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Revue de presse santé psy – juin 2020

« Le confinement a poussé les Français à consommer plus d’alcool et de psychotropes »

Libération annonce en effet que « les résultats préliminaires d’une enquête internationale […] montrent que les Français ont davantage réparti leur consommation d’alcool durant le confinement, mais figurent parmi les plus forts utilisateurs d’anxiolytiques ».
Le journal explique que « la Global Drug Survey (GDS), enquête internationale menée depuis 2014 dans une trentaine de pays, s’est lancée ce printemps dans une édition exceptionnelle dictée par la pandémie. Objectif, selon Marie Jauffret-Roustide, chercheuse à l’Inserm et référente en France : «Examiner l’offre, les comportements, l’expérience des drogues et les politiques publiques» ».
Libération note que « 3 semaines après son lancement, [l’enquête] a déjà réuni plus de 40.000 participants. Les Allemands constituent la moitié des effectifs (19.000 personnes), mais la France, avec plus de 6000 répondants, représente la deuxième cohorte. L’enquête espère atteindre 100.000 participants et 10.000 en France d’ici la mi-juin. Les répondants français sont à 63% des hommes, et leur âge moyen s’élève à 28 ans ».
Le quotidien relève que « quelques spécificités françaises émergent d’ores et déjà. Ainsi, 56% des répondants disent avoir «vraiment bien vécu» la pandémie et les restrictions afférentes, contre 49% parmi les participants des autres pays. En revanche, le niveau de satisfaction à l’égard des décisions prises par les responsables politiques s’avère médiocre. Les Français leur décernent un 5/10, quand les Néo-Zélandais mettent 9/10 et les Allemands 8/10. Seuls les répondants britanniques (4/10) et brésiliens (0/10) sont plus sévères ».
Le journal indique que « Marie Jauffret-Roustide voit dans cet «effet miroir inversé» un paradoxe français, selon lequel une tradition protestataire et la mobilisation conséquente permettent, in fine, d’obtenir des mesures qui feraient traverser les périodes de crise relativement sereinement ».
Libération continue : « Quid des consommations durant le confinement ? Celle d’alcool semble avoir légèrement augmenté en nombre de jours de consommation dans la semaine, mais les conduites excessives de 5 verres ou plus en une occasion (binge drinking) ont, elles, régressé. Ainsi, 47% des répondants français ont augmenté («un peu» ou «beaucoup») leur nombre de jours de consommation d’alcool dans la semaine depuis le mois de mars. Pour 22% d’entre eux, il est resté stable, et il a baissé pour 31% des répondants ».
« Phénomène inverse pour les fois où une personne a consommé 5 verres ou plus en une seule occasion : 34% n’ont rien changé à leurs habitudes, 27% les ont augmentées, mais 37% ont réduit la fréquence de ces consommations excessives. Les raisons pour expliquer la prise d’alcool invoquent notamment l’ennui, le besoin de partager un moment de convivialité à la maison avec un membre de son entourage, mais aussi la volonté d’atténuer son stress », précise le quotidien.
Il remarque qu’« en ce qui concerne le cannabis, les tendances sont moins marquées que pour l’alcool à ce stade : 36% des usagers n’ont pas changé leurs habitudes, 37% ont augmenté le nombre de jours de consommation, et 27% ont diminué ».
Libération souligne enfin une « spécificité française » concernant « le recours aux benzodiazépines, les anxiolytiques, déjà largement consommés en temps normal. La pandémie n’a pas inversé la donne. […] 41% des Français ont augmenté leur consommation de ces produits psychotropes (c’est même la plus forte augmentation par rapport aux autres pays de l’enquête) durant la pandémie, 17% l’ont réduite, et 42% n’ont rien changé. Dans les autres pays, ces chiffres s’élèvent respectivement à 35%, 17%, et 48% ».

Date de publication : 3 juin 2020

 

 

« En psychiatrie, les internements forcés augmentent « de façon préoccupante » »

C’est ce que titre La Croix, qui indique qu’« un rapport de la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté […] dénonce des atteintes aux droits des patients en établissement spécialisé. Il s’inquiète d’un recours croissant à l’hospitalisation contrainte, par manque d’analyse critique et impératif sécuritaire ».
Le journal relève ainsi qu’« Adeline Hazan rend compte de ses visites dans les établissements et services hospitaliers consacrés à la santé mentale. Après 200 contrôles, le constat est lapidaire : «Aucun de ces établissements n’est totalement exempt d’atteintes aux droits de ses patients» ».
Le quotidien poursuit : « Des entraves à la liberté de circuler, au port obligatoire du pyjama et à la privation de téléphone, la liste est longue. Adeline Hazan émet 67 recommandations, et surtout, réclame une «réforme d’ampleur du système psychiatrique», taclant l’absence «de volonté politique de limiter l’hospitalisation sous contrainte» ».
La Croix souligne que les internements sans consentement« augmentent «de façon préoccupante, atteignant le quart des admissions et représentant 40% d’entre elles dans certains établissements», alerte le rapport. Parmi les 342.000 Français hospitalisés pour «troubles mentaux» en 2016, 80.000 en effet l’ont été contre leur gré ».
Le journal relève ainsi que « malgré ses engagements internationaux […], la France conserve une posture critiquée. La prise en charge française du handicap psychique «tente d’adapter le sujet à la société à la différence des Anglo-Saxons, qui seraient dans une adaptation de la société aux différents sujets», selon le rapport. Ainsi, le trouble à l’ordre public demeure un motif fréquent d’internement, qui peut d’ailleurs être réclamé par le préfet ».
La Croix rappelle qu’« en 2008, un fait divers amorce un véritable tournant sécuritaire dans la psychiatrie. Un schizophrène de l’hôpital de Saint-Égrève, à Grenoble, qui bénéficiait d’une permission de sortie, poignarde à mort un jeune étudiant. Quelques semaines plus tard, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, engage un vaste plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques : entrées contrôlées, dispositif de géolocalisation des patients, de vidéosurveillance également, création d’unités fermées et de chambres d’isolement… ».
Le quotidien remarque qu’« outre une mauvaise orientation des patients, due à un manque d’effectifs, une partie des admissions en psychiatrie traduit essentiellement des préoccupations sécuritaires. On interne sur la seule «présomption de dangerosité», une notion qu’Adeline Hazan juge «contraire aux principes fondamentaux du droit pénal français» et dont elle réclame la suppression ».
La Croix ajoute qu’« Adeline Hazan reproche aux psychiatres d’être peu enclins à l’analyse critique de leurs pratiques : «Ils sont dans leur immense majorité mus par la conviction que «c’est pour le bien du patient»», indique le rapport. «L’insuffisance de la réflexion collective a conduit à l’intériorisation de la contrainte par l’institution hospitalière» ».
« Contrainte qui serait nuisible dans bien des cas, source de crises psychotiques fréquentes et d’une stigmatisation encore plus importante des patients. Ainsi, si l’internement est parfois bien nécessaire, la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté réclame un recours plus fréquent aux alternatives en dehors de l’hôpital, à domicile ou dans des centres spécialisés », conclut le journal.
Dans un autre article intitulé « Crise de l’hôpital : les services de psychiatrie à bout de souffle », La Croix observe que « l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) appelle à rejoindre la journée de mobilisation nationale du personnel hospitalier. […] Le manque de moyens des unités hospitalières de psychiatrie est encore plus criant depuis la crise du coronavirus et le confinement ».

Date de publication : 17 juin 2020

 

 

« L’isolement et la contention en psychiatrie devront être contrôlés par un juge »

Pierre Bienvault s’interroge dans La Croix : « Comment mieux encadrer la pratique de l’isolement et de la contention en psychiatrie ? ».
Le journaliste fait savoir que « le Conseil constitutionnel a apporté, vendredi 19 juin, une réponse importante en demandant au législateur de prévoir que cette pratique puisse être à l’avenir soumise au contrôle d’un juge. Une décision immédiatement saluée par Adeline Hazan, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) ».
Celle-ci a déclaré que « le législateur est contraint d’agir dans les 6 prochains mois. Souhaitons qu’il mette cette occasion à profit pour s’emparer de l’ensemble de la question des droits fondamentaux des patients en soins sans consentement ».
Pierre Bienvault rappelle que « cela fait plusieurs années que divers rapports dénoncent la «banalisation» de l’isolement et de la contention. La pratique n’est certes pas illégale. Un psychiatre peut y avoir recours par exemple quand la maladie suscite un état d’agitation très important ou des accès de violence pouvant mettre en danger les soignants ou le patient lui-même. Pendant longtemps, ces pratiques sont restées dans un vide juridique assez large. Et c’est pour mieux les encadrer qu’a été votée la loi du 26 janvier 2016 ».
Le journaliste note qu’« en mars dernier, le Conseil constitutionnel a été saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), déposée par une personne ayant elle-même été hospitalisée à plusieurs reprises. Selon ce requérant, la loi du 26 janvier 2016 ne respecte pas l’article 66 de la Constitution, qui stipule que la protection de la liberté individuelle est confiée à l’autorité judiciaire. Et pour le Conseil constitutionnel, isoler ou attacher un malade constitue bien «une privation de liberté» ».
« Certes, précise-t-il, la loi fixe des conditions pour que l’isolement ou la contention, n’intervienne que «dans les cas où ces mesures sont adaptées, nécessaires et proportionnées à l’état de la personne qui en fait l’objet». Mais pour le Conseil constitutionnel, la liberté individuelle ne peut être tenue pour sauvegardée que si le juge intervient dans le plus court délai possible », continue Pierre Bienvault.
Le Conseil remarque que « si le législateur a prévu que le recours à isolement et à la contention ne peut être décidé par un psychiatre que pour une durée limitée, il n’a pas fixé cette limite ni prévu les conditions dans lesquelles au-delà d’une certaine durée, le maintien de ces mesures est soumis au contrôle du juge judiciaire ».
Pierre Bienvault indique que « le législateur a désormais jusqu’au 31 décembre pour organiser le contrôle par un juge de ces mises à l’isolement et en contention ».
Le journaliste relève que « le rapport dénonce aussi les conditions de séjour parfois «indignes» dans certaines chambres d’isolement ». Le document souligne : « Nombre d’entre elles ne disposent pas du confort minimal : absence d’accès libre 24 heures/24 à des toilettes qui soient installées dans un espace séparé du lit, avec une chasse d’eau en fonctionnement et du papier toilette. L’accès libre à un point d’eau n’est pas toujours non plus possible pour l’occupant ».

Date de publication : 22 juin 2020

 

Revue de presse santé psy – octobre 2020

« Cinq à 17 années de vie en moins pour les malades psychiatriques »

Pauline Fréour remarque en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, trouble bipolaire, dépression, anxiété, addictions… La sensibilisation aux difficultés rencontrées par les personnes souffrant de ces maladies mentales s’améliore doucement. Mais sait-on à quel point elles s’avèrent mortifères, notamment lorsqu’elles s’additionnent ? ».
La journaliste explique que « cette double peine apparaît très clairement dans les résultats d’une vaste étude danoise, publiée dans la revue World Psychiatry. Grâce à des registres nationaux d’enregistrement des pathologies de tous les Danois, les enquêteurs disposent de données à l’échelle d’une population entière, ce qui rend leurs statistiques particulièrement fiables ».
Pauline Fréour précise que « selon ces données récoltées de début 1995 à fin 2016, chaque année, 9 personnes sur 1000 se sont vu diagnostiquer une maladie mentale. Et à la fin des 22 années d’observation, 40% des malades psychiatrique identifiés présentaient au moins deux pathologies mentales ».
Oleguer Plana-Ripoll (Université d’Aarhus), auteur principal, indique que « cette étude montre qu’il est courant que les gens développent plusieurs maladies dans le temps, par exemple d’abord une dépression, puis de l’anxiété, ou le contraire. On sait qu’il existe des facteurs communs à différents troubles mentaux : des difficultés socio-économiques, un traumatisme, ainsi que des prédispositions génétiques ».
La journaliste souligne que « les implications en sont dramatiques : l’espérance de vie de ces patients est écourtée de 5 à 17 ans, selon les pathologies. Les schizophrènes vivent en moyenne 9 ans de moins que la population générale, les dépressifs ou bipolaires, 5 ans. La mortalité est particulièrement forte lorsque le patient psychiatrique souffre en sus d’une addiction ».
Le Pr Xavier Laqueille, chef du service d’addictologie à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), remarque ainsi que « le fait de prendre des substances psychoactives multiplie par 2 la mortalité des troubles mentaux, démences exceptées ».
Le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine pénitentiaire au CHU de Lille, ajoute que « les addictions et les troubles mentaux entretiennent des relations très dangereuses. Il arrive d’ailleurs parfois que la consommation de substances “masque” la pathologie mentale et retarde d’autant sa prise en charge ».
Pauline Fréour note que « l’étude danoise souligne à quel point il est essentiel de diagnostiquer et traiter le patient le plus tôt possible. […] Or il y a de grands progrès à faire ».
Le Pr Thomas rappelle en effet qu’« entre l’apparition des premiers symptômes d’un trouble mental et le début d’une prise en charge adaptée, il s’écoule en général 2 ans en France. À titre de comparaison, pour la sclérose en plaques, qui est aussi une maladie insidieuse, c’est 6 semaines ».
« En 2 ans, on a le temps de se marginaliser, d’arrêter ses études ou son travail, de perdre le contact avec sa famille… L’entrée en addiction survient souvent à ce moment-là, et au bout des 2 ans, la dépendance s’est bien ancrée. Pourtant, si l’on intervient tôt, on peut éviter la chronicité », souligne le spécialiste.

Date de publication : 5 octobre 2020

 

« Un peu de sport suffit à stimuler la mémoire »

Pascale Santi note en effet dans Le Monde : « Et si 15 minutes d’activité physique intensive favorisait la mémoire et l’acquisition de nouvelles compétences motrices ? C’est en tout cas ce que montre une étude de l’université de Genève (Unige), publiée dans Scientific Reports ».
La journaliste fait savoir que « les chercheurs ont demandé à un groupe de 15 hommes de 19 à 27 ans, en bonne santé, sportifs amateurs réguliers, de se soumettre à un exercice de mémoire. Un écran montrait 4 points placés les uns à côté des autres ; chaque fois que l’un d’entre eux se changeait en étoile, il fallait appuyer sur la touche correspondante, ceci afin de mesurer l’apprentissage des mouvements ».
« Puis ce même groupe a fait 15 minutes de vélo intensif (à 80% de leur fréquence cardiaque maximale), ce qui correspond à un effort en montée, ou 30 minutes à intensité modérée (sur du plat), ou est resté au repos. Ensuite, les mêmes personnes ont repassé le test de mémoire », précise Pascale Santi.
La journaliste constate que « la mémorisation était plus rapide après l’effort qu’avant, et encore plus après une activité soutenue. L’imagerie cérébrale montre un lien entre la rapidité des sujets et l’activation de l’hippocampe, zone-clé de la mémoire dans le cerveau, et du noyau caudé, une structure cérébrale intervenant dans les processus moteurs ».
Kinga Igloi, coauteure de ce travail, indique que « la mesure des endocannabinoïdes dans le sang le matin, puis après le sport, met en évidence que, plus ce taux est élevé, meilleures sont les performances cérébrales ». Blanca Marin Bosch, autre coauteure, précise ainsi que« les endocannabinoïdes se fixent sur les mêmes récepteurs que le cannabis, mais en concentration bien moindre, et sont impliqués dans la plasticité hippocampique ».
Pascale Santi relève qu’« une revue de la littérature scientifique menée par le Dr Peter Blomstrand, de l’université de Jönköping (Suède), publiée dans Translational Sports Medicine en août, qui recense 13 études, va dans le même sens. Elle confirme qu’une seule séance d’activité physique (marche, course, vélo), de 2 minutes à 1 heure, d’intensité modérée à élevée, suivie d’une brève récupération, a des effets positifs sur l’apprentissage, la mémoire, les fonctions cognitives liées à la concentration et l’attention des jeunes adultes de 18 à 35 ans. Ces effets positifs peuvent durer jusqu’à 2 heures après sa pratique ».
La journaliste note ainsi que « les effets bénéfiques de l’activité physique sur le cerveau sont bien documentés depuis plusieurs années. […] Bouger favorise la création de nouveaux neurones dans l’hippocampe, stimule la mémoire et retarde le déclin cognitif, améliore les apprentissages… sans compter l’impact positif sur l’humeur. Au vu de ces données, les implications sur la place de l’éducation physique et sportive dans le parcours scolaire pourraient être repensées ».
Pascale Santi souligne que « le but serait d’avoir des recommandations spécifiques, comme pour les personnes âgées, et de pouvoir répondre à la question : faut-il privilégier une longue marche ou une activité plus soutenue ? Identifier quels types d’activité et les moments les plus propices pourraient aider les élèves à améliorer leurs apprentissages et leur mémoire ».

Date de publication : 8 octobre 2020

 

 

« Le coronavirus a dopé les anxiolytiques et fait reculer la vaccination »

Solveig Godeluck remarque dans Les Echos : « Anxiogène, le confinement ? A n’en pas douter, à lire le quatrième rapport du groupement d’intérêt scientifique Epi-pharma sur la dispensation en ville, depuis le début de l’épidémie de coronavirus, de médicaments remboursés sur ordonnance, publié vendredi dernier par l’Assurance-maladie et l’Agence du médicament ».
La journaliste explique en effet que « les spécialités de santé mentale ont été dévalisées ces 6 derniers mois. Dans le même temps, les ventes de nombreuses catégories de médicaments dégringolaient, signant un inquiétant recul de l’accès aux soins ».
« Globalement, la délivrance et l’utilisation de produits qui nécessitent une administration par un professionnel de santé ont plongé », poursuit-elle.
Les auteurs écrivent que « cet effondrement de la consommation sur toute la période du confinement et après ne fait pas l’objet d’un rattrapage à ce jour », et ce retard « ne pourra pas être comblé en 2020 ».
Solveig Godeluck note que « pour limiter la casse, ils suggèrent de mettre en place «une programmation à moyen et long terme», «voire une adaptation de certaines indications à une offre de soins nécessairement plus réduite» ».
La journaliste précise que « du 16 mars jusqu’au 13 septembre, il s’est écoulé 1,1 million d’anxiolytiques et 480.000 hypnotiques en sus des volumes attendus. Les instaurations de traitements pour de nouveaux patients ont crû de 5% et 3% pour ces deux classes thérapeutiques. Durant la première semaine du confinement, les Français se sont littéralement jetés sur ces médicaments, avec une hausse de 20% de la consommation d’antidépresseurs – suivie d’une légère chute la semaine suivante. Après le déconfinement, l’usage des anxiolytiques et des hypnotiques s’est maintenu à des niveaux élevés ».
« A l’inverse, les ventes de patchs et autres substituts nicotiniques ont décroché de 30% la deuxième semaine de confinement. Elles demeuraient inférieures de 17% aux volumes attendus durant la première quinzaine de septembre. L’angoisse de l’enfermement, puis la crise économique et sociale qui s’installe, semblent avoir découragé les fumeurs qui étaient nombreux depuis 2 ans à vouloir décrocher du tabagisme », relève Solveig Godeluck.
La journaliste souligne en outre que « les auteurs pointent la forte sous-consommation de traitements «nécessitant une administration par un professionnel de santé» comme le traitement de la dégénérescence maculaire de l’œil, les endoscopies, les scanners et IRM ».
Elle explique que « l’accès aux médecins a en effet été réduit pendant le confinement, et les consultations ont été prises d’assaut par la suite. Cela se traduit à présent par une «chute non rattrapable» des diagnostics pour «certains cancers ou maladies graves en poussée», s’inquiètent les auteurs ».
Solveig Godeluck relève qu’« alors que les déprogrammations de soins viennent de reprendre dans les hôpitaux franciliens et dans d’autres régions, les patients risquent d’être de plus en plus nombreux à découvrir leur cancer trop tard ».
Les auteurs du rapport soulignent par ailleurs que « le retard observé en termes de vaccination sera difficilement comblé en 2020 ».
La journaliste précise ainsi que « la consommation du ROR (rougeole-oreillons-rubéole) a diminué de 130.000 doses, celle du vaccin contre le papillomavirus de 150.000 doses, celle du vaccin contre le tétanos de 620.000 doses. Les vaccins polyvalents, désormais obligatoires pour le nourrisson (diphtérie-tétanos-polio-coqueluche-haemophilus-hépatiteB), ont un peu moins chuté, avec 40.000 doses en moins ».
Solveig Godeluck note enfin que « les malades chroniques, bénéficiant d’un traitement au long cours contre l’épilepsie, le diabète, l’insuffisance cardiaque, etc., ont maintenu leur consommation de médicaments. Pendant le confinement, ils ont pu renouveler leur traitement avec des ordonnances périmées, et consulter leur médecin à distance. Sans cela, le renoncement aux soins aurait probablement pris d’autres proportions ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« On ne dort pas tout au long de la vie pour les mêmes raisons »

Tristan Vey note dans Le Figaro : « C’est une question que l’on se pose peu, alors que la réponse n’a rien de trivial : pourquoi diable dort-on ? La réponse évidente, «pour se reposer», ne dit pas grand-chose. S’il s’agissait simplement de ménager le corps pour lui laisser le temps de se régénérer, il suffirait de s’allonger. Et puisque la perte de conscience temporaire inhérente au sommeil nous place dans une situation de vulnérabilité extrême, elle ne devrait avoir aucun intérêt sur le plan évolutif. Il est pourtant démontré chez le rat, le chien, la drosophile ou l’homme qu’une privation de sommeil prolongée… peut tuer ».
Le journaliste rappelle que « les neuroscientifiques ont identifié à ce jour deux grandes fonctions biologiques du sommeil : l’organisation des neurones (pour trier les souvenirs, consolider la mémoire et les apprentissages) et l’évacuation des toxines qu’ils produisent ».
« Il est dès lors possible de faire cette hypothèse : c’est parce que nous emmagasinons trop d’informations et produisons trop de déchets métaboliques pendant nos phases d’éveil qu’il est nécessaire de prendre ces moments de «pause» pour faire du ménage et du rangement », continue Tristan Vey.
Mélanie Strauss, professeur associée de neurologie à l’Université libre de Bruxelles, remarque qu’« il y aurait un phénomène de saturation en phase d’éveil. C’est l’hypothèse de l’homéostasie synaptique  : on accumule des synapses (zones de contact fonctionnel entre deux neurones, NDLR) et des métabolites (déchets) lorsqu’on est éveillé, et les phases de sommeil permettent d’effacer une partie de ces connexions, d’en renforcer certaines et d’évacuer les toxines ».
Tristan Vey explique que « cette vision est en particulier défendue par Van Savage, professeur à l’université de Californie à Los Angeles, qui établit depuis une dizaine d’années des modèles mathématiques «métaboliques» pour tenter d’expliquer le temps passé à dormir (ou à veiller) ».
« Le temps de veille serait proportionnel aux quantités de stimuli auxquels nous sommes exposés et aux déchets que nous produisons. De la même manière, le temps de sommeil serait proportionnel au nombre d’informations triées et de déchets évacués. Comme il doit par ailleurs y avoir une forme d’équilibre entre quantité de déchets produits et évacués d’une part, et informations enregistrées et triées d’autre part, cela permet d’établir une relation entre temps de veille et temps de sommeil », continue le journaliste.
Il ajoute que « l’efficacité «métabolique» de la réorganisation ou du nettoyage dépendrait enfin de la taille du cerveau, quand la quantité de stimuli enregistrés dépendrait plutôt de la taille du corps ».
Tristan Vey note que « ce sont ces modèles de temps de veille et de sommeil en rapport avec la taille du cerveau et du corps que Van Savage a appliqué à la croissance du cerveau humain, dans une étude parue en septembre dans Science Advances. Les modèles «mé­taboliques» ont été alimentés avec des données récoltées dans une soixantaine d’études portant sur la taille du cerveau en fonction de l’âge, des quantités de temps passés en sommeil et en éveil en fonction de l’âge, des proportions de sommeil lent et paradoxal, etc. ».
Le journaliste retient que « les modèles parviennent très bien à reproduire les temps de sommeil et de veille constatés, pour peu que l’on bascule entre 2 et 3 ans (à 2,4 ans exactement) d’une période de la vie où le sommeil sert principalement à l’organisation et à la construction des réseaux neuronaux à une deuxième phase où les opérations de nettoyage et de maintenance prennent le pas. Cela n’est pas absurde, dans la mesure où le cerveau atteint déjà 90% de sa taille adulte à cet âge ».
Karen Pruyt, spécialiste du sommeil au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS/Université Lyon 1), observe que« cela correspond aussi à une période où l’enfant devient plus indépendant, que ce soit au niveau du langage, des émotions ou de la cognition. C’est assez joli de se dire qu’un modèle trouve naturellement une transition dans la fonction du sommeil à ce moment ».

Date de publication : 12 octobre 2020

 

 

« Psychiatrie : une nouvelle loi pour attacher et isoler certains malades »

Eric Favereau note dans Libération : « C’était une belle occasion pour en débattre, du moins pour s’interroger sur des pratiques de plus en plus étendues en psychiatrie : la contention […] et l’isolement. Le Conseil constitutionnel a, en effet, rendu un avis très ferme l’été dernier : faute de la présence d’un juge, les recours à l’isolement et la contention seront interdits. Les sages donnent au gouvernement jusqu’à la fin 2020 pour définir un cadre juridique, faute de quoi l’interdiction entrera en vigueur ».
Le journaliste remarque que « curieusement, cet avis de la haute juridiction n’a donné lieu à aucun débat, aucun échange, aucun témoignage. Comme si cette question ne méritait pas qu’on s’y attarde. Et bizarrement, c’est dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) que se sont glissés quelques articles de loi pour fixer les nouvelles règles ».
« Cette absence de discussion est d’autant plus dommageable que ces dites pratiques sont pour le moins problématiques », continue Eric Favereau.
Le journaliste rappelle qu’« en France, ces méthodes sont présentes un peu partout, se sont développées discrètement dans le silence des hôpitaux, loin des regards extérieurs, et se sont «banalisées», comme le déplorait Adeline Hazan, ancienne contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ».
« Dans son rapport annuel, elle dénonçait, avec inquiétude, une sorte de recours habituel à ces mesures dès lors qu’il y avait un peu de tension dans un service. […] Ainsi, on attache, on isole, on referme la porte, et dans certains cas cela peut durer des jours, voire des semaines », observe Eric Favereau.
Adeline Hazan soulignait : « Ce qui est impressionnant, c’est que dans un même hôpital psychiatrique, un service pouvait y avoir recours de façon massive, et juste à côté un autre service ne jamais s’en servir. C’est de fait très arbitraire, et c’est bien cela qui nous interroge ».
Le journaliste note que de leur côté, « des associations de malades pointaient le caractère «violent» et «destructeur» de ces pratiques pour le malade. «Etre attaché ou isolé… Le malade le prend comme une punition», notait, avec effroi, Tim Greacen, représentant des usagers. Quant au personnel soignant, souvent dépassé, souvent seul face à des situations délicates, il mettait en avant l’absence cruelle de moyens pour justifier l’usage de ces mesures ».
Eric Favereau explique que « dans le PLFSS, le gouvernement a donc glissé un article 42, pour fixer de nouvelles règles. D’abord le cadre : «L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision motivée d’un psychiatre et uniquement de manière adaptée, nécessaire et proportionnée au risque après évaluation du patient. Leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin et tracée dans le dossier médical» ».
Le journaliste note que « sur la durée, la mesure d’isolement est prise pour une durée de 12 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 12 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 48 heures.» Quant aux mesures de contention, elles ne doivent être que de 6 heures. «Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée par périodes maximales de 6 heures dans les mêmes conditions et selon les mêmes modalités, dans la limite d’une durée totale de 24 heures» ».
Le texte précise qu’« à titre exceptionnel, le médecin peut renouveler, au‑delà des durées maximales prévues aux deux alinéas précédents, la mesure d’isolement ou de contention, dans le respect des autres conditions prévues aux mêmes alinéas. Le médecin informe, alors, sans délai le juge des libertés et de la détention, qui peut se saisir d’office pour mettre fin à la mesure. En cas de saisine, le juge des libertés et de la détention statue dans un délai de 24 heures ».
Eric Favereau de conclure : « Est-ce que cela va éviter les dérapages et le recours parfois bien systématiques à ce type de mesures ? […] On peut craindre que le manque de personnels ne serve d’argumentations pour le maintien de ces méthodes… bien peu hospitalières ».

Date de publication : 13 octobre 2020

 

 

« Quand la musique est bonne… pour le cerveau »

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « les progrès des neurosciences ces 30 dernières années ont permis de préciser les effets [de la musique] sur le cerveau. Grâce à l’émergence de l’imagerie par résonance magnétique, les chercheurs ont pu mettre en évidence les modifications induites par une pratique intensive de la musique ».
Le Pr Hervé Platel, neuropsychologue à l’université de Caen, « un des premiers chercheurs en France à avoir utilisé les techniques de neuro-imagerie pour étudier les effets de la musique sur le cerveau », précise ainsi : « Lorsque vous pratiquez une activité, que ce soit jongler ou jouer d’un instrument de musique, cela modifie certaines zones du cerveau. Chez un musicien, les milliers d’heures d’entraînement vont avoir un impact sur les aires auditives ou encore celles qui permettent la maîtrise de l’instrument. Les modifications sont structurales. C’est-à-dire une transformation du cerveau en tant qu’organe, avec une augmentation de neurones et d’épaisseur corticale et une augmentation des fibres de connectivité (la substance blanche) ».
Anne Prigent relève en outre que « des travaux comportementaux se sont intéressés aux effets de l’apprentissage musical sur les performances intellectuelles et scolaires. La plupart des études menées observent une amélioration de la mémoire de travail ou encore de l’attention, ce qu’on appelle les fonctions exécutives ».
La journaliste note qu’« une toute récente étude, publiée sur le site Frontiers in Neuroscience, a confirmé cet effet positif. Et, grâce à l’IRM fonctionnelle, ils ont pu mettre en évidence une activation plus importante de certaines aires cérébrales connues pour être associées à la lecture ou encore à la créativité chez les enfants pratiquant la musique. Plus les enfants avaient commencé tôt leur apprentissage de la musique, plus les effets étaient prononcés tant au niveau comportemental qu’au niveau neuronal ».
Le Pr Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive à Dijon, remarque ainsi que « cette étude confirme qu’il y a une corrélation positive entre le fait de pratiquer de la musique et des performances cognitives ou académiques. Maintenant, la question est de savoir si c’est un lien causal ou corrélationnel ».
Anne Prigent s’interroge : « Est-ce que la musique «sculpte» le cerveau pour le rendre plus performant ou est-ce qu’elle va seulement révéler les prédispositions de ce cerveau ? ».
Le Pr Bigand répond que « c’est sans doute un mélange des deux. L’enfant qui a une petite prédisposition va voir ses compétences amplifiées par la pratique de la musique. C’est ce que nous appelons un cercle vertueux ».
La journaliste note que le spécialiste « précise qu’il est cependant complètement faux de penser que pratiquer un instrument de musique rend plus intelligent. Certes, apprendre le solfège, maîtriser un instrument, se synchroniser avec d’autres musiciens va stimuler de nombreuses parties du cerveau mais pas forcément de manière définitive ».
Anne Prigent continue : « Si la musique ne rend pas plus intelligent, ses effets bénéfiques sont incontestables. Et notamment pour le cerveau malade. La musique va en effet favoriser la plasticité neuronale car son écoute engage la quasi-totalité du cerveau. Les régions qui s’activent couvrent les zones de décodage auditif, les zones motrices qui donnent envie de taper du pied ou de danser, les zones cérébrales de l’émotion et du circuit de la récompense, ou encore des zones proches de celles du langage. […] Grâce à ses liens avec la motricité, la musique peut être utilisée pour rééduquer des troubles moteurs ».
La journaliste note enfin que la musique « active le circuit de la «motivation-récompense» ».
Le Pr Bigand explique ainsi que « la musique se révèle un formidable outil pour faire entrer dans un processus de rééducation des patients ayant fait un AVC et aphasiques ou atteints de la maladie d’Alzheimer et apathiques. Bien sûr, elle ne va pas guérir mais peut aider à améliorer les symptômes, et c’est déjà beaucoup ».

Date de publication : 26 octobre 2020

 

 

Revue de presse santé psy – septembre 2020

« Des étudiants infirmiers et sages-femmes dénoncent les violences de l’hôpital »

Le Monde constate en effet : « Agressions verbales, humiliations, malveillance… Sur les réseaux sociaux, des étudiants en santé, en particulier issus des écoles d’infirmières et de sages-femmes, racontent les traumatismes vécus pendant leurs stages en milieu médical ».
Le journal livre notamment le témoignage de « Clotilde, 21 ans, [qui] se souvient qu’on lui a tendu un plateau, dans les couloirs de la clinique de Seine-Maritime où elle réalise son premier stage d’infirmière. «Tiens, va le donner à la patiente», lui demande un collègue. A son entrée dans la chambre, l’étudiante découvre le corps inerte de la dame. Quand Clotilde ressort, très secouée, elle est accueillie par les mines hilares de ses encadrants infirmiers, qui guettaient sa sortie ».
La jeune femme remarque : « Ils avaient fait exprès de m’y envoyer sans me prévenir. Ils étaient bien contents de leur “blague”, alors que la patiente était morte, depuis déjà longtemps. J’avais 18 ans, c’était ma première confrontation à la mort ».
Le Monde note que « cet événement traumatisant, Clotilde s’est décidée à le raconter publiquement sur Twitter lorsqu’elle a vu le mot-dièse #balancetonstage prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux depuis le 5 septembre ».
Le quotidien explique qu’« initialement créé cet été par trois étudiants de l’Ecole de management de Lyon pour dénoncer le sexisme en entreprise, le mot-dièse a été massivement repris par des étudiants en santé ces derniers jours – élèves en écoles d’infirmiers, d’aides-soignants, de sages-femmes principalement – pour raconter des violences vécues sur leur lieu de stage, qu’elles soient verbales, physiques, sexistes ou psychologiques ».
« Depuis ce week-end, plusieurs centaines de témoignages ont fleuri, venant de jeunes ébranlés par leurs premiers pas dans la vie professionnelle à l’hôpital, en clinique ou en maison de retraite, victimes de petites humiliations mais aussi de harcèlement moral », continue le journal.
Le Monde souligne que « ces comportements en milieu hospitalier ne sont pas nouveaux. Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes et secrétaire générale de l’Ordre des sages-femmes, se souvient qu’il y a 30 ans, lorsqu’elle était étudiante, son quotidien était émaillé de paroles brutales et d’agressions ».
La responsable note ainsi que « les mains aux fesses dans le bloc opératoire, c’était la norme. […] Je regrette que la réalité du XXe siècle soit la même que celle du XXIe. J’ai lu des témoignages terribles sur Twitter, et je suis trop bien placée pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un fantasme étudiant, mais d’une réalité inacceptable ».
Le Monde évoque cette « forme de libération de la parole. «On est passé de la loi du silence à la loi du hashtag. Il faudra aller plus loin», poursuit Isabelle Derrendinger. Car la tâche reste plus facile sur les réseaux sociaux que dans les écoles de formation, où la parole est «verrouillée», estime Vincent Opitz, vice-président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) ».
Ce dernier déclare que « les étudiants s’expriment peu, de peur des représailles. Et quand ils en parlent, on leur répond trop souvent de prendre sur eux ».
Le Monde relève cependant que « les enquêtes de syndicats ont fleuri pour quantifier ces dérives. Dans une étude menée par la FNESI en 2017, 78% des étudiants infirmiers déclaraient se sentir stressés «tout le temps ou souvent» et 40% se disaient victimes de harcèlement. En 2018, un tiers des étudiants sages-femmes interrogées exprimaient un sentiment de «maltraitance» de la part de leur équipe pédagogique, dans une enquête de l’Association nationale des étudiants sages-femmes ».
Le journal souligne en outre que « les conséquences sur la santé peuvent s’avérer désastreuses pour les étudiants. Lorsqu’elle était en deuxième année d’école d’infirmière, « Dame Gertrude » (son pseudo sur Twitter), 23 ans, se souvient d’un stage traumatisant qui l’a rendue littéralement malade : vertiges, tremblements, insomnies, perte d’appétit… ».
Elle déclare : « Une pomme me faisait trois jours. Et ce pont que je traversais chaque jour, je me disais qu’il pouvait me permettre d’abréger ma souffrance ».
Le quotidien précise qu’« à la suite d’une alerte de la médecine du travail, elle est mise en arrêt maladie. Le terrain de stage reste désormais fermé aux étudiants, dans l’attente d’une «charte de bientraitance» ».
Le Monde note que « Martine Sommelette [pésidente du Cefiec, association qui fédère les directeurs d’écoles d’infirmières] rappelle que les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les soignants font un «travail énorme pour que les étudiants évoluent dans des situations favorables». Il est d’ailleurs important de souligner qu’un stage peut très bien se passer et que certains tuteurs sont d’excellents pédagogues. […] Dans des services où le soin et la relation au patient se dégradent, difficile par ailleurs de dégager du temps pour l’accompagnement des étudiants. […] La crise sanitaire a pu, à de nombreux égards, aggraver la situation, avec des professionnels qui accumulent la fatigue, parfois dans de mauvaises conditions. Et plus le travail est accablant, plus la violence se faire sentir », continue le journal.

Date de publication : 10 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques prescrits contre l’autisme, l’Agence du médicament saisit la justice »

La Croix fait savoir que « l’Agence du médicament (ANSM) a signalé à la justice le cas de médecins prescrivant des antibiotiques ou des traitements inadaptés à des enfants autistes, exposant ces derniers à des effets indésirables. C’est l’association SOS Autisme qui avait signalé ces comportements via une procédure de lancement d’alerte ».
L’ANSM indique ainsi : « Alertée sur la prescription par certains médecins de médicaments en dehors de leurs autorisations de mise sur le marché pour traiter des enfants atteints d’autisme, [l’agence] déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».
La Croix explique que « les pratiques incriminées concernent la prescription «sur de longues durées (plusieurs mois)» de «médicaments anti-infectieux» (antibiotiques, antifongiques, antiparasitaires, antiviraux) et de «chélateurs de métaux lourds», des substances censées éliminer les métaux lourds de l’organisme, dont l’utilisation n’est recommandée qu’en cas d’intoxication avérée ».
« Informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, l’agence a recueilli notamment des témoignages de parents et des ordonnances qui font état de ces prescriptions », continue le journal.
Il ajoute qu’« après enquête interne, l’ANSM a informé le procureur de la République cet été, ainsi que l’Ordre des médecins et des pharmaciens, responsables du respect des règles de déontologie par leurs membres, ainsi que la Caisse nationale d’Assurance maladie ».
La Croix note en outre qu’« Olivia Cattan, qui s’apprête à publier un livre pour dénoncer ces pratiques, va elle aussi déposer plainte auprès du procureur de la République. […] Elle déclare avoir également alerté les Ordres des médecins et des pharmaciens ».
Elle remarque ainsi : « On voudrait vraiment que ça aille en justice et que ces médecins soient radiés. Les parents, dans une impasse thérapeutique, se font avoir et jettent leur argent dans des «protocoles» pas prouvés scientifiquement ».
Le quotidien ajoute que « selon Olivia Cattan, une cinquantaine de médecins seraient concernés, dans la mouvance de l’association Chronimed, fondée par le controversé Pr Luc Montagnier, et auraient traité quelque 5000 enfants depuis 2012 ».
Philippe Vella, de l’ANSM, souligne pour sa part que « les troubles du spectre de l’autisme constituent un syndrome neuro-développemental pour lequel il n’y a pas de traitement médicamenteux curatif. Nous souhaitons avant tout envoyer un message aux familles dans le désarroi, potentiellement vulnérables, pour les alerter : on expose ces enfants aux effets indésirables connus de traitements pour lesquels les bénéfices n’ont pas été prouvés ».

Date de publication : 16 septembre 2020

 

 

« Antibiotiques pour « guérir » l’autisme : ouverture d’une enquête ouverte pour « mise en danger d’autrui » »

Le Monde indique en effet que « saisi cet été par l’Agence du médicament (ANSM) du cas de médecins prescrivant à des enfants autistes des antibiotiques ou des substances censées éliminer les métaux lourds, le parquet de Paris annonce qu’une enquête a été ouverte ».
Le journal précise que « le pôle santé publique du parquet a ouvert cette enquête le 11 septembre pour «mise en danger de la personne d’autrui» et «infractions tenant à la réalisation de recherches impliquant la personne humaine». […] Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ».
Le quotidien rappelle que « mardi, l’ANSM avait annoncé avoir saisi cet été le procureur de Paris de ces pratiques de prescriptions dangereuses. L’agence en avait elle-même été informée fin 2019 via sa procédure de lancement d’alerte par la présidente de l’association SOS Autisme, Olivia Cattan, et a, depuis, notamment recueilli des témoignages de parents et des ordonnances faisant état de ces prescriptions ».
L’ANSM a fait savoir qu’elle « déconseille formellement ces utilisations pour lesquelles ces médicaments n’ont fait aucune preuve de leur efficacité et qui exposent ces enfants à des risques, en particulier lors d’une utilisation prolongée ».

Date de publication : 18 septembre 2020

 

 

« La science perd-elle la raison ? »

C’est ce que se demande Libération, qui observe qu’« universitaires, journalistes et vulgarisateurs s’écharpent sur l’usage de la science dans l’espace public. Chacun avance l’argument de la raison pour peser sur des questions sanitaires et environnementales ».
Le journal relève ainsi : « Un interlocuteur qui souhaite ne pas répondre pour s’épargner des pressions, un autre qui rapporte une tentative d’accusation de harcèlement sexuel à son encontre, des empoignades sur les réseaux sociaux et des prises de becs par billets de blogs interposés… le cadre de ces petits meurtres entre amis ? Rien d’autre que le train-train habituel de la recherche scientifique française ».
« Plus précisément, celui des «rationalistes», une petite communauté d’acteurs du monde de la science peu connue du grand public mais dont les luttes internes peuvent avoir des répercussions dans la vie des Français. Il suffit pour mesurer le niveau de tensions de voir le cyclone de réactions qu’a fait naître, avant même sa parution, le livre des journalistes du Monde Stéphane Foucart et Stéphane Horel et du sociologue Sylvain Laurens, « Gardiens de la raison. Enquête sur la désinformation scientifique ». Journalistes, scientifiques et vulgarisateurs y ont trouvé là une nouvelle occasion de s’écharper sur l’appropriation de la parole scientifique dans le débat public »,constate Libération.
Le journal rappelle que « la querelle n’est pas nouvelle. En 2019, c’est la publication de la tribune du collectif No Fake Science dans le quotidien libéral l’Opinion qui met le feu aux poudres. Proclamant que «la science ne saurait avoir de parti pris», les quelque 250 signataires du texte exposent des thématiques faisant, selon eux, l’objet d’un consensus scientifique et sur lesquelles le débat devrait être considéré comme scientifiquement clos ».
« Outre un rappel sur les bénéfices de la vaccination ou le manque de preuves sur l’efficacité des produits homéopathiques, l’appel écrit que «les différentes instances chargées d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent comme improbable qu’il présente un risque cancérigène pour l’homme». Ou encore : «Le fait qu’un organisme soit génétiquement modifié (OGM) ne présente pas, en soi, de risque pour la santé.» Deux affirmations assenées avec aplomb mais qui ne font pourtant pas l’unanimité scientifique. De quoi faire bondir une partie de la communauté de chercheurs », remarque le quotidien.
Libération continue : « Ce clivage autour de la rationalité scientifique, que l’on se figure neutre, objective et indiscutable, pose en creux une vaste question : «Qui peut prétendre parler au nom de la science ? Et qu’est-ce que la « bonne science » ? Qu’est-ce qu’un consensus scientifique ?» C’est là le cœur du problème : un énoncé scientifique ne peut jamais être vérifié avec une certitude absolue ».
« Interrogations brûlantes dès lors qu’il s’agit de statuer sur le degré d’implication de l’activité humaine dans le réchauffement climatique ou l’efficacité d’un traitement face à une maladie. Débat d’autant plus explosif que la pandémie a développé l’intérêt du grand public pour les sciences ainsi que son instrumentalisation par les politiques », observe le journal.

Date de publication : 24 septembre 2020

 

Revue de presse santé psy – avril 2019

 

« Covid-19 : le cri d’alerte des psychiatres pour leurs patients laissés pour compte »

Le Parisien

Le Parisien publie une tribune dans laquelle « une centaine de médecins s’inquiètent du sort des 12 millions de personnes souffrant de troubles psychiques, très perturbés par le confinement et qui consultent beaucoup moins ».
Le journal note ainsi : 
« «Ce sont les grands oubliés de la crise.» Marion Leboyer le répète, elle est extrêmement inquiète. En pleine épidémie de coronavirus, cette professeure de psychiatrie à l’université Paris-Est Créteil fait le même constat que ses confrères. Un plan blanc pour les hôpitaux, un plan bleu pour les Ehpad et rien pour la psychiatrie ». La psychiatre déclare : « On craint une vraie perte de chances pour les malades ».
Le Parisien explique que 
« la Fondation FondaMental, dédiée aux pathologies mentales qu’elle dirige, lance un appel à l’aide. […] Sa tribune, signée par une centaine de médecins et d’associations, réclame plus d’attention à l’égard de cette population fragile et souvent stigmatisée. Elle doit, disent-ils, être considérée parmi les plus à risque d’être atteinte par le Covid-19 et de développer des formes graves de la maladie ».
« Car parmi les 12 millions de Français, atteints de troubles anxieux, de l’humeur, de troubles psychotiques, schizophréniques, autistiques, un certain nombre peut avoir des difficultés à bien respecter les règles de confinement et les gestes barrière à cause de problèmes de concentration ou d’altération de la mémoire. Ils présentent aussi deux fois plus de pathologies physiques, comme des troubles cardio-vasculaires ou respiratoires, que la population générale »,
 souligne le quotidien.
Le journal observe que 
« l’urgence est là d’autant que la réalité du terrain interpelle. «Où sont nos patients ?» reprend Marion Leboyer. Les urgences psy ? Moins fréquentées. Les unités Covid ouvertes pour ces malades dans les hôpitaux ? A moitié vides ».
Le Parisien remarque que 
« si les malades ne se déplacent pas, c’est sans doute par peur du virus », le Dr Corentin Rabu, responsable d’un service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), relevant : « Ils craignent probablement d’être contaminés à l’hôpital et l’accès aux soins leur paraît plus compliqué à l’heure où les médecins sont débordés par l’épidémie ».
Le journal indique que le psychiatre 
« distingue deux groupes de patients. Le premier peut attendre de voir un psychiatre. Le deuxième, au contraire, a besoin de soins urgents. D’autant qu’en cette période anxiogène, leurs troubles psychiques risquent de s’aggraver ».
Le Dr Rabu souligne ainsi que 
« les patients souffrant de dépression ont déjà beaucoup de mal à demander de l’aide. S’ils pensent que c’est plus difficile aujourd’hui, ils risquent de ne pas le faire ».
Le Parisien précise : 
« La crainte, une hausse du nombre de suicides », et cite Rachel Bocher, chef d’un service de psychiatrie au CHU de Nantes : « Si vous êtes en difficulté psychique ou si vous avez des symptômes du virus, n’attendez pas [pour consulter] ».

Date de publication : 9 avril 2020

« Covid-19 : l’occasion de reconsidérer la fin de vie dans la dignité ? »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui livre une tribune sur le sujet, rédigée par Martin Winckler, médecin, écrivain, président du Comité d’honneur du Choix, citoyens pour une mort choisie, Denis Labayle, médecin hospitalier, écrivain, coprésident de l’association, et Bernard Senet médecin généraliste, membre du collège décisionnel de l’association.
Les signataires écrivent que 
« le Rivotril, dont la délivrance vient d’être autorisée en pharmacie, évite aux personnes agonisant en ville et dans les Ehpad de mourir dans les souffrances de l’asphyxie. La précipitation dans laquelle cette autorisation a été accordée serait-elle le signe que la pandémie amène enfin à reconsidérer les problèmes de la maladie et de la souffrance à la fin de l’existence ? ».
Ils poursuivent : 
« L’infection au Covid-19 n’aura pas fini de mettre en lumière nos erreurs et nos manques de réflexion en matière sanitaire. Cette politique de l’autruche ne date pas d’aujourd’hui, ni même d’hier, mais d’avant-hier. Trop longtemps nous avons fait confiance aux technocrates et aux idéologues libéraux de la santé ».
« Après le manque de soignants par le blocage du numerus clausus (1971), après la diminution drastique des lits d’hospitalisation au nom d’une vision mercantile (moins de 40% de lits en 50 ans), nous découvrons le manque possible de médicaments du fait de la course au profit maximum des entreprises pharmaceutiques qui ont délocalisé leur production », 
ajoutent les trois médecins.
Ils relèvent : «
 Le décret que vient d’émettre le Premier ministre, le 28 mars, autorisant la vente en pharmacie du Rivotril intraveineux, a pour objectif d’éviter aux personnes agonisant en ville et dans les Ehpad de mourir dans les souffrances cruelles de l’asphyxie. Même si ce décret limite dans le temps l’autorisation de l’emploi du Rivotril intraveineux, il est une reconnaissance officielle de l’aide médicale à mourir. Ce que beaucoup réclament depuis des années. Il est temps de reconnaître la valeur éthique et humaine des médecins qui ont le courage d’éviter à leur patient une agonie inutile et douloureuse ».
« Toutefois, par la précipitation dans lequel il a été élaboré, ce texte ministériel pose trois problèmes de fond. Tout d’abord, où est la collégialité nécessaire à une telle décision ? La loi Claeys-Leonetti n’a rien précisé sur ce point essentiel. […] Ensuite, la limitation du décret dans le temps. Pourquoi ce qui est considéré comme une solution humaine un jour ne le serait pas demain ? […] Enfin, il manque dans ce décret l’élément essentiel : le choix du malade ou l’avis de la personne de confiance. Pourquoi refuse-t-on que «les directives anticipées» soient un véritable testament, laissant à chacun la liberté de choisir sa fin de vie ? », 
poursuivent les signataires.
Ils s’interrogent : 
« Une fois éloignée, la pandémie au Covid-19 va-t-elle nous amener à reconsidérer autrement les problèmes de la maladie, de la souffrance, de la fin de vie ? Nos hommes politiques vont-ils enfin ouvrir les yeux sur ces erreurs et ces manquements que nous avons été nombreux à dénoncer depuis longtemps ? […] ».

Date de publication : 9 avril 2020

« L’impact inquiétant du confinement sur l’état psychologique des Français »

Le Figaro

Soline Roy s’interroge dans Le Figaro : « Les Français sortiront-ils indemnes sur le plan psychique du long confinement qui, depuis la mi-mars, s’impose à eux ? Si l’aréopage d’experts qui conseillent le gouvernement dans la lutte contre l’épidémie ne comporte pas de psychiatre, ces derniers n’ont pas manqué de s’emparer du sujet. Et leurs premières conclusions dessinent un tableau inquiétant… ».
La journaliste souligne que 
« les Français comprennent la nécessité du confinement, et le besoin de le prolonger. Mais ils en souffrent : 74% des adultes rapportent des problèmes de sommeil dont la moitié est apparue avec le confinement, et 37% présentent des signes de détresse psychologique, selon la deuxième vague (mesurée fin mars-début avril) de l’enquête Coconel, menée par un consortium de chercheurs (UMR Vitrome, Marseille, Centre d’investigation clinique Cochin-Pasteur, Paris, École des hautes études en santé publique, Rennes et Observatoire régional de la santé SudProvence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille) sur un panel Ifop d’un millier de Français ».
Ces chercheurs soulignent :
 « La comparaison avec les dernières données collectées en population générale en 2017 suggère une nette dégradation de la santé mentale au cours du confinement. Cette situation est d’autant plus inquiétante que (…) beaucoup de patients renoncent à consulter un médecin du fait du confinement. Si cette situation perdure encore plusieurs semaines, elle pourrait favoriser la survenue de pathologies psychiatriques sévères, et un rebond de la demande de soins en levée de confinement, auquel il convient de se préparer ».
Le Pr Nicolas Franck, psychiatre au Centre hospitalier Le Vinatier (Lyon), explique pour sa part que 
« le niveau de bien-être mental a été altéré dès la deuxième semaine de confinement. Cela peut préfigurer le développement de troubles mentaux chez les personnes les plus fragiles ».
Soline Roy souligne que 
« les addictions, notamment aux écrans, semblent prospérer ». Le Pr Franck indique : « Comme l’anxiété et la dépression, ce sont des troubles dans lesquels il est plus facile d’entrer que de sortir… Une étude a montré qu’après 2 mois de confinement en Chine, le taux de troubles mentaux caractérisés (dépression et troubles anxieux en particulier) a atteint 47%. La population française est exposée à un risque sévère, on crée des pathologies avec le confinement. J’ai échangé avec la Direction générale de la santé, qui m’a indiqué que cet aspect prend, petit à petit, de plus en plus de place ».
La journaliste relève enfin que des chercheurs du groupe Covadapt 
« ont formulé des recommandations aux pouvoirs publics. […] Ils jugent particulièrement importantes : «la stabilité du discours de crise», notamment sur l’accessibilité et l’utilité des masques ou des tests de dépistage sérologiques ; «une projection à long terme de la situation de confinement et de crise», en annonçant d’emblée un confinement long plutôt que par étapes, «quitte à réduire finalement la durée (…) plutôt que de l’allonger» ; «une équité dans le traitement des citoyens» ; et enfin une explication claire des données scientifiques sur lesquelles s’appuient les décisions politiques, et la quantification du «rapport bénéfice-risque du confinement en intégrant l’ensemble des éléments d’évaluation» (années de vie et de qualité de vie perdues, risques sociétaux et sécuritaires…) «plutôt que de se limiter au décompte des seuls morts directement dus au virus». Des conseils dans l’ensemble plutôt à rebours de ce qui a été fait jusqu’ici… ».

Date de publication : 15 avril 2020

« Le risque humain et psychique du confinement risque de dépasser le risque sanitaire »

Libération

Libération observe que « selon le psychiatre Stephan Eliez, le confinement exacerbe les tensions émotionnelles comme l’angoisse liée au virus ou le stress généré par le télétravail. Et toutes les familles ne sont pas égales face à la promiscuité ».
Le journal relève ainsi que
 « pour Stephan Eliez, professeur en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, à la faculté de médecine de l’université de Genève, toutes les familles ne sont pas égales dans ce confinement. […] Il propose des techniques pour rester en contact avec nos émotions et celles des autres ».
Libération interroge notamment : «
 Le confinement met les familles face à un défi : comment vivre ensemble tout le temps quand la possibilité de l’autre et de l’extérieur est anéantie ? ».
Le psychiatre répond que 
« pour les familles, le défi est double. D’abord, le confinement exacerbe les tensions émotionnelles, le stress et l’angoisse liés au virus évidemment mais aussi au travail des parents, l’incertitude professionnelle, aux études des enfants, les questions d’argent… ».
« Paradoxalement, la difficulté pour les membres de la famille peut être de se rencontrer. On est cloîtrés ensemble en 2020, mais via les écrans, on peut être là sans être là. Il faut savoir qu’aujourd’hui les parents passent 25% de temps en moins avec leurs enfants par rapport aux années 90. Ils travaillent plus et les jeunes ont créé des communautés d’adolescents plus présentes », 
souligne Stephan Eliez.
Il ajoute que «
 le télétravail représente un deuxième défi de taille, il a fait irruption dans le foyer et génère du stress, comment travailler avec les enfants dans des appartements où il est difficile de s’isoler ? L’intimité est aussi un sujet, l’intimité sexuelle pour les parents mais aussi pour les adolescents ».
Libération s’enquiert :
 « Des clés pour sauver l’amour ? ». Le psychiatre indique qu’« on parle beaucoup de communication. Plus que le fond, c’est la forme qui compte. Le sarcasme et l’ironie dans le propos par exemple sont des signes catastrophiques pour la survie d’un couple. S’accorder aussi un temps d’écoute pendant lequel l’un parle et l’autre écoute. Une écoute attentive, sans réponse nécessaire. Cela réduit l’anxiété, permet de prendre soin les uns des autres. Dans le couple mais aussi avec ses enfants, la mentalisation a fait ses preuves. Il s’agit d’avoir l’autre à l’esprit. Que ressent-il dans cette situation ? ».

Date de publication : 16 avril 2020

« A l’hôpital, vague de fatigue et vague à l’âme »

Libération

Jean-Paul Mari observe dans Libération que « l’hôpital, grand corps malade, fait son examen. Entre deux vagues. La première, terrible, et la présumée deuxième à venir. Vague de fatigue et vague à l’âme ».
Le journaliste
 « suit au jour le jour le combat d’une équipe médicale dans un hôpital d’Ile-de-France ». Il relève que « le système a tenu. On a poussé les murs, basculé le service de réa en cardio, la médecine interne en traumato… un jeu de chaises médicales. Aujourd’hui, à l’heure de la décrue, on refait la même chose en sens inverse, en gardant quelques lits de plus en réserve. Tout le personnel «Covid» est désormais équipé de masques et même de blouses certes un peu «folkloriques», bleues ou vertes, lacées devant ou derrière, qu’importe. Les acrobates de la logistique ont assuré ».
Jean-Paul Mari note qu’« 
en réanimation, les morts et les guéris libèrent des lits et les soignants eux-mêmes convalescents ont repris leur poste de travail. La saignée a été rude. Peu de crises de nerfs, mais une avalanche de Covid ».
Il continue : «
 Au centre de dépistage, on continue à recevoir entre 15 et 25 soignants par jour avec un taux de positifs entre 30% et 50%. En tout, 400 hospitaliers – aides-soignantes, infirmières, médecins – ont été arrêtés. Une semaine plus tard, 2 tout au plus, pâles et épuisés, ils sont de retour. Ces derniers temps, les testeurs ne cherchent plus à discerner les symptômes. Toux, fièvre, essoufflement, courbatures, maux de tête, perte d’odorat, «la « saleté » a montré qu’elle n’avait aucune logique. Il y en a pour tous les goûts», grince Gérard, le responsable ».
Jean-Paul Mari observe qu’
« il y a ceux qui grognent, et c’est bon signe, retrouvant les réflexes des grévistes du début de la crise. Ceux qui n’encaissent plus rien, un drame personnel ou une lettre porteuse de mauvaise nouvelle. Et celui qui explose, de retour à la maison après 12 heures de travail et découvre les lettres de voisins grincheux qui lui reprochent de faire trop de bruit… ».
Le journaliste relève ainsi qu’
« entre tension et abattement, les automates assurent les gestes du quotidien mais, dans les couloirs, ils semblent marcher en apesanteur. Sonnés, en errance, comme un peu perdus. Alors ils s’accrochent – pas à une prime de plus ! – à une garde de nuit, un patient miraculé ou à cet énorme gâteau de remerciement envoyé par un proche d’un malade Covid, une montagne de crème bleue piquée d’une ambulance Samu en pâte d’amande, avec stéthoscope, masque chirurgical, carte Vitale, boîte de pilules et même électroencéphalogramme en sucre glace ! Une douceur à l’âme. Entre deux vagues d’une vilaine tempête ».

Date de publication : 21 avril 2020

 

 

Revue de presse santé psy – mars 2020

 

« Près de 70% des enfants autistes n’ont pas de déficience intellectuelle grave »

Le Monde Le Figaro

Pascale Santi observe dans Le Monde : « Pas simple d’avoir une photographie précise du nombre de personnes touchées par l’autisme. Le manque de données était une critique récurrente faite par le rapport de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) de 2016, piloté par Claire Compagnon, aujourd’hui déléguée interministérielle chargée de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement ».
La journaliste rappelle que 
« les troubles du spectre de l’autisme (TSA) se caractérisent par des difficultés à communiquer, à avoir des interactions sociales, ainsi que par des comportements ou des intérêts restreints et répétitifs ».
Elle indique qu’« 
un pas a été fait pour mieux cerner leur prévalence, avec la publication de chiffres [ce mardi] dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France ».
La Pr Amaria Baghdadli, responsable du Centre d’excellence sur l’autisme et les troubles du neurodéveloppement (CEAND du CHU de Montpellier), relève ainsi que 
« la France se met enfin en mouvement et ce afin de mieux comprendre les déterminants de l’autisme ».
Pascale Santi explique :
 « Les registres des handicaps de l’enfant, qui couvrent les départements de la Haute-Garonne (RHE31), de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie (RHEOP), recensent une prévalence de 8 à 10/1000 pour des enfants de 8 ans, nés entre 1995 et 2010 et ayant reçu un diagnostic de TSA au plus tard entre 2003 et 2018. Des prévalences en deçà de celles couramment admises ».
« Pour cette génération ciblée par le registre, il y a probablement une tendance à n’identifier que les cas évidents. Cela illustre aussi l’accès insuffisant au diagnostic. Ces données soulignent toutefois «une augmentation considérable de la prévalence au cours des 15 dernières années» »,
 continue la journaliste.
Elle ajoute : 
« Tout comme celles collectées à partir du système national des données de santé (SNDS), qui recense 119.260 personnes souffrant de troubles envahissants du développement. La prévalence aurait doublé, passant de 9,3/1000 en 2010 à 18,1/1000 en 2017 ».
Pascale Santi note que ces 
« chiffres, de l’avis des auteurs, comportent des limites. En effet, ces données sont extrapolées sur la base de l’attribution à des patients d’une ALD […]. Or, les enfants, notamment les plus jeunes, ne se voient pas toujours attribuer d’ALD ».
La journaliste retient que 
« la prévalence de l’autisme en France est en réalité proche de 1% dans la population générale, comme à l’échelle mondiale. […] L’augmentation au niveau mondial s’explique notamment par l’évolution des critères diagnostiques ».
Pascale Santi indique que
 « plusieurs enseignements peuvent être tirés, notamment à partir de la cohorte Elena. Créée en 2013, elle compte 900 enfants autistes de 2 ans à 16 ans issus de 13 centres de neuf régions, recrutés entre janvier 2013 et fin décembre 2019. Elle révèle la très grande hétérogénéité dans la gravité des TSA ».
« «69,9% des enfants ont une déficience intellectuelle légère, voire n’ont pas de déficience», indique le BEH. Alors que c’était l’inverse il y a 10 ans. Des interventions plus précoces peuvent expliquer en partie cette évolution »,
 note la journaliste.
Amaria Baghdadli, première auteure, souligne toutefois qu’«
 il reste beaucoup de formes graves, qui mobilisent toute l’énergie de la famille, du personnel soignant ».
Pascale Santi relève que «
 «le nombre d’enfants autistes présentant des comorbidités reste élevé», poursuit Claire Compagnon : trouble de déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH), des «dys», des troubles du développement intellectuel, mais parfois aussi des maladies neurologiques (épilepsies sévères) ou psychiatriques (troubles anxieux…) ».
La journaliste remarque que 
« pour les enfants de la cohorte suivis au moins 3 ans, «on observe des trajectoires de développement très variables et positives pour un grand nombre d’entre eux», explique Amaria Baghdadli. Autre élément, «le rôle des familles dans l’évolution de leur enfant et la nécessité de les soutenir, comme le rôle très important des troubles de l’intégration neurosensorielle», indique l’étude ».
Richard Delorme, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Robert-Debré (AP-HP), résume que
 « ces chiffres doivent certes être interprétés avec précaution, mais donnent une représentation de l’autisme en France alors qu’on en était jusqu’ici complètement dépourvu. Cela montre une vraie volonté affichée d’aller de l’avant dans l’épidémiologie ».
Le Figaro titre pour sa part : 
« La hausse du nombre d’autistes confirmée ». Le journal relate aussi cette « première en France : deux études sur les chiffres de l’autisme et son augmentation sont publiées ce mardi dans le [BEH] ».
Le quotidien retient notamment que 
« le premier article confirme une augmentation de troubles du spectre autistique chez les enfants de 8 ans, notamment grâce à des diagnostics plus précis. […] La deuxième étude publiée par Santé Publique France donne des résultats inédits sur l’autisme en France ».
« Elle a été réalisée à partir des chiffres de recours aux soins (hospitalisation, suivi ambulatoire en psychiatrie, affections de longue durée) dans le système national des données de santé. Mais elle ne comprend pas encore les chiffres du médico-social (faute d’harmonisation informatique) ni des soins en libéral »,
 précise Le Figaro.
Le journal note qu
’« elle permet d’arriver au chiffre de 119.260 personnes autistes, identifiées en 2017. Ce qui correspond à une prévalence de 17,9 personnes pour 10.000, soit 0,18% de la population. On est loin des projections de l’Inserm, selon lequel ce handicap concerne environ 700.000 personnes en France ».
L’épidémiologiste Catherine Ha, co-auteur, souligne que 
« les personnes âgées de plus de 15 ans sont sous-estimées dans l’étude car, à partir d’un certain âge, la prise en charge des personnes autistes se fait davantage dans le médico-social ».

Date de publication : 10 mars 2020

« Un soutien psychologique pour les soignants en première ligne »

Le Figaro

Anne-Laure Frémont note en effet dans Le Figaro : « Stress, difficulté à dormir, à « décrocher »… Le personnel soignant, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus, va être soumis à rude épreuve ».
La journaliste fait savoir que
 « des initiatives se mettent en place pour lui apporter un soutien psychologique. Pour Thierry Baubet, professeur de psychiatrie à l’hôpital Avicenne AP-HP en Seine-Saint-Denis, il y a urgence ».
Ce dernier déclare que «
 certains jeunes réanimateurs font déjà face à des situations difficiles, comme avoir plusieurs décès pendant une garde, de personnes pas spécialement âgées. Ce qui inquiète surtout, c’est le moment où ils auront à faire des choix entre deux patients qui pourraient s’en sortir avec des soins ».
Anne-Laure Frémont relève ainsi que
 « des cas se sont produits en Italie et peuvent être «traumatiques» pour les soignants «car ils génèrent des conflits éthiques», explique le Pr Baubet. Avec un risque de «perte de sens» du métier. «Nous allons faire de la médecine de guerre. Et c’est un vrai choc», s’alarme ainsi une anesthésiste-réanimatrice de la région lyonnaise, qui se dit «terrorisée» ».
La journaliste explique qu’«
 en Seine-Saint-Denis, Thierry Baubet participe à la mise en place dès mercredi d’une ligne d’écoute gratuite et anonyme si besoin pour les réanimateurs, les urgentistes, les infectiologues… Une initiative portée par le service de psychiatrie et les cellules d’urgence médico-psychologiques (CUMP, présentes dans chaque département pour la prise en charge psychologique d’événements exceptionnels). À l’autre bout du fil, «une dizaine de psychologues et psychiatres qui sont déjà intervenus auprès des soignants après les attentats de novembre 2015» ».
Anne-Laure Frémont note qu’«
 une initiative similaire est lancée au CHU de Lille, avec le concours de différents services ». Frédérique Warembourg, psychiatre référente à la CUMP 59, ajoute : « On réfléchit à un dispositif pour les médecins généralistes ».
« Idem à Lyon, comme l’indique Nathalie Prieto, psychiatre référente nationale des CUMP : «Le personnel va s’épuiser. Il faut éviter le burn out.» Ces lignes d’écoute vont se mettre en place un peu partout localement, mais un dispositif national, lui semble moins pertinent »
, continue la journaliste.
Thierry Baubet remarque que « 
c’est un test. Il y a toujours ce mythe du médecin invulnérable qui ne montre pas ce qui pourrait être pris pour une faiblesse. Or dans cette situation, partager devient vital. ».
Anne-Laure Frémont précise qu’
« en tant que codirecteur scientifique du Centre national de ressources et de résilience (CN2R, créé à la suite des attentats), il souhaite se servir de cette plateforme pour diffuser à l’échelle nationale des documents à l’usage des professionnels. Ils s’appuieront notamment sur les témoignages de collègues ayant vécu les épidémies d’Ebola ou de Sras ».
La journaliste relève par ailleurs que 
« des sociétés proposent également leurs services gratuitement, comme Moodwork, spécialiste de la qualité de vie au travail, qui va faire appel à des psychologues indépendants pour renforcer ses troupes et proposer aux hôpitaux une aide complémentaire aux lignes d’appels ».

Date de publication : 18 mars 2020

« Le confinement, une épreuve psychique à ne pas sous-estimer »

Le Figaro

Delphine Chayet remarque en effet dans Le Figaro : « Anxiété, dépression, frustration : la quarantaine n’est pas une expérience anodine. Un soutien psychologique précoce ciblant les populations à risques peut toutefois en atténuer les effets ».
La journaliste relève ainsi que 
« les crises d’angoisse et les insomnies se sont succédé au rythme de la courbe exponentielle de l’épidémie de Covid-19. La peur pour leur entourage, le sentiment de leur propre vulnérabilité et la crainte d’une catastrophe sanitaire généralisée ont saisi les Français à mesure qu’ils prenaient conscience, comme les autorités, de la gravité de la situation. Cette crise qui se concrétise ces jours-ci par les mesures spectaculaires de confinement annoncées par le président de la République, laissera des traces ».
Delphine Chayet explique qu’
« il est encore trop tôt pour en mesurer l’ampleur, mais une étude parue le 6 mars dans […] General Psychiatry donne un aperçu du stress associé à cette période tumultueuse, entre peur de la contamination et confinement drastique, et nous indique le chemin à prendre pour limiter son impact psychologique ».
La journaliste note ainsi : 
« Directrice de recherche au Centre de santé mentale de Shanghaï, le Dr Jianyin Qiu a interrogé par questionnaire plus de 50.000 personnes dans différentes provinces de Chine touchées par l’épidémie, mais aussi de Hongkong, Macao et Taïwan. Anxiété, dépression, phobies, comportements compulsifs et d’évitement ont notamment été mesurés. Selon les résultats de cette «prise de température», 35% des sondés ont connu une détresse psychique – qui s’est révélée sévère chez 5% d’entre eux ».
Delphine Chayet souligne que 
« les femmes sont particulièrement touchées. Elles affichent un score d’anxiété plus élevé que celui des hommes. Un résultat concordant avec d’autres études ayant observé leur plus grande vulnérabilité au stress ».
Catherine Tourette-Turgis, chercheuse au Conservatoire national des arts et métiers, indique que «
 le confinement est un facteur aggravant car il fait peser un poids plus important sur les épaules des femmes. C’est souvent à elles que revient en effet la charge de l’organisation de la maison, de l’alimentation, des enfants ».
Delphine Chayet ajoute que
 « l’étude chinoise pointe d’autres groupes à risque. Les adultes âgés de 18 à 30 ans, sans doute parce qu’ils ont accès sur les réseaux sociaux à un grand nombre d’informations dont l’accumulation est anxiogène ».
« Sans surprise, les plus de 60 ans sont particulièrement inquiets face à l’épidémie. Le taux de mortalité lié au virus Sars-Cov-2 est plus élevé dans cette population. Les travailleurs immigrés se distinguent enfin par leurs scores élevés, que la chercheuse chinoise explique par la peur de perdre leur emploi et leurs ressources financières », 
poursuit la journaliste.
Delphine Chayet indique en outre que le Dr Qiu 
« identifie trois moments clés qui, selon elle, ont donné lieu à des moments de panique : l’annonce d’une transmission interhumaine du virus, le placement en quarantaine de la ville de Wuhan, et l’annonce par l’OMS d’une urgence de santé publique de portée mondiale le 31 janvier. La chercheuse observe toutefois que le niveau d’anxiété diminue au fil du temps ».
La journaliste continue : 
« Si elle confère […] un certain sentiment de sécurité à ses débuts, la quarantaine peut rapidement devenir une cause de détresse psychologique en soi, comme le montre de manière très claire une revue de littérature publiée le 14 mars dans The Lancet ».
Delphine Chayet explique que 
« les chercheurs du département de médecine psychologique du King’s College de Londres ont examiné une série d’études menées ces dernières années à l’occasion d’épidémies de grippe saisonnière et du virus Ebola, ainsi que du Sras et du Mers (les deux précédents coronavirus) ».
« La peur d’être contaminé ou de transmettre le virus à ses proches, la survenue de symptômes de la maladie, la frustration, le sentiment de solitude et l’ennui sont autant de sources de détresse psychique chez les personnes confinées. Celle-ci s’exprime par des symptômes de stress, de la confusion et de la colère », 
précise la journaliste.
Elle souligne enfin qu’«
 il est possible d’atténuer l’impact de cette mise à l’isolement forcée. Les scientifiques relèvent d’abord que la durée de la quarantaine joue sur l’importance de ses effets psychologiques. Un confinement supérieur à 10 jours génère des symptômes de stress plus importants chez les individus ».
Delphine Chayet ajoute qu
’« une information transparente sur l’objectif de la quarantaine, l’évolution de l’épidémie et le niveau de risque est essentielle pour réduire l’anxiété. Les chercheurs préconisent aussi le déploiement de consultations psychologiques à distance, la mise en place de numéros verts et de groupes locaux de soutien pour réduire l’isolement, la promotion d’une communication centrée sur l’altruisme, le soutien matériel des plus populations les plus vulnérables… ».
La journaliste souligne que
 « ces efforts sont d’autant plus importants que les séquelles psychologiques de cette épreuve peuvent se maintenir dans le temps. Plusieurs mois après leur confinement, certains participants continuaient à décrire des comportements acquis pendant l’isolement, comme des lavages de mains compulsifs ou des angoisses de la foule, peinant à revenir à une vie normale ».

Date de publication : 18 mars 2020

Soignants : « Cela paraît évident : le risque est important de péter les plombs »

Libération

Libération publie les propos de Bruno Boniface, psychiatre au CHU de Bicêtre (Val-de-Marne), qui « évoque les risques quant à l’exposition du personnel soignant au surcroît de travail, de stress, de pénuries et, surtout, de décès ».
Bruno Boniface remarque ainsi : 
« C’est dans l’ADN du soignant d’intégrer cela : il soigne et, donc, n’a pas « le droit » d’être malade. De fait, la période que nous vivons l’oblige à composer avec deux peurs. Celle d’être contaminé, parce qu’il est en première ligne et confronté au décalage entre l’ampleur de l’urgence et le manque de matériel. Parce que, comme tous, il a son propre rapport à la maladie ou à la mort. Et puis, il y a cette peur de contaminer les autres. Un patient, des collègues, sa famille ».
Le psychiatre observe que «
 pour le moment, le personnel soignant tient psychologiquement sur ses réserves (il en a et c’est également dans son ADN) mais on ne sait pas jusqu’à quand. On voit passer des médecins de 30 ans qui en paraissent 50. Pas rasés, les yeux cernés. Le rythme est devenu inhabituel. Les heures de travail s’accumulent et l’exposition aux décès croît : il y en a plus que d’ordinaire et ce ne sont pas simplement des personnes très âgées qui meurent ».
« Nous arrivons au point où l’on se retrouve à opérer des choix éthiques. On ne prend plus en charge un patient en ne pensant qu’à celui-ci, mais en intégrant la dimension collective. En somme, qui doit-on traiter prioritairement ? De cette question peut naître un traumatisme »,
 souligne-t-il.
Bruno Boniface indique en outre : «
 On a réfléchi, collectivement, à la création d’une plateforme de soutien au personnel soignant. C’était une demande tacite dans les différents services. On en discutait ici et là entre nous et cela paraissait évident : le risque est important de péter les plombs. Un soignant a aussi besoin qu’on lui accorde du temps. Pour parler, pour pleurer, pour se soigner aussi : il aura peut-être besoin de traitements pour tenir le coup et continuer de pratiquer dans les meilleures conditions. D’où l’incompréhension face à des comportements imprudents que l’on constate dehors : in fine, ils se disent « il y a de fortes chances pour que cela retombe sur nous » ».

Date de publication : 20 mars 2020

« Coronavirus : la double peine des familles endeuillées »

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui constate que « les nouvelles règles liées à l’épidémie n’autorisent que des cérémonies a minima. De leur côté, les professionnels du secteur funéraire s’inquiètent des pénuries de protections et menacent de faire jouer leur droit de retrait ».
Le journal parle ainsi d
’« un drame dans le drame. A la douleur d’avoir perdu un proche, s’ajoute désormais pour les familles endeuillées celle de ne pouvoir lui rendre le dernier hommage qu’elles auraient souhaité. Covid-19 oblige, les cérémonies funéraires sont désormais réduites à leur plus simple expression. […] Seuls les ascendants, descendants au premier degré et conjoints peuvent être présents ».
La porte-parole des services funéraires de la mairie de Paris précise :
 « Au minimum deux personnes, maximum vingt ».
Le Parisien relève que 
« d’ores et déjà, la grande majorité des cimetières ont été fermés au public, ouverts uniquement pour les inhumations », un employé d’un cimetière parisien remarquant : « C’est désolant. Et cela rajoute aussi à l’angoisse des familles endeuillées ».
Le journal note que
 « pour tenter de l’atténuer, et permettre au mieux un recueillement réduit à sa plus simple expression, plusieurs sociétés proposent des alternatives. Advitam, entreprise d’organisation d’obsèques sur Internet, dit proposer gratuitement «un service de transmission vidéo en direct des obsèques.» Il est disponible pour «l’ensemble des sociétés de pompes funèbres, crématoriums, maisons funéraires», et ce «afin que tout le monde puisse se recueillir une dernière fois auprès d’un proche». De son côté, Une rose blanche réalise en ligne, là aussi gratuitement, des espaces virtuels assemblant témoignages et hommages au disparu, pour [dire] adieu «dans la dignité» ».
Le Parisien s’interroge toutefois :
 « Cette dernière pourra-t-elle être longtemps préservée ? Assez rapidement va se poser la question de la préparation des corps. «Nous sommes déjà en crise», prévient Cédric Ivanes, président de l’unique syndicat des thanatopracteurs de France. Une profession qui compte 700 praticiens, lesquels font tous face à un manque criant de protections jetables. Face à la menace que représente pour eux la mise en œuvre de soins conservatoires sur des défunts potentiellement morts du coronavirus, Cédric Ivanes conseille à ses adhérents de faire jouer leur droit de retrait tant qu’ils ne pourront mettre en œuvre des mesures de sûreté ».
Cédric Ivanes déclare que «
 si les mesures de salubrité minimales ne peuvent être prises, alors les hôpitaux, maisons de retraite et même les familles dont les proches meurent encore chez eux, devront prendre en charge et gérer les corps. Dans le meilleur des cas dans des chambres froides, dans le pire des cas, sans soin de conservation, à leur domicile ».
Le journal remarque que 
« d’ici à ce que des protections puissent être fournies, chaque professionnel gère le quotidien avec les moyens du bord ».

Date de publication : 20 mars 2020

« Le sommeil, un marqueur essentiel de notre santé physique et psychologique pendant le confinement »

Le Figaro

Anne-Laure Frémont note dans Le Figaro : « Stress, isolement, manque d’activité… En ce moment, notre quotidien est soumis à rude épreuve. Pour préserver notre sommeil et rester en forme pendant la journée, il faut s’assurer d’avoir une bonne hygiène de vie. Avec un mot d’ordre : garder le rythme ».
La journaliste souligne ainsi que 
« cette période de confinement bouleverse notre quotidien. Attention toutefois à préserver son sommeil, qui est un marqueur clé de notre état général. Et pour bien dormir, il faut s’imposer un rythme et une certaine hygiène de vie ».
Anne-Laure Frémont observe tout d’abord que
 « pour une grande partie des Français (pas tous évidemment…), il y a un point positif ». Le Pr Pierre Philip, responsable de la clinique du sommeil du CHU de Bordeaux, remarque qu’« on va s’extraire des contraintes sociales du quotidien ; on va donc pouvoir récupérer son quota de sommeil. […] Plus on dort de façon adéquate, plus on optimise ses défenses immunitaires ».
Le spécialiste explique qu’
« il faut faire comme si on n’était pas en quarantaine et ne pas augmenter massivement le temps passé au lit. L’idéal est de conserver la même heure de réveil tous les jours, de se fixer une durée de sommeil suffisante mais pas excessive, c’est-à-dire entre 7 et 8 heures maximum ».
Anne-Laure Frémont ajoute que 
« pour bien dormir, plusieurs règles doivent être respectées la journée : garder une activité physique (faire un peu de gymnastique par exemple, en faisant des exercices que l’on peut trouver sur internet), sortir un minimum (dans le jardin pour ceux qui le peuvent, ou faire une course si on en a besoin, dans le respect des règles édictées par le gouvernement bien sûr), se mettre à la lumière du jour dans la mesure du possible, manger à heures fixes. Bien penser également à aérer tous les jours le logement afin de renouveler l’air, particulièrement en cette période de confinement. Et surtout : ne pas rester au lit toute la journée, que ce soit pour lire, regarder une série ou télétravailler ».
Le Pr Philip indique en effet que «
 le risque, c’est de perdre le signal que le lit est l’endroit où l’on dort. Si vous vous mettez une possibilité absolue de dormir, vous allez finir par dormir au moment où vous ne devriez pas et à ne pas y arriver quand c’est le moment. Il faut vraiment adopter une attitude un peu militaire, surtout si l’on est seul ».
La journaliste indique par ailleurs qu’«
 au fil des jours, le nombre de malades va croître, des proches risquent d’être affectés, certains vont se retrouver confrontés à des situations socio-économiques compliquées. Autant de facteurs qui vont générer du stress, voire de l’angoisse. Or le sommeil est un bon marqueur de notre état psychologique ».
Le Pr Philip souligne que
 « si vous n’arrivez plus à vous endormir, si vous commencez à avoir des éveils nocturnes qui deviennent pénibles, répétitifs, et que cela a des conséquences sur votre fonctionnement en journée, il faut s’en préoccuper ».
« Et ne pas hésiter à consulter si la situation ne s’arrange pas. On peut se renseigner auprès de l’une des cliniques du sommeil ou d’un généraliste, par le biais de la téléconsultation »,
 remarque Anne-Laure Frémont.

Date de publication : 24 mars 2020

 

 

Revue de presse santé psy – février 2020

 

« Dépression et cancer : la double peine »

Les Echos

Yann Verdo observe dans Les Echos : « La santé mentale des patients en phase terminale de cancer impacterait-elle négativement leur prise en charge oncologique ? C’est la question que le Dr Guillaume Fond, psychiatre et médecin de santé publique à l’hôpital La Conception à Marseille, s’est posée avec son équipe de chercheurs ».
Le journaliste relève que
 « la réponse, explicitée dans une étude publiée dans le Journal of Affective Disorders, est un scandaleux «oui» ! ».
Il explique que 
« les chercheurs marseillais avaient déjà constaté ce révoltant «deux poids, deux mesures» s’agissant des schizophrènes, montrant que ceux-ci, lorsqu’ils entraient en phase terminale de cancer, étaient adressés plus rapidement en soins palliatifs et bénéficiaient de moins de chirurgie, de chimiothérapie et d’actes d’imagerie que les autres malades sans trouble mental ».
Yann Verdo indique que 
« la nouvelle étude montre que cet état de fait n’est pas spécifique à la schizophrénie et concerne aussi la dépression. Pour établir ce résultat, les auteurs ont passé au crible les données relatives à plus de 4.000 patients souffrant de formes sévères et récurrentes de dépression, les comparant à celles de 22.000 patients non dépressifs décédés par cancer entre 2013 et 2016 dans notre pays ».
Le journaliste retient ainsi que «
 les patients dépressifs reçoivent moins de chimiothérapie, de nutrition artificielle, de dialyse, de transfusion, de chirurgie, d’endoscopie, d’actes de haute intensité et d’admission en service d’urgence dans le mois qui précède le décès. Lequel survient, en moyenne, 3 ans plus tôt ».

Date de publication : 3 février 2020

« Un nouveau médicament contre la dépression bientôt disponible »

Les Echos

Catherine Ducruet remarque dans Les Echos que « c’est du jamais vu depuis 30 ans… une nouvelle famille d’antidépresseurs va être lancée ».
La journaliste explique ainsi que 
« Spravato de Janssen a […] obtenu fin 2019, le feu vert des autorités de santé européennes, après celle des autorités américaines ». Sophie Bouju, directrice médicale Neurosciences de Janssen en France, souligne que « ce médicament repose […] sur un mécanisme d’action complètement nouveau ».
Catherine Ducruet explique que «
 son principe actif, l’eskétamine, est une variante de la kétamine, molécule utilisée habituellement en anesthésie, afin de soulager les douleurs chroniques, ou en soins intensifs. Sur la base de cinq études cliniques de Phase III, ce type de kétamine a donc fait son entrée dans le domaine de la dépression ».
La journaliste précise que le médicament est 
« réservé seulement aux dépressions résistantes, c’est-à-dire qui ne sont pas sous contrôle, en dépit de tentatives de traitement avec au moins deux médicaments. Mais cela représente malgré tout 15 à 30% des 300 millions de malades dans le monde, soit quelque 150.000 des 2,9 millions de dépressifs en France ».
Catherine Ducruet ajoute que
 « devraient venir bientôt s’ajouter à cette population, les patients «dépressifs avec idées suicidaires et intention de passer à l’acte», nouvelle catégorie de patients plus difficile à cerner, pour lesquels Janssen a déposé, il y a quelques jours, une demande d’autorisation européenne ».
Sophie Bouju déclare de plus :
 « Alors que le poids de la dépression s’accroît – elle devrait être la première cause d’invalidité en 2030 – les familles actuelles d’antidépresseurs ne permettent pas de traiter correctement tous les patients ».
Catherine Ducruet souligne ainsi que «
 le recours possible à une nouvelle classe élargit […] l’éventail thérapeutique des psychiatres. Elle leur fournit en particulier un produit dont les effets bénéfiques sont sensibles au bout d’une semaine (contre 3 à 4 pour les antidépresseurs oraux), et qui diminue de 50% le risque de rechute ».
La journaliste précise que 
« ce nouveau produit a déjà pu bénéficier à certains patients français avant même son autorisation officielle, grâce au mécanisme dérogatoire dit d’«Autorisation temporaire d’utilisation de cohorte», «la première jamais accordée en psychiatrie» souligne-t-on chez Janssen. Mais il doit être utilisé avec précaution ».
Catherine Ducruet explique que 
« sa prescription peut en effet entraîner des effets secondaires qui nécessitent une surveillance (dissociation, vertiges, sédation…), ou un risque d’addiction en cas d’abus. Il sera donc uniquement à usage hospitalier, et sous une forme originale, celle d’un spray nasal (pour un effet rapide) et à usage unique (afin d’éviter les détournements), en complément d’un antidépresseur oral ».
Elle ajoute que «
 Janssen, qui a lancé son produit aux Etats-Unis au prix de 32.400 dollars par an, devra certainement en rabattre en Europe. En France, son dossier vient d’être soumis à la Haute autorité de santé pour évaluation médicale, étape préalable à la négociation du prix, avec un lancement commercial espéré fin 2020 ».
La journaliste conclut que 
« les analystes américains créditent, en tout cas, un bel avenir au Spravato avec 3 milliards de dollars de ventes à son apogée. Une promesse de succès dans un domaine, les neurosciences, que les laboratoires ont tendance à déserter, en dépit d’importants besoins non satisfaits, du fait d’un taux d’échec très élevé. Janssen est un des rares à persister dans ce domaine. Il dispose actuellement de 7 molécules en développement clinique ».

Date de publication : 4 février 2020

« Choisir le bon traitement antidépresseur à partir des ondes cérébrales »

Sciences et Avenir

Camille Gaubert observe dans Sciences et Avenir qu’« avec seulement quelques électrodes et un peu d’intelligence artificielle, il serait possible de prédire quel traitement antidépresseur soulagerait un patient ».
La journaliste relève ainsi qu’«
 un simple électroencéphalogramme combiné à une analyse par un modèle informatique permettrait […] de reconnaitre les patients susceptibles de bénéficier de la sertaline », selon une étude parue dans Nature Biotechnology.
Amit Etkin, professeur de psychiatrie et de sciences du comportement à Stanford, qui a mené cette étude, observe
 : « Je serai surpris si cela n’est pas utilisé par les cliniciens dans les 5 prochaines années ».
Le spécialiste souligne en effet que
 « le traitement des personnes souffrant de dépression commence souvent par la prescription d’un antidépresseur. Si cela ne fonctionne pas, un deuxième antidépresseur est prescrit. Chacun de ces ‘essais’ prend souvent au moins 8 semaines pour évaluer si le médicament a marché et si les symptômes sont atténués ».
Camille Gaubert rappelle qu’
« en cas d’échec ou en parallèle, la psychothérapie et la stimulation cérébrale transcrânienne (un traitement impliquant un type spécifique de stimulation cérébrale non invasive) peuvent également être proposés ».
Amit Etkin note que «
 les méthodes actuelles de diagnostic de la dépression sont tout simplement trop subjectives et imprécises pour guider les cliniciens dans l’identification rapide du bon traitement ».
Camille Gaubert précise que
 « l’Université de Stanford a utilisé les données de l’étude EMBARC, la plus grande étude sur les antidépresseurs couplés à l’imagerie et contrôlés par placebo, portant sur 309 patients dépressifs prenant ou non un antidépresseur nommé sertaline ».
La journaliste indique qu’«
 un examen par électroencéphalographie (EEG) a permis au moyen d’électrodes placées sur le cuir chevelu des patients de mesurer l’activité électrique de leur cerveau avant de commencer le traitement ».
Elle ajoute qu’« 
en s’appuyant sur des théories des neurosciences, de la science clinique et de la bio-ingénierie, les scientifiques ont construit un modèle prédictif avancé basé sur un nouvel algorithme d’apprentissage automatique (« machine learning ») spécialisé dans l’analyse des données EEG appelé SELSER. Les chercheurs ont alors appliqué SELSER aux données EEG des 309 participants de l’étude ».
Camille Gaubert relève que l’algorithme 
« a pu prédire de manière fiable la réponse individuelle des patients à la sertaline sur la base d’un type spécifique de signal cérébral, connu sous le nom d’ondes alpha. Liées à un état général de relaxation, d’un point de vue physiologique les ondes alpha réduisent les capacités de traitement d’une zone donnée du cerveau ».
Elle précise que
 « c’est particulièrement le cortex préfrontal qui est touché, cette zone à l’activité souvent altérée chez les dépressifs. Le cortex préfrontal participe à nos réponses émotionnelles, notamment via d’autres régions du cerveau responsables du contrôle de la dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine, des neurotransmetteurs importants pour la régulation de l’humeur ».
Les auteurs écrivent ainsi que 
« les cortex préfrontaux des meilleurs répondeurs au traitement sont plus actifs ou excitables que ceux des mauvais répondeurs ».
Camille Gaubert ajoute que «
 ce modèle basé sur l’EEG a surpassé les modèles conventionnels qui utilisaient des données EEG ou d’autres types de données individuelles, telles que la gravité des symptômes et les caractéristiques démographiques ».
Et 
« les participants qui, selon SELSER, montraient une faible amélioration avec la sertaline étaient plus susceptibles de répondre à la stimulation magnétique transcrânienne, en combinaison avec une psychothérapie », souligne la journaliste.
Madhukar Trivedi, psychiatre, observe ainsi :
 « Nos recherches montrent que [les patients] n’auront sans doute bientôt plus à supporter le processus douloureux d’essais et d’erreurs ».

Date de publication : 11 février 2020

« Les chercheurs réveillent des singes anesthésiés en stimulant leur conscience »

L'Express

L’Express s’interroge : « Où se situe la conscience du cerveau ou, plus exactement, où se déroulent les mécanismes liés à la capacité d’éprouver des sensations internes et externes ? C’est l’une des questions centrales des neurosciences modernes ».
Le magazine fait savoir que 
« selon une étude publiée […] dans Neuron, la réponse pourrait se trouver au sein d’une zone spécifique du cerveau, dans le « thalamus central latéral ». C’est ce qu’indiquent les chercheurs, qui expliquent que stimuler cette zone chez les singes sous anesthésie permet de les réveiller ».
Yuri Saalmann, professeur à l’université du Wisconsin et principal auteur, précise ainsi : «
 L’approche classique consiste à enregistrer les signaux d’une seule zone à la fois. Mais nous avons voulu aller au-delà et enregistrer de nombreuses zones en même temps afin de comprendre comment l’ensemble du réseau neuronal fonctionne ».
L’Express explique que «
 les neurologues ont étudié les cerveaux de macaques alors qu’ils étaient éveillés, endormis ou sous anesthésie. […] Cette méthode novatrice leur a non seulement permis d’exclure des zones qui avaient été désignées comme siège potentiel de la conscience, mais surtout de déterminer avec une précision jamais atteinte jusqu’à maintenant le principal suspect : le thalamus latéral central, qui se trouve profondément dans le cerveau antérieur ».
« Les chercheurs ont voulu voir ce qu’il se passerait si ce thalamus latéral central était stimulé quand les singes étaient sous anesthésie générale. Après avoir endormi les macaques pour une durée de 2 heures, ils ont stimulé cette région grâce à un léger courant électrique de 50 Hertz », 
continue le magazine.
Yuri Saalmann indique : «
 Nous avons découvert qu’en stimulant cette toute petite zone du cerveau, nous pouvions réveiller les animaux et rétablir l’intégralité de l’activité neurale que l’on observe normalement dans leur cortex quand ils sont réveillés. Les singes se comportaient comme s’ils étaient éveillés puis, quand nous arrêtions la stimulation électrique, ils retombaient instantanément dans un état d’inconscience ».
L’Express note que les chercheurs 
« ont ainsi pu voir les primates sous anesthésie générale ouvrir et cligner des yeux, effectuer des mouvements faciaux et corporels, comme des flexions de leurs membres antérieurs. Leur réactivité était également accrue – ils effectuaient un mouvement de retrait lorsque leurs orteils étaient pincés – et leur rythme respiratoire et fréquence cardiaque redevenaient normaux, écrivent-ils dans leur étude ».
L’article ajoute que « 
l’un des tests utilisés pour déterminer si le cerveau des macaques était bien totalement réveillé consistait en un dispositif audio émettant une série de « bips » entrecoupés de sons aléatoires. Le cerveau des animaux anesthésiés, mais stimulés, réagissait de la même manière que s’ils étaient éveillés ».
Yuri Saalmann souligne que «
 la conception de nos électrodes est très particulière. Elles sont beaucoup plus adaptées à la forme et la structure du cerveau que nous voulions stimuler et elles imitent aussi plus fidèlement l’activité électrique que l’on observe dans un système sain et normal ».
Il poursuit : «
 La raison principale pour laquelle nous avons réalisé cette expérience est que nous voulions trouver un moyen d’aider les personnes souffrant de troubles de la conscience à vivre mieux ».
Michelle Redinbaugh, étudiante au département de psychologie de l’université du Wisconsin, co-autrice, ajoute qu’«
 il existe de nombreux autres débouchés passionnants. Il serait par exemple possible d’utiliser nos électrodes de stimulation cérébrale profonde pour sortir des personnes du coma ».
L’Express observe enfin que ces 
« travaux pourraient également permettre de développer de nouvelles méthodes de surveillance des patients sous anesthésie clinique, par exemple pour s’assurer qu’ils sont totalement inconscients et ne courent aucun danger ».

Date de publication : 13 février 2020

« Comment le cerveau tente d’atténuer les souvenirs traumatiques »

Le Figaro

Damien Mascret remarque dans Le Figaro : « Que se passe-t-il dans les connexions cérébrales de personnes qui ont vécu un événement traumatique ? La réponse à cette question n’est pas seulement théorique, elle a des implications thérapeutiques ».
Le journaliste annonce que «
 des chercheurs de l’Inserm publient ce 14 février dans […] Science, les résultats étonnant de l’étude d’imagerie cérébrale, Remember, partie du vaste «programme 13 Novembre» de recherche transdisciplinaire lancé par l’Inserm, le CNRS et Hesam université, dans les suites des attentats de 2015 à Saint-Denis et Paris ».
Damien Mascret observe que «
 cette étude, dirigée par le chercheur Inserm Pierre Gagnepain, pourrait aussi expliquer pourquoi certains s’en sortent mieux que d’autres ».
Le Pr Francis Eustache, directeur du laboratoire Inserm neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine, codirecteur du « programme 13 Novembre », précise : 
« Il s’agit de comprendre la construction des mémoires individuelles et collectives à partir de ces événements ».
Denis Peschanski, historien, directeur de recherche au CNRS, également codirecteur du programme, ajoute qu’«
 il est impossible de comprendre ce qui se passe dans la mémoire collective si on ne prend pas en compte les dynamiques cérébrales individuelles… et réciproquement ».
Damien Mascret souligne que 
« normalement, après un événement traumatique, «les symptômes tendent à diminuer graduellement après la résolution de la situation traumatique à mesure que nous recueillons l’aide des autres et partageons notre expérience», explique le Pr [Louis Cozolino, chercheur en neurosciences et professeur de psychiatrie à l’université Pepperdine en Californie] dans The Neuroscience of Psychotherapy (3e édition, 2017) ».
Pierre Gagnepain indique que « 
depuis une vingtaine d’années, les travaux réalisés en neuroscience ont montré qu’oublier est un processus actif, mais nous ne sommes pas tous égaux devant cette capacité à oublier ».
Damien Mascret indique que 
« l’étude qu’il a dirigée à Caen compare les connexions cérébrales de 102 survivants des attaques de Paris, dont 55 souffrant de syndrome de stress post-traumatique (PTSD). Soixante-treize personnes n’ayant pas été exposées aux attentats ont également participé à l’étude ».
Le journaliste retient que
 « les personnes résilientes (sans PTSD) ont une capacité nettement supérieure à inhiber les zones de la mémoire lorsque surgit un souvenir intrusif. L’un des intérêts du protocole d’étude utilisé dans Remember est de ne pas être basé sur les souvenirs traumatiques mais sur le mécanisme de contrôle ».
Jacques Dayan, psychiatre, observe que 
« cela pourrait conduire à des approches thérapeutiques plus rassurantes pour les patients qui craignent de revivre des souvenirs angoissants ».
Pierre Gagnepain ajoute que «
 ce système de contrôle est en revanche très perturbé en cas de stress post-traumatique, ce qui est très pénible pour la personne qui revit le passé comme si c’était le présent ».
Damien Mascret continue : 
« À côté des reviviscences, le PTSD s’accompagne d’une hypervigilance et de comportements d’évitement. L’hypervigilance résulte d’une activation du système de vigilance chargé de nous alerter en cas de danger. Dans le PTSD, il reste activé en permanence. Le monde est perçu comme dangereux, il devient impossible de «baisser la garde». L’évitement est ce qui conduit certaines victimes à ne plus s’exposer au moindre risque, quitte à ne plus sortir de chez elles ».
Il conclut que « 
grâce au «programme 13 Novembre», on peut désormais espérer que de nouvelles pistes thérapeutiques se développent et les aident sur ce chemin difficile ».

Date de publication : 14 février 2020

« La réalité virtuelle pour apaiser les patients »

Le Parisien

Le Parisien indique en effet que « la réalité virtuelle, dans laquelle on plonge son regard à travers un casque, peut aussi faire office d’assistant de santé. Et faire baisser de façon plus ou moins efficace l’anxiété, le stress et aussi la sensation de douleur lors de certaines interventions médicales ».
« De plus en plus de médecins font appel à cette technologie pour le plus grand bénéfice de leurs patients »,
 relève le quotidien.
Il explique que «
 le principe de base est tout d’abord celui du détournement de l’attention. En isolant le patient dans un univers totalement différent de celui, souvent anxiogène, d’une salle de soins, on parvient à faire drastiquement baisser son niveau de stress. C’est le cas le plus simple, qui prend la forme d’un moment récréatif grâce à des projections de vidéos classique ou à 360°, comme le propose l’hôpital privé le Bois, à Lille (Nord), à ses patients en soins palliatifs ».
Le Parisien souligne que 
« la réalité virtuelle […] permet d’aller beaucoup plus loin. Grâce à des images associées à des sons savamment choisis après de longues recherches scientifiques, il est possible d’amener un ou une patiente dans un état d’hypnose médicale ».
Tanguy Perrin, cofondateur de Deepsen, 
« société lyonnaise qui commercialise […] sa solution médicale de VR auprès d’une quarantaine d’hôpitaux et d’établissements de soins en France », précise que « la première étape consiste à placer le patient dans un état de relaxation grâce à une séance de respiration en cohérence cardiaque. Il est ensuite équipé d’un casque de réalité virtuelle grâce auquel il visionne un programme vidéo fait d’images réelles dans l’univers de son choix (mer, montagne, campagne, etc.) ».
« L’expérience est complétée par un environnement sonore particulier, mêlant voix et musiques dont les fréquences favorisent l’entrée dans un état d’autohypnose »,
 poursuit le responsable.
Le journal remarque que 
« l’objectif est également de réduire l’usage médicamenteux traditionnel pour faire baisser la sensation de douleur pendant un acte médical, «partout où les soins génèrent de la douleur, poursuit Tanguy Perrin, de la peur d’une aiguille jusqu’à des opérations chirurgicales lourdes». Plusieurs milliers de patients ont déjà, par exemple, expérimenté le casque Deepsen lors d’opérations orthopédiques de la hanche ou lors d’interventions gynécologiques ».
Le Parisien note que 
« les applications sont multiples. Les sapeurs-pompiers de la Mayenne utilisent depuis un mois un casque Bliss commercialisé par l’entreprise l’Effet Papillon de Laval. Ils peuvent ainsi proposer à une victime prise en charge après une chute ou un malaise, avant l’intervention du Samu ou pendant le transport jusqu’au service d’urgences, d’oublier la douleur en s’offrant une séance de réalité virtuelle à partir d’un casque relié à un simple smartphone ».
Le quotidien indique que l’équipement est aussi 
« utilisé pour détourner l’attention des patients lors de ponctions de moelle osseuse, de biopsies ou encore d’opérations de chirurgie dentaire ».
Le Parisien précise : 
« Pas question pour autant, aujourd’hui, d’abandonner totalement l’option anesthésique classique au profit de l’état d’hypnose obtenue par cet outil de réalité virtuelle ».
Mélanie Peron, fondatrice de l’Effet Papillon, indique ainsi que
 « la technique fonctionne sur la plupart des sujets, mais l’efficacité dépend tout de même du niveau d’accueil des patients. Il sera plus difficile d’obtenir de très bons résultats sur des personnes qui restent dans le contrôle total et acceptent difficilement de s’abandonner dans un autre monde ».
Le journal conclut que 
« la mise en place de la technologie de réalité virtuelle reste pour l’instant à la discrétion des médecins et des services hospitaliers (une cinquantaine sont équipés en France). Le coût d’installation se chiffre à quelques centaines ou milliers d’euros (200 € de location mensuelle pour un appareil Deepsen, par exemple), et reste gratuit pour les patients pris en charge ».

Date de publication : 24 février 2020

« Rester assis est mauvais pour le moral des adolescents »

Le Monde

Pascale Santi indique en effet dans Le Monde : « Enfants et adolescents, si vous lisez cette chronique, alors levez-vous… «Passer trop de temps assis est lié à un risque accru de symptômes dépressifs chez les adolescents», montre une étude conduite par le University College de Londres (UCL), publiée mardi 11 février dans The Lancet Psychiatry ».
La journaliste explique que ce travail «
 met en évidence que 60 minutes supplémentaires d’activité légère (comme marcher ou faire des tâches ménagères) chaque jour, à l’âge de 12 ans, sont associées à une réduction de 10% des symptômes dépressifs à 18 ans ».
« L’équipe a utilisé les données de 4257 adolescents qui participent à une recherche longitudinale depuis leur naissance, l’Alspac (Avon Longitudinal Study of Parents and Children). A l’aide d’accéléromètres, les enfants ont mesuré leur temps sédentaire et leur temps d’activité physique à 12 ans, 14 ans et 16 ans. Puis, à 18 ans, ils se sont soumis au «Depression Score», qui mesure la présence ou non de symptômes dépressifs (manque de concentration, de plaisir, mauvaise humeur…), et leur gravité, sur une échelle allant de 0 à 21 », 
précise Pascale Santi.
Elle relève ainsi :
 « Ces données mentionnent si l’enfant pratique une activité légère (par exemple marcher, jouer d’un instrument, faire de la peinture), une activité modérée (comme la course ou le vélo) ou s’il est sédentaire. Le port d’un accéléromètre permet d’obtenir des données plus fiables que lors d’études précédentes où il s’agissait souvent d’autodéclarations. Ces résultats ont été pondérés avec des données socio-économiques, des antécédents familiaux… ».
La journaliste retient qu
’« une augmentation de 60 minutes par jour du comportement sédentaire à 12, 14 et 16 ans était associée, à l’âge de 18 ans, à un score de dépression plus élevé de 8% à 11% par rapport à ce même score sans cette heure supplémentaire. Les personnes très sédentaires avaient, elles, un score de dépression plus élevé de 28,2% à l’âge de 18 ans ».
« A l’inverse, chaque heure supplémentaire d’activité physique légère à l’âge de 12, 14 et 16 ans était liée à des scores de dépression inférieurs de 7,8% à 11% à l’âge de 18 ans »
, poursuit-elle.
Pascale Santi note que
 « ces chiffres inquiètent les auteurs de ces travaux, qui relèvent que «le nombre de jeunes souffrant de dépression semble augmenter» ».
Aaron Kandola (UCL Psychiatry), auteur principal, observe cependant que
 « ce ne sont pas seulement des formes d’activité plus intenses qui sont bonnes pour notre santé mentale, mais toute activité physique pouvant réduire le temps passé assis est susceptible d’être bénéfique. L’activité légère pourrait être particulièrement utile parce qu’elle s’intègre facilement dans la routine quotidienne de la plupart des jeunes. Les écoles pourraient l’intégrer dans la journée de leurs élèves, par exemple avec des cours debout ou actifs ».
La journaliste relève toutefois qu’«
 on en est loin, car lycéens et étudiants ont bien souvent des cours durant 3 ou 4 heures d’affilée, parfois sans aucune pause, même brève, et restent ainsi plus de 8 heures assis par jour ».
De son côté, David Thivel, chercheur et membre du conseil scientifique de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps), réagit : «
 C’est une très bonne étude, le message est pertinent. Ces travaux montrent les effets de l’activité physique sur la santé mentale. L’activité physique des enfants et adolescents, souvent collective, favorise les interactions sociales, importantes pour le développement cognitif ».
Pascale Santi note enfin que «
 pour François Carré, cardiologue du sport, le sujet «est une bombe à retardement». En effet, en France, 87% des adolescents de 11 à 17 ans sont en deçà d’une heure quotidienne d’activité physique, la dose minimale recommandée dans cette tranche d’âge par l’OMS ».

Date de publication : 27 février 2020

 

 

Revue de presse santé psy – janvier 2020

 

« « Dry January » : une psychiatre à l’écoute des femmes « malades d’alcool » »

La Croix

La Croix brosse le portrait de Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre, qui « soigne des patientes souffrant d’alcoolisme. Un tabou que cette promotrice du « Dry January » (janvier sobre) en France participe à lever ».
Le journal observe ainsi : «
 Il y a celles qui boivent avant de prendre la parole en public, pour «se donner du courage». Celles qui ont besoin d’un «remontant» avant un entretien d’embauche. Celles encore que l’alcool aide à affronter les brimades d’un conjoint. Un verre ou plus, plusieurs fois par semaine ou tous les jours, simplement pour oublier ».
« Voilà le genre d’histoires que les patientes du Dr Fatma Bouvet de la Maisonneuve lui confient, dans son petit cabinet médical de Montrouge (Hauts-de-Seine) ou à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, où cette psychiatre a créé l’unique consultation pour les femmes souffrant d’alcoolisme, en 2008. Des histoires de violence bien souvent, avec des «cassures», des non-dits enfouis »,
 poursuit le quotidien.
La psychiatre indique : «
 Les femmes que je vois ont souvent été maltraitées impunément, abusées. Elles boivent pour éloigner le traumatisme, ne plus sentir la douleur ».
La Croix explique que la spécialiste 
« s’est très tôt intéressée aux addictions, dont les malades, au profil complexe, sont «trop souvent délaissés». En particulier les femmes, victimes d’un véritable tabou alors qu’elles représentent 10% des dépendants à l’alcool ».
Le Dr Bouvet de la Maisonneuve précise : 
« Elles viennent de tous les milieux, mais les plus touchées sont les femmes hyperactives, avec des responsabilités. Elles excellent dans les études, se battent deux fois plus que les hommes pour accéder au poste qu’elles convoitent, s’occupent des enfants. Et puis un jour, les enfants partent, il ne se passe plus grand-chose avec le conjoint et le plafond de verre ne s’est toujours pas brisé… ».
La Croix indique que 
« c’est pour elles qu’il y a 2 ans, cette femme chaleureuse et élégante a fondé l’association Addict’elles, un lieu d’information sur l’alcoolisme féminin où seront bientôt proposés des groupes de parole. Alors qu’a débuté l’opération « Janvier Sobre » – traduction du « Dry January » anglais, qui consiste à se passer d’alcool pendant un mois –, le docteur entend profiter de l’événement pour éveiller les consciences ».
La psychiatre souligne que 
« les autorités ont choisi les intérêts économiques plutôt qu’humains. […] À part un pictogramme ici et là, rien n’est fait pour alerter les femmes enceintes de la gravité du syndrome d’alcoolisation fœtale, dont les conséquences peuvent être dramatiques sur les enfants ».

Date de publication : 7 janvier 2020

« Enfants et écrans : « On est face à un problème majeur de santé publique » »

Le Parisien Libération

Le Parisien observe que « l’inquiétude grandit face à l’impact des écrans sur les plus jeunes. Une étude de l’université de Rennes, présentée ce mardi par Santé publique France, établit que les petits qui regardent les écrans le matin ont trois fois plus de risque de développer des troubles du langage. Pire encore : si l’enfant ne parle pas de ce qu’il voit à l’écran avec ses parents, le risque est multiplié par six ».
Le quotidien relève notamment que 
« l’étude inédite montre que la durée n’est pas une question essentielle. «Peu importe le temps, explique l’autrice Manon Collet, médecin généraliste dans le bassin rennais. Le problème, c’est l’exposition dès le lever.» ».
Lise Barthélémy, pédopsychiatre, note pour sa part : 
« Les écrans, le matin, les excitent toute la journée. En consultation, je vois des petits agités, des comportements brouillés ». Elle évoque « une hausse faramineuse des troubles du langage, de l’apprentissage, du comportement, relationnels. Parfois, je ne sais pas quel enfant j’ai devant moi ».
Le Parisien indique que
 « Michel Desmurget, docteur en neurosciences à l’Inserm, […] met en garde sur la consommation numérique qui « rend bête » nos enfants. La liste des risques, nous dit-il, est sans fin. Tous les piliers du développement sont affectés ».
Dans un entretien, le spécialiste souligne :
 « On sait déjà que l’exposition aux écrans, qui atteint aujourd’hui un niveau stratosphérique, favorise les troubles du langage. Mais cette étude est l’une des premières à montrer leur impact le matin. Ce temps d’échange, avant l’école, est essentiel autour du petit-déjeuner. Plus on parle à l’enfant, plus son intelligence va se développer ».
« En le mettant devant un écran, vous le privez d’une discussion quotidienne. Ce sont des milliers de mots qu’il n’apprendra pas. Si vous échangez beaucoup avec lui, il connaîtra 1100 à 1200 mots, à 3 ans, si vous parlez peu, seulement 500 »,
 poursuit-il.
Michel Desmurget ajoute que 
« d’autres études ont montré que ce retard était ensuite plus difficile à rattraper. Ne faites pas peur aux parents, je ne dis pas que c’est impossible. Mais le déficit de départ tend à croître avec le temps et à donner un lexique et une syntaxe plus pauvre. Si vous touchez au langage, vous touchez au cœur de l’intelligence humaine ».
Il constate qu’«
 on est en train de faire du mal à toute une génération de gamins nés après 2000. En France, ils sont 750.000 à 800.000, âgés de 4 à 10 ans, à être encore devant la télé à 22h30 ! J’ai comparé les versions de 1962 et de 2006 du Club des 5 et du Trésor de l’île. En 40 ans, 40% du vocabulaire a disparu ».
Le Parisien demande :
 « Pas d’écran avant 3 ans comme le disent les autorités de santé, c’est donc la règle absolue ? ».
Michel Desmurget répond que «
 cette limite d’âge est une jolie arnaque marketing. […] En réalité, les écrans sont aussi délétères à 2 ans qu’à 4 ans. Qu’importe leur âge, les enfants ne doivent pas être exposés à la télé, aux tablettes, aux smartphones. Pour moi, c’est zéro écran jusqu’à 6 ans. La liste des risques est longue comme le bras : problèmes de langage, d’attention, de mémorisation, d’obésité. On est face à un problème majeur de santé publique ».
De son côté, Libération titre : 
« Les écrans coupent-ils la parole aux plus petits ? ».
Le journal remarque ainsi : 
« Et vlan, une pierre de plus dans le jardin de ceux qui crient aux dangers des écrans pour les enfants, quand ils ne pronostiquent pas carrément une Fabrique du crétin digital tel Michel Desmurget, docteur en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives de Lyon ».
Le quotidien explique aussi que 
« conduite par une équipe de Rennes (Université, Inserm, Santé publique France), une étude rendue publique ce mardi par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire le pointe : les enfants exposés aux écrans le matin avant l’école et qui discutent rarement voire jamais du contenu de ces écrans avec leurs parents multiplient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage ».
Libération retient que
 « cette étude, après avoir établi une mauvaise «connexion» entre exposition aux écrans (notamment le matin, car l’enfant épuiserait alors son attention, et serait moins apte aux apprentissages de la journée) sans discussion avec les parents sur le contenu de ces écrans et troubles primaires du langage, évoque un «problème de santé publique» ».

Date de publication : 14 janvier 2020

« Alcool, un problème à géographie variable »

Le Figaro La Croix

Damien Mascret indique en effet dans Le Figaro que « les nouvelles données de Santé publique France sont sans appel : un Français sur quatre boit trop ».
Le journaliste fait 
« le point région par région », relevant : « La bière au nord et à l’est, le vin au sud et les alcools forts à l’ouest : on ne privilégie pas les mêmes alcools selon les régions. Ramenée en volume d’alcool pur, la consommation en France reste impressionnante avec 11,7 litres par habitant en 2017 ».
« On peut se rassurer en se disant que la baisse est constante depuis les années 1960, ou s’alerter devant un mode de consommation qui change », 
continue Damien Mascret. Santé publique France observe ainsi : « On note une consommation régulière plus faible et une augmentation des consommations ponctuelles importantes ».
Le journaliste évoque tout d’abord l’Occitanie :
 « La région a le triste privilège d’avoir la plus haute prévalence de consommation d’alcool avec 12,6% des adultes de 18 à 75 ans qui en boivent chaque jour. C’est aussi l’une des trois régions où la consommation de vin est la plus importante ».
Damien Mascret note toutefois que
 « le taux standardisé de mortalité directement lié à l’alcool est nettement inférieur (de plus de 20%) à la moyenne de la France métropolitaine tant pour les hommes que pour les femmes. La consommation d’alcool est de plus en plus fréquente chez les jeunes filles ».
Le journaliste observe qu’«
 en deuxième position des régions où l’on trouve le plus de buveurs quotidiens (12,3%), la région [Nouvelle-Aquitaine] s’illustre par la deuxième plus forte consommation de vin derrière la Bretagne. Comme en Occitanie, la mortalité directement liée à l’alcool reste néanmoins inférieure à la moyenne nationale. Un paradoxe puisque la région est au-dessus de la moyenne nationale à la fois pour les alcoolisations ponctuelles importantes mensuelles, quel que soit l’âge ».
Damien Mascret précise que 
« la mortalité la plus forte » est enregistrée dans les Hauts-de-France : « La région n’est «que» troisième en termes de consommation quotidienne, mais l’impact sur la santé est majeur avec le plus haut taux de mortalité directement liée à l’alcool. Il s’agit essentiellement de bière, comme dans le Grand Est voisin. La consommation quotidienne qui était en baisse de 2000 à 2014, a légèrement réaugmenté en 2017. Signe encourageant : chez les 18-30 ans, la consommation hebdomadaire et les ivresses y sont plus faibles qu’ailleurs ».
Le journaliste continue : 
« Paca, les femmes boivent », « Pays de la Loire, la jeunesse s’enivre », « Ile-de-France, la vertueuse », « Grand Est, trop de bière »…
La Croix retient également que « 
si l’Occitanie est la région de France où la consommation quotidienne est la plus élevée (devant la Nouvelle-Aquitaine et les Hauts-de-France), c’est en Bretagne que la consommation ponctuelle importante (ou « binge drinking ») est la plus répandue ».
Le quotidien ajoute que 
« Santé publique France relève […] que les alcools consommés ne sont pas les mêmes selon les régions : les régions du Nord, de l’Est et la Bretagne consomment plus de bière que le reste du pays, tandis que la consommation de vin est plus importante en Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie et en Auvergne-Rhône-Alpes, régions de forte production vinicole ».
La Croix observe en outre que
 « l’agence sanitaire a mis sur pied un nouvel indicateur, qui mesure la responsabilité de l’alcool dans les passages aux urgences. En moyenne quotidienne, pour les hommes, entre 1,2% (Corse) et 3,1% (Bretagne) des passages aux urgences sont en lien direct avec une consommation d’alcool. Ce taux grimpe à 7,3% pour La Réunion ».

Date de publication : 15 janvier 2020

« Tramadol : pour faire face aux addictions, les autorités vont limiter les prescriptions »

Le Parisien

Le Parisien note en effet : « C’est un comprimé qui peut vite rendre accro. Alors pour mieux encadrer l’accès au Tramadol, un antidouleur qui agit sur les mêmes récepteurs que la morphine, sa délivrance va être plus stricte. Plus question pour les médecins de rédiger des ordonnances pour 12 mois, comme cela pouvait être le cas jusqu’à présent. Désormais, ce sera 3 maximum ».
Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et stupéfiants à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), précise ainsi :
 « Avant le patient pouvait aller tous les mois pendant un an en pharmacie se procurer du Tramadol. Dès le 15 avril, il devra revoir son médecin au bout de 3 mois si les douleurs persistent. Le spécialiste réévaluera la pertinence du traitement, le niveau de dépendance et fera le choix ou non de le prescrire à nouveau ».
Le Parisien rappelle que
 « prescrit pour calmer les douleurs modérées ou sévères, après un accident, une chirurgie ou encore des douleurs chroniques, cet antalgique, consommé en 2017 par 6,8 millions de Français, est la solution lorsque le paracétamol ou les anti-inflammatoires n’agissent plus. Mais son usage prolongé peut entraîner une forte dépendance longtemps sous-estimée. Or, depuis le retrait du marché en 2011 du Di-Antalvic, un autre antalgique, sa consommation a augmenté de 30% ».
Nathalie Richard souligne qu’
« on a vu de plus en plus de patients, sans antécédent particulier, développer une dépendance au Tramadol ». Le journal relève ainsi qu’« en 2016, sur les 84 décès liés aux antalgiques, 37 sont dus à une overdose au Tramadol ».
Le Dr William Lowenstein, président de la fédération SOS Addictions, réagit :
 « Cette mesure est un premier pas mais il faut aller plus loin, le prescrire uniquement sur une ordonnance sécurisée, c’est-à-dire infalsifiable, rédigée en toutes lettres comme c’est le cas pour la morphine ».
Le Pr Nicolas Authier, directeur de l’Observatoire français des médicaments antalgiques, note quant à lui : 
« En réalité, il est très rare de prescrire du Tramadol 12 mois. Cette mesure est un moyen de sensibiliser les médecins et les patients, de leur dire, soyez vigilants, pensez au suivi. Il est très efficace mais c’est aussi l’antalgique opiacé qui a le plus d’effet indésirable, souvent prescrit à tort en premier choix ».

Date de publication : 16 janvier 2020

« Comment le lobby de l’alcool sape toute prévention prônant l’abstinence »

Le Monde

Le Monde observe en effet que « bloquant toute initiative en ce sens, comme un soutien gouvernemental au « Janvier sec », les lobbyistes deviennent acteurs de la politique sanitaire, au grand dam des addictologues ».
Le journal explique ainsi que «
 le 14 novembre 2019, en début d’après-midi, le président de la République sort tout juste de table à Epernay (Marne) quand le responsable du Syndicat général des vignerons de la Champagne, Maxime Toubart, s’improvise porte-parole de l’Elysée. «Vous pouvez faire savoir qu’il n’y aura pas de “Janvier sec”», annonce-t-il ».
Le quotidien rappelle que 
« l’opération « Janvier sec » ou « Dry January », qui consiste à suspendre sa consommation d’alcool pendant un mois, devait être soutenue par l’agence nationale Santé publique France, mais voilà que le vigneron triomphe : elle se fera sans l’Etat ».
« Les acteurs de l’addictologie et de la prévention en santé s’insurgent. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, fait profil bas. Une polémique grandit, se déplie en invectives, en insultes, en tribunes d’écrivains et d’acteurs : on en appelle au «patrimoine» et à la «liberté» alors que la «civilisation s’effondre» peut-être », relève Le Monde.
Le journal observe que « début janvier 2020, un éditorial de La Revue du vin de France concentre tous les qualificatifs et vilipende les «associations hygiénistes qui font régner la peur en associant le vin à la mort et au cancer», n’hésite pas à parler de «cabale», de «camarilla prohibitionniste», de «censeurs», de «ligues de vertu», du «carcan mortifère de la loi Evin», qui encadre le tabac et l’alcool. «Il faut réagir, s’enflamme le directeur de la rédaction, cesser de financer ces associations parasites qui préconisent la ruine de notre secteur viticole, le reniement de notre culture.» ».

Le Monde continue 
: « Qu’elle dure un mois ou toujours, les alcooliers ne veulent pas de l’abstinence. Au cauchemar de la sobriété, ils préfèrent la «modération» toute l’année. Une modération dont ils font la promotion à l’aide de «repères de consommation». Ce sont les fameux «2, 3, 4, 0» – 2 unités d’alcool par jour pour les femmes, 3 unités pour les hommes, 4 unités pour les consommations occasionnelles et 0 unité d’alcool «dans le cadre de situations à risque (grossesse, prise de médicaments…) et au moins un jour par semaine dans toutes les autres situations» ».
Le journal remarque que « 
le détournement des repères par le secteur est d’autant plus lourd de conséquences que, depuis la fin des années 2000, les études scientifiques qui s’accumulent finissent de balayer le mythe des effets bénéfiques de l’alcool consommé avec «modération». Le risque de cancer annihile les éventuels effets bénéfiques, cardiovasculaires en particulier, mis en avant par le lobby depuis trois décennies ».
Le quotidien souligne ainsi : 
« Vin, bière ou rhum : en cela, tous les alcools se valent. Deuxième cause de mortalité prématurée évitable après le tabac, l’alcool est responsable du décès de 41.000 personnes chaque année en France, dont 16.000 meurent d’un cancer, selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France de février 2019 ».
« Et pourtant… C’est à la demande de la présidence de la République elle-même que les alcooliers sont […] devenus des «acteurs de la prévention», comme ils aiment à le dire »,
 relève Le Monde.

Date de publication : 21 janvier 2020

« La luminothérapie, un bon réflexe pour passer l’hiver ? »

Le Figaro

C’est ce que se demande Le Figaro, qui remarque que « pour ceux qui n’ont pas la chance d’habiter sous les tropiques, l’hiver peut parfois sembler long. Avec la grisaille, le froid et le manque de lumière, notre moral en prend un coup. Mais il y aurait une solution : la luminothérapie ».
Le journal relève ainsi que 
« s’exposer chaque jour quelques minutes à une lampe qui mime les rayons du soleil est réputé pour stabiliser l’humeur, prévenir la dépression saisonnière ou encore améliorer le sommeil. Longtemps cantonnés à l’hôpital, les appareils de luminothérapie sont désormais accessibles au grand public ».
La Dr Élisabeth Ruppert, neurologue spécialisée dans le sommeil au CHU de Strasbourg, indique que «
 si une personne voit que son humeur et son niveau d’énergie fluctuent en fonction de la saison, c’est un bon candidat à la luminothérapie. Chez les personnes souffrant de dépression saisonnière ou de troubles affectifs saisonniers, nous observons un bénéfice clinique très net ».
Le Figaro rappelle qu
’« une étude française publiée en septembre 2019 dans la revue scientifique Sleep Medicine Reviews a même montré que la luminothérapie s’avérait aussi efficace qu’un antidépresseur pour lutter contre la dépression. Et que l’association des deux donnait encore de meilleurs résultats ».
« Mais pas question de le faire n’importe comment »,
 ajoute le quotidien. La Dr Ruppert précise : « Nous recommandons d’utiliser une lampe qui émet une lumière blanche de 10.000 lux d’intensité. Il faut s’exposer 30 minutes le matin, dans les heures qui suivent le réveil. […] Si les personnes ne supportent pas cette forte intensité, il est possible de s’exposer à 5000 lux pendant une heure. […] Si des effets n’apparaissent pas dans les premiers jours, il faut compter au moins un mois à ce rythme avant de conclure à une absence d’effet ».
Le Figaro rappelle que « ce «pouvoir» de la lumière est intimement lié à notre horloge biologique. Car la lumière en est le chef d’orchestre ».
 Jacques Taillard, ingénieur de recherche au CNRS à Bordeaux, indique ainsi que « lorsqu’elle arrive sur la rétine, elle va bloquer la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil, qui est produite par certains neurones ».
« Pas étonnant, donc, que la luminothérapie soit utilisée pour traiter les troubles du sommeil »,
 observe le quotidien.
Il souligne toutefois que
 « les appareils de luminothérapie ne sont pas tout à fait sans risque : maux de tête, nausées, inconfort visuel et irritabilité peuvent parfois se manifester au début du traitement ». La Dr Ruppert explique qu’« il peut y avoir des effets indésirables, mais ils sont majoritairement transitoires et bénins. Dans ce cas, nous conseillons de diminuer l’intensité lumineuse et de s’écarter du dispositif ».
Le Figaro note de plus que
 « la luminothérapie peut être plus délétère que bénéfique pour les personnes souffrant de maladies de la rétine comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Dans ce cas, le choix de traiter ou non devra se faire sur les conseils éclairés d’un médecin ».

Date de publication : 27 janvier 2020

« Fausses couches précoces : un impact psychologique à ne pas sous-estimer »

Le Monde

Sylvie Logean remarque dans Le Monde que « souvent banalisées, les fausses couches du premier trimestre peuvent avoir un impact psychologique non négligeable. Une femme sur six serait ainsi victime de stress post-traumatique à long terme, selon une étude anglaise ».
La journaliste explique ainsi que
 « selon les résultats d’une étude prospective réalisée auprès de 650 femmes par l’Imperial College de Londres, et publiée le 14 janvier dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology, près d’une personne sur trois ayant vécu une fausse couche avant 12 semaines de grossesse, ou ayant subi une grossesse extra-utérine […], se trouverait dans un état de stress post-traumatique pouvant perdurer, pour une femme sur six, jusqu’à 9 mois ».
« Des symptômes d’anxiété modérée à sévère seraient par ailleurs rencontrés par 25% des personnes interrogées et perdureraient après 9 mois chez 17% d’entre elles. De même, 10% et 6% des femmes souffriraient de dépression modérée à sévère après respectivement 1 mois et 9 mois »,
 indique Sylvie Logean.
La journaliste souligne que 
« ces chiffres viennent rappeler la nécessité d’améliorer la prise en charge des couples ayant perdu un bébé en cours de grossesse, quelle que soit son avancée ».
Le Pr Tom Bourne, principal auteur de ce travail, remarque ainsi : 
« Notre société peine à reconnaître cet événement comme pouvant être particulièrement traumatisant. Il en résulte un manque de compréhension et de soutien pour de nombreuses femmes. L’accompagnement des personnes ayant vécu des fausses couches devrait être adapté afin de répondre à leur réel impact psychologique, tout comme il faudrait encourager les gens à en parler davantage ».
Sylvie Logean continue : «
 Relativement fréquentes, les fausses couches concerneraient entre 15% à 20% des grossesses confirmées par prise de sang. Elles sont cependant encore régulièrement vécues dans la solitude ».
La Pr Antje Horsch, psychologue et directrice du Lausanne Perinatal Research Group à l’université de Lausanne (Suisse), observe que 
« le secret entourant les trois premiers mois de la grossesse, puis la perte du bébé, rend plus difficile pour le couple de pouvoir partager son deuil. Le couple peut alors se sentir isolé et insuffisamment entendu dans sa souffrance, y compris par l’entourage, dont certaines remarques peuvent s’avérer inadaptées ».
Sylvie Logean ajoute que «
 pour Tom Bourne, il est fondamental de mettre en place des outils de dépistage permettant d’identifier, dans les 3 mois suivant l’arrêt de la grossesse, la présence d’une éventuelle pathologie psychologique ».
Le gynécologue précise :
 « Les personnes présentant des critères d’anxiété ou dépression importants se verront probablement proposer une thérapie comportementale cognitive et, si nécessaire, une prise en charge médicamenteuse. Nous prévoyons actuellement un essai afin de déterminer le traitement optimal du stress post-traumatique spécifiquement associé aux fausses couches ou aux grossesses extra-utérines ».
« Les deux parents peuvent également vivre le deuil à des rythmes différents, un phénomène venant compliquer une situation par ailleurs déjà difficile », 
poursuit Sylvie Logean.
La Pr Horsch explique que « 
des enquêtes réalisées au CHUV, à Lausanne, nous ont permis de constater que [les pères] pouvaient également souffrir d’anxiété, de dépression et de stress post-traumatique. C’est pourquoi la recherche devrait également s’intéresser aux partenaires qui, eux aussi, ont vu leur projet de parentalité s’arrêter soudainement ».

Date de publication : 28 janvier 2020

« Violences conjugales : l’Assemblée vote la proposition de loi permettant la levée du secret médical »

Le Parisien Libération

Le Parisien indique en effet qu’« après des mois de débats entre experts et un Grenelle dédié, la proposition de loi LREM visant à protéger les victimes de violences conjugales a été adoptée ce mercredi à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Elle doit notamment permettre la levée du secret médical en cas de «danger immédiat» ».
Le journal précise que «
 la levée du secret médical sera possible pour un professionnel de santé «lorsqu’il lui apparaît» que des violences au sein d’un couple «mettent la vie de la victime majeure en danger immédiat et que celle-ci se trouve sous l’emprise de leur auteur». Une mesure qui suscite toutefois certaines réticences ».
Le quotidien relève ainsi que 
« lors des débats, en présence de trois membres du gouvernement – Nicole Belloubet (Justice), Marlène Schiappa (Égalité femmes-hommes) et Adrien Taquet (Protection de l’enfance) -, des élus de droite comme de gauche ont pointé le risque d’une «perte de confiance» entre la victime et son médecin ».
« Marlène Schiappa a défendu pour sa part une disposition «utile» qui […] «vient des femmes elles-mêmes», la rapporteure Bérangère Couillard (LREM) ajoutant qu’elle est le fruit d’une concertation avec l’Ordre des médecins », continue Le Parisien.
Le journal remarque par ailleurs que « face aux violences conjugales, les médecins [sont] en première ligne ».

Le Parisien livre des témoignages de praticiens qui 
« détaillent les difficultés qu’ils rencontrent lorsqu’ils sont confrontés à cette problématique. […] Marie Le Bars, médecin généraliste à Lyon, se souvient très bien de cette patiente, victime de violences conjugales depuis des années. «À chaque fois, elle refusait de prendre le certificat médical de coups et blessures qui permet de déposer plainte. Mais un jour, elle est arrivée, m’a demandé les sept papiers sans hésiter et est partie voir la police.» Depuis, son conjoint dort en prison ».
Le journal continue :
 « Des femmes frappées par leur mari, petit ami, ex-conjoint, Marie Le Bars en voit deux à trois fois par jour dans la salle d’attente de son cabinet. Pas de profil type, «les violences conjugales touchent toutes les classes sociales, tous les âges», rappelle la médecin ».
Le Parisien s’interroge :
 « Faut-il lever partiellement le secret médical ? […] «Fausse bonne idée, nous ne sommes pas des auxiliaires de la police», s’agace Héloïse Galili, psychologue et conseillère conjugale au Planning familial de Paris. Pour elle, cette possibilité risquerait de «briser la confiance entre la patiente et son médecin et infantiliserait la victime au moment où elle a le plus besoin d’avoir confiance en elle» ».
Le journal souligne : «
 Le manque de moyens pour l’accompagnement des victimes. C’est ce que pointent du doigt les soignants que nous avons contactés. De l’absence de sensibilisation aux violences conjugales dans beaucoup d’universités, au nombre de places insuffisant dans les hébergements d’urgence, tous considèrent que les femmes battues ne sont pas suffisamment protégées ».
Héloïse Galili ajoute que 
« chaque soignant devrait avoir une formation sur les violences faites aux femmes, qu’on prenne conscience que c’est une donnée médicale puisque c’est un facteur majeur de dégradation de la santé ».
Libération évoque également cette 
« passe d’armes à l’Assemblée sur le secret médical ».
Le journal relève : « 
Faut-il revoir la loi en matière de secret médical, et préciser les conditions dans lesquelles un professionnel de santé peut signaler des faits de violences conjugales au procureur ? La question a suscité des débats pointus ce mercredi à l’Assemblée nationale, où les députés examinaient en première lecture la proposition de loi de la majorité en matière de protection des victimes de violences conjugales ».
Le quotidien indique qu’«
 issu du récent Grenelle sur le sujet, le texte prévoit une série de mesures destinées à endiguer un fléau qui touche chaque année quelque 210.000 Françaises, et a causé la mort d’au moins 127 d’entre elles en 2019 ».
Libération constate que 
« la plus controversée figure sans conteste dans l’article 8 de cette proposition de loi portée par la députée LREM Bérangère Couillard. Il s’agit de permettre une levée du secret médical lorsque le personnel soignant a «l’intime conviction que la victime majeure est en danger immédiat et qu’elle se trouve sous l’emprise de [l’]auteur». Le médecin devra alors «s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime» et à défaut, devra «l’informer du signalement fait au procureur de la République» ».
Le journal note que 
« les amendements de suppression de cet article 8 controversé ont finalement été rejetés, n’ayant reçu le soutien que de 34 des 93 votants dans l’hémicycle. Le gouvernement a engagé une procédure accélérée sur cette proposition de loi, qu’il espère faire adopter d’ici à la fin mars ».

Date de publication : 30 janvier 2020

 

 

Revue de presse santé psy – décembre 2019

 

« La Lune a-t-elle une influence sur notre santé ? »

Le Figaro

C’est ce que se demande Cécile Thibert dans Le Figaro, observant : « Naissance, épilepsie, sommeil : bien des pouvoirs ou nuisances sont attribués à l’astre de nos nuits. Problème : la science ne suit pas ».
La journaliste évoque 
« le principal argument avancé pour expliquer les prétendus pouvoirs de la Lune : puisqu’elle est responsable des marées, pourquoi n’agirait-elle pas sur notre corps qui est composé à 75% d’eau ? ».
Jean-Eudes Arlot, astronome émérite à l’Observatoire de Paris, explique que «
 contrairement à ce que l’on imagine, la Lune n’attire pas que l’eau : elle attire tout ». « Mais cette force est surtout… très faible à l’échelle d’un être humain : elle n’excède pas celle d’un moustique posé sur votre épaule. Autant dire rien du tout », continue Cécile Thibert.
La journaliste relève une 
« autre bizarrerie de ces théories : pourquoi la Lune exercerait-elle une force seulement quand elle est «pleine», c’est-à-dire toutes les 29,5 nuits ? ».
Jean-Jacques Ingremeau, physicien et membre de l’Association française pour l’information scientifique, rappelle que 
« la Lune est toujours “entière”, elle n’est juste pas toujours éclairée de la même façon par le Soleil. D’ailleurs, les variations d’attraction lunaire au sein d’une même journée sont plus importantes qu’entre les différentes phases de la lune. S’il y avait un effet sur la santé, il devrait se manifester plusieurs fois par jour ! ».
Cécile Thibert observe en outre qu’«
 un clair de lune ne représente que 0,00025% de la luminosité d’un soleil d’été. Comment une si faible lumière pourrait-elle avoir de si grands effets ? ».
La journaliste explique par ailleurs que 
« des scientifiques ont mis leur nez dans les registres de naissance. De toutes les études publiées (une vingtaine tout de même), aucune n’a pu mettre en évidence un afflux de bébés les soirs de pleine lune ».
« D’autres équipes ont cherché à savoir si la Lune avait un impact sur, au choix, les maladies psychiatriques, les passages aux urgences, la qualité du sommeil, l’épilepsie… Là encore, aucun lien n’a jamais été démontré », 
relève Cécile Thibert.
Jean-Jacques Ingremeau souligne ainsi que 
« le seul effet sanitaire actuellement démontré de la pleine lune est d’augmenter le nombre d’accidents de voitures provoqués par des animaux car la luminosité nocturne favorise leurs déplacements ».
La journaliste remarque cependant que 
« les «pouvoirs» de la Lune ont encore de beaux jours devant eux. Ces croyances ne viennent pas de nulle part, mais de traditions et probablement d’anciennes religions où les astres sont des divinités. Ici on peut identifier des biais d’attribution qui nous donnent le sentiment de comprendre (et donc de contrôler) notre vie et notre environnement ».
« À partir de là peuvent jouer d’autres biais cognitifs, et en premier lieu les biais de confirmation qui nous conduisent à nous tourner préférentiellement vers les sources d’information où l’on trouve une validation à nos croyances, à interpréter à notre avantage les informations floues, à retenir plutôt les faits qui nous confortent »,
 observe Cécile Thibert.

Date de publication : 2 décembre 2019

« Alerte sur les ravages de l’ecstasy à Paris »

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève : « Présentée comme la drogue «festive» par excellence, l’ecstasy est devenue une tueuse en série. La cote d’alerte est dépassée et, dans le milieu de la nuit, les compteurs s’affolent ».
Le journal indique en effet qu’«
 un dernier bilan de la brigade des stupéfiants de Paris (BSP) […] fait état de 10 morts imputables à cette drogue de synthèse depuis le début de l’année dans Paris intra-muros. Soit près du tiers des 28 décès par overdoses enregistrées dans la même période ».
Le quotidien souligne ainsi que
 « connues aussi sous le nom de MDMA, molécule de la famille des amphétamines, ces pilules dites de «l’amour» et consommées en «cocktail» font plus de ravages que la cocaïne (8 morts) et l’héroïne (7 morts) ».
Le commissaire général Christophe Descoms précise :
 « Ciblant une tranche d’âge de 16-25 ans, ces drogues de synthèses tuent des jeunes gens parfaitement intégrés. Ce fléau est d’autant plus préoccupant que les victimes étaient auparavant toutes en pleine santé. À la différence des consommateurs habituels que nous croisons, souvent des héroïnomanes ou des usagers de crack dans un état de délabrement qui permet d’envoyer des signaux d’alerte sanitaires, ces adolescents et jeunes adultes meurent sans prévenir, après avoir pris la drogue d’un soir ».
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) constate de son côté qu’« 
après des années de reflux, l’usage de comprimés a fait un retour prononcé dans l’espace festif, qu’il relève du secteur commercial (clubs, discothèques) ou du milieu alternatif (free parties, teknivals, etc.). Ce retour est accompagné d’une véritable stratégie marketing de la part des producteurs, avec des comprimés plus gros, plus dosés et en trois dimensions ».
Le Figaro cite en outre la PJ parisienne, qui observe :
 « Ignorant la composition du produit, les usagers jouent à la roulette russe. Cette substance bloque les reins, ce qui oblige à boire beaucoup d’eau sans que la soif soit étanchée. Catastrophique pour les neurones, l’ecstasy provoque aussi des arythmies cardiaques et des détresses respiratoires ».

Date de publication : 3 décembre 2019

« Un médecin hospitalier sur deux se dit « touché par un épuisement professionnel » »

Libération

Eric Favereau constate en effet dans Libération : « Ils vont mal, ils sont fatigués, ils souffrent d’un manque de temps et se plaignent ouvertement d’une pression de la part de l’administration. A l’heure où les hôpitaux traversent une crise multiforme, «près de la moitié des médecins hospitaliers se disent touchés par un épuisement professionnel», selon une étude qui vient d’être publiée dans la grande revue médicale Psychiatry Research ».
Le journaliste relève qu’« 
un des auteurs n’est autre que le Pr Antoine Pelissolo, un des présidents de la coordination interhôpitaux à l’origine du mouvement actuel de grèves et de contestation ».
Eric Favereau souligne que «
 ce taux impressionnant pointe une tendance lourde car il y a 20 ans, pareille question ne se posait même pas. Etre médecin hospitalier était synonyme de réussite. Et leurs difficultés ne s’exprimaient pas, d’autant qu’à l’hôpital le pouvoir était entre leurs mains ».
Le journaliste explique que 
« cette étude a été réalisée auprès de 677 médecins […], dont 285 psychiatres, en poste dans des hôpitaux et cliniques du sud et de l’est de l’Ile-de-France. Ils ont répondu à plusieurs questionnaires «permettant d’évaluer leurs niveaux de stress au travail, d’anxiété, de dépression et d’épuisement professionnel (burn-out), ainsi que les facteurs de risque associés à ces différents états» ».
Les auteurs écrivent qu’
« un stress excessif lié à l’activité professionnelle est rapporté par 88,5% des médecins. Il est considéré comme « intense ou très intense » par 24,2% d’entre eux ».
Eric Favereau précise qu’«
 un état d’épuisement est retrouvé chez près de la moitié des médecins, qu’il s’agisse d’un épuisement personnel (49%), lié au travail (44%), ou interpersonnel, lié aux relations de travail (41%) ».
« Fait notable, l’épuisement interpersonnel est plus fréquent chez les psychiatres (45,3%) que chez les non-psychiatres (37,1%), sachant que les psychiatres plus anciens dans la carrière sont plus touchés que les plus jeunes (55,9% contre 39,8%). Comme si les relations entre collègues dans cette discipline n’étaient franchement pas bonnes 
», remarque le journaliste.
L’étude souligne de plus que
 « des symptômes dépressifs significatifs sont retrouvés chez 11,1% des médecins. Une anxiété significative se manifeste chez 28,6% des médecins, les psychiatres étant légèrement moins touchés que les non-psychiatres (22,8% contre 33,7%) ».
Eric Favereau note qu’« 
à la question des causes de ce mal-être massif, les réponses sont […] sans ambiguïté : «Intensité et temps de travail» et «exigences émotionnelles» sont les deux principaux facteurs, mais aussi «une relation vécue comme stressante avec l’administration», aussi perçue comme un élément qui contribue au risque d’épuisement professionnel. Comme si quelque chose ne fonctionnait plus dans les relations à l’hôpital ».
Le Pr Pelissolo déclare que «
 ce qui est nouveau, c’est que les médecins ont le sentiment de ne plus avoir de marge de manœuvre, ils se sentent coincés dans un carcan, alors qu’avant les choses leur semblaient plus souples ».
Les auteurs soulignent ainsi : 
« Ces résultats confirment la nécessité de réduire la charge de travail perçue, ainsi que d’améliorer la gestion des émotions par les médecins ».

Date de publication : 3 décembre 2019

« Alcool : le défi du « janvier sec » lancé « malgré les efforts du lobby alcoolier et la pression de l’Elysée » »

Le Monde

Le Monde fait savoir que « les associations d’addictologie et de promotion de la santé, dont notamment la Fédération Addiction, Aides, la Ligue contre le cancer… ne baissent pas les bras, loin de là. Elles ont annoncé dans un communiqué commun […] qu’«il y aura bien» une campagne de «Dry January» en France, «malgré les efforts du lobby alcoolier, malgré l’annulation, sous pression de l’Elysée, de l’opération “Mois sans alcool” initialement prévue par Santé publique France» ».
Le journal explique ainsi qu’«
 à l’instar du concept britannique, lancé en 2013 par l’association Alcohol Change UK, ces associations invitent à relever «le défi de janvier», et à faire une pause d’un mois sans alcool, afin d’en «ressentir les bienfaits» et de se questionner sur sa propre consommation. Une sorte de bonne résolution pour bien démarrer l’année, de détox après la période de fin d’année ».
Le Monde relève que 
« les associations s’appuient sur des expériences qui fonctionnent depuis plusieurs années dans le monde. Quatre millions de personnes ont relevé le défi du Dry January britannique en 2019, ils n’étaient que 4000 la première année. En Belgique, en février 2020, ce sera la quatrième édition de la Tournée minérale, qui avait compté plus de 120.000 participants un an auparavant ».
Le quotidien souligne que 
« les bénéfices sont nombreux » et cite Sophie Adam, de la Fondation belge contre le cancer : « Neuf participants sur dix ont ressenti au moins un de ces effets après un mois : reprise d’énergie, perte de poids, teint plus frais, meilleur sommeil, économies… Réticents au départ, certains restaurants et même des marques de bière participent à l’opération en proposant plus de boissons sans alcool ».
Le Monde évoque un «
 même constat des bienfaits au Royaume-Uni : ne pas boire d‘alcool pendant un mois améliore certains paramètres, comme la tension artérielle, la résistance à l’insuline, la glycémie, le cholestérol sanguin, les niveaux de protéines liées au cancer dans le sang, etc., selon une étude menée en 2018 par le Royal Free Hospital, publiée dans le British Medical Journal ».
Le quotidien ajoute qu’« 
une autre évaluation montre que les participants n’ayant pas bu d’alcool en janvier remarquent une meilleure concentration, un sommeil de meilleure qualité (pour 71% d’entre eux), plus d’énergie. Autre effet, 88% ont économisé de l’argent ; 71% ont réalisé qu’ils n’ont pas besoin d’un verre pour s’amuser, note Richard de Visser, de l’Ecole de psychologie de l’université du Sussex, qui a conduit ces travaux auprès de 2821 personnes à partir de sondages en ligne. Autant d’éléments qui incitent selon lui à participer ».
Le Monde relève que 
« l’effet le plus important du Dry January britannique est la baisse significative de la consommation, qui se mesure encore 6 mois après l’événement : un verre de moins par jour et un jour de plus sans consommer par semaine, selon les études, et un meilleur autocontrôle sur le refus de consommer ».
Jean-Pierre Couteron, addictologue, souligne de son côté que «
 ce type de campagne ne vise pas les malades alcooliques, mais plutôt des personnes qui peuvent surconsommer de temps à autre, notamment sous la pression sociale ».
Le Monde s’interroge : «
 Pour quelles raisons les pouvoirs publics n’ont-ils pas soutenu cette campagne dont les effets sont prouvés en Belgique et au Royaume-Uni ? Cette opération suscitait depuis plusieurs semaines l’opposition des lobbys de l’alcool. «C’est une réalité, les lobbys ont eu raison de ce défi, puis les arbitrages politiques les ont suivis», dénoncent la plupart des addictologues ».
Guylaine Benech, consultante en santé publique, déclare quant à elle :
 « L’absence de soutien des pouvoirs publics à cette campagne est un scandale de santé publique. C’est aussi un grand révélateur de la puissance des lobbys alcooliers sur le gouvernement ».

Date de publication : 3 décembre 2019

« Une recherche originale sur l’autisme récompensée »

Le Figaro

Damien Mascret annonce dans Le Figaro que « le 8e Prix Marcel-Dassault a choisi de soutenir une équipe qui tente d’évaluer et traiter les troubles sensoriels des autistes ».
Le journaliste indique ainsi : «
 Andreas Frick a une obsession : le chercheur en neurosciences veut comprendre pourquoi le cerveau des personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique (TSA) a autant de difficultés à traiter les informations sensorielles qu’il reçoit des cinq sens. Après avoir travaillé 3 ans sous la direction du Pr Bert Sakmann, Prix Nobel de médecine (1991), il a réuni sa propre équipe au Neurocentre Magendie de Bordeaux ».
Damien Mascret note que le chercheur
 « vient de devenir le 8e lauréat du Prix Marcel-Dassault 2019, désigné par le comité scientifique international de la Fondation FondaMental, un réseau français de coopération scientifique en santé mentale reliant 42 centres experts. Le prix, d’une valeur de 300.000 €, est financé par un mécénat du groupe Dassault (propriétaire du Figaro) », précise le journaliste.
Il explique que 
« le chercheur a mis au point un ingénieux protocole expérimental, sur des souris, pour valider un dispositif qui pourrait permettre de mieux évaluer chez l’homme les troubles sensoriels qui accompagnent généralement l’autisme ».
« Il consiste à appliquer des stimulations tactiles (toucher fin) sur la patte d’une souris, comme on pourrait le faire sur la main d’un patient, et de recueillir les réponses électriques du cerveau de l’animal avec l’équivalent d’un simple EEG […] ou d’une IRM […]. Andreas Frick espère ensuite pouvoir évaluer la correction de ces troubles avec des médicaments », 
poursuit Damien Mascret.
Andreas Frick explique que
 « les troubles du spectre autistique se caractérisent par des déficits de communication et d’interaction sociale d’une part, et de l’autre par un comportement, un intérêt ou une activité restreinte ou répétitive. […] Maintenant cette définition inclut aussi les perceptions sensorielles inhabituelles ou atypiques et c’est cet aspect que nous allons étudier dans notre projet ».
Damien Mascret relève que
 « c’est en effet l’une des particularités souvent méconnue du grand public, alors qu’elle est retrouvée chez 90% des personnes atteintes de TSA. Elles souffrent d’une perception exacerbée et envahissante, voire parfois douloureuse, des stimulations auditives, visuelles, olfactives, tactiles ou gustatives ».
« Excès de luminosité, bruit de fond irrégulier, texture d’un vêtement, trotteuse d’une horloge, couleur rouge ou autre, chaque autiste peut avoir une sensibilité exacerbée à un ou plusieurs stimuli qui surchargent alors son cerveau d’informations à traiter. Ces perceptions peuvent évidemment être très handicapantes dans la vie quotidienne, surtout dans les TSA sévères qui auront du mal à les exprimer »,
 poursuit le journaliste.
Le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation Fonda­Mental, observe ainsi qu’«
 il est très difficile d’expliquer les troubles sensoriels chez les autistes sans langage. Disposer d’outils pour identifier des sous-groupes homogènes de patients est fondamental […], pour pouvoir ensuite mener des essais thérapeutiques dans différentes pathologies mentales dont l’autisme ».

Date de publication : 4 décembre 2019

« Contre l’amnésie, les malades font leur trou »

Libération

Eric Favereau évoque dans Libération les livres de Marc Grinsztajn et Florence Niederlander, qui « relatent chacun les effets de leur mémoire vacillante, que ce soit après un séjour en psychiatrie ou lors de la survenue d’un Alzheimer précoce ».
Le journaliste observe ainsi : 
« Des malades, enfin, qui sortent du statut… de patients. Avec l’émergence des associations de malades, ils parlent (ou plutôt écrivent), détaillant au plus près leur pathologie, pointant combien celle-ci ne se résume pas à un simple dérèglement clinique. C’est impressionnant, utile aussi car on sort du seul discours d’experts pour aller vers la construction de ce que l’on appellera le savoir profane ».
Eric Favereau relève que ces «
 deux ouvrages troublent, car mélanges d’une vraie nouveauté par leur intensité propre mais aussi objets d’une grande confusion, fermés à clé sur eux-mêmes. Comme si la maladie justifiait à elle seule toutes les digressions ».
« Ainsi, Chocs de Marc Grinsztajn. Editeur de métier, depuis longtemps dépressif, l’homme est noyé dans une mélancolie aiguë. Hospitalisé durant six mois dans un service psychiatrique à l’hôpital Sainte-Anne, il est pris en charge par sismothérapie ou électroconvulsivothérapie. En clair, des électrochocs. Lorsque les médicaments ne fonctionnent pas, en particulier dans les graves dépressions, les électrochocs sont souvent prescrits, donnant des résultats efficaces. Et mystérieux, car on ignore les raisons de leur efficacité. En tout cas, notre écrivain-éditeur, lorsqu’il tente de reprendre pied dans sa vie… se dit perdu. N’a plus de vie, comme absent à lui-même, et surtout il traîne un grand trou noir chargé de graves troubles de la mémoire »
, continue le journaliste.
Eric Favereau observe : 
« Des mots forts, une explosion de mots où se mêlent des scènes burlesques, des rappels historiques, des passages délirants. On ne sait plus trop où l’on est, débordement ou bien vengeance contre ces psychiatres ».
Le journaliste poursuit : 
« Cette profusion verbale […], on la ressent aussi avec le livre-témoignage Alzheimer précoce, d’autant qu’il s’agit, là encore, de trous dans la mémoire. Florence Niederlander a été diagnostiquée Alzheimer à l’âge de 42 ans. C’était en 2013. Elle publie ce qu’elle appelle ses «petits carnets de vie» ».
L’auteure précise : 
« Au départ, cela devait être un journal intime qui, je pensais, serait peut-être lu par mon fils, pour qu’il comprenne, au fur et à mesure du temps qui passait, du fou rire au cri parfois, sa maman qui devenait une autre personne ».
Eric Favereau remarque : 
« Comment qualifier le livre ? Des pages et des pages, sans ordre ni retenue. Elle raconte, on s’y perd, puis cela revient. On dirait de l’eau qui coule. Puis ça repart. […] Des passages, parfois, saisissants : «La maladie s’empare de mon identité, donc de moi, qui suis consciente de ce qui m’arrive, comme en ce moment. Parfois elle oublie l’autre temps où elle a traversé le pont, je ne sais plus qui je suis moi-même pendant ce temps… Je ne peux lutter contre cette autre moi. La maladie est là, vicieuse.» Et le témoignage achevé, on reste intrigué par cette maladie qui nous échappe aussi ».

Date de publication : 12 décembre 2019

« Violences conjugales : le feu vert sous conditions de l’Ordre des médecins à la levée du secret médical »

Le Parisien

Faustine Vincent annonce en effet dans Le Monde : « Faut-il déroger au secret médical pour mieux signaler les violences au sein du couple ? Après des semaines de débats houleux, le Conseil national de l’Ordre des médecins a tranché sur cette question sensible, issue du Grenelle contre les violences conjugales et reprise dans une proposition de loi ».
La journaliste fait savoir que 
« la mesure a été approuvée à une large majorité (39 voix sur 48), mais dans un cadre très restrictif. Ainsi, l’Ordre des médecins est d’accord pour que les professionnels de santé fassent un signalement au procureur, sans l’accord de la victime, lorsqu’elle est sous l’emprise de son partenaire, à condition que ce soit une simple possibilité et non une obligation, que la victime soit «en danger vital immédiat», que le signalement soit fait auprès d’un «procureur dédié aux violences conjugales», et que cela aille de pair avec des mesures d’accompagnement ».
Patrick Bouet, président du CNOM, précise que 
« l’objectif n’est pas juste de faire un signalement, mais aussi de mettre à disposition des victimes tous les moyens nécessaires ». Faustine Vincent ajoute qu’« à chaque fois, le praticien devra en outre s’efforcer d’obtenir l’accord de la victime. S’il n’y parvient pas, «il devra l’informer du signalement au préalable» ».
La journaliste rappelle que
 « quelque 220.000 femmes sont victimes chaque année de violences conjugales, mais moins d’une sur cinq porte plainte. L’idée d’une dérogation au secret médical […] consiste donc à mieux signaler ces violences, en considérant que les femmes sous emprise sont dans l’incapacité de le faire elles-mêmes. Le cadre précis d’une telle dérogation reste toutefois à définir ».
Faustine Vincent indique que le président du CNOM est
 « auditionné [aujourd’hui] à l’Assemblée nationale par les auteurs de la proposition de loi. Il espère les convaincre de la nécessité de prendre en compte ses conclusions. Cette dérogation au secret médical viendrait s’ajouter à celles qui existent déjà dans la loi concernant les mineurs et les personnes vulnérables ».
La journaliste note en outre qu’«
 en apportant ses restrictions, l’Ordre des médecins entend mieux protéger les victimes tout en réaffirmant le caractère intangible du secret médical, vu comme un principe fondamental sur lequel repose la relation de confiance entre le patient et son médecin. Ces dernières semaines, de nombreux professionnels de santé ont fait part de leur crainte qu’il soit remis en cause, avec le risque que les victimes n’osent plus parler ni revenir en consultation ».
Le Dr Bouet déclare ainsi que
 « faire disparaître le secret médical n’est pas la solution. Dire que c’est à cause de lui que les femmes restent prisonnières des violences est une vision simpliste. On ne fera pas porter la responsabilité sur les médecins d’un système de prise en charge qui demande à être construit totalement ! ».
Faustine Vincent indique que le médecin
 « défend aussi la nécessité de limiter la dérogation aux personnes «en danger vital immédiat» malgré l’existence de la loi sur la non-assistance à personne en danger, jugeant celle-ci «trop générale» ».
Christian Bouet remarque :
 « Elle oblige à porter secours, ce qui veut tout et rien dire, mais elle ne permet pas de mettre en place des mesures de protection spécifiques ».
« L’Ordre des médecins espère ensuite «aider les professionnels à s’approprier le dispositif» pour éviter qu’il ne soit qu’une mesure législative de plus », 
conclut la journaliste.

Date de publication : 18 décembre 2019

 

Revue de presse santé psy – novembre 2019

 

« Comment le bruit nuit gravement à la santé »

Le Figaro

Nathalie Szapiro-Manoukian rappelle dans Le Figaro que « notre niveau de tolérance à l’environnement sonore dépend de sa nature, de son intensité et de notre vécu ».
La médecin et journaliste relève ainsi : 
« Un moineau chante. Il émet 30 décibels […]. À ce niveau sonore et jusqu’à 60 dB, l’écouter en continu est sans risque. Encore faut-il y prêter attention, car en ville, son chant est noyé sous les conversations de passants (60 à 80 dB), les klaxons (85 dB), voire un marteau-piqueur (120 dB) dont il faut s’éloigner : sans protection, au-delà de 10 secondes, l’audition est en danger ».
Elle souligne que 
« bien en dessous du seuil de douleur de 120 dB, nos oreilles pâtissent aussi d’une exposition pendant 2 heures à 100 dB (discothèque, concert) ou 20 heures hebdomadaires à 85 dB (cour de récréation, tondeuse à gazon, etc.) ».
Le Dr Jean-Claude Normand, maître de conférences en médecine et santé au travail (université Claude Bernard-Lyon 1), rappelle pour sa part qu’« 
à la naissance, nous disposons d’un capital de cellules auditives qui ne se renouvelleront jamais, d’où l’importance de les protéger ».
Nathalie Szapiro-Manoukian poursuit : 
« Notre tolérance au bruit a aussi «une dimension psychologique», note le Dr Normand. «Les bruits subis sont bien moins tolérés que ceux générés par notre activité.» Par ailleurs, précise Valérie Rozec, docteur en psychologie de l’environnement au Centre d’information sur le bruit (CidB), «la perception des bruits est propre à chacun. Elle dépend de facteurs individuels, sociaux, culturels et environnementaux» ».
La journaliste remarque que 
« hormis quelques bruits réputés relaxants et générés par la nature (comme le clapotis des vagues), rares sont ceux qui mettent tout le monde d’accord : telle musique charme les uns, mais hérisse les autres ; coq, vaches et cloches ont leurs adeptes, mais aussi leurs détracteurs ».
Valérie Rozec souligne en outre que les bruits subis au quotidien
 « peuvent perturber le sommeil et entraîner une fatigue chronique. Même si l’on peut s’habituer psychologiquement à un bruit de fond, les troubles physiologiques demeurent, provoquant stress, baisse de l’immunité, augmentation des risques d’obésité, de diabète, d’hypertension artérielle et donc de maladie cardiovasculaire ».
« Enfin, le bruit perturbe les activités cognitives chez l’enfant comme chez l’adulte, avec des «difficultés de concentration et une perturbation des apprentissages pouvant aller jusqu’à 6 mois de retard en lecture dans des zones très exposées aux bruits du trafic aérien». Le bruit pourrait même avoir un impact avant la naissance », 
continue Nathalie Szapiro-Manoukian.
Le Dr Normand explique qu’« 
au dernier trimestre de la grossesse, l’audition du fœtus est en place. Outre les effets auditifs, il subit les effets du stress ressenti par la future maman ».

Date de publication : 18 novembre 2019

« Violences conjugales : faut-il lever le secret médical ? »

Le Parisien Le Journal du Dimanche

C’est ce que titre Le Parisien, qui note que « le gouvernement y est favorable pour mieux protéger les femmes victimes des coups de leur conjoint. Mais pour de nombreux experts, il faudrait d’abord que les commissariats prennent bien les plaintes et que la justice ne classe pas les affaires ».
Le journal explique ainsi : « 
Le protocole existe déjà pour les enfants en danger. Demain, la levée du secret médical sera-t-elle étendue pour les femmes victimes de violences conjugales ? Cette recommandation figure en bonne place dans le rapport sur les homicides conjugaux, rendu public ce dimanche par l’inspection générale de la justice ».
« La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, y est favorable «pour résoudre les situations dans lesquelles la victime ne peut pas saisir la justice», explique-t-elle dans un entretien accordé au JDD »,
 indique le quotidien.
Le Parisien observe que
 « Marlène Schiappa, son homologue en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes, est sur la même longueur d’onde ». Celle-ci déclare : « Nous voulons permettre de lever le secret médical. Quand une femme est en danger, chacun doit prendre ses responsabilités pour la protéger ».
Le journal relève toutefois que 
« pour de nombreux experts, le principal frein n’est pas à chercher dans les cabinets des médecins, mais dans ceux des juges ». Le Dr Gilles Lazimi, membre de l’association SOS Femmes 93, réagit ainsi : « Combien de fois avons-nous incité les femmes à porter plainte, et combien de fois ont-elles été mal reçues ? ».
Le Parisien rappelle que 
« chaque année, 220.000 femmes sont victimes de violences conjugales. […] Permettre à un médecin de signaler des violences conjugales sans l’accord de la femme concernée, est-ce une bonne idée ? Pour la Dr Emmanuelle Piet, médecin de PMI (Protection maternelle et infantile), présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV) et membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, ce n’est pas la réponse qu’elle attend du gouvernement pour lutter contre les violences faites aux femmes. Elle craint même que la situation des victimes empire, faute de prise en charge à la suite de cette démarche ».
« Mais pour la spécialiste du harcèlement moral et des violences faites aux femmes, la psychiatre Marie-France Hirigoyen, qui participe à l’un des groupes de travail constitué dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, «il faudrait pouvoir faire un signalement» », 
continue le journal.
Marie-France Hirigoyen déclare notamment qu’
« actuellement, nous, médecins, sommes démunis quand une femme vient nous voir, affolée, apeurée… Elle a tellement peur qu’elle ne veut pas porter plainte. Il faudrait pouvoir faire un signalement. Si dans la foulée la justice intervient rapidement pour trouver des solutions, à la fois pour l’accueil de la femme et l’éloignement du conjoint, on peut arriver à des résultats ».
La spécialiste poursuit : «
 De la même façon qu’on lève le secret médical pour les enfants, le médecin, une association, ou une assistante sociale pourrait le faire pour une femme s’il a le sentiment qu’elle est en danger. Dans les situations moins urgentes, il existe d’autres possibilités d’agir. Je passe déjà beaucoup de temps à convaincre des patientes de saisir la justice. La levée du secret médical concernerait peu de cas, mais elle pourrait sauver des vies ».
De son côté, Emmanuelle Piet remarque que 
« le secret médical a évolué depuis une vingtaine d’années et la loi permet aux médecins de réagir face aux victimes de violences conjugales. Mais elle est peu connue. Une femme qui arrive en consultation et qui ne peut plus marcher à cause de coups, est en situation de «fragilité physique et psychique». Ce qui entre dans le cadre de la loi et de l’article 226-14 (NDLR : précisant les exceptions au secret professionnel) ».
La médecin souligne cependant que 
« si ces femmes ne portent pas plainte, c’est qu’elles ont peur de l’après. Que va-t-il se passer si elles le font ? Est-ce que la police et la justice les protégeront après cette démarche ? Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Nicole Belloubet […] reconnaît ce que les associations disent depuis 40 ans : le système ne fonctionne pas ».
« Je ne veux pas mettre les femmes encore plus en danger, face à l’auteur des violences, si un signalement reste sans suite. Si on me demande de lever le secret médical, je veux aussi être le juge et qu’on me garantisse que ces femmes seront protégées »
, déclare le Dr Piet.

Date de publication : 18 novembre 2019

 

Revue de presse santé psy – octobre 2019

 

« La vraie raison du « burn-out » des internes des urgences de Mulhouse »

Libération

Libération rappelle qu’« après le décès d’une femme fin septembre, les 17 internes aux urgences de Mulhouse se sont mis en arrêt de travail pour protester contre le manque d’encadrement depuis les démissions en série des médecins titulaires ».
« Du jamais vu de mémoire d’hospitalier. Motif relayé par leur syndicat urbi et orbi : «burn-out». Une explication commode dans l’actuel contexte de ras-le-bol des urgentistes », 
remarque le journal.
Libération poursuit : « 
Parfaitement crédible à Mulhouse, où les démissions de médecins seniors aux urgences s’enchaînent sur fond de conditions de travail dégradées : en juin, quand la grève a démarré, ils étaient 27 titulaires en poste ; ils ne sont plus que 7 ».
Le quotidien remarque qu’«
 il s’agit pourtant d’un demi-mensonge » et cite « un médecin qui prête régulièrement main-forte au service » : « On reprochait plutôt aux internes de manquer d’initiative. Ce n’est pas anormal, puisqu’ils entament tout juste leur formation pratique. Mais quand on est soi-même débordé et stressé, cela peut être pesant ».
Le médecin ajoute : «
 C’est vrai qu’ils se faisaient copieusement engueuler : faute de médecins titulaires en nombre suffisant, l’hôpital fait appel à des remplaçants ou des intérimaires qui, un peu perdus à leur arrivée, attendent des internes une aide pour un peu tout : manier l’outil informatique, remplir les feuilles de soins, trouver les noms et téléphone des chefs de service, etc. Ce n’est a priori pas de leur ressort mais il faut bien faire tourner le service. Les étudiants en ont sans doute eu marre d’être pourris en permanence ».
Libération relève cependant que 
« la plupart des apprentis médecins savaient leur temps compté aux urgences de Mulhouse : entamé en mai, leur stage pratique s’achève quoi qu’il arrive fin octobre… Du côté, de l’Agence régionale de santé, on préfère pointer «une faiblesse psychologique» ».
Le quotidien souligne qu’«
 en réalité, les 17 étudiants sont moins épuisés qu’effrayés. Pour ne pas dire tétanisés à l’idée de se retrouver potentiellement seuls en première ligne face à des patients «instables». Comprendre : en urgence vitale ».
Le syndicat autonome des internes des hospices civils de Strasbourg note ainsi que
 « deux internes qui étaient des personnes-ressources dans l’équipe, et en théorie solides, ont craqué. Cela a fait boule de neige sur les autres ».
Libération revient sur le décès d’une patiente : 
« Pour les internes, c’est la goutte d’eau. Le 30 septembre, les 9 filles et les 8 garçons se relatent leurs expériences «limites» depuis la démission en série des médecins seniors. Décision est collectivement prise de se faire porter pâles. Au doyen de la faculté de médecine de Strasbourg qui les reçoit en délégation le 3 octobre, ils réclament que les internes en premier ou deuxième semestre […] ne soient plus envoyés en stage aux urgences de Mulhouse. Trop peu d’encadrement, trop dangereux ».
Un membre du personnel hospitalier relève qu’«
 on est face à un conflit générationnel. Par le passé, on allait aux urgences comme on allait à la guerre. On se taisait et on apprenait sur le tas. L’époque, la culture ont changé. Les jeunes réclament, à juste titre, d’être accompagnés, formés, sécurisés. Associer connaissances médicales, observation clinique et prescription thérapeutique est une gymnastique intellectuelle qu’ils n’ont pas. Mais pour l’acquérir, il faut beaucoup de pratique ».
Libération indique que 
« le doyen […] ne reste pas insensible à l’alerte de ses étudiants. Il le promet : dès que possible mais vite, plusieurs médecins de Strasbourg vont venir donner un coup de main à Mulhouse pour aider à encadrer les internes ».
Le journal conclut toutefois qu’«
 au sein du service des urgences déjà à cran, la protestation des étudiants a aussi bousculé les consciences. On redoute le pire, et on le chuchote en interne : à moins d’un renforcement rapide de l’effectif médical, la question de la fermeture va désormais se poser ».

Date de publication : 9 octobre 2019

« Luminothérapie : comment choisir sa lampe ? »

Le Parisien

Le Parisien constate en effet : « Que de modèles possibles ! Que de prix aussi : entre 120 euros à 300 euros. Il n’y a que l’embarras du choix quand on veut une lampe de luminothérapie. Des portatives à poser sur la table de nuit, des collectives à installer au bureau pouvant «traiter à la fois deux ou trois personnes», sans oublier les luminettes à enfiler au-dessus des yeux, façon serre-tête… ».
Le journal se penche sur
 « ces bandeaux lumineux que l’on porte à quelques centimètres des yeux, [qui] sont bien plus faciles d’utilisation qu’une lampe classique. Alors, vraie innovation ou pas ? Pour Thomas Schwitzer, psychiatre et chercheur au Centre psychothérapique de Nancy (CPN), «c’est tout sauf un gadget» ».
Le quotidien relève que
 « pour l’instant, en France, aucune étude scientifique n’en a montré les éventuels bénéfices. Depuis 8 mois, ce jeune chercheur teste donc ces fameuses luminettes auprès de patients volontaires ».
Ce dernier indique que 
« nous sommes en train de les évaluer dans l’anxiété, la dépression, le sommeil. Nous étudions également leurs effets sur la mémoire, l’attention. […] Les premiers résultats sont encourageants, et au niveau de la rétine, nous n’avons enregistré aucune lésion, ni modification. ».
« En attendant la publication des résultats — courant 2020 — le médecin préconise, si on veut craquer pour des luminettes, de bien vérifier qu’elle porte au minimum, le marquage CE », 
ajoute Le Parisien.
Le quotidien souligne en effet que
 « les lampes de luminothérapies n’étant pas reconnues en France comme des dispositifs médicaux, il faut savoir que ce marquage garantit seulement que l’appareil est sûr au niveau électrique. Pour être sûr à 100% que votre lampe est sans danger pour la santé, un «marquage CE médical», c’est-à-dire, assorti de quatre chiffres permettant de remonter à un organisme certificateur, est plus fiable ».

Date de publication : 14 octobre 2019

« Les nouvelles portes de la mémoire »

Le Figaro

Damien Mascret annonce dans Le Figaro qu’« une équipe de chercheurs du groupe du Pr Menno Witter à l’Institut Kavli de neuroscience des systèmes (Université norvégienne des sciences et de technologie) a découvert que la porte la plus importante qui mène au centre de tri de la mémoire (l’hippocampe) n’est pas celle que l’on pensait jusqu’alors ».
« De quoi revoir de fond en comble les troubles de la mémoire, notamment ceux liés à la maladie d’Alzheimer, et ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques »,
 observe le journaliste.
Damien Mascret revient sur la recherche sur le sujet ces dernières années, notant qu
’« il faudra attendre la découverte de deux jeunes chercheurs norvégiens, May-Britt et Edvard Moser, qui viennent de monter leur laboratoire à l’université des sciences et technologie de Norvège, à Trondheim, au début des années 2000, pour que soit découvert le rôle crucial pour le positionnement dans l’espace de cellules du CE médian (cortex entorhinal médian) ».
« La découverte de ces «cellules de grille» […] complète un véritable système de «GPS cérébral» qui incruste lieux et déplacements dans l’espace. [Le chercheur américano-britannique John O’Keefe] et les époux Moser (aujourd’hui à l’Institut Kavli) recevront le prix Nobel de physiologie ou médecine 2014 pour leur découverte », 
poursuit le journaliste.
Il ajoute qu’
« en 2013, lorsque le Français Thanh Pierre Doan commence sa thèse de doctorat dans l’équipe de Menno Witter, à l’Institut Kavli, le circuit de la mémoire est, pense-t-on, bien établi. Les neuroscientifiques considèrent qu’il y a deux systèmes en parallèle qui convergent vers l’hippocampe. La route principale, qui passe par la porte du CE médian, contient les informations visuospatiales […], l’autre, par la porte du CE latéral, convoie les informations sur la nature et la qualité d’un objet. En réalité, le travail publié ce 15 octobre dans la revue Cell Reports développe un nouveau modèle des circuits de mémorisation qui mènent à l’hippocampe ».
Damien Mascret note que 
« des travaux menés dans le même institut, et publiés l’an dernier, situent également le marquage temporel dans le CE latéral ». Thanh Pierre Doan indique : « Prenons par exemple la madeleine de Proust. […] L’hippocampe ramène le souvenir de la cuisine de sa tante (où ?), tandis que le CE latéral fournit le goût si particulier de la madeleine trempée dans du thé (quoi ?) et le moment de l’enfance (quand ?) ».
Le journaliste relève que 
« surtout, le jeune chercheur découvre que les informations du CE médian convergent vers le CE latéral avant d’aller à l’hippocampe, ce qui en fait la véritable porte de la mémorisation ».
Le chercheur remarque que «
 c’est toute l’organisation du système de mémoire du lobe temporal qui est remise en cause, le CE latéral s’avère un supercentre d’information ».
« De quoi réorienter la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Mieux protéger ces neurones pour lutter contre la maladie ? »,
 s’interroge Damien Mascret.
Le Pr Witter déclare que «
 c’est clairement un objectif à terme, mais le chemin entre science fondamentale et application clinique est long et laborieux ».

Date de publication : 16 octobre 2019

« L’addiction au smartphone, une menace pour la santé publique »

Le Figaro

Le Figaro constate : « Stress, anxiété, angoisse… privés de leurs smartphones, les Français sont de plus en plus nombreux à ressentir ces symptômes, témoins d’une véritable addiction à leur écran. Axa Prévention tire la sonnette d’alarme, en partenariat avec l’association SOS Addictions ».
Le journal relève que
 « les assureurs s’inquiètent des conséquences sur la santé de leurs clients de ces pratiques compulsives. Ainsi, les Français ont une «consommation dérégulée» de leur smartphone. Ils sont 61% à le saisir dès le réveil, 46% à l’utiliser jusque dans les toilettes. Près de la moitié l’utilise toutes les dix minutes. Et pourtant, symbole de cette addiction, ils sous-estiment complètement le temps passé devant un écran ».
Une étude d’Axa Prévention indique ainsi que
 « les Français considèrent y passer en moyenne 4 heures et 6 minutes par jour, sans distinction entre cadre professionnel ou privé. Ce chiffre est très loin du compte puisque à elle seule la télévision capte 3h36 de leur temps ».
Le Figaro souligne que 
« les conséquences sur la santé sont réelles. Au stress généré par l’oubli de ce précieux «doudou» technologique, s’ajoutent des pathologies inquiétantes ». Éric Lemoine, président d’Axa Prévention, rappelle ainsi que « l’utilisation abusive du smartphone provoque des insomnies, mais aussi des troubles de l’alimentation pouvant conduire à des cas d’obésité ».
« À cela s’ajoutent encore les troubles musculosquelettiques liés à une mauvaise posture et les conséquences négatives de la lumière bleue sur les rétines, qui sont connues mais encore difficiles à quantifier », 
continue le journal.
Le Dr Laurent Karila, psychiatre, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse et porte-parole de l’association SOS Addictions, explique de son côté qu
’« il n’est pas nécessaire de mettre en place un programme dur de “détox” mais il est primordial de réaliser un planning de temps de connexion ».
Le Figaro note ainsi que «
 les outils existent, à commencer par la suppression des notifications à certaines heures de la journée et la nuit, pour ne pas être tenté par la consultation d’un SMS ou une conversation sur WhatsApp. Pour mieux dormir, il est recommandé d’éteindre son smartphone une heure avant d’aller se coucher. Enfin, Axa Prévention propose un test gratuit d’autoévaluation permettant de déterminer son degré d’addiction. C’est un moyen de prendre conscience de son degré d’exposition aux écrans ».

Date de publication : 18 octobre 2019

« L’alcool, compagnon fidèle des violences conjugales »

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève que l’alcool « est désormais reconnu comme un facteur causal très présent dans les violences intrafamiliales, mais semble le grand oublié du Grenelle ouvert en septembre par le gouvernement. Des addictologues lancent l’alerte ».
Le journal note ainsi que 
« des études scientifiques concordantes permettent aujourd’hui d’affirmer qu’une réduction de la consommation d’alcool en France minimiserait ces drames que vivent au quotidien des dizaines de milliers de personnes. Pourtant, le sujet est absent des réflexions engagées dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales ».
« Alors que des mesures doivent être annoncées fin novembre, cinq associations d’addictologie publient ce lundi […] une lettre ouverte pour attirer l’attention des ministres sur cette lacune », 
annonce le quotidien.
Les signataires écrivent notamment que «
 le consensus dans la communauté scientifique nous impose d’agir sans tabou pour prévenir ces comportements et leurs conséquences toujours douloureuses et parfois mortelles ».
Le Figaro souligne en effet que «
 l’étude nationale des morts conjugales violentes survenues en 2018 montre qu’alcool ou drogue étaient présents dans 55% des cas, chez l’auteur ou chez la victime ».
Laurent Bègue, addictologue et professeur de psychologie sociale à l’université de Grenoble, remarque qu’
« on a longtemps pensé que l’alcool était un facteur contributif ou un simple élément de contexte de la violence, mais il est maintenant établi qu’il joue un rôle causal ».
Le journal note ainsi :
 « D’une part, des dizaines d’études épidémiologiques ou des enquêtes dans des services d’urgences ont mis en évidence un lien entre la consommation de substances psychoactives et ces passages à l’acte impulsifs. D’autre part, des recherches expérimentales ont clarifié le rôle de l’alcool dans ces violences ».
« L’université de Buffalo (États-Unis) a ainsi observé en laboratoire que l’alcool favorise les propos négatifs et les violences verbales dans le couple. Une analyse des journaux intimes confiés à des femmes victimes de violences conjugales a par ailleurs montré que la probabilité d’une agression physique était multipliée par 8 les jours où leur compagnon avait bu. Le risque est plus fort au moment où l’alcoolémie augmente »,
 continue Le Figaro.
Le Pr Bègue précise que 
« les effets de l’alcool peuvent être amplifiés pour certains profils psychologiques. Personnes irritables, ayant une faible empathie ou une forte impulsivité sont plus négativement affectées ».
Le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions, souligne pour sa part que
 « l’alcool est évidemment loin d’être le seul facteur impliqué dans ces drames, mais certains comportements violents pourraient être évités, à condition de ne pas occulter ce facteur de risque ».
Le journal indique que la lettre ouverte
 « recommande, entre autres, la création d’un registre de suivi de ces violences et la formation des intervenants dans la procédure. Des mesures limitant l’accès à l’alcool (augmentation du prix, contrôle de la publicité, etc.) pourraient aussi avoir un effet indirect sur les passages à l’acte. Il a par exemple été observé, dans une ville australienne, qu’une ouverture des bars réduite de 1h30 était associée à une chute importante des violences ».

Date de publication : 21 octobre 2019

Autisme : « Il ne faut pas laisser croire qu’on ne peut rien faire »

Libération

Libération note que « la sortie à grand bruit du film «Hors normes» sur la vie d’autistes qui ont des troubles sévères est un choc pour le milieu qui s’en occupe », et publie un entretien avec Claire Compagnon, déléguée interministérielle en charge de l’autisme.
Celle-ci déclare : «
 C’est un film important. Il rend compte avec justesse de la situation de ces adultes autistes qui ont des troubles sévères. Il montre combien depuis des années nous n’avons pas répondu à leur situation, en faisant vivre à leurs familles des parcours chaotiques et désespérants. Et il donne de l’espoir ».
Libération observe que «
 ce film se montre très critique sur la réponse institutionnelle… ».
Claire Compagnon confirme :
 « C’est une réalité, notamment dans les services de psychiatrie : des patients autistes peuvent être attachés et sédatés, et cela pendant des années. Leur nombre est difficilement quantifiable, on ne sait pas combien d’adultes sont concernés, mais à partir de l’adolescence des enfants autistes vont développer des troubles graves avec de la violence contre eux-mêmes et contre les autres ».
« Et cette violence est souvent la non-réponse à des troubles somatiques qui n’ont pas été bien pris en charge, ni même diagnostiqués. Cela les plonge dans la souffrance. On les laisse dans une situation clinique insupportable »,
 souligne la déléguée interministérielle.
Claire Compagnon ajoute : 
« Clairement, il est dit que les institutions du secteur médico-social opèrent trop de sélections et que, finalement, les patients les plus difficiles, les plus lourds ne trouvent pas leur place. C’est malheureusement vrai. A nous pouvoirs publics de mieux les accompagner ».
Elle souligne néanmoins que
 « les deux associations de Hors Normes – le Silence des justes et le Relais Ile-de-France –, montrent que l’on peut faire des choses, et qu’en développant des réponses particulières on arrive à apporter un début de réponse et à apaiser. L’espoir est possible. Ensuite, certes ces structures sont hors normes, mais elles sont agréées, financées par les pouvoirs publics, et c’est vrai que l’importance du nombre de personnel, avec un ratio d’un salarié pour un patient n’est pas celui que l’on retrouve à l’hôpital ».

Date de publication : 29 octobre 2019

« Violences conjugales, la délicate question du secret médical »

La Croix

Pierre Bienvault remarque dans La Croix : « Permettre à un médecin de signaler des violences conjugales sans l’accord de la femme concernée ? Cette proposition du Grenelle sur le sujet, qui doit rendre ses propositions [aujourd’hui], est déjà critiquée par des médecins engagés contre ces violences ».
Le journaliste explique que 
« les groupes de travail souhaitent en effet qu’un médecin ou un soignant, confronté à un «risque sérieux de renouvellement» de ces violences, puisse alerter les autorités «sans l’accord de la victime». Un vrai tournant vu d’un bon œil par la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, favorable à «un secret médical partagé par exemple entre les urgentistes, les avocats et la police pour mieux protéger les femmes» ».
Pierre Bienvault note que «
 si cette proposition devait être retenue, elle modifierait en profondeur l’article 226-14 du code pénal. Celui-ci prévoit uniquement deux dérogations permettant à un médecin, sans l’accord de la victime, d’alerter la justice sur des sévices ou des privations ».
« Il peut le faire si ces violences ont été «infligées à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique». Et c’est dans ce cadre que les professionnels de santé sont désormais invités à s’impliquer davantage », 
relève le journaliste.
La Haute Autorité de santé estimait ainsi début octobre qu’
« il est urgent que chacun d’entre eux soit en mesure de repérer les patientes subissant des violences au sein de leur couple ». Pierre Bienvault note que la HAS « a publié des recommandations volontaristes sur le sujet. Tout en précisant qu’un signalement au procureur ne peut se faire qu’avec l’accord de la victime ».
Le journaliste remarque qu’« 
agir sans ce consentement risque d’être «contre-productif», affirme le Dr Muriel Vergne, urgentiste à Toulon et membre du groupe de travail de la HAS ». La praticienne souligne : « Bien des femmes qu’on voit aux urgences ne sont pas d’emblée prêtes pour porter plainte. Elles ont besoin de temps. Et si elles savent qu’on peut alerter la justice contre leur gré, elles risquent de ne plus venir consulter ».
Pierre Bienvault note que
 « cette évolution serait une «aberration» pour le Dr Gilles Lazimi, généraliste et membre de SOS femmes 93 ». Le médecin remarque : « Notre rôle est de soigner, d’accompagner, de remettre ces femmes en capacité d’agir. De les protéger, mais sans faire des choses contre leur avis comme si elles étaient des mineures ou des personnes sous tutelle ».
La Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV), relève pour sa part : 
« Il faut mettre en balance la gravité de la menace pesant sur la femme et le fait qu’il est délicat d’agir contre le gré d’une femme dont la volonté est déjà mise à mal par son agresseur ».
« Selon la Dr Piet, un signalement unilatéral risque de mettre la femme en danger si, ensuite, la justice ne la protège pas », 
observe le journaliste.

Date de publication : 29 octobre 2019