Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – avril 2024

« La psychiatrie va mal mais son image se porte bien »

Date de publication : 2 avril 2024

Libération

Eric Favereau évoque dans Libération « un des paradoxes du moment. Alors que, jusqu’à récemment, on n’entendait que l’énoncé d’un constat catastrophique de l’état de nos hôpitaux psychiatriques, avec la dénonciation d’une absence criante de personnel, avec des patients mal pris en charge, endormis, sédatés à outrance quand ils ne sont pas attachés sur des brancards faute de lits disponibles, voilà que lorsque l’on rentre dans un musée, lorsque l’on se rend dans une salle de cinéma ou lorsqu’on regarde tout simplement un documentaire sur la psychiatrie, on est rassuré : toutes ces œuvres renvoient l’image d’une prise en charge douce et aimante ».
Le journaliste remarque que « certes, tout n’est pas simple, les difficultés pointent en arrière-plan, mais l’humanité des soignants et le regard bienveillant des visiteurs font que cela fonctionne plutôt bien. On serait en somme bien loin du désastre annoncé ».
Eric Favereau observe notamment qu’« au Palais de Tokyo, dans l’exposition «Toucher l’insensé», on voit de la vie brute. C’est une belle réussite, on y assiste à une foule d’initiatives, toutes semblent bien fonctionner, c’est même rebelle et insolent. On crée, on soigne, on prend soin. […] La psychothérapie institutionnelle est partout fêtée et reconnue, que ce soit dans les librairies ou sur nos écrans, partout… Sauf dans les lieux de soins, où elle reste une pratique marginale, assommée par le triomphe des neurosciences et des médicaments », note le journaliste.
Il continue : « Pourquoi faire la fine bouche et douter, me direz-vous ? On reste un peu perdu par l’écart entre cette psychiatrie humaniste qui d’un côté a envahi nos musées, les salles de projections, les librairies, et de l’autre côte les remontées du terrain qui sont, elles, bien plus sombres ».
Eric Favereau remarque que « certes, il y a aujourd’hui une kyrielle de petites oasis où se font avec chaleur et compétence des prises en charge efficaces. De ces lieux-là, on n’en parle sûrement pas assez ».
« Pour autant, que peut-on en déduire ? Assiste-t-on à un renversement de tendance ? Sortirait-on d’un discours de plaintes pour nous rappeler qu’autre chose est possible ? Serait-ce la preuve qu’en dépit d’un climat sombre on peut faire des choses ? Ou bien tout cela n’est-il qu’un écran de fumée, enrubanné de nostalgie, pour supporter la lourdeur des temps présents ? »,
 conclut le journaliste.

« Sports extrêmes : attention aux hallucinations »

Date de publication : 4 avril 2024

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui observe qu’« alpinistes, navigateurs en solitaire et coureurs d’ultrafond sont les plus exposés à ces perceptions erronées, favorisées par le manque de sommeil ».
Pascale Santi remarque ainsi : « Avoir un compagnon imaginaire au point de partager une tablette de chocolat pour lui en donner un morceau, voir un double de soi, «un transformateur dans les nuages, un gars qui sort d’une caverne», comme l’a décrit Thomas Vennin, collaborateur à Montagnes Magazine, dans le livre Les Hallucinés. Un voyage dans les délires d’altitude (Paulsen, 2020). Nombreux sont les alpinistes, navigateurs en solitaire, coureurs de fond, à raconter des hallucinations qu’ils ont eues en pratiquant leur sport ».
Renaud Jardri, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Lille, précise : « C’est quelque chose que l’on perçoit en l’absence de stimulations des organes des sens, c’est-à-dire des choses que l’on voit alors qu’il n’y a rien, que l’on entend alors qu’il n’y a aucun son ».
« Si les hallucinations peuvent arriver à tout le monde, elles surviennent dans différents contextes, de maladies neurologiques ou psychiatriques, de consommation de substances toxiques, mais aussi en cas de stress physique et physiologique »,
 ajoute-t-il.
Pascale Santi indique que « chez les sportifs, cela se produit quand le corps est poussé à l’extrême. Par exemple, ne pas dormir pendant 24 ou 48 heures lors d’une course d’ultra-trail (sur une distance d’au moins 80 km), être dans des conditions de déshydratation. L’isolement peut aussi en favoriser l’émergence. […] En altitude, le phénomène est relativement clair ».
Jean-Paul Richalet, professeur de physiologie à l’université Sorbonne-Paris-Nord, précise : « Elle provoque un manque d’oxygène [hypoxie] qui induit une hyperventilation. Conséquence, le taux de CO2 dans le sang baisse, ce qui entraîne une contraction des vaisseaux sanguins cérébraux ».
La journaliste explique que « cette moindre vascularisation de certaines zones du cerveau peut entraîner, poursuit-il, «des symptômes neurologiques divers et variés, notamment des hallucinations, qui ne sont pas forcément les plus graves» ».
Pascale Santi note qu’« une étude publiée dans Médecine du sommeil en 2016 a montré que 56,3% des coureurs de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc avaient vécu une hallucination. Point positif : 81% des participants n’en ayant pas eu avaient effectué une sieste (d’environ dix minutes) lors de la course ».
Le Pr Jardri souligne qu’« à l’instar de la douleur, l’hallucination peut être un clignotant alertant le sportif. Il est donc fondamental d’informer en amont ». La journaliste évoque ainsi ces « bons réflexes : s’arrêter pour dormir, et redescendre un peu si on est en altitude ».

« Les femmes, premières victimes du burn-out : « Du jour au lendemain, je n’ai plus réussi à lire ni à tenir une conversation avec mes enfants » »

Date de publication : 5 avril 2024

Le Monde

Dans Le Monde, Brune Mauger observe que « de l’«effondrement» à la reconstruction, l’association bordelaise L’Burn prend en charge de nombreuses femmes épuisées de toute la France. Selon Santé publique France, ce sont elles, plus que les hommes, qui sont touchées par la souffrance psychique en lien avec le travail ».
La journaliste explique ainsi dans un reportage que « chaque lundi à Talence, en périphérie de Bordeaux, une dizaine de femmes passent discrètement le portail de la Maison des Burnettes, entourée d’un mur de verdure. L’ancienne propriété viticole fut le refuge des habitants de la ville pendant la seconde guerre mondiale. La demeure reçoit désormais des femmes, de tous âges, exerçant différents métiers, des mères célibataires pour la plupart, et victimes d’un syndrome d’épuisement professionnel ».
Brune Mauger note que l’association « fête ses 5 ans d’existence et reçoit des demandes d’adhésion toujours plus nombreuses ». Sa directrice, Anne-Sophie Vives, « qui a elle-même connu un « burn-out sévère », avec perte de la mémoire immédiate », explique : « Je l’ai longtemps caché à mon entourage. J’ai pu me reconstruire en parlant avec d’autres femmes de ma difficulté à concilier mon travail, mon rôle de mère et celui de femme ».
« Nous sommes aujourd’hui deux fois plus concernées, à cause des inégalités intrafamiliales et professionnelles, de la charge mentale et de la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle. C’est un épuisement multifactoriel, qui nécessite un accompagnement spécifique », 
ajoute la responsable.
Brune Mauger observe que « les chiffres de fréquentation à l’association confirment les dernières conclusions de Santé publique France. En effet, selon le bulletin épidémiologique du 5 mars, la souffrance psychique en lien avec le travail était deux fois plus importante en 2019 qu’en 2007 et, sur toute cette période, cette souffrance était deux fois plus élevée chez les femmes, avec notamment davantage de troubles anxieux et dépressifs ».
La journaliste précise que « grâce à des fonds publics et à plusieurs mécénats, dix salariées et une trentaine de bénévoles actives de l’association sont venues en aide à plus de 600 femmes en Gironde et ailleurs en France (grâce à la visioconférence) en 2023. Groupes de parole, permanence juridique ou encore ateliers de remobilisation professionnelle… le dispositif a été pensé avec des spécialistes du secteur (médecins, avocats), tout en se basant sur la « pair-aidance », l’entraide entre personnes ayant souffert de la même maladie somatique ou psychique ».
Anne-Sophie Vives souligne en outre qu’« il existe peu de structures qui permettent aux femmes de se faire aider. Elles arrivent parfois chez nous après une errance médicale, car elles n’ont pas trouvé de psychiatre. Des médecins généralistes nous envoient même leurs patientes ».

« Quels sont les bénéfices d’une thérapie avec un animal ? »

Date de publication : 12 avril 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe : « Qu’elle passe par un chien, un chat ou un cheval, la médiation animale peut faire beaucoup de bien aux malades, à condition de savoir choisir les professionnels qui encadrent la pratique ».
Le journal livre un entretien avec Boris Albrecht, directeur de la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer qui « soutient le développement de la médiation animale depuis 50 ans ».
Le responsable explique notamment : « Nous finançons des établissements sociaux, médico-sociaux et autres souhaitant développer la médiation animale au sein de leurs structures. Nous accompagnons également des laboratoires de recherche et commandons des études.
Le quotidien interroge : « Mais quelles sont les preuves scientifiques ? ».
Boris Albrecht répond qu’« apporter «la preuve scientifique absolue et unique» que la médiation animale fonctionne est irréalisable. La recherche ne peut étudier que des spécificités, par exemple, la modification du comportement d’enfants autistes en présence de chiens. Une fois l’objectif d’étude clairement défini, la difficulté méthodologique résulte du fait que l’on ne peut pas considérer un animal comme un médicament ».
« Le traitement de l’autisme montre que des séances avec des chevaux, si elles sont bien préparées, procurent un réel apaisement. Portée par l’animal, en contact intime avec lui, la personne ressent mieux son corps, ce qui la calme lorsqu’elle est agitée. […] Dans les années 1980 déjà, il a été établi que les propriétaires de chiens vivent en moyenne mieux et plus longtemps que les autres », 
poursuit le responsable.
Le Figaro continue : « Quels sont les principaux apports thérapeutiques de la médiation animale ? ».
Boris Albrecht indique qu’« elle peut être très bénéfique dans 3 domaines : l’amélioration psychologique, la réappropriation de son corps et celle du langage. […] Le simple fait de toucher l’animal, le sentir, bouger avec lui permettent parfois au patient d’améliorer la relation à son corps et à ses sens. Chez les personnes polyhandicapées, un massage peut avoir un effet relaxant pendant une demi-journée, mais si on l’associe à une séance de médiation animale, où le patient est porté délicatement à dos d’âne, par exemple, les effets bénéfiques peuvent perdurer des jours entiers ».
« Autre exemple : lorsqu’on introduit un chien spécialement entraîné dans une maison de retraite auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, très souvent ces patients sont plus motivés pour marcher et échanger… »,
 ajoute le responsable.
Boris Albrecht explique en outre que « la médiation animale est une pratique complexe qui peut difficilement être réalisée par une personne seule. Les professionnels ayant réellement une double compétence, un infirmier ou un psychologue avec de sérieuses connaissances en éthologie ou en soins vétérinaires, sont très rares. […] Un programme de médiation à visée thérapeutique doit être porté par des professionnels de santé qui se spécialisent dans le domaine de l’animal, mais qui s’associent surtout avec des experts animaliers, eux-mêmes sensibilisés au soin humain. En dehors des institutions, il faut rester très vigilant, car le secteur n’est pas réglementé. N’importe qui peut se déclarer expert ».

« La plasticité cérébrale, une précieuse alliée pour récupérer d’une lésion »

Date de publication : 19 avril 2024

Le Figaro

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian revient sur la plasticité cérébrale, expliquant que « cette faculté à compenser les atteintes au cerveau est particulièrement utile et impressionnante lorsque les deux hémisphères peinent à communiquer ».
Elle précise ainsi : « Lorsque nous apprenons à jouer d’un instrument, à conduire, etc., nous créons de nouvelles connexions dans le cerveau. Et plus nous empruntons ce nouveau chemin de l’information en nous entraînant, plus le signal passe vite et plus nous progressons. Le petit chemin finit par devenir une véritable autoroute. Notre cerveau, avant et après cet apprentissage, n’est plus tout à fait le même ».
Nathalie Szapiro-Manoukian indique que « cette capacité à créer de nouveaux chemins – que l’on appelle la plasticité cérébrale – existe tout au long de la vie. Elle permet même au cerveau de contourner un problème de malformation, comme l’absence de corps calleux qui est la structure la plus importante pour que nos deux hémisphères cérébraux communiquent entre eux. Or un nouveau-né sur quatre mille naît sans corps calleux, sans que cela ait nécessairement une incidence ».
Le Dr Paolo Bartolomeo, neurologue, directeur de recherche Inserm à l’Institut du Cerveau (Paris), explique que « grâce à la plasticité cérébrale, très active pendant le développement, le cerveau compense cette absence de corps calleux par des voies alternatives. La communication entre les deux hémisphères n’est donc pas interrompue, elle est seulement déviée ».
Nathalie Szapiro-Manoukian note que « le Dr Bartolomeo et son équipe travaillent sur les moyens d’améliorer la récupération après une lésion au niveau de l’un des hémisphères du cerveau. L’objectif est par exemple d’aider un adulte ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) à se remettre partiellement ou totalement des séquelles de l’attaque ».
Le Dr Bartolomeo précise ainsi : « Faire écouter beaucoup de musique classique aux patients est une piste que nous suivons car elle engage les deux hémisphères de façon synchronisée dans un cerveau normal. Notre hypothèse est que cette synchronisation pourrait être utile pour faciliter la compensation d’une fonction altérée au niveau d’un hémisphère, par l’autre hémisphère resté intact. Nous avons d’ailleurs obtenu des résultats préliminaires encourageants dans ce sens : une étude de faisabilité sur un nombre restreint de patients avec des troubles du langage (aphasie) vient d’être publiée ».
Le neurologue évoque en outre le neurofeedback : « L’idée est de pouvoir aider un patient à trouver et développer les activités qui améliorent le plus la communication entre ses deux hémisphères, grâce à l’électroencéphalogramme (EEG) ou à l’IRM fonctionnelle ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute : « Dernière piste explorée : stimuler la croissance des synapses pour induire de nouveaux chemins de l’information. Des chercheurs californiens s’intéressent notamment aux drogues psychédéliques. Leur étude, réalisée sur des neurones in vitro et publiée dans la revue Science en 2023, montre que ces drogues agissent à l’intérieur des neurones au niveau des récepteurs à sérotonine. Elles favorisent une repousse des neurones avec «un effet immédiat majeur», selon l’auteur principal de l’étude, David Oldon, qui a même qualifié ces molécules de «psychoplastogènes» ».
La praticienne remarque que « si ces pistes de recherches sont prometteuses, il faut toutefois garder en tête que toute lésion cérébrale n’est malheureusement pas récupérable ».

« Être ivre sans avoir bu d’alcool : qu’est-ce que le syndrome de fermentation intestinale ou d’auto-brasserie ? »

Date de publication : 24 avril 2024

Le Parisien

Julie Bernichan indique en effet dans Le Parisien : « Si, si… il est possible d’être ivre sans avoir bu une goutte d’alcool ».
La journaliste relève que lundi dernier, « un Belge de 40 ans, poursuivi pour état d’ivresse en récidive au volant, a été relaxé par le tribunal de police de Bruges. L’homme, qui avait été contrôlé avec un taux d’alcool de 0,91 mg par litre d’air expiré en avril 2022, et avec 0,71 mg/l en mai 2022, assurait ne pas avoir bu ».
« La consultation de trois médecins lui a permis de prouver que l’alcoolémie relevée au-dessus du seuil légal de 0,22 mg/l en Belgique était en fait due au syndrome d’auto-brasserie dont il souffrait, également connu sous le nom de syndrome de fermentation intestinale ou d’auto-fermentation »,
 explique Julie Bernichan.
Elle précise : « Lors de l’ingestion d’une grande quantité d’aliments riches en glucides comme le pain, les pommes de terre ou les haricots, les sucres fermentent dans le système digestif. Ils sont ensuite transformés en éthanol, la molécule de l’alcool ».
Barry Logan, directeur exécutif du Center for Forensic Science Research and Education de Philadelphie (Etats-Unis), explique ainsi : « Nous produisons tous de petites quantités d’alcool par fermentation, mais chez la plupart des individus, les niveaux sont bien trop faibles pour être mesurés ».
Julie Bernichan note que « dans la plupart des cas, l’éthanol produit est éliminé avant de passer dans le sang. Ce n’est pas le cas, en revanche, pour les personnes qui souffrent du syndrome d’auto-fermentation ».
« Plusieurs facteurs sont suspectés d’être à l’origine de cette mystérieuse affection. Une grande quantité de glucides absorbés d’abord, susceptibles d’être transformés en éthanol. Le déséquilibre du microbiote intestinal ensuite, avec la présence de bactéries ou de champignons spécifiques, qui pourrait aussi favoriser le processus de fermentation chez certains », 
explique la journaliste.
Elle ajoute que « des maladies sous-jacentes enfin, comme le diabète ou la maladie de Crohn, ou des opérations intestinales antérieures qui pourraient favoriser la survenue du syndrome, en modifiant les micro-organismes présents dans le système digestif ».
Julie Bernichan relève que « le taux d’alcool peut monter jusqu’à 4 g par litre dans le sang, selon la quantité de glucides ingérés, estime le Dr Jimmy Mohamed sur RTL. Un taux extrêmement élevé qui peut être responsable d’un coma éthylique notamment. Le processus d’auto-fermentation peut aussi induire des maladies propres à l’alcool comme des cirrhoses ou des cancers. […] Les scientifiques estiment que seules une vingtaine de personnes seraient officiellement touchées par le syndrome d’auto-brasserie. Un nombre qui serait largement sous-diagnostiqué ».
La journaliste conclut que « le premier des traitements pour bloquer le déclenchement du syndrome de l’auto-fermentation est d’adopter un régime alimentaire faible en glucides et en aliments ultra-transformés, susceptibles de perturber le microbiote intestinal. […] Les mesures diététiques peuvent s’accompagner de la prise de médicaments, antifongiques notamment, en fonction du diagnostic du médecin ».

« « Bousculés par ce que nous avons vu » : des experts demandent au gouvernement d’interdire les écrans aux moins de 3 ans »

Date de publication : 30 avril 2024

Le Parisien

Le Parisien fait savoir qu’« un rapport d’experts, qui sera remis […] au gouvernement, préconise d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de trois ans et de téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l’accès les années suivantes pour les adolescents ».
Le journal indique que « la commission d’experts spécialement missionnée par l’exécutif alerte sur «la réalité de l’hyper connexion subie des enfants» et «les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir», mais aussi pour l’avenir «de notre société, notre civilisation» ».
Le quotidien souligne que « la commission explique avoir été «bousculée» devant «les stratégies de captation de l’attention des enfants» ». Les experts remarquent ainsi qu’« il s’est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans, notamment sur le sommeil, la sédentarité – qui favorise l’obésité – ou encore la myopie »
Le Parisien ajoute que « les experts pointent les réseaux sociaux, «facteur de risque» de dépression ou d’anxiété, en cas de «vulnérabilité préexistante». Par ailleurs, «le niveau d’exposition des enfants» à des contenus pornographiques et violents «apparaît alarmant», écrivent-ils. Ils estiment que « les écrans ne sont pas à l’origine de troubles du neurodéveloppement» mais appellent à la «vigilance» pour «éviter l’amplification de symptômes» ».
« Pour «reprendre le contrôle», ils appellent à empêcher tout usage des écrans par des enfants de moins de 3 ans, en ouvrant ensuite, entre 3 et 6 ans, un accès «fortement limité», «avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte» »,
 précise le journal.
Il ajoute que « la commission préconise aussi de n’autoriser le téléphone portable qu’à partir de 11 ans, via un téléphone sans Internet jusqu’à 13 ans. À partir de 13 ans, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d’ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux «éthiques» ».
Amine Benyamina, neurologue et co-président du comité d’experts, a ainsi déclaré : « Nous avons été bousculés par ce que nous avons vu : des stratégies de captation de l’attention des enfants. Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser ».

Revue de presse santé psy – mars 2024

« « Je ne veux plus être confrontée à la mort » : au CHU de Toulouse, on soigne les soignants en burn-out »

Date de publication : 4 mars 2024

Le Parisien

Julie Rimbert constate dans Le Parisien que « le CHU de Toulouse a mis en place le Centre de prévention de l’épuisement professionnel des soignants sur le site de l’hôpital Purpan. Depuis sa création en mai 2023, une centaine a déjà poussé sa porte ».
La journaliste livre ainsi un reportage au sein du Centre de prévention de l’épuisement professionnel des soignants (PEPS), « un dispositif unique en France ». Elle explique que « dans un bâtiment discret, les personnels de santé (soignants et non soignants) des hôpitaux publics, cliniques privées, Ehpad, établissements médico-sanitaires et des libéraux de la région toulousaine peuvent consulter pour burn-out, après y avoir été envoyés par le médecin du travail, leur médecin traitant ou à leur propre initiative ».
Fabrice Hérin, chef de service des pathologies professionnelles et environnementales au PEPS, précise : « Nous travaillons à la fois sur l’information du professionnel à risque qui présente des signes d’épuisement professionnel, la prise en charge d’un burn-out et l’accompagnement des professionnels pour éviter une rechute à la reprise d’activité ou l’envie de se reconvertir professionnellement ».
Julie Rimbert relève que « selon lui, les soignants avaient déjà bien des difficultés qui se sont accrues avec la crise Covid, «le manque de moyens» et une «vision biaisée» de la vie professionnelle ». Le chef de service remarque en effet : « Nous voyons beaucoup de 25 à 45 ans en souffrance dans leur travail parce qu’ils avaient idéalisé leur métier ».
La journaliste indique que « les patients sont pris en charge en consultations individuelles mais également collectives, autour de différents ateliers. […] Les équipes du PEPS constatent que les soignants ont souvent un sentiment de honte ou de culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur de leur tâche ».
Julie Rimbert cite Mélanie, infirmière de 52 ans, « qui a travaillé durant 30 ans dans les hôpitaux publics et des cliniques privées de la région de Toulouse. […] Licenciée depuis peu de la clinique toulousaine où elle occupait deux emplois différents, Mélanie veut désormais tourner la page du médical. Elle assure que l’épuisement professionnel est arrivé de façon insidieuse, par l’accumulation des tâches et du stress à son travail ».
« À la fois infirmière hygiéniste et infirmière cadre consistant à manager l’équipe d’infirmières, elle enchaînait les déplacements dans 6 départements de la région, générant beaucoup de responsabilités. Après 3 semaines de vacances l’été 2023, elle n’a plus eu la force de reprendre son poste », 
précise la journaliste.
L’infirmière indique : « Je suis quelqu’un de rigoureux qui veut toujours en faire plus, mais ce jour-là, je me suis écroulée sans m’en apercevoir. J’avais des problèmes physiques, donc mon médecin traitant m’a arrêtée et orientée vers le PEPS. Je subissais aussi du harcèlement au travail, mais on n’en parle pas entre salariés, on ne se raconte pas nos difficultés. Ici, j’ai été choquée lors des ateliers collectifs de découvrir que certains médecins étaient dans la même situation que moi, confrontés aux mêmes problèmes ».
Mélanie souligne : « Je ne me sens plus assez forte pour aider l’autre. […] J’ai compris ce qu’est réellement l’épuisement professionnel et je ne veux plus être confrontée à la maladie et la mort. Le PEPS m’a beaucoup aidée et je projette aujourd’hui de me reconvertir dans la littérature ».
Julie Rimbert indique que « ce service hors norme a reçu 106 patients, dont la moitié sont des infirmières, un tiers des aides-soignants mais aussi de jeunes médecins et du personnel administratif. […] Certains CHU de France, comme celui de Limoges, sont intéressés pour mettre en place une structure de ce type sur leur territoire ».

« Cerveau : le mythe des « 10% » largement invalidé par la science »

Date de publication : 5 mars 2024

Le Figaro

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian observe dans Le Figaro qu’« une publicité récente pour une grande enseigne de supermarchés met actuellement en scène une petite fille en visite au Palais de la découverte à qui on explique que l’être humain «n’utilise que 10% des capacités de son cerveau». Et celle-ci de s’émerveiller de toutes les avancées scientifiques réalisées avec si peu. […] La ficelle est un peu grosse, mais elle repose surtout sur un vieux mythe des neurosciences, invalidé depuis bien longtemps ! ».
La praticienne explique que « l’origine même de cette « théorie » n’est pas parfaitement claire. Ce serait un psychologue américain de Harvard, William James, qui aurait émis cette hypothèse au XIXe siècle. Pour sa défense, ce dernier ne disposait à l’époque d’aucune capacité d’imagerie cérébrale. Et il n’aurait par ailleurs jamais formulé les choses de manière aussi abrupte ».
« Reste que, pour une raison ou une autre, l’idée s’est popularisée. Peut-être parce qu’elle alimente le fantasme que nous pourrions devenir des « super-humains » dotés de facultés exceptionnelles si nous exploitions tout le potentiel supposé de cet organe »,
 relève Nathalie Szapiro-Manoukian.
Elle rappelle qu’« imaginer que 90% de notre cerveau – qui est l’organe le plus coûteux en énergie de notre organisme – serait au repos tandis que 10% seulement s’activerait est avant tout un non-sens physiologique absolu. L’électroencéphalogramme de haute résolution (EEG-HR) – ainsi appelé parce qu’il est doté de 256 électrodes contre 21 en moyenne lors d’un EEG classique – a permis de réfuter de manière définitive cette vieille croyance ».
Nathalie Szapiro-Manoukian explique que « cette technique permet de suivre ce qui se passe dans le cerveau en temps réel, à la milliseconde près, avec une précision spatiale redoutable. […] Même dans des situations où l’on pourrait avoir l’impression que le cerveau est en mode « off », comme lorsqu’une personne rêvasse, par exemple, les enregistrements haute résolution prouvent qu’il n’en est rien ».
Le Pr Marc Vérin, neurologue, fondateur de l’unité de recherche Brain Clinical and Experimental Neuroplasticity (B-Cline) à l’université d’Orléans et vice-président de la recherche au CHU d’Orléans, souligne que « quoi que l’on fasse – repos, mouvement automatique, réflexion, création, etc. -, il n’y a jamais seulement 10% du cerveau qui est actif. […] Le cerveau fait des associations entre différents souvenirs mémorisés. Pour cela, il met en jeu des zones temporales internes, dont les hippocampes, très utiles à la mémoire, ainsi que des zones frontales, pariétales et occipitales pour rechercher des souvenirs là où ils sont stockés ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute que « même dans les pathologies où le cerveau dysfonctionne, ses zones d’activité ne sont jamais réduites à la portion congrue de 10% ».
Le Pr Vérin précise que « dans les démences, le cerveau reste actif mais les connexions et les circuits sont désorganisés ou interrompus, d’où les répercussions sur la mémoire, la pensée, etc. Finalement, il faudrait une lésion grave et étendue – comme cela peut se voir dans certains accidents vasculaires hémorragiques massifs ou après un grave trauma crânien, par exemple – pour que le cerveau ne fonctionne plus qu’à 10% … avec un coma profond à la clé, où seules quelques régions cérébrales profondes ne seraient pas éteintes ».

« « Pourquoi le téléphone tue » : l’alerte du Dr Yannick Guillodo »

Date de publication : 6 mars 2024

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro que « les smartphones constituent un véritable fléau sanitaire. Et cela n’a rien à voir avec les ondes, a priori sans effets sur le cerveau. Un médecin du CHU de Brest appelle à réduire sa consommation d’une heure par jour ».
La journaliste livre ainsi les propos du Dr Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest et auteur du livre « Le smartphone tue »(éditions Baudelaire). Ce dernier explique que « chaque minute passée sur notre smartphone, c’est du temps de sédentarité en plus ».
Anne Prigent rappelle en effet que « plus on passe de temps assis ou allongé, plus on augmente son risque de développer une maladie chronique comme le diabète de type 2 et l’hypertension mais aussi de mourir précocement. Et c’est un fait, les écrans de loisir captent plus de 60% du temps libre des Français. Les activités hors du domicile comme faire du sport, visiter un lieu culturel ou faire les magasins ne représentent plus que 16,8% de ce temps libre ».
La journaliste ajoute que « vous pouvez pratiquer plusieurs heures de sport par semaine et pourtant être sédentaire, met en garde le médecin ! Il prend pour exemple son expérience professionnelle avec des joueurs d’équipes de football participant à la coupe d’Afrique des nations. En 2010, en dehors des entraînements, les footballeurs déambulaient dans le camp de base, jouaient au tennis de table… Neuf ans plus tard, les jeunes sportifs possédaient 2 ou 3 smartphones qu’ils consultaient en permanence en dehors des entraînements ».
Le Dr Guillodo s’interroge : « Que vont devenir ces footballeurs après leur carrière professionnelle ? Certains seront sans aucun doute inactifs, sédentaires et addicts aux écrans ».
Le médecin souligne en outre que « la distraction induite par les écrans perturbe les signaux de la satiété. Vous allez manger plus. Mais vous allez aussi manger moins sainement. C’est toujours plus facile d’avaler des chips en scrollant que d’éplucher une orange ».
Anne Prigent inique que « le médecin a proposé à la ville de Brest le challenge “Posons nos smartphones”. Fin novembre 2022, les Brestois ont été invités à poser leur smartphone une heure par jour pendant une semaine. Ce temps ainsi libéré était théoriquement l’occasion de pratiquer des activités de loisirs sans smartphone. Cette opération avait pour but de faire prendre conscience à la population qu’un usage excessif du smartphone avait des conséquences sur la santé ».
Le Dr Guillodo fait savoir : « Premier enseignement de cette expérience : 75% des personnes motivées pour relever ce défi ne sont parvenues à réduire d’une heure par jour leur temps de smartphone sur une semaine ! ».
La journaliste relève qu’« en revanche, 89% des personnes qui ont lâché leur smartphone une heure par jour ont été plus actives. Ce qui pour le médecin est un succès. […] Encouragé par ces résultats, le médecin souhaiterait voir s’étendre à toute la France ce défi qui, rappelons-le, ne coûte rien ».
Le praticien souligne ainsi qu’« on ne peut aujourd’hui faire de la prévention sans s’attaquer au smartphone ».

« Neurosciences : quand la musique nous soigne »

Date de publication : 7 mars 2024

Le Figaro

Jean Zanardo relève dans Le Figaro que « la musicothérapie n’est pas seulement un traitement de soutien apaisant. Elle a aussi une influence bien réelle sur notre cerveau ».
Le journaliste explique ainsi : « Des enfants en difficulté éducative et psychique, des adultes dépressifs, des personnes âgées souffrant de maladies neurodégénératives… Tous peuvent bénéficier de soins fondés sur l’écoute ou la pratique musicale. Mais pas n’importe comment : passer une chanson populaire aux résidents d’un Ehpad pour leur rappeler leur jeunesse ne peut être qualifié de musicothérapie, même si cela a un effet positif sur l’humeur de certains résidents ».
Jean Zanardo indique que « la musique n’est pas seulement relaxante ; en effet, elle modifie certaines connexions cérébrales avec un effet sur la mémoire et les capacités d’attention. Certains travaux ont montré que chez les autistes, la musique peut être un vecteur de communication, et elle est à même de diminuer les troubles du comportement ».
Dominique Bertrand, musicothérapeute, précise : « On crée un canal de communication avec le patient, un mode de synchronisation dans un cadre très simple, un même tempo, une même mesure. Le patient est invité à faire en même temps des choses différentes, à écouter l’autre tout en s’écoutant… ce qui n’est pas évident ».
Jean Zanardo relève que « c’est cette relation singulière qui est thérapeutique, et elle va pouvoir évoluer, progresser techniquement ».
Le journaliste observe ainsi que « la musique permet de se remémorer des expériences passées et d’éprouver à nouveau des sensations, elle est donc bénéfique pour les personnes âgées, même lourdement handicapées ».
Jean Zanardo indique que « concernant les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, une expérimentation récente a montré tout l’intérêt de la musicothérapie sur un petit groupe de patients atteints de maladies neurodégénératives suivis au Centre hospitalier d’Arpajon. Amateurs de musique, ils ont bénéficié d’une séance hebdomadaire de musicothérapie d’une durée d’une heure trente pendant un an avec une diminution significative des troubles du comportement ».

« Schizo, bipolaire, borderline… : « Arrêtez d’utiliser les troubles psychiques comme des insultes ! » »

Date de publication : 7 mars 2024

Le Point

Le Point observe en effet : « Schizophrène, autiste, bipolaire, borderline… Ces termes désignent des troubles psychiques qui, dans un sens large – avec la dépression sévère, l’anxiété, les idées suicidaires… –, touchent 13 millions de Français, soit 20% de la population ».
« Pourtant, ces troubles sont mal connus. Par ceux qui en souffrent d’abord, ce qui a pour conséquence une errance thérapeutique avant une prise en charge. Par les familles et les proches, qui gèrent, au quotidien, les effets d’une maladie souvent invalidante. Par le grand public, qui se fend pourtant facilement d’un avis psy à la moindre occasion. Par les politiques et les médias, enfin, qui n’hésitent pas à régulièrement employer ces termes comme des insultes ou des comparaisons mal à propos »,
 note le magazine.
Le Point livre un entretien avec le Dr Hugo Baup, psychiatre à l’hôpital de Périgueux, qui « vient de déposer deux pétitions en ligne – sur change.org et sur le site de l’Assemblée nationale – pour que les termes psychiatriques ne soient plus utilisés à tort et à travers. […] Il explique que ces pratiques trop courantes sont stigmatisantes pour les malades et qu’elles témoignent d’une grave méconnaissance des problématiques de santé mentale ».
Le Dr Baup explique que ces pétitions « sont destinées à faire cesser l’utilisation des termes qualifiant les troubles psychiques comme des insultes ou des arguments dévalorisants et à faire évoluer les mentalités. Actuellement, dans le débat public, on entend trop souvent « schizophrène », « autiste », « bipolaire », etc. pour rabaisser ou décrédibiliser quelqu’un, pour disqualifier un adversaire ou une politique ».
« Avec d’autres médecins et professionnels de santé, nous voulons que ces noms de troubles psychiques soient désormais correctement utilisés par les politiques, par les médias. De même que le fait de détourner en insulte une couleur de peau ou une orientation sexuelle est puni par la loi, nous demandons qu’il en soit ainsi pour les maladies mentales »
, poursuit le psychiatre.
Le Point interroge : « Ces abus de langage ont-ils des effets sur les patients atteints de ces troubles ? ».
Le Dr Baup répond : « Oui, et ils nous en parlent en consultation. Ces personnes ont déjà bien souvent du mal à comprendre le fonctionnement de leur maladie. Elles ont l’impression d’être un fardeau pour la société, pour leurs familles aussi, qui doivent faire avec une maladie souvent invalidante ».
« Le fait de les stigmatiser ainsi en utilisant leur trouble comme une insulte est très dévalorisant. C’est comme une seconde maladie, et cela freine, voire empêche leur rétablissement. Dans certains cas, cela peut aggraver ou déclencher des idées suicidaires. Il faut savoir que, lorsqu’on est atteint d’un trouble mental, il faut se battre contre la maladie, contre l’organisation catastrophique de soins en France et contre la stigmatisation »
, souligne-t-il.
Le magazine poursuit : « Comment faire pour mieux informer le grand public, les politiques et les médias sur la santé mentale ? ».
Le Dr Baup explique qu’« avec d’autres médecins, nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux pour vulgariser, tordre le cou aux idées reçues, mais aussi combattre la désinformation. Dans ce flou général, il y a une masse de données émanant de sites de coaching ou de pratiques ésotériques qui perd les gens. Sur X, je donne des informations précises sur les troubles, sur la manière dont on les prend en charge. J’essaie aussi de déculpabiliser les malades, car il y a beaucoup de mythes et de tabous autour de la santé mentale ».

« Pesticides, métaux, tabac, stress… Sur la piste des facteurs de risque de l’autisme »

Date de publication : 11 mars 2024

Le Figaro

Delphine Chayet se penche dans Le Figaro sur la cohorte Marianne, qui « a pour objectif de suivre dans le temps un groupe d’au moins 1700 enfants afin d’identifier les facteurs de risque, mais aussi de protection, de l’autisme ».
Le Pr Amaria Baghdadli, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Montpellier, à la tête du projet de recherche, précise qu’« il y a actuellement un consensus pour dire que les troubles du développement ont une origine génétique. Mais nous pensons qu’ils sont aussi influencés par des facteurs environnementaux liés au mode de vie – sédentarité, alimentation, âge -, à l’exposition à des produits chimiques et aux ressources financières de la famille ».
La journaliste indique que « ces éléments seront recherchés dans les examens proposés aux familles. Durant la grossesse, des prélèvements d’urine et de cheveux, ainsi que des prises de sang, sont réalisés au domicile par les équipes de la cohorte Marianne pour quantifier d’éventuelles expositions à des substances chimiques, comme les phtalates, ou à des métaux lourds ».
Delphine Chayet note que « plusieurs dizaines de molécules suspectées d’avoir des effets nocifs, identifiées par une revue de la littérature scientifique, sont recherchées ».
La journaliste ajoute que « le jour de l’accouchement, des infirmières se déplacent à la maternité pour recueillir des échantillons de placenta et de sang de cordon, qui seront analysés et conservés dans la banque biologique du CHU de Montpellier. Par la suite, les chercheurs collectent des fragments de selles des enfants pour étudier leur microbiote, ainsi que des dents de lait […] ».
Le Pr Baghdadli explique que « toutes ces informations sont destinées à être exploitées par des équipes scientifiques de l’Inserm et du CNRS. En reprenant ces éléments et en les comparant, nous pourrons identifier ce qui, dans l’environnement des enfants ayant reçu un diagnostic d’autisme, a pu jouer un rôle dans sa survenue ».
Delphine Chayet souligne en outre que « le fait d’avoir un enfant atteint d’un trouble du développement augmente significativement le risque pour les autres enfants de la fratrie. Alors que l’autisme touche 1% de la population environ, sa prévalence est estimée entre 10% et 20% chez les enfants avec antécédents familiaux. Le facteur génétique est pourtant peu connu des parents et des médecins généralistes ».
Le Pr Baghdadli observe que « cet aspect de vulnérabilité familiale est mentionné dans les recommandations de la Haute Autorité de santé, qui préconise une vigilance particulière. Mais nous nous sommes rendu compte que le système de soins en tient peu compte, par exemple lors des entretiens de dépistage réalisés par les sages-femmes au quatrième mois de grossesse ».
La journaliste précise enfin que « 80 familles se sont déjà portées volontaires pour le projet de recherche. […] Les scientifiques se donnent 4 ans pour recruter le plus de familles possibles ».

« Alzheimer : la piste séduisante de la stimulation visuelle et auditive pour « nettoyer » le cerveau »

Date de publication : 13 mars 2024

Le Figaro

Stéphany Gardier remarque ainsi dans Le Figaro : « De simples stimulations visuelles et auditives pourraient-elles ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ? ».
La journaliste observe que « c’est une hypothèse en vogue depuis quelques années, mais encore débattue dans la communauté scientifique. Des données expérimentales, publiées dans la revue Nature […], viennent néanmoins apporter de nouveaux éléments convaincants en faveur de cette «stimulation gamma sensorielle» ».
Stéphany Gardier explique que « la personne qui a dirigé ces travaux n’est autre que Li-Huei Tsai, professeur au MIT (Boston – États-Unis) et directrice du Picower Institute for Learning and Memory. Cette spécialiste de la maladie d’Alzheimer travaille depuis une dizaine d’années sur les effets cérébraux des stimulations sensorielles, notamment dans les maladies neurodégénératives ».
La journaliste note ainsi qu’« elle a mené les premières études sur le sujet en stimulant directement les cortex visuel et auditif dans le cerveau de souris. Son équipe avait montré que des stimulations de ces aires cérébrales à la fréquence bien précise de 40 Hz étaient les plus efficaces, un résultat qui a depuis été reproduit. Cette fréquence correspond à celle des ondes gamma produites par le cerveau dans des moments de concentration intense. […] C’est le système «glymphatique» qui serait mis en cause ».
Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et directeur général de la Fondation Alzheimer, précise que « la lymphe baigne tous les organes à l’exception du cerveau. En 2012, les travaux de la chercheuse danoise Maiken Nedergaard ont montré que celui-ci possédait une sorte de système lymphatique local dont le fonctionnement repose en partie sur des cellules de la glie (ensemble de cellules qui environnent les neurones dans le cerveau, NDLR), d’où ce nom de glymphatique ».
Stéphany Gardier continue : « Le système glymphatique assurerait un rôle de nettoyage. Ce circuit permettrait d’aller collecter dans le liquide interstitiel, puis de les éliminer, les déchets produits par le fonctionnement des cellules cérébrales. Parmi ces déchets il y a notamment la protéine Bêta-amyloïde, dont l’accumulation anormale est associée à la maladie d’Alzheimer. La stimulation multisensorielle améliorerait donc la fonction glymphatique, et ainsi l’élimination de la protéine ».
Elle explique donc que « les chercheurs ont testé l’efficacité de stimulations, mais de manière non invasive cette fois-ci : les animaux ont été exposés à des sons et des flashs lumineux. Les données montrent que les stimulations externes à 40 Hz sont bien les plus efficaces pour améliorer l’élimination de la protéine Bêta-amyloïde ».
La journaliste ajoute que « les chercheurs montrent qu’en bloquant l’action de certains transporteurs cellulaires considérés comme des éléments clés du système glymphatique, les stimulations sensorielles n’ont plus d’effet. Les stimulations à 40 Hz augmenteraient en outre la production d’un neuropeptide qui agit sur la contractilité des petites artères, ce qui intensifierait les flux d’échange avec le système glymphatique et améliorerait le drainage du cerveau ».
Jean-Léon Thomas, professeur au département de neurologie de l’université de Yale (Connecticut, États-Unis) et à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à Paris, souligne toutefois qu’« il faut être très prudent. La découverte du système glymphatique est très récente, et bien que séduisante et déjà bien étayée, elle suscite encore beaucoup de débats dans la communauté scientifique ».

« « Beaucoup méconnaissent encore le sommeil » : dormez, vous travaillerez mieux »

Date de publication : 13 mars 2024

Le Parisien

Virginie de Kerautem constate dans Le Parisien, « à quelques jours de la Journée internationale du sommeil, le 15 mars », que « les professionnels de santé au travail s’étonnent de voir que «beaucoup méconnaissent encore le sommeil» ».
La journaliste relève que « les salariés seraient, d’après l’Institut national du sommeil et de la vigilance, 20 à 40% à se plaindre à la médecine du travail de passer de mauvaises nuits. Résultat, souligne une étude de Qapa News, 77% des Français (presque 4 sur 5) ne se sentent pas prêts à entamer chaque matin une nouvelle journée de travail, soit 9 points de plus en quatre ans ! Plus de 60% ont envie de dormir au boulot… ».
Virginie de Kerautem rappelle qu’« avec une bonne nuit de sommeil, alternant phases de sommeil lent, profond et paradoxal pendant laquelle le cerveau se décharge à travers rêves ou cauchemars, on est censé se réveiller reposé. Contrairement à ce que croient 13% des 25-45 ans (Inserm), «non, dormir n’est pas une perte de temps, assène Mélanie Gillant, infirmière pour le service de prévention et de santé au travail Thalie. Le cerveau en a besoin» ».
La journaliste observe que « si 70% des êtres humains ont […] besoin de dormir 7 à 8 heures au quotidien, rappelle Karim Takhi, médecin pour le Service interentreprises de santé au travail de la boulangerie, 10 à 20% ont besoin de 9 à 10 heures et 5 à 10% n’ont besoin que de 4 heures à 5 heures ! Et plus on vieillit, moins on a besoin de sommeil ».
Le médecin souligne ainsi : « Il est nécessaire de respecter sa chronobiologie. Le corps est rythmé par des choses qui nous conditionnent au réveil ou au sommeil ».
Virginie de Kerautem explique que « la baisse de luminosité, par exemple, stimule la sécrétion de mélatonine, une hormone qui va déclencher l’endormissement. Sa production chute jusqu’au petit matin et cesse au réveil, lorsque la lumière revient. Or, comme cela est répété par les professionnels de santé, la lumière bleue des écrans (téléphone, ordinateur, téléviseur) bloque la sécrétion de mélatonine et perturbe donc fortement la qualité du sommeil ».
La journaliste note en outre que « pour surmonter les baisses de régime la journée, certains n’hésitent pas […] à s’octroyer une pause sieste. […] Si quelques entreprises ont installé des endroits spécifiques pour se reposer, d’autres voient la sieste d’un mauvais œil, sans parler des salariés qui n’osent pas s’assoupir aux sus et aux vues de leurs collègues et managers. Pourtant, la sieste d’une vingtaine de minutes est de plus en plus plébiscitée. Et pour cause ! Selon une étude de la Nasa, elle améliore les performances de 34% ».

« Pourquoi lire des histoires aux bébés prématurés ? »

Date de publication : 14 mars 2024

Le Point

Le Point publie un texte de Cécile Boulaire, maîtresse de conférences en littérature pour la jeunesse, Université de Tours, pour The Conversation, qui explique qu’« aux États-Unis, des services de néonatologie mettent en place des programmes de lecture pour les bébés prématurés. La France aussi commence à développer ce type d’initiatives ».
Elle note ainsi qu’« au Centre hospitalier universitaire de Nantes par exemple, une petite bibliothèque d’albums est à la disposition des parents de prématurés. À Amiens, ce sont les psychiatres de liaison qui viennent lire des histoires aux bébés. Ailleurs, des bénévoles ou des salariés d’associations se relaient. À Tours, un petit groupe réunissant bibliothécaires, lectrice salariée et chercheuse vient chaque semaine partager des histoires dans le service ».
Cécile Boulaire indique que « l’idée peut paraître d’abord saugrenue, aux parents comme aux soignants : pourquoi lire aux bébés des récits qu’ils sont bien trop petits pour comprendre ? Cependant, la mise en place de ces programmes repose sur des motivations rationnelles. Elles s’appuient sur l’importance des soins dits «de développement», qui recouvrent tout ce qui, au sein de ces services de grande technicité, ne sert pas prioritairement à faire survivre l’enfant mais l’engage dans son développement ultérieur ».
Elle rappelle qu’« un bébé qui naît avec beaucoup d’avance peut être conduit à passer de longues semaines dans un service hospitalier dans lequel le bruit, la lumière, un excès ou un défaut de stimulation peuvent gêner son développement. De là, le risque qu’il manifeste des difficultés directement liées à ses conditions d’hospitalisation ».
Cécile Boulaire explique que « les soins de développement s’intéressent à tout son environnement : sa position dans son incubateur, son environnement sensoriel (lumière, sons), son soutien affectif. Des études extrêmement rigoureuses ont ainsi montré que la présence des parents est bénéfique au développement du bébé, et qu’il faut tout faire pour encourager cette présence ».
« On a aussi pris conscience du soutien que pouvait apporter la musique, surtout si elle est chantée par les parents. Ce faisant, c’est l’importance fondamentale de la voix des parents, et en particulier de la mère, qui a intéressé les chercheurs : on incite désormais fortement les parents à parler et chanter à leur bébé. C’est dans ce cadre que sont apparues les premières manifestations d’intérêt pour la lecture en néonatologie »,
 relève la maîtresse de conférences.
Elle explique notamment que « la lecture à haute voix, proposée aux bébés lors de leurs brefs moments d’éveil calme, accompagne les parents dans la construction de leur lien à leur enfant. La musicalité des textes sollicite ses compétences auditives : le rythme d’une comptine, la variation d’intensité de la voix lisante tranchent sur l’environnement sonore pauvre de l’unité néonatale, et il n’est pas rare qu’à cette écoute, le bébé ouvre un œil, arrête un mouvement, tourne la tête ».
Cécile Boulaire précise que « si les premières lectures peuvent être faites par des intervenants (soignants, ou extérieurs au milieu médical), laisser les livres dans les chambres permet ensuite aux parents de reprendre seuls les albums, dans des moments d’intimité, et les partager à leur tour avec leur bébé ».
Elle ajoute qu’« implanter des programmes de lectures d’albums pour enfants dans un service de néonatologie ne tombe pas sous le sens, mais a montré son intérêt. Même les soignants reconnaissent que le climat change dans les chambres, et que les histoires lues aux bébés qu’ils et elles soignent leur permettent de voir leurs petits patients sous un autre jour. La présence des livres aide les parents à sortir de leur sidération et à se projeter vers l’avenir ».

« Le burn-out peut frapper très tôt : trentenaires et déjà « cramés » »

Date de publication : 22 mars 2024

Le Monde

Margherita Nasi observe dans Le Monde qu’« en France, de 5% à 10% de la population active souffrirait de cette forme extrême d’épuisement. Les jeunes actifs sont loin d’être épargnés, le début de la vie professionnelle constituant une période particulièrement à risque ».
La journaliste évoque ainsi les travaux de Philippe Zawieja, psychosociologue du travail, qui « identifie différents moments à risque dans une carrière professionnelle, à commencer par l’entrée dans la vie active ».
Ce dernier observe : « Les jeunes peuvent faire l’expérience d’une désillusion face à un métier longtemps fantasmé. Notamment quand les entreprises affichent des valeurs qui sont ensuite bafouées au quotidien, engendrant ainsi une souffrance éthique chez leurs recrues ».
Margherita Nasi relève que « le consultant note également un pic de burn-out après dix ans d’expérience, autour de la trentaine, en raison de paramètres démographiques ». Philippe Zawieja explique que « c’est le moment où on commence à avoir des enfants, où les premiers couples se séparent. Le risque diminue ensuite avec l’ancienneté ».
La journaliste indique notamment que « le Credir – une ONG spécialisée dans la prévention de l’épuisement – organise depuis dix ans des stages pour prévenir ou sortir du burn-out, et accueille un public de plus en plus jeune ».
Son directeur, Jean-Denis Budin, remarque ainsi que « la pandémie s’est accompagnée d’un essor des loisirs numériques, qui ont un impact néfaste sur la qualité du sommeil, en particulier chez les jeunes ».
Margherita Nasi note que « M. Budin évoque également une forme de «procrastination du sommeil», notamment chez les jeunes mères ». Il déclare qu’« elles ont des journées extrêmement chargées, et quand elles ont couché les enfants, au lieu de se reposer, elles vont sur les réseaux sociaux pour renouer avec une vie sociale qu’elles n’ont plus ».
La journaliste observe par ailleurs que « les femmes sont également plus présentes dans les métiers à risque, «à savoir les professions en contact avec un public fragile, ou socialement dévalorisées», précise Philippe Zawieja. Le psychosociologue regrette l’absence d’une «maison du burn-out» ».
Il explique : « Calquée sur le modèle des maisons de santé, une institution de ce type, financée par les pouvoirs publics, pourrait accueillir en ville toutes les victimes de burn-out, avec une prise en charge pluridisciplinaire ».
Margherita Nasi remarque ainsi que « pour l’instant, les seules initiatives destinées à prendre en charge cet épuisement professionnel sont organisées par des employeurs, des syndicats ou des particuliers, souvent passés eux-mêmes par le burn-out ».

« Procrastination : et si c’était le signe d’un trouble de l’attention ? »

Date de publication : 25 mars 2024

Le Figaro

Stéphany Gardier évoque dans Le Figaro la procrastination, « un trait de personnalité répandu, certes stressant pour l’intéressé(e) et potentiellement agaçant pour son entourage, mais qui n’a rien de pathologique au sens propre. Sauf… si ce comportement est en réalité la manifestation d’un trouble de l’attention. C’est du moins le message subtilement distillé via les réseaux sociaux […] par différentes entreprises proposant des programmes pour en finir avec la procrastination ».
La journaliste observe que « certains sites proposent même à l’internaute dans le doute d’évaluer la gravité du problème en 1 minute ! Un temps record pour obtenir son «niveau de symptômes du TDAH (trouble-déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, NDLR)» et même le type de TDAH détecté. Du pur «business», met en garde le Dr Hervé Caci, pédopsychiatre aux Hôpitaux pédiatriques de Nice CHU-Lenval et spécialiste du TDAH ».
Le médecin remarque qu’« on peut certes dépister un TDAH chez l’adulte en utilisant un autoquestionnaire validé par l’OMS. Mais le diagnostic doit être confirmé par un clinicien. Celui-ci pourra notamment prendre en compte les autres pathologies susceptibles d’accompagner le TDAH, afin de mettre en place une stratégie thérapeutique cohérente ».
Stéphany Gardier relève qu’« associé spontanément à l’enfance, le TDAH concerne pourtant aussi les adultes, chez qui le diagnostic peut être tardif. Un certain nombre d’enfants, les filles en particulier, parviennent à mettre en place – souvent inconsciemment — différents ajustements pour vivre avec leur TDAH sans que cela ne pose de problèmes majeurs dans leur quotidien ».
« Mais arrivés à l’âge adulte, il ne leur est pas toujours possible de continuer à compenser ce qui n’apparaissait jusque-là que comme des traits de caractère : la difficulté à rester concentré, l’agitation incessante, les oublis fréquents, l’impulsivité… Se pencher sur un dossier à la dernière minute peut fonctionner quand on est efficace dans l’urgence, mais si la capacité de travail diminue, cette stratégie ne fonctionne plus : les retards s’accumulent et la mécanique se grippe », 
poursuit la journaliste.
Stéphany Gardier observe que « certains patients peuvent être soulagés par le diagnostic de TDAH, mais l’annonce peut aussi être mal vécue ».
Christine Gétin, fondatrice et directrice de l’association HyperSupers TDAH France, souligne qu’« il est donc important qu’elle soit faite par un professionnel de santé formé, pour bien faire passer le message. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons toujours refusé de publier des tests et échelles, même validés, sur le site de notre association ».

« Dépression post-partum : les pères aussi en souffrent »

Date de publication : 26 mars 2024

Le Monde

Julien Lemaignen explique en effet dans Le Monde que « les psychiatres commencent à cerner les difficultés psychiques des hommes survenant autour de la naissance de leur enfant ».
Le journaliste relève ainsi que « la cohorte Elfe, qui suit 18.000 enfants nés en France en 2011, a permis d’en estimer la prévalence. La dépression post-partum concernerait 5% des pères contre de 15% à 16% des mères, selon une étude publiée dans The Lancet Public Health en janvier 2023, consacrée aux effets du congé paternité sur la santé mentale des parents. Le questionnaire EPDS – pour « Edinburgh Postnatal Depression Scale » – a été soumis à 13.000 mères et à 11.000 pères deux mois après la naissance ».
Maria Melchior, directrice de recherches à l’Inserm et coautrice, remarque que « la politique des “mille premiers jours” implique en principe un dépistage assez large de la dépression post-partum maternelle ; que les pères aussi puissent aller moins bien, c’est moins repéré ».
Cécile Corfdir, psychiatre au groupe hospitalo-universitaire Paris psychiatrie et neurosciences (GHU Paris), note pour sa part que « les symptômes de la dépression paternelle sont moins évidents ». Julien Lemaignen indique que « d’après elle, les signes évocateurs d’une dépression chez la mère sont surtout l’anxiété, les doutes quant aux capacités maternelles ainsi qu’une forte anticipation de l’avenir ; pour les pères, il s’agit souvent d’irritabilité, d’anhédonie – la perte du plaisir dans les activités qui en procurent habituellement – et une augmentation de consommation de toxiques ».
Le journaliste poursuit : « Parmi les facteurs de risque, Lucie Joly, psychiatre spécialiste de la périnatalité à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), cite les antécédents psychiatriques, une situation sociale précaire, les traumas infantiles et les difficultés professionnelles. Ces facteurs de risque sont proches de ceux de la dépression post-partum des mères ».
« Lucie Joly ajoute que le soin consiste essentiellement à déconstruire « les croyances paternelles dysfonctionnelles comme “je ne serai jamais un bon père, jamais capable d’élever un enfant” », 
relève Julien Lemaignen.
Le journaliste observe qu’« en général, «trop peu d’hommes sont préparés à l’accouchement», déplore Mme Joly. La psychiatre se désole aussi de la persistance du «stéréotype de l’homme fort» à cause duquel les difficultés psychiques des pères «restent un tabou, alors que l’on sait traiter la dépression et que plus on la prend en charge tôt, plus c’est facile et moins elle a d’impact sur le bébé» ».
Romain Dugravier, psychiatre GHU Paris et chef de service au centre de psychopathologie périnatale de l’Institut Paris Brune (CPPB), indique quant à lui que « les pères ont longtemps été pensés comme des tiers séparateurs de la relation mère-bébé. Aujourd’hui, ils expriment la demande forte d’être présents, ce que le congé paternité a encouragé ».

« Eva Menard, la musique comme thérapie »

Date de publication : 27 mars 2024

La Croix

Dans le cadre de la Journée annuelle d’information et de sensibilisation à l’épilepsie, Florence Pagneux explique dans La Croix qu’« Eva Menard, musicienne de 39 ans, est à l’origine d’un groupe de recherche sur les effets de la musique pour atténuer les crises d’épilepsie. Cette maladie, dont elle souffre, est encore largement taboue ».
La journaliste indique ainsi qu’« inspiré de « l’effet Mozart », le projet Epilepsia Waves […] propose d’expérimenter la création musicale, comme traitement complémentaire pour les personnes épileptiques ».
Florence Pagneux précise tout d’abord : « Elle a longtemps gardé pour elle ses tempêtes intérieures. Lors de sa première crise d’épilepsie, à 14 ans, Eva Menard est prise d’hallucinations visuelles et auditives, lui donnant l’impression de se voir hors de son corps. «Je me suis pensée folle, j’ai eu honte et je n’en ai parlé à personne.» Sauf que les crises reviennent, quelques années plus tard, et finissent par devenir beaucoup plus fréquentes. Elle finit par consulter un neurologue, sur les conseils d’une ostéopathe, qui pose enfin le diagnostic d’épilepsie 10 ans après sa première crise ».
Eva Menard souligne que « c’est une maladie tellement méconnue et taboue que je n’en connaissais pas les symptômes, qui peuvent être très divers d’une personne à l’autre. […] J’ai essayé un médicament qui n’a pas fonctionné, comme pour nombre de malades, et j’ai été obligée d’adapter mon mode de vie à cette maladie ».
Florence Pagneux explique qu’« elle est parvenue à diminuer la fréquence de ses crises en adoptant une hygiène de vie irréprochable et en pratiquant régulièrement la méditation ».
La journaliste indique donc qu’Eva Menard « est à l’origine du programme Epilepsia Waves, qui consiste à tester un répertoire musical susceptible d’atténuer la fréquence et l’intensité des crises d’épilepsie, en complément de traitements classiques ».
La musicienne déclare que « ce sera la première fois qu’une recherche va s’intéresser à l’effet Mozart sur l’épilepsie en France ».
Florence Pagneux observe que « des recherches menées à l’étranger ont en effet déjà démontré les effets bénéfiques de la sonate K448 du célèbre compositeur autrichien sur l’activité cérébrale. Ce programme inédit réunit une équipe pluridisciplinaire mêlant le Pr Fabrice Bartolomei du CHU de Marseille, l’experte en innovation santé Aude Nyadanu, un groupe de compositeurs du collectif Øpera et un musicologue, Pierre-Henri Dutron, spécialiste de Mozart ».
La journaliste explique qu’« une première phase va consister à recruter des patients volontaires pour tester des répertoires musicaux, et une seconde conduira à une étude clinique dans plusieurs hôpitaux ».

Revue de presse santé psy – février 2024

« Le daridorexant, un nouveau somnifère porteur d’espoir »

Date de publication : 5 février 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe que « 4 millions de Français souffrent d’insomnies à des degrés divers. Les médicaments sont-ils la solution ? L’arrivée d’un somnifère dernière génération relance le débat ».
Brigitte Fanny Cohen rappelle ainsi que « si les troubles du sommeil durent depuis plus de 3 mois, au moins trois fois par semaine, avec des difficultés au quotidien – fatigue, manque de concentration, irritabilité, somnolence -, on parle d’insomnies. Il faut alors consulter pour identifier leurs causes ».
« Elles sont nombreuses : certaines maladies comme la dépression, les apnées du sommeil, le syndrome des jambes sans repos… Mais aussi certains médicaments comme la cortisone ou des excitants pris avant de dormir comme le thé, le café ou l’alcool… Ou encore la lumière bleue des tablettes et autres smartphones qui perturbe la production de mélatonine et l’endormissement », 
indique la journaliste.
Elle explique que « soigner la cause permet le plus souvent de traiter l’insomnie. Parfois, on ne retrouve pas de raison bien identifiée aux insomnies chroniques qui représentent un véritable cauchemar pour ceux dont elles hantent les nuits ».
Brigitte Fanny Cohen observe que « les somnifères sont assez décriés et ne sont prescrits, en principe, que sur des périodes courtes : 28 jours maximum, pour aider à passer un cap difficile. […] Selon la Haute Autorité de santé, plus d’un quart des plus de 65 ans […] prennent des somnifères au long cours, 7 mois en moyenne mais parfois durant des décennies ».
Le Dr Patrick Lemoine, psychiatre, docteur en neurosciences, remarque en effet qu’« ils provoquent une dépendance inefficace et toxique : inefficace car ils ne guérissent pas les insomnies et toxique car ils entraînent de nombreux effets secondaires ».
Brigitte Fanny Cohen relève qu’« un nouveau somnifère (le daridorexant) sera commercialisé en mars 2024 en France. Il apporte une lueur d’espoir avec son mécanisme d’action différent des autres. Cet hypnotique de dernière génération s’attaque à l’orexine, une hormone qui intervient dans le sommeil mais aussi dans le contrôle du poids ».
Le Dr Damien Léger, directeur du Centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), explique qu’« il bloque les récepteurs des neurones qui fabriquent l’orexine. En cela, il favorise un endormissement plus rapide et augmente le temps de sommeil. Il améliore aussi l’éveil, le jour suivant, ce qui est totalement nouveau pour un somnifère. Dans les études, il n’a pas provoqué plus d’effets secondaires que le placebo ».
La journaliste observe que « l’arrivée de ce nouveau médicament risque de provoquer un raz de marée de prescriptions, ne respectant pas toujours les indications ».
Le Pr Léger souligne que « sa mise sur le marché sera encadrée par la Haute Autorité de santé, avec une étude pour savoir qui prend ce médicament et avec quels effets. Je la coordonne et nous allons être très vigilants : il ne s’agit pas de la pilule miracle pour dormir ».

« Loi contre les dérives sectaires : l’incitation à ne pas suivre un traitement médical sera-t-elle sanctionnée ? »

Date de publication : 6 février 2024

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui fait savoir que « les ordres des professionnels de santé appellent les députés à réintroduire dans le projet de loi le délit initialement prévu mais retiré lors de l’examen au Sénat. La rapporteuse du texte à l’Assemblée nous présente les « garde-fous » qu’elle compte proposer pour tenir compte des réserves du Conseil d’État ».
Nicolas Berrod explique que « dans sa version initiale, [l’article] prévoyait de punir d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende «la provocation à abandonner ou à s’abstenir de suivre un traitement médical, lorsque cela est présenté comme bénéfique pour la santé des personnes visées alors que [cela] est, en l’état des connaissances médicales, manifestement susceptible d’entraîner des conséquences graves pour leur santé physique ou psychique» ».
« Mais le Sénat l’a provisoirement supprimé fin décembre, tandis que le Conseil d’État avait émis des réserves dès le mois de novembre »
, rappelle la journaliste.
Elle indique qu’« interrogés mardi 24 janvier à l’Assemblée, les représentants des principaux ordres professionnels (médecins, kinés, chirurgiens-dentistes, podologues, etc.) ont « unanimement » plaidé pour réinstaurer un tel délit ».
Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), déclare ainsi : « On reçoit chaque jour des signalements et il existe déjà l’escroquerie et l’exercice illégal de la médecine, mais l’interdiction de faire de la propagande permettrait d’englober d’autres situations ».
Nicolas Berrod relève que « dans son avis, le Conseil d’État a pourtant estimé qu’une telle mesure n’était «ni nécessaire ni proportionnée». Parmi leurs arguments, les juges estiment qu’«il convient de garantir un équilibre entre les droits constitutionnels, afin, notamment, de ne pas remettre en cause la liberté des débats scientifiques et le rôle des lanceurs d’alerte». Or une atteinte à la liberté d’expression doit être «nécessaire, adaptée et proportionnée à l’objectif poursuivi», ce qui ne serait pas le cas ».
Le journaliste note que « la balle est désormais dans le camp des députés. [L’article] pourrait être rédigé différemment pour prendre en compte les remarques du Conseil d’État et limiter le risque de dérives. Car certains traitements, rejetés par la communauté scientifique dans un premier temps, peuvent finir par prouver leur efficacité sur la base de nouvelles études, par exemple ».
Brigitte Liso (Renaissance), rapporteuse du texte, évoque « 4 critères : que la personne soit malade, qu’il y ait une incitation à abandonner les soins, que cela entraîne un risque manifeste pour la santé et avec des conséquences graves ».

« « J’ai régulièrement envie d’en finir » : ces jeunes adultes de plus en plus affectés par des pensées suicidaires »

Date de publication : 6 février 2024

Le Parisien
Le Figaro
Le Monde

Léo Aguesse relaie dans Le Parisien « une nouvelle illustration, s’il en fallait encore une, d’une détérioration de la santé mentale des jeunes adultes. Les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des 18-24 ans ont fortement augmenté depuis le Covid, dévoile […] le dernier baromètre de Santé publique France ».
Le journaliste retient que « les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 chez les jeunes (passant de 3,3% à 7,2% en 2021) et les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (de 6,1% à 9,2%) ».
Il cite notamment Arthur, 23 ans, dont « les phases de déprime ont toujours fait partie du quotidien » : « Je souffre depuis que je suis jeune du syndrome du côlon irritable, une maladie qui n’est pas grave mais très inconvenante. J’ai régulièrement envie d’en finir pour ne plus avoir mal ».
Léo Aguesse observe que « les mauvaises nouvelles qui s’accumulent depuis l’an passé le tirent vers le bas. «Une série d’évènements difficiles» pour Arthur, parmi lesquels plusieurs décès de proches et une séparation avec son ancienne compagne ».
Le jeune homme souligne : « Je suis clairement tombé dans une longue dépression, avec des envies suicidaires plus fortes qu’habituellement ».
Concernant cette étude, Léo Aguesse explique que « les racines du mal, multifactorielles, sont souvent les mêmes. Parmi les causes principales «figurent régulièrement la rupture amoureuse, les problèmes familiaux ou encore la perte d’emploi», souligne la psychologue Jessica Sautron. Mais cette préoccupation des jeunes adultes sur leur santé mentale est «nouvelle», relève la spécialiste, qui constate que la parole se libère ».
Le journaliste poursuit : « Les patients qu’elle reçoit dans son cabinet pointent bien souvent un «contexte sociétal assez morose», une «perte de sens» ou encore un «manque de perspectives d’avenir». Les réseaux sociaux, sorte de miroir déformant de la société, peuvent également participer à l’apparition d’un état dépressif ».
Léo Aguesse conclut que « la psychologue rappelle l’importance de la prévention, de «poser des questions autour de soi». Puis, lorsque les troubles dépressifs sont confirmés, il devient nécessaire de «se tourner vers la psychiatrie» et les structures existantes ».
Le Figaro remarque pour sa part que « près de 10% des jeunes femmes ont eu des pensées suicidaires en 2021 ».
Soline Roy explique aussi que cette « étude de Santé publique France montre une forte hausse des pensées suicidaires et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans, en particulier chez les jeunes femmes ».
La journaliste souligne que « cette étude «confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation», écrivent les auteurs ».
Soline Roy ajoute que « ces hausses [de tentatives de suicide et d’idées suicidaires chez les jeunes adultes] pourraient également être partiellement attribuables à une «ouverture de la parole sur les questions de santé mentale» ».
« Des progrès restent cependant à faire dans la prise en charge : tous âges confondus, «un peu moins de 6 personnes ayant tenté de se suicider sur dix (57%) estimaient avoir reçu le soutien nécessaire pour s’en sortir lors de leur dernière tentative de suicide» »,
 souligne la journaliste.
Le Monde évoque également cette « forte hausse des pensées et des tentatives de suicide des jeunes adultes français ».
Le journal note que « ces résultats «constituent un changement important, puisque [les pensées suicidaires] étaient inférieures ou comparables [à celles des] autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19», rappelle l’agence de santé publique. Cette inversion de tendance vient «confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes» ».

« Psychédéliques : une première étude menée en France avec la psilocybine »

Date de publication : 12 février 2024

Le Figaro

Soline Roy évoque dans Le Figaro cette « étude pionnière en France sur la psychothérapie assistée par psilocybine, la substance active des champignons hallucinogènes ».
« Menée à l’Hôpital de réadaptation, de rééducation et d’addictologie du Grau-du-Roi (Gard) sur 30 patients atteints de troubles de l’usage de l’alcool associés à la dépression, celle-ci va tout d’abord étudier «la faisabilité et l’acceptabilité» du traitement avant qu’il ne soit éventuellement évalué sur une plus grande cohorte »
, précise la journaliste.
La Dr Amandine Luquiens, psychiatre addictologue au CHU de Nîmes, explique : « Nous incluons des patients dont l’addiction est sévère et chez qui les signes de dépression restent présents après le sevrage, ce qui est un gros facteur de risque de rechute ».
Soline Roy rappelle ainsi qu’« en moyenne, près de la moitié des patients alcoolodépendants rechutent dans les 6 mois suivant une cure de sevrage, et un tiers des patients dépressifs sont résistants aux traitements actuels ».
Elle note que « les psychédéliques ont plusieurs avantages sur les médicaments antidépresseurs, qui justifient le regain d’intérêt des médecins à leur endroit. Ces produits qui modifient l’état de conscience semblent efficaces en une ou deux prises, de façon immédiate et persistante. Ils agissent sur les récepteurs de la sérotonine, un neurotransmetteur notamment impliqué dans la gestion des humeurs et de l’anxiété, et induisent une altération profonde des perceptions et de la conscience, indique l’Inserm ».
Soline Roy relève notamment que « dans le cadre d’une étude récemment publiée dans Scientific Reports, des chercheurs new-yorkais ont fait passer des IRM à 11 patients dépendants à l’alcool, 3 jours avant d’avoir bénéficié d’une psychothérapie assistée par psilocybine, puis 2 jours après. Ils montrent des modifications de l’activité cérébrale qui «suggèrent une meilleure action dirigée vers un but, une meilleure régulation émotionnelle et une diminution de l’état de manque» ».
La journaliste souligne que « le maniement des psychédéliques nécessite […] un encadrement étroit de la part de l’équipe médicale. Chaque session doit avoir lieu dans un environnement chaleureux et rassurant, avec un accompagnement des soignants qui doivent rester auprès du patient tout au long de l’expérience ».
La Dr Luquiens remarque ainsi que « c’est chronophage pour les soignants, mais si cette stratégie s’avère efficace, elle pourrait être efficiente car en seulement deux prises le patient pourrait entrer en rémission ».
Soline Roy explique que « les patients, sevrés d’alcool depuis au moins 2 semaines, recevront de la psilocybine à deux reprises, à 3 semaines d’intervalles ». La Dr Luquiens précise : « Ils resteront hospitalisés pendant 4 semaines. Nos patients peuvent avoir des complications liées au sevrage et sont vulnérables psychologiquement ».
La journaliste note que « la prise de psilocybine est associée à une prise en charge psychothérapeutique avant, pendant et après la session ».
Soline Roy observe que « la psilocybine agit une quarantaine de minutes après la prise et son effet dure 6 heures, pendant lesquelles le patient, allongé sur son lit, les yeux masqués, doit être sollicité le moins possible : l’expérience psychédélique est un voyage intérieur que rien ne doit venir perturber ».
La journaliste précise que « la molécule a reçu une autorisation spéciale de l’Agence du médicament dans le cadre de cette étude, et est conditionnée en gélules au sein de la pharmacie de l’hôpital ».
Soline Roy ajoute qu’« en France, d’autres essais du même type sont prévus par d’autres équipes, avec de la psilocybine et une autre molécule issue de l’ergot de seigle : le fameux LSD. Ils signent le grand retour de la médecine psychédélique. Avant d’être détournées à des fins récréatives, ces substances avaient en effet été développées comme médicaments contre la dépression, l’anxiété ou la dépendance à l’alcool ».

« Dans la tête de Lise, aux personnalités multiples : « J’en ai voulu à mes 30 alters de me voler ma vie » »

Date de publication : 12 février 2024

Le Parisien

Dans Le Parisien, Julie Cloris brosse le portrait de cette « jeune femme [qui] a fait la paix avec sa multiplicité, après des années destructrices. « Vivre » avec plusieurs personnalités, soit des idées, des souvenirs et des goûts différents, serait le lot de 1,1 à 1,5% de la population », note la journaliste.
Julie Cloris explique que « Lise présente un « trouble dissociatif de l’identité » (TDI), ou « trouble de la personnalité multiple ». […] Pour Lise, de subtiles modulations dans la voix trahissent la « présence » d’un alter, mot qui vient de l’expression « état alternatif de conscience », mais qui s’est imposé dans l’esprit collectif comme « un autre » ».
Lise indique : « Moi, j’ai deux co-hôtes et plus de 30 alters, ils ne sont pas tous actifs. Mes deux co-hôtes se ressemblent beaucoup, on a la même façon de penser, une manière comparable de naviguer dans la vie ».
Elle précise : « C’est un état étrange, bizarre, parasite. On semble lunatique mais à l’intérieur, c’est encore plus incohérent. Parfois on ne se voit pas faire les choses, parfois on a des envies contraires. Ce n’est pas toujours concret : on est surtout tiraillé ».
Julie Cloris note que « la jeune femme ne sait pas quand ce flou s’est imposé en elle. «Ado, je croisais des gens qui me connaissaient, et je n’avais aucune idée de qui ils étaient. Des objets, des vêtements, apparaissaient dans ma chambre», relate-t-elle. Elle ressent «des difficultés relationnelles et physiques, beaucoup d’angoisse et d’anxiété». Lise ne se sent pas en confiance dans sa famille pour parler, elle doute, souffrant en silence ».
La jeune femme évoque « la guerrière » : « La première que j’ai conscientisée, [elle] est très différente de moi. Elle se tient très droite, les épaules redressées. Elle a une voix grave et posée. Elle est froide et rationnelle, son rythme cardiaque est stable. Quand je dis aujourd’hui que je suis multiple, il suffit qu’elle se montre pour que les gens me croient, c’est un peu ma bête de foire ».
Elle évoque aussi « la fulgurante », qui « est une tornade, elle veut ressentir pleinement les choses, faire la fête, manger des trucs sympas. Elle aime le contact, elle est très bavarde. Si elle n’a rien à faire, elle peut être frustrée et débarquer à 3 heures du matin ».
Julie Cloris explique que « pendant des années, ces deux antagonistes se sont fait la guerre. […] Entre «désespoir et résignation», Lise enchaîne les crises d’angoisse, les «crashs émotionnels», les douleurs physiques. Qu’elle travaille à la chaîne dans une usine de jour, comme vendeuse ou comme serveuse dans un bar de nuit, sa vie est une succession de hauts et de bas ».
« Lise s’enfonce dans une profonde dépression ; seule la guerrière surnage, elle traîne tout le monde chez une psychiatre. À la thérapeute, Lise dit entendre des voix dans sa tête. Des tests permettent d’écarter la schizophrénie. Vient alors le diagnostic de trouble dissociatif de l’identité »,
 indique la journaliste.
Elle relève que « faute de spécialiste pour la suivre au long cours, la jeune femme doit se débrouiller seule. Une grande aventure commence, qui passe, dit-elle, par le dialogue entre tous ses « moi » ».
Lise précise : « Au début du processus, on pensait vraiment qu’on était moins de dix, c’étaient en fait les alters les plus actifs. Il y avait beaucoup de mésentente entre nous, de peurs, de rejet. Je leur en ai voulu de me voler ma vie, de mettre fin à des relations, de semer le bazar. Il a fallu du temps pour que les choses s’apaisent, et on a réussi. On s’entend relativement bien maintenant, on s’entraide ».
Julie Cloris observe que « la reconnaissance d’un handicap physique lui permet de percevoir l’allocation avec laquelle elle vit. Et de se consacrer au bénévolat, la seule activité où elle peut adapter ses horaires et sa charge de travail à son état de fatigue ».

« Dans le Finistère, une psychiatrie efficace qui a « le souci de l’autre » »

Date de publication : 13 février 2024

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération que « tout n’est pas absolument pourri dans le royaume de la psychiatrie. Il y a ainsi des endroits où l’on ne manque pas de psychiatres ni d’infirmières, où les uns comme les autres sont contents de travailler, et où les patients sont non seulement pris en charge, mais bien pris en charge. Et cela se passe dans le Finistère, à Landerneau ».
Le journaliste se penche ainsi sur ce « service reposant sur la psychothérapie institutionnelle. Un lieu qui existe depuis une trentaine d’années, et qui satisfait patients comme médecins ».
Il cite la Dre Delphine Glachant, qui « a trouvé il y a un peu plus d’un an un poste à l’hôpital de Landerneau. Dans l’histoire de la psychiatrie publique, c’est un lieu qui n’est pas anodin, où depuis plus d’une trentaine d’années, on y pratique, à l’initiative du Dr Jean-Michel de Chaisemartin, une prise en charge humaniste, ouverte, en réseau, reposant sur ce que l’on appelle la psychothérapie institutionnelle. Et cela marche ».
La psychiatre observe dans la revue Pratiques : « Au-delà de la gentillesse des uns et des autres, une véritable culture de l’accueil est travaillée, qui traverse les patients et le personnel. […] A Landerneau, on fait de la psychiatrie de secteur, de la vraie, celle où tout le monde circule, patients, soignants, d’une unité à l’autre, vers la ville, vers la mer. Plus de dix gîtes [séjours thérapeutiques, ndlr] s’organisent chaque année, y compris pour aller à la pêche… Les personnes, les biens, la parole circulent ».
Elle ajoute que « la continuité d’être n’est pas qu’une formule. C’est un souci de l’autre. Quand quelqu’un commence à décompenser, on en aura tellement parlé au cours de plusieurs synthèses successives que lorsqu’il arrive sans prévenir au centre médico-psychologique, ça va de soi qu’il est accompagné à l’hôpital, tranquillement, où là-bas, il est attendu et accueilli ».
La Dre Glachant précise : « Pour moi, il y a une foule de facteurs qui nous permettent ce travail. Il y a au départ un projet de gens qui se sont engagés. L’air de rien, c’est une vision de soins très politiques. Les patients sont présents, dans la boucle. On pense que le soin, cela passe aussi par leur émancipation ».
La psychiatre souligne cependant que « notre secteur subit comme partout les méfaits des politiques de santé. L’établissement mène notamment une politique de contractualisation qui précarise et fragilise les personnels. Ils restent en CDD des années, ne sont stagiairisés qu’au bout de six, huit ans ».
« Ce mois-ci, le dispositif d’alarme du travailleur isolé [DATI], mis en place dans les services de psychiatrie après le double homicide [à l’hôpital psychiatrique] de Pau en 2004, est arrivé dans le service alors que jusque-là, les équipes s’en étaient passées. Ressentir ce besoin, c’est mauvais signe, et l’arrivée du DATI en lui-même modifie l’ambiance. Cela témoigne de situations dans lesquelles l’équipe se sent en insécurité »,
 ajoute la Dre Glachant.
Elle conclut néanmoins : « J’ai retrouvé un plaisir à travailler qui me fait beaucoup de bien. Il y a, il peut, y avoir plein de Landerneau dans la psychiatrie publique ».

« Femmes, hommes : les premières « preuves irréfutables » d’une différence de fonctionnement cérébral entre les sexes »

Date de publication : 20 février 2024

Sciences et Avenir

Camille Gaubert indique en effet dans Sciences et Avenir que « les cerveaux féminins et masculins ne fonctionnent pas tout à fait de la même manière, concluent de nouveaux travaux de l’université de Stanford publiés dans la revue PNAS ».
La journaliste retient que ce « nouveau modèle présenté par les scientifiques de l’équipe de Vinod Menon [professeur en psychiatrie et sciences du comportement à Stanford] affiche un taux de fiabilité inégalé : il parvient à prédire dans 90% des cas si le cerveau observé dans l’enregistrement par IRMf appartient à une femme ou un homme, et ce même en l’utilisant sur des jeux de données différents de celui qui lui a permis de s’entraîner ! Ce dernier compte environ 1.000 enregistrements par IRMf d’adultes de 20 à 35 ans issus du Human Connectome Project ».
Camille Gaubert indique que « ce projet soutenu par les autorités de santé américaines a l’ambition d’identifier les processus de connectivité cérébrale à l’œuvre dans divers troubles et maladies telles que la dyslexie, l’autisme ou la schizophrénie. En se basant sur ce millier d’enregistrements, le modèle d’IA par deep-learning (apprentissage profond) développé tout spécialement par les chercheurs a identifié trois réseaux et zones cérébrales permettant de distinguer les cerveaux féminins et masculins : le striatum, le système limbique – plus précisément le cortex orbitofrontal – et le réseau du mode par défaut ».
Camille Gaubert remarque : « Attention cependant, les scientifiques ne concluent à aucun déterminisme inné. […] Les chercheurs ne savent pas si ces différences entre femmes et hommes sont innées, par exemple dues à des influx hormonaux ou des caractéristiques génétiques, ou si elles sont façonnées tout au long de la vie par les attentes genrées de la société ».
La journaliste conclut que les chercheurs « espèrent que ces découvertes permettront de mieux comprendre, identifier et traiter les troubles et maladies psychiatriques et neurologiques dont la prévalence est nettement plus importante dans un sexe que dans un autre ».
Les auteurs observent ainsi que « le réseau du mode par défaut, le striatum et le système limbique sont également des lieux de dysfonctionnement dans les troubles psychiatriques dont les taux de prévalence sont biaisés entre hommes et femmes, notamment l’autisme, les troubles déficitaires de l’attention, la dépression, la toxicomanie, la schizophrénie et la maladie de Parkinson, qui ont tous des séquelles et des résultats sexospécifiques ».

« « Je nai jamais vu ça » : à Toulouse, le ministre de la Santé dénonce le manque de coopération du privé sur les urgences psychiatriques »

Date de publication : 21 février 2024

Le Parisien

Paul Périé observe en effet dans Le Parisien : « Le ton est ferme, les mots choisis et le message clair. Pour l’une de ses premières sorties médiatiques, le nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, était en visite au CHU de Purpan à Toulouse, ce mardi ».
Le journaliste explique qu’il a été « alerté par la députée Renaissance de Haute-Garonne Monique Iborra à la suite de deux viols dans la même nuit du 10 au 11 février et du suicide d’un patient hospitalisé aux urgences psychiatriques le 14 février dernier ».
« Après avoir reçu l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur, celui qui a présidé pendant 11 ans la Fédération hospitalière de France et «visité des centaines d’hôpitaux» assure qu’il n’avait «jamais vu ça» », 
constate Paul Périé.
Le journaliste précise : « Dans sa ligne de mire, un secteur privé qui, selon lui, ne fait pas sa part, au détriment de la prise en charge des patients. […] Le ministre juge inacceptable de se retrouver dans de telles situations, alors que «des partenaires privés qui portent 75% du nombre de lits, n’acceptent pas des patients qui ne leur conviennent pas» ».
Frédéric Valletoux a ainsi déclaré : « C’est une crise inédite qui montre un paysage inacceptable de ce secteur de la santé mentale, qui ne fonctionne pas dans la métropole toulousaine, et cela depuis des années. J’ai découvert que le public et le privé ne coopèrent pas, des urgences psychiatriques qui pèsent uniquement sur l’hôpital… ».
Paul Périé relève que « s’il a annoncé des mesures de court terme, comme la réouverture de 15 lits accolés aux urgences psychiatriques du CHU de Purpan et la mise en place d’une équipe mobile, le ministre a surtout mis en avant «l’état d’esprit et la mentalité qui doivent changer» ».
Le journaliste ajoute que le ministre « a annoncé l’arrivée prochaine d’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Celle-ci devra pointer les responsabilités et trouver les moyens pour faciliter cette coopération ».
Paul Périé note en outre que « Frédéric Valletoux s’est aussi montré très ferme, indiquant qu’il allait dorénavant conditionner les autorisations et les financements à la bonne coopération des acteurs ». Ce dernier a souligné que « l’hôpital ne peut pas être le réceptacle de ce que les autres ne veulent pas faire ».

« Dépression, troubles bipolaires… En Île-de-France, on peut tous devenir secouristes en santé mentale »

Date de publication : 21 février 2024

Le Parisien

Elsa Marnette constate dans Le Parisien qu’« alors que près de 30% des Français déclarent avoir présenté un trouble psychique dans l’année, l’Agence régionale de santé [d’Île-de-France] veut encourager la population à se former aux premiers secours dans ce domaine ».
La journaliste explique que ces formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM), qui « se développent en France depuis 2018, se pratiquent déjà dans une trentaine de pays, parfois depuis plus de 20 ans ».
Elle note qu’« en 2021, soit après la crise sanitaire et le constat des dégâts qu’elle a occasionnés en matière de souffrance psychique, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont amplifié leur déploiement, avec l’objectif d’atteindre, sur tout le territoire national, 60.000 secouristes formés en 2023 et 150.000 en 2025 ».
« La première étape est franchie et l’ambition affichée a été dépassée : à la fin de l’année, on comptait plus de 90.000 secouristes dans toute la France dont près de 15.000 en Île-de-France », 
relève Elsa Marnette.
La journaliste observe ainsi que l’ARS d’Île-de-France « a débloqué des crédits, soit plus de 385.000 euros pour 2023. Priorité est donnée «aux personnes qui n’ont pas accès à la formation professionnelle continue, par exemple les associations locales du champ de la solidarité, les étudiants», détaille l’ARS, qui dit soutenir également «les formations de formateurs et les universités qui proposent les formations aux PSSM à leurs étudiants» ».
Elsa Marnette cite notamment Elsa, jeune habitante de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), qui « s’investit beaucoup dans la formation ». Elle déclare : « J’ai été confrontée à des personnes qui avaient des troubles psychiques et je n’ai pas su les orienter. […] Peu importe le trouble, nous avons appris la méthode Aérer mise en place par PSSM […] : A pour approcher et évaluer ; E pour écouter activement et sans jugement ; R pour réconforter et informer ; E pour encourager à aller vers des professionnels ; R pour renseigner sur les ressources disponibles (familles, amis…) ».

« Les jeunes sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale, un mal aux causes profondes »

Date de publication : 26 février 2024

Le Monde

Mattea Battaglia et Camille Stromboni constatent en effet dans Le Monde qu’« en pleine crise de la psychiatrie, idées suicidaires et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans, tandis qu’elles stagnent dans les autres classes d’âge. Crise écologique, guerre, absence de perspectives… Le contexte anxiogène, même s’il n’explique pas tout, pèse sur les esprits des jeunes ».
Charles-Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille, coordinateur de la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide, souligne ainsi : « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit ».
Les journalistes notent que « le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni soulignent que « cette enquête, déclarative, menée en 2021 […] auprès d’un échantillon de près de 30.000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3% à 7,2%. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2% pour l’ensemble des répondants ».
Les journalistes retiennent que « chez les jeunes majeurs toujours, les tentatives de suicide déclarées les 12 derniers mois ont augmenté de plus de 60% (de 0,7% en 2017 à 1,1% de cette tranche d’âge en 2021) ; celles sur l’ensemble de leur vie de 50% sur la même période (passant de 6,1% à 9,2%). Une rupture au regard des précédents baromètres qui, depuis le début des années 2000, et à intervalles réguliers, donnaient pour cette tranche d’âge des résultats inférieurs ou comparables à ceux des répondants plus âgés ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni remarquent que « sur le terrain, le constat est largement partagé : si le choc du Covid-19 et de ses confinements s’éloigne, la demande de soins, chez les jeunes adultes comme chez les adolescents, ne faiblit pas. Au contraire : services saturés en pédopsychiatrie et en psychiatrie, délais pour accéder à une consultation qui s’allongent (jusqu’à 6 mois après une tentative de suicide, alors qu’un contact avec un médecin dans le mois qui suit est généralement préconisé), chambres sanctuarisées aux urgences pédiatriques pour accueillir les « TS » (tentatives de suicide), lits occupés par des jeunes patients « suicidaires » en pédiatrie… Ni l’hôpital ni la médecine de ville ne voient baisser la vague ».
« Les professionnels le soulignent : les tensions sur le système de soins de premier recours, engorgé de toutes parts, et les prises en charge plus tardives, ont de lourdes conséquences. Car cela ne permet plus de faire de la prévention et de désamorcer les crises », 
continuent les journalistes.

« Une IA parvient à distinguer le cerveau des hommes et des femmes »

Date de publication : 27 février 2024

Le Figaro

Elisa Doré note à son tour dans Le Figaro qu’« un algorithme développé par des chercheurs américains a réussi à déterminer le sexe biologique des personnes à partir de l’analyse de leurs résultats d’IRM. Un défi qui résistait depuis longtemps aux neurologues ».
La journaliste explique : « On savait depuis longtemps que le sexe biologique détermine la production d’hormones par le cerveau. […] Récemment, une équipe de neurologues américains de l’université de Stanford en Californie s’est emparée de la question en misant sur une approche dans l’air du temps : l’intelligence artificielle. Et ils trouvent bien une différence cérébrale entre les hommes et les femmes. Du moins, si l’on s’en tient à aux aspects purement physiologiques de l’activité cérébrale, il n’y aurait plus aucun doute sur l’existence d’un dimorphisme sexuel du cerveau ».
Elisa Doré retient qu’« après avoir entraîné l’algorithme, il a été capable de dire, quasiment sans faute, si les IRM cérébrales qu’on lui présentait appartenaient à un cerveau d’homme ou de femme. Les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue des Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (Pnas, Proceedings of the National Academy of Sciences) ».
La journaliste précise que « tout l’intérêt de l’algorithme développé par les chercheurs est qu’il est « explicable » : ils ont pu l’interroger sur son propre raisonnement interne et donc déceler les caractéristiques fonctionnelles qui, a priori, différaient entre les sexes ».
Elisa Doré continue : « Il en ressort que l’IA s’est principalement fondée sur l’activité de trois types de réseaux neuronaux intimement liés au traitement des émotions. Le premier, la région du striatum, est associé au traitement de l’information douloureuse et plus généralement au circuit de la récompense qui contrôle la motivation. Le second, le système limbique, est notamment impliqué dans l’attention, la mémoire et la régulation des émotions ».
« Mais c’est principalement l’activité du troisième réseau neuronal, que les neurologues appellent « le mode par défaut », qui aurait le plus influencé les conclusions de l’IA. Ce réseau connecte un ensemble de régions cérébrales qui s’activent au repos. Il est souvent lié à la rêverie mentale ou à la conscience de soi », 
explique la journaliste.
Le Pr Pascal Reynier, médecin biologiste au CHU d’Angers, réagit : « Il est très difficile de donner une signification claire à ces résultats. Cela pourrait signifier que nous aurions un mode de traitement des informations différent selon notre sexe biologique, qui pourrait notamment s’observer sur le plan comportemental mais aussi dans certaines pathologies par exemple ».
Elisa Doré note que « les auteurs espèrent que cette IA pourra servir à améliorer la compréhension des processus neuropathologiques voire, à terme, à améliorer les traitements et la prise en charge des patients ».

« Aux urgences psychiatriques de Toulouse, un suicide sur un brancard… »

Date de publication : 27 février 2024

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération qu’« après le suicide sur un brancard d’un malade psychique aux urgences de Toulouse le 14 février, le ministre de la Santé a dénoncé le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission et annoncé une kyrielle de mesures. Mais peut-on y croire ? ».
Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapés psychiques (Unafam), observe ainsi : « Le 14 février, un patient concerné par un trouble bipolaire a mis fin à ses jours, après être resté 10 jours sur un brancard de consultation, faute de places pour une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« on ne sait pour autant rien de plus de ce patient : ni son nom, ni son histoire, ni les raisons de son hospitalisation. Dix jours ainsi, enfermé dans un petit espace, dans un bureau de 3 m2, faute de lit. Dix jours, c’est terriblement long ».
Isabelle Prono, représentante du syndicat SUD santé sociaux au CHU de Toulouse, réagit : « Ce n’est pas normal que l’on n’ait pas pu trouver une place d’hospitalisation. Les patients qui nécessitent une hospitalisation en psychiatrie sont en grande souffrance, on les stocke dans des lieux qui ne sont pas prévus pour ça alors qu’on a fermé 8 lits qui sont toujours vides ».
Eric Favereau relève que « le nouveau ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, s’est déplacé dans la préfecture de Haute-Garonne. Une bonne décision. Il est rare, en effet, que des ministres se déplacent après la mort de patients. Il a dénoncé les mauvaises relations entre les secteurs hospitaliers privé et public, qui seraient responsables de ces attentes inhumaines. […] Frédéric Valletoux a annoncé une collection de mesures ».
Le journaliste note cependant que « comme à chaque fois, on préfère des annonces formelles, classiques comme un catalogue. […] Le disque paraît rayé et tous les acteurs sur place l’ont déjà anticipé : il ne se passera rien ou presque. Pas de moyens supplémentaires. Juste, cette fois-ci, un nouveau bouc émissaire : le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission. Une critique que ce dernier a d’ailleurs très mal pris ».
Eric Favereau cite en conclusion Marie-Jeanne Richard, qui écrit dans une lettre ouverte au ministre de la Santé : « Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique. […] Le temps des déclarations et des seules ambitions doit être derrière nous pour laisser place à une réelle transformation de la prise en charge des troubles psychiques ».

« La qualité de nos nuits a un impact majeur sur notre santé, bien au-delà des effets néfastes de la fatigue »

Date de publication : 29 février 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui consacre une double page au sujet. Elisa Doré explique ainsi que « pendant très longtemps, on a considéré le sommeil comme un temps mort sans grande utilité, d’où la tendance des sociétés industrielles à réduire progressivement le temps accordé à dormir. Or les dégâts d’une privation chronique du sommeil nous ont appris qu’il revêt en réalité une importance cruciale pour notre santé ».
« Somnolence, problèmes de concentration et sautes d’humeur, tout le monde a déjà ressenti les effets d’un manque de repos sur son quotidien. À plus long terme, les conséquences peuvent s’avérer plus graves en rendant le terrain propice à l’installation de certaines pathologies. On estime qu’un humain consacre en moyenne un tiers de sa vie à dormir. De la simple récupération à la mémorisation en passant par l’apprentissage, le sommeil assure un large spectre de fonctions complémentaires à celles de l’éveil mais très souvent sous-estimées »,
 note la journaliste.
Le Dr Marc Rey, neurologue et président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que « lorsque nous dormons, le cerveau restimule les circuits neuronaux utilisés dans la journée, par exemple pour retenir une leçon ou apprendre à faire du vélo. Par ce processus, il est capable de consolider les informations apprises, ce qui n’est pas possible en journée lorsque son activité est la plus intense ».
Elisa Doré relève que « les effets du sommeil s’étendent bien au-delà du cerveau. On sait que certaines hormones et protéines ne sont fabriquées que la nuit, et le temps passé à dormir est crucial pour l’ajustement de cette production. C’est le cas de l’hormone de croissance, une protéine essentielle au développement et à la réparation des tissus endommagés, ou encore des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit ».
« De nombreuses études scientifiques ont par ailleurs établi un lien inextricable entre sommeil et immunité. Lorsqu’un agent pathogène pénètre dans l’organisme, il éveille le système de défense de notre corps en stimulant la production d’anticorps par nos cellules immunitaires, telles que les lymphocytes ou les cytokines », 
continue la journaliste.
Le Dr Rey précise que « la transmission de cette information “d’alerte”, par des mécanismes complexes, se déroule en grande partie la nuit, pendant laquelle les niveaux de cellules immunitaires sont plus élevés. Notre système immunitaire étant affaibli après une longue privation de sommeil, cela expliquerait pourquoi nous sommes plus susceptibles de tomber malade ».
Elisa Doré poursuit : « Outre une augmentation de la susceptibilité aux infections, une privation de sommeil sur le long terme peut faire le lit de pathologies chroniques plus graves. En outre, les chercheurs sont désormais certains du lien entre des nuits trop courtes et le risque d’obésité. […] Des études ont notamment rapporté la prévalence inquiétante de l’obésité chez les travailleurs de nuit qui ont un risque 30% plus élevé de développer cette pathologie au cours de leur vie ».
« Plus récemment, des chercheurs ont trouvé que cette catégorie de travailleurs était aussi exposée à un risque supérieur de 26% de cancer du sein, risque d’autant plus important chez les femmes ayant travaillé plus de deux nuits par semaine sur une durée supérieure à dix ans. […] Une piste de réflexion est que le risque de cancer du sein augmente avec les perturbations hormonales induites par l’inversion du rythme veille sommeil », 
explique la journaliste.
Dans un autre article, Stéphane Kovacs fait une « plongée dans la France qui dort mal », soulignant qu’« en 50 ans, nos concitoyens ont perdu 1h30 de sommeil chaque nuit. Un déficit aux conséquences sérieuses pour leur santé et leur bien-être ».

Revue de presse santé psy – janvier 2024

« Une application sur smartphone pour mieux vivre avec un acouphène »

Date de publication : 11 janvier 2024

Le Figaro

Delphine Chayet observe dans Le Figaro que « les acouphènes sont souvent à l’origine d’une grande détresse psychologique : perçus en continu, ces sons « fantômes » (sifflements, bourdonnements ou grésillements) éprouvent le moral, le sommeil et la vie sociale de ceux qui en souffrent ».
La journaliste indique que « certaines thérapies peuvent aider à mieux vivre avec ce fardeau au quotidien, même si elles n’éliminent pas l’acouphène en lui-même. Dans une étude publiée le 9 janvier, des chercheurs présentent ainsi les résultats obtenus chez des patients ayant bénéficié d’un accompagnement personnalisé sur leur smartphone ».
Delphine Chayet explique : « L’application MindEar présentée dans la revue Frontiers in Audiology and Otology est inspirée des thérapies comportementales et cognitives (TCC), qui ont fait leurs preuves pour réduire la détresse liée à ces sons que seul le patient perçoit, dans sa tête ou son oreille ».
« L’objectif de ces thérapies est d’interrompre le cercle vicieux des idées noires. Penser aux acouphènes de manière négative (« ce bruit va me rendre fou ») conduit en effet à des sentiments de détresse qui exacerbent à leur tour la perception du son « fantôme ». Les fausses croyances et les changements de comportement, comme le fait d’éviter des situations par peur d’empirer les acouphènes, aggravent encore le phénomène »,
 ajoute la journaliste.
Elle indique qu’« à raison de 10 minutes par jour pendant 8 semaines, le programme aide l’utilisateur à décrypter ce mécanisme et à reformuler ses pensées, à réguler son stress. L’application, payante, fait appel à un chatbot (un robot dédié à la conversation écrite) capable de repérer les difficultés particulières du patient et de lui proposer un soutien adapté ».
« En plus de la TCC, sont mis à disposition des exercices de relaxation et de respiration sous forme de podcast, de l’aide pour trouver le sommeil, ainsi qu’une thérapie sonore »
, précise Delphine Chayet.
Fabrice Bardy, audioprothésiste, docteur en neurosciences de l’audition et premier auteur de ce travail, souligne que « le patient sélectionne un environnement sonore plaisant (vent, oiseaux, vagues, etc.) qu’il peut ensuite jouer en continu à un volume plus bas que celui des acouphènes, via des haut-parleurs ou un casque, de façon à éviter le silence ».
Delphine Chayet retient ainsi que « les résultats de l’étude menée à l’université d’Auckland montrent l’efficacité de la méthode chez des patients souffrant d’acouphènes. Seize semaines après le lancement du programme, une amélioration cliniquement significative a été mesurée chez 62% des participants par des questionnaires validés ».
La journaliste observe que « le programme a notamment eu un effet positif sur l’état émotionnel, le self-control, le sommeil et la relaxation des patients. Le bénéfice est survenu plus rapidement (dès 8 semaines) chez ceux ayant eu accès à des téléconsultations de trente minutes avec un psychologue, en plus du programme sur smartphone. La possibilité de prendre rendez-vous avec un thérapeute formé a donc, depuis, été ajoutée dans l’application ».

« La musique émouvante soulage la douleur tel un analgésique ! »

Date de publication : 5 janvier 2024

Science et Vie

Lise Gougis note dans Science et Vie que « le pouvoir hypoalgésique de la musique est connu, et même utilisé comme outil thérapeutique. Mais certaines mélodies ne seraient-elles pas plus efficaces que d’autres pour soulager la douleur ? ».
La journaliste indique que « des chercheurs de l’université McGill de Montréal, au Canada, ont provoqué une légère sensation de brûlure sur le bras de volontaires, semblable à celle d’une tasse de thé chaude au contact de la peau, tout en leur passant des chansons qu’ils connaissaient ou non, des sons brouillés, voire rien, juste le silence. Puis, ils ont relevé la douleur ressentie par les individus ainsi que le caractère agréable des musiques ».
Lise Gougis retient que « pour combattre la douleur, mieux vaut écouter ses morceaux préférés : ils se sont révélés 3 fois plus efficaces que la musique relaxante sélectionnée par les chercheurs, atténuant la douleur de 10 points sur une échelle de 100, soit autant que certains analgésiques en vente libre ! ».
Elle ajoute que « parmi les chansons favorites des participants, celles décrites comme émouvantes procuraient plus de sensations agréables et étaient donc associées à une plus grande analgésie ».
Mathieu Roy, coauteur, indique que « notre hypothèse, c’est que ce type de musique procure plus de plaisir. Le plaisir et la douleur sont des principes opposés ; ainsi, tout ce qui est plaisant peut réduire la douleur ».
Lise Gougis rappelle que « d’autres travaux ont en effet démontré que la musique préférée active le noyau accumbens, centre des mécanismes de récompense dans le cerveau. Ce qui suggère qu’elle est une source de plaisir au même titre que la nourriture, le sexe ou les substances addictives ».
Mathieu Roy note ainsi : « Nous pensons que c’est l’activation de ce circuit de la récompense qui bloque la douleur ».
« Une piste qu’il creuse avec son équipe, en analysant les mécanismes cérébraux associés aux effets de la musique sur la douleur à l’aide d’une IRM fonctionnelle 
», conclut la journaliste.

« À quoi servent les tests de repérage des troubles neurocognitifs ? »

Date de publication : 12 janvier 2024

Le Figaro

C’est ce qu’explique Renaud Gosset dans Le Figaro, notant que « ces tests, évoqués dans le cadre de l’affaire Delon, permettent d’évaluer mémoire, langage, raisonnement mais aussi comportement du patient, et sont essentiels à l’établissement d’un plan de soins. Mais ils pourraient être davantage utilisés par les médecins généralistes ».
Le journaliste rappelle que « Santé publique France définit les TNC (troubles neurocognitifs, dont la maladie d’Alzheimer) comme les plus fréquentes des maladies neurodégénératives, entraînant une perte croissante des fonctions cognitives et des modifications du comportement à l’origine d’une perte d’autonomie du patient. Si aucun traitement curatif n’est disponible, des prises en soins personnalisées sont possibles ».
Il ajoute qu’« on dénombre 1,2 million de personnes touchées par les TNC en France en 2016 et l’on estime qu’elles seront 1.750.000 en 2030. Déceler les TNC par des tests adaptés est donc un enjeu face au vieillissement de la population ».
Le Pr Marc Verny, spécialiste en gériatrie et neurologie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (Paris), indique ainsi que « ces tests permettent d’orienter le diagnostic vers des causes qui ne sont pas forcément liées à une maladie neuroévolutive, comme des pertes de mémoires liées à une dépression ou des difficultés de concentration liées à la consommation d’alcool ».
Renaud Gosset relève que « l’interprétation des tests ne peut donc être faite sans prendre en compte différents paramètres comme l’âge et le niveau socio-éducatif du patient, ainsi que son histoire médicale. Les tests cognitifs peuvent être accompagnés d’autres tests pour évaluer le degré d’intensité du trouble (de léger à fort) et le niveau de dépendance du patient ».
Le journaliste observe que « la Haute autorité de santé (HAS) alerte sur le fait qu’«en médecine générale, une des difficultés de la démarche diagnostique est d’écarter une dépression devant un déclin cognitif persistant objectivé par la clinique ou par les tests de repérage». Lorsque des troubles supplémentaires sont présents, comme des troubles psychiatriques (dépression, bipolarité, schizophrénie), une analyse fine est proposée grâce aux entretiens avec l’entourage, et des examens complémentaires comme une IRM ou une ponction lombaire permettent la détection de marqueurs spécifiques de maladies cognitives ».
Renaud Gosset souligne en outre qu’« en France, contrairement à d’autres pays, nul test de repérage n’est recommandé en soins primaires (chez le médecin généraliste). Lorsqu’un patient se plaint auprès de son médecin de perte de mémoire, de troubles cognitifs, de changement durable de comportement ou d’activité, une discussion pour recueillir des informations personnelles (antécédents médicamenteux, mode de vie, profession…) permet de poser l’hypothèse d’un déclin cognitif durable. L’impression du médecin peut être confrontée à des tests standardisés dits «de repérage explorant le déficit cognitif, fonctionnel voire comportemental». Le médecin choisi le test qui lui paraît le plus adapté ».
Le Pr Verny remarque cependant que « ces tests sont trop peu utilisés par les médecins généralistes, mais on constate un effet génération avec les jeunes médecins qui sont davantage sensibilisés à l’utilisation de ces tests ».

« « Je ne subis plus la maladie, je la gère » : les vertus de l’éducation thérapeutique »

Date de publication : 16 janvier 2024

La Croix

Corinne Renou-Nativel se penche dans La Croix sur les ateliers d’éducation thérapeutique : « Développés dans les années 1980 pour aider les patients diabétiques, [ils] améliorent la qualité de vie des malades chroniques et les rendent davantage acteurs de leur santé. Malgré de multiples bénéfices, l’offre reste limitée ».
La journaliste décrit un de ces ateliers : « À l’établissement d’Aincourt, l’un des sites de l’hôpital NOVO (Nord Ouest Val-d’Oise), la Dre Aurore Lagrange, pneumologue, anime un atelier d’éducation thérapeutique. Il s’adresse à des patients souffrant de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), une maladie incurable liée au tabagisme et aux expositions à des produits toxiques, notamment dans l’agriculture ».
Corinne Renou-Nativel note que « cette séance est le deuxième volet d’une série de trois ateliers sur « l’exacerbation » de la maladie, c’est-à-dire les périodes de crise. Avec bienveillance, la médecin invite les participants à dire ce qu’ils ont retenu de la session précédente consacrée aux signes d’un état stable ».
La journaliste indique que « malgré la gravité du sujet, la bonne humeur règne, les plaisanteries fusent. Et lorsque Aurore Lagrange demande comment chacun expliquerait l’exacerbation à son conjoint, une grande tendresse emplit la salle : plusieurs patients évoquent leur femme ou leur époux plus vigilant qu’eux-mêmes à leurs symptômes ».
Johan Gustin, souffrant d’emphysème et de BPCO, précise : « Avec l’effet de groupe, surgissent des questions qui correspondent à mes interrogations et d’autres auxquelles je n’avais pas pensé. J’ai participé à quatre ateliers d’éducation thérapeutique. Mieux comprendre ma maladie me permet de mieux la supporter. Je ne la subis plus, je la gère ».
Corinne Renou-Nativel explique qu’« au service de pneumologie d’Aincourt, des ateliers sont proposés aux patients volontaires par des médecins, mais aussi des infirmières ou des kinésithérapeutes, sur des thèmes transversaux et plus spécifiques (physiologie, diététique, traitements par oxygène, etc.) ».
La Dre Lagrange ajoute que « l’éducation thérapeutique est l’un des piliers du service de réhabilitation respiratoire pour apprendre aux patients à mieux connaître leur maladie et mieux vivre avec. L’atelier sur l’exacerbation, par exemple, a pour but de la repérer pour éviter une aggravation, réagir pour favoriser le retour à l’état stable sans passer par une hospitalisation et des complications graves ».
La journaliste poursuit : « D’abord apparue dans le domaine de la diabétologie, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) se développe depuis les années 1980. […] Depuis, elle s’est élargie à toutes les spécialités s’occupant de maladies chroniques, avec toujours pour conséquence la réduction du nombre et de la gravité des accidents aigus ».
Corinne Renou-Nativel relève que « les Hospices Civils de Lyon, qui regroupent 13 hôpitaux, proposent aujourd’hui 53 programmes ».
La Dre Corinne Feutrier, pharmacienne et coordinatrice de l’Utep 69 (Unité transversale d’éducation thérapeutique du patient du Rhône), indique ainsi que « sont concernées des pathologies classiques comme l’asthme, la sclérose en plaques et l’insuffisance cardiaque, mais aussi des maladies rares. Parmi ces programmes, 20 s’adressent aux enfants pour qu’ils deviennent à terme autonomes dans la gestion de leur maladie et avec leur traitement ».
La journaliste remarque : « Aux intervenants de s’adapter aux publics, de catégories socioprofessionnelles et d’âges différents. […] C’est aussi une manière de faciliter le dialogue entre médecins et patients, essentiel lors d’urgences, par exemple dans le cas d’un angio-œdème héréditaire. […] L’ETP a également l’avantage de sortir les patients de leur isolement et d’élargir leur regard sur la maladie ».
Corinne Renou-Nativel ajoute que « l’éducation thérapeutique pallie enfin, en partie du moins, au déficit de médecins. À défaut de pouvoir consulter dans des délais ou un périmètre raisonnable, les patients sont un peu mieux armés ».
La journaliste note cependant que « ces formations restent sous-développées en France, alors que la prévalence du nombre de patients atteints d’une maladie chronique reconnus en affection longue durée (ALD) augmente. […] Parmi les freins au développement d’une offre d’éducation thérapeutique, Corinne Feutrier place au premier chef un financement insuffisant ».

« Usage des écrans par les enfants : un groupe d’experts pour faire des propositions à Emmanuel Macron »

Date de publication : 22 janvier 2024

Le Monde

Damien Leloup et Pascale Santi remarquent dans Le Monde que « le chef de l’Etat a annoncé […] vouloir réguler l’accès des mineurs aux téléphones, tablettes, consoles de jeux… Un groupe d’experts devra faire émerger, d’ici au mois de mars, un constat partagé de l’impact des écrans sur la santé physique et mentale des enfants et adolescents, et évaluer l’effet des dispositifs de contrôle existants ».
Les journalistes expliquent que « ce groupe de dix membres a été réuni pour la première fois le 10 janvier. […] Il est coprésidé par la neurologue et neurophysiologiste Servane Mouton et le professeur de psychiatrie Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). Les huit autres membres sont d’horizons divers : un épidémiologiste, un psychologue, deux juristes, deux spécialistes de l’éducation et deux du numérique ».
Damien Leloup et Pascale Santi précisent que « 4 axes de travail ont été fixés : faire émerger un constat partagé de l’impact des écrans sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents, évaluer l’efficacité des dispositifs de régulation existants, notamment de contrôle parental, élaborer une doctrine de régulation des écrans et enfin proposer et valoriser des outils adaptés à tous les publics, avec des approches différenciées selon l’âge ».
Les journalistes ajoutent que « les experts feront une revue de la littérature scientifique, et vont auditionner plusieurs personnes ».
Le Pr Benyamina indique que « l’ambition du président est non pas forcément d’interdire mais d’aller vers un changement de paradigme sur l’usage de l’écran ».
Damien Leloup et Pascale Santi rappellent qu’« une étude dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry, publiée en septembre 2023, mettait toutefois en avant que le contexte d’utilisation et l’environnement familial joueraient un rôle plus important que le temps passé devant un écran ».
Les journalistes notent en outre que « faute de consensus scientifique sur les conséquences de l’exposition aux écrans, [les logiciels de contrôle parental] faisaient, eux, l’objet d’un certain consensus politique, y compris chez les fabricants. Google, Apple et tous les principaux constructeurs de téléphones ont lancé ces dernières années leurs propres solutions permettant de contrôler les accès des enfants ».

« Tabac, alcool, cannabis : les adolescents commencent à décrocher »

Date de publication : 26 janvier 2024

Le Figaro
Libération

Angélique Négroni relaie dans Le Figaro « une bonne nouvelle sur les usages des adolescents. Cette génération que l’on accable souvent de bien des maux a réduit sa consommation de cigarettes, de cannabis mais aussi d’alcool. Ce sont les résultats communiqués ce jeudi par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
La journaliste indique en effet que « du côté des collégiens, le niveau d’expérimentation du tabac a diminué de près de moitié entre 2018 et 2022, passant de 21,2% à 11,4%. De même, le cannabis marque un recul avec un taux de 6,7% en 2018 et de 5,3% en 2022 parmi les classes de quatrième et de troisième ».
« Quant à l’alcool, sa consommation chute également. Alors que 60% de mineurs affirmaient avoir pris une fois un verre en 2018, ils ne sont plus que 43,4% quatre ans plus tard. Un niveau qui reste toutefois encore élevé et qui fait dire aux auteurs de l’étude que «le collège reste une période importante d’initiation» à la prise d’alcool », 
remarque Angélique Négroni.
Elle souligne que « ces tendances à la baisse sont incontestablement positives sur le plan de la santé. […] Des consommations précoces ont parfois des conséquences irréversibles sur le cerveau. Mais l’étude montre aussi que, dès que l’on pousse les portes du lycée, on boit et on fume bien davantage qu’au collège. Que ce soit pour la consommation occasionnelle ou régulière, quasiment toutes les courbes montent en flèche dès la seconde et continuent de progresser jusqu’à la terminale ».
La journaliste retient « un élément encourageant : cette évolution se joue dans des proportions moindres qu’en 2018. Alors que le taux culminait à 88,7% cette année-là, il chute à 73,9% en 2022. Quant aux élèves qui affirment boire régulièrement, même si leur nombre reste encore élevé, avec un taux de 8%, ils étaient trois fois plus nombreux en 2018 ».
Angélique Négroni ajoute que « pour les fumeurs, c’est la même évolution : dès que l’on quitte le collège et que l’on devient lycéen, on résiste de moins en moins à la cigarette. Et plus on gravit les classes, plus on vide rapidement le paquet. Là encore, ces habitudes décrites dans l’étude de 2018 restent une constante en 2022, mais selon des volumes moins importants ».
« Ainsi, 60% des terminales qui fumaient en 2018 ne sont plus que 38% en 2022. Les 21% d’élèves de ces mêmes classes qui se disaient accro au tabac en 2018 chutent à 8% en 2022. L’engouement pour le vapotage joue-t-il sur cette baisse ? Si les lycéens sont moins nombreux à l’expérimenter, ceux qui y sont accros sont en revanche plus nombreux », 
continue Angélique Négroni.
Les auteurs soulignent que « le tassement de l’expérimentation de la cigarette électronique est contrecarré par des usages quotidiens qui progressent sensiblement, notamment chez les lycéennes, dont les niveaux d’usage sont aujourd’hui comparables à ceux des garçons ».
La journaliste note enfin : « Quant au cannabis, sa consommation est en baisse au lycée. «Pour autant, comme en 2018, un lycéen sur cinq consommateurs présente un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance au cannabis», souligne l’étude ».
Angélique Négroni remarque que « la crise du Covid […] n’explique pas, selon les spécialistes, la baisse globale de ces usages. Pressentie comme durable, elle s’inscrit dans un recul généralisé amorcé dès 2010 et constaté par d’autres études internationales sur ces mêmes tranches d’âge ».
Libération relève également : « Les jeunes seraient-ils de plus en plus sages ? L’ensemble des niveaux d’usages de substances chez les adolescents est en baisse en 2022 par rapport à 2018, selon la deuxième édition de l’enquête nationale EnCLASS, menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Le journal observe notamment que « la substance la plus couramment expérimentée et consommée par les adolescents reste l’alcool. 10% des collégiens disent avoir déjà été ivres, et ce sans distinction selon le sexe. Mais depuis 2010, la consommation connaît une importante diminution. A l’époque, plus de 70% des collégiens avaient expérimenté l’alcool. En 2018, ce sont 60% d’entre eux qui déclaraient avoir expérimenté l’alcool, contre 43% d’après les derniers chiffres de 2022 ».

Revue de Presse santé psy – décembre 2023

« « On saucissonne le patient » : à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, la bataille des anciens contre les modernes »

Date de publication : 7 décembre 2023

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération : « Faut-il soigner les malades mentaux par secteur géographique, comme on le fait depuis les années 50, ou par pathologie ? Ce dilemme traverse la psychiatrie française, qui renonce peu à peu à la sectorisation, faute de personnel et de moyens ».
Le journaliste livre un reportage à Rouvray (Seine-Maritime), dans « le 2e hôpital psy de France ».
Il explique ainsi que « le débat qui secoue l’hôpital psychiatrique du Rouvray, l’un des plus grands hôpitaux de France, est emblématique de la crise sans précédent que traverse la psychiatrie publique. En ces temps de pénurie de personnel, peut-on désormais continuer à soigner au plus près les patients dans leur globalité ? Ou bien faut-il rationaliser et soigner par pathologies, – dépressions, addictions, schizophrénies, etc. –, quitte à laisser tomber un travail de proximité, indispensable quand on prend en charge des troubles mentaux ? ».
Eric Favereau souligne que « ce débat est tout sauf anecdotique, car il est lourd de conséquences. […] Les 800 secteurs de psychiatrie en France sont pour un grand nombre d’entre eux moribonds, car pour bien fonctionner il leur faut des moyens et du personnel. Or plusieurs milliers de postes sont vacants ».
Le journaliste note que « Rouvray a fêté, l’an dernier, ses 200 ans. En 2018, l’hôpital a connu un mouvement social inédit, qui s’est traduit par une grève de la faim d’infirmières et d’aides-soignants, ce qui n’était jamais arrivé dans un pareil établissement. La cause ? Un manque cruel de personnel et des fermetures de lit en rafales ».
« Après 3 semaines de grève et 19 jours de grève de la faim, pour la première fois, l’agence régionale de santé acceptait une trentaine d’embauches supplémentaires. Un an après, peu de changements. Et la déception a prévalu. Treize postes sur les 30 promis ont été pourvus, et la création promise d’une unité pour adolescents est restée au stade de projet », 
constate Eric Favereau.
Le journaliste livre en outre un entretien avec Bruno Falissard, polytechnicien, pédopsychiatre, directeur du plus gros laboratoire de recherche sur la santé mentale, remarquant : « On parle de plus en plus de traiter les malades mentaux par «filières». Est-ce une bonne idée ? ».
Le psychiatre répond que « d’un côté, cette évolution peut paraître raisonnable. Le savoir sur les maladies mentales devenant de plus en plus riche et dense, tout le monde ne peut le suivre. Et si parallèlement les diagnostics se font précis, alors oui, tout cela pourrait pousser à une spécialisation légitime, comme on l’a connu dans le reste de la médecine ».
Il ajoute : « C’est un argument qui se discute. Car si on le retient, on va tout segmenter ; on va séparer avec l’âge, le sexe, etc. Pourquoi mettre un étudiant de 20 ans qui a fait une TS [tentative de suicide, ndlr] dans la même filière qu’une patiente âgée démente et suicidaire ? Est-ce souhaitable ? Ne risque-t-on de tout découper en morceaux ? Pour moi, la question centrale est de voir si cette filiarisation est efficace d’un point de vue clinique. Et donc de savoir si l’on a vraiment des diagnostics qui permettent de mettre au point une stratégie thérapeutique univoque ».
Bruno Falissard déclare qu’« il faut des soignants spécialisés, d’autres plus généralistes. Une plus grande spécialisation peut conduire à un sentiment d’efficacité sur le court terme, mais elle conduit également à une perte de la problématique réelle du patient ».

« Fatigue chronique, la maladie négligée »

Date de publication : 11 décembre 2023

Le Figaro

Delphine Chayet constate en effet dans Le Figaro que « trop de patients ne reçoivent pas de proposition de soins, malgré de graves répercussions sur leur quotidien ».
La journaliste observe : « Ils parlent de leur fatigue comme d’une «colocataire», d’un «adversaire» qui s’est imposé et a pris toute la place dans leur quotidien, d’un «tsunami». […] Ils se comparent à «une batterie vide», «une bougie qui s’éteint», un «zombie» enfermé dans «une vie sans horizon» ».
Delphine Chayet note que « les mots lancés lors d’une table ronde consacrée à la fatigue chronique, le 23 novembre dernier, sont durs. Ils reflètent la souffrance éprouvée face à ce symptôme ».
Isabelle Fornasieri, vice-présidente de l’Association française du syndrome de fatigue chronique (ASFC), souligne ainsi que « la fatigue persistante sévère, ou asthénie, concerne en France plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont le plus grand mal à faire reconnaître leur mal par la communauté médicale ».
Delphine Chayet précise qu’« en plus du trouble dont l’association tire son nom, qui est spécifique, la fatigue chronique est présente dans une grande variété de maladies : polyarthrites rhumatoïdes, hépatites, pathologies intestinales, rénales ou musculaires, Covid long, fibromyalgie, endométriose, etc. ».
La journaliste relève que « le manque d’écoute et de solutions proposées aux malades a poussé, en novembre 2021, 13 associations de malades à organiser la première « journée des fatigues », ponctuée de tables rondes et d’ateliers. Un groupe de travail national a été constitué sur le sujet. L’objectif est de créer un sursaut, à l’image de celui initié dans le domaine de la douleur il y a une dizaine d’années, pour faire progresser la recherche et améliorer les soins ».
Delphine Chayet explique que « la réalité des personnes souffrant d’asthénie n’a rien à voir avec la sensation que nous connaissons tous après une journée de travail ou une nuit trop courte. Comme la douleur, la fatigue est un signal d’alarme utilisé par l’organisme pour faire cesser une consommation d’énergie excessive. Mais le symptôme devient pathologique quand il se transforme en un épuisement physique ou mental constant, d’intensité fluctuante, et dont les patients ne se remettent pas malgré le repos et le sommeil ».
« Ce trouble a ceci de particulier que l’asthénie s’accompagne de crises d’épuisement colossal après un effort »,
 poursuit la journaliste. Isabelle Fornasieri remarque qu’« elles peuvent survenir à la caisse d’un supermarché ou après une douche, et la seule chose possible est alors de s’allonger dans le silence, sans stimulation ».
Delphine Chayet ajoute que « l’enquête menée sur internet en 2021 a mis en lumière la difficulté pour les personnes concernées d’obtenir un diagnostic et de se faire comprendre de leur entourage. […] Les sondés (en grande majorité des femmes âgées de 45 ans en moyenne, dont la moitié se dit fatiguée depuis plus de 6 ans) déplorent des répercussions négatives sur leur vie sociale, professionnelle et familiale. Or 89% d’entre eux n’ont jamais reçu de proposition de soin et 84% ne connaissent pas les outils permettant d’évaluer l’intensité de leur fatigue ».
La journaliste relève que « faute de réponse, de nombreux patients se tournent vers des médecines alternatives dont l’efficacité n’est pas démontrée. Les associations promeuvent de leur côté la stratégie du «pacing», qui consiste à fractionner ses activités dans la journée et à les alterner avec des périodes de repos, en veillant à ne jamais aller au-delà des ressources de l’organisme ».
Delphine Chayet précise que « deux autres types de prises en charge ont fait leurs preuves dans la fatigue chronique. Les thérapies comportementales aident à lutter contre l’isolement et les pensées noires. L’exercice physique graduel permet d’augmenter la capacité musculaire ou intellectuelle, et ainsi de réduire la fatigue causée par la réalisation d’une tâche ».

« Enfants et écrans : que dit vraiment la science ? »

Date de publication : 18 décembre 2023

Le Figaro

Pauline Léna s’interroge dans Le Figaro : « Faut-il faire confiance aux alertes régulières sur les écrans, et leurs effets supposés délétères sur la santé et les capacités d’apprentissage des enfants ? Pas toujours. Ou plutôt, pas encore… ».
La journaliste explique qu’« une gigantesque étude, publiée en novembre dernier dans Nature Human Behavior, fait le bilan de la majorité des travaux publiés dans ce domaine et jette un nouveau pavé dans la mare : les études qui disent que « les écrans », en général, sont mauvais pour les enfants ne sont… pas utiles. Car à force de brasser trop large, elles ne nous apprennent en réalité pas grand-chose ».
Pauline Léna relève ainsi que « les chercheurs de l’équipe de Taren Sanders, de l’Université catholique de Sydney (Australie), ont passé 5 ans à trier et à analyser 2557 méta-analyses sur l’effet des écrans sur les enfants et les adolescents. Ils ont ainsi observé que les travaux qui s’intéressent non pas simplement au temps d’exposition mais aussi au contenu de ce qui est proposé et dans quel contexte dessinent une image plus nuancée et surtout plus représentative des véritables usages ».
La journaliste observe que « seul ce type de données, encore trop rares, permettra de mettre au point des stratégies d’intervention pertinentes et ciblées, à la fois pour limiter les risques mais aussi profiter des bénéfices qu’apportent les nouvelles technologies ».
Jonathan Bernard, directeur de recherche en épidémiologie périnatale et pédiatrique à l’Inserm, remarque qu’« il faut d’abord distinguer les effets sur la santé physique de ceux qui peuvent affecter le développement cognitif, le langage ou la santé mentale ».
Pauline Léna note que « sur le plan physique, le sommeil semble impacté de manière négative. Reste à savoir si c’est la lumière bleue, les contenus excitants ou tout simplement le temps pris sur le sommeil qui jouent ».
« Il semblerait aussi que les écrans augmentent le risque de myopie, mais ceci est-il lié spécifiquement aux écrans eux-mêmes, ou au simple fait de passer trop de temps sur des tâches impliquant la vision de près plutôt que des activités d’extérieur, par exemple, qui sollicitent la vision de loin ? », 
continue la journaliste.
Elle évoque un « dernier axe d’inquiétude que soulignent les études : l’obésité. Là, plus encore que sur le sommeil et la vision, les effets sont sans doute indirects : sédentarité et grignotage pendant l’usage, temps pris sur les activités physiques, exposition aux publicités pour des aliments à mauvais score nutritionnel… ».
Pauline Léna remarque en outre que « l’étude australienne montre à la fois que les effets délétères, s’ils existent, restent modérés mais sont surtout tempérés dès lors que le contenu ou le contexte est pris en compte. Par exemple, les écrans envisagés globalement peuvent présenter un risque sur le niveau de compréhension ou d’apprentissage des enfants, mais l’effet observé est au contraire positif lorsque le programme utilisé a une vocation éducative ou qu’un parent participe à leur usage ».
Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’université Paris Descartes, indique que « les études sur les jeux vidéo interactifs ont permis d’observer des effets de transfert des compétences acquises pour le jeu à d’autres moments de la vie des joueurs, comme une plus grande capacité attentionnelle ».
La journaliste continue : « Prendre en considération le niveau d’interaction est sans doute la clé pour que chaque parent puisse envisager l’influence des écrans sur le développement et la santé de ses propres enfants : si les écrans sont en concurrence permanente avec des activités favorables à leur développement, comme les discussions en famille, les jeux avec leurs amis ou les balades au parc, il faut en diminuer l’usage. S’ils sont un soutien pour leurs apprentissages ou des opportunités pour interagir avec d’autres humains présents dans la même pièce, ils peuvent être utiles ».

« Santé mentale : les étudiants en détresse psychologique disposent désormais d’un numéro d’écoute gratuit »

Date de publication : 21 décembre 2023

Le Parisien

Bérangère Lepetit annonce dans Le Parisien qu’« à quelques jours des traditionnelles agapes, où la solitude peut se faire davantage ressentir, le gouvernement lance le 0800 724 900, une plate-forme gratuite et confidentielle d’écoute et d’accompagnement baptisée Cnaé, pour « Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants » ».
La journaliste explique qu’« elle est destinée à tous eux qui ressentiraient le besoin de parler, appeler à l’aide et peut-être contactée de 10 heures à 21 heures, du lundi au vendredi, et de 10 heures à 14 heures le samedi ».
« À l’autre bout du fil, des professionnels formés, notamment des psychologues, pourront écouter et orienter, si besoin, vers d’autres dispositifs », 
poursuit-elle.
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, précise que « l’idée est d’intervenir le plus tôt possible et leur apporter une réponse. S’ils ont besoin de parler à un psychologue, on pourra alors les aiguiller vers les services de santé étudiants ou leur parler du chèque Santé Psy (qui donne droit à 8 séances de consultation gratuites chez le psy chaque année) ».
Bérangère Lepetit rappelle en effet que « la détresse psychologique et les angoisses des étudiants n’ont pas disparu avec la fin de la pandémie de Covid-19. Les services de santé des étudiants ou encore de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) en font état : à l’heure de la hausse de la précarité des jeunes, de la crise climatique, nombreux sont ceux qui vont mal, souffrent d’angoisses et insomnies, ont du mal à se projeter vers l’avenir ».
Deborah Haddad-Baudry, psychologue à Paris et membre du dispositif Santé Psy, souligne qu’« il y a eu un avant et un après Covid. Je vois en consultation beaucoup de jeunes en manque de repères, de perspectives. Ils souffrent de problèmes de dépression, ont des rapports à l’autre problématiques ».
Bérangère Lepetit explique que « lancé en 2021, pendant la crise du Covid, le dispositif Santé Psy étudiant a été reconduit au moins jusqu’à la fin de l’année universitaire. 420 nouveaux étudiants ont pu bénéficier de ces consultations gratuites depuis septembre, 1100 psychologues (…) reçoivent les jeunes concernés ».
Gladys Mondière, présidente de la Fédération française des psychologues et de la psychologie (FFPP), souligne pour sa part que « nous sommes l’un des pays européens où il y a le moins de réponses disponibles pour ces jeunes. Le vivier des psys qui peuvent les recevoir n’est pas suffisant, notamment en dehors des grandes villes ».

Revue de presse santé psy – novembre 2023

« Un implant dans le cerveau pour atténuer TOC et épilepsie »

Date de publication : 2 novembre 2023

Sciences et Avenir

Simone Caron indique dans Sciences et Avenir qu’« une patiente américaine souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sévères et d’épilepsie s’est fait implanter des électrodes dans le cerveau. Grâce à la stimulation cérébrale profonde, les symptômes de ses deux maladies se sont nettement améliorés. Une première mondiale », selon ce travail paru dans Neuron.
La journaliste explique que « pour les patients atteints de TOC, plus du tiers d’entre eux ne répondent pas aux traitements et sont condamnés à vivre, revivre et revivre encore leurs obsessions et leurs compulsions. C’était le cas d’Amber Pearson, qui désespérée, a demandé à son médecin d’essayer une nouvelle technologie pour s’en sortir ».
« La jeune américaine, souffrant aussi d’épilepsie, devait recevoir un implant de stimulation cérébrale profonde, une technologie utilisée depuis 2013 pour prévenir les convulsions chez certains patients atteints d’épilepsie résistante aux médicaments. Essentiellement, il s’agit d’un appareil similaire à un pacemaker… mais dans le cerveau ! », 
explique Simone Caron.
Elle précise ainsi que « des électrodes sont placées directement dans la zone du cerveau impliquée dans l’épilepsie et sont connectées à un boîtier inséré sous la peau du crane, appelé le neurostimulateur. Celui-ci enregistre l’activité cérébrale et détecte les signaux électriques anormaux, précurseurs d’une crise. Il peut donc envoyer des impulsions pour bloquer le signal des convulsions avant même qu’une crise d’épilepsie ne se déclenche ».
« En effectuant des recherches avant sa chirurgie, Amber Pearson a découvert que la stimulation cérébrale profonde pouvait, dans de rares cas, être employée pour traiter d’autres conditions telles que les TOC. La patiente […] a donc demandé à ses médecins d’essayer de faire d’une pierre deux coups avec l’implant, ce qui n’avait jamais été fait auparavant »,
 relève la journaliste.
Simone Caron indique que « le professeur de chirurgie neurologique de l’École de Médecine de l’OHSU [Oregon Health & Science University] Ahmed Raslan a modifié la trajectoire des électrodes pour que celles-ci atteignent le noyau accumbens, une zone du cerveau associée à la motivation et à l’action, qui joue un rôle dans les TOC ».
La journaliste observe qu’« une fois l’implant posé, en 2019, le neurostimulateur avait immédiatement été activé pour prévenir les crises d’épilepsie, et avec succès. Mais pour apaiser les symptômes de TOC, l’équipe de recherche médicale devait d’abord analyser l’activité cérébrale de la patiente afin de détecter les signaux électriques associés à ses obsessions et compulsions ».
Simone Caron note que « quelques mois seulement après l’activation du neurostimulateur pour son TOC, la patiente rapportait qu’elle ne vivait plus certaines de ses obsessions et qu’elle ne sentait donc plus la nécessité de s’engager dans ses comportements compulsifs. Plusieurs années après l’opération, elle estime qu’elle passe environ 30 minutes par jour à répéter ses compulsions, alors qu’elle pouvait y passer plus de 8 heures par jours avant l’intervention ! ».
Amber Pearson remarque ainsi : « Avant de commencer le traitement de stimulation cérébrale profonde, je me lavais les mains jusqu’au sang. Mes mains étaient si sèches que ma peau se crevassait dès que je pliais les doigts. Mon TOC avait le contrôle sur ma vie ».

« Non, dormir peu ne va pas atrophier votre cerveau »

Date de publication : 8 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem s’interroge dans Le Point : « Si le manque de sommeil impacte la santé générale, est-ce qu’il altère vraiment le cerveau ? Peut-être pas, à en croire les conclusions d’une récente étude publiée dans la revue scientifique Nature Human Behaviour ».
La journaliste explique en effet que « des chercheurs de l’université d’Oslo (Norvège) ont analysé 8153 scanners cérébraux provenant de 3893 adultes en bonne santé. Ils n’ont trouvé aucune preuve d’une association entre la durée du sommeil et l’atrophie cérébrale ».
Les auteurs écrivent que « les analyses transversales (51.295 observations) ont montré des relations en forme de U inverse, dans lesquelles une durée de 6h30 était associée au cortex le plus épais et aux volumes les plus importants par rapport au volume intracrânien ».
« Cela concorde avec les données convergentes des recherches sur la mortalité, la santé et la cognition, qui indiquent qu’environ 7 heures sont associées à une bonne santé. Les analyses d’association à l’échelle du génome suggèrent que les gènes associés à un sommeil plus long chez les adultes qui ne dorment pas beaucoup sont liés à un sommeil plus court chez les personnes qui dorment plus que la moyenne »
, ajoutent-ils.
Johanna Amselem note que « le sommeil a également été l’objet d’une autre recherche menée par des neurobiologistes de l’université Northwestern, qui se sont intéressés à l’impact d’une nuit blanche ».
Les chercheurs indiquent que « non seulement la libération de dopamine a augmenté pendant la période de perte de sommeil aiguë, mais la plasticité synaptique a été améliorée, recâblant littéralement le cerveau pour maintenir une humeur pétillante pendant les jours suivants ».

« Autisme, « dys » : l’errance diagnostique, un calvaire familial »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

« Ce mardi, Emmanuel Macron détaille le nouveau dispositif de repérage et d’accompagnement des troubles du neuro-développement [promis par Emmanuel Macron à la Conférence nationale du handicap en mai dernier] », fait savoir Le Figaro.
Le journal raconte l’histoire d’Aurélie, mère d’Elouann, « un enfant « très agité », avec « des troubles du sommeil » et souvent « dans l’opposition » »  qui « a dû attendre l’âge de 6 ans pour obtenir un premier diagnostic, dans le cabinet privé d’un neuro-pédiatre ». « À 8 ans, de nouveaux examens sont réalisés pour affiner le diagnostic et vérifier qu’il ne souffrait pas également de troubles « dys » (troubles spécifiques du langage et des apprentissages) ou autistiques », poursuit-il.
« Entre-temps, sa mère, orientée vers un centre d’action médicosociale précoce, a dû répondre à une foule de questions inopportunes sur sa grossesse et sa relation avec son fils… », ajoute-t-il. « Comme j’avais fait une dépression post-partum, les professionnels ont laissé entendre qu’il y avait un lien. J’ai beaucoup culpabilisé », se souvient Aurélie.
« Après une première stratégie très axée sur les troubles du spectre de l’autisme (TSA), le gouvernement insiste sur l’importance d’agir sur tous les troubles du neuro-développement -autisme, dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie…), déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), trouble du développement intellectuel (TDI) car ils se cumulent fréquemment », observe Le Figaro.
« Aujourd’hui encore, le diagnostic précoce comme la prise en charge restent un parcours du combattant pour de nombreuses familles. Pour apporter à Elouann l’aide dont il a besoin, Aurélie doit s’armer de patience : un an d’attente pour les orthophonistes et dix-huit mois pour les psychiatres », souligne l’article.
« Et ce, même avec l’aide de la plateforme de coordination et orientation (PCO) mise en place dans le cadre de la précédente stratégie autisme et troubles du neuro-développement… », note-t-il.
« L’errance diagnostique et l’absence de prise en charge sont aussi liées à la pénurie de professionnels sur le terrain et la désertification médicale de certains territoires », pointe Nathalie Groh, présidente de la Fédération française des dys, qui « attend aujourd’hui des mesures d’ampleur pour répondre aux besoins des 6% à 8% des enfants touchés par classe d’âge ». « Le tarif de remboursement des professionnels dans le cadre de la plateforme est inférieur aux tarifs pratiqués en libéral. Ce qui ne favorise pas l’attractivité… », indique Stéphanie Jacquet, présidente de l’association TDAH-Pour une égalité des chances.
Autre difficulté, « ces troubles qui touchent 5 % des enfants sont encore mal connus et peu pris en compte. Les choses sont en train de changer, mais cela prend du temps », soupire-t-elle.
« À 8 ans, [Elouann] parlait de suicide, c’était horrible. Les enseignants sont aussi très mal informés. Ils font ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas formés », témoigne Aurélie. « La formation des médecins généralistes pour aiguiller les parents tout comme celle des enseignants pour mieux comprendre les troubles des apprentissages sont essentielles », précise Nathalie Groh, présidente de la Fédération française des dys.

« La légalisation du cannabis associée à une hausse des psychoses au Canada »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

« Cinq ans après avoir légalisé la commercialisation du cannabis, le Canada fait aujourd’hui face à une augmentation des hospitalisations pour épisode psychotique lié à la prise de cette substance psychotrope, révèle une vaste enquête effectuée par des chercheurs canadiens et publiée dans la revue médicale américaine Jama Network Open », fait savoir Pierre Kaldy dans Le Figaro.
« Cette étude de santé publique est bien menée et il est intéressant que ses auteurs aient fait la différence entre l’étape de la légalisation du cannabis et celle de sa commercialisation qui a suivi », commente Marie Odile Krebs, professeur et chercheuse à l’Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris.
Le journaliste évoque les « admissions pour épisode de psychose -quand la personne présente un délire -qui progressent le plus ». « Cela peut être dû non seulement à une offre plus abondante et plus accessible, mais aussi au fait que les produits ont maintenant des teneurs beaucoup plus élevées en THC, la substance hallucinogène du cannabis », précise le premier auteur de l’étude, Daniel T. Myran.
« C’est très alarmant, car le risque de développer une schizophrénie dans les trois ans triple chez ces personnes et devient énorme chez les adolescents s’ils arrivent aux urgences avec un épisode psychotique : 40% des jeunes hommes âgés de 14 à 18 ans ont eu par la suite des troubles schizophréniques, stade où la maladie est irréversible et beaucoup plus difficile à traiter », souligne le journaliste.  
« Curieusement, les autorités sanitaires canadiennes ont supprimé en 2019 l’obligation de mentionner le risque de psychose ou de schizophrénie dans les nombreux avertissements figurant sur les produits contenant du cannabis », observe Le Figaro.
« Depuis 2018, les ventes de produits non thérapeutiques avec du cannabis ont connu une très forte croissance au Canada, portées maintenant par une puissante industrie qui n’hésite pas à vanter les effets euphorisants et stimulants de la drogue », poursuit le journal. « Le marché du cannabis est encore très jeune au Canada et continue d’évoluer. Et je m’attends à ce qu’il se développe encore ces cinq prochaines années », commente Daniel T. Myran.
« Le Cannabis Act est en cours de révision, ce qui laisse espérer des changements sur la manière dont la drogue pourrait être vendue et régulée à l’avenir », indique Le Figaro. « Mais nous sommes inquiets car la situation peut s’aggraver pour la santé publique si le marché continue de se développer sans être suffisamment régulé », ajoute le chercheur.


Cannabis : « L’Académie de médecine s’oppose de nouveau à la légalisation »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

Le Figaro reprend dans ses colonnes la position de l’Académie de médecine : « Par méconnaissance de tous ses effets délétères, la légalisation de “l’usage récréatif” du cannabis constituerait une grave erreur sanitaire », estime-t-elle.
« Les académiciens expliquent que les effets toxiques du THC, le principal composé psychotrope de la drogue, sont bien connus, particulièrement pour les adolescents et jeunes adultes », note le journal.
« Plusieurs études ont confirmé ses effets délétères sur la maturation cérébrale, laquelle ne s’achève que vers 25 ans », précise l’Académie.
« Le risque est plus élevé que par le passé, avec « la multiplication par 6 en vingt-cinq ans du taux de THC dans sa résine ». Et la légalisation du produit  « ne réduit ni son usage ni ses trafics », entraînant plutôt une hausse de la consommation », rapporte Le Figaro.

« Une nouvelle molécule ouvre des perspectives contre la dépression sévère »

Date de publication : 22 novembre 2023

Le Figaro

Soline Roy rappelle dans Le Figaro que « 30% des personnes souffrant de dépression majeure ne répondent pas aux traitements disponibles. Or la maladie est tout sauf rare : plus de 2 millions de personnes en souffrent en France, et elle est en passe de devenir, selon l’OMS, la première cause d’invalidité d’ici à 2030 ».
La journaliste observe : « Et si la réponse se cachait au cœur même de nos neurones ? C’est la piste qu’a choisi de suivre une équipe de chercheurs français et canadiens. Ils ont développé un nouveau composé qui vaut ce mardi à Jocelyne Caboche, directrice de recherche au CNRS, le prix Marcel Dassault 2023 pour l’innovation en psychiatrie ».
Soline Roy note que « le lauréat est choisi par un jury international indépendant et le prix, doté de 90.000 euros, est remis chaque année par la Fondation FondaMental ».
Elle explique que « pour comprendre, il faut revenir au fonctionnement même du neurone. De façon schématique, pour véhiculer l’information, le neurone utilise des signaux électriques qui cheminent à travers un gigantesque réseau au sein de notre cerveau. Arrivé au « bout » du neurone (au niveau de la synapse), ce signal va libérer des messagers chimiques appelés neurotransmetteurs. Transmises au neurone suivant, ces molécules vont l’exciter, ou l’inhiber, puis être retransformées en signal électrique, et ainsi de suite ».
La journaliste indique que « dans la dépression, on observe un dérèglement de l’émission ou de la réception de ces neurotransmetteurs, principalement la sérotonine (chargée d’équilibrer le sommeil, l’appétit et l’humeur), la dopamine (en jeu dans la régulation de l’humeur et de la motivation), et la noradrénaline (impliquée dans l’attention et le sommeil) ».
« Les antidépresseurs classiques ciblent les récepteurs de ces molécules. Problème : ils ont un long délai d’action (au moins 4 semaines pour les principaux d’entre eux), et présentent de nombreux effets secondaires. Plus récente, la kétamine agit plus rapidement mais c’est un dérivé psychédélique qui doit être administré sous étroite surveillance médicale, et entraîne des risques d’addiction », 
continue Soline Roy.
La journaliste explique qu’« en 2018, une équipe franco-canadienne a proposé dans Nature Medicine une nouvelle cible thérapeutique : la protéine Elk-1, qui commande l’expression de gènes impliqués dans la régulation de l’humeur. Les chercheurs ont montré que cette protéine est surexprimée en cas de dépression. […] Outre un possible biomarqueur pour identifier plus vite les patients ne répondant pas aux traitements, c’est surtout une nouvelle cible thérapeutique jusque-là inexplorée ».
Soline Roy relève ainsi que « les auteurs ont mis au point un peptide (une petite chaîne d’acides aminés, semblable à la protéine Elk-1 mais plus courte) nommé PepElk. Greffé à un « cheval de Troie » qui lui permet de pénétrer dans le cerveau et les neurones, il empêche l’activation de la protéine Elk-1 ».
« L’administration à des souris adultes a amélioré leur réponse au stress et empêché les altérations comportementales qui lui sont liées, mais sans altérer «les niveaux de base de locomotion ou de mémoire», préservant donc ses fonctions essentielles. Reste à montrer son efficacité chez l’homme, et c’est tout l’intérêt du prix Dassault 
», remarque la journaliste.
Jocelyne Caboche précise que « la somme allouée est loin du total nécessaire, mais cela va nous permettre de commencer les premiers travaux, et c’est un levier très important pour trouver des investisseurs prêts à nous accompagner ».

« Vous avez tout intérêt à garder une bonne nouvelle pour vous »

Date de publication : 22 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem remarque dans Le Point : « Vous venez d’apprendre une bonne nouvelle et vous avez envie de la crier sur tous les toits ? Prudence, garder cette information secrète pourrait être bénéfique pour votre santé ».
La journaliste explique en effet que « selon une récente étude publiée par l’American Psychological Association, conserver cette bonne nouvelle rien que pour soi avant d’en parler aurait des bénéfices pour la santé mentale. […] Cela permettrait de se sentir plus vivant et même d’avoir davantage d’énergie ».
Johanna Amselem dévoile les détails de ce travail paru dans le Journal of Personality and Social Psychology : « Cette étude a été menée auprès de 500 personnes. Au total, elles sont 76% à avoir déclaré que la première chose qu’elles feraient après avoir appris une bonne nouvelle serait de… la partager ».
« Cinq expériences ont été réalisées pour comprendre ce qui motive les gens à garder certains secrets. Tous les participants ont pu consulter une liste de 40 bonnes nouvelles (gain d’argent, achat d’un cadeau, etc.) et ont ensuite distingué les nouvelles qu’ils gardaient pour eux et celles qu’ils partageaient »
, note la journaliste.
Les auteurs écrivent que « les gens détenaient en moyenne 14 à 15 bonnes nouvelles, dont 5 à 6 en moyenne étaient gardées secrètes. Les participants qui ont réfléchi à leurs secrets positifs ont déclaré se sentir plus énergiques. Les personnes qui ont déclaré avoir l’intention de partager leur nouvelle avec d’autres ont également déclaré se sentir plus énergiques, que la nouvelle soit secrète ou non ».
L’auteur principal, Michael Slepian, professeur agrégé de commerce à l’université de Columbia, précise : « Les gens gardent souvent des secrets positifs pour leur propre plaisir ou pour rendre une surprise plus excitante. Plutôt que de se fonder sur des pressions extérieures, les secrets positifs sont plus souvent choisis en raison de désirs personnels et de motivations internes. Les secrets positifs redonnent vie aux gens lorsqu’ils peuvent choisir de garder l’information secrète ».
Il ajoute : « Bien que les secrets négatifs soient beaucoup plus courants que les secrets positifs, certains des événements les plus joyeux de la vie commencent par des secrets comme une demande en mariage, la découverte d’une grossesse, des cadeaux, etc. ».
Johanna Amselem relève que « les chercheurs ont également découvert que garder les bonnes nouvelles secrètes peut donner aux gens un sentiment d’énergie et de vie, qu’ils aient ou non l’intention de partager ces informations plus tard avec quelqu’un ».

« La colère a (vraiment) des effets bénéfiques »

Date de publication : 23 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem remarque en effet dans Le Point : « Et si vous vous mettiez en colère pour atteindre vos objectifs ? C’est en tout cas la suggestion faite par des chercheurs américains. Selon une étude publiée par l’American Psychological Association, la colère pourrait être un moteur efficace pour atteindre ses objectifs ».
Heather Lench, professeure au département de psychologie et des sciences du cerveau à la Texas A & M University, auteure principale, observe ainsi que « les gens croient souvent qu’un état de bonheur est idéal et la majorité d’entre eux considèrent la poursuite du bonheur comme un objectif majeur de la vie ».
« Pourtant, elle rappelle que de précédentes études ont confirmé que les émotions négatives comme la colère donnaient également de bons résultats », 
note Johanna Amselem.
Le Pr Lench explique que « la théorie fonctionnaliste de l’émotion, étudiée depuis des décennies, suggère que toutes les émotions, bonnes ou mauvaises, sont des réactions à des événements dans l’environnement d’une personne et servent à alerter cette personne de situations importantes qui nécessitent des actions ».
Johanna Amselem indique qu’« afin de mieux comprendre le rôle de la colère dans la réalisation des objectifs, les chercheurs ont mené une série d’expériences impliquant plus de 1000 participants et analysé les données d’enquête de plus de 1400 répondants. Dans chaque expérience, les chercheurs ont suscité soit une réponse émotionnelle – comme la colère, l’amusement, le désir ou la tristesse –, soit un état émotionnel neutre. Chaque participant a ensuite été confronté à un objectif ».
Les auteurs écrivent dans le Journal of Personality and Social Psychology : « Dans toutes les expériences, la colère a amélioré la capacité des personnes à atteindre leurs objectifs par rapport à un état neutre. Dans certains cas, cela était associé à des scores plus élevés ou à des temps de réponse plus courts. Dans une expérience, la colère a également augmenté la tricherie pour obtenir un meilleur résultat ».
Le Pr Lench indique ainsi : « Nos recherches s’ajoutent aux preuves croissantes selon lesquelles un mélange d’émotions positives et négatives favorise le bien-être et que l’utilisation des émotions négatives comme outils peut être particulièrement efficace dans certaines situations ».

Revue de presse santé psy – octobre 2023

« Des implants testés pour retrouver le contrôle de bras paralysés grâce à la pensée »

Date de publication : 28 septembre 2023

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « pour la première fois, un implant cérébral couplé à un implant stimulant la moelle épinière est testé afin de permettre à un patient tétraplégique d’à nouveau bouger ses bras, mains et doigts par la pensée » selon l’entreprise néerlandaise Onward.
Le journal note que « la combinaison de ces deux technologies avait déjà permis à un patient paraplégique de retrouver un contrôle naturel de la marche par la pensée, une avancée qui avait fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature en mai. Mais c’est la première fois que cette double technique est employée pour les membres supérieurs ».
Jocelyne Bloch, chirurgienne qui « a réalisé les opérations d’implantation » et cofondatrice d’Onward, précise que « la mobilité du bras est plus complexe. […] La musculature de la main est assez fine, avec plein de petits muscles différents qui sont activés en même temps pour certains mouvements ».
Le Parisien indique que le patient « est un homme suisse de 46 ans ayant perdu l’usage de ses bras après une chute. Deux opérations ont eu lieu le mois dernier au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) de Lausanne ».
« La première pour placer l’implant cérébral de quelques centimètres de diamètre, développé par l’organisation française CEA-Clinatech, au-dessus du cerveau, à la place d’un petit bout d’os crânien. La deuxième pour placer les électrodes développées par Onward au niveau de la moelle cervicale, reliées à un petit boîtier implanté dans l’abdomen »,
 explique le quotidien.
Il ajoute que « l’implant cérébral (ou interface cerveau-machine, ICM) enregistre les régions du cerveau qui s’activent lorsque le patient réfléchit à un mouvement, et les communique aux électrodes. Une sorte de «pont digital» ».
Jocelyne Bloch indique que « ça se passe bien pour l’instant. On arrive à enregistrer l’activité cérébrale, et on sait que la stimulation marche. (…) Mais il est trop tôt pour parler de ce qu’il a fait comme progrès, ce qu’il est capable de faire maintenant ».
Le Parisien note enfin que « deux autres patients doivent participer à cet essai. Les résultats complets seront publiés ultérieurement ».

« La fermeture de lits en psychiatrie, un problème national »

Date de publication : 3 octobre 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe qu’« en cette rentrée 2023, la crise dans le secteur de la santé mentale s’aggrave un peu partout en France, notamment avec des patients non pris en charge ou tardivement ».
Eric Favereau note ainsi que « chaque jour, chaque semaine, des conflits éclatent un peu partout en France dans des hôpitaux psychiatriques, liés à la fermeture de lits. Dernier en date, à Nantes, le 27 septembre. Cela a pris la forme d’une lettre au procureur de la République, la CGT du CHU de Nantes alertant «sur une situation de mise en danger des patients (mineurs et adultes) et des professionnels en psychiatrie au sein de l’hôpital Saint-Jacques». Deux responsables syndicaux ont pointé la fermeture de 4 lits sur 12 dans l’unité Espace qui accueille des jeunes de 15 à 20 ans présentant des risques suicidaires ».
Le journaliste fait un « tour de France » et s’interroge : « Que déduire de ces successions répétées de restrictions, alors qu’au même moment la demande de soins augmente ? Ce n’est pas nouveau, mais cela ne s’arrête pas. Comme un goutte-à-goutte sans fin ».
Eric Favereau relève que « début septembre, une enquête de la Fédération hospitalière de France a confirmé que «les fermetures structurelles de lits se sont intensifiées après la crise sanitaire». Et qu’entre un quart et trois quarts des postes de médecins sont vacants dans 40% des établissements, 8% des établissements déplorant même le vide de plus de la moitié de leurs postes de médecins ».
Un infirmier normand observe : « Je ne sais plus trop ce que l’on peut attendre. Le personnel n’y croit plus, on soigne mal. A la population de s’énerver et de se battre ».

« « C’est une prison » : se faisant passer pour « fou », ce journaliste a passé une semaine dans un hôpital psychiatrique »

Date de publication : 5 octobre 2023

Le Parisien

Le Parisien indique en effet : « Diagnostics expéditifs, surmédication… En immersion durant une semaine dans un établissement psychiatrique parisien, le journaliste Alexandre Macé-Dubois a constaté les dysfonctionnements du système et raconte son expérience dans un ouvrage » (« A en devenir fou. Dans la peau d’un schizophrène », éditions Phébus).
Zoé Lauwereys explique ainsi que « pendant une semaine, le quotidien d’Alexandre Macé-Dubois a tourné autour de ces « fous ». Tout comme lui, ces patients étaient enfermés dans un hôpital psychiatrique parisien. Mais à la différence de ses camarades d’infortune, le journaliste indépendant de 32 ans s’y était laissé interner en simulant les symptômes d’une maladie mentale pour les besoins d’une enquête ».
« Le jeune journaliste a voulu « emmener le lecteur là où il ne peut pas aller ». Mais Alexandre Macé-Dubois se défend d’avoir voulu mener, tout du moins au début du projet, « une enquête à charge » à l’encontre du système psychiatrique »,
 note Zoé Lauwereys. Il précise dans un entretien : « Je voulais rencontrer ces patients, connaître leurs parcours, leur donner de la visibilité. J’ai dû jouer un rôle mais j’étais au plus proche des patients ».
Alexandre Macé-Dubois indique notamment : « Je m’étais pas mal documenté, lu des ouvrages, regardé des documentaires. J’ai aussi rencontré des schizophrènes. Mais ça n’a finalement pas été très compliqué. J’avais pris rendez-vous chez un spécialiste de la schizophrénie, je pensais qu’il aurait besoin de plusieurs séances pour me diagnostiquer. Je ne pensais pas qu’il allait tomber dans le piège si facilement ».
Le Parisien continue : « Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre séjour ? ».
Alexandre Macé-Dubois répond que « globalement, c’est l’ennui qui m’a le plus choqué. On m’a dit qu’une semaine, c’était très court comme séjour, mais une minute paraît deux heures. J’ai eu l’impression de rentrer de six mois de terrain de guerre. On passe nos journées dans une salle avec quatre chaises, une télé qui ne fonctionne pas, un baby-foot sans balle ».
« On attend que le temps passe. On regarde les autres faire les cent pas, certains pieds nus, on se scrute dans le blanc des yeux. On ne voit le psy que deux fois cinq minutes par semaine. Les journées sont rythmées par les repas et la prise de médicaments. C’est une prison »,
 poursuit le journaliste.
Il explique : « Tous ont des pathologies différentes et sont parqués au même endroit. Pour moi on les met à l’écart, on les parque, sans accompagnement réel. On ne veut pas les voir, on les invisibilise un peu plus. On sort dix minutes trois fois par jour dans une cour minuscule, tous habillés dans le pyjama bleu qu’on nous donne à notre arrivée, certains font des exercices de muscu. Ça m’a fait penser à une cour de prison. Et il y a de la résignation dans le regard des gens, de la fatalité. Comment peut-on penser qu’un patient sera soigné après un an dans ces conditions ? ».
Le journal interroge enfin : « Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? ».
Alexandre Macé-Dubois déclare que « c’est une catastrophe à bien des égards. Il faut mieux faire. Il ne faut pas opposer psychologie et psychothérapie. Il n’y a pas de psychiatrie sans écoute et sans bienveillance. Je pense que les psychiatres ont envie d’écouter les patients, mais faute de moyen et de temps leur donnent des médicaments qui, pour beaucoup, ne seraient utiles que dans l’urgence.
On met le patient hors d’état de nuire, cela prend moins de temps qu’un suivi personnalisé qui permettrait de comprendre les origines du trouble. Il faut remettre le patient au centre du système ».

« Violences conjugales : en Île-de-France, les victimes pourront porter plainte depuis les urgences »

Date de publication : 5 octobre 2023

Le Parisien

Le Parisien annonce en effet que « les victimes de violences conjugales pourront solliciter la police depuis les urgences de l’hôpital. Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, le préfet de police de Paris et quatre procureurs franciliens ont signé mercredi une convention pour que les victimes de violences conjugales puissent dorénavant déposer plainte dans tous les services d’urgence de l’AP-HP ».
Le journal explique qu’« expérimenté depuis octobre 2020 dans trois établissements (sur 16) de l’AP-HP (Saint-Antoine/Paris XIIe, Tenon/Paris XXe et Henri-Mondor à Créteil), le dispositif d’envergure nationale, lancé à la suite du Grenelle des violences conjugales de 2019, est ainsi généralisé à partir de jeudi à l’ensemble des services d’accueil et d’urgence de l’AP-HP ».
Nicolas Revel, directeur général de l’APH-HP, a déclaré : « Le pas que nous faisons peut paraître modeste mais en réalité il est très important pour faire avancer le combat. C’est la justice elle seule qui peut mettre à l’écart l’agresseur et protéger la victime ».
Le Parisien explique que « la convention nouvellement signée prévoit qu’un médecin urgentiste qui prend en charge une victime de violences conjugales lui demande si elle veut porter plainte. Dans l’affirmative, l’urgentiste contacte les services de police via une ligne dédiée ».
« L’audition se fera dans l’hôpital, en toute confidentialité. Si la victime ne souhaite pas déposer plainte, elle sera orientée vers un service d’accompagnement et l’urgentiste pourra éventuellement faire un signalement auprès du procureur de la République », 
poursuit le quotidien.
Il note que « selon l’AP-HP, 46 victimes (30 à Paris, 16 à Créteil) ont déposé plainte dans les locaux de l’AP-HP depuis le début de l’expérimentation. […] La région Ile-de-France a enregistré le nombre le plus élevé de morts violentes au sein du couple en 2022 d’après le rapport annuel du ministère de l’Intérieur, soit 19 victimes ».

« Le quotidien éprouvant des jeunes aidants »

Date de publication : 9 octobre 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui rappelle que « près d’1 million de jeunes âgés de 16 à 25 ans deviennent le pilier d’un parent malade, d’un frère handicapé ou d’un grand-parent fragilisé, selon une nouvelle étude sur ce phénomène de société resté longtemps invisible ».
Le journal remarque ainsi : « Combien sont-ils ces enfants, adolescents ou jeunes adultes qui […] grandissent avec des lourdes responsabilités à l’âge de l’insouciance, béquille d’un frère handicapé, d’un père malade, d’une grand-mère dépendante ? ».
« 523.000 mineurs apportent une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie, estime une étude de la Drees parue en février 2023. 13% des 16 à 25 ans, soit près d’un million de jeunes, seraient en situation d’aidance, chiffre une étude réalisée auprès de 3000 jeunes par Macif et le Crédoc »
, précise le quotidien.
Le Figaro poursuit : « Soutien émotionnel, gestion des tâches domestiques, aide aux soins… 1 jeune aidant sur 10 entre 16 et 25 ans se dit éprouvé par l’accompagnement d’un proche, souligne l’enquête de la Macif et du Crédoc. Un lourd fardeau qui comprend l’entretien du domicile pour 78% d’entre eux, les soins à la personne pour 74% ou encore l’aide administrative pour 71% ».
« Pour ceux encore à l’école ou qui poursuivent des études, ce rôle auprès de leurs proches bouscule leur parcours. Un quart des jeunes aidants signalent un décrochage scolaire. Ils peuvent aussi endosser des responsabilités financières dans leur famille, ce qui a conduit plus d’un tiers d’entre eux (37%) à prendre un emploi en parallèle de leurs études ou à les raccourcir (30%). 54% des jeunes aidants subissent la charge mentale et le fardeau que cela représente et 1 tiers d’entre eux estiment être en moins bonne santé que les jeunes de leur âge »,
continue le journal.
Le Figaro note enfin qu’« après avoir été longtemps invisibles, ignorés des politiques publiques, la stratégie Agir pour les aidants 2020-2022 leur a apporté une première reconnaissance, notamment grâce à des actions de sensibilisation auprès des personnels de l’Éducation nationale. Le nouveau plan, annoncé le 6 octobre à l’occasion de la Journée nationale des aidants par la ministre des Solidarités et la ministre déléguée aux Personnes handicapées, devrait améliorer le système de bourse pour les jeunes étudiants aidants avec quatre points de charges supplémentaires ».

Troubles psychiques ; un risque de persistance de l’enfance à l’âge adulte

Troubles psychiques ; un risque de persistance de l'enfance à l'âge adulte

Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 11 octobre 2023

L’apparition de troubles psychologiques pendant l’enfance prédit chez certains patients des difficultés sur le long terme. Une étude montre que des symptômes psychiques constatés aux âges de 9-13 ans sont associés à un risque de moins bonne santé physique et/ou mentale vers 17-20 ans. Ces résultats parus dans le JAMA appuient une nouvelle fois l’importance d’une prise en charge précoce et pluridisciplinaire des troubles psychiques chez les enfants.
 
Que deviennent les jeunes enfants atteints de troubles psychologiques, au stade du jeune adulte sur le plan de la santé physique et mentale ? C’est à cette question qu’une équipe irlandaise a voulu répondre.
Pour cela, elle a étudié la trajectoire d’enfants pour qui les parents ont rapporté des difficultés psychologiques entre les âges de 9 à 13 ans ; problèmes de comportements, symptômes dépressifs, maladies mentales… La collecte de données a commencé en août 2007 et a été répétée pour la dernière fois en septembre 2018 soit jusqu’aux 17-20 ans des participants.
Les résultats évalués au stade jeune adulte comprenaient une mauvaise santé mentale, une mauvaise santé physique, l’isolement social, une consommation excessive de substances, un recours fréquent aux services de santé, un mal-être subjectif et des résultats éducatifs/économiques défavorables.
Sur 5141 participants inclus, plus d’un quart présentait un problème de santé mentale (27,5%). Parmi ces enfants, la moitié a présenté des difficultés à 17-20 ans ce qui s’est accompagné d’un surcroit de recours aux soins (+38% par rapport aux jeunes sans antécédents psychologiques). L’association était d’autant plus forte que la sévérité des troubles était élevée autour de 9-13 ans avec un risque multiplié par trois environ de mauvaise santé physique et mentale dans les années qui ont suivi.
 
Référence: 
Niamh Dooley et al.
Functional Outcomes Among Young People With Trajectories of Persistent Childhood Psychopathology
JAMA Netw Open. 2023;6(9):e2336520. 

« Une thérapie génique contre l’addiction à l’alcool »

Date de publication : 12 octobre 2023

Challenges

« Le test mené sur des singes [macaques rhésus (Macaca mulatta)] a permis de réduire leur consommation de plus de 90% », révèle Challenges.
« La consommation de quantités excessives d’alcool pendant de nombreuses années conduit à des niveaux plus faibles de dopamine, un neurotransmetteur central dans le phénomène de dépendance. Et seule la consommation d’alcool permet alors de rétablir ces niveaux », rappelle le magazine.
« Pour réinitialiser ce système de la récompense, les chercheurs ont acheminé, dans le cerveau des singes alcooliques, un gène codant une molécule qui favorise la survie des cellules cérébrales productrices de dopamine », détaille-t-il.
« Les résultats publiés dans Nature Medicine montrent que les singes ainsi traités ont réduit spontanément et durant les douze mois d’observation leur consommation d’alcool de plus de 90%, à un niveau proche de zéro », rapporte-t-il. « Reste pour l’équipe de l’université Science et santé d’Oregon, à Portland (Etats-Unis), à transformer l’essai en clinique, chez l’humain », conclut Challenges.

« Tentative de suicide : ce dispositif qui limite la récidive »

Date de publication : 16 octobre 2023

Le Figaro

Anne Prigent rappelle dans Le Figaro que « chaque année en France, 150.000 à 200.000 personnes font une tentative de suicide, dont une part importante récidivera », et se penche sur VigilanS, « un dispositif qui maintient le contact avec les personnes ayant été hospitalisées pour une tentative de suicide ».
« Le but : éviter un nouveau passage à l’acte en maintenant un lien personnalisé avec la personne en souffrance sans envahir son existence. Et c’est efficace ! », 
observe la journaliste.
Le Pr Guillaume Vaiva, psychiatre au CHU de Lille, souligne ainsi : « On sait que 40% des personnes dont c’est la première tentative vont renouveler leur geste dans leur vie, dont plus de la moitié dans les 6 mois ».
Anne Prigent indique que « le risque d’une récidive, dans les 12 mois après une tentative de suicide, chute de près de 40% chez les personnes prises en charge, selon une étude publiée récemment par Santé publique France ».
La journaliste retient en outre « le caractère coût efficace du dispositif : chaque euro investi permettrait d’en économiser deux. En moyenne, 248 euros de coûts de santé seraient ainsi économisés pour chaque patient inclus dans VigilanS ».
Anne Prigent explique notamment qu’« une personne qui tente de se suicider est le plus souvent dirigée vers un service d’urgences ou en réanimation. Lorsqu’elle quitte l’hôpital, le médecin lui remet un programme de soins et lui propose d’entrer dans le dispositif VigilanS. Elle reçoit alors une carte ressource, avec un numéro à appeler en cas de besoin. […] Le service hospitalier transmet également au dispositif VigilanS les coordonnées du patient, de son médecin traitant et de son psychiatre, ainsi que des éléments sur la tentative de suicide ».
La journaliste ajoute que « l’équipe de «vigilanseurs», comme ils s’appellent, recontacte la personne dans les dix à vingt jours qui suivent sa sortie de l’hôpital. Il s’agit de savoir comment elle va et de reprendre avec elle les éléments du programme de soins ».
Le Pr Vaiva précise : « Rien ne se fait sans l’accord des patients qui, dans la grande majorité des cas, acceptent. Par ailleurs, nous prévenons les soignants habituels du patient qu’il est entré dans le dispositif. […] Si la personne va bien, qu’elle a trouvé une façon d’aller mieux, nous en resterons là, mais on lui rappelle qu’elle peut toujours nous contacter ».
Anne Prigent note enfin que « la veille dure 6 mois, éventuellement renouvelables. Elle concerne les adultes mais aussi les adolescents et les enfants. […] Aujourd’hui, 32 centres VigilanS couvrent l’ensemble des régions françaises y compris les territoires d’outre-mer ».

« Crise de la psychiatrie : des patients toujours plus abandonnés »

Date de publication : 17 octobre 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui note que « le baromètre de l’Union des familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques pointe de nouveau le délabrement de la prise en charge des patients, entre restrictions de liberté, refus de visite des proches et difficultés financières ».
Eric Favereau se penche ainsi sur ce document de l’Union nationale des associations des familles et amis de personnes malades et /ou handicapées psychiques (Unafam) : « Près des deux tiers des personnes interrogées – sur plus de 4000 répondants – assurent que l’accès à un psychiatre ou à un psychologue est «de plus en plus difficile». Dès le départ, ça coince ».
Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam, observe que « le manque de moyens observé en psychiatrie ne vient pas seulement restreindre l’accès ou le maintien dans les soins, mais il vient aussi détériorer la prise en charge des patients. 83% d’entre eux déclarent avoir rencontré d’importantes difficultés lors de la prise en charge de leur proche. Dans environ 60% des cas, le patient a subi des mesures d’isolement et dans 30% des cas, des mesures de contention ».
Le journaliste note que « ces restrictions de liberté sont significatives, car elles apparaissent, de plus en plus, comme un symptôme des tensions actuelles ».
Eric Favereau évoque en outre « les refus de visite des proches, qui se multiplient. Or, ils doivent être motivés et être strictement adaptés aux circonstances, selon les textes ».
L’Unafam souligne qu’« il est difficile de croire que pour 44% des répondants qui en ont souffert, le refus était adapté. Le droit de visite est un droit qui est aujourd’hui en France mieux respecté dans les institutions pénitentiaires que dans les hôpitaux psychiatriques, où sont autorisées et légitimées l’interdiction et la privation absolue de liberté des patients vivant avec des troubles psychiques ».
Le journaliste observe que « plus généralement, la vie des malades psychiques reste un parcours du combattant, déjà tout bêtement sur le plan financier ».
L’Unafam précise que « le manque de moyens est criant : 71% des répondants déclarent venir en aide financièrement à leur proche. Pour 40% d’entre eux, cela les fragilise économiquement ».
Marie-Jeanne Richard ajoute : « Notre baromètre démontre que l’Etat français n’a pas pris la mesure des besoins. Des droits fondamentaux sont toujours bafoués. Nous appelons de nos vœux non seulement une accélération du changement, mais que celui-ci puisse se faire sur tous les territoires car les inégalités régionales restent massives ».

« Sommeil des enfants : le cauchemar des parents »

Date de publication : 25 octobre 2023

Libération

« Actualité anxiogène, écrans omniprésents, voisins bruyants… Petits et adolescents dorment de moins en moins longtemps, affectant leurs capacités d’apprentissage ou les rendant davantage irritables. Un rythme et une fatigue parfois difficiles à gérer à la maison », indique Marie-ève Lacasse dans Libération.
Selon les statistiques « les enfants dorment en moyenne deux heures de moins par nuit qu’il y a vingt ans. Chez les ados, la durée de sommeil varie entre 7h47 et 9h07 les jours d’école et entre 9h31 et 10h22 les jours non scolaires (selon une étude de 2020 portant sur 165.793 jeunes) », fait savoir la journaliste.
Parmi les difficultés repérées, « la problématique des petits appartements, la télé allumée et les écrans, bien sûr, mais aussi les enfants de différents âges qui dorment dans la même pièce à des heures différentes », souligne la psychiatre Sylvie Royant-Parola du Réseau Morphée, une équipe pluridisciplinaire de spécialistes du sommeil. 
« A l’adolescence, le sommeil est souvent source de conflits dans les ­familles et les insomnies des jeunes, en raison notamment des écrans, sont une véritable épidémie, comme l’avait documenté Libération en octobre 2022 », note Libération.
« Pour cette tranche d’âge, on a fait différentes enquêtes avec le Réseau Morphée et nous avons constaté que 30% des jeunes dorment six heures ou moins par nuit, ce qui est insuffisant », observe le Dr Royant-Parola. « Les recommandations, c’est huit ou neuf heures par nuit. Six heures c’est dans le rouge, sept c’est acceptable. Les ados n’ont pas conscience que c’est quelque chose d’important, une priorité », insiste-t-elle.
« Les problèmes psychologiques, les temps de trajet trop longs, la surcharge de travail, les activités extrascolaires, les sorties et les psychotropes sont autant de raisons qui affectent leurs nuits », note l’article. « Et ce phénomène ne se limite pas à l’Occident », assure le Dr Maxime Elbaz, docteur en neurosciences et directeur technique du centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel Dieu (AP-HP), à Paris.
« On l’observe dans tous les pays. Santé publique France avait publié une vaste étude en 2011 et l’on constatait déjà que la durée de sommeil des ados diminue d’année en année de trente à quarante minutes et qu’ils cumulent une dette chronique de sommeil qu’ils essaient de récupérer le weekend, en vain », poursuit-il.
« Cette carence a un impact direct sur le développement et le comportement », relève Marie-ève Lacasse. « Un manque de vigilance, des fautes d’inattention qui peuvent conduire à des difficultés scolaires ou potentiellement à des accidents de vélo ou de scooter », ajoute le Dr Royant-Parola.
« Sans oublier que ça peut favoriser la prise de poids ou la résistance aux infections, avec l’amenuisement des défenses immunitaires [la privation de sommeil diminue l’effet protecteur des lymphocytes et épuise les systèmes de l’immunorégulation, ndlr]. Et puis, les ados carencés en sommeil ont tendance à se dévaloriser, à voir les choses plus en noir », avertit le médecin.
« Comment y remédier ? », s’interroge la journaliste. « Les conseils des docteurs Elbaz et Royant-Parola se rejoignent : interdire l’écran au lit, se coucher et se réveiller à la même heure, maintenir une température ambiante dans la chambre à 18 ou 19 degrés, éviter le sport en soirée, terminer ses devoirs pour ne pas avoir l’esprit préoccupé, privilégier un repas du soir léger à base de sucres lents », liste l’article.
« Certes… Mais les horaires de travail des parents, les situations familiales complexes voire violentes, la personnalité explosive des ados (ou des parents) et les appartements minuscules rendent ces recommandations difficiles à mettre en œuvre », estime la journaliste.
« Le diagnostic de carence est difficile à établir car à moins d’un suivi pour maladies graves, les ados n’ont pas forcément le réflexe (ni leurs parents) de prendre un rendez-vous annuel avec leur généraliste, comme le constate le Dr Juliette Guillossou, médecin à Paris », observe Libération.

« Troubles du comportement alimentaire : traitements, prise en charge… Où en est la recherche ? »

Date de publication : 26 octobre 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui constate que « de plus en plus d’adolescents (généralement des adolescentes) et de jeunes adultes souffrent de TCA. Des chercheurs appellent à investir davantage pour la recherche, afin notamment d’identifier des médicaments efficaces ».
Nathalie Godart, pédopsychiatre et présidente de la Fédération française Anorexie Boulimie (FFAB), souligne ainsi qu’en France, « les fonds attribués à la santé mentale sont insuffisants. Et dans cette catégorie, les TCA sont le parent pauvre ».
Nicolas Berrod remarque qu’« aux yeux de ces scientifiques, il y a d’autant plus urgence à inverser la donne et à davantage investir sur les troubles alimentaires (anorexie, boulimie, etc.) que les demandes de prise en charge ont explosé depuis le Covid. Isolement, perte de repères, rythme de vie perturbé… Les confinements répétés ont fait basculer de nombreux patients dans la « spirale » de la maladie ».
Le journaliste relève qu’« en France, la FFAB estime qu’environ un million de personnes (essentiellement des jeunes femmes) souffrent de troubles alimentaires compulsifs ». Hugo Saoudi, psychiatre à la clinique de la Fédération santé étudiants de France (FSEF) à Paris, déclare qu’« eu égard à ce nombre, la recherche n’est clairement pas au niveau ».
Nicolas Berrod indique que « de nouvelles études permettraient, notamment, de mieux comprendre les causes et les mécanismes de «ces maladies multifactorielles et très complexes, à la fois dans leur origine et dans leur développement», avance le médecin ».
Le journaliste explique que « s’agissant des médicaments, seul le Prozac dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement d’un trouble alimentaire, plus spécifiquement la boulimie. […] Certains médicaments psys (antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, etc.) peuvent être prescrits pour soulager les symptômes, mais sans forcément agir sur les mécanismes qui les provoquent ».
« La recherche avance malgré tout, avec les fonds limités disponibles », 
note Nicolas Berrod. Le Pr Marie Grall, du service d’addictologie et de psychiatrie du CHU de Nantes, souligne que « de nombreux travaux sont menés pour mieux comprendre ces troubles ou mieux les prendre en charge, en testant des thérapeutiques innovantes ».
Nicolas Berrod indique ainsi que « l’un des médicaments faisant l’objet d’un essai clinique est le nalméfène. […] L’étude NABAb vise à évaluer son éventuelle efficacité «pour réduire le craving (sorte d’impulsion irrépressible) lié aux addictions comportementales (jeu d’argent pathologique, addiction sexuelle et addiction à l’alimentation)», détaille l’hôpital ».

« Personnes transgenres : face au manque d’accès aux soins, le parcours de la débrouille »

Date de publication : 31 octobre 2023

Le Monde

Lilas Pepy indique dans Le Monde que « de nombreuses études révèlent un état de santé préoccupant chez les personnes transgenres. Transphobie, refus de soin, manque de formation des soignants, rareté de l’offre en soins de transition… En réaction aux carences institutionnelles, milieux associatifs et praticiens volontaires se mobilisent ».
La journaliste souligne : « Transphobie, refus de soin, manque manifeste de formation des soignants dans l’accueil des personnes transgenres, retard dans les diagnostics de pathologies, rareté de l’offre en soins de transition : voici le quotidien des personnes trans dans l’accès à la santé ».
Elle explique que « les associations LGBT+ et certains praticiens dénoncent depuis des années le manque d’accessibilité à des soins primaires de qualité pour les personnes trans, alors que les chiffres sur leur état de santé globale sont vertigineux. Entre 0,3% et 4,5% des adultes sont concernés selon les études et leur méthodologie, d’après l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH) ».
Lilas Pepy évoque « une étude américaine présentée en juin 2023, incluant 66.682 patients trans reçus aux urgences entre 2006 et 2016, [qui] montre que ces derniers arrivent dans un état de santé bien plus dégradé que les personnes cisgenres (qui se reconnaissent dans le genre attribué à leur naissance) : 58,2% des visites sont liées à des maladies chroniques pour les premiers, contre 19,2% des visites pour les seconds ».
Sophie Le Goff, médecin généraliste, remarque ainsi : « Lorsque j’ai commencé à recevoir des patients trans il y a quelques années, j’ai été déboussolée : alors qu’il s’agissait d’une patientèle jeune, les besoins en santé étaient très importants. […] Mes patients n’avaient pas accès au soin en raison d’une offre inexistante ou inadaptée, ou s’étaient eux-mêmes exclus du système de santé à la suite de discriminations ou de violences ».
La praticienne ajoute : « Lors de formations ou de sensibilisations que j’anime, certains professionnels m’assurent qu’ils n’ont pas de patients trans. Or, c’est statistiquement impossible. La vraie question est : quelle place laissent-ils aux gens qui ont des besoins en santé spécifiques pour s’exprimer dans leurs consultations ? ».
Lilas Pepy évoque un « autre obstacle, en lien avec la transition médicale cette fois, le manque de praticiens à l’origine d’un traitement hormonal. En France, tout médecin peut réaliser une primo-prescription d’hormones féminisantes – de type œstrogènes. La plupart des personnes en transition se tournent vers leur médecin généraliste ».
Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente de l’association OUTrans, note cependant que « rien qu’en Ile-de-France seulement une trentaine le fait sur les 10.000 référencés par Ameli [le site de l’Assurance-maladie] ».
La journaliste observe que « la testostérone pouvant, quant à elle, être détournée pour des actions de dopage, seuls quelques spécialistes – endocrinologues, urologues, gynécologues, andrologues, médecins de la reproduction – peuvent rédiger la primo-prescription d’hormones masculinisantes. Dans les faits, la testostérone est prescrite par des endocrinologues. En 2021, OUTrans a contacté une soixantaine d’entre eux exerçant dans la région : seulement 5 acceptaient de recevoir des patients trans ».
Lilas Pepy ajoute que « des médecins continuent, par ailleurs, d’exiger un certificat établi par un psychiatre avant toute prescription, alors même que l’OMS a sorti la transidentité du champ des maladies mentales pour la faire entrer dans celui de la santé sexuelle, en 2019. Enfin, certaines caisses d’assurance-maladie conditionnent l’accès à une affection de longue durée – qui permet une prise en charge des soins de transition – à l’avis d’un psychiatre ».
La journaliste relève qu’« au-delà d’un manque évident de formation, de nombreux praticiens soulignent l’absence de recommandations de bonnes pratiques officielles de la Haute Autorité de santé, qui a été saisie par le ministère de la santé en 2021, et a réuni pour la première fois, en avril 2023, un groupe de travail sur la question. L’Institution explique que «la validation de ces recommandations est prévue au deuxième trimestre 2024» ».

Revue de presse santé psy – juillet 2023

« L’ecstasy autorisée à des fins médicales en Australie : est-ce vraiment raisonnable ? »

Date de publication : 6 juillet 2023

Le Parisien

Marie Vidalenc note dans Le Parisien que « de plus en plus de tests le montrent : dans un cadre thérapeutique, certaines drogues permettent de lutter contre des pathologies mentales. L’Australie a donc décidé de ne plus attendre : elle est devenue samedi 1er juillet le premier pays à autoriser l’usage de l’ecstasy et des hallucinogènes à des fins médicales ».
La journaliste relève ainsi que « les psychiatres peuvent prescrire de la MDMA ou de la psilocybine à certains de leurs patients ».
Elle note que « les dernières études ont en effet montré qu’un tiers des patients résistant aux antidépresseurs répondaient à la psilocybine. Les résultats sont tout aussi positifs pour la MDMA traitant des états de stress post-traumatiques ».
Lucie Berkovitch, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), confirme : « Lorsqu’elle est associée à la psychothérapie, on observe environ 40% de réponse dès la première séance. Ce chiffre monte à 80% après trois séances avec un tiers des patients qui n’ont plus de symptômes ! ».
Marie Vidalenc précise cependant que « sur les quatre phases d’études préalables, la MDMA et la psilocybine sont (…) en phase 3. La dernière étape, qui consiste à tester le médicament à plus grande échelle pour voir s’il est applicable sur toutes les populations, n’a donc pas commencé ».
La journaliste s’interroge : « L’Australie a-t-elle été trop vite ? ». Le Dr Mickael Naassila, spécialisé en addictologie, répond qu’« il n’y a vraiment aucun risque si les doses sont prescrites dans un cadre réglementé ».
Marie Vidalenc note que « les psychédéliques ne provoquent (…) pas d’addiction mais ils activent les récepteurs de la sérotonine, impliquée dans la régulation des comportements. (…) Le seul danger viendrait de l’usage potentiellement récréatif de ces médicaments une fois prescrits ».
« Mais dans un cadre strictement encadré, les psychédéliques pourraient renforcer un arsenal médical parfois lacunaire »,
 ajoute-t-elle.
Lucie Berkovitch souligne ainsi : « Je sais qu’il y a des patients en grande détresse qui n’ont aucune solution. Et la particularité de ces molécules, c’est qu’elles agissent tout de suite et de façon durable après une prise unique ».

« Les Etats-Unis élargissent l’accès à un nouveau traitement prometteur contre Alzheimer »

Date de publication : 7 juillet 2023

Le Monde

Le Monde annonce que « les autorités sanitaires américaines ont pleinement autorisé (…) un nouveau traitement contre Alzheimer, permettant ainsi de le rendre plus accessible en passant par le système fédéral d’assurance santé. Le Leqembi (lécanémab), qui vise à réduire le déclin cognitif, est autorisé pour les patients n’ayant pas encore atteint un stade avancé de la maladie ».
Le journal rappelle que le médicament « avait été approuvé en janvier par l’Agence américaine des médicaments (FDA) selon une procédure accélérée. L’analyse d’études complémentaires a désormais permis son autorisation complète ».
« Administré par intraveineuse toutes les 2 semaines, il est développé par l’entreprise pharmaceutique japonaise Eisai avec l’américaine Biogen. Son prix a été fixé à 26 500 dollars (24 328 euros) par an et par patient »,
 précise le quotidien.
Le Monde remarque que « le Leqembi fait partie d’une nouvelle génération de traitements ciblant une protéine appelée bêta-amyloïde, qui forme des plaques dans le cerveau de patients malades. Ce médicament a été le premier à démontrer clairement une réduction du déclin cognitif (de 27%) dans le cadre d’un essai clinique ».
« Sans soigner les patients, il peut permettre de ralentir un peu la progression de la maladie. Il est toutefois accompagné d’un avertissement : il peut entraîner des effets secondaires graves, comme des œdèmes ou des hémorragies cérébrales, qui peuvent être fatals », 
souligne le journal.
Il ajoute que « le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly développe également un traitement contre Alzheimer ciblant les plaques amyloïdes et ayant démontré une réduction du déclin cognitif. Au printemps, l’entreprise avait annoncé vouloir déposer rapidement des demandes d’autorisation dans le monde entier ».

« Suicides forcés : à l’AP-HP, les soignants formés à réagir avant qu’il ne soit trop tard »

Date de publication : 18 juillet 2023

Libération

Marlène Thomas relève dans un reportage pour Libération que « l’ancienne avocate Yael Mellul, qui a porté la reconnaissance du suicide forcé comme infraction, sensibilise le personnel de santé à la détection d’un harcèlement pouvant pousser une femme à se tuer. A la Pitié-Salpêtrière, en mai, l’échange a mis en lumière leur rôle central face à ces violences ».
La journaliste observe qu’« il suffit de compter les doigts timidement levés pour se rendre compte du chemin restant à parcourir. «Combien d’entre vous ont déjà entendu parler de suicide forcé ?» amorce Yael Mellul. (…) Sur la vingtaine de personnes présentes en ce dernier jour de mai à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris : 6 personnes ».
Marlène Thomas rappelle que « depuis 2020, un nouvel article du code pénal compte deux circonstances aggravantes au délit de harcèlement moral sur conjoint ou ex : lorsque ces violences psychologiques ont conduit la victime – majoritairement des femmes – à se suicider ou à tenter de se suicider, la peine est désormais de 10 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende ».
La journaliste explique que Yael Mellul « organise depuis près de 3 ans des sessions de prévention dans des commissariats ou hôpitaux en ne comptant que sur les bonnes volontés individuelles. (…) Une bonne partie de l’assistance est ce jour-là «acquise» à cette cause, «experte même». (…) En majorité, des médecins, aides-soignantes, accueillantes, psychologues des trois Maisons des femmes de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) – trois structures qui proposent un accompagnement global aux victimes de violences – mais aussi de la maternité ou de centres médico-psychologiques (CMP) ».
Marlène Thomas observe que « les soignants forment le premier rempart à cette spirale mortifère ».
Yael Mellul souligne : « Au moins deux fois plus de femmes meurent de suicides forcés que de féminicides. (…) Vous êtes dans l’écrasante majorité des cas en première ligne, c’est vous que les victimes de violences conjugales viennent voir en premier, c’est auprès de vous qu’elles viennent se faire soigner lorsqu’elles sont blessées ou qu’elles ont fait une tentative de suicide ».
Marlène Thomas relève en outre que « la responsabilité des médecins est double dans le cas d’un suicide forcé. Il y a la réaction à l’urgence immédiate et ce qu’il consigne pour l’après. Les certificats médicaux constituent des éléments probatoires clés ».
La journaliste ajoute que « les soignants marchent sur des œufs. Si le texte de loi n’exige pas que le harcèlement moral soit l’unique cause du suicide, les conséquences traumatiques des violences conjugales (dépression, perte d’emploi, alcoolisme, isolement, hospitalisation en psychiatrie…) sont encore souvent retenues comme des raisons du passage à l’acte plutôt que comme des preuves du harcèlement moral ».

« Alerte en psychiatrie : « Ce n’est pas du soin, c’est de la maltraitance » »

Date de publication : 21 juillet 2023

Le Parisien

Elsa Mari livre dans Le Parisien le témoignage de Laurène qui, « comme près de 1,5 million de personnes en France, est atteinte de troubles bipolaires. La trentenaire raconte comment la maladie a déferlé avec fracas dans sa vie : perte de discernement, euphorie, dépression. En même temps, elle découvre l’hôpital, le manque de temps et les méthodes «traumatisantes» des soignants ».
La journaliste relève ainsi : « La scène lui paraît toujours irréelle. Elle, faisant des salutations au soleil, pieds nus dans le tramway. Puis en train d’errer dans la banlieue de Strasbourg croyant s’y être téléportée. Ce soir-là, une bande de jeunes appelle la police. Le rêve éveillé prend fin à la vue du panneau « hôpital psychiatrique ». Laurène sera internée trois semaines ».
« Cette nuit de 2016, l’étudiante brillante de Sciences-po verse dans la folie. Personne ne comprend cette «bouffée délirante». Ni elle, ni ses parents, il n’y avait aucun signe. Excepté, peut-être, ce stress des examens qui l’a tenue debout trois nuits d’affilée », 
note Elsa Mari.
Elle explique que « le diagnostic sera posé 4 ans plus tard. Les médecins parlent d’un coup de tonnerre dans un ciel serein : la bipolarité, responsable de ses troubles de l’humeur, va-et-vient émotionnel épuisant. À partir de cette première crise, Laurène se fait envahir par ce double étrange, tantôt ivre de bonheur, tantôt désespéré. Il oblitère son jugement, décuple son activité cérébrale. Comme l’impression d’être hors de soi. Entre les deux, la phase de rémission lui laisse peu de répit ».
Elsa Mari relève que « ces traumatismes répétés l’ont abîmée. Mais un autre l’a détruit : la «brutalité» des soignants ». Laurène déclare : «Progressivement, je reconstruis mon identité que la psychiatrie m’a volée ».
La journaliste indique notamment : « Fin juin 2016, le moulin infernal des idées noires reprend. Nouvelle rechute. Cette fois, elle est internée. Les soignants jugent le risque de suicide élevé, ils la mettent à l’isolement plusieurs jours. Sans lui expliquer, ce qui est contraire à la réglementation. Tout va très vite, à peine le temps de comprendre ».
Laurène observe : « La porte se referme. Je me retourne : il y a un matelas par terre, un pot, un filet de lumière. Ce n’est pas un soin, c’est de la maltraitance. Je crie, je frappe à la porte. Six soignants débarquent, m’attrapent par le cou et les jambes, baissent mon pantalon et me piquent au valium ».
Elsa Mari souligne que « jamais Laurène ne s’est montrée agressive. «Pourquoi violente-t-on les malades ?», répète-t-elle, sidérée. La faute, selon elle, au manque d’effectifs. «Ils ne sont pas assez, alors ils paniquent vite et préfèrent enfermer.» Alors qu’elle est internée, le médecin n’a d’ailleurs qu’un quart d’heure de consultation par semaine à lui accorder ».
Laurène poursuit : « Dans les autres hôpitaux, c’est pareil. À partir de là, j’ai développé une colère immense envers l’institution. La psychiatrie ne guérit pas. Elle ajoute du trauma au trauma ».
Elsa Mari ajoute qu’« au fil du temps, Laurène est parvenue à apprivoiser son «handicap psychique», à trouver un «ancrage» grâce à un long travail et le soutien invétéré de sa famille. Si elle rechute, elle fera tout pour éviter l’hôpital. Car longtemps les images des sangles et de cette porte qui se referme l’ont hantée. Il lui a fallu des années pour se réconcilier avec son corps ».
La jeune femme déclare : « J’ai l’impression d’avoir vécu un viol médical ».

Revue de presse santé psy – septembre 2023

« La pupille serait un indicateur de l’effet de l’activité physique sur le cerveau »

Date de publication : 1er septembre 2023

Le Monde

Pascale Santi explique dans Le Monde que « bouger est bon pour le cerveau. Pour analyser comment cela fonctionne, une équipe de chercheurs japonais de l’Institut des sciences de la santé et du sport de l’université de Tsukuba (Japon) s’est penchée sur la taille de la pupille, marqueur de l’état d’éveil cérébral ».
La journaliste note ainsi que selon un article paru dans NeuroImage, les chercheurs « ont montré que des exercices, même d’intensité légère, ont des effets positifs sur les fonctions exécutives, nécessaires pour s’habituer à une situation nouvelle, qui permettent, entre autres, de planifier des actions, évaluer des idées, etc. ».
Pascale Santi indique que « la moitié des 24 jeunes adultes en bonne santé ont effectué des exercices d’intensité très modérée, sur un vélo, similaires à de la marche ou à du yoga, pendant 10 minutes. Ils ont passé le test dit « de Stroop », avant l’exercice et 6 minutes 30 secondes après ».
La journaliste poursuit : « Le taux de clignement des yeux et le diamètre de la pupille ont été enregistrés avant, pendant et après l’activité. Les chercheurs ont également utilisé des outils d’imagerie optique afin d’observer la façon dont le cerveau des participants répondait à une tâche cognitive spécifique. […] Les mêmes mesures ont été réalisées sur l’autre moitié des participants restés sédentaires ».
Pascale Santi retient que « les pupilles se dilatent pendant l’exercice physique, et la taille de la dilatation est un indicateur d’une amélioration de la fonction exécutive préfrontale. Plus les pupilles se dilatent pendant l’entraînement, plus la fonction cognitive est améliorée au moment du test effectué à la fin de l’exercice ».
Elle note que selon les auteurs, « le diamètre de la pupille pourrait représenter un nouveau biomarqueur servant à évaluer les effets de l’exercice sur le fonctionnement du cerveau. Cela montre qu’une activité physique, même légère, améliore le travail du cortex préfrontal et la fonction exécutive. Un bémol, toutefois, relevé par les chercheurs : la taille réduite de l’échantillon et le peu de femmes, seulement 3, nécessitant, selon eux, des recherches plus approfondies ».
Olivier Dupuy, maître de conférences attaché au laboratoire MOVE (Mobilité, vieillissement et exercice), à l’université de Poitiers, réagit : « La pupillométrie est souvent utilisée en neurosciences comme marqueur de l’éveil et, indirectement, de l’activité cérébrale pendant une tâche cognitive. Ce qui est nouveau et qui interpelle dans ce travail est que les effets sont visibles même à faible dose, 10 minutes à 30% des capacités cardio-vasculaires maximales ».
« Nous devons rester prudents concernant ces résultats. Mais si cela est confirmé, il s’agit encore une fois d’un argument en faveur de l’activité physique pour notre santé cognitive et déjà observable lors d’une activité très légère », 
remarque le chercheur.

« Un gynécologue attaqué pour avoir refusé d’examiner une femme trans »

Date de publication : 12 septembre 2023

Le Figaro

Le Figaro relève en effet qu’« en se déclarant incompétent sur le cas de cet homme devenu femme, un médecin de Pau a suscité l’indignation des associations militantes. Une plainte est en préparation ».
Stéphane Kovacs observe ainsi : « Sur sa table de gynécologie, il n’a jusqu’à présent examiné que des «vraies femmes». C’est ce que le Dr Victor Acharian, gynécologue obstétricien à Pau, a répondu, la semaine dernière, à un homme et sa compagne trans, furieux d’avoir été éconduits ».
Le médecin a indiqué : « Je n’ai aucune compétence pour m’occuper des hommes, même s’ils se sont rasé la barbe et viennent dire à ma secrétaire qu’ils sont devenus femmes ».
Le journaliste observe que « l’association Stop homophobie […] s’apprête à déposer plainte. […] Le couple, qui veut rester anonyme, «voulait juste relayer l’info à une association», mais se dit aujourd’hui «un peu dépassé par les proportions énormes que prend cette affaire» ».
La secrétaire du gynécologue indique pour sa part : « La dame m’a expliqué qu’elle était en transition. J’ai aussitôt prévenu le docteur par messagerie interne. Il m’a répondu: “Je ne m’occupe pas de ça ; il y a des spécialistes à Bordeaux ou à Toulouse”, message que je leur ai transmis. Mais ils sont devenus très agressifs, et m’ont traitée de transphobe ».
Stéphane Kovacs note que « le Dr Acharian, qui voit «50 patientes par jour, de 8 à 20 heures», «regrette» que sa réponse à «l’avis dénigrant» posté sur Google «ait pu blesser une personne» ».
Le pratcien déclare : « C’était loin d’être ma volonté. Je ne suis pas transphobe ni homophobe, j’ai d’ailleurs aidé beaucoup de mes patientes homosexuelles à avoir un enfant. J’aurais pu recevoir cette personne, lui faire payer la consultation de 80 euros, pour lui dire que je suis totalement incompétent : est-ce cela qu’elle voulait ? Ces personnes sont sous traitements hormonaux, prescrits par des services spécialisés. Je leur laisse le soin de les contrôler ».
Stéphane Kovacs relève qu’« au Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF), on constate «une augmentation des personnes trans en demande de suivi médical» ». Le Pr Philippe Deruelle, secrétaire général du CNGOF, fait savoir qu’« un travail spécifique sur la question de la transidentité et du suivi médical est en cours, et on a déjà édité un livre sur le sujet ».

« Après l’annulation de deux campagnes de prévention sur l’alcool, les acteurs de la santé publique dénoncent les « faux prétextes » du gouvernement »

Date de publication : 13 septembre 2023

Le Monde

Camille Stromboni se penche dans Le Monde sur « une campagne de prévention sur l’alcool qui n’a jamais pu voir le jour – elle a été retoquée par le ministère de la Santé au printemps ».
La journaliste précise : « Deux campagnes ont été refusées, a révélé Radio France dans une enquête parue le 11 septembre : la seconde devait être diffusée ce mois-ci, durant la Coupe du monde de rugby ».
Elle note que « les acteurs de la santé publique [sont] écœurés par ce qu’ils voient comme une nouvelle manifestation de l’influence du «lobby alcoolier» sur le pouvoir actuel. Et du «blocage» face à toute véritable politique de santé publique en France sur l’alcool ».
Camille Stromboni ajoute que « la rediffusion d’une ancienne campagne axée sur les repères de consommation à risque […] a aussi été refusée cet été par le nouveau ministre [de la Santé], Aurélien Rousseau, selon Radio France, qui rend publique une partie de la lettre envoyée par le lobby Vin et Société au président de la République en janvier pour s’opposer avec vigueur à la dernière campagne de prévention sur l’alcool (« la bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ») ».
La journaliste observe qu’« au ministère de la Santé, on se défend néanmoins d’avoir cédé à une quelconque pression ».
Le ministère remarque que « dans le contexte d’un nombre important de campagnes portées par l’Etat et ses opérateurs, dont Santé publique France, sur le deuxième semestre 2023, il a été décidé de revoir les priorités sur la thématique alcool et de prioriser la cible “jeunes”. […] Les jeunes de 17-25 ans sont plus exposés aux risques de consommations excessives ».
Camille Stromboni relève ainsi qu’« une campagne en direction de la jeunesse est prévue pour la fin septembre » et qu’« un renfort du site Alcool Info Service, pour améliorer l’orientation et l’aide personnalisée à destination des usagers, est également mis en avant parmi les actions du gouvernement sur l’alcool ».
Une « source proche du dossier au ministère de la Santé » déclare : « Il n’y a jamais eu de pressions sur le dossier “alcool”, ni de marques d’intimidation, pour modifier nos décisions. Après trois ans de Covid, nous avons acquis la conviction que tout message associé à des clichés et à des perceptions négatives provoque plutôt des rejets chez ceux qui les reçoivent ».
La journaliste constate que « dans les rangs des acteurs de la santé publique, les réactions sont sévères ». Bernard Basset, médecin de santé publique et président de l’association Addictions France, remarque que « ce faux dénigrement pour justifier la censure n’est pas acceptable. Tous les ressorts servent aux campagnes de prévention, il n’a pas du tout été démontré la supériorité de campagnes positives ».
Mickaël Naassila, président de la société française d’alcoologie, déclare quant à lui : « Ce n’est pas crédible. Nous avions une dynamique depuis quelques années, avec des campagnes qui avaient enfin repris sur l’alcool, comme sur le tabac, et ce en direction de la population générale, je ne vois pas pourquoi on veut la stopper tout d’un coup, on ne peut absolument pas se limiter aux jeunes. […] L’alcool, ce n’est pas juste un problème de jeunes qui s’hyperalcoolisent, c’est l’une des premières causes d’hospitalisation en France ».
Camille Stromboni rappelle ainsi que « le niveau d’information sur l’alcool reste problématique, au regard de chiffres récents, comme celui sur le nombre de Français qui croient que l’alcool peut protéger du cancer – près d’un quart de la population, selon le dernier baromètre de l’Institut national du cancer ».

« Une femme sur six souffre de dépression après l’accouchement »

Date de publication : 19 septembre 2023

Le Figaro

Stéphany Gardier rappelle dans Le Figaro que « la période du post-partum est parmi les plus intenses dans la vie d’une mère. Mais c’est aussi un moment de grande vulnérabilité, qui peut s’accompagner d’une véritable souffrance psychique ».
La journaliste fait savoir que « pour la première fois en France, des chercheurs ont étudié la santé mentale des mères 2 mois après leur accouchement. Leurs travaux, publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, montrent qu’en moyenne 16,7% d’entre elles sont concernées par une dépression du post-partum (DPP), que plus d’un quart souffre d’anxiété, et qu’une femme sur vingt ferait face à des idées suicidaires dans les premiers mois de post-partum ».
Stéphany Gardier s’interroge : « Ces chiffres élevés pourraient-ils être dus à la période particulière durant laquelle s’est déroulée l’étude, en pleine troisième vague de Covid-19 ? ».
La Dr Sarah Tebeka, psychiatre spécialiste de la périnatalité à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), co-auteure, répond qu’« ils sont cohérents avec ceux des études menées à l’étranger, dans lesquelles la prévalence rapportée de la DPP est entre 10% et 20% des mères ».
La spécialiste évoque ainsi « le reflet de l’état de la santé mentale des mères qui ont démarré une grossesse en pleine pandémie ».
Nolwenn Regnault, responsable de l’Unité périnatale, petite enfance et santé mentale de Santé publique France, qui a mené ce travail, ajoute que « c’est la première fois que nous menions ce type d’étude, prévue bien avant la crise sanitaire. Nous avons établi un état des lieux à un temps T et seule la prochaine ENP [Étude nationale périnatale] pourra nous dire si la pandémie a pesé sur la prévalence de troubles psychiques chez les jeunes mères, et si oui dans quelle mesure ».
Stéphany Gardier relève que « la dépression post-partum est multifactorielle, mais les personnes avec des antécédents de troubles psychiques sont plus à risque ».
La Dr Tebeka ajoute : « Il faut arrêter de banaliser les symptômes de la dépression et de l’anxiété. La prise de conscience doit être collective : les conjoints, les familles mais aussi le milieu professionnel doivent être conscients de la fréquence de ces troubles psychiques au cours du post-partum pour contribuer à les prévenir et accompagner les femmes concernées ».

« ADN : une IA de Google distingue les bonnes mutations génétiques des mauvaises »

Date de publication : 20 septembre 2023

Le Parisien

Gaël Lombart note dans Le Parisien qu’« Alphabet n’aura jamais aussi bien porté son nom. La maison-mère de Google, via son entreprise dédiée à l’intelligence artificielle DeepMind, annonce […] avoir mis au point un outil capable de séparer, parmi les suites de lettres de notre ADN, le bon grain de l’ivraie ».
Le journaliste explique qu’« AlphaMissense parvient à savoir quand une mutation génétique d’un certain type (appelée « faux sens » ou « missense », en anglais) est bénigne ou mauvaise pour la santé, alors que, dans la très grande majorité des cas, il était impossible de faire cette distinction jusqu’à aujourd’hui ».
« Cette innovation ouvrirait la voie à des diagnostics de maladies rares et des traitements ciblant plus précisément les causes génétiques des maladies »,
 remarque-t-il.
Gaël Lombart rappelle ainsi : « Qu’il s’agisse de la forme de nos nez ou bien de certaines pathologies que nous sommes susceptibles de développer au cours de nos vies, de nombreuses choses chez nous sont dictées par notre ADN ».
« Ces différences proviennent de variantes dans les séquences : dans votre code personnel, vous avez un « A » quand votre voisin a un « G ». Un simple changement de lettre peut modifier la composition d’une protéine produite par le corps. Ces mutations peuvent être anodines ou, à l’inverse, avoir un impact sur la santé », 
relève le journaliste.
Il souligne que « nous ne connaissions le caractère bénin ou pathogène que d’une infime portion des « faux sens », des variants très discrets mais capables de transformer les protéines : 2% ! Et pour cause, de tous les types de mutations génétiques dont nous sommes porteurs, celles-ci sont particulièrement sournoises puisqu’elles n’impliquent qu’un seul changement de lettre ».
Gaël Lombart explique donc qu’« AlphaMissense s’est fiée à la forme des protéines, Google DeepMind étant devenu capable ces dernières années de déduire leur structure en 3D à partir de la séquence ADN. L’intelligence artificielle a ainsi passé au crible des millions de variants et est parvenue […] à fournir une prédiction pour 89% d’entre eux ».
Jun Cheng, chercheur de Google DeepMind, précise qu’« en s’entraînant, elle a vu des millions de séquences de protéines et a appris à quoi ressemble une protéine normale. Quand on lui donnait une séquence de protéine avec une mutation, elle pouvait dire si ça avait l’air mauvais ou pas ».
Gaël Lombart ajoute qu’« on lui a demandé de se prononcer sur les variations d’ADN qui seraient susceptibles d’exister mais que l’on n’aurait pas encore observées. Pour détecter des maladies rares, par exemple, ça peut toujours servir ! C’est ainsi une base de données de 216 millions de variantes qui est mise à disposition des chercheurs et du monde médical ».
Joseph Marsh, généticien à l’Université de Cambridge, remarque pour sa part qu’« AlphaMissense montre des performances remarquables, et je pense qu’elle pourrait éventuellement être utilisée comme preuve de diagnostic solide, mais cela nécessiterait d’abord une évaluation indépendante approfondie de ses prédictions par des experts ».

« Face à la maladie d’Alzheimer, le temps des espoirs »

Date de publication : 21 septembre 2023

La Croix

Jeanne Ferney note dans La Croix qu’« alors que se déroule ce 21 septembre la Journée mondiale de lutte contre Alzheimer, les scientifiques saluent des avancées majeures, tant dans la recherche de nouveaux traitements que dans la prise en charge des malades. En attendant le remède qui, un jour peut-être, soignera la maladie, les médecins insistent sur l’importance de la prévention ».
La journaliste remarque ainsi : « Sera-t-on un jour en mesure de guérir la maladie d’Alzheimer ? Si cette perspective semble encore lointaine, les récents progrès de l’immunothérapie – l’injection d’anticorps dans l’organisme du patient – donnent l’espoir d’en ralentir les dégâts ».
Le Pr Luc Buée, directeur de recherche au CNRS, indique qu’« on est à un tournant dans la recherche. On n’avait pas eu de nouveaux médicaments depuis le début des années 2000. Surtout, on était sur des traitements symptomatiques, avec une amélioration très modérée pour les patients. Cette fois, il s’agit de traitements qui s’attaquent à une protéine à l’origine de la maladie, le peptide amyloïde ».
Jeanne Ferney relève que « cette nouvelle ère est en marche aux États-Unis, où deux traitements de ce type sont d’ores et déjà commercialisés, le lecanemab (depuis 2023) et l’aducanumab (depuis 2021). L’année 2023 a quant à elle vu émerger un troisième traitement prometteur, le donanemab ».
Le Pr Bertrand Fougère, chef du pôle vieillissement du CHU de Tours, souligne toutefois : « Il faut bien avoir conscience que ces traitements ne guérissent pas la maladie, ils ralentissent la progression du déclin cognitif. Ils concernent, en outre, un nombre de patients réduit car à un stade très précoce de la maladie. […] La recherche sur Alzheimer, ce sont les montagnes russes : on y croit, on y met de l’énergie et tout à coup, patatras ! Tout se casse la figure. […] On va finir par trouver le traitement qui guérira la maladie ! ».
Le Pr Buée note quant à lui que « ce n’est que le début, d’autant que toute une panoplie de molécules ciblant d’autres causes de la maladie, comme la protéine Tau, est aussi à l’essai ».
La Dr Maï Panchal, directrice générale et scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer, relève pour sa part que « l’amélioration de l’imagerie cérébrale permet de détecter les lésions dans le cerveau et d’en suivre l’évolution. […] D’ici deux bonnes années, on devrait aussi voir se généraliser les tests sanguins, pour l’heure utilisés dans le cadre de la recherche. Il ne s’agit pas d’une prise de sang qui dirait si oui ou non on a la maladie, mais c’est un outil supplémentaire et une alternative lorsque la ponction n’est pas possible ».
Jeanne Ferney évoque enfin « un axe essentiel, encore trop souvent négligé : la prévention. Car la maladie d’Alzheimer n’est pas une fatalité ».
Le Pr Fougère rappelle qu’« une étude publiée en 2020 dans le Lancet a montré que 4 cas sur 10 pouvaient être évités ou retardés grâce au mode de vie : un régime alimentaire équilibré, une vie sociale riche, une bonne audition et surtout de l’exercice physique, ce qui vaut d’ailleurs dans la prévention d’autres maladies comme le cancer ».

Revue de presse santé psy – juin 2023

« Avant tout, entendre la souffrance de l’enfant »

Date de publication : 5 juin 2023

Le Figaro

« « Personne ne me croit. On m’a dit que je n’avais rien, que c’était dans ma tête. C’est la première fois qu’on nous écoute… » Ces mots, le Pr Frédéric Bernard, responsable du service d’algologie pédiatrique et soins palliatifs du CHU de Clermont-Ferrand, les entend trop souvent », indique Pauline Léna dans Le Figaro. « La fréquence de ces propos constitue la principale différence avec la douleur chronique chez l’adulte, et c’est d’une brutalité terrible », enrage le spécialiste.
« Ce défaut d’écoute allonge le délai d’errance avant la rencontre avec un expert qui pourra soulager les enfants et les adolescents, alors qu’ils sont de plus en plus concernés par les douleurs chroniques, qui représentent jusqu’à 40% des consultations dans certains centres d’étude et de traitement de la douleur pédiatrique », révèle la journaliste.
« Il y a notamment une composante émotionnelle très importante dans la douleur chez les enfants qui est trop souvent ignorée », regrette le Pr Bernard.  « Il a cependant été reconnu que les durées de consultation sont bien plus longues qu’avec les adultes, et nous ne devons pas justifier d’un nombre minimal annuel de consultations pour recevoir notre label », souligne la Dr Sylvie Berciaud, responsable de la consultation douleur chronique pédiatrique du CHU de Bordeaux.
« L’évaluation de la douleur, ses causes et ses répercussions sur la vie de l’enfant ou de l’adolescent sont donc plus difficiles à explorer, et certaines pathologies ont des présentations différentes, comme les migraines qui peuvent, chez l’enfant, provoquer des douleurs abdominales », note l’article. « La dimension psychologique, en particulier l’histoire familiale, pèse très lourd sur le succès de la prise en charge, avec des signatures neurologiques qui peuvent passer inaperçues pendant très longtemps », alerte-t-il.
« Nous avons des moyens satisfaisants sauf sur le nombre de psychologues et de pédopsychiatres », insiste la Dr Marine Letellier, responsable de l’équipe mobile douleur pédiatrique du CHU de Nantes. « Les familles peuvent néanmoins compter sur les ressources des associations impliquées dans la douleur pédiatrique, qui fournissent beaucoup d’outils de soutien validée par des professionnels », observe Le Figaro.
« L’autre grand regret des spécialistes est le manque de formation des médecins, qui reçoivent une seule heure de cours sur la douleur pédiatrique pendant tout leur cursus. Certains font volontiers appel à la ligne dédiée aux professionnels des CETD », indique la journaliste.
« Cette méconnaissance des médecins généralistes affecte aussi la prise en charge de la douleur aiguë, parfois tout simplement parce que les médecins n’osent pas prescrire d’antalgiques dont les autorisations de mise sur le marché n’ont été validées que pour les adultes, ou au contraire parce qu’ils ne s’inquiètent pas de voir un enfant prendre des antalgiques plus d’un mois après une petite intervention », met en garde Le Figaro.
« Comme chez l’adulte, c’est pourtant là qu’il faut se montrer particulièrement vigilant pour empêcher la douleur chronique de se glisser dans les failles induites par les médicaments. Surtout lorsque l’enfant traverse d’autres difficultés dans sa vie personnelle », conclut Pauline Léna.
 

« « C’est du jamais-vu auparavant » : bientôt un traitement contre l’addiction au cannabis ? »

Date de publication : 9 juin 2023

Le Parisien

Enola Tissandié indique en effet dans Le Parisien qu’« Aelis Farma, une société biopharmaceutique bordelaise, présente dans la revue Nature Medicine les premières études décrivant son candidat-médicament, AEF0117. Les résultats obtenus semblent prometteurs pour venir à bout des troubles liés à la consommation excessive de cannabis ».
Michel Lejoyeux, professeur en addictologie à l’université Paris Cité, remarque ainsi qu’« aucune molécule n’est disponible aujourd’hui. Si les données sont solides, nous pourrions utiliser ce type d’inhibiteur ».
Le Dr Pier Vincenzo Piazza, directeur général d’Aelis Farma et coauteur de ce travail, précise : « Le cannabis agit sur le récepteur CB1, l’un des récepteurs les plus utilisés dans le cerveau. Le récepteur CB1 s’occupe du plaisir, de la motivation, mais aussi de la capacité de la mémoire à oublier ».
Enola Tissandié explique que « cette drogue contient du THC, une molécule justement capable de mimer les effets de certains neurotransmetteurs et de se lier au récepteur CB1 ».
Le Dr Piazza souligne que « le THC active tous les récepteurs CB1 du cerveau en même temps, ce qui entraîne aussi bien les effets subjectifs positifs, la sensation d’être high (dans un état second), mais aussi les effets plus négatifs ».
La journaliste note que « basé sur un mécanisme naturel utilisé par le cerveau pour éviter la surstimulation de ses récepteurs, AEF0117 est le premier composé qui inhibe le récepteur CB1, responsable des effets d’addiction au cannabis ».
Elle ajoute : « La diminution des effets plaisants du cannabis ne risque-t-elle pas d’entraîner une surconsommation ? Eh bien non. Autre effet novateur d’AEF0117, «il diminue l’envie de prendre du cannabis, sans précipiter l’effet de sevrage, pas de crise de manque», précise le Dr Piazza », qui remarque : « C’est du jamais-vu auparavant ».
Enola Tissandié indique enfin que « les chercheurs ont bon espoir de voir leur découverte mise sur le marché avant 2030. (…) En parallèle, les chercheurs travaillent sur d’autres bienfaits de cette molécule et d’autres capables de bloquer le récepteur CB1, notamment pour améliorer la mémoire des personnes atteintes de trisomie 21 ».

« Dépression et anxiété : des conditions de travail déplorables nuisent à la santé des hospitaliers »

Date de publication : 9 juin 2023

Libération

Libération constate que « les hospitaliers vont mal et leurs conditions de travail y sont pour beaucoup. Fatigue, perte d’appétit, nervosité ou encore irritabilité : une vaste étude menée à l’été 2021, par le ministère de la Santé, entre deux vagues de Covid, révèle que les personnels hospitaliers souffrent nettement plus de dépression et d’anxiété que les autres salariés. Une «prévalence accrue» dans ce secteur directement «liée aux conditions de travail» ».
Le journal retient que « si les cas dits «sévères» ne sont pas plus nombreux, en revanche les troubles «légers à modérés» sont «nettement plus fréquents», de l’ordre de 38% pour la dépression (fatigue, perte d’appétit, difficultés de concentration…) et 28% pour l’anxiété (nervosité, inquiétude, irritabilité…), contre respectivement 30% et 22% pour «l’ensemble des personnes en emploi» ».
Le quotidien évoque ainsi « des mauvais résultats principalement dus aux «conditions de travail difficiles» d’un système hospitalier à bout de souffle, mais également à des «surcharges inhabituelles de travail», des «incitations à ne pas prendre ou à repousser un congé maladie» et des «difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle» ».
Libération rappelle qu’« en 2016, le sociologue et spécialiste des questions de santé Frédéric Pierru analysait déjà les racines du mal-être hospitalier, et dénonçait une souffrance généralisée des soignants au travail dans les hôpitaux. En cause selon lui : un management industriel et une délégation croissante des tâches ingrates ».
« Les vagues de Covid successives n’ont pas arrangé les choses, d’autant qu’elles se sont abattues sur un hôpital public déjà délabré. (…) Et pour l’heure, aucun réel changement de paradigme ne se profile à l’horizon pour sortir l’hôpital du marasme »,
 conclut le journal.

« 13% des 6-11 ans ont un trouble probable de santé mentale »

Date de publication : 20 juin 2023

Le Parisien
Libération
Le Monde

Florence Méréo relaie dans Le Parisien les résultats de la « grande enquête sur le bien-être et la santé mentale des 6-11 ans, la première du genre dans l’Hexagone, menée par Santé publique France (SPF) ».
« Plus de 15.000 élèves scolarisés du CP au CM 2 dans 400 écoles ont été interrogés. Ainsi que leurs parents et leur enseignant. Le tout donne une « photographie » inédite de l’état psychique des plus jeunes d’entre nous »,
 note la journaliste.
Elle explique qu’« Enabee – c’est le nom de l’étude – nous apprend ainsi que 13% de ces écoliers présentent un trouble «probable» de santé mentale. Les épidémiologistes à la manœuvre tiennent à l’adjectif, car le questionnaire n’a pas valeur de diagnostic médical ».
Nolwenn Regnault, responsable de l’unité petite enfance de Santé publique France, remarque qu’« il s’agit d’un chiffre qui interpelle et nous montre que la santé mentale, partie intégrante de la santé, est l’affaire de tous ».
Stéphanie Monnier-Besnard, cheffe du projet Enabee, ajoute que « plus on mesure tôt, plus on agit tôt. (…) On retrouve des phobies, des troubles de l’attention ou de l’opposition ».
Florence Méréo précise que « les troubles dits émotionnels sont plus élevés chez les filles, alors que ceux du comportement se retrouvent majoritairement chez les garçons ».
Le Pr Richard Delorme, chef de la pédopsychiatrie à l’hôpital parisien Robert-Debré, confirme : « Comme les ados et les adultes, les enfants ne sont pas épargnés par les difficultés émotionnelles. Il faut les prendre en considération. On a trop tendance à penser que tout commence à 15 ans. Non, un petit pense et ressent à tout âge ! ».
La journaliste poursuit : « Avoir des données sur la santé mentale des bambins, il était temps ». Stéphanie Monnier-Besnard indique que « la problématique n’est pas nouvelle, mais la crise du Covid a mis en exergue la nécessité d’avoir des indicateurs précis, qui ont vocation à perdurer dans le temps. Ça a remis le sujet sur le devant de la scène ».
Florence Méréo relève en outre que « selon une autre étude, publiée également ce mardi par la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), un jeune sur six âgé de 3 à 17 ans a eu besoin de consulter pour motif psychologique entre mars 2020 (le début du premier confinement Covid) et juillet 2021 ».
« Chez les adolescentes, une «importante» progression du recours aux soins a été observée »,
 note la journaliste.
Nolwenn Regnault déclare que « nos travaux pourront contribuer à l’élaboration de politiques publiques ».
Libération titre pour sa part : « Santé mentale : plus d’un enfant sur dix souffre au moins d’un trouble ».
Le journal relève aussi que « grâce aux questionnaires complétés par différentes populations (parents, enseignants et enfants), l’étude «Enabee» fait le constat que 13% des 6-11 ans présentent «au moins un trouble probable de santé mentale». C’est un taux de prévalence du même ordre que ceux observés dans d’autres pays en Europe sur la même tranche d’âge ».
Le quotidien précise notamment que « 5,6% des enfants présentent un «trouble émotionnel probable», soit un trouble anxieux (anxiété de séparation, anxiété généralisée, phobies spécifiques) ou dépressif. Quelque 6,6% des enfants présentent un «trouble oppositionnel probable» (une humeur particulièrement colérique, un comportement querelleur ou provocateur). Enfin, 3,2% montrent un trouble persistant d’inattention et /ou d’hyperactivité (TDAH) probable ».
« Reconduite régulièrement, l’étude permettra en effet de suivre l’évolution des indicateurs, d’évaluer l’impact d’événements éventuels (infectieux, environnementaux…), d’engager des actions de prévention »,
 ajoute Libération.
Pascale Santi relaie aussi dans Le Monde cette « première : 13% des enfants scolarisés de 6 ans à 11 ans présenteraient un trouble « probable » de santé mentale. (…) C’est la première fois qu’une étude épidémiologique d’ampleur nationale est réalisée sur la santé mentale auprès de cette population, pour laquelle il n’y avait jusqu’ici aucun indicateur ».
Le journal cite notamment Nolwenn Regnault, épidémiologiste, responsable de l’unité périnatalité, petite enfance et santé mentale de SPF, qui indique que « les analyses vont être poursuivies, et les données seront appariées à celles du Système national des données de santé (SNDS), notamment sur le recours au soin (les hospitalisations, les traitements médicamenteux, etc.) et des données indirectes comme le nombre de consultations chez le généraliste, par exemple ».
Diane Purper-Ouakil, responsable du service de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier, remarque quant à elle qu’« avoir enfin une étude d’une grande ampleur sur la santé mentale de l’enfant est une bonne nouvelle. (…) Les besoins sont immenses. Or on est très loin des ressources allouées aux maladies cardiovasculaires ou au cancer ».

« Syndrome post-traumatique : l’armée française au chevet de ses blessés psychiques »

Date de publication : 20 juin 2023

La Croix

C’est ce que titre La Croix, qui observe qu’« environ 3000 soldats français souffrent de syndrome post-traumatique. Cette blessure psychique, qui peut être lourdement invalidante, touche davantage que les blessures physiques. Des militaires témoignent, alors que l’armée organise la Journée nationale des blessés, samedi 24 juin ».
Olivier Tallès explique ainsi que « les souvenirs blessent parfois plus violemment que les balles, au point de laisser un soldat invalide. Mais le handicap du vice-amiral Marin Gillier est invisible : il s’agit d’une blessure psychique que les psychiatres appellent le stress post-traumatique (SPT). Pour cet ancien nageur de combat qui a passé 40 ans dans les forces spéciales, cela a commencé au Rwanda, en 1994, lors de l’opération Turquoise. Sa voix se brise en évoquant ce bâtiment «aux murs couverts de sang jusqu’à 2 mètres de hauteur» ».
« Il reprend la parole devant des centaines de personnes, des militaires ou des membres de leur famille, venus assister au colloque organisé en avril dernier par l’association Solidarité défense sur les blessés psychiques de guerre »,
 indique le journaliste.
Olivier Tallès note que « c’est la première fois que l’ancien commandant des opérations spéciales prend la parole ainsi en public, un signe parmi d’autres que le stress post-traumatique a cessé d’être tabou au sein de l’armée française ».
« Aux racines de ce trouble insidieux provoquant crises d’angoisse, colère, hypervigilance, insomnies, dépression et somatisation : une confrontation brutale avec la mort qui produit une effraction dans le cerveau et cause des lésions cérébrales. Quelque 3000 soldats français souffrent de blessure psychique, selon le secrétariat d’État aux anciens combattants, qui a mis en place un programme visant à renforcer l’accompagnement des victimes d’ici à 2030 »,
 indique le journaliste.
Il poursuit : « La névrose de guerre est vieille comme la guerre. Mais sa prise en charge a mis du temps à émerger. (…) C’est l’Afghanistan qui marque un vrai tournant. Après une longue période d’opérations de maintien de la paix, les troupes y redécouvrent la violence des combats et les traumatismes associés. À la fin des années 2000, l’armée française commence à développer un suivi psychologique au départ et au retour du conflit afghan. Le sas de retour de mission est alors mis en place ».
Olivier Tallès souligne en outre que « le SPT touche de plein fouet les familles, à commencer par l’épouse et les enfants. (…) Quand elle n’éclate pas en cours de route, la famille peut à l’inverse constituer une ancre à laquelle le patient pourra se raccrocher ».

« Les « drogues des concours » n’améliorent pas les performances »

Date de publication : 22 juin 2023

Le Monde

Florence Rosier se penche dans Le Monde sur les « «dopants cognitifs» ou «psychostimulants». A l’approche des examens et des concours, bien des étudiants se laissent tenter par ces substances, espérant ainsi renforcer leur mémoire, accroître leur concentration et booster leurs performances intellectuelles ».
La journaliste explique qu’« il s’agit souvent de produits en vente libre (boissons énergisantes, comprimés de caféine…). Mais il peut aussi s’agir de médicaments délivrés sur ordonnance, détournés ici de leur usage médical, comme le méthylphénidate (Ritaline), prescrit contre les troubles déficitaires de l’attention (TDA), ou encore le modafinil, indiqué contre l’hypersomnie et la narcolepsie ».
Elle note que « recourir à ces médicaments psychostimulants n’est pourtant pas une bonne idée, révèle une étude parue (…) dans la revue Science Advances. Leur surnom anglo-saxon de smart drugs (« drogues intelligentes »), en effet, y apparaît largement usurpé ».
Florence Rosier indique ainsi que « sous la direction de Peter Bossaerts, de l’université de Cambridge (Royaume-Uni), les auteurs ont recruté 40 participants volontaires (…) âgés de 18 à 35 ans. Ces personnes ont été tirées au sort pour recevoir soit un placebo, soit du méthylphénidate, soit du modafinil ou de la dextroamphétamine (un médicament non autorisé en France, utilisé dans certains pays pour traiter l’hyperactivité ou l’hypersomnie), à des doses habituelles dans leur indication médicale ».
La journaliste note qu’« une heure et 30 minutes après l’ingestion d’une des trois drogues ou du placebo, les volontaires ont été soumis à un test cognitif, le «problème d’optimisation du sac à dos». En clair, ils devaient choisir un certain nombre d’objets de poids et de valeurs variables pouvant entrer dans un sac à dos d’une capacité donnée, tout en maximisant la valeur totale du contenu du sac ».
Elle retient que « lorsque les participants utilisaient une de ces molécules, ils passaient plus de temps sur cette tâche et testaient plus de solutions, mais ces efforts accrus n’augmentaient pas leurs chances de trouver la solution. En clair, ils déployaient plus d’efforts pour moins de réussite ! Finalement, ces drogues réduisaient la productivité, définie comme la valeur de la réponse, rapportée au nombre de tentatives ».
Les auteurs écrivent ainsi : « Nos résultats suggèrent que les “drogues intelligentes” augmentent la motivation, mais qu’elles réduisent la qualité de l’effort, cruciale pour résoudre des problèmes complexes ».
Lionel Naccache, neurologue à l’Institut du cerveau (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), réagit : « Les volontaires ayant pris un de ces prétendus dopants cognitifs semblent livrés à des raisonnements et à des choix plus impulsifs et aléatoires ».
Mathias Pessiglione, neuroscientifique à l’Institut du cerveau (Paris), note pour sa part que « si ces molécules ne rendent pas plus intelligent, elles peuvent cependant aider des personnes fatiguées ou en manque de sommeil à retrouver une certaine énergie et à travailler plus longtemps. Gare toutefois à l’effet rebond sur la fatigue, après les examens ».
Florence Rosier rappelle en outre que « comme tout médicament, ces molécules ont des effets indésirables. Le méthylphénidate, en particulier, «s’avère extrêmement dangereux dans les cas de malformations cardiaques ou de dépression», alertait l’Inserm en 2017 ».
Jean-Antoine Girault, neurobiologiste, directeur de recherche Inserm, souligne de son côté que « ces molécules peuvent augmenter les troubles du sommeil et l’irritabilité. Et elles induisent un petit risque d’addiction, lié à leur mode d’action ».

« Nous, jeunes psychiatres, faisons le constat d’une psychiatrie sinistrée »

Date de publication : 22 juin 2023

Le Monde

Le Monde publie une tribune de jeunes psychiatres, selon qui « les malades mentaux sont les laissés-pour-compte de la société. (…) Ils s’inquiètent d’un abandon de la psychiatrie par le gouvernement et de la montée en puissance d’un discours sécuritaire sur le sujet ».
Les signataires observent ainsi que « de jeunes psychiatres se sont insurgés, dans Le Monde du 17 avril, contre le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, qui fait état de l’augmentation des prescriptions de psychotropes chez les enfants et les adolescents ».
« Ils voient dans ce rapport un «dénigrement [de la psychiatrie] qui passe par des attaques régulières contre ses pratiques thérapeutiques». Confondant intérêt des traitements et risque de surprescription, ils omettent la partie du rapport qui dit que «les moyens dédiés aux soins de première intention, et le déploiement des dispositifs psychothérapeutiques, éducatifs et sociaux ne semblent pas avoir augmenté dans les mêmes proportions» », 
relèvent-ils.
Ils poursuivent : « Jeunes psychiatres également, nous nous interrogeons sur ce à quoi nos collègues font référence lorsqu’ils évoquent une discipline en «plein essor», faite d’«avancées majeures». Dans notre pratique, nous n’avons pas été témoins d’avancées scientifiques majeures ces 20 dernières années concernant les traitements, ou la compréhension «biologique» des maladies psychiatriques ». 
Les signataires ajoutent : « Notre constat est celui d’une psychiatrie sinistrée : «beds managers» pour pallier la fermeture de 60% des lits depuis les années 1980 (…), défaut de formation, locaux vétustes, manque de moyens humains et financiers, obligation par la direction de faire des soins «pragmatiques», inflation des tâches administratives pour rendre compte de «l’activité», perte de sens du métier entraînant départs massifs et postes non pourvus, etc. ».
« Nous revendiquons la vaste étendue, la pluralité et l’autonomie de notre discipline, et refusons toute domestication par les neurosciences. Dans la pratique, a fortiori quand on travaille avec la relation humaine, le savoir-faire se nourrit de l’aléa du terrain, de l’imprévisible, de ce qui échappe à la maîtrise, et refuse la «tentative de réduire l’être humain à une définition et de le dissoudre dans des structures formelles», comme le stipule l’article premier de la Charte de la transdisciplinarité », poursuivent les psychiatres.
Ils soulignent : « Il y a urgence à ce qu’un grand plan public soit mis en œuvre pour la psychiatrie. Il convient cependant de faire attention à ce qu’un tel plan n’aille pas dans le sens d’une psychiatrie outrepassant la singularité du sujet, uniquement fondée sur la «preuve», exclusivement centrée sur le traitement médicamenteux, favorisant les logiques à court terme ou reposant sur des considérations économiques. Tout cela au détriment de ce que nous pouvons tisser collectivement à partir de la rencontre entre soignants et soignés, dynamique pourtant nécessaire à la santé de tous ».

« Ces nouvelles drogues de synthèse, peu chères et addictives, casse-tête des autorités »

Date de publication : 23 juin 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui explique que « l’Europe en dénombre 900. Fabriquées en laboratoire, ces substances moins coûteuses et plus addictives se popularisent en France. Après chaque interdiction, de nouvelles molécules sont mises sur le marché ».
Elsa Mari livre ainsi une « enquête sur un fléau », notamment auprès du pharmacologue Jean-Claude Alvarez : « Quelques traces blanchâtres, même pas un gramme d’héroïne, capables d’envoyer au tapis un grand costaud. À la mi-mai, le poison a provoqué 23 overdoses dans le nord et l’ouest de la petite couronne parisienne. Dans leur salon, leur voiture, des hommes et des femmes sont tombés dans le coma au même moment. Du jamais-vu en France ».
La journaliste explique que « c’est à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) que la poudre diabolique a parlé. Le jeudi de l’Ascension, les biologistes ont récupéré des échantillons qu’ils ont mélangés à une goutte d’alcool, mis dans une grosse machine, capable de séparer les molécules, puis dans une autre qui, en les cassant, a révélé la recette. «Regardez», lance ce fin chimiste, expert judiciaire, en nous emmenant au «laboratoire des stupéfiants». Sur l’écran d’ordinateur, un pic montre une teneur en héroïne de 18%, bien trop pure ! Mais le logiciel décèle aussi la présence de plusieurs noms bizarres, qui n’ont rien à faire là ».
Elsa Mari relève que « la drogue a été coupée avec trois cannabinoïdes de synthèse, du cannabis fabriqué dans des laboratoires clandestins, responsable des dizaines d’hospitalisations. C’est la première fois qu’il fait autant de ravages dans le pays ». Le Pr Alvarez constate ainsi qu’« il est 200 fois plus puissant que le vrai ».
La journaliste continue : « Ce drame illustre la redoutable progression des nouveaux produits de synthèse en France. Arrivés début 2010, les NPS représentent désormais 10 à 20% des drogues en circulation ».
Le ministère de l’Intérieur souligne qu’« ils sont plus dangereux que les drogues classiques dont ils tentent de reproduire ou d’améliorer les effets. Ces produits ne sont plus cantonnés aux milieux festifs et alternatifs mais touchent l’ensemble du territoire. Ce phénomène est préoccupant ».
Elsa Mari note qu’« une molécule en chasse l’autre. Quand l’une tombe sous le coup de la loi, une nouvelle surgit ». Elle évoque en outre le fentanyl : « Les autorités redoutent l’arrivée de ce puissant opioïde de synthèse. Depuis lundi 19 juin, les douanes françaises peuvent saisir les substances chimiques pouvant servir à fabriquer cette «drogue du zombie», qui fait déjà des ravages aux États-Unis ».
« La 3-MMC, de la famille des cathinones, aux effets à mi-chemin entre la cocaïne et les amphétamines, se répand à toute allure. À tel point que, selon l’observatoire des drogues, «c’est le nouveau produit de synthèse le plus observé, depuis le début des années 2010, dans les saisies, les collectes et les cas cliniques» », 
continue la journaliste. 
Elle observe que sur Internet, « il est possible d’en commander en quelques clics. Depuis quelques années, des dealers, surfant sur le succès de ces produits, en vendent aussi sur les réseaux sociaux ».
Le Pr Amine Benyamina, addictologue, indique qu’« on est face à un marché mondialisé de la drogue. D’un côté, les trafiquants et les consommateurs ont le même âge, la même manière de communiquer ; de l’autre, les décideurs sont d’une autre génération. On est clairement dans un conflit d’époque. Il faut s’adapter ».
Elsa Mari souligne que « médecins et associations appellent à revoir la législation, et a minima à dépister le cannabis de synthèse et les cathinones sur la route ».

« »Diagnostic de viol » aux épreuves de médecine, une polémique qui donne de l’espoir sur la future génération de docteurs »

Date de publication : 26 juin 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui souligne que « le viol n’est ni un diagnostic ni une maladie et, bonne nouvelle, les futurs médecins en sont conscients. La bronca provoquée par une erreur d’énoncé dans leurs épreuves de sixième année révèle leur maturité sur le sujet ».
Lauren Provost explique ainsi que « 9000 externes de sixième année (viennent de) passer les redoutées épreuves classantes nationales (ECN), le concours dont le classement déterminera l’accès à la spécialité et au CHU de son choix ».
« Dans les groupes Facebook où les étudiants discutent, s’entraident ou paniquent au sujet de leurs épreuves, ils sont nombreux à commenter l’une des questions d’un dossier clinique progressif. Comprendre : un dossier qui présente un cas concret, dans lequel l’étudiant progresse de question en question. Celle qui les fait parler concerne un viol »,
 indique la journaliste.
Elle précise que « le dossier portait sur une adolescente de 16 ans qui se présente en consultation gynécologique avec sa mère pour demander un moyen de contraception. Sa mère la décrit comme colérique, avec des changements importants d’humeur et des résultats scolaires en baisse. La patiente semble fragile et triste, peut-on lire dans le dossier. La question suivante apprend aux candidats que lors de l’échange avec le soignant, l’adolescente révèle avoir eu son premier rapport sexuel il y a quelques semaines avec un jeune homme rencontré lors d’une soirée. Elle dit avoir bu quelques verres d’alcool et l’avoir suivi. Il l’aurait emmenée dans un endroit reculé et ils auraient eu un rapport sexuel dans la rue. Elle n’a pas osé dire non alors qu’elle n’était pas d’accord et s’en veut terriblement. «Quel diagnostic évoquez-vous ?», demande-t-on aux étudiants. Une fois leur réponse entrée, la suite apparaît… «Vous évoquez un diagnostic de viol» ».
Des étudiants réagissent : « On nous demande de poser un diagnostic sur un crime, une qualification pénale ».

Lauren Provost remarque qu’« en relevant cette anecdote de concours et micro polémique au pays des étudiants en médecine, le but n’est pas de pointer du doigt le mauvais choix de mot du conseil scientifique qui élabore les sujets. En réalité, il y a plutôt matière à être rassuré à propos de nos futurs médecins et à louer leur grande maturité sur le sujet ».
La journaliste observe : « En lisant leurs échanges en ligne à ce sujet, on ne peut être qu’impressionnés de les voir disserter sur la prise en charge des patients victimes de violences sexuelles, la bonne façon de faire, de repérer les signaux et leur connaissance du code pénal. La pédagogie avec laquelle ils rappellent à leurs camarades que le viol est «un crime, pas une maladie, ni une pathologie», et qu’ils seront bientôt médecins, «pas juges»… Voilà qui fait du bien ».

« Comment l’intelligence artificielle est en train de révolutionner la médecine »

Date de publication : 26 juin 2023

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « longtemps cantonnée à l’imagerie médicale, l’IA est en pleine explosion. Du suivi quotidien à la réalisation d’une médecine de pointe, elle va modifier profondément la façon dont on soigne ».
Le Pr Antoine Tesnières, directeur général de PariSanté Campus, « centre de développement dédié à la santé numérique », déclare ainsi que« l’IA dispose d’un potentiel incroyable qui amène très rapidement à des avancées majeures, dans le domaine de la santé encore plus qu’ailleurs. C’est aujourd’hui dans ce domaine du numérique que les grandes découvertes seront les plus importantes et les plus impactantes ».
Anne Prigent explique que « cela fait plusieurs années que des algorithmes informatisés d’aide au diagnostic sont validés, que des chirurgiens pilotent des robots, ou encore que des anesthésistes testent l’impact de la réalité virtuelle sur l’anxiété des patients. (…) Mais, depuis quelque temps, l’explosion du nombre de publications scientifiques signale une véritable accélération ».
Le Pr Jean-Emmanuel Bibault, oncologue, radiothérapeute, remarque : « Nous sommes à un moment charnière car nous avons à notre disposition de multiples données digitalisées, ce qui est assez récent, et avons accès à des capacités de calculs sans commune mesure avec celles d’il y a quelques années ».
La journaliste indique que « l’analyse d’image est le domaine où l’IA est le plus utilisée aujourd’hui, et désormais pas une semaine ne se passe sans qu’un algorithme ne prouve son efficacité pour détecter une anomalie ou une maladie à partir de radiographies, d’images de peau ou de fond d’œil… ».
« Les logiciels sont aujourd’hui capables de calculer la taille d’une aorte, de poser le diagnostic de tumeurs, de repérer des zones suspectes… (L’IA) est même capable d’aller plus loin que l’homme: elle peut prédire l’apparition d’une tumeur avant qu’elle ne soit visible à l’imagerie ! Des progrès qui, pour certains, annoncent la disparition des radiologues »,
 continue Anne Prigent.
Le Pr Tesnières estime que « tous ces outils vont prendre une partie du travail répétitif ou automatisé des médecins et vont fiabiliser certains aspects du diagnostic ou du parcours de soins. Le numérique permet de redonner du temps médical ».
La journaliste note ainsi qu’« à l’Hôpital européen Georges Pompidou, un algorithme de contourage automatique des zones à irradier lors de la radiothérapie de cancer de la prostate donne un résultat en une minute alors que ce travail occupe habituellement un médecin pendant une demi-journée ».
« Si l’image a été le premier terrain sur lequel se sont entraînés les algorithmes, leur puissance actuelle leur permet d’analyser de nombreuses données de façon simultanée. Un calcul impossible pour un cerveau humain, aussi brillant soit-il », 
ajoute Anne Prigent.
Elle relève que « les médecins généralistes, confrontés à un éventail très large de pathologies, de la grippe au cancer en passant par les maladies rares, pourront trouver dans les dispositifs d’IA une aide précieuse pour les aider à affiner leur diagnostic et mettre en place des moyens de prévention ».
La journaliste souligne toutefois que « tous ces outils, aussi porteurs de promesses soient-ils, doivent cependant être validés par des études cliniques. (…) Quel que soit le domaine d’application, il faut en effet pouvoir faire la preuve que l’IA apporte un bénéfice. D’autant que de nombreux médecins mais aussi des patients regardent avec circonspection l’arrivée de l’IA dans les soins ».
Le Dr Alain Livartowski, en charge de projets IA pour Unicancer, fédération des centres de lutte contre le cancer, remarque ainsi : « Aujourd’hui, la vraie question est de faire en sorte que l’innovation apportée par l’IA diffuse et profite à tous les patients. Or, encore trop souvent, elle est cantonnée aux médecins passionnés de technologies. La résistance aux changements de la part de personnes dont les métiers vont changer est un frein ».
Anne Prigent relève en outre que « l’irruption des IA conversationnelles, comme ChatGPT, pourrait accélérer les choses ». Le Dr Joris Galland, médecin interniste à Bourg-en-Bresse, observe : « J’ai déjà eu des patients qui sont venus avec des réponses données par ChatGPT qui étaient pertinentes. Nous devons absolument nous former pour en faire des outils pour le médecin et non des substituts ».

« Urgences débordées par les malades psychiatriques : « Devoir les contentionner durant des jours, c’est intolérable » »

Date de publication : 28 juin 2023

Libération

Nathalie Raulin fait savoir dans Libération que « dans un courrier envoyé mi-juin à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, (…) la collégiale des structures d’urgences de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et les Samu franciliens s’alarment de voir de plus en plus de malades psychiatriques sévères laissés pour compte dans leurs services ».
Les signataires écrivent ainsi : « Nos structures se retrouvent fréquemment avec des patients en attente d’hospitalisation, souvent sur des brancards de contention, sans solution proposée par les établissements dont ils dépendent, et ce, malgré des délais pouvant atteindre 7 à 10 jours ».
La journaliste relève : « Alors que la trêve estivale se profile, les urgentistes franciliens annoncent leur intention d’en finir avec ce chaos, unilatéralement s’il le faut ».
Ils indiquent qu’« à partir de la semaine prochaine, nous mettrons en œuvre les recommandations émises par l’ARS qui stipulent que tout patient nécessitant une hospitalisation doit être admis dans l’hôpital psychiatrique de son secteur de rattachement dans les 48 heures ».
Nathalie Raulin note ainsi qu’« après 2 jours aux urgences, tout patient psy sera adressé à l’établissement habilité à le prendre en charge, qu’il ait ou non des places disponibles. L’effet est immédiat. Le 17 juin, deux jours après réception du courrier, l’ARS convoque urgentistes et acteurs de la filière psychiatrique. Tous en conviennent vite : le tableau est sombre, voire «catastrophique». Depuis la crise sanitaire, la prise en charge des cas psychiatriques sévères se dégrade à grande vitesse en Ile-de-France ».
Le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie sectorisée au CHU Henri-Mondor (Créteil), observe qu’« il y a un an, il y avait chaque mois 150 patients psy qui passaient plus de 48 heures aux urgences, faute de solution d’hospitalisation. Aujourd’hui, c’est le double. Ce sont 300 patients qui restent de 3 jours à plus d’une semaine contentionnés sur des brancards. C’est dramatique ».
La Dr Hélène Goulet, présidente de la collégiale et chef des urgences de l’hôpital Tenon (Paris), ajoute que « depuis le Covid, le flux de patients qui décompensent des pathologies psychiatriques lourdes, schizophrénie ou névroses, a augmenté de 50% dans mon service. On est contraints de les garder de plus en plus longtemps. En moyenne, ils représentent le tiers des patients en attente d’hospitalisation, ce qui est déjà énorme. Mais là où ça ne va plus du tout, c’est quand ils occupent la moitié de notre capacité en lits et brancards. Cela arrive régulièrement ces derniers temps. Cela réduit mécaniquement notre capacité de prise en charge du reste de la population ».
Nathalie Raulin relève donc que « pour calmer la bronca, l’ARS décide de passer outre l’organisation théorique de la filière psy. (…) La cellule de régulation voit ses pouvoirs élargis : elle peut désormais placer un patient psy qui attend aux urgences dès qu’un lit se libère dans un établissement psychiatrique de la région, sans plus tenir compte de son secteur d’appartenance. Mieux : en cas de risque d’engorgement des urgences, elle pourra imposer aux services hospitaliers spécialisés un patient en surnombre ».
Le Pr Pelissolo réagit : « Les hospitalisations d’office même en cas de saturation des services, ça a ses limites. Mon service est déjà occupé à 125% ! Nos soignants ne vont pas tenir, il va y avoir des arrêts de travail. Toute la filière psy pourrait s’effondrer ».
« Pour sortir de l’impasse, il faudrait accepter de mieux payer les soignants. C’est la condition pour les fidéliser et ouvrir des lits. La psychiatrie, c’est 20% de la demande en médecine. Si on ne s’en occupe pas, c’est la catastrophe. Cela conduit à des épisodes dramatiques », 
poursuit le médecin.
La Dr Goulet indique pour sa part : « Ce qu’on veut, c’est que plus aucun patient psy sévère ne reste aux urgences plus de 48 heures. Lorsque les patients psy sont agités, on est contraint de leur administrer des neuroleptiques pour les sédater, voire de les attacher sur leur brancard pour éviter les fugues, les tentatives de suicide, qu’ils s’en prennent aux soignants ou aux autres patients qui attendent à côté d’eux un lit d’hospitalisation. Sédater, contentionner un patient, ça se justifie médicalement quand il est en pleine crise. Mais sur la durée, ces soins non consentis posent problème ».