes reçoivent de nombreuses informations moléculaires liées à l’état de l’organisme au moment de leur production ».
Le journaliste explique que « parmi ces nombreuses « mises à jour » du patrimoine épigénétique se trouvent les ARN, de petites séquences transcrites à partir de l’ADN qui peuvent coder ou réguler l’expression de protéines nécessaires au développement et au fonctionnement de l’organisme ».
Pierre Kaldy retient que « dans l’étude finlandaise, l’un de ces ARN s’est avéré en quantité plus faible dans le sperme des hommes maltraités durant leur enfance. Ce changement a aussi été retrouvé par Larry Feig et son équipe à l’université Tufts de Boston, aux États-Unis, chez des hommes soumis à un stress sévère dans leur enfance, ainsi que chez des jeunes souris mâles stressées par une instabilité sociale répétée ».
Le journaliste précise que « dans l’expérience chez les animaux, cet effet subsiste sur plusieurs générations et s’accompagne chez les femelles de signes d’anxiété et d’une sociabilité perturbée. Ces symptômes peuvent néanmoins être corrigés en apportant l’ARN en partie déficient aux ovules après leur fécondation ».
Isabelle Mansuy souligne : « Là encore, ce travail doit être reproduit, mais il est vrai que le stress peut modifier le fonctionnement de toutes les cellules du corps, et donc le contenu de leurs vésicules extracellulaires ».
La chercheuse remarque que « les modifications épigénétiques des spermatozoïdes responsables de ces effets sur la descendance ne semblent pas irréversibles ».
Pierre Kaldy indique que « dans le cas du stress, son équipe a montré qu’elles peuvent être corrigées chez la souris en plaçant les mâles traumatisés dans un milieu enrichi en activité, ce qui stimule leurs fonctions physiques et cérébrales ».
« Chez l’être humain, d’autres activités telles que la psychothérapie ou l’exercice physique régulier pourraient aussi réduire les marques épigénétiques du stress sur l’organisme, cellules reproductrices comprises », 
continue le journaliste.

« Santé mentale : « C’est comme si les adolescents avaient acquis l’idée qu’il est normal de ne pas aller bien » »

Date de publication : 14 mars 2025

Libération

Sylvain Mouillard remarque dans Libération que « c’est un sombre tableau que celui dressé par le baromètre du moral des adolescents. Réalisé par Notre avenir à tous, entreprise à impact engagée sur les questions de jeunesse, il montre, pour sa quatrième édition, une inquiétante stagnation du phénomène de mal-être psychologique chez les jeunes adolescents français, âgés de 11 à 15 ans ».
Le journaliste constate en effet que « 25% des sondés font l’objet d’une suspicion d’un trouble anxieux généralisé, tandis que 45% sont touchés par des troubles de l’anxiété ».
Dans un entretien, Hélène Roques, fondatrice de Notre avenir à tous, explique : « J’ai décidé de créer ce baromètre en 2021, après le Covid, pour mesurer le mal-être chez les jeunes adolescents, une tranche d’âge qui ne va plus chez le pédiatre mais ne verbalise pas forcément quand elle ne va pas bien ».
« Quand on publie nos premiers résultats, en 2021, on se dit qu’ils ne sont pas surprenants, puisqu’on vient de traverser les confinements. Mais ce qui est inquiétant, c’est que les indicateurs perdurent à un niveau élevé. Il y a une prise de conscience de l’importante du phénomène, c’est indéniable : on a même fait de la santé mentale une grande cause nationale. Mais le souci, c’est que les pouvoirs publics ne vont pas au bout de la démarche », 
ajoute la responsable.
Hélène Roques souligne qu’« un élément très fort ressort de l’enquête : le sentiment de fatigue atteint son plus haut niveau historique depuis 2021, à 72%, en hausse de 4 points par rapport à 2023. Mais rien n’est réellement fait pour agir sur le volume d’heures de cours, les classes surchargées, la pression de la notation ».
« Au final, c’est comme si les adolescents avaient acquis l’idée qu’il est normal de ne pas aller bien. Ils considèrent que ce n’est pas si grave et en parlent peu. Ni aux adultes, à leurs parents, ou à leurs camarades, parce que ça ne se fait pas de dire qu’on va mal », 
note la responsable.
Sylvain Mouillard interroge en outre : « Vous avez évoqué la question des rythmes scolaires. Est-ce que vous identifiez d’autres causes structurelles à ce mal-être ? ».
Hélène Roques répond qu’« en 2021, ce qui stressait le plus les adolescents interrogés, c’était l’état de la planète et de la nature, et les violences faites aux enfants – 54% des personnes citaient ces deux sujets. En 2024, les violences aux enfants sont toujours en tête (44%) mais la situation du monde, les guerres, apparaissent en deuxième position, à 41% ».

« La pénurie d’un « « La situation est très dangereuse » : déserts médicaux, les psychiatres aussi ! »

Date de publication : 25 mars 2025

Le Parisien

Nicolas Berrod annonce dans Le Parisien que « près de la moitié des Français ayant eu des problèmes de santé mentale se plaignent de délais d’attente trop longs voire de l’impossibilité de prendre rendez-vous avec un psychiatre, d’après une enquête Ipsos pour la Fédération hospitalière de France (FHF) ».
Le journaliste souligne qu’« au final, seuls 7 sur 10 bénéficient d’une prise en charge par un professionnel. Le plus souvent, il s’agit d’un généraliste. Moins d’un quart voient un psychiatre ».
Arnaud Robinet, président de la FHF, déclare ainsi qu’« en psychiatrie plus qu’ailleurs, hôpitaux, centres de santé et médecins sont débordés ».
Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), observe quant à lui : « Quand on se compare aux pays voisins, la France n’a pas vraiment moins de praticiens. Mais ils sont souvent âgés et on a un gros problème de répartition géographique : dès que l’on s’éloigne des grandes villes, cela devient très compliqué ».
Nicolas Berrod relève que « d’après le dernier rapport de l’Ordre des médecins, la France compte 15 psychiatres pour 100.000 habitants. C’est beaucoup moins dans certains départements ruraux, comme la Creuse, où le nombre de praticiens a été divisé par deux en dix ans ».
« Et là où il y a le moins de spécialistes, ces derniers sont les plus âgés. Ainsi, au fil des départs à la retraite ces prochaines années, la situation risque encore d’empirer », 
poursuit le journaliste.
Nicolas Berrod ajoute que « la situation est aggravée par deux autres phénomènes, liés à l’argent. Certains praticiens se mettent à proposer des séances de psychothérapies, souvent plus rémunératrices, de même que des dermatologues se tournent vers l’esthétique. D’autres profitent du fait que la demande dépasse largement l’offre pour proposer des séances très chères, inaccessibles pour une grande partie des Français ».
Il observe en outre que « la situation n’est pas vraiment meilleure à l’hôpital, surtout hors des plus grandes villes. (…) Une précédente enquête de la FHF montrait que dans 40% des établissements publics, un quart des postes n’étaient pas pourvus ».
Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes, déclare que « même les psychiatres vont finir par craquer, la situation est très dangereuse ! ».
Le journaliste explique que « de nombreux établissements font appel à des diplômés en dehors de l’Union européenne, les « Padhue ». Au CHU de Nantes, le service en compte deux parmi ses 18 psychiatres. Mais ils n’ont pas toujours le même niveau de formation que leurs collègues sortis des universités françaises ».
Nicolas Berrod note que « l’un des problèmes se trouve d’ailleurs à ce niveau, car la psychiatrie est l’une des spécialités médicales les moins choisies par les étudiants ».
Le journaliste indique que « les différents gouvernements assurent être conscients de la crise de la psychiatrie. Lancée en juin 2018, une «feuille de route» a été enrichie, en 2021, par des assises. Elle est basée sur trois piliers : renforcer la prévention pour limiter le risque de problèmes psy, assurer une offre «accessible, diversifiée et de qualité», et enfin «améliorer les conditions de vie» des personnes souffrantes ».
« Parmi les mesures applicables rapidement, les psychiatres interrogés plaident notamment pour revaloriser les professionnels du secteur, en particulier les non-médecins qui sont tout aussi indispensables : infirmières, psychologues, aides-soignants, psychomotriciens, etc. », 
continue Nicolas Berrod.

antipsychotique majeur persiste et met en alerte patients, psychiatres et pharmaciens »

Date de publication : 14 mars 2025

Le Monde

Mattea Battaglia et Pascale Santi notent en effet dans Le Monde que « l’Agence nationale de sécurité du médicament a reconnu, le 10 mars, de «fortes tensions d’approvisionnement» concernant la quétiapine, un traitement prescrit à 250.000 patients en 2024, atteints de troubles bipolaires ou de schizophrénie ».
Les journalistes indiquent que « les pénuries affectent dorénavant «60% du marché français», a fait savoir l’Agence du médicament. (…) «On fait face à une vraie absence de visibilité» et à «de grosses incertitudes» concernant sa remise à disposition, explique Pierre-Olivier Farenq, directeur du centre d’appui des situations à risque de l’agence ».
Mattea Battaglia et Pascale Santi expliquent que ce médicament « est largement produit par une entreprise grecque, Pharmathen International, à l’arrêt depuis le repérage, au cours de l’été 2024, de «non-conformité par les autorités grecques». Pharmathen produit la molécule pour 12 laboratoires qui la commercialisent, dont 7, à ce jour, ne peuvent plus réapprovisionner le marché ».
Les journalistes rappellent que « les premières alertes sont remontées du terrain dès septembre 2024 et les tensions se sont aggravées en fin d’année. Le 30 janvier, l’ANSM a annoncé une série de mesures, dont la restriction des prescriptions, avec recommandation de ne pas entreprendre ce traitement pour d’autres pathologies que les troubles bipolaires ».
Elles poursuivent : « Une autre étape a été franchie le 13 février, avec l’autorisation accordée aux pharmacies de dispenser le traitement «à l’unité» et d’effectuer, dans un cadre donné, des «préparations magistrales» – celles-ci sont fabriquées sur mesure dans certaines officines, une quarantaine sur tout le territoire ».
« Cette possibilité ne concerne cependant que la quétiapine à libération immédiate et pas le produit à libération prolongée – qui est pourtant la formule actuelle. Depuis le 10 mars, trois dosages sont concernés (50 milligrammes, 100 milligrammes, et 150 milligrammes) », 
précisent Mattea Battaglia et Pascale Santi.
Les journalistes notent ainsi qu’« en pharmacie, la situation tend à s’aggraver ». Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, déclare que « la plupart des 20.000 officines sont concernées aujourd’hui, certaines n’ont déjà plus rien ».
Mattea Battaglia et Pascale Santi ajoutent que « les alertes résonnent aussi dans les rangs des psychiatres. Antoine Pelissolo, chef de service à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, a tiré la sonnette d’alarme dans une tribune au Point le 30 janvier. Son titre : «La pénurie d’un antipsychotique majeur met en danger 200.000 patients» ».
Le médecin relève qu’« en principe, tout changement de traitement est anticipé et préparé dans le dialogue avec le patient. Là, on improvise ».
Les journalistes notent que « priorisées par l’ANSM, les pharmacies hospitalières sont, pour l’heure, préservées. Et des patients, après avoir fait la tournée des pharmacies, viennent solliciter les hôpitaux ».
« Si les professionnels de santé rappellent les risques à interrompre brutalement ce type de traitement, ils n’ont pas connaissance, à ce stade, de patients qui «décompensent» », 
continuent Mattea Battaglia et Pascale Santi.
La Dr Noémie Ayache, coordinatrice du SAMU psy 93 aux urgences de Bobigny, précise que « cela ne se mesure pas avant 6 semaines au moins ».
Mattea Battaglia et Pascale Santi indiquent qu’« une réunion est prévue (au ministère de la Santé) mardi 18 mars ».

« Et si les larmes pouvaient réduire l’agressivité ? »

Date de publication : 18 mars 2025

Sciences et Avenir

Aurore Braconnier s’interroge dans Sciences et Avenir : « Et si les larmes pouvaient réduire l’agressivité ? Voilà la question que se sont posée des neurobiologistes de l’institut Weizmann de Rehovot, en Israël, fin 2023 ».
La journaliste explique que « chez l’humain, on différencie trois types de larmes : réflexes (qui servent à éliminer les substances nuisibles comme la fumée), basales (qui lubrifient l’œil, comme Charles Darwin le mentionnait) et émotionnelles (celles liées à la tristesse ou la joie). C’est à ces dernières, caractérisées par une forte teneur en protéines, hormones et toxines que se sont intéressés les chercheurs israéliens ».
Aurore Braconnier note qu’« en 2011 déjà, ils avaient montré dans la revue Science que ce type de larmes féminines pouvait induire une baisse du taux de testostérone chez les hommes. Pour en savoir plus sur leur possible impact sur l’agressivité, ils ont invité des femmes à visionner des films tristes afin de collecter leurs larmes dans des petits tubes à essai ».
« Ils ont ensuite demandé à un groupe de 31 hommes de humer ces tubes à essai, leur faisant croire qu’ils étudiaient les odeurs subliminales. Parallèlement, un autre groupe témoin reniflait de l’eau salée », 
explique la journaliste.
Elle indique que « tous devaient ensuite participer à des jeux impliquant des échanges monétaires au cours desquels les chercheurs ont observé que plus on retirait d’argent à un participant, plus son comportement devenait agressif. Or, selon les résultats parus dans Plos Biology, les hommes qui avaient humé les larmes des femmes se montraient 44% moins agressifs que les autres ! ».
Aurore Braconnier relève que « les chercheurs ont ensuite versé du liquide lacrymal sur différentes cellules en culture. Ils ont alors observé que 4 récepteurs olfactifs réagissent à la présence des larmes, bien que ces dernières soient inodores. Cela laisse supposer qu’un ou plusieurs composés chimiques présents dans ce liquide lacrymal influencent les récepteurs des odeurs dans le nez des hommes ».
La journaliste continue : « Les chercheurs ont analysé le cerveau des hommes avec l’aide d’un scanner IRM pendant qu’ils sentaient les larmes. Ils se sont aperçus alors que deux zones connues pour être impliquées dans les comportements agressifs se mettaient à communiquer : l’insula antérieure et l’amygdale. Or, plus elles communiquaient, moins les joueurs cherchaient à se venger de leurs pertes ».
Noam Sobel, qui a mené ce travail, remarque ainsi que « ces résultats suggèrent que les larmes sont une couverture chimique offrant une protection contre l’agression. De plus, cet effet est commun aux rongeurs et aux humains, et peut-être aussi à d’autres mammifères ».
Aurore Braconnier s’interroge : « Les larmes masculines ont-elles le même pouvoir apaisant que les féminines ? Rien n’est moins sûr car il arrive qu’une même molécule chimique génère un comportement diamétralement opposé selon les sexes ».
La journaliste conclut : « Une hypothèse est qu’il s’agirait d’un mécanisme de survie incitant les pères à ne pas attaquer leur bébé et les mères à le défendre. Mais pour les larmes masculines, impossible de répondre… faute de participants aux études ! ».

« Les bébés créent-ils des souvenirs de ce qu’ils ont vécu ? »

Date de publication : 21 mars 2025

Sciences et Avenir

Marie Parra note dans Sciences et Avenir que « jusqu’à présent, on pensait que l’encodage des souvenirs n’était pas efficace chez les bébés. En particulier pour les souvenirs de la mémoire épisodique, les moments personnellement vécus. Mais des chercheurs américains viennent de révéler la capacité des jeunes enfants à enregistrer ces événements, alors pourquoi ne se rappelle-t-on pas ses premières années ? ».
La journaliste note ainsi qu’« on se souvient très rarement de ce qui concerne les premières années de sa vie… Ce phénomène a même un nom : l’amnésie infantile. La mémoire épisodique, celle qui touche aux événements personnellement vécus, des bébés est-elle défaillante pour autant ? Des chercheurs de l’Université Yale (Etats-Unis) ont tranché, grâce à une étude basée sur les IRM d’enfants », parue dans Science.
Marie Parra explique : « Le constat de l’amnésie infantile a amené les scientifiques à se questionner sur le développement d’une région cérébrale essentielle à la mémoire épisodique : l’hippocampe. (…) L’hippocampe n’est-il pas complètement opérationnel chez les bébés ? Le stockage serait-il déficient ? ».
N
ick Turk-Browne, chercheur en neurosciences à l’Université Yale, remarque que « des études sur le rongeur ont montré que les jeunes souris sont capables de former des souvenirs dans l’hippocampe dès leur plus jeune âge ».
La journaliste poursuit : « Plus étonnant encore, les traces de cette mémorisation, on parle d’engrammes – la manifestation physique des souvenirs -, persistent même après la maturité des individus, et peuvent être réactivées artificiellement. Et si les souvenirs s’encodaient correctement aussi chez les bébés ? C’est ce que l’équipe de Nick Turk-Browne a réussi à démontrer ».
Ce dernier indique ainsi : « Nos travaux montrent que les souvenirs épisodiques peuvent bien se former dans l’hippocampe du nourrisson ! ».
Marie Parra relève que « puisque les souvenirs s’encodent dans l’hippocampe dès 12 mois, les chercheurs émettent l’hypothèse que c’est la récupération du souvenir qui serait défaillante ».
Nick Turk-Browne fait savoir : « On pense que l’hippocampe ne reçoit pas les bonnes informations pour faire remonter les vieux souvenirs, peut-être en raison de changements dans la manière dont le cerveau traite les expériences sensorielles ».
La journaliste remarque que « le système sensoriel évolue vite, et pourrait ainsi traiter des événements similaires de manière tout à fait différente chez les bébés. En d’autres termes, avec le temps, l’hippocampe finirait par ne plus recevoir les bons « mots-clés » pour retrouver ces souvenirs ».
Marie Parra conclout que « l’équipe de l’université Yale travaille sur le suivi des souvenirs chez les jeunes enfants, de 2 à 3 ans, et espère même pouvoir continuer à les suivre plus longtemps, jusqu’à leurs 9 ans, afin d’éclairer les mécanismes en jeu dans l’amnésie infantile ».

« « Certains nous appellent, cachés dans les toilettes, car ils n’osent pas retourner en stage » : 93% des étudiants infirmiers sont épuisés mentalement »

Date de publication : 27 mars 2025

Le Parisien

Pauline Bluteau indique dans Le Parisien que « dans son enquête, menée entre novembre et février derniers auprès de 16.000 étudiants, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) pointe la « santé dégradée » des étudiants ».
La journaliste constate que « près des trois quarts affirment que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la formation, contre 61% en 2022. Un point commun à ce sentiment : les conditions de stage qui amènent certains étudiants à arrêter leur formation et/ou à penser au suicide ».
Ilona Denis, présidente de la Fnesi, déclare ainsi : « On a eu une montée des sollicitations sur notre plateforme depuis janvier : certains nous ont appelés, cachés dans les toilettes, avec la peur de retourner dans leur service ».
Pauline Bluteau explique qu’« à la fois épuisés physiquement (un sur deux) et mentalement (93%), 70% des étudiants infirmiers affirment avoir déjà pensé à arrêter leur formation, contre 59% en 2022. Une tendance qui se confirme aussi dans les chiffres de la DREES puisque près de 15% des étudiants interrompent bel et bien leur formation chaque année. La cause principale est connue, les conditions de stage sont dénoncées par deux étudiants infirmiers sur cinq ».
La journaliste ajoute : « S’ils se font de plus en plus accompagner par des psychologues (38% en 2025 contre 23% en 2022), les conditions de formation «ne sont plus vivables» pour les étudiants : 31% prennent des traitements et consomment notamment des anxiolytiques, des antidépresseurs et hypnotiques. Pire, 20% disent avoir déjà eu des idées suicidaires et un étudiant sur dix a tenté de se suicider ».
Pauline Bluteau relève en outre que « 61% des étudiants le confirment : ils ne sont pas ou moyennement écoutés quand ils font remonter ces problématiques. Le système de santé, déjà sous tension, laisse peu de place à la compréhension, y compris du côté des IFSI (Instituts de formation en soins infirmiers), pourtant parmi les premiers alertés par les étudiants ».
Ilona Denis déclare que « les formateurs sont pris en étau : croire l’étudiant ou le service, mais dans ce contexte, on privilégie le service. (…) Avec l’augmentation des quotas, il n’y a plus assez de terrains de stage pour les étudiants et les conditions se dégradent ».
Pauline Bluteau indique que « d’après l’enquête de la Fnesi, 39% des étudiants se retrouvent en stage avec plusieurs étudiants infirmiers, de quoi limiter l’accompagnement personnalisé. Car ils sont aussi 7,5% à déclarer ne pas avoir eu de tuteur lors de leur dernier stage ».
La journaliste souligne en outre que « comme en médecine, les terrains de stage sont aussi le théâtre de violences. Un étudiant sur dix estime avoir été discriminé et 16% se disent avoir été victimes de violences sexistes ou sexuelles pendant leur formation. Le plus souvent (53%), les agressions sont commises par un professionnel de santé, voire par le tuteur du stage (9%) ».

« Trop de personnes diagnostiquées dépressives sont des bipolaires qui s’ignorent »

Date de publication : 28 mars 2025

Le Figaro

A l’occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires, Cécile Thibert note ainsi que « ce sont deux maladies en apparence si semblables qu’il est très difficile de les différencier. Et pourtant, cette confusion peut être dramatique pour les patients ».
Le Pr Raoul Belzeaux, psychiatre au CHU de Montpellier, rappelle que « de très nombreuses études montrent que soigner les troubles bipolaires avec un antidépresseur seul aggrave la maladie, augmente la fréquence des rechutes et le risque suicidaire ».
La journaliste souligne en effet : « Les études montrent que 10 à 40% des patients diagnostiqués pour une dépression souffriraient en réalité de troubles bipolaires ».
Le Pr Belzeaux réagit : « Malheureusement, nous sommes assez démunis pour réaliser ce diagnostic, il n’existe pas de test sanguin ou d’examen d’imagerie ayant fait ses preuves ».
Cécile Thibert explique qu’« à l’heure actuelle, dépister les troubles bipolaires passe par «un bilan clinique où l’on échange longuement avec le patient sur son parcours», ajoute le médecin, qui précise que plusieurs heures sont nécessaires. Un «luxe» que peuvent se permettre les 9 Centres Experts dédiés aux troubles bipolaires en France, mais pas les médecins généralistes, qui sont en outre moins formés ».
Le Pr Belzeaux souligne que « les trois quarts des patients qui souffrent de dépression ne verront jamais de psychiatre, uniquement leur médecin traitant ».
« Pas étonnant donc que nombre de personnes bipolaires passent entre les mailles du filet : sept à dix ans en moyenne s’écoulent entre les premiers signes de la maladie et la mise en place d’un traitement adapté »,
 continue la journaliste.
Elle remarque qu’« il ne faut pas s’avouer vaincu pour autant, car les troubles bipolaires sèment des indices. Le premier est l’âge d’apparition des premiers symptômes, généralement entre 15 et 25 ans. Si cette maladie est très hétérogène, certains signes sont assez évocateurs. Elle commence généralement par un épisode dépressif. À partir de là, il faut guetter l’éventuelle apparition d’une phase dite « maniaque », caractérisée par une exaltation de l’humeur ».
Cécile Thibert ajoute : « Autre indice : l’existence de cas dans la famille. (…) Les personnes bipolaires sont plus vulnérables vis-à-vis des addictions. (…) Parmi les indicateurs qui font pencher le curseur en direction des troubles bipolaires, il y a aussi la réaction du patient au traitement ».
Le Pr Belzeaux précise que « lorsque les antidépresseurs ne fonctionnent pas ou qu’ils fonctionnent trop bien, c’est-à-dire qu’ils semblent prendre effet en quelques jours, c’est un signal fort, même si cela ne suffit pas à poser le diagnostic ».
La journaliste note qu’« avec son équipe, le médecin œuvre à la mise au point d’un test qui pourrait orienter le diagnostic en seulement une prise de sang ».

Revue de presse santé psy – février 2025

« « Soigner le corps et l’esprit » : à Nantes, avec une unité psychiatrique au domicile des adolescents »

Date de publication : 6 février 2025

La Croix

Florence Pagneux explique dans La Croix que « le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) remet [ce] jeudi 6 février, un rapport sur la santé mentale des jeunes, en nette dégradation ». La journaliste observe qu’« à Nantes, un dispositif hors des murs de l’hôpital apporte un soutien intensif à des adolescents en grande souffrance mentale, surtout des jeunes femmes ».
Florence Pagneux explique que « ce dispositif innovant du CHU de Nantes [dénommé EquipaJe] a été inauguré en mars 2023, avec l’objectif de répondre aux besoins de prise en charge rapide de jeunes de 15 à 20 ans en souffrance psychique aiguë : crise suicidaire, mise en danger par des produits toxiques, idées délirantes… ».
La journaliste constate qu’« avec ses 6 places et une file d’attente permanente, cette unité ne vient pas pallier le manque chronique de places en psychiatrie dans le département, historiquement sous-doté, mais répondre – sous 48 à 72 heures – aux situations les plus urgentes, adressées par un médecin ».
Florence Pagneux indique que « des objectifs simples et gradués sont fixés avec le patient pour l’aider à reprendre pied (sortir de son lit, prendre un vrai repas, aller marcher dehors…). Un plan est aussi élaboré pour réagir en cas de crise : prendre un bain, taper dans un punching-ball, appeler un proche… ».
« L’accompagnement quasi quotidien, assuré par une équipe pluridisciplinaire (psychiatre, infirmiers, psychologue, assistante sociale, psychomotricienne, socio-esthéticienne…), a lieu dans les locaux de l’unité et au domicile du jeune »,
 poursuit-elle.
La journaliste note par ailleurs que « les jeunes hommes ne représentent que 22% de la centaine de patients déjà suivis par l’unité. Si la crise du Covid et la pression scolaire ont contribué à la dégradation de la santé mentale des adolescents, les filles sont surreprésentées dans les passages aux urgences psychiatriques ».
Thibault Desrues, psychiatre coordonnateur d’EquipaJe, remarque ainsi que « la fréquence des agressions sexuelles subies par les jeunes filles est vraiment quelque chose de marquant. Avant [le mouvement #MeToo], ces choses-là étaient tues ».

« Des scientifiques pensent avoir découvert comment le cerveau surmonte la peur »

Date de publication : 10 février 2025

Libération

Libération publie un article paru dans le Washington Post, relevant que « des chercheurs ont identifié le mécanisme par lequel les souris dépassent leurs peurs instinctives, ce qui pourrait aider la recherche pour le traitement de patients souffrant d’anxiété et de phobies ».
Leo Sands explique ainsi : « Des scientifiques affirment avoir identifié la manière dont le cerveau surmonte une peur instinctive, offrant ainsi des pistes pouvant être utiles aux personnes qui luttent contre des troubles liés à la peur, notamment les phobies, l’anxiété et le syndrome de stress post-traumatique ».
Le journaliste précise que « les chercheurs britanniques ont exposé des souris à des scénarios inoffensifs répétés, qui imitaient un danger, et ont observé comment elles ont fini par apprendre à mettre leurs peurs de côté. Ce qui a permis de comprendre comment le cerveau des mammifères apprend à garder son calme et à continuer normalement face à une menace infondée ».
« Selon l’étude, puisque les souris et les humains partagent des circuits neuronaux analogues, les résultats pourraient indiquer aux chercheurs en médecine où, dans le cerveau humain, cibler les traitements pour les troubles liés à la peur », 
poursuit-il.
Leo Sands indique que « les scientifiques ont étudié la réaction d’une centaine de souris face à une menace visuelle répétée qui s’est avérée inoffensive au fil du temps. […] En insérant des sondes en silicium dans le cerveau des souris, les auteurs de l’étude ont pu suivre les mécanismes neuronaux qui s’allument lorsque les mammifères apprennent à supprimer leur peur ».
« L’étude a permis d’identifier l’endroit où le cerveau stocke les souvenirs permettant d’ignorer les peurs instinctives : une zone jusqu’alors peu explorée, connue sous le nom de corps géniculé latéral ventral [proche du thalamus, ndlr] », 
note le journaliste.
Il retient qu’« en comprenant les structures du cerveau activées par le processus de désapprentissage, la recherche pourrait s’avérer bénéfique pour aider à surmonter les troubles liés à la peur. […] Les chercheurs en médecine pourraient cibler les mêmes circuits dans le cerveau humain par le biais d’interventions thérapeutiques telles que les médicaments, la stimulation cérébrale profonde ou les ultrasons fonctionnels ».
Sara Mederos, neuroscientifique au Sainsbury Wellcome Center de l’University College de Londres, qui a mené ce travail, remarque que « le ciblage de zones cérébrales comme le noyau géniculé latéral ventral pourrait ouvrir de nouvelles voies pour traiter ces troubles ».
Leo Sands ajoute que « l’étude montre également comment des molécules spécifiques, transmises par des neurotransmetteurs, sont libérées dans cette zone du cerveau et permettent d’apprendre à ne plus avoir peur ».
Sara Mederos indique que « des médicaments particuliers ciblant spécifiquement cette zone pourraient aider à traiter l’anxiété ou le syndrome de stress post-traumatique ».

« Trouble mental : moins d’une personne sur dix reçoit un traitement adapté »

Date de publication : 11 février 2025

Le Figaro

Alissa de Chassey constate dans Le Figaro qu’« à l’échelle mondiale, seulement 6,9% des personnes atteintes de troubles mentaux ou de dépendances reçoivent un traitement efficace, d’après une étude de l’Université de la Colombie Britannique et de l’école de médecine de Harvard ».
La journaliste explique ainsi que « les chercheurs ont récolté des données sur 19 ans, auprès de 57.000 participants de 21 pays [dont la France]. L’objectif ? Identifier à quelle étape du parcours de soins les patients cessent de rechercher un traitement efficace et les raisons de cet abandon ».
Le Pr Pierre-Michel Llorca, chef du service de psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, remarque que « les indicateurs entre les différents pays sont particulièrement intéressants, car ils apportent des informations essentielles pour encadrer les politiques publiques de santé et orienter les stratégies d’intervention ».
Alissa de Chassey relève que « les chercheurs se sont penchés sur les troubles anxieux, les troubles de l’humeur (trouble dépressif et trouble bipolaire par exemple) ainsi que sur les troubles liés à l’usage de substances (comme l’alcool et les drogues) ».
La journaliste note que « la prise en charge de certains troubles peut parfois varier considérablement dans la même catégorie. Par exemple, la dépression majeure est bien mieux prise en charge que les troubles bipolaires, qui restent largement sous-traités ».
Alissa de Chassey indique que « selon les chercheurs, 4 étapes clés mènent à un traitement efficace, chacune présentant des obstacles. Le premier est la difficulté des personnes concernées à reconnaître qu’elles ont besoin d’un traitement. […] Seules 46,5% des personnes répondant aux critères d’un trouble reconnaissent avoir besoin d’un traitement ».
« Parmi ceux qui reconnaissent leur besoin, 34,1% seulement se tournent vers le système médical. 82,9% de ces derniers vont recevoir un traitement, mais seuls 47% obtiennent un traitement réellement efficace. […] Pour le moment, en raison des abandons à chaque étape, seuls 6,9% des patients finissent donc par bénéficier d’un traitement adapté »,
 continue la journaliste.
Elle évoque en outre « le besoin de former les médecins généralistes » : « L’étude révèle une forte diminution du nombre de patients après leur premier contact avec le système de santé, avant même d’obtenir un traitement efficace. Étant donné que les médecins généralistes sont souvent le premier interlocuteur, leur formation joue un rôle clé dans l’amélioration de la prise en charge ».
Alissa de Chassey rappelle qu’« en France, une nouvelle maquette de formation du diplôme d’étude spécialisée de médecine générale, datant de 2023, a fait de la santé mentale une thématique prioritaire pour le stage libre introduit dans la phase d’approfondissement ».
Le Pr Llorca note qu’« il est encore un peu tôt pour noter une nette amélioration, mais il est essentiel de trouver le bon équilibre, et cette maquette y participe : les médecins généralistes ne peuvent pas être spécialistes de toutes les pathologies, mais renforcer leurs connaissances et leur vigilance est cruciale pour mieux repérer les troubles mentaux ».

« Des neurones activés pour vous ordonner d’arrêter de manger »

Date de publication : 12 février 2025

Le Figaro

Alissa de Chassey explique dans Le Figaro que « lorsque l’odeur d’un repas vous met en appétit, certains neurones s’activent déjà pour vous indiquer… d’arrêter de manger. Des chercheurs de l’université de Columbia, à New York, ont identifié chez les souris ces « neurones CCK » situés dans le raphé dorsal (DRN), à la base du cerveau ».
Carmelo Quarta, chercheur en neurobiologie au Neurocentre Magendie de Bordeaux (Inserm), souligne en effet que « c’est une région dont le rôle dans la sensation de satiété et la satiation reste encore peu connu, ce qui rend cette découverte particulièrement précieuse ».
La journaliste note que « bien que ces neurones aient été découverts chez la souris, leur emplacement dans le tronc cérébral, une structure quasi identique chez tous les vertébrés, suggère qu’ils existent aussi chez l’homme ».
Alissa de Chassey retient que « l’activation de ces neurones CCK liés aux voies moléculaires de la régulation de l’énergie et du métabolisme permet de réduire fortement et rapidement la prise alimentaire de la souris. Leur activité augmente dès la première bouchée et reste élevée pendant tout le repas, indiquant à la souris que son estomac se remplit ».
La journaliste ajoute qu’« après la dernière bouchée, cette activité diminue progressivement en environ 10 secondes. Imposant aux souris un délai de 30 secondes entre chaque bouchée, les chercheurs ont observé que l’activité neuronale retournait rapidement à son niveau de base entre deux bouchées, confirmant que les neurones CCK réagissent bien à chaque prise alimentaire de façon individuelle, ce qui réduit progressivement la quantité de nourriture que la souris va prendre. Si on stimule artificiellement les neurones CCK avant le début du repas, cela entraîne une réduction de l’appétit général de la souris ».
Le Dr Srikanta Chowdhury, qui a mené ce travail, précise que « la ghréline, l’hormone de la faim, inhibe l’activité des neurones CCK ».
Alissa de Chassey note ainsi : « Les chercheurs estiment que cette découverte pourrait faire avancer les traitements contre l’obésité. Celle-ci est «multifactorielle», rappelle Carmelo Quarta, mais les auteurs pensent que «ces résultats pourraient ouvrir la voie à une régulation du comportement alimentaire» ».

« Crise de la psychiatrie : « au CHU de Saint-Etienne, les patients risquent de se mettre en danger » »

Date de publication : 12 février 2025

Libération

Maïté Darnault constate dans Libération que « la fermeture, cette semaine, d’une unité du pôle de psychiatrie de l’établissement stéphanois, dédiée aux plus vulnérables, inquiète patients et soignants, qui redoutent de «devoir faire plus de boulot avec moins de moyens» et y voient le signe d’un «démantèlement de la psychiatrie publique» ».
La journaliste livre ainsi un reportage au sein du CHU de Saint-Etienne : « Ce 4 février, une centaine de soignants sont réunis près d’un petit barnum et d’une sono qui crache quelques tubes de manifestation. Ils ont répondu à l’appel à la grève lancé par la CGT et FO pour protester contre la fermeture d’une unité d’admission du pôle de psychiatrie – l’UA4, l’une des 7 que compte le principal hôpital de la Loire ».
Maïté Darnault relève que « mi-janvier, l’annonce de la suspension de l’unité par la direction de l’hôpital a pris de court les salariés et généré de l’inquiétude au sein de la population du bassin stéphanois, où l’attente moyenne pour obtenir un rendez-vous dans un centre médico-psychologique, la première porte d’entrée en cas de difficultés psychiques, va de 6 à 8 mois ».
La journaliste explique notamment qu’« après la fermeture de l’UA4, le pôle de psychiatrie disposera de 163 lits, contre 191 en 2019, selon la direction du CHU. Or sur cette même période, les files actives sont restées stables chaque année, en ambulatoire (les admissions de jour, autour de 11.400 patients) comme en hospitalisation complète (les séjours incluant des nuitées, près de 2000 patients). En dix ans, de 2014 à 2024, l’effectif du pôle a augmenté, passant de 44 à 56 médecins et de 620 à 633 personnels non médicaux ».
« Moins de lits pour autant de patients, avec plus de médecins : l’équation témoigne d’abord de l’incantation au «virage ambulatoire», «maître mot des réformes de la politique hospitalière» depuis une quinzaine d’années, pointe Fanny Vincent, politiste et maîtresse de conférences à l’université de Saint-Etienne », 
continue la journaliste.
Fanny Vincent explique que « cela répond à deux arguments : le fait de rendre l’hôpital plus performant car le progrès médical permettrait de prendre en charge des patients avec la même qualité de soins qu’en hospitalisation complète, et le fait que les gens préféreraient être chez eux qu’à l’hôpital. Il y a aussi un objectif financier parfois clairement énoncé : ça coûte moins cher de prendre des gens sans payer des lits et des équipes de nuit ».
Maïté Darnault poursuit : « Se dessine alors «de plus en plus un lieu de soins et plus du tout un lieu d’accueil». Alors qu’en psychiatrie, «il y a une mission sociale d’accueil, d’écoute et la nécessité de prendre du temps dans certaines prises en charge, ce que l’hôpital n’assume plus» ».
Olivier Bossard, directeur général et président du directoire du CHU, précise : « Ces éléments de variation sont liés à la disponibilité des ressources, non pas à une volonté machiavélique de réduire le capacitaire. On va conserver les locaux avec l’espoir de recruter et si on trouve des médecins qui sont d’accord pour exercer en hospitalisation complète [séjours avec nuitées], on rouvrira immédiatement ».
La journaliste souligne que « depuis plusieurs années, la psychiatrie est l’une des spécialités les moins demandées par les étudiants en médecine ». Isabelle, infirmière dans une équipe mobile de psychiatrie du CHU, déclare que « beaucoup d’internes qui arrivent très pro-psychiatrie publique sont broyés par les contraintes horaires, les responsabilités qui leur incombent, ils partent par dégoût et épuisement. On veut nous faire croire que c’est une question financière mais c’est beaucoup dû au fait de ne pas pouvoir faire leur travail avec le sens qu’ils veulent y mettre ».
Maïté Darnault relève que « désormais, les patients sans consentement de Saint-Etienne seront répartis dans d’autres unités du CHU. La direction s’est également engagée à «mettre en place en substitution un dispositif d’«aller vers» et d’hospitalisation à domicile dans les lieux de vie des personnes, avec une équipe mobile», détaille Olivier Bossard. Il viendrait renforcer celle qui existe déjà et que les patients comme les familles «apprécient beaucoup», salue Jean-Claude Mazzini, à l’Unafam ».

« Le calvaire invisible des jeunes aidants : « Pour certains enfants, c’est leur normalité » »

Date de publication : 19 février 2025

Le Parisien

Bérangère Lepetit publie dans Le Parisien un reportage sur ces « adolescents ou jeunes adultes qui s’occupent d’un parent malade [et qui] seraient 12% au collège, 14% au lycée, plus de 16% à la fac. Des responsabilités qui pèsent lourd dans leur vie de tous les jours ».
La journaliste explique que « tout commence par de petites tâches, parfois dès le plus jeune âge. Accompagner son frère ou son père aux toilettes. Faire la cuisine, la vaisselle. Écouter, beaucoup. Au fil du temps, les responsabilités pèsent plus lourd sur leurs épaules. Il y a les coups de fil à passer, les courses à ne pas oublier, les navettes quotidiennes à la pharmacie ».
Françoise Elien, psychologue et fondatrice de l’association Jade, indique que « le jeune aidant est celui qui apporte une aide régulière, un soutien moral à un proche atteint d’une maladie chronique, somatique, d’un handicap ou encore d’une pathologie psychiatrique ».
Bérangère Lepetit note ainsi qu’« en France, une poignée de structures se sont créées pour tenter d’alléger la charge de ces soutiens familiaux âgés de moins de 25 ans. Ils peuvent être « aidants directs » — venir directement accompagner un proche — ou « indirects », c’est-à-dire en soutien de l’aidant principal ».
La journaliste retient « un constat : leur nombre augmente en même temps que la fréquence des maladies chroniques et des cancers, au rythme aussi des incitations toujours plus grandes des pouvoirs publics au maintien à domicile des malades. »
« Quand une pathologie frappe, ce sont des familles entières qui se retrouvent, malgré elles, plongées dans le soin. À ce détail près qu’un aidant sur trois s’ignore. […] Nombreux, en effet, sont ceux qui n’ont aucune conscience de leur statut, ce qui rend d’autant plus épineuse la première tâche des associations : les identifier », 
remarque Bérangère Lepetit.
Morgane Hiron, déléguée générale du collectif Je t’aide, souligne que « quand on est jeune, on n’est pas encore construit. Pour certains enfants notamment, c’est leur normalité, ils n’ont connu que ça ».
Bérangère Lepetit ajoute : « En première ligne, les filles, mais aussi les enfants grandis dans des familles monoparentales. […] Ces jeunes ne vivent définitivement pas une vie de leur âge, ils se sentent beaucoup plus isolés que les autres ».
La journaliste constate de plus que « peu de dispositifs d’aide existent pour eux, à part de rares aménagements du temps scolaire ou universitaire et la possibilité pour les étudiants aidants d’acquérir des points dans le cadre d’une demande de bourse sur critères sociaux ».
Morgane Hiron déclare que « l’un des enjeux majeurs reste aussi de revaloriser les emplois à domicile, mieux rémunérer les auxiliaires de vie, les soignants. Cela éviterait à ces jeunes de devoir par endroits faire les pansements de leurs parents ».

« « Tout le monde en achète, les jeunes aussi ! » : enquête sur le dangereux business des aphrodisiaques »

Date de publication : 20 février 2025

Le Parisien

Le Parisien indique en effet : « Viagra dissimulé dans des boissons vendues en épicerie, contrefaçons disponibles en sex-shop, génériques achetés en pharmacie sans ordonnance, crème « retardante » ou bonbons énergisants suspects… Enquête sur le marché illégal de la libido ».
Vincent Mongaillard, Elsa Mari et Victoire Haffreingue-Moulart livrent ainsi une enquête sur le sujet, constatant qu’« en France, il est facile de se procurer du faux Viagra «100% naturel » dans des commerces ayant pignon sur rue. Sous les projecteurs ces dernières semaines à la suite de l’explosion des saisies par les douanes (…), le miel aphrodisiaque est loin d’être le seul antidote interdit contre les troubles de l’érection. Ces sticks arrivés par conteneurs de Malaisie, aux noms aguicheurs comme « Black Horse » et « Jaguar Power » sont coupés, eux aussi, au sildénafil ».
Cyrille Guillot-Tantay, chirurgien urologue à l’hôpital Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine), rappelle qu’« il s’agit d’un médicament sur prescription avec des contre-indications cardiaques ».
Les journalistes continuent : « Des boissons, poudres, bonbons, chocolats… aux graves effets indésirables nourrissent aussi ce gigantesque marché illégal de la libido. Cinq mois avant leur rappel en France, l’Attoté et ses petites sœurs avaient été bannis en Côte d’Ivoire après des tests révélant la détection «d’importantes quantités de sildénafil» ».
Ils relèvent notamment qu’« en 2023, le CHU de Bordeaux avait analysé le liquide ocre d’Attoté et conclu que deux verres à thé, la posologie quotidienne indiquée, équivalaient à l’ingestion de 380 mg de sildénafil alors que la dose recommandée de ce vasodilatateur oscille entre 50 et 100 mg ».
« Ce surdosage peut provoquer des maux de tête, des vertiges et, chez les consommateurs hypertendus ou présentant des risques cardiovasculaires, des AVC (accident vasculaire cérébral) et des infarctus », 
soulignent les journalistes.
Le Dr Guillot-Tantay indique que « même pour une personne lambda, une vasodilatation extrême peut entraîner un malaise cardiaque ».
Vincent Mongaillard, Elsa Mari et Victoire Haffreingue-Moulart notent que ces produits « ont fait l’objet, selon le ministère de l’Agriculture, d’un retrait après leur «découverte dans des épiceries exotiques, à l’occasion de contrôles par les agents de la DGAL». Mais visiblement, beaucoup de magasins sont passés à travers les mailles du filet ».
Les journalistes précisent qu’« à la Direction générale des douanes, on explique que «la problématique des principes actifs, sildénafil et tadalafil, est concentrée sur les miels aphrodisiaques», ses «services ne procédant pas à ce type de saisie» concernant «les autres produits alimentaires» susceptibles de contenir ces substances ».
Ils ajoutent : « Nul besoin de faire les boutiques pour dénicher tous ces excitants. Sur des sites en ligne semblables à n’importe quelle plate-forme commerciale, on peut aussi faire son marché parmi une foultitude d’offres. Au menu, des bonbecs censés booster l’érection, goût café ou menthe, le désormais célèbre miel aphrodisiaque (vendu entre 9 et 10 euros), de l’huile de sangsue et des onguents pour «agrandir et élargir» le pénis (entre 25 et 45 euros). On y trouve aussi pour 20 euros des «crèmes retardantes» ciblant les éjaculateurs précoces ».
Vincent Mongaillard, Elsa Mari et Victoire Haffreingue-Moulart concluent qu’« aux yeux de l’urologue Cyrille Guillot-Tantay, tous ces mélanges à base de plantes semblent «inoffensifs» mais «ne servent à rien» ».
Le médecin explique que « la phytothérapie ne marche pas pour soigner les troubles de l’érection, je n’en ai jamais prescrit à mes patients », ajoutant : « Je ne pensais pas qu’il y avait autant de choses sur le marché ! »

« L’enfance maltraitée, un enjeu sanitaire : « On doit pouvoir la traiter comme une maladie chronique, pleinement pédiatrique » »

Date de publication : 20 février 2025

Le Monde

Mattea Battaglia explique dans Le Monde que « les enfants victimes de violences accumulent les risques, perdant 20 ans d’espérance de vie par rapport à la population générale. Leur prise en charge s’est améliorée, notamment grâce aux unités d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger, mais elle reste insuffisante ».
La journaliste rappelle que « l’évaluation médico-sociale de tout jeune intégrant un dispositif de protection de l’enfance (ils sont un peu moins de 400.000 mineurs ou majeurs de moins de 21 ans) est entrée dans la loi en 2016. Pourtant, dans les faits, seuls 28% des conseils départementaux auraient rendu ce bilan systématique, selon des statistiques reprises par la Haute Autorité de santé. Moins du tiers des enfants «à protéger» bénéficieraient des bilans adéquats dès leur admission et, parmi eux, seul 1 sur 10 bénéficie du suivi adapté par la suite ».
« Un autre chiffre, emprunté à une étude européenne, et relayé par le Conseil économique, social et environnemental dans un avis diffusé à l’automne 2024, symbolise ce que les soignants résument sous la formule «pertes de chances» : les victimes de maltraitances dans l’enfance ont, en moyenne, une espérance de vie inférieure de 20 ans à celle de la population générale »,
 souligne Mattea Battaglia.
Elle cite notamment la Pre Céline Greco, « à l’initiative d’équipes mobiles à l’hôpital chargées de repérer les enfants victimes de violences »,qui déclare : « Lorsqu’ils subissent des violences graves à la maison, ces enfants vivent un Bataclan tous les soirs, avec une peur réelle de mourir sous les coups ».
Mattea Battaglia poursuit : « Celle qui dirige aujourd’hui le service de médecine de la douleur et palliative à l’hôpital Necker, à Paris, convoque, lorsqu’on l’interroge sur le sujet, une autre image inattendue : une «attaque d’ours» ».
La Pre Greco explique : « Imaginez que vous croisiez un ours dans la forêt. Votre cerveau ordonne à vos glandes surrénales de sécréter de l’adrénaline et du cortisol. Ces hormones du stress provoquent une tachycardie, une augmentation de la tension artérielle, une modification de la respiration pour amener plus de sang vers vos muscles et pouvoir combattre ou fuir l’ours ».
« Le foie libère du glucose, source d’énergie, tandis que le système digestif et immunitaire se met au repos. Après avoir combattu ou fui l’ours, un thermostat interne stoppe la sécrétion d’adrénaline et de cortisol, et le corps revient à son état de base »,
 continue la praticienne.
Mattea Battaglia remarque : « Mais que se passe-t-il si l’« ours » rentre à la maison chaque soir ? ». Céline Greco répond que « le thermostat ne fonctionne plus, l’adrénaline et le cortisol sont sécrétés en permanence et le stress chronique devient toxique pour l’organisme en développement. Ce mécanisme explique les conséquences des violences faites aux enfants sur leur santé future ».
La journaliste indique ainsi qu’« un enfant maltraité présente, à l’âge adulte, deux fois plus de risques de développer des maladies cardio-vasculaires, deux à trois fois plus de risques de maladies respiratoires, deux fois plus de risques de cancers, près de cinq fois plus de risques de dépression, trente-deux fois plus de risques de troubles des apprentissages… ».
Mattea Battaglia note que « les acteurs de terrain s’accordent sur un point : il faut un «regard pluridisciplinaire». Pouvoir «croiser les expertises», ce qui manque souvent dans les espaces fréquentés par les enfants, qu’il s’agisse de l’école ou du cabinet du médecin traitant. Une unité d’accueil comme l’UAPED [unité d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger], elle, le permet : c’est ce qui fait la spécificité de ces dispositifs aujourd’hui implantés dans une centaine de départements et dans près de 140 hôpitaux, […] pour organiser le repérage et la prise en charge des mineurs victimes ».
Tania Ikowsky, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré (Paris), déclare ainsi : « On doit pouvoir traiter la maltraitance comme une maladie chronique, pleinement pédiatrique, en tenant compte des facteurs de risque, donc, mais aussi d’une prévalence très élevée – 1 enfant sur 10 serait victime de négligence ou de maltraitance –, et en prenant en charge, dans une approche globale, les conséquences sur la santé ».

« Les effets bénéfiques [du sémaglutide] sur la dépendance à l’alcool se confirment »

Date de publication : 21 février 2025

Sciences et Avenir

Marie Parra indique dans Sciences et Avenir qu’« une nouvelle étude tend à confirmer les effets des analogues de GLP-1, tels qu’Ozempic ou Wegovy, sur la dépendance à l’alcool. Diminution de l’envie et de la consommation : les résultats sur cette petite cohorte sont encourageants. [L’hormone intestinale] GLP-1 agirait notamment sur le système de récompense ».
La journaliste explique que « dès les études précliniques des années 2010, les scientifiques constatent que GLP-1 peut désamorcer les comportements addictifs. Mais jusqu’à présent, les travaux sur l’être humain étaient rétrospectifs : les chercheurs examinent le dossier des patients auxquels on a prescrit des analogues de GLP-1 pour traiter un diabète par exemple, et observent l’évolution d’un comportement, tel que l’addiction ».
Nicolas Marie, chercheur au CNRS, précise que « cette fois-ci, les scientifiques de l’Université de Californie du Sud font un pas en avant avec un essai contrôlé randomisé ».
Marie Parra relève ainsi que « l’objet de l’étude est la dépendance à l’alcool, et la molécule a été administrée pour analyser ses effets sur ce comportement et non sur l’obésité ou le diabète. En d’autres termes, l’addiction est observée en elle-même et pas en tant qu’effet secondaire. Leurs résultats ont été publiés dans la revue JAMA Psychiatry ».
La journaliste rappelle que « le sémaglutide avait fait l’objet d’une étude rétrospective d’ampleur en mai 2024. Elle explorait justement les effets de cette molécule sur la dépendance à l’alcool. L’analyse des dossiers médicaux de 80.000 personnes obèses avait révélé une diminution de moitié de leur consommation. Cette fois-ci, des chercheurs ont réuni une petite cohorte d’une cinquantaine d’adultes souffrant de troubles modérés liés à la consommation d’alcool et qui ne recherchaient pas activement de traitement ».
Les auteurs indiquent qu’« au cours du mois précédent, les participants avaient consommé plus de 7 verres par semaine pour les femmes, et plus de 14 pour les hommes. Ils avaient aussi vécu deux épisodes ou plus de forte consommation d’alcool ».
Marie Parra relève qu’« ils ont ensuite été répartis en deux groupes, certains ont reçu des injections hebdomadaires d’une dose standard d’Ozempic, pour les autres, il s’agissait d’un placebo. Après 9 semaines, les chercheurs ont renseigné leur consommation d’alcool en mesurant notamment la concentration d’alcool dans l’haleine ».
Nicolas Marie constate que « le sémaglutide a réduit de manière significative la consommation des participants ainsi [que] les « cravings » d’alcool, c’est-à-dire les envies irrépressibles ».
La journaliste retient que « près de 40% des personnes traitées par Ozempic n’ont signalé aucun jour de forte consommation d’alcool au cours du dernier mois de traitement, contre 20% dans le groupe placebo ».
Marie Parra explique que « si cette molécule peut avoir un effet sur les addictions, c’est que GLP-1 agit largement dans le cerveau, en particulier sur le circuit de la récompense. […] GLP-1 inhibe ainsi la compulsion et la recherche de récompense. D’après les auteurs de l’étude, le sémaglutide serait au moins aussi efficace que la naltrexone, actuellement prescrit pour lutter contre la dépendance à l’alcool ».
La journaliste note en outre que « les fumeurs qui faisaient partie du groupe Ozempic ont aussi diminué leur consommation de cigarettes. De nouvelles études sont attendues pour continuer d’explorer les effets de ces molécules sur les addictions et la dépression notamment ».

Revue de presse santé psy – janvier 2025

« Santé mentale : 5 choses à retenir de la dernière étude sur la dépression en Europe »

Date de publication : 9 janvier 2025

La Croix

Juliette Vienot de Vaublanc, Inès Simondi et Élisa Brinai constatent dans La Croix que « la France est l’un des pays les plus dépressifs en Europe, selon une étude publiée […] par la direction statistique des ministères sociaux (Drees) sur la prévalence de cette maladie dans les pays de l’Union européenne ».
Les journalistes expliquent que « l’analyse s’appuie sur les chiffres de la dernière enquête santé européenne (EHIS), pour laquelle plus de 300.000 personnes ont été interrogées en 2019 au sein de l’Union européenne et dans quelques pays limitrophes ».
Elles évoquent ainsi « de fortes disparités entre le Nord et le Sud » : « En 2019, environ 6% des Européens souffraient de dépression. Mais […] ce taux varie considérablement en fonction du pays. Les risques de développer des symptômes dépressifs sont ainsi bien plus élevés dans le nord et l’ouest de l’UE, en particulier en France, en Suède et en Allemagne. Les habitants du sud et de l’est du continent s’avèrent, eux, moins touchés. En Grèce, en Serbie comme à Chypre, moins de 3% de la population déclare des symptômes dépressifs ».
Juliette Vienot de Vaublanc, Inès Simondi et Élisa Brinai notent en outre que la France est « mauvaise élève » : « Le pays affiche l’un des taux de dépression les plus élevés d’Europe, avec 11% de la population de plus de 15 ans affirmant souffrir de cette pathologie, presque deux fois plus que la moyenne européenne de 6% ».
Les journalistes précisent que « toutes les tranches d’âge ne sont pas touchées de la même manière. Les seniors sont les plus concernés, avec 16% d’entre eux souffrant de dépression, contre une moyenne de 12% en Europe. Parmi les jeunes, environ 10% sont affectés, un taux comparable à celui des pays d’Europe du Nord et de l’Allemagne (9%) ».
Elles expliquent que « l’effet de l’âge dépend de la région » : « Si, pour certains, être à la retraite améliore la santé mentale, pour d’autres c’est un facteur de dépression. Dans le sud et l’est de l’Europe, les jeunes sont relativement épargnés, mais les cas de dépression augmentent avec l’âge, avec un pic après 70 ans. […] En revanche, dans les pays d’Europe du Nord la tendance s’inverse : les jeunes souffrent davantage de dépression, puis la prévalence «diminue au fur et à mesure que l’âge augmente, jusqu’à 70 ans» ».
Juliette Vienot de Vaublanc, Inès Simondi et Élisa Brinai retiennent par ailleurs « un lien fort entre santé mentale et santé physique » : « Le rapport s’intéresse en particulier aux jeunes (15-24 ans) et aux personnes de plus de 70 ans. Pour ces deux catégories, le risque de souffrir de symptômes dépressifs augmente pour les personnes en mauvaise santé ».
Les journalistes relèvent enfin que « l’isolement social [est] un facteur de dépression important ». Elles soulignent que « l’entourage affectif est essentiel pour se prémunir de la dépression. Selon l’étude, les personnes qui peuvent bénéficier d’une aide émotionnelle, matérielle ou pratique de la part de leur famille, de leurs amis, ou d’une communauté en cas de besoin sont moins sujettes au syndrome dépressif ».

« « Il y en a combien qui souffrent comme cela depuis des années ? » : enquête sur les patients attachés dans les hôpitaux psychiatriques »

Date de publication : 13 janvier 2025

Le Monde

Dans le cadre d’une série d’articles sur « la santé mentale sans consentement », Luc Bronner relève dans Le Monde que « la contention mécanique au sein des hôpitaux psychiatriques constitue l’acte le plus grave de privation de liberté. Son contrôle par la justice demeure limité en raison d’une loi jugée trop complexe, et des réticences d’une partie de la psychiatrie ».
Le journaliste note ainsi : « C’est la loterie du malheur dans le malheur. Celle qui conduit un patient à une chambre d’isolement puis à cet instant où des infirmiers et des aides-soignants d’un service psychiatrique l’immobilisent, lui administrent un sédatif puissant et l’attachent sur un lit avec des sangles de contention en tissu, fixées avec des aimants, pour bloquer les quatre membres ».
« Pour quelques heures, le plus souvent. Pour quelques jours, quelques semaines. Parfois plusieurs mois. La loterie du malheur parce que la probabilité de finir attaché dans une chambre d’isolement varie considérablement d’un hôpital psychiatrique à l’autre, et même d’une unité à une autre », 
observe Luc Bronner.
Il relève que « certains hôpitaux ne pratiquent plus la contention mécanique, jugée dégradante, inefficace, dangereuse, tandis que d’autres continuent d’y recourir de façon régulière, presque banale, pour les mêmes maladies, les mêmes symptômes ».
Le journaliste continue : « La loterie du malheur parce que les contrôles effectués par la justice sont tout aussi disparates et aléatoires, parfois jamais suivis d’effets. Certains tribunaux ont organisé un suivi régulier de ces mesures extrêmes de privation de liberté, tandis que d’autres les expédient à la va-vite, validant à la chaîne les certificats médicaux ».
Luc Bronner note que « ces pratiques sont légales, mais dissimulées, couvertes à la fois par le secret médical et le secret judiciaire, protégées derrière les portes des unités fermées des hôpitaux, débattues sous le sceau de la confidentialité. Elles ne sont pas si rares : plus de 8000 personnes hospitalisées sans leur consentement au sein de services psychiatriques ont été soumises à des contentions mécaniques en 2022, selon le dernier bilan de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) ».
Le journaliste précise : « Majoritairement des hommes, plutôt jeunes, généralement hospitalisés pour troubles psychotiques, bipolarité, troubles de la personnalité et du comportement. Des statistiques minimales : les patients peuvent aussi avoir été attachés aux urgences générales pendant des heures, jusqu’à plusieurs jours, dans l’attente de leur prise en charge, sans être comptabilisés officiellement ».
Luc Bronner ajoute que « l’étude de l’Irdes montre qu’une trentaine d’hôpitaux, sur les 220 qui accueillent des patients sans consentement en France, ne pratiquent plus la contention. A l’inverse, 18 hôpitaux dépassent le chiffre très élevé de 20% des malades attachés pendant leur séjour sous contrainte. Le sujet est sensible dans la communauté médicale et conduit à des prises de parole sous condition d’anonymat. Ceux qui s’expriment sont ceux qui ne la pratiquent plus, ou très peu. Ceux qui la pratiquent préfèrent ne pas s’exposer ».
Un « psychiatre expérimenté, ancien responsable d’une unité pour malades difficiles (UMD) », déclare : « Pourquoi ces pratiques doivent-elles choquer ? Parce que les proportions de pathologies qui débouchent classiquement sur de l’isolement et de la contention sont les mêmes partout sur le territoire. Les disparités viennent de différences de prise en charge, pas de la nature des publics ».
Luc Bronner continue : « Les discours sur les supposées vertus thérapeutiques de la contention mécanique ont existé jusqu’à peu dans la vie interne de certains services, mais ils ont disparu de l’argumentaire public. Désormais, c’est le manque de personnel soignant, la sécurité physique des agents, la protection des autres patients qui sont mis en avant pour justifier ces mesures ».
Le Pr Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, remarque que « l’isolement et la contention sont des solutions de dernier recours. Les effets thérapeutiques de ces mesures ne sont pas démontrés, alors que les effets indésirables le sont de plus en plus ».
Luc Bronner indique par ailleurs que « le Conseil constitutionnel avait enjoint au gouvernement d’adopter une loi instaurant ce contrôle, ce qui est devenu effectif en 2022. Mais, de l’avis général – ce qui est rare, autant parmi les psychiatres, les juges que les avocats –, le texte a été adopté dans une telle précipitation, sans réel débat ni évaluation préalable, qu’il est vite apparu brouillon, parfois contradictoire ».

« Pourquoi les nouveaux souvenirs n’effacent pas les anciens »

Date de publication : 15 janvier 2025

Le Figaro

Tristan Vey remarque dans Le Figaro que « si «la nuit porte conseil», ce n’est pas sans fondement. C’est pendant notre sommeil que le cerveau fait le tri dans toutes les informations qui ont été recueillies pendant la phase d’éveil ».
Gabrielle Girardeau, chercheuse Inserm et responsable de l’équipe sommeil et mémoire émotionnelle au centre de neurosciences de Sorbonne-Université (NeuroSU), à Paris, indique ainsi : « Nous ne savons pas exactement comment tout cela se déroule précisément, mais certains souvenirs s’effacent tandis que d’autres sont consolidés. […] Nous consolidons à la fois des souvenirs anciens et des expériences nouvelles. Nous pouvons parfois les associer, quand cela est pertinent, mais il ne faut surtout pas mélanger ceux qui ne doivent pas l’être ».
Tristan Vey fait savoir que « dans une publication parue dans la revue Nature, une équipe de neuroscientifiques emmenée par Azahara Oliva et Antonio Fernandez-Ruiz, de l’université Cornell, à Ithaca dans l’État de New York, vient de démontrer que la consolidation des souvenirs anciens ne se faisait pas au même moment que celle des nouveaux (au moins chez la souris, mais il y a de fortes chances pour que cela soit transposable à l’humain) ».
Le journaliste remarque que « parvenir à identifier les sous-phases précises du sommeil pendant lesquelles ces processus se déroulaient constitue une vraie prouesse expérimentale. Les scientifiques ont utilisé un grand nombre de techniques extrêmement sophistiquées ».
Tristan Vey retient que « ces travaux ont plusieurs implications. La première est fondamentale. On distinguait en effet déjà trois phases distinctes de sommeil lent chez l’homme (léger, intermédiaire et profond), ce qui n’était pas le cas chez la souris. Ces travaux montrent qu’il semble bien y avoir aussi une microstructure du sommeil lent chez la souris ».
Karim Benchenane, responsable de l’équipe mémoire, oscillations et état de vigilance au laboratoire de plasticité du cerveau (CNRS, ESPCI, université PSL), à Paris, réagit : « Nous venons justement de déposer récemment sur bioRxiv des résultats – ils ne sont pas encore publiés – qui identifient trois sous-phases potentielles de sommeil profond chez la souris semblant correspondre à celles retrouvées chez l’être humain ».
« On pourrait penser que le sommeil de la souris, qui dort le jour et de manière fragmentée, alors que notre sommeil est nocturne et plutôt d’un seul bloc, est très différent, mais ce n’est probablement pas le cas. Le sommeil est tellement important pour le cerveau qu’il s’est très bien conservé au fil de l’évolution. Toutes les macromolécules qui modifient le sommeil chez le rongeur le modifient d’ailleurs aussi chez l’homme »,
 indique le chercheur.
Damien Claverie, médecin chercheur dans l’unité de neurophysiologie du stress de l’Institut de recherche biomédicale des armées, à Brétigny-sur-Orge, remarque pour sa part que « ces résultats sont passionnants. Cela ouvre notamment des perspectives nouvelles pour la réactivation ciblée de la mémoire, qui est un champ grandissant de prise en charge thérapeutique de l’anxiété ou du stress post-traumatique ».

« « Ce serait très pertinent » : et si les bouteilles d’alcool prévenaient du risque de cancers ? »

Date de publication : 15 janvier 2025

Le Parisien

Nicolas Berrod observe dans Le Parisien que « Vivek Murthy, «surgeon general» américain, soit le patron de la Santé publique aux États-Unis, a plaidé […] pour que les bouteilles d’alcool comportent des messages d’avertissement du risque de certains cancers (côlon, sphère ORL, sein, etc.), sur le modèle des paquets de cigarettes ».
Le responsable a ainsi souligné que « le lien direct entre la consommation d’alcool et le risque de cancer est bien établi pour au moins sept types de cancer, quel que soit le type d’alcool (bière, vin, spiritueux, etc.) consommé ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, confirme : « Vous déclenchez un risque dès le premier verre et plus vous consommez, plus ce risque augmente ».
Nicolas Berrod note qu’« une loi serait nécessaire outre-Atlantique pour modifier les étiquettes actuelles, qui n’ont pas été mises à jour depuis leur instauration en 1988. Et en France ? Un étiquetage « cancers » est demandé depuis longtemps par l’Association Addictions France. […] Mais un tel changement paraît improbable à court terme, tant les résistances et le lobby de l’alcool sont puissants ».
Le Dr Bernard Basset, président d’Addictions France, remarque ainsi que « mieux informer de façon transparente serait très pertinent ».
Nicolas Berrod rappelle qu’« un pictogramme ou une phrase mentionnant les risques pour les femmes enceintes est bien obligatoire sur chaque bouteille alcoolisée depuis 2007, mais les industriels sont parvenus à le rendre tout petit et difficilement visible ».
« Quant à la phrase «l’abus d’alcool est dangereux pour la santé», elle n’apparaît que sur les publicités (depuis 1991). Et ce, sans la moindre précision s’agissant des risques en question »
, ajoute le journaliste.
Il souligne qu’« en Europe, l’Irlande fait figure de pionnier. Une nouvelle loi adoptée en mai 2023 prévoit qu’à partir de 2026, chaque bouteille d’alcool devra être équipée d’un étiquetage complet indiquant les risques sanitaires. Avec, notamment, un avertissement s’agissant des risques de contracter certains cancers ».
« «L’Irlande montre la voie dans cette initiative d’une importance vitale», selon l’Organisation mondiale de la santé. Celle-ci se dit «prête à soutenir les pays et à collaborer avec eux pour mettre en œuvre des politiques et des interventions en matière d’alcool fondées sur des données probantes» », 
relève Nicolas Berrod.

« « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année qui n’est en réalité qu’un concept publicitaire »

Date de publication : 20 janvier 2025

Le Monde
La Croix

Mathilde Damgé observe dans Le Monde que « depuis une quinzaine d’années, l’expression « Blue Monday » reparaît au mois de janvier sur les réseaux sociaux et dans les médias… Le « lundi le plus déprimant de l’année » tombe cette année le 20 janvier, dans un contexte particulièrement morose ».
La journaliste souligne toutefois que « ce concept, prétendument basé sur les calculs savants d’un psychologue, n’a d’existence que dans l’esprit d’experts en marketing ».
Elle explique ainsi que « le Blue Monday (qui s’inspire de l’expression anglaise to feel blue, « être déprimé ») désignerait de manière irréfutable le troisième lundi de janvier comme le jour le plus déprimant de l’année… selon une prétendue étude scientifique parue en 2005 ».
Mathilde Damgé relève que « cette équation relève plus d’une farce que de l’arithmétique : certains facteurs sont inquantifiables (météo, manque de motivation, etc.). Son auteur, Cliff Arnall, qui se présente comme psychologue, a lui-même admis en 2010 qu’il n’y avait rien de scientifique derrière ce calcul, et qu’il avait été commandé par une société de publicité pour le compte de l’agence de voyages Sky Travel. Ironie de l’histoire, il milite depuis pour son « abolition » dans le cadre d’une campagne sponsorisée par le comité touristique des îles Canaries (Espagne) ».
Dean Burnett, chercheur en neurosciences, a quant à lui déclaré que « ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie. C’est également irrespectueux envers ceux qui souffrent de vraie dépression, car cela sous-entend qu’il s’agit d’une expérience temporaire et mineure, dont tout le monde souffre ».
Esther Serrajordia se penche également dans La Croix sur ce « lundi déprime » qui « est au départ une invention purement marketing. Début 2000, une agence de voyages a théorisé l’idée pour tenter d’attirer de nouveaux clients en vendant des séjours au soleil. Depuis, chaque année, le froid, le manque de lumière et la nostalgie du mois des fêtes font du troisième lundi du mois de janvier une journée particulièrement pénible moralement ».
La journaliste relève que « si le Blue Monday reste un concept publicitaire, janvier ne semble pas le mois le plus propice à la joie de vivre ».
Philippe Gabilliet, professeur de psychologie à l’ESCP, indique que « c’est ce qu’on appelle le trouble affectif saisonnier. Nous avons un rapport encore très animal à la nature. Alors quand on se lève, que le temps est mauvais, qu’on manque cruellement de lumière, le moral baisse et l’énergie se perd ».
Esther Serrajordia souligne que « les médecins et les études ne cessent de le dire : l’optimisme est bon pour la santé. Il permet de renforcer notre système immunitaire, fait du bien à notre cerveau et augmente même l’espérance de vie ».
La journaliste s’interroge : « Comment faire pour cultiver sa bonne humeur et garder le moral en plein hiver ? ».
Le Pr Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d’addictologie à l’hôpital Bichat, répond que « d’abord, il faut vérifier que le pessimisme que l’on ressent n’est pas un indice d’une maladie dépressive. Si on n’a plus aucune envie, qu’on se considère comme une mauvaise personne, que la fatigue est la même après un week-end de repos qu’un jeudi matin et que les émotions négatives sont constantes, alors il faut s’interroger. Il est normal d’avoir des accès de pessimisme, mais pas que ces accès soient permanents ».
Le psychiatre ajoute que « tout dans notre nature et dans notre environnement nous pousse à être pessimiste. Beaucoup de personnes rétorquent : “Comment être optimiste alors que les glaciers fondent et que la Californie crame ?“ C’est presque, selon elles, un manque de conscience ou de morale. Je leur réponds : on a le droit d’être triste, mais on n’a pas le droit d’aimer sa tristesse. Cela ne nous rendra pas plus concerné ou intelligent ».
Esther Serrajordia indique que « cultiver l’optimisme nécessite enfin de mettre en place des choses concrètes. À l’unanimité, les spécialistes s’accordent sur les bases à consolider : un bon sommeil, une alimentation équilibrée et de l’exercice physique ».

« Enfants et adolescents autistes : une génération sous cachetons »

Date de publication : 21 janvier 2025

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe : « Près de 4 mineurs autistes sur 10 prennent de puissants psychotropes en France, selon un livre à paraître jeudi, qui dévoile une analyse inédite de l’assurance maladie. Derrière cette surmédication, un manque de moyens criant pour prendre en charge ces enfants ».
Rozenn Le Saint relève ainsi : « Antipsychotiques, anxiolytiques, somnifères, sédatifs, antidépresseurs, psychostimulants, antiépileptiques, antiparkinsoniens… Près de 40% des enfants et adolescents autistes prennent au moins un psychotrope en France, selon l’analyse inédite des données de l’assurance maladie à paraître jeudi 23 janvier dans le livre A l’écoute des enfants autistes (éditions du Champs social) ».
La journaliste note que « c’est dix fois plus que les mineurs en général. Ces psychotropes, d’habitude réservés aux adultes, sont massivement prescrits en dehors des clous, sans autorisation de mise sur le marché, pour apaiser les troubles du comportement des enfants atteints de TSA [trouble du spectre de l’autisme]. Il n’existe pas, en soi, de médicament pour ces troubles, qui se caractérisent par des difficultés dans l’interaction et la communication, couplées à des comportements répétitifs et stéréotypés ».
Rozenn Le Saint explique notamment que « chaque enfant autiste consomme environ 19 boîtes de psychotropes par an selon l’ouvrage, le premier à se pencher précisément sur la surmédication de cette population en France. Il a été écrit sous la direction de Sébastien Ponnou, professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-8-Vincennes-Saint-Denis ».
Ce dernier souligne : « Notre étude montre qu’une fois qu’un psychotrope est prescrit, c’est pour dix ans. Il peut être fait usage d’un médicament en cas d’urgence, si l’enfant s’automutile ou est agressif, mais seul un accompagnement socio-éducatif adéquat aide à long terme à diminuer la souffrance des enfants atteints de TSA ».
Rozenn Le Saint note que « le pédopsychiatre Bruno Falissard, également président de la Société française de la psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées, alerte ». Il déclare que « l’effet des antipsychotiques, c’est le contraire de celui des amphétamines ou de la cocaïne qui rendent speed. Ces médicaments ralentissent, c’est comme si on avait du coton dans la tête. Ça calme mais ça rend aussi déficitaire ».
La journaliste observe en outre qu’« on comptait moins de 600 pédopsychiatres en 2020 dans l’Hexagone. Leur nombre a diminué d’un tiers en une décennie, à mesure que celui d’enfants biberonnés aux psychotropes a augmenté : près de 490.000 enfants étaient sous psychotropes en 2023, soit 70.000 de plus qu’en 2010, selon la toute dernière analyse des chiffres de l’assurance maladie. La hausse pendant la période du Covid-19 s’est poursuivie ensuite. De quoi interroger à l’heure où la santé mentale a été déclarée grande cause nationale par l’ex-gouvernement Barnier ».

« Le burn-out se conjugue au féminin »

Date de publication : 22 janvier 2025

Le Monde

Anne Rodier remarque dans Le Monde que « la valse des chiffres sur la santé mentale au travail continue d’année en année, au fil des études. Qu’ils proviennent des baromètres de l’absentéisme réalisés par les mutualistes, des bulletins de Santé publique France ou des enquêtes de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS), ils peuvent être très différents sur la même période et la même population, car ils ne mesurent pas la même chose. Stress, anxiété, tendance dépressive ? ».
La journaliste relève ainsi que « le dernier Baromètre santé mentale du cabinet de conseil en ressources humaines Qualisocial, à paraître jeudi 23 janvier, affiche 25% des 3000 salariés interrogés du 3 au 9 décembre 2024 qui se déclarent en mauvaise santé mentale ».
Jean-Christophe Villette, administrateur de la FIRPS et psychologue du travail et des organisations au cabinet Ekilibre Conseil, souligne que « la dégradation progressive de la santé mentale au travail continue avec une prévalence des troubles plus forte chez les femmes que chez les hommes, dans un rapport d’un pour deux ».
Anne Rodier remarque que « les femmes cadres sont particulièrement concernées. Dans une étude de longue observation de 2013 à 2019, Santé publique France a mesuré que «le risque de signalement d’une souffrance psychique en lien avec le travail augmentait avec la catégorie socioprofessionnelle et atteignait un maximum chez les femmes cadres» ».
La journaliste précise que « l’épuisement professionnel peut être en lien avec les spécificités de l’identité des cadres, explique l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans sa dernière étude sur le burn-out publiée en décembre 2024 : le fort investissement lié à la fonction menace l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, et les cadres peuvent avoir des difficultés à demander de l’aide ».
« Puis parce qu’elles sont particulièrement concernées par les origines multifactorielles de l’épuisement professionnel », 
ajoute Anne Rodier. Jean-Christophe Villette indique qu’« elles vivent toujours la sursollicitation de la double ou triple journée de travail, en particulier pour les parents isolés ».
Anne Rodier explique en outre que « les femmes sont surreprésentées là où la santé mentale est au plus bas, comme les secteurs en contact avec le public. Le baromètre Qualisocial désigne en bons derniers, avec plus de 30% des salariés interrogés se déclarant en mauvaise santé mentale : l’administration publique, l’hébergement-restauration, l’hébergement médico-social et l’action sociale ».

« Psychiatrie : face à la crise, le Comité d’éthique appelle à l’action »

Date de publication : 28 janvier 2025

La Croix

Esther Serrajordia note en effet dans La Croix : « Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) l’admet lui-même : on ne compte plus les rapports alertant sur l’état critique de la psychiatrie. Il a pourtant décidé de s’autosaisir et publie […] un avis sur le sujet ».
Le CCNE se dit ainsi « frappé par le nombre important de rapports publiés sur cette psychiatrie à bout de souffle, qui n’ont pas conduit à l’élaboration de solutions pour les professionnels et les patients, et n’ont pas été pris en compte dans les décisions politiques ».
Angèle Consoli, pédopsychiatre et co-rapporteuse, remarque : « On observe un paradoxe troublant. D’un côté, nous sommes confrontés à une offre de soins largement saturée et donc une qualité de soins qui se dégrade faute de moyens adaptés, avec des délais d’attente très long, un manque de médecins, des conditions d’accueil souvent indignes. Et de l’autre, une banalisation, un déni de l’état actuel des soins en psychiatrie ».
Esther Serrajordia note que « la crise du secteur engendre des conséquences éthiques, explique le CCNE. Premièrement, la difficulté à respecter les droits fondamentaux : un certain nombre de soignants ne peuvent pas exercer leurs métiers dans de bonnes conditions et sont parfois contraints à mettre en œuvre des pratiques qui devraient rester exceptionnelles (contention, restriction de la liberté de circulation), ce qui provoque souffrance et déshumanisation ».
« Un autre effet est l’aggravation de la fragilité chez des personnes déjà vulnérables : enfants et adolescents de l’Aide sociale à l’enfance, sans-abri, précaires, détenus… La dernière conséquence est l’instauration d’un «cercle vicieux de la stigmatisation». Faute de réponses solides et durables, la psychiatrie conserve au sein de la communauté médicale une mauvaise réputation »
, relève la journaliste.
Le CCNE indique que « la mobilisation est donc cruciale car elle reflète aussi notre capacité, en tant que société, à reconnaître et prendre en charge la souffrance psychique dans le respect des principes de liberté, d’équité et de dignité. […] Le temps n’est plus au constat, il faut maintenant des actions ».
Esther Serrajordia précise que le CCNE « appelle à la mise en œuvre rapide d’un «plan» psychiatrie reposant sur trois priorités stratégiques : garantir un accès à des soins dignes ; lutter contre la stigmatisation et l’exclusion des personnes vivant avec des troubles psychiatriques ; renforcer la formation et la recherche dans toutes les disciplines qui concourent à la prise en charge psychiatrique, notamment le paramédical ».

Revue de presse santé psy – décembre 2024

« Combattre la dépendance aux opioïdes et benzodiazépines : « Pourquoi m’a-t-on laissé me gaver de médocs, pourquoi ne m’a-t-on rien dit ? » »

Date de publication : 3 décembre 2024

Le Monde

Pascale Santi constate dans Le Monde que « 12 millions de Français prennent des opioïdes pour lutter contre la douleur, et quelque 10 millions des benzodiazépines, contre l’anxiété et les troubles du sommeil, avec des risques de mésusage et de dépendance. Un enjeu majeur de santé publique ».
La journaliste rappelle que « les opioïdes regroupent des substances naturelles telles que la morphine, l’opium, la codéine, et des composés synthétiques comme le fentanyl ou le tramadol ».
« Ils sont prescrits pour des douleurs modérées à sévères, postchirurgicales ou liées à un cancer, par exemple. Ils agissent sur les récepteurs opioïdes du cerveau et jouent un rôle-clé dans le système nerveux central, en régulant la perception de la douleur, et en augmentant la sensation de plaisir, de récompense, de bien-être »,
 continue Pascale Santi.
Elle ajoute qu’« ils sont classés en deux catégories : ceux de palier 2, dit « faible », pour les douleurs modérées à sévères. Parmi eux, le tramadol, seul ou associé au paracétamol, est le plus utilisé avec 31 millions de boîtes par an vendues en France. Ceux, classés comme stupéfiants, de palier 3, dit « fort » (morphine, oxycodone, fentanyl), visent à traiter les douleurs intenses ».
Mathieu Chappuy, pharmacien au Cerlam (Centre Ressource Lyonnais des Addictions Médicamenteuses, Hospices Civils de Lyon), souligne que « la distinction entre opioïdes faibles et forts, qui provient d’une classification de l’OMS, en 1986, dans la douleur cancéreuse, est totalement trompeuse. “Faible” laisse entendre que ce n’est pas très puissant, or, les deux sont à risque de dépendance ».
Pascale Santi souligne que « pas moins de 12 millions de personnes ont eu une prescription d’antalgiques opioïdes au cours des 12 derniers mois, en légère augmentation depuis 10 ans, dont 800.000 pour ceux de palier 3 […] ».
« Ces médicaments, s’ils sont nécessaires, préoccupent les autorités sanitaires depuis plusieurs années, en raison des risques de mésusage (utilisation non conforme à la prescription) et de dépendance. Pour mieux les contrôler, l’ANSM a annoncé, en septembre, que les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène…), seront prescrits uniquement sur ordonnance sécurisée et donc infalsifiable »,
 rappelle la journaliste.
Elle note que « le prescripteur devra y avoir inscrit le dosage, la posologie et la durée de traitement qui, précise l’ANSM, ne devra pas dépasser 3 mois pour la codéine, ce qui est déjà le cas pour le tramadol depuis 2020 ».
Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM, indique toutefois que « l’entrée en vigueur de ce dispositif, initialement prévu le 1er décembre, a finalement été reportée au 1er mars 2025, pour des raisons logistiques ».
Pascale Santi continue : « Si la situation est moins critique qu’aux Etats-Unis, où près de 100.000 personnes meurent chaque année d’une overdose aux opioïdes, «ça reste un sujet préoccupant en raison d’un mésusage important», explique Maryse Lapeyre-Mestre, responsable du centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP) de Toulouse ».
La journaliste relève qu’« une autre classe de molécules préoccupe : les benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques). Un peu plus de 10 millions de Français en prennent ». Sophie Kelley, responsable du département des produits de santé à l’Assurance-maladie, remarque que « ces chiffres sont élevés et nécessitent des actions ».
Pascale Santi poursuit : « Les autorités sanitaires ont pris des mesures. La codéine, auparavant en vente libre, doit, depuis 2017, être prescrite sur ordonnance. […] Il faut faire de la pédagogie. Mais, «malheureusement, dans la douleur chronique, on a du mal à soulager complètement, ce qui est propice aux escalades thérapeutiques vers les opioïdes, car on n’a pas tant de médicaments à disposition», observe le Dr Nicolas Authier », chef des services de médecine de la douleur et de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand.
La journaliste ajoute que « l’ANSM a également demandé aux fabricants de tramadol de mettre à disposition des boîtes de petite contenance, de 5 à 15 comprimés, pour que cela corresponde exactement à la prescription. […] De même, l’agence discute avec les laboratoires pour fabriquer des boîtes de 5 à 7 comprimés pour les hypnotiques apparentés aux benzodiazépines ».

« Santé mentale : à Sceaux, ces jeunes « en détresse » se soignent tout en étudiant »

Date de publication : 3 décembre 2024

Le Figaro

Aude Bariéty de Lagarde se penche dans Le Figaro sur la clinique FSEF de Sceaux (Hauts-de-Seine), qui « accueille près de 170 adolescents et jeunes adultes souffrant de troubles psychiatriques. La grande majorité sont scolarisés dans une annexe pédagogique du lycée Lakanal située au sein même de l’établissement de soins ».
La journaliste explique que « cet établissement de près de 170 lits et places […] a ouvert en 1956. Géré par la Fondation santé des étudiants de France (FSEF), il est entièrement dédié à la santé mentale des jeunes Franciliens. En son sein coexistent plusieurs structures, parmi lesquelles l’UPA [unité post-aigu], qui accueille une quinzaine de jeunes âgés de 16 à 25 ans nécessitant des soins intensifs, mais aussi 6 services de soins-études en hospitalisation à temps plein ainsi qu’un hôpital de jour ».
Le Dr Laurent Pinel, médecin chef de l’UPA, indique que « les jeunes que nous accueillons sont très malades ».
Aude Bariéty de Lagarde précise ainsi : « Troubles du spectre autistique, troubles de l’attention, hyperactivité, schizophrénie, troubles du comportement alimentaire, bipolarité, états limites… ».
Le Dr Pinel continue : « Lorsque les patients arrivent chez nous, ils présentent une intensité symptomatique importante. Ils nous sont envoyés par des psychiatres libéraux, des psychiatres des centres médico-psychologiques ou des urgences psychiatriques. Ils restent en moyenne entre 6 et 8 semaines. Il y a trois étapes : on évalue, on traite – avec des médicaments, mais pas seulement – et on organise la sortie ».
La journaliste relève que « certains patients, trop en difficulté, doivent être internés dans un service psychiatrique hospitalier près de leur domicile. D’autres réussissent à réintégrer le «milieu ordinaire». D’autres encore sont orientés en soins-études, mais souvent après une période de transition, car les délais pour intégrer l’une des six unités soins-études de la clinique de Sceaux sont longs de plusieurs mois ».
Aude Bariéty de Lagarde explique que « sur deux étages se répartissent un accueil, le bureau des soignants, des bureaux de consultation, une infirmerie, des salles communes pour les jeunes, un réfectoire surtout destiné au petit déjeuner, des petites chambres individuelles, des sanitaires, une salle de sport… ».
« Ici, du dimanche soir au vendredi après-midi, vivent 22 jeunes âgés de 16 à 25 ans encadrés par une équipe pluridisciplinaire composée de psychiatres, d’infirmiers, d’éducateurs spécialisés, d’une psychologue, d’une ergothérapeute et d’une psychomotricienne. La semaine, les patients alternent cours, entretiens avec les médecins, soins et ateliers thérapeutiques ; le week-end, ils rentrent chez eux, en famille », 
continue la journaliste.
Le Dr Pinel souligne en outre : « Avant la pandémie [de Covid-19], nous recevions 120 demandes d’admission par an. Nous en acceptions 60, et les 60 autres jeunes trouvaient une place ailleurs. En 2021-2022, nous avons été destinataires de 240 demandes… Nous avons augmenté notre capacité d’accueil et admis 80 jeunes, mais cela ne suffit plus. Je suis harcelé de demandes. Nous sommes en grande difficulté pour accueillir toute cette détresse, d’ailleurs assez genrée, car nous recevons une majorité de filles ».
Aude Bariéty de Lagarde note qu’« à cette détresse grandissante de la jeunesse s’ajoute «un problème de démographie infirmière assez massif», assure le médecin chef de l’UPA ». Ce dernier souligne qu’« en psychiatrie, le soin passe avant tout par le lien. Pour que cela fonctionne, il faut que les patients connaissent les soignants qui s’occupent d’eux ».
La journaliste rappelle qu’« en septembre, le premier ministre a fait savoir qu’il souhaitait ériger la santé mentale en « grande cause nationale » de l’année 2025. Une volonté accueillie favorablement, mais aussi prudemment, à la clinique FSEF de Sceaux ».

« Pourquoi coucher votre enfant à la même heure tous les soirs le rendra moins casse-pieds »

Date de publication : 4 décembre 2024

Le Figaro

Bénédicte Lutaud évoque dans Le Figaro « la régularité de l’heure du coucher » des enfants : « Des chercheurs du Collège de santé et de développement Humain, et du Collège de Médecine de Pennsylvanie (États-Unis) se sont penchés sur la question, dans une étude publiée récemment dans le Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics ».
La journaliste explique ainsi qu’« Adwoa Dadzie, doctorant en santé comportementale, et Orfeu Buxton, professeur de santé comportementale, ont analysé avec leur équipe les données de sommeil et de comportement de 143 enfants âgés de 6 ans, provenant du projet Insight, une étude de long cours menée en Pennsylvanie, dans le cadre d’un programme de prévention de l’obésité infantile ».
Bénédicte Lutaud explique que « les petits étaient équipés d’un moniteur sur leur poignet pendant 7 jours. Cet appareil mesurait de multiples aspects du sommeil : l’heure d’endormissement, l’heure de réveil, le total d’heures de sommeil, les réveils nocturnes, etc. ».
La journaliste note que « ces données étaient comparées avec les observations des chercheurs lors de divers exercices auxquels étaient soumis les enfants pour évaluer leur comportement. L’un d’entre eux, un brin cruel, évaluait leur capacité à gérer la frustration. Chaque enfant pouvait choisir un jouet parmi une large sélection, avant que ce jouet ne soit placé dans une boîte verrouillée. Après quoi, l’enfant recevait un jeu de clés… dont aucune ne fonctionnait ».
Bénédicte Lutaud retient que « plus l’heure du coucher était régulière, meilleures étaient ses capacités de gestion émotionnelle et comportementale. Au contraire, ceux dont les heures de coucher et d’endormissement étaient plus irrégulières se montraient plus impulsifs ».
Elle précise : « Pas besoin d’être réglé comme une pendule non plus : une variation de l’heure du coucher de 20 minutes par nuit sur la semaine engendrait ainsi plus d’autorégulation qu’une variation de 2 heures par nuit sur la semaine ».
Adowa Dadzie indique que « l’établissement d’une routine de coucher aura un impact sur le moment d’endormissement, en le rendant moins variable ». Orfeu Buxton souligne pour sa part que « cette approche a aussi des conséquences sur la santé des enfants tout au long de leur vie ».
Bénédicte Lutaud remarque que « plusieurs études, davantage centrées sur le manque de sommeil chez les enfants, ont ainsi montré des risques accrus de surpoids ou d’obésité. L’étude Insight, elle, a démontré des IMC moins importants chez les enfants bénéficiant notamment d’un bon sommeil ».
Stéphanie Mazza, professeure de neuropsychologie, chercheuse au centre de recherche en neurosciences de Lyon rattaché à l’Inserm, indique de son côté que « lorsque nos habitudes de sommeil sont irrégulières, nous sommes exposés de façon irrégulière à la lumière. Nos activités physiques et nos repas sont également irréguliers. Cela perturbe les rythmes circadiens et en conséquence, génère des troubles de santé. Une étude publiée cette année dans la revue Sleep a mis en évidence que l’irrégularité du sommeil était plus prédictive que la durée du sommeil en termes de longévité ».

« Troubles bipolaires : faut-il croire aux tests sanguins ? »

Date de publication : 5 décembre 2024

Le Point

Henri Frasque note dans Le Point que le président de l’association Bipolarité France, Renaud Maigne, « exprime l’immense espoir qu’a fait naître chez les patients bipolaires – ils sont 1,6 million en France – la mise sur le marché, au printemps dernier, des premiers tests sanguins pour détecter la bipolarité ».
Le responsable déclare ainsi que « c’est l’avenir. Ça change complètement la donne. Je suis moi-même patient bipolaire. Mes premiers symptômes ont eu lieu à 20 ans et je n’ai été diagnostiqué qu’à 36 ans ».
Émilie Olié, psychiatre au CHU de Montpellier, souligne que « le trouble bipolaire commence souvent par un épisode dépressif. Il faut en moyenne 8 ans avant que le bon diagnostic soit correctement posé et que le traitement adapté soit prescrit ».
« Avec, dans l’intervalle, de longues années de souffrances pour les patients et leurs proches. Et parfois des suicides », 
remarque Henri Frasque.
Le journaliste relève que « diagnostiquer la bipolarité rapidement, par un simple test sanguin, serait donc une avancée sans précédent. C’est la promesse du premier test lancé en avril dernier sur le marché français, avec une opération de communication bien huilée, par la société Alcediag ».
Il explique que ce test « mesure les modifications d’édition d’ARN de marqueurs spécifiques dans le sang des patients. Alcediag promet une fiabilité «supérieure à 80%» pour son test myEdit-B, vendu en France au prix de 900 euros, et non remboursé ».
Renaud Maigne évoque un prix « hyperexcessif pour les patients. Alors que ce serait un outil très pertinent pour des gens de 20 ans qui sont dans le déni ».
Henri Frasque indique cependant que « la Haute Autorité de santé a publié un avis négatif, en mai. La HAS a refusé d’accorder le forfait innovation – une avance sur la prise en charge – au test d’Alcediag au motif que «les données disponibles à son sujet ne permettent pas de justifier d’un service attendu suffisant» ».
Le journaliste précise que la HAS « reproche à la société de ne lui avoir présenté qu’une seule étude clinique, ainsi que le manque de données sur l’algorithme utilisé et les changements de cet algorithme ».
Alexandra Prieux, dirigeante d’Alcediag, déclare : « On s’est peut-être un peu précipités. Nous avions déjà le soutien de France 2030. On a choisi de faire cette demande de forfait innovation en quelques mois pour une question de timing ».
« Le test sur le marché utilise des biomarqueurs qui ont été publiés. Avec un algorithme extrêmement précis que, certes, nous n’avons pas divulgué pour des questions de propriété intellectuelle mais qui est tout à fait documenté dans nos dossiers réglementaires », 
poursuit la dirigeante.
Sylvain Lehmann, directeur de l’Institut des neurosciences de Montpellier, remarque pour sa part que « quand une société veut vendre directement ces tests au consommateur, ce n’est pas bon signe ».
Henri Frasque indique que « deux autres [études] sont en cours : l’une auprès de 418 patients, en France, en Espagne et au Danemark ; la seconde, pilotée par la psychiatre Chantal Henry, en France, pour demander un remboursement du test. Lequel est pour l’instant peu utilisé par les psychiatres ».
L’Association française de psychiatrie biologique et de neuropsychopharmacologie (AFPBN) estime ainsi qu’« à ce jour, aucun test ne remplit [les conditions nécessaires] pour un usage en pratique clinique ».

« « La mise au rebut de la psychiatrie » : à l’hôpital Cochin de Paris, le déménagement forcé du service inquiète »

Date de publication : 10 décembre 2024

Le Parisien

Marion Kremp note en effet dans Le Parisien : « Long couloir, murs décrépits et lumière blafarde conduisent à la salle d’attente les patients de l’hôpital de jour. Installée à l’étroit dans une aile du pavillon Tarnier, […] depuis 2006, l’unité de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Cochin s’est habituée à l’exiguïté de ces locaux isolés et vétustes. Et surtout éloignés des besoins de l’hôpital. À l’époque, déjà, il ne devait s’agir que d’une situation provisoire ».
La journaliste indique que « le service est à nouveau prié de déménager, une nouvelle expatriation que dénonce le directeur de l’unité. Le Pr Bernard Granger vient d’adresser un courrier à la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, pour l’alerter de la situation qu’il considère comme une nouvelle preuve de «la mise au rebut de la psychiatrie», alors même que la santé mentale a été déclarée grande cause nationale en 2025 ».
Marion Kremp explique que « l’ancienne clinique d’accouchement, ouverte en 1881, accueillera bientôt l’Institut Tarnier pour la santé des femmes. Une structure pluridisciplinaire pilotée par l’université Paris-Cité et la Ville de Paris, propriétaire des murs, dont l’ouverture est annoncée pour 2029 ».
La journaliste remarque qu’« inquiet pour l’avenir de son service, le Pr Bernard Granger dénonce un déménagement forcé dans l’hôpital gériatrique de la Collégiale, à l’abandon depuis 2022 du fait de sa vétusté ».
Le psychiatre observe : « C’est sinistre et désaffecté ! Accueillir des malades là-bas est une aberration médicale ! Nous avons besoin d’être au cœur du réacteur, là où sont les malades, pour travailler en liaison avec tous les autres services, ce que l’AP-HP refuse d’entendre en prenant une décision arbitraire qui conduira au blocage de notre part ! ».
Marion Kremp précise qu’il « propose, depuis de longs mois, le regroupement de son service dans l’ancienne crèche de l’hôpital Cochin qui accueillait des enfants jusqu’en 2020. Une proposition soutenue par les syndicats CGT et FO ainsi que par de nombreux médecins chefs de service de l’hôpital Cochin ».
Le Pr Granger déclare ainsi : « On pourrait y réunir tout le service, et être en lien direct avec le reste de l’hôpital. Nous aurions la place qu’il nous faut pour la prise en charge des patients en hôpital de jour et en consultation, et nous serions en lien direct avec le reste de l’unité de psychiatrie de liaison. Les besoins de psychiatrie sont considérables, un patient hospitalisé sur cinq aurait besoin du suivi d’un psychiatre ou d’un psychologue ».
Marion Kremp note que de son côté, « l’AP-HP invoque «un coût de réhabilitation démesuré» de l’ancienne crèche de Cochin et une «durée de travaux incompatible avec le calendrier de libération attendue du pavillon Tarnier l’été prochain». D’autant qu’il est prévu de rassembler les activités de jour de psychiatrie et d’addictologie dans le nouvel hôpital de l’Hôtel-Dieu, qui doit lui aussi faire l’objet d’une vaste réhabilitation pour le moment bloquée par la révision du PLU. Là encore, le Pr Granger pointe le manque de locaux adaptés prévus par le projet ».
La journaliste conclut que « l’AP-HP a missionné Édouard Couty, président du conseil hospitalier de territoire du groupe hospitalo-universitaire, sur le sujet. Ses conclusions […] «devront permettre de vérifier que l’organisation prévue à court et à long terme consolide et renforce l’offre de soins en psychiatrie» ».

« Mal-être des enfants : plus de 8% des 3-6 ans connaissent au moins une difficulté de santé mentale »

Date de publication : 11 décembre 2024

Le Parisien
Le Monde

Le Parisien indique en effet qu’« un peu plus de 8% des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle dans l’Hexagone connaissent au moins une difficulté de santé mentale probable, selon une étude publiée mardi ».
La journal explique qu’« il s’agit de la première enquête nationale sur la santé mentale qui s’intéresse en France aux enfants si jeunes. Et d’un nouveau volet de l’étude épidémiologique sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 11 ans scolarisés en France hexagonale (Enabee) menée par Santé publique France ».
Le Parisien relève ainsi qu’« en combinant les points de vue des parents et des enseignants sur un échantillon représentatif de plus de 2600 enfants, cette étude, menée en 2022, révèle que 8,3% des enfants en maternelle ont «au moins une difficulté de santé mentale probable, de type émotionnel, oppositionnel ou inattention/hyperactivité, impactant leur vie quotidienne» ».
Stéphanie Monnier-Besnard, épidémiologiste et cheffe de projet de l’étude Enabee, souligne que « ces données posent la dimension du problème de santé publique. […] Ce n’est pas une surprise que les enfants si jeunes puissent rencontrer des difficultés de santé mentale probables. […] C’est le même ordre de grandeur que les résultats d’études approchantes en France ou dans des pays assez comparables, comme l’Allemagne ou les États-Unis ».
Le quotidien précise notamment que « 1,8% des enfants scolarisés de la petite à la grande section de maternelle présentent des «difficultés émotionnelles», 5,9% des «difficultés oppositionnelles», 1,9% des «difficultés d’inattention/hyperactivité» ».
Le Parisien ajoute que « les garçons présentent plus de difficultés probables avec retentissement sur leur vie (11,3%) que les filles (5,2%) ».
Le journal note par ailleurs que « près de 13% des enfants scolarisés en maternelle ont consulté au moins une fois un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage lors des 12 mois précédant l’étude ».
« «Prudence» cependant sur l’interprétation des résultats, avertit Santé publique France, car «à ces âges précoces, les difficultés de comportement ou émotionnelles peuvent évoluer rapidement et leur mesure est impactée par les perceptions et attentes des adultes répondants». Et il ne s’agit pas de diagnostics cliniques mais d’une représentation épidémiologique », 
remarque Le Parisien.
Le Monde indique aussi que « plus de 8% des enfants de 3-6 ans connaissent au moins une difficulté de santé mentale «probable» en France ».
Le journal retient que « cela confirme la nécessité d’intervenir dès le plus jeune âge et d’améliorer les dispositifs d’accompagnement en santé mentale avant 6 ans, selon l’agence qui évoque par exemple les compétences psychosociales ».

« Un dispositif simple pour repérer autisme, TDAH et troubles dys »

Date de publication : 11 décembre 2024

Le Figaro

Elisa Doré note dans Le Figaro qu’« en France, 3 à 4 élèves par classe sont concernés par un trouble du neurodéveloppement (TND). Une prévalence qui a connu une hausse croissante dans de nombreux pays depuis plus de 20 ans ».
La journaliste souligne que « malgré la fréquence de ces troubles, le diagnostic reste souvent trop tardif, en laissant le temps aux difficultés scolaires et sociales de s’aggraver parfois jusqu’à l’âge adulte, à défaut d’une prise en charge adaptée ».
« C’est pourquoi face à l’errance médicale de nombreux enfants et de leurs parents, développer des moyens de dépistage précoce constitue un enjeu majeur de santé publique, dans la droite ligne du projet gouvernemental qui fait de la santé mentale sa Grande Cause nationale pour l’année 2025 », 
observe Elisa Doré.
Elle indique ainsi que « pour améliorer le dépistage, l’une des solutions se trouverait dans les yeux. C’est l’idée portée par les scientifiques de la start-up française SuriCog. Ils ont développé un dispositif qui consiste à sonder le regard des enfants. Très prometteuse, cette approche pourrait s’imposer comme un test de dépistage fiable dès l’école primaire et vaut ce mardi à Marc Massonneau, médecin et directeur de SuriCog, le prix Marcel Dassault 2024 pour l’innovation en santé mentale ».
Le Pr Marion Leboyer, psychiatre et directrice générale de la Fondation FondaMental, déclare que « c’est un prix très important, car il y a trop peu d’innovations qu’elles soient diagnostiques ou thérapeutiques des troubles mentaux en psychiatrie ».
Elisa Doré précise qu’« en complément de tests classiques en psychologie, longs et soumis à interprétation, SuriCog mise sur l’oculométrie, une technique plus objective qui consiste à mesurer des anomalies des mouvements oculaires par le «eye-tracking» ».
« Le dispositif développé par SuriCog, nommé EyeBrain Neo, vise à traquer toutes ces anomalies grâce à des lunettes un peu particulières, munies de micro-caméras. Concrètement, l’enfant équipé de ces lunettes est invité à regarder des images-types sur un écran : des points qui bougent ou des scènes spécifiqu
es », continue la journaliste.
Le Dr Massonneau explique : « En tant qu’interface directe avec le monde extérieur, les yeux sont le miroir du fonctionnement de notre cerveau. Ainsi les anomalies du déplacement oculaire constituent des clefs robustes d’interprétation et de mesures de dysfonctionnements cérébraux, et constituent, à ce titre, des biomarqueurs fiables, capables de détecter très tôt et caractériser l’essentiel des altérations neurocognitives propres aux TND ».
Le Pr Leboyer remarque pour sa part que « cette notion d’identifier des marqueurs est essentielle car contrairement à d’autres domaines de la médecine, la psychiatrie en bénéficie peu. C’est essentiel pour mieux caractériser l’hétérogénéité des troubles psychiatrique et cela constitue la base de la prise en charge thérapeutique de l’enfant atteint de TND ».
Le Dr Massonneau ajoute que « ce bilan est une aide au diagnostic mais n’a pas vocation, à ce stade, à confirmer un éventuel diagnostic de TND qui est de la responsabilité des médecins ».
Elisa Doré relève que « les résultats doivent en effet être analysés par un comité d’experts, constitué de médecins et d’orthoptistes, qui jugeront la nécessité ou non de mener un bilan diagnostic supplémentaire en cas de suspicion de TND ».

« L’infertilité peut-elle être d’origine psychologique ? »

Date de publication : 16 décembre 2024

Le Figaro

Ségolène Barbé observe dans Le Figaro qu’« on estime aujourd’hui qu’un couple sur six ne parvient pas à avoir d’enfant après un an d’essai (OMS, 2023). Une infertilité en hausse, sans doute due à plusieurs facteurs – recul de l’âge à la maternité, perturbateurs endocriniens, obésité… – mais qui garde aussi sa part de mystère, d’où la tentation, sans doute, de lui attribuer peut-être trop systématiquement des causes psychologiques ».
Marie-Ange Périé, psychologue au centre d’AMP (Aide Médicale à la Procréation) des Hospices Civils de Lyon, remarque ainsi : « Dire aux femmes que l’infertilité, c’est dans leur tête, c’est une grande violence potentielle. Cela peut les faire culpabiliser davantage de ne pas réussir à tomber enceintes. Le psychisme humain est ainsi fait : on a toujours besoin de trouver un sens à ce que l’on vit et on préfère encore se dire que c’est de sa faute plutôt que de ne pas comprendre… ».
Jean-Marc Ayoubi, chef du service de la reproduction à l’hôpital Foch à Suresnes, note qu’« en 25 ans, je n’ai jamais porté de diagnostic d’infertilité psychologique. […] Une infertilité psy n’a pas de substrat scientifique. En revanche, être bien accompagnée ne fera pas de mal et pourra améliorer les résultats. Le rôle du psychologue est d’ailleurs central dans les centres de PMA ».
Nouria Grundler, psychologue au sein du service de biologie et médecine de la reproduction à l’Hôpital Cochin, à Paris, précise pour sa part que « chaque histoire est singulière: il faut rester une personne et refuser de se laisser enfermer dans une catégorie, estime. Tout ce business autour de l’infertilité (coachs et experts en tous genres, traitements miracles…) est aussi très culpabilisant car il cautionne cette idée qu’on n’a pas fait tout ce qu’il fallait faire… Parfois, il faut juste se souvenir de ce qui est important pour soi, se recentrer par exemple sur son couple, continuer à avoir une histoire à deux, que l’enfant paraisse ou non… ».

« Santé mentale : travailler ensemble, serait-ce possible ? »

Date de publication : 17 décembre 2024

Libération

Eric Favereau note dans Libération qu’« en dépit des aléas politiques, la santé mentale devrait bel et bien rester grande cause nationale en 2025. Mais comment y croire, tant les effets d’annonces sur la psychiatrie se sont succédé depuis quelques années sans aucune suite, ni consistance ? Et croire en quoi ? Dans ce monde éclaté de la santé mentale, comment avancer, sans que cela ne tire de tous les côtés ? »,s’interroge le journaliste.
Il indique que « le 3 décembre, à l’initiative du site VIF-fragiles, les différents acteurs sont venus débattre ensemble, ce qui leur arrive rarement. […] Le thème du débat : «Grandes causes, petits effets ?» Ils ont échangé longtemps, n’étaient souvent pas d’accord, mais avec l’envie commune que cela bouge ».
Eric Favereau relève notamment que « ce sont, au préalable, des problèmes démographiques qu’il faut affronter, pour la psychiatre Maeva Musso ».
La présidente de l’Association des jeunes psychiatres et jeunes addictologues a souligné qu’« aujourd’hui, 48% des postes de psychiatres à l’hôpital sont non pourvus, la moyenne d’âge de ceux qui exercent est de 62 ans. Nous sommes à un moment charnière. Lors d’une enquête que nous avons menée auprès d’étudiants en psychiatrie et de psychiatres diplômés, plein de leviers ont émergé : transformer la formation, les pratiques, sortir d’une vision hospitalo-centrée, s’appuyer sur les innovations, par exemple sur la pair-aidance. La grande cause, pour nous, c’est de mettre tous les sujets sur la table… et mettre tout le monde autour de cette table ».
Emmanuelle Rémond, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam), a quant à elle remarqué : « Ce qui caractérise les difficultés du système actuel, c’est le retard de plus en plus accentué pour accéder aux soins. Comme dans un cercle vicieux, en raison de la stigmatisation qui reste attachée aux malades mentaux, ces derniers ne vont pas aux soins ».
La responsable a ajouté : « C’est dramatique. Il n’y a pas de prévention. C’est comme si l’on attendait que la tumeur soit énorme pour s’en soucier. […] Nous sommes le pays où les généralistes adressent le moins à un psychiatre, moins de 5%. Les généralistes vont prescrire, ils ne vont pas apporter d’autres réponses, la maladie va progresser et un jour, ce sera l’explosion ».
De son côté, Bruno Falissard, pédopsychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, a souligné que « contrairement à ce que l’on pourrait penser, le suicide en France a considérablement baissé dans les 30 dernières années. Cette baisse intervient dans toutes les tranches d’âge, avec une seule exception : les jeunes femmes, où l’on voit que le taux de suicide remonte légèrement à partir de 2017 ».
Le chercheur a ajouté : « Il y avait 800 morts par suicide chez les adolescents et jeunes adultes dans les années 80, il y en a 250 maintenant. Par contre, on ne peut nier qu’il y a un volume global de souffrances psychiques exprimées qui est, là, bien supérieur. C’est donc une situation paradoxale, difficile à comprendre. […] La cause est systémique. Il y a un dénigrement du psy, une haine du psy et donc du malade ».
Eric Favereau note que le pédopsychiatre « invite «professionnels, administratifs, politiques, patients» à se «remettre en question» ».
Emmanuelle Rémond a en outre déclaré que « trop de psychiatres décident de tout. Certains font des choses géniales, et d’autres pas. Globalement, les familles ne sont pas écoutées. Nos patients sont dans une grande vulnérabilité. Nous, les aidants familiaux, nous sommes utiles, on doit nous écouter, on sait des choses, on doit pouvoir les dire ».

Revue de presse santé psy – novembre 2024

« Les professionnels de santé souffrent toujours au travail »

Date de publication : 6 novembre 2024

Le Figaro

Alissa de Chassey note en effet dans Le Figaro qu’« avec une situation bien plus tendue que dans les autres professions, et malgré une amélioration depuis la fin de la période du Covid, la souffrance des professionnels de santé, et en particulier leur santé mentale, reste fragile en 2024 ».
La journaliste relaie les résultats du baromètre Odoxa réalisé avec la chaire santé de Science Po pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et Le Figaro : « Si 77% des Français se disent «satisfaits» de leur activité professionnelle, ils ne sont que 64% chez les professionnels de santé ».
Le Pr Martine Bagot, élue au Conseil de l’Ordre des médecins et ancienne chef de service à l’hôpital Saint-Louis (Paris), réagit : « C’est un métier de stress. À l’hôpital, la pression des urgences est permanente. Cela n’aide pas le personnel à se sentir satisfait de son travail, même s’ils l’aiment et l’ont choisi ».
Alissa de Chassey indique toutefois qu’« on note une amélioration depuis le Covid : en 2020, ils n’étaient que 38% à se dire épanouis professionnellement. Parmi les sources de stress, une exposition plus élevée à la violence : 45% des soignants font régulièrement face à l’incivilité, contre 30% des autres professionnels ».
La journaliste ajoute que « la charge de travail est également pointée du doigt, 76% des professionnels de santé estimant avoir un «volume de travail trop important», contre 50% pour les autres professions ».
Alissa de Chassey relève que « les professionnels de santé sont plus souvent malades que le reste de la population : 46% d’entre eux disent l’avoir été au cours des trois derniers mois (hors maladies chroniques), contre 28% pour les autres professions ».
Elle souligne en outre que « 61% des soignants ont des difficultés à dormir au moins une fois par semaine, contre 48% des Français. Et ils ne prennent pas mieux soin de leur santé : chaque semaine, 54% d’entre eux (pour 58% dans l’ensemble des autres professions) boivent de l’alcool, fument du tabac ou du cannabis ou prennent des anxiolytiques ».
Le Pr Bagot remarque ainsi qu’« il n’y a pas plus de sensibilisation dans les hôpitaux que dans les autres structures. Le stress du métier favorise ces conduites à risques, même si les professionnels de santé sont conscients des impacts sur leur propre santé ».
Alissa de Chassey note enfin que « les chiffres sont également préoccupants concernant la santé mentale. Si 41% des Français souffrent de problèmes de santé mentale, c’est le cas de 57% des professionnels de la santé ; 29% d’entre eux estiment que leur santé mentale est «mauvaise» ou «médiocre», soit le double de ce que l’enquête relève pour la population générale ».
Martine Bagot explique qu’« il n’existe pas de service de médecine du travail pour les médecins hospitaliers. Les jeunes médecins rencontrent parfois des conditions sociales difficiles ».

« « Nous n’arrivons plus à suivre » : la pédopsychiatrie s’enfonce dans la crise »

Date de publication : 8 novembre 2024

Le Figaro

Julie Malo observe dans Le Figaro qu’« alors que le premier ministre Michel Barnier a annoncé faire de la santé mentale la «Grande Cause Nationale» 2025, les enfants et adolescents français vont de plus en plus mal, tout comme le système de soin censé les accueillir ».
La journaliste souligne ainsi que « la psychiatrie est en crise, et la pédopsychiatrie tout particulièrement. Parmi les 14 millions d’enfants et d’adolescents vivant en France, 1,6 million souffre de troubles psychiques, et la moitié seulement bénéficie de soins, selon un rapport de la Cour des comptes paru en mars 2023. La demande ne cesse d’augmenter depuis des années, et le Covid a fait exploser les demandes ».
Le Dr Noël Pommepuy, pédopsychiatre et chef de service à l’établissement public de santé de Ville Evrard (Seine-Saint-Denis), observe : « Entre 2019 et 2021, sur mon unité dédiée aux troubles du comportement alimentaire, on a eu 100% de demande en plus. En France, les services de pédopsychiatrie ont constaté en moyenne entre 35 et 50% d’augmentation ».
Julie Malo note que « ces nouveaux patients présentent surtout de l’anxiété, des phobies, des troubles du comportement alimentaire ou encore de la dépression ».
Le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre et président de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, relève quant à lui que « le suicide diminuait fortement en France, et chez toutes les classes d’âges, depuis 1980. En 2017, il est reparti à la hausse chez les jeunes, en particulier les jeunes femmes là où, aujourd’hui encore, il continue de diminuer pour les autres tranches d’âges ».
De son côté, la Dr Juliette Rastoin, pédopsychiatre et cheffe de pôle à l’Établissement public de santé mentale (EPSM) Sud Bretagne (Morbihan), évoque « une forte augmentation post-Covid des demandes pour les 2-4 ans : c’est une unité sur laquelle il n’y avait jamais eu de liste d’attente, et où nous avons été obligés d’en mettre une en place ».
Julie Malo explique : « Expérimentations moindres de la socialisation, rentrées scolaires anxiogènes, masques chez les parents et les instituteurs et mesures d’éloignement social sont autant de pistes pour tenter d’expliquer les angoisses de séparation et agitations que l’on voit de plus en plus chez les tout-petits ».
La journaliste souligne que « les pédopsychiatres sont, eux, de moins en moins nombreux. La Cour des Comptes estime que leur nombre a diminué de 34% entre 2010 et 2022, passant de 3113 en 2010 à 2039 en 2022. Le Conseil de l’Ordre des Médecins, lui, n’en recense que quelques centaines ».
Le Pr Falissard remarque : « Nous sommes sûrement plus que 600, mais moins que 2000, nous devons probablement être 1000 environ sur le territoire ».
Julie Malo ajoute que « ce chiffre devrait baisser encore, la moyenne d’âge des pédopsychiatres étant largement au-dessus de la barre des 60 ans ».
La journaliste évoque « le manque d’attractivité d’une spécialité difficile et pourtant parmi les moins rémunérées, surtout en libéral. La pédopsychiatrie est également peu représentée chez les professeurs des universités-praticiens hospitaliers et mal mise en valeur pendant le cycle d’études de médecine ».
« Le nombre de places dans les services de psychiatrie ne cesse de diminuer. La Cour des comptes souligne que 58% des lits ont été supprimés entre 1986 et 2013, passant de 5380 à 2239. En 2021, huit départements ne disposaient toujours d’aucun lit dédié à la prise en charge de jeunes patients psychiatriques », 
continue Julie Malo.
Elle explique notamment que « les professionnels de santé mentale se réorganisent. Certains services de pédopsychiatrie se reposent ainsi sur les infirmiers en pratique avancée. Dotés de compétences élargies, ils peuvent suivre certains patients en coordination avec les psychiatres […] ».

« Attention, mémoire, concentration… Et si des médicaments amélioraient les symptômes cognitifs de la dépression ? »

Date de publication : 12 novembre 2024

Le Figaro

Bénédicte Lutaud rappelle dans Le Figaro qu’« en France, on estime qu’une personne sur cinq connaîtra un épisode dépressif dans sa vie. Si la dépression entraîne des troubles de l’humeur, elle est aussi souvent associée à des troubles cognitifs altérant la mémoire, l’attention, la concentration ou encore la prise de décision ».
La journaliste annonce que « des chercheurs du centre de neurosciences de l’hôpital universitaire de Copenhague viennent de découvrir comment certains antidépresseurs pourraient améliorer non seulement le moral des patients, mais aussi certaines de leurs fonctions cognitives », selon un travail paru dans la revue Biological Psychatry.
Bénédicte Lutaud retient qu’« ils y montrent comment les «inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine» (ou ISRS), les antidépresseurs les plus prescrits actuellement, améliorent la mémoire verbale, telle que le souvenir d’une conversation, en jouant sur une voie métabolique particulière ».
La journaliste précise que « l’équipe de Vibeke Naja Høyrup a scanné les cerveaux de 90 patients souffrant de dépression, afin de mesurer le niveau d’activation des récepteurs 5-HT4. Dans le même temps, ces patients étaient soumis à une série de tests d’humeur et de capacités cognitives. Ils ont ensuite reçu des doses quotidiennes d’escitalopram (un ISRS) pendant 8 semaines. Puis, 40 patients ont de nouveau passé un scanner ».
« Les chercheurs ont alors constaté une amélioration de leur bien-être, mais aussi découvert, dans un second temps, de meilleures performances cognitives, notamment pour leur mémoire verbale »,
 relève Bénédicte Lutaud.
Vibeke N. Høyrup Dam, principale autrice, indique que « les molécules de sérotonine activent le récepteur 5-HT4 et nous pensons qu’elles améliorent ainsi la fonction de mémoire ».
La journaliste observe que « cibler directement ce récepteur serait donc une piste intéressante pour «optimiser les résultats des antidépresseurs», conclut la chercheuse. Mais comment ? En effet, la sérotonine agit sur de nombreux autres récepteurs ».
Vibeke N. Høyrup Dam remarque qu’« il existe des médicaments qui ciblent seulement le 5-HT4. C’est le cas du prucalopride, utilisé pour traiter les troubles gastro-intestinaux, testé et prouvé sûr chez l’homme. Nous pouvons donc réutiliser ce médicament pour voir comment il agit sur les symptômes de la mémoire et de l’humeur chez les patients atteints de dépression, ce qui est très enthousiasmant ».
Bénédicte Lutaud note qu’« en France, l’équipe du Pr Denis David, professeur de pharmacologie et codirecteur de l’équipe Mood (UMR 1018, CESP-Inserm), à l’Université Paris-Saclay, s’intéresse au récepteur 5-HT4 depuis une dizaine d’années ».
Le professeur observe que l’étude danoise « montre que le 5-HT4 est une cible d’intérêt pour une prise en charge de patients qui auraient des épisodes dépressifs avec des troubles cognitifs. Mais quid des effets du prucalopride seul, ou en association avec d’autres médicaments ? Cela demande des essais cliniques ».
Il ajoute : « On ne sait pas si cibler ce récepteur sera l’antidépresseur de demain. Mais pour certains types de dépression, associer un agoniste du 5-HT4 avec un ISRS permettrait moins de rechutes de dépression ».

« Carnet de santé : le nouveau modèle informera sur les risques d’un usage excessif des écrans »

Date de publication : 14 novembre 2024

La Croix

C’est ce que titre La Croix, qui note que « la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a annoncé […] qu’il y aura des pages de conseils sur l’utilisation des écrans au sein de la famille dans le nouveau carnet de santé ».
Esther Serrajordia remarque ainsi : « Conséquences des écrans sur le sommeil, temps d’exposition recommandé, effets sur le neurodéveloppement… Ces conseils et informations à destination des parents seront inscrits dans le nouveau carnet de santé ».
La journaliste explique que « distribué à partir du 1er janvier 2025, il informera sur les risques que peut représenter l’usage des smartphones, télévisions et autres tablettes ».
Geneviève Darrieussecq a fait savoir : « C’est important d’expliquer aux parents, qui sont en première ligne, quelle est la nocivité du temps trop long devant les écrans ». Esther Serrajordia note ainsi qu’« un temps trop long passé devant les écrans «désocialise les enfants» en les «enfermant dans leurs bulles», au risque de générer «troubles psychiques et mal-être» ».
La journaliste ajoute que la ministre « a également indiqué qu’elle souhaitait que la question du temps passé devant les écrans «fasse partie» des thèmes abordés dans les rendez-vous de prévention sur la santé pour les enfants et les adolescents ».
Fabienne Kochert, pédiatre libérale à Orléans, réagit : « C’est très bien qu’il y ait cette documentation pour les parents, même si idéalement on espère qu’ils aient obtenu toutes ces informations avant la naissance du bébé. Il faut ensuite que tout cela fasse l’objet d’une discussion avec le professionnel de santé ».

« Angela Me (ONUDC) : « La menace des drogues de synthèse doit déjà être prise en considération » »

Date de publication : 18 novembre 2024

Le Monde

« Au-delà du fentanyl, les nitazènes, opioïdes de synthèse encore plus puissants, se diffusent en Europe. Les drogues de synthèse, moins chères et plus faciles à transporter, remplaceront peu à peu les produits issus de plantes », prévient Angela Me, cheffe du service de la recherche et de l’analyse des tendances au sein de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime dans un entretien au « Monde ».
« En 2022, près de 300 millions de personnes ont consommé des drogues, selon le dernier rapport annuel de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), soit 20% de plus qu’il y a dix ans », poursuit le journal.
« Au cours des dix dernières années, la plupart des drogues ont connu une augmentation de leur consommation à l’échelle de la planète. La cocaïne, notamment, dont la hausse de l’usage est parti­culièrement marquée en Europe, mais pas seulement. Le cannabis aussi connaît une augmentation de sa consommation sur la dernière décennie », détaille la spécialiste.
« Et surtout, nous avons également observé cette année l’augmentation de l’usage de stimulants, en particulier de la méthamphétamine, alors que pour les downers (drogues aux effets sédatifs), le marché est plutôt stable. En Europe, par exemple, mais aussi en Asie du Sud-Est, toute une génération de consommateurs d’héroïne continue de vieillir », continue-t-elle.
« Néanmoins, il n’y a pas vraiment de travaux de recherche qui permettent d’établir une relation de cause à effet entraînant la consommation de drogue. Nous avons identifié bien sûr certains facteurs récurrents, parmi lesquels la santé mentale. L’augmentation des troubles liés à la santé mentale, d’ailleurs particulièrement importante durant le Covid, a des liens avec la consommation et la dépendance aux drogues », développe Angela Me.
« Un autre facteur est la disponibilité des substances. Cette offre est toujours liée à la demande, et l’une appelle l’autre, comme un cercle vicieux », ajoute-t-elle.
« L’essor de la consommation de nouvelles drogues de synthèse – en particulier les opioïdes – constitue-t-il, selon vous, le début d’une nouvelle ère du trafic de drogue ? », demande Le Monde.
« En effet, les opioïdes de synthèse sont moins chers et plus faciles à transporter que les drogues traditionnelles. En conséquence, ils sont pour les trafiquants beaucoup plus rentables et pratiques à importer. Il s’agit donc clairement d’une menace », confirme l’experte.
« Au-delà du fentanyl, qui fait des ravages en Amérique du Nord, nous commençons à voir des signaux préoccupants, en Europe notamment, sur les nitazènes, qui sont encore plus puissants », met-elle en garde. « Nous ne cessons de le répéter : les drogues de synthèse remplaceront peu à peu les drogues issues de plantes », insiste-elle.
« La menace de ces drogues de synthèse, particulièrement puissantes, doit déjà être prise en considération, même s’il ne faut pas oublier que l’Europe est toujours dominée par les marchés à base de plantes », assure-t-elle.

« Dépression, harcèlement, surcharge de travail… L’état de santé mentale des étudiants en médecine toujours très préoccupant »

Date de publication : 22 novembre 2024

Le Figaro

Sidonie Rahola-Boyer indique dans Le Figaro qu’« un rapport publié par des syndicats étudiants montre que de nombreux futurs médecins vont mal. Plusieurs professionnels et futurs professionnels de santé ont accepté de témoigner ».
La journaliste explique ainsi : « Alors qu’il s’agit d’une voie souvent poursuivie par passion, [les étudiants en médecine] sont nombreux à déclarer aller mal. En effet, un étudiant en médecine sur dix pense quotidiennement à arrêter ses études, et un sur cinq a des idées suicidaires ».
Sidonie Rahola-Boyer souligne que « les résultats de cette étude, réalisée auprès de 8307 étudiants des trois cycles (pré-clinique, externat et internat), alertent sur la souffrance liée aux conditions de travail des futurs médecins. Les répondants sont à 71% des femmes, soit une proportion similaire à ce qu’elles représentent parmi la population étudiante ».
La journaliste relève notamment que « 52% des étudiants font état de symptômes anxieux et 27% d’épisodes dépressifs caractérisés. 66% des internes et externes sont en burn-out, et 21% des étudiants ont rapporté avoir eu des idées suicidaires pendant l’année ».
« Un étudiant sur quatre a des symptômes de troubles du comportement alimentaire et 16% des étudiants rapportent une consommation excessive et à risque d’alcool. Autre fait grave : 92 étudiants ont signalé des viols ou tentatives de viols, et 423 autres des agressions sexuelles »,
 poursuit-elle.
Sidonie Rahola-Boyer note que « sept étudiants sur dix ont déjà pensé à arrêter leurs études de médecine au cours des douze derniers mois. Un sur dix y pense même tous les jours ».
La journaliste observe que « cette souffrance qui touche de nombreux étudiants découle d’une multitude de facteurs ». Lucas Poittevin, président de l’ANEMF (association nationale des étudiants de médecine de France), déclare que « le processus de formation est très compliqué. Il y a de nombreuses connaissances à assimiler, des concours assez stressants aussi bien en première qu’en sixième année ».
Sidonie Rahola-Boyer explique qu’« une fois ses six premières années de cours et de stages terminées, les étudiants deviennent internes. Là, le rythme devient souvent insoutenable et dépasse le cadre imposé par la loi ».
« Nombreux rappellent aussi que les étudiants en médecine sont très tôt confrontés aux situations les plus dures »
, continue la journaliste. La Dr Corinne Blanchet, endocrinologue et nutritionniste, observe : « On considère qu’à 20 ans on est capable d’affronter la mort, la maladie, d’avoir une attitude adaptée face aux patients et aux familles, tout en faisant face au stress des études qui sont très prenantes ».
Sidonie Rahola-Boyer ajoute que « certains sont victimes de violences au sein de leur service. En effet, 14% des étudiants sondés ont subi des humiliations répétées au cours de leurs études. Elles se traduisent par «des moqueries, l’usage de surnoms méprisants et le fait d’être rabaissé et humilié» ».
La journaliste note que « l’étude révèle également que 63% des viols, tentatives de viols, attouchements ou agressions sexuelles dénoncés (525 cas au total) ont eu lieu à l’hôpital. De plus, les auteurs de ces violences étaient une fois sur deux un médecin thésé ».
Elle relève que « malgré les multiples conséquences pathologiques déjà citées (TCA, alcool à outrance, symptômes anxieux, épisodes dépressifs caractérisés, burn-out, idées suicidaires), nombreux ne parviennent pas à s’arrêter. […] Il arrive que cette souffrance pousse certains étudiants à mettre en pause leur cursus, le temps de se soigner. Et dans ce cas, la stigmatisation est forte ».
Le Dr Ariel Frajerman, psychiatre et chercheur associé à l’INSERM, remarque néanmoins : « Le changement va venir des associations étudiantes, la mentalité des jeunes change. Ils n’acceptent plus ce que les générations antérieures ont accepté ».

« Violences faites aux femmes : peut-on soigner les hommes violents ? »

Date de publication : 25 novembre 2024

La Croix

Paula Pinto Gomes note dans La Croix qu’« une femme est tuée par son compagnon ou son ex-compagnon tous les 3 jours, rappelle France Victimes, en ce lundi 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ».
La journaliste observe que « malgré les avancées impulsées par le mouvement #MeToo, les violences faites aux femmes restent un fléau. Certains hommes violents sont condamnés, mais peut-on vraiment les soigner et prévenir la récidive ? ».
Paula Pinto Gomes explique que « c’était l’objectif de la loi du 17 juin 1998, dite loi Guigou, qui prévoyait une injonction de soins pour les auteurs d’infractions sexuelles, laquelle s’est ensuite généralisée à toutes les formes de violences. Ces soins peuvent se faire dans des consultations spécialisées sous forme de thérapies de groupe, individuelles ou de traitements médicamenteux ».
Gabrielle Arena, psychiatre, précise : « Il n’existe pas de profil type. Ils sont collègues de travail, pères de famille. Cette banalité reflète leur nature humaine et met en lumière la nécessité de comprendre leur parcours sans excuser leurs actes ».
Paula Pinto Gomes poursuit : « Le point commun entre ces hommes, ce sont souvent des parcours de vie chaotiques ». Gabrielle Arena relève que « chez les auteurs de violences sexuelles, on retrouve fréquemment des traumatismes précoces ou des carences dans la construction de leur identité, souvent liées à des relations parentales défaillantes, poursuit la psychiatre. La violence peut être une stratégie inconsciente pour surmonter des angoisses d’anéantissement ou compenser de graves failles narcissiques ».
La journaliste ajoute que « les hommes violents manquent souvent aussi d’empathie ». Caroline Legendre, psychologue clinicienne, indique qu’« ils sont incapables de se mettre à la place de l’autre, et ce phénomène est amplifié par des mécanismes de défense psychique comme le déni et le clivage. Le clivage est un processus complexe qui permet à l’agresseur de se déconnecter de ses actes criminels, dont il a conscience sur le moment, et de revenir ensuite à une vie normale ».
Paula Pinto Gomes s’interroge : « Ces agresseurs peuvent-ils vraiment être soignés ? ».
Gaëlle Saint-Jalmes, psychologue clinicienne à la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis), répond : « En tant que professionnels, nous faisons le pari que tous sont susceptibles d’évoluer. Mais plus les traumatismes sont anciens et plus ce sera compliqué, d’où la nécessité de les prendre en charge le plus tôt possible. Par ailleurs, tous les patients ne sont pas accessibles au travail thérapeutique, notamment en thérapie individuelle ».
Alain Legrand, président de la Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales (Fnacav), remarque pour sa part que « si les thérapies sont bien menées et sur le long terme – de 2 à 20 ans –, elles peuvent apporter des résultats durables pour ceux qui s’engagent sincèrement dans le processus. J’ai par exemple suivi un patient condamné pour violences graves, pendant 8 ans, qui a complètement changé de vie au terme de ce travail ».

« Internes en médecine : la dépression des dépréciés »

Date de publication : 27 novembre 2024

Libération

Dans Libération, Christian Lehmann, médecin et écrivain, remarque que « même si les chiffres sont probablement minorés à la demande des familles, on relève en moyenne deux suicides d’internes par mois, depuis des années. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg ».
Le médecin rappelle qu’« en 2021, une première étude sur la santé mentale des étudiants en médecine (de la deuxième année jusqu’à la fin de l’internat) avait livré un sombre état des lieux. […] Trois ans plus tard, les organisations représentatives se sont regroupées à nouveau pour relancer une seconde enquête, dont les résultats confirment que, comme pour la «dette immunitaire», le Covid a bon dos ».
Christian Lehmann retient que « les résultats de l’étude sont superposables, et particulièrement inquiétants : un étudiant sur deux souffre de troubles anxieux, un quart d’entre eux a fait un épisode dépressif caractérisé, deux tiers d’entre eux sont en burn-out, et un cinquième a été traversé par des idées suicidaires pendant l’année. Au-delà des conséquences individuelles, cela a amené 7 étudiants sur 10 à envisager d’arrêter leurs études, au moins une fois par mois et quotidiennement pour certains ».
Le médecin constate : « Parmi les causes de ce malaise dans la médecine : les humiliations, les violences sexistes et sexuelles, le fait d’être rabaissé dans le cadre des études. Sur X, une cheffe de chirurgie digestive ayant été amenée à prendre une garde d’interne pour remplir le planning en faisait récemment le constat ».
Cette dernière remarque : « J’ai le bip de l’interne ce soir. Après un an de gardes de chef c’est une expérience sociale… Vraiment, il faut vous calmer quand vous parlez aux internes. La différence de ton quand j’annonce que je suis chef et pas interne est flagrante ».
Christian Lehmann note que selon la praticienne, « les internes sont considérés comme taillables et corvéables à merci et les chefs sont beaucoup moins souvent réveillés que les internes pour des situations ne nécessitant pas réellement leur présence ».
Le médecin observe que « ce n’est pas nouveau, mais rien n’a changé, du fait en grande partie de l’immobilisme des structures, qui au-delà des belles paroles se satisfont toujours d’imposer aux étudiants en médecine un temps de travail pouvant atteindre 80 heures par semaine, plutôt que de recruter du personnel hospitalier qualifié en nombre suffisant pour limiter le glissement de tâches, partiellement responsable de la surcharge de travail et du manque de formation auxquels font face les étudiants ».
« L’hôpital les considère encore trop souvent comme des apprentis sans autonomie, tout en faisant tourner les services grâce à leur présence, au point d’imposer aux internes en médecine générale une quatrième année d’internat censée les amener au plus près du terrain… mais confinant plus de la moitié d’entre eux dans des services hospitaliers dans certaines académies, du fait du manque de terrains de stage en ville », 
continue Christian Lehmann.

« Quand la cocaïne ou le cannabis peuvent rendre un infarctus fatal »

Date de publication : 28 novembre 2024

Le Parisien

Véronique Hunsinger observe dans Le Parisien : « Cannabis, cocaïne, MDMA ou opioïdes : que ces drogues illégales soient mauvaises pour le cœur n’est pas franchement une surprise. En revanche, les médecins ne savaient pas, jusqu’à présent, à quel point leur prise dans les jours précédant un accident cardio-vasculaire aggrave très considérablement le pronostic ».
La journaliste explique que « c’est une des découvertes mise au jour l’année dernière par une grande enquête réalisée pendant une semaine au mois d’avril 2021 dans 39 unités de soins intensifs cardiologiques (Usic), dans toute la France », financée par la Fondation Cœur et Recherche.
Véronique Hunsinger relève ainsi qu’« un dosage urinaire avait été pratiqué (avec leur accord) sur les 1499 patients hospitalisés pour rechercher la présence de 5 types de stupéfiants (cannabis, cocaïne/crack, héroïne/morphine/opiacés, amphétamines et ecstasy) ainsi que de 5 familles de médicaments, essentiellement des psychotropes ».
« Un examen complété par la mesure du monoxyde de carbone (CO) expiré et un interrogatoire sur la consommation de tabac »,
 poursuit la journaliste.
Le Dr Théo Pezel, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (Paris) qui a mené ce travail, précise : « Notre idée était de chercher à savoir si les chances d’une personne hospitalisée, pour infarctus du myocarde par exemple, étaient moins bonnes si elle avait pris une drogue peu de temps auparavant ».
Véronique Hunsinger évoque ce « premier enseignement étonnant : plus de 10% des patients, âgés en moyenne de 63 ans dont 70% d’hommes, avaient consommé des drogues illicites dans les 2 à 6 jours précédents, essentiellement du cannabis. Or à peine une grosse moitié l’avait «avoué» à son arrivée à l’hôpital ».
La journaliste observe que « les chercheurs ont ainsi pu calculer que la survenue d’un «événement grave» lors de l’hospitalisation est multipliée par 3,5 après la prise de cannabis et par 5,1 après celle de cocaïne ».
Le Dr Pezel indique que « quel que soit l’âge, ce sont des consommateurs qui n’ont aucune idée que le joint qu’ils ont fumé quelques jours avant leur hospitalisation aggrave leur risque de mortalité. Ce sont généralement des personnes bien insérées dans la société qui vont consommer de la cocaïne pour tenir leur journée de travail puis du cannabis ou un benzodiazépine le soir pour atterrir ».
Véronique Hunsinger ajoute qu’« une autre étude à partir des mêmes données a également permis de montrer qu’il n’y a pas que les drogues illégales qui aggravent le pronostic du patient passé par une unité de cardiologie. Un an après l’hospitalisation, le risque de décès est significativement plus important chez les fumeurs de cigarettes ».

Revue de presse santé psy – octobre 2024

« « On se sent comme un animal » : pourquoi la France peine à freiner la contention en psychiatrie »

Date de publication : 1er octobre 2024

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui constate qu’« attacher un patient contre sa volonté reste une pratique toujours utilisée dans les services psychiatriques. La mesure, pourtant plus encadrée, ne cesse d’interroger les médecins qui y voient, pour certains, la preuve d’un «défaut de soin systémique» ».
Marie Campistron livre ainsi le témoignage de Lidia, dont « le trouble psychique s’est réveillé à l’automne dernier. Pendant des semaines, elle passe ses nuits à regarder le plafond, sans parvenir à fermer l’œil. Le jour, des hallucinations refont surface. En un mot, elle décompense ».
« La voyant fragile, son neveu l’emmène un jour aux urgences. Mais une fois sur place, l’agitation la gagne : Lidia comprend qu’elle va être hospitalisée. Pour la maîtriser, les soignants qui perdent patience, la placent en chambre d’isolement et sortent des sangles »,
 explique la journaliste.
Lidia remarque : « Je l’ai vécu comme une injustice. On se sent comme un animal. Devant eux, vous n’êtes plus qu’un corps. Se faire attacher aggrave encore plus le regard qu’on porte sur soi. Je me suis dit : Qu’est-ce que j’ai pu faire pour mériter ça ? ».
Marie Campistron observe qu’« à l’heure où le Premier ministre souhaite faire de la santé mentale, la grande cause nationale de 2025, la banalisation de la contention en psychiatrie, pointée par de nombreux spécialistes, pourrait revenir à la table des discussions ».
Elle relève notamment qu’« en 2022, 76.000 personnes ont été hospitalisées sans leur consentement en psychiatrie. Parmi elles, 28.000 ont été placées à l’isolement et 8000 ont été attachées, d’après les dernières données de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes). Des chiffres qui peinent à baisser ».
Le Dr Frédéric Médouze, psychiatre à l’hôpital Saint-Maurice (Val-de-Marne), remarque que « chaque praticien vous le dira, on doit tous progresser là-dessus. Ne plus avoir recours à la contention est un objectif que tous les soignants ont envie de soutenir ».
Marie Campistron explique que « la plupart du temps, certains réflexes parviennent à canaliser l’angoisse : proposer un traitement, une longue balade dans le parc qui entoure l’hôpital ou un simple geste d’apaisement. Et d’autres fois, «cela ne suffit pas», glisse le psychiatre ».
Le Dr Mathieu Bellahsen, psychiatre et ancien chef de service à l’hôpital d’Asnières-sur-Seine, déclare quant à lui que « la contention n’est pas un soin, mais bien une mesure de contrôle, une pratique d’entrave. Dire qu’il s’agit d’un moyen thérapeutique est une façon de se déresponsabiliser, de ne pas remettre en question ces pratiques qui nous foutent la honte ».
La journaliste rappelle que « depuis 2022, attacher un malade ou le placer à l’isolement ne peut plus se faire sans encadrement. Un juge des libertés et de la détention (JLD) doit désormais statuer, au-delà de 48 heures pour la contention et 72 heures pour l’isolement ».
« Malgré une législation plus stricte, tous les hôpitaux n’ont pas rangé leurs sangles. Des disparités très « marquées » s’observent même entre les établissements, pointe l’Irdes. Un constat qui interroge forcément »,
 continue Marie Campistron.
Elle note que « le manque de personnel reste évidemment un frein. […] La disparition, en 1992, du diplôme d’infirmier psychiatrique continue de pénaliser le secteur ».
Le Dr Bellahsen ajoute que « l’emploi de la contention révèle un défaut de soin systémique. Cela nous pousse à nous interroger : à quel moment on a collectivement échoué dans la prise en charge d’un patient pour en arriver là ? C’est toute la structure d’accueil et de soins qui mérite d’être repensée ».

« Michel Barnier annonce la santé mentale, « grande cause nationale » 2025 : « La communication ne suffira pas » »

Date de publication : 2 octobre 2024

Le Parisien
Le Monde

Nicolas Berrod note en effet dans Le Parisien que « dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a dit […] vouloir s’occuper de la santé mentale qui est «l’affaire de tous : État, collectivités, entreprises, associations». Deux psychiatres s’en réjouissent mais appellent à davantage de mesures ».
Le journaliste explique notamment : « C’est quoi, la « grande cause nationale » ? Il s’agit d’un label officiel attribué chaque année, depuis 1977, à un thème choisi par le gouvernement. Celui-ci permet à des organismes et des associations concernés par le sujet en question de diffuser, gratuitement, des campagnes de communication « d’intérêt général » dans les médias audiovisuels publics ».
Nicolas Berrod poursuit : « Est-ce que ça peut (vraiment) être utile ? ». Hugo Baup, du centre hospitalier de Périgueux, déclare que « quand on est psychiatre et que le Premier ministre fait cette annonce, spontanément, on est forcément ravis ».
Le journaliste note que « le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), se réjouit pour sa part qu’un « tabou » soit levé en octroyant – pour la première fois – ce label de « grande cause nationale » à la santé mentale ».
« Mais sur le fond, les médecins spécialisés demandent à voir. Et ils restent inquiets », 
observe Nicolas Berrod.
Hugo Baup souligne ainsi : « J’attends d’avoir des précisions sur la baisse des dépenses publiques, car si c’est pour diminuer les dépenses en psychiatrie… Cela ne sert à rien de faire des spots à la télévision si des gens se rendent ensuite aux urgences mais qu’on ne peut pas les recevoir ».
Antoine Pelissolo ajoute que « la communication ne suffira pas, il faut espérer des mesures fortes d’accompagnement pour la psychiatrie ». Nicolas Berrod relève que le « praticien plaide notamment pour former davantage de personnel pour les consultations psychiatriques et pour faire germer davantage de «centres d’accueil» spécialisés ».
Le Monde titre pour sa part : « La santé mentale érigée en « grande cause », alors que le système de soins est débordé ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni remarquent ainsi que « cette labellisation, qui permet de mettre un coup de projecteur sur une problématique, est réclamée depuis des mois par un collectif très large d’acteurs de la santé mentale, de la psychiatrie et du secteur médico-social. Les psychiatres, eux, sont plus circonspects ».
Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la santé mentale, déclare que « les campagnes de sensibilisation de cette envergure, comme il a pu y en avoir dans les pays anglo-saxons, ont un impact réel. Elles permettent des avancées sur l’accès aux droits, la déstigmatisation, ou dans la lutte contre les discriminations, et peuvent être le début d’un vrai changement dans la société ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni notent que « dans les rangs des psychiatres et de leurs représentants, le nouvel engagement de Matignon est accueilli avec plus de circonspection. Eux ne cachent pas être un peu « échaudés » par la communication politique récurrente, alors que la crise de la psychiatrie ne cesse de s’aggraver ».
Marie-José Cortes, présidente du Syndicat des psychiatres des hôpitaux, réagit ainsi : « En général, à grande cause nationale, grand oubli préalable. Ce qui nous importe, c’est que la psychiatrie ne soit pas oubliée, dissoute, dans cette expression de santé mentale. Renforcer les moyens humains de la psychiatrie de secteur, renforcer le dépistage, renforcer la prise en charge des situations d’urgence et de crise, en évitant à tout prix les ruptures de parcours de soins : voilà les objectifs que le gouvernement doit prendre à bras-le-corps ».
Jean-Pierre Salvarelli, vice-président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement public de santé mentale, rappelle que « nous en sommes à 48% de postes de praticiens [titulaires] vacants à l’hôpital. Les demandes de prise en charge explosent, et les soignants n’en peuvent plus ».
Le psychiatre souligne qu’« il y a 25 ans, la psychiatrie publique, c’était 1,1 million de personnes suivies ; on est passé à 2,5 millions aujourd’hui [en majorité en ambulatoire], mais on a fermé 88.000 lits sur la période. Comment pourrait-on tenir ? ».

« Santé mentale : un nouvel outil au service de la prévention, qui fait discuter maires, soignants, bailleurs et policiers »

Date de publication : 10 octobre 2024

Le Parisien
La Croix
Libération

A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce jeudi 10 octobre, Agnès Vives indique en effet dans Le Parisien : « CLSM : le sigle n’est pas encore connu du grand public. Mais, aujourd’hui, c’est une des armes dont se dotent les collectivités ».
La journaliste explique que « derrière ces 4 lettres se cache le conseil local de santé mentale. Calqué sur son grand frère, le CLS, conseil local de santé, ou de son cousin le CLSPD, en matière de prévention de la délinquance, cet outil met en relation tous les acteurs (ville, soignants, bailleurs, justice, etc.) pour favoriser l’insertion des personnes ayant des troubles psychiques ».
Agnès Vives relève qu’« en Île-de-France, en 2022, selon l’agence régionale de santé (ARS), 51 communes en étaient dotées, sur les 141 qui comptent un quartier prioritaire de la politique de la ville. En effet, ces quartiers cumulant les difficultés, l’État donne un coup de pouce ».
La journaliste se penche sur Créteil, dans le Val-de-Marne, qui « fait partie des villes pionnières en la matière ».
Martine Garrigou-Gaucherand (PCF), adjointe chargée des questions de santé et ex-psychiatre, déclare ainsi que « dès 2015, nous avons identifié dans le cadre d’un diagnostic l’urgence des besoins en santé mentale avec des personnes qui n’étaient plus prises en charge, faute de médecins psychiatres, et alors que des lits fermaient ».
Agnès Vives note qu’« un an plus tard, le CLSM a été créé, coordonné par une psychologue, dont le poste est cofinancé à 50% par l’ARS. Réunions, formations en gestes de premier secours en santé mentale, cafés psycho, promotion de la santé mentale, les actions développées y sont variées ».
La journaliste ajoute que « le cœur du dispositif repose sur la cellule des cas complexes. En 2023, 57 situations ont été signalées, dont 54 pour des personnes isolées, avec un âge moyen de 58 ans. Sur les 6 derniers mois, le CLSM a été saisi de 22 cas. Avec, et c’est nouveau, de plus en plus de jeunes adultes ».
« Des remontées qui proviennent principalement du CCAS (centre communal d’action sociale), ou des bailleurs, mais la police, des habitants, et des familles de malades peuvent aussi toquer à la porte. […] SDF qui développent des troubles, personnes âgées isolées, malades de Diogène, voisins souffrant d’addiction avec des troubles neurologiques, les profils sont multiples », 
poursuit-elle.
Agnès Vives souligne que « le CLSM a donc fait ses preuves. L’ARS ambitionne d’ailleurs d’atteindre les 70 communes en 2028. Mais même sans quartiers difficiles, d’autres communes y voient un intérêt ».
Igor Semo (LR), maire de Saint-Maurice (Val-de-Marne), remarque que « le sujet de santé mentale peut surgir dans tous les milieux. On se doit aujourd’hui de mettre cette problématique à l’agenda. Être en réseau permet de trouver des solutions. Cela permet aussi aux aidants de se sentir moins isolés ».

La Croix titre pour sa part : « Santé mentale : comment aider un jeune qui va mal ? ». Jeanne Ferney note que « depuis la crise du Covid, les alertes sur la dégradation de la santé mentale des adolescents et jeunes adultes se multiplient. Si le recours à un spécialiste peut s’avérer nécessaire dans certains cas, les pistes qu’évoquent les psychiatres interrogés par La Croix sont à la portée de tous ».
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du centre hospitalier Laborit, à Poitiers, remarque ainsi : « L’erreur qu’on a faite, c’est d’avoir trop invoqué le Covid, or la crise sanitaire est derrière nous et les chiffres ne redescendent pas ».
David Gourion, psychiatre à Paris, note que « certains marqueurs importants ne peuvent pas être ignorés, notamment l’augmentation des tentatives de suicide. Mais de même qu’on voit des parents banaliser des états de grande souffrance psychique chez leur enfant, certains ont tendance à dramatiser ce qui relève du coup de blues. Demandez à un ado comment il va, il vous répondra souvent qu’il va mal. L’adolescence est par définition une période où l’on peut avoir un côté torturé, et chercher à le revendiquer ».
Le Dr Stéphane Clerget, pédopsychiatre, observe : « Pour ma part, je n’y vois pas une aggravation du mal-être mais le signe d’un intérêt croissant pour la psychologie et la psychiatrie. Aujourd’hui, les jeunes savent qu’une écoute est possible et il la demande plus souvent ».
Jeanne Ferney observe : « Reste à savoir vers qui se tourner, à l’heure où les centres médico-psychologiques, clé de voûte de la psychiatrie ambulatoire des mineurs, sont pour la plupart saturés. «Les difficultés du secteur sont criantes, mais la densité de psychiatres et de pédo-psychiatres en France est l’une des plus élevées d’Europe», rappelle le Dr Gourion, pour qui le véritable enjeu se situe en amont de la prise en charge médicale ».
Le psychiatre indique : « Quand on parle de la santé mentale des jeunes, on oublie souvent de parler de prévention, or il n’y a pas besoin d’être psy pour en faire. Les parents, les grands-parents, les oncles et tantes, les enseignants : ce sont les personnes de l’entourage qui sont les mieux placées ».
La journaliste continue : « Réhabiliter la parole et l’échange, voilà ce que prescrivent en priorité ces psychiatres qui se veulent «résolument optimistes». Et paradoxalement, les réseaux sociaux du type TikTok sont parfois leurs meilleurs alliés ».
Le Pr Gicquel indique ainsi qu’« il y a tout un mouvement partiel mais réel de déstigmatisation des problèmes de santé psychiques sur ces réseaux ».

De son côté, Libération publie son « Libé des historiens », expliquant qu’« à l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité ».
Le journal livre notamment un article de Raphaël Gallien, enseignant en histoire à Sciences-Po, doctorant à Paris-Cité, intitulé : « La «santé mentale», une notion à panser collectivement ».
L’historien remarque entre autres : « Outre la déshérence que connaît la psychiatrie, les tentatives de réduire les itinéraires de soin à un parcours normé et essentialisant témoignent d’une profonde méconnaissance de ce que ces souffrances impliquent ».
« Le symptôme psychique n’est pas un simple désordre à corriger ni la marque d’un mal à éradiquer. Il suppose au contraire de penser collectivement ce qu’il induit et dit de l’état d’une société, bien loin d’une «santé mentale» faussement universalisante et d’un état de «bien-être» retrouvé à partir de recettes génériques plus ou moins stéréotypées. […] Plutôt qu’une «santé mentale», c’est donc une «santé sociale» qu’il faudrait ambitionner »,
 souligne Raphaël Gallien.

« Les maires en première ligne face aux troubles psychiques : « On fait appel à eux car les moyens manquent » »

Date de publication : 10 octobre 2024

Le Parisien

Le Parisien publie un entretien avec le Pr Antoine Pelissolo, chef de service en psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil, premier adjoint au maire, qui « revient sur les problématiques de santé mentale dans l’espace public, face à des lits fermés et des soignants débordés, les élus tentent de boucher les trous ».
Le journal note en effet que le médecin « fait partie des psychiatres qui travaillent à la déstigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques. Dans la ville où il est premier adjoint, il intervient lors des cafés psycho, mis en place par le conseil local de santé mentale ».
Le Parisien interroge tout d’abord : « Des faits divers mettent en lumière les violences commises par des malades souffrant de troubles mentaux. Y en a-t-il plus qu’avant ? ».
Le Pr Pelissolo répond que « c’est plus visible parce qu’on en parle plus. Il y a 20, 30, 40 ans, il y avait les mêmes problèmes. Peut-être mettions-nous un mouchoir dessus. Il y a un demi-siècle aussi, les malades passaient toute leur vie dans les asiles. Un choix a été fait de développer un autre modèle, pour permettre à ces personnes de ne pas être enfermées toute leur vie ».
Le professeur ajoute : « On peut comprendre que ces événements choquent. Ils sont toujours très spectaculaires. Il y a un effet médiatique. Mais le nombre d’actes graves est bien plus élevé à l’encontre des personnes souffrant de troubles psychiques. Elles sont bien plus victimes qu’autrices ».
Le journal demande en outre : « La crise du Covid-19 a-t-elle accentué les troubles ? ».
Antoine Pelissolo observe qu’« on a assisté à une montée de toutes les pathologies en raison du stress et de la désorganisation de la société durant cette période. Mais ce qui s’est accentué, c’est la souffrance des jeunes, et principalement des jeunes femmes. À 15, 18 ans, il est beaucoup plus difficile de revenir dans le système quand on en est sorti ».
« Cette période a cependant permis une prise de conscience, on parle davantage de la santé mentale. Elle devient une cause nationale. Chez les jeunes, il n’y a pas de tabou : des influenceurs en parlent. C’est un progrès. Même s’il y a encore besoin de déstigmatisation »,
 poursuit le psychiatre.
Le Parisien remarque : « Les maires se retrouvent en première ligne, parfois bien démunis… ».
Le Pr Pelissolo observe qu’« ils sont appelés par les habitants, les professionnels parce que les moyens manquent. Ils sont véritablement une plaque tournante. Mais ce n’est pas leur compétence. C’est la raison pour laquelle les conseils locaux de santé mentale sont essentiels. Cette instance permet de coordonner tous les acteurs, bien qu’elle ne soit pas suffisante ».
Le médecin souligne que « le manque de places, de lieux de vie adaptés, est criant. Plus de 10.000 places en France ont été fermées, 40.000 à 50.000 places à l’hôpital. On n’a pas assez créé d’alternatives. La psychiatrie de secteur est saturée. Le spectre des pathologies s’est élargi avec les psychoses, les dépressions, les addictions, les syndromes post-traumatiques ».
« Si la France est plutôt bien dotée en termes de médecins psychiatres par rapport aux autres pays, il faut augmenter le numerus clausus. Dans dix ans, on n’aura pas assez de jeunes formés », 
ajoute-t-il.
Le Pr Pelissolo déclare qu’« il faut des équipes mobiles notamment. L’aller vers a un sens évident en psychiatrie. Depuis 3 ans, nous avons construit une équipe avec l’hôpital intercommunal de Créteil pour les 15-30 ans. C’est à cet âge-là que les troubles démarrent. Aller les voir chez eux, s’assurer de leur état, de leur prise de traitement, il n’y a que comme ça qu’on peut espérer qu’il n’y ait pas de rechute ».

« Santé mentale : des jeunes psychiatres militent contre la stigmatisation »

Date de publication : 10 octobre 2024

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui constate que « les troubles psychiques, qui touchent un Français sur cinq, continuent de pâtir d’idées reçues. Une nouvelle génération de psychiatres multiplie les initiatives pour faire évoluer les pratiques et les mentalités ».
Isabelle Hennebelle observe ainsi : « «Comment ça, tu déprimes ? Mais tu as tout pour être heureuse, tu es enceinte !» La période périnatale serait toujours nimbée de félicité : cette idée reçue, vision romantique, peut dissuader les futures mères de verbaliser leur éventuel mal-être ».
La journaliste relève que « cette autocensure est loin d’être un détail. Le suicide représente la première cause de mortalité maternelle dans l’année qui suit l’accouchement, selon un récent rapport de l’Inserm et de Santé publique France (45 suicides sur les 272 décès enregistrés entre 2016 et 2018) ».
Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Sorbonne Université), souligne : « Une grande part de ces décès serait évitable en développant davantage la prévention. […] Très peu d’études se penchent sur le cerveau des mères et sur leur grande vulnérabilité pendant cette période. Comment comprendre la dépression maternelle, les grossesses imaginaires, le syndrome du bébé fantôme, le déni de grossesse ? ».
Isabelle Hennebelle explique notamment que la jeune praticienne « forme […] sages-femmes et infirmiers à repérer les troubles psychiques et œuvre, avec l’équipe de psychiatrie de l’hôpital Saint-Antoine, à la création d’une unité consacrée à la santé mentale au féminin ».
La journaliste poursuit : « Ce secteur sinistré − problèmes de financement, suppressions de postes, soignants épuisés, délais de consultation interminables, prises en charge dégradées − pâtit également d’idées reçues sur les troubles psychiques : «Les psys, c’est pour les fous», «Les dépressifs sont des mous chroniques», «Les schizophrènes, des criminels»… ».
« Combien de personnes rechignent ainsi à pousser les portes d’un psy, car «ça ne servira à rien» ? Combien d’étudiants en médecine tournent le dos à la discipline, considérée comme «le fond du panier» dans les choix de carrière ? Un écueil de plus à l’heure où se télescopent le manque croissant de psychiatres et les besoins toujours plus importants de soins de la population, adultes mais aussi enfants et adolescents, en particulier depuis le Covid »
, continue Isabelle Hennebelle.
Elle note : « Résolue à faire bouger les lignes, «une nouvelle génération de psychiatres engagés est en train d’émerger, attentive aux enjeux de déstigmatisation et de transformation des pratiques», se félicite Maeva Musso, 33 ans, présidente de l’AJPJA ».
La journaliste indique que « l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues fait partie du collectif qui milite, depuis l’été 2023, pour faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Avec succès : lors de son discours de politique générale, début octobre, le premier ministre, Michel Barnier, a donné le feu vert à cette initiative ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, déclare que ces jeunes psychiatres forment « un mouvement de fond massif : il suffit de jeter un œil sur les réseaux sociaux pour constater qu’ils sont nombreux à s’investir dans les associations, à intervenir dans les colloques ».

« Violences sexuelles : dans les hôpitaux de Paris, les preuves désormais conservées pendant 3 ans même sans plainte déposée »

Date de publication : 11 octobre 2024

Libération

Libération fait savoir que « toute personne ayant subi des violences sexuelles à Paris, et qui ne souhaiterait pas immédiatement porter plainte, pourra être examinée par des médecins légistes pour en conserver les preuves, ont annoncé ce jeudi 10 octobre le parquet de Paris, l’AP-PH et la préfecture de police ».
Le journal indique que le but est de « recueillir dès le début les «éléments matériels» et les conserver «pendant trois ans», même lorsque la victime n’est pas encore sûre de vouloir porter plainte. Ainsi, si la victime décide finalement de pousser la porte d’un commissariat, ces éléments pourront être joints à la procédure judiciaire ouverte ».
Les trois organismes expliquent que « ce dispositif permet à la victime de bénéficier d’un temps de réflexion dans le cadre d’un accompagnement pluridisciplinaire, tout en préservant ses droits et en évitant un classement sans suite, une relaxe ou un acquittement, faute d’éléments matériels ».
Libération précise ainsi : « Lorsqu’une victime, ayant subi un viol ou une agression sexuelle, est prise en charge dans un hôpital parisien de l’AP-HP, elle pourra recevoir les soins urgents sur place (contraception d’urgence, saignements importants…) puis être réorientée sur rendez-vous vers des médecins légistes de l’unité médico-judiciaire pour être examinée ».
« Les victimes bénéficieront aussi d’une consultation psychologique. Si elles déposent plainte ensuite, elles feront l’objet d’un autre examen complémentaire à l’UMJ », 
continue le quotidien.
Il observe que le dispositif est « expérimenté depuis janvier 2023 », notant qu’« en 2023, 22 personnes ont bénéficié de cette procédure et 6 patientes ont depuis déposé plainte. De janvier à septembre 2024, 16 personnes en ont bénéficié, dont 5 ont porté plainte ».

« Santé mentale : derrière la « grande cause nationale », un catalogue de mesures inconsistantes »

Date de publication : 17 octobre 2024

Libération

Dans Libération, Christian Lehmann, médecin et écrivain, évoque « la question de la santé mentale, désignée «grande cause nationale» par [le Premier ministre] Michel Barnier ».
Le médecin observe que « la réalité de la prise en charge psychiatrique en France a si souvent été dénoncée que je n’y reviendrai pas en détail : le secteur est sinistré, l’accès aux soins est complexe, les délais de prise en charge découragent les patients, en particulier en pédopsychiatrie, où le délai pour une première consultation peut dépasser un an ».
« Sans même parler des pathologies mentales plus graves, des psychoses, les troubles anxieux et dépressifs explosent, générateurs de mal-être et de ces arrêts de travail que le gouvernement traque en dénonçant une culture de l’absentéisme », 
continue Christian Lehmann.
Il cite le Premier ministre qui « liste les composantes de son plan » : « Permettre d’en parler grâce à une campagne de communication, prévenir et former aux premiers secours en santé mentale, encourager les initiatives collectives et s’appuyer sur les belles expériences, soutenir les professionnels et notamment la psychiatrie de secteur, intensifier l’effort de recherche, source de progrès ».
Christian Lehmann relève que « le plan de communication aurait pour but de déstigmatiser les maladies mentales, avec «des campagnes de sensibilisation, comme ça a été fait, d’ailleurs, sur le harcèlement ou contre le harcèlement moderne, qui parlera aux jeunes». Les médecins généralistes seraient incités à travailler plus étroitement avec les psychiatres, et le gouvernement soutiendrait «le travail en commun de toutes les associations et tous les acteurs qui doit concerner tout le monde» ».
Le médecin remarque que « ce catalogue de bonnes résolutions mollassonnes, Michel Barnier l’avoue, a un intérêt : ne pas coûter cher. Dans le monde où il vit, le problème de la santé mentale en France peut être résolu si les professionnels et les associations s’asseyent autour d’une table, à pas cher, au lieu de jouer les Gaulois réfractaires comme à leur habitude. […] Les généralistes, pas mauvais bougres mais jamais assez bien formés et incapables de communiquer avec leurs confrères du secteur psychiatrique, devraient faire un effort ».
Christian Lehmann note que « la réalité quotidienne est légèrement différente : le saccage financier du secteur, les fermetures de postes, ont amené de nombreux centres médico-psychologiques à abandonner le suivi de certains patients et à les renvoyer vers les médecins généralistes pour leur suivi exclusif. Faire prendre en charge en service de spécialité un enfant en souffrance est une gageure, pas par mauvaise volonté des acteurs de la chaîne de soins, mais parce que souvent celle-ci n’existe plus », souligne le praticien.
Il ajoute : « Aucun vrai questionnement sur les causes de cette «épidémie» de troubles de la santé mentale. Tout au plus le Premier ministre évoque-t-il parfois le Covid, sans qu’on sache s’il fait référence au fait que les pouvoirs publics font comme si la pandémie avait été vaincue, ou au confinement, qui en 2 mois aurait donc créé à la fois une dette immunitaire fantasmée et une dette psychologique à long terme ».

« Enfin des recommandations pour les enfants atteints de troubles de l’attention, de l’espoir pour les familles »

Date de publication : 21 octobre 2024

Le Parisien

Bérangère Lepetit et Juliette Pousson font savoir dans Le Parisien qu’« après des années d’attente, un guide pour les mineurs atteints de TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) vient d’être publié par la Haute Autorité de santé (HAS). Un soulagement pour les parents souvent confrontés à un mur d’incompréhension ».
Les journalistes évoquent ainsi « un « mode d’emploi » à l’intention des familles et des soignants qui souhaiteraient faire diagnostiquer leur enfant, mieux le soigner, le prendre en charge. [Le guide de la HAS] éclaire sous un jour nouveau ce trouble longtemps sujet à controverses qui concernerait en France 2 à 3% des adultes et 3 à 6% des enfants et adolescents, souvent associé à d’autres pathologies comme la dyslexie ».
Bérangère Lepetit et Juliette Pousson expliquent que « la Haute Autorité préconise de diagnostiquer les enfants au plus tôt pour mieux les accompagner et appelle les pouvoirs publics à développer l’offre de soins en formant davantage de médecins ».
Christine Gétin, directrice de l’association HyperSupers, réagit : « Des fondations viennent d’être posées, et il reste à bâtir toute une politique publique. L’enjeu est ensuite que ces enfants passent les écueils de l’école en étant mieux intégrés car, avant, certains établissements les foutaient simplement dehors ».
Bérangère Lepetit et Juliette Pousson rappellent qu’« aujourd’hui, un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) peut être mis en place entre la famille et l’enseignant pour aménager le travail d’un élève avec TDAH. Les méthodes d’apprentissage seront alors différentes ».
« Si le trouble est reconnu comme un handicap, les élèves diagnostiqués avec TDAH peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement spécifique, comme la présence d’un accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) »,
 poursuivent-elles.
Les journalistes ajoutent que « face à ces enfants aux besoins particuliers, l’école joue un rôle d’alerte. Les enseignants sont en première ligne pour repérer ces profils ».

« Ecouter de la musique après une opération permet de réduire la douleur et le stress, selon une étude »

Date de publication : 22 octobre 2024

Libération

Apolline Le Romanser fait savoir dans Libération que « dans une revue de littérature publiée par l’«American College of surgeons», des chercheurs soulignent l’intérêt de la musicothérapie pour les patients au lendemain d’une opération. Ils notent une baisse de la sensation de douleur, de l’anxiété, et même de la fréquence cardiaque ».
La journaliste note ainsi que la musique, « sorte de «bulle» relaxante, capable de nous décharger de nos émotions, a un bénéfice thérapeutique pour les patients venant d’être opérés, comme le soulignent des chercheurs de l’Université de Californie ».
Eldo Frezza, coauteur et professeur de chirurgie, observe que « quand les patients se réveillent après une chirurgie, ils peuvent être effrayés, ne savent pas où ils sont. La musique peut les aider entre la phase de réveil et le retour à la normale, et réduire le stress lié à cette transition ».
Apolline Le Romanser relève : « Que les patients aient des écouteurs ou qu’ils profitent d’une chanson diffusée par des enceintes, son équipe note que le simple fait d’écouter de la musique a eu des «effets notables» pendant la période de convalescence. Les chercheurs ont […] analysé 35 études menées après différents types d’opérations (cardiaque, orthopédique…) et ont uniformisé les données pour se concentrer sur le lendemain de l’intervention ».
La journaliste retient que « les patients ayant bénéficié d’interludes musicaux ont déclaré des douleurs en moyenne 7% à 19% plus faibles. On trouve aussi des bénéfices sur l’anxiété (réduite de 3% en moyenne) ; quelques études suggèrent même une baisse dans la consommation d’opioïdes (comme la morphine). D’autres recherches concluent à un bénéfice sur le rythme cardiaque, avec une baisse moyenne de 4,5 battements par minute ».
Apolline Le Romanser explique que « la musique mobilise différentes régions cérébrales et peut solliciter certaines zones liées à la mémoire, les émotions voire l’attention et la concentration. Les auteurs de l’étude avancent que la réduction du taux de cortisol – hormone du stress – lors de l’écoute pourrait jouer un rôle dans le rétablissement ».
La journaliste relève que « l’idée intéresse aussi en France. Une équipe de l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes (Hauts-de-Seine), et de l’université Paris-Diderot a par exemple publié des recherches semblables en 2019, dans l’European Respiratory Journal ».
Apolline Le Romanser indique qu’« ils avaient suivi une centaine de patients sous ventilation non invasive – qui consiste en un masque sur le visage et/ou le nez pour délivrer de l’air. Une partie d’entre eux avaient bénéficié d’une séance de musique de trente minutes avec un casque ».
« Si les résultats n’ont pas montré d’amélioration significative sur leur confort respiratoire – hypothèse principale du travail –, l’équipe avait tout de même noté une tension artérielle plus basse dans le groupe avec musique. Et avait conclu qu’elle pouvait contribuer à réduire le stress à la sortie de l’unité de soins intensifs »,
 note la journaliste.
Elle conclut que « si des données probantes soulignent l’intérêt de la musicothérapie, d’autres travaux plus robustes sont nécessaires pour mieux comprendre et affiner cette pratique. Et ainsi pouvoir davantage l’intégrer dans les prises en charge à l’hôpital ».

« Les nouvelles voies pour traiter les troubles de stress post-traumatique »

Date de publication : 23 octobre 2024

Le Monde

Pascale Santi explique dans Le Monde qu’« environ un tiers des patients souffrant de ce trouble psychiatrique ne répond pas aux prises en charge classiques. D’autres méthodes de traitement émergent et pourraient, à terme, être généralisées. Certaines d’entre elles incluent le recours aux psychédéliques et à la réalité virtuelle ».
La journaliste évoque notamment « une étude randomisée, en double aveugle […] menée à l’hôpital Saint-Antoine, à la Pitié-Salpêtrière et dans divers CHU en France, qui doit inclure une centaine de patients et vise à mesurer les effets de la stimulation magnétique transcrânienne (rTMS), associée à la réactivation du souvenir, chez des patients souffrant d’un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Trois séances hebdomadaires sont prévues pendant 4 semaines ».
Pascale Santi indique que « la moitié des participants est soumise à une stimulation placebo, sans impulsion magnétique. Cette étude nationale est coordonnée par Florian Ferreri, psychiatre et coresponsable du centre de référence psychotrauma Paris-Centre-Sud à l’hôpital Saint-Antoine. Il s’agit d’une approche novatrice pour un trouble qui est, aujourd’hui, au centre de plusieurs recherches ».
La journaliste observe ainsi : « A l’hôpital Saint-Antoine, «l’intensité de stimulation est personnalisée en fonction des caractéristiques neurophysiologiques du patient», précise Alexis Bourla [psychiatre], qui, au long de la séance d’une quinzaine de minutes, surveille la fréquence cardiaque. A chaque fois, Akhila Duflo, attachée de recherche clinique, fait remplir plusieurs questionnaires sur les symptômes, les effets ressentis, etc. ».
Le psychiatre déclare : « On part de l’idée que le souvenir n’a pas été consolidé au bon endroit et produit un cortège de symptômes, comme si l’événement était en cours ».
Wissam El-Hage, psychiatre au CHU de Tours, responsable du centre régional du psychotraumatisme, précise qu’en cas de TSPT, « les zones liées à l’émotion, comme l’amygdale, sont suractives, et d’autres régions impliquées dans la régulation de la peur sont hypoactives et ne remplissent pas leur fonction, comme le cortex préfrontal dorsolatéral, ciblé par la rTMS. L’idée est de renforcer cette région pour permettre une certaine normalisation des circuits de la peur ».
Pascale Santi note que « la rTMS a déjà montré son efficacité dans le traitement de la douleur, de la dépression et des hallucinations résistantes ».
La journaliste explique en outre que « dans le monde, le TSPT touche 3,9% de personnes à un moment donné de leur vie, selon l’OMS, avec des taux bien plus élevés chez les victimes de violences sexuelles, d’attentat, ou dans un contexte de guerre. […] Environ un tiers des patients ne répond pas de manière satisfaisante aux prises en charge classiques. […] Des médicaments peuvent être associés à la psychothérapie, mais seuls les antidépresseurs Paroxétine et Sertraline sont autorisés ».
Pascale Santi continue : « Point noir : une part des patients ne poursuit pas la prise en charge. Pour y remédier, des thérapies dites intensives commencent à voir le jour en France. Ad de Jhong, psychiatre, directeur du département de recherche de la clinique de TSPT Psytrec, aux Pays-Bas, en est à l’origine ».
Arnaud Leroy, psychiatre au CRP Hauts-de-France, au CHU de Lille, explique que « cette thérapie intensive, contrairement aux prises en charge classiques avec une séance par semaine sur plusieurs mois, est ramassée sur quelques semaines. En augmentant la fréquence [des séances], on améliore les chances de guérison ».
La journaliste relève qu’« un hôpital de jour « intensif et intégré » va y ouvrir à la fin de l’année, grâce au fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (FIOP), porté par le ministère de la Santé. Il allie thérapie d’exposition prolongée, EMDR et activité physique adaptée à chaque personne ».
Arnaud Leroy souligne que « le psychotrauma, c’est bien plus que le TSPT, c’est pourquoi on travaille sur le corps. L’approche psychocorporelle permet de repérer les zones marquées par le traumatisme et de les rééduquer, comme pour des femmes victimes de viol ».
Pascale Santi relève que « cela comprend aussi une consultation d’addictologie, l’implication des proches et de la psychoéducation (éducation thérapeutique). Le pari est que l’association des approches va augmenter l’effet de la prise en charge ».

« Drogue : pour les addictologues, les discours visant les consommateurs sont sans effet »

Date de publication : 24 octobre 2024

La Croix

Pascal Charrier relève dans La Croix que « la semaine dernière, face à la multiplication des règlements de comptes liés au trafic en France, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a lancé un appel aux consommateurs, estimant qu’«un joint a le goût du sang» ».
« Son prédécesseur, Gérald Darmanin, les avait également mis en cause lors d’un déplacement à Marseille en janvier. Pour lui, les «premiers responsables» de la violence des narcotrafiquants sont «d’abord les consommateurs», qu’il faut viser par «un travail de harcèlement» au même titre que les dealeurs »,
 note la journaliste.
Elle rappelle : « De fait, la loi française pénalise la consommation de drogue, qu’elle soit récréative ou pas ».
Marie Öngün-Rombaldi, déléguée générale de Fédération Addiction, réseau de professionnels de l’addictologie, précise que « tous les usages n’amènent pas forcément à un usage problématique ou une addiction, cela vaut pour tous les produits, légaux ou illégaux. On considère qu’il y a à peu près 80% de personnes qui ont un usage ne relevant pas d’une addiction. C’est une moyenne, cela dépend des produits. Mais ce n’est pas parce qu’on n’a pas d’addiction qu’il n’y a pas de risque pour la santé ».
Pascal Charrier note que « le psychiatre Laurent Karila, médecin à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne), voit «rarement» en consultation ces usagers récréatifs ». Le médecin indique : « On sait que l’usage récréatif peut devenir à terme problématique, c’est clair et net, mais ce n’est pas parce que l’on va fumer un joint un jour qu’on va sniffer plus tard de la cocaïne ou prendre des méthamphétamines ».
Le journaliste relève que « le praticien estime que les déclarations de politiques désignant les consommateurs de substances illicites comme étant responsables de tueries à Marseille ou à Grenoble sont des «non-sens» ». Le Pr Karila souligne ainsi que « la France ferait mieux de faire des vraies campagnes de prévention ».
Marie Öngün-Rombaldi ajoute : « Pourquoi on consomme ? Cela peut être pour le plaisir, mais aussi dans le cadre de la recherche de la performance ou pour alléger des souffrances. Pour nous, ce n’est ni mal, ni bien, c’est un comportement humain qui présente des risques. […] La distinction légal-illégal ne sert à rien d’un point de vue de santé publique, et culpabiliser les personnes ne les fait pas moins consommer ».

« Dépression, troubles anxieux, addictions… Les entreprises se lancent dans la prévention en santé mentale »

Date de publication : 24 octobre 2024

Le Figaro

Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro que « depuis le Covid, les maladies mentales sont en augmentation, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. En 2023, près de 936.000 jeunes ont été remboursés au moins une fois pour un médicament psychotrope, relève l’Assurance-maladie – soit 18% de plus qu’en 2019 ».
La journaliste observe que « la progression la plus forte concerne les antidépresseurs (+60%) tandis que les antipsychotiques, utilisés pour traiter la schizophrénie et la bipolarité, sont aussi en forte hausse (+35%). Mais le phénomène est plus large ».
Marie-Cécile Renault rappelle que le Premier ministre Michel Barnier « veut en faire une priorité et a déclaré la santé mentale grande cause nationale 2025. Le Premier ministre entend non seulement déstigmatiser ces maladies à travers des «campagnes de sensibilisation», mais surtout favoriser la «prévention» et le «repérage» ».
La journaliste note que « les entreprises se retrouvent en première ligne. Représentant 15% des arrêts maladie et un quart des arrêts longs, les troubles « psy » sont devenus la seconde cause d’absentéisme en entreprise, juste derrière les petites maladies ordinaires (33%) – rhume, grippe, gastro – et devant les troubles musculo-squelettiques (12%). Les maladies graves, comme les cancers, elles, ne représentant que 4% des arrêts maladie, selon le dernier baromètre Malakoff Humanis ».
Marie-Cécile Renault explique : « Parmi les causes évoquées, le côté anxiogène des réseaux sociaux, la perturbation du sommeil liée aux écrans, mais aussi la perte de sens ou la surcharge de travail. […] ».
La journaliste observe ainsi que « les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à mettre en œuvre des actions de prévention. Chez la plupart des assureurs et des mutuelles, des équipes de consultants accompagnent les entreprises clientes ».
« De son côté, le gouvernement veut généraliser la formation à la prévention aux premiers secours en santé mentale (PSSM), «qui vise à prévenir les troubles en repérant les personnes à risque au sein de leur communauté», indique Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale », 
continue Marie-Cécile Renault.
La journaliste explique que « cette initiative originale, inspirée du programme australien Mental Health First Aid, incite les entreprises à former des «personnes-ressources» susceptibles de détecter et d’aider leurs collègues en situation de fragilité, que ce soient lors de premiers symptômes, de l’aggravation d’un trouble connu ou d’une situation de crise ».
Marie-Cécile Renault relève que « des entreprises comme Sisley, Decathlon, Danone, Auchan se sont engagées dans cette voie. L’objectif est d’atteindre 150.000 secouristes en santé mentale formés en 2025 ».
« Pour y parvenir, l’Assurance-maladie dispense des formations dans le but d’impliquer les entreprises volontaires. Ainsi, en 2023, les caisses primaires d’assurance-maladie (CPMA) ont accueilli 227 salariés issus de 131 entreprises de divers secteurs d’activité », 
poursuit la journaliste.
Marie-Cécile Renault constate que « face au succès de l’opération (98% de satisfaits), [Frank Bellivier] a proposé en 2024 à chaque CPAM d’organiser deux à trois sessions de formation en fonction des besoins exprimés par les entreprises de son territoire ».
« L’Assurance-maladie agit également envers les médecins gros prescripteurs d’arrêts de travail, pour leur rappeler les bonnes pratiques. Sur 16.000 médecins généralistes ayant reçu la visite de délégués de l’Assurance-maladie en 2023, plus de 3000 avaient des pratiques atypiques concernant le lien entre arrêt de travail et santé mentale », 
relève la journaliste.

« Dépression : la stimulation transcrânienne bientôt disponible à domicile ? »

Date de publication : 25 octobre 2024

Le Figaro

Elisa Doré remarque dans Le Figaro qu’« en France, 5 à 15% de personnes sont touchées par la dépression. Classiquement, ces patients sont traités à l’aide d’une psychothérapie et/ou d’antidépresseurs. Or ces traitements médicamenteux s’accompagnent parfois d’effets secondaires et ne sont pas toujours efficaces ».
La journaliste indique que « la thérapie électro-convulsive, c’est-à-dire les électrochocs, a fait ses preuves mais reste invasive. C’est pourquoi la stimulation transcrânienne est peu à peu venue s’imposer comme une alternative plus «douce» ».
Elisa Doré explique que « cette approche est conçue pour délivrer un champ magnétique (stimulation magnétique transcrânienne, rTMS) ou un courant électrique (stimulation transcrânienne à courant direct, tDCS) faible et indolore à travers des électrodes placées sur le cuir chevelu, dans le but de stimuler les zones du cerveau liées à la régulation de l’humeur ».
La journaliste relève cependant que « ces approches restent peu accessibles et obligent les participants à se rendre quotidiennement en milieu hospitalier. Pour y remédier, des chercheurs ont eu l’idée de déployer un dispositif de stimulation transcrânienne utilisable à domicile ».
Elle annonce que « les résultats prometteurs d’un premier essai, publiés dans Nature Medicine, ouvrent de nouvelles perspectives à la prise en charge de la dépression modérée à sévère, hors milieu hospitalier ».
Elisa Doré note que « ce dispositif ressemble à un bonnet de bain muni d’électrodes qui délivrent des impulsions électriques sur le principe de la tDCS employée en clinique. […] Les participants, 120 femmes et 54 hommes, ont été répartis aléatoirement dans deux groupes : ceux du groupe traitement ont emporté chez eux un dispositif qui délivrait un courant de 2 milliampères pendant 30 minutes, cinq fois par semaine pendant trois semaines, puis trois fois par semaine pendant les sept semaines suivantes ».
« Les autres patients, ceux du groupe témoin, ont suivi le même « traitement » mais portaient sans le savoir un appareil factice. […] Une partie des patients ne prenaient aucun traitement complémentaire tandis que d’autres continuaient à prendre des antidépresseurs, à suivre une psychothérapie, ou les deux », 
ajoute la journaliste.
Elle retient qu’« après dix semaines, 45% des participants traités ont vu une amélioration significative de leurs symptômes, jusqu’à la rémission clinique, contre seulement 22% dans le groupe témoin ».
Olivier David, directeur de recherche Inserm à l’université d’Aix-Marseille, remarque que « ces résultats prouvent que ce dispositif à domicile est une vraie option de traitement à envisager, notamment car elle n’induit peu ou pas d’effets secondaires ».
David Szekely, chef adjoint au Service de psychiatrie du Centre Hospitalier Princesse Grâce de Monaco, ajoute que « parmi les patients pour qui la stimulation a fonctionné, certains ne prenaient pas de traitement annexe, ce qui suggère que ce dispositif pourrait être non seulement utilisé en combinaison d’autres traitements pour les cas de dépression sévères (ne nécessitant pas d’hospitalisation, ndlr) mais aussi en première intention chez des patients avec un trouble plus modéré, réticents aux antidépresseurs à cause de leurs effets indésirables ».
Elisa Doré note que selon le praticien, « la technique aurait un «véritable intérêt» chez des personnes polymédicamentées, notamment le sujet âgé, pour qui les effets secondaires des traitements ont tendance à s’additionner ».
La journaliste indique cependant que « les spécialistes restent prudents. Tout d’abord parce que d’autres essais devront venir confirmer ces résultats. Mais aussi parce que la stimulation transcrânienne n’a, de fait, pas fonctionné chez la moitié des patients traités. […] Une des raisons évoquées étant que les manifestations de la dépression sont très variables selon les patients ».
« Une autre explication est que la tDCS agit sur la partie superficielle du cerveau. […] Pour le reste, les spécialistes soulèvent le problème de l’observance en pratique »,
 ajoute Elisa Doré.

« « On apporte la joie mais on a aussi besoin de soutien » : les clowns hospitaliers, héros des enfants en pédiatrie »

Date de publication : 25 octobre 2024

Le Parisien

Pour Le Parisien, Stéphanie Forestier explique dans un reportage que « depuis octobre, les enfants du service de pédiatrie du centre hospitalier de Compiègne [Oise] reçoivent tous les mardis la visite de clowns professionnels. Mais derrière les nez rouges se cachent des hommes et des femmes formés et soutenus pour tenir le coup ».
La journaliste évoque ainsi ces « deux clowns en goguette, une boîte de gourmandises sous le bras. Ils embarquent le cadre de santé, Bertrand Dufour, dans un défilé digne de la fashion-week, font des selfies avec les internes et les infirmières, planquent des bonbons dans tous les coins et frappent à la porte des petits malades. Ils amènent couleur et gaieté dans ce monde aseptisé rempli de blouses blanches ».
Stéphanie Forestier explique qu’« Ingrid Soler, alias Lady Zou, et Cyril Le Jalle, dit Otto, font partie des 7 clowns professionnels de la nouvelle antenne picarde de l’association des Clowns de l’espoir, originaire du Nord. Depuis le 8 octobre, ils ont commencé leur show à Compiègne et égayent le service de pédiatrie qui dispose de 20 lits pour des patients de 1 mois à 18 ans ».
Ingrid Soler précise : « On viendra tous les mardis et on n’a pas de date de fin. On sera là le 24 décembre, le 31 ! Notre objectif est de remettre du lien entre les enfants, les parents et les soignants. Les parents peuvent être angoissés et transmettre leurs craintes aux enfants. Nous, on est là pour détendre l’atmosphère. On prend les soignants à partie, ils rient avec nous et les enfants les voient autrement ».
La journaliste souligne que « pour devenir clown hospitalier, il ne suffit pas d’avoir de la bonne volonté et un nez rouge. Tous les intervenants sont des comédiens professionnels qui maîtrisent l’art clownesque. Ingrid Soler officie depuis 4 ans et Cyril Le Jalle depuis 11 ans comme clowns de spectacle ».
Cyril Le Jalle indique ainsi : « Quand on passe la porte de l’association, on a une formation initiale d’une semaine. On étudie les besoins des enfants, les pathologies, ce qu’on peut faire ou pas en fonction des maladies, de l’âge ».
Ingrid Soler ajoute que « chacun a un parrain ou une marraine pour le guider, répondre à ses questions, c’est primordial. […] C’est un métier super, mais ce n’est pas toujours facile. On apporte de la joie, mais on a aussi besoin de soutien. Il faut savoir gérer les émotions des enfants et les nôtres. On a aussi une supervision une fois par mois avec un temps d’échanges avec un psychologue. C’est très encadré. Nous faisons d’ailleurs partie d’une fédération, la Fédération française des associations des clowns hospitaliers ».

Revue de presse santé psy – Août 2024

« L’alexithymie, un trouble méconnu qui empêche d’identifier ses émotions »

Date de publication : 10 juillet 2024

Science et Vie

Héloïse Rambert se penche dans Science et Vie sur l’alexithymie, « autant un trouble qu’un trait de personnalité. Mais un trait qui peut coûter très cher en termes de santé psychologique et physique ».
La journaliste rappelle que « les personnes concernées par l’alexithymie – du grec a (absence), lexis (mot) et thymos (humeur, affectivité, sentiment, émotion) – ont bien des émotions, “mais elles ont de vraies difficultés à les différencier, à les identifier. À mettre un mot sur ce qu’elles ressentent. Surtout quand il s’agit d’émotions négatives”, décrit Delphine Grynberg, professeure en psychologie de la santé au laboratoire sciences cognitives et sciences affectives (SCALab) de l’université de Lille ».
La psychologue précise : « On parle de stratégie de régulation inadaptée, qui empêche le sujet d’accepter ce qu’il ressent et de prendre du recul. Cela conduit à une mauvaise gestion du stress, qui s’installe alors de manière chronique ».
« Au risque de développer une myriade de maladies »,
 note Héloïse Rambert, qui poursuit : « Un lien de corrélation entre l’alexithymie – qui toucherait peu ou prou 10% de la population générale – et des problèmes de santé aussi divers que la fibromyalgie, les maladies cardiaques, les addictions ou encore le syndrome du côlon irritable a été pointé par la littérature scientifique. Au point de provoquer des décès prématurés ».
Delphine Grynberg indique que « l’alexithymie est devenue un objet d’intérêt et d’étude, notamment dans le cadre de la médecine psychosomatique. […] Il peut exister des bases neuro-anatomiques, explique la chercheuse. Des études utilisant l’imagerie ont suggéré que dans le cerveau, certaines zones liées au traitement des émotions n’étaient pas suffisamment développées. Ou qu’il y avait une connexion plus faible que la normale entre le système lié au traitement des émotions et le système qui sous-tend le raisonnement ».
Héloïse Rambert observe que « cette caractéristique pourrait aussi être causée par l’éducation – des parents qui n’aident pas le jeune enfant à poser des mots sur ses ressentis – ou par des traumatismes ».
« Quelles qu’en soient les causes, des solutions thérapeutiques existent. Elles visent à recouvrer conscience et compétences émotionnelles. Et redonner un vocabulaire à celles et ceux qui n’ont jamais parlé la langue des émotions ou ont cessé de le faire », 
explique la journaliste.

« Raideur, chutes, regard figé, épisodes de confusion… Joe Biden souffre-t-il d’une maladie neurologique ? »

Date de publication : 10 juillet 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève qu’« à 4 mois de l’élection présidentielle, la Maison-Blanche continue de nier la dégradation de l’état de santé du président Américain. Le Figaro a demandé leur avis à deux neurologues ».
Cécile Thibert note ainsi que « le président américain âgé de 81 ans apparaît de plus en plus affaibli, multipliant les cafouillages et les incohérences. En mars 2022 déjà, il avait confondu l’Ukraine et l’Iran. Depuis plus d’un an, il enchaîne les chutes sans raison apparente. Le summum étant sa performance catastrophique lors du débat télévisé qui l’a opposé à Donald Trump le 27 juin ».
« Un récent article du New York Times vient encore de renforcer les spéculations, en révélant qu’un spécialiste de la maladie de Parkinson avait visité à huit reprises la Maison-Blanche au cours de ces huit derniers mois »,
 fait savoir la journaliste.
Cécile Thibert note que « la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a formellement démenti l’idée que Joe Biden soit atteint de la maladie de Parkinson lors d’une conférence de presse. Dans la foulée, le médecin du président a rappelé dans un courrier rendu public que Joe Biden avait passé un «examen neurologique extrêmement détaillé» en février, dont les résultats avaient été «rassurants» ».
La journaliste s’interroge : « Les agissements de l’octogénaire pourraient-ils être simplement le signe d’un coup de fatigue ou masquent-ils quelque chose de plus grave ? D’après les spécialistes interrogés par Le Figaro, les faits laissent peu de place au doute ».
Le Pr Marc Vérin, neurologue au CHU d’Orléans, déclare ainsi que « ce n’est pas que la vieillesse, il me semble évident qu’il y a quelque chose d’autre et nous sommes plusieurs neurologues à le penser ».
Le Dr Serge Belliard, chef du service de neurologie du CHU de Rennes, confirme : « L’accumulation des signes fait penser que ce n’est pas simplement lié au vieillissement. Si je devais mettre ma main au feu, je dirais qu’il s’agit d’une maladie neurodégénérative. Mais il est impossible de le dire avec certitude sans faire des examens plus poussés ».
Le médecin évoque la situation en 2021 : « Il bougeait beaucoup, avait une voix qui portait. Aujourd’hui, il est très raide, son visage n’est plus expressif, il parle de manière étouffée et présente des épisodes de confusion ».
« Autant de symptômes qui pourraient évoquer une possible maladie à corps de Lewy, selon le médecin »,
 note Cécile Thibert.
La journaliste relève que « pour le Pr Marc Vérin, le Président américain pourrait aussi très bien être atteint d’une maladie de Parkinson, même s’il ne présente pas de tremblements visibles ». Le spécialiste rappelle que « dans 30% des cas, il n’y a pas de tremblements. On parle alors de forme ’’akinéto-rigide’’ ».
« Mais cette hypothèse ne permet pas d’expliquer les épisodes de confusion que connaît le Président Biden depuis quelque temps », 
continue Cécile Thibert.
Le Pr Vérin indique que « si les symptômes sont asymétriques, cela évoque plutôt une maladie de Parkinson. Dans la démence à corps de Lewy, les signes sont d’emblée bilatéraux et s’accompagnent de troubles cognitifs ».
La journaliste évoque une « dernière hypothèse avancée par les médecins : la survenue d’accidents touchant les microvaisseaux du cerveau ».
Le Dr Belliard note que « les symptômes observés pourraient aussi être la conséquence d’une accumulation de petits accidents vasculaires qui abîment le cerveau. Ca, on peut facilement le vérifier grâce à l’IRM ».
Le neurologue ajoute : « Si ce que nous pensons se vérifie, il ne tiendra pas 4 ans de plus. Il y a un vrai souci ».

Antidépresseurs : l’arrêt associé à des symptômes chez environ 15% des patients

Antidépresseurs : l'arrêt associé à des symptômes chez environ 15% des patients

Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 10 juillet 2024

Environ 15% des patients présenteraient des symptômes de sevrage spécifiques à l’arrêt d’un antidépresseur. Cet ordre de grandeur est proposé à l’issue d’une méta-analyse comparant la survenue de symptômes de sevrage suite à l’arrêt d’un antidépresseur ou d’un placebo. Elle est parue dans The Lancet Psychiatry.

L’arrêt d’un traitement antidépresseur est souvent redouté par le patient, voire le soignant, en raison de symptômes associés. Une méta-analyse a permis de quantifier ce risque par rapport à l’arrêt d’un placebo pour mieux informer les parties prenantes.
Ce travail a inclus des essais randomisés et des études observationnelles potant sur l’arrêt ou la diminution progressive d’un antidépresseur (à l’exclusion des antipsychotiques, du lithium ou de la thyroxine) ou d’un placebo chez des participants présentant un trouble mental, comportemental ou neurodéveloppemental. L’utilisation dans le cadre d’une prise en charge de la douleur liée à une maladie organique était un facteur d’exclusion.
Au total, 79 études incluant 21.002 patients ont été sélectionnées (72% de femmes, 28% d’hommes, âge moyen 45 ans). Parmi les participants, 16.532 avaient arrêté de prendre un antidépresseur et 4.470 un placebo.
L’incidence d’au moins un symptôme d’arrêt était de 0,31 (0,27-0,35) après l’arrêt d’un antidépresseur, et de 0,17 (0,14-0,21) après l’arrêt d’un placebo. Aussi, environ 15% des patients présenteraient des symptômes spécifiques à l’arrêt de l’antidépresseur. Et concernant les symptômes sévères, les chiffres étaient 0,028 (0,014 à 0,057) après l’arrêt d’un antidépresseur et 0,006 (0,002 à 0,013) après l’arrêt d’un placebo.
La venlafaxine, l’imipramine et l’escitalopram ont été associées à des fréquences plus élevées de symptômes d’arrêt du traitement, et l’imipramine, la paroxétine et la venlafaxine ont été associées à une gravité plus élevée des symptômes.

Référence : 
Jonathan Henssler et al.
Incidence of antidepressant discontinuation symptoms: a systematic review and meta-analysis.
The Lancet Psychiatry, juin 2024.

« Dépression résistante : la kétamine en comprimé, une piste prometteuse »

Date de publication : 12 juillet 2024

Le Monde

Nathalie Brafman observe dans Le Monde : « Qu’elle soit administrée en intraveineuse ou en spray nasal, la kétamine – un anesthésiant utilisé depuis des années en chirurgie vétérinaire, également analgésique – a fait ses preuves pour soigner les personnes atteintes de dépression résistante, c’est-à-dire en échec d’au moins deux lignes de traitements médicamenteux pendant 8 semaines ».
La journaliste précise que « son administration est très encadrée. Elle se fait à l’hôpital et sous surveillance, du fait de possibles effets indésirables : dissociation, modifications de la perception, élévation transitoire de la pression artérielle ».
Elle annonce qu’« un nouveau mode d’administration sous forme de comprimé oral à libération prolongée pourrait changer la donne. Une étude de phase 2 randomisée en double aveugle a évalué l’efficacité et la sécurité d’un tel traitement chez des sujets atteint de dépression sévère – score compris entre 20 et 30 sur l’échelle de Montgomery-Asberg Depression Rating Scale (MADRS) – et ayant suivi 4,8 traitements antidépresseurs en moyenne conduits au préalable sans succès ».
Nathalie Brafman détaille ces travaux parus dans Nature Medicine : « L’étude réalisée dans 20 établissements répartis en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan et à Singapour, comprenait deux étapes. Dans la première, 231 sujets ont reçu pendant 5 jours des comprimés de kétamine à la dose de 120 mg par jour, puis ont été évalués 8 jours plus tard. Les chercheurs ont sélectionné les patients ayant réagi à ce premier traitement pour réduire le taux d’échec, soit 168 personnes ».
« Ces dernières ont ensuite été réparties en cinq groupes, chacun avec un dosage différent, soit un placebo, soit un comprimé de kétamine aux doses de 30 mg, 60 mg, 120 mg ou 180 mg deux fois par semaine pendant 12 semaines. Les sujets prenaient leurs comprimés chez eux », 
continue la journaliste. Elle retient que « les résultats semblent prometteurs ».
Paul Glue, professeur de psychiatrie à l’université d’Otago (Nouvelle-Zélande), indique que « tous les groupes traités ont eu des réductions moyennes plus importantes du MADRS que le groupe qui recevait un placebo. L’effet le plus important a été observé chez les patients qui avaient reçu des doses de 180 mg, le score ayant baissé en moyenne 6,1 points de plus que dans le groupe placebo ».
Nathalie Brafman ajoute que « la plupart des effets indésirables (vertiges, maux de tête, euphorie, dissociation, nausées…) étaient plutôt faibles pour la plupart. Dix effets indésirables graves – dont un suicide – ont été répertoriés, mais les auteurs indiquent qu’aucun n’était lié au traitement. Par ailleurs, aucun changement n’a été observé sur la pression artérielle ».

« Alzheimer : l’entreprise face à la dégradation des capacités cognitives du salarié »

Date de publication : 17 juillet 2024

Le Monde

François Desnoyers observe dans Le Monde que « le nombre de malades d’Alzheimer en activité devrait progresser dans les années qui viennent, sous l’effet conjoint d’une amélioration des outils de diagnostic précoce et de l’augmentation du taux d’activité des plus de 60 ans ».
Le journaliste relève ainsi que « si la pathologie touche en grande majorité les retraités, plusieurs dizaines de milliers de cas concernent aujourd’hui, en France, les moins de 65 ans. Ces « Alzheimer jeunes », dont une part importante ignore sa maladie, faute de diagnostic, doivent affronter une dégradation progressive de leurs capacités cognitives au travail. Avec, à la clé, de nombreuses souffrances ».
Adeline Rollin, responsable du Centre national de référence malades Alzheimer jeunes de Lille, précise que « les problèmes de mémoire sont, bien sûr, fréquents. Les malades ont des difficultés à se constituer de nouveaux souvenirs. Mais des formes atypiques sont aussi très présentes chez les jeunes : troubles du langage, de la gestualité, difficultés visuelles, par exemple pour se repérer dans l’espace. Les fonctions exécutives peuvent être aussi touchées, avec des difficultés à organiser ou à planifier ».
Benoît Durand, directeur délégué de l’association France Alzheimer, observe que « cela peut aussi, parfois, augmenter le risque d’incident avec une mise en danger du malade et de ses collègues ».
François Desnoyers souligne que « face à une incapacité croissante à accomplir certaines tâches, les salariés se retrouvent en situation d’échec et peuvent perdre confiance en eux. Un ressenti douloureux, parfois doublé d’une incompréhension. Le diagnostic n’est le plus souvent posé que plusieurs années après la survenue de la maladie ».
« Les directions et les services RH peuvent être tout aussi désorientés »,
 poursuit le journaliste. Une médecin du travail remarque ainsi : « Un employeur m’a, un jour, alerté au sujet d’un salarié qui faisait des erreurs inhabituelles, m’expliquant qu’il ne ‘‘reconnaissait plus son collaborateur’’ ».
François Desnoyers note que « ces situations sont parfois source de tensions ». Benoît Durand, de  France Alzheimer, observe que « l’entreprise, lorsqu’elle ne comprend pas ce qu’il se passe, peut prendre des sanctions face à ce qu’elle considère comme des fautes professionnelles. Cela peut aller jusqu’au licenciement ».
Le journaliste continue : « La survenue de la maladie d’Alzheimer grippe ainsi, fréquemment, les relations en interne. Une gestion apaisée de la pathologie est-elle possible ? Elle implique, selon les professionnels de santé, une détection la plus précoce possible, alors que les troubles restent faibles, et une bonne compréhension de la situation par toutes les parties ».
« Des aménagements plus « légers » pourront alors être mis en place (horaires flexibles, réflexion commune sur les tâches confiées, recours à des applications de gestion du temps, mise en place d’un espace de travail calme…) », 
relève François Desnoyers.« Comment la psilocybine, extraite des champignons hallucinogènes, agit sur le cerveau »

Date de publication : 18 juillet 2024

Le Figaro

« Face à la dépression, l’hospitalisation s’avère parfois nécessaire »

Date de publication : 22 juillet 2024

Le Figaro

Thomas Lestavel remarque en effet dans Le Figaro que « franchir le pas de demander une hospitalisation pour dépression ou idées suicidaires n’est pas toujours évident. Cela peut néanmoins être l’occasion d’aller en profondeur dans les traitements ».
Le journaliste indique que « l’an dernier, 408.000 personnes ont séjourné dans un établissement psychiatrique en France, dont au moins 20% pour dépression, selon l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation. Plusieurs situations peuvent motiver le patient ou son médecin à demander une telle prise en charge, souvent consécutive à un passage aux urgences ».
Bernard Granger, psychiatre à l’hôpital parisien Cochin, déclare que « dans la plupart des cas, c’est la gravité des symptômes et le risque de se faire du mal qui justifient l’hospitalisation. Si l’individu a des idées suicidaires trop marquées, il faut le protéger contre lui-même ».
Thomas Lestavel note ainsi qu‘« environ deux tiers des personnes qui mettent fin à leurs jours souffraient d’un trouble dépressif au moment du passage à l’acte ». Le journaliste observe qu’« une dépression qui dure depuis plusieurs mois ou années peut également justifier une hospitalisation ».
Élie Uzan, psychiatre au Centre expert de dépression résistante au CHU de Lille, remarque : « On parle de dépression résistante quand on a essayé successivement deux antidépresseurs de classes différentes avec la posologie maximale pendant au moins 4 à 6 semaines, sans succès ».
Thomas Lestavel note que « l’hospitalisation peut être l’occasion d’explorer les facteurs de résistance à la dépression, et souvent d’identifier d’autres pathologies comme un trouble bipolaire ou de la personnalité. […] Enfin, certains traitements sont administrés uniquement à l’hôpital car ils nécessitent du matériel et un suivi particuliers. C’est le cas des électrochocs (électroconvulsivothérapie) et de l’injection de kétamine en intraveineuse ».
Le journaliste ajoute que « l’hospitalisation se fait généralement à la demande du patient. Dans de rares cas, elle est forcée car la personne «ne critique pas ses idées suicidaires et n’envisage aucune action pour s’en protéger», relève Élie Uzan ».
Thomas Lestavel continue : « Pendant l’hospitalisation, qui dure généralement plusieurs semaines, le médecin a la possibilité d’observer au jour le jour l’évolution du patient et ses réactions aux traitements. Les infirmiers, aides-soignants et psychologues apportent un soutien moral et une écoute qui peuvent être très bénéfiques à une personne en dépression ».
« Néanmoins, un séjour en établissement psychiatrique ne doit pas être considéré comme une solution miracle. […] Le vrai travail commence à la sortie d’hôpital, quand il faut affronter de nouveau son quotidien. D’où l’importance de développer une routine équilibrée et de se faire accompagner », 
souligne le journaliste.« Comment la réalité virtuelle aide à soigner addictions et phobies »

« Jeux olympiques : inquiétudes après des consignes de refus de sortie de malades psychiatriques au passage de la flamme »

Date de publication : 24 juillet 2024

Le Monde

Camille Stromboni indique dans Le Monde que « dans plusieurs départements, des préfectures ou agences régionales de santé ont demandé aux hôpitaux de revenir sur les autorisations de sortie des patients hospitalisés sans consentement. Les acteurs du secteur s’élèvent contre ces restrictions et s’interrogent sur la suite, à quelques jours de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques ».
La journaliste relève ainsi : « Dans le Haut-Rhin, en Seine-Maritime, en Loire-Atlantique… Par oral, par courrier, par e-mail : des préfectures, la plupart du temps, mais aussi certaines agences régionales de santé ont demandé aux hôpitaux de revenir sur les autorisations de sortie de ces patients en soins dits « sans consentement ». Qu’il s’agisse de permissions de sortie (jusqu’à 72 heures), de levées de mesures de contrainte ou de décisions de programmes de soins ambulatoires ».
Camille Stromboni constate que « l’émotion ne retombe pas chez les acteurs du secteur, qui prennent la parole depuis plusieurs semaines pour s’élever contre ces restrictions « inédites », avec une crainte : si de telles consignes sont intervenues pour le passage de la flamme, que se passera-t-il pour les JO ? ».
Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, observe que « c’est la première fois que nous sommes informés de mesures aussi généralisées, exprimées diversement mais qui se ressemblent beaucoup entre elles », évoquant le « paradoxe stupéfiant à stigmatiser et surenfermer un ensemble de patients atteints de handicaps psychosociaux, aux antipodes des valeurs affichées par les Jeux ».
Emmanuelle Rémond, présidente de l’Unafam, déclare quant à elle que « ces interdictions de sortie généralisées, faites à des patients hospitalisés sur une base uniquement sécuritaire, constituent une violation flagrante de leurs droits, et sont très stigmatisantes ».
Camille Stromboni note que « pour les Jeux olympiques eux-mêmes, aucune remontée n’a été constatée à ce jour en Ile-de-France, et l’agence régionale de santé assure qu’aucune consigne de «restriction des sorties des patients pris en charge en psychiatrie» n’a été formulée ».
La journaliste remarque qu’« au ministère de la Santé, on dément toute «consigne générale interdisant les sorties d’hospitalisation de personnes placées sous SDRE» lors des passages de la flamme ».
Camille Stromboni note toutefois qu’« à lire les documents que Le Monde a pu consulter, le «cas par cas» a pourtant cédé la place à des instructions générales, dans au moins une demi-douzaine de départements. Les directives reçues, par écrit ou par oral, vont d’un appel au «durcissement des autorisations» à la «nécessité d’éviter les sorties de courte durée», jusqu’à une demande pure et simple de «report des sorties», comme l’a formulé l’agence régionale de santé du Grand-Est ».

Frank Bellivier, psychiatre et délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie auprès du ministère de la Santé, réagit : « En aucun cas des considérations générales, liées notamment à l’ordre public, peuvent aboutir à de telles restrictions de liberté, c’est contraire à l’esprit de la loi. […] On assimile les patients en soins psychiatriques à des personnes dangereuses, c’est faux et stigmatisant ».

Date de publication : 23 juillet 2024

Le Figaro

Ségolène Barbé note dans Le Figaro : « Peur de conduire, de prendre l’avion ou d’être enfermé… Pour traiter toutes ces phobies et bien d’autres, le Dr Éric Malbos, psychiatre à l’hôpital Sainte-Marguerite (Marseille), propose à ses patients d’enfiler un casque de réalité virtuelle qui les confronte, dans un univers sécurisé, à l’objet ou à la situation qui les angoisse ».
La journaliste explique en effet : « Technologie permettant de plonger une personne dans un monde artificiel créé numériquement, la thérapie par exposition à la réalité virtuelle (TERV) est aujourd’hui de plus en plus utilisée pour soigner les troubles anxieux mais aussi les addictions (tabac, alcool, jeux…) ou encore les troubles du comportement alimentaire (TCA) ».
Le Dr Malbos précise qu’« en exposant le patient à la tentation de fumer ou de boire de l’alcool, on travaille sur le « craving », ce besoin irrépressible de consommer la substance à laquelle on est addict, avec une exposition progressive, prolongée et répétée ».
Ségolène Barbé relève que « la TERV est utilisée selon un protocole précis : 5 séances de groupe pour apprendre aux patients les techniques de thérapie comportementale et cognitive (TCC), puis 6 séances de réalité virtuelle d’une demi-heure chacune pour se confronter à son addiction ou sa phobie ».
Le Dr Malbos indique qu’« en situation virtuelle, le patient peut ensuite mettre en application les techniques de TCC qu’il a apprises lors des premières séances : comprendre comment son cerveau réagit à la peur ou à l’addiction, apprendre à gérer son anxiété (relaxation, respiration, auto-suggestion…), travailler sur ses fausses croyances (« si je fume, cela va me détendre », « j’ai bien mérité ce petit verre d’alcool »)… ».
« Le patient apprend ainsi à diminuer la réponse émotionnelle à une situation (l’habituation) et à remplacer ses prédictions alarmantes par des croyances plus réalistes… », 
ajoute Ségolène Barbé.
Le psychiatre précise notamment : « J’ai coordonné une étude sur l’arrêt du tabac qui a démontré que sur 100 patients qui tentent d’arrêter, 68% sont devenus abstinents grâce à la réalité virtuelle, contre seulement 46% pour la TCC traditionnelle ».
Maud Lemercier-Dugarin, psychologue, déclare quant à elle : « L’avantage, c’est que l’univers dans lequel on plonge le patient peut être entièrement personnalisé. Pour quelqu’un qui a la phobie de la conduite, on peut par exemple ajouter des éléments qui le stressent particulièrement (accident, trafic important, pluie…) ».
Ségolène Barbé indique qu’« en 2025, la psychologue coordonnera, à l’Université de Caen-Normandie, le premier DU (Diplôme Universitaire) français pour former les professionnels de santé (médecins, psychologues…) à cette thérapie en plein essor ».

Elisa Doré annonce dans Le Figaro que « pour la première fois, des chercheurs américains ont mis en évidence le mécanisme sous-jacent qui pourrait expliquer les effets bénéfiques de la psilocybine dans le traitement de certains troubles psychiatriques ».
La journaliste explique que « pour évaluer comment les réseaux neuronaux sont modifiés par la psilocybine, les chercheurs ont mesuré l’activité de différentes régions du cerveau de 7 adultes en bonne santé avant, pendant et jusqu’à 3 semaines après une seule administration de 25 mg de psilocybine (une dose forte) ».
« Les analyses ont été réalisées par IRM fonctionnelle (IRMf), une technique d’imagerie qui permet de visualiser de façon dynamique l’activité neuronale, c’est-à-dire la façon dont les différentes régions du cerveau communiquent et se synchronisent. Chaque participant a réalisé en moyenne 18 sessions d’IRMf et 4 d’entre eux sont revenus 6 à 12 mois plus tard pour répéter l’expérience », 
précise Elisa Doré.
Elle retient que « la psilocybine provoquait une désynchronisation de certains circuits de communication neuronale, et plus particulièrement du réseau « du mode par défaut ». Souvent lié à la rêverie mentale et à la conscience de soi, ce réseau de neurones connecte un ensemble de régions cérébrales qui s’activent normalement de façon simultanée lorsque le cerveau est au repos. Des atteintes de connectivité de ce réseau ont notamment été observées dans diverses pathologies psychiatriques, d’où l’intérêt de la psilocybine révélé par cette étude ».
Le Pr Mickaël Naassila, directeur de recherche à l’Inserm et président de la Société française d’alcoologie, indique qu’« en diminuant la force de connexion entre le réseau du mode par défaut et l’hippocampe, une zone cérébrale impliquée dans la mémoire, la psilocybine a favorisé une réorganisation à long terme du flux d’informations dans le cerveau qui pourrait être impliqué dans l’efficacité de transmission d’informations entre neurones ».
Il ajoute que « cette réduction de connectivité est par exemple impliquée dans le changement d’état de conscience et la dissolution de l’ego observables lors du trip psychédélique, qui pourrait favoriser l’ouverture d’esprit et la récupération d’une certaine flexibilité cognitive et comportementale ».
Elisa Doré relève que « de façon surprenante, ces effets ont persisté pendant plusieurs mois chez les participants. […] En psychiatrie, ces résultats suggèrent qu’à long terme, la psilocybine pourrait rendre certains circuits neuronaux plus flexibles. Autrement dit, elle porte l’espoir de permettre à des patients atteints de troubles résistants de sortir de schémas de pensée rigides qui tendent à les renfermer sur eux-mêmes ».
Dans un autre article, la journaliste évoque en outre « le grand renouveau de la médecine psychédélique », expliquant que « certaines substances psychoactives portent l’espoir d’offrir de nouveaux traitements dans certains troubles psychiatriques résistants aux molécules actuellement disponibles ».

« Abuser des réseaux sociaux influence jusqu’à nos rêves »

Date de publication :« Le sport adapté aux handicaps mentaux et psychiques, parent pauvre des Jeux paralympiques »

Date de publication : 28 août 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève que « depuis 2000 et le scandale de l’équipe de basket espagnole, les déficients intellectuels, trisomiques et autistes peinent à retrouver leur place dans l’univers paralympien ».
Cédric Callier remarque ainsi que lors des Jeux paralympiques qui débutent ce soir à Paris, « la fête ne sera pas aussi belle pour les déficients intellectuels (classe 1), ainsi que pour les personnes souffrant de trisomie (classe 2) ou d’autisme (classe 3) ».
Le journaliste explique : « Certes, il serait erroné d’affirmer que les athlètes en situation de handicap mental ou psychique en seront totalement absents. Avec trois sports – para-athlétisme, paranatation et para-tennis de table – et 10 épreuves concernant uniquement les membres de la classe 1, ils auront droit à un petit strapontin et à un peu moins de 2% des médailles qui seront distribuées lors de ces Jeux paralympiques ».
Cédric Callier souligne que « forte de 236 membres, l’équipe de France, elle, ne comptera que 6 représentants du sport adapté. […] Des chiffres très loin d’être représentatifs de la réalité de la situation dans le monde, avec plus de 200 millions de personnes diagnostiquées déficientes intellectuelles, soit environ 20% de la population souffrant de handicap dans le monde ».
Le journaliste rappelle notamment que « les porteurs de la trisomie 21, eux, seraient plusieurs dizaines de millions dans le monde, dont environ 50.000 enfants ou adultes en France. Quant à l’autisme, qui peut prendre des formes plus ou moins sévères, des études scientifiques estiment qu’il toucherait entre 0,6% et 1% de la population mondiale ».
Cédric Callier ajoute que « sur le plan purement sportif, il faut également savoir que la Fédération française du sport adapté compte environ 65.000 licenciés(e)s, soit presque le double de celle handisport (36.000 pratiquants en 2023) ».
Pascal Andrieux, président de la Fondation Malakoff Humanis, déclare ainsi : « C’est quand même une aberration que les sportifs déficients intellectuels ne puissent participer aux Jeux paralympiques qu’à trois sports, et seulement dans certaines épreuves ».
« On rêve que demain les sportifs souffrant de trisomie puissent vivre les Jeux et qu’après-demain ce soit le cas de ceux souffrant d’autisme. Malheureusement, il y a un black-out du Comité international olympique (CIO), du Comité international paralympique (IPC) ou encore de certaines fédérations internationales pour ne pas faire plus, notamment vis-à-vis des trisomiques », 
ajoute le responsable.
Cédric Callier précise que « cette mise au ban ne relève cependant pas d’une simple et pure discrimination à l’égard des athlètes souffrant d’un handicap mental, mais elle a pris naissance lors d’un immense scandale qui a fortement entaché les Jeux paralympiques de Sydney en 2000. Victorieuse du tournoi de basket réservé aux déficients intellectuels, l’équipe espagnole n’était en fait composée que de deux joueurs souffrant de handicap, les 10 autres s’avérant parfaitement valides ».
Marc Truffaut, président de la Fédération française du sport adapté (FFSA), fait savoir que « de 2000 à 2009, il y a eu la mise en place de l’éligibilité. Celle-ci a été renforcée, en se basant sur des recherches scientifiques et des critères uniformes sur l’ensemble de la planète, ce qui n’était pas le cas avant ».
Il précise : « De manière très synthétique, avant, on établissait parmi les critères qu’il fallait avoir un Q.I. inférieur à 75, mais les tests n’étaient pas normés. Désormais, il y a des critères clairement définis, avec toute une batterie de tests précis. Ensuite, le second travail qui a été mis en place concerne la classification, qui s’appuie également sur des recherches scientifiques permettant de démontrer que le type de déficience intellectuelle qu’a la personne a bien un impact dans sa pratique sportive ».
Cédric Callier remarque que « malgré tous ces efforts, le sport adapté n’a pas vu sa situation évoluer favorablement depuis sa réintégration, très limitée, lors des JO 2012. Pire, «il y a toujours une discrimination importante» aux yeux de Marc Truffaut ».
Ce dernier observe que « les athlètes du sport adapté n’ont toujours pas été réintégrés dans le programme des Jeux paralympiques d’hiver. En 1998, il y avait du sport adapté à Nagano, mais, depuis notre réintégration, aucune épreuve n’a été ouverte pour eux. Nous espérons qu’en 2030 nous aurons une fenêtre pour inverser l’histoire ».

27 août 2024

Science et Vie

C’est ce que titre Science et Vie, qui fait savoir que « selon une étude internationale menée sur 600 personnes, celles qui utilisaient davantage les réseaux sociaux au quotidien étaient plus susceptibles de faire des cauchemars – sur le cyberharcèlement, la haine en ligne… ».
« Au point de nuire à la qualité de leur sommeil et à leur santé mentale, avec un risque accru d’anxiété et de dépression », 
ajoute le magazine, selon cet article paru dans BMC Psychology. (voir l’article)

Revue de presse santé psy – Septembre 2024

« Le surf sur ordonnance, pour soigner le corps et l’esprit dans les vagues »

Date de publication : 3 septembre 2024

Le Figaro

Annelot Huijgen explique dans Le Figaro qu’« à Biarritz, sur le conseil de leur médecin, des patients se sont inscrits dans une école de surf. Une expérience réussie de sport sur ordonnance, une pratique trop peu répandue malgré des bénéfices reconnus ».
La journaliste livre ainsi un reportage sur la Côte des Basques et le témoignage de patients, notant : « Le surf, c’est leur médecin qui le leur a prescrit, dans le cadre du traitement d’un cancer ou d’une dépression ».
Nicolas Pinot, fondateur de l’école de surf Pure Source, précise : « Avant la première séance, je rencontre le corps médical pour connaître les restrictions et les objectifs de chacun. L’approche est individualisée, sans pression : l’élève fait ce qu’il veut en fonction de son humeur et de ses capacités ».
Annelot Huijgen indique que « cet ancien membre de l’équipe de France a été le premier à obtenir le certificat «surf santé» des ministères des Sports et de la Santé en 2022 ».
Le responsable déclare que « l’objectif n’est pas de devenir un champion ou une championne, mais de se sentir mieux grâce à l’eau, aux mouvements et grâce au contact avec les autres ».
Nolwenn Cahaignon, attente d’une forme chronique d’arthrite inflammatoire, remarque ainsi : « Cela fait tellement de bien au moral et au corps de sortir de chez soi. […] Je n’arrivais plus à marcher. Maintenant, j’enfile ma combinaison toute seule et nous avons même acheté nos planches ».
Jérôme Barriol, qui participe dans le cadre de sa psychothérapie, observe quant à lui : « Jamais je n’aurais osé me lancer seul, surtout à 48 ans, dans ce sport, qui me semblait difficile et élitiste. J’habite pourtant à 600 mètres de la plage… ».
« Dans l’eau, on n’a pas le temps de réfléchir, ce qui a fortement diminué mes addictions. J’ai retrouvé la forme et une vie en société », 
poursuit-il.
François Chevrier, directeur médical à la clinique Château Caradoc, à Bayonne, souligne que « les retours d’expérience sur cette approche novatrice proposée à tous nos patients en hôpital de jour sont très positifs. Pour certains, le principal effet de la surf thérapie est d’arriver à mieux réguler leurs émotions, y compris de façon préventive, réduisant ainsi potentiellement la posologie des médicaments. Pour la plupart, le bénéfice est avant tout social ».
Annelot Huijgen observe cependant que « si les bienfaits du surf ont été prouvés scientifiquement et qu’il est utilisé comme thérapie depuis une quinzaine d’années aux États-Unis, en Afrique du Sud ou encore en Grande-Bretagne, il n’est proposé que par une cinquantaine de structures en France ».
Jean-Marc Saint-Geours, fondateur de l’association nationale Surf santé, remarque que « la surf thérapie, reconnue par le CNOSF (Comité national olympique et sportif français, NDLR), dispensée par des détenteurs d’un brevet d’État, est très encadrée. Mais le fait que les séances ne soient pas remboursées constitue un frein important ».
La journaliste relève que « le surf et d’autres sports, qui peuvent être prescrits par tous les médecins de famille tout comme par l’une des près de 500 maisons sport-santé, ne sont pris en charge qu’au cas par cas par des agences régionales de santé, des collectivités locales ou encore des mutuelles ».
Annelot Huijgen ajoute que « le second obstacle «au développement du sport en tant que soin est culturel», estime Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle ».
Ce dernier déclare que « même si l’activité physique est reconnue comme thérapie non médicamenteuse par la Haute Autorité de santé depuis 2011 et que le dispositif de l’activité physique adaptée (APA) existe depuis 2016 et a été élargi en 2022, de nombreux médecins hésitent à la prescrire ».« L’inquiétante hausse de la consommation d’antidépresseurs chez les jeunes »

Date de publication : 4 septembre 2024

Le Figaro

Shaya Baldassari explique dans Le Figaro qu’« entre 2019 et 2023, le nombre de jeunes âgés de 12 à 25 ans ayant reçu une prescription de psychotropes a augmenté de 18%, selon un rapport de l’Assurance-maladie publié le 19 juillet dernier ».
La journaliste rappelle que « ces médicaments, qui peuvent être délivrés par un médecin généraliste, incluent plusieurs catégories : antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques, hypnotiques et stabilisateurs de l’humeur. Parmi eux, les antidépresseurs se distinguent par une hausse spectaculaire de 60%, ce qui représente 143.600 personnes supplémentaires sous traitement ».
« Au total, près de 936.000 jeunes ont été remboursés au moins une fois pour un médicament psychotrope en 2023, relève l’Assurance-maladie, qui qualifie cette augmentation de «préoccupante» », 
souligne Shaya Baldassari.
Elle s’interroge : « Comment expliquer cette hausse fulgurante ? Selon les professionnels de santé, la réponse la plus évidente réside dans la détérioration significative de la santé mentale des jeunes ».
Le Pr Michel Lejoyeux, chef du service psychiatrie-addictologie de l’hôpital Bichat (Pariss), souligne que « depuis 2020, la demande de soins a explosé au département psychiatrie des urgences. Nous constatons un niveau élevé de souffrance et de pathologies chez les plus jeunes. Il y a eu deux pandémies : l’une infectieuse, celle du Covid-19, puis une autre, d’ordre psychiatrique, dont nous ressentons encore les effets aujourd’hui ».
Shaya Baldassari note ainsi que « depuis septembre 2020, la santé mentale des adolescents (11-17 ans) et des jeunes adultes (18-24 ans) s’est particulièrement dégradée, avec une hausse marquée des consultations d’urgence pour troubles de l’humeur, idées suicidaires et gestes suicidaires ».
« En cause ? Les trois confinements de 2020 et 2021, qui ont duré plus de 5 mois au total, provoquant «une perturbation des rythmes scolaires, la disparition des loisirs, du sport, et la rupture des liens sociaux», souligne Frank Bellivier, professeur de psychiatrie à l’université Paris Cité et délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie », 
continue la journaliste.
Elle relève que « pour lui, cette «désorganisation» a entraîné des troubles du rythme circadien, exacerbés par une surconsommation d’écrans ».
Shaya Baldassari ajoute qu’« aux conséquences de la pandémie se superposent «un contexte économique et écologique anxiogène» et «une jeunesse en perte de repères, d’espoir et de sens, ce qui rend difficile la capacité à se projeter dans l’avenir», indique la psychologue clinicienne Delphine Py ».
La journaliste observe en outre que « le Pr Lejoyeux, qui recommande la prudence dans l’interprétation de ces chiffres, souligne la fin du « déni » concernant la santé mentale des jeunes. En effet, l’une des raisons possibles à l’augmentation du nombre de jeunes sous antidépresseurs pourrait être «une meilleure reconnaissance de la souffrance» ».
Le psychiatre déclare qu’« aujourd’hui, voir un jeune qui souffre n’est plus perçu comme quelque chose de normal lié à l’adolescence, nous identifions mieux les signes de détresse ».
Shaya Baldassari remarque par ailleurs que « la difficulté d’accès aux consultations spécialisées, conséquence de la multiplication des déserts médicaux et du coût élevé des thérapies, est également un facteur important ».
Delphine Py indique ainsi que « face à la souffrance d’un jeune et au manque de moyens pour le suivre psychologiquement ou psychiatriquement, il est fréquent que les médecins prescrivent des antidépresseurs comme solution rapide. […] Sans un suivi adapté, les antidépresseurs peuvent entraîner des risques de rechute, surtout si la prescription n’est pas correctement ajustée ».

« Chez l’adolescent, les antidépresseurs doivent être réservés aux états dépressifs sévères »

Date de publication : 4 septembre 2024

Le Figaro

Le Figaro livre un entretien avec le Dr Xavier Benarous, pédopsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), qui, « avec d’autres médecins, a créé un site internet d’aide à une prescription adaptée des psychotropes chez l’enfant et l’adolescent ».
Le journal interroge ainsi : « Dans quelles situations les antidépresseurs peuvent-ils être prescrits à un enfant ou un adolescent ? ».
Le pédopsychiatre répond qu’« ils sont indiqués dans le traitement des épisodes dépressifs sévères quand une psychothérapie bien conduite a échoué à soulager le jeune patient. Les symptômes sont variés, et incluent une tristesse ou un vécu de colère persistante, des difficultés de concentration, une modification de l’appétit et du sommeil, etc. On observe une rupture avec le fonctionnement habituel du jeune ».
Le Dr Benarous ajoute que « le traitement doit intervenir en parallèle d’une psychothérapie, et être maintenu au moins 6 à 12 mois pour éviter une rechute. Il faut être très attentif dans les premières semaines, car il y a un risque de majoration des symptômes anxieux à l’introduction de l’antidépresseur ».
Le Figaro poursuit : « Comment expliquez-vous la hausse des prescriptions d’antidépresseurs en France ? ».
Xavier Benarous déclare que « c’est d’abord un indicateur de la dégradation de la santé mentale des enfants et des adolescents. Le phénomène observé dans la plupart des pays occidentaux préexistait à la crise du Covid, mais s’est aggravé depuis. Le recours aux antidépresseurs témoigne aussi sans doute d’un meilleur repérage ».
« De ce point de vue, c’est plutôt encourageant. Mais la prise en charge de cette souffrance ne doit pas être seulement médicale ou médicamenteuse. Elle doit faire intervenir en premier lieu d’autres professionnels – les psychologues, les infirmières, les enseignants. Tout l’enjeu est de proposer des réponses appropriées, en réservant les médicaments à ceux qui en ont réellement besoin », 
souligne le pédopsychiatre.

« « Le même effet que la cigarette ou le sucre » : scroller sur les réseaux sociaux, la nouvelle addiction »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Parisien

Aymeric Renou et Jila Varoquier constatent dans Le Parisien que « regarder des vidéos à la chaîne sur son smartphone est devenu une habitude quotidienne pour des millions d’entre nous. Jusqu’à virer parfois à l’obsession, voire à l’addiction, avec des conséquences sur notre équilibre psychologique non négligeables ».
Les journalistes expliquent ainsi : « On sait que ce qu’on appelle également le «switch digital», l’habitude de faire défiler rapidement les vidéos proposées sur TikTok, Instagram, Facebook ou YouTube, mais aussi le «speed watching» qui consiste à regarder de manière accélérée des séries sur Netflix, Disney + ou Prime Vidéo sont des pratiques qui alertent les professionnels de santé ».
« L’effet « tunnel » dans lequel elles nous plongent nous éloigne du monde qui nous entoure, favorise les pertes d’attention. Psychiatres et neuroscientifiques s’inquiètent de l’usage abusif de ces applications qui amplifient les symptômes de dépression et d’anxiété », 
soulignent Aymeric Renou et Jila Varoquier.
Ils font savoir qu’« une nouvelle étude, tout juste publiée dans le très sérieux Journal of Experimental Psychology, enfonce le clou et ajoute un symptôme inattendu à tous ceux déjà identifiés. Cette manie de consommer rapidement de courtes séquences filmées à la chaîne pour, parfois, tromper un moment d’ennui, provoque en effet exactement le contraire, selon les résultats obtenus par une équipe de chercheurs de l’université de Toronto Scarborough au Canada ».
Katy Tam, autrice principale, précise ainsi : « Nos recherches démontrent que, si les gens accélèrent, avancent ou zappent les vidéos pour éviter de s’ennuyer, ce comportement augmente en fait l’ennui. Cela rend aussi le visionnage moins satisfaisant et moins stimulant. L’ennui vient de ce décalage entre notre implication et celle que nous aurions souhaité avoir ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d’addictologie, réagit : « Je ne suis pas étonné de ce résultat. Quand vous regardez une vidéo longue d’au moins une dizaine de minutes, sans pouvoir avancer rapidement ou zapper, un effet de stimulation du système de récompense finit par être sécrété par le cerveau qui a été attentif ».
« À l’inverse, de très courtes vidéos enchaînées produisent le même effet que la cigarette ou le sucre, une excitation importante qui procure du plaisir puis, ensuite, un crash. Au bout de 5 ou 10 crashs, on a le sentiment d’être vidé », 
indique le spécialiste.
Il évoque la plate-forme TikTok : « Elle a développé un algorithme pour capter et attirer votre attention en proposant des contenus stimulants qui vous ressemblent. Sur mon compte, j’ai foison de vidéos de salles de sport parce que j’ai regardé un peu cette thématique. Vous faites un peu de bricolage et vous vous retrouvez avec une multitude de tutos dans ces domaines et, bien sûr, des vidéos publicitaires pour acheter des outils. »
Aymeric Renou et Jila Varoquier ajoutent que « d’abord réservé aux accros des écrans, le phénomène n’a désormais rien d’anecdotique et touche des millions de personnes parmi les plus de 20 millions d’abonnés français à TikTok, les quelque 22 millions d’utilisateurs mensuels d’Instagram et les 48 millions de visiteurs par mois sur Facebook ».
Ils indiquent qu’« une clinique a même ouvert ses portes en début d’année, en Suisse, pour des séjours de désintoxication numérique spécialisés dans ce que certains appellent déjà le «binge scrolling», le défilement frénétique et jusqu’à plus soif de vidéos sur smartphone ».« Manque d’activité physique, alimentation, stress… Le surpoids et l’obésité ont augmenté en France en 20 ans »

Date de publication : 11 septembre 2024

Libération

Libération souligne en effet que « le surpoids et l’obésité augmentent en France, depuis au moins 20 ans. Le constat a déjà été dressé, mais Santé publique France livre […] les résultats d’une enquête inédite sur sa durée ».
Le journal indique que « pendant deux décennies, les scientifiques ont mené des enquêtes téléphoniques régulières auprès de milliers d’individus représentatifs de la population française. Les données de 124.551 personnes de 18 à 75 ans, réunies entre 1996 et 2017, ont été analysées ».
Le quotidien observe que « la proportion d’hommes se déclarant en surpoids a grimpé de 40% en 1996 à 48% en 2008. Elle semble depuis se stabiliser entre 48 et 50%. Quant à l’obésité, elle concernait 7% des hommes en 1996 : elle a dépassé les 14% en 2016 ».
« Une telle stabilisation ne se retrouve pas chez les femmes – qui sont en revanche moins nombreuses à déclarer une corpulence trop importante. Moins d’un quart se déclarait en surpoids en 1996 : 39% en présentaient un en 2017. L’obésité déclarée, inférieure à 6% en 1996, s’est établie à 14% en 2017 », 
remarque Libération.
Le journal ajoute que « ces résultats issus de déclarations devront être complétés par le recueil de données mesurées – il pourrait y avoir une sous-estimation. Ils corroborent tout de même les conclusions d’autres travaux ».
Libération poursuit : « Cette croissance de la corpulence «se retrouve dans tous les pays occidentaux», souligne Charlotte Verdot, épidémiologiste à Santé publique France. La tendance s’explique, entre autres, par des évolutions de mode de vie : plus de sédentarité et moins d’activité physique, «davantage de malbouffe»… ».
L’article rappelle que « le surpoids et l’obésité constituent des facteurs de risque majeurs de maladies non transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, certains cancers ou de décès prématurés, ainsi que certaines maladies infectieuses – la crise Covid l’avait d’ailleurs bien mis en évidence ».
Charlotte Verdot indique en outre : « On peut mettre en parallèle les niveaux d’activité physique qui se dégradent dernièrement chez les femmes, alors qu’ils se maintiennent chez les hommes ».
Libération cite également Karine Clément, professeure de nutrition et directrice d’unité de recherche à l’Inserm, qui « pointe néanmoins un «manque de données liées à l’âge : on sait qu’il peut y avoir un basculement chez les femmes à la ménopause.» De même, des facteurs liés «au stress, aux perturbateurs endocriniens, aux mécanismes biologiques qui conduisent à la prise de poids chez certaines personnes», ne sont pas tous complètement appréhendés ».
Karine Clément souligne qu’il est « urgent d’avoir des campagnes de prise en charge à titre préventif », ainsi qu’« un accompagnement pour les personnes chez qui il est déjà installé », ajoute le quotidien.

« Le mois de naissance, un biais oublié dans l’évaluation du TDAH »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève qu’« alors que la Haute autorité de santé s’apprête à rendre de nouvelles recommandations sur le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDA/H), il est pertinent de rappeler la nécessité d’un diagnostic très affiné qui tient compte de l’âge ».
Madeleine Meteyer note ainsi qu’« une étude de l’Insee sortie le 2 septembre est venue décortiquer un mécanisme confusément connu mais jamais «prouvé» en France à cette échelle : être né en fin d’année est en moyenne un désavantage à l’école ».
La journaliste précise que « l’étude de l’Insee explique qu’être plus jeune d’un an lors de l’entrée à l’école baisse d’environ 20 points les performances à l’âge de 15 ans en mathématiques, en sciences et en lecture ».
Madeleine Meteyer souligne que « c’est beaucoup, l’équivalent d’une année d’études en moins. Les conséquences peuvent marquer une vie. Ainsi le niveau de diplôme est en moyenne inférieur chez les personnes nées en fin d’année et «le harcèlement les touche plus souvent», explique Alain Weill, médecin et directeur adjoint du groupement Epi-Phare ».
La journaliste ajoute que selon l’Insee, « «les élèves jeunes à l’entrée à l’école sont surreprésentés dans les diagnostics d’hyperactivité» -, un élément déterminant qui fait écho à une autre étude publiée en juin et consacrée au trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant, le désormais fameux TDAH ».
Madeleine Meteyer évoque « cette autre étude publiée le 20 juin par Epi-Phare [qui] a révélé que parmi les enfants d’un même niveau de scolarité, et après prise en compte des autres facteurs de risques (prématurité, exosition au tabac et à l’alcool in utero, fait d’être un garçon), la prescription de méthylphénidate […] et de séances d’orthophonie augmentait selon le mois de naissance ».
« Un effet d’âge relatif passé sous les radars… Et absurde sachant qu’il n’y a «aucune raison» dixit Alain Weill, l’un de ses rédacteurs, que Nathan né en décembre ait plus de risque d’avoir un TDAH que Jules né en janvier. Ni que Nathan né en décembre et ayant reçu un diagnostic TDAH se voie davantage prescrire du méthylphénidate ou des séances d’orthophonie que Jules né en janvier et ayant lui aussi reçu un diagnostic TDAH »,
 poursuit la journaliste.
Madeleine Meteyer souligne que « les natifs de février avaient, par rapport à ceux de janvier, 7% de «risque supplémentaire» de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux d’octobre 46% et ceux de décembre 55%. Mêmes tendances avec les séances d’orthophonie : 3% de« risque supplémentaire» pour les natifs de février ; 12% pour ceux d’avril, 49% pour ceux d’octobre ; 64% pour ceux de décembre. Étrange au vu de la finesse qu’exige ce diagnostic ».
La journaliste indique que « pour Alain Weill, l’étude peut indiquer que des professionnels ont «quelque part» fait avec trop de hâte leur travail. Les professeurs au moment d’alerter les parents ? Les médecins lors du diagnostic ? Les orthophonistes quand ils ont prescrit les séances ? ».
« Lui craint en effet que cette prescription supérieure de méthylphénidate chez les enfants plus jeunes traduise «un surdiagnostic de TDAH chez les enfants plus jeunes». Et donc un surdiagnostic de méthylphénidate dont la prescription a été en constance augmentation entre 2010 et 2019 »,
continue Madeleine Meteyer.
Elle cite enfin Hugo Peyre, pédopsychiatre au CHU de Montpellier et co-rédacteur du rapport, qui note quant à lui : « Nous n’interprétons pas tout à fait cette étude de la même manière Alain Weill et moi ».
Madeleine Meteyer retient : « S’il admet «possibles» les erreurs de diagnostic «induites par un écart de maturité dû à l’âge», il penche plus globalement pour une autre hypothèse que le surdiagnostic des natifs de décembre : le sous-diagnostic des natifs de janvier. Car le taux d’enfants TDAH est sans raison plus faible en France que dans les autres pays européens « alors que, dans le même temps, les familles nous disent avoir beaucoup de mal à faire diagnostiquer leurs enfants» ».« Près de la moitié des médecins ont déjà été harcelés sexuellement par un patient »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Parisien

« Plongée dans le cerveau d’une mère au fil de sa grossesse »

Date de publication : 17 septembre 2024

Le Figaro

« Des chercheurs [de l’université de Californie] ont soumis une femme enceinte à 26 examens par IRM [et autant de prélèvements sanguins], pour observer les changements cérébraux survenant durant cette période de grands remaniements », fait savoir Soline Roy dans Le Figaro.
« Un bel article, que l’on aurait envie de confirmer avec davantage de femmes », salut le Dr Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (Sorbonne Université AP-HP, Paris) et auteur, avec son confrère Hugo Bottemanne, de l’ouvrage Dans le cerveau des mamans (Éditions du Rocher, 2022).
« Au cœur de l’aventure, Elizabeth Chrastil, professeur associée en neurobiologie du comportement à l’université de Californie, qui a « prêté » son cerveau pour l’expérience », indique la journaliste. « C’est compliqué de recruter des volontaires pour faire autant d’imageries cérébrales, en particulier des femmes enceintes. Elles sont réticentes, même si l’IRM n’est absolument pas irradiante. Ce sont donc souvent les femmes de l’équipe qui s’y collent ! »,explique Lucie Joly.
 « La scientifique, dont c’était la première grossesse, s’est donc glissée à 26 reprises dans la machine à IRM et subi autant de prélèvements sanguins pour y suivre les fluctuations hormonales. Cela a démarré trois semaines avant la conception (qui a eu lieu par fécondation in vitro), puis toutes les deux à trois semaines durant les 40 semaines de gestation, et enfin sept fois dans les deux années suivant l’accouchement », raconte l’article.
« Et semaine après semaine, les chercheurs ont observé des modifications de volume de diverses régions cérébrales », expliquent-ils dans la revue Nature Neuroscience. « Le volume de matière grise du cortex (la partie extérieure du cerveau, impliquée dans la plupart des fonctions cognitives) a diminué à mesure que la production d’hormones augmentait, et ce de façon durable même après l’accouchement ; le volume de matière blanche (située plus profondément et impliquée dans la communication entre hémisphères) a au contraire augmenté, principalement durant les deux premiers trimestres et de façon transitoire  », détaille Soline Roy. « La plupart des régions du cerveau ont été impactées », indiquent les auteurs.
« La persistance de ces changements deux ans après l’accouchement et les variations régionales de volume des structures cérébrales « laissent entrevoir des fondements cellulaires, tels que des altérations du nombre de cellules gliales ou de neurones, de la densité synaptique et de la myélinisation » », estiment-ils. « On peut même voir à partir d’une IRM cérébrale si une femme a eu un enfant, voir combien elle en a eu », souligne Lucie Joly.
« Une diminution du volume de matière grise, cela ne veut pas dire que les femmes enceintes deviennent moins intelligentes ! Au contraire, le cerveau va se surspécialiser, plein de connexions vont se faire pour permettre au cerveau de devenir “maternel” », reprend la psychiatre spécialisée. « Les mères ont en réalité des superpouvoirs qui leur permettent de mieux détecter les émotions sur les visages, d’être hypervigilantes, de mieux détecter et interpréter les pleurs des nouveau-nés… », révèle-t-elle.
« Malgré la richesse des données obtenues, mises par les auteurs à la disposition de la communauté scientifique, il faudra confirmer les résultats sur davantage de patientes », indique le journal. « Nous recueillons actuellement des données sur 10 à 20 femmes, et prévoyons de collecter des données sur un échantillon beaucoup plus large mais avec moins de points dans le temps », fait savoir Elizabeth Chrastil.
« Lucie Joly aurait aussi aimé que des tests soient réalisés mesurant d’autres facteurs pouvant expliquer certains changements cérébraux, par exemple le niveau de stress de la volontaire. Difficile également de savoir si le fait que la participante a eu recours à une fécondation in vitro change ou non la donne, sur le plan biologique (en particulier si un don de gamètes a eu lieu) tant que psychologique », reprend Le Figaro.
« Outre satisfaire la curiosité des chercheurs, l’enjeu de ce type de travaux est d’importance », souligne le journal. « Car la recherche biomédicale, et plus encore en neurosciences, s’est jusqu’à présent bien trop peu intéressée aux femmes en général et aux femmes enceintes en particulier », regrette Emily Jacobs.
« Et notre ignorance a des conséquences. Les scientifiques ne disposent pas des données nécessaires pour prédire la dépression post-partum avant qu’elle ne se manifeste ; nous ne disposons pas des données nécessaires pour comprendre les effets de la prééclampsie sur la santé cérébrale à un stade ultérieur de la vie », liste-t-elle.
Cet article « représente le lancement du Maternal Brain Project »un effort international qui entend cartographier avec précision le cerveau maternel », indique-t-elle. « Quatre-vingt-cinq pour cent des femmes connaissent une ou plusieurs grossesses au cours de leur vie Les neurosciences de la grossesse ne doivent donc pas être considérées comme un sujet de recherche de niche », insiste Laura Pritschet.« Les confinements liés au Covid ont-ils réellement fait vieillir prématurément le cerveau des adolescentes ? »

« Un guide pour améliorer le diagnostic des enfants présentant un TDAH »

Date de publication : 24 septembre 2024

Le Figaro
Libération

Bénédicte Lutaud observe dans Le Figaro : « T.D.A.H. Quatre lettres mystérieuses, désormais omniprésentes dans les médias, les réseaux sociaux, les conversations autour de la machine à café ».
La journaliste souligne qu’« encore sujet à controverses, le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité reste mal connu en France. Ce trouble du neurodéveloppement concerne pourtant autour de 5% des enfants dans le monde ».
Bénédicte Lutaud note ainsi que « professionnels de santé et familles concernées s’accordent tous sur ce constat : le TDAH est mal diagnostiqué en France », et indique que « face à l’émergence d’experts autoproclamés, tests et conférences en ligne en tous genres pour pallier le manque de spécialistes, le ministère de la Santé et l’association de patients HyperSupers-TDAH France avaient saisi la Haute Autorité de Santé afin qu’elle livre ses recommandations sur le sujet ».
La journaliste fait donc savoir que « la HAS livre ce lundi ses «recommandations de bonnes pratiques» pour «améliorer le diagnostic et la prise en charge du TDAH chez l’enfant et l’adolescent». Un groupe de travail constitué d’experts s’est appuyé notamment sur les recommandations américaines, mais aussi de pays nordiques, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, d’Australie ou encore du Canada ».
Bénédicte Lutaud remarque que « «diagnostiquer le plus tôt possible ces enfants est essentiel» pour «éviter une aggravation des conséquences psychologiques, sociales et scolaires» du trouble, souligne […] la HAS ».
Le Pr Olivier Bonnot, enseignant de pédopsychiatrie à l’Université Paris-Saclay et président du groupe de travail, rappelle qu’« aujourd’hui, il faut un délai entre 4 et 6 ans pour avoir un diagnostic ».
Bénédicte Lutaud évoque notamment « des symptômes trompeurs » : « Le TDAH est à la fois diagnostiqué à tort pour certains enfants… et sous-diagnostiqué chez d’autres. […] Mais la difficulté tient également dans le fait que les symptômes qui le définissent – ils doivent avoir persisté au moins 6 mois – peuvent se retrouver dans de nombreux autres troubles ».
« C’est la raison pour laquelle un examen psychiatrique et clinique complet se doit de rechercher d’autres pistes, mais aussi d’autres troubles, soit associés au TDAH, soit, qui «miment» le TDAH »,
indique la journaliste.
Elle remarque que « le TDAH est par ailleurs classé en trois niveaux d’intensité : légère, modérée et sévère. Il n’y a pas d’âge limite inférieur pour observer des symptômes évocateurs, indique le groupe de travail. Toutefois, «avant l’âge de 5 ans, il est recommandé d’être encore plus prudent avant de poser le diagnostic, en raison de la variabilité développementale» des enfants ».
Bénédicte Lutaud continue : « En cas de suspicion, «tout médecin formé au diagnostic et au traitement du TDAH peut poser le diagnostic», tranche la HAS. Qu’il soit psychiatre ou pas, le plus important est que le médecin soit formé. L’objectif : gagner du temps et éviter toute perte de chance au patient ».
La journaliste ajoute que « «le diagnostic de TDAH est clinique», insiste la HAS, et il n’existe pas, à ce jour, «d’examen complémentaire ou de biomarqueur». Le diagnostic ne peut donc pas se faire en téléconsultation, hors «cas exceptionnel» ».
Et dans un autre article, Bénédicte Lutaud précise que « la Haute Autorité de santé clarifie les traitements adaptés à ce trouble du neurodéveloppement qui touche 5% des enfants dans le monde. Et écarte ceux qui n’en sont pas ».
Libération titre de son côté : « Troubles de l’attention chez l’enfant : la Haute Autorité de Santé liste ses pistes pour améliorer le diagnostic et le traitement ».
Le journal note aussi que la HAS « préconise un cadre précis pour diagnostiquer ce trouble. Et appelle les pouvoirs publics à développer l’offre de soins, face au manque de spécialistes ».
Le quotidien retient entre autres : « Un diagnostic et un accompagnement le plus tôt possible. C’est ce que préconise la HAS pour les enfants et adolescents atteints d’un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ».
Libération note que « l’autorité «appelle […] les pouvoirs publics à développer l’offre de soins pour réduire les délais de prise en charge, en permettant l’intervention de plus de médecins». Car les difficultés de diagnostic résident notamment dans un problème : la pénurie de professionnels spécialistes du TDAH ».
Olivier Bonnot, psychiatre, déclare ainsi que « quand un trouble est à ce point fréquent, on ne peut pas réserver le diagnostic et la prise en charge à un tout petit nombre de spécialistes ».

« Dépression, troubles bipolaires… Faut-il continuer à prendre son traitement pendant sa grossesse ? »

Date de publication : 23 septembre 2024

Le Figaro

Cécile Thibert s’interroge en effet dans Le Figaro : « Peut-on continuer de prendre un traitement psychotrope quand on est enceinte ? Parce qu’elle concerne la santé de l’enfant à naître aussi bien que celle de la mère, cette question génère beaucoup d’inquiétude ».
Le journaliste relève qu’« alors que jusqu’à 15% des femmes enceintes souffrent d’un trouble psychique, cette préoccupation est loin d’être anecdotique. Pour la première fois, des chercheurs ont fait une grande synthèse sur le sujet ».
Cécile Thibert indique ainsi que selon ce travail paru dans Molecular Psychiatry, « à l’exception de certaines molécules dont la dangerosité est bien établie (comme le valproate de sodium, notamment utilisé dans les troubles bipolaires), il n’existe pas de preuve robuste que l’utilisation de médicaments psychotropes pendant la grossesse entraîne des risques pour la maman ou le bébé ».
La journaliste explique que « selon les auteurs, bon nombre de risques présumés ont probablement été surestimés ou restent peu étudiés. Par exemple, ils ne retrouvent pas de lien tangible entre la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse et le risque de troubles autistiques chez l’enfant à naître ».
Cécile Thibert précise que « les chercheurs ont tout de même identifié des associations entre la prise de certains médicaments et la survenue de complications, même si la causalité reste à établir. Par exemple, la prise d’antidépresseurs durant la grossesse serait liée à la naissance de bébés plus petits et/ou prématurés ».
Elle ajoute que « la paroxétine pendant le premier trimestre de grossesse pourrait augmenter le risque de malformations congénitales ou cardiaques. Ce médicament, destiné à traiter la dépression et les troubles anxieux, n’est pourtant pas interdit aux femmes enceintes en France ».
Le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) réagit : « La paroxétine peut être utilisée à posologie efficace quel que soit le terme de la grossesse ».
Le Pr Benoît Marin, responsable du Crat et professeur de santé publique à Sorbonne Université, note ainsi que « des études ont effectivement fait état d’un lien entre la prise de paroxétine et l’augmentation du risque de cardiopathie congénitale, mais cela n’est pas confirmé par les études récentes de taille plus importante et de méthodologie plus rigoureuse ».
Le Dr Romain Dugravier, psychiatre en périnatalité au groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences, indique pour sa part que « les patientes comme les médecins étaient enclins à arrêter brusquement les traitements en cours de grossesse par peur des éventuelles répercussions. Ce n’est plus recommandé car une maladie psychiatrique mal soignée représente aussi des risques pour le fœtus. C’est une balance à trouver ».
Cécile Thibert rappelle que « certains médicaments sont toutefois à éviter absolument ». Le Pr Marin évoque ainsi « le valproate de sodium, indiqué dans les troubles bipolaires. On sait qu’il est responsable de malformations graves et de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant, or il existe des alternatives ».
La journaliste ajoute que « le lithium, lui aussi utilisé dans les troubles bipolaires, peut parfois augmenter le risque de malformations cardiaques. Mais chez certaines femmes, les alternatives médicamenteuses ne fonctionnent pas toujours. […] L’idéal est de consulter son psychiatre ou son médecin traitant en amont de la grossesse ».

Date de publication : 20 septembre 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève qu’« une étude américaine constate plus de différences sur l’évolution des jeunes filles que chez les jeunes garçons. Un résultat qui pose de nombreuses questions ».
Cécile Langlet se penche ainsi sur cette « étude publiée début septembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas) par une équipe de trois chercheurs de l’université de Washington aux États-Unis [qui] avance que le cerveau des jeunes filles aurait été plus fortement impacté par le confinement que celui des garçons, avec un vieillissement accéléré ».
La journaliste précise que « l’étude a impliqué plus d’une centaine d’adolescents américains, qui ont réalisé une IRM cérébrale, certains avant et d’autres après le confinement. D’après les chercheurs, ces analyses montrent un amincissement de l’ensemble du cerveau deux fois plus important chez les filles que chez les garçons ».
« Pour ces dernières, l’amincissement toucherait plus particulièrement les zones du cerveau impliquées dans la reconnaissance des visages, les interactions sociales et la communication alors que chez les garçons, seule la zone de reconnaissance des objets et des visages semble diminuée. L’absence ou la réduction de ces interactions pendant le confinement aurait donc eu un impact plus important sur le cerveau des filles »,
 explique Cécile Langlet.
Derek Hill, professeur en science de l’imagerie médicale et en santé numérique à l’université catholique de Louvain en Belgique, réagit à cette étude : « Un certain nombre de limites doivent être prises en compte avant de pouvoir généraliser ces résultats ».
La journaliste relève qu’« un premier problème de fond est que le nombre total d’IRM bien que raisonnable (160 avant la pandémie et 130 après), a été subdivisé en sous-ensembles et entre sujets masculins et féminins (29 masculins et 25 féminins par sous-ensemble). Ce nombre relativement faible de sujets réduit la fiabilité statistique de l’analyse ».
« Derek Hill fait aussi remarquer qu’à l’adolescence le cerveau est déjà en plein remaniement. Même sans confinement, il varie selon le niveau de puberté, selon les apprentissages ou encore l’environnement. Il paraît donc difficile d’affirmer que les variations observées par IRM sont directement liées aux seuls confinements », 
note Cécile Langlet.
La journaliste poursuit : « Les auteurs américains basent leurs conclusions sur un effet du stress qui serait ressenti plus fortement par les adolescentes pendant le confinement. […] Cependant, les auteurs n’ont aucune information qui leur permettrait d’établir le niveau de stress ressenti pendant les confinements par les personnes suivies ».
Elle cite la Dr Rebecca Sheriff, chercheuse senior en recherche clinique à l’université d’Oxford, qui remarque : « Il serait intéressant de savoir comment ces cerveaux évoluent avec un suivi plus long, c’est-à-dire si la maturation ralentit ou revient à des niveaux normaux ou inférieurs à la normale, en parallèle avec des informations sur les autres sources de stress, les facteurs de mode de vie et l’état mental, émotionnel et comportemental au fil du temps ».

Le Parisien remarque que « si le harcèlement sexuel est un problème récurrent dans de nombreux secteurs professionnels, il prend une dimension toute particulière dans le milieu médical. C’est le résultat d’une étude de l’Internal Medicine Journal, qui s’intéresse au harcèlement sexuel de différentes formes subi par des médecins de la part de leurs patients ».
Le journal indique ainsi qu’« une équipe de chercheurs, dirigée par la Dr Caroline Kamau-Mitchell du Birkbeck College londonien, ont […] combiné des résultats issus de 22 pays. Et les résultats ont de quoi laisser pantois ».
« Ils révèlent que 45% des médecins interrogés ont été victimes au cours de leur carrière. Dans le détail, 52,2% des femmes interrogées ont été concernées par ce fléau, et 34,4% des hommes. Ces médecins peuvent être issus de plusieurs spécialités »,
 note Le Parisien.
Le quotidien explique que « le harcèlement sexuel analysé dans cette étude peut revêtir différentes formes […] : attentions sexuelles non désirées, patients qui racontent des blagues à caractère sexuel, les invitent à sortir, les touchent de manière inappropriée, leur envoient des messages ou des lettres romantiques. La présentation injustifiée d’une partie du corps et les commentaires à connotation sexuelle sont également évoqués ».
Les auteurs précisent en outre que « le pourcentage de médecins ayant subi un harcèlement sexuel de la part de patients est le plus élevé au Royaume-Uni, suivi du Canada, de l’Australie, des États-Unis, d’Israël, de l’Allemagne et, enfin, de la Malaisie ».
Le Parisien ajoute que « l’un des problèmes principaux soulevé par ce travail est la déficience de canaux de signalement pour les médecins victimes de harcèlement ». La Dr Kamau-Mitchell remarque en effet que « comme pour de nombreuses formes de harcèlement, les voies de signalement sont insuffisantes ».
Le quotidien conclut que « parmi les solutions envisagées, l’installation d’alarmes de panique dans les cabinets de et services médicaux, qui permettraient aux médecins de recevoir de l’aide en urgence, simplement en pressant un bouton ».

Revue de presse santé psy – Juin 2024

« Les profondeurs du cerveau stimulées sans chirurgie »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Dans un laboratoire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), hébergé à Genève », « une ingénieuse méthode de stimulation électrique, dite « par interférence temporelle transcrânienne » [(tTIS)], cible des zones précises enfouies dans l’encéphale, mais sans geste invasif », révèle Florence Rosier dans Le Monde.
« La tête coiffée d’un bonnet de Néoprène criblé de trous, Nicole patiente. Autour de son crâne, deux doctorants s’affairent, ruban centimétrique en main. Leur tâche : repérer les quatre points où ils positionneront, sur le cuir chevelu de cette jeune femme, les quatre électrodes qui cibleront, sans recours à la chirurgie, une structure nichée au centre de son cerveau, le striatum », raconte la journaliste.
« De la taille d’une grosse prune, cette zone joue un rôle crucial dans la motricité automatique, la prise de décision et la motivation, le contrôle des émotions et des impulsions – mais aussi dans les addictions ou la maladie de Parkinson, par exemple », révèle-t-elle.
« Une étude conduite par ce laboratoire, publiée le 29 mai dans la revue Nature Human Behaviour, démontre la capacité de cette technique, chez des volontaires humains, à stimuler le striatum à une fréquence telle – 80 hertz – qu’elle module un processus d’apprentissage moteur. Plus précisément, un apprentissage « par renforcement », qui mobilise le système de récompense du cerveau », explique Florence Rosier.
« La stimulation électrique par interférence temporelle transcrânienne (…) repose sur un concept proposé puis validé sur l’hippocampe de rongeurs en 2017 », reprend l’article. « C’est une double ruse », explique Friedhelm Hummel, qui dirige ce laboratoire de neuro-ingénierie de l’EPFL. « Dans cette technique, deux paires d’électrodes sont posées sur la tête. Première finesse, chaque paire délivre un courant alternatif de haute fréquence, mais l’une d’elles est réglée à 2 000 hertz, l’autre à 2 080 hertz », détaille la journaliste.
« Les neurones ne répondant qu’aux basses fréquences, ils restent insensibles à ces hautes fréquences », continue le neuroscientifique. « Seconde astuce« quand ces deux fréquences se croisent dans les profondeurs du cerveau, elles interfèrent – un peu comme deux ondes mécaniques créées à la surface de l’eau, quand nous y jetons deux pierres » », poursuit-il.
« Dans la nouvelle étude, 24 participants en bonne santé (dont 15 femmes, moyenne d’âge 25,3 ans) ont été soumis à une tTIS ciblant leur striatum. Tout en étant placés dans un appareil d’IRM, ils devaient moduler la force appliquée sur un capteur par leur main droite (dominante) pour suivre une cible mobile sur un écran. Tantôt ils étaient informés en temps réel du succès ou de l’échec de leur essai (apprentissage par « renforcement »), tantôt non », détaille Le Monde. Résultat, « lors de cet apprentissage par renforcement, les participants s’amélioraient en moyenne de 25%, même sans stimulation », résume Pierre Vassiliadis.
« Cette technique, par son caractère non invasif et sa capacité à moduler l’activité de structures cérébrales profondes, ouvre de nouvelles perspectives », estime Emmanuel Haffen, chef du service de psychiatrie adulte du CHU de Besançon. « Mais les données chez l’homme sont émergentes, il faut encore attendre un peu», nuance-t-il.
« Deux questions sont posées. La stimulation tTIS peut-elle promouvoir l’engagement dans l’effort ? Et le diamètre de la pupille, en lien avec le système de récompense du cerveau, peut-il être un marqueur de l’efficacité de la stimulation ? Réponse dans quelques mois », conclut Florence Rosier.

« Une amnésie post-concert rapportée par des fans de Taylor Swift »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Nommé « amnésie globale transitoire », ce phénomène, pas si rare, est décrit en lien avec des événements chargés d’émotions. Les personnes anxieuses ou dépressives y seraient plus sensibles », révèle Ynès Khoudi dans Le Monde.
« Si je devais décrire ma sensation, je dirais que le concert ne s’est pas encore produit », raconte Guenaëlle, 22 ans. « Et pourtant l’étudiante en master achats était bel et bien à La Défense Arena, à Paris, le 9 mai, pour assister à l’événement qu’elle attendait depuis presque un an : le concert de Taylor Swift, pop star américaine, sa chanteuse préférée », note la journaliste.
« Je suis incapable de me rappeler la couleur des tenues qu’elle a portées, par exemple. Par contre, je me souviens très bien de chaque détail du chemin du retour et de mon hôtel », explique Guenaëlle.
« En se plongeant dans la littérature, Nathan Carroll, psychiatre au Jersey Shore University Medical Center, dans le New Jersey (Etats-Unis), est tombé sur un syndrome : l’amnésie globale transitoire, ou ictus amnésique, qui se caractérise par une perte de mémoire sur une courte période », indique l’article.
« Le trop-plein d’excitation est vécu par le cerveau comme du stress, et cela impacte sa capacité à encoder les souvenirs », poursuit le psychiatre. « Notre mémoire est extrêmement sensible au stress, qu’il provienne d’une expérience positive ou négative », souligne-t-il.
« Selon une étude menée chez plus de 200 personnes en Argentine, publiée dans la revue de l’Académie brésilienne de neurologie Arquivos de Neuro-Psiquiatria, il s’agit pourtant d’un syndrome bien plus commun chez des individus plutôt âgés, entre 50 et 80 ans », observe Le Monde.
« On pourrait comparer ce phénomène à ce que font les états de stress post-traumatiques. L’intensité du souvenir, la sursollicitation de l’amygdale, les mécanismes à l’œuvre pour encoder la mémoire émotive sont sensiblement similaires », avance Yann Humeau, chercheur CNRS à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (IINS) de Bordeaux.
« L’anticipation extrême peut induire de l’anxiété. La montée d’adrénaline et de cortisol, l’hormone du stress, peut contribuer au phénomène », développe la journaliste. « Depuis une vingtaine d’années, la recherche sur les pertes de mémoire post-traumatiques s’est focalisée sur l’hippocampe, une zone du cerveau particulièrement impliquée dans le stress », précise-t-elle.
« L’amnésie globale transitoire est une expérience « beaucoup plus commune qu’on le pense » », assure Nathan Carroll. « Car les concerts ne sont pas les seuls événements concernés : rendez-vous sportifs, mariages, cérémonies de remise des diplômes… Tous les moments susceptibles de rendre le cerveau « débordé » par l’anticipation, l’excitation, la pression ou l’émotion peuvent causer ce type d’amnésie », explique l’article.
« Les événements modérément excitants renforcent globalement la mémoire. Mais, à mesure que l’excitation augmente, l’attention se réduit, et nous nous souvenons de moins en moins des détails et du contexte », analyse Robert N. Kraft, professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Otterbein dans l’Ohio (Etats-Unis).
« Nous ne sommes pas tous égaux face au risque d’oublier des portions d’une soirée que l’on considère comme importante, voire sa totalité », souligne la journaliste. « Les personnes souffrant d’anxiété ou de dépression sont bien plus susceptibles de subir cette perte de mémoire », avance Nathan Carroll. 
Le rôle du sommeil est « fondamental pour consolider les informations qui ont pu être encodées », rappelle Yann Humeau. « Or, l’excitation induite par l’anticipation d’un événement particulier peut le perturber », note Ynès Khoudi.

« À l’arrêt des antidépresseurs, 15% des patients souffriraient d’un syndrome de sevrage »

Date de publication : 7 juin 2024

Le Figaro

Delphine Chayet note dans Le Figaro que « l’existence d’un « syndrome de sevrage » survenant chez certains patients à l’arrêt de leur traitement antidépresseur est aujourd’hui reconnue dans les recommandations cliniques en psychiatrie. Vertiges, nausées, maux de tête, insomnie et irritabilité sont les symptômes les plus courants ».
La journaliste fait savoir que « dans la première analyse d’ampleur réalisée sur le sujet, des chercheurs de l’Université de Cologne évaluent à 15% le nombre de personnes qui connaissent, à l’arrêt de leur antidépresseur, un ou plusieurs désagréments directement causés par le sevrage, tandis que 3% subissent des troubles sévères ».
Les auteurs écrivent dans The Lancet Psychiatry : « Nos résultats montrent aussi qu’un patient sur trois décrit des effets indésirables du même type après l’arrêt d’un placebo, suggérant que les attentes du malade et de son médecin ont une influence ».
Delphine Chayet explique que « les scientifiques ont pris en compte les résultats de 79 essais cliniques et études observationnelles incluant au total plus de 21.000 patients âgés de 45 ans en moyenne – dont une grande majorité de femmes. La conclusion de cette synthèse est, à leurs yeux, «rassurante» ».
Christopher Baethge (Université de Cologne), co-auteur, remarque ainsi : « Nous espérons que ce résultat permettra d’informer les professionnels de santé et les patients sur les risques encourus à l’arrêt d’un antidépresseur, sans être inutilement alarmiste ».
« Notre travail ne signifie pas que les désagréments expérimentés par certaines personnes ne sont pas réels. Tout symptôme causant de l’inconfort ou de la détresse doit être pris en sérieux, et le malade doit être soutenu », 
ajoute le chercheur.
La journaliste observe que « les auteurs de l’étude ne relèvent pas un risque plus important de syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal des médicaments. Prudents, ils appellent à d’autres recherches sur ce point ».
Mark Horowitz, neurobiologiste et responsable d’une consultation spécialisée dans le syndrome de sevrage au Royaume-Uni, remarque pour sa part : « Leur résultat a été obtenu à partir d’études de court terme pour la plupart, dans lesquelles les patients étaient traités depuis 25 semaines en moyenne. Or il est prouvé que le risque de survenue d’effets indésirables à l’arrêt d’un antidépresseur augmente avec la durée de prise du traitement, de même que la sévérité des symptômes ».
« Il est très probable que la méta analyse sous-estime la fréquence et la sévérité des symptômes chez ces utilisateurs au long cours qui sont de plus en plus nombreux »
, déclare le spécialiste.

« A Millau, les larmes d’un psychiatre »

Date de publication : 11 juin 2024

Libération

Eric Favereau indique en effet dans Libération que « pour des raisons purement administratives, un psychiatre à diplôme étranger a dû quitter la France, mettant en péril la survie de la psychiatrie dans le Sud-Aveyron, et cela au grand désespoir du médecin psychiatre ».
Le journaliste explique que la semaine dernière, « le Dr Jean-Dominique Gonzalez, psychiatre, chef emblématique du secteur à l’hôpital de Millau, expliquait que «c’était fini», que «[son] collègue a dû quitter le territoire français le 31 mai», et qu’il se retrouvait quasi seul, juste avec un autre médecin à diplôme étranger, pour tenir et suivre une population de près de 80.000 personnes. Cet homme solide avec une longue et forte expérience, exerçant la psychiatrie depuis plus de 40 ans, ayant accompagné de grands malades, s’est alors effondré ».
Le Dr Gonzalez déclare : « J’ai craqué. D’un coup, les larmes m’ont monté aux yeux. On avait essayé des solutions depuis un mois, et je me suis dit que l’on était dans un monde de fous. On est là, dans un combat juridique, à chercher des solutions, alors que notre travail, c’est le soin. C’est d’aider. Mais où est-on ? Car ce sont quand même les autorités de tutelle qui devraient faire quelque chose, c’est la préfecture qui devrait trouver une solution. Face à cette intransigeance, ma passion dans le service public s’est cassée. Cela m’a provoqué un effondrement intérieur, ce que je n’avais jamais connu ».
« Les Padhue, ces fameux médecins à diplôme étranger, c’est eux qui viennent nous aider, ce n’est pas l’inverse. S’ils n’étaient pas là, le système français s’effondrerait »,
 ajoute-t-il.
Eric Favereau explique que « le 31 mai, un jeune psychiatre tunisien, aimé et apprécié de tous, exerçant depuis 18 mois dans le service de psychiatrie de l’hôpital de Millau, a dû quitter son poste et la France en raison d’une mesure d’OQTF. Il était en France depuis 2 ans. Son titre de séjour n’a pas été renouvelé en raison d’un imbroglio administratif, au prétexte qu’il n’avait pas pu s’inscrire dans les délais au concours de validation de ses diplômes. Il n’a pas pu le faire, car il attendait pour son dossier, a-t-il expliqué, l’arrivée d’un papier prouvant son diplôme tunisien – attestation nécessaire pour passer les épreuves de validation des connaissances permettant d’accéder à une autorisation d’exercice en France ».
« A l’hôpital de Millau, cela fut la stupeur. Et la crainte. Car tout le département du secteur de psychiatrie du Sud-Aveyron fonctionnait déjà avec seulement trois postes de psychiatres. Le départ de l’un rendrait la vie intenable aux autres. Une manifestation a eu lieu, le maire s’est décarcassé, le personnel aussi »,
 poursuit le journaliste.
Le Dr Gonzalez réagit : « On avait le sentiment d’avoir construit quelque chose d’humain. Quand j’ai commencé comme jeune interne dans le département, les hommes et les femmes étaient séparés, on avait des trousseaux de clés car toutes les portes étaient fermées. Nous, on était portés par l’idée de mettre les malades dans la ville, par la psychothérapie institutionnelle : soigner aussi les murs. Et on est arrivés à faire du bon travail ».

« Chez les jeunes, les écrans jusqu’au bout de la nuit »

Date de publication : 14 juin 2024

Le Parisien

« Une étude de l’Insee se penche sur l’effet négatif des écrans dans la vie courante », font savoir Bérangère Lepetit et Romain Gentils dans Le Parisien.
« OUI, je suis un peu accro ! » « Le téléphone, ça m’aide à m’endormir.», témoigne  Skander, lycéen parisien de 16 ans qui consulte Tik Tok  « Tous les soirs, vers 23 heures. Sinon, je ne m’endors pas », avoue-t-il.  
« Cette addiction est l’un des éléments notables qui ressortent de l’étude de l’Insee rendue publique ce jeudi. Pour la première fois, l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui étudie notamment les effets néfastes du numérique chez les tout petits et les enfants, se penche sur le lien qu’entretiennent les plus âgés avec leur téléphone, leur tablette et leur télévision (hors usage professionnel et scolaire) », indiquent les journalistes
« Et tente de mesurer l’impact négatif des écrans dans la vie courante des plus de 15 ans », ajoutent-t-ils.
« Les résultats sont édifiants : à partir de l’adolescence, une personne sur quatre déclare limiter son temps de sommeil pour rester sur son écran. Or les plus jeunes, entre 15 et 34 ans, sont aussi les plus prompts à déclarer les effets négatifs que cette exposition peut engendrer sur le sommeil et sur le temps accordé aux autres loisirs, aux relations avec la famille », révèlent-ils.
« 37% des 15-19 ans et 43% des 20-29 ans rognent ainsi sur leur nuit. Ils sont aussi 18% parmi les 20-24 ans à négliger leurs autres activités de loisirs. Et les hommes sont davantage concernés que les femmes. Entre 20 et 24 ans, ils sont même, d’après l’Insee, 51% (contre 35% des femmes) à retarder leur coucher pour profiter de leur téléphone ou de leur tablette », rapportent Le Parisien.
« Cela n’est pas très surprenant. Les pratiques à risque, comme la consommation d’alcool ou la vitesse, sont en général plus développées chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes », pointe Julie Solard, responsable de la division conditions de vie des ménages à l’Insee.
« Certains en oublient de dormir, de manger, préfèrent se disputer avec leur famille plutôt que de s’en passer et y pensent toute la journée, cela devient obsédant », abonde Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance.
« Les hommes jouent davantage aux jeux vidéo et courent le risque de rester connectés plus longtemps car les parties peuvent s’éterniser », confirme Grégoire Borst, professeur en psychologie du développement à l’université Paris Cité. « Il est prouvé que les pratiques parentales sont plus strictes vis-à-vis des filles que des garçons. Les filles font traditionnellement l’objet d’un contrôle parental plus important », avance aussi Grégoire Borst.
« Parfois, le matin, je suis fatiguée », reconnaît néanmoins Lamona, fan d’animes (les dessins animés japonais). « Ses acolytes, eux, filles et garçons, passent leur soirée et une partie de leur nuit, PlayStation en main,devant « Fifa », « Fortnite » », note l’article. « Il m’est même arrivé de ne pas aller en cours le matin », confesse Nathan. « Tous avouent aussi y avoir passé, de façon exceptionnelle, des nuits entières », souligne le journal
« L’étude de l’Insee comporte aussi des bonnes nouvelles. Les plus jeunes, s’ils consomment beaucoup de numérique, sont aussi pour la plupart conscients du problème. La moitié des moins de 30 ans essaient ainsi de limiter leur usage des écrans », fait savoir Le Parisien
« J’essaie de faire un travail là-dessus mais c’est compliqué parce que, l’air de rien, ça me permet de m’évader un peu », rapporte Bénédicte, enseignante. « Parfois, je m’endors avec le téléphone en main », reconnait-elle. « Au bout de trente minutes, je me dis stop, pour aller dormir », embraye Margot, 21 ans, en master« Même tentative de reprise en main chez Adrien, pompier de 21 ans, qui a installé sur son appareil un système pour calculer son temps d’écran », poursuit l’article.
« Hier, c’était deux heures trente ! », claironne- t-il. Grégoire Borst insiste sur cet enseignement de « bon augure », dit-il. « Il commence à y avoir une prise de conscience chez les jeunes là où, il y a encore quelque temps, certains parents ignoraient qu’exposer leurs jeunes enfants aux écrans pouvait être négatif », rappelle-t-il.

« Les chiens, de potentielles sentinelles de la santé humaine »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Figaro

Elisa Doré indique dans Le Figaro qu’« exposés, comme leurs maîtres, mais sur une durée de vie plus courte, les animaux de compagnie pourraient donner des indices précoces sur la toxicité de certains polluants ».
La journaliste relève que « le chien cohabite en effet très étroitement avec son maître, partageant les mêmes espaces de vie et parfois les mêmes sources de nourriture. De fait, il est exposé aux mêmes contaminants et subit donc potentiellement les mêmes effets néfastes sur sa santé ».
Elisa Doré explique que « dans une revue de littérature scientifique parue la semaine dernière dans Science, deux chercheuses de l’école de médecine vétérinaire de Virginie-Maryland de l’université de Blacksburg, aux États-Unis, ont compilé des études ayant tenté d’établir un lien entre la détérioration de la santé canine et celle de l’être humain, afin d’évaluer le potentiel de cette approche ».
La journaliste note que « les chiens sont notamment très sensibles aux perturbateurs endocriniens, des substances qui altèrent le fonctionnement du système hormonal. Parmi les plus connues : le bisphénol A ou encore les phtalates, présents dans les pesticides, les produits d’entretien, le plastique, mais aussi… certains jouets pour chien. En 2019, des chercheurs ont réussi à détecter aussi bien dans l’éjaculat du chien que dans celui de l’homme des quantités non négligeables de phtalates et d’autres perturbateurs endocriniens (PCB, PBDE et DEHP). […] Ces composés étaient dans les deux cas associés à une réduction significative de la motilité des spermatozoïdes, affectant probablement le niveau de fertilité des deux espèces ».
Renaud Tissier, professeur de pharmacologie et de toxicologie à l’École vétérinaire d’Alfort, remarque : « L’un des avantages du chien est que son espérance de vie est 6 fois plus courte que celle de l’humain. Cela peut aider les chercheurs à évaluer plus rapidement la réponse des animaux à ces facteurs environnementaux auxquels sont aussi exposés les humains. Cela permettrait aussi d’étudier les impacts sur plusieurs générations, afin de voir si les lignées d’animaux les plus exposés développent davantage certaines maladies ou certains troubles ».
Courtney Sexton et Audrey Ruple, auteures de l’article dans Science, ajoutent que « d’autres études suggèrent que le chien pourrait servir de bon indicateur d’exposition à certains pathogènes, mais aussi aux polluants atmosphériques, comme les composés organiques volatiles, les particules fines, ou encore à certains métaux lourds ».
Elisa Doré s’interroge toutefois : « Comment utiliser ces résultats en pratique ? La validation des chiens en tant que sentinelles nécessite encore des efforts de recherche ».
Le Dr Tissier relève que « le problème de certaines études épidémiologiques menées chez les chiens est qu’elles manquent encore d’envergure. Il faudrait réaliser un suivi de l’état de santé d’un grand nombre de chiens pendant plusieurs années, tout en évaluant leur exposition à une substance donnée, pour démontrer une éventuelle corrélation pour leur propre santé, puis éventuellement celle de l’homme ».
« Les auteurs suggèrent par exemple d’intégrer les informations démographiques et sanitaires des propriétaires à celles de leurs chiens, mais aussi de les combiner avec des données environnementales géocodées »,
 précise Elisa Doré.

« Pensées suicidaires, attaques de panique… Le Samu psy de Seine-Saint-Denis répond à l’autre bout du fil »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Parisien

Elsa Marnette explique dans Le Parisien que « depuis la fin du mois de mai, une équipe constituée d’un infirmier psychiatrique et d’un médecin vient en appui du Samu [93] pour les appels liés à des troubles psychiatriques. Objectif : réduire les passages aux urgences, en prenant mieux en charge les patients ».
La journaliste décrit ainsi ce Samu psychiatrique de Seine-Saint-Denis, « un dispositif innovant, qui vient d’être mis en place dans les locaux du Samu 93, au sein de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Toute la journée, 5 jours par semaine, un infirmier, en collaboration avec un médecin psychiatre, assure une permanence téléphonique dédiée aux appels liés à des troubles psychiques ou psychiatriques ».
Elsa Marnette relève que « lorsqu’une personne en souffrance appelle le 15, elle échange d’abord avec un agent de régulation médicale puis avec un médecin. Ce dernier peut ensuite décider de transférer l’appel à Kevin Peiro ou un de ses 4 collègues » infirmiers.
La Dr Noémie Ayache, coordinatrice du Samu psy 93, indique : « Nous allons par exemple intervenir sur les pensées suicidaires, les attaques de panique, l’agitation sans violence, la décompensation psychotique ».
Elsa Marnette précise que le dispositif « a bénéficié d’un financement de 400.000 euros du Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) et ce, pour 3 ans ».
La journaliste note que « les objectifs du Samu Psy 93 sont multiples ». La Dr Ayache remarque ainsi : « Réduire les passages aux urgences, réduire au maximum les mesures coercitives (sursédation, contention, soins à la demande du représentant de l’État) mais aussi orienter au mieux les familles démunies, car le maillage territorial est très particulier. Il faut être expert ».
Elsa Marnette ajoute que « ce dispositif, qui existe à Paris, Lyon et Lille, y a déjà montré son efficacité ».
La Dr Ayache relève qu’« ici en Seine-Saint-Denis, 80% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences. Et parmi ces passages aux urgences, 60% donnent lieu à un retour à domicile. Alors qu’à Paris, depuis la mise en place du Samu psychiatrique, 50% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences ».
Anne-Laure Feral-Pierssens, cheffe du Samu 93, remarque pour sa part que « l’offre de soins est en difficulté, on a du mal à répondre aux besoins des patients et des familles, qui peuvent ne pas avoir accès à des soins psychiatriques en dehors de l’urgence. Le Samu psy vient ajouter des alternatives. C’est un dispositif de plus dans la prise en charge de ces patients. […] Cela permet à ces équipes de psychiatrie de prendre le temps d’une régulation de qualité et d’apporter au patient le juste soin au moment où il appelle ».

« Hyperactivité chez les enfants : la Ritaline et l’orthophonie davantage prescrites aux natifs de la fin d’année »

Date de publication : 21 juin 2024

Le Parisien

Le Parisien indique qu’« une différence d’âge de quelques mois a «un impact considérable sur la fréquence d’initiation du méthylphénidate mais aussi de l’orthophonie», avance une étude réalisée par le groupement Epi-Phare, qui rassemble l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie ».
Le journal explique en effet que selon cette étude, « les traitements à base de méthylphénidate (Ritaline et génériques) qui soignent les troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et les séances d’orthophonie sont davantage prescrits aux enfants nés en fin d’année ».
Le quotidien relève que « parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55% de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate et 64% de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie que ceux nés en janvier de la même année ».
« Ce risque augmente régulièrement avec la différence d’âge : au sein d’un même niveau de scolarité, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7% de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux de juillet 29%, ceux d’octobre 46% », 
continue Le Parisien.
Le quotidien ajoute que « les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d’orthophonie, dont le recours augmentait de 3% chez les enfants nés en février, de 12% chez les natifs d’avril, 30% chez ceux de juillet, 49% chez ceux d’octobre ».
Le Parisien précise que « pour expliquer ces écarts, les auteurs ont émis plusieurs hypothèses. Les plus jeunes enfants d’une classe pourraient être confrontés à des exigences trop élevées pour leur âge, particulièrement au cours des premières années d’école ».
Le journal relève que « les enfants les plus jeunes seraient alors plus susceptibles d’être diagnostiqués par erreur avec un déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou avec des troubles des apprentissages, alors que leurs difficultés ne sont pas anormales ».
Alain Weill, médecin de santé publique, directeur adjoint du groupement EPI-PHARE, ajoute : « Peut-être qu’on sous-diagnostique les troubles des élèves plus âgés qui parviennent à les «compenser» par une plus grande maturité ».
Le Parisien note que « ces résultats devraient, selon lui, conduire à certaines recommandations : «Ne pas forcément affirmer qu’un enfant de CP est censé savoir lire à Noël», ou bien «préciser le mois de naissance en cas de prescription de Ritaline ou d’orthophonie», ajoute le médecin ».

« Comment le partage du lit conjugal impacte votre sommeil ? »

Date de publication : 21 juin 2024

Science et Vie

Louise Guyonnet observe dans Science et Vie que « c’est dans le lit conjugal que la science s’invite désormais, pour apporter de nouveaux arguments aux bienfaits de cette séparation nocturne ».
La journaliste remarque ainsi qu’« opter pour des chambres séparées afin de privilégier un sommeil de qualité plutôt que de passer une autre nuit avec son partenaire est une idée de plus en plus acceptée. Elle est même devenue si courante qu’elle a reçu un nom : le divorce du sommeil. Cette séparation est désormais soutenue par la science : d’après une recherche, l’individu serait prêt à sacrifier un sommeil tranquille pour le plaisir du contact physique ».
Louise Guyonnet explique que « les chercheurs ont observé l’activité cérébrale de souris sur une durée de 24 heures. Ils ont d’abord remarqué que ces dernières suivent un cycle de sommeil parfaitement synchronisé, jusqu’à la phase de sommeil paradoxal. À ce moment-là, les souris les plus tactiles présentaient une phase significativement plus troublée ».
Les auteurs de ce travail paru dans Current Biology (A Eban-Rothschild et al.) remarquent : « Ces résultats suggèrent que même si les souris recherchent activement un contact physique avant de dormir et continuent de se blottir, une telle proximité physique avec leurs congénères conduit à une fragmentation du [sommeil non paradoxal] ».
Louise Guyonnet de conclure : « Pour préserver votre sommeil, vous devriez donc éviter de partager votre lit … le choix vous appartient ! ».

« Santé mentale : « Il nous manque 30 médecins et 66 infirmiers »… dans l’Oise, le CHI de Clermont peine à recruter »

Date de publication : 25 juin 2024

Le Parisien

Armelle Camelin livre dans Le Parisien un reportage au Centre Hospitalier Isarien (CHI), Établissement public de santé mentale (EPSM), à Clermont (Oise), qui « fait partie des 5 établissements publics de santé mentale les plus importants de l’Hexagone. Fleuron de la recherche en schizophrénie et pathologies résistantes, le CHI EPSM manque de médecins et de personnels ».
La journaliste note ainsi qu’« en 2023, 18.267 personnes ont franchi pour la première fois les portes d’un des services [de l’établissement]. 9486 personnes ont été prises en charge par les urgences et plus de 137.000 consultations ont été effectuées au sein de cet établissement qui s’occupe aussi bien des problèmes de santé mentale les plus courants, comme la dépression ou le burn-out, que des maladies psychiatriques invalidantes ».
Armelle Camelin indique qu’« en nombre de lits — 655, dont 634 pour les adultes et 21 pour les enfants — le CHI reste l’un des 5 établissements de prise en charge des problèmes de santé mentale les plus importants de France. Et pour faire fonctionner tout cela, 2700 agents, dont seulement 91 médecins et 5 internes ».
Servane Olivier, directrice adjointe du CHI, remarque qu’« avec 30 médecins de plus, on fonctionnerait normalement ». « D’après elle, la situation est devenue critique il y a 5 ans avec le départ en retraite de nombreux psychiatres qui n’ont pas été remplacés depuis », note la journaliste.
Le Dr Bruno Tournaire Bacchini, président de la commission médicale d’établissement (CME) et chef du service Oise Est au sein du pôle de psychiatrie infanto-juvénile, relève ainsi que « la moyenne d’âge chez les psychiatres qui continuent d’exercer au CHI est élevée et la carrière dans le public moins attractive. […] Je me souviens du temps où 25 médecins descendaient du train de Paris-Clermont le matin pour venir travailler au CHI, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous subissons la concurrence des établissements parisiens et du CHU d’Amiens. Et, comme nous sommes de moins en moins nombreux, le travail est de plus en plus difficile ».
Armelle Camelin observe que « dans son service, il y a encore quelques années, ils étaient 9 médecins, contre seulement 3 temps plein aujourd’hui ».
La journaliste poursuit : « Pour remédier au manque de médecins, le CHI fait appel à quelques médecins intérimaires, signe des contrats dit « de type 2 », avantageux financièrement pour de jeunes médecins, et accueille des assistants spécialistes étrangers qui, s’ils ne peuvent pas prescrire, peuvent en tout cas se former et doubler les gardes des internes ».
Armelle Camelin souligne que « la crèche ouverte jusqu’à 21h30 est plébiscitée, ainsi que le restaurant du personnel. […] Autre point d’attractivité : la journée de 12 heures pour le personnel soignant, qui lui permet d’effectuer son temps de travail en 3 jours, au lieu de 7h45 répartis sur 5 jours actuellement. […] Cette dernière mesure d’attractivité, plébiscitée par les salariés, fait bondir les responsables syndicaux ».
Fabrice Oganosoff, secrétaire du syndicat CGT, déclare ainsi : « D’après une étude publiée par l’Institut national de recherche de sécurité (INRS), ce type de poste long entraîne des effets néfastes pour la santé des agents, avec des problèmes d’hypertension, des risques de maladie cardiaque etc. Et aussi l’augmentation du nombre d’erreurs ».

« Drogues : une étude inédite dresse le portrait d’une France accro aux stimulants »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Monde

Thomas Saintourens explique dans Le Monde que « le marché national des drogues illicites dispose, pour son volet consacré à l’« offre », d’une documentation chiffrée vaste et sans cesse renouvelée. Saisies de cocaïne dissimulée à l’intérieur de conteneurs, catalogues toujours plus riches de drogues de synthèse livrées à domicile, points de deal vantant leur approvisionnement constant en cannabis de qualité : la diffusion massive de stupéfiants devait induire une demande nationale à la hauteur des produits en circulation ».
Le journaliste relève que « les données publiées ce mercredi par l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT) le confirment. Elles apportent les preuves chiffrées d’une consommation en plein essor de la majorité des substances illicites, portée par la cocaïne, les amphétamines ou encore la MDMA ».
L’OFDT souligne qu’« en 2023, près d’un adulte sur dix (9,4%) a consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie contre 5,6% en 2017, soit la plus forte hausse en nombre de points (+ 3,8) mesurée parmi toutes celles des substances illicites autres que le cannabis ».
Thomas Saintourens relève notamment : « Produit phare du narcotrafic transatlantique, la cocaïne voit aussi son nombre d’adeptes grimper en « usage actuel » – c’est-à-dire au moins une fois dans l’année – de 1,6% en 2017 à 2,7% en 2023. Si l’on se réfère aux études datant de 1992, la proportion d’usagers de cocaïne en France a ainsi été multipliée par dix. La poudre blanche partage cette tendance haussière avec d’autres substances de la famille des stimulants, en particulier la MDMA, dont le taux d’expérimentation au cours de la vie s’établit désormais à 8,2%, contre 5% sept ans plus tôt. Mais aussi les amphétamines, à 4,3%, contre 2,2% en 2017 ».
« L’étude souligne que 14,6% des adultes de 18 à 64 ans ont déjà consommé au moins une fois une drogue illicite autre que le cannabis, un chiffre qui a doublé depuis 2017. L’usage actuel augmente de 70% sur la même période, passant de 2,3% à 3,9%. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à avoir déjà consommé ce type de drogues, que ce soit au cours de la vie (20,1% contre 9,3%) ou au cours des 12 derniers mois (5,2% contre 2,6%) »,
 continue le journaliste.
Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT, ajoute qu’« au-delà des liens avec des usages festifs, il y a des motivations à présent plus variées, en particulier pour tenir le choc face à des conditions de travail difficiles ».
Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie, relève quant à lui que « le principal constat concerne la hausse de stimulants naturels et synthétiques, liée à leur diffusion facilitée, avec une nouvelle forme de consommation, souligne le psychiatre addictologue. Les profils clairs de cocaïnomanes ou d’héroïnomanes n’existent plus vraiment, tandis que de plus en plus de patients sont des polyconsommateurs. Certains combinent l’usage de stimulants pour “accélérer” puis celui de substances aux effets sédatifs, alcool, cannabis, pour “atterrir” ».

« La kétamine, un anesthésiant porteur d’espoir contre la dépression résistante »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Figaro

Le Figaro s’interroge : « La kétamine, une molécule à la réputation sulfureuse, peut-elle aider certains dépressifs ? Les recherches s’accumulent pour l’affirmer, notamment dans les cas où aucun autre traitement ne marche. Mais la prudence reste de mise car ses lourds effets secondaires restent un défi à canaliser ».
Le journal rappelle en effet que « la kétamine n’est pas un antidépresseur classique, comme ceux développés depuis les années 1960. C’est, à la base, un anesthésiant mais, depuis une vingtaine d’années, les psychiatres s’en saisissent comme d’une piste contre la dépression ».
« Par contraste avec les antidépresseurs habituels, la kétamine agit de manière fulgurante, même si on ignore précisément par quels mécanismes physiologiques elle répond aux symptômes dépressifs », 
note Le Figaro.
Le quotidien précise qu’« elle suscite notamment l’intérêt dans deux cas de figure : quand il faut un traitement ponctuel et urgent, en premier lieu face aux crises suicidaires, mais pas uniquement ; et quand aucun médicament classique ne fonctionne, c’est-à-dire dans le cas de dépressions dites «résistantes» ».
Le journal observe que « ces derniers mois, plusieurs travaux publiés dans de prestigieuses revues ont confirmé l’intérêt de la kétamine dans ces deux scénarios. Dans le premier cas, une étude publiée en avril dans le BMJ montre que de jeunes mères ont vu leur risque de dépression post-partum réduit après avoir reçu une seule dose d’eskétamine, un dérivé de la kétamine, à la naissance de leur bébé. Dans le deuxième cas, une étude publiée ce lundi dans Nature Medicine témoigne qu’un traitement à base de kétamine a évité plus de rechutes dépressives par rapport à des patients sous placebo ».
Le Figaro remarque que « ces études viennent alimenter un corpus favorable à l’usage de la kétamine face à la dépression, un bénéfice qui ne fait plus guère de doutes chez les psychiatres ».
Michel Hofmann, psychiatre aux hôpitaux de Genève, déclare ainsi : « Il faut la considérer comme un intermédiaire entre les antidépresseurs classiques et les électrochocs. […] Pour les patients chez qui les traitements classiques ne marchent pas, la kétamine ouvre une possibilité de ne pas aller jusqu’aux électrochocs ».
Le journal observe toutefois que « si l’eskétamine est déjà approuvée depuis plusieurs années aux États-Unis et en Europe contre certaines dépressions, certains psychiatres restent rétifs. Sans nier l’efficacité de la kétamine, ils redoutent le risque d’addiction, d’autant que la molécule est souvent détournée comme drogue ».
« L’enjeu est donc de parvenir à réduire le risque d’abus, de même que de lourds effets secondaires, comme l’apparition de troubles dissociatifs de la personnalité. C’est tout l’intérêt de l’étude publiée par Nature Medicine. Elle vise à tester un nouveau mode d’administration de la kétamine : un comprimé libérant progressivement le traitement dans l’organisme. […] Sur ce terrain, l’étude donne des résultats prometteurs même s’il faudra, là encore, les confirmer », 
note Le Figaro.

« Légalisation du cannabis au Canada : des effets majeurs chez les femmes enceintes »

Date de publication : 27 juin 2024

Sciences et Avenir

Lénaïg Corderoc’h explique dans Sciences et Avenir que « le 17 octobre 2018, la Loi sur le cannabis (Loi C-45) permettait aux Canadiens âgés d’au moins 18 ans de cultiver, posséder et consommer du cannabis à des fins récréatives. Une première dans un pays occidental, cinq ans après l’Uruguay, pionnier en la matière ».
La journaliste note ainsi : « Depuis la promulgation de cette loi, constate-t-on au Québec plus de troubles liés au cannabis chez les femmes enceintes ? C’est la question que s’est posée une équipe de recherche dirigée par le Pr José Ignacio Nazif-Munoz, de l’Université de Sherbrooke (Québec). Elle a fait l’objet d’une étude publiée le 20 juin 2024 dans la revue scientifique Addiction ».
Lénaïg Corderoc’h retient que « le taux de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez les femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans dans la province canadienne de Québec a augmenté de plus de 20% après la promulgation de la Loi sur le cannabis, tandis que les taux de tous les autres troubles liés à la drogue et à l’alcool sont restés stables ».
Le Pr Nazif-Munoz remarque que « la consommation de cannabis pendant la grossesse est associée notamment à un risque élevé de naissance prématurée, d’admission en unité de soins intensifs néonatals et de faible poids à la naissance pour le bébé ».
La journaliste explique que « son équipe a mesuré l’évolution des taux mensuels de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez la population enceinte au Québec.  Avant octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics de troubles liés au cannabis (…) par mois était de 14,5 pour 100.000 femmes enceintes. Après octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics par mois a grimpé et s’est stabilisé à 23,5 pour 100.000 femmes enceintes ».
Le professeur ajoute : « Notre étude souligne l’importance du dépistage universel des troubles liés au cannabis. De plus, les femmes enceintes ayant des antécédents de troubles liés au cannabis pourraient bénéficier de dépistages répétés et de conseils adaptés pendant la grossesse ».
Maria Melchior, directrice de recherche à l’Inserm au sein de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP), note pour sa part : « Cette étude canadienne observe une augmentation de la consommation des femmes enceintes suite à la légalisation du cannabis, ce qui n’est pas très surprenant. Chez les adultes, on note une augmentation du nombre de consommateurs, mais surtout du niveau de consommation des personnes qui en prenaient déjà ! ».

« Suicide, dépression : pourquoi les hommes ont-ils tant de mal à parler de leur souffrance mentale ? »

Date de publication : 28 juin 2024

Le Figaro

Thomas Lestavel constate en effet : « Consultations psys, passage à l’acte : les écarts de pratiques avec les femmes sont frappants. Si les hommes ne souffrent pas moins psychiquement, ils peuvent l’exprimer différemment ».
Le journaliste explique qu’« affronter ses problèmes psychiques reste difficile pour beaucoup, mais les statistiques laissent entendre que les hommes ont encore plus de mal à le faire. Sur le site Doctolib, les utilisatrices représentent 75% des rendez-vous pris auprès de psychologues, les utilisateurs 25% ».
Stéphane Rusinek, professeur de psychologie clinique à l’université Lille Nord-de-France, souligne qu’« il y a autant d’hommes que de femmes qui ne vont pas bien ».
Thomas Lestavel note qu’« ils ont tendance à accorder moins d’importance au psychisme. D’après un sondage mené l’an dernier par l’institut Odoxa auprès de 1005 Français, 20% des femmes mais 35% des hommes considèrent que la santé mentale est «une mode, une manière pour certaines personnes d’attirer l’attention». De même, ils sont 19% à considérer que la santé mentale «est moins importante que la santé physique», contre 6% chez les femmes ».
Le journaliste souligne que « la réticence à demander de l’aide a des répercussions potentiellement dramatiques. Deux fois plus d’hommes que de femmes mettent fin à leurs jours (12,6 pour 100.000 hommes contre 5,4 pour 100.000 femmes), selon l’OMS. En France, l’écart est encore plus important, avec trois fois plus de suicides chez les hommes. […] Autre différence, les hommes présentent moins de cas de dépression, mais davantage de troubles liés à la consommation de substances ».
Thomas Lestavel relève que « les normes masculines comme l’autonomie, la réussite extérieure ou l’esprit de compétition découragent l’expression des émotions et poussent certains à «prendre sur eux». Là où des femmes parlent de déprime ou de tristesse, des hommes préfèrent évoquer le stress ou un passage à vide, en minimisant les symptômes. Ils ont plus de mal à exposer leur intimité, même à leurs amis proches ».
Le journaliste remarque que « les symptômes chez les hommes sont plus difficiles à détecter : chez eux, la dépression peut fréquemment se traduire par «une augmentation de la fatigue, de l’irritabilité, de la colère, (…) des troubles du sommeil ou encore la consommation de drogues et d’alcool qui peut masquer les signes de dépression», explique l’American Psychological Association ».
Thomas Lestavel conclut que « malgré une certaine libération de la parole depuis les confinements liés au Covid-19, du chemin reste à parcourir pour que les hommes osent regarder leurs fragilités. Quitte à s’inspirer de l’Australie, où des campagnes de prévention ont sensibilisé les habitants aux dangers qu’ils prennent lorsqu’ils dissimulent leurs émotions ».
 

Revue de presse santé psy – Mai 2024

« Rapport sur les écrans et les enfants : les préconisations sont-elles applicables ? »

Date de publication : 2 mai 2024

La Croix

La Croix publie un entretien avec Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine, qui« interroge la possibilité de mettre en œuvre les mesures du rapport sur l’usage des écrans par les enfants, remis au gouvernement mardi 30 avril. Elle préconise une familiarisation avec les outils de communication plutôt que leur interdiction drastique ».
Anne Cordier réagit ainsi : « Je suis partagée. D’une part, je suis très contente de voir apparaître dans ce rapport la mention de certains éléments comme la nécessité de restreindre l’accès aux « services prédateurs » (les grandes plateformes pensées pour capter l’attention des enfants, NDLR), de revoir les interfaces pour agir sur les notifications, ou le scrolling (faire défiler des publications, NDLR) à l’infini… Mais certains éléments m’inquiètent, notamment le nombre d’interdictions, qui ne reposent pas sur des faits scientifiques avérés ».
La Croix note que « le rapport préconise en effet la mise en place d’interdictions très strictes : aucun écran avant 3 ans, aucun accès à Internet avant 13 ans et pas de réseaux sociaux avant 15 ans. Ces mesures sont-elles applicables selon vous ? ».
La chercheuse répond que « ces interdictions me semblent difficilement applicables. Je m’interroge d’abord sur la faisabilité juridique et l’atteinte à la liberté qu’elles pourraient engendrer : le droit d’accès à l’information et à Internet est garanti par la loi. Et les mineurs sont des citoyens comme les autres. Nous n’allons pas aller dans les familles pour les sanctionner ou dénoncer ceux qui n’interdisent pas les écrans à leurs enfants ».
Elle ajoute que « ces recommandations me paraissent par ailleurs socialement absurdes. Les enquêtes de terrain menées en France sur l’accès à l’information des enfants et adolescents montrent le rôle d’Internet et des réseaux sociaux comme moyen prisé des jeunes pour s’informer, mais aussi écouter de la musique, lire… Les interdire pourrait entraver l’accès des mineurs à certaines pratiques sociales et à la culture ».
Anne Cordier souligne que « la familiarisation et l’éducation aux écrans et au numérique tout au long du parcours de vie de l’enfant puis de l’adolescent sont les clés. L’éducation aux médias existe déjà aujourd’hui, du cycle 2 à la terminale. L’école est précisément le lieu où l’on peut les accompagner ».
« Cette éducation aux médias doit s’assortir d’un soutien à la parentalité, mentionnée dans le rapport mais seulement pour les moins de 3 ans. Les parents sont réellement démunis, ils ont des questions et des inquiétudes légitimes. Je pense qu’il faudrait les accompagner tout au long de la croissance de l’enfant »,
 remarque la chercheuse.

« Intelligence artificielle : un nouveau modèle capable de lire les émotions ? »

Date de publication : 20 mai 2024

La Croix

Mélinée Le Priol remarque en effet dans La Croix : « Converser à l’oral de manière fluide tout en s’adaptant aux réactions de son interlocuteur : telle est désormais l’ambition de la Silicon Valley pour les assistants d’intelligence artificielle (IA). Ces ChatGPT ultra-perfectionnés remettent au goût du jour une vieille lubie de la tech, la reconnaissance des émotions ».
La journaliste relève ainsi que « dans la Silicon Valley, l’heure est aux assistants d’intelligence artificielle (IA). Ces interlocuteurs virtuels personnalisés serviront bientôt d’intermédiaires, selon leurs promoteurs, à «toutes nos interactions dans le monde numérique» : recherche en ligne, gestion de l’agenda, réponse aux mails… ».
« Outre la génération de texte et la synthèse vocale, le défi technique consistant à « lire les émotions » des utilisateurs sur leur visage (filmé par une caméra) a lui aussi été permis par les progrès récents de l’apprentissage profond (deep learning). […] La joie, la tristesse ou la peur sont ainsi identifiées sur la base de très nombreux exemples », 
indique Mélinée Le Priol.
Elle explique que « la découverte d’une architecture de réseau de neurones nommée Transformer, en 2017, a donné un sérieux coup d’accélérateur à un domaine fondé dès 1998 : l’informatique affective ».
La journaliste constate ainsi : « Mesurer la satisfaction d’un client à sa mine en cabine d’essayage, adapter la luminosité d’une pièce à l’ambiance qui y règne, anticiper la somnolence d’un automobiliste, vérifier la concentration d’étudiants ou de salariés en visioconférence… Les cas pratiques se sont multipliés ces dernières années. […] Sans toutefois percer auprès du grand public ».
Mélinée Le Priol observe que « cette technologie est, de fait, controversée pour son manque de fiabilité et les biais qu’elle charrie. Même les mastodontes s’y sont cassé les dents. En juin 2022, Microsoft a annoncé cesser le développement et la vente de tels outils en raison d’une «absence de consensus scientifique» sur la définition des émotions. Google avait fait de même quelques mois plus tôt ».
Giada Pistilli, responsable de l’éthique au sein de la start-up d’IA française Hugging Face, réagit : « Je doute fort que ces outils réussissent à dépasser les différences culturelles. Sourire est certes très bien vu aux États-Unis, mais dans tout une partie de l’Asie, c’est considéré comme un signe de moquerie ! Ces technologies relaient une vision du monde très centrée sur la culture occidentale ».

« L’impact du travail de nuit sur les salariés et les entreprises encore peu pris en compte »

Date de publication : 22 mai 2024

Le Monde

François Desnoyers remarque en effet dans Le Monde qu’« en désynchronisant leur horloge biologique et en accumulant une importante dette de sommeil, les salariés aux horaires atypiques réduisent leur efficacité professionnelle tout en s’exposant à de nombreux risques pour leur santé. Une problématique peu prise en compte par les entreprises ».
Le journaliste évoque le cas de Martine : « En 2023, cette ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines a appris que son cancer du sein, détecté en 2009, était reconnu comme maladie professionnelle par le conseil médical de Moselle. La fin d’un long combat pour la retraitée, qui a mis en lumière la dangerosité du travail de nuit : Martine avait effectué des gardes durant 28 ans ».
François Desnoyers note que « cette reconnaissance est venue confirmer le lien entre rythme de travail et apparition de tumeurs, évoqué par de nombreuses études. […] En cause notamment, le bouleversement des horaires de sommeil et d’activité, qui vont perturber les rythmes circadiens – l’horloge interne ».
Le journaliste explique que « le cancer du sein fait partie de la longue liste des « risques santé » avérés ou probables, liés aux horaires de travail atypiques. Problèmes cardiovasculaires, diabète, perturbations hormonales, prise de poids, troubles psychiques… Le travail de nuit, posté, du soir ou encore d’astreinte, a des effets délétères sur l’organisme ».
Philippe Cabon, enseignant-chercheur à l’université Paris Cité, remarque qu’« au sein des entreprises, on note, en conséquence, un risque d’accident plus élevé, mais aussi une augmentation de l’absentéisme. Autre problématique : le présentéisme. Des salariés se rendent au travail dans un état de santé dégradé, ce qui va entraîner une baisse de la productivité et davantage d’erreurs dans l’exécution des tâches ».
Le chercheur souligne que « nous sommes entrés dans une société “24/7” qui met à distance l’alternance jour-nuit. Cela concernait auparavant essentiellement le secteur des transports et l’industrie. Les services sont désormais de plus en plus touchés : l’amplitude horaire des magasins augmente, des astreintes se mettent en place la nuit, dans l’informatique par exemple… ».
« Pourtant, le sujet n’apparaît guère comme une priorité au sein des organisations »,
 remarque François Desnoyers. Philippe Cabon indique qu’« on retrouve dans l’entreprise ce que l’on perçoit dans la société en général : une sous-estimation de l’impact du sommeil sur la santé ».
François Desnoyers observe que « certaines organisations ont toutefois cherché à prendre en compte la question du sommeil dans leur gestion RH. La plupart ont mis en place des espaces de sieste pour leurs salariés ».
Le journaliste remarque que « de rares entreprises sont allées plus loin. Spécialisée dans le traitement de surface de cylindre, la PME alsacienne Rhenaroll a fait évoluer l’organisation du travail. Les salariés se relayaient auparavant en trois-huit, avec un changement de rythme (de nuit, de l’après-midi, du matin) chaque semaine ».
Son directeur, Hervé Marchand, fait savoir : « Nous avons mis en place un renouvellement des horaires plus rapide, tous les 2 jours. C’est moins pénalisant : le corps n’a pas le temps de s’habituer et ne doit donc pas se réadapter à chaque changement ».
François Desnoyers ajoute que « c’est dans le secteur du transport aérien que l’on trouve les initiatives les plus abouties pour gérer le risque fatigue – du fait notamment d’une réglementation européenne contraignante sur le sujet. Certaines compagnies s’appuient ainsi sur des modèles biomathématiques pour concevoir les plannings des salariés ».

« L’impact du manque de sommeil sur les salariés et les entreprises encore peu pris en compte »

Date de publication : 24 mai 2024

Le Monde

« En désynchronisant leur horloge biologique et en accumulant une importante dette de sommeil, les salariés aux horaires atypiques réduisent leur efficacité professionnelle tout en s’exposant à de nombreux risques pour leur santé. Une problématique peu prise en compte par les entreprises », indique François Desnoyers dans Le Monde.
« Cela a été une grande victoire pour Martine. En 2023, cette ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines a appris que son cancer du sein, détecté en 2009, était reconnu comme maladie professionnelle par le conseil médical de Moselle », raconte le journaliste. « La fin d’un long combat pour la retraitée, qui a mis en lumière la dangerosité du travail de nuit : Martine avait effectué des gardes durant vingt-huit ans », précise-t-il.
« Cette reconnaissance est venue confirmer le lien entre rythme de travail et apparition de tumeurs, évoqué par de nombreuses études », souligne l’article. « Le Centre international de recherche sur le cancer estime que le travail de nuit a un effet cancérigène probable », confirme Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers.
« En cause notamment, le bouleversement des horaires de sommeil et d’activité, qui vont perturber les rythmes circadiens – l’horloge interne », explique Le Monde. « Notre profession est sérieusement touchée par cette problématique », poursuit M. Amouroux. « La décision en Moselle pourrait faire boule de neige. De nombreuses salariées touchées par la même pathologie prennent aujourd’hui contact avec la CFDT Mineurs de Lorraine, qui a accompagné Martine dans son combat », révèle François Desnoyers.
« Le cancer du sein fait partie de la longue liste des « risques santé » avérés ou probables, liés aux horaires de travail atypiques. Problèmes cardiovasculaires, diabète, perturbations hormonales, prise de poids, troubles psychiques… Le travail de nuit, posté, du soir ou encore d’astreinte, a des effets délétères sur l’organisme », rappelle le journaliste.
« En parallèle, leur efficacité est réduite durant leur activité. La fatigue affecte la concentration, la vigilance, tout comme elle peut favoriser stress et irritabilité », ajoute-t-il. « Au sein des entreprises, on note, en conséquence, un risque d’accident plus élevé, mais aussi une augmentation de l’absentéisme », indique Philippe Cabon, enseignant-chercheur à l’université Paris Cité. « Autre problématique : le présentéisme. Des salariés se rendent au travail dans un état de santé dégradé, ce qui va entraîner une baisse de la productivité et davantage d’erreurs dans l’exécution des tâches », complète-t-il
« Pourtant, le sujet n’apparaît guère comme une priorité au sein des organisations », note Le Monde. « On retrouve dans l’entreprise ce que l’on perçoit dans la société en général : une sous-estimation de l’impact du sommeil sur la santé », observe M. Cabon.

« L’entraide entre patients, un nouvel élan pour la psychiatrie : « J’arrive de mieux en mieux à parler de ce que je vis » »

Date de publication : 29 mai 2024

Libération

Zoé Neboit note en effet dans Libération que « la «pair-aidance» entre personnes atteintes de maladie psychique fait peu à peu son chemin. A Paris, la Maison perchée, un lieu consacré à cette approche, a ouvert en 2022. Un changement important dans un milieu en proie à une crise de moyens inédite ».
La journaliste livre un reportage à La Maison perchée : « Inaugurée fin novembre 2022 à Paris, la Maison est un lieu associatif fait pour et surtout – c’est là qu’il est atypique – par des adultes de 18 à 40 ans atteints d’une maladie psychique : schizophrénie, bipolarité, trouble borderline ».
Zoé Neboit observe que « si le terme d’aidant est devenu, depuis quelques années, un élément de langage courant, ce concept voisin est encore méconnu. La pair-aidance, le fait de s’entraider entre personnes souffrant de la même maladie, a été théorisée dans les années 70 aux Etats-Unis, à l’époque où émergent les premiers élans de contestation des institutions psychiatriques ».
« La notion clé de la pair-aidance, c’est un savoir qui s’acquiert non pas par l’enseignement ou le raisonnement, mais par l’expérience. C’est l’idée que ce qu’une personne a vécu possède une valeur en soi. Qu’en se retrouvant dans le visage de l’autre, on en ressorte grandi »,
continue la journaliste.
Elle relève que « la Maison perchée, elle, se voit comme un laboratoire de pair-aidance. Au premier plan, il y a la Cafête perchée, tout en bois et plantes vertes, visible depuis les grandes vitres de la rue, et accessible au grand public. Aujourd’hui, c’est la bénévole pair-aidante Elsa Decool, 40 ans, ancienne data manager et diagnostiquée bipolaire à 29 ans qui tient la boutique ».
Elle déclare : « Il arrive que quelqu’un vienne s’asseoir, prenne un thé, et se mette à discuter de sa maladie pour la première fois avec quelqu’un d’autre qu’un psychiatre ».
Zoé Neboit poursuit : « Derrière un épais rideau jaune, deux fauteuils se font face dans un espace qui peut se cloisonner en faisant glisser le tissu : c’est le Nid. Proposé aux primo-arrivants, le Nid donne lieu à un échange en tête-à-tête avec un bénévole pair-aidant. Enfin, au fond du local, la salle principale est investie par la Canopée ».
La journaliste remarque que « ce programme pour jeunes adultes est le cœur battant du projet : il prévoit des groupes de parole, des ateliers artistiques ou encore des cafés thématiques. Le tout, orchestré en grande partie par des bénévoles pair-aidants. Repérés par l’association, ces membres de la communauté passent par une formation de 4 mois ».
Zoé Neboit ajoute que « le succès d’un lieu comme la Maison perchée, qui recense 9 salariés et depuis peu une psychologue, 35 pair-aidants et une communauté de 1600 membres, regroupant la Canopée et la Boussole (un programme pour les proches) est le signe d’un puissant désir de changement. De la société, mais surtout de l’institution psychiatrique ».

« #MeToo à l’hôpital : le gouvernement dévoile ses premières mesures »

Date de publication : 31 mai 2024

Le Parisien
Le Monde

Nicolas Berrod indique dans Le Parisien : « Formation « obligatoire », enquêteurs externes, cellule d’écoute… Le ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, annonce […] plusieurs mesures visant à accompagner les victimes et à mettre fin à l’«omerta» ».
Le journaliste explique que « ce plan a été élaboré après plusieurs réunions avec des associations, des syndicats et des instances diverses ces dernières semaines. […] Il est basé sur 4 axes : des enquêtes plus efficaces, une formation renforcée, un meilleur accompagnement des victimes et davantage de transparence ».
Nicolas Berrod rappelle en effet que « jusqu’à présent, les investigations en cas de signalement sont souvent menées en interne au sein des centres de santé, sans toujours aboutir ».
Le journaliste précise qu’« une cellule d’experts extérieurs va être mise sur place pour «donner aux enquêtes le maximum de chances d’aboutir» et «rassurer les victimes». Elle pourrait comporter, par exemple, des professionnels de santé engagés sur ce sujet et de jeunes retraités ».
Nicolas Berrod ajoute que « d’ici à 3 ans, le personnel des établissements de santé publics devra pour sa part avoir suivi une formation obligatoire aux violences sexistes et sexuelles. Cela concerne en particulier les responsables et maîtres de stage, qui encadrent les internes. Les modalités précises restent à définir, mais cela pourrait prendre la forme de 2 demi-journées ».
Le journaliste indique qu’« un autre volet concerne la libération de la parole, souvent très difficile. […] Pour répondre à ce désarroi, une association aura la responsabilité d’une ligne d’écoute dédiée ».
« À l’AP-HP, une cellule d’écoute pour les victimes d’abus a déjà été mise en place en septembre 2021. Mais moins de 300 signalements ont été faits à ce jour, et seuls 5% d’entre eux concernent des situations à caractère sexuel et sexiste (les autres renvoient surtout à du harcèlement moral) »,
 observe Nicolas Berrod.
Frédéric Valletoux déclare en outre : « On veut mettre en lumière ce qu’il se passe pour tourner la page de l’omerta ». Nicolas Berrod explique que « chaque établissement ou institution devra, chaque année, faire acte de transparence et publier le nombre de signalements, d’enquêtes et de sanctions en son sein ».
Le journaliste observe : « Ces mesures, qui seront suivies d’autres annonces «d’ici à la fin de l’été», suffiront-elles ? […] Les associations réclamaient notamment une formation obligatoire mais aussi la disparition des fresques pornographiques dans les salles de garde et la mise à l’écart, «par principe de précaution», de tout professionnel de santé visé par un signalement ».
Frédéric Valletoux répond que pour les fresques, « on a demandé aux directions de les faire effacer d’ici fin septembre au plus tard », et ajoute : « Dans le monde de la santé s’appliquent aussi les lois de la République, et notamment la présomption d’innocence. Le seul signalement ne peut pas conduire à une mise en retrait automatique et la procédure disciplinaire doit suivre son cours ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni notent également dans Le Monde que « cela fait bientôt 2 mois que le sujet des violences sexistes et sexuelles dans le secteur de la santé […] est revenu sur le devant de la scène ».
« De premiers axes d’action ont été dévoilés par le ministère de la Santé. […] Concernant l’enquête administrative menée par les établissements, une équipe nationale dédiée sera mise en place, avec un rôle d’appui auprès des hôpitaux »,
 indiquent les journalistes.
Elles évoquent un « autre volet, celui de la formation : les professionnels de santé qui ont à encadrer, établir les dossiers, accompagner les violences sexuelles et sexistes, auront obligation d’en avoir suivi une d’ici à 3 ans. Cela concerne, en particulier, les responsables et maîtres de stage des internes ».
« Il est aussi question d’une ligne d’écoute nationale et d’un accompagnement pluridisciplinaire des victimes que le ministère de la Santé prévoit de confier à une association. Engagement est pris d’une communication « large et transparente » autour de ces enjeux, avec des remontées annuelles sur les signalements, les délais de traitement, les sanctions »,
 continuent Mattea Battaglia et Camille Stromboni.
Elles observent que « ces annonces, qui n’ont pas été accompagnées d’une enveloppe budgétaire, recoupent des leviers assez génériques en matière de lutte contre ces violences. Elles sont une première étape, avant un « plan d’actions » promis à l’horizon de l’été ».