Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – septembre 2019

 

« Dépression : quand les sportifs professionnels perdent pied »

Libération

Libération remarque dans une enquête : « Exercer sa passion comme métier, tout en étant grassement payé. Voici la vie de sportif que beaucoup idéalisent. L’athlète de haut niveau se doit d’être au top physiquement comme mentalement ».
Le quotidien souligne toutefois que «
 si les meilleurs semblent intouchables à la manière d’un Roger Federer, la réalité est en fait bien plus nuancée. Un monde où beaucoup de sportifs cachent leur anxiété, et où trois quarts d’entre eux ne peuvent pas vivre uniquement de leur pratique ».
Anthony Mette, psychologue de footballeurs et rugbymen professionnels, indique ainsi 
: « Généralement, chaque année, je côtoie au moins un ou deux joueurs par centre de formation qui présentent des symptômes d’anxiété ».
Libération relève notamment qu’«
 en 2018, les basketteurs américains DeMar DeRozan et Kevin Love, multiples All-Stars, ont levé le voile sur ce tabou, en reconnaissant publiquement être dépressifs. Un an plus tard, en mars 2019, Kelly Catlin, triple championne du monde de poursuite sur piste et médaillée d’argent aux JO de Rio, se donne la mort à l’âge de 23 ans ».
Le quotidien observe qu’
« en France, malgré de nombreux témoignages, peu voire rien n’a été fait. Le règlement de la Ligue professionnelle de football (LFP) oblige les clubs à assurer le suivi médical des joueurs sur le plan biologique, cardiologique et traumatologique. Mais rien n’est prévu sur le suivi de leur santé mentale ».
Le journal évoque une 
« lueur d’espoir : l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP) a lancé en 2013, un service d’écoute anonyme, disponible 3 heures par semaine, le jeudi après-midi ».
Libération continue : 
« Même constat pour la Ligue nationale de rugby (LNR), où rien n’est prévu pour s’assurer de la bonne condition mentale des joueurs. […] Depuis peu, certains clubs recrutent des «préparateurs mentaux», des coachs dont l’objectif est davantage de booster les performances des joueurs que de prendre en compte leur bien-être psychologique ».
Le journal observe enfin qu’
« aux Etats-Unis, la dimension psychologique, autrefois considérée comme une problématique secondaire, fait aujourd’hui partie intégrante des entraînements. […] Cet été, la NBA a même annoncé que des psychologues seront mis à la disposition des joueurs et des équipes au cours de la saison ». Le quotidien note néanmoins qu’« en France, des initiatives commencent à se mettre en place ».

Date de publication : 3 septembre 2019

« Santé et travail : moins de risques physiques, plus de pression psychologique »

Libération

Libération s’interroge : « Le salarié du privé d’aujourd’hui est-il moins exposé aux risques professionnels que celui d’hier ? Ça dépend, répond, en somme, l’enquête surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) qui livre tout juste ses premiers enseignements pour 2017 ».
Le quotidien explique que 
« réalisée seulement tous les 7 ans, en moyenne, cette dernière vise à mieux connaître les expositions «au plus proche du travail réel». Pour ce faire, elle s’appuie sur le travail de 1200 médecins du travail et des questionnaires complétés par des salariés. Une matière qui offre, pour cette nouvelle mouture, des résultats «contrastés», selon la Dares, organisme de statistiques rattaché au ministère du Travail ».
Libération retient que 
« certes, pointent les auteurs, «la plupart des expositions des salariés aux contraintes physiques ont baissé entre 1994 et 2017». Avec une seule exception : le risque lié aux nuisances sonores ne connaît, lui, pas d’embellie. Résultat notamment du développement des open spaces ».
« De même, le travail répétitif est à la baisse, avec une récente diminution pouvant «être rattachée aux évolutions technologiques, dont l’automatisation», note la Dares. Mais cette tendance baissière concerne d’abord les expositions les plus longues, au-delà de 10 heures par semaine. En dessous, l’exposition stagne. Ce qui peut s’expliquer par un «recours accru à la polyvalence» », 
précise le journal.
Libération continue : «
 Même prudence de la Dares sur les risques liés aux produits dangereux. L’exposition à au moins un produit chimique a légèrement chuté sur la période 1994-2017, note l’organisme. Toutefois, l’exposition à un produit cancérigène concerne encore 10% des salariés du privé, soit 1,8 million de personnes. Parmi les personnes les plus exposées à des risques : les travailleurs de la construction et les ouvriers qualifiés ».
Le journal constate enfin que 
« l’intensité du travail, «un des facteurs essentiels des risques psychosociaux au travail», a augmenté depuis 20 ans. La Dares note néanmoins une légère stagnation ces dernières années. Entre 2010 et 2017, les formes de pressions exercées sur les salariés ont surtout évolué : l’intensité du travail lié au déplacement automatique d’un produit ou la cadence automatique d’une machine est à la baisse, tout comme celle liée au contrôle et à la surveillance exercés par la hiérarchie. En revanche, à l’heure où les algorithmes sont de plus en plus présents pour organiser le monde du travail, celui lié au contrôle ou au suivi informatisé est à la hausse ».
« La tension au travail ne baisse pas et reste donc élevée. En 2017, elle touche 31,6% des salariés, contre 26,8% en 2003. Or, rappelle le Dr Nicolas Sandret, membre de l’équipe en charge de l’étude, cette tension s’accompagne d’un risque accru de «troubles musculo-squelettiques (TMS), maladies cardiovasculaires et dépression» pour les salariés », 
remarque le quotidien.
Libération indique que « 
ces derniers expliquent avoir le sentiment que la quantité et l’intensité du travail qu’on leur demande ont augmenté entre 2003 et 2017. En 2017, ils sont 18% à se dire en situation d’iso-strain, anglicisme un brin barbare pour nommer une situation explosive : un cumul de tensions au travail et de faible soutien social ».

Date de publication : 11 septembre 2019

« Un salarié sur deux « épuisé » par son travail »

Le Parisien

Daniel Rosenweg note en effet dans Le Parisien que « l’ubérisation du travail, la digitalisation et la fragmentation des tâches commencent à avoir des effets mesurables sur l’état de santé des salariés. C’est ce que révèle la 11e édition du Baromètre Santé et qualité de vie au travail réalisé par l’Ifop pour le compte du groupe de protection sociale Malakoff Médéric Humanis ».
Le journaliste indique que «
 sur les 4552 salariés du secteur privé interrogés […], une majorité trouve que leur entreprise s’occupe de mieux en mieux de leur bien-être (56% du panel, contre 53% en 2018). Mais ils sont près d’un sur deux (46%) à estimer qu’au cours des 12 derniers mois, leur rythme de travail s’est accéléré ».
Daniel Rosenweg ajoute que 
« 38% du panel avouent travailler «de plus en plus chez eux», c’est 4 points de plus depuis 2015. On est loin du droit à la déconnexion ».
Le journaliste relève en outre : «
 Changements d’organisations, hausse des objectifs, ubérisation… globalement, 53% des sondés déclarent leur travail «physiquement fatigant». C’est entre 6 et 8 points de plus en un an dans le secteur du BTP, de l’industrie, des services, chez les cadres et les employés. Surtout, c’est dix points de plus en un an parmi les moins de 30 ans ».
Daniel Rosenweg souligne que 
« la fatigue psychique est aussi impactée. 54% du panel ont le sentiment d’être «épuisés par leur travail» (+ 4 points en un an). Pour 78%, cette fatigue s’explique par le fait que leur travail nécessite «de longues périodes de concentration», et pour 70% qu’il nécessite «de travailler très vite ou très intensément» ».
« Conséquence, pour 7 salariés sur dix, le travail est «nerveusement fatigant», c’est là encore 7 points de plus parmi les moins de 30 ans. Ces jeunes salariés sont ceux qui, avec les cadres, ont le plus de mal à concilier vie perso-vie pro (41% !) », 
poursuit-il.
Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation chez Malakoff Médéric Humanis, liste les causes de cette situation : 
« Une intensification du travail dans certains secteurs comme les services, le développement des métiers de la logistique et de la livraison à domicile, des centres d’appels… où les tâches sont répétitives. Mais il y a également les temps de transport. Ceux qui y passent au moins une heure par jour sont 38%, contre 34% il y a un an ».
Daniel Rosenweg ajoute que 
« 9% des salariés sondés ont deux employeurs, et un salarié sur cinq doit aider un proche malade ou dépendant après le travail, c’est dix points de plus en dix ans ».
Le journaliste s’interroge :
 « Comment redonner des couleurs à ce tableau général ? Pour 47% des salariés, il faudrait assouplir les horaires de travail, favoriser le télétravail (25%), voire réduire le temps de travail (31%). Et en tout cas fixer des objectifs en adéquation avec les moyens en personnel (26%, + 4 points en un an) ».
« Sans oublier un regain d’autonomie. Aujourd’hui, il n’y a plus que 39% des managers (un tiers du panel !) pour affirmer qu’ils ont «tout à fait la possibilité de prendre des décisions». Il y a dix ans, ils étaient 59%. La place de l’initiative et de l’autonomie s’effrite dangereusement au profit des tâches répétitives imposées », 
observe Daniel Rosenweg.

Date de publication : 18 septembre 2019

« Deux élues pointent l’état « catastrophique » de la psychiatrie »

Libération Le Monde La Croix

Libération constate que « deux députées viennent de publier un rapport sur la situation toujours aussi inquiétante de la psychiatrie. «Face à la prise en charge catastrophique» des patients, elles appellent à «sortir la psychiatrie de l’hôpital» en «redéployant 80%» du personnel de cette filière «au bord de l’implosion» vers la ville «à l’horizon 2030» ».
Le journal relève que 
« l’analyse est déjà connue. Depuis 20 ans, la psychiatrie s’effondre petit à petit. «Retard au diagnostic beaucoup trop important», «suroccupation des lits» – représentant un «fléau pour les patients comme pour les soignants» -, recours croissant «à l’hospitalisation sans consentement»… ».
« L’organisation territoriale de la psychiatrie est «tout à la fois inefficiente et inefficace, cinglent Caroline Fiat (LFI) et Martine Wonner (LREM), rapporteures de cette mission d’information. Il est urgent de déployer des moyens importants sur les structures extra-hospitalières, qu’elles soient sanitaires, sociales ou médico-sociales.» Elles proposent la création d’une agence en charge des politiques de santé mentale sur le modèle de l’Institut national du cancer », 
explique le quotidien.
Libération rappelle que
 « la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a nommé en avril le Pr Frank Bellivier délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie. Depuis, il ne s’est pas passé grand-chose. Ce dernier a juste lancé fin juin «un tour de France des régions», qui se terminera en avril ».
Le journal remarque qu’
« au ministère de la Santé, on rappelle que le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020 devrait amorcer la «refonte» du financement du secteur. Cette mesure pourra être importante mais elle ne répond pas aux très fortes attentes actuelles du milieu. Et ces derniers jours, plusieurs syndicats de psychiatres publics se sont joints au mouvement de grève des urgences ».
Le Monde constate également que 
« la psychiatrie [est] «au bord de l’implosion» en France ». Le journal se penche sur ce « rapport parlementaire [qui] livre un diagnostic alarmant sur la situation de la psychiatrie en France : la prise en charge des patients est décrite comme «catastrophique» ».
Le quotidien relève : 
« Sans être véritablement inédits, tant les rapports et alertes sur le sujet se sont accumulés ces dernières années, les constats de la mission d’information sur «l’organisation territoriale de la santé mentale» sont très forts. Cette organisation y est qualifiée d’«inefficiente» et d’«inefficace», la filière psychiatrique publique est jugée «au bord de l’implosion», et la prise en charge des patients est décrite comme «catastrophique» ».
« A l’issue de plusieurs semaines d’auditions de soignants et de patients à travers tout le pays, les deux [députées] se demandent même si «l’hôpital psychiatrique, tel qu’il existe aujourd’hui en France, peut (…) encore soigner les malades» », 
poursuit Le Monde.
Le quotidien évoque un «
 «millefeuille indigeste» de structures et d’acteurs », note que « les centres médico-psychologiques, censés proposer une aide au plus proche du domicile du demandeur, sont saturés », ou encore retient que « les urgences psychiatriques deviennent la porte d’entrée du système et se retrouvent engorgées, au détriment des patients et des soignants ».
Le Monde observe qu’
« une «augmentation des lits et celle du nombre de soignants à l’hôpital psychiatrique sont, à court terme au moins, une nécessité absolue», estime Caroline Fiat, en désaccord avec Martine Wonner, pour qui cela ne ferait, «au contraire, que reporter les tensions de quelques années» ».
« Mais les deux parlementaires s’accordent sur le fait qu’à long terme, «rajouter des lits d’hospitalisation et des moyens humains à l’hôpital psychiatrique ne suffira pas». Dès lors, «la réponse ne se trouve pas dans l’hôpital mais en dehors de l’hôpital». D’ici une dizaine d’années, plaident-elles, 80% des moyens du personnel de l’hôpital public devraient être consacrés à la prise en charge en ambulatoire », 
continue le journal.
Il aborde une « 
autre mesure […] : mettre en place une agence nationale en charge des politiques de santé mentale, sur le modèle de ce qui avait été fait pour lutter contre le cancer avec la création de l’Institut national du cancer (INCA). Un dispositif dont le coût serait «modeste» au regard des milliards d’euros induits chaque année par les maladies psychiatriques ».
De son côté, La Croix publie un entretien avec la députée LFI Caroline Fiat, qui déclare notamment : 
« Nous proposons de sortir la psychiatrie de l’hôpital, en réaffectant, d’ici à 2030, 80% des moyens dans des structures ambulatoires. […] La psychiatrie a toujours été le parent pauvre de la médecine. Si les dépenses globales de santé augmentent cette année de 2%, les siennes ne progressent que de 0,8%. Une hausse qui se fait d’ailleurs en trompe l’œil, car le nombre de patients grimpe au moins aussi fortement en raison de l’accroissement et du vieillissement de la population ».

Date de publication : 19 septembre 2019

« Pourquoi les Français sont-ils accros aux médicaments ? »

Le Figaro

C’est ce que se demande Anne Prigent dans Le Figaro. La journaliste indique ainsi qu’« encore trop souvent et bien plus qu’ailleurs en Europe, une consultation se termine par la prescription d’un médicament. Mais les lignes sont en train de bouger ».
Anne Prigent explique que 
« 9 consultations sur 10, en France, se terminent par une prescription de médicament. En Espagne c’est 83%, en Allemagne 72% et aux Pays-Bas 43% ! ».
« Ces chiffres, issus d’une enquête de l’Assurance-maladie de 2005, ont probablement diminué depuis la succession de scandales sanitaires impliquant des médicaments. Mais l’ordonnance a encore de beaux jours devant elle. Cette mauvaise habitude n’est probablement pas étrangère au succès de l’homéopathie en France : pour un certain nombre de médecins, prescrire des granules permet de satisfaire un patient à peu de frais, sans lui faire prendre un produit actif dont il n’a pas besoin », 
continue la journaliste.
Elle poursuit : 
« Pourquoi cette place particulière du médicament dans la consultation médicale en France ? La réponse est, comme souvent, multiple. Tout d’abord, […] s’en voir prescrire un est une façon symbolique d’être reconnu comme malade ».
Le Pr Rémy Boussageon, membre du Collège national des généralistes enseignants, ajoute que 
« la prescription est un pouvoir spécifique donné au médecin. C’est ce qui le différencie des autres soignants ».
« Un pouvoir qui s’est révélé quasi magique pendant des années. Car la pharmacopée moderne, qui a connu son essor après la Seconde Guerre mondiale, s’est révélée extrêmement efficace : antibiotiques, neuroleptiques ou encore cortisone ont sauvé des millions de vies », 
remarque Anne Prigent.
Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie sociale, souligne que 
« depuis, nous sommes passés des maladies infectieuses aux maladies dégénératives, pour lesquelles les médicaments se révèlent moins efficaces ».
« Pourtant, le médicament demeure trop souvent la solution de facilité pour les médecins », 
poursuit la journaliste. Le Pr Boussageon déclare que les praticiens « doivent être mieux formés aux traitements non médicamenteux, c’est-à-dire qu’il ne faut pas confondre thérapeutique et pharmacologie ».
Anne Prigent relève en outre que 
« les malades sont devenus plus difficiles à prendre en charge. Avec une population vieillissante, ils sont souvent «polypathologiques» ».
Le Pr Dominique Deplanque, président du Collège national de pharmacologie médicale, observe ainsi : 
« Nous avons longtemps été dans des logiques de recettes : à telle pathologie on donne tel médicament. La réflexion est aujourd’hui plus complexe. Les réponses médicamenteuses doivent être réfléchies au cas par cas. Même dans une pathologie chronique, les médicaments ne doivent pas toujours être donnés à vie ».
Anne Prigent remarque que 
« cette analyse critique de la prescription reste encore trop souvent un vœu pieux par manque de formation ».
« Une faiblesse qui a rendu [les médecins] perméables aux discours des laboratoires pharmaceutiques. Pour Sylvie Fainzang, anthropologue, […] c’est même la raison principale de l’appétence des Français pour leurs pilules miracles », 
relève la journaliste.
La chercheuse note qu’«
 il existe un tel harcèlement publicitaire de la part des laboratoires que le réflexe de prescription est devenu systématique. Et de fait, les patients se sont habitués à se voir prescrire des médicaments ».
Elle observe cependant que 
« de plus en plus de patients préfèrent les médecins qui prescrivent peu. Ou alors ils font eux-mêmes le tri et ne prennent pas tous les médicaments prescrits ».
Anne Prigent ajoute que 
« du côté des médecins, les lignes sont aussi en train de bouger. Outre la législation, qui a évolué au fil du temps pour tenter de limiter l’influence des laboratoires, les médecins sont de plus en plus conscients des limites des médicaments. De plus, les thérapeutiques non médicamenteuses sont désormais mises en valeur par les autorités de santé ».

Date de publication : 23 septembre 2019

« Un nouveau diagnostic alarmant pour la psychiatrie française »

Libération

Eric Favereau note à son tour dans Libération que « les députées Martine Wonner (LREM) et Caroline Fiat (LFI), rapporteuses de la mission parlementaire sur la psychiatrie, estiment que le secteur gagnera à développer les soins en ambulatoire plutôt que d’ouvrir de nouveaux lits ».
Le journaliste remarque ainsi : «
 Il y a quelque chose parfois pire que la crise de la psychiatrie publique, c’est le discours autour de cette crise. On dirait un disque rayé. C’est à celui qui parlera le plus fort pour stigmatiser la situation actuelle. Et surtout, les propos sont souvent confus, inclassables, mélange d’un constat de bon sens et de propositions désarçonnantes. Comme si les mots manquaient pour décrire et comprendre ce qui se passe ».
Eric Favereau évoque les 
« analyses sans concession » des deux députées et livre les propos de Martine Wonner : « Ce qui a manqué jusque-là, c’est une volonté politique suffisamment forte pour faire changer les choses de manière radicale ».
Elle ajoute : 
« Maintenant, ça y est, le message est passé. On va le voir lors du débat sur les dépenses de santé, le budget de la psychiatrie va changer profondément », estimant que « la solution, c’est l’ambulatoire ».
Martine Wonner poursuit :
 « Une seule solution : la révolution de la prise en charge des soins en santé mentale, avec une réforme du financement, une enveloppe par région selon la population, un accompagnement à la qualité et à la recherche. Et de l’argent pour que les établissements se transforment, avec 30 millions à 40 millions d’euros pour aider à leur transformation. […] On se donne l’année 2020 pour que les établissements s’adaptent, et au 1er janvier 2021, je suis confiante, on bascule. […] Je veux que la psychiatrie soit traitée comme une autre discipline médicale. Depuis 1960, elle est traitée à part, donc elle est mal traitée ».
La députée précise enfin : «
 Je veux fermer l’hôpital, je veux que demain, dans un délai de dix ans, 90% de soins soient en ambulatoire, en aucun cas je ne veux qu’on rouvre des lits… Il faut en finir avec ces hôpitaux paquebots où l’on ne voit pas les patients…».
Eric Favereau conclut ainsi : «
 Bilan sévère, propositions nombreuses. Reste cette impression tenace que tout cela part dans tous les sens. Et qu’on attend… le prochain rapport ».

Date de publication : 24 septembre 2019

« Autisme : vers une analyse de sang prédictive de la sévérité du trouble »

Sciences et Avenir

Camille Gaubert indique dans Sciences et Avenir qu’« un réseau de gènes impliqué dans le développement cérébral a été identifié dans des globules blancs d’enfants atteints de troubles du spectre de l’autisme. Son dysfonctionnement serait corrélé à la sévérité du trouble, et serait détectable à partir d’une analyse de sang ».
La journaliste évoque ainsi des travaux de chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Diego (États-Unis), publiés dans 
Nature Neurosciencequi « ont identifié un réseau de gènes dépendant [de ceux identifiés comme facteurs de risque]. Plus ce réseau est altéré, plus l’autisme est sévère ».
Camille Gaubert rappelle que 
« les causes des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) sont encore incertaines, mais pour les scientifiques, il est très probable que tout se joue avant même la naissance. Des taux d’hormones et des gènes ont ainsi été soulevés en tant que facteurs de risque potentiels ».
Nathan E. Lewis, co-auteur de l’étude, souligne que 
« la génétique des TSA est extrêmement hétérogène. Des centaines de gènes ont été impliqués, mais les mécanismes sous-jacents restent obscurs ». Eric Courchesne, autre co-auteur, ajoute que « de plus en plus de preuves indiquent que les TSA sont un trouble progressif qui, aux stades prénatal et postnatal précoce, impliquent une cascade de changements moléculaires et cellulaires ».
Camille Gaubert note que 
« pour les détecter, il y a un problème très terre-à-terre : il est impossible de récupérer le tissu cérébral du fœtus ou du nouveau-né atteint de TSA. […] Les chercheurs ont trouvé la solution : étudier certaines cellules du sang, les globules blancs ».
Les chercheurs écrivent ainsi que 
« compte tenu de la base génétique solide des TSA, certains signaux de développement dérégulés peuvent se reproduire continuellement dans les cellules sanguines et donc être étudiés après la naissance ».
La journaliste explique que les auteurs 
« ont utilisé de simples prises de sang de 226 garçons âgés de 1 à 4 ans, avec et sans diagnostic de TSA. C’est à partir de leurs globules blancs qu’ils ont alors relevé et analysé les données d’expression de gènes : ceux qui sont inhabituellement actifs ou, au contraire, « éteints » ».
Camille Gaubert indique qu’ils 
« ont ainsi identifié un nouveau maillon : un nouveau réseau de gènes, lié au développement du cerveau du fœtus ». Vahid H. Gazestani, qui a mené ce travail, précise : « Nous avons constaté que bon nombre des gènes de risque connus liés aux TSA régulent ce réseau principal et que, par conséquent, leurs mutations peuvent perturber ce réseau essentiel pour le développement ».
La journaliste continue :
 « Si le lien entre ce réseau de gènes et l’autisme est établi, il reste à confirmer ces résultats dans d’autres études ainsi qu’à prouver la relation de cause à effet. Leurs travaux ont même permis de révéler une piste plus étonnante : plus le réseau est atteint, et plus l’autisme qui en résulte est sévère ».
Nathan E. Lewis remarque ainsi que 
« grâce aux analyses de l’expression des gènes à partir d’échantillons sanguins ordinaires, il est possible d’étudier les aspects des origines moléculaires fœtales des TSA, de découvrir l’impact fonctionnel de centaines de gènes de risque des TSA découverts au fil des années et de développer des tests cliniques de diagnostic et pronostic de la gravité ».
Eric Courchesne d’ajouter : 
« Il existe un besoin urgent de tests robustes permettant d’identifier le trouble et sa gravité attendue dès le plus jeune âge afin que le traitement puisse débuter tôt, permettant ainsi à chaque enfant d’obtenir de meilleurs résultats ».

Date de publication : 25 septembre 2019

 

 

 

« Trop de travail met en danger le cerveau »

Le Figaro

Le Figaro relève qu’« une étude française, publiée […] dans la revue médicale Stroke, vient […] de montrer que les gros travailleurs sont plus exposés à l’attaque cérébrale que ceux travaillant moins. Le risque d’accident vasculaire cérébral augmenterait ainsi de 29% chez les personnes travaillant plus de 10 heures par jour, au moins 50 jours par an. Un danger qui croît avec le temps. Ainsi, lorsque la situation dure depuis plus de 10 ans, le risque augmente de 45% ! ». Le Pr Alexis Descatha, spécialiste des pathologies liées au travail à l’hôpital Raymond-Poincaré et coauteur de ce travail, souligne qu’« il ne s’agit pas pour autant d’être alarmiste. Le risque demeure faible : il passe de 0,8 à 0,93% ». Le quotidien ajoute que « si l’étude montre une association significative entre temps de travail et risque pour le cerveau, elle ne permet pas de conclure à un lien de causalité, précisent les chercheurs qui se sont appuyés sur les données de la cohorte française Constances regroupant 200.000 personnes âgées de 18 à 69 ans ». Le Pr Descatha précise : « Travailler de manière prolongée dans de mauvaises conditions ou sous pression peut soit avoir un effet direct en affectant la coagulation et le rythme cardiaque. Mais le risque augmente aussi de façon indirecte en raison des modifications de comportements liés à ces horaires ». Le Figaro relève ainsi que « les durées de travail à rallonge riment souvent avec le stress, qui est connu pour faire grimper la pression artérielle, principal facteur de risque de l’attaque cérébrale. Tout comme le travail de nuit ». Le Pr Yannick Bejot, qui dirige le registre dijonnais des AVC, remarque ainsi : « Physiologiquement, la nuit, la pression artérielle diminue de 10 à 20%. Cette fonction protectrice est alors perturbée par la modification du rythme veille-sommeil ». « Le travail de nuit va également déréguler la prise alimentaire et la sécrétion d’insuline, faisant le lit du surpoids et du diabète, autres facteurs de risques d’attaques cérébrales », continue le journal. Le quotidien note en outre que « la plupart des professionnels ayant une activité intense négligent leur hygiène de vie, aggravant la menace. En effet, on sait depuis l’étude internationale Interstroke, que dix facteurs de risques modifiables contribuent à la survenue de 90% des AVC. Outre l’hypertension, figurent le tabagisme, un rapport taille-tour de hanche élevé, la sédentarité, une alimentation défavorable à la santé ou encore une consommation excessive d’alcool… ». Le Figaro relève donc que « pour ceux qui ont du mal à lever le pied ou qui ne peuvent pas se le permettre, les spécialistes recommandent de corriger les habitudes de vie et les comportements délétères pour le cerveau ». Le Pr Bejot explique qu’« il s’agit par exemple d’éviter les sandwichs pris sur le pouce, d’aménager des périodes de repos ou encore d’arrêter le tabac et de surveiller sa consommation d’alcool… ». Le quotidien ajoute qu’« après un premier accident, qu’il survienne sous forme d’AIT […] ou d’AVC mineur sans séquelles, il faudra redoubler de vigilance. […] Ces personnes, qui ne présentent pas de séquelles visibles, ne peuvent pas bénéficier d’aménagement du temps de travail. Si elles étaient déjà en surcharge de travail, elles seront sans doute conduites à adopter des comportements à risque qui les mettront en danger ».

Date de publication : 1er juillet 2019

« Agnès Buzyn annonce un congé rémunéré pour les « aidants » dès l’an prochain »

Le Monde

Le Monde annonce que « le gouvernement va créer en 2020 un congé indemnisé pour les «aidants» qui soutiennent un proche âgé, malade ou handicapé, a assuré […] la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn, précisant que cette mesure figurerait dans le prochain budget de la Sécurité sociale ». Le quotidien ajoute que « cette question des aidants, qui «dépasse la question des personnes âgées», fera l’objet d’un plan dont les détails seront annoncés à l’automne avec la secrétaire d’Etat chargée du handicap, Sophie Cluzel, a précisé la ministre lors d’un discours devant des professionnels du secteur médico-social ». Agnès Buzyn indique : « Je peux déjà vous dire que parmi les axes majeurs de ce plan figurera la conciliation de la vie professionnelle et de la vie de proche aidant. Pour la faciliter, nous allons créer un congé de proche aidant, indemnisé, dès la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale ». Le Monde rappelle qu’en avril dernier, « le président Emmanuel Macron avait souligné la nécessité de mieux «reconnaître» le rôle des aidants familiaux. Il faudra notamment «leur bâtir une place pendant la réforme des retraites et leur construire des droits», avait dit le chef de l’Etat, évoquant «celles et ceux, souvent les femmes, qui ont mis entre parenthèses ou sacrifié leur vie professionnelle pour s’occuper d’un enfant en situation de handicap, d’un proche, une personne de la famille devenue dépendante» ». Le journal observe en effet que « dans l’état actuel de la législation, les aidants ont le droit de prendre un congé pour s’occuper de leur proche, pendant 3 mois maximum (sauf éventuelle disposition plus favorable dans la convention collective). Mais ce congé n’est pas rémunéré, et seul un très petit nombre de personnes demande donc à en bénéficier ».

Date de publication : 4 juillet 2019

« Les allergies rendent-elles dépressif ? »

Les Echos

Les Echos remarque en effet : « Votre allergie au pollen, aux chats, aux chiens ou encore aux acariens vous rend plus anxieux et sujet à la dépression. Cette affirmation peut surprendre. Et pourtant, c’est le magazine américain « The Atlantic » qui le dit, études à l’appui. Les personnes allergiques ont souvent l’impression d’être enrhumées, de perdre leurs souffles rapidement et d’étouffer, ce qui peut générer du stress et accentuer une sensation d’anxiété ». Le journal note que « les allergies provoquent, selon Maya Nanda, pédiatre allergologue à l’hôpital pour enfants du Kansas, une sécrétion de cortisol – l’hormone du stress – qui pourrait inhiber la réception de sérotonine. Sans sérotonine, le système nerveux humain est plus en proie à la dépression ». « Les allergies entraînent également une accumulation de substances chimiques pro-inflammatoires, appelés cytokines, au niveau du nez et des sinus. Ces cytokines s’infiltrent dans le sang et affectent le système nerveux », continue Les Echos. Le quotidien rappelle qu’« en 2017, une étude menée par l’université de Colombia a révélé que les enfants souffrant d’une allergie alimentaire étaient beaucoup plus susceptibles d’être anxieux. De même, une autre enquête conduite par le psychiatre Teodor Postolache, a établi un lien entre les allergies au pollen et un risque accru de suicide ». Les Echos note que « selon William Yao professeur adjoint en oto-rhino-laryngologie (ORL) à l’université du Texas, il est important de traiter l’anxiété sans négliger la possible corrélation avec les allergies. Même si, tempère [« The Atlantic], «davantage d’études doivent être menées pour déterminer comment, exactement, les allergies pourraient influer sur la santé mentale» ».

Date de publication : 12 juillet 2019

« Comment l’empathie peut soulager la douleur »

Le Point

Anne Jeanblanc indique dans Le Point que « les mécanismes cérébraux expliquant les bénéfices de la reconnaissance de la souffrance par les soignants ont été identifiés par une équipe Inserm de Lyon ». Camille Fauchon, chercheur de l’équipe d’intégration centrale de la douleur chez l’homme (NeuroPain) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Lyon/Saint-Étienne), déclare en effet que « la reconnaissance de la souffrance, l’empathie, peut diminuer la douleur. Tout médecin ou infirmier sait que son comportement peut influencer le ressenti douloureux des patients ». Anne Jeanblanc indique que le chercheur « vient de réaliser une évaluation scientifique du phénomène. Ses travaux ont été publiés dans Scientific Reports ». La journaliste relève que « dans un précédent article, le chercheur expliquait que les avancées de l’imagerie médicale (IRM) avaient permis de mieux cerner les mécanismes cérébraux mis en jeu lors de la réponse à la douleur d’autrui. Et de montrer que les mêmes zones cérébrales étaient activées, que l’on souffre ou que l’on voit une personne avoir mal ». « Il expliquait aussi que d’autres expériences avaient montré qu’il n’était pas nécessaire d’avoir déjà souffert pour ressentir de l’empathie. Et enfin que, logiquement, cette dernière variait en fonction du contexte et de la relation que nous entretenons avec la personne en train de souffrir », note Anne Jeanblanc. Elle précise que « ce nouveau travail a été mené en deux temps. Le premier a consisté à faire mimer, par des comédiens professionnels et de manière reproductible, le comportement de soignants empathiques ou non, et à tester l’effet sur le ressenti douloureux de volontaires sains ». Camille Fauchon indique que « les acteurs ont joué des phrases écrites par les psychothérapeutes, selon trois versions : neutre, empathique ou non empathique, avec des mots-clés forts. Ces commentaires étaient enregistrés. Pendant l’expérience, la personne soumise à des stimulations douloureuses calibrées entendait les expérimentateurs parler dans la pièce à côté ». Anne Jeanblanc ajoute que « les sujets, qui évaluaient leur douleur sur une échelle de 100, étaient soumis à un stimulus d’intensité correspondant à environ 60, soit une douleur déjà bien présente mais supportable. Résultat : les phrases empathiques diminuent la souffrance ressentie d’environ 12% ». Le chercheur observe que « certains médicaments ne font pas mieux ». La journaliste explique enfin que pour « comprendre comment agissent les différents commentaires des soignants, […] les sujets ont été installés dans un tunnel d’IRM fonctionnelle, soumis au même stimulus douloureux, et ils entendaient les mêmes commentaires – empathiques, neutres ou non empathiques – dans le casque audio, laissé ouvert «par inadvertance» ». « Les chercheurs ont observé les réseaux cérébraux dédiés à l’attention, à la mémoire autobiographique, à la conscience de soi, à l’exploration du contexte, etc. », relève la journaliste. Camille Fauchon souligne que « ces régions donnent tout le relief à la sensation douloureuse en intégrant des dimensions cognitives, émotionnelles ou liées au contexte. […] Cela confirme qu’en modifiant le contexte par une attitude empathique, on change la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau ». Anne Jeanblanc note que le chercheur « va désormais étudier la façon dont les adultes décryptent les pleurs des nourrissons ».

Date de publication : 19 juillet 2019

« PMA, filiation, anonymat… Les ministres détaillent le projet de loi Bioéthique »

Le Parisien La Croix Le Figaro Libération Les Echos

Le Parisien rappelle que « le projet de loi sur la bioéthique est présenté en Conseil des ministres [ce] mercredi », et livre les propos de « trois ministres [qui] en détaillent le contenu ». Le journal remarque ainsi : « Une médecin, une juriste, une biochimiste ; trois ministres, trois femmes, trois symboles. […] Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, et Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche, se sont prêtées […] au jeu des questions-réponses sur le projet de loi Bioéthique. […] Ce sont elles qui porteront le texte à la rentrée devant les députés ». Le Parisien aborde tout d’abord « la PMA remboursée pour toutes » : « Aujourd’hui, la procréation médicalement assistée (PMA) est réservée aux couples hétérosexuels ne pouvant pas avoir d’enfant. À l’avenir, les couples de femmes ainsi que les célibataires y auront accès ». Agnès Buzyn déclare que « ce nouveau droit répond à une demande sociétale et nous allons sécuriser leur parcours. Les schémas familiaux ont changé ». Le quotidien relève que « ces femmes bénéficieront de la même prise en charge par la Sécurité sociale, à savoir un remboursement total », la ministre soulignant : « C’est la condition pour que ce droit devienne réalité. Aujourd’hui, nous savons que les couples de femmes qui ont projet de parentalité partent à l’étranger et seules celles qui en ont les moyens peuvent le faire… Ce n’est pas normal ». Le Parisien évoque en outre « l’accès aux origines rendu possible » : « De nombreuses personnes nées d’une PMA avec donneur, désirent, une fois adultes, accéder à leur origine biologique. Cet accès va devenir possible. Le projet de loi prévoit que l’enfant qui est né du don pourra, à ses 18 ans, avoir accès, soit à des données non identifiantes (âge, caractéristiques physiques…), soit à l’identité du donneur, selon le choix de ce dernier ». Le journal aborde par ailleurs le « feu vert à l’autoconservation des gamètes » : « Les femmes ont des enfants de plus en plus tardivement. Pour leur permettre de mener un projet parental, même si elles n’ont pas trouvé le compagnon ou la compagne idéale, le projet de loi va autoriser, de façon encadrée, une femme à congeler ses ovocytes (ou un homme son sperme) ». Le Parisien rappelle qu’« actuellement, cette autoconservation n’est possible que pour des raisons médicales en cas de cancer par exemple. Cela pourra se faire à partir de la trentaine (on évoque 35 ans). L’acte médical sera remboursé, mais pas les frais de conservation (environ 100 € par an) ». Le quotidien se demande enfin : « Quelle limite à la recherche ? ». Le Parisien souligne qu’« interdites sauf dérogation jusqu’en 2013, les recherches sur l’embryon et les cellules-souches issues d’un embryon humain sont aujourd’hui strictement encadrées. Le sujet est sensible, tant il soulève des questions sur les limites éthiques de la science. Le texte de la loi Bioéthique devrait cependant permettre d’alléger les demandes d’autorisation dans le cadre des cellules-souches embryonnaires ». Frédérique Vidal déclare ainsi que « des thérapies sont en cours, il devenait important qu’on simplifie le processus ». « Elle cite le besoin de faciliter des essais cliniques sur la rétine pour soigner certaines maladies de l’œil, mais aussi certaines insuffisances cardiaques et des maladies du foie », précise le quotidien. De son côté, La Croix titre : « PMA, les professionnels de la reproduction entre satisfaction et craintes ». Le journal remarque que « l’extension de la PMA et la légalisation de la conservation des ovocytes accroîtront le nombre de demandes auxquelles il pourrait être difficile de répondre, alertent les praticiens de l’assistance médicale à la procréation (AMP) ». Le quotidien observe ainsi : « Il ne suffit pas d’ouvrir une nouvelle possibilité, encore faut-il pouvoir la mettre en œuvre. C’est, en substance, le message que font passer depuis plusieurs jours au gouvernement les professionnels de la procréation ». La Croix relève que « sur le fond, ces derniers saluent d’abord la volonté gouvernementale d’étendre la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ». Le Pr Israël Nisand, à la tête du pôle mère-enfant de l’hôpital civil de Strasbourg et président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), déclare ainsi : « Que notre société s’ouvre, que l’on donne place à la demande, fut-elle rare, de femmes seules et de couples de femmes, est un grand progrès ». Le quotidien note cependant que « des critiques s’élèvent quant à la possibilité d’honorer toutes les nouvelles demandes que fera immanquablement naître la nouvelle loi ». La Pr Nelly Achour-Frydman, à la tête du laboratoire de fécondation in vitro à l’hôpital Antoine-Béclère (Clamart), remarque que « le gouvernement doit mettre en place de toute urgence un plan AMP pour évaluer les demandes et cartographier les capacités des centres à répondre aux besoins ». « Une requête adressée officiellement à la ministre de la santé, Agnès Buzyn, dans une lettre envoyée il y a quelques jours par la Société de médecine de la reproduction », continue La Croix. Le journal relève que « les centres risquent fort d’être dépassés par les demandes, qu’il s’agisse de PMA ou d’autoconservation ovocytaire », la Pr Achour-Frydman déclarant : « Aujourd’hui, les couples hétérosexuels infertiles doivent attendre entre 12 et 18 mois pour voir leur demande satisfaite. Si la loi change mais qu’aucun moyen supplémentaire ne nous est donné, les délais vont s’allonger considérablement et tout le monde va en pâtir. Les couples de femmes et les femmes seules vont se heurter à un autre mur que l’illégalité à laquelle elles étaient confrontées jusqu’alors : celui de la non-faisabilité ». La Croix évoque un « deuxième point qui inquiète les professionnels de la reproduction : l’obligation de détruire, un an après l’entrée en vigueur de la loi, tous les stocks de sperme, d’ovocytes et d’embryons réservés à l’accueil par un couple. Cette mesure […] est liée à la levée de l’anonymat du donneur prévu par le projet de loi ». La Pr Achour-Frydman remarque que « l’idée est de repartir de zéro, mais elle est scandaleuse. D’abord, c’est extrêmement choquant vis-à-vis des donneurs, en particulier des femmes qui ont subi des ponctions d’ovocytes, une opération très lourde. Ensuite, cela va contribuer à accroître encore la pénurie de gamètes ». Le Pr Jean-Pierre Wolf, responsable de l’activité PMA à Cochin, déclare qu’« au-delà de notre capacité à honorer la demande, en raison de nos moyens humains limités, je crains qu’il s’agisse là d’un leurre pour les femmes. Beaucoup vont croire qu’elles ont du temps devant elles parce qu’elles ont congelé leurs ovules. Alors que les taux de réussite sont en fait faibles : nous n’avons que 25 à 30% de probabilité de faire naître un bébé par femme ayant recouru à cette méthode ». Le quotidien relève que « la solution, selon lui, consiste non seulement à informer les femmes sur les possibilités réelles d’avoir un enfant après avoir congelé leurs ovocytes, mais aussi de les informer sur la fertilité. Un «plan fertilité» réclamé depuis des années par plusieurs associations et qui ne figure pas dans le projet de loi gouvernemental ». Le Figaro retient pour sa part « les craintes d’une révolution de la procréation », observant que « la disparition du critère d’infertilité pour accéder à la PMA inquiète. Certains y voient une nouvelle étape vers l’eugénisme et la gestation pour autrui ». Le journal cite le juriste Jean-René Binet, spécialiste de la bioéthique : « La suppression du critère d’infertilité constitue une vraie révolution. Si ce projet de loi est adopté tel quel, il ouvrirait de facto un droit à la procréation médicalement assistée “pour tous”, bien au-delà des couples de femmes et des célibataires. Seul le désir d’enfant ferait office de critère ». Le juriste poursuit : « On peut craindre une dérive vers l’eugénisme. En l’absence de limites, certains couples fertiles pourraient être tentés de faire une PMA pour avoir accès à des diagnostics préimplantatoires de l’embryon afin d’éviter toute anomalie ou tout risque génétique ». Le Pr Jacques Testart, « biologiste à l’origine du premier bébé-éprouvette en France », déclare : « Outre la conservation des gamètes et embryons (moyen de planification des naissances pour tous et toutes), la sélection des enfants pourra se généraliser à toute la population puisque ses indications vont s’ouvrir largement. Le Meccano de la reproduction contrôlée se met en place et s’affirme à chaque révision des lois de bioéthique. Cette dernière saison sera un grand cru vers les pulsions transhumanistes ». De son côté, le Pr René Frydman, « gynécologue également à l’origine du premier bébé-éprouvette », remarque que le « véritable changement a déjà eu lieu. Nous sommes déjà passés du strictement médical au sociétal avec des demandes de grossesse de plus en plus tardives. Lorsqu’une femme de 45 ans souhaite avoir un enfant, faut-il considérer que son infertilité est médicale ou naturelle ? ». Le Figaro note que « favorable à la PMA pour toutes, [le spécialiste] déplore néanmoins que le projet de loi ne dise pas un mot de la montée en puissance de l’infertilité ». Et dans un entretien, la Pr Nathalie Rives, présidente de la Fédération française des centres d’études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos), déclare notamment : « Nous sommes favorables à cette évolution malgré les réserves de certains professionnels sur l’extension de la PMA aux femmes seules. Mais nous avons des interrogations sur la mise en œuvre de cette réforme. Nous sommes prêts à accompagner ce changement, mais il ne faut pas imaginer que l’expression «PMA pour toutes» veut dire que toutes les femmes y auront droit. ». « Nous n’accéderons pas automatiquement à toutes les demandes. Si une jeune fille fertile et célibataire de 20 ans vient consulter pour avoir un enfant, ses motivations seront évaluées, et il lui sera probablement demandé d’attendre avant d’envisager ce projet. L’acceptation de la prise en charge est conditionnée par de nombreux critères qui peuvent être médicaux et psychologiques », précise la spécialiste. Elle souligne que « les demandes d’assistance médicale à la procréation pourraient être multipliées par 2 ou par 3. Au Royaume-Uni, quand l’accès à la PMA a été étendu, les centres ont d’abord constaté une augmentation de 30% de la demande avant un doublement, voire un triplement de leur activité annuelle. Alors que nous sommes déjà dans une situation un peu tendue, nous craignons l’allongement des files d’attente. Nous n’avons pas la capacité de recruter des praticiens, des psychologues spécialisés ni des techniciens supplémentaires. En cas de pénurie de gamètes, les demandes seront difficiles à gérer. Cette réforme doit donc être accompagnée financièrement ». Libération brosse de son côté le portrait de Laurence Vanceunebrock-Mialon, « élue LREM lesbienne ayant eu recours à la procréation médicalement assistée, [qui] entend peser sur l’examen du texte ». Le journal note que « l’élue de l’Allier […] mesure, au fil des nombreux courriers reçus, que sa démarche n’est pas si anodine. Des remerciements, des encouragements et des mails qui lui demandent de poursuivre la bataille pour la reconnaissance des droits, transformant parfois sa messagerie en «recueil de douleurs», parce qu’«il y a bien de quoi pleurer» en lisant le récit de certains couples et familles dans le désarroi ». Et Les Echos constate que « l’exécutif veut éviter les déchirements du mariage pour tous ». Le journal observe ainsi : « Surtout ne pas réveiller les fractures, le climat et les oppositions du débat sur le mariage pour tous. C’est la ligne de l’exécutif sur le projet de loi bioéthique présenté ce mercredi pour le dernier Conseil des ministres avant la pause estivale ». Le quotidien relève que « la PMA pour toutes est la mesure la plus emblématique de ce texte porté par trois ministres. […] Mais elle est loin d’en épuiser les 32 articles puisqu’ils abordent entre autres le dispositif de filiation dans le cadre de cette PMA élargie, la possibilité de mettre fin à l’anonymat du don de sperme, l’autoconservation des ovocytes, les dons d’organes, les cellules-souches et embryons, les tests génétiques, etc. ».

Date de publication : 24 juillet 2019

« L’activité physique permet de lutter contre le déclin cognitif »

Le Monde

Sandrine Cabut s’interroge dans Le Monde : « L’activité physique (AP) serait-elle un des meilleurs moyens de retarder la survenue d’un Alzheimer ? A l’heure où la recherche de médicaments contre cette maladie neurodégénérative accumule les échecs, une étude américaine publiée […] dans JAMA Neurology livre de nouvelles données sur les effets neuroprotecteurs de l’AP ». La journaliste explique ainsi que « l’équipe de Jennifer Rabin (Massachusetts General Hospital, Boston) a suivi pendant 7 ans 182 seniors (73 ans en moyenne) cliniquement en bonne santé. Au début de l’étude, leur niveau d’activité physique a été évalué avec un podomètre. Ils ont eu également une mesure de la charge amyloïde dans leur cerveau. Une charge élevée reflète une forte accumulation de protéines bêta-amyloïdes, état qui peut précéder de plusieurs années le début clinique d’une maladie d’Alzheimer. ». « Ces participants ont ensuite bénéficié de tests annuels de leurs performances cognitives et d’IRM cérébrales appréciant le volume de matière grise », poursuit Sandrine Cabut. Elle constate que « parmi les personnes avec une charge amyloïde élevée – donc plus à risque de maladie d’Alzheimer –, les performances cognitives chutent nettement moins au cours des 7 ans de suivi chez celles ayant une activité physique importante (8300 pas par jour) que chez celles ayant une AP limitée (2900 pas par jour) ». La journaliste relève en outre que « la perte de matière grise à la fin de l’étude est moindre dans le groupe des individus les plus actifs, surtout chez ceux avec une charge amyloïde élevée ». Sandrine Cabut précise que « ces bienfaits de l’AP sur le cerveau sont indépendants des facteurs de risque vasculaire (hypertension artérielle, diabète, tabagisme, excès de poids) ». Les auteurs écrivent ainsi que « des approches interventionnelles ciblant à la fois l’activité physique et les facteurs de risque vasculaire pourraient avoir des effets bénéfiques additionnels pour retarder la progression de la maladie d’Alzheimer ». Philippe Amouyel (université de Lille), professeur de santé publique et chercheur, réagit : « A l’échelle épidémiologique, la lutte contre la sédentarité est le troisième facteur le plus protecteur de la maladie d’Alzheimer, derrière le niveau d’études, et l’arrêt du tabac. L’étude publiée […] suggère que l’activité physique agit sur la charge amyloïde, donc directement sur l’un des mécanismes de la maladie. Et la force de ce travail réside dans son caractère prospectif ». De son côté, Séverine Sabia, chercheuse à l’Inserm, déclare que « c’est un travail original mais observationnel, donc avec des biais potentiels qui ne permettent pas d’être si affirmatif. Pour démontrer que l’activité physique protège de l’évolution de la maladie d’Alzheimer, il faut des études d’intervention [comparant l’évolution d’un groupe avec un programme d’AP et un autre sans], et celles actuellement disponibles restent inconcluantes ».

Date de publication : 24 juillet 2019

Revue de presse santé psy – juin 2019

 

« De la musique pour le cerveau des prématurés »

Le Figaro

Le Figaro constate que « le bruit est omniprésent dans les unités de soins intensifs où sont hospitalisés les enfants prématurés. C’est dans cette atmosphère stressante, mécanique, que les bébés vont devoir grandir et se développer ».
Le journal fait savoir qu’
« à l’Hôpital universitaire de Genève (HUG), en Suisse, des chercheurs ont eu l’idée de diffuser de la musique spécialement composée pour stimuler l’activité cérébrale de ces nouveau-nés ».
« Leur étude, publiée dans les Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS), montre que les réseaux neuronaux des enfants exposés à ces mélodies se développent de manière plus efficace, en particulier ceux qui sont impliqués dans les fonctions sensorielles et cognitives », 
observe le quotidien.
Le Figaro indique que « 
ce résultat, qui devra être confirmé par l’examen clinique des enfants, offre une piste pour prévenir les troubles de l’apprentissage, de la concentration ou de la gestion des émotions dont souffrent un certain nombre de grands prématurés. Si les progrès de la réanimation offrent aux enfants nés entre la 28e et la 32e semaine d’aménorrhée de bonnes chances de survie, «leur cerveau est encore immature à la naissance», souligne Petra Hüppi, médecin cheffe au HUG qui a dirigé l’étude. D’où l’importance de leur ménager un environnement protecteur et stimulant ».
Le journal relève ainsi que 
« les scientifiques ont demandé au compositeur suisse Andreas Vollenweider de créer trois mélodies de 8 minutes chacune, conçues pour accompagner le réveil, l’éveil et l’endormissement des bébés. Après avoir passé du temps dans le service de néonatologie à observer leurs réactions à ses instruments, le musicien a retenu le punji (la flûte indienne des charmeurs de serpents), ainsi qu’une harpe et des clochettes ».
Une infirmière constate que 
« des enfants très agités se calmaient presque instantanément, leur attention était attirée par la musique ».
Le Figaro précise que 
« 20 nourrissons ont été exposés à cette musique par l’intermédiaire d’un casque, à raison de cinq fois par semaine jusqu’à leur sortie de l’hôpital, tandis que de 19 autres étaient intégrés à un groupe contrôle ».
« L’examen par IRM des nouveau-nés bercés par la musique d’Andreas Vollen­weider montre que leurs connexions neuronales sont plus actives que celles des autres prématurés. Le bénéfice est net sur les circuits impliqués dans la détection des informations, l’évaluation de leur pertinence et leur transmission à d’autres régions du cerveau. Reste maintenant à vérifier que ces observations se traduisent sur le plan comportemental », 
conclut le journal.

Date de publication : 3 juin 2019

« Comment les souvenirs se fixent en dormant »

Le Figaro

Le Figaro rappelle que « la nuit ne se contente pas de porter conseil, elle fixe aussi les souvenirs. Les bons comme les mauvais. C’est pourquoi perdre le sommeil, c’est un peu perdre la mémoire ».
Le journal indique que 
« grâce aux progrès technologiques qui permettent désormais d’enregistrer précisément l’activité des différentes zones du cerveau jusqu’à l’échelle des neurones, les scientifiques comprennent mieux les circuits cérébraux de la mémoire. L’espoir est d’arriver un jour à la manipuler. Soit pour la stimuler, par exemple grâce à des implants cérébraux lorsqu’elle semble s’évanouir par pans entiers comme dans la maladie d’Alzheimer. Soit justement pour l’effacer lorsqu’il s’agit de souvenirs traumatiques ».
Le quotidien explique que
 « les chercheurs ont identifié les deux acteurs principaux impliqués dans la mémorisation. D’une part, l’hippocampe, une zone profonde du cerveau utilisée pour la mémoire à court terme. L’hippocampe (en réalité, il y en a deux, un dans chaque hémisphère) fonctionne un peu comme le fait la mémoire vive d’un ordinateur en gardant transitoirement «sous la main» les informations utiles. D’autre part, le néocortex, partie la plus évoluée de notre cerveau, dans laquelle les souvenirs, avec leurs différentes composantes (visuelles, émotionnelles etc.) se stockent à vie ».
Le Figaro note que 
« durant le sommeil, le cerveau est le siège d’un intense trafic de souvenirs : les moins utiles s’effacent, tandis que les plus importants s’ancrent définitivement », et fait savoir que des « chercheurs de Berkeley [Etats-Unis] ont remarqué que la mise à jour de la mémoire se faisait surtout pendant les phases de sommeil léger ».
Le journal indique ainsi que 
« dans son livre Pourquoi dormons-nous ? (Éditions La Découverte, 2018), le Pr Matthew Walker, professeur de neurosciences et psychologie à la tête du laboratoire Sommeil et neuro-imagerie de l’Université de Berkeley, explique que «le sommeil restaure la capacité d’apprentissage du cerveau en faisant de la place aux nouveaux souvenirs» ».
« Avoir passé une bonne nuit permettrait ainsi d’attaquer la journée avec des capacités d’apprentissage au maximum, alors qu’elles sont réduites après une nuit trop courte ou lorsque le réseau des routes cérébrales a été partiellement coupé par la prise de somnifères », 
poursuit le quotidien.
Le Figaro indique que « 
grâce à l’analyse des ondes cérébrales de volontaires en laboratoire du sommeil (avec des capteurs placés sur le crâne), l’équipe du Pr Walker a pu observer «une boucle de courant électrique étonnamment fiable, pulsant à travers le cerveau toutes les 100 ou 200 millisecondes». Ces pulsations effectuent des allers et retours constants entre l’hippocampe et le néocortex ».
Le Pr Walker précise : «
 Une transaction électrique a lieu dans le secret du sommeil, faisant passer les souvenirs factuels de la zone de stockage temporaire (l’hippocampe) à la chambre forte sécurisée sur le long terme (le cortex). Le sommeil procède ainsi à un formidable nettoyage de l’hippocampe, reconstituant pour ce dépositaire à court terme un grand espace libre ».
Le quotidien ajoute que « 
ces travaux ont conduit à une découverte importante pour ceux qui ont des problèmes de mémoire. En effet, les chercheurs de Berkeley ont remarqué que la mise à jour de la mémoire se faisait surtout pendant les phases de sommeil léger et qu’elle était corrélée à des éclats puissants d’activité électrique, appelés «fuseaux de sommeil» ».
Le Pr Walker explique ainsi : 
« Nous avons découvert que les seniors (les individus âgés de 60 à 80 ans) ne sont pas en mesure de générer autant de fuseaux de sommeil que les jeunes adultes en bonne santé, [avec] une baisse de 40% par rapport à ces derniers ».
Le chercheur remarque que
 « moins un adulte présente de fuseaux de sommeil au cours d’une nuit, plus il lui est difficile d’accumuler des faits nouveaux dans son hippocampe le lendemain, puisque sa capacité de mémoire à court terme n’a pas été rafraîchie pendant la nuit ».
Le Figaro conseille donc d’
« éviter les somnifères et dormir plus de 6 heures par nuit, pour bénéficier au maximum du sommeil à ondes lentes, car ce sont elles qui servent de coursier aux souvenirs entre l’hippocampe et le néocortex ».

Date de publication : 11 juin 2019

 

« Psychiatrie : la révolution des images »

Les Echos

Les Echos publie un texte de Didier Raoult, professeur de microbiologie à la faculté de biologie de Marseille, qui indique qu’« une révolution s’opère sous nos yeux, celle de l’arrivée de l’imagerie cérébrale dans l’étude des maladies psychiatriques ».
Le spécialiste explique ainsi qu’« à ses débuts, la psychiatrie s’est séparée de la neurologie. […] Délaissée par le reste du corps médical, qui a alors pris ses distances avec la psychiatrie, la prise en charge des patients psychiatriques, d’abord non médicamenteuse, s’est ensuite faite via des molécules et des interventions physiques (électrochocs…) ad hoc ».
Il souligne que « la situation est en train de changer. Car si les maladies psychiatriques ne sont, en général, pas associées à des lésions visibles, il n’en reste pas moins que le métabolisme du cerveau des personnes malades diffère de celui des non-malades ».
Le Pr Raoult indique : « J’ai récemment eu la surprise de voir arriver dans mon cabinet une jeune femme présentant une hémiplégie […] qui ne possédait pas d’origine lésionnelle. Les lésions dans les hémiplégies dites «neurologiques» se trouvent dans l’hémisphère du cerveau opposé à la moitié du corps concernée. Chez cette malade, la radiologie moderne (PET Scan ou « tomographie par émission de positrons ») a permis de mettre en évidence un déficit du métabolisme dans la même zone du cerveau que celle atteinte dans les hémiplégies considérées comme neurologiques ».
Le spécialiste remarque que « grâce à la possibilité nouvelle d’obtenir des images, la psychiatrie va donc pouvoir revenir dans le champ de la médecine classique. D’une manière intéressante, ces examens permettent aussi d’identifier les zones du cerveau dont le métabolisme est modifié grâce aux médicaments psychiatriques ».

Date de publication : 17 juin 2019

 

« Nous sommes inégaux devant le placebo »

Le Monde

Le Monde publie une enquête sur « les mystérieux et puissants effets du placebo », notant : « Au cœur des querelles sur l’homéopathie, ce phénomène, qui montre à quel point la frontière entre corps et esprit est poreuse, reste mystérieux ».
Le journal observe entre autres que 
« si la France brille par son absence dans l’étude de l’effet placebo, à l’étranger il constitue un sujet de recherche active qui dévoile à quel point, dans la situation thérapeutique, la frontière entre corps et esprit est poreuse ».
Marc Gozlan remarque par ailleurs que 
« nous ne sommes pas tous égaux face au placebo. Certains sujets sont répondeurs, tandis que d’autres ne le sont pas ».
Le journaliste explique que 
« la neuro-imagerie a montré que, dans la douleur, l’effet placebo dépend de la mobilisation de plusieurs systèmes de neuromédiateurs, notamment des voies sensibles aux opioïdes, aux cannabinoïdes, à la dopamine. A terme, l’objectif de ces études reposant sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM) du cerveau et l’IRM fonctionnelle, qui évalue l’activité cérébrale, est d’identifier des caractéristiques anatomiques et fonctionnelles possiblement associées à la réponse placebo. Autrement dit, des biomarqueurs prédictifs ».
Marc Gozlan relève ainsi que 
« plusieurs gènes associés à la réponse placebo sont impliqués dans le métabolisme de neurotransmetteurs. Or, on sait que la séquence ADN d’un même gène n’est pas exactement identique d’une personne à l’autre. On parle de «polymorphisme génétique». Récemment, des études ont montré que certains de ces «variants génétiques» sont associés à l’effet placebo dans la douleur, les troubles anxieux et la dépression ».
« Ainsi, des variants génétiques affectant les voies de la dopamine semblent influencer la réponse placebo dans la dépression majeure et pourraient servir de biomarqueurs pour différencier les patients répondeurs et non répondeurs au placebo », 
poursuit le journaliste.
Il souligne que 
« ces travaux revêtent un intérêt considérable depuis que des études ont montré que la réponse au placebo est importante dans le traitement de l’épisode dépressif majeur. Cela pourrait expliquer les résultats d’une méta-analyse montrant que l’efficacité observée dans les groupes placebo atteint 65% de celle enregistrée dans les groupes de patients traités par antidépresseur dans les essais cliniques. Cette proportion est encore plus élevée lorsqu’on inclut les résultats d’essais non publiés ».
Marc Gozlan note en outre que 
« d’autres études ont montré que l’amplitude de l’effet antidouleur induit par un placebo est plus importante chez les personnes porteuses de variants génétiques d’enzymes participant aux systèmes opioïde et cannabinoïde, impliqués dans le contrôle physiologique de la douleur ».
Le journaliste conclut que 
« l’ensemble des gènes influant sur la réponse placebo est désigné par le terme de «placebome». Sa compréhension pourrait permettre d’identifier les patients les plus sensibles, afin d’individualiser les traitements et distinguer les effets du traitement de ceux du placebo ».

Date de publication : 18 juin 2019

« Quand le cerveau revit après la mort »

Les Echos

Yann Verdo observe en effet dans Les Echos qu’« une expérience américaine réalisée sur des cerveaux de cochons décapités a livré des résultats étonnants. La mort n’est pas un phénomène aussi rapide ni aussi synchrone qu’on le pensait. La question des dons d’organes risque de s’en trouver affectée ».
Le journaliste relate ainsi cette étude parue dans 
Nature : « Une équipe de scientifiques américains emmenée par un certain Nenad Sestan, de l’université de Yale, se rend dans un abattoir de New Haven, dans le Connecticut, pour y récupérer les têtes d’une trentaine de jeunes cochons âgés de 6 à 8 mois et fraîchement décapités. Ils rapportent les 30 têtes dans leur laboratoire et là, plusieurs heures après le dernier couinement, les «raccordent» à une machine de leur invention ressemblant grosso modo à un appareil de dialyse. Et que constatent-ils ? Que les cerveaux des malheureux cochons se sont remis – partiellement – à fonctionner ! ».
Yann Verdo précise que 
« la machine en question s’appelle BrainEx et elle permet de rétablir l’arrivée et la circulation d’oxygène dans un cerveau mort. Une fonction éminemment vitale, puisque l’oxygène permet aux mitochondries, ces centrales à énergie de nos cellules, de «brûler» la matière organique pour produire de l’énergie ».
Le journaliste relève que 
« la machine injecte dans les cerveaux des cochons décapités un substitut sanguin, à la température de 37°C. L’expérience ne visait aucunement à «ressusciter» un cerveau mort, objectif parfaitement inatteignable en l’état actuel de l’art (et qui le restera peut-être toujours). Mais les résultats obtenus n’en sont pas moins spectaculaires ».
Yann Verdo explique ainsi que 
« les chercheurs […] ont pu constater que, au bout de 4 heures d’anoxie – le laps de temps écoulé entre la décapitation des cochons et la re-irrigation de leur cerveau par ce système de perfusion de sang artificiel -, le système vasculaire cérébral s’est remis à pulser normalement. Parallèlement, l’imagerie cérébrale a montré que certains circuits neuronaux se remettaient à fonctionner, même si cette activité électrique est restée cantonnée à un niveau local ».
Le journaliste ajoute qu’
« à l’échelle cellulaire aussi, beaucoup des fonctions que l’on pensait incompatibles avec la mort ont pu être récupérées grâce au système de réoxygénation : celui-ci a non seulement permis d’éviter en grande partie le processus de mort programmée connu sous le nom d’apoptose mais aussi de diminuer très fortement les réponses inflammatoires dues au dérèglement du système immunitaire. Dans les circuits neuronaux qui se sont remis en route, les neurones sont redevenus normalement excitables et ont recommencé de communiquer activement avec leur entourage… ».
Pierre-Marie Lledo, chercheur en neurosciences à l’Institut Pasteur et au CNRS, réagit : «
 Qu’une seule de ces différentes fonctions ait pu être recouvrée est déjà extrêmement étonnant. Alors, cinq à la fois… ».
Yann Verdo souligne que 
« les cerveaux des pauvres cochons n’ont pas ressuscité pour autant. L’électroencéphalogramme est resté plat, signe de l’absence de toute forme d’éveil ou de conscience. La seule activité électrique enregistrée était locale, non globale ».
Pierre-Marie Lledo ajoute :
 « Il n’en reste pas moins que cette expérience, et le recouvrement d’une activité électrique locale qu’elle a mis en lumière, devrait nous amener à redéfinir la mort, comme cela a déjà été fait par le passé. […] Il apparaît que la mort n’est pas un phénomène aussi rapide ni aussi synchrone qu’on le pensait. Tout ne meurt pas en même temps dans un organisme, ni même dans le seul cerveau. Cela soulève forcément des questions d’ordre éthique et juridique ».
Yann Verdo explique enfin que 
« pour la médecine, l’expérience choc de Nenad Sestan a ses bons et ses mauvais côtés. Pour les bons, il est clair qu’elle ouvre d’intéressantes perspectives aux urgentistes se débattant pour maintenir une personne en vie après un AVC. Encore faudra-t-il que la machine BrainEx, utilisée sur des cochons (et, qui plus est, sur de jeunes cochons) soit améliorée pour pouvoir être testée sur des primates non humains, avant de pouvoir envisager toute expérimentation sur l’homme et, a fortiori, son utilisation de routine en clinique ».
« Plus problématique sont ses conséquences possibles sur les dons d’organes. Ceux-ci étant prélevés sur des personnes en état de mort cérébrale, que va-t-il se passer maintenant que l’on sait que cette mort cérébrale n’est peut-être pas aussi «irréversible», ni surtout aussi complète, qu’on le pensait jusqu’à présent ? », 
s’interroge le journaliste.

Date de publication : 24 juin 2019

 

 

Revue de presse santé psy – mai 2019

 

« Des psychiatres dénoncent à nouveau l’amalgame entre terrorisme et psychiatrie »

La Croix

Pierre Bienvault constate en effet dans La Croix que « plusieurs médecins s’indignent d’un décret permettant de croiser les données du fichier des personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement et celles du fichier des personnes radicalisées ».
La journaliste évoque un 
« sujet ultrasensible », le ministère de la Santé précisant : « Ce texte constitue un point d’équilibre entre la nécessité de lutter contre la radicalisation terroriste et celle de protéger les données de personnes hospitalisées. Aucune donnée médicale ne sera communiquée au ministère de l’intérieur ».
Le Dr Jean-Pierre Salvarelli, membre du syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), déclare quant à lui que 
« c’est un scandale, une honte. Jamais on n’a connu une telle stigmatisation de la maladie mentale ».
Pierre Bienvault explique que 
« publié mardi 7 mai, ce texte vise à permettre «la mise en relation» des données du fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) avec celles du fichier Hopsyweb qui recense les personnes hospitalisées en psychiatrie sans leur consentement. Le but est de croiser les informations dans les deux sens ».
« Quand une personne sera identifiée comme étant radicale, le préfet de son lieu de résidence pourra savoir si, dans les 3 ans, elle a été hospitalisée sous la contrainte en psychiatrie. Dans l’autre sens, quand un patient sera admis en psychiatrie, le préfet pourra savoir si elle figure dans le fichier des personnes radicalisées », 
relève le journaliste.
Le ministère de la Santé indique que «
 seuls le nom, le prénom et la date de la naissance des personnes seront communiqués. Le motif de l’hospitalisation ne sera jamais dévoilé ».
Le Dr Salvarelli déclare que 
« c’est une confusion inacceptable entre souffrance psychique et violence terroriste ». Le Dr Claire Gekiere, membre du bureau national de l’Union syndicale de la psychiatrie, remarque quant à elle : « Nous ne sommes bien sûr pas opposés à ce qu’on lutte de manière efficace contre le terrorisme. Mais au nom de ce combat, on ne cesse de faire reculer les limites de la liberté individuelle et de la protection de la vie privée et du secret médical ».
Pierre Bienvault observe que 
« le décret fait aussi tiquer la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), celle-ci estimant que la «mise en relation» des deux fichiers «ne peut être envisagée qu’avec une vigilance particulière» ».

Date de publication : 10 mai 2019

« Comment l’e-santé peut nous sauver de nos addictions »

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui fait savoir qu’« un rapport remis ce mardi à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues […] montre comment le numérique peut être la solution pour prendre en charge les patients «accros» ».
Elsa Mari souligne ainsi que 
« c’est un combat urgent, difficile mais qu’il faut absolument gagner. Aujourd’hui, l’Hexagone fait partie des pays qui subissent le plus important dommage causé par les addictions, responsables de 120.000 morts par an ».
« Cinq millions de Français consomment tous les jours de l’alcool, première cause d’hospitalisation, 13 millions du tabac, 700.000 du cannabis. Sans compter les autres drogues, les nouvelles dépendances liées aux jeux vidéo, à la pornographie, aux réseaux sociaux. Triste paradoxe, seules 20% de ces personnes sont prises en charge », 
observe la journaliste.
Elle s’interroge :
 « Comment soigner tous les autres, tétanisés par la honte, le déni, l’isolement, la peur de la rechute ? Face au manque cruel de spécialistes, le numérique pourrait être la solution ».
Elsa Mari note donc que 
« c’est ce que prônent, avec force, Michel Reynaud, le président du Fonds Actions Addictions, et Jean-Pierre Thierry, conseiller e-santé, dans un rapport inédit commandé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues (Mildeca) ».
La journaliste explique que 
« 90% des Français qui ont un smartphone ne s’en séparent jamais à plus d’1m50. Grâce à ce petit écran, les personnes addicts pourront évaluer leur niveau de dépendance sur les applis, obtenir un suivi, avec un psychologue en ligne, accéder à des forums d’entre-aide, démarrer une consultation par vidéo, partager leur dossier médical avec les spécialistes ».
Jean-Pierre Thierry déclare ainsi que 
« demain, un alcoolodépendant pourra géolocaliser tous les bars de son quartier et lorsqu’il passera devant, il recevra un message courage, tu as bien tenu jusqu’à présent. S’il est anxieux, il pourra parler à un médecin en appuyant sur un bouton panique. Les données collectées serviront aussi à améliorer la recherche ».
Elsa Mari ajoute que 
« le numérique facilitera la parole, souvent difficile avec un médecin généraliste, peu formé à l’addiction et mal à l’aise sur le sujet ». 
La journaliste constate cependant qu’
« on en est encore loin. Alors que le gouvernement vient de présenter sa feuille de route pour accélérer le virage de l’e-santé, la France reste très en retard. Dans l’addiction, seules quelques initiatives existent, comme celle du Pr Pascal Perney du CHU de Nîmes qui a lancé l’application Mydéfi pour réduire, en 12 semaines, sa consommation d’alcool ».
« Reste des questions de taille comme la protection des données et la qualité de la prise en charge », 
poursuit-elle.
Elsa Mari remarque que «
 tous en ont conscience, la technologie n’est pas la solution miracle, mais «une vraie opportunité, selon Nicolas Prisse, président de la Mildeca. On ne peut pas laisser la situation telle qu’elle est» ».
Dans un entretien, le Pr Michel Reynaud souligne que 
« le traitement des addictions n’a jamais été une priorité des pouvoirs publics, en tout cas sûrement pas à la hauteur des dommages causés par l’alcool, la drogue, le tabac. En France, elles sont responsables d’un mort sur cinq ! Il n’y a quasiment pas d’addictologues libéraux, on manque de services hospitaliers. Les centres de consultation sont surchargés. De toutes les pathologies, c’est dans l’addiction que le «treatment gap», qui définit l’écart entre le nombre de malades et ceux qui sont soignés, est le plus élevé ».
« Je crois donc beaucoup à l’e-santé, avec le développement de consultations par vidéo, de forums. Des plateformes d’écoute comme «Alcool Info service» ou des applications existent déjà mais ces dernières sont en moyenne abandonnées au bout de 2 semaines, en l’absence de suivi », 
poursuit le spécialiste, qui « demande la création d’un plan national. Il faut, en parallèle, mettre en place, un statut de «patients experts» qui n’existe pas actuellement. Ces anciens dépendants, qui aident les autres, auront une certification professionnelle. Je demande aussi la reconnaissance de la situation de longue maladie pour les addictions sévères. Elle permettra la prise en charge totale des patients ».

Date de publication : 14 mai 2019

« Baby-foot et burn-out au menu des DRH »

Libération

Libération relaie des « chiffres [qui] affolent. Selon une étude de 2018 de la Fondation Pierre Deniker pour la recherche en santé mentale, plus d’un Français actif sur cinq présente «une détresse orientant vers un trouble mental». A la clé, des dépressions, des addictions, du stress, voire des idées suicidaires ».
Le journal rappelle qu’« 
en 2015, l’Institut de veille sanitaire évaluait à 480.000 le nombre de salariés en souffrance psychique au travail, dont 30.000 en burn-out. Aucune leçon n’aurait donc été tirée depuis la crise chez France Télécom ? ».
Le quotidien cite le dirigeant Bruno Mettling,
 « qui a mené, dès 2010, le chantier de reconstruction du climat social de l’opérateur » : « Dans les grandes fonctions RH, il y a eu une prise de conscience des responsabilités de l’entreprise en matière de santé au travail alors que jusque-là ce n’était pas au centre des préoccupations ».
« Jean-Claude Delgènes, qui y a aussi participé en tant qu’expert, évoque un «contexte de sidération nationale» avec des crises similaires, au même moment, chez Renault et Peugeot. Ce qui a créé «une forte interrogation des dirigeants de l’époque qui redoutaient un effet Lombard», du nom de l’ex-PDG du groupe de télécoms, actuellement jugé pour «harcèlement moral» », 
note Libération.
Le journal remarque cependant que « 
cette peur est vite passée, regrette le spécialiste, et les préoccupations de santé au travail ont été renvoyées «en second rideau», chassées par la «vague numérique» et l’intensification de la concurrence ».
Le quotidien observe que 
« «la réponse a souvent été en dessous de ce qu’il fallait», poursuit Jean-Claude Delgènes. Selon lui, seules 20% à 30% des entreprises font un réel travail de «gouvernance éclairée». La faute, selon la psychologue clinicienne Catherine Mieg, à un «prêt-à-penser managérial, enseigné dans les grandes écoles, avec des tableaux Excel et des ratios, qui donne la priorité aux logiques de rentabilité. Ce qui rend difficile tout pas de côté» ».
« La spécialiste pointe aussi le poids du «capitalisme financier laissant peu de place au développement des compétences». Et note que les PME sont parfois plus attentives à ces questions car «plus proches de leurs collaborateurs» », 
relève Libération.
Le journal indique toutefois que «
 le pouvoir s’est saisi du sujet. Avant même que n’éclate la crise, un rapport sur les risques psychosociaux (RPS) est commandé en 2007 par le ministre du Travail de l’époque, Xavier Bertrand. Dans la foulée, un collège d’expertise sur le suivi des RPS au travail, rattaché à l’Insee, est mis en place ».
La sociologue Marie-Anne Dujarier observe que 
« cela a permis un meilleur suivi statistique, mais cela a aussi créé un marché des RPS. Car pour les employeurs [qui ont une obligation de sécurité et de santé envers leurs salariés, ndlr], le mot risque a un sens particulier : le risque juridique. Dès lors, ils ont surtout cherché à réduire le risque d’être accusés de ne rien avoir mis en place pour réduire ces risques. Mais nous n’avons pas vu le management renoncer à ses objectifs de productivité ».
Elle ajoute qu’
« il y a eu plusieurs lois promettant plus de protection des salariés. Mais en parallèle, on a retiré les moyens de vérifier si la loi est appliquée, avec la suppression par exemple des CHSCT ».
Libération note ainsi que 
« nombreux sont ceux qui se félicitent que le sujet ait émergé, tout en regrettant qu’il ne se traduise que par des mesures cosmétiques. Ici, c’est un chief happiness officer, responsable du bonheur en entreprise, qui est nommé. Ailleurs, on recrute un well-being officer, chargé du bien-être ».
Martine Keryern, du syndicat des cadres CGC, remarque qu’
« on installe des baby-foot, on met en place des lignes d’écoute que personne n’appelle, mais on ne fait pas de prévention primaire ». Elle constate : « Il faut travailler encore plus vite, les objectifs sont plus importants, le collectif de travail a disparu et les journées de travail sont de plus en plus longues », évoquant « une nette aggravation de la santé mentale. […] Le nombre de burn-out explose ».

Date de publication : 23 mai 2019

 

 

Revue de presse santé psy – avril 2019

 

« Cette femme ne ressent ni douleur, ni peine, ni angoisse… seulement du bonheur »

Science et Vie

Science et Vie indique en effet que « l’étude du cas étrange d’une femme immunisée contre la douleur et l’anxiété (ou angoisse) vient de mener à une découverte génétique appelée sans doute à intégrer de futurs traitements anti-douleurs non addictifs ».
Le magazine relate ainsi ce travail publié dans le 
British Journal of Anaesthesia : « Pas de douleur, pas d’anxiété, pas de déprime, jamais de panique (même face à des comportements agressifs ou à des situations limites), une vitesse de cicatrisation extraordinaire, le bonheur de vivre… et quelques pertes de mémoire. Son accouchement ? Une « chatouille », comme elle témoigne ».
Science et Vie explique que 
« Jo Cameron, une britannique vivant en Ecosse, vient de découvrir à 71 ans que son excellente qualité de vie n’est pas la règle générale car elle est anormale : son nirvana découle d’une mutation génétique inédite ».
L’article note que 
« son père (décédé) aurait bénéficié de la même chance, ce qui explique peut-être qu’elle n’ait jamais pris conscience de sa « pathologie » et que sa condition ait mis tant de temps à être identifiée clairement, par une équipe de chercheurs de l’University College London ».
Science et Vie relève que
 « c’est un anesthésiste qui, voici 5 ans, a eu les premiers soupçons : opérée de la main pour cause de rhizarthrose, une maladie déformante et très douloureuse, Jo ne ressentait aucune douleur avant l’opération, et n’en a pas plus ressentie après ».
« L’anesthésiste a alors informé des chercheurs spécialisés dans les causes biologiques de la douleur, lesquels après 5 ans de recherches sont tombé sur une perle : ils ont identifié chez Jo deux gènes mutants dont l’un était considéré comme faisant partie de l’ADN « fossile » c’est-à-dire inactif et sans aucun rôle dans notre espèce », 
explique le magazine.
Il note que « 
la découverte pourrait servir à de futures thérapies géniques contre la douleur, la dépression, les troubles d’anxiété généralisée (TAG) et les traitements d’aide à la cicatrisation ».
Science et Vie précise qu’
« il y a deux gènes mutés : le gène supposément fossile, qu’ils ont nommé FAAH-OUT, et un gène bien connu, FAAH, dont on sait qu’il est impliqué dans la signalisation des endocannabinoïdes au cœur de la sensation de douleur, de l’humeur et de la mémoire ».
Le magazine précise que « des expériences chez les souris ont montré que l’inhibition de l’activité du gène FAAH réduit la douleur, l’anxiété et la durée du sentiment de peur (faible mémorisation de celle-ci), tout en accélérant la cicatrisation ».
« Mais le niveau de nirvana atteint par Jo Cameron dépasse largement le seul apport de cette mutation : c’est l’interaction entre les deux gènes mutés qui en sont responsables, selon les conclusions de l’étude », 
note Science et Vie.

Date de publication : 1er avril 2019

« Autisme : malgré des avancées, les familles s’impatientent »

Le Figaro La Croix

Le Figaro note en effet, en cette Journée mondiale de l’autisme, que « l’impatience est à la hauteur du défi : immense. Alors que la France doit rattraper un retard «historique» dans la prise en charge de l’autisme, la nouvelle stratégie, engagée depuis bientôt un an par le gouvernement, peine encore à satisfaire les familles et les associations de personnes autistes ».
Le journal relève qu’hier, 
« un premier bilan des réformes engagées a été dressé par Sophie Cluzel, la secrétaire d’État en charge du handicap, et de nouvelles mesures ont été présentées en Conseil des ministres. La principale annonce concerne les «interventions précoces» auprès des enfants de moins de 7 ans, dès les premiers signaux d’alerte de troubles du neuro-développement (l’autisme mais aussi les «troubles dys», les troubles du déficit de l’attention, l’hyperactivité…) ».
Le Figaro observe qu’
« alors que l’«errance médicale» est dénoncée par de nombreux parents, le gouvernement estime que 35.000 enfants pourraient ainsi être diagnostiqués et pris en charge plus tôt par des professionnels tels que des ergothérapeutes, des psychomotriciens ou encore des psychologues en libéral ».
« Des interventions qui seront remboursées dans le cadre d’un forfait afin qu’il y ait «zéro reste à charge» pour les parents, et ce avant même la reconnaissance officielle d’un handicap », 
précise le quotidien.
Il indique que
 « cette intervention précoce sera mise en œuvre grâce à la création de 30 plateformes en 2019, à partir du mois de juin. Ce nouveau dispositif sera chargé d’orienter les familles et d’enregistrer les professionnels. Ces plateformes devront également former les médecins généralistes et pédiatres au meilleur repérage des signaux d’alerte de l’autisme grâce à un nouvel outil d’aide, en cours de validation par les professionnels de santé ».
Sophie Biette, administratrice et spécialiste des questions autisme à l’Unapei, réagit : 
« C’est une bonne idée mais ces plateformes risquent elles aussi d’être rapidement engorgées. De plus, personne ne sait s’il y aura assez de professionnels libéraux conventionnés, formés aux recommandations de la Haute Autorité de santé, pour répondre à la demande des familles ».
Olivia Cattan, présidente de SOS autisme, déclare pour sa part que 
« cette plateforme va concerner les enfants de 0 à 6 ans, une nouvelle génération d’autistes. Mais que va-t-il se passer pour ceux qui sont déjà là ? ».
La responsable ajoute : 
« Cette stratégie est fondée sur l’inclusion. Mais, pour l’instant, il s’agit d’une inclusion au rabais. Même si on est enfin en train de tirer un trait sur la prise en charge de l’autisme par les psychanalystes, les choses n’ont pas encore véritablement changé. Il y a toujours un décalage entre les annonces, le plan et la réalité du terrain. Aucun parcours de soins tout au long de la vie n’a été pensé ».
Le Figaro note que 
« pour défendre sa stratégie, dotée de 344 millions d’euros sur 5 ans, le gouvernement évoque une mise en place nécessairement longue puisqu’il s’agit de révolutionner les mentalités comme les pratiques ».
Claire Compagnon, déléguée interministérielle pour l’autisme, indique quant à elle qu’un 
« important travail souterrain a été fait ces derniers mois, qui ne montre pas encore de résultats concrets, mais qui était essentiel pour changer la vision de la politique “autisme” dans notre pays. La réorganisation de la question du diagnostic était essentielle ».
De son côté, La Croix titre son article :
 « Priorité au repérage très précoce des enfants autistes ». Le journal note que « le gouvernement souhaite faciliter un repérage de certains signes évocateurs, parfois présents avant l’âge de 18 mois ».
Le journal rappelle en effet qu’en France
, « on estime que, dans la grande majorité des cas, les enfants autistes sont diagnostiqués entre 3 et 5 ans. Ce qui est bien trop tardif selon la Haute Autorité de santé (HAS) ».
« Dans certains cas, il est possible de repérer, avant même l’âge de 18 mois, des premiers signes évocateurs d’un risque autistique. Par exemple chez des enfants qui ne babillent pas, qui n’arrivent pas à pointer à distance avec le doigt ou sont dans l’incapacité de réaliser certains gestes «sociaux», comme faire coucou ou au revoir », 
explique le quotidien.
La Croix souligne que
 « l’idée est d’abord de mieux sensibiliser les professionnels de «première ligne» au contact de très jeunes enfants (généralistes, pédiatres, médecins de PMI, médecins scolaires) en leur fournissant un «outil d’aide au repérage précoce» ».
Le journal relève ainsi que 
« les lacunes sont réelles. Le plan autisme […] souligne que 50% des généralistes et 20% des pédiatres n’ont reçu, durant leurs études, aucune formation sur les troubles du spectre autistique. Mieux formés, ces praticiens devraient donc être en mesure d’adresser des enfants ayant des signes d’alerte aux plateformes spécialisées qui vont être progressivement installées sur le territoire ».

Date de publication : 2 avril 2019

« Enquête sur les escrocs de l’autisme »

Le Parisien

Le Parisien constate que « les parents d’enfants autistes sont de plus en plus victimes d’escrocs en tous genres qui profitent de leur désarroi pour leur vendre des traitements prétendus miracle. La Miviludes alerte ».
Le journal note ainsi : 
« Une hypnotiseuse explique s’être fait la main sur son beau-frère autiste. Elle propose désormais des séances à 110 €. Oreille collée au téléphone, Olivia Cattan semble dépitée. Ce mardi 2 avril, Journée mondiale de sensibilisation au syndrome qui touche 700.000 personnes en France, la présidente de SOS autisme a décidé de taper fort ».
Le quotidien explique que 
« cette vidéo […] la montre en train d’appeler quelques-uns de ceux qui surfent sur le désespoir des familles, leur proposant des solutions qui n’ont de miraculeuses que le toupet avec lequel ils les érigent en idéologie et le prix qu’ils les facturent ! ».
Le Parisien relève en effet que 
« sur le marché noir de l’autisme, très en vogue sur les réseaux sociaux, on croise des naturopathes, des coachs en tout genre, et même quelques médecins. Ils préconisent des antibiotiques à foison, des antifongiques, des immunothérapies, des vitamines, des régimes sans gluten et autres extractions de métaux lourds ».
Le Dr Jean-Marcel Mourgues, président de la section publique de l’Ordre des médecins, indique que 
« nous prenons cette situation très au sérieux. Il y a ceux qui enfreignent le code de déontologie mais aussi ceux qui ne sont pas des professionnels de santé et sont purement là dans l’exercice illégal de la médecine ».
Le journal note ainsi qu’
« au moins 6 médecins sont actuellement dans le viseur de l’Ordre. Un groupe de travail, avec la Miviludes, vient d’être constitué afin «de mieux recenser ces dérives et d’être plus efficace dans la traque», explique le Dr Mourgues. Plus anecdotique, mais assez rare pour être souligné, Amazon […] vient, lui, de retirer de la vente deux livres de «remèdes» anti-autisme, dont un qui prônait l’ingestion d’eau de Javel ! ».
Le Parisien observe que 
« si des mères et des pères sont tentés de croire à ces approches et de s’en faire parfois les porte-voix les plus convaincus (et convaincants pour d’autres familles), c’est qu’il y a en France un vrai problème de prise en charge de l’autisme ».
Le journal continue :
 « Dans sa vidéo, nous voyons [Olivia Cattan] téléphoner à une dizaine de centres et d’hôpitaux pour – seulement – établir le diagnostic d’un enfant avec des troubles du comportement. À l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), il y a un an et demi d’attente. À l’Unité d’évaluation du Morbihan, c’est 2 ans de patience. Dans celle du Finistère, c’est (si, si !) 3 ans et demi à 4 ans de délais pour décrocher la visite tant attendue ».
Le Parisien indique que 
« sans «électrochoc», Olivia Cattan n’exclut pas «d’attaquer l’État pour défaut de soins» ».
Sophie Cluzel, secrétaire d’État en charge des personnes handicapées, observe pour sa part : 
« C’est parce qu’il y a une errance de diagnostic que des familles se tournent vers des charlatans. Alors, on prend le taureau par les cornes ».
Le journal note ainsi : 
« Dans l’escarcelle de la secrétaire d’Etat, des parcours coordonnés de soins pour les moins de 7 ans, censés permettre une «intervention précoce» dès les premiers signes d’alerte, avec un reste à charge zéro pour les parents. 90 millions d’euros seront engagés. Seront-ils suffisants pour enrayer un phénomène qui ne demande qu’à s’étendre ? », s’interroge le quotidien.
En poursuivant son «
 enquête sur les escrocs de l’autisme », Le Parisien se penche notamment sur ce « médecin radié [qui] consulte… par téléphone ».
Le journal explique ainsi que 
« reconvertie «coach», Corinne S., installée en Suisse, dispense les mêmes traitements qui lui ont valu sa radiation de l’Ordre des médecins en France en 2010 ! Ses consultations téléphoniques sont facturées… 160 € ».
Le quotidien relate ce 
« testing » : « En moins de 3 minutes, [Corinne S.] fixe une consultation par téléphone. Le rendez-vous est pris le 16 avril à 16 heures. Le règlement […] devra se faire par virement bancaire. Olivia Cattan, la présidente de SOS autisme qui fait ce testing […], lui précise qu’elle souhaite pour son enfant autiste un régime «sans gluten et caséine». «Oui», répond-elle, sans même poser la moindre question sur le garçon ni demander son âge ».
Le Parisien indique qu’
« en 2010, alors généraliste à Paris, elle fut pourtant radiée de l’Ordre des médecins pour avoir prescrit ces régimes. «Les traitements du Dr S. n’ont reçu aucune validation scientifique». Ils retardent «les prises en charge plus appropriées», tout en donnant des «espoirs inconsidérés à des familles dans le désarroi», tranche le délibéré ».
Le journal poursuit :
 « Nous avons demandé à l’Ordre si une médecin radiée en France a le droit de donner des consultations depuis la Suisse à une patiente française ». L’Ordre répond : « Non, il s’agirait d’un exercice illégal de la médecine ». Corinne S. remarque pour sa part : « Je travaille en Suisse à titre de chercheuse et de consultante. Le coaching par téléconsultation est autorisé ».

Date de publication : 2 avril 2019

« La difficile prise en charge psychiatrique des migrants »

La Croix

Annabelle Perrin livre dans La Croix un reportage sur « l’immense rond-point qui sépare Paris d’Aubervilliers », où l’association France terre d’asile et le Samu social de Paris « s’installent tous les jeudis. Coincées entre le périphérique et les barres d’immeubles, les deux organisations tentent de répondre aux besoins primaires des migrants entassés dans les camps du nord-est parisien ».
La journaliste observe : 
« Infirmière employée depuis 3 mois par le Samu social, Cloé Gautier enfile son gilet bleu et déploie la petite tente blanche qui fait office de centre de soin. À l’intérieur, le matériel est rudimentaire : table en plastique, trousse de premiers secours et ordinateur ».
L’infirmière précise : 
« Une petite révolution pour créer une base de données et avoir accès aux antécédents des patients déjà passés nous voir ».
Annabelle Perrin note que 
« pour rendre la consultation plus efficace, elle est accompagnée par un interprète originaire d’Afghanistan. […] En quelques heures, tous deux vont voir défiler des dizaines d’exilés venus ici chercher une solution à leurs maux de gorge, de dos ou de l’âme ».
Cloé Gautier souligne que 
« ces consultations sont parfois frustrantes. On gère l’urgence, mais il est difficile d’expliquer que les douleurs ressenties peuvent avoir des causes indirectes, notamment le parcours migratoire. Et puis, je ne suis ni psychologue ni médecin ».
Annabelle Perrin rappelle ainsi que 
« d’après les chiffres du Samu social, 80% des 2043 personnes vues entre avril et décembre 2018 souffriraient d’un syndrome de stress post-traumatique dû à leur traversée. Une dimension pas suffisamment prise en compte par les pouvoirs publics, d’après Cécile Laporte, responsable du pôle migration au Samu social ».
Cette dernière observe :
 « On sollicite beaucoup les équipes mobiles du Réseau psychiatrie précarité rattachés aux hôpitaux de Paris, qui sont spécialisées dans les troubles psychiatriques causés par l’isolement et la pauvreté. Le problème est qu’ils n’ont pas de structure fixe, alors que certains migrants auraient besoin d’être hospitalisés ».
Annabelle Perrin évoque en outre 
« le système de «sectorisation» de la psychiatrie, qui oblige les patients à se rendre dans l’hôpital proche de leur lieu d’habitation. Difficile donc d’être admis quand on est à la rue ».
La journaliste continue : 
« Selon les chiffres du Samu social, 10% des personnes vues en consultation sont considérées comme particulièrement vulnérables du fait de problèmes de santé. Certaines sont orientées vers les services de Permanences d’Accès aux Soins (Pass), qui sont implantées au sein des hôpitaux et restent accessibles aux personnes sans couverture médicale. D’autres sont envoyées aux urgences ou urgences dentaires ».

Date de publication : 2 avril 2019

« La Cour de cassation ouvre, en théorie, l’indemnisation du préjudice d’anxiété à tous les travailleurs de l’amiante »

Le Monde

Patricia Jolly remarque dans Le Monde que « la Cour de cassation est, parfois, capable d’autocritique. L’arrêt qu’elle a rendu, vendredi 5 avril, en témoigne. Il permet désormais à tout salarié, non malade, mais présentant un «risque élevé» de développer une pathologie mortelle en raison de son exposition aux poussières d’amiante, de demander réparation de son «préjudice d’anxiété», sous certaines conditions ».
La journaliste explique que 
« la décision de la haute juridiction représente une petite révolution dans la jurisprudence, même si elle n’évite pas certains écueils ». La Cour précise que « le salarié qui justifie d’une exposition à l’amiante générant un risque élevé de développer une pathologie grave peut agir contre son employeur pour manquement de ce dernier à son obligation de sécurité, quand bien même il n’aurait pas travaillé dans l’un des établissements figurant sur les listes d’employeurs bénéficiaires de l’aide à la cessation anticipée des travailleurs de l’amiante (Acaata) ».
Patricia Jolly retient que 
« ce jugement marque donc théoriquement la fin du traitement inégalitaire auquel étaient soumis les travailleurs ayant inhalé des fibres d’amiante ».
La journaliste rappelle que 
« consacrée en 2010 par la Cour de cassation, juge du droit, la reconnaissance du préjudice moral d’anxiété était jusqu’ici strictement limitée aux salariés dont l’établissement employeur était inscrit sur une liste fixée par arrêté ministériel ouvrant droit à l’Acaata. Considérée comme particulièrement arbitraire, cette jurisprudence a rapidement suscité des critiques et la résistance des juridictions d’appel ».
« Ainsi, le 29 mars 2018, la cour d’appel de Paris a-t-elle donné raison à un ancien salarié d’une centrale thermique d’EDF de la région parisienne qui sollicitait la réparation de son préjudice d’anxiété pour avoir été exposé à des fibres d’amiante entre 1973 et 1988, alors que cette centrale ne figurait pas sur la fameuse «liste». La juridiction lui a accordé la somme de 10.000 € de dommages et intérêts. Et elle a fait de même pour 108 de ses collègues figurant dans le même recours », 
explique Patricia Jolly.
La journaliste note donc que « 
ce camouflet a incité la Cour de cassation à revoir prestement sa copie ».
Elle ajoute que 
« si les associations de défense des victimes de l’amiante considèrent toutes que cette décision […] est «raisonnable sur le principe», leurs points de vue sur les conséquences de sa mise en œuvre divergent ».
Alain Bobbio, secrétaire général de l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva), remarque que 
« la jurisprudence précédente était une discrimination intenable qui accordait un droit aux préretraités de l’amiante tout en le niant à d’autres travailleurs y ayant pourtant été très exposés. […] La décision du 5 avril permet un retour aux fondamentaux du droit commun pour les autres. On ne leur refuse plus l’indemnisation du préjudice d’anxiété, on leur demande simplement d’en apporter la preuve ».
Michel Parigot, vice-président de l’Association nationale des victimes de l’amiante et autres polluants (AVA) et du Comité anti-amiante Jussieu, évoque pour sa part 
« la correction d’une injustice qui en annonce d’autres ».
Il déclare que 
« parmi les retraités actuels, environ 2 millions ont été exposés à l’amiante à des niveaux supérieurs à 100 fibres d’amiante par litre, soit 10 fois la limite actuellement autorisée. Peu d’entre eux bénéficieront au final du préjudice d’anxiété et ce ne seront pas les plus exposés ».
Patricia Jolly rappelle qu’«
 avec des délais de latence de plusieurs dizaines d’années, l’amiante provoque notamment un cancer spécifique de la plèvre, le mésothéliome. Son inhalation est également responsable de 10% à 20% des cancers du poumon ».
« En France, selon les autorités sanitaires, il cause environ 3000 morts par cancer chaque année et, selon une étude de 2012 de l’Institut de veille sanitaire – devenue Santé Publique France en 2016 –, il devrait provoquer au total entre 130.000 et 180.000 morts », 
indique la journaliste.

Date de publication : 8 avril 2019

« Enfants et écrans : nouvel appel à la vigilance »

Le Figaro

Le Figaro fait savoir que « 6 ans après la publication d’un avis controversé, l’Académie des sciences se penche à nouveau sur l’utilisation des écrans par les enfants. Dans un débat devenu électrique sur les risques de surexposition des tout-petits, l’institution présente un avis qu’elle a élaboré avec l’Académie nationale de médecine et l’Académie des technologies ».
Le journal explique que 
« présentées sous forme d’un «appel à la vigilance raisonnée», ces recommandations ont été nourries d’entretiens avec des experts. Elles sont destinées à «faire avancer la réflexion» plutôt qu’à trancher le débat, précise le Pr Jean-François Bach, immunologiste, membre de ce groupe de travail ».
Le Figaro relève qu’
« avant l’âge de 3 ans, l’avis recommande de ne pas laisser un enfant seul avec un écran, surtout ceux dont il peut lui-même contrôler l’utilisation comme les tablettes et les téléphones portables. Une «exception» peut être faite, selon les experts, pour un usage «récréatif» avec l’accompagnement «absolument indispensable» des parents ».
Le journal note en outre : 
« «On observe chez les jeunes enfants un usage important et préoccupant des écrans (plusieurs heures par jour)», reconnaissent les experts. Mais les scientifiques peinent encore à mesurer l’impact de cette «surexposition» sur le développement cognitif ».
Le Pr Bach indique que 
« s’agissant d’enfants qui passent jusqu’à 6 heures par jour devant un écran, il est difficile de faire la part des choses entre la possible nocivité intrinsèque des écrans et celle des pratiques inadaptées de parents qui permettent une telle exposition ».
Le Figaro relève que 
« l’Académie appelle à poursuivre les recherches, estimant par ailleurs que la notion d’addiction est «difficilement applicable» à la fascination que certains tout-petits éprouvent devant un écran ».
Le journal continue : 
« De 3 à 10 ans, un temps «dédié aux écrans» devrait être fixé pour «apprendre à l’enfant à attendre» et donc à s’autoréguler dans sa consommation. Le rapport déconseille aux parents d’acheter à leurs enfants tablettes, téléphones ou consoles portables, dont l’usage s’avère «difficile à réguler» ».
« Après 10 ans, comme à tous les âges, le dialogue doit primer mais il est essentiel que les parents soient vigilants face à de possibles signes d’isolement, pouvant conduire à un repli sur soi et à un fléchissement des résultats scolaires », 
ajoute Le Figaro.
Le quotidien souligne qu’« 
outre un risque accru d’obésité, l’impact des écrans sur le sommeil fait consensus, selon les experts. Ils notent que 89% des 13-19 ans ont aujourd’hui un smartphone. Celui-ci est allumé tout le temps, même la nuit, chez 60% d’entre eux ».
Le Figaro observe ainsi qu’
« un adolescent sur trois affiche une dette de sommeil. Enfin, les enfants ne sont pas tous «égaux» devant les écrans, interpelle l’avis. Des contextes familiaux et socio-économiques précaires «peuvent rendre difficile» l’éducation aux écrans et leur régulation ».
Le journal constate enfin que 
« cette prise de position de l’Académie des sciences, qui se veut mesurée, suscite déjà des critiques sévères ». Le Pr Michel Desmurget, chercheur à l’Institut des sciences cognitives de Lyon, déclare ainsi : « Ce document, fondé sur un argument d’autorité pure, n’apporte aucune recommandation concrète aux parents. De plus, il fait curieusement l’impasse sur bien des impacts négatifs solidement documentés, dont la sédentarité, le langage, l’attention ou les résultats scolaires ».
Dans un entretien, le psychiatre Serge Tisseron observe que
 « les concepteurs de jeux utilisent de plus en plus des stratégies calquées sur les jeux d’argent avec pour seul objectif d’«accrocher» les joueurs ».
Il rappelle que
 « depuis 2018, l’OMS a reconnu l’existence d’un «gaming disorder», traduit en français par «trouble du jeu vidéo». L’addiction en serait le stade terminal, lorsque l’isolement et la désocialisation durent depuis plus d’une année ».
« Mais, dans la mesure où la définition d’une addiction comportementale repose sur la perte du contrôle des impulsions, il n’est pas encore très clair qu’on puisse appliquer le mot aux adolescents, parce que, chez eux, le contrôle des impulsions n’est pas encore installé. Pour les parents, le meilleur signe d’alerte est la chute des résultats scolaires. Mais il faut se souvenir que l’engagement dans le jeu pathologique trouve toujours son origine ailleurs que dans le jeu, dans une situation pénible que le joueur cherche à fuir », 
poursuit Serge Tisseron.

Date de publication : 9 avril 2019

« Les bébés sont-ils sensibles à l’effet placebo ? »

Science et Vie

C’est ce que se demande Science & Vie sous sa rubrique « Questions/Réponses ». Le magazine répond : « Oui, plusieurs études l’ont montré ! Mais il s’agit d’un effet placebo particulier, qui passe par les parents ».
Il explique ainsi que 
« plusieurs études se sont penchées sur la réaction des bébés aux effets psychologiques des médicaments. Par exemple, des chercheurs américains ont demandé aux parents de 119 enfants de moins de 4 ans souffrant d’une toux aiguë de leur administrer soit du sirop d’agave, soit un sirop sans principe actif (un placebo), soit rien du tout ».
Science & Vie note que 
« le lendemain, les parents du groupe placebo ont rapporté une amélioration significative, similaire à celle constatée dans le groupe sirop d’agave, et supérieure à celle du groupe sans traitement ».
Le magazine évoque ainsi 
« une sorte d’effet placebo « par procuration » ! L’idée est la suivante : convaincus de l’efficacité du traitement, les adultes adoptent un comportement et des propos apaisants, qui se répercutent sur l’enfant et induisent la libération, par son cerveau, d’antidouleurs naturels comme les endorphines ».

Date de publication : 9 avril 2019

« « Psychiatrie : le grand naufrage » : tous concernés en France »

Le Monde

Le Monde constate : « Dépressif, bipolaire, schizophrène, autiste… un Français sur trois sera un jour dans sa vie atteint de maladie mentale, soit 2 millions de personnes soignées chaque année, pour un coût évalué à 80 milliards d’euros. Le sujet concerne donc tout le monde ».
« Or, la psychiatrie, parent pauvre d’un secteur médical déjà en difficulté, va mal – un état de fait régulièrement dénoncé », 
indique le journal, qui se penche sur le documentaire intitulé « Psychiatrie, le grand naufrage », diffusé ce mercredi sur France 3.
Le Monde explique que le film 
« détaille le quotidien des malades contraints de vivre chez eux, à la charge des familles, dans des conditions précaires. Une mère explique ainsi, d’une voix douce et aimante, à son fils schizophrène de 13 ans qu’il est inutile de réparer les portes défoncées, puisqu’il va les casser de nouveau ».
Le journal observe que 
« d’autres patients doivent trouver un établissement d’accueil. [Le magazine] « Pièces à conviction » s’est ainsi rendu à l’unité pour malade difficile (UMD) de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Une structure modèle, dont 50% des patients sont des criminels ».
Le quotidien relève que 
« d’autres hôpitaux sont dénoncés pour leurs défaillances, comme à Rennes, où un journaliste s’est infiltré comme agent chargé de l’entretien. Une méthode éthiquement contestable mais efficace. Le jeune homme y filme la « vie » des malades placés à l’isolement, certains depuis plusieurs années, dans 5 mètres carrés, parfois attachés. Il découvre également un trafic de drogue, ce qui n’a l’air d’étonner personne ».
Le Monde souligne que 
« partout, le manque de moyens est dénoncé, qui peut s’expliquer en partie par le fait que le nombre de malades soignés en psychiatrie a doublé en 10 ans. Les 40 millions d’euros promis par l’actuelle ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, n’ont apaisé ni les familles ni les soignants. Les mouvements de contestation se succèdent ».
Le journal relève que 
« le dernier dossier abordé dans le documentaire interroge. On y voit 6 patients de l’hôpital psychiatrique d’Amiens être transférés vers un établissement belge, encore partiellement en travaux. Une pratique courante, régie par l’accord-cadre France-Wallonie de 2011 ».
Le quotidien note ainsi qu’
« une représentante du centre d’accueil belge concerné […] n’y va pas de main morte avec le système psychiatrique français : «On a l’impression que vous avez 20 ans de retard (…). Vous n’avez rien» ».
« Elle détaille comment « sa » structure d’accueil s’en sort financièrement, grâce aux patients français, dont le séjour est payé (par la Sécurité sociale et par les départements) 180 € par jour, contre 30 à 35 € par jour pour un patient belge. Conséquence, «pour 10 Français, on prend 1 Belge.» C’est donc le système français qui paye ce type d’établissement belge – 203 sont ainsi disséminés le long de la frontière », 
explique Le Monde, qui s’interroge : « Pourquoi ces centres ne sont-ils pas construits en France ? ».

Date de publication : 10 avril 2019

« En psychiatrie, « l’urgence, c’est l’accès aux soins » »

Libération

Libération brosse le portrait du Pr Frank Bellivier, « nommé cette semaine délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, [qui] cherche ses marques alors que le secteur est très tendu ».
Le journal parle d’un 
« poste inédit dont la création souligne la gravité de la situation », relevant que « le tout nouveau psychiatre en chef renvoie l’image d’un homme posé, plutôt discret. Il dit avoir été approché il y a 3 semaines, et reconnaît avoir hésité ».
« Dans un univers psy très tendu, il peut surprendre. On le sent pragmatique, on l’écoute sans qu’il ne produise des effets de manche. Et on le voit détendu alors que bon nombre d’experts évoquent une mission impossible, d’autres estimant même que sa seule fonction va être de servir de fusible à la ministre », 
continue Libération.
Le quotidien explique ainsi que 
« le chercheur reconnu et chef du département de psychiatrie du groupe hospitalier Saint-Louis, Lariboisière et Fernand-Widal à Paris, se prépare à sa nouvelle fonction méthodiquement. Et pour la première fois depuis sa nomination, il parle publiquement ».
Le journal s’interroge : 
« Sa mission, une tâche impossible ? ». Le Pr Bellivier remarque : « Il y a toujours le risque que cela soit un effet d’annonce mais je sens une volonté politique forte. La situation est préoccupante, cela ne date pas d’aujourd’hui. Les patients comme leurs proches en souffrent. La communauté de soignants fait état de difficultés récurrentes. Et il y a une inadéquation persistante entre les besoins et l’offre ».
Libération rappelle notamment que 
« la France, hier pionnière en matière d’organisation des soins, se doit aujourd’hui de composer avec une diminution trop forte du nombre de lits de psychiatrie générale à l’hôpital : plus de 60% en moins entre 1976 et 2016. Les grèves se multiplient. Les centres médico-psychologiques, lieux de consultations, sont saturés, alors que les besoins augmentent ».
Le Pr Bellivier ajoute que 
« nous sommes à un moment clé. Les pathologies mentales viennent de passer au-dessus des maladies cardiaques et cancéreuses, en termes de coûts et de handicaps. […] L’urgence, c’est l’accès aux soins. La deuxième urgence, c’est l’amélioration des parcours des malades qui, aujourd’hui, restent trop hachés ».
Le journal demande par ailleurs : 
« Y aura-t-il au moins de l’argent ? ». Le psychiatre répond : « Il y a de l’argent sur la table, la ministre a été claire. On n’a pas le choix, car nous sommes à un point de rupture, il faudra que cela s’accompagne de moyens, mais il ne s’agit pas que d’injecter de l’argent ».
Libération évoque en outre des 
« aspects sociétaux », comme les « pratiques de contention et d’isolement qui se développent partout ».
Le Pr Bellivier remarque que 
« c’est un sujet sensible. La contention ou l’isolement, c’est du soin, cela répond à des pratiques et situations spécifiques. Mais il y a des dérives et j’y serai très attentif. En tout cas, je rencontrerai très rapidement la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ».

Date de publication : 12 avril 2019

« La MDMA, cette inquiétante « drogue de l’amour » qui attire de plus en plus »

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe sur une page que « cette molécule de la même famille que les amphétamines, très meurtrière, gagne du terrain chez les jeunes ».
Le journal se penche notamment sur 
« le carnaval étudiant de Caen, qui a attiré 24.000 jeunes jeudi 4 avril. […] En fin de journée, 109 jeunes carnavaliers ont dû être admis au CHU de Caen, dont 8 en état d’urgence absolue après avoir consommé des drogues de synthèse, principalement de la méthylènedioxyméthamphétamine, la MDMA ».
Le quotidien explique que 
« très en vogue au milieu des années 1990 avec l’émergence du mouvement techno, où elle était ingérée sous forme de comprimés dénommés « ecstasy », cette molécule de la même famille que les amphétamines avait fini par tomber en désuétude avant de faire un retour en trombe sur les différentes scènes électro en France dès 2010, sous forme de poudre ou de cristaux ».
Magali Martinez, chargée d’études à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), souligne que 
« le produit s’est diffusé auprès de publics issus de milieux sociaux très diversifiés. C’est une drogue générationnelle qui concerne tous ceux qui fréquentent les milieux festifs, alternatifs et électro ».
Le Figaro remarque que 
« la consommation de MDMA a effectivement augmenté de 60% entre 2010 et 2014, en passant de 2,7% à 4,3% de la population l’ayant expérimentée au moins une fois, avant de poursuivre une hausse plus contenue jusqu’en 2017. Chez les 18-25 ans, elle est même devenue en 2017 la seconde drogue la plus consommée, après le cannabis mais devant la cocaïne (6,9% des jeunes ont déjà expérimenté la MDMA, contre 5,2% pour la cocaïne) ».
Le journal évoque 
« des expérimentations particulièrement risquées, puisque sur les 25 cas d’overdoses mortelles à Paris en 2018, près d’un tiers l’ont été suite à une prise de MDMA. Là aussi, les chiffres augmentent chaque année ».
Le quotidien explique que 
« la MDMA est ingérée sous forme de comprimés, mais aussi et surtout de « parachutes », des petites doses de cristaux ou de poudre à 5 ou 10 euros enrobées dans du papier à cigarette, puis gobées. Une forme «moins chère et moins compliquée à produire pour les dealers que les comprimés d’ecstasy», selon un commandant de la brigade des stupéfiants à Paris ».
Le Figaro souligne en outre que 
« si la dépendance à cette substance est rare, cette drogue de synthèse peut tuer dès la première prise ». Laurent Karila, psychiatre addictologue et porte-parole de SOS Addictions, précise ainsi : « Le danger de la MDMA, ce sont les complications aiguës qui peuvent arriver à la première dose. Elles se traduisent par des hyperthermies malignes et des hépatites fulminantes, et dans les deux cas, le consommateur peut mourir ».
« Un médecin sapeur-pompier explique de son côté prendre en charge nombre de consommateurs qui «perdent la notion de réel», capables de «se mettre nus dans la neige ou de sauter d’une fenêtre». Autre danger, surtout pour les non-initiés : le surdosage de la quantité de cristaux ingérés, qui peut être fatal », 
continue le journal.

Date de publication : 16 avril 2019

« Drogues : les Français se la roulent douce »

Libération

Libération indique que « l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) vient de publier la 7e édition de son rapport «Drogues et addictions, données essentielles». Il fournit un état des lieux de la consommation de drogues sur les 5 dernières années en France ».
« Il constate notamment une baisse du tabac et de l’alcool, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. Sans surprise et sans nouveauté, le cannabis reste la drogue illicite la plus prisée en France. Le pays occupe la première place des Etats consommateurs en Europe et la sixième dans le monde », 
relève le quotidien.
Libération souligne ainsi que 
« l’augmentation de l’expérimentation du cannabis chez les adultes est passée de 33% en 2010 à 45% en 2017. Parmi eux, 11% en ont pris dans l’année et 6% au cours du dernier mois. Cette progression chez les adultes s’explique par le vieillissement des générations ayant testé le cannabis dans sa période forte de diffusion, autour des années 90 ».
« Quant aux jeunes usagers, s’ils sont globalement moins nombreux à l’expérimenter, la part de ceux pour qui la fumette pose problème augmente », 
remarque le journal.
Julien Morel d’Arleux, directeur de l’OFDT, indique en effet qu’
« environ 25% des jeunes usagers de cannabis dans l’année ont un usage problématique. Cela représente 60.000 personnes de 17 ans ». Libération précise qu’« à 17 ans, quatre jeunes sur dix ont déjà testé le cannabis et 7,4% d’entre eux présentent un risque élevé d’usage problématique ».
Julien Morel d’Arleux souligne qu’
« outre les questions de décrochage scolaire, la consommation de cannabis à l’adolescence entraîne des effets pérennes sur la maturation du cerveau. Il faut donc adopter un vrai message de prévention ».
Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, déclare quant à lui que le cannabis est 
« un important problème de santé chez les mineurs. Mais il faut bien comprendre que lorsqu’on continuera de penser qu’il n’y a que la pénalisation pour répondre à ce phénomène, le problème persistera ».
Libération note par ailleurs que 
« pour la cocaïne, une nouvelle ligne a été franchie. Acheminée via des conteneurs ou par voie aérienne en provenance des départements d’outre-mer, la poudre blanche s’étend de plus en plus sur le territoire national et atteint un record de consommation. Plus de 1,5% des Français déclarent avoir consommé ce psychotrope stimulant dans l’année. En 2013, cet usage ne concernait que 1,1% de la population ».
Le quotidien relève enfin que 
« l’Observatoire alerte sur un autre phénomène émergent, l’importance des conduites addictives liées aux écrans, particulièrement chez les jeunes. Tablette, smartphone ou ordinateur, les lycéens qui passent plus de 4 heures par jour sur les écrans sont ceux qui affichent le plus de résultats scolaires en dessous de la moyenne ».
Julien Morel d’Arleux précise que 
« les effets de cette exposition sont encore mal connus. Ce sont des changements de comportement marqués pour cette génération d’adolescents. Les jeux vidéo excessifs ont été relevés par l’OMS comme une conduite addictive en 2018. C’est une donnée majeure qui explique cette nouvelle entrée dans notre rapport ».

Date de publication : 19 avril 2019

« Des pédopsychiatres en surmenage »

Libération

Eric Favereau constate en effet dans un reportage : « Baisse des budgets de formation, manque de moyens et de postes… Mercredi, les membres du personnel du centre médico-psychologique du XIXe arrondissement de Paris, où la population a augmenté de 20% en 20 ans, ont signalé leur mécontentement ».
Les soignants indiquent ainsi : «
 Cela fait plusieurs années que la pédopsychiatrie connaît de graves attaques. Nous avons décidé de nous mettre en grève et d’organiser une manifestation festive pour défendre notre secteur ».
Eric Favereau évoque une 
« réponse ferme de la direction » : «Vous n’avez pas le droit d’organiser la moindre chose dans les locaux.» En fin de matinée, un directeur de permanence est même venu pour mettre dehors les quelques journalistes présents. C’est anecdotique, mais le signe est inquiétant ».
« Depuis près de 30 ans, jamais la parole n’a été aussi contrainte dans le monde hospitalier. Les directions des établissements donnent des consignes insistantes de «droit de réserve», interdisant aux cadres de santé de parler. Elles menacent. Les médecins sont même inquiets. En l’occurrence la psychiatre qui dirige ce secteur de pédopsychiatrie a choisi la retenue. Et de ne pas parler de la grève », 
remarque le journaliste.
Il observe que « 
dans la planète de la santé mentale, la pédopsychiatrie, on le sait, est au bout du rouleau : manque de moyens, manque de postes, et une administration de la santé qui a du mal à intégrer le fait qu’en la matière, «ce qui compte c’est le temps et le lien» ».
Eric Favereau relève que 
« cette équipe du XIXe croule sous le travail. En 20 ans, la population de l’arrondissement a augmenté de 20%, les difficultés sociales se sont aggravées en proportion. Et la demande a explosé. Dans les trois centres médico-psychologiques du secteur, le temps d’attente pour un premier rendez-vous varie entre 3 mois et 1 an pour des adolescents. Dans le centre de l’avenue de Flandre, 140 enfants sont sur une liste d’attente ».
Le journaliste constate qu’« 
au CMP de l’avenue de Flandre, trois psychiatres travaillaient avant, il n’y en a plus qu’un. Les postes d’orthophonistes ? Il y avait deux temps plein, il n’y en a en plus qu’un, et il en manque désormais trois sur l’ensemble du secteur ». Une psychiatre indique ainsi : « J’ai connu un burn-out, tant la pression est forte et le temps nous manque ».
Eric Favereau relève que
 « pourtant, bizarrement, l’ambiance est bonne ». Une psychologue précise que « le problème, c’est que tout se délite. Pour les jeunes enfants, on n’a ni le temps, ni la place. Et on voit des enfants si jeunes, dès la sortie de la crèche, qui vont bien mal ».
Une autre psychologue souligne : 
« Plutôt que de nous aider, que fait la direction ? Une baisse des budgets de formation de 50%. On nous a mis un agenda électronique où l’on a l’impression d’être surveillés ».
Le journaliste conclut ainsi : 
« Drôle de monde où plutôt que de s’entraider, les uns se méfient des autres. A Paris, tous les hôpitaux et secteurs de psychiatrie sont désormais regroupés dans un seul groupe hospitalier universitaire (GHU). Cela aidera-t-il à une meilleure utilisation des moyens ? Au CMP de Flandre, on en doute. Faut-il rappeler qu’aujourd’hui une orthophoniste, après 5 ans d’études, débute avec un salaire de 1350 € nets par mois ? ».

Date de publication : 23 avril 2019

« Des singes aux cerveaux humanisés ? »

Le Figaro

Le Figaro revient sur ces travaux de chercheurs chinois de l’Institut de zoologie de Kunming et de l’Académie des sciences de Chine, qui « ont modifié l’ADN de macaques rhésus pour leur donner un gène impliqué dans le développement cognitif humain. Une expérience critiquée, qui ébranle la frontière entre l’homme et l’animal ».
Le journal note que 
« selon les chercheurs, si le gène MCPH1 ne rend pas, à proprement parler, les macaques plus intelligents que leurs congénères non génétiquement modifiés, il renforce néanmoins leur mémoire et leur capacité d’apprentissage ».
Pierre-Marie Lledo, responsable du département de neurosciences à l’Institut Pasteur, remarque qu’«
 il s’agit très clairement de singes augmentés. Ils ont introduit la copie du gène humain MCPH1 dans leur ADN. Ce gène est très bien connu et joue un rôle dans la formation de l’intelligence humaine ».
Le Figaro explique que 
« les scientifiques ont utilisé la technologie Crispr-Cas9, qui permet, en quelque sorte, de découper un morceau d’ADN et de l’introduire dans un autre organisme. […] En tout, ce sont 11 singes transgéniques qui ont été créés ; le gène MCPH1 a été injecté dès la formation de l’embryon. Seuls 5 d’entre eux ont survécu ».
Le quotidien ajoute que 
« le MCPH1 est impliqué dans le développement cognitif humain. […] S’il ne rend pas, à proprement parler, ces macaques plus intelligents que leurs congénères non génétiquement modifiés, il renforce leur mémoire et leur capacité d’apprentissage, d’après les chercheurs chinois ».
Pierre-Marie Lledo note ainsi que 
« si on leur montre comment dévisser un boulon avec une clef à molette, ils sauront le faire et le reproduire. Il y a de fortes chances qu’à terme, s’ils sont entraînés, ces singes s’éloignent de leurs anciens congénères et se rapprochent même des hommes ».
Le Figaro précise néanmoins que 
« cette modification génétique n’a pas instantanément doté ces macaques de la parole ou de toute autre caractéristique typiquement humaine. Les chercheurs ont tenté de donner ce qui peut se comparer à un coup de pouce au processus d’évolution dont découle l’intelligence ».
Pierre-Marie Lledo continue : 
« Si un homme grandit seul sur une île déserte, il ne saura ni parler ni se servir d’outils, car il ne l’aura pas appris. C’est la même chose pour ces macaques. C’est la transmission des pratiques culturelles qui ferait d’eux des singes particuliers. On pourrait alors même presque parler de nouvelle espèce ».
Le journal observe que 
« l’équipe de l’Institut de zoologie de Kunming justifie sa démarche par un véritable intérêt scientifique dans la compréhension des pathologies qui touchent le cerveau humain ».
Pierre-Marie Lledo indique que 
« les perspectives de recherches sont très intéressantes pour des maladies encore peu connues comme les troubles autistiques ou la schizophrénie ».
« Des progrès médicaux qui ne se dessineront pas sans poser de nouvelles questions éthiques, car ces singes augmentés serviront de cobayes pour soigner les humains », 
poursuit Le Figaro.
Le Figaro revient en outre sur ces «
 neurones de cochons décapités ravivés 4 heures après leur mort », selon des travaux présentés le 18 avril dans Nature par des chercheurs de la faculté de Yale (États-Unis).
Le journal publie enfin un entretien avec Judith Nicogossian, anthropobiologiste, philosophe des sciences, qui observe que 
« le passage au IIIe millénaire a vu éclore de grands progrès techniques et biotechnologiques, ce qui ne signifie pas forcément progrès (bio)éthique ! Les animaux humanisés ou le clonage humain, la greffe de tête, ou plutôt de corps, la cryonie (ou cryogénisation, de corps ou de tête) sont controversés, bousculant les limites entre les espèces, celles entre la vie et la mort, ou encore celles de l’humain ».
« Le clonage dissimule notamment le projet de l’amélioration du patrimoine génétique de l’homme et la création d’un surhomme, plus résistant. Ces expérimentations chirurgicales ou génétiques sur l’unicité génétique de l’homme et sur les limites de la vie peuvent risquer d’endommager le principe des humanités, ce qui rend l’homme humain », 
ajoute-t-elle.
Judith Nicogossian remarque en outre que «
 la spécificité de notre temps réside dans la possibilité de modification de l’espèce [humaine] de trois façons. D’abord, le corps cyborg, l’hybridation entre le corps de l’homme et les technologies, requérant des techniques chirurgicales et des innovations technologiques pour les dispositifs implantables, ou des prothèses. Ensuite, le génie biologique, avec par exemple la reprogrammation génétique par l’outil d’édition génomique Crispr-Cas9. Enfin, le génie des êtres non-organiques, l’intelligence artificielle (IA), du chatbot désincarné au ­robot social ».
L’anthropobiologiste souligne qu’« 
avec ce pouvoir sur la vie et des conséquences pressenties mais encore difficilement mesurables, il devient très important de réfléchir à ce que nous voulons faire de notre espèce, des autres espèces et de l’environnement ».

Date de publication : 26 avril 2019

 

 

Revue de presse santé psy – mars 2019

 

« Les Etats-Unis autorisent un antidépresseur sous forme de spray nasal »

Le Parisien

Le Parisien annonce que « les personnes dépressives aux Etats-Unis auront bientôt accès à l’eskétamine, un nouveau médicament présenté comme une révolution dans le traitement de la dépression, une maladie souvent minimisée mais très handicapante pour ceux qui en souffrent ».
Le journal note en effet que 
« l’agence américaine du médicament (FDA) a donné son feu vert mardi à la vente de cette molécule, commercialisée sous forme de spray nasal, qui doit soulager des patients adultes dont la dépression résiste aux molécules actuellement disponibles ».
Le Dr Pierre de Maricourt, chef de service de l’hôpital Sainte-Anne (Paris), 
« qui a participé à deux des essais cliniques de phase 3 financés par Janssen, concernant les patients atteints de dépression résistante aux traitements habituels et la lutte contre les risques imminents de suicide chez les déprimés », déclare que « c’est une évolution majeure dans le traitement de la dépression ».
Le Parisien rappelle en effet que 
« selon les spécialistes, la dernière évolution majeure dans le traitement de la dépression remonte à une trentaine d’années et la mise sur le marché de la fluoxétine (Prozac) ».
Husseini K. Manji, responsable des thérapies dans le domaine des neurosciences chez Janssen, précise : 
« Notre programme de recherche très complet sur l’eskétamine sous forme de spray nasal démontre un profil risques bénéfices positif pour des adultes souffrant d’une dépression résistant aux traitements actuels ». Le quotidien ajoute que « selon le laboratoire, la molécule a également démontré qu’elle permettait de combattre les pensées suicidaires ».
Le Parisien relève que 
« l’eskétamine agit très vite au bout de quelques jours seulement comparée à la plupart des antidépresseurs commercialisés actuellement, qui peuvent mettre plusieurs semaines avant d’avoir un effet ».
Le journal note toutefois que 
« l’utilisation de l’eskétamine peut entraîner des effets secondaires. En effet, la kétamine, parfois surnommée «Special K» ou Kit Kat ou encore vitamine K, est utilisée comme une drogue euphorisante qui intensifie les perceptions sensorielles, mais elle peut aussi parfois mener à un sentiment de dissociation, de sortie de son propre corps ».
« Selon le laboratoire, cet effet a été observé pendant les tests cliniques moins d’une heure après la prise du médicament, quand les patients étaient encore sous surveillance des équipes médicales, et il se dissipe le même jour », 
relève Le Parisien.
Le Dr de Maricourt précise que 
« ce sera a priori un traitement à délivrance hospitalière en raison de la nécessité d’une surveillance du patient dans l’heure qui suit l’administration du médicament. On ne le prend pas tous les jours et pas à la maison ».
Le quotidien ajoute que 
« le médicament pourra être inhalé une ou deux fois par semaine, selon le laboratoire, qui juge aussi que le risque d’addiction, également évoqué, ne s’est pas concrétisé lors des essais cliniques ».
Le journal note enfin que 
« ce nouveau médicament pourrait aussi débarquer en Europe, le laboratoire en ayant fait la demande de mise sur le marché en octobre 2018 ».

Date de publication : 6 mars 2019

« Une vaste étude dément une nouvelle fois le lien entre vaccin et autisme »

Le Figaro Libération

Le Figaro note sur une page que « c’est peut-être le point final de l’une des manipulations scientifiques ayant eu le plus de retentissement sur la santé publique ces dernières années ».
Le journal rappelle qu’«
 en 1998, une étude menée sur 12 enfants, publiée dans la prestigieuse revue The Lancet, suggérait l’existence d’un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l’autisme ».
« Depuis, une dizaine d’études bien plus solides ont été réalisées. Aucune n’a confirmé cette hypothèse. En 2010, sous la pression de la communauté scientifique, The Lancet a d’ailleurs fini par retirer l’article. Pourtant, il est encore régulièrement brandi par les anti-vaccins », 
observe le quotidien.
Le Figaro explique qu’« 
une étude de grande ampleur publiée cette semaine dans la revue Annals of Internal Medicine lui tord une nouvelle fois le cou et confirme que le ROR ne déclenche pas l’autisme ».
Le journal relève que 
« les auteurs, quatre universitaires danois, ont passé en revue les dossiers médicaux de 650.000 enfants nés au Danemark entre 1999 et 2010. Au cours de cette période, 6.500 enfants ont développé des troubles du spectre autistique. Les chercheurs ont alors comparé le nombre d’enfants autistes parmi les vaccinés et les non-vaccinés (au Danemark, la vaccination n’est pas obligatoire) et n’ont trouvé aucune différence ».
Le Figaro observe toutefois que 
« les anti-vaccins [sont] peu réceptifs aux arguments scientifiques ». Le journal note ainsi que « les scientifiques multiplient les arguments rationnels, persuadés que le rejet provient d’un déficit d’information. La menace n’a pas disparu, rappellent-ils : en France, la rougeole a tué 3 personnes l’an dernier et entraîné près de 640 hospitalisations ».
« Mais à en juger par la montée globale de la défiance envers la vaccination, ces arguments étayés par des décennies d’expériences scientifiques ont peu de portée. […] L’explication serait plutôt à rechercher du côté des valeurs, émotions ou croyances fondamentales de la personne, prééminentes par rapport à ses connaissances factuelles, concluent plusieurs études récentes en psychologie », 
relève le quotidien.
Le Figaro explique notamment qu’en matière de campagne de sensibilisation, 
« une équipe scientifique internationale ayant publié dans Front Public Health avance dans ce domaine une piste intéressante. Elle préconise de cibler en premier lieu les enfants et les adolescents, ceux-ci n’ayant pas encore d’a priori sur le sujet, contrairement à leurs parents dont l’opinion, une fois installée, varie peu, même après avoir été exposés à des arguments rationnels ».
« Il s’agit autant d’expliquer comment fonctionnent un vaccin et les principes d’immunité de groupe que de faire de l’éducation aux médias pour les prémunir contre les « fake news » circulant sur les réseaux sociaux », 
note le quotidien.
De son côté, Libération titre un article : 
« «Hésitation vaccinale» : et à la fin, c’est la rougeole qui gagne ».
Le journal observe que 
« la rougeole avait totalement disparu des écrans radar de la prévention médicale du Costa Rica. Mais il a suffi qu’un enfant français de 5 ans, en vacances avec ses parents dans ce pays d’Amérique centrale, soit repéré par les autorités sanitaires de la province de Puntarenas comme porteur de ce virus ultra-contagieux pour relancer le débat sur l’intérêt de la vaccination ».
« Le sujet est d’autant plus d’actualité que début mars, l’Unicef alertait sur la recrudescence «préoccupante» de cette maladie dans le monde et pointait la France comme l’un des dix pays à l’origine des trois quarts de l’augmentation des cas de rougeoles entre 2017 et 2018. Le cas de ce jeune touriste français au Costa Rica souligne les risques collectifs que fait peser la non-vaccination dans le monde », 
souligne Libération.
Le quotidien rappelle ainsi que 
« l’OMS a classé l’«hésitation vaccinale» comme l’une des 10 menaces sur la santé mondiale pour 2019. Le nombre de cas signalés ayant bondi de 170.000 en 2017 à 307.000 en 2018 ».

Date de publication : 7 mars 2019

« Le harcèlement à l’adolescence impacterait le développement cérébral »

Le Figaro

Aude Rambaud note dans Le Figaro que « l’association entre harcèlement à l’adolescence et troubles psychiques n’est plus à démontrer. De nombreuses études prouvent que cette expérience délétère est corrélée à l’anxiété, à des symptômes dépressifs et même à des troubles cognitifs avec des problèmes de concentration ou de comportement, et ce, quel que soit l’âge de la victime ».
« Une étude anglaise menée sur près de 50 ans a par exemple montré que les enfants harcelés deviennent des adultes plus gros consommateurs de soins en santé mentale que les autres », 
rappelle la journaliste.
Elle relève que
 « malgré ces observations, rien ne permettait jusque-là d’établir un lien biologique de cause à effet entre harcèlement et troubles psychiques. Voilà qui est fait, au moins en ce qui concerne l’anxiété, à en croire une équipe du King’s College de Londres dont les travaux sont parus dans Nature ».
Aude Rambaud explique ainsi que 
« les chercheurs ont suivi le développement cérébral de 682 adolescents entre les âges de 14 et 19 ans. Ces jeunes faisaient partie du projet Imagen, un programme de recherche européen destiné à étudier le développement cérébral et la santé mentale chez des adolescents anglais, irlandais, français et allemands. Des IRM ont été réalisés chez tous les sujets aux âges de 14 ans et de 19 ans pour observer 18 régions du cerveau ». 
La journaliste ajoute que 
« les adolescents ont également répondu à des questionnaires sur leur qualité de vie et leur environnement avec des items relatifs au harcèlement par leurs pairs. Une évaluation psychologique a aussi été effectuée ».
Aude Rambaud remarque que 
« 36 adolescents se sont déclarés harcelés de façon chronique et présentaient, comme on pouvait s’y attendre, des niveaux de dépression, d’anxiété et d’hyperactivité plus élevés que les autres jeunes ».
« Mais les auteurs ont surtout constaté une modification de la trajectoire du développement cérébral chez ces victimes qui serait responsable d’anxiété généralisée. Alors que le putamen et le noyau caudé, deux régions impliquées dans la motivation, l’attention ou encore les émotions, diminuent naturellement de taille au cours de l’adolescence, la réduction est plus drastique chez les enfants harcelés. Et d’après le travail statistique, ce phénomène est la cause de l’anxiété généralisée observée à 19 ans », 
indique la journaliste.
Erin Burke Quinlan, premier auteur, précise : 
« Nous supposons que la diminution de taille de ces aires est accélérée sous l’effet du stress et que ces régions connaissent donc un développement un peu différent. En outre, ce phénomène est bien lié au harcèlement puisqu’il n’est pas retrouvé pour les autres événements stressants de la vie ou en cas de maltraitance, ni chez les adolescents fragiles sur le plan psychique mais non harcelés ».
Le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), réagit : «
Ces conclusions sont tout à fait crédibles du fait des méthodes mises en œuvre. Les analyses réalisées ici permettent bien d’aller dans le sens d’une causalité grâce aux mesures répétées dans le temps à la fois en imagerie et sur les critères psychopathologiques. Ce procédé permet de tester un modèle statistique de “pistes causales” qui montre que l’effet de la victimisation sur les troubles psychiques est bien médié par les changements cérébraux ».
Le spécialiste remarque toutefois que 
« ce travail ne tient pas compte de tout ce qui se passe avant l’âge de 14 ans et présente donc évidemment des biais. On sait que le cerveau est très plastique à l’adolescence et que des perturbations survenant à cette période peuvent avoir des effets très divers et probablement déterminants pour l’apparition de certaines pathologiques mentales ».
Aude Rambaud ajoute que 
« rien ne dit dans l’étude si ce phénomène est réversible avec le temps. En attendant, la prévention est le meilleur moyen de parer les risques psychiques associés au harcèlement dont 10% à 15% des enfants sont victimes au primaire et au collège et environ 5% au lycée, d’après l’enquête de climat scolaire et victimation pour l’année scolaire 2017-2018 ».

Date de publication : 8 mars 2019

« Le tabac et l’alcool sont les ennemis de nos nuits »

Le Figaro

Le Figaro indique qu’« une équipe française s’est penchée, pour le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié ce mardi, sur les liens entre produits psychoactifs et sommeil. En un cercle vicieux, les uns influent sur la qualité de l’autre, tandis que des difficultés à profiter de ce dernier encouragent la consommation des premiers… ».
Le journal explique qu’
« ayant interrogé 12.637 personnes âgées de 18 à 75 ans dans le cadre du Baromètre de Santé publique France 2017, les auteurs constatent que la consommation de tabac est associée à une durée trop courte de sommeil. Alors que 36% des personnes interrogées déclaraient dormir moins de 6 heures par 24 heures […], les fumeurs quotidiens étaient 39 à 49% à faire de petites nuits selon qu’ils étaient peu ou très dépendants ».
Les chercheurs rappellent que 
« dormir moins de 6 heures est associé à de nombreuses comorbidités de type obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, dépressions, accidents ».
Le Figaro ajoute que « des perturbations du temps de sommeil étaient aussi observées dans une très grosse étude publiée en septembre dernier dans le Journal of Public Health, et portant sur près de 500.000 personnes ».
« Tandis que les anciens gros fumeurs dormaient fréquemment moins de 6 heures par nuit, les actuels gros fumeurs et les non-fumeurs exposés au tabagisme passif rapportaient, eux, des durées de sommeil anormalement longues (plus de 9 heures). Un autre type de perturbation du sommeil lui aussi lié à des comorbidités », 
relève le quotidien.
Le Figaro explique que «
 parmi les mécanismes par lesquels le tabagisme dégrade la qualité du sommeil, la nicotine, pour commencer, est un puissant stimulant même si elle est consommée sous forme de substitut. Des enregistrements par électroencéphalogramme de l’activité du cerveau de fumeurs et de non-fumeurs ont par ailleurs révélé des variations dans les ondes cérébrales pendant le sommeil chez les fumeurs ».
« L’alcool, quant à lui, est parfois utilisé comme porte d’entrée vers le sommeil. Or, avertissent les auteurs de Santé publique France, s’il peut effectivement sembler faciliter l’endormissement, son abus provoque des éveils nocturnes et fragmente le sommeil », 
remarque le quotidien.
Le Figaro note que dans cette enquête, 
« les fumeurs très dépendants étaient deux fois plus insomniaques que les autres (25,5% contre 12,6%). Les consommateurs de tabac, de cannabis et les adeptes des alcoolisations ponctuelles importantes étaient par ailleurs plus nombreux à se dire «du soir» ».
« Soit un coucher après 23 heures, voire minuit en semaine, avec un décalage d’endormissement d’au moins 2 heures les jours de repos. Un rythme de vie lui aussi connu pour être délétère », 
poursuit le journal.
Les chercheurs écrivent ainsi que le tabac «
 mérite d’être pris en compte dans les études liant sommeil et indicateurs cardiovasculaires ».

Date de publication : 12 mars 2019

 

« Le manque de sommeil engendre troubles et maladies »

La Croix Libération

Denis Sergent constate dans La Croix que « pour la première fois, les Français dorment en moyenne moins de 7 heures par nuit. Un fait de société qui n’est pas sans conséquence sanitaire, à la fois organique et psychologique ».
Le Baromètre de Santé publique France 2017, publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, indique ainsi que « pour la première fois depuis 25 ans, date de la première étude épidémiologique sur le sujet, le temps de sommeil moyen est tombé sous les 7 heures par nuit ».
Le journaliste précise que « les 12.637 personnes de 18-75 ans qui ont été interrogées déclarent dormir 6h34 en semaine et lors des périodes de travail, et 7h12 le week-end et lors des périodes de repos. Soit, 6h45 en moyenne par nuit. Et même en comptant les siestes, le temps moyen de sommeil quotidien reste inférieur aux 7 heures minimales habituellement recommandées pour une bonne récupération (il est de 6h55) ».
Damien Léger, professeur à l’Université Paris Descartes, et François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, rappellent que selon « de très nombreuses études épidémiologiques, dormir moins de 6 heures est associé à un risque plus élevé d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiaques et d’accidents ».
Denis Sergent ajoute que « le manque de sommeil favorise aussi le surpoids ». Rachel Debs, neurologue responsable de l’unité du sommeil au CHU de Toulouse, indique ainsi que « le «court dormeur» a, sous l’influence de son cerveau, tendance à manger plus, notamment des aliments tels que des graisses, des sucres ou du sel ».
Le journaliste souligne qu’« une dette de sommeil agit également sur la régulation du sucre dans le sang (glycémie), via un mécanisme hormonal. Elle tend à induire une résistance à l’insuline, l’hormone qui régule le glucose sanguin, ce qui est un facteur de risque pour développer ensuite un diabète de type 2 ».
Denis Sergent continue : « L’insuffisance de sommeil nuit également au bon fonctionnement du système de défense immunitaire et au système cardio-vasculaire. Des études ont montré qu’elle induit une augmentation du stress oxydant (la formation de molécules qui détériorent l’ADN des cellules) et une altération de la réponse inflammatoire, deux mécanismes impliqués dans les maladies cardiovasculaires ».
« D’autres études ont aussi prouvé que le manque de sommeil était lié aux maladies coronariennes (les vaisseaux qui irriguent le muscle cardiaque), l’hypertension et l’arythmie. Des troubles qui, à leur tour, facilitent la formation de caillots sanguins qui sont à l’origine d’accident vasculaire cérébral », 
poursuit-il.
Eric Favereau conseille quant à lui dans Libération : « Français, allez vous coucher ». Le journaliste relaie aussi cette « étude passionnante du BEH [qui] s’alarme du fait que les Français dorment de moins en moins, en dépit du progrès de la sieste ».
Il relève notamment que « l’importance et le développement du travail de nuit sont parmi les causes de cette perte globale de sommeil. Selon le BEH, «en France, le nombre de travailleurs de nuit est passé de 3,3 millions (15% des actifs) en 1990 à 4,3 millions (16,3%) en 2013. Or, on sait que les travailleurs de nuit dorment en moyenne une heure de moins que les travailleurs de jour» ».
Le Pr Damien Léger indique ainsi que « les travailleurs de nuit ont significativement davantage de risques de maladies métaboliques, cardiovasculaires, d’accidents et, pour les femmes, de risques lors de la grossesse et de cancer du sein ».
François Bourdillon souligne pour sa part que « le déclin de sommeil est aussi lié, comme chacun peut l’observer, au surinvestissement des adultes comme des enfants dans le temps passé face à des écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs et abondance de l’offre culturelle et de divertissement via ces outils, à toute heure de la soirée et même de la nuit, perturbent le temps dévolu au sommeil ».
Eric Favereau note toutefois qu’« il y a quelques raisons d’espérer pour rallonger nos nuits trop courtes. D’abord, la sieste se développe, et aujourd’hui plus d’un quart des adultes (27,4%) en font au moins une en semaine, d’une durée moyenne de 50 minutes, et un tiers (32,2%) en font le week-end. Et pour la petite histoire, ce sont les 18-24 ans qui font les siestes les plus longues, en moyenne 82 minutes. Autre bonne habitude prise, celle de récupérer le week-end ».
Les chercheurs indiquent que « récupérer le week-end serait un facteur limitant le risque de comorbidité associé au sommeil court ».

Date de publication : 13 mars 2019

 

Le Monde

« Une schizophrénie traitée par antibiotiques »

Les Echos

Yann Verdo indique dans Les Echos qu’« une étude, parue dans le Journal of Central Nervous System Disease, vient éclairer de manière particulièrement édifiante ce que les psychiatres étudient désormais sous le nom de «psychoses d’origine infectieuse», ces maladies mentales plongeant probablement leurs racines dans une contamination bactérienne ».
Le journaliste explique que ce travail 
« expose le cas d’un adolescent de 14 ans ayant présenté en octobre 2015 les symptômes d’une schizophrénie à début précoce : hallucinations, idées délirantes, doublées d’idées suicidaires. Au cours des 18 mois qu’a duré sa psychose, le garçon a subi quatre hospitalisations et reçu de multiples traitements médicamenteux ».
Yann Verdo relève que 
« son sort n’a pu commencer de s’améliorer qu’à partir du moment où, en mars 2017, un médecin lui a diagnostiqué une infection à Bartonella henselae, bactérie présente dans le sang des chats et en particulier des chatons, transmissible par morsure ou griffure ».
« Traité par antibiotiques, l’adolescent a vu ses symptômes complètement disparaître… », 
constate le journaliste.

Date de publication : 25 mars 2019

« Un nouveau traitement contre la dépression du post-partum »

Le Figaro

Le Figaro fait savoir qu’« un nouveau traitement contre la dépression du post-partum, qui touche 10 à 15% des mères, vient d’être approuvé par l’agence américaine des médicaments, la FDA ».
Le journal explique qu’
« administrée à l’hôpital par perfusion, la brexanolone agit en 2 jours à peine, contre plusieurs semaines pour les traitements antidépresseurs habituels. Il s’agit du premier médicament ayant pour indication cette forme particulière de dépression, dont les causes sont encore mal comprises des psychiatres, et qui peut avoir des conséquences graves pour la mère et son bébé ».
« Comme d’autres formes de dépression, elle se manifeste par une tristesse durable ou un manque d’envie, mais elle a aussi des symptômes spécifiques centrés sur le bébé : une culpabilité, de l’anxiété ou des difficultés à s’en occuper. […] Dans les cas les plus graves, ce mal-être peut conduire au suicide », 
rappelle le quotidien.
Le Dr Florence Gressier, responsable de l’unité mère-enfant à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre, indique qu’
« elle ne doit pas être confondue avec le baby blues qui survient 2 à 5 jours après la naissance et ne dure pas plus de dix jours ».
Le Figaro précise enfin qu’
« aux États-Unis, la brexanolone […] sera délivrée en perfusion pendant 60 heures sous surveillance médicale, en raison d’un risque d’évanouissement observé dans quelques cas pendant les essais cliniques. Le traitement sera proposé pour un coût de 34.000 dollars ».

Date de publication : 25 mars 2019

« Arrêt des antidépresseurs : gare au syndrome de sevrage »

Le Figaro

Delphine Chayet se penche dans Le Figaro sur « le syndrome d’arrêt des antidépresseurs ». La journaliste observe ainsi : « Des sensations de chocs électriques dans la tête et des vertiges puissants. Une nausée «paralysante». Des insomnies et des angoisses […]. Des battements de cœur incessants. Une «gêne dans la tête» ». […] L’arrêt d’un traitement antidépresseur peut faire surgir des symptômes très invalidants ».
Delphine Chayet indique qu’
« entre 30 et 70% des patients (selon les études) subissent ce que les psychiatres appellent le syndrome d’arrêt des antidépresseurs. L’éventail des maux décrits est très large, et leur sévérité variable. Ils surviennent dans les quelques jours qui suivent la prise du dernier comprimé et durent en général plusieurs semaines. Mais il arrive aussi qu’ils persistent dans le temps ».
Le Pr Emmanuel Haffen, psychiatre au CHU de Besançon, précise que 
« leur survenue est plus fréquente avec certaines molécules (celles qui ont une durée de vie courte, comme la paroxétine ou la venlafaxine). Elle dépend aussi beaucoup des individus, sans qu’on comprenne encore pourquoi. Enfin, le risque est plus important si le traitement a duré longtemps et si les posologies sont élevées ».
Delphine Chayet fait savoir que 
« deux chercheurs britanniques plaident, dans un article publié […] dans Lancet Psychiatry, pour une désescalade beaucoup plus lente, étalée sur plusieurs mois et menée de manière non linéaire. Autrement dit, ils préconisent de réduire la dose très progressivement, en diminuant de plus en plus lentement à mesure que la dose approche de zéro ».
Le Dr Fayçal Mouaffak, chef de pôle à l’hôpital Ville-Évrard, explique en effet que 
« par des études de scintigraphie cérébrale, les chercheurs ont vu que la réduction des doses a des répercussions immédiates sur la transmission de la séro­tonine dans le cerveau ».
La journaliste relève que 
« ce neurotransmetteur, dont l’effet est favorisé par les antidépresseurs, agit sur un grand nombre de récepteurs cérébraux impliqués dans la régulation de l’humeur, la perception sensorielle et les fonctions cognitives. D’où la variété des symptômes observés à l’arrêt du traitement ».
Delphine Chayet note que 
« les deux auteurs de l’étude, Mark Horowitz et David Taylor, se sont intéressés à la question après avoir eux-mêmes traversé les affres du sevrage ». David Taylor remarque notamment : « La vérité, c’est que pour de nombreuses personnes, l’arrêt du traitement n’est ni léger, ni de courte durée. Or les médecins banalisent le phénomène ».
« A contrario, il arrive aussi souvent que le praticien prenne les manifestations du sevrage pour une rechute de la dépression et revienne à la dose initiale », 
continue la journaliste.
Le Pr Alain Mercier, membre du Collège national des généralistes enseignants, précise que
« certains symptômes de la dépression et du sevrage se recoupent, et les médecins ont tendance à se focaliser sur ce qui les préoccupe le plus, à savoir le risque de suicide ».
Delphine Chayet remarque que 
« le syndrome d’arrêt des antidépresseurs a plusieurs spécificités […] : il survient rapidement après l’arrêt (en décalé avec les molécules à demi-vie longue comme la fluoxetine) et est facilement soulagé par l’augmentation des doses. Le phénomène est connu depuis longtemps. Pourtant, faute de recommandations précises, chaque médecin applique encore ses propres recettes ».
Le Pr Mercier souligne que 
« l’arrêt des antidépresseurs doit avoir lieu sous surveillance médicale. En cas d’apparition de symptômes, iI est important de rassurer le patient sur le fait que cela ne durera pas et de mettre en place un arrêt individualisé ».

Date de publication : 25 mars 2019

« Les mini-jeûnes sont-ils vraiment une panacée ? »

Science et Vie

C’est ce que se demande Science & Vie. Le magazine relève que « l’idée est séduisante : il suffirait de réduire ses portions alimentaires quelques jours par mois pour jouir de toute une gamme de bénéfices… et gagner des années de vie en bonne santé ».
Science & Vie explique que 
« ces « mini-jeûnes » apportent certains bénéfices déjà avérés ! […] Voilà près d’un siècle que l’on connaît certains effets positifs du jeûne… mais seulement quand il est pratiqué de façon radicale ».
« Des animaux de laboratoires alimentés tout au long de leur vie adulte avec des rations réduites d’un tiers, ou privés de nourriture un jour sur deux jusqu’à leur mort, affichent une santé impressionnante. Certains vont jusqu’à gagner 30% d’espérance de vie, et la plupart sont protégés contre de nombreuses maladies (Alzheimer, diabète, cancer…). Des expériences confirmées chez l’humain », 
relève l’article.
Science & Vie précise que
 « ce n’est pas uniquement la perte des kilos en trop ou la fin des excès qui sont en jeu ici : les privations extrêmes mettent en branle des mécanismes biologiques bien spécifiques, et très bénéfiques ».
« A commencer par le phénomène d’hormèse : quand l’organisme est affamé, il déclenche un stress physiologique activant des systèmes de défense, tels que la production de molécules antioxydantes, connues pour ralentir le vieillissement, et des phénomènes d’autophagie, où les cellules digèrent leurs propres déchets moléculaires », 
continue le magazine.
Science & Vie ajoute que 
« la restriction alimentaire entraîne une baisse de l’inflammation (qui détériore les tissus avec le temps) et pousse le corps, privé de glucides, à puiser de l’énergie dans ses réserves de graisses, les lipides sont ainsi transformés par le foie en corps cétoniques, des molécules bénéfiques pour les cellules gourmandes en énergie (neurones, muscles…) ».
Le magazine explique qu’
« une telle multiplicité d’effets positifs n’a rien de surprenant. Durant la plus grande partie de son histoire évolutive, notre espèce a été confrontée à d’importantes restrictions alimentaires. L’organisme humain est donc plus adapté à ce mode de fonctionnement qu’à celui, très récent, consistant à manger 3 repas tous les jours ».
« Mais pas sûr que ceux qui peuvent aujourd’hui manger à leur faim soient désireux de renoncer à ce confort ! Manger 5 fruits et légumes par jour reste déjà un défi pour beaucoup. Alors s’imposer volontairement de jeûner un jour sur deux… », 
souligne-t-il.
Science & Vie indique que
 « les scientifiques ont donc testé des stratégies plus réalistes, découvrant qu’il n’est pas nécessaire de torturer sans arrêt son estomac pour régénérer son organisme ». Il relève notamment qu’« en 2011, des chercheurs anglais ont élaboré une méthode aujourd’hui très prisée des magazines féminins : le régime 5:2, un « quasi-jeûne ». Soit une restriction calorique intense de 2 jours par semaine seulement, divisant les apports énergétiques journaliers par 3 ou 4 ».
« Testé pendant 6 mois sur 41 femmes obèses ou en surpoids, ce régime les a, sans surprise, fait maigrir, améliorant leur état de santé. Elles produisaient aussi davantage de corps cétoniques, et moins de marqueurs de stress oxydant et d’inflammation… Soit les mêmes phénomènes bénéfiques observés lors des privations extrêmes ! », 
indique le magazine.
Science & Vie note qu’
« une méthode concurrente a également donné des preuves de son efficacité en 2015. Pendant 3 mois, 19 volontaires se sont contentés, 5 jours consécutifs par mois, de la moitié des apports caloriques recommandés le premier jour, puis seulement du tiers, les 4 suivants ».
Le magazine retient les «
 mêmes changements bénéfiques dans les paramètres sanguins. Et chez les souris, on observait une longévité accrue de 11% ; un risque de développer des tumeurs diminué de 45% ; un système immunitaire rajeuni et une densité osseuse préservée ».
Il précise que
 « l’explication […] viendrait d’un phénomène entièrement nouveau : un véritable renouvellement cellulaire avec une disparition très importante de cellules des muscles, du foie et du système immunitaire qui, à la reprise d’une alimentation normale, sont repeuplées à grande vitesse par cellules-souches ».
Science & Vie ajoute que 
« les chercheurs considèrent ces mini-jeûnes suffisamment sûrs pour les pratiquer eux-mêmes ! En attendant que des essais cliniques confirment leurs bénéfices, mieux vaut cependant les adopter sous la supervision d’un médecin, et dans le cadre d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique régulière ».

Date de publication : 29 mars 2019

 

 

Revue de presse santé psy – février 2019

 

« De nouvelles pistes pour expliquer l’autisme »

Les Echos

Les Echos note qu’« une étude française vient remettre en cause le modèle théorique dominant concernant les anomalies cérébrales à l’origine du fonctionnement mental atypique des personnes avec autisme. Mais la recherche n’en continue pas moins d’avancer… ».
Le journal rappelle qu’
« il y a 2 ans, une étude parue dans Nature […] avait établi que les enfants dont le cerveau grossissait plus vite que la moyenne au cours de leur première année de vie avaient davantage de risques d’être diagnostiqués comme autistes à l’âge de 2 ans ».
« La cause de cette croissance cérébrale atypique, qui s’arrête brutalement au bout de quelques années, demeurait jusqu’ici une énigme. Celle-ci vient peut-être de trouver un début d’explication avec une nouvelle étude parue […] dans Nature Neuroscience », 
indique le quotidien.
Les Echos explique que 
« leurs auteurs, dirigés par Simon Schafer du Salk Institute (La Jolla, Californie), se sont intéressés à la croissance des cellules nerveuses elles-mêmes. […] Ils ont prélevé à des personnes autistes et non autistes des cellules de peau, avant de les transformer in vitro en cellules souches neurales – le « moule » dont sortiront, ensuite, tous les types de cellules nerveuses : neurones, cellules gliales (assurant la nutrition et l’entretien des neurones), etc. ».
« Ils ont constaté que les cellules nerveuses provenant de personnes souffrant d’autisme se développaient plus rapidement que celles des non-autistes, devenaient plus grosses, se dotaient d’excroissances plus élaborées », 
note le journal.
Il ajoute : «
 Phénomène sous-jacent également mis en lumière par les chercheurs américains dans la même étude, les gènes responsables de cette neurogenèse s’expriment plus vite et plus tôt dans les cellules provenant de personnes autistes. La raison en serait liée à une différence au niveau de la chromatine, cette structure au sein de laquelle l’ADN se trouve empaqueté et compacté. Cette chromatine serait plus ouverte et plus facilement dépliable chez les autistes, accélérant d’autant le processus génétique responsable de la neurogenèse ».
Les Echos remarque qu’
« il arrive aussi que les nouvelles études remettent en cause certaines théories laborieusement construites. C’est le cas de celle réalisée par une équipe de chercheurs français dans le cadre d’une collaboration entre la Fondation FondaMental, l’Inserm, l’institut NeuroSpin du CEA et l’hôpital Henri-Mondor, et dont les résultats remarqués ont été publiés en novembre dernier dans la revue Brain ».
Le quotidien explique ainsi que 
« les chercheurs ont pu bénéficier des données exceptionnellement complètes et détaillées de la cohorte InFoR-Autism, elle-même fruit d’une collaboration entre la Fondation FondaMental, l’Inserm et l’Institut Roche. Un autre atout décisif a été la récente mise au point, à NeuroSpin, d’un atlas modélisant très précisément, chez les non-autistes, les connexions dites à courte distance, reliant les neurones de zones adjacentes du cerveau ».
Les Echos précise que les auteurs 
« ont utilisé une méthode d’imagerie plus adéquate que celles précédemment employées : l’IRM de diffusion (IRMd), permettant de visualiser le déplacement des molécules d’eau le long de la gaine de myéline enveloppant les axones ».
Le journal note que 
« si le déficit de connexions longue distance paraît acquis […], il n’en va pas de même de l’excès supposé de connexions courte distance. […] Les auteurs de l’étude ont au contraire constaté un… déficit de connexions courte distance. Du moins s’agissant de 13 des 63 faisceaux répertoriés et modélisés dans l’atlas ».
Marc-Antoine d’Albis, psychiatre à Henri-Mondor et principal auteur, remarque 
: « La force de notre étude, c’est qu’elle montre une corrélation entre, d’une part, ce déficit de connexions courte distante et, de l’autre, le déficit de cognition sociale que l’on observe chez la plupart des personnes avec autisme ».
« Reste que, comme il le dit lui-même, ce résultat n’est, à l’heure actuelle, nullement généralisable à tous les autistes, l’étude de Brain n’ayant porté que sur des adultes de sexe masculin et dits «autistes de haut niveau» parce que maîtrisant le langage », 
relève Les Echos.
Le journal souligne que «
 d’autres investigations seront à conduire, notamment sur les enfants, pour savoir si cette anomalie de la connectivité à courte distance est bien un trait spécifique de l’autisme, et non un simple effet de l’âge ne se rencontrant que chez les adultes ».

Date de publication : 4 février 2019

« En France, le suicide se porte tristement bien »

Libération La Croix Le Figaro

Eric Favereau s’interroge dans Libération : « Serait-ce une fatalité française ? Les chiffres sur le suicide ne sont pas bons : l’Hexagone présente toujours un des taux les plus élevés d’Europe, avec près de 9000 suicides par an. Et ce chiffre ne s’améliore pas vraiment ».
Le journaliste note ainsi qu’
« à l’occasion de la 23e Journée nationale pour la prévention du suicide, de nouvelles données sont publiées par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ».
Il explique que 
« le baromètre de Santé publique France a interrogé en 2017 plus de 25.000 personnes de 18 à 75 ans, autour des pensées suicidaires ainsi que des tentatives de suicide. En 2017, ce sont 4,7% des 18-75 ans qui «ont déclaré avoir pensé à se suicider au cours des 12 derniers mois», 7,2% ont tenté de se suicider au cours de leur vie. Et 0,39% au cours de l’année. C’est beaucoup, cela fait plus d’un million de personnes qui ont pensé à se suicider l’année écoulée ».
Eric Favereau relève qu’
« on retrouve des facteurs de risque bien connus : le fait d’être une femme, de vivre une situation financière délicate, mais aussi le fait d’être célibataire, divorcé ou veuf. L’inactivité professionnelle joue également ainsi que des événements traumatisants. Reste que «le facteur le plus associé aux pensées suicidaires reste d’avoir vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année» ».
Le journaliste retient un 
« manque de suivi post-tentative », écrivant : « C’est peut-être ce qui est le plus troublant : la non-réussite des politiques publiques. Nous assistons, certes, à une lente décroissance de la mortalité suicidaire sur les dix dernières années, mais pas sur les tentatives de suicide qui sont plutôt en légère hausse ».
« Aux yeux des spécialistes, «cette évolution est très insuffisante». Et nous sommes loin de l’objectif d’aboutir à une «cassure» des courbes d’évolution des tentatives et des décès par suicide. Au mieux, nous sommes à un palier », 
remarque Eric Favereau.
Il souligne que « 
face à ce drame de santé publique, il s’agit d’intervenir aussi bien «à proximité du passage à l’acte suicidaire» qu’après, pour maintenir le contact post-hospitalisation avec les personnes ayant effectué une tentative de suicide. Les dispositifs sont classiques. Comme la mise en œuvre d’un numéro unique avec une ligne d’appel d’urgence dédiée à la crise suicidaire, mais aussi et surtout l’attention aux proches pour prévenir de la contagion suicidaire. Et c’est là que les insuffisances sont les plus criantes ».
Le BEH observe ainsi que 
« seulement la moitié des personnes déclarant des pensées suicidaires au cours de l’année en ont parlé à quelqu’un et que la moitié des personnes ayant effectué une tentative de suicide au cours de la vie déclarent avoir été suivies par un professionnel de santé après leur TS ».
Eric Favereau évoque en outre 
« les jeunes, un groupe bien fragile » : « Dans un travail inédit, l’enquête sur la santé et les consommations lors de l’Appel de préparation à la défense (Escapad) pointe des chiffres en effet alarmants. «Plus de 4% des filles et près de 3% des garçons de 17 ans ont déclaré en 2017 une tentative de suicide suivie d’une hospitalisation au cours de leur vie». Et «plus d’un jeune sur dix – deux fois plus souvent les filles – a déclaré des pensées suicidaires au cours de l’année» ».
La Croix indique pour sa part que 
« des psychiatres alertent sur la «contagion» suicidaire ». Le journal cite le Pr Pierre Thomas, chef de pôle de psychiatrie au CHRU de Lille, qui écrit dans le BEH : « On considère qu’un suicide endeuille en moyenne 7 proches et impacte plus de 20 personnes. Or, il est démontré que le risque de suicide augmente significativement dans l’entourage d’une personne suicidée (famille, camarades de classe, collègues de travail, etc.) ».
Le quotidien ajoute que « 
ce phénomène de contagion est aussi constaté lors du suicide d’une célébrité fortement relayé par les médias » : « « Par exemple, dans le mois ayant suivi la mort de Marylin Monroe, en 1962, on a recensé une augmentation du taux de suicide de 12,5% aux États-Unis et de 40% pour la seule ville de Los Angeles. En France, après le suicide de Pierre Bérégovoy, en 1993, les suicides par arme à feu ont connu une augmentation de 26,5% chez les hommes de la même tranche d’âge », précise le Dr Charles-Édouard Notredame, psychiatre au CHRU de Lille.
La Croix explique que 
« le risque touche principalement les personnes déjà vulnérables. […] Il peut alors se produire un phénomène «d’imitation» chez des individus qui s’identifient fortement à la personne décédée ».
Le Dr Notredame indique qu’«
 un autre mécanisme est celui qu’on appelle la disponibilité cognitive. Quand les médias parlent d’un suicide, en détaillant la méthode utilisée, cela peut rendre plus concrète la possibilité d’un passage à l’acte pour soi-même. Et cela peut lever des inhibitions ».
Le journal souligne que « 
la priorité est d’accorder une attention toute particulière à la vulnérabilité, plus ou moins extériorisée, de toute personne confrontée à un suicide », le Pr Thomas précisant : « Il faut éviter les formules du type : “maintenant, il repose en paix” ou “on ne pouvait rien faire”, pour ne pas que le suicide apparaisse comme la seule issue possible pour une personne qui va mal ».
Le Dr Notredame ajoute : «
 Il y a cette idée qu’en parler peut faire naître des idées suicidaires chez autrui. Or, c’est l’inverse : ne rien dire, c’est perpétuer l’idée chez une personne fragile qu’aller mal ou avoir envie de mourir, est quelque chose qui doit rester caché ».
De son côté, Le Figaro retient la « 
hausse préoccupante des pensées suicidaires chez les adolescentes » : « A 17 ans, près de 3% des adolescents ont déjà fait une tentative de suicide ayant nécessité une hospitalisation, et plus d’un sur 10 a eu des pensées suicidaires dans l’année ».
« Ces statistiques, issues du BEH […], donnent la mesure de la souffrance psychique des jeunes Français, et plus spécifiquement des jeunes Françaises. Car selon les auteurs de l’étude dévoilée à l’occasion de la Journée nationale pour la prévention du suicide, «le syndrome dépressif et les tentatives de suicide sont davantage le fait des filles» », 
relève le journal.
Il cite aussi le Pr Thomas, qui souligne que
 « contrairement à d’autres pays, la France n’a pas encore mis en œuvre de politique volontariste dans le but de réduire drastiquement le nombre de suicides ».

Date de publication : 5 février 2019

« Suivi des patients souffrant de troubles psychiatriques : «Le risque zéro n’existe pas» »

Le Parisien

Le Parisien se penche longuement sur cet « incendie criminel [qui] a provoqué la mort d’au moins 10 personnes et fait 32 blessés dans le 16e arrondissement de Paris [dans la nuit de lundi à mardi]. La suspecte, qui vit dans l’immeuble, a été internée », note le journal.
Le quotidien livre notamment les propos du Pr Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie de l’hôpital Mondor de Créteil, qui 
« revient sur la prise en charge des patients, alors qu’une femme qui présente des antécédents psychiatriques est suspectée d’avoir incendié [cet] immeuble ».
Le journal rappelle que le praticien 
« nous avait dévoilé sa lettre ouverte à la ministre de la Santé signée par 100 professionnels pour dénoncer «une prise en charge insuffisante des patients» le 16 janvier ».
Le Parisien demande tout d’abord : 
« En France, qui décide de faire sortir un malade de l’hôpital ? ». Le Pr Pelissolo répond que « dans 90% des cas, ce sont les médecins du service psychiatrique, toujours en accord avec le patient. Mais, lorsque celui-ci a été hospitalisé d’office, c’est-à-dire sans consentement, sur demande de l’Etat, parce qu’il s’est montré dangereux, qu’il a menacé des personnes, il faut, en plus, l’autorisation du préfet. Cela concerne 5% des cas. Enfin, dans les 5% restants, lorsqu’un patient a été interné sur demande d’un tiers, parce qu’il est en danger et présente des risques de suicide immédiat, la famille est aussi consultée ».
Quant aux 
« règles pour qu’un patient rentre chez lui », le chef de service précise qu’« elles sont nombreuses. On doit constater une amélioration significative de son état de santé avec une disparition des symptômes, un quasi rétablissement. Le patient doit aussi bien accepter de poursuivre les soins après l’hospitalisation ».
Le Pr Pelissolo poursuit : «
 Les symptômes ne disparaissent pas toujours totalement. Mais on prépare sa sortie, en amont. Il existe des permissions pour que le patient se réhabitue à l’extérieur. On rencontre toujours la famille pour connaître son entourage. On le prépare à la reprise du travail, on prend des précautions pour savoir où il va habiter, s’il aura de quoi vivre ».
Le psychiatre ajoute que 
« le principal point faible, c’est une fois [que les patients] sont à l’extérieur. On met en place des consultations diverses, avec des psychologues, des infirmiers dans des centres médico-psychologiques. On peut aussi faire des visites à domicile et parfois même des soins intensifs, chez le patient. […] Il existe aussi des hôpitaux de jour où il se rend ».
Il indique qu’«
 on n’en a pas toujours les moyens. C’est assez difficile. Pour cela, il faut passer du temps avec les malades. La psychiatrie n’a pas besoin de technologies très complexes, on a besoin de personnel ! En France, 2 millions d’individus doivent être suivis pour des troubles bipolaires, du comportement et de schizophrénie. Et encore, je ne parle pas des dépressions sévères ».
Concernant ce drame, le Pr Pelissolo remarque : 
« Je ne sais pas comment cela a pu arriver. Sainte-Anne est l’un des établissements les mieux organisés. Peut-être que tout a été fait, que des soins ont bien été mis en place. Mais on ne peut pas tout prévoir. Il y a parfois des échecs et des événements imprévisibles. Le risque zéro n’existe pas ».
Le Dr Marie-Odile Krebs, chef de service à Sainte-Anne, rappelle quant à elle que 
« de façon générale, la psychiatrie est en sous-effectif, c’est un vrai souci qui ne nous aide pas à assurer un suivi optimal ».

Date de publication : 6 février 2019

« Après l’incendie meurtrier de Paris, des psychiatres invitent à la prudence »

La Croix

C’est ce que titre La Croix, qui relève que « la quadragénaire, soupçonnée d’être à l’origine de l’incendie qui a fait 10 morts, à Paris, venait de sortir d’un établissement psychiatrique et avait été déjà hospitalisée treize fois en 10 ans. Ce qui n’est pas le signe d’une dangerosité psychiatrique avérée, estiment des praticiens ».
Le Dr Daniel Zagury, chef de service au centre psychiatrique du Bois-de-Bondy (Seine Saint-Denis), remarque ainsi que
 « cet incendie est bien sûr effroyable. Mais encore une fois, on nous ressort le grand débat sur la dangerosité psychiatrique alors qu’il existe beaucoup d’inconnues sur la situation médicale de cette femme. Et une fois de plus, les médias parlent de psychiatrie à l’occasion d’un fait divers ».
Le journal observe que 
« Rémy Heitz, le procureur de Paris, a précisé qu’elle était sortie le 30 janvier, d’un séjour de près de 2 semaines à l’hôpital psychiatrique parisien de Saint-Anne. Cette hospitalisation, la treizième en dix ans, avait pris fin «sur décision médicale», a souligné le magistrat. Ce qui pourrait laisser supposer qu’elle avait été hospitalisée sans son consentement. […] Le psychiatre de Saint-Anne a-t-il commis une faute en la laissant sortir ? ».
Le Dr Pierre Lamothe, ancien chef du service médico-psychologique régional (SMPR) de Lyon, déclare que 
« c’est impossible à dire en l’état. Même si des gros progrès ont eu lieu ces dernières années, nous n’avons pas d’outils pour savoir avec certitude si un patient va commettre un acte violent ».
Le praticien indique que 
« dans l’immense majorité des cas, nos patients ne sont pas dangereux. Et on ne peut pas enfermer à vie une personne dans un hôpital par crainte qu’elle n’allume un jour un feu après une dispute. Par ailleurs, le fait qu’elle ait été hospitalisée treize fois en dix ans n’est pas en soi le signe que cette femme présente une dangerosité psychiatrique. J’ai beaucoup de patients, hospitalisés aussi souvent, et qui ne font jamais parler d’eux quand ils sont dehors ».
La Croix ajoute qu’il est 
« difficile de se prononcer, estime aussi le Pr Jean-Louis Senon [ancien chef de pôle en psychiatrie au CH Henri-Laborit de Poitiers], sans savoir si cette femme est ou non atteinte d’une maladie psychiatrique ».
Le spécialiste explique que 
« les deux pathologies pour lesquelles on a le plus d’hospitalisations sans consentement sont la schizophrénie et les troubles bipolaires. Chez ces malades, les actes violents restent très rares mais peuvent survenir quand ils arrêtent leur traitement. La prise ou non des médicaments est donc un critère très important pour le médecin. C’est en général bien plus compliqué d’évaluer la dangerosité d’un patient qui n’a pas de pathologie psychiatrique mais juste des troubles de la personnalité avec une violence parfois décuplée sous l’effet de l’alcool ou du cannabis ».

Date de publication : 8 février 2019

« Une piste pour expliquer les petits ratés de l’attention »

Le Figaro

Damien Mascret note ainsi dans Le Figaro : « Avoir un nom sur le bout de la langue ; entrer dans une pièce et ne plus savoir pourquoi ; oublier le nom des gens ; avoir du mal à se décider. Tous ces petits signes inquiètent parfois alors qu’ils sont la plupart du temps sans gravité. Mais comment s’expliquent-ils ? ».
Le journaliste annonce qu’
« une étude canadienne, menée sous la houlette du Dr Ayan Key, à l’Institut de recherche Rotman, à Toronto, et publiée dans la revue Neurobiology of Aging, apporte peut-être la réponse. Avec ses collègues, il a fait passer des IRM cérébrales et des tests cognitifs […] à des personnes de plus de 55 ans qui se plaignaient de ce type de troubles ».
« Des volontaires en bonne santé, si ce n’est qu’ils devaient avoir au moins un facteur de risque cardiovasculaire : hypertension artérielle, diabète de type 2, syndrome d’apnée du sommeil, tabagisme (présent ou passé), antécédents familiaux de maladie cérébrovasculaire, âge supérieur ou égal à 70 ans », 
précise Damien Mascret.
Il ajoute que « 
ce petit groupe était composé de 26 femmes et 20 hommes âgés en moyenne de 70 ans. Leurs IRM ont ensuite été comparées à celles d’un groupe contrôle sans facteur de ­risque cardiovasculaire qui ne se plaignait de rien ».
Le journaliste note que les chercheurs «
 ont alors eu la surprise de voir que la moitié des individus qui se plaignaient de ces petits troubles présentaient aussi des anomalies à l’IRM. Plus précisément, ce que les neuroradiologues appellent des petits hypersignaux dans la substance blanche, qui constitue l’essentiel de la masse du cerveau ».
Le Pr Charlotte Cordonnier, neurologue et chercheur Inserm au CHU de Lille, remarque que «
 ce n’est pas complètement une surprise de trouver ce type de signaux dans la substance blanche chez des gens âgés, on en trouve chez environ 6% des cinquantenaires ou sexagénaires et chez 20% des septuagénaires et octogénaires, c’est le signe d’une atteinte des petits vaisseaux, qu’on appelle la microcirculation, les artères perdent leur souplesse, leur pulsatilité et la matière cérébrale qui les entoure est moins bien nourrie ».
Damien Mascret relève qu’« 
on ne sait pas encore très bien quels sont les mécanismes de ces atteintes, mais elles semblent en tout cas impliquées dans la baisse des performances cognitives du cerveau, voire dans des démences dites vasculaires par contraste avec les démences dégénératives comme la maladie d’Alzheimer ».
« Évidemment si les atteintes vasculaires viennent s’ajouter par ailleurs à une dégénérescence des neurones, les symptômes du déclin cognitif apparaîtront des années plus tôt », 
continue le journaliste.
Le Pr Cordonnier souligne ainsi qu’
« on protège aussi son cerveau en faisant de la prévention des maladies cardiovasculaires : traitement de l’hypertension artérielle, du diabète, des hypercholestérolémies, lutte contre le tabagisme, l’alcool, la sédentarité ou le surpoids ».
Damien Mascret observe que 
« la deuxième surprise des chercheurs canadiens a été de constater, parmi ceux qui se plaignaient de petits troubles, qu’à performances égales aux tests cognitifs, certains avaient peu d’hypersignaux sur leur IRM cérébrale alors que d’autres en avaient beaucoup ».
Les chercheurs écrivent que 
« cela suggère que la cognition, chez ces adultes âgés ayant une atteinte légère à modérée des petits vaisseaux cérébraux, ne se résume pas aux éléments visibles avec les appareils actuels de neuro-imagerie ».
Le journaliste note ainsi que 
« tout se passe comme si, chez certaines personnes, des mécanismes de compensation leur permettaient de fonctionner apparemment normalement. En réalité, l’effort cognitif fourni est plus important et ce «coût cognitif» supplémentaire se fait au prix d’un discret ralentissement. On arrive au même résultat, mais on met un peu plus de temps ».

Date de publication : 8 février 2019

« Enfants : les dangers de l’addiction aux écrans »

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro sur sa Une, qui remarque : « Inattention, difficulté d’apprentissage, troubles du comportement… Des médecins et des enseignants tirent la sonnette d’alarme ».
Le journal observe que 
« depuis plusieurs années déjà, des pédiatres, des pédopsychiatres, des professionnels de la petite enfance et certains enseignants tirent la sonnette d’alarme. Alors que les foyers comptent désormais près de 6 écrans, l’inquiétude sur la surexposition des plus jeunes aux tablettes, smartphones, ordinateurs ou à la traditionnelle télévision ne cesse de croître ».
Le quotidien relève ainsi : 
« Des tout-petits ingérables à la crèche, des élèves de maternelle qui ne répondent pas à leur prénom ou sont incapables de tenir leur stylo, des écoliers qui peinent à se concentrer, des élèves amorphes en cours… La faute aux écrans ? ».
Le Figaro remarque notamment : 
« Problème de sommeil, effet sur le poids, effet zapping… Au-delà de ces effets pointés par l’Académie des sciences dans un avis de 2013, il n’existe pas d’études scientifiques faisant le lien entre surexposition aux écrans et développement des troubles cognitifs ou neuro-développementaux ».
Le journal poursuit :
 « Les écrans, coupables trop faciles ? La polémique fait rage. En 2017, elle s’est envolée après la médiatisation de l’alerte controversée d’un médecin de PMI [centre de protection maternelle et infantile], Anne-Lise Ducanda, sur la montée en puissance de troubles chez les tout-petits surexposés aux écrans. La comparaison de ces troubles avec ceux de l’autisme a contribué à brouiller le débat ».
« En janvier, son Collectif surexposition écrans (CoSE) est revenu à la charge avec une tribune publiée dans Le Monde sur l’explosion des troubles des apprentissages à l’école. Depuis 2010, les troubles du langage et de la parole ont progressé de 94%, et les troubles intellectuels et cognitifs de 24%, pointe la tribune, qui se base sur les chiffres de l’Éducation nationale », 
note le quotidien.
Le Figaro ajoute : «
 Les écrans, responsables de ces troubles, parmi lesquels on compte les « dys » (dyslexie, dysphasie, dyspraxie) ? ». 
Franck Ramus, neuroscientifique, réagit : « 
Jusqu’à preuve du contraire, à savoir de vraies données épidémiologiques, il n’y a pas plus de raison de croire à une épidémie d’autisme qu’à une épidémie de ces troubles. Il ne s’agit pas de dire que passer 6 heures par jour à regarder la télé ou à faire des jeux vidéo est sans conséquences. Cela empiète sur des interactions, des activités et des apprentissages plus utiles ».
« Mais cela ne veut pas dire que l’écran est nocif en lui-même. Il faut aussi rappeler que les prédispositions des enfants et les facteurs familiaux jouent un rôle dans l’exposition aux écrans », 
indique le spécialiste.
Le Figaro cite en outre le neuroscientifique Stanislas Dehaene, qui remarquait en septembre dernier dans L’Express : «
 La malnutrition est plus risquée pour le cerveau que les écrans ».
Le journal rappelle qu’
« en novembre, alors que le Sénat adoptait à la quasi-unanimité une proposition de loi visant à mieux encadrer l’usage des écrans pour les enfants de moins de 3 ans, le gouvernement indiquait qu’il préférait attendre des études scientifiques avant de se prononcer ».

Date de publication : 14 février 2019

« Consommation d’alcool en France : vers une transformation générationnelle »

Libération La Croix

Charles Delouche note à son tour dans Libération que « l’alcool a provoqué la mort de 41.000 personnes en 2015 en France. Soit 30.000 décès chez les hommes et 11.000 chez les femmes. Cela représente 7% de la mortalité en France cette année-là ».
Le journaliste explique que l’étude 
« publiée mardi par Santé publique France montre que la consommation d’alcool n’a pas reculé depuis 2014 dans l’Hexagone. Elle confirme une nouvelle fois l’impact de la boisson sur la mortalité. Parmi ces décès, 16.000 sont arrivés à la suite d’un cancer, 9.900 résultent de maladies cardiovasculaires, 6.800 liés à une maladie digestive, 5.400 en raison d’un accident ou d’un suicide et plus de 3.000 à cause d’une maladie mentale ».
« La France figure dans le peloton de tête des pays les plus consommateurs d’alcool au monde, chez les 15 ans et plus. Elle occupe la 6e place parmi les 34 pays membres de l’OCDE », 
continue Charles Delouche.
Le journaliste note que selon Santé publique France
, « la consommation se stabilise depuis 4 ans, alors que la tendance était à la baisse depuis de nombreuses années. En 2017, les Français de plus de 15 ans buvaient en moyenne 11,7 litres d’alcool pur par an, soit la même quantité qu’en 2013, contre 26 litres en 1961, et jusqu’à 35 litres par an au début du XXe siècle ».
Charles Delouche continue : 
« Un Français sur dix boit de l’alcool tous les jours. Le pourcentage des usagers quotidiens est passé de 24% en 1992 à 10% aujourd’hui ».
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a réagi : 
« Des cancers, des maladies cardio-vasculaires et digestives mais aussi des accidents de la route, des violences et des suicides. La meilleure protection face aux dangers de l’alcool, c’est la responsabilité de chacun. Diminuons notre consommation. Sensibilisons nos proches ».
De son côté, Jean-Pierre Couteron, porte-parole de la Fédération addiction, remarque que 
« cette stabilisation de la baisse de consommation d’alcool pur est un mauvais signe. On ne boit certes plus tous les jours mais lorsqu’on choisit de boire, on consomme beaucoup. C’est une transformation générationnelle qui s’opère ».
Charles Delouche souligne ainsi qu’
« en 2017, 5% des Français consommaient 6 verres ou plus en une même occasion toutes les semaines. Un pourcentage qui s’élève à 19,4% chez les 18-24 ans tandis qu’il n’est que de 1% chez les plus de 55 ans ».
Jean-Pierre Couteron évoque un 
« changement de mode de consommation et de culture de l’alcool. On continue de s’éloigner de l’alcool quotidien, de ce qu’on appelait dans les années 50 le rouge étoilé : des bouteilles de vin vendues par caisses entières, peu alcoolisées, qui se buvaient midi et soir dans les familles françaises ».
La Croix observe également que 
« l’alcool cause plus de 40.000 décès par an dans l’Hexagone. [..] 90% de ces décès surviennent en absorbant plus de 5 verres par jour. Autre constat, plus de la moitié de l’alcool consommé en France l’est par 10% de la population ».
« Voilà de quoi redonner de la vigueur aux arguments des médecins qui dénoncent la tiédeur avec laquelle, selon eux, le gouvernement lutte contre la consommation excessive d’alcool en France », 
relève le journal.
Il souligne que 
« même une consommation relativement modérée n’est pas sans risque puisqu’un peu moins de 500 morts sont survenues avec un usage de moins de 18 g par jour (soit un peu moins de 2 verres) ».
La Croix remarque qu’
« au cours des dernières décennies, la consommation d’alcool a fortement baissé. En 1930, elle était de 65 g par jour et par personne. Elle est ensuite descendue à 57 g en 1957, puis à 26 g en 2013. Un chiffre resté stable depuis » ;
« En dépit de cette évolution, la consommation d’alcool «reste profondément ancrée dans les pratiques culturelles françaises», souligne Santé publique France, en ajoutant que notre pays se situe au 6e rang des nations les plus consommatrices parmi les 34 pays de l’OCDE », 
ajoute le quotidien.

Date de publication : 20 février 2019

 

 

Revue de presse santé psy – janvier 2019

 

« « Filmer » le cerveau pour mieux comprendre le sommeil »

La Croix

Denis Sergent remarque dans La Croix : « Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous dormons ? ».
Le journaliste fait ainsi savoir que 
« des biophysiciens et des neurobiologistes (Inserm, ESPCI, CNRS et Sorbonne Université) ont réalisé les premiers films de l’ensemble du cerveau du rat pendant son sommeil en couplant la classique électroencéphalographie […] à une technique innovante d’imagerie par ultrasons ultrarapides (fUS) développée par Mickaël Tanter ».
Ce dernier, biophysicien, précise :
 « Cette approche permet de visualiser, avec une grande précision, les variations de flux sanguin liées à l’activité neuronale de l’ensemble du cerveau de rats éveillés et en mouvement ».
Denis Sergent note que 
« les chercheurs ont ainsi pu observer le fonctionnement du cerveau des rongeurs, notamment pendant la phase de sommeil paradoxal. […] Jusqu’ici, on pensait que le sommeil paradoxal était uniquement lié aux rêves et aux émotions. Mais de récentes études ont montré qu’il jouait également un rôle majeur dans la plasticité neuronale d’une zone située à peu près au centre du cerveau, l’hippocampe, une région cruciale pour la mémoire ».
Le journaliste relève ainsi que 
« le sommeil paradoxal est associé à une forte augmentation du débit sanguin dans le cerveau, se présentant sous forme de «vagues» qui atteignent d’abord les régions sous-corticales et se déplacent ensuite le long de l’hippocampe puis du cortex. Ces pics d’augmentation du débit sanguin pourraient être induits par un signal électrique dans l’hippocampe ».
Mickaël Tanter souligne que 
« ces premiers films du cerveau entier durant le sommeil paradoxal confirment l’intérêt des ultrasons neurofonctionnels pour la recherche fondamentale en neurosciences ».
Denis Sergent conclut qu’
« à l’heure actuelle, la technique par ultrasons reste difficile à appliquer chez l’être humain adulte, à la différence du nouveau-né. Ces résultats représentent néanmoins une avancée pour la compréhension du couplage entre activité électrique et vasculaire, un phénomène impliqué dans des maladies comme l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou l’épilepsie ».

Date de publication : 8 janvier 2019

« Psychiatrie, un système sous contention »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui constate dans une enquête que « la disparité territoriale en termes de prise en charge des malades et le nombre de postes vacants inquiètent les professionnels », et se penche sur quatre établissements français.
Eric Favereau remarque ainsi qu’
« en France, les malades mentaux sont souvent maltraités. Ou plus exactement, c’est la loterie. Le paysage de la psychiatrie publique est en effet comme un puzzle, éclaté, sans cohérence d’ensemble. Certaines zones territoriales – et équipes médicales – arrivent à fonctionner. D’autres se battent ou s’effondrent ».
« Pour le malade, c’est la grande incertitude dans la prise en charge, l’arbitraire parfois. On attache bien plus les patients dans l’Hexagone que dans les pays voisins. Et, depuis 20 ans, les chambres d’isolement se sont multipliées », 
poursuit le journaliste.
Eric Favereau publie des reportages au Havre, à Lyon, à Plouguernével (Côtes-d’Armor), ou encore à Saint-Etienne avec ses « 
urgences sous tension ». Le journaliste note que Jean-Claude Mazzini, ex-président de l’Unafam (Union des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) de la Loire, « n’en peut plus, il ne sait plus quoi faire : «Vous vous rendez compte, à Saint-Etienne, on ne prend plus en charge les nouveaux malades mentaux. Ou alors au compte-gouttes» ».
Le journaliste explique qu’«
 au centre médico-psychologique de la Charité (CMP, lieu névralgique où se tiennent toutes les consultations psy de la ville), il y a des files d’attente de 300 personnes. Et pendant tout l’automne, le lieu a refusé tout nouveau patient ».
Jean-Claude Mazzini souligne ainsi 
: « Quand on reçoit des familles, on ne sait quoi faire. Notre conseil est d’attendre, c’est terrible, on leur dit d’attendre que la crise vienne et que la crise soit violente. Et quand la crise est là, on leur dit d’aller aux urgences… Mais ce n’est pas une solution adaptée quand on voit l’état de ce service ».
Eric Favereau poursuit : 
« Les urgences psychiatriques au CHU de Saint-Etienne ? En mars, on s’en souvient, elles ont fait parler d’elles. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, publiait alors en urgence des recommandations, dénonçant les traitements inhumains que devaient supporter les malades, attachés pendant des jours dans des couloirs en attendant une hypothétique place dans un lieu d’hospitalisation ».
« Ils étaient mis systématiquement sur un brancard et contentionnés. «On n’a ni la place ni le temps, alors on attache.» Telles étaient les pratiques du service des urgences. La contrôleuse exigeait des changements immédiats, qu’a promis la direction du CHU. Dix mois plus tard, on attend toujours », 
remarque le journaliste.
Eric Favereau écrit ainsi que «
 la situation de la psychiatrie publique à Saint-Etienne reste problématique. Depuis plusieurs mois, tous les syndicats, regroupés dans un collectif («Psy Cause»), ont lancé symboliquement une grève illimitée. «Que voulez-vous qu’on fasse ? lâche un infirmier CGT. On se fait injurier par la direction, on nous a intimé l’ordre de ne pas parler à l’extérieur pour ne pas abîmer l’attractivité du CHU. Et le personnel est à bout». Une infirmière FO : «Comme on ne peut plus prendre de nouveaux malades, notre activité va baisser et on va dire que l’on est trop nombreux.» Cercle vicieux, logique désespérante, dialogue limité entre les professionnels de santé mentale et la direction ».
Dans un autre article intitulé 
« Psychiatrie : des malades délaissés, les syndicats remontés », le journaliste remarque : « L’année 2019, année de tous les dangers pour la psychiatrie française ? Assurément. Le secteur de la psychiatrie publique est mal en point comme jamais. Et les autorités donnent le sentiment de faire juste ce qu’il faut pour que cela n’implose pas complètement ».
Eric Favereau continue : 
« Malgré une enveloppe de 50 millions d’euros allouée en fin d’année par le ministère de la Santé à la psychiatrie, la situation dans les hôpitaux devient explosive. Au manque de moyens s’ajoute la montée en puissance des neurosciences ».

Date de publication : 9 janvier 2019

« Lyon : le Samu découvre les vertus de l’hypnose »

20 minutes

Le Point note en effet que « depuis 2 ans, le Samu 69 a intégré l’hypnose à sa panoplie de soins. Une résolution qui semble porter ses fruits », remarque le magazine, qui relaie une information parue dans 20 Minutes.
Le Point observe ainsi que 
« si l’hypnose souffre encore de nombreux clichés, certains professionnels de la santé ont su les dépasser ». Le magazine cite Pierre-Yves Gueugniaud, chef de service du Samu, qui « reconnaît qu’il n’a pas été conquis d’entrée de jeu ». Le praticien remarque : « Je me disais que cela allait nous faire perdre du temps lors de nos prises en charge pré-hospitalières ».
Le Point indique que l’urgentiste 
« a fini par se laisser convaincre. Si bien que la pratique est désormais entrée dans les mœurs du Samu 69. Médecins, ambulanciers, infirmiers, assistants de régulation médicale… De plus en plus de membres du personnel sont formés à l’hypnose, y compris les soignants en lien avec des enfants. Et cela semble porter ses fruits ».
Pierre-Yves Gueugniaud observe que 
« l’hypnose permet d’éviter les tensions, de calmer l’angoisse des patients ».
Le Point ajoute que 
« grâce à des interventions plus apaisées, le nombre de médicaments utilisés a même diminué ». Un infirmier du Samu lyonnais déclare : « Nous pouvons remettre un membre déplacé sans avoir à poser un cathéter ou à donner un médicament intraveineux contre la douleur ».
« Cerise sur le gâteau, le recours aux techniques d’hypnose ne coûte presque rien au Samu, hormis la formation du personnel. Un argument qui a fini de convaincre le chef de service », 
observe Le Point.

Date de publication : 10 janvier 2019

« La dépression se joue-t-elle aussi dans notre assiette ? »

Les Echos

Yann Verdo remarque en effet dans Les Echos : « L’alimentation serait-elle un facteur clef dans la lutte contre la dépression, cette maladie mentale étroitement liée à notre système immunitaire et à notre microbiote intestinal ? A la lumière des découvertes récentes sur le « deuxième cerveau », cette piste est de plus en plus étudiée. Et étayée ».
Le journaliste explique qu’
« une nouvelle étude sur la dépression […] doit prochainement paraître dans « La Presse médicale ». Réalisée par une équipe de chercheurs de l’université Aix-Marseille, elle montre que le taux de dépressions en France est passé de 6% dans les années 2000 à 8% dans les années 2010 ».
Guillaume Fond, coauteur, psychiatre et médecin de santé publique à l’hôpital de la Conception (AP-HM), souligne qu’
« une augmentation de deux points en dix ans ne peut pas être le fait du hasard ».
« En ligne de mire : tous les facteurs dépressogènes que recèlent notre environnement et notre mode de vie. Le stress, bien sûr, mais pas seulement, avertit le chercheur. La mauvaise qualité de notre alimentation jouerait aussi un rôle de premier plan dans cette inexorable montée des troubles dépressifs. Et cette même alimentation pourrait, si elle était mieux choisie, se révéler au contraire une puissante alliée dans la lutte contre cette maladie, en complément des traitements classiques par antidépresseurs », 
continue Yann Verdo.
Le journaliste relève que «
 le lien entre dépression et alimentation n’a a priori rien d’évident pour un non-spécialiste. Le trait d’union entre les deux est le système immunitaire. De plus en plus d’études sont venues montrer, ces dernières années, que la dépression entretenait un lien étroit avec cette réaction de défense immunitaire qu’est l’inflammation ».
« «Or, l’alimentation moderne est de plus en plus inflammatoire», explique Guillaume Fond, car de plus en plus riche en sucres raffinés et en graisses saturées, mais aussi de plus en plus pauvre en nutriments de régulation du métabolisme, comme les vitamines ou les acides gras essentiels, dont certains ont un effet anti-inflammatoire », 
note Yann Verdo.
Le journaliste rappelle notamment qu’
« en 2016, une étude parue dans l’American Journal of Psychiatry avait démontré les effets bénéfiques, sur la dépression, d’au moins trois substances disponibles sous forme de compléments alimentaires : une famille d’acides gras, les oméga-3, et deux vitamines, la vitamine D et le méthylfolate (une forme de la vitamine B9). Il a été prouvé que, pris en adjonction à un antidépresseur, ces nutriments réduisaient les symptômes dépressifs. Pourtant, du moins en France, les psychiatres sont encore rares à les prescrire systématiquement ».
Guillaume Fond déclare ainsi : « 
Il existe encore dans les esprits l’idée que les compléments alimentaires relèvent de la ‘médecine douce’, pour ne pas dire de la ‘médecine parallèle’. Pour la plupart des gens, prendre des vitamines est quelque chose qui ne peut pas faire de mal, mais qui ne constitue pas en soi un traitement. Mais notre regard change si l’on sait que la vitamine D est en réalité une hormone, et qu’elle joue un rôle dans le système immunitaire et les réactions inflammatoires ».
Yann Verdo relève en outre que 
« 95% de la sérotonine présente dans notre corps provient… de notre ventre ! Ces dernières décennies, les progrès de la biologie ont mis en lumière l’existence et le rôle complexe de ce qu’il est convenu d’appeler notre «deuxième cerveau» ».
« A la lumière de ces découvertes, on ne s’étonne plus que la clef de certaines maladies mentales puisse se trouver dans notre intestin. De fait, il apparaît que 90% de toutes les maladies connues ont un lien avec une perturbation du microbiote, que cette perturbation se range du côté des causes ou des effets. Est-il encore raisonnable de croire que les maladies mentales pourraient faire exception ? », 
poursuit le journaliste.
Il conclut : « 
L’alimentation, la composition de notre microbiote, mais aussi l’activité physique, qui toutes ont une influence sur notre statut inflammatoire, ne devraient donc pas être négligées dans le traitement de la dépression. Dans bien des pays, ces éléments font d’ailleurs partie de la «boîte à outils» du psychiatre. La France, à cet égard, a incontestablement un train de retard ».

Date de publication : 14 janvier 2019

« Prévenir les addictions chez les ados »

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui évoque les « idées reçues » sur le sujet, « alors que le nouveau plan du gouvernement se fixe comme premier objectif de protéger [les ados] «dès le plus jeune âge» », et cite l’addictologue Laurent Karila (hôpital Paul-Brousse, AP-HP). Il souligne que « les ados sont en péril. Il est grand temps de faire des addictions une cause nationale ».
Le spécialiste explique notamment que « nous ne sommes pas égaux face à l’addiction. Certains ont plus de prédispositions génétiques que d’autres. Cela a été montré très clairement pour l’alcool. Les facteurs génétiques entreraient au moins à hauteur de 40% ».
Le Parisien observe : « Quels gènes sont impliqués ? Les neurobiologistes y travaillent. Seule certitude : toutes les addictions liées à un produit ou à un comportement (surconsommation d’écrans, de sexe…) fonctionnent de la même manière : elles perturbent le système de récompense du cerveau »
Le quotidien relève en outre que « c’est entre la classe de 4e et 3e que la progression de consommation de cannabis est la plus forte… C’est aussi autour de 15 ans qu’on expérimente la première ivresse ».
« Pour contrer le fléau du binge drinking (beuverie express), les addictologues préconisent un accompagnement gradué par les parents : jusqu’à 15 ans, c’est d’accord pour les premières fiestas, mais sans alcool, et en présence d’un membre de la famille », 
continue le journal.
Le Parisien poursuit : « Une petite consommation est sans danger : faux ». Le Dr Karila indique ainsi que « tous les produits psychoactifs comportent un risque. Il est maintenant prouvé que le cannabis, chez des sujets souffrant de troubles psychiatriques préexistants, peut accélérer l’apparition de troubles bipolaires ou la schizophrénie ».
L’addictologue précise enfin que « si le cannabis est particulièrement dangereux à l’adolescence, c’est parce qu’à cette période le cerveau est en plein remodelage neuronal et hormonal ». Le journal note ainsi que « sur ces cerveaux, le THC [substance active] peut faire l’effet d’une mini-bombe ! Alors, si on s’inquiète, vite, on lui glisse l’adresse de l’une des quelque 500 consultations jeunes consommateurs (CJC) présentes au niveau de chaque département. Votre ado peut s’y rendre, seul ou accompagné. C’est anonyme et gratuit ».

Date de publication : 14 janvier 2019

 

« Fatigue chronique : un syndrome encore trop méconnu »

Le Figaro

Anne Prigent indique en effet dans Le Figaro : « Une fatigue qui dure depuis plusieurs mois, incapacité à récupérer grâce au sommeil, malaises et épuisement durable après un effort, des douleurs intenses dans les muscles et les articulations, de la fièvre, de l’hypotension…Tous ces signes cliniques sont ceux du syndrome de fatigue chronique ».
La journaliste note que 
« cette pathologie qui concernerait entre 150.000 et 300.000 personnes en France est encore trop souvent méconnue par les soignants eux-mêmes comme le rappelle une étude publiée le 10 janvier sur le site de la revue Emergency Medicine ».
Anne Prigent relève ainsi que
 « 42% des personnes souffrant d’un syndrome de fatigue chronique qui sont passées aux urgences affirment que leur plainte a été considérée comme psychosomatique, selon le sondage réalisé par une équipe de chercheurs de l’université de Georgetown (États-Unis) ».
La journaliste observe que 
« cette crainte de ne pas être pris au sérieux décourage les malades qui hésitent à avoir recours aux services d’urgence lorsqu’ils vont très mal. Dans l’étude américaine, 41% des personnes interrogées ne s’étaient pas rendues aux urgences alors qu’elles étaient victimes d’un malaise pour cette raison ou parce qu’elles pensaient que rien ne pouvait être fait pour les soulager ».
Le Pr Jean-Dominique de Korwin, responsable du service de médecine interne au CHU de Nancy et président du conseil scientifique de l’Association française du syndrome de fatigue chronique (AFSFC), remarque pour sa part que 
« s’il est vrai qu’on ne meurt pas d’un malaise post-effort, renoncer à faire appel aux urgences lorsqu’on se sent mal c’est aussi prendre le risque de ne pas diagnostiquer de véritables urgences vitales ».
Anne Prigent relève que 
« ces patients ont de quoi dérouter les médecins. Ils arrivent aux urgences avec des signes cliniques sévères comme des douleurs musculaires insupportables, de la tachycardie, une incapacité à tenir debout seuls… ».
« Mais lorsqu’on réalise des examens, on ne trouve rien », 
indique le Pr de Korwin. La journaliste note en effet que « pour le moment, il n’existe aucune anomalie biologique ou radiologique spécifique du syndrome de fatigue chronique. C’est pourquoi les patients qui s’en plaignent sont souvent perçus comme des malades imaginaires à qui l’on conseille d’aller consulter un psychiatre ».
Robert Schenck, président de l’AFSFC, souligne que 
« c’est une catastrophe pour ces malades qui ne relèvent en rien de la psychiatrie. Pourtant, bon nombre d’entre eux passent par la case psychiatre, ce qui engendre une errance diagnostique. Cette dernière dure en moyenne 4 à 5 ans ».
Anne Prigent ajoute que 
« l’origine de cette fatigue extrême demeure toujours inexpliquée et reste largement débattue au sein de la communauté médicale. Une théorie « psychosomatique » insiste sur la présence d’une fatigue mentale et d’une détresse psychique. Mais pour le Pr de Korwin la théorie la plus probable aujourd’hui est celle de la piste inflammatoire ou immunologique ».
Le Pr Patrick Chérin, médecin interniste à la Pitié-Salpêtrière à Paris, précise de son côté que 
« chez 30% des patients environ, on retrouve un stress post-traumatique au cours de l’enfance ».
La journaliste note enfin que «
 pour le moment, faute d’avoir identifié un ou plusieurs mécanismes pathologiques, les médecins n’ont pas grand-chose à proposer pour soulager les malades. La prise en charge repose sur des thérapies cognitivo-comportementales pour apprendre à gérer son énergie et éviter les malaises après l’effort ».
Le Pr Chérin ajoute qu’« 
il faut également mettre en place des stratégies pour continuer à bouger malgré la fatigue ».

Date de publication : 14 janvier 2019

« L’hypnose, une aide utile en intervention d’urgence »

Le Figaro

Le Figaro constate que « l’hypnose médicale a acquis ses lettres de noblesse. Principalement utilisée contre la douleur ou encore l’anxiété liée à un geste médical, l’hypnosédation, comme on l’appelle en médecine, s’est imposée, depuis plusieurs années déjà, au sein des hôpitaux et des salles d’opération ».
Le journal relève qu’
« aujourd’hui, elle investit un service hospitalier beaucoup plus inattendu. Celui des Samu. Dans ce domaine de l’urgence absolue, souvent vitale, rempli de bruit et d’agitation, la pratique de l’hypnose peut sembler complètement anachronique. Et pourtant, de Lille à Marseille en passant par Metz ou encore Lyon, de plus en plus de Samu se convertissent à cette pratique ».
Le Pr Pierre-Yves Gueugniaud, chef du service du Samu de Lyon, précise qu’
« on ne va pas utiliser l’hypnose chez un patient dans le coma ou en arrêt cardiaque. Mais lorsque les patients sont conscients, la douleur est présente dans plus de deux tiers des cas. L’hypnose peut alors avoir sa place ».
Le Figaro rappelle ainsi que 
« depuis 2017, la Société française de médecine d’urgence a listé les indications pouvant relever de l’hypnose. De la gestion du stress de la personne appelant le centre 15 jusqu’à la prise en charge de la douleur lors d’un accident de la route, le champ d’application est large ».
Le Dr Nazmine Guler, urgentiste au CHR de Metz-Thionville, observe :
 « Par exemple lors d’infarctus du myocarde, l’hypnose permet de soulager la douleur et d’éviter l’injection de morphine. De plus, toujours grâce à l’hypnose, le patient va diminuer sa tension et sa tachycardie ».
Le journal explique que 
« la mise en condition d’hypnose se fait dès le premier contact avec le patient. Dans l’idéal, dès l’appel au centre 15 ». Le Dr Vincent Brulin, urgentiste au Samu de Lille, indique ainsi que « dès le premier contact, la communication et le comportement vis-à-vis des patients doivent être positifs et bienveillants. Si je vous dis “n’ayez pas peur, je vais vous piquer, vous n’aurez pas mal”, vous retiendrez uniquement les mots peur, piquer et mal ».
« Les médecins formés à l’hypnose vont donc plutôt dire à la personne face à eux «rassurez-vous, je vais vous poser une perfusion et ce sera plus confortable». De la même façon, ils vont s’agenouiller pour être à la hauteur de la personne ou encore lui serrer la main et se présenter, même en situation d’urgence. Ensuite, en lui parlant, il s’agit d’amener le patient ailleurs, de l’éloigner de sa douleur… C’est l’hypnose conversationnelle », 
poursuit le quotidien.
Le Figaro note que «
 les enfants sont particulièrement réceptifs à l’hypnose. Plongé dans un match de foot à la télé ou dans un jeu sur sa Game Boy imaginaire, un enfant ne bronchera pas lorsqu’on lui posera une perfusion ».
Le quotidien ajoute que 
« les urgentistes convertis à l’hypnose en parlent avec enthousiasme. Ils mettent en avant son efficacité sur le stress des interventions, son action sur la consommation d’antalgiques ou encore la reconnaissance des patients. La méthode doit cependant faire ses preuves. Pour le moment, la littérature scientifique sur le sujet est en effet inexistante ».

Date de publication : 21 janvier 2019

« Les psychanalystes à l’heure du fake »

Libération

C’est ce que titre Libération, qui constate que « les remises en cause ont poussé de nombreux praticiens à s’exprimer pour défendre une discipline plus que jamais au cœur des problématiques les plus brûlantes de notre société ».
Le journal publie ainsi une tribune de Pascal-Henri Keller, professeur de psychopathologie clinique, université de Poitiers, et Patrick Landman, psychiatre, psychanalyste, et juriste.
Les deux auteurs écrivent notamment que 
« les mises en cause incessantes et injustifiées de leur discipline ont […] fait naître chez [les psychanalystes] le désir de se rassembler pour se faire entendre. Car ils savent que dans l’esprit du public et des décideurs politiques, la psychanalyse est le plus souvent attachée aux représentations fragmentaires et caricaturales générées par ces attaques permanentes. Ils savent aussi que leur discipline centenaire, considérée comme une source permanente de controverses, est pourtant partie prenante de la vie sociale, professionnelle et même privée, de leurs contemporains ».
Ils remarquent que 
« d’une façon générale, dans les domaines de la santé mentale et de la psychiatrie, de la médecine, de l’enseignement, de l’éducation, de l’information ou encore de la justice, les psychanalystes apportent sans contestation possible leur contribution, au bénéfice des professionnels concernés comme des usagers ».
Ils écrivent qu’
« à l’ère des fake news et en plein développement des fausses sciences, les psychanalystes rappellent que leur travail concerne la vérité du sujet dont la parole porte témoignage. Si la référence à la vérité n’exclut pas la critique, les reproches qui visent le plus souvent la psychanalyse relèvent plus du stéréotype et de l’idée reçue que de l’argumentation rigoureuse ».
« Ainsi, continuer à faire de l’inconscient freudien une croyance héritée du XIXe siècle dépassée par la science moderne résonne au XXIe comme un aveu d’ignorance. Non seulement, les psychanalystes contribuent à faire avancer la connaissance sur l’autisme, une pathologie identifiée au début du XXe, mais ils étudient désormais les phénomènes les plus contemporains : l’homoparentalité, le retrait social des jeunes ou hikikomori, ou encore la radicalisation islamique des adolescents », 
soulignent Pascal-Henri Keller et Patrick Landman.
Ils ajoutent : 
« Compte tenu de leur incessante activité dans ces différents domaines et soutenus par les chercheurs et scientifiques avec lesquels ils collaborent, les psychanalystes estiment avoir gagné le droit d’inscrire leurs travaux cliniques, non seulement dans le cadre de la recherche scientifique universitaire et académique, mais aussi dans l’ensemble du paysage culturel français ».

Date de publication : 21 janvier 2019

« Ils vont manifester pour une psychiatrie plus humaine »

La Croix

La Croix fait savoir qu’« une manifestation nationale de défense de la psychiatrie est organisée [aujourd’hui] à Paris pour réclamer les «moyens d’accueillir et de soigner dignement les patients» ».
« Voilà le message que viendront porter des responsables syndicaux mais aussi des représentants de collectifs qui, ces derniers mois, se sont créés un peu partout en France à l’occasion de conflits locaux, parfois très durs », 
continue le journal.
Christelle Leclerc, infirmière CGT à l’hôpital Pinel d’Amiens, souligne que 
« ces collectifs regroupent des soignants, syndiqués ou non, ainsi que des usagers, des citoyens. Peu importent les étiquettes. On est tous là pour défendre une psychiatrie plus humaine ».
La Croix explique en effet que 
« le collectif «Pinel en lutte» pourra témoigner que se mobiliser n’est pas inutile. Pendant plus de 7 mois, une partie du personnel de ce vaste établissement psychiatrique de la Somme a fait grève pour réclamer des moyens supplémentaires. Un conflit au long cours qui a pris fin mi-janvier par un protocole d’accord signé avec la direction de l’hôpital ».
Christelle Leclerc précise que 
« sur les 35 postes supplémentaires de soignants que nous réclamions, nous en avons obtenu 30. C’est une grande victoire ».
Le journal note ainsi : 
« Davantage de moyens humains pour «éviter que le soin ne soit vidé de son sens»… Voilà ce que réclament d’autres syndicats ou collectifs, parfois au prix d’opérations spectaculaires. En mai, 7 soignants de l’hôpital du Rouvray, près du Havre, se sont lancés dans une grève de la faim, interrompue 3 semaines plus tard après la conclusion d’un accord avec la direction prévoyant la création de 30 postes et d’une unité pour adolescents ».
Le quotidien s’interroge : 
« La santé mentale est-elle à ce point en déshérence budgétaire ? En 2017, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociale (Igas) nuançait un peu ce constat. Il notait que, comparé aux autres pays européens, la France a un taux «relativement élevé» d’équipement en lits de psychiatrie ».
« «Il est inexact de parler d’un appauvrissement de la psychiatrie», indiquait ce rapport, en relevant que la dotation annuelle de financement (DAF) aux établissements a augmenté de 8,4% de 2009 à 2016. Mais cette DAF n’est pas toujours affectée comme il le faudrait. C’est le constat que font 120 psychiatres dans un courrier adressé en novembre à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé », 
poursuit La Croix.
Le Pr Antoine Pelissolo, chef du service à l’hôpital Henri Mondor à Créteil, souligne ainsi que
 « dans certains endroits, cette dotation n’est pas intégralement attribuée aux services de psychiatrie. Des hôpitaux en tension financière piochent dans cette enveloppe pour soutenir d’autres services. […] Nos services sont débordés et le système craque de partout ».
Le Pr Pelissolo ajoute :
 « Nous avons de plus en plus de personnes en souffrance psychique qui ne peuvent pas vivre seules et ou n’ont plus d’hébergement. Et le problème est que cela peut prendre beaucoup de temps pour leur trouver une place dans un foyer ou une structure d’accueil spécialisés. Dans tous les services de psychiatrie, il y a au moins un tiers des lits destinés à recevoir des patients en situation de crise aiguë qui sont occupés par ces patients que nous gardons pour qu’ils ne se retrouvent pas à la rue ».

Date de publication : 22 janvier 2019

« L’hôpital psychiatrique est devenu uniquement un lieu de crise »

Libération

Libération note à son tour que « syndicats et collectifs de soignants, familles de patients, travailleurs sociaux se sont donné rendez-vous [hier à Paris], à l’occasion de la journée nationale de la psychiatrie », pour « témoigner […] de la dégradation de la prise en charge des patients en psychiatrie ».
Le journal relève notamment :
 « «Avant j’aimais mon métier, maintenant je suis écœurée. Avant j’étais payée pour soigner, maintenant je suis payée pour maltraiter. Aujourd’hui je dis stop», peut-on lire au dos de la blouse blanche de Nathalie, 45 ans, infirmière à l’hôpital psychiatrique d’Argenteuil depuis 18 ans. Une inscription qui reflète l’état d’esprit ambiant ».
Le quotidien souligne que 
« le manque de lits et d’effectifs est sur toutes les lèvres, des soignants aux familles des patients. Le nombre de lits de psychiatrie générale a diminué de 60% entre 1976 et 2016 selon l’Inspection générale des affaires sociales ».
Libération cite entre autres Linda, 55 ans, infirmière à Argenteuil, qui remarque : 
« L’hôpital psychiatrique est devenu uniquement un lieu de crise. Maintenant, pour être hospitalisé, il faut que les patients arrivent au stade de la crise ».
Le journal note ainsi : 
« Des manifestants observent que les patients qui arrivent sont dans un état de crise de plus en plus avancé et que les hospitalisations se font toujours plus sous contrainte. Et puis, à peine sortis, on les oriente vers un projet social sans penser à la phase de stabilisation ».
Le quotidien ajoute que 
« dans la foule, on croise deux psychologues (très peu représentés parmi les manifestants) qui exercent au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris : Esther, 39 ans, psychologue depuis 10 ans, et Lena, 59 ans, depuis 30 ans. Les deux regrettent que, de plus en plus, l’accent soit uniquement mis sur les neurosciences et appellent à une approche plurielle qui prenne en considération la singularité et l’histoire du patient ».
« Quant à la prise en charge, elles observent aussi que les patients sortent souvent avant d’être stabilisés et que, faute de temps et de soignants, la contention (l’entrave du patient) redevient un soin à part entière », 
remarque Libération.

Date de publication : 23 janvier 2019

« Complexe comme un cerveau qui dort »

Les Echos

Yann Verdo observe dans Les Echos : « Qu’il s’agisse du sommeil profond ou du sommeil paradoxal, l’exploration de l’activité nocturne du cerveau n’en finit pas de nous révéler de nouvelles surprises. Notamment en ce qui concerne les liens du sommeil avec la mémoire ».
Le journaliste remarque ainsi que
 « tout récemment, une étude réalisée par une équipe associant des chercheurs du CNRS et de l’ENS Paris, et parue dans la revue Nature Human Behaviour […], est venue montrer à quel point le cerveau endormi restait attentif à son environnement ».
Yann Verdo explique que les auteurs 
« ont exposé des dormeurs à deux voix, très similaires sur le plan acoustique mais tenant des discours différents : l’une, un flot de mots ressemblant à du français mais en réalité dépourvus de toute signification ; l’autre, des textes cohérents et informatifs ».
« L’analyse réalisée grâce à l’imagerie cérébrale a permis de montrer que le cerveau des participants privilégiait le discours faisant du sens au détriment de l’autre. D’où le fait que l’annonce du nom de sa station puisse réveiller une personne « piquant du nez » dans le bus ou dans le métro, et lui permettre de descendre juste à temps… », 
observe le journaliste.
Il précise cependant que
 « cette capacité du cerveau endormi à continuer de discriminer les informations auditives en fonction de leur utilité ne vaut […] que durant le sommeil léger ».
Yann Verdo indique que 
« le sommeil profond a lui aussi ses curieuses spécificités, que diverses expériences ont peu à peu mises en lumière. Par exemple, […] il a été montré il y a dix ans, dans la revue Science, que si on demandait à un sujet de mémoriser l’emplacement de différents objets sur un échiquier, chaque objet étant associé à un son spécifique, puis qu’on lui faisait entendre certains de ces sons pendant qu’il était en sommeil profond, il se souvenait mieux, à son réveil, de la position des objets correspondants que des autres ! ».
Le neurobiologiste Robert Jaffard, professeur émérite à l’université de Bordeaux, indique ainsi : «
 Les études d’imagerie montrent que les réseaux neuronaux qui se sont activés, à l’état de veille, pour accomplir une tâche donnée […], se réactivent spontanément, à l’identique quoique de façon ‘compressée’ (accélérée dans le temps), durant le sommeil profond ».
« Comme si le cerveau, en sommeil profond, rejouait la scène en accéléré pour mieux se l’assimiler. Et les stimuli extérieurs, qu’ils soient auditifs ou olfactifs, peuvent déclencher ce processus »,
 continue Yann Verdo.
Le journaliste note enfin que 
« plus abondant en fin de nuit qu’à son commencement, le sommeil paradoxal, qui a été jusqu’à présent beaucoup moins étudié que le sommeil profond, demeure à bien des égards une énigme ».
Il évoque une étude publiée en décembre dans 
Nature Communications : « En utilisant une nouvelle technique d’imagerie par ultrasons ultrarapides appelée fUS (pour «functional ultrasounds»), une équipe du laboratoire Physique des ondes pour la médecine (Inserm/ESPCI) a pu, pour la première fois, «filmer» dans sa totalité le cerveau d’un rat endormi. Ces images, inédites par leur caractère à la fois global et très détaillé, ont permis de mettre en évidence la survenue, durant le sommeil paradoxal, d’un processus cérébral encore insoupçonné ».
« Cela commence par l’émission, par l’hippocampe, d’oscillations gamma à très haute fréquence. Ces oscillations précèdent, avec une régularité de métronome, de très fortes poussées vasculaires qui se propagent sous forme de vagues dans tout le cerveau, poussées au cours desquelles le débit sanguin va jusqu’à doubler par rapport à ce qu’il est durant la journée. Si les ondes gamma sont aussi présentes à l’état d’éveil, ces brusques et encore inexpliquées irruptions vasculaires, propres au sommeil paradoxal, lui ajoutent un mystère de plus », 
relève Yann Verdo.

Date de publication : 28 janvier 2019

« L’autisme, un trouble précoce du développement cérébral mieux compris »

Le Figaro

Damien Mascret évoque dans Le Figaro le quatrième plan national autisme (2018-2022), qui « affiche comme objectif de permettre, d’ici à 2021, l’insertion scolaire de tous les enfants atteints de TSA » (troubles du spectre autistique).
Le journaliste remarque ainsi : 
« Il y a une trentaine d’années, c’est sous les huées que le Pr Catherine Barthélémy, pédopsychiatre, présentait les découvertes d’anomalies neurobiologiques dans l’autisme. Jeudi dernier, ce sont des applaudissements nourris qui l’ont accompagnée à sa descente de la tribune du 17e congrès annuel de la psychiatrie française (L’Encéphale) à Paris ».
« Elle participait à une session consacrée aux nouvelles prises en charge de l’autisme, qui s’appuient sur l’approche neurologique qu’elle défend depuis longtemps », 
précise Damien Mascret.
Le journaliste indique notamment qu’
« en France, un enfant sur 100 présente un TSA, ce qui représente aujourd’hui 700.000 personnes vivant en France avec un tel handicap. Car le spectre est large et va de la personne avec autisme sévère (1% des TSA) qui n’a pas pu acquérir le langage (non-verbal) à l’autisme de haut niveau (dit Asperger) souvent capable de tenir une conversation, avec néanmoins une interprétation très littérale du langage ».
Damien Mascret relève en outre que 
« le 6 avril 2018, le premier ministre Édouard Philippe, en présentant le quatrième plan national autisme (2018-2022), annonçait un réel effort de 103 millions d’euros dédiés à la scolarisation stricto sensu, avec l’objectif ambitieux de permettre d’ici à 2021 l’insertion scolaire de tous les enfants atteints de TSA ».
« Le plan insiste aussi sur l’importance d’une intervention précoce », ajoute-t-il. Le Pr Barthélémy souligne ainsi que « le trouble du développement est extrêmement précoce, c’est pourquoi il doit être repéré dès la période périnatale pour permettre des interventions les plus précoces possible ».

La spécialiste observe cependant :
 « Comment sera financé le parcours précoce alors que le diagnostic ne pourra pas être posé avant 12-18 mois ? La question de l’ouverture des droits (en l’absence de diagnostic, NDLR) n’est pas anodine, il faut casser les verrous administratifs ».
« C’est tout l’enjeu du forfait d’intervention précoce en discussion. Espérons qu’il ne manque pas sa cible par excès de rigorisme médico-administratif », 
continue Damien Mascret.

Date de publication : 29 janvier 2019

« Pêcheurs, soignants, serveurs… les nouvelles victimes de la cocaïne »

La Croix

La Croix constate en effet que « la «blanche», longtemps réservée à une élite fortunée, touche désormais tous les milieux sociaux. Moins chère, consommée de façon assumée y compris au travail, elle n’a pourtant rien perdu de sa dangerosité ».
Le journal publie ainsi une 
« enquête sur une banalisation aussi alarmante que méconnue ». Il indique que « l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) [relève], dans son dernier rapport, un quadruplement de la consommation en vingt ans. 5,6% des Français ont pris au moins une fois de la cocaïne dans leur vie ».
« La déclinaison par métier chamboule les idées reçues : artisans et commerçants arrivent en tête des consommateurs (7,2%), les ouvriers devancent les cadres (5,3% contre 4,9%) », 
poursuit La Croix.
Le quotidien cite notamment Bernard Le Floch, médecin généraliste et 
« auteur d’une étude sur la prise d’opiacés chez les marins pêcheurs, [qui] constate chez eux «une prévalence forte de toxicomanie». Parmi ses patients, il compte des professionnels dépendants au cannabis, à la cocaïne, à l’héroïne… ».
Le médecin remarque :
 « Quand j’ai commencé à exercer, on parlait surtout de l’alcool, mais on n’en voit plus beaucoup. La drogue l’a un peu remplacé chez les jeunes générations ».
« Une observation que confirme une étude du Service de santé des gens de mer, menée sur le littoral atlantique en 2013 : sur 1000 marins pêcheurs testés, 4,5% étaient positifs à la cocaïne, tous âges confondus. Le chiffre grimpe à 8% chez les moins de 35 ans », 
observe La Croix.
Le quotidien explique que 
« la hausse de la production colombienne a entraîné une reconfiguration du marché français. Pour écouler une marchandise devenue abondante, les trafiquants vont désormais «vers les usagers plutôt que l’inverse» afin de «faciliter l’achat par les usagers les plus précarisés», décrypte l’OFDT ».
La Croix poursuit :
 « Leur méthode consiste à «fractionner les unités de ventes au demi-gramme, au quart de gramme». Un billet de 20 € suffit désormais à se procurer de la « C ». Des SMS submergent les usagers de promotions de même que, depuis peu, des offres envoyées par Snapchat, application dont les messages disparaissent en quelques secondes ».
Le journal cite 
« Thomas, 36 ans dont vingt accro à la coke, «abstinent» depuis onze mois, [qui] a longtemps cumulé deux jobs : le jour, aide-soignant dans le service de réanimation d’un hôpital de la région marseillaise ; la nuit, surveillant dans un centre pour personnes handicapées. […] Obsédé par le «produit» de longue date, il sniffait toujours plus en travaillant ».
Il déclare : 
« Rien ne m’arrêtait. Pour aller aux cabinets, il me fallait une trace ; pour faire la toilette d’une mamie, il me fallait une trace ; pour une perfusion, il me fallait une trace. Tout était prétexte et, à chaque trait, je pensais au prochain ».
La Croix relève que 
« la cocaïne ronge son quotidien et son salaire : 800 € par semaine pour trois grammes reniflés chaque jour. Tout y passe, jusqu’au projet immobilier. «Très vite, le coup du crédit est tombé à l’eau et mon boulot de nuit m’a permis de payer ma consommation pour deux semaines.» Il se met alors à travailler plus… pour consommer plus ».
Le journal note qu’«
 à l’époque, sur quelque 25 membres de son service à l’hôpital, cinq consommaient de la cocaïne – trois aides-soignants, un interne et une infirmière –, parfois ensemble aux toilettes. Jusqu’au jour où un vol de cartes bleues précipite Thomas en prison pour un an. Aujourd’hui « clean », il est déterminé à le rester ».
La Croix publie en outre un entretien avec le Dr Laurent Karila, psychiatre spécialisé dans l’addictologie à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, selon qui 
« les pouvoirs publics n’alertent pas suffisamment sur la dangerosité de cette drogue ».
Le médecin précise que 
« l’impact de la cocaïne sur le cerveau n’a rien à voir d’un individu à l’autre. En fait, l’installation de l’addiction dépend de divers paramètres. Ils sont d’abord d’ordre psychologique : certains individus présentent une tendance plus marquée que d’autres à la dépression, aux troubles anxieux… Viennent ensuite les facteurs environnementaux : le stress au quotidien, le cadre dans lequel on a consommé la première, le fait d’être entouré ou non de consommateurs. Reste enfin, le terrain génétique, important lui aussi ».
Le Dr Karila ajoute :
 « Le plus souvent, la dépendance s’installe sournoisement. Au bout d’un an ou deux de consommation, des troubles cognitifs apparaissent : troubles de la mémoire, de l’attention. Mais c’est surtout une drogue très cardiotoxique. Elle est vasoconstrictrice et le risque, au moment d’une prise, c’est qu’une artère se trouve serrée trop fort et qu’une partie de l’organisme ne soit plus irriguée ».
« Une étude a récemment montré que, après un trait, un cocaïnomane a un risque 24 fois plus élevé que la moyenne de faire un infarctus dans l’heure qui suit. Et ce, qu’il s’agisse du millième trait ou du tout premier, c’est totalement aléatoire », 
souligne le psychiatre.
Il remarque que 
« les autorités insistent avant tout sur [les méfaits] du tabac et de l’alcool et elles ont raison puisqu’ils font, à eux deux, 130.000 victimes par an. On parle de plus en plus du cannabis, mais on fait trop peu sur la cocaïne. À tort, car c’est vraiment en train de devenir une drogue problématique ».

Date de publication : 30 janvier 2019

 

 

Revue de presse santé psy – décembre 2018

 

« Une récompense pour des recherches sur les mécanismes de la dépression »

Le Figaro

« Quand on considère la dépression, qui touche ou touchera un Français sur cinq au cours de sa vie, on ne pense pas spontanément à l’inflammation (…). Pourtant voilà plus de vingt ans qu’à la tête de l’équipe de recherche Nutrition et psycho-neuro-immunologie, le Dr Lucile Capuron, directeur de recherche à l’Inra de Bordeaux, explore et défriche ce territoire », indique Damien Mascret dans Le Figaro. « Elle vient de recevoir le prix Marcel-Dassault 2018 pour la recherche sur les maladies mentales, doté de 300 000 euros et attribué par le comité scientifique de la Fondation FondaMental avec un jury international », annonce-t-il.

« Nos travaux ont montré que l’inflammation participe à la survenue de la dépression. Nous savons aussi que la prise d’agents inflammatoires, de type interféron utilisé dans certains cancers ou hépatites, est responsable d’un épisode dépressif chez la moitié des patients », explique le Dr Capuron.

« Les travaux d’autres équipes ont aussi montré que l’inflammation était associée à une réponse diminuée aux antidépresseurs et qu’à l’inverse la prise d’anti-inflammatoires améliorait les symptômes de patients dépressifs qui avaient de l’inflammation », note le journal.

« Deux neurotransmetteurs jouent un rôle clé dans les mécanismes de la dépression : la sérotonine et la dopamine. Ils sont eux-mêmes fabriqués grâce à des acides aminés apportés par l’alimentation : le tryptophane pour la sérotonine ; la phénylalanine et la tyrosine pour la dopamine. Mais les chercheurs sont allés plus loin car ils se sont aperçus que deux enzymes jouaient un rôle dans la synthèse de ces deux neurotransmetteurs : l’IDO pour la sérotonine et le BH4 pour la dopamine », explique l’article.

« Le projet de recherche lancé par Lucile Capuron et son équipe a deux volets. Un premier volet d’observation chez l’homme, qui étudiera les liens entre la dépression, l’inflammation générale de l’organisme et les neurotransmetteurs de la sérotonine et de la dopamine, d’une part, l’impact sur les voies cérébrales sérotoninergiques et dopaminergiques en imagerie cérébrale, d’autre part », détaille-t-il. « Un second volet plus expérimental, chez l’animal. Lorsqu’ils présentent une inflammation, les animaux recevront soit des médicaments anti-inflammatoires ou des traitements ciblant spécifiquement les voies IDO et BHA, soit des compléments alimentaires riches en tryptophane et tyrosine pour rétablir les niveaux déficients d’acides aminés. Cela permettra d’évaluer la réponse thérapeutique », poursuit-t-il.

« C’est une étape majeure dans l’ère de la médecine de précision en psychiatrie. Nous allons mieux comprendre les mécanismes impliqués dans la dépression résistante et son expression clinique, identifier des mécanismes de résistance aux traitements standards et pouvoir définir des stratégies thérapeutiques ciblées et personnalisées basées sur la base du profil clinique et biologique du patient (prise de sang) », explique le Dr Lucile Capuron. Pour le Pr Marion Leboyer, directrice de FondaMental, « il faut aller plus loin » : « Nous sommes à l’aube de découvertes absolument majeures qui peuvent changer la vie des patients et nous avons tous les éléments (cohortes, études, investigateurs) pour mettre en place les recherches, il ne manque plus que les moyens sous la forme de partenariats public-privé », insiste-t-elle.

Date de publication : 5 décembre 2018

« Sous pression, les professionnels de santé souffrent de leur travail »

Le Parisien

« Surcharge de travail, patients exigeants voire agressifs, épuisement émotionnel, lourdeurs administratives… Les soignants souffrent » : « Un sondage montre à quel point leurs conditions de travail pèsent sur leur état de santé, surtout chez les infirmiers et les aides-soignants », révèle Soline Roydans Le Figaro.

La journaliste rappelle au préalable que « pour aller plus loin que les diverses plateformes d’écoute créées au fil du temps, l’Ordre des médecins et 7 associations d’aide aux soignants ont ainsi bâti un « Programme Aide Solidarité Soignant ». La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a, de son côté, lancé en juillet un Observatoire national pour la qualité de vie au travail des professionnels de santé ».

Selon le Carnet de santé Odoxa-MNH pour Le Figaro santé, France Info et Le Quotidien du médecin : « réalisé auprès de 6 078 professionnels de santé, dont 1 307 hospitaliers et 1 005 personnes représentatives de la population française de plus de 18 ans, ce sondage montre que les soignants ne sont pas en pleine forme et qu’ils ne sont pas toujours les mieux soignés », rapporte le journal.

« Ainsi, 35 % des professionnels de santé interrogés disent avoir été affectés par un problème de santé (hors maladie chronique) dans les deux derniers mois, contre seulement 21 % des Français. Aides-soignants et infirmiers sont les plus mal lotis (plus de 40 % disent avoir été malades, contre respectivement 28 et 26 % des médecins généralistes et des dentistes qui composent le bas du classement) », fait savoir l’article.

« Le sommeil des soignants interrogés ne semble pas de très bonne qualité : la moitié dit avoir des difficultés à dormir tous les jours ou plusieurs fois par semaine, aides-soignants et infirmiers étant là encore les plus exposés (36 et 29 % de mauvais dormeurs respectivement), de même que les hospitaliers (toutes professions confondues) », poursuit le journal. Il ajoute que « le fait que près de 60 % des professionnels de santé interrogés disent travailler le week-end, presque toujours ou régulièrement, ne doit pas être de nature à encourager leur repos… ». « Aides-soignants, infirmiers, sages-femmes et internes sont, sans surprise, les plus susceptibles de travailler le week-end (pour plus de 80 % d’entre eux) », précise-t-il.

« Lorsqu’ils sont malades, les soignants s’arrêtent de travailler moins souvent que les autres : ils disent n’avoir pris en moyenne que 7,5 jours d’arrêt de travail au cours des douze derniers mois, soit deux fois moins que les salariés français. Ces chiffres cachent cependant d’importantes disparités : si les hospitaliers prennent en moyenne autant de jours d’arrêt maladie que les Français, ceux qui travaillent en libéral disent ne s’être arrêtés que 3,5 jours en moyenne dans l’année précédente », souligne Le Figaro.

« Les soignants ne sont par ailleurs pas irréprochables quant à leurs comportements de santé, mais font cependant un peu mieux que la population générale. Ainsi, seuls 5 % des professionnels de santé interrogés disent boire de l’alcool quotidiennement et 76 % déclarent ne jamais fumer (selon les données 2017 de l’Institut de veille sanitaire, plus de la moitié des Français fume du tabac quotidiennement ou occasionnellement) », fait remarquer le journal. « Les infirmiers et aides-soignants sont les plus gros fumeurs, 20 % d’entre eux consommant du tabac tous les jours. Quant à l’activité sportive, elle est pratiquée par 65 % des soignants, avec une moyenne de 2,7 heures par semaine pour ceux qui disent pratiquer », note-t-il.
Le Figaro observe que « 
les médecins semblent mieux suivre certaines recommandations de santé publique : ils sont ainsi moins de 20 % à ne jamais se faire vacciner contre la grippe, quand d’autres professionnels pourtant eux aussi potentiellement en contact avec un public fragile ne se vaccinent que très peu (75 % des orthophonistes, 65 % des kinés, 64 % des aides-soignants et 59 % des infirmiers ne se vaccinent jamais) ».

« Les médecins sont aussi les plus enclins à l’auto-médication : alors que 82 % de l’ensemble des professionnels de santé ont un médecin référent, ce n’est le cas que de respectivement 44 et 38 % des médecins généralistes et spécialistes. (…) De même, à peine un quart des sondés dit avoir rencontré son médecin du travail dans les deux années précédentes, les libéraux n’étant même que… 4,7 % ! », conclut Le Figaro.

Date de publication : 10 décembre 2018

« Un passage en réanimation source d’anxiété et de dépression »

Le Figaro

« Réduire la sédation, les alarmes et la lumière contribue à soulager l’inconfort et le stress des malades »,indique DelphineChayet dans Le Figaro.

« Des mois plus tard, les patients qui ont séjourné dans un ser­vice de réanimation conservent dans bien des cas des signes de souffrance psychique. 46 % ont eu des symptômes d’anxiété, 40 % de dépression et 22 % de stress post-traumatique dans l’année qui a suivi leur hospitalisation, selon une étude britannique publiée en novembre dans la revue scientifique Critical Care », poursuit la journaliste. « La prise en compte de ce phénomène est d’autant plus importante que la dépression est associée, selon nos résultats, à une hausse du risque de mourir dans les deux ans », souligne l’auteur de cette recherche portant sur plus de 5 000 ex-patients. « Un enjeu dont les services de réanimation français ont pris conscience ces dernières années, conduisant à un changement des pratiques », souligne Le Figaro.

« Environ 150 000 personnes sont hospitalisées en « réa » chaque année. En détresse vitale, elles y sont admises en raison d’une défaillance de leurs organes –  cœur, poumons, rein – après une complication chirurgicale, une infection grave, un traumatisme, un arrêt cardiaque, une décompensation de leur maladie chronique, etc. Leur état exige une surveillance et des soins techniques ininterrompus », détaille le journal. « Nos malades ont souvent besoin du soutien d’une ventilation artificielle, par intubation ou masque. Ils ont des cathéters, des sondes, un monitoring permanent. Tout ce matériel peut être vécu comme une agression », souligne le Pr Marc Leone, anesthésiste-réanimateur à Marseille.

« Plongés dans un état de semi-conscience, ou dans le coma, certains ma­lades vont passer par un état typique de la réanimation : le delirium, qui les transporte dans un monde onirique », explique l’article. « Je me souviens surtout de bruits bizarres et de sensations très marquantes : le froid pendant un soin, le parfum de l’infirmier du soir. Et puis il y avait des corbeaux tout autour de mon lit », témoigne Halima, 60 ans, hospitalisée en 2016 après un malaise. « Ces visions tournent parfois au cauchemar et au sentiment de persécution. Elles laissent des traces », remarque Le Figaro.

« Les patients qui ont un delirium ont plus de risques de souffrir de stress post-traumatique par la suite », souligne le Pr Élie Azoulay, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Saint-Louis (Paris). « Fréquente, la perte de mémoire contribue aussi à fragiliser le patient », indique le journal.
« 
Ces symptômes, longtemps négligés, sont pris au sérieux depuis qu’une étude publiée il y a une quinzaine d’années a mis en évidence un lien entre leur survenue et le pronostic vital du patient », observe Le Figaro. « Cela nous a amenés à un remaniement profond de nos pratiques », témoigne le Dr Bernard Vigué, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Paris Sud (Le Kremlin-Bicêtre). « Alors qu’ils avaient pour habitude de plonger leurs malades dans le coma, espérant ainsi les protéger des souffrances liées à la médicalisation, les praticiens limitent aujourd’hui la sédation au minimum. La présence des familles, rassurante pour le patient, est encouragée. Un quart des services est maintenant ouvert tous les jours, 24 heures sur 24 », explique l’article. « Quand c’est possible, la rééducation physique commence le plus tôt possible, afin que les malades récupèrent plus vite. Enfin, d’énormes efforts sont portés sur la diminution des sources de stress dans ces unités où les soignants consacrent toute leur énergie à lutter contre la mort », ajoute-il.

« À l’hôpital de Chartres, le Dr Pierre Kalfon a ainsi recensé [pour pouvoir ensuite les réduire « de manière volontariste »] seize catégories de nuisances caractéristiques de la réanimation. L’omniprésence des machines et leur ronronnement, les alarmes, le manque de sommeil, la soif, le froid, l’excès de lumière, les entraves, l’incapacité à communiquer avec le monde extérieur… », fait savoir Le Figaro. « Nous cherchons à faire baisser la prévalence du trouble de stress post-traumatique », explique le médecin. « Une démarche que semblent valider les premiers résultats recueillis auprès de trente services de réanimation associés à cette recherche. Reste à étendre ces pratiques à toutes les unités », note la journaliste.

« Tout l’enjeu est de trouver un équi­libre entre le confort du patient et sa sécurité. Éteindre une alarme ou détacher un malade dont la vie est en jeu supposent de bien soupeser les risques », résume le Dr Bernard Vigué. « L’objectif est aussi de repérer les patients les plus à risque, afin de leur proposer une prise en charge dès la sortie de l’hôpital. On sait que des antécédents psychiatriques ou un terrain anxieux, de même que le stress généré par les problèmes de santé à l’origine de l’hospitalisation favorisent les séquelles psychiatriques », conclut Le Figaro.

Date de publication : 12 décembre 2018

 

Revue de presse santé psy – novembre 2018

 

« Intelligence artificielle, quelle place pour l’humain ? »

La Croix

La Croix publie un dossier sur l’intelligence artificielle, relevant qu’« en médecine, l’IA promet des diagnostics plus précis, des traitements plus personnalisés… au risque de faire perdre la main aux médecins ? ».
Le journal relève que 
« cette médecine du futur est déjà en partie là. Dans leur institut de radiologie, à Paris, le Dr Patrick Toubiana et ses confrères utilisent par exemple depuis 5 ans, pour les mammographies, iCad, un logiciel doté d’une intelligence artificielle ».
« La machine dépiste avec précision des tumeurs du sein parfois invisibles à l’œil nu. Ingénieurs et médecins alimentent, en amont, l’ordinateur en lui fournissant des milliers d’informations : des statistiques, radios, scanners, biopsies, montrant des anomalies malignes ou non. Un algorithme apprend ensuite à identifier les marqueurs pathogènes. La machine s’améliore à mesure qu’elle emmagasine. On appelle cela le «deep learning», ou «apprentissage profond» », 
explique La Croix.
« À la clé, une aide précieuse au diagnostic. Mais au-delà, les domaines d’application de l’IA, en santé, ressemblent à un champ des possibles, des logiciels de retranscription vocale aux robots de compagnie, en passant par les prothèses intelligentes ou encore la médecine préventive… Seulement, l’IA suscite aussi des craintes. Pourrait-elle se substituer à l’humain ? », continue le journal.
La Croix explique qu’«
 en mai 2018, la revue britannique Annals of Oncology annonçait qu’une équipe de chercheurs avait appris à un algorithme à distinguer des lésions de la peau. Les performances de la machine avaient été ensuite comparées à celles de médecins spécialistes. En moyenne, les dermatologues avaient identifié correctement 87% des mélanomes. La machine… 95%. Quid alors du médecin ? ».
Le Dr Jacques Lucas, vice-président du conseil national de l’Ordre des médecins, déclare qu’«
 il faudra toujours un humain pour vérifier, s’engager. Sinon, à qui la faute incomberait-elle, en cas d’erreur ? ».
Le journal relève qu’« 
il n’existe, pour l’heure, aucune législation propre aux machines. Or, l’un des risques majeurs pour le médecin, est la «délégation de responsabilité», confirme David Gruson, fondateur d’Ethik-IA, un collectif d’experts planchant sur une éthique de l’IA ».
Ce dernier remarque : «
 Si un algorithme émet un diagnostic basé sur 100.000 cas, avec un taux de certitude de 99%, quel est vraiment le pouvoir de décision qui reste au médecin ? Dans les faits, il garde la capacité de trancher. Le fera-t-il ? ».
Le quotidien indique qu’«
 aux États-Unis, la FDA a autorisé, en avril, la commercialisation d’un dispositif diagnostiquant les rétinites diabétiques… sans la validation d’un spécialiste. Pour le moment, en France, il existe un consensus qui veut que la décision finale doit incomber à un médecin ».
Le Dr Lucas souligne en outre que
 « le diagnostic est une chose. La prise en charge du malade en est une autre. Un algorithme est performant pour une tâche donnée. Si vous lui demandez de faire autre chose, il en est incapable. Or un patient n’est pas constitué que de symptômes, de taux, de statistiques. Il est un tout, que le médecin examine dans sa globalité ».
La Croix continue : «
 Il n’empêche. L’IA ouvre non seulement «des perspectives très prometteuses pour améliorer la qualité des soins» mais aussi pour «réduire les coûts» », selon le rapport sur l’intelligence artificielle rédigé par le mathématicien et député Cédric Villani.
Le quotidien relève que 
« la moitié des médecins estime qu’en 2030 les robots et l’intelligence artificielle feront partie de leur quotidien, constatait en octobre dernier, l’enquête «Le médecin de demain» publiée par la MACSF, la mutuelle des professionnels de santé. Pour 71% des médecins interrogés, l’IA permettra surtout moins d’erreurs ».
« Une chose semble toutefois acquise : le métier de médecin et, en amont, la formation vont devoir s’adapter », 
poursuit le journal. Le Dr Lucas observe que « les nouvelles générations maîtriseront mieux les outils numériques. En revanche, on constate que plus les étudiants gagnent en compétences, et plus leur degré d’empathie diminue ».
Pour le responsable, 
« le déploiement de l’intelligence artificielle sera aussi l’occasion de réapprendre «l’importance de la relation unissant l’équipe de soins à son patient» », ajoute La Croix.

Date de publication : 6 novembre 2018

« Les soignants sont très aimés mais pas toujours compris »

Le Figaro

Soline Roy remarque dans Le Figaro : « Infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, kinés, médecins, pharmaciens et dentistes, réjouissez-vous : les Français vous aiment, à en croire le Baromètre santé 360 Odoxa-NEHS-Asip Santé-Orange Healthcare »
« Ce qui ne veut pas dire qu’ils vous comprennent toujours ni qu’ils partagent vos opinions sur le système de soins… », 
relève la journaliste.
Elle explique ainsi que
 « réalisé par Internet auprès de 3003 Européens (dont 996 Français) représentatifs des populations française, anglaise, espagnole, allemande et italienne, ainsi que 697 professionnels de santé dont 591 exercent en libéral, le sondage dresse un portrait élogieux des professions libérales de santé. Mais dessine un dialogue plus difficile quant aux moyens d’organiser le système de soins et de corriger ses défauts ».
Soline Roy retient que 
« les Français aiment leurs soignants : certes, le prestige de ces professions s’étiole, mais 91% des sondés ont une bonne opinion de ceux qui les soignent. Les relations des soignants avec leurs patients, et entre les soignants, sont globalement jugées bonnes par les Français comme par les libéraux eux-mêmes ».
« Une dissonance apparaît néanmoins sur la perception des relations des médecins spécialistes avec les autres soignants : elle est jugée bonne par 82% des Français, mais par seulement 64% des soignants eux-mêmes », 
continue la journaliste.
Elle ajoute que «
 les éloges sont unanimes pour les infirmiers, jugés compétents, courageux, sympathiques et à l’écoute des patients par plus de 90% des sondés. Le portrait des médecins et pharmaciens est plus nuancé : globalement dotés des mêmes qualités que les infirmiers, ils sont aussi plus volontiers jugés «corporatistes» (par 70% et 76% des sondés respectivement), «conservateurs» (66% et 72%) ou «avant tout motivés par l’argent» (43% et 65%, contre seulement 21% pour les infirmiers) ».
Soline Roy observe que 
« ce ne sont pas les ordres professionnels […] qui semblent pouvoir arranger les choses : mal jugés par les professionnels (75% d’entre eux pensent que leur ordre les représente mal), ils ne veillent à l’intérêt général que pour 59% du grand public, et pour 71% des sondés ils… protègent trop les privilèges corporatistes ! ».
La journaliste en profite pour rappeler que 
« la première mission des ordres médicaux telle que définie par le Code de la santé publique est pourtant, avant la défense des professionnels, de veiller «au maintien des principes de moralité, de probité, de com­pétence et de dévouement indispensables» à leur exercice ».
Soline Roy continue :
 « Pas sûr, par ailleurs, que les Français partagent les idées des soignants sur l’organisation du système de santé. […] Ainsi de la lutte contre les déserts médicaux : le grand public est globalement favorable aux pistes proposées (en particulier la mise en place de maisons de professionnels de santé et l’instauration de primes à l’installation pour lutter contre les déserts médicaux, plébiscitées par plus de 80% des sondés), là où les soignants se sont souvent montrés plus nuancés ».
« Autre piste ne faisant pas l’unanimité : le développement des «pratiques avancées», qui veut libérer de la tutelle du médecin un certain nombre d’actes médicaux. La vaccination par les infirmiers sans prescription médicale est ainsi une bonne solution pour une majorité des Français (69%) et plus encore des infirmiers (79%), tandis que les médecins sont plus timides (57% favorables) ; quant à la prescription de médicaments par ces mêmes infirmiers, elle est plébiscitée par 63% des Français et 85% des infirmiers, contre seulement 41% des médecins », 
relève la journaliste.
Elle note que ces
 « réticences n’ont pas échappé aux Français : pour 56% des sondés, les médecins «ont tendance à s’opposer systématiquement à tout changement»… Et le dialogue avec le ministère et les autorités de santé laisse nettement à désirer (il n’est jugé «bon» que par 46% des Français et 35% des soignants) ».

Date de publication : 12 novembre 2018

 

« Dans le cerveau des victimes du 13 novembre »

La Croix

Dans le cadre des commémorations des attentats du 13 novembre 2015, La Croix relève que « depuis deux ans, une étude biomédicale consacrée au trouble de stress post-traumatique se déroule à Caen. Les résultats de la phase 1 seront bientôt publiés ».
Flore Thomasset se penche ainsi sur les travaux de l’unité mixte de recherche associant l’Inserm, l’EPHE et l’Université de Caen-Normandie (« Neuropsychologie et Imagerie de la Mémoire Humaine »), 
et à « la première phase du programme de recherche « Remember ». Cette étude biomédicale, inédite par la taille de sa cohorte et sa durée – trois phases de tests en 2016, 2018 et 2021 – a un enjeu : comprendre le trouble de stress post-traumatique (TSPT), son évolution au fil des ans, ses répercussions sur la gestion des émotions et sur les interactions sociales ».
La journaliste explique que « pour les victimes, le TSPT est une souffrance et un handicap. Cette pathologie, qui se caractérise par des «intrusions» surgissant à l’esprit, replonge la victime dans son traumatisme, non pas avec la petite morsure des souvenirs du passé, mais avec la violence et le réalisme d’une scène au présent. Un bruit, une odeur et soudain, la personne revit le drame ».
Francis Eustache, neuropsychologue, directeur de l’unité de recherche, remarque ainsi : « Pourquoi certaines personnes arrivent à bloquer ces intrusions et pas d’autres ? Pourquoi certaines se relèvent-elles plus vite que d’autres ? Que se passe-t-il dans leur cerveau après le drame et dans les années qui suivent ? C’est ce que nous cherchons à comprendre ».
« Avec des heures de questionnaires psychopathologiques, de tests neuropsychologiques et une heure et demie d’IRM », 
indique Flore Thomasset.
La journaliste relève que « dans quelques mois, […] les premiers résultats de la phase 1 seront soumis aux revues scientifiques. On pourra alors comparer les trois groupes de la cohorte : les 80 Caennais extérieurs aux attentats, la soixantaine de victimes directes ayant développé un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et la soixantaine d’autres victimes n’ayant pas développé ce syndrome ».
Elle note que « d’ores et déjà, les résultats de ce dernier groupe interpellent ». Mickaël Laisney, maître de conférences à l’École pratique des hautes études, remarque que « les victimes souffrant de TSPT présentent un défaut de contrôle de leur mémoire, par rapport au groupe témoin. On aurait pu penser que les victimes non-malades se situeraient entre les deux, tel un groupe intermédiaire, avec un retentissement modéré du traumatisme. Mais non : elles semblent sur-contrôler leur mémoire, présentant des connexions cérébrales plus intenses encore que le groupe témoin, comme si elles étaient capables d’une forme d’hyperrésilience ».
Le chercheur poursuit : « Cette capacité à inhiber très fort les souvenirs peut-elle entraîner des compensations différentes avec des effets négatifs dans la vie de tous les jours, comme l’inhibition d’autres émotions ou d’autres comportements ? Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir travailler sur ce groupe ».
Flore Thomasset observe en outre que « sur un plan psychologique, la nécessité de prendre en charge les patients souffrant de stress post-traumatique ne fait plus débat. […] Même si [Francis Eustache] manque de médecins pour prendre les patients en consultation et que la recherche se poursuit sur les modalités de traitement. ».
Mickaël Laisney ajoute : « Mais que fait-on pour les autres victimes ? Nos premiers résultats semblent montrer que les considérer comme “tirées d’affaire”, semblables aux non-exposés, n’est plus pertinent. […] Notre recherche pourrait permettre d’orienter les politiques de santé publique ».
Flore Thomasset souligne en outre que « depuis 3 ans, les témoignages de victimes montrent autant les fluctuations de leur état de santé que leur difficulté à accéder aux soins. Certains ont engagé un suivi psychologique tardif, prenant 2 ans après le drame les médicaments dont ils avaient cru pouvoir se passer ».
La journaliste note que « les résultats [de l’étude] pourraient, là encore, permettre de guider les patients vers la prise en charge la plus adaptée ».
La Croix s’interroge par ailleurs : « Qu’est-ce que les neurosciences peuvent apporter à la prise en charge du psychotraumatisme ? ».
Louis Jehel, chef du service de psychiatrie au CHU de Martinique et président de la Société française de psychotraumatologie, répond que « les découvertes des neurosciences mettent en lumière les mécanismes cérébraux en jeu dans le psychotrauma. Elles viennent consolider notre compréhension de celui-ci et soutenir la plupart des stratégies thérapeutiques déjà recommandées ».
Edouard Gentaz, directeur de recherche au CNRS et professeur à l’université de Genève, remarque pour sa aprt que « le psychotraumatisme est devenu un objet d’étude : toutes les disciplines peuvent apporter leur éclairage et c’est une bonne chose. Ainsi, les neurosciences peuvent nous aider à comprendre les bases cérébrales du trauma ».
« Mais les images du fonctionnement cérébral ne sont qu’un indicateur parmi d’autres de notre activité cognitive et affective. La relation entre ce qui se passe dans notre cerveau et notre comportement est extrêmement complexe et dépend de 1000 facteurs liés à notre histoire, notre personnalité, notre vie sociale… », 
poursuit le chercheur.

Date de publication : 13 novembre 2018

 

« Autisme : une étude remet en cause le modèle théorique dominant »

Les Echos

Les Echos remarque que « l’énigme de l’autisme ne semble pas près d’être résolue. A preuve, une dernière et remarquable étude d’imagerie cérébrale, parue dans la revue Brain et dont les résultats sont en opposition directe avec ceux des études précédentes ».
Le journal note que 
« les troubles du spectre autistique s’expliqueraient en réalité par une diminution de la connectivité neuronale entre zones cérébrales adjacentes, et non par une augmentation de cette même connectivité, comme on le pensait jusqu’ici ».
Le Pr Josselin Houenou, chercheur de l’Inserm et principal auteur de ce travail, précise toutefois que 
« ce modèle repose sur l’étude de populations pédiatriques hétérogènes […] et sur des méthodes de neuro-imagerie peu spécifiques ne permettant pas de mesurer avec fiabilité la connectivité ‘courte distance’ ».
Le quotidien explique que 
« pour pallier ce problème, les auteurs ont utilisé une innovation conçue à NeuroSpin et reposant sur l’IRM de diffusion, donnant une image plus précise de la connectique cérébrale ».
« Pratiqués sur des autistes adultes, les examens ont montré que l’altération des interactions sociales et de l’empathie était au contraire corrélée à une diminution de la connectivité dans plusieurs faisceaux courte distance », 
note Les Echos
Le journal conclut que «
 ces résultats obtenus sur des adultes doivent encore être confirmés par des études similaires réalisées sur des enfants ».

Date de publication : 19 novembre 2018

« Maltraitance des étudiantes infirmières : « Tu ne sers à rien ! Dépêche-toi ! » »

Libération

Dans Libération, Eric Favereau remarque : « Alors que les infirmières vont manifester un peu partout en France ce mardi, Raphaëlle Jean-Louis raconte dans un livre la maltraitance qu’elle a subie durant ses études. Symptôme d’une profession à bout ? ». (Diplôme délivré(e), parole affranchie d’une étudiante infirmière, Ed. Michalon)
Le journaliste explique que la jeune femme 
« vient de publier un témoignage sur son parcours d’étudiante infirmière, durant lequel elle a été confrontée à un certain sadisme de ses supposées formatrices. Et ce mardi, elle quitte de nouveau l’Orne où elle travaille dans un Ehpad pour manifester à Paris à l’appel de toutes les organisations soignantes qui s’alarment de l’absence de mesures à leur égard dans le dernier plan «Santé 2022» du gouvernement ».
Eric Favereau remarque ainsi que
 « le personnel soignant n’est pas franchement en forme. Les points noirs sont nombreux ; d’un point de vue financier, si l’on pouvait estimer qu’il y a 20 ans les infirmières hospitalières étaient correctement payées, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Et vivre avec le salaire d’une infirmière dans une grande ville relève du défi ».
« Quant aux infirmières exerçant en libéral, elles sont parfois contraintes à un travail à la chaîne pour s’en sortir. Plus globalement, les conditions de travail se sont, de tous côtés, tendues », 
poursuit-il.
Raphaëlle Jean-Louis écrit dans une lettre ouverte au président de la République : «
 Ma question est simple, est-il possible d’augmenter l’effectif des soignants dans les établissements qui en ont besoin ? Que faut-il faire faire afin de sauver les êtres humains qui y travaillent et d’éviter les suicides ? ».
Eric Favereau préicse que 
« diplômée depuis 3 ans, elle a publié à l’automne un journal qu’elle avait tenu pendant ses études d’infirmière, journal de bord qui pointe la maltraitance de ces jeunes étudiantes par leurs formateurs. C’est un thème tabou. Durant leurs études, la troisième et dernière année est essentiellement constituée d’un stage où l’élève infirmière travaille sous le contrôle d’une diplômée. Bizarrement, ces relations dérapent fréquemment. Sadisme, petite vengeance, grande frustration ? Ou est-ce une sorte de maltraitance institutionnelle ? ».
L’infirmière écrit notamment :
 « Nous sommes dans la salle de soins, et nous préparons ensemble des poches qui sont à poser dans quelques minutes. L’infirmière observe ce que je fais. Même si je suis en troisième année, celle-ci doit toujours avoir un regard sur moi. Soudain, elle se place au-dessus de mon épaule et me hurle : « Plus vite, lis l’ordonnance ! Fais-moi le calcul… Allez de tête, tu ne sers à rien, vite ! Dépêche-toi ! »» ».
Eric Favereau indique que la jeune femme 
« sera finalement soutenue par une coordinatrice de son école d’infirmières quand elle dénoncera certaines pratiques. De fait, son histoire n’est pas exceptionnelle, et récemment un autre livre a pointé cette violence, à l’égard cette fois des étudiants en médecine quand ils sont en stage ».
Raphaëlle Jean-Louis remarque que 
« cette maltraitance, très souvent, est le reflet de l’abandon de l’Etat, face aux conditions actuelles des soignants. L’épuisement professionnel conduit à la maltraitance, voire au suicide… Notre métier est déjà difficile en soi… alors si les conditions de travail ne sont pas adaptées… ».

Date de publication : 20 novembre 2018

« Pressions, surcharge de travail, horaires : témoignages d’infirmiers « oubliés » »

Le Parisien Libération

Le Parisien revient sur les rassemblements d’infirmiers de ce mardi, « pour protester contre le manque de reconnaissance de leur travail dans la prochaine réforme de la santé ».
Le journal observe que 
« certains parlent des charges et pressions de la Sécu qui pèsent sur leurs épaules. D’autres disent leur fatigue après de longues amplitudes horaires. Tous […], en tout cas, parlent d’un besoin de reconnaissance de leur métier, alors que les négociations avec l’Assurance maladie pour la prochaine réforme de la santé sont à un point d’arrêt ».
Le quotidien livre des témoignages, dont celui de Thierry, 54 ans, qui 
« travaille en Meurthe-et-Moselle en tant qu’infirmier libéral depuis 29 ans. Ses longues journées de travail, qui commencent à 6 heures et se terminent à 21 heures, se divisent en trois temps. «Un tiers est consacré à la paperasse, un tiers en voiture, un tiers à soigner», résume-t-il ».
« Une division du temps qui épuise l’infirmier », 
note Le Parisien, l’infirmier indiquant : « On passe beaucoup de temps à faire de la paperasse, à courir après les ordonnances qui ne correspondent pas toujours aux réglementations de l’Assurance maladie ».
Le quotidien relève que 
« ce sont les personnes âgées qui composent la majorité des patients de Thierry ». Ce dernier observe : « Il faut leur dire ce qu’il faut manger ou non, suivre leur traitement, faire une éducation thérapeutique, ou encore s’occuper de leur toilette. Tous les infirmiers font ça tous les jours. Mais on ne parle pas de nous. C’est peut-être parce qu’on le fait gratuitement ».
« Selon Thierry, tout irait mieux s’il pouvait «travailler directement avec les médecins», ou si les infirmiers étaient plus impliqués dans les «consultations de télésanté», un système qui se développe de plus en plus pour pallier les manques dans les déserts médicaux », continue 
Le Parisien.
De son côté, Pauline, 21 ans, « 
en dernière année d’études dans un grand institut de soins infirmiers en région parisienne, a enchaîné les stages en milieu professionnel. Elle a vite déchanté, au point d’envisager de changer de voie professionnelle à la fin de son cursus », remarque le quotidien.
La jeune femme déclare ainsi : «
 Beaucoup de personnes de ma promotion ne veulent plus faire ce métier et j’en fais partie ».
Le journal explique :
 « La «surcharge considérable de travail», le «manque de personnel» constant, le «travail fourni extrêmement important et éprouvant physiquement psychologiquement» mais sans «aucune reconnaissance (notamment salariale)» pourraient avoir raison de l’étudiante et de ses camarades. Sans oublier les «horaires et rythmes intensifs» ».
Libération évoque aussi ces 
« blouses blanches et bleues dans la rue. Elles se disent «oubliées», «sacrifiées». Plus d’un millier de blouses ont manifesté en France mardi. […] Elles dénoncent le «mépris» du gouvernement », relève le journal.
Le quotidien note : «
 Qu’ils soient libéraux ou salariés, les 660.000 infirmiers (des femmes à plus de 80%) étaient invités à cesser le travail par une dizaine d’organisations remontées contre le plan santé présenté en septembre par l’exécutif, «trop centré sur les médecins» ».
« «C’est tout le contraire», s’est défendue la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour qui cette réforme «décharge sur l’ensemble des professionnels de santé» le suivi des malades chroniques », 
poursuit Libération.
Le journal observe que « 
c’est la création de 4000 postes d’«assistants médicaux», à mi-chemin entre le secrétariat et le métier d’aide-soignante, qui a mis le feu aux poudres. «On invente des nouveaux métiers pour faire des choses qu’on fait déjà depuis de nombreuses années», s’est indignée, à Lille, Sandra Dupuis. Marie-Cécile Decker, qui travaille au bloc à l’hôpital de Mulhouse, demande, elle, que le ministère «entende que les gens s’épuisent au travail» ».

Date de publication : 21 novembre 2018

« La mort telle qu’elle n’avait jamais été vue »

Les Echos

Yann Verdo indique dans Les Echos qu’« une expérience réalisée dans une université berlinoise a permis de visualiser ce qui se passait dans le cerveau d’un mourant au moment fatidique. Et les résultats, inédits, sont étonnants. Cérébralement parlant, la mort est moins une extinction qu’un ultime embrasement électrique ».
Le journaliste explique que 
« dans une étude publiée par la revue Annals of Neurology qui a fait sensation – et qui fera sans doute date dans l’histoire encore toute récente de la thanatologie -, le professeur en neurologie expérimentale à l’université Charité de Berlin, Jens Dreier, détaille l’expérience extraordinaire à laquelle son équipe et lui se sont livrés sur neuf patients ».
« Ces neuf personnes, toutes entrées en soins intensifs à la suite de blessures cérébrales, faisaient l’objet d’un monitorage neurologique lourd, plus invasif qu’un simple électroencéphalogramme », 
indique Yann Verdo.
Stéphane Marinesco, responsable du Centre de recherche en neurosciences de Lyon, précise :
 « Il s’agit d’une technique non conventionnelle, qui permet d’enregistrer l’activité électrique du cerveau, y compris à de très basses fréquences, de l’ordre de 0,01 hertz ».
Yann Verdo explique ainsi que 
« les basses fréquences émises par le cerveau ont du mal à traverser le scalp, ce qui les rend indétectables aux appareils d’électroencéphalogramme dont les électrodes sont placées sur le cuir chevelu. Dans le système de monitorage dont étaient équipés les patients du service du Pr Dreier, les électrodes étaient placées à l’intérieur du crâne, et même sous la dure-mère, cette membrane rigide qui entoure le cerveau et la moelle épinière ».
« Cet accès aux très basses fréquences, correspondant à une activité électrique lente, a été la fenêtre qui a permis à Jens Dreier et son équipe de visualiser ce qui se passait dans le cerveau de personnes en train de mourir », 
note le journaliste.
Il ajoute que «
 pour leur expérience, les neuroscientifiques allemands ont simplement demandé aux familles, une fois devenu évident que le patient ne survivrait pas à son accident, l’autorisation de poursuivre l’enregistrement jusqu’au bout. Et même un peu au-delà du «bout», c’est-à-dire de la mort cérébrale, ce moment à partir duquel un classique électroencéphalogramme n’enregistre plus aucune activité cérébrale et que l’OMS considère comme le critère médico-légal du décès ».
Yann Verdo observe donc : «
 Qu’ont montré les enregistrements réalisés à la Charité de Berlin ? Quelque chose de tout à fait fascinant, jusque-là inédit, et qui devrait peut-être amener les spécialistes à reconsidérer leur définition du décès et de son moment exact ».
Il précise que 
« ce phénomène cérébral […] survient entre 2 et 5 minutes après l’ischémie, moment où les organes (dont le cerveau) ne sont plus alimentés en sang et donc en oxygène. Et il dure lui-même une petite dizaine de minutes. On peut l’assimiler à une sorte d’incendie électrique qui s’allume à un bout du cerveau et, de là, se propage à la vitesse de 50 microns par seconde dans tout l’encéphale avant de s’éteindre à l’autre bout, son œuvre de destruction accomplie. Les neuroscientifiques parlent de «vague de dépolarisation» ».
Yann Verdo explique que 
« pour maintenir le «potentiel de membrane» qui lui permet de communiquer avec ses voisins sous forme d’influx nerveux, un neurone a besoin d’énergie. Et donc d’être irrigué en permanence par le sang venu des artères qui lui apporte l’oxygène indispensable à la production de cette énergie sous forme d’adénosine triphosphate (ATP). Tout le travail de Jens Dreier a consisté à observer ce qui se passait pour les neurones une fois que, le cœur ayant cessé de battre et la pression artérielle étant tombée à zéro, ils n’étaient plus alimentés en oxygène ».
Stéphane Marinesco note que selon ce travail
, « les neurones se mettent alors en mode ‘économie d’énergie’ ». Yann Verdo précise que « pendant les 2 à 5 minutes séparant l’ischémie de l’apparition de la vague de dépolarisation, ils puisent dans leurs réserves d’ATP pour maintenir leur potentiel de membrane. Pendant cette phase intermédiaire, au cours de laquelle le cerveau est littéralement entre la vie et la mort, celui-ci ne subit encore aucune lésion irréversible : si l’apport en oxygène venait à être rétabli, il pourrait se remettre à fonctionner sans dommages majeurs ».
Le journaliste poursuit : «
 Mais cette résistance héroïque des cellules nerveuses a ses limites. A un moment donné, en l’un ou l’autre endroit du cerveau, un premier neurone «craque», c’est-à-dire qu’il dépolarise. Les stocks de potassium qui lui permettaient de maintenir son potentiel de membrane étant devenus inutiles, il les largue dans le milieu extra-cellulaire. Il agit de même avec ses stocks de glutamate, le principal neurotransmetteur excitateur du cerveau ».
Yann Verdo indique que 
« ce faisant, ce premier neurone initie une redoutable réaction en chaîne : le potassium et le glutamate par lui libérés atteignent un neurone voisin dont ils provoquent aussitôt la dépolarisation ; à son tour, ce deuxième neurone relâche ses stocks et provoque la dépolarisation d’un troisième, etc. ».
« Ainsi apparaît et se propage la vague de dépolarisation, correspondant à l’activité électrique lente enregistrée par le système de monitorage spécifique utilisé à la Charité de Berlin. Le «bouquet final» du cerveau sur le point de s’éteindre définitivement », 
remarque le journaliste.
Il ajoute : «
 L’embrasement final du cerveau mis en lumière par l’expérience de Jens Dreier est-il à l’origine de l’apparition de cette intense lumière blanche que les personnes ayant fait une expérience de mort imminente disent avoir vue briller au bout d’un mystérieux tunnel ? Cela, l’étude ne le dit pas. Mais l’hypothèse ne paraît pas indéfendable ».

Date de publication : 26 novembre 2018

« La psychiatrie en crise »

La Croix

Pierre Bienvault constate en effet dans La Croix que « dans de nombreux hôpitaux psychiatriques, les soignants se plaignent de leurs conditions de travail ».
Il cite René Navarette, infirmier en psychiatrie, représentant de la CGT à l’hôpital du Rouvray, près de Rouen :
 « En psychiatrie, on travaille sur l’humain. Et c’est sans doute pour cela que le soir, quand je rentre chez moi, j’ai comme une boule dans la gorge. J’ai le sentiment de ne pas avoir été un bon soignant. De ne pas m’être occupé de mes patients comme j’aurais voulu et dû le faire. Parce qu’à force de courir partout et tout le temps, on finit par se détourner de tout ce qui constitue notre éthique de soignant ».
Pierre Bienvault observe que 
« ces derniers mois, cet établissement est devenu la figure de proue de la crise de la psychiatrie en France. Le 21 mai dernier, après 2 mois de conflit, 7 soignants y ont entamé une grève de la faim. Finalement, le 8 juin, un accord a débouché sur la création d’une unité pour adolescents et de 30 postes ».
René Navarette indique ainsi 
: « On devrait avoir 20 postes cette année et 10 l’an prochain. Mais cela reste insuffisant puisqu’on demandait 50 postes ».
Pierre Bienvault relève que le 
« constat [est] partagé par de nombreux soignants qui, depuis des mois, un peu partout en France, multiplient les grèves ou les tribunes dans la presse pour réclamer des moyens supplémentaires ».
Le journaliste explique que 
« pour comprendre les racines du malaise, il faut remonter aux années 1960. Et au mouvement de «désinstitutionalisation» ou «désaliénation» qu’a alors connu la psychiatrie. Un virage majeur construit autour d’une idée forte et belle : faire sortir les malades des murs des asiles pour leur permettre de vivre au cœur de la cité ».
Il note que
 « désormais, plus de 8 patients sur 10 en psychiatrie sont suivis en ville. Sans jamais être hospitalisés, ou de manière ponctuelle. Le problème est que, dans beaucoup d’endroits, le système s’est engorgé avec des files d’attente à tous les niveaux ».
Pierre Bienvault remarque ainsi que selon Christelle Leclerc, infirmière CGT à l’hôpital Pinel d’Amiens
, « toute la chaîne de soins est sous tension ».
L’infirmière déclare : 
« Les CMP [centres médico-psychologiques] maintiennent à bout de bras des patients qui auraient besoin d’être hospitalisés. Mais quand leur situation ne présente pas un caractère d’urgence immédiat, on refuse souvent ces patients, faute d’avoir un lit disponible. Résultat, leur état s’aggrave et, quand ils reviennent, on finit par les prendre. Mais leur état est tel qu’ils restent parfois hospitalisés 3 mois alors que, si on avait pu les accueillir plus tôt, ils seraient peut-être restés seulement 15 jours ».
Le journaliste continue : 
« A-t-on fermé trop de lits en psychiatrie ? La question revient chez beaucoup de soignants. De fait, la «désaliénation» s’est accompagnée d’une réduction importante du nombre de lits d’hospitalisation ».
Jean-Pierre Salvarelli, chef de pôle à l’hôpital du Vinatier à Lyon, remarque ainsi qu’
« en 20 ans, on est passé de 130.000 à 50.000 lits alors que, dans le même temps, la demande de soins a explosé. Il y a 20 ans, on suivait 1 million de patients dans la psychiatrie publique. Aujourd’hui, on en est à 2 millions ».
« La psychiatrie est un peu victime de son succès. Même si la stigmatisation reste forte autour de la maladie mentale, de plus en plus de gens n’hésitent plus à aller à consulter, par exemple, pour des troubles du comportement ou des troubles anxio-dépressifs », 
note le spécialiste.
L’Igas observe pour sa part : «
 Il est inexact de parler d’un appauvrissement de la psychiatrie. […] Le nombre de psychiatres pour 100.000 habitants est passé de 15 en 1984 à 22 en 2016 ».
Le Pr Pierre-Michel Llorca, chef du service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, précise que 
« le problème, c’est aussi l’organisation des soins. Il faudrait suivre l’exemple de ce qui a été fait pour le cancer. Il y a 20 ans, les soins de cette maladie étaient largement éclatés en France. Mais, depuis, il y a eu plusieurs plans cancer ainsi que la création d’un grand institut qui a permis de coordonner la prévention, les soins et la recherche. L’enjeu majeur, est désormais d’avoir la même impulsion politique pour faire bouger les choses en psychiatrie ».

Date de publication : 27 novembre 2018