Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – mars 2021

« En psychiatrie, on attache et on isole, faute de personnel »

C’est ce que constate Eric Favereau dans Libération. Le journaliste relève ainsi que « dans un récent courrier au ministère de la Santé, la contrôleuse générale des lieux de privation et de liberté exhortait une nouvelle fois à ce que soient revues les pratiques françaises en matière d’isolement et de contention dans les services de psychiatrie. Pour le Conseil constitutionnel, un juge des libertés devrait être impliqué ».
Eric Favereau explique que « le 7 décembre dernier, après une nouvelle visite de ses services à l’hôpital d’Aulnay, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a écrit ainsi une lettre sévère au ministre de la Santé, Olivier Véran. Outre le fait qu’elle souligne que les droits à l’information des patients ne sont toujours pas respectés, elle s’inquiète, encore et encore, des pratiques d’isolement et de contention ».
« «Ces pratiques se font sans décision médicale», et l’isolement peut être «maintenu pendant plusieurs jours sans corrélation avec un état clinique qui le justifie, alors que les observations horaires des infirmières rapportent de façon continue le calme du patient». Ou encore : «En toute illégalité, le registre d’isolement et de contention n’est pas tenu ou l’est de manière aléatoire.» Et enfin, cette remarque : «Les pratiques d’isolement et de contention sont exercées dans des locaux indignes.» Et Dominique Simonnot de demander au ministre de «prendre immédiatement les mesures nécessaires» », note le journaliste.
Il s’interroge : « Que va-t-il se passer ? Le ministre va-t-il répondre ? On peut en douter. Ces jours-ci tout paraît figé. Se joue, en effet, un bras de fer entre le ministère et les différents syndicats de psychiatres autour d’un décret qui devrait sortir sur l’intervention du juge des libertés dans les pratiques d’isolement et de contention ».
« Le Conseil constitutionnel a en effet décidé que comme ces pratiques mettent en cause les libertés individuelles, le législateur se devait de faire intervenir le juge des libertés. En réponse, le gouvernement a fait voter en septembre un amendement mettant le juge dans la boucle, mais de façon peu contraignante », remarque Eric Favereau.
Dominique Simonnot observe que « la réforme proposée pour encadrer l’isolement et la contention est au plus bas niveau de l’échelle. Le gouvernement a fait le choix d’une saisine du juge qui n’est pas automatique. La procédure n’est en rien contraignante. C’est juste une possibilité ».
« Le texte prévoit également que c’est au médecin de prévenir le juge qu’une mesure d’isolement ou de contention est en cours [dans le cas où celle-ci va être renouvelée au-delà d’une certaine durée, ndlr] et le juge pourra alors se saisir d’office. Mais c’est notoirement insuffisant », poursuit-elle.
Eric Favereau ajoute que « les psychiatres disent que l’on va trop loin. Ou surtout trop vite. Tous les syndicats viennent en effet d’adresser une lettre au ministre de la Santé sur l’impossibilité de faire appliquer cette loi, mettant avant le manque de moyens de la psychiatrie publique ».
« Que va-t-il se passer ? Entre le manque de moyens, et le côté peu contraignant du décret, on peut redouter que les mauvaises pratiques perdurent », observe le journaliste.

Date de publication : 2 mars 2021

Covid-19 : « Derrière les statistiques mortifères, il y a des familles brisées »

Libération constate que « depuis le début de la pandémie, au moins 90.315 personnes sont mortes du Covid-19 en France. Au-delà des chiffres, les proches des victimes appellent à limiter les lourdes contraintes sanitaires qui entourent les personnes en fin de vie et les défunts pour faciliter ce «deuil impossible» ».
Le journal souligne ainsi : « Des disparus, au sens strict. Des morts du Covid qu’on n’a souvent pas pu accompagner, revoir, ni même honorer. Pour nombre de familles, l’épidémie est d’abord un drame intime, souvent invisibilisé un an après le début du premier confinement national. Un «deuil impossible» dit même Julie Grasset, dont le père mort du Covid dans son lit le 25 mars 2020 a été incinéré 5 heures plus tard sans qu’elle ait pu voir sa dépouille ».
Le quotidien évoque notamment l’association Victimes du Covid-19, qui se bat « pour qu’un hommage national soit rendu aux défunts de la pandémie », mais note que « beaucoup des endeuillés du Covid se réfugient dans le silence ».
Libération précise que « le gros des traumatismes remonte à la première vague ». Marc Dupont, directeur adjoint des affaires juridiques de l’AP-HP, déclare : « On ne savait alors rien du virus et de sa contagiosité. La mortalité avait brutalement explosé. Il fallait protéger les patients, les soignants comme les familles. A l’hôpital, les visites étaient suspendues dans de nombreuses unités de soins, les défunts placés tout de suite dans une housse hermétique, la toilette mortuaire impossible en chambre mortuaire et la mise en bière immédiate ».
Le quotidien relève : « Coupées de leurs proches, contraintes de se plier à l’impératif sanitaire, les familles encaissent mal ». Le Dr Thierry Baubet, responsable de la cellule d’urgence médico-psychologique de l’hôpital Avicenne (Bobigny), indique ainsi : « Ça a été épouvantablement difficile pour beaucoup surtout durant le premier confinement. Ne pas pouvoir accompagner le mourant dans ses derniers instants ni accéder au corps du mort est particulièrement difficile à comprendre et à métaboliser pour les proches. On a ouvert une ligne téléphonique à vocation régionale pour aider les endeuillés désorientés. On a distribué des flyers dans les chambres funéraires en quinze langues pour que les gens en souffrance sachent où appeler : 300 familles ont sollicité notre soutien mais on n’a pas touché les plus précaires ».
Le Dr Axel Bastien, psychiatre en charge du dispositif d’aide aux familles endeuillées du Covid mis en place par le CHR de Lille, ajoute qu’« on est encore loin d’un retour à la normale. Même si elles sont autorisées pour les fins de vie, les visites sont toujours très encadrées. Les toilettes post mortem comme les rites funéraires ne sont pas possibles et les dernières volontés des défunts ne peuvent pas toujours être respectées. La situation reste difficile pour les familles. Dans de telles circonstances, la phase de déni qui fait partie du deuil est plus marquée. On observe plus de complications que d’ordinaire. Les deuils se figent, n’évoluent pas ».
Libération remarque que « les risques Covid étant scientifiquement mieux cernés, le besoin de desserrer les contraintes sanitaires entourant les fins de vie s’est fait sentir dans les établissements hospitaliers ».
Marc Dupont précise que « depuis décembre dans les hôpitaux de l’AP-HP, si un patient décède plus de 10 jours après la date des premiers symptômes ou un test positif, il n’y a plus de housse, de mise en bière immédiate, ni de restrictions à la présentation des corps et à la toilette mortuaire ».

Date de publication : 15 mars 2021

« Les complémentaires santé vont rembourser des consultations de psychologue »

Le Parisien indique en effet que « les fédérations de mutuelles, assurances santé et institutions de prévoyance ont annoncé lundi la prise en charge de plusieurs consultations de psychologues par an. […] Un projet rendu urgent avec la crise sanitaire, alors que les troubles dépressifs sont en nette hausse ».
Le journal explique que « leurs trois fédérations ont décidé de concert de généraliser le remboursement «dès le premier euro» des psychologues libéraux, «sur orientation médicale». Pour les mutuelles, «un minimum de quatre séances par année pourra être pris en charge dans une limite de 60 € par séance», précise la Mutualité française ».
Le Parisien évoque un « même tarif pour les assureurs, qui ne s’engagent toutefois à rembourser que «jusqu’à 4 consultations» par an, indique la Fédération française de l’assurance (FFA). Les institutions de prévoyance (CTIP), spécialisées dans les contrats d’entreprises, promettent également de «renforcer leur dispositif de prise en charge des consultations de psychologues» ».
Le quotidien précise que « cette initiative n’entrera toutefois pas immédiatement en vigueur : les trois fédérations souhaitent d’abord «initier un échange» avec les syndicats de médecins et de psychologues ».
« Ces derniers ne sont pour l’heure pas pris en charge par la Sécu, même si l’Assurance maladie teste depuis 2 ans un remboursement – sur prescription du médecin traitant – dans 4 départements (Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Landes, Morbihan). Un schéma encouragé par la Cour des comptes, qui recommandait dans un rapport en février de le «généraliser dès que possible» »,remarque Le Parisien.

Date de publication : 23 mars 2021

« Les dépressions sévères des salariés ont été multipliées par deux en un an »

Le Figaro observe que « le télétravail a des effets de plus en plus négatifs sur la santé, alors que le gouvernement demande aux entreprises de le privilégier au maximum. Les moins de 29 ans, qui ont peur pour leur avenir, se classent en tête des plus fragiles ».
Le journal indique ainsi qu’« un an après le premier confinement, [la] détresse psychologique [des salariés] reste importante (45%, soit près d’un sur deux), selon une étude OpinionWay […]. Si la hausse n’est que de 1 point par rapport à début avril 2020, le taux de dépression nécessitant un accompagnement quant à lui explosé (+36%). En 12 mois, les dépressions sévères ont ainsi été multipliées par… deux ».
« Des indicateurs qui inquiètent au sommet de l’État alors que la population, dans 16 départements, subit de nouvelles restrictions de liberté depuis le week-end dernier », poursuit le quotidien.
Il précise que « 63% des personnes interrogées indiquent voir de plus en plus de gens en détresse psychologique. Les moins de 29 ans se classent en tête des plus fragiles (62%), avec un risque de dépression pour 39% d’entre eux. Ces jeunes ont peur pour leur avenir et redoutent la précarité, beaucoup n’ayant pas eu le temps de bien appréhender la réalité du monde du travail. Comme de nombreux autres salariés, ils sont en perte de repères ».
« Les femmes (53%) figurent aussi parmi les catégories les plus exposées, versus 38% des hommes. Leur charge mentale, avec des contraintes à la fois professionnelles et domestiques, y contribue, quand bien même elles n’ont pas à gérer leurs enfants en journée, les écoles étant restées ouvertes contrairement au confinement du printemps 2020. En conséquence, elles sont désormais deux fois plus nombreuses à envisager de passer à temps partiel : 31%, contre 15% des hommes », continue Le Figaro.
Le journal note que « la situation des managers est également difficile, puisque 48% sont en situation de détresse psychologique. Ils font cependant preuve d’abnégation, puisque six sur dix ne parlent pas de leurs difficultés pour mieux traiter celles de leurs collaborateurs et au risque de tomber en burn-out ».
Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte humaine, cabinet spécialisé sur les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail, déclare que « des lignes d’écoute ne suffisent pas. Il faut réfléchir à aménager les mesures sanitaires du télétravail. Les gens ne vont pas tenir, c’est évident ».

Date de publication : 24 mars 2021

« Psychiatrie : avis de défaillance généralisée »

Eric Favereau indique en effet dans Libération : « Recours excessif à la contention, locaux indignes, non-respect des droits des patients… Dans une analyse de 135 rapports issus de 54 départements, l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques dresse un état des lieux alarmant du secteur médical ».
Le journaliste retient « une foule de petits dérapages. Ce sont des chambres d’isolement sans fenêtre, des médecins absents et qui ne contrôlent pas les pratiques. Des certificats d’hospitalisation qui sont de simples copiés-collés. Des patients enfermés, sans sortie possible, alors qu’ils sont hospitalisés librement. D’autres qui sont obligés d’être en pyjama ».
« Ce sont des mineurs avec des adultes. Des lits dans les couloirs. Des lieux fermés. C’est, au final, un monde de petits arrangements avec la loi, loin des bonnes pratiques que devrait requérir le fait de s’occuper de personnes en très grande souffrance psychique », continue Eric Favereau.
Il souligne que « ce constat était connu en partie. Des visites dans des hôpitaux psychiatriques du contrôleur général des lieux de privation de libertés ont pointé, depuis 5 ans, des dérapages. Ils pouvaient donner le sentiment de bavures, de cas à part. Mais il s’agit là d’une tout autre dimension. Car cela dérape partout, dans toute la France ».
Eric Favereau explique ainsi que « l’Union nationale de familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques (Unafam) vient […] de terminer un travail exceptionnel de collecte des rapports des commissions départementales de soins psychiatriques. La fonction de ces structures est simple : observer, ausculter tout ce qui se passe en termes de soins psychiatriques dans le département, avec pour mission «de veiller au respect des libertés individuelles et de la dignité des personnes hospitalisées sous contrainte en milieu psychiatrique» ».
Le journaliste observe qu’« en tout, ce sont des moments de vie de plus de 50.000 patients qui ont été ainsi observés ». Michel Doucin, administrateur de l’Unafam qui a coordonné ce travail, remarque : « On peut dire que, presque partout, il y a des violations des droits des patients, des dysfonctionnements graves ou des incohérences problématiques ».
Eric Favereau livre « un échantillon de ces mille et un petits scandales, une liste infinie à la Prévert. Il y a d’abord les locaux, souvent vétustes, souvent innommables, souvent indignes. En Seine-et-Marne, la commission a dressé les «points noirs» constatés ou signalés par les patients : «Insuffisance du chauffage, absence de serviettes de toilette, remplacées par des draps, portions de nourriture insuffisantes, qualité des repas médiocre, chambres à trois voire quatre lits, état dégradé de certaines pièces notamment des sanitaires, saleté des vitres, nettoyées trop rarement, impossibilité pour les patients d’être tranquilles dans leur chambre, difficultés d’accès aux espaces extérieurs pour les patients en fauteuil roulant, absence de sanitaires dans les chambres d’isolement.» ».
Le journaliste continue : « Il y a le temps qui coule. Des délais d’attente, sans fin, comme aux urgences. Au centre hospitalier du Forez (Loire), «le délai d’attente aux urgences est de 4 jours avec un taux d’occupation de 100% depuis le début de l’année». Et cette remarque : «Le service des urgences n’est pas adapté pour accueillir durant 3 ou 4 jours des patients psychiatriques.» ».
Il relève qu’« il y a des hospitalisations qui n’en finissent pas. Dans l’Hérault, ce cas d’école : «Un patient a quitté l’établissement après avoir passé 19 ans dans le secteur fermé, alors qu’il était en soins consentis. Il ne relevait pas d’une hospitalisation en psychiatrie, mais d’un accueil en établissement médico-social.» ».
Eric Favereau continue : « Il y a l’arbitraire. Là on isole, là non. Au centre hospitalier de Dieppe (Seine-Maritime), «les heures de début et de fin d’isolement ne sont pas renseignées, les motifs de mise en isolement ne correspondent pas à des indications thérapeutiques». Dans les Hauts-de-Seine, «à Antony et Issy-les-Moulineaux, il n’était pas clair que les décisions de mise en chambre d’isolement ou de contention prises par un interne ou par un infirmier devaient toujours être confirmées dans l’heure par la visite d’un médecin auprès du patient» ».
Le journaliste souligne en outre qu’« il y a ces droits que l’on ne respecte pas. Un non-respect global. «D’une manière générale, la lecture des dossiers de patients a permis de constater que très peu de récépissés sont signés par les patients eux-mêmes. Trop souvent, ces documents sont signés par un membre de l’équipe soignante, ce qui constituerait «une solution de facilité», pointe l’Unafam ».

Date de publication : 30 mars 2021

 

Revue de presse santé psy – février 2021

« Covid-19, la fatigue pandémique prend de l’ampleur »

C’est ce que constate La Croix, qui note qu’« évoqué par l’OMS à l’automne, le syndrome de fatigue pandémique désigne une forme de lassitude liée aux aspects anxiogènes de la crise sanitaire, plus manifeste chez les jeunes et les personnes âgées ».
France Lebreton observe ainsi : « Lassitude, anxiété, insomnies… Ces symptômes ne sont pas nouveaux mais ils se seraient accentués sous l’effet de la crise sanitaire. Au point que l’OMS a publié, en octobre 2020, un document intitulé «Lassitude face à la pandémie. Remotiver la population pour prévenir le Covid-19» ».
La journaliste relève que « cette fatigue pandémique serait, selon l’OMS, «une réponse naturelle et attendue à une crise de santé publique prolongée», marquée par un «sentiment de détresse» voire de «désespoir», un sentiment d’isolement et une dévalorisation de soi. Autant d’éléments pouvant miner l’adhésion des populations aux mesures permettant de lutter contre la pandémie, prévient l’OMS ».
Nicolas Franck, psychiatre, chef de pôle au centre hospitalier Le Vinatier à Bron (Rhône), explique en effet que « le bien-être mental de la population s’est trouvé altéré au printemps 2020, lors du premier confinement, qui a provoqué un stress majeur, mais aussi suscité un sursaut de créativité pour rebondir ou se reconstruire. À l’automne suivant, le second confinement, bien que moins strict, a été vécu plus difficilement : par effet d’accumulation, le poids des contraintes, le sentiment d’être enfermé chez soi, la limitation des contacts sociaux, l’accès à la culture entravé, ont fait prendre conscience que les besoins fondamentaux n’étaient pas comblés ».
« Résultat, le sentiment d’une grande fatigue, au sens, définit-il, d’une «usure due à la répétition des épreuves», l’a emporté. Et depuis le début de l’épidémie, il y a un an, une succession d’épreuves s’est enchaînée, imposant à chacun de tenir dans la durée : couvre-feu, menace d’un troisième confinement… », remarque France Lebreton.
La journaliste souligne : « Parmi les catégories concernées par ce syndrome, les personnes âgées, premières cibles du virus, qui ne sortent plus de chez elles, parfois n’en ont même plus le désir. Et, paradoxalement, les jeunes qui, moins touchés par le virus, en subissent les contraintes de plein fouet ».
Elle indique que « pour faire diminuer ce mal-être, le Pr Nicolas Franck propose d’associer les jeunes aux mesures mises en place en faveur des aînés – leur donner un rôle social, les impliquer dans la solidarité intergénérationnelle… – et de sensibiliser les personnes âgées à ce qu’est une bonne hygiène de vie psychique, en leur prodiguant des conseils pour rester en lien, conserver un rythme régulier d’activités physiques, etc. ».

Date de publication : 9 février 2021

« La crise sanitaire, une pente dangereuse pour les addictions »

Jeanne Ferney remarque en effet dans La Croix que « les études sur l’impact du confinement ne traduisent pas une explosion des addictions. Mais la crise sanitaire qui dure, et les conséquences économiques qui vont en découler, pourraient exposer les plus fragiles à une surconsommation d’alcool et de drogues illicites ».
La journaliste observe qu’« au printemps dernier, les associations alertaient sur le risque de surconsommation d’alcool et de drogues illicites. «Rester à la maison, ne pas faire grand-chose, cela représentait un contexte favorable», souligne le Pr Laurent Karila, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, dans le Val-de-Marne. Près d’un an plus tard, les études sur l’impact du confinement semblent indiquer que l’explosion tant redoutée n’a pas eu lieu ».
Bernard Basset, président de l’association Addictions France, indique ainsi que « les consommations sont globalement restées stables. […] Certains facteurs, comme une consommation excessive antérieure ou l’isolement, ont pu conduire à une consommation plus grande. À l’inverse, des consommateurs d’alcool qui buvaient essentiellement lors de rencontres entre amis ou au restaurant, ont diminué leur consommation car ces occasions avaient disparu ».
Jeanne Ferney souligne que « les premiers temps de la pandémie sont en revanche allés de pair avec une hausse notable de la consommation de benzodiazépines, des anxiolytiques. […] Les Français ont globalement délaissé les «drogues stimulantes», comme l’alcool et la cocaïne, pour les drogues à visée apaisante ».
Marie-Jauffret Roustide, sociologue et chercheuse à l’Inserm, indique que « les usagers disent y avoir eu recours contre l’angoisse, la déprime ou un sentiment de solitude ». Le Pr Karila remarque quant à lui : « Pendant le premier confinement, certains de mes patients addicts à la cocaïne ou au cybersexe ont stoppé net. Mais cela n’a pas tenu sur le long terme ».
La journaliste note que « selon lui, la période actuelle, qu’il qualifie de «pseudo-confinement», reste à haut risque. Dans son hôpital, il a constaté «20 à 25% de nouvelles demandes. Certains patients étaient déjà addicts, d’autres viennent pour la première fois après une consommation excessive d’alcool ou de cannabis», détaille le médecin, qui s’inquiète d’un «boom inexpliqué de la consommation de cocaïne, qui a donné lieu à plus d’hospitalisations ces derniers mois» ».
Jeanne Ferney conclut qu’« au-delà de l’épidémie, la crise économique à venir pourrait faire des dégâts », Marie Jauffret-Roustide soulignant : « On sait d’expérience que les crises économiques ont tendance à entraîner une augmentation problématique des usages ».

Date de publication : 17 février 2021

« Covid-19 : les états anxieux et dépressifs en nette hausse entre janvier et février »

Le Parisien note en effet que « la hausse est jugée «significative» par Santé publique France. Le pourcentage de personnes disant ressentir un état anxieux ou dépressif est passé de 29 à 34% en un mois, d’après les nouveaux résultats de l’enquête CoviPrev ».
Le journal rappelle que « cette enquête est menée une ou deux fois par mois, depuis un an, auprès d’un panel représentatif de 2000 adultes. Dans le détail, en vague 21 (du 15 au 17 février), 11% des personnes interrogées présentaient un état anxieux seulement, 11 % un état dépressif seulement et 12% un état à la fois dépressif et anxieux. Un mois plus tôt, ces taux étaient respectivement de 10%, 10%, et 9% ».
« 23% des sondés se disent cette fois anxieux et 23% ressentent des symptômes de dépression. Ces taux n’ont jamais été atteints depuis fin mars 2020, en plein confinement. Si l’on regarde uniquement la part de ceux qui se sentent dépressifs, elle avait doublé à la rentrée de septembre dernier », explique Le Parisien.
Le quotidien souligne que « plusieurs profils sont particulièrement associés à ces états de souffrance psychique. Santé publique France mentionne notamment les étudiants, les personnes sans activité professionnelle ou celles en situation de précarité ».
Le Parisien rappelle que « d’après un sondage Ipsos pour la Fondation FondaMental, […] 40% des 18-24 ans ont rapporté un trouble anxieux généralisé, soit 9 points de plus que l’ensemble des Français. Ces jeunes souffrent souvent de l’interruption des cours en présentiel et des fortes perturbations qui impactent la vie sociale et étudiante depuis près d’un an de pandémie en France. Sans surprise, l’inquiétude «à l’égard de la situation» ainsi que le sentiment de solitude sont aussi des facteurs régulièrement liés à l’anxiété ou à la dépression ».
Le quotidien observe que « cela fait plusieurs mois que médecins et autorités mettent en garde contre le risque d’une «troisième vague mentale», pour reprendre l’expression d’Olivier Véran utilisée en novembre dernier. En cas de souffrance, Santé publique France recommande de se rapprocher de son médecin ou d’appeler le 0 800 130 00 «pour demander à être orienté vers une écoute ou un soutien psychologique» ».

Date de publication : 26 février 2021

 

Revue de presse santé psy – janvier 2021

« Covid-19 : la santé mentale, grande sacrifiée de l’épidémie ? »

Le Point constate en effet que « les mesures restrictives liées au virus semblent avoir eu un impact sur les personnes qui, avant l’épidémie, peinaient déjà à trouver un équilibre mental ».
Le magazine se penche sur l’Allemagne où, « comme ailleurs, leur suivi médical a été fortement affecté par la fermeture imposée à de nombreuses structures de soutien en vertu des mesures anti-Covid, d’abord en mars puis à nouveau depuis décembre avec la seconde vague épidémique qu’affronte actuellement le pays ».
« Depuis le printemps, plusieurs établissements ont proposé leurs services en ligne ou via des applications pour smartphones, mais les résultats ne sont pas très probants pour ce type de soins où les échanges directs restent primordiaux », note Le Point.
Le magazine indique que « selon la Fondation allemande d’aide aux victimes de dépression (DDH), les personnes souffrant de cette maladie ont vécu les mesures restrictives du printemps avec un stress plus de deux fois supérieur à la moyenne de la population. Plus de la moitié d’entre elles ont aussi vu leur accès aux traitements restreint, a encore évalué la fondation. Cliniques psychiatriques ambulatoires, centres de conseil et services de prévention du suicide ont tous connu une augmentation des demandes d’aide cette année, même à distance ».
Dietrich Munz, chef de la Chambre allemande des psychothérapeutes, souligne ainsi : « Il y a maintenant toute une série d’études qui montrent que le stress mental causé par les mesures restrictives peut aussi conduire à une maladie mentale ».
Il ajoute que « les humains sont des êtres sociaux. Cela signifie que nous recherchons et avons besoin d’échanges interpersonnels, que ce soit des petites conversations au travail ou des confidences avec ses amis. […] Trop de proximité peut également provoquer un stress psychologique. […] Réduire ses échanges exclusivement avec la famille est difficile s’il y a trop peu d’occasions de s’isoler ».
Le Point conclut que « dans un récent sondage de la compagnie d’assurance maladie Pronova BKK, 75% des 154 psychiatres et psychothérapeutes interrogés s’attendent à une augmentation des cas de maladies mentales au cours des 12 prochains mois ».

Date de publication : 8 janvier 2021

« L’excès de mauvaises nouvelles nuit à notre santé mentale »

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian s’interroge dans Le Figaro : « Bien calé dans son fauteuil, est-on vraiment passif lorsque l’on écoute les informations télévisées ? ».
Le Dr Guillaume Fond, psychiatre et chercheur au CHU de Marseille, répond : « Pas du tout. Toute information est traitée par notre cerveau : lorsque les informations se succèdent, cela finit par constituer une charge mentale non négligeable. Or chez une personne qui se sent déjà épuisée psychiquement, ce n’est pas rien, surtout avec les chaînes d’information en quête de sensationnel ».
« Ces chaînes, met en garde le médecin, nous font vivre dans l’instantané et la recherche de réactions émotionnelles », poursuit Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond explique ainsi que « la catastrophe fascine ! Il y a un effet d’amplification de ces informations négatives qui, répétées au quotidien, finissent par donner le sentiment de vivre dans un monde en perdition. Et cette impression de vivre dans un monde moche, sans espoir, peut créer de la dépression et même favoriser des idées suicidaires chez une personne prédisposée. C’est le sentiment d’impuissance qui fait le plus de dégâts sur le plan psychique. Le stress généré par ces informations négatives qui paralysent provoque une sécrétion prolongée de cortisol et favorise à terme l’inflammation dans le cerveau ».
Nathalie Szapiro-Manoukian relève que « les informations reçues par notre cerveau ne sont pas traitées de façon égalitaire, comme l’a montré récemment une équipe de chercheurs de Montréal du CHU Ste Justine (Nature Communications, août 2020) ».
La journaliste explique que « notre cerveau est composé de milliards de cellules nerveuses excitables, et c’est par le biais des épines dendritiques (de minuscules protubérances en contact avec les autres cellules nerveuses) que les données s’échangent entre cellules. Lorsqu’une information persiste et/ou se répète […], ces échanges se multiplient, le nombre d’influx nerveux traitant cette information augmente et les neurones y deviennent encore plus sensibles. Cela ne fait qu’amplifier l’information. À l’inverse, une information reçue ponctuellement fait l’objet de peu d’échanges et, même s’il s’agit d’une excellente nouvelle, son évocation trop éphémère va faire que pour notre cerveau elle va passer quasi inaperçue car elle manque d’écho ! ».
« À cette iniquité de traitement des informations s’ajoute le fait que l’être humain a une certaine appétence pour les catastrophes. […] Autre biais cognitif : nous retenons ce qui nous est proche, bien plus en tout cas, que ce qui semble lointain », ajoute-elle.
Nathalie Szapiro-Manoukian observe que « les personnes non affectées par ces nouvelles négatives ont intégré instinctivement que les informations télévisées délivrées à la chaîne créent de la distorsion et ne traduisent pas exactement la réalité (il y a un effet « zoom »). Elles contrebalancent ces informations négatives par des annonces positives et/ou se concentrent sur ce qui compte vraiment pour elles, sur quoi elles peuvent agir ».
Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne, indique ainsi que « pour repérer ce qui va bien, ce qui nous convient, il faut faire un effort. Un vrai effort. Il faut être mobilisé dans cette intention et y revenir dès qu’on l’a lâchée, qu’on a oublié et que notre naturel revient au galop… Notre attention réclame un effort pour nous permettre d’être attentif aux belles choses ».
« Mais pour ceux déjà épuisés psychiquement, ce recul manque. Il y a alors urgence à faire l’économie des informations négatives non essentielles ! Mais aussi à s’informer autrement »,souligne Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Fond indique : « Je leur conseille de se trouver d’autres sources d’information qui traitent ces sujets plus en profondeur comme les journaux, les podcasts, la radio, etc. Ces médias laissent la place aux analyses, aux recherches et aux solutions possibles. Or accroître ses connaissances dans un domaine rassure. Cela permet aussi de faire le tri entre vraies informations et fake news ».

Date de publication : 11 janvier 2021

« La santé mentale des étudiants mise à fac »

Cassandre Leray constate en effet dans Libération : « Isolement, angoisse liée à l’enseignement à distance, précarité… Syndicats et enseignants s’alarment de l’état de détresse des jeunes ».
La journaliste fait savoir que « mardi soir, une étudiante [à l’université Lyon-III] a tenté de sauter du cinquième étage de sa résidence universitaire. Bien qu’elle ait été prise en charge «avant de commettre l’irréparable», selon les mots d’[Eric Carpano, président de l’université], cet événement fait violemment écho à ce qui s’est passé durant la nuit de vendredi à samedi ».
Cassandre Leray explique qu’« à la résidence universitaire de Villeurbanne, un étudiant en master de droit à Lyon-III s’est jeté par la fenêtre du cinquième étage. Son pronostic vital est engagé. Les causes de ces gestes ne sont pas encore connues, mais une chose est sûre, «il y a un profond mal-être de la jeunesse aujourd’hui, qui a le sentiment d’avoir été délaissée. La crise sanitaire leur impose des contraintes absolument redoutables», selon le président de l’université ».
Eric Carpano ajoute : « Il faut une prise de conscience nationale pour accompagner notre jeunesse et lui offrir un horizon. J’espère que la réponse gouvernementale sera à la hauteur des attentes ».
La journaliste note que « ce constat, le Premier ministre Jean Castex ne l’a pas nié lors de sa conférence de presse de jeudi soir, parlant d’un «profond sentiment d’isolement», de «vraies difficultés psychologiques», une «source de préoccupation majeure». […] Il a annoncé un retour très progressif dans les amphis des 1,6 million d’étudiants assignés à l’enseignement à distance depuis 3 mois, à partir du 25 janvier pour «une reprise en demi-groupes des travaux dirigés des élèves de première année» ».
Cassandre Leray ajoute que « ce vendredi, [le Premier ministre et la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal] doivent recevoir les représentants de la communauté universitaire pour préciser les modalités de cette prudente évolution, alors que la reprise en physique des étudiants les «plus fragiles», annoncée en décembre, s’est faite au compte-gouttes depuis la rentrée de janvier ».
La journaliste cite en outre Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui souligne : « On se retrouve dans des situations de plus en plus anxiogènes : la hausse de la précarité, l’angoisse liée aux partiels, la peur pour l’avenir, la fermeture des universités, l’isolement. Je ne sais même plus comment mettre des mots là-dessus ».
Marielle Wathelet, médecin de santé publique au Centre national de ressources et de résilience (CN2R), note pour sa part : « On sait que les étudiants ne vont pas bien. Leur état de santé mentale est altéré, quel que soit l’indicateur que nous avons mesuré ».
Cassandre Leray explique qu’« en octobre, elle a codirigé à une étude sur l’état de santé mentale des étudiants universitaires en France pendant le confinement, du 17 avril au 4 mai. Sur les 70.000 répondants, 11,4% ont déclaré avoir des idées suicidaires, 27,5% rapportaient des symptômes sévères d’anxiété et 16,1% de dépression. Des chiffres qui «sont plus élevés que la moyenne, hors contexte de pandémie», note Marielle Wathelet ».
La journaliste précise que « des données manquent encore : celles des suicides. […] De premiers résultats, concernant la période de janvier à août 2020, ont tout de même pu être analysés ».
Fabrice Jollant, psychiatre spécialiste des conduites suicidaires, indique qu’« ils portent sur les tentatives de suicide hospitalisées seulement. Chez les jeunes, il y a eu une diminution durant la première partie de la pandémie ».
Cassandre Leray relève qu’« il reste difficile de poser un constat ferme, puisque cette baisse des hospitalisations pourrait notamment s’expliquer par un accès aux soins plus difficile à cette période. Surtout, comme le pointe le spécialiste, «tout le monde a le sentiment que c’est de plus en plus difficile depuis la rentrée. Chez les étudiants, il y a une fatigue, une lassitude, une crise qui dure. On craint que les prochains chiffres aillent dans l’autre sens» ».

Date de publication : 15 janvier 2021

« Sans horizon, les Français peinent à garder le moral »

Le Figaro relève en effet : « Un «tunnel sans fin», une «atmosphère pesante», un sentiment entêtant de «tourner en rond». Du deuxième confinement au couvre-feu à 18 heures, de la fermeture des restaurants aux portes closes des musées, en passant par les masques, le gel hydroalcoolique et les produits non-essentiels, les Français expriment un ras-le-bol de plus en plus envahissant. La menace des nouveaux variants du Covid-19, plus contagieux, et la perspective d’un troisième confinement ont achevé de plomber leur moral ».
Le journal constate que « les unités psychiatriques voient arriver de nouveaux patients qui n’avaient jusqu’à présent jamais consulté ».
Le Figaro note ainsi que « dans le centre de psychiatrie où il exerce à Lyon, le Pr Nicolas Franck s’inquiète du nombre croissant de Français en souffrance, à tel point que les standards saturés peinent à répondre à leurs appels. Une population hétérogène qui va des «soignants traumatisés» aux étudiants isolés «qui vivent à distance de leur famille, reclus dans une chambre minuscule, sans cours et sans ressources» ».
Le Pr Franck déclare que « les épreuves qui s’accumulent altèrent le bien-être mental » et évoque ces personnes âgées qui « ne sont quasiment pas sorties de chez elles depuis bientôt un an car elles ont peur de se contaminer, y compris dans un centre de vaccination. Elles vivent repliées sur elles-mêmes. Elles ont perdu des capacités physiques et sont en grande souffrance morale car elles ne voient plus leurs proches ».
« Quant aux personnes fragiles psychologiquement, qui consultaient déjà avant la pandémie, elles vivent cette période «encore plus difficilement que les autres», prévient-il. Plus les mesures sanitaires sont longues, «plus les conséquences sur la santé mentale s’aggravent» », continue le journal.
Marie-Estelle Dupont, psychologue, remarque que « les Français saturent. Ils perdent leurs repères. […] Avec ces mesures sanitaires, on a réduit l’être humain à des besoins alimentaires et matériels. Les dégâts sont catastrophiques : les gens boivent, grossissent, prennent des psychotropes, deviennent addicts aux écrans. Quand on est privé d’air, de lumière, d’échanges affectifs, de culture et qu’on a toujours peur de contaminer l’autre, nécessairement, on déprime… ».
Le Figaro observe que « chez Nightline, un service d’écoute destiné aux étudiants, on note «une légère augmentation du nombre d’appels, avec des pics autour des annonces du gouvernement» ». Patrick Skehan, son délégué général, précise : « Solitude, études, problèmes relationnels, ce sont toujours les mêmes problématiques, mais exacerbées par la crise sanitaire. Quelque 10% de nos appelants évoquent des idées suicidaires. Va-t-on trouver une réponse structurelle à cette crise ou bien simplement créer de nouveaux numéros verts ? ».
Le quotidien relève qu’« à l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, qui sonde les effets de la pandémie sur la santé mentale des Français, on reconnaît que les chiffres sur les troubles anxieux et dépressifs n’ont «sans doute jamais été aussi hauts». Tristesse, perte d’intérêt, énergie à plat, ralentissement intellectuel et physique… ».
« Santé publique France souligne cependant que «70% des gens arrivent à s’en sortir» et que le vaccin apparaît comme un motif d’espoir. Son principal objectif est aujourd’hui d’éviter que ces troubles «s’installent dans la durée et s’aggravent». Une vaste campagne d’information sur la santé mentale est en préparation », indique Le Figaro.
Dans un autre article, le journal se penche en outre sur une « inquiétante augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes » : « Précarisés, isolés, exténués, de plus en plus de jeunes voient leur santé mentale se dégrader. Alors qu’un troisième confinement se profile, les professionnels de santé alertent sur l’importance de garder les établissements scolaires et universitaires ouverts ».

Date de publication : 29 janvier 2021

 

Revue de presse santé psy – décembre 2020

« Covid-19 : la solitude, l’autre épidémie »

Le Parisien fait savoir que « la Fondation de France publie ce jeudi son 10e rapport annuel sur les solitudes. […] Il montre une forte augmentation de l’isolement, amplifiée par la crise sanitaire ».
Le journal note ainsi que « la solitude accompagne aujourd’hui 7 millions de Français. C’est 3 millions de plus qu’en 2010. Salariés en chômage partiel ou en télétravail qui se sentent inutiles, étudiants priés de rester seuls face à leur ordinateur… Sans faire de bruit, la solitude s’est ancrée dans le quotidien d’une population de plus en plus nombreuse ».
Le Parisien évoque « une constante : les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus touchée par l’isolement, soit un sur quatre. L’épidémie de Covid-19 a d’ailleurs mis un cruel coup de projecteur sur les conséquences que cela peut avoir chez nos aînés ».
« A tel point que la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, vient de nous annoncer l’ouverture de 10.000 missions de service civique en renfort dans les Ehpad, les résidences autonomie et auprès des personnes âgées bénéficiant d’aides à domicile », indique le journal.
Il souligne que « sans surprise, ce sont les plus précaires qui se sentent les plus seuls (surtout les femmes, majoritairement à la tête de familles monoparentales ou dans le rôle d’aidantes). Double peine également pour les personnes handicapées ou atteintes d’une maladie chronique. Mais les catégories touchées vont désormais bien au-delà. La part des classes aisées en situation d’isolement est passée de 6% à 11%. Les jeunes aussi ne sont plus épargnés ».
Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la philanthropie à la Fondation de France, remarque qu’« il existe une forme de généralisation assez alarmante. […] Le sentiment de méfiance envers les autres a fortement augmenté, surtout depuis les attentats de 2015. Chez certains, il alimente une forme de dégoût envers cette société qui ne semble pas vouloir les intégrer ».
Elle ajoute que « la situation sanitaire qui s’ancre dans la durée, la crise économique et ses probables effets sur la montée du chômage sont des facteurs de risque majeurs. La crainte d’une épidémie de solitude est donc bien réelle ».

Date de publication : 3 décembre 2020

« La santé mentale, parent pauvre du système de soins français »

Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro : « Anxiété, sommeil haché, boulimie, dépression, addictions aux écrans, au tabac, à l’alcool… La crise du Covid révèle au grand jour les troubles de santé mentale dont souffrent les Français, trop souvent passés sous silence car jugés tabous et honteux ».
La journaliste note toutefois qu’il s’agit d’une « occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale, parent pauvre du système tricolore, alors que les maladies psychiques touchent chaque année une personne sur cinq, soit 12 millions de Français, et que seuls 40% à 60% d’entre eux sont pris en charge ».
Elle annonce que « dans une étude très fouillée intitulée «Santé mentale, faire face à la crise», […] l’Institut Montaigne propose une prise en charge innovante des troubles les plus fréquents, légers à modérés, mais qui peuvent être très invalidants ».
Marie-Cécile Renault explique que « le think-tank indépendant plaide pour une approche plus intégrée entre médecine physique et psychiatrie, afin de déstigmatiser, favoriser l’accès aux soins et augmenter la qualité ».
« Car l’enjeu est énorme, non seulement pour le bien-être et la qualité de vie des individus, mais aussi d’un point de vue économique. Avec un total de… 23 milliards d’euros de remboursements (médicaments, soins, arrêts de travail, etc.) chaque année, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, loin devant le cancer ou les maladies cardiovasculaires », continue la journaliste.
Elle poursuit : « Dénonçant une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie qui oublie la médecine de ville, l’Institut Montaigne préconise de laisser les cas lourds aux psychiatres et de s’appuyer davantage sur les médecins généralistes pour les cas légers ».
« Or, aujourd’hui, les médecins de famille manquent de temps pour ces consultations chronophages ainsi que d’outils cliniques simples de dépistage, et surtout n’y sont pas incités financièrement : il n’y a aucun indicateur sur la santé mentale dans la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp), alors même que 30% de leur patientèle est concernée », remarque Marie-Cécile Renault.
Elle ajoute : « Et quand bien même le médecin traitant repère les troubles, il se trouve démuni. S’il envoie le patient chez un psychologue, les consultations ne sont pas remboursées. Une barrière financière, reconnaît l’Assurance-maladie, qui expérimente dans quatre départements le remboursement de psychothérapies, sur prescription médicale, pour des troubles légers ».
La journaliste note enfin que « l’Institut Montaigne prône aussi le renforcement du travail en équipe autour du médecin traitant et qu’une infirmière assure la coordination avec le psychiatre de secteur ou le psychologue, veille à la bonne observance des traitements, à ce que le patient revienne, etc. Des pratiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger, évitent d’«emboliser» les urgences et font gagner un temps précieux alors qu’un dépistage précoce évite l’aggravation ».

Date de publication : 8 décembre 2020

« Une vague de suicides est à craindre avec le déconfinement »

Stéphane Kovacs s’interroge dans Le Figaro : « Alors qu’approchent la fin du confinement et les fêtes de fin d’année, serait-ce maintenant «une vague de suicides» que l’on devrait craindre ? ». Le journaliste souligne en effet que « selon une enquête Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès, publiée en novembre, le risque apparaît élevé lors de ce second déconfinement ».
Il observe qu’« au Japon, on a enregistré plus de décès par suicide pendant le mois d’octobre que de morts du coronavirus depuis le début de l’année. En France, il est trop tôt pour connaître le nombre de suicides en 2020. Mais d’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, parmi les 20% de personnes interrogées qui déclarent avoir déjà envisagé sérieusement de se suicider, 11% déclarent l’avoir pensé durant le premier confinement, et 17% depuis sa fin ».
Stéphane Kovacs retient que « depuis la crise de 1929 aux États-Unis, «toutes les études montrent que les effets suicidaires des crises se font sentir dans un délai de plusieurs mois, voire quelques années», rappellent les auteurs. Pour celle de 2008, c’est en 2009 et 2010 que le pic des suicides a été identifié ».
Le sociologue Michel Debout, membre de l’Observatoire national du suicide et coauteur de l’enquête, indique ainsi que « paradoxalement, le risque de suicide apparaît plus important au moment du déconfinement. Quand on était tous confinés au printemps, tous les Français étaient traités de la même façon. Face à la menace virale, les personnes qui avaient une tendance dépressive ou étaient en difficulté sociale devenaient comme tout le monde. La solidarité a pu s’exprimer. Ça a créé une dynamique de survie. Or le déconfinement a fait revenir les disparités : le chômeur est resté au chômage, alors que les autres retournaient au travail… ».
Il déclare en outre que les autorités « sont borgnes : elles regardent la crise sanitaire d’un seul œil, celui du virus. […] Les plans sociaux, les boutiques qui ferment, les étudiants qui ne trouveront pas d’emploi, c’est pour demain ! Ce sont ces gens que l’on va retrouver dans nos hôpitaux quand ils seront vidés des malades du Covid ».
Stéphane Kovacs précise que « l’enquête relève trois catégories socioprofessionnelles plus particulièrement touchées : les dirigeants d’entreprise, dont 27% ont eu l’intention de se suicider en 2020, les artisans-commerçants (25%) et les chômeurs (27%). Parmi les artisans-commerçants qui ont envisagé le pire, 42% disent être passés à l’acte, avec une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« avec son numéro vert, l’association Apesa (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) avait pris en charge 1007 personnes à la date du 6 décembre 2020 – contre 620 pour la même période de 2019 ».
Il cite notamment Bruno, entrepreneur en faillite : « J’ai toujours travaillé sans le soutien de personne. Aujourd’hui, je suis acculé par mes nombreux créanciers, l’État, l’Urs­saf, et je sais qu’il n’y aura pas d’issue. J’ai froidement décidé de me suicider. Toutefois, j’ai une femme et une petite fille… ».
Stéphane Kovacs remarque en outre que « chez SOS Amitié, comme pendant le premier confinement, les appels sont passés de «5000 à 6000 par jour à environ 8000, avec des pointes à 10.000». L’an dernier, le suicide était évoqué dans 14% des cas. Aujourd’hui, c’est «dans un appel sur trois ou quatre»… Et une catégorie socio-professionnelle apparaît, celle des soignants et du personnel non-soignant des hôpitaux ».
Le journaliste note que « selon le site Medscape, la moitié des médecins affirment présenter des symptômes de burn-out. Parmi lesquels près d’un tiers songerait au suicide. Quant aux étudiants, d’après une enquête de l’université de Lille publiée fin d’octobre, 11,4% d’entre eux ont été traversés par des idées suicidaires. La «détresse morale» des étudiants «tuera plus, à terme, que le virus», a alerté […] le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken ».
« Depuis quelques semaines, les psychiatres voient défiler des patients qui n’avaient pas l’habitude de consulter : beaucoup de jeunes, et des personnes âgées souffrant d’isolement », continue Stéphane Kovacs, qui souligne dans un autre article que « le mal-être des adolescents [est] en forte augmentation depuis novembre ».

Date de publication : 9 décembre 2020

« Déprime post-Covid : perte d’envie, agressivité… les signes qui doivent alerter »

Christine Mateus s’interroge ainsi dans Le Parisien : « Comment distinguer un coup de mou d’une vraie dépression alors que toutes les études montrent que l’épidémie s’attaque aussi au moral, voire à la santé mentale des Français ? Deux psychiatres nous en disent plus ».
La journaliste souligne que « les contraintes liées à la crise sanitaire, et en particulier au confinement, pèsent en effet sur le moral des Français. Mais comment distinguer nos émotions négatives en réaction aux obstacles qui régissent actuellement notre quotidien, des symptômes de la dépression ou de l’anxiété ? ».
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, indique qu’« être agacé, inquiet par les annonces gouvernementales, c’est une réaction de l’esprit tout à fait saine. Ce qui est inquiétant, c’est lorsque des signes d’alerte durent dans le temps. Environ 3 semaines en continu. Si c’est le cas, c’est une situation médicale et il faut consulter son médecin ».
Christine Mateus poursuit : « Quels sont ces signes ? Qu’est-ce qui affiche qu’une personne va mal ? », et évoque tout d’abord « la perte d’envie » : « On traîne, on s’alimente mal (attention aux variations de poids qui sont aussi une manifestation à prendre en compte), on ne participe plus à la vie de la famille ».
Le Pr Lejoyeux précise : « La personne s’est comme autoconfinée. Elle ne bougera pas malgré l’allègement des contraintes. Si vous avez compté les jours avant l’ouverture des boutiques, c’est bon signe ».
La journaliste relève que « ces symptômes ont aussi des conséquences sur le sommeil. Les gens touchés dorment ainsi beaucoup. C’est une sorte de «sommeil refuge» ».
La Dr Fanny Jacq, psychiatre, explique que « l’anxieux rencontre des difficultés à trouver le sommeil. Le dépressif, lui, se couche tôt, s’endort facilement mais se réveille vers 3 heures avec un blues du petit matin. Toutefois, il restera au lit et retardera au maximum l’heure du lever ».
Christine Mateus évoque ensuite « l’irritabilité, l’agressivité » : « Ce sont des surréactions pour des petites choses, comme une assiette cassée, de la nervosité mais aussi la remise en cause des propos et des opinions des proches ».
La journaliste aborde aussi « le ralentissement du rythme », « la perte de l’estime de soi et la culpabilité », « la rumination de pensées négatives », et enfin « l’augmentation des addictions ». La Dr Jacq observe en effet que « l’alcool est un dépresseur. Il fait notamment baisser la sérotonine. Or, on note une reprise d’un alcoolisme solitaire ».

Date de publication : 21 décembre 2020

 

Revue de presse santé psy – novembre 2020

« Reconfinement : comment affronter un « jour sans fin »  ? »

La Croix constate que « la nouvelle période de confinement, d’une durée d’au moins un mois, fait craindre un impact négatif sur la santé mentale des Français. Les enseignements du printemps donnent néanmoins des pistes pour éviter le risque de panique et d’épuisement psychologique ».
Le journal relève ainsi : « L’impression de traverser un long tunnel qui n’en finit plus. Le «jour sans fin», décrit par Emmanuel Macron mercredi 28 octobre, se poursuit. L’annonce d’un nouveau confinement […] s’ajoute à un contexte déjà morose, marqué à la fois par des attentats ou tentatives d’attentat qui se multiplient sur le sol français depuis 2 semaines et par les conséquences économiques de la première vague de la pandémie, qui affectent particulièrement les catégories les plus précaires de la population », souligne le quotidien.
Frédéric Worms, philosophe, observe que « nous sommes dans un moment singulier dans lequel plusieurs dangers se répètent et font système. Ces dangers mettent à l’épreuve nos institutions, nos relations, nos émotions et nous laissent entre sidération et incertitude ».
La Croix remarque que « cette «épreuve» nationale pourrait s’avérer encore plus dure que la première. Parce que l’épidémie paraît hors de contrôle, tout d’abord, et que «la deuxième vague sera sans doute plus meurtrière que la première», a prévenu Emmanuel Macron. Mais aussi parce que les nerfs ont déjà été soumis à rude épreuve ».
Le journal fait savoir que le psychiatre Nicolas Franck « a mené une enquête auprès de 20.000 personnes en mars. Ses conclusions à l’appui, il dresse un tableau peu optimiste des jours à venir ».
Le médecin souligne que « ceux qui ont mal vécu le premier confinement vont vivre encore plus mal le deuxième. Et certains qui avaient vécu de manière à peu près correcte le premier pourraient mal vivre le deuxième, car ils subissent la dégradation de leurs conditions économiques, ce qui n’était pas le cas en mars ».
La Croix relève en outre que « Santé publique France, en partenariat avec l’institut de sondages BVA, a suivi 2000 personnes à partir de mars pour évaluer les effets de la pandémie sur la santé mentale. Fin mars, plus du quart des répondants à l’enquête CoviPrev ressentaient un état d’anxiété, soit le double du taux observé en 2017 (13,5%). Ce taux a diminué pour atteindre 15% en juin, avant de repartir à la hausse (18% lors de la dernière phase d’enquête, fin septembre) ».
Anne Giersch, directrice du laboratoire de neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie à l’Inserm de Strasbourg, indique ainsi : « Anxiété, stress, dépression… Le confinement peut accentuer les problèmes de santé mentale. Il faut y être attentif. […] Toute personne en souffrance peut se tourner vers la plateforme CovidÉcoute, qui sera remise en service. Elle permet de gagner du temps en orientant vers la bonne consultation ».
Le quotidien note que « pour déjouer la détresse psychologique, il faut ainsi piocher en hiver dans les leçons du printemps, propose Nicolas Franck, qui indique trois préceptes à suivre. «Structurer ses journées», d’abord : avoir un programme, des objectifs quotidiens. «Garder des contacts sociaux», ensuite, par téléphone ou de visu ».
« Enfin, poursuit Nicolas Franck, il faut «se fixer un objectif de confinement, une activité constructive qui permet de laisser une trace, comme l’écriture, la peinture…». Pendant le premier confinement, la lecture a par exemple fait figure de refuge et les ventes de livres ont explosé dès la réouverture des magasins, à partir de juin », observe le journal.
La Croix ajoute : « A la différence du premier confinement, les écoles vont cette fois rester ouvertes et l’activité continuera «avec plus d’intensité». […] Contrairement au premier confinement, les visites en Ehpad et maisons de retraite seront par ailleurs permises, afin d’éviter les «drames humains» du printemps, évoqués par Emmanuel Macron, mercredi ».
Le journal souligne que « le confinement, cela dit, n’est qu’une étape. Il faudra «tenir jusqu’au vaccin», attendu «à l’été», a déclaré le chef de l’État mercredi. Alors comment habiter l’incertitude qui nous entoure depuis maintenant sept mois ? ». Nicolas Franck indique qu’« il faut imaginer que toute catastrophe a une fin, et qu’il faudra reconstruire après. Faire preuve d’anticipation et de solidarité, ça aide à se projeter ».

Date de publication : 2 novembre 2020

 

« Alcool, tabac, drogue : lorsque le télétravail augmente les risques pendant le confinement »

Christine Mateus constate dans Le Parisien que « l’entreprise n’est pas seulement le lieu où l’on exerce son métier. Pour les salariés victimes d’une addiction, elle est aussi un rempart plus ou moins poreux, permettant de contrôler leur dépendance et donc la conduite compulsive qui va avec. Alcool, tabac, drogues… avec le confinement et la généralisation du télétravail, une grande partie d’entre eux se retrouvent désormais seuls face à cette emprise ».
La journaliste annonce que « selon une étude […] menée par Odoxa pour le cabinet spécialisé dans la prévention des pratiques addictives GAE Conseil, les signaux sont au rouge. Si 31% des salariés et 40% des manageurs affirment que les pratiques addictives étaient déjà fréquentes sur le lieu de travail, elles le sont encore davantage, selon eux, en télétravail. C’est ce que confient 41% des salariés et 47% des manageurs ».
Ariane Pommery de Villeneuve, ancienne alcoolique, patiente-experte au service d’addictologie de l’hôpital Bichat (Paris), souligne ainsi : « Lorsqu’on est dépendant, on se cache beaucoup du regard des autres. En travaillant à domicile, cette barrière saute et cela devient beaucoup plus compliqué. Et c’est applicable pour toutes les addictions. […] Avec le télétravail, les dépendants se retrouvent avec un temps libre supplémentaire à occuper. Sans compter l’isolement et l’ennui qui peuvent faire augmenter cette consommation ».
Le Dr Alexis Peschard, addictologue et président de GAE Conseil, remarque quant à lui que « cette question de l’addiction dans cette configuration inédite est totalement hors des radars. Pourtant, le premier confinement a été épouvantable pour nos patients. 70% d’entre eux ont rechuté. Pour pouvoir les ramener à nous, nous avons dû adapter rapidement notre cadre thérapeutique, proposer des groupes de parole par visioconférence, faire des permanences à rallonge… Si nous sommes mieux préparés, nous restons tout de même très vigilants ».
Le spécialiste ajoute que « l’addiction est une maladie du lien social, elle vous coupe des autres. Souvent, avec la place qu’occupe l’addiction, l’entourage a disparu et les seules relations qui restent sont celles entre consommateurs, mais aussi entre collègues de travail. En travaillant de chez eux, les dépendants perdent un vrai vecteur thérapeutique ».
« Aujourd’hui, toutes les conditions sont […] réunies pour ajouter des difficultés aux personnes déjà malades mais aussi à ceux, pas encore dans la dépendance, qui ont un trouble de l’usage des substances et pourraient basculer. Les entreprises et les pouvoirs publics doivent se mobiliser et mettre en place des politiques de prévention adaptées aux nouveaux enjeux du distanciel », continue le Dr Peschard.

Date de publication : 5 novembre 2020

 

« Dépression, idées suicidaires… quand le confinement fait craquer les plus jeunes »

C’est ce que titre Le Parisien, qui indique : « Nous avons pu accéder à l’unité psychiatrique de l’hôpital nord-parisien Robert-Debré où il y a deux fois plus d’hospitalisations pour idées suicidaires. Nous y avons rencontré des enfants, des ados, et des médecins qui leur viennent en aide ».
Elsa Mari remarque ainsi qu’« ici, […] les malades n’ont pas le Covid. Et pourtant, certains sont entre la vie et la mort, anéantis par un confinement sans fin. Plus de rêve, ni de sens, ils en sont là, face au vide et l’ennui ».
Elsa Mari souligne que « l’épidémie a fait l’effet d’une claque au ralenti. Rythme perturbé, papa et maman en télétravail, manque des copains, de l’école, de place, climat de peur… ».
Le Pr Richard Delorme, chef de la pédopsychiatrie, explique : « Ils sont plus agités, les enseignants disent la même chose. C’est le principe du vase qui se remplit, un, deux, trois stress et ça déborde ».
La journaliste poursuit : « Il faudra voir si les chiffres se confirment mais la marée d’appels au secours l’inquiète. Deux fois plus d’hospitalisations pour idées suicidaires dans son service, 20 en septembre, 40 en octobre, c’est beaucoup. Pour les guérir, les médecins ont des thérapies très efficaces, visant à modifier leur représentation anxiogène du monde. Et des médicaments, pour les cas les plus graves, toujours sur une durée courte ».
Le Pr Delorme indique : « On a beaucoup de succès, énormément d’enfants vont mieux après deux, trois semaines ».
Elsa Mari relève que « s’il n’y a pas de chiffres à l’échelle de la France, plusieurs études américaines et européennes montrent que près 40% des parents ont observé des signes de détresse chez leurs petits durant le confinement ».
« Face à cette pluie d’appels des parents en mars, les blouses blanches se sont mises à publier des conseils sur leur site pour les guider à distance, sans jamais les culpabiliser. Résultat, 600.000 vues! Et toujours 1000 par jour, aujourd’hui », remarque la journaliste.
Le Pr Delorme souligne que « les enfants sont la priorité des parents et pourtant ce sont les invisibles de cette crise, les grands oubliés. Tout d’un coup, ils ne devaient plus faire du bruit, ni bouger, ils n’existaient plus ».
Elsa Mari poursuit : « Cette souffrance invisible a laissé des traces. Dans toute la population d’ailleurs. Selon Santé Publique France, les troubles dépressifs ont doublé entre fin septembre et début novembre, passant de 10 à 21%. Les petits, eux, ne sont pas toujours capables de verbaliser, d’expliquer. Alors les éducateurs […] redoublent d’attention ».

Date de publication : 16 novembre 2020

 

« À l’hôpital, « pour les soignants aussi, c’est lourd émotionnellement » »

Soline Roy publie un reportage au sein de l’unité Covid-2 au Centre Hospitalier de Valenciennes, « l’une des sept unités de médecine ouvertes par les différents pôles de l’hôpital. […] Ici sont accueillis les patients qui doivent être surveillés de près, mais n’ont pas besoin de réanimation ou n’y sont pas éligibles ».
La journaliste relève ainsi que « dans les unités de médecine dédiées au Covid, les soignants jonglent avec les fragilités et la solitude des patients ».
Le Dr Simon Atmeare, « médecin généraliste avec une orientation palliative [qui] s’est mis à disposition de l’unité Covid-2 durant la première vague et pour les mois à venir », remarque : « L’unité est abritée dans le service d’oncologie, mais nous avons ici des soignants venant des services de lutte contre la douleur, de gynécologie, de gastro-entérologie… ».
Soline Roy observe que « personne ne ménage sa peine. Certains ont été détachés dans l’unité, d’autres viennent aider durant leurs jours de repos ou lorsqu’ils ne sont pas de garde ».
La Dr Aurélie Joye, médecin au service d’oncologie, indique qu’« il y a une grande solidarité entre les praticiens, cela nous permet de ne pas terminer trop tard sachant que nous travaillons déjà quasiment tous les week-ends. […] La plupart [des patients] n’ont pas que le Covid, ils ont des pathologies associées et il faut aussi faire de la prise en charge cardiologique, oncologique, de diabétologie, etc. ».
La journaliste explique notamment que « deux fois par semaine, l’unité se réunit avec un membre de l’équipe mobile palliative pour passer en revue les dossiers des patients. L’enjeu est de définir à l’avance si une place en réanimation sera demandée pour eux en cas d’aggravation de leur état ».
La Dr Joye déclare qu’« on essaie de statuer au plus tôt sur ce qu’on fera en cas de dégradation. On sait que certains patients ne supporteront pas la réanimation. […] J’ai eu une dame de 91 ans avec tous les antécédents du monde, qui a passé le cap tranquillement avec son petit litre d’oxygène. D’autres ont l’air d’aller bien, ils respirent normalement, mais ils se dégradent en interne et brutalement il y a une cassure ».
La praticienne souligne en outre qu’« il faut qu’il y ait de l’humanité dans cette prise en charge. L’après-Covid sera très complexe sur le plan psychologique. On parle beaucoup des répercussions du confinement sur la population, mais peu de ce que vivent ceux confrontés à la maladie. Des patients se retrouvent brutalement entre la vie et la mort, seuls, les familles ne peuvent pas les accompagner… ».
« Pour les soignants aussi, c’est lourd émotionnellement. L’une de mes collègues psychologues a vu ses demandes de consultations exploser entre les deux vagues. L’hôpital ne pourra pas y répondre, en ville les centres médico-psychologiques sont débordés et les consultations en libéral ne sont pas remboursées… », observe-t-elle.

Date de publication : 17 novembre 2020

 

« « On va tous se planter » : l’angoisse des étudiants en première année de médecine »

Le Parisien constate que « le cursus de première année de médecine, réformé cette année pour rendre le parcours des étudiants plus humain, vire au cauchemar pour de nombreux carabins », et fait savoir que « ce jeudi, cinq associations affiliées à la Fage, la première fédération étudiante en France, remettent au gouvernement un rapport sur les effets de la réforme des études de santé ».
Ainsi Hugo, en licence « accès santé » (LAS) à l’université de Besançon, déclare : « Seuls les plus endurcis psychologiquement survivront. J’ai des gens dans ma promo qui sont sous anxiolytiques, et beaucoup d’autres abandonnent. On a un mur sur nos épaules c’est inhumain. […] C’est comme si on avait rajouté un quart du programme de médecine à une première année de physique-chimie ».
Sirine, en LAS droit-santé à Paris-XIII, note quant à elle : « J’ai appris la semaine dernière que mes partiels ne seront pas en QCM, alors que je m’entraîne dessus depuis la rentrée. […] Il me faut finir dans les 10% des premiers en droit, tout en obtenant un minimum de 7/20 dans toutes les unités, et une moyenne générale plancher qu’on ne nous a pas encore communiquée. Franchement, c’est ingérable. J’aurais préféré le numerus clausus. Et je ne pense pas que je soignerai un jour un patient avec de la jurisprudence ! ».
Mamadou Ndoye, porte-parole de la Fage, remarque que « la Paces (NDLR : le précédent système de première année de médecine) était un carnage sur le plan psychosocial, mais on se demande si ce n’est pas pire aujourd’hui ».
Le Parisien rappelle que « le cursus a justement été modifié pour en finir avec le couperet du numerus clausus, qui laissait en fin de première année 25.000 jeunes les pattes coupées, évincés par un système de sélection par QCM (questionnaire à choix multiples) aussi drastique que méchant ».
Le journal note que « le nouveau système, conçu pour diversifier les profils des soignants et permettre aux recalés de rebondir vers d’autres horizons, a créé deux voies d’accès : la Pass, avec une majorité de matières médicales et « une mineure » dans une autre discipline, et la LAS, où domine à l’inverse une autre matière (sciences, droit, histoire…), mais par laquelle les meilleurs élèves pourront bifurquer vers médecine, maïeutique (sage-femme), dentaire ou pharmacie ».
Le quotidien observe que « cette année, période de transition oblige, s’ajoute à ces deux contingents, celui des redoublants de l’ancien système, la Paces. Et dans les universités, on ignore encore, à quelques semaines des premiers partiels de sélection, combien de places seront réservées dans chacun de ces trois entonnoirs, à l’issue d’un processus de sélection, lui aussi flou, mais tout aussi exigeant qu’avant ».
Guillaume Gellé, président de l’université de Reims, « qui doit recevoir ce jeudi la Fage, au nom de la Conférence des présidents d’université (CPU) », réagit : « Le nombre de places en deuxième année va être légèrement augmenté, il faut rassurer les étudiants sur ce point ».
Freddy Garcia, directeur exécutif du groupe Gallien, « un organisme de prépas qui coache des étudiants en médecine », relève quant à lui que « beaucoup d’étudiants se préparent sans aucune visibilité : les élèves ne savent pas s’ils sont encore dans la course ou s’ils travaillent pour rien, le tout exacerbé par le contexte du Covid, avec 100% des cours en distanciel, qui les laisse très seuls ».
Le Parisien indique que « pour la première fois cette année, il a «commencé à recevoir des coups de fil» de jeunes découragés, prêts à jeter le caducée. «D’habitude, des appels de ce type, on en a à partir de janvier, après les premiers partiels, jamais avant…», assure-t-il ».

Date de publication : 19 novembre 2020

 

« Le confinement, source de souffrance mentale pour un Français sur cinq »

Pauline Fréour constate dans Le Figaro que « nous sommes légitimement préoccupés par l’afflux dans les hôpitaux de malades atteints d’infections respiratoires aiguës causées par le Sars-CoV-2. Mais l’épidémie de Covid impacte aussi la santé des Français d’une autre façon, en faisant plonger une part croissante de nos concitoyens dans un puits de souffrance mentale ».
Le Pr Pierre-Michel Llorca, directeur des soins à la Fondation FondaMental, « qui participe à une étude internationale COH-FIT », remarque ainsi : « Pour moi, c’est une épidémie qui a un volet infectieux et un volet psychiatrique, ce qui élargit d’autant le spectre des personnes touchées ».
La journaliste relève que « selon les dernières estimations de Santé publique France, 21% des Français présentaient début novembre un état dépressif (caractérisé par une tristesse tenace, des idées sombres, de la fatigue ou la disparition des envies et plaisirs habituels). C’est presque le double des 11% observés fin septembre, et à peu près le même niveau qu’autour du 20 avril, au cœur de la première vague. Les troubles anxieux, qui se manifestent par une peur constante et sans objet précis, ont aussi progressé de trois points depuis la fin du mois d’août ».
« De fait, les services de psychiatrie du pays voient la vague monter depuis quelques semaines », indique Pauline Fréour.
Jean-Michel Llorca, chef du service de psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, note ainsi que « la demande de soins pour anxiété ou dépression a été multipliée par 6 ou 8 depuis la fin du mois d’août, parmi lesquels beaucoup de gens qui consultent pour la première fois ».
Le Pr Xavier Laqueille, chef du service d’addictologie au Centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, souligne quant à lui : « On voit aussi arriver des gens souffrant d’une pathologie psychiatrique dont l’état s’est beaucoup aggravé : ils consomment plus d’alcool ou de drogues, sont plus délirants ou plus déprimés ».
Pauline Fréour continue : « Avoir des antécédents psychiatriques est l’un des facteurs de vulnérabilité identifiés à l’impact mental du confinement, avec le fait d’être jeune, d’être une femme, ou de se trouver dans une situation économique précaire. Le Dr Éric Charles, psychiatre hospitalo-universitaire au CHU de Limoges, voit ainsi dans ses consultations beaucoup de personnes dont l’activité professionnelle est menacée ».
La journaliste retient en outre « une forte hausse des états dépressifs chez les jeunes adultes (+ 16 points chez les 18-24 ans et + 15 points chez les 25-34 ans) ».
Sylvie Tordjman, professeur de pédopsychiatrie au CHU de Rennes, remarque que « comparé à la même période en 2019, nous accueillons deux fois plus de jeunes patients aux urgences pédiatriques pour des crises suicidaires, trois fois plus pour les troubles anxieux avec somatisation (des douleurs physiques inexpliquées, NDLR), et quatre fois plus pour les troubles anorexiques ».
Pauline Fréour souligne enfin que « l’isolement imposé par le confinement semble être la composante de la crise actuelle qui engendre le plus de souffrances mentales, «davantage que la peur du Covid pour soi ou ses proches», même si celle-ci peut exister, estime Éric Charles ».
« Toutefois, par rapport au premier confinement où les gens évitaient les lieux de soin, cette vague-ci se traduit plutôt par un afflux de personnes cherchant à se faire soigner », note la journaliste. « Ce qui est une bonne chose », indique Xavier Laqueille, précisant que « nous avons appris de l’expérience et allons au contact des malades pour prendre de leurs nouvelles ».

Date de publication : 24 novembre 2020

 

« Covid-19 : le blues des blouses »

C’est ce que titre La Croix, qui relève que « la crise sanitaire a mis à rude épreuve le moral des professionnels de santé. Lancés lors de la première vague, des dispositifs de soutien psychologique ont été pérennisés pour répondre à leurs angoisses ».
Alice Le Dréau explique ainsi que « les cellules d’écoute et de soutien psychologique dédiées aux soignants […] continuent de recevoir plusieurs dizaines d’appels de ce type chaque jour. En pleine nuit, parfois… Épuisement physique, psychique, la pandémie a mis à rude épreuve les équipes. Et malgré des indicateurs à la baisse, de nombreux soignants restent aujourd’hui encore tendus, aux aguets ».
La journaliste relève que « plusieurs dispositifs d’aide ont donc été maintenus ou réactivés pour répondre au mal-être, persistant. Il y a ces lignes téléphoniques mises en place au sein de l’AP-HP, à Paris ou dans les hôpitaux de Strasbourg, Saint-Etienne, Angers… Ces «maraudes psy», organisées dans les établissements hospitaliers de Mulhouse, au CHU de Lille, à Marseille ».
Frédérique Warembourg, psychiatre et référente pour la cellule d’urgence médico-psychologique du département du Nord, indique ainsi qu’« une équipe mobile circule dans les services, pour identifier les collègues ayant besoin de soutien. […] L’été n’a pas permis aux équipes de bien récupérer ».
La psychiatre souligne cependant que « les soignants ne sont pas habitués à demander de l’aide ».
Alice Le Dréau note : « Ils encaissent, encaissent…. Jusqu’au trop-plein. Parmi d’autres hantises, la peur de contaminer les proches, et la culpabilité qui l’accompagne, ne les a pas quittés. Beaucoup ont en outre l’impression de «mal faire leur travail» constate Catherine Vernay, psychologue au CHU d’Annecy. Elle décrit cette infirmière, rencontrée la veille, «sanglotant comme une petite fille» parce qu’elle avait confié l’un de ses patients à un collègue, moins débordé ». La psychologue relève qu’« ils ont l’impression de devenir maltraitants ».
La journaliste souligne enfin : « S’ajoute la confrontation au deuil qui peut être source de troubles psychiques. À sa cellule psy, Paul, médecin hospitalier en région parisienne, a raconté, comment, dans ses cauchemars, il revit les annonces de décès, réentend les pleurs, éprouve à nouveau son impuissance. Les soignants sont habitués à la mort. Mais le Covid-19 reste une maladie déstabilisante, avec des dégradations rapides ».
« Contrecoup, pour les professionnels : une remise en question de leur vocation. Élise, l’infirmière en arrêt de travail, songe à passer en libérale. Tout comme Paul, le médecin au sommeil agité, envisage de partir dans le privé », indique Alice Le Dréau.
Elle note que « face à ce désarroi au long cours, les cellules de soutien écoutent, accompagnent, orientent vers des consultations ».

Date de publication : 25 novembre 2020

 

Revue de presse santé psy – juillet 2020

« Séquelles neurologiques, décès… l’inquiétante mode du gaz hilarant chez les jeunes »

Le Parisien constate que « depuis le déconfinement, l’usage récréatif du protoxyde d’azote, récupéré à partir des siphons de chantilly, est en hausse chez les jeunes. Or son usage est très dangereux, et parfois mortel », rappelle le journal.
Il note ainsi : « A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à Périgny (Val-de-Marne) et, depuis quelques jours, à Brunoy (Essonne), à Elbeuf, (Seine-Maritime) ou à Valenciennes (Nord) et Arras (Pas-de-Calais)… Les arrêtés municipaux visant à interdire la vente de protoxyde d’azote aux mineurs ne cessent de se multiplier. […] Face à l’ampleur du phénomène, la ville de Paris travaille actuellement sur une vaste campagne de prévention auprès des ados ».
Le Parisien explique que « d’abord observée dans les « free parties » ou les soirées médecine, cette mode s’est au fil du temps démocratisée chez les collégiens, lycéens et étudiants. En 2017, de nombreuses cartouches sont repérées dans les rues de Lille. Sur la période 2018-2019, 47 cas ont été signalés aux centres d’addictovigilance en France, dont 37 cas « graves », selon la direction générale de santé. Parmi eux, 60% ont eu des complications neurologiques ».
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) souligne ainsi que « des signalements sont récurrents depuis le début du déconfinement ». Son directeur, Julien Morel d’Arleux, précise qu’« une investigation est prévue dans les Hauts-de-France où ces consommations sont souvent observées ».
Le Parisien rappelle qu’« en décembre 2019, le Sénat avait, pourtant, voté à l’unanimité l’interdiction de la vente du protoxyde d’azote aux mineurs. Mais depuis, le texte n’a toujours pas été examiné par l’Assemblée nationale. […] La cause de ce retard ? Le peu de journées réservées à [son] examen et un calendrier bousculé par le coronavirus ».
La sénatrice centriste Valérie Létard déclare ainsi : « Je me bagarre pour que ce soit une priorité. […] On attend de connaître l’agenda de rentrée, la proposition de loi sera présentée entre novembre et janvier ».

Date de publication : 6 juillet 2020

 

 

« Coronavirus : des problèmes cérébraux sont à craindre, même dans des formes bénignes »

Le Point indique en effet : « Accident vasculaire cérébral, délire, hallucinations, lésions nerveuses… Des complications du Covid-19 touchant le cerveau, potentiellement mortelles, pourraient être plus courantes qu’on ne le pensait initialement, a averti […] une équipe de médecins britanniques ».
Le magazine note ainsi que « les infections sévères au nouveau coronavirus sont connues pour comporter des risques de complications neurologiques, mais les recherches menées par l’University College London (UCL) suggèrent que de graves problèmes peuvent survenir même chez ceux présentant des formes bénignes ».
Il explique que « l’équipe s’est penchée sur les symptômes neurologiques de 43 patients hospitalisés pour une maladie Covid-19 confirmée ou suspectée. Parmi eux, 10 cas de dysfonctionnement cérébral temporaire, 12 cas d’inflammation cérébrale, 8 accidents vasculaires cérébraux (AVC) et 8 cas de lésions nerveuses ».
« La plupart de ces patients atteints d’inflammation ont reçu un diagnostic d’encéphalomyélite aiguë disséminée (ADEM, également appelée encéphalite post-infectieuse), une maladie rare généralement observée chez les enfants après des infections virales », observe Le Point.
Michael Zandi, du Queen Square Institute of Neurology de l’UCL, précise : « Nous avons identifié un nombre plus élevé que prévu de personnes atteintes de troubles neurologiques […], qui n’étaient pas toujours en corrélation avec la gravité des symptômes respiratoires ».
Le magazine ajoute que « l’étude, parue dans la revue spécialisée Brain, montre qu’aucun des patients diagnostiqués avec des problèmes neurologiques n’avait de virus Covid-19 dans le liquide céphalorachidien, ce qui suggère que le virus n’a pas attaqué directement leur cerveau ».
Ross Paterson, du Queen Square Institute of Neurology de l’UCL, remarque pour sa part qu’« étant donné que la maladie n’existe que depuis quelques mois, nous ne savons pas encore quels dommages à long terme le Covid-19 peut causer. Les médecins doivent être conscients des effets neurologiques possibles, car un diagnostic précoce peut améliorer les résultats sur la santé des patients ».
Le Point note toutefois que « même si ces nouveaux travaux suggèrent que les complications cérébrales pourraient être plus courantes qu’on ne le pensait, les experts soulignent que cela ne signifie pas pour autant que cela soit très répandu ».
Anthony David, directeur de l’Institut de santé mentale de l’UCL, déclare ainsi que « la très grande attention portée à cette pandémie fait qu’il est très peu probable qu’il y ait une grande pandémie parallèle de lésions cérébrales inhabituelles liées au Covid-19 ».

Date de publication : 9 juillet 2020

 

« AVC, confusion, anosmie… cinq questions sur les troubles neurologiques liés au Covid-19 »

Le Parisien note qu’« après plus de 6 mois d’existence, le coronavirus commence tout juste à livrer certains de ses secrets, faisant parfois évoluer les certitudes acquises au début de l’épidémie. Alors que les médecins pensaient en premier lieu que le Covid-19 affectait quasi exclusivement les poumons, ils ont bien vite compris que la liste des symptômes variait bien davantage, touchant aussi le cerveau ».
« Plusieurs études, dont l’une britannique, publiée mercredi dans la revue Brain, pointent des problèmes neurologiques parfois graves, chez des patients présentant pourtant une forme jugée bénigne de Covid-19 », indique à son tour le journal, qui « fait le point sur ces atteintes parfois inquiétantes ».
Il explique notamment que « les troubles neurologiques peuvent être extrêmement variés. Les plus courants et les moins alarmants sont l’anosmie (la perte de l’odorat), la dysgueusie (perte du goût), les douleurs musculaires et les maux de tête. Dès le mois d’avril, des médecins New-yorkais disaient aussi constater chez certains malades du Covid-19 une perte de repère, ou une confusion générale. Des observations confirmées par des spécialistes de Strasbourg, qui décrivaient dans le New England Journal of Medicine des cas de patients confus ou agités en réanimation ».
Le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré (Garches), évoque quant à lui « «quelques cas, assez exceptionnels», de patients qui étaient en état de «délire», avec «des troubles du comportement», qui se sont avérés être atteints du coronavirus ». Le spécialiste remarque qu’« ils sont souvent passés par la case psychiatrie, avant que notre diagnostic ne soit rectifié ».
Le Parisien rappelle qu’« en juin, des médecins espagnols, qui ont étudié les profils de 841 malades du Covid-19, ont pu déterminer que 57,4% d’entre eux «ont développé des symptômes neurologiques» ».Les auteurs notaient que « les complications neurologiques ont été la principale cause de décès chez 4,1% des sujets décédés ».
Le quotidien ajoute que « les chercheurs de l’University College London évoquent dans leur étude publiée mercredi le cas de 43 patients hospitalisés à l’hôpital Queen Square et infectés par le coronavirus (ou soupçonnés de l’être), qui souffraient de dysfonctionnement cérébral temporaire, d’inflammation cérébrale, d’AVC, voire de lésions nerveuses ».
Le Parisien s’interroge : « Comment agit le virus ? C’est un mystère. Ce qui étonne les spécialistes, c’est que ces atteintes parfois graves, peuvent toucher des personnes présentant une forme bénigne de Covid-19 ».
Le journal relève que « les chercheurs britanniques, qui ont cherché à comprendre comment le virus pouvait affecter le cerveau, ont également constaté qu’aucun des patients étudiés ne présentait de trace de virus dans le liquide céphalorachidien ».
Il poursuit : « Comment expliquer ce retard de connaissances ? ». Le Dr Davido remarque qu’« au début de l’épidémie, on n’avait pas tous les outils pour tester, notamment PCR, alors on ne diagnostiquait pas tous les patients, seulement ceux qui présentaient des atteintes respiratoires et des formes sévères de Covid-10 ».
Le Parisien note ainsi que « dans son hôpital, certains malades se présentant aux urgences avec des troubles neurologiques ou en état de confusion, ont d’abord été orientés en psychiatrie ou en neurologie, avant que les médecins ne réalisent qu’ils étaient infectés par le coronavirus. […] L’hypothèse que des contaminations aient eu lieu dans ces services de psychiatrie n’est pas négligeable, conçoit d’ailleurs l’infectiologue ».
Le journal remarque en outre qu’« il s’avère compliqué, encore aujourd’hui, de déterminer si ces troubles neurologiques qui ont émergé avec le coronavirus auront des conséquences durables sur la santé des patients ».
Ross Paterson, co-auteur de l’étude de l’UCL, souligne que « nous ne savons pas encore quels dommages à long terme le Covid-19 peut causer. […] Les médecins doivent être conscients des effets neurologiques possibles, car un diagnostic précoce peut améliorer les résultats sur la santé des patients ».

Date de publication : 10 juillet 2020

 

 

« Le « village Alzheimer », la thérapie du bonheur »

Pascale Krémer indique dans Le Monde que « le 11 juin, le premier «village Alzheimer» ouvrait en France, à Dax, dans les Landes, sur un terrain sécurisé de 5 hectares » : « Seize «maisonnées» calmes et lumineuses, une supérette, un salon de coiffure, une médiathèque, un terrain de pétanque… Calqué sur un modèle néerlandais, le premier «village Alzheimer» de France détonne par son approche apaisée ».
La journaliste rappelle qu’« en 2013, le concept paraissait si novateur que Le Monde avait filé aux Pays-Bas. Dans la banlieue d’Amsterdam, à Weesp, un village était sorti de terre pour les malades d’Alzheimer qui, en son sein, pouvaient aller et venir librement, menant «une vie presque ordinaire» ».
« Sept années plus tard, […] le Village landais Alzheimer, première transposition française de ce modèle pionnier, vient d’être inauguré à Dax. Pour qui a déjà visité l’unité Alzheimer d’une maison de retraite, fermée par digicode, l’étonnement est le même qu’à Weesp, une fois franchie l’enceinte bardée de bois du bâtiment, en découvrant l’espace, le calme, la banalité préservée, ou plutôt recréée, du quotidien », observe Pascale Krémer.
Elle indique que « 60 personnes atteintes de la maladie neurodégénérative, tout juste octogénaires en moyenne, ont déjà intégré l’immense résidence close dont le Covid-19 a retardé l’ouverture ; elles seront 120 en septembre ».
La journaliste observe notamment : « Liste de courses en main, guidées par leur accompagnatrice, elles font leur choix à la supérette où l’argent n’a pas cours, pour compléter les menus de leur «maisonnée». Sur les côtés de la bastide landaise s’ouvrent encore une salle de spectacle et de cinéma, une autre de sport, une brasserie, un centre de santé. Et une médiathèque : deux dames toutes frêles, nichées au creux de fauteuils géants, y feuillettent des livres sans les regarder, tout en devisant sans se comprendre. L’air affairé et ravi ».
Pascale Krémer poursuit : « Derrière un gros bouquet d’hortensias, un peu plus loin, se cache le salon de coiffure où Nathalie Lagaüzère dispense son art du brushing et du bonheur à chaque résident. La boutique semble figée dans les «30 glorieuses». Paris Match pleure la mort de Françoise Dorléac et Bourvil chante «Nous vieillirons ensemble/Tout au long des années» sur le tourne-disque. La quinquagénaire chic en lin blanc masse les crânes, bichonne le cheveu trop rare, manucure ». Cette dernière précise : « Plus important, les clients, je les regarde ! ».
La journaliste évoque en outre « les 5 hectares de terrain arboré que traversent en tous sens de larges allées propices à la promenade. Elles mènent jusqu’à la miniferme, ses poules, ses ânes, son potager, ramènent vers les grosses maisons landaises (familières aux personnes hébergées, toutes issues de la région) pour pouvoir se reposer sur une chaise de jardin, à l’ombre de la coursive ».
« Ni blouses blanches, ni cris, ni télé braillant dans cette bulle qui reproduit une réalité ralentie, facilitée, adoucie par les références vintage, derrière des palissades de bois fondues dans le décor », continue Pascale Krémer.
La journaliste précise en outre que « bâtir le village a coûté 29 millions d’euros, contre 20 millions environ pour un Ehpad, du fait des nombreux équipements. Le budget de fonctionnement aussi est un peu plus élevé (6,6 millions d’euros l’an) puisqu’il inclut les soins du médecin généraliste salarié et du kinésithérapeute. Pour les familles, néanmoins, la somme à débourser demeure comparable, et couverte par les mêmes aides sociales – 1962 € mensuels, ramenés à 223 € pour les moins aisées ».
Elle ajoute : « Les 300 m2 de chacune des seize bâtisses du domaine ont été méticuleusement pensés avec la psychologue de France-Alzheimer Landes, Nathalie Bonnet. Luminosité, circulation jamais bloquée, centralité des toilettes, buffets chinés, puisque le passé lointain demeure seul en mémoire, avec vaisselle apparente, pour pousser à l’autonomie… Plutôt qu’un nom sur la porte de la chambre, des niches murales abritant un objet fétiche parfois surprenant, chouette empaillée ou bouteille de ketchup ».
La psychologue souligne que « les personnes qui n’ont plus de capacité de raisonner ont encore une énergie à dépenser. Dans une unité fermée, elles cassent, frappent, ou se replient sur elles-mêmes. Ici, elles sont incitées à sortir et à agir ».
Le Dr Daniel Falcinelli, gériatre, ajoute : « La déambulation soulage, diminue l’agitation et l’agressivité chez les patients atteints de troubles neurocognitifs ».
Pascale Krémer indique enfin que « l’impact du village sur les malades (chutes, dénutrition, consommation de médicaments…), leurs proches, les personnels, sera jaugé par des équipes de recherche (Inserm), sous la houlette d’Hélène Amieva, professeur de psycho-gérontologie à l’université de Bordeaux ».
Cette dernière explique que « mettre au centre de l’accompagnement la personne, son bien-être, sa qualité de vie, le maintien de sa participation sociale, tout cela semble de bon sens mais, en sciences, cela ne peut suffire, il faut évaluer ».

Date de publication : 17 juillet 2020

 

 

« Des chercheurs auraient découvert comment l’anxiété naît de la peur »

Antoine Duval indique en effet dans Sciences et Avenir que « dans une étude publiée dans […] NeuroImage, une équipe du Département de Pathologie de l’Université du Nouveau-Mexique (Etats-Unis) et de l’Institut Californien de Technologie (ou Caltech) atteste avoir découvert un lien entre peur et anxiété dans le cerveau des souris ».
« Les expériences menées sont basées sur des analyses comportementales et IRM des rongeurs. Les résultats mettent en avant plusieurs régions du cerveau, déjà stimulées lorsque les souris sont apeurées, toujours dans un état d’activité importante jusqu’à 23 jours après le stimulus originel », explique le journaliste.
Antoine Duval précise que « les chercheurs, menés par la Pr Elaine Bearer, ont manipulé des récepteurs en sérotonine (ou « l’hormone du bonheur », il s’agit d’un neurotransmetteur impliqué dans de nombreuses fonctions) du cerveau d’une partie des souris. En effet, une fois le gène SERT “débranché”, les souris […], plus vulnérables à l’anxiété et aux expériences effrayantes, ont permis une meilleure analyse IRM et comportementale ».
Le journaliste poursuit : « Pour mettre en avant leurs activités neuronales, les souris se sont vu injecter du manganèse qui, sous sa forme ionique, permet d' »illuminer » les neurones à l’IRM. Suite à cela, et après quelques jours de rétablissement pour éviter tout stress parasite à l’expérience, les souris ont été exposées à un parfum déclenchant la peur. La molécule TMT (2,3,5-trimethyl-3-thiazoline), sécrétée par les glandes anales du renard, a été utilisée comme facteur d’épouvante pour cette expérience ».
« Des scans IRM ont été effectués avant, pendant et après les expériences. Sur les clichés IRM, l’accumulation de manganèse, et donc les zones de forte activités cérébrales, sont nombreuses. Les chercheurs en dénombrent 45 au total, dont certaines qui sont apparues plusieurs jours après l’expérience traumatisante », relève Antoine Duval.
Il ajoute que « les clichés IRM révèlent également que l’activité de ces zones chez une souris “normale” (non SERT-KO) peut durer jusqu’à neuf jours après l’exposition à l’odeur. Pour une souris prédisposée à l’anxiété, les signaux, bien plus importants, peuvent ne disparaître qu’après… 23 jours ».
La Pr Bearer remarque ainsi : « Nous savons désormais que l’activité cérébrale durant l’anxiété n’est pas la même que lors d’une réponse précise à la peur. Avec l’anxiété, l’activité neurologique est élevée sur plusieurs régions spécifiques du cerveau, et la coordination naturelle entre ces régions est perdue ».
Antoine Duval indique que « parmi ces régions, celles du striatum (structure nerveuse située entre le cerveau et la moelle épinière, impliquée dans les fonctions de motivation et de survie) et du pallidum (structure relais connectée notamment au striatum, et participant au système des ganglions de la base) sont les plus touchées ».
« Le circuit de la récompense du cerveau, constitué notamment des récepteurs en sérotonine, est également atteint lors d’une expérience anxieuse, ce qui était totalement ignoré des spécialistes jusque-là »,relève le journaliste.
Il conclut que « ces découvertes permettront à l’avenir de mieux dépister les syndromes post-traumatiques et épisodes d’anxiété chez l’humain, et pourquoi pas aboutir à des traitements plus ciblés et donc plus efficaces ».

Date de publication : 20 juillet 2020

 

 

« Violences faites aux femmes : que va changer la levée du secret médical ? »

Le Parisien note qu’« il existe désormais une nouvelle exception au secret médical. Définitivement adoptée mardi par le Sénat, après son approbation la semaine dernière par l’Assemblée nationale, la proposition de loi pour «protéger les victimes de violences conjugales» prévoit notamment la possibilité de lever le secret médical en cas de «danger immédiat» ».
Le journal se penche sur ce « texte qui a fait l’objet d’âpres débats au Parlement, parce qu’il touche à un pilier de la relation entre le médecin et son patient. Que dit exactement le texte ? Que va-t-il changer ? Qu’en pensent les professionnels de santé et les associations de défense des victimes ? ».
Le quotidien évoque « la mesure la plus controversée de la proposition de loi. […] Dans son article 8, ce texte autorise un médecin – ou tout autre professionnel de santé – à déroger au secret professionnel à deux conditions : s’il «estime en conscience» que les violences constatées sur son ou sa patient(e) constituent un «danger vital imminent» et s’il juge qu’il y a situation d’emprise ».
« Le praticien pourra alors signaler les faits au procureur. Car sur cette question, l’Ordre des médecins a été entendu : il n’y aura aucune obligation. En outre, le praticien devra, à chaque fois, «s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime». S’il n’y parvient pas, il devra alors «l’informer» du signalement fait au procureur », explique Le Parisien.
Le journal rappelle que « dans les faits, les médecins doivent déjà lever le secret médical en cas de violence sur enfant et sur personne vulnérable, en vertu de l’article 226-14 du Code pénal. En outre, le code de la déontologie médicale «précise déjà que si le médecin considère que la femme est dans un état d’emprise, et qu’elle est en danger imminent, alors il peut prendre son téléphone et alerter le procureur», souligne le député LR du Lot, Aurélien Pradié ».
L’élu estime que ce texte n’« apporte donc strictement rien à la situation actuelle, si ce sont des complications. Car désormais, le médecin sera tenu de recueillir l’accord de la victime, ou à défaut, l’informer du signalement au procureur ».
Ernestine Ronai, coprésidente de la commission violences du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), déclare pour sa part : « Quand on veut protéger une femme victime de violences, l’un des objectifs est de lui permettre de reprendre sa vie en main. Sûrement pas de décider à sa place. En l’informant, où en demandant son accord, le médecin ne l’infantilise plus ».
Le Parisien remarque que « tous s’accordent sur ce point : dès que les faits ont été signalés par le professionnel de santé, la réponse du procureur doit être rapide ».
Le journal note enfin : « Qu’en pensent les professionnels de santé ? Après des semaines de débats houleux, le Conseil national de l’Ordre des médecins avait fini par approuver le texte, en décembre, à condition notamment que la levée du secret médical ne soit pas une obligation. Doléances qui ont donc été entendues par le législateur ».
« De son côté, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes s’est opposé au texte, qui «rajoute de la confusion à un cadre juridique complexe et risque d’être contre-productive», plaidait encore mardi dernier sa présidente Anne-Marie Curat », observe le quotidien.

Date de publication : 23 juillet 2020

 

Revue de presse santé psy – juin 2020

« Le confinement a poussé les Français à consommer plus d’alcool et de psychotropes »

Libération annonce en effet que « les résultats préliminaires d’une enquête internationale […] montrent que les Français ont davantage réparti leur consommation d’alcool durant le confinement, mais figurent parmi les plus forts utilisateurs d’anxiolytiques ».
Le journal explique que « la Global Drug Survey (GDS), enquête internationale menée depuis 2014 dans une trentaine de pays, s’est lancée ce printemps dans une édition exceptionnelle dictée par la pandémie. Objectif, selon Marie Jauffret-Roustide, chercheuse à l’Inserm et référente en France : «Examiner l’offre, les comportements, l’expérience des drogues et les politiques publiques» ».
Libération note que « 3 semaines après son lancement, [l’enquête] a déjà réuni plus de 40.000 participants. Les Allemands constituent la moitié des effectifs (19.000 personnes), mais la France, avec plus de 6000 répondants, représente la deuxième cohorte. L’enquête espère atteindre 100.000 participants et 10.000 en France d’ici la mi-juin. Les répondants français sont à 63% des hommes, et leur âge moyen s’élève à 28 ans ».
Le quotidien relève que « quelques spécificités françaises émergent d’ores et déjà. Ainsi, 56% des répondants disent avoir «vraiment bien vécu» la pandémie et les restrictions afférentes, contre 49% parmi les participants des autres pays. En revanche, le niveau de satisfaction à l’égard des décisions prises par les responsables politiques s’avère médiocre. Les Français leur décernent un 5/10, quand les Néo-Zélandais mettent 9/10 et les Allemands 8/10. Seuls les répondants britanniques (4/10) et brésiliens (0/10) sont plus sévères ».
Le journal indique que « Marie Jauffret-Roustide voit dans cet «effet miroir inversé» un paradoxe français, selon lequel une tradition protestataire et la mobilisation conséquente permettent, in fine, d’obtenir des mesures qui feraient traverser les périodes de crise relativement sereinement ».
Libération continue : « Quid des consommations durant le confinement ? Celle d’alcool semble avoir légèrement augmenté en nombre de jours de consommation dans la semaine, mais les conduites excessives de 5 verres ou plus en une occasion (binge drinking) ont, elles, régressé. Ainsi, 47% des répondants français ont augmenté («un peu» ou «beaucoup») leur nombre de jours de consommation d’alcool dans la semaine depuis le mois de mars. Pour 22% d’entre eux, il est resté stable, et il a baissé pour 31% des répondants ».
« Phénomène inverse pour les fois où une personne a consommé 5 verres ou plus en une seule occasion : 34% n’ont rien changé à leurs habitudes, 27% les ont augmentées, mais 37% ont réduit la fréquence de ces consommations excessives. Les raisons pour expliquer la prise d’alcool invoquent notamment l’ennui, le besoin de partager un moment de convivialité à la maison avec un membre de son entourage, mais aussi la volonté d’atténuer son stress », précise le quotidien.
Il remarque qu’« en ce qui concerne le cannabis, les tendances sont moins marquées que pour l’alcool à ce stade : 36% des usagers n’ont pas changé leurs habitudes, 37% ont augmenté le nombre de jours de consommation, et 27% ont diminué ».
Libération souligne enfin une « spécificité française » concernant « le recours aux benzodiazépines, les anxiolytiques, déjà largement consommés en temps normal. La pandémie n’a pas inversé la donne. […] 41% des Français ont augmenté leur consommation de ces produits psychotropes (c’est même la plus forte augmentation par rapport aux autres pays de l’enquête) durant la pandémie, 17% l’ont réduite, et 42% n’ont rien changé. Dans les autres pays, ces chiffres s’élèvent respectivement à 35%, 17%, et 48% ».

Date de publication : 3 juin 2020

 

 

« En psychiatrie, les internements forcés augmentent « de façon préoccupante » »

C’est ce que titre La Croix, qui indique qu’« un rapport de la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté […] dénonce des atteintes aux droits des patients en établissement spécialisé. Il s’inquiète d’un recours croissant à l’hospitalisation contrainte, par manque d’analyse critique et impératif sécuritaire ».
Le journal relève ainsi qu’« Adeline Hazan rend compte de ses visites dans les établissements et services hospitaliers consacrés à la santé mentale. Après 200 contrôles, le constat est lapidaire : «Aucun de ces établissements n’est totalement exempt d’atteintes aux droits de ses patients» ».
Le quotidien poursuit : « Des entraves à la liberté de circuler, au port obligatoire du pyjama et à la privation de téléphone, la liste est longue. Adeline Hazan émet 67 recommandations, et surtout, réclame une «réforme d’ampleur du système psychiatrique», taclant l’absence «de volonté politique de limiter l’hospitalisation sous contrainte» ».
La Croix souligne que les internements sans consentement« augmentent «de façon préoccupante, atteignant le quart des admissions et représentant 40% d’entre elles dans certains établissements», alerte le rapport. Parmi les 342.000 Français hospitalisés pour «troubles mentaux» en 2016, 80.000 en effet l’ont été contre leur gré ».
Le journal relève ainsi que « malgré ses engagements internationaux […], la France conserve une posture critiquée. La prise en charge française du handicap psychique «tente d’adapter le sujet à la société à la différence des Anglo-Saxons, qui seraient dans une adaptation de la société aux différents sujets», selon le rapport. Ainsi, le trouble à l’ordre public demeure un motif fréquent d’internement, qui peut d’ailleurs être réclamé par le préfet ».
La Croix rappelle qu’« en 2008, un fait divers amorce un véritable tournant sécuritaire dans la psychiatrie. Un schizophrène de l’hôpital de Saint-Égrève, à Grenoble, qui bénéficiait d’une permission de sortie, poignarde à mort un jeune étudiant. Quelques semaines plus tard, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, engage un vaste plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques : entrées contrôlées, dispositif de géolocalisation des patients, de vidéosurveillance également, création d’unités fermées et de chambres d’isolement… ».
Le quotidien remarque qu’« outre une mauvaise orientation des patients, due à un manque d’effectifs, une partie des admissions en psychiatrie traduit essentiellement des préoccupations sécuritaires. On interne sur la seule «présomption de dangerosité», une notion qu’Adeline Hazan juge «contraire aux principes fondamentaux du droit pénal français» et dont elle réclame la suppression ».
La Croix ajoute qu’« Adeline Hazan reproche aux psychiatres d’être peu enclins à l’analyse critique de leurs pratiques : «Ils sont dans leur immense majorité mus par la conviction que «c’est pour le bien du patient»», indique le rapport. «L’insuffisance de la réflexion collective a conduit à l’intériorisation de la contrainte par l’institution hospitalière» ».
« Contrainte qui serait nuisible dans bien des cas, source de crises psychotiques fréquentes et d’une stigmatisation encore plus importante des patients. Ainsi, si l’internement est parfois bien nécessaire, la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté réclame un recours plus fréquent aux alternatives en dehors de l’hôpital, à domicile ou dans des centres spécialisés », conclut le journal.
Dans un autre article intitulé « Crise de l’hôpital : les services de psychiatrie à bout de souffle », La Croix observe que « l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) appelle à rejoindre la journée de mobilisation nationale du personnel hospitalier. […] Le manque de moyens des unités hospitalières de psychiatrie est encore plus criant depuis la crise du coronavirus et le confinement ».

Date de publication : 17 juin 2020

 

 

« L’isolement et la contention en psychiatrie devront être contrôlés par un juge »

Pierre Bienvault s’interroge dans La Croix : « Comment mieux encadrer la pratique de l’isolement et de la contention en psychiatrie ? ».
Le journaliste fait savoir que « le Conseil constitutionnel a apporté, vendredi 19 juin, une réponse importante en demandant au législateur de prévoir que cette pratique puisse être à l’avenir soumise au contrôle d’un juge. Une décision immédiatement saluée par Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) ».
Celle-ci a déclaré que « le législateur est contraint d’agir dans les 6 prochains mois. Souhaitons qu’il mette cette occasion à profit pour s’emparer de l’ensemble de la question des droits fondamentaux des patients en soins sans consentement ».
Pierre Bienvault rappelle que « cela fait plusieurs années que divers rapports dénoncent la «banalisation» de l’isolement et de la contention. La pratique n’est certes pas illégale. Un psychiatre peut y avoir recours par exemple quand la maladie suscite un état d’agitation très important ou des accès de violence pouvant mettre en danger les soignants ou le patient lui-même. Pendant longtemps, ces pratiques sont restées dans un vide juridique assez large. Et c’est pour mieux les encadrer qu’a été votée la loi du 26 janvier 2016 ».
Le journaliste note qu’« en mars dernier, le Conseil constitutionnel a été saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), déposée par une personne ayant elle-même été hospitalisée à plusieurs reprises. Selon ce requérant, la loi du 26 janvier 2016 ne respecte pas l’article 66 de la Constitution, qui stipule que la protection de la liberté individuelle est confiée à l’autorité judiciaire. Et pour le Conseil constitutionnel, isoler ou attacher un malade constitue bien «une privation de liberté» ».
« Certes, précise-t-il, la loi fixe des conditions pour que l’isolement ou la contention, n’intervienne que «dans les cas où ces mesures sont adaptées, nécessaires et proportionnées à l’état de la personne qui en fait l’objet». Mais pour le Conseil constitutionnel, la liberté individuelle ne peut être tenue pour sauvegardée que si le juge intervient dans le plus court délai possible », continue Pierre Bienvault.
Le Conseil remarque que « si le législateur a prévu que le recours à isolement et à la contention ne peut être décidé par un psychiatre que pour une durée limitée, il n’a pas fixé cette limite ni prévu les conditions dans lesquelles au-delà d’une certaine durée, le maintien de ces mesures est soumis au contrôle du juge judiciaire ».
Pierre Bienvault indique que « le législateur a désormais jusqu’au 31 décembre pour organiser le contrôle par un juge de ces mises à l’isolement et en contention ».
Le journaliste relève que « le rapport dénonce aussi les conditions de séjour parfois «indignes» dans certaines chambres d’isolement ». Le document souligne : « Nombre d’entre elles ne disposent pas du confort minimal : absence d’accès libre 24 heures/24 à des toilettes qui soient installées dans un espace séparé du lit, avec une chasse d’eau en fonctionnement et du papier toilette. L’accès libre à un point d’eau n’est pas toujours non plus possible pour l’occupant ».

Date de publication : 22 juin 2020

 

Revue de presse santé psy – octobre 2020

« Cinq à 17 années de vie en moins pour les malades psychiatriques »

Pauline Fréour remarque en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, trouble bipolaire, dépression, anxiété, addictions… La sensibilisation aux difficultés rencontrées par les personnes souffrant de ces maladies mentales s’améliore doucement. Mais sait-on à quel point elles s’avèrent mortifères, notamment lorsqu’elles s’additionnent ? ».
La journaliste explique que « cette double peine apparaît très clairement dans les résultats d’une vaste étude danoise, publiée dans la revue World Psychiatry. Grâce à des registres nationaux d’enregistrement des pathologies de tous les Danois, les enquêteurs disposent de données à l’échelle d’une population entière, ce qui rend leurs statistiques particulièrement fiables ».
Pauline Fréour précise que « selon ces données récoltées de début 1995 à fin 2016, chaque année, 9 personnes sur 1000 se sont vu diagnostiquer une maladie mentale. Et à la fin des 22 années d’observation, 40% des malades psychiatrique identifiés présentaient au moins deux pathologies mentales ».
Oleguer Plana-Ripoll (Université d’Aarhus), auteur principal, indique que « cette étude montre qu’il est courant que les gens développent plusieurs maladies dans le temps, par exemple d’abord une dépression, puis de l’anxiété, ou le contraire. On sait qu’il existe des facteurs communs à différents troubles mentaux : des difficultés socio-économiques, un traumatisme, ainsi que des prédispositions génétiques ».
La journaliste souligne que « les implications en sont dramatiques : l’espérance de vie de ces patients est écourtée de 5 à 17 ans, selon les pathologies. Les schizophrènes vivent en moyenne 9 ans de moins que la population générale, les dépressifs ou bipolaires, 5 ans. La mortalité est particulièrement forte lorsque le patient psychiatrique souffre en sus d’une addiction ».
Le Pr Xavier Laqueille, chef du service d’addictologie à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), remarque ainsi que « le fait de prendre des substances psychoactives multiplie par 2 la mortalité des troubles mentaux, démences exceptées ».
Le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire au CHU de Lille, ajoute que « les addictions et les troubles mentaux entretiennent des relations très dangereuses. Il arrive d’ailleurs parfois que la consommation de substances “masque” la pathologie mentale et retarde d’autant sa prise en charge ».
Pauline Fréour note que « l’étude danoise souligne à quel point il est essentiel de diagnostiquer et traiter le patient le plus tôt possible. […] Or il y a de grands progrès à faire ».
Le Pr Thomas rappelle en effet qu’« entre l’apparition des premiers symptômes d’un trouble mental et le début d’une prise en charge adaptée, il s’écoule en général 2 ans en France. À titre de comparaison, pour la sclérose en plaques, qui est aussi une maladie insidieuse, c’est 6 semaines ».
« En 2 ans, on a le temps de se marginaliser, d’arrêter ses études ou son travail, de perdre le contact avec sa famille… L’entrée en addiction survient souvent à ce moment-là, et au bout des 2 ans, la dépendance s’est bien ancrée. Pourtant, si l’on intervient tôt, on peut éviter la chronicité », souligne le spécialiste.

Date de publication : 5 octobre 2020

 

« Un peu de sport suffit à stimuler la mémoire »

Pascale Santi note en effet dans Le Monde : « Et si 15 minutes d’activité physique intensive favorisait la mémoire et l’acquisition de nouvelles compétences motrices ? C’est en tout cas ce que montre une étude de l’université de Genève (Unige), publiée dans Scientific Reports ».
La journaliste fait savoir que « les chercheurs ont demandé à un groupe de 15 hommes de 19 à 27 ans, en bonne santé, sportifs amateurs réguliers, de se soumettre à un exercice de mémoire. Un écran montrait 4 points placés les uns à côté des autres ; chaque fois que l’un d’entre eux se changeait en étoile, il fallait appuyer sur la touche correspondante, ceci afin de mesurer l’apprentissage des mouvements ».
« Puis ce même groupe a fait 15 minutes de vélo intensif (à 80% de leur fréquence cardiaque maximale), ce qui correspond à un effort en montée, ou 30 minutes à intensité modérée (sur du plat), ou est resté au repos. Ensuite, les mêmes personnes ont repassé le test de mémoire », précise Pascale Santi.
La journaliste constate que « la mémorisation était plus rapide après l’effort qu’avant, et encore plus après une activité soutenue. L’imagerie cérébrale montre un lien entre la rapidité des sujets et l’activation de l’hippocampe, zone-clé de la mémoire dans le cerveau, et du noyau caudé, une structure cérébrale intervenant dans les processus moteurs ».
Kinga Igloi, coauteure de ce travail, indique que « la mesure des endocannabinoïdes dans le sang le matin, puis après le sport, met en évidence que, plus ce taux est élevé, meilleures sont les performances cérébrales ». Blanca Marin Bosch, autre coauteure, précise ainsi que« les endocannabinoïdes se fixent sur les mêmes récepteurs que le cannabis, mais en concentration bien moindre, et sont impliqués dans la plasticité hippocampique ».
Pascale Santi relève qu’« une revue de la littérature scientifique menée par le Dr Peter Blomstrand, de l’université de Jönköping (Suède), publiée dans Translational Sports Medicine en août, qui recense 13 études, va dans le même sens. Elle confirme qu’une seule séance d’activité physique (marche, course, vélo), de 2 minutes à 1 heure, d’intensité modérée à élevée, suivie d’une brève récupération, a des effets positifs sur l’apprentissage, la mémoire, les fonctions cognitives liées à la concentration et l’attention des jeunes adultes de 18 à 35 ans. Ces effets positifs peuvent durer jusqu’à 2 heures après sa pratique ».
La journaliste note ainsi que « les effets bénéfiques de l’activité physique sur le cerveau sont bien documentés depuis plusieurs années. […] Bouger favorise la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, stimule la mémoire et retarde le déclin cognitif, améliore les apprentissages… sans compter l’impact positif sur l’humeur. Au vu de ces données, les implications sur la place de l’éducation physique et sportive dans le parcours scolaire pourraient être repensées ».
Pascale Santi souligne que « le but serait d’avoir des recommandations spécifiques, comme pour les personnes âgées, et de pouvoir répondre à la question : faut-il privilégier une longue marche ou une activité plus soutenue ? Identifier quels types d’activité et les moments les plus propices pourraient aider les élèves à améliorer leurs apprentissages et leur mémoire ».

Date de publication : 8 octobre 2020

 

 

« Le coronavirus a dopé les anxiolytiques et fait reculer la vaccination »

Solveig Godeluck remarque dans Les Echos : « Anxiogène, le confinement ? A n’en pas douter, à lire le quatrième rapport du groupement d’intérêt scientifique Epi-pharma sur la dispensation en ville, depuis le début de l’épidémie de coronavirus, de médicaments remboursés sur ordonnance, publié vendredi dernier par l’Assurance-maladie et l’Agence du médicament ».
La journaliste explique en effet que « les spécialités de santé mentale ont été dévalisées ces 6 derniers mois. Dans le même temps, les ventes de nombreuses catégories de médicaments dégringolaient, signant un inquiétant recul de l’accès aux soins ».
« Globalement, la délivrance et l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé ont plongé », poursuit-elle.
Les auteurs écrivent que « cet effondrement de la consommation sur toute la période du confinement et après ne fait pas l’objet d’un rattrapage à ce jour », et ce retard « ne pourra pas être comblé en 2020 ».
Solveig Godeluck note que « pour limiter la casse, ils suggèrent de mettre en place «une programmation à moyen et long terme», «voire une adaptation de certaines indications à une offre de soins nécessairement plus réduite» ».
La journaliste précise que « du 16 mars jusqu’au 13 septembre, il s’est écoulé 1,1 million d’anxiolytiques et 480.000 hypnotiques en sus des volumes attendus. Les instaurations de traitements pour de nouveaux patients ont crû de 5% et 3% pour ces deux classes thérapeutiques. Durant la première semaine du confinement, les Français se sont littéralement jetés sur ces médicaments, avec une hausse de 20% de la consommation d’antidépresseurs – suivie d’une légère chute la semaine suivante. Après le déconfinement, l’usage des anxiolytiques et des hypnotiques s’est maintenu à des niveaux élevés ».
« A l’inverse, les ventes de patchs et autres substituts nicotiniques ont décroché de 30% la deuxième semaine de confinement. Elles demeuraient inférieures de 17% aux volumes attendus durant la première quinzaine de septembre. L’angoisse de l’enfermement, puis la crise économique et sociale qui s’installe, semblent avoir découragé les fumeurs qui étaient nombreux depuis 2 ans à vouloir décrocher du tabagisme », relève Solveig Godeluck.
La journaliste souligne en outre que « les auteurs pointent la forte sous-consommation de traitements «nécessitant une administration par un professionnel de santé» comme le traitement de la dégénérescence maculaire de l’œil, les endoscopies, les scanners et IRM ».
Elle explique que « l’accès aux médecins a en effet été réduit pendant le confinement, et les consultations ont été prises d’assaut par la suite. Cela se traduit à présent par une «chute non rattrapable» des diagnostics pour «certains cancers ou maladies graves en poussée», s’inquiètent les auteurs ».
Solveig Godeluck relève qu’« alors que les déprogrammations de soins viennent de reprendre dans les hôpitaux franciliens et dans d’autres régions, les patients risquent d’être de plus en plus nombreux à découvrir leur cancer trop tard ».
Les auteurs du rapport soulignent par ailleurs que « le retard observé en termes de vaccination sera difficilement comblé en 2020 ».
La journaliste précise ainsi que « la consommation du ROR (rougeole-oreillons-rubéole) a diminué de 130.000 doses, celle du vaccin contre le papillomavirus de 150.000 doses, celle du vaccin contre le tétanos de 620.000 doses. Les vaccins polyvalents, désormais obligatoires pour le nourrisson (diphtérie-tétanos-polio-coqueluche-haemophilus-hépatiteB), ont un peu moins chuté, avec 40.000 doses en moins ».
Solveig Godeluck note enfin que « les malades chroniques, bénéficiant d’un traitement au long cours contre l’épilepsie, le diabète, l’insuffisance cardiaque, etc., ont maintenu leur consommation de médicaments. Pendant le confinement, ils ont pu renouveler leur traitement avec des ordonnances périmées, et consulter leur médecin à distance. Sans cela, le renoncement aux soins aurait probablement pris d’autres proportions ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« On ne dort pas tout au long de la vie pour les mêmes raisons »

Tristan Vey note dans Le Figaro : « C’est une question que l’on se pose peu, alors que la réponse n’a rien de trivial : pourquoi diable dort-on ? La réponse évidente, «pour se reposer», ne dit pas grand-chose. S’il s’agissait simplement de ménager le corps pour lui laisser le temps de se régénérer, il suffirait de s’allonger. Et puisque la perte de conscience temporaire inhérente au sommeil nous place dans une situation de vulnérabilité extrême, elle ne devrait avoir aucun intérêt sur le plan évolutif. Il est pourtant démontré chez le rat, le chien, la drosophile ou l’homme qu’une privation de sommeil prolongée… peut tuer ».
Le journaliste rappelle que « les neuroscientifiques ont identifié à ce jour deux grandes fonctions biologiques du sommeil : l’organisation des neurones (pour trier les souvenirs, consolider la mémoire et les apprentissages) et l’évacuation des toxines qu’ils produisent ».
« Il est dès lors possible de faire cette hypothèse : c’est parce que nous emmagasinons trop d’informations et produisons trop de déchets métaboliques pendant nos phases d’éveil qu’il est nécessaire de prendre ces moments de «pause» pour faire du ménage et du rangement », continue Tristan Vey.
Mélanie Strauss, professeur associée de neurologie à l’Université libre de Bruxelles, remarque qu’« il y aurait un phénomène de saturation en phase d’éveil. C’est l’hypothèse de l’homéostasie synaptique  : on accumule des synapses (zones de contact fonctionnel entre deux neurones, NDLR) et des métabolites (déchets) lorsqu’on est éveillé, et les phases de sommeil permettent d’effacer une partie de ces connexions, d’en renforcer certaines et d’évacuer les toxines ».
Tristan Vey explique que « cette vision est en particulier défendue par Van Savage, professeur à l’université de Californie à Los Angeles, qui établit depuis une dizaine d’années des modèles mathématiques «métaboliques» pour tenter d’expliquer le temps passé à dormir (ou à veiller) ».
« Le temps de veille serait proportionnel aux quantités de stimuli auxquels nous sommes exposés et aux déchets que nous produisons. De la même manière, le temps de sommeil serait proportionnel au nombre d’informations triées et de déchets évacués. Comme il doit par ailleurs y avoir une forme d’équilibre entre quantité de déchets produits et évacués d’une part, et informations enregistrées et triées d’autre part, cela permet d’établir une relation entre temps de veille et temps de sommeil », continue le journaliste.
Il ajoute que « l’efficacité «métabolique» de la réorganisation ou du nettoyage dépendrait enfin de la taille du cerveau, quand la quantité de stimuli enregistrés dépendrait plutôt de la taille du corps ».
Tristan Vey note que « ce sont ces modèles de temps de veille et de sommeil en rapport avec la taille du cerveau et du corps que Van Savage a appliqué à la croissance du cerveau humain, dans une étude parue en septembre dans Science Advances. Les modèles «mé­taboliques» ont été alimentés avec des données récoltées dans une soixantaine d’études portant sur la taille du cerveau en fonction de l’âge, des quantités de temps passés en sommeil et en éveil en fonction de l’âge, des proportions de sommeil lent et paradoxal, etc. ».
Le journaliste retient que « les modèles parviennent très bien à reproduire les temps de sommeil et de veille constatés, pour peu que l’on bascule entre 2 et 3 ans (à 2,4 ans exactement) d’une période de la vie où le sommeil sert principalement à l’organisation et à la construction des réseaux neuronaux à une deuxième phase où les opérations de nettoyage et de maintenance prennent le pas. Cela n’est pas absurde, dans la mesure où le cerveau atteint déjà 90% de sa taille adulte à cet âge ».
Karen Pruyt, spécialiste du sommeil au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS/Université Lyon 1), observe que« cela correspond aussi à une période où l’enfant devient plus indépendant, que ce soit au niveau du langage, des émotions ou de la cognition. C’est assez joli de se dire qu’un modèle trouve naturellement une transition dans la fonction du sommeil à ce moment ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« Psychiatrie : une nouvelle loi pour attacher et isoler certains malades »

Eric Favereau note dans Libération : « C’était une belle occasion pour en débattre, du moins pour s’interroger sur des pratiques de plus en plus étendues en psychiatrie : la contention […] et l’isolement. Le Conseil constitutionnel a, en effet, rendu un avis très ferme l’été dernier : faute de la présence d’un juge, les recours à l’isolement et la contention seront interdits. Les sages donnent au gouvernement jusqu’à la fin 2020 pour définir un cadre juridique, faute de quoi l’interdiction entrera en vigueur ».
Le journaliste remarque que « curieusement, cet avis de la haute juridiction n’a donné lieu à aucun débat, aucun échange, aucun témoignage. Comme si cette question ne méritait pas qu’on s’y attarde. Et bizarrement, c’est dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que se sont glissés quelques articles de loi pour fixer les nouvelles règles ».
« Cette absence de discussion est d’autant plus dommageable que ces dites pratiques sont pour le moins problématiques », continue Eric Favereau.
Le journaliste rappelle qu’« en France, ces méthodes sont présentes un peu partout, se sont développées discrètement dans le silence des hôpitaux, loin des regards extérieurs, et se sont «banalisées», comme le déplorait Adeline Hazan, ancienne contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ».
« Dans son rapport annuel, elle dénonçait, avec inquiétude, une sorte de recours habituel à ces mesures dès lors qu’il y avait un peu de tension dans un service. […] Ainsi, on attache, on isole, on referme la porte, et dans certains cas cela peut durer des jours, voire des semaines », observe Eric Favereau.
Adeline Hazan soulignait : « Ce qui est impressionnant, c’est que dans un même hôpital psychiatrique, un service pouvait y avoir recours de façon massive, et juste à côté un autre service ne jamais s’en servir. C’est de fait très arbitraire, et c’est bien cela qui nous interroge ».
Le journaliste note que de leur côté, « des associations de malades pointaient le caractère «violent» et «destructeur» de ces pratiques pour le malade. «Etre attaché ou isolé… Le malade le prend comme une punition», notait, avec effroi, Tim Greacen, représentant des usagers. Quant au personnel soignant, souvent dépassé, souvent seul face à des situations délicates, il mettait en avant l’absence cruelle de moyens pour justifier l’usage de ces mesures ».
Eric Favereau explique que « dans le PLFSS, le gouvernement a donc glissé un article 42, pour fixer de nouvelles règles. D’abord le cadre : «L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision motivée d’un psychiatre et uniquement de manière adaptée, nécessaire et proportionnée au risque après évaluation du patient. Leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin et tracée dans le dossier médical» ».
Le journaliste note que « sur la durée, la mesure d’isolement est prise pour une durée de 12 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 12 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 48 heures.» Quant aux mesures de contention, elles ne doivent être que de 6 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 6 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 24 heures» ».
Le texte précise qu’« à titre exceptionnel, le médecin peut renouveler, au‑delà des durées maximales prévues aux deux alinéas précédents, la mesure d’isolement ou de contention, dans le respect des autres conditions prévues aux mêmes alinéas. Le médecin informe, alors, sans délai le juge des libertés et de la détention, qui peut se saisir d’office pour mettre fin à la mesure. En cas de saisine, le juge des libertés et de la détention statue dans un délai de 24 heures ».
Eric Favereau de conclure : « Est-ce que cela va éviter les dérapages et le recours parfois bien systématiques à ce type de mesures ? […] On peut craindre que le manque de personnels ne serve d’argumentations pour le maintien de ces méthodes… bien peu hospitalières ».

Date de publication : 13 octobre 2020

 

 

« Quand la musique est bonne… pour le cerveau »

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « les progrès des neurosciences ces 30 dernières années ont permis de préciser les effets [de la musique] sur le cerveau. Grâce à l’émergence de l’imagerie par résonance magnétique, les chercheurs ont pu mettre en évidence les modifications induites par une pratique intensive de la musique ».
Le Pr Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen, « un des premiers chercheurs en France à avoir utilisé les techniques de neuro-imagerie pour étudier les effets de la musique sur le cerveau », précise ainsi : « Lorsque vous pratiquez une activité, que ce soit jongler ou jouer d’un instrument de musique, cela modifie certaines zones du cerveau. Chez un musicien, les milliers d’heures d’entraînement vont avoir un impact sur les aires auditives ou encore celles qui permettent la maîtrise de l’instrument. Les modifications sont structurales. C’est-à-dire une transformation du cerveau en tant qu’organe, avec une augmentation de neurones et d’épaisseur corticale et une augmentation des fibres de connectivité (la substance blanche) ».
Anne Prigent relève en outre que « des travaux comportementaux se sont intéressés aux effets de l’apprentissage musical sur les performances intellectuelles et scolaires. La plupart des études menées observent une amélioration de la mémoire de travail ou encore de l’attention, ce qu’on appelle les fonctions exécutives ».
La journaliste note qu’« une toute récente étude, publiée sur le site Frontiers in Neuroscience, a confirmé cet effet positif. Et, grâce à l’IRM fonctionnelle, ils ont pu mettre en évidence une activation plus importante de certaines aires cérébrales connues pour être associées à la lecture ou encore à la créativité chez les enfants pratiquant la musique. Plus les enfants avaient commencé tôt leur apprentissage de la musique, plus les effets étaient prononcés tant au niveau comportemental qu’au niveau neuronal ».
Le Pr Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive à Dijon, remarque ainsi que « cette étude confirme qu’il y a une corrélation positive entre le fait de pratiquer de la musique et des performances cognitives ou académiques. Maintenant, la question est de savoir si c’est un lien causal ou corrélationnel ».
Anne Prigent s’interroge : « Est-ce que la musique «sculpte» le cerveau pour le rendre plus performant ou est-ce qu’elle va seulement révéler les prédispositions de ce cerveau ? ».
Le Pr Bigand répond que « c’est sans doute un mélange des deux. L’enfant qui a une petite prédisposition va voir ses compétences amplifiées par la pratique de la musique. C’est ce que nous appelons un cercle vertueux ».
La journaliste note que le spécialiste « précise qu’il est cependant complètement faux de penser que pratiquer un instrument de musique rend plus intelligent. Certes, apprendre le solfège, maîtriser un instrument, se synchroniser avec d’autres musiciens va stimuler de nombreuses parties du cerveau mais pas forcément de manière définitive ».
Anne Prigent continue : « Si la musique ne rend pas plus intelligent, ses effets bénéfiques sont incontestables. Et notamment pour le cerveau malade. La musique va en effet favoriser la plasticité neuronale car son écoute engage la quasi-totalité du cerveau. Les régions qui s’activent couvrent les zones de décodage auditif, les zones motrices qui donnent envie de taper du pied ou de danser, les zones cérébrales de l’émotion et du circuit de la récompense, ou encore des zones proches de celles du langage. […] Grâce à ses liens avec la motricité, la musique peut être utilisée pour rééduquer des troubles moteurs ».
La journaliste note enfin que la musique « active le circuit de la «motivation-récompense» ».
Le Pr Bigand explique ainsi que « la musique se révèle un formidable outil pour faire entrer dans un processus de rééducation des patients ayant fait un AVC et aphasiques ou atteints de la maladie d’Alzheimer et apathiques. Bien sûr, elle ne va pas guérir mais peut aider à améliorer les symptômes, et c’est déjà beaucoup ».

Date de publication : 26 octobre 2020

 

 

Revue de presse santé psy – septembre 2020

« Des étudiants infirmiers et sages-femmes dénoncent les violences de l’hôpital »

Le Monde constate en effet : « Agressions verbales, humiliations, malveillance… Sur les réseaux sociaux, des étudiants en santé, en particulier issus des écoles d’infirmières et de sages-femmes, racontent les traumatismes vécus pendant leurs stages en milieu médical ».
Le journal livre notamment le témoignage de « Clotilde, 21 ans, [qui] se souvient qu’on lui a tendu un plateau, dans les couloirs de la clinique de Seine-Maritime où elle réalise son premier stage d’infirmière. «Tiens, va le donner à la patiente», lui demande un collègue. A son entrée dans la chambre, l’étudiante découvre le corps inerte de la dame. Quand Clotilde ressort, très secouée, elle est accueillie par les mines hilares de ses encadrants infirmiers, qui guettaient sa sortie ».
La jeune femme remarque : « Ils avaient fait exprès de m’y envoyer sans me prévenir. Ils étaient bien contents de leur “blague”, alors que la patiente était morte, depuis déjà longtemps. J’avais 18 ans, c’était ma première confrontation à la mort ».
Le Monde note que « cet événement traumatisant, Clotilde s’est décidée à le raconter publiquement sur Twitter lorsqu’elle a vu le mot-dièse #balancetonstage prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux depuis le 5 septembre ».
Le quotidien explique qu’« initialement créé cet été par trois étudiants de l’Ecole de management de Lyon pour dénoncer le sexisme en entreprise, le mot-dièse a été massivement repris par des étudiants en santé ces derniers jours – élèves en écoles d’infirmiers, d’aides-soignants, de sages-femmes principalement – pour raconter des violences vécues sur leur lieu de stage, qu’elles soient verbales, physiques, sexistes ou psychologiques ».
« Depuis ce week-end, plusieurs centaines de témoignages ont fleuri, venant de jeunes ébranlés par leurs premiers pas dans la vie professionnelle à l’hôpital, en clinique ou en maison de retraite, victimes de petites humiliations mais aussi de harcèlement moral », continue le journal.
Le Monde souligne que « ces comportements en milieu hospitalier ne sont pas nouveaux. Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes et secrétaire générale de l’Ordre des sages-femmes, se souvient qu’il y a 30 ans, lorsqu’elle était étudiante, son quotidien était émaillé de paroles brutales et d’agressions ».
La responsable note ainsi que « les mains aux fesses dans le bloc opératoire, c’était la norme. […] Je regrette que la réalité du XXe siècle soit la même que celle du XXIe. J’ai lu des témoignages terribles sur Twitter, et je suis trop bien placée pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un fantasme étudiant, mais d’une réalité inacceptable ».
Le Monde évoque cette « forme de libération de la parole. «On est passé de la loi du silence à la loi du hashtag. Il faudra aller plus loin», poursuit Isabelle Derrendinger. Car la tâche reste plus facile sur les réseaux sociaux que dans les écoles de formation, où la parole est «verrouillée», estime Vincent Opitz, vice-président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) ».
Ce dernier déclare que « les étudiants s’expriment peu, de peur des représailles. Et quand ils en parlent, on leur répond trop souvent de prendre sur eux ».
Le Monde relève cependant que « les enquêtes de syndicats ont fleuri pour quantifier ces dérives. Dans une étude menée par la FNESI en 2017, 78% des étudiants infirmiers déclaraient se sentir stressés «tout le temps ou souvent» et 40% se disaient victimes de harcèlement. En 2018, un tiers des étudiants sages-femmes interrogées exprimaient un sentiment de «maltraitance» de la part de leur équipe pédagogique, dans une enquête de l’Association nationale des étudiants sages-femmes ».
Le journal souligne en outre que « les conséquences sur la santé peuvent s’avérer désastreuses pour les étudiants. Lorsqu’elle était en deuxième année d’école d’infirmière, « Dame Gertrude » (son pseudo sur Twitter), 23 ans, se souvient d’un stage traumatisant qui l’a rendue littéralement malade : vertiges, tremblements, insomnies, perte d’appétit… ».
Elle déclare : « Une pomme me faisait trois jours. Et ce pont que je traversais chaque jour, je me disais qu’il pouvait me permettre d’abréger ma souffrance ».
Le quotidien précise qu’« à la suite d’une alerte de la médecine du travail, elle est mise en arrêt maladie. Le terrain de stage reste désormais fermé aux étudiants, dans l’attente d’une «charte de bientraitance» ».
Le Monde note que « Martine Sommelette [pésidente du Cefiec, association qui fédère les directeurs d’écoles d’infirmières] rappelle que les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les soignants font un «travail énorme pour que les étudiants évoluent dans des situations favorables». Il est d’ailleurs important de souligner qu’un stage peut très bien se passer et que certains tuteurs sont d’excellents pédagogues. […] Dans des services où le soin et la relation au patient se dégradent, difficile par ailleurs de dégager du temps pour l’accompagnement des étudiants. […] La crise sanitaire a pu, à de nombreux égards, aggraver la situation, avec des professionnels qui accumulent la fatigue, parfois dans de mauvaises conditions. Et plus le travail est accablant, plus la violence se faire sentir », continue le journal.

Date de publication : 10 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques prescrits contre l’autisme, l’Agence du médicament saisit la justice »

La Croix fait savoir que « l’Agence du médicament (ANSM) a signalé à la justice le cas de médecins prescrivant des antibiotiques ou des traitements inadaptés à des enfants autistes, exposant ces derniers à des effets indésirables. C’est l’association SOS Autisme qui avait signalé ces comportements via une procédure de lancement d’alerte ».
L’ANSM indique ainsi : « Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d’autisme, [l’agence] déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».
La Croix explique que « les pratiques incriminées concernent la prescription «sur de longues durées (plusieurs mois)» de «médicaments anti-infectieux» (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de «chélateurs de métaux lourds», des substances censées éliminer les métaux lourds de l’organisme, dont l’utilisation n’est recommandée qu’en cas d’intoxication avérée ».
« Informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, l’agence a recueilli notamment des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions », continue le journal.
Il ajoute qu’« après enquête interne, l’ANSM a informé le procureur de la République cet été, ainsi que l’Ordre des médecins et des pharmaciens, responsables du respect des règles de déontologie par leurs membres, ainsi que la Caisse nationale d’Assurance maladie ».
La Croix note en outre qu’« Olivia Cattan, qui s’apprête à publier un livre pour dénoncer ces pratiques, va elle aussi déposer plainte auprès du procureur de la République. […] Elle déclare avoir également alerté les Ordres des médecins et des pharmaciens ».
Elle remarque ainsi : « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des «protocoles» pas prouvés scientifiquement ».
Le quotidien ajoute que « selon Olivia Cattan, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5000 enfants depuis 2012 ».
Philippe Vella, de l’ANSM, souligne pour sa part que « les troubles du spectre de l’autisme constituent un syndrome neuro-développemental pour lequel il n’y a pas de traitement médicamenteux curatif. Nous souhaitons avant tout envoyer un message aux familles dans le désarroi, potentiellement vulnérables, pour les alerter : on expose ces enfants aux effets indésirables connus de traitements pour lesquels les bénéfices n’ont pas été prouvés ».

Date de publication : 16 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques pour « guérir » l’autisme : ouverture d’une enquête ouverte pour « mise en danger d’autrui » »

Le Monde indique en effet que « saisi cet été par l’Agence du médicament (ANSM) du cas de médecins prescrivant à des enfants autistes des antibiotiques ou des substances censées éliminer les métaux lourds, le parquet de Paris annonce qu’une enquête a été ouverte ».
Le journal précise que « le pôle santé publique du parquet a ouvert cette enquête le 11 septembre pour «mise en danger de la personne d’autrui» et «infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine». […] Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ».
Le quotidien rappelle que « mardi, l’ANSM avait annoncé avoir saisi cet été le procureur de Paris de ces pratiques de prescriptions dangereuses. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions ».
L’ANSM a fait savoir qu’elle « déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».

Date de publication : 18 septembre 2020

 

 

« La science perd-elle la raison ? »

C’est ce que se demande Libération, qui observe qu’« universitaires, journalistes et vulgarisateurs s’écharpent sur l’usage de la science dans l’espace public. Chacun avance l’argument de la raison pour peser sur des questions sanitaires et environnementales ».
Le journal relève ainsi : « Un interlocuteur qui souhaite ne pas répondre pour s’épargner des pressions, un autre qui rapporte une tentative d’accusation de harcèlement sexuel à son encontre, des empoignades sur les réseaux sociaux et des prises de becs par billets de blogs interposés… le cadre de ces petits meurtres entre amis ? Rien d’autre que le train-train habituel de la recherche scientifique française ».
« Plus précisément, celui des «rationalistes», une petite communauté d’acteurs du monde de la science peu connue du grand public mais dont les luttes internes peuvent avoir des répercussions dans la vie des Français. Il suffit pour mesurer le niveau de tensions de voir le cyclone de réactions qu’a fait naître, avant même sa parution, le livre des journalistes du Monde Stéphane Foucart et Stéphane Horel et du sociologue Sylvain Laurens, « Gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique ». Journalistes, scientifiques et vulgarisateurs y ont trouvé là une nouvelle occasion de s’écharper sur l’appropriation de la parole scientifique dans le débat public »,constate Libération.
Le journal rappelle que « la querelle n’est pas nouvelle. En 2019, c’est la publication de la tribune du collectif No Fake Science dans le quotidien libéral l’Opinion qui met le feu aux poudres. Proclamant que «la science ne saurait avoir de parti pris», les quelque 250 signataires du texte exposent des thématiques faisant, selon eux, l’objet d’un consensus scientifique et sur lesquelles le débat devrait être considéré comme scientifiquement clos ».
« Outre un rappel sur les bénéfices de la vaccination ou le manque de preuves sur l’efficacité des produits homéopathiques, l’appel écrit que «les différentes instances chargées d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent comme improbable qu’il présente un risque cancérigène pour l’homme». Ou encore : «Le fait qu’un organisme soit génétiquement modifié (OGM) ne présente pas, en soi, de risque pour la santé.» Deux affirmations assenées avec aplomb mais qui ne font pourtant pas l’unanimité scientifique. De quoi faire bondir une partie de la communauté de chercheurs », remarque le quotidien.
Libération continue : « Ce clivage autour de la rationalité scientifique, que l’on se figure neutre, objective et indiscutable, pose en creux une vaste question : «Qui peut prétendre parler au nom de la science ? Et qu’est-ce que la « bonne science » ? Qu’est-ce qu’un consensus scientifique ?» C’est là le cœur du problème : un énoncé scientifique ne peut jamais être vérifié avec une certitude absolue ».
« Interrogations brûlantes dès lors qu’il s’agit de statuer sur le degré d’implication de l’activité humaine dans le réchauffement climatique ou l’efficacité d’un traitement face à une maladie. Débat d’autant plus explosif que la pandémie a développé l’intérêt du grand public pour les sciences ainsi que son instrumentalisation par les politiques », observe le journal.

Date de publication : 24 septembre 2020

 

Revue de presse santé psy – avril 2019

 

« Covid-19 : le cri d’alerte des psychiatres pour leurs patients laissés pour compte »

Le Parisien

Le Parisien publie une tribune dans laquelle « une centaine de médecins s’inquiètent du sort des 12 millions de personnes souffrant de troubles psychiques, très perturbés par le confinement et qui consultent beaucoup moins ».
Le journal note ainsi : 
« «Ce sont les grands oubliés de la crise.» Marion Leboyer le répète, elle est extrêmement inquiète. En pleine épidémie de coronavirus, cette professeure de psychiatrie à l’université Paris-Est Créteil fait le même constat que ses confrères. Un plan blanc pour les hôpitaux, un plan bleu pour les Ehpad et rien pour la psychiatrie ». La psychiatre déclare : « On craint une vraie perte de chances pour les malades ».
Le Parisien explique que 
« la Fondation FondaMental, dédiée aux pathologies mentales qu’elle dirige, lance un appel à l’aide. […] Sa tribune, signée par une centaine de médecins et d’associations, réclame plus d’attention à l’égard de cette population fragile et souvent stigmatisée. Elle doit, disent-ils, être considérée parmi les plus à risque d’être atteinte par le Covid-19 et de développer des formes graves de la maladie ».
« Car parmi les 12 millions de Français, atteints de troubles anxieux, de l’humeur, de troubles psychotiques, schizophréniques, autistiques, un certain nombre peut avoir des difficultés à bien respecter les règles de confinement et les gestes barrière à cause de problèmes de concentration ou d’altération de la mémoire. Ils présentent aussi deux fois plus de pathologies physiques, comme des troubles cardio-vasculaires ou respiratoires, que la population générale »,
 souligne le quotidien.
Le journal observe que 
« l’urgence est là d’autant que la réalité du terrain interpelle. «Où sont nos patients ?» reprend Marion Leboyer. Les urgences psy ? Moins fréquentées. Les unités Covid ouvertes pour ces malades dans les hôpitaux ? A moitié vides ».
Le Parisien remarque que 
« si les malades ne se déplacent pas, c’est sans doute par peur du virus », le Dr Corentin Rabu, responsable d’un service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), relevant : « Ils craignent probablement d’être contaminés à l’hôpital et l’accès aux soins leur paraît plus compliqué à l’heure où les médecins sont débordés par l’épidémie ».
Le journal indique que le psychiatre 
« distingue deux groupes de patients. Le premier peut attendre de voir un psychiatre. Le deuxième, au contraire, a besoin de soins urgents. D’autant qu’en cette période anxiogène, leurs troubles psychiques risquent de s’aggraver ».
Le Dr Rabu souligne ainsi que 
« les patients souffrant de dépression ont déjà beaucoup de mal à demander de l’aide. S’ils pensent que c’est plus difficile aujourd’hui, ils risquent de ne pas le faire ».
Le Parisien précise : 
« La crainte, une hausse du nombre de suicides », et cite Rachel Bocher, chef d’un service de psychiatrie au CHU de Nantes : « Si vous êtes en difficulté psychique ou si vous avez des symptômes du virus, n’attendez pas [pour consulter] ».

Date de publication : 9 avril 2020

« Covid-19 : l’occasion de reconsidérer la fin de vie dans la dignité ? »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui livre une tribune sur le sujet, rédigée par Martin Winckler, médecin, écrivain, président du Comité d’honneur du Choix, citoyens pour une mort choisie, Denis Labayle, médecin hospitalier, écrivain, coprésident de l’association, et Bernard Senet médecin généraliste, membre du collège décisionnel de l’association.
Les signataires écrivent que 
« le Rivotril, dont la délivrance vient d’être autorisée en pharmacie, évite aux personnes agonisant en ville et dans les Ehpad de mourir dans les souffrances de l’asphyxie. La précipitation dans laquelle cette autorisation a été accordée serait-elle le signe que la pandémie amène enfin à reconsidérer les problèmes de la maladie et de la souffrance à la fin de l’existence ? ».
Ils poursuivent : 
« L’infection au Covid-19 n’aura pas fini de mettre en lumière nos erreurs et nos manques de réflexion en matière sanitaire. Cette politique de l’autruche ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier, mais d’avant-hier. Trop longtemps nous avons fait confiance aux technocrates et aux idéologues libéraux de la santé ».
« Après le manque de soignants par le blocage du numerus clausus (1971), après la diminution drastique des lits d’hospitalisation au nom d’une vision mercantile (moins de 40% de lits en 50 ans), nous découvrons le manque possible de médicaments du fait de la course au profit maximum des entreprises pharmaceutiques qui ont délocalisé leur production », 
ajoutent les trois médecins.
Ils relèvent : «
 Le décret que vient d’émettre le Premier ministre, le 28 mars, autorisant la vente en pharmacie du Rivotril intraveineux, a pour objectif d’éviter aux personnes agonisant en ville et dans les Ehpad de mourir dans les souffrances cruelles de l’asphyxie. Même si ce décret limite dans le temps l’autorisation de l’emploi du Rivotril intraveineux, il est une reconnaissance officielle de l’aide médicale à mourir. Ce que beaucoup réclament depuis des années. Il est temps de reconnaître la valeur éthique et humaine des médecins qui ont le courage d’éviter à leur patient une agonie inutile et douloureuse ».
« Toutefois, par la précipitation dans lequel il a été élaboré, ce texte ministériel pose trois problèmes de fond. Tout d’abord, où est la collégialité nécessaire à une telle décision ? La loi Claeys-Leonetti n’a rien précisé sur ce point essentiel. […] Ensuite, la limitation du décret dans le temps. Pourquoi ce qui est considéré comme une solution humaine un jour ne le serait pas demain ? […] Enfin, il manque dans ce décret l’élément essentiel : le choix du malade ou l’avis de la personne de confiance. Pourquoi refuse-t-on que «les directives anticipées» soient un véritable testament, laissant à chacun la liberté de choisir sa fin de vie ? », 
poursuivent les signataires.
Ils s’interrogent : 
« Une fois éloignée, la pandémie au Covid-19 va-t-elle nous amener à reconsidérer autrement les problèmes de la maladie, de la souffrance, de la fin de vie ? Nos hommes politiques vont-ils enfin ouvrir les yeux sur ces erreurs et ces manquements que nous avons été nombreux à dénoncer depuis longtemps ? […] ».

Date de publication : 9 avril 2020

« L’impact inquiétant du confinement sur l’état psychologique des Français »

Le Figaro

Soline Roy s’interroge dans Le Figaro : « Les Français sortiront-ils indemnes sur le plan psychique du long confinement qui, depuis la mi-mars, s’impose à eux ? Si l’aréopage d’experts qui conseillent le gouvernement dans la lutte contre l’épidémie ne comporte pas de psychiatre, ces derniers n’ont pas manqué de s’emparer du sujet. Et leurs premières conclusions dessinent un tableau inquiétant… ».
La journaliste souligne que 
« les Français comprennent la nécessité du confinement, et le besoin de le prolonger. Mais ils en souffrent : 74% des adultes rapportent des problèmes de sommeil dont la moitié est apparue avec le confinement, et 37% présentent des signes de détresse psychologique, selon la deuxième vague (mesurée fin mars-début avril) de l’enquête Coconel, menée par un consortium de chercheurs (UMR Vitrome, Marseille, Centre d’investigation clinique Cochin-Pasteur, Paris, École des hautes études en santé publique, Rennes et Observatoire régional de la santé SudProvence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille) sur un panel Ifop d’un millier de Français ».
Ces chercheurs soulignent :
 « La comparaison avec les dernières données collectées en population générale en 2017 suggère une nette dégradation de la santé mentale au cours du confinement. Cette situation est d’autant plus inquiétante que (…) beaucoup de patients renoncent à consulter un médecin du fait du confinement. Si cette situation perdure encore plusieurs semaines, elle pourrait favoriser la survenue de pathologies psychiatriques sévères, et un rebond de la demande de soins en levée de confinement, auquel il convient de se préparer ».
Le Pr Nicolas Franck, psychiatre au Centre hospitalier Le Vinatier (Lyon), explique pour sa part que 
« le niveau de bien-être mental a été altéré dès la deuxième semaine de confinement. Cela peut préfigurer le développement de troubles mentaux chez les personnes les plus fragiles ».
Soline Roy souligne que 
« les addictions, notamment aux écrans, semblent prospérer ». Le Pr Franck indique : « Comme l’anxiété et la dépression, ce sont des troubles dans lesquels il est plus facile d’entrer que de sortir… Une étude a montré qu’après 2 mois de confinement en Chine, le taux de troubles mentaux caractérisés (dépression et troubles anxieux en particulier) a atteint 47%. La population française est exposée à un risque sévère, on crée des pathologies avec le confinement. J’ai échangé avec la Direction générale de la santé, qui m’a indiqué que cet aspect prend, petit à petit, de plus en plus de place ».
La journaliste relève enfin que des chercheurs du groupe Covadapt 
« ont formulé des recommandations aux pouvoirs publics. […] Ils jugent particulièrement importantes : «la stabilité du discours de crise», notamment sur l’accessibilité et l’utilité des masques ou des tests de dépistage sérologiques ; «une projection à long terme de la situation de confinement et de crise», en annonçant d’emblée un confinement long plutôt que par étapes, «quitte à réduire finalement la durée (…) plutôt que de l’allonger» ; «une équité dans le traitement des citoyens» ; et enfin une explication claire des données scientifiques sur lesquelles s’appuient les décisions politiques, et la quantification du «rapport bénéfice-risque du confinement en intégrant l’ensemble des éléments d’évaluation» (années de vie et de qualité de vie perdues, risques sociétaux et sécuritaires…) «plutôt que de se limiter au décompte des seuls morts directement dus au virus». Des conseils dans l’ensemble plutôt à rebours de ce qui a été fait jusqu’ici… ».

Date de publication : 15 avril 2020

« Le risque humain et psychique du confinement risque de dépasser le risque sanitaire »

Libération

Libération observe que « selon le psychiatre Stephan Eliez, le confinement exacerbe les tensions émotionnelles comme l’angoisse liée au virus ou le stress généré par le télétravail. Et toutes les familles ne sont pas égales face à la promiscuité ».
Le journal relève ainsi que
 « pour Stephan Eliez, professeur en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, à la faculté de médecine de l’université de Genève, toutes les familles ne sont pas égales dans ce confinement. […] Il propose des techniques pour rester en contact avec nos émotions et celles des autres ».
Libération interroge notamment : «
 Le confinement met les familles face à un défi : comment vivre ensemble tout le temps quand la possibilité de l’autre et de l’extérieur est anéantie ? ».
Le psychiatre répond que 
« pour les familles, le défi est double. D’abord, le confinement exacerbe les tensions émotionnelles, le stress et l’angoisse liés au virus évidemment mais aussi au travail des parents, l’incertitude professionnelle, aux études des enfants, les questions d’argent… ».
« Paradoxalement, la difficulté pour les membres de la famille peut être de se rencontrer. On est cloîtrés ensemble en 2020, mais via les écrans, on peut être là sans être là. Il faut savoir qu’aujourd’hui les parents passent 25% de temps en moins avec leurs enfants par rapport aux années 90. Ils travaillent plus et les jeunes ont créé des communautés d’adolescents plus présentes », 
souligne Stephan Eliez.
Il ajoute que «
 le télétravail représente un deuxième défi de taille, il a fait irruption dans le foyer et génère du stress, comment travailler avec les enfants dans des appartements où il est difficile de s’isoler ? L’intimité est aussi un sujet, l’intimité sexuelle pour les parents mais aussi pour les adolescents ».
Libération s’enquiert :
 « Des clés pour sauver l’amour ? ». Le psychiatre indique qu’« on parle beaucoup de communication. Plus que le fond, c’est la forme qui compte. Le sarcasme et l’ironie dans le propos par exemple sont des signes catastrophiques pour la survie d’un couple. S’accorder aussi un temps d’écoute pendant lequel l’un parle et l’autre écoute. Une écoute attentive, sans réponse nécessaire. Cela réduit l’anxiété, permet de prendre soin les uns des autres. Dans le couple mais aussi avec ses enfants, la mentalisation a fait ses preuves. Il s’agit d’avoir l’autre à l’esprit. Que ressent-il dans cette situation ? ».

Date de publication : 16 avril 2020

« A l’hôpital, vague de fatigue et vague à l’âme »

Libération

Jean-Paul Mari observe dans Libération que « l’hôpital, grand corps malade, fait son examen. Entre deux vagues. La première, terrible, et la présumée deuxième à venir. Vague de fatigue et vague à l’âme ».
Le journaliste
 « suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans un hôpital d’Ile-de-France ». Il relève que « le système a tenu. On a poussé les murs, basculé le service de réa en cardio, la médecine interne en traumato… un jeu de chaises médicales. Aujourd’hui, à l’heure de la décrue, on refait la même chose en sens inverse, en gardant quelques lits de plus en réserve. Tout le personnel «Covid» est désormais équipé de masques et même de blouses certes un peu «folkloriques», bleues ou vertes, lacées devant ou derrière, qu’importe. Les acrobates de la logistique ont assuré ».
Jean-Paul Mari note qu’« 
en réanimation, les morts et les guéris libèrent des lits et les soignants eux-mêmes convalescents ont repris leur poste de travail. La saignée a été rude. Peu de crises de nerfs, mais une avalanche de Covid ».
Il continue : «
 Au centre de dépistage, on continue à recevoir entre 15 et 25 soignants par jour avec un taux de positifs entre 30% et 50%. En tout, 400 hospitaliers – aides-soignantes, infirmières, médecins – ont été arrêtés. Une semaine plus tard, 2 tout au plus, pâles et épuisés, ils sont de retour. Ces derniers temps, les testeurs ne cherchent plus à discerner les symptômes. Toux, fièvre, essoufflement, courbatures, maux de tête, perte d’odorat, «la « saleté » a montré qu’elle n’avait aucune logique. Il y en a pour tous les goûts», grince Gérard, le responsable ».
Jean-Paul Mari observe qu’
« il y a ceux qui grognent, et c’est bon signe, retrouvant les réflexes des grévistes du début de la crise. Ceux qui n’encaissent plus rien, un drame personnel ou une lettre porteuse de mauvaise nouvelle. Et celui qui explose, de retour à la maison après 12 heures de travail et découvre les lettres de voisins grincheux qui lui reprochent de faire trop de bruit… ».
Le journaliste relève ainsi qu’
« entre tension et abattement, les automates assurent les gestes du quotidien mais, dans les couloirs, ils semblent marcher en apesanteur. Sonnés, en errance, comme un peu perdus. Alors ils s’accrochent – pas à une prime de plus ! – à une garde de nuit, un patient miraculé ou à cet énorme gâteau de remerciement envoyé par un proche d’un malade Covid, une montagne de crème bleue piquée d’une ambulance Samu en pâte d’amande, avec stéthoscope, masque chirurgical, carte Vitale, boîte de pilules et même électroencéphalogramme en sucre glace ! Une douceur à l’âme. Entre deux vagues d’une vilaine tempête ».

Date de publication : 21 avril 2020