Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – mai 2023

« Burn-out, antidépresseurs… la grande détresse des internes en médecine »

Date de publication : 2 mai 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui observe qu’« alors qu’une journée de grève vient d’avoir lieu, et qu’on attend mercredi un point d’étape du Conseil national de la refondation sur le système de soins, 6 carabins ont accepté de nous confier leur souffrance à l’hôpital ».
Le journal relève ainsi que « le plus dur, c’est la fatigue. Celle qui détruit tellement qu’elle empêche de penser, de parler et même d’entendre. Michel Gabriel Cazenave, interne au service de chirurgie urologique et digestive, en a peur. Mais qui peut résister à presque deux nuits blanches par semaine depuis 6 mois ? ».
« Lors des gardes dans cet hôpital des Yvelines, il faut s’occuper de «la salle», ces patients lourds, susceptibles de faire un arrêt cardiaque à tout moment, gérer les appendicites à 2 heures du matin, opérer en urgence les malades graves pendant que le téléphone sonne presque toutes les minutes », 
indique le quotidien.
Le Parisien constate que « ces 30.000 étudiants, en formation à l’hôpital après 6 ans sur les bancs de la fac de médecine, sont à bout de souffle. Petites mains d’un système en plein naufrage. Les chiffres glaçants n’étonnent aucun d’eux. Près de 30% d’idées noires, un suicide tous les 18 jours en France, selon l’Intersyndicale nationale des internes (Isni) qui a appelé à une journée de grève vendredi : 13% ont enlevé leur blouse à Paris, 30% à Strasbourg, 10% à Bordeaux ».
Michel Gabriel Cazenave déclare : « On ne veut plus être la variable d’ajustement d’un hôpital en souffrance. 70% des internes font plus de 48 heures par semaine, le maximum légal ».
Le Parisien relève que « le ministre de la Santé, François Braun, qui présentera mercredi un point d’étape des travaux du Conseil national de la refondation du système de soins, a reconnu «une revendication juste» et promis une vigilance particulière du gouvernement sur le temps de travail hebdomadaire ».
Le journal observe que « Michel Gabriel passe jusqu’à 100 heures par semaine dans son service. (…) Plusieurs fois, il a frôlé l’erreur médicale. Il a failli passer à côté d’un diagnostic grave de tube digestif perforé. Il s’est retrouvé hébété devant un électrocardiogramme, incapable de le déchiffrer. Et il y a cette fois où il croit s’être endormi durant une opération d’appendicite ».
L’interne remarque : « J’ai eu la sensation de m’être réveillé en dehors du bloc. J’ai dit à mes collègues : Qui a recousu le patient ? Ils m’ont regardé et dit : Mais, c’est toi ! Je n’en avais aucun souvenir. (…) Tout se détériore. Je suis tellement inquiet, ça me tue ».
Le Parisien observe que « parmi les internes interrogés, rares sont ceux qui acceptent d’évoquer leurs idées noires. Tabou chez les carabins, censés être des héros. À bout de forces, l’un raconte anonymement ».
Il déclare que « le plus grand danger, c’est qu’on a tous les moyens de se tuer à l’hôpital. Après une garde où je n’avais pas réussi à réanimer un patient, je suis passé devant la pharmacie et je me suis dit : Et si tout s’arrêtait ? Puis le téléphone a sonné. Quand je repasse devant, ça me traverse toujours l’esprit. À l’intérieur, il y a du potassium et de l’insuline. Si on l’injecte, on meurt tout de suite. Il n’y a aucune chance d’être sauvé ».
Le journal souligne que « chez les jeunes docteurs, la souffrance n’a pas d’exutoire. C’est une prison. Dans certains services, ceux qui l’expriment sont traités de «feignasses». Un jour, après une nuit de garde, Jonathan Moisson, interne en médecine d’urgence, a du mal à faire la transmission à la relève »
Ce dernier relève : « Je voyais les autres médecins se foutre de ma gueule d’un air dépité. Les anciens nous répètent qu’à notre âge, ils travaillaient beaucoup plus que nous, sans jamais se plaindre. Ils oublient qu’à leur époque, il n’y avait pas les mêmes pénuries de soignants ».


« De TikTok aux défilés de mode, le retour en force du diktat de la maigreur »

Date de publication : 2 mai 2023

Le Figaro

Angélique Négroni note en effet dans Le Figaro qu’« alors que la réapparition de mannequins décharnés dans les défilés de mode soulève des inquiétudes, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mis en place depuis mars dernier une surveillance active autour d’un médicament antidiabétique utilisé comme coupe-faim ».
« De la pharmacie à la haute couture, ces deux informations racontent la même histoire : celle du retour en force du culte de la minceur, érigée comme standard de beauté »,
 relève la journaliste. Elle rappelle que « depuis une dizaine d’années, dans un élan de «body positivisme», des marques de vêtements avaient pourtant décidé de mettre en avant des modèles plus ronds dans leurs publicités. Mais cela n’a pas suffi à écarter une tendance de fond qui revient en force : la quête effrénée de la maigreur ».
Angélique Négroni explique que « par un défilé incessant de photos et vidéos prônant la beauté des clavicules saillantes ou du «thigh gap», (écart entre les cuisses, NDLR), les réseaux sociaux ont grandement contribué au phénomène. L’objectif est de faire rentrer coûte que coûte son corps dans un pantalon taille 36. Quitte à souffrir ou à se mettre en danger ».
La journaliste relève que « ces derniers mois, c’est un médicament qui est pointé du doigt : l’Ozempic (sémaglutide). Remède contre le diabète, ce dernier est détourné de son usage habituel pour maigrir. Utilisé aux États-Unis par les célébrités de la mode ou du cinéma, ce nouveau «secret minceur» a vite été ébruité. Le mot-clé #ozempic culmine désormais à 600 millions de vues sur TikTok ».
Angélique Négroni constate que « les tiktokeuses françaises se filment en se piquant le ventre à l’aide d’un petit stylo pour introduire le produit. Sur une vidéo, l’une d’elles annonce sa victoire en dansant : elle a perdu 15 kg en deux mois ».
« Outre l’effet de satiété qu’il provoque, l’Ozempic crée un dégoût de certains aliments que ces candidates à la cure d’amaigrissement encaissent avec joie, sans se soucier des effets secondaires. Or, selon l’ANSM, ces derniers peuvent être «potentiellement graves» », 
souligne la journaliste.
Elle indique : « En lançant une mise en garde sur l’usage détourné du médicament, en mars dernier, l’agence rappelle qu’il est susceptible de provoquer «des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies» ».
Bruno Maleine, de l’Ordre national des pharmaciens, remarque en outre qu’« au cours du premier trimestre, il y a eu des ruptures d’approvisionnement. Encore en début de la semaine dernière, il y avait une pénurie ».
Angélique Négroni relève que « des diabétiques ont donc été privés de leur traitement. Ce médicament produit par la firme pharmaceutique danoise Novo Nordisk n’est pourtant pas disponible en vente libre et n’est délivré que sur ordonnance. Mais les filons pour se le procurer sont nombreux, à commencer par les médecins complaisants qui le prescrivent aux non-diabétiques ».
« À l’origine d’un véritable trafic, ce produit est également obtenu par le biais de fausses ordonnances. Dans une même journée, certains fraudeurs envoient des documents falsifiés à des dizaines d’officines pour obtenir plusieurs lots de cet antidiabétique injectable »,
 continue la journaliste.
Elle note que « les nutritionnistes s’inquiètent de ces récentes dérives et redoutent une nouvelle vague de troubles alimentaires. Or depuis l’épidémie de Covid, ils ont déjà fort à faire ».
Nicolas Sahuc, diététicien spécialisé dans les troubles alimentaires, observe ainsi : « Lors des confinements, les gens qui étaient cloués chez eux s’entendaient dire qu’ils allaient prendre du poids à force de ne plus bouger. Sur les réseaux sociaux, des influenceurs incompétents leur ont donné mille conseils pour perdre des kilos. (…) Les patients que parfois je reçois ne sont ni minces, ni maigres mais en état de dénutrition. Tout leur corps est dégradé ».

« L’activité physique s’affirme comme un outil de sevrage »

Date de publication : 3 mai 2023

Le Monde

Sandrine Cabut relève en effet dans Le Monde que « l’activité physique est un outil de plus en plus reconnu dans la prise en charge de la dépendance à des substances psychoactives, comme en attestent les résultats d’une revue de la littérature, publiés le 26 avril dans Plos One par l’équipe de Florence Piché, (…) doctorante en sciences de l’activité physique à l’université de Montréal ».
La journaliste explique que « l’objectif était d’analyser les études évaluant une intervention d’activité physique dans le cadre du traitement d’une addiction à divers produits psychoactifs. Les auteurs de l’article le précisent d’emblée, ils ont laissé de côté les études se focalisant sur le sevrage tabagique ».
Sandrine Cabut note que « dans ce domaine, où les travaux sont de loin les plus nombreux, il a notamment été montré que l’activité physique permet un meilleur contrôle du manque et du craving (envie presque irrépressible de fumer) et peut limiter la prise de poids associée à l’arrêt de la cigarette ».
Elle indique que « les chercheurs québécois ont retenu 43 articles, cumulant 3135 participants. Il s’agissait, dans plus de 80% des cas, d’essais randomisés, avec en moyenne trois séances hebdomadaires d’environ 50 minutes avec une intensité modérée, pendant 13 semaines. Le jogging, éventuellement associé à d’autres disciplines (vélo, exercices en résistance…), était l’activité le plus souvent évaluée ».
La journaliste note qu’« une réduction ou un arrêt de la consommation de la substance après le programme d’activité physique ont été observés dans 75% des études où ces paramètres étaient évalués. (…) Des effets favorables sont aussi attestés sur la qualité de vie, le sommeil et l’état physique, avec notamment une amélioration de la capacité aérobie dans 71% des recherches où elle a été mesurée. Sur le plan psychologique, une diminution des symptômes dépressifs et anxieux est aussi rapportée ».
Sandrine Cabut évoque cependant « des facteurs limitant la portée des résultats, dont le fait que la majorité des études excluent les personnes avec une maladie mentale (bipolarité, schizophrénie…), comorbidités très fréquentes dans un contexte d’addiction. Les interventions d’activité physique semblent une aide prometteuse dans le traitement des dépendances, mais il faut encore des études scientifiques, menées de façon plus rigoureuse, concluent les auteurs ».
Mathieu Vergnault, président de la Société française des professionnels en activité physique adaptée (SFP-APA), souligne pour sa part que« proposer de l’activité physique à des patients dans un service hospitalier, ce n’est pas seulement mettre une table de ping-pong à disposition. Cela nécessite une stratégie précise, comme pour toute thérapie ».
Colin Fantin, enseignant en activité physique adaptée en région lyonnaise, indique quant à lui qu’« il y a une logique de priorisation des soins, et, pour qu’un patient puisse s’engager régulièrement dans une activité physique, il faut que son problème d’addiction soit déjà en partie résolu ».

« Que ressent-on lorsqu’on meurt ? Un pic d’activité cérébrale intrigue les scientifiques »

Date de publication : 3 mai 2023

Le Parisien

Tanguy de l’Espinay note dans Le Parisien que « si la mort n’a rien d’un mystère d’un point de vue scientifique, le ressenti qui y est associé est à l’inverse totalement énigmatique pour la communauté médicale… pour la simple raison que personne n’en est jamais revenu pour «débriefer» ».
Le journaliste relève que « ceux qui s’en sont approchés de très près décrivent parfois, et assez invariablement, des sensations similaires : celle de flotter au-dessus de son corps, la vue d’une lumière au bout d’un tunnel, ou encore la vision de sa propre vie défilant en flash-back ».
Il fait savoir que « des chercheurs de l’université du Michigan, aux États-Unis, ont décidé d’étudier, de manière «plus détaillée que jamais auparavant», le mécanisme biologique à l’œuvre dans le cerveau dans les tout derniers instants », selon des travaux parus dans lesProceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Tanguy de l’Espinay explique qu’« il a fallu trouver des patients morts, pour le coup, d’un arrêt cardiaque, mais maintenus sous assistance ventilatoire. Et observer les signaux d’électrocardiogramme et d’électroencéphalographie (EEG) avant et après le retrait de l’assistance, synonyme de mort cérébrale ».
Le journaliste relève que les auteurs « ont étudié les dossiers de 4 personnes. Quand elles ont été débranchées de leurs respirateurs artificiels, deux d’entre elles (une femme de 24 ans et une autre de 77 ans) ont vu leur rythme cardiaque s’accélérer, et leur activité cérébrale a aussi montré un pic d’ondes gamma, à un niveau de fréquence associé habituellement… à la conscience ».
« Ces chercheurs ont surtout identifié la partie du cerveau la plus stimulée, le carrefour temporo-pariéto-occipital, une zone auparavant associée, entre autres, à la mémorisation des rêves », 
relève Tanguy de l’Espinay.
Les auteurs notent ainsi qu’« un schéma similaire a été observé sur cerveau sain pendant l’éveil et le rêve, chez des patients en proie à des hallucinations visuelles ou des expériences de hors-corps ».
Le journaliste souligne que « les scientifiques tracent toutefois des limites à leur étude : ils concèdent d’abord ne pas vraiment savoir pourquoi ces signes n’ont pas été observés chez les deux autres patients – des antécédents de convulsions pourraient avoir eu un impact, selon eux. Et enfin, la taille très réduite de l’échantillon ne permet évidemment pas de tirer une quelconque conclusion générale ».

« Le passage à l’heure d’été nocif pour le sommeil »

Date de publication : 4 mai 2023

Le Figaro

Delphine Chayet indique en effet dans Le Figaro que des chercheurs de l’Université McGill à Montréal (Canada) « ont étudié la qualité du sommeil d’un vaste groupe de personnes, après un passage à l’heure d’hiver et à l’heure d’été. (Ils) observent une hausse des troubles du sommeil après le changement d’heure du printemps ».
La journaliste livre les détails de ce travail paru dans Neurology : « Plus de 30.000 personnes, âgées de 45 à 85 ans et vivant dans 7 provinces canadiennes, ont été interrogées sur les caractéristiques de leur sommeil : durée, satisfaction, difficultés à s’endormir, réveils nocturnes et symptômes de somnolence dans la journée. Les informations ont été recueillies à différents moments de l’année par des entretiens à domicile, à l’université et par téléphone ».
« Les scientifiques ont ensuite comparé les réponses des participants ayant répondu une semaine avant un changement d’heure avec celles recueillies une semaine après. Ils relèvent, après le passage à l’heure d’été, une augmentation du risque d’insomnie caractérisée par une hausse de l’insatisfaction exprimée par rapport au sommeil, deux fois plus de difficultés à s’endormir et plus de somnolence dans la journée », 
constate Delphine Chayet.
Ronald Postuma, coauteur, souligne que « ces perturbations ont été brèves et ont disparu deux semaines après le changement ».
La journaliste ajoute que « cette déstabilisation n’est a contrario pas observée dans l’autre sens, lors du changement vers l’heure d’hiver ».Damien Davenne, professeur de chronobiologie à l’université de Caen, explique ainsi que « l’organisme a plus de mal à récupérer quand on avance l’horloge que quand on la retarde, car il est plus facile de repousser son heure de coucher que d’essayer de dormir plus tôt que d’habitude ».
« Le fait d’imposer un décalage horaire brutal affecte principalement les personnes vulnérables qui auront plus de mal à s’ajuster physiologiquement. Cela se traduit par une augmentation des maladies cardio-vasculaires et métaboliques », 
indique le spécialiste.
Delphine Chayet note que le chronobiologiste « souligne cependant une limite de l’étude, fondée sur la perception subjective des participants, forcément moins fiable que des enregistrements réalisés en laboratoire ou à domicile ».

« ChatGPT jugé bien plus humain que les médecins dans ses réponses aux patients »

Date de publication : 5 mai 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui explique que « dans une expérience à l’aveugle publiée dans une revue de référence, l’IA s’est révélée plus correcte sur le plan médical et plus empathique avec les malades… selon les médecins eux-mêmes ».
Pauline Fréour se penche ainsi sur cette étude publiée dans Jama Internal Medicine : « Les chercheurs de l’université de San Diego (La Jolla) ont pioché au hasard près de 200 questions sur des forums Reddit auxquelles des médecins (identifiés comme tels par les modérateurs du site) avaient déjà répondu ».
« Ils ont ensuite demandé à ChatGPT de répondre aux mêmes questions, puis ont soumis le tout à différents experts médicaux (un psychiatre, un pédiatre, un oncologue, un infectiologue, un médecin généraliste et un expert en médecine préventive) en leur demandant d’évaluer sur une échelle de 1 à 5 les réponses selon deux critères : la qualité de l’information fournie et l’empathie démontrée », 
note la journaliste.
Pauline Fréour ajoute que « les experts, qui ne savaient pas, de l’homme ou de la machine, qui avait écrit ce qu’ils lisaient, ont également dû dire quelles réponses avaient leur préférence ».
Elle constate que « les réponses de ChatGPT, en moyenne plus longues que celles des médecins, ont été préférées dans 79% des cas. En termes de qualité, l’intelligence artificielle a vu ses réponses classées comme «bonnes» ou «très bonnes» à 78%, contre 22% pour celles des soignants ».
Pauline Fréour observe que « c’est sur l’aspect empathique que la supériorité du robot est le plus marquée : les plus hautes notes ont été octroyées à 45% de ses réponses, contre seulement 4,6% pour les rédacteurs humains, soit presque 10 fois plus ».
La journaliste explique que « l’IA commence ainsi souvent ses réponses par des formules rassurantes du type : «C’est naturel d’être préoccupé si vous avez…» ou encore : «C’est toujours une bonne idée de prêter attention aux modifications de votre état de santé.» Par comparaison, les soignants ont un style plus direct, qui peut sembler détaché : «Aucune glande dans cette partie du corps. Ce n’est pas une urgence. Les urgences ne vont pas pouvoir faire grand-chose pour vous d’ici à lundi.» ».
Pauline Fréour remarque que « dans un éditorial (…), trois médecins de l’université de Stanford s’interrogent : avec ChatGPT, une «boîte de Pandore» a-t-elle été ouverte ? ».
Ils écrivent : « Appliqués à l’information médicale en général, ces outils peuvent analyser, synthétiser et résumer la littérature scientifique, les manuels et la production des sites web sous un format accessible et compréhensible ».
Les médecins ajoutent que ces outils « peuvent tout autant propager des informations fausses ou biaisées provenant de ces mêmes sources, sans se préoccuper de leur pertinence ».
La journaliste ajoute que « comme le public sera tenté, dans tous les cas, de se tourner vers une IA, même imparfaite, dès lors qu’elle est disponible 24h/24, «nous devons trouver de nouvelles façons d’assister les patients», plaident-ils ».

« Fausses couches : le Sénat vote à son tour pour un arrêt maladie sans carence et un suivi psychologique »

Date de publication : 5 mai 2023

Le Parisien

Le Parisien annonce en effet qu’« après l’Assemblée nationale, le Sénat a voté jeudi en première lecture une proposition de loi pour mieux prendre en charge les femmes après une fausse couche, avec un accompagnement psychologique et un arrêt maladie sans jour de carence ».
Le journal explique que « le texte met en place à compter de septembre 2024, sous l’égide de chaque Agence régionale de Santé (ARS), un «parcours fausse couche qui associe des professionnels médicaux et psychologues hospitaliers et libéraux», afin que les femmes et leurs partenaires soient informés et orientés de manière systématique ».
« La proposition de loi permet aussi aux sages-femmes, et plus seulement aux médecins, d’adresser directement leurs patientes ayant subi une fausse couche et leurs partenaires à un psychologue agréé par l’Assurance maladie »,
 ajoute le quotidien.
Le Parisien relève par ailleurs que « les sénateurs ont (…) introduit un changement de sémantique, substituant à l’expression «parcours fausse couche», jugée «stigmatisante et négative» par les associations, celle d’«interruption spontanée de grossesse», présentée par le rapporteur comme «plus neutre et plus juste médicalement» ».

« Enfants et écrans : « La loi est indispensable quand les bonnes intentions ne suffisent plus » »

Date de publication : 5 mai 2023

Le Monde

Le Monde publie une tribune d’un collectif de professionnels de la santé de l’enfant, selon lesquels « comme pour le tabac et l’alcool, le législateur doit intervenir pour encadrer l’exposition des enfants aux écrans ».
Les signataires soulignent ainsi que « les écrans ne sont pas des objets passifs. Les nouveaux contenus et les algorithmes qui les génèrent agissent sur le comportement des utilisateurs et sont de ce fait plus nocifs que ne l’étaient les programmes de la télé d’antan. (…) Ces techniques d’influence et de récupération des données sont maintenant regroupées dans une nouvelle science, la «captologie», et sont déployées de façon cachée par les «dark patterns», avec un seul objectif : capter l’attention de l’utilisateur et, à son insu, l’exposer à des publicités ciblées ».
Ils remarquent : « Comme le souligne le Conseil d’Etat, réguler s’avère indispensable, tant ces procédés sont addictifs et tant le rapport de force entre l’utilisateur et les médias est défavorable. Il faut passer par la loi pour rétablir l’équilibre ».
« Nous, professionnels de l’enfance, de la santé et de l’éducation, alertons depuis plusieurs années sur les effets délétères des écrans. Une étude publiée en mars 2023 sur un échantillon représentatif national de 100.000 enfants américains est venue confirmer nos inquiétudes : les troubles du comportement, les retards de développement ou de langage, les troubles du spectre de l’autisme ou de l’attention sont d’autant plus fréquents que les temps d’écran des enfants sont élevés »
, indiquent les signataires.
Ils ajoutent que « des travaux menés avec des parents « accros » à leur portable et leurs nourrissons sont particulièrement alarmants, tant ces interactions précoces sont primordiales pour le développement psychomoteur et la construction du lien parent-bébé. Ces effets se conjuguent et se potentialisent : les enfants qui passent trop de temps devant les écrans, sont aussi ceux dont les parents font de même ».
Ils écrivent ainsi qu’« il est maintenant temps que le législatif prenne le relais. Arrêtons de faire porter la responsabilité individuelle aux parents et soutenons la responsabilité collective de l’exposition des enfants aux écrans par la loi comme le législateur l’a déjà fait pour l’alcool ou le tabac ».

« De la maison à l’hôpital, comment l’intelligence artificielle va révolutionner le parcours médical »

Date de publication : 5 mai 2023

Le Parisien

Nicolas Berrod explique en effet dans Le Parisien : « Que ce soit pour la prévention, le diagnostic ou la prise en charge d’une maladie, de nouveaux outils vont considérablement modifier la façon dont on se soigne. Un secteur florissant, qu’ont déjà investi plusieurs start-up françaises ».
Antoine Tesnière, professeur d’anesthésie-réanimation et directeur du PariSanté Campus, incubateur de start-up dans le secteur médical, déclare que « l’IA sert déjà dans certains domaines, mais très vite elle va être utilisée partout ».
Nicolas Berrod cite « plusieurs (…) exemples », à commencer par « la prévention » : « Les objets connectés ont déjà envahi les salons et se sont imposés au poignet de certaines personnes. Ils pourraient, demain, être utilisés pour encore mieux se soigner. À partir des données brutes récupérées par des montres ou bracelets, «on reconstruit en temps réel et en permanence un électrocardiogramme (ECG) grâce à l’intelligence artificielle, en prenant aussi en compte le contexte (sommeil, sport, etc.)», illustre Yves Mboda, président de Dtectio ».
Nicolas Berrod note que « les données sont enregistrées dans le « cloud » et un praticien connecté au dispositif peut être prévenu en cas d’anomalie. «Nous sommes encore en phase d’entraînement des algorithmes», temporise le dirigeant, qui vise une commercialisation «à partir de janvier prochain» ».
Le journaliste évoque aussi Baracoda, qui « se fixe pour objectif de «transformer la salle de bains en lieu de soins». Le miroir pourrait détecter automatiquement un problème de santé, rien qu’en scannant le visage en permanence ».
Thomas Serval, président de l’entreprise, indique qu’« une grande partie des maladies de la peau sont détectables, et on sait aussi repérer les mélanomes, c’est-à-dire l’évolution dangereuse d’un grain de beauté ».
Nicolas Berrod relève que l’entreprise « développe bon nombre d’outils. (…) Un tapis de bain super-intelligent nous détecte en personne grâce à la forme de nos pieds. (…) Chute de poids, perte progressive d’équilibre… Autant d’informations qui pourraient s’avérer très utiles, notamment en Ehpad, pour limiter le risque de chute chez les personnes âgées ».
Le journaliste aborde « le diagnostic » : « Une téléconsultation médicale comporte beaucoup d’avantages : pas besoin de se déplacer, avoir un rendez-vous plus tôt… mais aussi des inconvénients, comme l’impossibilité pour le médecin de recueillir, physiquement, des informations sur la santé du patient. À partir d’une simple vidéo de 30 secondes, via sa webcam ou son smartphone en selfie, le logiciel Caducy de la société i-Virtual pourrait y remédier en «permettant de mesurer plusieurs signes vitaux (rythme cardiaque, fréquence respiratoire, niveau de stress, etc.)», décrit Myriam Benfatto, directrice marketing ».
Nicolas Berrod explique ainsi que « l’intelligence artificielle convertit les mouvements sanguins visibles à travers la peau. À l’avenir, la saturation en oxygène et la pression artérielle pourraient aussi être mesurées. Caducy vient d’obtenir une classification européenne, et vise désormais une éventuelle mise sur le marché ».
Le journaliste relève en outre que « les médecins pourraient aussi s’appuyer sur des robots conversationnels tels que GPT-4, en guise de super-assistants. Ceux-ci «pourraient proposer des diagnostics ou des options thérapeutiques auxquels le praticien ne pense pas forcément», illustre Guy Vallancien, membre de l’Académie de médecine. À condition que le système soit suffisamment «entraîné» et ne risque pas de se tromper. GPT-4 pourrait aussi s’occuper de tâches administratives fastidieuses, comme remplir un dossier médical à chaque consultation. De quoi libérer, pour chaque médecin, du fameux «temps médical» auprès du malade ».
Et dans un entretien, le Pr Emmanuel Hirsch, enseignant d’éthique médicale à l’université Paris-Saclay, déclare notamment que « ces nouvelles technologies vont transformer la relation entre un médecin et un patient en libérant du temps humain. Le recours à l’intelligence artificielle dans la phase d’investigation et de diagnostic peut aussi présenter d’évidents avantages pour la fiabilité des résultats ».
« Mais il est nécessaire d’assurer la « garantie humaine » du discernement du médecin afin que ses décisions soient bien acceptées. Il ne faut surtout pas que l’humain s’appauvrisse à mesure que les technologies apportent de nouveaux possibles »,
 souligne-t-il.

« Un « décodeur » par IRM et intelligence artificielle parvient à lire les pensées »

Date de publication : 9 mai 2023

Le Figaro

Pauline Fréour s’interroge dans Le Figaro : « Savoir lire dans les pensées est un ressort récurrent des scénarios de science-fiction. S’en rapprocherait-on ? Le raccourci est séduisant à la lecture d’une étude de l’université d’Austin (Texas), parue le 1er mai dans Nature Reviews Neuroscience. Mais comme souvent dans la recherche, l’écart reste grand entre le fantasme et la réalité de la vie de laboratoire », souligne la journaliste.
Elle explique en effet que « l’équipe du neuroscientifique Alexander Huth présente les résultats d’une technologie permettant de traduire en langage la pensée d’une personne lorsqu’elle est soumise à une perception (regarder un film, écouter une histoire…) ».
« Ce «décodeur» repose sur l’usage d’une IRM fonctionnelle (capable d’enregistrer en temps réel les variations de flux sanguin dans le cerveau, et donc d’identifier les zones activées selon les tâches et stimuli), couplée à un outil d’intelligence artificielle de type ChatGPT », 
précise Pauline Fréour.
La journaliste indique que « l’activité cérébrale de 3 volontaires a été enregistrée en direct par IRM pendant qu’ils écoutaient des heures de podcasts. Ces données, ainsi que des informations sur les histoires écoutées, ont ensuite été soumises à un outil d’intelligence artificielle afin de l’entraîner à décoder comment les mots, les phrases et leur signification stimulaient différentes régions du cerveau ».
Alexander Huth observe qu’« une grande partie du cerveau s’anime à l’écoute d’une histoire, pas seulement les zones associées à la parole et au langage », évoquant « des zones que nous utilisons pour nous repérer dans l’espace, pour faire du calcul mental, ou pour prédire la sensation d’un objet au toucher ».
Pauline Fréour ajoute que « quand les mêmes volontaires ont été soumis à des stimulations différentes (regarder un film, écouter ou imaginer une histoire), l’activité de leur cerveau enregistrée par IRM a pu être traduite en mots par l’IA, avec une certaine efficacité. Par exemple, «je n’ai pas encore mon permis de conduire» a été interprété par le décodeur comme «elle n’a même pas encore commencé à apprendre à conduire» ».
Alexander Huth précise : « Cela consiste à aller chercher les idées derrière les mots, le sens ».
La journaliste retient que « les applications pourraient à terme être médicales, par exemple pour assister des personnes ayant perdu l’usage de la parole à la suite d’un AVC ou d’un traumatisme crânien. D’autres technologies y sont déjà parvenues, mais elles reposent sur l’enregistrement de l’activité cérébrale directement au contact du cerveau via des électrodes, un geste invasif et potentiellement dangereux sur un organe aussi sensible ».
Jean-Rémi King, chercheur au CNRS, remarque toutefois qu’« il s’agit ici avant tout de recherche fondamentale. D’ailleurs, les performances sont encore très limitées, puisque le taux de mots reconnus est de 7% ».
Le chercheur ajoute : « C’est une méthode assez prometteuse pour essayer de comprendre comment le cerveau représente le sens. Pourquoi le cerveau humain est-il le seul sur terre capable d’acquérir et traiter le langage ? Cela reste largement incompris. Et c’est cette question-là qui est au cœur de l’étude ». 
Pauline Fréour évoque enfin des « limites » : « La coopération de l’individu est nécessaire : les chercheurs texans ont en effet observé que les performances du décodeur chutaient lorsque le volontaire se mettait en opposition ».
La journaliste ajoute que « ce sont bien des perceptions (des récepteurs visuels par exemple) et non une «voix intérieure» qui sont captées par le décodeur. (…) Malgré tout, ces limites pourront peut-être être surmontées dans le futur, rappellent les auteurs. (…) En outre, même si les prédictions du décodeur ne peuvent être considérées comme fiables lorsque la personne ne coopère pas, elles pourraient quand même être mal interprétées à des fins malveillantes ».

« Après un AVC, gare au risque de dépression »

Date de publication : 9 mai 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève que « c’est une séquelle méconnue mais relativement fréquente. Sa prise en charge améliore la récupération globale des malades ».
Anne Prigent souligne en effet : « Beaucoup moins connus que les conséquences physiques ou les troubles de la parole (aphasie), les troubles de l’humeur sont pourtant fréquents après un accident vasculaire cérébral ».
La journaliste explique que « dans l’année qui suit la survenue d’un AVC, 30% des patients vont faire une dépression, comme l’a rappelé une analyse d’études, publiée en mars dernier dans Plos Medicine. Dans plus de deux tiers des cas, ces dépressions apparaissent dans les 3 mois qui suivent l’AVC. Et pour plus de la moitié d’entre elles, elles persistent au-delà d’un an ».
Le Pr Igor Sibon, directeur de l’unité neurovasculaire au CHU de Bordeaux, souligne ainsi : « On pense que c’est normal d’avoir un coup de mou au niveau du moral. En fait, il y a un vrai trouble de l’humeur qui nécessite une prise en charge. En effet, une dépression post-AVC, si elle n’est pas repérée et soignée, peut réduire l’efficacité des stratégies de récupération après l’accident et les récidives sont plus fréquentes ».
Anne Prigent relève que « pendant des années, les neurologues eux-mêmes négligeaient cela. Il faut dire qu’il y a encore peu de temps, les AVC entraînaient de lourds handicaps physiques. (…) De plus, lorsque les médecins diagnostiquaient un état dépressif, ils considéraient que le handicap en était la cause ».
La journaliste indique que « depuis une vingtaine d’années, les progrès de la prise en charge des AVC ayant permis de réduire la fréquence des handicaps physiques, les handicaps dits «invisibles» émergent ».
Le Pr Yannick Béjot, chef du service de neurologie du CHU de Dijon, remarque : « Comme les patients ressortent de l’hôpital sans séquelles physiques, on attend d’eux qu’ils reprennent une vie la plus normale possible. Nous sommes donc plus sensibles à l’apparition des symptômes comme la dépression, la fatigue, l’anxiété ou encore les troubles de la cognition ».
Anne Prigent observe cependant que « ces symptômes étant souvent présents en même temps, le diagnostic de dépression est parfois difficile ».
Le Pr Béjot indique que « les troubles cognitifs, par exemple, accompagnent la dépression, mais peuvent aussi la mimer. (…) Chez des patients ayant récupéré et n’ayant pas de handicap, nous avons retrouvé des taux de dépression autour de 25%. Ces patients avaient aussi plus de fatigue que les non déprimés et plus de troubles cognitifs ».
La journaliste relève qu’« aujourd’hui, les neurologues abordent plus facilement ce handicap invisible avec leurs patients. Notamment les plus jeunes, qui veulent reprendre leur activité professionnelle le plus vite possible. Or, le cerveau, qui a subi une véritable agression, a besoin de repos ».
Le Pr Charlotte Cordonnier, chef du service neurologie au CHU de Lille, souligne ainsi qu’« il faut prendre du temps pour soi, laisser le temps au cerveau de se reconstituer. J’insiste beaucoup auprès des patients sur la fatigabilité. Ils consomment plus d’énergie pour fonctionner, ont besoin de se reposer plus souvent, rencontrent des difficultés de concentration… ».

« Manque de médecins, d’infirmiers, de psychologues… L’école, premier désert médical de France »

Date de publication : 10 mai 2023

Le Parisien

Florence Méréo et Thomas Poupeau annoncent dans Le Parisien que « le pilotage de la politique de santé scolaire est « défaillant », alerte un rapport d’information du député Robin Reda (Renaissance), présenté ce mercredi 10 mai à l’Assemblée nationale ».
Les journalistes notent ainsi : « Difficulté à recruter des médecins, infirmiers, psychologues scolaires, à les garder, à leur donner les moyens de repérer les difficultés de nos gamins… L’école est devenue le premier désert médical de France ».
Ils soulignent que « moins de 20% des élèves de 6 ans passent la visite médicale, censée être obligatoire ! À 12 ans, ils sont seulement 60% à avoir eu leur bilan infirmier ».
Robin Reda rappelle que « le non-diagnostic d’un enfant qui voit mal, s’exprime mal, entend mal, cela joue sur sa réussite scolaire, et cyniquement, sur le budget de l’assurance maladie », et entend « revitaliser la santé scolaire ».
Jocelyne Grousset, cosecrétaire nationale du syndicat de médecins scolaires SNMSU-Unsa, remarque pour sa part que « c’est le énième rapport en dix ans, mais aucune mesure n’a été prise depuis ».
Florence Méréo et Thomas Poupeau constatent en effet que ces praticiens « sont moins de 900 en France, pour 60.000 établissements. (…) Une marche blanche est organisée à Paris le 23 mai, pour dénoncer ce manque de moyens ».
Les journalistes relèvent que « le nombre de médecins en milieu scolaire a baissé de 20% en dix ans. (…) Même constat pour les infirmières. (…) Le nombre de tâches est devenu trop important. Maladies, chutes, malaises, suivi psychique des enfants, cas de maltraitance, lien avec les professeurs ».
Le rapport souligne que « les besoins des élèves sont grandissants ». Florence Méréo et Thomas Poupeau ajoutent que « la crise sanitaire, qui a entraîné trois mois de fermeture totale des établissements en mars 2020 puis des mois entiers de distanciel, a encore des effets ».
Valérie Wolff, infirmière dans un collège du Bas-Rhin, explique que « dans le premier degré, on constate des troubles de l’apprentissage directement liés à trop d’écrans et à une longue période de non-sociabilisation ».
Jocelyne Grousset indique que « renforcer l’attractivité est la première des choses ». Florence Méréo et Thomas Poupeau notent ainsi qu’« un médecin scolaire débutant gagne moins qu’un interne en médecine ». Robin Reda ajoute : « Il faut un choc de revalorisation, et une refondation du système ».
« Sans cela, les postes à pourvoir resteront lettre morte. En 2021, seuls 50% de ceux ouverts ont trouvé preneurs. Plus globalement, le réseau de santé scolaire doit être mieux considéré, car il est un maillon essentiel du système sanitaire », 
remarquent les journalistes.

« Les bienfaits du jeu d’échecs chez de jeunes déficients intellectuels »

Date de publication : 15 mai 2023

Le Figaro

Delphine Chayet explique dans Le Figaro que « la Fédération française d’échecs est à l’initiative d’une expérimentation visant à explorer les bienfaits thérapeutiques du jeu de société millénaire sur les jeunes autistes. (…) Le jeu aurait des effets bénéfiques sur la capacité de concentration, l’orientation dans l’espace ou encore les aptitudes sociales ».
La journaliste note ainsi : « Maxime, Ethan, Elisa et Angeline ont appris à jouer aux échecs en 10 séances seulement, dans leur salle de classe de l’Institut médico-éducatif de Villers. L’établissement situé à 5 km de Coulommiers, en Seine-et-Marne, accueille des enfants et adolescents âgés de 6 à 20 ans, atteints de déficiences intellectuelles accompagnées ou non de troubles autistiques ».
Delphine Chayet précise que « l’apprentissage repose sur l’utilisation de trois supports différents. Un échiquier mural est utilisé pour apprendre le mouvement des pièces. Puis l’élève passe sur un tapis de 9 m² portant les 64 cases noires et blanches, sur lequel il va avancer comme s’il était la pièce. (…) En fin de séance, les joueurs se mettent autour de la table pour s’affronter sur un échiquier classique ».
Franck Droin, président de la commission santé au sein de la Fédération française des échecs (FFE), « à l’origine de cette expérimentation lancée l’an dernier dans 4 centres volontaires d’Île-de-France et de Guyane », indique : « Il s’agissait avant tout de leur donner l’opportunité de découvrir un nouveau jeu qu’ils pourraient ensuite partager avec leur famille et leurs amis ».
La journaliste observe que « des effets bénéfiques sur le raisonnement non verbal, la capacité de concentration, l’attention conjointe, l’orientation dans l’espace ou encore les aptitudes sociales (par exemple jouer chacun à son tour) étaient aussi attendus ».
Éric Desailly, directeur du pôle recherche et innovation de la Fondation Ellen Poidatz (dont dépend l’IME de Villers), explique que « quelques études ont mis en évidence une amélioration de la cognition chez des enfants ayant appris à jouer aux échecs. Certains mécanismes neuronaux impliqués dans la théorie de l’esprit, autrement dit la capacité à imaginer ce que pense l’autre, ont été observés par imagerie chez des joueurs d’échecs. Or c’est une compétence que les enfants autistes ont beaucoup de mal à acquérir ».
Delphine Chayet note que « la prochaine étape consistera à mesurer objectivement l’apport de l’atelier échecs. Une étude scientifique doit être lancée pour évaluer le programme, qui va être étendu à 25 nouveaux centres spécialisés (dont 9 en Occitanie) ».

« Cannabis de synthèse : le HHC bientôt interdit ? Les médecins saluent une « prise de conscience » »

Date de publication : 16 mai 2023

Le Parisien

Elsa Mari note en effet dans Le Parisien que, ce lundi, le ministre de la Santé François Braun « a annoncé la probable interdiction des produits à base d’hexahydrocannabinol (HHC), une molécule dérivée du cannabis, actuellement en vente libre, en raison d’une faille juridique. Une «affaire de semaines», a-t-il précisé, tout en «déconseillant» ce produit, responsable d’une «addiction forte» ».
La journaliste que « depuis plusieurs mois, ce cousin du cannabis connaît un succès fulgurant dans l’Hexagone. En vente sous forme de résine, de plante, d’huile, de bonbons dans les magasins de cigarettes électroniques et même dans les bureaux de tabac ».
Nicolas Authier, professeur de pharmacologie, souligne que « c’est la première fois qu’une drogue de synthèse connaît une telle force de diffusion en s’appuyant un marché légal. C’est ça, le plus inquiétant ».
Elsa Mari relève que le spécialiste « salue la «prise de position» du ministère de la Santé. Car cette substance, fabriquée facilement en laboratoire à partir du CBD, une autre molécule à laquelle on ajoute de l’hydrogène, a une structure très proche du THC, à l’origine de l’effet de défonce ».
La journaliste observe qu’« aucune étude clinique n’a, pourtant, été réalisée sur le HHC. Joëlle Micallef, pharmacologue à l’université Aix Marseille Université, juge «rassurante cette prise de conscience au plus haut sommet de l’État» ».
Cette dernière remarque : « On est dans une société extrêmement exigeante sur la santé et on laisserait se répandre un produit dont on ne connaît pas les effets sur l’organisme ? ».
Elsa Mari retient ainsi que « les experts sont unanimes : l’interdire tombe sous le sens. «Mais il faut les preuves de sa dangerosité», avance l’addictologue William Lowenstein, sceptique malgré l’intention «louable» du ministère de la Santé. Le HHC est-il un stupéfiant ? Ce sera à l’Agence de sécurité du médicament de trancher », indique la journaliste.

« Douleurs chroniques : l’efficacité des antidépresseurs remise en question »

Date de publication : 22 mai 2023

Le Figaro

Le Figaro observe qu’« en France, les douleurs chroniques, comme les douleurs neuropathiques, musculosquelettiques ou la fibromyalgie, touchent 1 personne sur 5. Ce sont des douleurs particulièrement difficiles à prendre en charge. Les médicaments opioïdes ne sont pas recommandés, non seulement en raison du risque de dépendance, mais aussi parce qu’ils ne sont pas efficaces ».
Le journal relève que « les médecins avaient trouvé une alternative avec les antidépresseurs. Outre leurs effets sur l’anxiété, très fréquente en cas de douleur chronique, ces médicaments auraient en effet une action antalgique spécifique. Les antidépresseurs sont donc de plus en plus fréquemment prescrits dans le cadre de douleurs chroniques ».
Le quotidien observe que « leur efficacité vient cependant d’être remise en cause par une analyse d’études menée par la Cochrane. (…) Les auteurs ont compilé 176 études réalisées sur un total de quelque 30.000 patients ».
Le Figaro explique ainsi que « 25 antidépresseurs différents ont été étudiés. L’analyse des données révèle que seule une molécule, la duloxétine, présente des preuves d’un effet pour les douleurs musculosquelettique, la fibromyalgie ou encore les douleurs neuropathiques ».
Tamar Pincus, professeur à l’université de Southampton (Royaume-Uni), co-auteure, souligne toutefois que « même pour la duloxétine, il n’y a pas de preuves suffisantes sur l’efficacité et les effets nocifs à long terme ».
Le Pr Nicolas Authier, responsable du centre antidouleur du CHU de Clermont-Ferrand, précise quant à lui que « chez les patients atteints de douleurs chroniques, si le seul objectif est de supprimer la douleur, c’est l’échec garanti. L’objectif thérapeutique est avant tout d’améliorer la qualité de vie ».

« Injures, menaces, coups… Les violences contre les médecins bondissent »

Date de publication : 24 mai 2023

Le Parisien
La Croix

Le Parisien constate en effet qu’« en 2022, la hausse de la violence contre les médecins grimpe d’un cran. Selon l’observatoire de sécurité du conseil national de l’Ordre, qui publie ces résultats ce mardi, 1244 incidents ont été déclarés. Des chiffres qui trouvent un écho particulier alors qu’une infirmière vient d’être tuée à l’arme blanche à Reims ».
Le Dr Jean-Jacques Avrane, délégué à l’observatoire au sein de l’instance, relève qu’« avec +20% des incidents par rapport à 2021, on n’a jamais vu des chiffres aussi élevés en 20 ans ».
Le journal note que le médecin « prévient : ces signalements, au bon vouloir des docteurs, ne sont que la «partie émergée de l’iceberg», bien loin du vrai décompte. Sujet tabou, traumatisme, peur des représailles… ».
Le quotidien ajoute que « les victimes sont dans 71% des cas des généralistes, «la première porte d’entrée des patients» dans les centres-villes de zone urbaine, puis les spécialistes (29%), en premier lieu les psychiatres (4%) et les cardiologues (3%) ».
Le Dr Avrane indique qu’« il y a une hausse de l’insécurité dans notre pays. Les institutions sont visées : profs, pompiers, policiers. Pourquoi nous, on y échapperait ? ». Le Parisien note que « selon Jean-Jacques Avrane, le vaccin anti-Covid, entre les contres et les pros, a exacerbé les tensions ». Il déclare : « Il ne faut pas se leurrer, elles ne sont jamais vraiment retombées ».
Le Parisien continue : « Les soignants ont aussi l’impression d’être considérés comme des «exécutants», le soin comme un «bien de consommation». «On nous prend pour de la m…», lance, écœuré, le Dr Éric Weinberg, 57 ans, généraliste à Créteil (Val-de-Marne) ». Le médecin ajoute : « Ce sont maintenant les patients qui nous dictent l’ordonnance. On est devenu un supermarché ».
Le journal observe qu’« en juillet, Éric Weinberg s’est évanoui lorsque deux jeunes l’ont étranglé pour lui voler sa montre. S’il peut, il prendra un «poste plus tranquille», à la médecine du travail, dans une clinique, même à l’étranger. En attendant, il n’ouvre plus la porte aux inconnus et son cabinet est truffé de caméras ».
Le Parisien souligne que « la crise de l’hôpital, la pénurie de médecins, les déserts médicaux provoquent un profond mécontentement dans la population. (…) La hausse des incidents n’étonne donc personne ».
Le Dr Jérôme Marty observe : « Il s’agit surtout d’injures. Mais comment voulez-vous que les gens ne sortent pas de leurs gonds ! Et je ne parle même pas de psychiatrie. Il n’y a plus de place dans les centres médico-psychologiques, résultat les malades échouent dans nos cabinets et aux urgences ».
Le quotidien indique que « l’Ordre s’apprête à lancer une campagne de prévention avec la diffusion d’affiches dans les salles d’attente et peut-être la mise en place de «bouton d’alerte» dans les cabinets ».
La Croix note également : « CHU de Reims : les soignants face au «fléau» de la violence ». 
Jeanne Ferney explique qu’« au lendemain de l’agression mortelle d’une infirmière au CHU de Reims, l’Observatoire de la sécurité des médecins fait état d’une nette augmentation des attaques verbales et physiques. Un plan de lutte contre les violences faites aux soignants devrait voir le jour cet été ».
La journaliste relève que « les drames comme celui de Reims restent extrêmement rares. Dans 75% des cas, il s’agit d’agressions verbales ou de menaces, précise l’Observatoire de la sécurité des médecins. Elles ont souvent pour cause une perception négative du patient sur sa prise en charge, un temps d’attente jugé trop long ou encore un refus de prescription du praticien. En principe, toute menace physique ou verbale envers un professionnel de santé est passible de 45.000 € d’amende et de 3 ans d’emprisonnement. Mais dans les faits, la plupart de ces actes restent impunis ».
Elle cite le Dr Avrane, « qui milite pour que les victimes portent systématiquement plainte ». Le médecin remarque en effet que « 61% des médecins ne font rien ».

« « Lire » la douleur chronique dans le cerveau pour mieux soigner »

Date de publication : 25 mai 2023

Le Figaro

Pauline Fréour fait savoir dans Le Figaro qu’« une équipe de l’université de Californie à San Francisco est parvenue à décrypter les signaux de la douleur chronique dans le cerveau de plusieurs malades chez qui tous les traitements avaient échoué ».
« Une avancée qui permet d’espérer une meilleure identification des personnes les plus à risque, mais aussi d’envisager des thérapies innovantes », 
remarque la journaliste.
Elle décrit ce travail paru dans Nature Neuroscience : « L’expérience a eu lieu dans le cadre d’un essai clinique évaluant une thérapie personnalisée contre les douleurs chroniques neuropathiques résistantes. Le traitement consiste à stimuler, pour les «reprogrammer», certaines aires cérébrales profondes à l’aide d’électrodes plantées à travers le crâne, reliées à un appareil ressemblant à un pacemaker ».
Pauline Fréour note que « les chercheurs, dirigés par le Dr Prasad Shirvalkar, ont profité de ces dispositifs dont étaient équipés les volontaires pour enregistrer par électroencéphalogramme les variations du signal électrique chez 4 d’entre eux, en souffrance depuis au moins 2 ans à la suite d’un AVC ou d’une amputation. (…) Les enregistrements ont pu être réalisés sur plusieurs mois ».
La journaliste ajoute que « les volontaires devaient remplir un questionnaire sur ce qu’ils ressentaient à ce moment-là, et noter l’intensité de la douleur perçue à l’aide d’échelles de référence. Toutes ces informations ont ensuite été traitées par intelligence artificielle ».
Pauline Fréour relève que « les chercheurs ont pu identifier, pour chaque individu, la «marque» de la douleur chronique dans une région particulière du cerveau, le cortex orbitofrontal. Ces «biomarqueurs» objectifs ont permis de prédire le score de sévérité de la douleur ressentie par chacun des participants ».
La journaliste observe qu’« en plus d’aider à préciser le diagnostic dans certains cas, les biomarqueurs pourraient être utilisés pour personnaliser – et donc optimiser – les thérapies par stimulation cérébrale profonde, en ajustant les stimulations en fonction des informations reçues, explique le neurobiologiste ».
« Mais la route est encore longue, notamment parce que la technique utilisée est invasive (les électrodes sont implantées directement dans le cerveau), et donc risquée », 
souligne-t-elle.
Le Pr Julien Nizard, chef du service douleur, soins palliatifs et de support au CHU de Nantes et professeur de thérapeutique, rappelle que « la stimulation cérébrale profonde n’est quasiment plus pratiquée en France pour le traitement des douleurs rebelles car elle entraîne 2 à 4% d’hémorragies cérébrales qui peuvent induire un handicap définitif voire un décès, ce qui n’est éthiquement pas acceptable ».
« Nous préférons la stimulation du cortex moteur, où les électrodes sont placées à la surface du crâne, ou la stimulation magnétique transcrânienne, non invasive, qui agit au travers d’impulsions envoyées au cerveau par une bobine externe »,
 précise le spécialiste.
Pauline Fréour observe que « pour le Pr Nizard, les travaux californiens amènent des informations intéressantes sur la cartographie de l’origine de la douleur, avec de possibles retombées sur le repérage des profils à risque. (…) Toutefois, cela doit passer par une adaptation des outils au profit de méthodes non invasives ».

Revue de presse santé psy – avril 2023

« Plus fréquente chez les malades du cancer, l’insomnie n’est pas une fatalité »

Date de publication : 3 avril 2023

Le Figaro

Delphine Chayet remarque en effet dans Le Figaro : « Fréquents dans la population, les troubles du sommeil le sont encore plus chez les malades du cancer : entre 30% et 60% d’entre eux, selon les études, seraient concernés pendant leur traitement, mais aussi après ».
La journaliste rappelle : « Qu’elle prenne la forme de difficultés à s’endormir, de réveils nocturnes incessants et prolongés ou de longues aubes solitaires, l’insomnie chronique peut mener à un épuisement physique et psychologique. Les répercussions sur le quotidien sont d’autant plus graves que la personne traverse une période de grande vulnérabilité ».
Delphine Chayet relève qu’« il existe bien des thérapies non médicamenteuses efficaces pour réduire la sévérité des troubles du sommeil, et soulager la détresse qui leur est associée. C’est le cas de la thérapie cognitive et comportementale de l’insomnie (TCC) ».
Diane Boinon, psychologue clinicienne à Gustave-Roussy (Villejuif), indique cependant qu’« elle est peu proposée et peu accessible en France. Par manque de psychologues formés à cette approche, il est de toute façon impossible de la proposer à tout le monde ».
Delphine Chayet explique que « la chercheuse teste actuellement auprès de patients atteints d’un cancer une alternative aux consultations en face-à-face. Lancée en février 2022, l’étude Sleep-4-all-2.0 évalue l’efficacité d’un programme en ligne construit sur le modèle d’une TCC associée à un accompagnement personnalisé par téléphone réalisé par un psychologue, plus léger qu’une prise en charge classique ».
« Le traitement dure 6 semaines, renouvelables en cas de besoin. 322 patients ont déjà été inclus dans les trois centres de lutte contre le cancer participant à l’essai. (…) Baptisé Insomnet, le programme est né au Canada en 2005 »
, précise la journaliste.
Sa conceptrice, Josée Savard, professeur de psychologie à l’université Laval, à Québec, indique qu’« à l’époque, il se présentait sous forme de DVD et de fascicules envoyés par courrier. Tout se passe désormais sur Internet : le patient y trouve chaque semaine une vidéo de 15 minutes et de l’information écrite sur un thème donné, suivies d’un test. Il doit aussi tenir le journal de ses nuits et calculer l’efficacité de son sommeil ».
Delphine Chayet précise que « ce concept mesure le ratio entre le temps passé effectivement à dormir et celui passé au lit. Plus ce score est élevé, plus vous êtes «efficace» dans vos habitudes de sommeil. Les dessins animés conçus par l’équipe québécoise présentent avec un ton léger et pédagogique les principales erreurs dans lesquelles s’enferment souvent les insomniaques ».
Diane Boinon souligne que « le premier pas consiste à différencier les éléments déclencheurs de l’insomnie, comme l’angoisse liée au diagnostic, la douleur ou les bouffées de chaleur nocturnes dues au traitement ».
« Durant la thérapie, (le patient) apprend ainsi à mettre fin aux comportements contreproductifs que tout insomniaque a tendance à adopter, en croyant que cela va le soulager : faire des siestes ou une grasse matinée, se coucher tôt pour «récupérer», regarder son réveil… », 
continue la journaliste.
Elle poursuit : « L’objectif de la thérapie est d’amener les patients à dédramatiser leurs difficultés pour ne pas les aggraver, et à prendre de la distance. Au Canada, le traitement auto-administré a montré son efficacité : 70% des patients en sortent avec une amélioration significative de leur sommeil ».
Josée Savard observe qu’« ils ne deviendront sûrement pas ce qu’on appelle des bons dormeurs. Mais la thérapie permet de diminuer significativement la sévérité des symptômes, relève. Les oncologues, et surtout les infirmières, sont satisfaits d’avoir autre chose à proposer que des hypnotiques, qui entraînent un risque d’accoutumance ».

« Autisme, hyperactivité : le dépistage précoce est primordial »

Date de publication : 3 avril 2023

Le Monde

Pascale Santi remarque dans Le Monde que « la prévalence des troubles du neurodéveloppement (TND) augmente dans tous les pays depuis une vingtaine d’années, plus particulièrement celle des troubles du spectre autistique (TSA) et du trouble du déficit de l’attention et/ou hyperactivité (TDAH) ».
La journaliste indique ainsi qu’« aux Etats-Unis, 17,8% des enfants étaient affectés de TND durant la période 2015-2017, contre 16,2% dans les années 2009-2011, selon l’étude de Benjamin Zablotsky publiée dans Pediatrics en 2019. Les chiffres sont similaires en France, affirment les cliniciens, mais il n’existe pas d’étude épidémiologique sur le sujet ».
Pascale Santi rappelle que « les TND, qui recouvrent aussi les troubles du développement intellectuel, se caractérisent par un retard de développement et se traduisent par des atteintes sensori-motrices, comportementales, cognitives, pouvant générer des difficultés d’apprentissage, notamment les « dys » (dyslexie, dyscalculie…). Ils apparaissent souvent durant la petite enfance ».
Une note épidémiologique demandée par Claire Compagnon, déléguée interministérielle chargée de la politique publique de l’autisme et des TND, souligne que « les TND constituent un problème majeur de santé publique. Ils entraînent des problèmes fonctionnels précoces, chroniques, et durables, avec un retentissement important sur la famille et la société ».
Pascale Santi ajoute que « selon les chiffres de l’Inserm, les TSA touchent 700.000 personnes, dont 100.000 mineurs. (…) Claire Compagnon a jugé, mardi 28 mars, lors d’un discours à l’Académie de médecine, que «ces données épidémiologiques donnent un peu le vertige» ».
La déléguée interministérielle a observé : « Elles montrent clairement la nécessité et l’importance du travail à conduire en termes de recherche, de prévention et d’accompagnement des personnes. En en faisant en 2018 une priorité, le gouvernement a voulu changer de paradigme. Une enveloppe supplémentaire de 550 millions d’euros a été consacrée à cette cause, notamment la recherche ».
La journaliste relève que « la prise en charge reste toutefois insuffisante ». Claire Compagnon a indiqué que « les associations et des familles témoignent au quotidien de mauvaises pratiques qui perdurent : culpabilisation, diagnostics obsolètes, voire inadéquats, retards de diagnostics et de soins, etc. ».
Pascale Santi poursuit : « L’enjeu du dépistage précoce est essentiel. En 2022, 41.000 enfants ont été repérés et adressés à l’une des 97 plates-formes de coordination et d’orientation (PCO), une augmentation certaine en comparaison des 150 et 6000 enfants détectés respectivement en 2019 et 2020, a précisé Claire Compagnon, pour qui l’un des buts est de déployer ces dispositifs de repérage pour les 7-12 ans ».
Stéphane Marret, chef du service de pédiatrie néonatale au CHU de Rouen, « qui pilote l’une des plates-formes des TND prenant en charge 2500 enfants », confirme : « Il est crucial de repérer le plus tôt possible, si possible avant 3 ans, un écart dans la trajectoire développementale, d’éventuels troubles sensoriels, neurovisuels, du développement, des fonctions motrices, du langage, à une époque où la plasticité cérébrale est forte ».
Il remarque que « ce sont souvent les parents qui observent des difficultés au plan sensoriel, moteur, des comportements particuliers avec des enfants parfois trop calmes ou, au contraire, qui pleurent beaucoup. L’enjeu est de pouvoir mettre en place des interventions précoces ».

Le spécialiste souligne toutefois que « lorsque le médecin traitant (de protection maternelle et infantile, pédiatre ou médecin généraliste) a saisi la plate-forme, le délai est de 6 mois pour traiter le dossier, puis jusqu’à un an pour la prise en charge de l’enfant ».

« Fatigue mentale, stress : comment apprendre au cerveau à relâcher la pression »

Date de publication : 11 avril 2023

Sciences et Avenir

Hugo Jalinière relève dans Sciences et Avenir qu’« après la crise sanitaire, il y a de la fatigue dans l’air ! Et c’est notre contrôle cognitif qui trinque. C’est en substance ce qu’on pourrait traduire, sur le plan neurocognitif, de l’enquête menée par l’Ifop et la Fondation Jean-Jaurès pour objectiver « l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la motivation et l’état psychologique des individus, leur capacité à effectuer un effort mental, physique ou à résister aux aléas de la vie  » ».
Le journaliste remarque qu’« il s’agit certes d’une enquête d’opinion, mais elle corrobore l’hypothèse d’une fragilisation psychologique et mentale due à la crise sanitaire, au moins chez une partie de la population ».
Il explique que « fin 2022, 30% des sondés déclaraient ainsi être moins motivés qu’avant (37% pour la motivation au travail), 44% avoir de plus en plus de mal à patienter avant d’obtenir quelque chose, ou encore 41% être plus fatigués après un effort physique. Les effets à longue traîne de la « fatigue pandémique » décrite par l’OMS dès novembre 2020 comme une « réponse naturelle et attendue face à une crise de santé publique prolongée  » ».
Hugo Jalinière poursuit : « Crainte de l’infection, isolement, confinements, instabilité chronique du quotidien, injonctions contradictoires… Nombre de psychiatres vont jusqu’à investiguer ce qu’ils nomment « troubles du stress post-pandémique », parce que leurs patients répondent aux critères diagnostiques de troubles du stress post-traumatique (TSPT) ».
Le journaliste note ainsi qu’« en juin 2022, une méta-analyse s’appuyant sur plus de 2000 publications scientifiques concernant l’impact de la pandémie – et non de l’infection – sur la santé mentale a retenu 68 études accréditant cette analogie, les troubles les plus graves touchant en majorité les personnels de santé de première ligne ».
Il observe que « sans aller jusqu’à ce degré de sévérité, durant la crise sanitaire, les fonctions exécutives du cerveau comme la flexibilité mentale, la planification, l’attention, l’inhibition ou la mémoire de travail ont été bousculées, davantage sollicitées, pour nous adapter en permanence au contexte instable. C’est précisément le rôle de ces fonctions du contrôle cognitif. Inversement, les occasions de mettre son cerveau en mode automatique se sont faites plus rares, les automatismes cérébraux n’ayant plus cours ».
Hugo Jalinière évoque notamment les travaux menés par Mathias Pessiglione (Institut du cerveau, Paris) sur « le mécanisme neurobiologique à l’origine d’une fatigue mentale et, donc, d’une baisse d’efficacité des fonctions exécutives, parfois jusqu’à l’épuisement ».
Le chercheur précise : « En conditions normales et lorsque les tâches cognitives sont espacées, il existe un mécanisme spontané d’élimination qui assure une régulation du taux de glutamate. Mais en cas de saturation, cette molécule s’accumule au niveau des synapses – les zones de contact entre deux neurones – et, en trop forte concentration, devient nuisible, empêchant l’activation normale et le bon fonctionnement du cortex préfrontal latéral ».
Le journaliste relève que « ces travaux font écho à une précédente étude de la même équipe parue en 2019 et conduite chez des sportifs de haut niveau, pour mettre en évidence les mécanismes à l’origine du burn-out du sportif. À l’époque, 37 triathlètes avaient été répartis en deux groupes : le premier suivait un entraînement professionnel normal, tandis que le second avait une charge de travail augmentée, jusqu’à 40% de temps d’entraînement supplémentaire les trois dernières semaines de l’expérience ».
« Suivis sur le plan comportemental et par IRM fonctionnelle du cerveau, les sportifs du second groupe présentaient une fatigue cognitive visible dans la réduction d’activité du cortex préfrontal latéral »,
 remarque Hugo Jalinière.
Il note que « la motivation à terminer la course, soit l’endurance cognitive nécessaire pour maintenir un effort de plus en plus difficile, est affaiblie parce que le cortex préfrontal est en surchauffe. Selon l’hypothèse de plus en plus étayée de l’équipe de l’Institut du cerveau, c’est par ce phénomène d’usure neuronale que la fatigue se transforme en épuisement, le fameux burn-out. Jusqu’à perdre tout contrôle, donc ».
« Mais « la neurobiologie sous-jacente à cette fatigue cognitive entre en jeu dès qu’on mobilise un contrôle attentionnel intense et prolongé, c’est-à-dire dans toute activité qui ne peut pas se reposer sur des automatismes déjà bien rodés « . L’une des clés pour exercer au mieux ses capacités de contrôle cognitif est donc d’abord… de savoir lâcher prise aussi souvent que possible ! », 
continue le journaliste.

« Comment les enfants deviennent accros aux écrans : ce que révèle une vaste étude française »

Date de publication : 12 avril 2023

Le Parisien

Nicolas Berrod indique dans Le Parisien qu’« une étude, menée sur plus de 18.000 enfants avant la pandémie de Covid-19, dresse le temps passé par les tout-petits devant les écrans. De nouveaux résultats détaillés doivent permettre de «mieux identifier et cibler» les catégories à risque d’usage excessif ».
Le journaliste explique que selon ce travail qui vient de paraître dans le Bulletin épidémiologique de Santé publique France, « les enfants de 2 ans passent en moyenne 56 minutes par jour devant un écran. Cette durée monte à 1h10 à l’âge de 3 ans et demi et à 1h34 à 5 ans et demi. Soit bien au-delà des recommandations, à savoir «pas d’écran avant 2 ou 3 ans, maximum une heure ensuite» ».
Nicolas Berrod précise que « cette enquête, baptisée Elfe (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), a été menée sur un panel de plus de 18.000 enfants nés en 2011, soit 1 sur 50 venus au monde cette année-là. Ils ont été suivis de 2013 à 2017, de leurs 2 ans jusqu’à leurs 6 ans. Les parents devaient régulièrement fournir, par téléphone, de nombreuses informations : temps passé devant un écran par leur garçon ou fille, type d’écran (…), différences entre la semaine et le week-end, etc. ».
Jonathan Bernard, chargé de recherche à l’Inserm et auteur principal, remarque que ces résultats dévoilent « la description des temps d’écran (et par type d’écran) jusqu’à 5 ans et demi selon le statut social, l’origine et le statut migratoire des parents, ainsi que les régions françaises ».
Nicolas Berrod retient ainsi : « Le temps d’écran apparaît d’autant plus important que la mère a un faible niveau d’études. Les enfants dont la maman a un niveau collège «passent 45 minutes (à 2 ans) à 1h15 (à 5,5 ans) de plus devant des écrans» que ceux dont la mère a un niveau d’études supérieur ou égal à bac + 5. Le temps d’écran est également plus important si celle-ci est née à l’étranger, surtout en Afrique ».
Le journaliste note que « les enfants regardent relativement peu les écrans en Bretagne (47 minutes, 1h08 et 1h19 à 2, 3,5 et 5,5 ans) mais beaucoup dans les Hauts-de-France (1h04, 1h24 et 1h43 respectivement). Ces différences pourraient s’expliquer par les conditions sociales, le taux de pauvreté étant très élevé dans les Hauts-de-France. Mais ce n’est sans doute pas la seule raison ».
Jonathan Bernard observe : « Nous avons de bonnes raisons de penser, grâce à la littérature scientifique, qu’il pourrait toujours y avoir des écarts, car on observe déjà cela sur d’autres traits de santé, comme le surpoids et l’obésité, l’allaitement maternel, ou la qualité de l’alimentation ».
Le chercheur souligne en outre que « les temps d’écran augmentent avec l’âge de manière identique quel que soit le milieu social, ce qui démontre que les habitudes d’écran s’établissent tôt, dès 2 ans, et qu’il y a ensuite peu d’infléchissements jusqu’à 5 ans et demi ».
Nicolas Berrod conclut que les auteurs « espèrent, avec ces nouvelles données, pouvoir «mieux identifier et cibler les populations à risque d’usage excessif d’écran durant la petite enfance» ».

« Le cortex moteur n’est pas tout à fait celui que l’on croyait »

Date de publication : 20 avril 2023

Le Figaro

Soline Roy évoque dans Le Figaro « un drôle de bonhomme, né en 1937 dans la revue Brain et ayant atteint sa maturité 13 ans plus tard, sous la plume d’un neurochirurgien canadien : l’homoncule de Penfield, personnage aux mains et aux lèvres immenses, représente en fonction de leurs tailles et localisations les zones du cortex moteur qui pilotent les mouvements du corps ».
« Ce cortex moteur forme comme un serre-tête allant d’une tempe à l’autre, où seraient successivement manœuvrés, de la tempe au sommet du crâne, la langue, le visage, les doigts, la main, les épaules, le tronc, les jambes et enfin les pieds »,
 explique la journaliste.
Elle indique que « quelque chose avait échappé à Wilder Penfield. Un «détail» débusqué par une équipe de l’université Washington de Saint-Louis, qui publie ses résultats dans Nature. Entre les zones dévolues aux mouvements des pieds, des mains et de la bouche, figurent des régions non dédiées à une partie spécifique du corps, mais hyperconnectées entre elles ainsi qu’à un réseau cérébral dit «cingulo-operculaire», «essentiel pour l’action et le contrôle physiologique, l’éveil, le traitement des erreurs et de la douleur» ».
Soline Roy explique que « ces régions «charnières» forment un second système de contrôle du mouvement activé dès sa planification. Les deux systèmes sont étroitement imbriqués, l’un pilotant des gestes précis (d’un doigt, de la langue…), l’autre contrôlant des mouvements plus globaux. Ce système se met en place très tôt : il n’a pas pu être détecté sur des images réalisées sur des nouveau-nés, mais a été identifié chez un enfant de 11 mois ».
Roselyne Chauvin, chercheuse à l’université Washington et co-auteur, remarque qu’« il va falloir mener des recherches pour savoir comment ce système de coordination globale mature, et combien il participe aux mouvements imprécis et aléatoires du nouveau-né ».
La journaliste poursuit : « Les chercheurs confirment aussi que l’organisation n’est pas linéaire comme le pensait Penfield (une zone pour les orteils, la suivante pour la cheville, puis le genou, puis la hanche…) mais concentrique par zone d’influence (dans la région «pieds et jambes», les orteils sont au centre, entourés de la zone pilotant la cheville, elle-même entourée de celle pilotant les genoux, etc.) ».
Soline Roy note que « l’équipe américaine a travaillé sur des données d’IRM fonctionnelle de haute précision sur 10 participants (pour chacun, 5 heures au repos et 6 heures de tâches expérimentales), permettant de visualiser «l’organisation du cerveau de manière très détaillée», explique (…) Evan Gordon, premier auteur de l’étude ».
Clément Léna, chercheur dans l’équipe neurophysiologie des circuits cérébraux (École normale supérieure), réagit : « On sait depuis Penfield que sa carte est une simplification, mais on n’avait rien de très utile à proposer à la place. C’est un très joli papier, qui permet d’expliquer des choses qui ne rentraient pas dans le schéma de Penfield, par exemple le fait qu’on peut obtenir des mouvements complexes avec des microstimulations ».
Soline Roy remarque : « Attention cependant : la carte proposée dans Nature est elle aussi une simplification du fonctionnement cérébral et si l’existence de ces nouvelles zones intercalées entre celles décrites par Penfield est «indiscutable, leur rôle exact et les différences entre elles restent à préciser», indique Emmanuel Mellet, chercheur à l’Institut des maladies neurodégénératives (CEA-CNRS-université de Bordeaux) ».
Christophe Bernard, neurobiologiste à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm-université d’Aix-Marseille), observe pour sa part que« les auteurs évoquent une causalité entre l’activation de ces régions intermédiaires et la planification de l’action. Mais ils ne le démontrent pas du tout ! ».
« L’IRM fonctionnelle, c’est une vision réductionniste. On sait que l’information est en réalité très distribuée dans le cerveau. Des travaux publiés dans Nature en 2019 ont par exemple montré, avec l’enregistrement direct par des électrodes de 30.000 neurones de souris, que dans la planification d’une tâche visuelle simple plus de 60% du cerveau était impliqué ! »,
 relève le chercheur.
Roselyne Chauvin note quant à elle que cette découverte « ouvre des questions sur la façon dont le système se met en place et s’est spécialisé par rapport aux besoins moteurs d’une espèce à l’autre ».

« Vous souffrez d’apnée du sommeil ? Attention aux troubles cognitifs »

Date de publication : 27 avril 2023

Le Point

Johanna Amselem indique en effet dans Le Point que « selon une récente étude menée par des chercheurs du Royaume-Uni, d’Allemagne et d’Australie, l’apnée du sommeil pourrait (…) provoquer un déclin cognitif précoce, même chez des patients en bonne santé et non obèses », selon une étude parue dans Frontiers in Sleep.
La Dr Ivana Rosenzweig, neuropsychiatre à la tête du Sleep and Brain Plasticity Center au King’s College de Londres et autrice principale, précise : « Nous montrons un fonctionnement exécutif et une mémoire visuo-spatiale plus faibles et des déficits de vigilance, d’attention soutenue et de contrôle psychomoteur et des impulsions chez les hommes atteints d’AOS. La plupart de ces déficits étaient auparavant attribués à des comorbidités ».
Johanna Amselem explique que « cette étude a été menée auprès d’un groupe de 27 hommes âgés de 35 à 70 ans. Tous souffraient d’apnée du sommeil mais aucun n’avait de comorbidité ».
« Les patients atteints d’apnée du sommeil avaient une vigilance, un fonctionnement exécutif, une mémoire de reconnaissance visuelle à court terme et une reconnaissance sociale et émotionnelle plus faibles que le groupe de contrôle où les hommes ne souffraient pas de ce syndrome », 
relève la journaliste.
Les auteurs remarquent que « les patients atteints d’AOS léger ont obtenu de meilleurs résultats dans ces domaines que les patients atteints d’AOS sévère, mais moins bons que les témoins ».
Ils ajoutent que « les déficits les plus significatifs… ont été démontrés dans les tests qui évaluent à la fois la capacité d’appariement visuel simultané et la mémoire de reconnaissance visuelle à court terme pour les schémas non verbalisables, les tests de fonctionnement exécutif et le changement d’ensemble attentionnel, la vigilance et le fonctionnement psychomoteur, et enfin, dans la cognition sociale et la reconnaissance des émotions ».
Les auteurs notent que « l’AOS suffit à provoquer ces déficits cognitifs, que des études antérieures avaient attribués aux comorbidités les plus courantes de l’AOS, telles que l’hypertension systémique, les maladies cardiovasculaires et métaboliques et le diabète de type 2 ».
Johanna Amselem remarque enfin que « pour le moment, compliqué d’établir un lien clair entre l’apnée du sommeil et le déclin cognitif. (…) Les chercheurs suggèrent que les déficits cognitifs sont la conséquence d’une faible teneur intermittente en oxygène et à une teneur élevée en dioxyde de carbone dans le sang, à des modifications du flux sanguin vers le cerveau, à la fragmentation du sommeil et à la neuroinflammation de ces patients ».

« Le gouvernement réfléchit à « encourager » et « accompagner » le congé menstruel »

Date de publication : 28 avril 2023

Libération

Marlène Thomas remarque en effet dans Libération : « Le débat agite les milieux féministes depuis quelques années : faut-il ou non mettre en place un congé menstruel en France ? La Première ministre (…) a relancé la réflexion ».
« Interrogée sur une possible généralisation du congé menstruel, récemment votée en Espagne, Elisabeth Borne se montre prudente, sans doute consciente qu’elle avance sur un terrain glissant. Elle a commencé par insister sur la nécessité de «faire attention aux mots» car «quand on a des femmes qui tous les mois souffrent», comme dans le cas de l’endométriose (…), «on n’est pas en train de parler de congés». Un écho au lancement en janvier d’une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose, avec un programme de recherche doté de plusieurs millions d’euros »,
 remarque la journaliste.
Elle note que « selon un sondage Ifop publié en octobre 2022, 65% des femmes en activité salariée ont déjà été confrontées «à des difficultés liées à leurs règles au travail», 53% des salariées déclarant avoir des règles douloureuses et 35% déclarant que leurs douleurs menstruelles ont un impact négatif sur leur travail. Celles qui souffrent d’endométriose «ne doivent pas se résigner à avoir mal, il faut aller voir un médecin parce que ça peut être une maladie» et «dans ce cas-là, il y a des traitements et on peut avoir des arrêts de travail», a insisté Elisabeth Borne ».
Marlène Thomas observe qu’Elisabeth Borne « n’exclut pas la voie législative. «On est en train de regarder le dispositif», a fait valoir la Première ministre. (…) Sans surprise, les employeurs freinent des quatre fers. La Confédération des petites et moyennes entreprises craint une «désorganisation» et le Medef fait valoir qu’une telle mesure «renverrait l’image que les femmes ne peuvent pas occuper les mêmes postes que les hommes» ».
La journaliste relève qu’« un certain nombre de collectifs féministes (…) expriment les mêmes inquiétudes. Pour eux, le congé menstruel serait une fausse bonne idée, attrayante à première vue, mais risquant d’avoir des effets de bord délétères. Les militantes pointent un risque de discrimination supplémentaire notamment à l’embauche ou un renforcement des inégalités salariales ».

Revue de presse santé psy – mars 2023

« Mieux comprendre le suicide pour mieux le prévenir »

Date de publication : 6 mars 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe sur une page qu’« avec 25 personnes qui s’ôtent la vie chaque jour, le taux de suicide en France reste parmi les plus élevés d’Europe. La situation s’améliore néanmoins peu à peu depuis 2010 ».
Stéphany Gardier rappelle ainsi que « le suicide reste la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans (après les accidents de la route). Si la pandémie n’a pas conduit à une augmentation des décès par suicide, Santé publique France souligne que le contexte (inflation, crise énergétique, risque climatique, conflits…) continue de mettre à mal la santé mentale des Français et peut contribuer à augmenter le risque suicidaire ».
La journaliste relève qu‘« à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le suicide, en février dernier, le ministère de la Santé a ainsi rappelé que la prévention du suicide restait une priorité. Elle se heurte néanmoins souvent à une mauvaise connaissance de la crise suicidaire tant chez le grand public que parmi les soignants ».
Stéphany Gardier explique que « le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel sur lequel beaucoup reste encore à comprendre. […] Parmi les facteurs connus pour augmenter le risque suicidaire figurent les troubles psychiques, dont le plus fréquent est la dépression. Selon la littérature, 40% à 80% des tentatives de suicide sont directement liées à un épisode dépressif et le risque de suicide est 13 à 30 fois plus élevé chez les patients déprimés qu’en population générale ».
Monique Séguin, professeur au département de psychologie et psychoéducation de l’Université du Québec en Outaouais et chercheuse au sein du groupe McGill d’études sur le suicide à l’Institut Douglas, remarque que « certaines personnes ont été confrontées précocement à l’adversité et doivent faire face à des difficultés de longue date, mais il y a surtout beaucoup de personnes qui ont une vie stable et qui se retrouvent face à des événements en série. Leurs capacités d’adaptation peuvent alors s’épuiser et c’est le début de la vulnérabilité qui peut mener aux troubles psychiques puis parfois à la crise suicidaire ».
Elle poursuit : « Une partie de la prévention passe par une éducation à l’identification de nos propres émotions ainsi que par l’information des personnes dont on perçoit qu’elles sont en difficulté pour qu’elles mesurent l’importance de leurs symptômes ».
Stéphany Gardier note ainsi qu’« encore trop de personnes concernées par un épisode dépressif n’osent pas consulter ou n’arrivent malheureusement pas à trouver une prise en charge ».
La journaliste rappelle que « depuis 2021, la France s’est dotée d’un numéro vert, le 31 14, accessible 7 j/7 et 24 h/24. «C’est un outil important, près de 800 appels sont traités chaque jour», commente Nathalie Pauwels, aujourd’hui chargée du déploiement national du programme Papageno et qui a participé à la mise en place du dispositif. Elle reconnaît cependant que ni les réseaux sociaux ni les campagnes d’affichage ne sont efficaces pour faire connaître le 31 14 ».
La responsable observe : « Le suicide est un des tabous qui persistent dans notre société. On passe devant les affiches en se disant qu’on n’est pas concerné et rares sont ceux qui osent liker ou partager des messages de prévention sur le suicide ».

« Le « chemsex », sexe sous drogue, est aujourd’hui une question de santé publique »

Date de publication : 6 mars 2023

Le Monde

Nathalie Brafman se penche dans Le Monde sur « le phénomène du « chemsex » (prononcez « kemsex »), mis sous le feu des projecteurs avec l’affaire Palmade, [qui] a surgi à la fin des années 2010. Il s’est amplifié pendant la crise sanitaire et les différents confinements ».
La journaliste rappelle que « cette pratique consiste en la consommation de substances psychoactives dans le but d’avoir des rapports sexuels ».
Jean-Victor Blanc, psychiatre addictologue à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), indique que « cet usage ritualisé que l’on retrouve exclusivement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes [HSH] n’a rien à voir avec l’usage récréatif de produits comme l’alcool ou le cannabis… associé à la sexualité ».
Nathalie Brafman note que le médecin « a ouvert, il y a 5 ans, une consultation spécialisée en chemsex. Selon lui, entre 3% et 5% de la population consomme un psychotrope « récréatif » avant le sexe ».
La journaliste souligne que « si le phénomène a pris de l’ampleur, sa prévalence reste difficile à quantifier. En 2019, selon l’enquête sociologique Apaches (attentes et parcours liés au chemsex), réalisée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) pour la direction générale de la santé, de 13% à 14% des HSH avaient participé à une séance de chemsex au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre atteint 25% à 30% pour les utilisateurs d’applications de rencontres et entre 30% et 50% des patients suivis en maladies infectieuses. Des proportions qui en font un sujet de santé publique ».
Elle cite en outre Muriel Grégoire, psychiatre addictologue, « qui a suivi environ 80 patients en 2022, notamment au centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) d’Aix-en-Provence ».
La psychiatre remarque que « ces nouvelles drogues, les cathinones, qui augmentent la libido, sont des produits relativement puissants, mais c’est aussi le contexte dans lequel elles sont consommées qui oriente les effets ressentis. Elles sont parfois mélangées au GHB. Elles ont une composante dopaminergique et sérotoninergique. Plus elles sont dopaminergiques, plus le risque addictogène augmente. Lorsque l’on consomme tous les jours, on est dans l’addiction pure ».
Nathalie Brafman continue : « Infectieux, cardio-vasculaires, neurologiques ou encore psychiatriques, les médecins alertent sur les risques associés au chemsex. Il serait responsable d’une recrudescence d’infections sexuellement transmissibles. Le slam représente aussi un risque de transmission du virus de l’hépatite C ».
La journaliste conclut que « médecins et associations alertent sur le très faible nombre de structures pour accueillir ceux qui veulent consulter ».

« Alzheimer, maladies cérébrales : l’immunothérapie, le traitement plein de promesses »

Date de publication : 7 mars 2023

Le Parisien

Nicolas Berrod se penche dans Le Parisien sur l’immunothérapie, « qui révolutionne depuis des années le traitement du cancer, [et] pourrait agir contre bon nombre d’autres maladies. Dans l’arsenal de traitements contre le Covid préconisés lors de certaines phases de la pandémie, figuraient en effet les anticorps monoclonaux, qui sont une forme d’immunothérapie ».
Sandrine Sarrazin, chercheuse Inserm au centre d’immunologie de Marseille-Luminy (Bouches-du-Rhône), remarque ainsi que « toutes les pathologies pour lesquelles le système immunitaire est défaillant peuvent potentiellement être soignées par ce biais ».
Cyrille Cohen, président de l’association de recherche contre le cancer en Israël, ajoute : « On comprend peu à peu que le système immunitaire est impliqué dans différents types de maladies : infectieuses, auto-immunes, cérébrales… et même des troubles du sommeil ».
Nicolas Berrod explique qu’« en 2016, des chercheurs de l’Inserm avaient établi, par exemple, que l’interleukine-2 (IL-2), une molécule du système immunitaire, était «capable de contrôler l’inflammation dans les cellules du cerveau, en cause dans les maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer et de rétablir des fonctions cognitives altérées dans le modèle animal». Depuis, l’immunothérapie est également devenue une piste très prometteuse pour les malades de Parkinson ».
Le journaliste précise toutefois que « l’immunothérapie est un traitement assez lourd en pratique, puisqu’elle consiste généralement à recevoir des injections sous perfusion à l’hôpital pendant quelques heures. À terme, on pourrait espérer avaler un comprimé qui produirait les mêmes effets pour lutter contre certaines maladies ».
Il note ainsi qu’« une équipe israélo-portugaise a mis au point une molécule synthétique qui pourrait répliquer l’action des immunothérapies anti-cancer à base d’anticorps, d’après leur étude parue en juillet dernier dans le British Medical Journal. Des essais cliniques devront désormais confirmer – ou non – ces résultats en vie réelle ».

« Comment le LSD et les autres psychédéliques agissent sur le cerveau »

Date de publication : 8 mars 2023

Le Figaro

Delphine Chayet note dans Le Figaro que « longtemps tabou, le potentiel thérapeutique des psychédéliques suscite un regain d’intérêt. Aux États-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni, plusieurs essais cliniques sur ces substances interdites – LSD, champignons hallucinogènes, ayahuasca – ont documenté leurs effets positifs contre les symptômes dépressifs, l’addiction à l’alcool ou les troubles du stress post-traumatique ».
La journaliste explique que « leur action est différente de celle des antidépresseurs classiques : les bénéfices des psychédéliques, lorsqu’ils surviennent, apparaissent dès le lendemain de la première prise et durent dans le temps. Ces produits ont aussi pour point commun d’altérer l’état de conscience. Dans un cadre thérapeutique, ils doivent d’ailleurs être administrés en présence d’un soignant ».
Le Pr Luc Mallet, psychiatre à l’hôpital Henri Mondor de Créteil et chercheur en neurosciences, précise : « Nous avons encore beaucoup à apprendre sur les mécanismes biologiques spécifiques à ces psychotropes. On se demande notamment si les effets hallucinogènes sont nécessaires pour déclencher les bénéfices observés dans les études. Ou encore pourquoi l’effet est aussi rapide, alors qu’il faut attendre 2 semaines dans le cas des antidépresseurs agissant sur la sérotonine ».
Delphine Chayet relève qu’« une équipe de chercheurs de l’université de Californie a peut-être trouvé une serrure actionnée par les psychédéliques dans le cerveau. Dans une étude parue le 16 février dans la revue Science, ces scientifiques indiquent avoir identifié, en étudiant la région impliquée dans le contrôle des pensées notamment négatives (le cortex préfrontal), des récepteurs nichés à l’intérieur des cellules, dont l’activation serait à l’origine des phénomènes de plasticité cérébrale ».
La journaliste poursuit : « Les chercheurs observent un renforcement de la densité et du nombre d’«épines dendritiques», dont la fonction est de faire circuler le signal électrique, lorsque des récepteurs intracellulaires particuliers, appelés 5-HT2A, sont activés ».
Rémi Corne, ancien chercheur à l’université Paris Descartes, remarque ainsi : « Il est de plus en plus couramment admis qu’une telle croissance des circuits de transmission dans le cortex préfrontal joue un rôle antidépresseur. Ce phénomène de plasticité sous-tend probablement les effets thérapeutiques rapides et soutenus des psychédéliques ».
Delphine Chayet souligne toutefois que « le chemin vers une éventuelle application thérapeutique sera […] long. Pour le Pr Mallet, qui s’apprête à lancer un essai sur l’efficacité du LSD dans le traitement de l’alcoolisme sévère, «il est essentiel de mener des études intégrées combinant la recherche fondamentale et les études cliniques tant chez l’animal que chez l’homme» ».

« Fausses couches : vers un arrêt maladie sans carence et un suivi psychologique dès 2024 »

Date de publication : 9 mars 2023

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « le gouvernement instaure un arrêt maladie rémunéré sans jour de carence pour une femme ayant subi une fausse couche, à la différence d’un arrêt maladie classique. Cette «levée de la carence interviendra dès que possible et au plus tard» le 1er janvier 2024, a souligné le ministre de la Santé François Braun ».
Le journal précise qu’« adopté en première lecture dans la nuit de mercredi à jeudi, ce texte […] doit désormais être examiné au Sénat ».
Le quotidien relève que « le texte met en place par chaque Agence régionale de Santé, à compter de septembre 2024, un «parcours fausse couche qui associe des professionnels médicaux et psychologues hospitaliers et libéraux», afin que les femmes et leurs partenaires soient informés et orientés de manière systématique ».
Le Parisien ajoute que « la proposition de loi permet aussi aux sages-femmes, et plus seulement aux médecins, d’adresser directement leurs patientes ayant subi une fausse couche et leurs partenaires à un psychologue agréé par l’assurance maladie ».

« Cigarette, cannabis, alcool… Les jeunes n’ont jamais aussi peu consommé de drogues »

Date de publication : 10 mars 2023

Libération
Le Parisien

Charles Delouche-Bertolasi relaie dans Libération une enquête réalisée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) : « L’étude […] s’est intéressée aux consommations de 23.701 filles et garçons âgés de 17 ans en moyenne. Et les niveaux d’usage de drogues licite ou illicite n’ont jamais été aussi bas. Depuis la précédente enquête réalisée en 2017 par l’OFDT, tous les niveaux d’usage de drogue ont baissé ».
Le journaliste explique notamment qu’« en 2022, moins d’un jeune de 17 ans sur deux a déclaré avoir déjà fumé au moins une cigarette (…) au cours de sa vie (46,5%), contre 59% en 2017. Quelle que soit la fréquence de consommation considérée, le tabagisme a fortement baissé entre 2017 et 2022. […] En 2022, 15,6% des jeunes interrogés ont déclaré fumer quotidiennement contre 25,1% en 2017.
Stanislas Spilka, responsable du pôle enquêtes et analyses statistiques à l’OFDT, remarque que « cette baisse franche et nette, c’est du jamais-vu. Globalement on voit que le tabac chez les adolescents est aujourd’hui largement dénormalisé. Et 2014 a vu l’arrivée des premières générations qui n’ont connu que l’interdiction de ventes aux mineurs ».
Charles Delouche-Bertolasi remarque en outre « les jeunes fument toujours moins de cannabis. La baisse de son usage, amorcée depuis 2014, se confirme, quelle que soit la fréquence d’usage. L’expérience du premier joint fumé recule de près de 10 points par rapport à 2017 (29,9% en 2022 contre 39,1% en 2017). De même pour l’usage régulier – qui consiste en 10 consommations dans le dernier mois – et la consommation quotidienne, qui ont été divisés par deux entre 2017 et 2022 ».
Le journaliste observe que « les niveaux d’usages des drogues illicites marquent tous une baisse notable par rapport à 2017. Parmi ces substances psychoactives, la MDMA (ecstasy) reste ainsi le produit le plus consommé par les jeunes de 17 ans, avec une expérimentation (au moins une consommation au cours de la vie) de 2%. Elle est suivie par la cocaïne (hors cocaïne basée, connu sous le nom de crack) à 1,4% et les drogues hallucinogènes de type LSD ou kétamine qui se situent à 1% et 0,9% de public interrogé les ayant testées ».
« On note que 20% des jeunes interrogés n’ont jamais bu d’alcool. Ils étaient 5% il y a 20 ans », 
continue Charles Delouche-Bertolasi, qui s’interroge : « Comment expliquer cette baisse massive ? Pour Stanislas Spilka, l’impact de la pandémie de Covid-19 et des confinements successifs est indéniable ».
Le responsable note que « c’est la sociabilité qui favorise l’expérimentation. Lorsqu’on met des adolescents dans une situation d’île déserte, ce phénomène crée une telle parenthèse que finalement la situation devient le paroxysme d’une prévention : en isolant les adolescents, on s’aperçoit qu’ils n’expérimentent plus ni le cannabis ni le tabac ni l’alcool ».
Le Parisien titre pour sa part : « Addictions : les ados lâchent la cigarette, l’alcool et le cannabis ».
Le journal cite notamment William Lowenstein, addictologue et président de SOS Addictions, qui observe que « le tabac est en train de se ringardiser comme on l’espérait. Pour que cela continue, il faut arrêter le vapotage bashing, c’est le meilleur outil pour en sortir et aussi, contrairement à ce qu’on dit, pour ne pas y entrer ».
Le quotidien relève qu’« à l’hôpital Robert-Debré, la Dre Emmanuelle Peyret voit moins «de jeunes en ivresse pathologique arriver aux urgences» ». La responsable de l’unité d’addictologie du service de pédopsychiatrie de l’enfant et de l’adolescent déclare : « Durant les confinements, il y a eu moins de consommations possibles. Le problème, c’est qu’énormément de jeunes se sont rabattus sur les écrans, jeux vidéo et réseaux sociaux ».
Le Parisien note outre que « les jeunes lèvent moins le coude. Mais lorsque c’est le cas, ils ont tendance à en abuser ». Julien Morel d’Arleux, directeur de l’observatoire des drogues, indique qu’« un ado sur 5 qui ne boit qu’occasionnellement peut consommer plus de 5 verres en une seule soirée ! C’est un point de vigilance ».
« Et près de 14% dépassent ce seuil trois fois par mois », 
continue le journal. Le Dr Lowenstein réagit : « C’est énorme ! Cela signifie qu’un ado de 17 ans sur 10 prend une cuite tous les 10 jours ! Il y a urgence ! […] Les chiffres datent de 2022, or, on sortait de 2 ans de crise sanitaire et les fêtes n’avaient pas repris… J’aimerais savoir où l’on en est aujourd’hui ».

« « Dizaines de milliers d’enfants » sous psychotropes : le rapport choc sur la santé des 6-17 ans »

Date de publication : 13 mars 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui annonce que dans un rapport, « le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) fait état d’une augmentation inquiétante de la consommation et de la prescription de médicaments psychotropes chez les plus jeunes ».
Bérangère Lepetit note ainsi que « ce document très attendu de 190 pages sur le mal-être des jeunes de 6 à 17 ans […] dresse un constat alarmant : alors que les enfants en France sont soumis à davantage d’épisodes dépressifs ou de troubles de l’humeur, on leur administre trop souvent, et à hautes doses, des psychotropes modifiant leur activité psychique, leur comportement, leurs émotions ».
La journaliste précise que « ce phénomène de surmédication, qui les rend somnolents et parfois apathiques, ne concerne pas des cas isolés mais bien «des dizaines de milliers d’enfants» âgés de 6 à 17 ans auxquels les médecins prescrivent souvent des traitements réservés, en France, à l’adulte ».
Sylviane Giampino, présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, déclare ainsi qu’« il faudrait être aveugle aujourd’hui pour ne pas faire de la santé mentale des enfants et adolescents une priorité et une urgence des politiques de santé, comme le recommande l’OMS. Nous pensions qu’en France, on prescrivait traditionnellement peu aux enfants, mais les chiffres ont doublé entre 2010 et 2021, et cela nous place parmi les pays les plus prescripteurs d’Europe ».
Bérangère Lepetit souligne qu’« entre 2014 et 2021, […] le taux de consommation chez les moins de 20 ans a augmenté de + 48,54% pour les antipsychotiques, + 62,58% pour les antidépresseurs, + 78,07% pour les psychostimulants (type ritaline), + 155,48% pour les hypnotiques et sédatifs ».
La journaliste ajoute que « ces prescriptions se font souvent « hors AMM » (autorisation de mise sur le marché), car les médicaments appropriés n’existent pas pour les enfants : c’est le cas pour 40% des prescriptions en ville, et entre 67 et 94% de celles délivrées à l’hôpital ».
Sylviane Giampino précise : « Nous ne remettons pas en cause l’utilité de ces médicaments ni leur prescription, mais nous sommes pour un rééquilibrage et alertons sur le déficit des autres formes d’aide et de soin apportés, et cela est bien antérieur à la crise du Covid ».
Bérangère Lepetit explique qu’« il y a un « effet ciseau » selon le HCFEA : à mesure que l’on détecte mieux la souffrance psychique chez l’enfant, on les gave de médicaments et, dans le même temps, les moyens de la pédopsychiatrie, le nombre et l’accessibilité des places en institut et en hôpitaux ont tendance à diminuer ».
Marie-Rose Moro, pédopsychiatre à la Maison de Solenn, déclare que « les médicaments sont une solution de facilité. Ils ont souvent des effets secondaires importants et ne sont parfois pas très adaptés au cerveau de l’enfant. Avant de se poser la question de les prescrire, il faudrait donc pouvoir rencontrer le jeune patient plusieurs fois, régulièrement, pouvoir réaliser une évaluation globale. Mais la plupart du temps, le suivi et l’accompagnement ne sont pas suffisants ».
Amandine Buffière, présidente de la fédération des CMPP (centres médico-psycho-pédagogiques), indique pour sa part qu’« en France, peu de médicaments sont autorisés pour les enfants. Mais cela m’arrive d’en prescrire et certains de mes collègues le font aussi pour que l’enfant puisse retourner à l’école, continuer à mener un semblant de vie normale ».
Bérangère Lepetit s’interroge : « Pourquoi vont-ils si mal ? L’école et la pression croissante qui s’y exerce en serait en partie responsable ».
Christine Barois, pédopsychiatre, note ainsi que « les dépressions commencent à s’observer chez des enfants dès 10 ou 11 ans, c’est nouveau. Quand ils sont en CE2, on a l’impression qu’ils vont entrer en prépa ! Il y a davantage de phobies scolaires, de harcèlement ».
« Et que dire du poids des réseaux sociaux, du téléphone portable, et plus largement des angoisses environnementales, économiques et sanitaires… », 
continue la journaliste, qui remarque qu’il « reste aux pouvoirs publics à s’emparer enfin du sujet. Les assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant, annoncées au mois de juin, pourraient être une bonne occasion de s’y atteler ».

« Services psy : après le Covid, les étudiants trouvent porte close »

Date de publication : 15 mars 2023

Libération
Le Monde

Libération remarque en effet dans une enquête : « Centres médico-psychologiques à bout de souffle, services spécialisés saturés, prise en charge dégradée : face à l’explosion des problèmes de santé mentale chez les jeunes, praticiens et chercheurs dénoncent «une entreprise de démantèlement» du secteur public ».
Maxime Tallant souligne ainsi que « les derniers chiffres de Santé publique France, publiés le 14 février, sont sans appel. Ils montrent une hausse de 23% des idées suicidaires chez les 18-24 ans et de 58% chez les 11-17 ans entre 2018 et 2021 ».
Le journaliste cite notamment Renaud de Tournemire, responsable d’une unité d’hospitalisation pour les adolescents au Centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et vice-président de la Fédération française Anorexie Boulimie, qui indique : «On a un manque de lits en pédopsychiatrie et en pédiatrie pour adolescents, ça ne fait qu’augmenter depuis le Covid ».
« Une situation qui le pousse parfois à «mettre des adolescents du côté des nourrissons, dans des lieux qui ne sont ni adaptés ni sécurisés avec un personnel qui n’a pas l’habitude». Pour faire face, les hôpitaux tentent de rediriger au mieux les patients vers des structures de soins publics comme les centres médico-psychologiques (CMP), premier maillon de la chaîne de prise en charge »,
 note Maxime Tallant.
Tonya Tartour, sociologue spécialisée sur les questions de santé mentale et de psychiatrie, remarque quant à elle : « En CMP, la première question que l’on se pose, c’est où est-ce que l’on peut externaliser ? C’est leur seule manière de tenir. […] Depuis les années 80, il y a eu un délaissement de l’Etat libéral concernant la santé mentale. On voit que toutes les politiques publiques prises depuis des années conduisent à un délitement. On demande aux professionnels d’effectuer plus de tâches à coûts constants ».
Maxime Tallant note que « selon un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, publié en 2021, la capacité d’accueil en psychiatrie des hôpitaux publics a chuté de 13% entre 2013 et 2019, au profit du secteur privé ».
Le journaliste observe que pour Jérôme Maillé, secrétaire général adjoint du Syndicat national des psychologues (SNP), « les Assises de la santé mentale, clôturées en septembre 2021, «ont accouché d’une souris». Pour lui, le dispositif «Mon psy», mesure phare des Assises qui permet de bénéficier de remboursement de séances chez le psy, se résume «à de la poudre aux yeux». Le secrétaire général du SNP regrette par ailleurs une «une absence de création de postes et d’ouvertures de lits supplémentaires» alors que 54% des professionnels du secteur s’étaient prononcés pour une hausse des moyens humains et financiers lors d’une consultation ouverte ».
Le Monde titre pour sa part : « L’activité physique, une thérapeutique dans la dépression de l’enfant et de l’adolescent ».
Pascale Santi note ainsi : « On connaît les effets protecteurs de l’activité physique (AP) contre la dépression de l’adulte. Une étude de l’université de Hongkong publiée en février dans Jama Pediatrics montre son intérêt pour agir sur celle des enfants et des adolescents, qui peut s’exprimer par des passages à l’acte, des plaintes somatiques, de l’irritabilité… ».
« Des résultats bienvenus, d’autant plus que les troubles de l’humeur sont en hausse chez les jeunes, en raison notamment de l’épidémie de Covid-19, avec environ un adolescent sur six touché », 
souligne la journaliste.

« Consommation de psychotropes chez les 6-17 ans : un nouveau rapport jugé « trop alarmiste » »

Date de publication : 16 mars 2023

Le Monde

Minh Dréan revient dans Le Monde sur ce rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA), qui « alertait sur la hausse de la consommation de psychotropes (…) chez les enfants et les adolescents. Un document qui a soulevé de nombreuses critiques de pédopsychiatres ».
La journaliste observe qu’« OIivier Bonnot, pédopsychiatre au CHU de Nantes et secrétaire général du Collège national des universitaires de psychiatrie, dénonce un rapport «alarmiste», ainsi qu’une «diabolisation des médicaments et une stigmatisation pour les jeunes qui en prennent» ».
« Sylviane Giampino, psychologue et présidente du conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, assure, elle, que le rapport n’était pas à charge mais s’interrogeait sur «le déséquilibre entre les différents types d’aides» »,
 continue-t-elle. La psychologue remarque que « la consommation augmenterait 2 fois plus vite chez l’enfant que chez l’adulte ».
Minh Dréan note qu’elle « s’inquiète d’une prise de psychotropes «qui pourrait toucher 5% de la population pédiatrique». Une «donnée hypothétique» à mettre en perspective, «la prévalence des troubles mentaux chez les enfants étant autour de 20%», nuance Diane Purper-Ouakil, pédopsychiatre au CHU de Montpellier ».
La journaliste relève que « plusieurs facteurs concourent à cette hausse ». Olivier Bonnot déclare que « la souffrance psychologique et psychiatrique des jeunes augmente, donc, par un effet mécanique, les prescriptions aussi ».
Minh Dréan ajoute que « ce n’est que depuis une quinzaine d’années que les psychotropes sont prescrits aux enfants », Olivier Bonnot remarquant : « Lorsque l’on part de très peu et quand on se met à en prescrire un peu plus, les chiffres explosent ».
Diane Purper-Ouakil indique en outre que « les études montrant l’efficacité de certains médicaments sur les symptômes se sont aussi multipliées ». Minh Dréan précise : « C’est le cas notamment du méthylphénidate, médicament utilisé dans le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ».
Julie Rolling, pédopsychiatre au CHU de Strasbourg, indique quant à elle que « les médicaments font partie intégrante de l’arsenal thérapeutique mais ne doivent pas se substituer à une prise en charge globale du patient ».
Minh Dréan retient que « les spécialistes tirent la sonnette d’alarme sur un manque criant de moyens. En France, 597 pédopsychiatres sont recensés – entre 2010 et 2021, ce sont 420 professionnels qui sont partis à la retraite sans être remplacés –, des effectifs bien en deçà des besoins ».

« Sommeil des Français : la qualité se dégrade, des idées reçues persistent »

Date de publication : 17 mars 2023

La Croix

Léa Delaplace note en effet dans La Croix qu’« à l’occasion de la Journée du sommeil […], une enquête commandée par l’Institut national du sommeil et de la vigilance confirme une détérioration de la qualité de sommeil des Français. Les premiers concernés adoptent plusieurs comportements pour mieux dormir, non sans idées reçues ».
La journaliste retient que les Français « sont près de 6 sur 10 à connaître des difficultés de sommeil : réveils nocturnes, insomnies, terreurs. En 2021, ils étaient 4 sur 10. 75% d’entre eux cherchent à remédier à ces troubles en adoptant de nouvelles habitudes. Mais toutes ne sont pas bénéfiques ».
Le Dr Isabelle Poirot, spécialiste des troubles du sommeil au CHRU de Lille, note ainsi que « les patients sont plutôt éduqués et ont quelques connaissances sur ce qui influe sur le sommeil. Mais toutes les croyances qui sont appliquées ne sont pas forcément correctes ».
« Parmi ces faux remèdes : la consommation d’alcool en soirée. 16% des Français croient que cela aide à dormir »,
 remarque Léa Delaplace. Le Dr Poirot explique qu’« on a l’impression de s’endormir plus vite, sauf qu’en vérité l’alcool allège et fragmente le sommeil ».
La psychiatre poursuit : « Faire du sport, c’est oui. Mais pas intensément le soir. Cela impacte directement la régulation de la température corporelle ».
Léa Delaplace note que « d’autres font le choix d’aller au lit précocement, 2 heures plus tôt que l’heure habituelle, quitte à rester au lit même si le marchand de sable ne passe pas. «C’est surtout un gage d’appréhension», regrette le Dr Poirot, qui invite à se lever et à se détendre autrement. Ils sont ensuite 46% à s’octroyer des grasses matinées le week-end, pour récupérer leur manque de sommeil de la semaine ». 
La praticienne déclare qu’« il vaut mieux préférer la sieste, c’est une meilleure récupération ».
La journaliste observe en outre que « les Français savent se coucher à une heure régulière, mais rechignent à se lever à la même heure du lundi au dimanche. Pourtant, c’est bien ce que préconise l’INSV. Avoir un rythme régulier, le matin comme le soir, en écoutant son horloge biologique. Car c’est elle qui devrait guider nos besoins et nos moments de repos en fonction, notamment, de la lumière ».
Le Pr Jean-Arthur Micoulaud, médecin du sommeil au CHU de Bordeaux, souligne qu’« il faut suivre son propre rythme, s’écouter, même si pour cela l’environnement, dont la société, doit nous le permettre ».

« Ces parents prescripteurs d’anxiolytiques à leurs enfants »

Date de publication : 17 mars 2023

Le Figaro

Jeanne Sénéchal constate dans Le Figaro que « la consommation d’hypnotiques et d’anxiolytiques a augmenté de 35% entre 2010 et 2021, d’après l’Assurance maladie. Cela ne prend pas en compte les médicaments donnés par les parents sans prescription, un phénomène dangereux ».
La journaliste se penche ainsi sur ces « parents qui donnent leurs propres médicaments, sans prescription, à leur enfant : du Lexomil ou de l’Atarax pour calmer les angoisses, des somnifères pour dormir la nuit… ».
Le Pr Daniel Marcelli, pédopsychiatre et professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, observe : « Comme si l’être humain avait constamment besoin de réguler le fonctionnement de son système nerveux central. Soit en l’excitant, soit en l’endormant, soit en l’apaisant ou en l’enfermant. Si ce phénomène n’est ni récent ni quantifiable, il n’en reste pas [moins] dangereux pour l’enfant ».
Jeanne Sénéchal souligne ainsi : « Que cela soit systématique ou occasionnel, donner un anxiolytique à son enfant, sans qu’il en ait réellement besoin ou sans que cela soit encadré, donne un mauvais signal à ce dernier ».
Le Pr Marcelli précise : « Celui qu’il n’est pas capable de s’en sortir avec ses propres moyens. En donnant à l’enfant un anxiolytique dès qu’il a un malaise, on lui fait comprendre qu’il n’a pas les ressources pour surmonter son mal-être et qu’il trouvera les solutions dans un produit extérieur ».
La journaliste indique que « si le médicament est pris sur le long terme, il peut aussi provoquer une accoutumance, voire une dépendance ».Le pédopsychiatre remarque que « ça met l’enfant ou l’adolescent dans une situation ou au moindre problème il risquera d’être dans l’addiction. Dans le recours permanent à la molécule miracle qui va tout supprimer ».
Jeanne Sénéchal ajoute que « la prise de ces médicaments peut créer également des problèmes neurophysiologiques », le Pr Marcelli indiquant : « Somnolence dans la journée, diminution de la perte d’attention, peuvent entraver le développement neuro-cérébral extrêmement important de l’enfant et de l’adolescent ».
La journaliste souligne que « des cas médicaux identifiés nécessitent un traitement : des adolescents manifestant des troubles de schizophrénie bien étiquetés ou encore ceux atteints d’une dépression mélancolique gravissime ».
« Mais d’une angoisse légère à la dépression mélancolique, il y a un monde de malaises qui ne nécessitent pas nécessairement de médicament. La communication et la patience sont la clef », 
poursuit-elle.

« Confinement : pourquoi on a déjà tout oublié »

Date de publication : 17 mars 2023

Libération

Nicolas Celnik rappelle dans Libération que « le 16 mars 2020, la France se confinait. Nous sommes nombreux à avoir oublié les détails de cette période, parce que notre mémoire n’est pas faite pour enregistrer ce type d’événement ».
Le journaliste note ainsi qu’« essayer de se replonger avec plus de précision dans cet étrange printemps conduit beaucoup d’entre nous à réaliser que ces jours que l’on qualifiait alors d’«historiques» se sont déjà délités dans notre mémoire. Des chercheurs vont jusqu’à parler de «désordre temporel lié au Covid», qui nous coincerait entre un «passé effroyable et un futur repoussé» ».
Il observe : « Pour qui s’intéresse au fonctionnement de la mémoire, le confinement a été une occasion inespérée de mener des expériences grandeur nature. Des chercheurs de l’université de Pelotas, au Brésil, ont ainsi demandé à 2321 personnes d’évaluer l’état de leur mémoire depuis la pandémie : un tiers des adultes interrogés estime avoir des souvenirs moins précis après la mise en place des mesures de distanciation sociale ».
« D’autres, de l’université d’Otago en Nouvelle-Zélande, observent que la performance de la mémoire augmente pendant les 30 premiers jours de confinement, puis décroît significativement. Si ces études confirment le lien que faisaient déjà les Nations unies entre la baisse d’activité physique et le déclin des capacités mémorielles, le cadre du confinement a quelques particularités qui pourraient expliquer pourquoi l’on s’en souvient si mal », relève Nicolas Celnik.

Le journaliste indique que « plus le moral est bas, moins la mémoire fonctionne ». Il cite notamment Suparna Rajaram, professeure de psychologie, chercheuse à l’université de Stony Brook (New York) : « La mémoire reconstitue tous ces souvenirs comme faisant partie d’un seul et même grand événement ».
Nicolas Celnik précise : « La chercheuse s’appuie sur deux mécanismes bien connus de constitution de la mémoire : le biais de récence et le biais de primauté, c’est-à-dire le fait que l’on mémorise mieux les éléments se trouvant au tout début ou à la toute fin d’une série, qu’il s’agisse d’une suite de nombres ou de jours. On aura donc tendance à se souvenir du premier jour du confinement, et du dernier, puis d’une vague et longue continuité entre ces deux bornes ».
« En temps ordinaire, la mémoire peut s’ancrer à des points de repère : une fête d’anniversaire qu’on organise soigneusement, un film dont on attend impatiemment la sortie au cinéma, la finale de la Ligue des Champions… Tous ces marqueurs ont disparu pendant le confinement, pour laisser place à une routine quotidienne plus ou moins infernale »,
 remarque le journaliste.
Il relève qu’« en décrétant le 17 mars, anniversaire du premier confinement, comme journée nationale de célébration des soignants, la Fédération hospitalière de France espère bien profiter de la commémoration pour maintenir, a minima, la mémoire des applaudissements de 20 heures ».

« Le delirium postopératoire est associé à un déclin cognitif accéléré »

Date de publication : 21 mars 2023

Le Monde

Sandrine Cabut observe dans Le Monde : « Troubles de la conscience et du comportement, confusion, voire idées délirantes, hallucinations… Le delirium postopératoire (POD) est une complication fréquente dans les jours qui suivent une intervention chirurgicale, en particulier chez les personnes âgées ».
La journaliste relève que « cet état passager […] pourrait avoir des conséquences à plus long terme au niveau cérébral. Une étude américaine, publiée le 20 mars dans la revue JAMA Internal Medicine, montre ainsi que la survenue d’un delirium postopératoire est associée à une accélération de 40% du déclin cognitif dans les 6 ans qui suivent ».
Sandrine Cabut explique que « les chercheurs ont inclus 560 patients (dont 58% de femmes), participant à une cohorte de sujets âgés de plus de 70 ans suivis après une intervention chirurgicale. Avant l’opération et régulièrement après, ces volontaires ont été soumis à une évaluation cognitive complète par une batterie de 11 tests neuropsychologiques. Parmi eux, 134 (soit 24%) ont présenté un delirium postopératoire ».
La journaliste indique que « dans ce groupe, l’âge moyen est légèrement plus élevé que dans celui des patients qui n’ont pas subi cette complication, et leurs scores cognitifs de départ sont un peu inférieurs ».
Elle constate que « c’est surtout au fil du temps que l’écart se creuse, avec 6 ans de recul : la pente de déclin cognitif est beaucoup plus raide dans le groupe qui a eu un delirium postopératoire que dans l’autre, «de l’ordre de celle observée chez les personnes qui ont eu un diagnostic de maladie d’Alzheimer dans les 5 ans», soulignent les auteurs ».
Sandrine Cabut retient ainsi : « Ils considèrent que le déclin cognitif est accéléré de 40% après POD, par rapport au vieillissement normal. D’autres études seront nécessaires pour savoir si l’association est causale ou si le delirium est surtout un marqueur de susceptibilité. En attendant, ces résultats plaident pour la prévention de cette complication chez les sujets âgés devant subir une intervention chirurgicale ».
La journaliste note que « dans sa dernière mise à jour sur le sujet, datée de novembre 2019, la Société française d’anesthésie et de réanimation liste les mesures de prévention et de prise en charge du POD ». Le Dr Franck Verdonk écrit ainsi qu’« en cas de développement d’un delirium, la prise en charge immédiate des facteurs étiologiques et des symptômes a un impact majeur sur la réduction de sa durée et de ses conséquences ».
Il souligne toutefois : « Bien que de nombreuses études aient documenté les conséquences cliniques et économiques du POD, des interventions systématiques visant à en réduire l’incidence et la durée sont rarement mises en œuvre ».

« La Cour des comptes au chevet de la pédopsychiatrie »

Date de publication : 22 mars 2023

Libération
La Croix

Nathalie Raulin note en effet dans Libération que « l’offre de soin de pédopsychiatrie est «inadaptée» aux besoins d’une jeunesse sortie affectée de la crise du Covid. Dans un rapport étoffé rendu public ce mardi, la Cour des comptes ne mâche pas ses mots ».
Pierre Moscovici, son président, souligne que « remédier aux faiblesses de l’organisation de soins de pédopsychiatrie, aux carences de la politique de prévention et à une gouvernance des politiques de santé peu efficiente est un enjeu prégnant de santé publique ».
La journaliste constate que « sur 1,6 million d’enfants et d’adolescents souffrant de troubles psychiques, seuls 750.000 à 850.000 bénéficient actuellement de soins prodigués en pédopsychiatrie par les professionnels spécialisés (…). La faute à l’inégale répartition de l’offre de soins sur le territoire ».
Nathalie Raulin explique qu’« avec 360.000 jeunes accueillis en 2021, les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles (CMP-IJ) se concentrent dans les départements urbains et denses : on en compte 56 dans le Rhône mais seulement 3 en Haute-Loire. Or cette disparité n’est pas compensée par une offre d’hospitalisation en pédopsychiatrie plus importante : en 2021, huit départements ne disposaient toujours d’aucun lit d’hospitalisation réservé aux moins de 18 ans ».
La journaliste ajoute que « pour la Cour, il y a plus préoccupant encore : les enfants pris en charge ne sont pas forcément ceux qui devraient l’être en priorité ».
Cette dernière indique que « dans l’état actuel de l’organisation des soins, et en particulier dans les CMP-IJ, une partie des jeunes patients suivis ne souffrent que de troubles légers, au détriment de la prise en charge rapide d’enfants souffrant de troubles plus sévères ».
Nathalie Raulin note en effet que « le nombre de pédopsychiatres exerçant en libéral ayant fortement diminué (…), les familles en détresse se tournent vers les CMP-IJ pour obtenir conseils et évaluation de leurs enfants ».
Pierre Moscovici note que « submergées par les demandes, ces structures publiques s’engorgent et ne sont plus en mesure de prendre en charge les cas les plus sévères ».
La journaliste continue : « Non suivis, les enfants en crise atterrissent de plus en plus fréquemment aux urgences hospitalières. […] Or, quand ils sont hospitalisés, les mineurs ne le sont souvent pas dans un service adapté : les lits en pédopsychiatrie étant contingentés et saturés (…), ils sont orientés le plus souvent vers des services de pédiatrie ou vers des services pour adultes ».
Nathalie Raulin conclut que « pour [la Cour], il faut impérativement remettre de l’ordre dans des parcours de soins chaotiques. Cela passe […] par un renforcement de la formation des médecins généralistes et des pédiatres dans le dépistage des troubles psychiques infanto-juvénile mais aussi dans l’information et l’orientation des patients et de leur famille ».
« Elle suggère en outre de confier l’accueil de première ligne et la primo évaluation des patients à d’autres types de structures, comme les «maisons de l’enfance et des familles» (…) aujourd’hui en cours d’expérimentation », 
relève la journaliste.
La Croix titre de son côté : « Santé mentale des enfants : la Cour des comptes appelle à «revitaliser» la pédopsychiatrie ».
Jeanne Ferney remarque ainsi que « l’offre de soins en pédopsychiatrie n’est pas à la hauteur, selon la Cour des comptes. […] La juridiction appelle à «revitaliser la pédopsychiatrie», aujourd’hui caractérisée par «une offre peu adaptée, des parcours de soins peu lisibles et une gouvernance peu efficiente», selon Pierre Moscovici ».
La journaliste note aussi que « cette situation résulte en partie du «virage ambulatoire» entamé il y a une dizaine d’années par la France, soit le transfert de soins traditionnellement faits à l’hôpital vers des professionnels libéraux ou des structures comme les centres médico-psychologiques infanto-juvéniles. […] Les CMP-IJ, devenus la principale porte d’entrée vers des soins psychiques, sont engorgés, et les familles ne savent plus vers qui se tourner ».
Jeanne Ferney indique que « la Cour des comptes préconise, dans ces territoires en tension, d’augmenter le nombre de lits d’hospitalisation, après une évaluation précise des besoins par les agences régionales de santé ».
« La juridiction formule plusieurs autres recommandations, lesquelles pourraient être mises en œuvre à moyens constants. […] D’abord, la mise au point d’un état des lieux exhaustif de la situation épidémiologique des troubles psychiques des enfants en France, à actualiser tous les 10 ans au moins, afin d’évaluer plus précisément les besoins. Ensuite, l’amélioration de la formation des généralistes et pédiatres au dépistage des troubles psychiques 
», poursuit Jeanne Ferney.

« La misophonie, quand les petits bruits du quotidien gâchent la vie »

Date de publication : 24 mars 2023

Le Figaro

Delphine Chayet évoque dans Le Figaro la misophonie, « littéralement, la haine des sons », qui « peut gâcher la vie ».
La journaliste explique que « ce trouble, identifié et nommé il y a moins de 15 ans par un scientifique américain, se caractérise par une réponse émotionnelle disproportionnée à des bruits du quotidien – le plus souvent d’origine humaine ».
« Il n’est pas encore très connu en France mais toucherait, selon une étude publiée le 22 mars dans la revue Plos One, 18% des Britanniques, sans différence entre hommes et femmes, au point de représenter un «fardeau important» dans leur vie »,
 note-t-elle.
Delphine Chayet relève ainsi que « les chercheurs (King’s College de Londres) ont recruté 900 personnes représentatives de la population avant de leur faire passer des questionnaires et des entretiens avec des cliniciens spécialistes de la misophonie. Seuls 13% des participants connaissaient le terme ».
« Une longue liste de sons déclencheurs leur a été soumise : raclements de gorge, toux répétée, reniflements, mastication, bruits d’ongles sur la table, de touches de clavier, bâillements, ronflements, aboiements de chien, cris de bébés, craquements des articulations, emploi de certains mots ou accents, etc. », 
précise la journaliste.
Le Pr Cédric Lemogne, chef du service de psychiatrie de l’adulte à l’Hôtel-Dieu (Paris), observe que « grâce à une analyse statistique, les auteurs ont par ailleurs identifié différentes dimensions résumant l’expérience de la misophonie et permettant de mesurer sa sévérité. On retrouve notamment l’hostilité envers les personnes à l’origine du bruit, le sentiment de culpabilité, l’évitement des situations redoutées, les accès de colère ou de panique… ».
Delphine Chayet retient que « l’étude met ainsi en lumière l’amplitude des émotions ressenties (de la simple irritabilité à la rage, parfois avec pulsions agressives), et la gradation des conséquences sur le quotidien des personnes concernées. S’ils observent que «la misophonie est une affection relativement courante», les auteurs appellent à des recherches supplémentaires pour déterminer le seuil à partir duquel ces difficultés peuvent être considérées comme pathologiques ».
La journaliste indique que « l’origine de la misophonie est encore débattue. Arnaud Norena, chercheur CNRS au laboratoire de neurosciences cognitives d’Aix-Marseille, précise qu’elle n’est pas due à un dysfonctionnement du système auditif. (…) La misophonie s’apparenterait plutôt à une phobie – si ce n’est que l’émotion prédominante n’est pas la peur, mais la colère ».
Elle note que « les rares cliniciens connaissant aujourd’hui ce trouble proposent à leurs patients des thérapies cognitives et comportementales (TCC) avec l’objectif de les réacclimater petit à petit aux bruits haïs ».

« Les aliments gras et sucrés changent le cerveau… pour nous pousser à en manger plus »

Date de publication : 29 mars 2023

Le Monde

Pascale Santi rappelle dans Le Monde que « les études ont montré depuis longtemps qu’une alimentation trop sucrée et trop grasse est suspectée de favoriser les troubles métaboliques, l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, etc. ».
La journaliste fait savoir que « la nourriture a aussi de nombreux effets sur le cerveau. Les équipes de Dana Small, de l’école de médecine de l’université Yale (New Haven, Etats-Unis), et celle de Marc Tittgemeyer, de l’Institut Max Planck pour la recherche sur le métabolisme à Cologne, se sont penchées sur les façons dont les aliments trop riches peuvent le façonner ».
Pascale Santi explique ainsi qu’« une étude publiée le 22 mars dans la revue Cell Metabolism suggère que manger des aliments gras et sucrés, même en petite quantité et sur une courte période, agit sur notre activité cérébrale et modifie nos préférences pour ces mêmes aliments ».
Elle indique que « les chercheurs ont réparti les 49 volontaires – sans pathologie et de poids normal – en deux groupes. Le premier a mangé un yaourt riche en matières grasses et en sucre deux fois par jour pendant 8 semaines, puis un biscuit Granola ou équivalent, en plus de son alimentation normale. L’autre groupe a pris sur une période identique un yaourt avec le même nombre de calories, mais faible en gras et en sucre. Leur activité cérébrale a été mesurée avant et pendant les 8 semaines ».
La journaliste note qu’ensuite, « il a été demandé aux deux groupes de goûter et évaluer des desserts sucrés plus ou moins denses en matières grasses et des jus de pomme plus ou moins sucrés. Les membres du groupe ayant mangé les yaourts plus riches en matières grasses et en sucre ont déclaré ne plus apprécier le dessert pauvre en gras, ni le jus de pomme faiblement sucré, ce qui a permis de montrer que la préférence pour un aliment faiblement gras ou sucré était altérée ».
Serge Luquet, directeur de recherche au CNRS, observe qu’« en combinant des approches d’imagerie de l’activité du cerveau avec des tests comportementaux, les auteurs ont démontré que l’exposition répétée au yaourt gras et sucré modifiait la manière dont les structures dites “du circuit de la récompense” géraient une information ».
Le chercheur souligne ainsi qu’« une exposition, même faible, à plus de produits gras et sucrés diminue l’appétence pour une nourriture moins grasse et sucrée et change la manière dont les structures de la récompense répondent aux signaux alimentaires ou exécutent certaines tâches ».
Pascale Santi explique que « le système dopaminergique, c’est-à-dire la région du cerveau responsable de la motivation et de la récompense, était ici particulièrement activé chez les personnes ayant mangé une nourriture plus grasse et plus sucrée. Autrement dit, le cerveau apprend inconsciemment à préférer les aliments gras et sucrés ».
La journaliste remarque qu’« il reste à comprendre les mécanismes par lesquels la nourriture affecte notre cerveau. En effet, au cours des 8 semaines de test, les personnes du premier groupe n’ont pas pris plus de poids que celles du groupe témoin, et leurs valeurs sanguines, telles que la glycémie ou le cholestérol, n’ont pas varié ».
« Les chercheurs formulent l’hypothèse que leur préférence pour les aliments sucrés et gras va perdurer, ce qui va augmenter le risque de suralimentation et donc de prise de poids et de dysfonctionnement métabolique »,
 poursuit-elle.
Ils écrivent que « la modification de l’environnement alimentaire et la réduction de la disponibilité des aliments gras et sucrés à forte densité énergétique sont essentielles pour lutter contre la pandémie d’obésité ».

« Quand chiens et chats sont les bienvenus à l’hôpital »

Date de publication : 29 mars 2023

Le Figaro
Le Parisien

Soline Roy constate en effet dans Le Figaro : « Un chien de médiation à Curie, les animaux de compagnie des patients accueillis en réanimation ou en soins palliatifs… Alors qu’elles n’y ont longtemps pas eu droit de cité, nos amies les bêtes commencent à entrer à l’hôpital ».
La journaliste relève en effet que « le code de la santé publique est limpide : «Les animaux domestiques, à l’exception des chiens guides d’aveugles, ne peuvent être introduits dans l’enceinte de l’hôpital.» Une règle étendue à tous les établissements de soin, à l’exception des Ehpad depuis une circulaire du ministère de la Santé en 1986 ».
« Quelques services de soins palliatifs ont aussi franchi le pas. Il y a bien sûr l’étonnant exemple du cheval Peyo, visiteur de patients en fin de vie au CH de Calais. Mais certains services acceptent aussi la visite des animaux de compagnie des patients », 
continue Soline Roy.
Elle note que « le reste de l’hôpital aussi est en train de changer. En témoigne la nouvelle recrue de l’Institut Curie à Paris : Snoopy, chien de médiation. Le jeune setter anglais embauché à plein temps apprend à approcher les patients lorsque ceux-ci l’y invitent, à toucher leurs mains de sa truffe, à poser ses pattes sur le rebord du lit, mais pas sur le malade… ».
Isabelle Fromantin, infirmière et responsable de l’unité recherche plaies et cicatrisation à l’Institut Curie (Paris), qui coordonne le programme Kdog, explique qu’« il s’agit d’apporter un peu de légèreté et de bonheur dans un lieu anxiogène, pour les patients comme pour les soignants. Snoopy ne juge pas les gens, se fiche qu’ils soient malades, il permet à certains patients de se souvenir de moments de bonheur et d’interagir avec les soignants ou leurs proches sur un autre sujet que le cancer ».
Soline Roy relève que « du côté des équipes, l’animal semble adopté, et une étude va mesurer l’apport du chien pour la qualité de vie au travail ».
La journaliste note ainsi que « l’un des principaux obstacles à la présence des animaux à l’hôpital a longtemps été l’hygiène. Mais «des études menées notamment aux États-Unis ont montré une absence d’élévation du risque», explique Isabelle Fromantin ».
La Dr Agnès Lasheras, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU de Bordeaux, indique que « c’est une affaire de balance bénéfices-risques, comme tous les choix que l’on fait. On ne le proposera pas à un patient immunodéprimé, par exemple. Mais, pour certains malades, le bénéfice peut être très fort ».
Soline Roy ajoute que « peu d’études ont pu véritablement mesurer le bénéfice de la présence d’animaux auprès des patients, mais ils sont incontestables, estime le personnel hospitalier ».
Le Dr Benjamin Clouzeau, réanimateur à Bordeaux, remarque ainsi : « Il suffit d’assister à une rencontre une fois. Il y a une vraie émotion, pour les patients comme pour les soignants ».
Florence Méréo livre également dans Le Parisien un reportage sur « Dr Snoopy » : « Pelage noir et blanc, cette truffe humide est la nouvelle recrue très remarquée de l’Institut parisien Curie. (…) C’est la première fois en France qu’un hôpital intègre, à plein temps, un chien dans ses unités de soin ».
Marguerite Nicodème, infirmière en pratique avancée, indique que « sa mission est de détendre les patients, de leur rendre visite, de créer du lien entre les soignants aussi ».
La journaliste précise que Snoopy « n’a pas été choisi au hasard. Adopté à la SPA de Pornic (Loire-Atlantique), il répondait à tous les critères fixés par les soignants : taille moyenne, oreilles tombantes pour ne pas effrayer, doux, empathique, pas trop fou-fou et prenant son rôle au sérieux. Pour l’instant, il œuvre auprès des adultes, débute juste auprès des adolescents et sera bientôt prêt à épauler les enfants malades ».
Florence Méréo continue : « Faire des animaux des alliés du soin, l’idée fait son bonhomme de chemin. À Bordeaux, le CHU vient d’autoriser leur venue dans le service de réanimation ».
Le Dr Benjamin Clouzeau précise : « Les chiens, les chats de compagnie des patients peuvent leur rendre visite quand ils se réveillent. Ça n’a l’air de rien mais pour eux, c’est un élément extrêmement rassurant ».
Isabelle Fromantin note pour sa part que « cela crée des interactions entre soignants, qui se parlent autour du chien, créant ainsi des ponts entre la recherche et le soin direct. On sent que quelque chose de positif se passe ».

« Trois fois plus d’intoxications à la cocaïne ces dix dernières années »

Date de publication : 29 mars 2023

Le Figaro
La Croix

Le Figaro relève en effet que « la cocaïne se banalise en France. En début de semaine, Santé publique France a alerté sur la forte hausse de la consommation et des intoxications depuis plusieurs années. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a dénombré 23.335 passages aux urgences en lien avec la cocaïne entre 2010 et 2022, un chiffre qui a triplé en l’espace d’une décennie ».
Le journal précise que « les passages aux urgences touchent en priorité des hommes (75%) et de jeunes adultes, ce qui correspond au profil des consommateurs. Les patients sont admis principalement pour intoxication (65%), dépendance (13%) ou sevrage (7,5%). L’évolution est plus marquée chez les femmes (de 4,5 à 12,6 pour 100.000 passages, contre 12 à 29,2 pour les hommes) ».
« En 2019, la cocaïne était en cause dans 12% des passages aux urgences liés à l’usage de drogues contre 7% en 2015, selon les données du réseau Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (Oscour) »,
 continue Le Figaro.
Le quotidien ajoute que « l’augmentation des intoxications peut s’expliquer de plusieurs manières : d’abord, du fait de la circulation depuis une dizaine d’années d’une cocaïne dont la teneur en principe actif a augmenté. Ensuite, en raison de l’émergence de nouveaux produits de synthèse plus puissants et plus toxiques que la molécule dont ils imitent les effets. Enfin, certains usages peuvent augmenter les risques, comme la polyconsommation avec de l’alcool ».
Le Figaro souligne que « l’enquête de l’OFDT démontre que la cocaïne a gagné en notoriété et s’est banalisée dans toutes les catégories sociales. Si son usage était plus important chez les chômeurs que chez les actifs dans les années 2000, il a augmenté chez ces derniers et concerne désormais tous les groupes professionnels. Ainsi que les femmes : en 2000, elles étaient 18% parmi les usagers de 18 à 64 ans, contre 28% en 2018, soit 10 points de plus ».
Le Pr Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie, réagit : « Ce rapport est assez inquiétant et devrait faire l’objet de mesures. Les mesures de répression existent. Un plan ou une action gouvernementale concertée est nécessaire avec comme pilote le ministre de la Santé ».
La Croix constate également que « la consommation (de cocaïne) augmente et se banalise ».
Le journal remarque que « cette drogue attire de nouveaux profils d’usagers alors que son image se banalise et que sa dangerosité tend à être moins perçue. Avec 600.000 usagers, ce serait la deuxième drogue illicite la plus consommée après le cannabis ».

« Consentement, précautions, « débriefing »… Les recommandations du comité d’éthique face aux violences gynécologiques »

Date de publication : 30 mars 2023

Libération
Le Monde

Apolline Le Romanser indique dans Libération que « faisant suite à la saisie de la Première ministre, Élisabeth Borne, en juillet dernier à la suite l’ouverture d’une enquête visant la secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulou, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu public (…) son avis sur le «consentement et le respect de la personne dans la pratique des examens gynécologiques et touchant à l’intimité» ».
La journaliste explique ainsi que « le groupe de travail a (…) auditionné une trentaine de personnes (professionnels de santé, associations de patients et d’usagers, doyens et internes…). 38 pages d’avis et recommandations en ont résulté. Le rapport permet à la fois de reconnaître la réalité des violences dénoncées par les patientes et patients, et proposer des pistes d’amélioration dans leur prise en charge et relation avec les soignants ».
Apolline Le Romanser souligne que « la question centrale de cet avis 142 est celle du consentement du ou de la patiente lors des examens gynécologiques ou touchant à l’intimité. (…) Ils «nécessitent une écoute et une considération de ce que les patientes et patients ressentent et expriment, une prise en compte de la pudeur et du besoin d’intimité, et une attention à la douleur ou à l’inconfort que l’examen peut éventuellement occasionner, qu’ils soient exprimés ou non». Le CCNE rappelle que le refus d’un examen «doit être pris en considération» ».
La journaliste ajoute que « l’instance appelle les professionnels à s’assurer du consentement répété et maintenu des patients. Il «ne doit plus être tacite ou présumé, mais explicite et différencié pour chaque examen pratiqué durant une consultation». Ce qui revient à demander explicitement au patient s’il ou elle accepte chaque acte médical. Sans pour autant instaurer un recueil écrit, jugé non pertinent ».
Apolline Le Romanser note que le CCNE « insiste (…) sur des «précautions supplémentaires» à prendre dans la prise en charge d’un ou une patiente «en situation particulière de vulnérabilité». Autrement dit, «les mineurs et mineures, les personnes en situation de handicap, de détresse psychique ou de fragilité cognitive et les victimes de violences.» Il souligne aussi la possibilité de mettre en place un «débriefing» après la consultation, sur le ressenti de la patiente et la nécessité des actes du médecin ».
Elle relève que « le groupe de travail a aussi questionné la présence des étudiants en médecine lors des examens : sans la remettre en cause, il préconise une attention particulière des praticiens titulaires «lorsque des élèves ou des étudiants réalisent ou assistent à des examens» ».
Apolline Le Romanser rappelle que « depuis plusieurs années, les témoignages et signalement de violences gynécologiques et obstétricales se multiplient. Certains groupes de défense des droits affirment que les patientes se voient fréquemment refuser le consentement éclairé, sont soumises à des comportements grossiers et dégradants par le personnel médical et même à des pratiques dangereuses. Des gynécologues de renom ont été mis en cause pour violences voire viol ».
« L’instance se montre donc inquiète sur la dégradation de la confiance entre soignants et patients, accentuée par la médiatisation de ces affaires. Il y associe plusieurs risques : perte de chance en cas de renoncement au soin pour les patientes, désaffection de ces métiers par les professionnels et évolution vers des pratiques médicales «non conformes aux besoins réels des patients et patientes». D’où certaines recommandations qui visent précisément à renforcer l’éthique des soignants dans leur pratique, dès les études de médecine », 
continue la journaliste.
Elle note toutefois que l’avis « statue uniquement sur la dimension éthique : la question du droit a été soigneusement éludée ».
Le Monde titre de son côté : « Violences gynécologiques : le Comité d’éthique défend un « consentement revisité » ».
Le journal explique aussi que « saisi par la première ministre, Elisabeth Borne, à la suite de dépôts de plaintes pour viol, le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis, mercredi 29 mars, sur la notion de consentement lors des examens gynécologiques. Il y appelle à rebâtir la relation de confiance entre patientes et médecins ».
Le quotridien relève qu’« au risque de faire quelques déçus, le CCNE s’est concentré sur l’analyse des enjeux éthiques relatifs à la pratique des examens gynécologiques et/ou médicaux touchant de facto à l’intimité, sans prendre position sur le débat juridique, ouvert à la question d’une nouvelle incrimination dans le code pénal pour les actes médicaux de pénétration vaginale ou rectale non consentis ».
Karine Lefeuvre, juriste et corapporteuse, précise : « On s’est posé la question du droit, on a auditionné des juristes, mais cette réponse-là n’est pas de notre ressort. Notre domaine est et doit rester celui de l’éthique ».

Revue de presse santé psy – février 2023

« Bouger dope les athlètes de sport cérébral, qu’ils soient champions de jeu vidéo, d’échecs ou de mahjong »

Date de publication : 1er février 2023

Le Monde

Sandrine Cabut remarque dans Le Monde : « A quel point l’exercice physique peut-il contribuer à aiguiser l’esprit des athlètes de sport cérébral ? La question est au cœur d’un documentaire, Mind Games. The Experiment, […] sur la plate-forme Amazon Prime Video ».
La journaliste explique que « l’expérience scientifique, qui concerne au total 77 personnes, a été menée par Brendon Stubbs, chercheur au King’s College de Londres, qui étudie les liens entre activité physique et santé mentale ».
Sandrine Cabut indique ainsi que le documentaire « suit la trajectoire de 4 compétiteurs de niveau international : un joueur japonais de mahjong, Ryoei Hirano ; un Britannique spécialiste des concours de mémoire, Ben Pridmore ; et deux Américains, une championne de jeu vidéo, Sherry Nan, et un maître d’échecs, Kassa Korley ».
« Ils ont en commun d’avoir dans le viseur une échéance majeure dans leur discipline et, surtout, un niveau d’activité physique au plancher, inférieur aux 30 minutes quotidiennes recommandées par l’OMS. Et ce, depuis des mois, voire des années », 
souligne Sandrine Cabut.
Elle note que « pendant 16 semaines, ils vont bénéficier d’un programme d’entraînement personnalisé supervisé par un coach, avec pour objectif d’atteindre cent cinquante minutes d’activité hebdomadaire. Au préalable, et à la fin de cette période, leurs paramètres physiques et cognitifs sont mesurés objectivement par une batterie de tests ».
La journaliste évoque « une amélioration notable de leurs indices cognitifs. Le jeune maître d’échecs a, en particulier, progressé dans les tests de résolution de problèmes (+ 50%) ; la joueuse de Street Fighter, en mémoire à court terme (+ 20%), avec un niveau d’anxiété réduit de 50%. L’athlète de la mémoire a, lui, gagné 40% en mémoire à court terme et 75% en concentration ».
Sandrine Cabut ajoute que « Brendon Stubbs égrène, en conclusion, quelques résultats portant sur l’ensemble des 77 participants à l’étude, recrutés dans une vingtaine de pays. Leur profil est comparable à celui des 4 héros du documentaire : compétiteurs en sport cérébral avec un niveau d’activité physique faible depuis au moins 6 mois. Globalement, leurs performances cognitives ont bondi de 10% ».
La journaliste retient que « le côté novateur de ses recherches tient avant tout à la population étudiée : des athlètes de l’esprit de haut niveau. De fait, pour le reste, les bénéfices multiples de l’activité physique sur la santé mentale et, plus largement, sur le cerveau ne sont plus à démontrer ».
Olivier Dupuy, enseignant-chercheur au laboratoire MOVE, à l’université de Poitiers, remarque pour sa part que « les gains annoncés, mesurés par des tests cognitifs reconnus, paraissent intéressants, mais il faut attendre leur publication dans une revue scientifique, d’autant que des données en valeur relative sont difficiles à interpréter ».

« Sport : si vous courez pour apaiser votre stress, attention à la dépendance »

Date de publication : 1er février 2023

Le Point

Johanna Amselem remarque dans Le Point que « faire du sport figurait peut-être dans votre liste de bonnes résolutions pour cette nouvelle année. En voulant faire du bien à votre corps, vous pouvez également vous faire du mal. C’est en tout cas la conclusion d’une étude publiée dans Frontiers in Psychology ».
La journaliste indique en effet que des chercheurs « ont étudié la relation entre la course à pied, le bien-être et la dépendance à l’exercice. Les chercheurs ont constaté que courir pour se libérer du stress pouvait entraîner une dépendance à l’exercice. En effet, même chez les coureurs du dimanche, il est possible de présenter des signes de dépendance ».
Johanna Amselem évoque « la notion d’évasion ». Le Dr Frode Stenseng, de l’université norvégienne des sciences et technologies, principal auteur, précise que « l’évasion est un phénomène quotidien chez les humains, mais on sait peu de choses sur ses fondements motivationnels, la manière dont elle affecte les expériences et les résultats psychologiques qui en découlent ».
« La récompense psychologique de l’évasion est une conscience de soi réduite, moins de rumination et un soulagement des pensées et des émotions les plus pressantes ou les plus stressantes »
, explique-t-il.
Johanna Amselem précise qu’« il existe plusieurs formes d’évasion : elle peut agir contre une distraction des problèmes ou comme une recherche d’expériences positives. Autrement dit, l’évasion adaptative permet la recherche d’expériences positives – les scientifiques parlent d’expansion de soi – alors que l’évasion inadaptée permet d’éviter les expériences négatives – l’étude qualifie cela d’auto-suppression ».
La journaliste explique donc que « les scientifiques ont analysé les données de 227 coureurs récréatifs. […] Les chercheurs ont constaté qu’il existait peu de différences entre les coureurs. Si l’auto-suppression et l’auto-expansion étaient liées à la dépendance à l’exercice, l’auto-expansion l’était plus fortement ».
Ils écrivent que « l’auto-expansion était positivement corrélée au bien-être subjectif, tandis que l’auto-suppression était négativement liée au bien-être. L’auto-suppression était plus fortement liée à la dépendance à l’exercice par rapport à l’auto-expansion ».
Johanna Amselem note ainsi : « Les chercheurs assurent que l’auto-suppression était fortement liée à la dépendance à l’exercice. Aucun des deux modes d’évasion n’était lié à l’âge, au sexe ou au temps qu’une personne passait à courir. Mais, il pourrait s’agit d’un cercle vicieux ».
Les chercheurs soulignent : « Il semble que la perception d’un bien-être inférieur puisse être à la fois une cause et un résultat de la dépendance à l’exercice. La dépendance pourrait être motivée par un bien-être inférieur tout en le favorisant. […] De même, l’expérience d’une auto-expansion positive pourrait être un motif psychologique qui favorise la dépendance à l’exercice ».
Le Dr Stenseng indique ces « découvertes peuvent éclairer les gens dans la compréhension de leur propre motivation et être utilisées à des fins thérapeutiques pour les individus qui s’engagent dans une pratique inadaptée de leur activité ».

« Colère, troubles du sommeil et du langage : quand les pédiatres font le lien avec les écrans »

Date de publication : 2 février 2023

Le Figaro

Agnès Leclair fait savoir dans Le Figaro que « 9 médecins sur 10 font spontanément le lien entre l’usage des écrans et des difficultés de développement chez les jeunes enfants. C’est le constat du premier baromètre Ifop sur la perception de l’impact du numérique sur les 0-6 ans, réalisé pour la Fondation pour l’Enfance ».
La journaliste explique que « 403 médecins généralistes et pédiatres ont été sondés en parallèle avec un échantillon représentatif de 603 parents afin de comparer leurs impressions ».
Elle note ainsi que « les professionnels de santé qui font ce lien attribuent ces difficultés à un temps d’exposition excessif (85%) mais aussi au visionnage de contenus inadaptés (90%). Parmi les troubles cités, ils évoquent en premier lieu les problèmes du comportement (colère, irritabilité, agressivité…) et de sommeil (84%) ».
« Les troubles de l’humeur et de l’attention sont ensuite évoqués par les trois quarts d’entre eux. Ils estiment enfin que l’usage immodéré des écrans entraîne des problèmes de sociabilité, de surpoids, de langage et de maîtrise du vocabulaire et a un impact sur les performances cognitives »,
 ajoute Agnès Leclair.
La journaliste relève en outre que « le baromètre Ifop indique notamment que les parents n’ont pas encore tous intégré les effets de leur propre utilisation des écrans sur les relations familiales. Ainsi, près de la moitié des parents interrogés se disent peu ou pas conscients que donner à manger en regardant les notifications de leur téléphone a une influence sur leur enfant ».
Agnès Leclair note que « pour mieux les informer sur cette exposition indirecte des écrans, la Fondation pour l’Enfance appelle les pouvoirs publics à lancer une campagne nationale de sensibilisation pour mieux informer les adultes «de l’importance des interactions parents-enfants» ». Vincent Dennery, directeur de la fondation, évoque ainsi « un enjeu de santé publique ».
La journaliste précise que « cet appel à la rénovation des politiques de prévention est aussi l’objet d’une proposition de loi relative à la prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans, déposée à l’Assemblée nationale le 19 janvier ».

« La génération sacrifiée des adultes autistes »

Date de publication : 7 février 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui fait savoir qu’« après des années de mauvais diagnostics et de prises en charge inadaptées, un programme de repérage de ces patients longtemps oubliés par le système de soins est lancé dans trois régions ».
Delphine Chayet relève ainsi que « les patients du Pr Caroline Demily, psychiatre à l’hôpital Le Vinatier, à Lyon, sont nés à une époque où l’autisme n’était pas diagnostiqué en France. Ils ont grandi avec ce trouble sans accompagnement adapté, et arrivent dans son service épuisés, après des années d’errance médicale ».
La psychiatre observe que « certains ont passé leur vie à camoufler leurs particularités pour s’adapter à la société au prix d’une grande souffrance psychique. D’autres n’ont pas pu s’intégrer, car leurs difficultés de communication étaient trop importantes. Ils ont développé des troubles psychiatriques – anxiété, dépression – qui ont été mal étiquetés et les ont amenés à des hospitalisations chroniques ».
Delphine Chayet indique que « ce sont ces patients longtemps oubliés que la Délégation interministérielle à l’autisme et aux troubles du neurodéveloppement veut aujourd’hui repérer pour leur proposer une prise en charge répondant enfin à leurs particularités. L’objectif est de reprendre, dans les services psychiatriques des hôpitaux, ainsi que dans les maisons d’accueil et les foyers médicalisés, tous les dossiers médicaux un par un. Puis de proposer aux résidents identifiés un bilan diagnostique et un soutien ».
La journaliste souligne en effet que « l’Inserm évalue à 700.000 le nombre d’autistes en France, résidant à domicile, à l’hôpital ou dans des institutions. Rien que dans les services de psychiatrie, on estime que 30% des patients souffrent d’autisme ou d’hyperactivité ».
Delphine Chayet note qu’« il existe pourtant des stratégies permettant d’atténuer les troubles du comportement associés à l’autisme, explique le Pr Caroline Demily : «Le principe est de s’appuyer sur les points forts du patient pour renforcer son autonomie.» Par exemple, miser sur une bonne mémoire pour l’organisation de la journée, utiliser des supports visuels, prévenir les comportements agressifs en proposant un casque antibruit, la langue des signes, une couverture lestée ou des vêtements compressifs, qui rassurent ».
La psychiatre souligne qu’« on améliore énormément la prise en charge en mettant en place un quotidien structuré. Cela permet de réduire les prescriptions médicamenteuses, notamment les neuroleptiques, qui sont souvent utilisés comme sédatifs faute d’avoir autre chose à proposer ».
Delphine Chayet relève qu’« une centaine d’établissements – sur plus de 2500 sur le territoire français – ont pour l’heure participé à l’expérimentation lancée en 2019 dans trois régions (Nouvelle-Aquitaine, Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes) ».
La journaliste constate ainsi qu’« un véritable travail de fourmi a été lancé. Des équipes mobiles réunissant médecins, infirmiers, psychologues et éducateurs spécialisés ont été constituées pour superviser le repérage. Dans chaque établissement volontaire, un binôme composé d’un médecin et d’un éducateur commence par passer au tamis les dossiers des résidents à la recherche de mots-clés susceptibles de masquer un diagnostic d’autisme. Les termes «psychose infantile» ou «dysharmonie évolutive», typiques d’une approche psychanalytique désormais écartée par les experts, déclenchent par exemple l’alerte ».
« Un bilan médical complet est ensuite proposé pour définir le trouble (autisme, épilepsie complexe, hyperactivité, etc.), mais aussi l’autonomie, les capacités cognitives et sensorielles du sujet. […] La démarche permet aussi de sensibiliser le personnel des établissements aux spécificités de l’autisme », 
continue Delphine Chayet.

« Implant cérébral : une technologie qui vous veut du bien ? »

Date de publication : 8 février 2023

La Croix

C’est ce que titre La Croix, qui relève : « Elon Musk assure que sa start-up Neuralink pourra implanter son premier appareil connecté dans le cerveau d’un humain d’ici à l’été. Aux États-Unis comme en France, ces technologies sont en plein développement dans le domaine médical. Mais leur usage «récréatif» est loin de faire l’unanimité ».
Mélinée Le Priol explique ainsi que « Neuralink n’est pas le seul laboratoire à mettre au point des interfaces cerveau-machine (ICM) – la France est d’ailleurs en pointe dans ce domaine, derrière les États-Unis, depuis une vingtaine d’années. Dans ces deux pays, ainsi qu’aux Pays-Bas notamment, une poignée de personnes a déjà été équipée de tels dispositifs dans le cadre d’essais cliniques très encadrés ».
« Il s’agit pour la plupart de patients tétraplégiques qui apprennent ainsi à diriger à distance les mouvements d’un bras robotique, d’un fauteuil roulant… voire d’un exosquelette à quatre membres, comme ce fut le cas en 2019 au laboratoire Clinatec du CEA, pour un jeune Lyonnais handicapé à la suite d’un accident », 
relève la journaliste.
Blaise Yvert, directeur de recherche à l’Inserm, souligne que « l’implant cérébral ne permet pas de recueillir la pensée, mais l’activité électrique d’une zone limitée du cerveau quand le patient s’imagine, par exemple, en train de faire un mouvement ou de prononcer des mots ».
Guillaume Charvet, responsable des dispositifs médicaux du laboratoire Clinatec du CEA, indique qu’« aujourd’hui, une très grande majorité des équipes spécialisées dans la recherche sur les ICM travaillent sur des systèmes non invasifs, avec des électrodes posées sur la surface du cuir chevelu (casque EEG) ».
« Seuls 10% mettent au point des implants destinés à être placés sous le crâne – soit à la surface du cortex moteur (semi-invasif) soit au niveau intracérébral (invasif) », 
ajoute Mélinée Le Priol.
La journaliste relève que « si la recherche sur les ICM s’est longtemps concentrée sur la restauration de la motricité globale, elle s’attelle à des gestes de plus en plus dextres et complexes, comme l’écriture manuscrite ».
Elle note ainsi qu’« en mai 2021, une équipe de l’université de Stanford a publié dans Nature les résultats d’une expérimentation sur un homme implanté de 65 ans, à la main paralysée. Ce dernier a pu communiquer environ 90 caractères par minute – une vitesse de frappe comparable à celles d’individus du même âge tapant sur leur smartphone (115 caractères par minute) ! ».
Mélinée Le Priol remarque que « parmi les avantages à se faire implanter, selon Elon Musk, il y aurait la possibilité d’envoyer des SMS directement depuis son cerveau, sans «perdre de temps» à les taper sur son téléphone… ».
La journaliste relève cependant que « la question d’un usage «récréatif» des implants cérébraux est loin de faire l’unanimité. Les scientifiques interrogés insistent tous sur la balance bénéfice-risque, le danger étant que la puce et le cerveau ne soient pas biocompatibles ».
« En décembre dernier, l’agence Reuters révélait que 1500 animaux étaient morts dans le cadre d’essais pour le futur implant de Neuralink. Une enquête fédérale a été ouverte aux États-Unis pour violation de la législation sur le bien-être des animaux »
, précise Mélinée Le Priol.
Elle ajoute que « le principe même de l’implant cérébral n’est pas sans soulever de nombreuses questions éthiques ».
Eric Fourneret, philosophe et maître de conférences à l’Institut catholique de Lille, indique que « la première est celle de savoir si un humain implanté est encore un humain. […] Il y a là une forme d’hybridation, avec deux entités cohabitant, qui plus est dans le cerveau, le lieu où se loge notre conscience ».
« Lorsqu’on parle, on peut contrôler ce qu’on dit. Serait-ce toujours le cas avec un dispositif qui externaliserait tout ce qu’on se dit dans notre tête ? », 
poursuit le chercheur.
Mélinée Le Priol conclut qu’« à en croire les neuroscientifiques, toutefois, une «banalisation» des ICM paraît difficilement envisageable à moyen terme ».

« Un jeune sur cinq présente des troubles dépressifs »

Date de publication : 14 février 2023

Le Monde

Pascale Santi constate dans Le Monde que « la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, qui dure depuis 3 ans, a eu un fort impact sur la santé mentale de la population. La hausse du nombre de personnes souffrant de troubles dépressifs est «sans précédent» depuis 2017, selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ».
La journaliste souligne ainsi que « 13,3% des personnes âgées de 18 à 75 ans ont connu un épisode dépressif au cours de l’année 2021, une hausse de 36% par rapport à 2017. La hausse est majeure chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec 20,8% de cette tranche d’âge touchée en 2021, contre 11,7% quatre ans auparavant, une hausse de près de 80% ; les jeunes femmes sont plus concernées (26,5%) que les jeunes hommes (15,2%) ».
Pascale Santi précise que « ces chiffres sont issus du baromètre de Santé publique France, qui a interrogé 24.514 personnes âgées de 18 à 85 ans par téléphone et en ligne. […] Pour mesurer la dépression, l’agence sanitaire utilise comme instrument de mesure une version courte du questionnaire Composite International Diagnostic Interview, développée par l’OMS, qui sert à définir l’épisode dépressif caractérisé ».
« Celui-ci correspond à l’existence d’un épisode de tristesse ou de perte d’intérêt pendant au moins 2 semaines consécutives, et d’au moins 3 symptômes dits « secondaires » (fatigue, perte ou prise de poids, problème de sommeil, de concentration, idées de mort…), avec un retentissement sur la vie quotidienne. Ces épisodes sont qualifiés de légers, modérés ou sévères »,
 explique la journaliste.
Elle relève que « cette forte prévalence dans la tranche d’âge 18-24 ans, une période-clé, «est en partie liée à des situations de vie – situations professionnelle, familiale et financière – rendues sans doute plus précaires dans le contexte de crise sanitaire», signalent les auteurs ».
Enguerrand du Roscoät, responsable de l’unité santé mentale à SPF, précise : « L’isolement social généré par les confinements, les incertitudes quant aux études et à l’avenir, la précarité mise en lumière lors de la pandémie, et probablement le contexte actuel très anxiogène – crise climatique, guerre, situation économique –, ont pesé fortement sur les plus jeunes ».
Pascale Santi ajoute qu’« avoir des antécédents de troubles mentaux est aussi un facteur de risque ».
Les auteurs indiquent de plus : « Les personnes vivant dans les grandes villes, notamment en Ile-de-France, sont les plus concernées, de même que ceux qui ne sont pas à l’aise financièrement, qui vivent seuls ou en famille monoparentale, qui sont au chômage. […] Le fait d’avoir eu des symptômes du Covid-19, le stress sans précédent causé par l’épidémie, et les mesures de contrôle en découlant semblent être des facteurs majeurs ».
Pascale Santi observe que « ces données vont dans le même sens que de nombreuses études internationales et nationales sur l’état psychique de la population. […] Les professionnels de santé s’inquiètent, d’autant plus que de nombreuses personnes ne consultent pas. Or, l’important, pour mieux prendre soin de soi, est de pouvoir en parler, aux proches, à son médecin, ou de s’informer et surtout d’appeler par exemple le 3114 en cas d’idée suicidaire ».

Revue de presse santé psy – janvier 2023

« Le congé de paternité réduit le risque de dépression post-partum chez les pères »

Date de publication : 4 janvier 2023

Le Monde

Le Monde note en effet que « si la dépression post-partum (DPP) chez les mères commence à être bien documentée, cette même pathologie chez les pères reste encore un tabou et ne fait l’objet que de très peu d’études. C’est pourtant une problématique réelle, puisqu’on estime que la DPP paternelle touche de 8% à 10% des pères à travers le monde dans l’année suivant la naissance de leur enfant ».
Le journal indique que « comme toute autre dépression, il s’agit d’une maladie multifactorielle », et cite la Dre Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), à Colombes, et chercheuse.
Elle déclare ainsi : « On peut dresser un parallèle entre les pères et les mères : la précarité, des antécédents psychiatriques, une grossesse difficile, le chamboulement social ou le manque de sommeil survenant avec l’arrivée d’un bébé sont autant de facteurs qui peuvent déclencher une DPP chez l’un ou l’autre des parents ».
Le Monde explique que « chez les pères, la DPP peut se manifester différemment. Là où une mère exprimera surtout de la tristesse, un père pourra manifester de la colère et de l’irritabilité ». La Dre Tebeka note qu’« ils développent aussi des conduites d’alcoolisation ou de consommation de produits illicites ».
Le journal souligne que « cette pathologie n’est pas à prendre à la légère. En effet, d’après la psychiatre, «les pères, comme les mères, jouent un rôle central dans le développement de l’enfant, autant en positif qu’en négatif». La dépression d’un père peut aussi peser sur la santé mentale de la mère. Il est donc important de prendre des mesures qui permettront de réduire le risque de DPP paternelle ».
Le quotidien fait savoir qu’« une étude de l’Inserm pilotée par la chercheuse Maria Melchior […] montre les effets positifs du congé de paternité sur la santé mentale des pères. Les chercheurs se sont basés sur un échantillon provenant de la cohorte Elfe […] et se sont intéressés aux effets de ce congé, d’une durée de 14 jours à l’époque [2011], sur la prévalence de la DPP chez les deux parents, 2 mois après la naissance de l’enfant ».
« 5,7% des pères n’ayant pas pris ce congé développent une DPP quand seulement 4,5% de ceux qui ont fait le choix de s’arrêter présentent cette pathologie. Même les pères ayant programmé un congé parental, mais ne l’ayant pas pris au cours des 2 premiers mois (ils ont 6 mois pour le prendre), semblent bénéficier d’une telle perspective, 4,8% d’entre eux souffrant d’une dépression »,
 ajoute Le Monde.
Le journal conclut par une « bonne nouvelle, en 2021, le congé de paternité est passé de 14 à 28 jours. L’étude va donc pouvoir continuer et s’enrichir de nouvelles données ».

« Pourquoi la dépression postnatale touche aussi les hommes »

Date de publication : 5 janvier 2023

Le Figaro

Pauline Fréour note à son tour dans Le Figaro que « des chercheurs français ont cherché à évaluer l’impact du congé paternité octroyé en France depuis 2002 sur la santé psychique du couple parental. Leurs résultats ont été publiés mercredi dans la revue The Lancet Public Health ».
La journaliste rappelle que « la dépression du post-partum (ou postnatale) est une pathologie psychiatrique, diagnostiquée lorsque certains symptômes sont présents au quotidien pendant au moins 15 jours : difficultés à fonctionner (aller au travail, s’occuper de ses enfants, se concentrer…), tristesse (chez les mères notamment), irritabilité voire colère (chez les hommes) ».
« Les mécanismes sous-jacents sont les mêmes pour les deux sexes : cette période de grand changement qu’est l’arrivée d’un bébé peut générer une fragilité particulière, et amorcer des problèmes psychologiques plus durables. Les facteurs de vulnérabilité sont multiples : avoir subi des traumatismes dans l’enfance ou l’adolescence, avoir déjà souffert de dépression, être précaire, isolé ou encore exercer un travail stressant »,
 continue Pauline Fréour.
Elle explique que « l’équipe de Maria Melchior, épidémiologiste et directrice de recherche Inserm à l’institut Pierre Louis de santé publique, s’est appuyée sur le suivi de la cohorte Elfe. […] Les jeunes accouchées étaient rencontrées lors d’un entretien peu après la naissance du bébé. Puis 2 mois plus tard, père et mère étaient contactés par téléphone. L’occasion de vérifier si le père avait droit au congé paternité et s’il envisageait de le prendre ou l’avait déjà pris. Les deux parents se voyaient aussi poser les questions de «l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg» ».
La journaliste relève que « les hommes ayant pris leur congé ou prévoyant de le prendre souffraient moins de dépression du post-partum que ceux qui n’envisageaient pas d’y recourir (respectivement 4,5%, 4,8% et 5,7%) ».
Les chercheurs remarquent : « Cela suggère qu’en plus des bénéfices que le congé paternité peut avoir sur la dynamique familiale et le développement de l’enfant, cette disposition peut aussi avoir des retombées positives sur la santé mentale des pères ».
Pauline Fréour ajoute que « le congé de paternité s’avère non seulement protecteur pour les hommes, mais il est aussi bénéfique pour l’enfant ».
Les chercheurs soulignent qu’« il permet aux pères de passer du temps avec leur bébé très tôt et de s’adonner à des activités telles que le peau à peau ou les repas. Ces moments (partagés) réduisent le risque pour l’enfant de présenter plus tard des troubles émotionnels ou du comportement, d’anxiété ou de dépression, ou de retard de langage ».
Le Dr Sarah Tebeka, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale au CHU Louis-Mourier à Colombes (AP-HP) et enseignante-chercheuse à l’Université Paris Cité, note pour sa part : « Beaucoup de choses se développent autour de la femme en périnatalité, ce qui est tout à fait positif, mais n’oublions pas qu’il faut être deux pour danser la valse. La santé du père est l’un des principaux déterminants de la santé de la femme et de l’enfant. Or la dépression du père est encore très taboue, y compris chez les cliniciens et les chercheurs ».
« L’enjeu consiste donc à repérer les hommes concernés. Mais pour cela, encore faut-il les rencontrer. Certains acteurs de la périnatalité s’ouvrent au sujet »,
 observe Pauline Fréour.
La journaliste cite notamment le Pr Catherine Massoubre, chef du pôle de psychiatrie du CHU de Saint-Etienne, qui indique que « depuis un an, nous les incluons systématiquement dans le dépistage proposé aux mères quand ils les accompagnent ».

« Un ancien alcoolique décrypte la maladie dans un livre sans tabou »

Date de publication : 5 janvier 2023

Le Parisien

Le Parisien indique en effet que « dans « Sacrée descente », Yann Alex G. […] explique avec clarté et pudeur les mécanismes d’addiction à l’alcool, qu’il aimerait voir considérée comme une drogue. En attendant, il applaudit l’opération Dry January qui invite à limiter sa consommation durant tout le mois de janvier ».
Le journal note que « désormais abstinent, ce col blanc est devenu «patient expert addictions» au sein d’une fédération nationale (France Patients Experts Addictions, FPEA) et intervient à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), dont le service en la matière est reconnu nationalement ».
Le quotidien livre un entretien avec l’auteur, demandant : « À qui s’adresse votre livre ? ».
Yann Alex G. répond que « la première partie est destinée à ceux qui veulent comprendre la maladie et le chemin qui y mène, les gens ayant une relation malsaine avec l’alcool mais aussi ceux dont un proche est touché. La seconde partie s’adresse au grand public pour lui dire : Ouvrez les yeux ! Notre société de bons vivants offre un marketing excessif autour de l’alcool. Tous les jours, des élèves attendent leur bus pour les cours à côté d’une pub pour de la bière à 8 degrés, surnommée la bière de la défonce (elle équivaut presque à quatre whiskys). J’y détaille aussi cette pression sociale (un homme est viril s’il boit ; une femme qui refuse un verre est louche…), l’alcool dans le milieu professionnel, etc. J’explique comment dire non dans ce type de situation ».
Le Parisien poursuit : « Devrait-on supprimer totalement l’alcool du paysage ? ».
L’auteur répond : « Pas du tout ! La prohibition, ça ne marche pas. Toutes les sociétés vivent avec des drogues. Mais il faut réguler. Nous vivons dans une société « open bar » où tout est fait pour nous alcooliser : publicités, promotions, etc. […] La loi Evin, détricotée, n’est plus assez forte et n’est pas adaptée à Internet. Les bouteilles en magasin devraient être vendues derrière une vitre. L’âge des clients devrait être vérifié réellement. […] ».
Il évoque l’opération Dry January : « Cette initiative s’inscrit dans la mode du « consommer sain ». Cela permet de parler d’alcool de manière ludique au pays des bons vivants. Car l’alcoolisme reste la maladie de la honte. Celui qui était dans le déni peut ainsi avoir une prise de conscience et décider d’aller voir son médecin généraliste ».

« Psychiatrie : la piste prometteuse de l’inflammation chronique »

Date de publication : 9 janvier 2023

Le Figaro

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, trouble du spectre autistique (TSA)… Malgré des progrès dans la prise en charge des maladies psychiatriques, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Raison pour laquelle la Pr Marion Leboyer souhaite changer radicalement la façon d’aborder les troubles mentaux ».
Elle explique que la responsable du département de psychiatrie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor (Créteil), directrice de la Fondation FondaMental, « souhaite faire de la psychiatrie une médecine de précision au même titre que la cancérologie ».
Le Pr Leboyer indique ainsi : « Les pathologies psychiatriques sont des maladies d’origine biologique comme les autres ».
Nathalie Szapiro-Manoukian explique que « les pathologies psychiatriques touchent des personnes ayant hérité d’un patrimoine génétique les rendant plus vulnérables aux facteurs de risque environnementaux, et qui ont été exposées de façon précoce et/ou répétée à des stress variés: infections, mode de vie urbain, maltraitance infantile, migration, prise de drogues, etc. Leur organisme produit trop de molécules inflammatoires, à l’origine d’une inflammation chronique qui finit par gagner le cerveau ».
Le Dr Ryad Tamouza, chercheur et immunologiste aux côtés de la Pr Leboyer, remarque ainsi : « Pendant la grossesse, toute une série de preuves épidémiologiques montre une relation entre le fait d’avoir une infection, une maladie auto-immune, un stress, etc. et le développement d’un trouble psychiatrique chez l’enfant par la suite ».
Il précise que « les virus pour l’instant identifiés sont banals : herpès, virus d’Epstein-Barr, grippe, etc. Il n’y a pas de virus spécifique associé au développement d’une affection psychiatrique. Suite à une infection de la future maman par l’un de ces virus et si le fœtus a un patrimoine génétique qui le rend moins apte à se défendre, cela peut générer de l’inflammation et éventuellement altérer son neurodéveloppement. La toxoplasmose est aussi reconnue comme facteur de risque de survenue de maladie psychiatrique chez l’enfant en raison du tropisme cérébral de ce parasite ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute qu’« on sait désormais qu’il existe aussi des psychoses auto-immunes. L’équipe de la Pr Leboyer, en collaboration avec l’équipe de Laurent Groc à Bordeaux, est à l’origine du concept. Il s’agit de maladies psychiatriques caractérisées par la présence d’autoanticorps dirigés contre des récepteurs de neurotransmetteurs dans le cerveau. Proches de certaines protéines de pathogènes (virus ou parasite par exemple), les structures de ces récepteurs sont «reconnues» par ces autoanticorps qui déclenchent une réponse immunitaire ».
Le Pr Leboyer précise : « En attaquant par erreur ces récepteurs situés au niveau des synapses, les autoanticorps initialement dirigés contre les virus, les parasites, etc., empêchent la neurotransmission de se faire normalement, favorisant l’apparition de troubles psychotiques ».
« Nous allons démarrer en 2023 un programme hospitalier de recherche clinique pour tester l’efficacité de stratégies thérapeutiques immunomodulatrices (anti-inflammatoires, perfusion d’immunoglobulines) en plus du traitement habituel chez ces porteurs d’autoanticorps. Ces psychoses auto-immunes représentent un pourcentage non négligeable de troubles bipolaires et de troubles schizophréniques – souvent des formes très sévères – et nous espérons que ces stratégies pourront entraîner des améliorations, voire des rémissions »,
 indique-t-elle.

« Débat sur la fin de vie : les malades et anciens malades prennent la parole »

Date de publication : 9 janvier 2023

Le Parisien

Le Parisien note en effet que « tandis que la convention citoyenne sur la fin de vie reprend ses travaux ce week-end, des débats organisés par les comités éthiques régionaux se tiennent partout en France. Nous avons assisté à une rencontre organisée au CHU de Limoges ».
Bérangère Lepetit relate ainsi : « Ils l’ont parfois frôlé, la mort. L’ont redouté. S’en sont approchés sans pour autant y croire tout à fait. Et c’est d’ailleurs parce qu’ils ont été atteints d’un cancer, s’en sont remis ou pas encore, que Christine, Odile, Pierre-Yves, Laurence et Madeleine, tous membres du comité de patients d’oncohématologie du Limousin posent un regard aigu sur la fin de vie, en ce jour gris d’hiver, au CHU de Limoges ».
La journaliste explique qu’« invités par l’espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine (ERENA) à débattre de ce sujet éminemment sensible, en plein débat national et alors qu’une convention citoyenne réfléchit ce premier week-end de janvier et ce, pendant trois mois, à la possibilité de changer l’actuelle loi, eux aussi prennent la parole, pour une fois. Leur regard est rare, précieux ».
Bérangère Lepetit observe : « Tandis que les derniers sondages font état d’une large adhésion des Français à la légalisation de l’euthanasie (9 sur 10 d’après un sondage Ifop), la salle du CHU de Limoges penche plutôt du côté des « antis ». Il y a par exemple Pierre-Yves, ancien médecin qui a contracté une leucémie il y a 12 ans ».
Il déclare : « On vit trop vite. Il faut prendre le temps de vivre, et de mourir. Que les personnes puissent accéder à la mort de façon pacifiée. Les soins palliatifs, c’est la première période du deuil ».
La journaliste relève que « tous ces patients s’accordent en tout cas sur un sujet : mieux communiquer, diffuser l’information à la population. Que les jeunes, dès leurs 18 ans, puissent être sensibilisés et connaître les différents choix qui s’offrent à eux. Tous recommandent d’écrire leurs directives anticipées, ces fameux souhaits de fin de vie ».
Bérangère Lepetit observe enfin que « le débat va prendre fin. Il a été « serein ». […] Reste encore à savoir si l’exécutif se saisira en 2023 des observations et de l’avis de la population, et de quelle manière ».

« Quelle éthique pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la santé ? »

Date de publication : 10 janvier 2023

Le Figaro
La Croix

Soline Roy fait savoir dans Le Figaro que « le Comité national d’éthique publie un avis sur les questions posées par l’utilisation de l’IA pour le diagnostic médical ».
La journaliste note ainsi : « Identifier en un éclair un AVC sur un scanner cérébral. Prévoir le risque suicidaire en analysant des conversations sur un réseau social. Déceler une maladie de Parkinson débutante grâce à un changement de démarche. Dépister un cancer du poumon à un stade ultra-précoce… ».
« Les promesses de l’intelligence artificielle (IA) sont nombreuses, et elle en remplit déjà beaucoup à toutes les étapes du soin, de la conception des médicaments au suivi post-traitement en passant par le dépistage et le diagnostic. Mais à l’aube d’une révolution médicale qui nous propose de mettre notre santé aux mains des machines, les questions soulevées sont nombreuses. Et en particulier les questions éthiques »,
 remarque-t-elle.
Soline Roy explique ainsi que « le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN), sous l’égide du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), rend public ce mardi un avis sur les enjeux liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du diagnostic médical. Des enjeux «hétérogènes, voire parfois contradictoires, alertent les experts, entre intérêts économiques et industriels, promesses thérapeutiques pour les patients, modification de la pratique professionnelle des personnels de santé concernés et objectifs de régulation pour les autorités publiques» ».
La journaliste relève que « les concepteurs d’IA médicales n’ont que peu de comptes à rendre sur leurs produits. En France, précisent les auteurs de l’avis, ces dispositifs médicaux sont évalués par la Haute Autorité de santé lorsqu’ils ont vocation à être pris en charge par l’Assurance-maladie ».
Ils écrivent ainsi que « la presque totalité des algorithmes utilisés par les professionnels de santé se voient donc exclus de l’évaluation par la HAS puisqu’ils n’ont pour la plupart pas vocation à être vendus aux patients ».
Soline Roy poursuit : « Faut-il élargir le périmètre de la HAS ? Et sur quels critères évaluer ces nouveaux «systèmes très singuliers comparativement à, par exemple, un abaisse-langue ou des béquilles» ? Les risques de biais sont nombreux, à commencer par le choix des bases de données sur lesquelles sont entraînés ces programmes informatiques, lesquelles doivent donc être «elles-mêmes évaluées» ».
La journaliste relève que « l’une des règles d’or édictées par les membres du CNPEN et du CCNE est celle de «l’explicabilité» : un médecin doit toujours pouvoir expliquer ce que l’IA a découvert ou suggéré. Ces «décisions» doivent aussi toujours pouvoir être questionnées : il ne faut pas «se priver des avantages apportés par ces outils», mais se donner «constamment les moyens de prendre de la distance avec le résultat fourni» ».
Soline Roy s’interroge : « La machine totalement autonome existera-t-elle ? «Il faudra redéfinir le rôle et la responsabilité de l’expert», juge Philippe Moingeon, spécialiste de l’utilisation de l’IA pour le développement de médicaments. Mais de nombreux experts parient encore sur une longue supériorité de l’intelligence humaine ».
La Croix remarque de son côté : « Intelligence artificielle dans la santé, la prudence du comité d’éthique ».
Le journal retient ainsi que « l’intelligence artificielle utilisée pour le diagnostic médical ouvre des perspectives majeures, par exemple en permettant d’identifier des microlésions échappant à l’œil humain sur des radiographies, ou encore en permettant aux médecins de surveiller en continu les indicateurs biologiques des patients à domicile ».
Le quotidien ajoute qu’« elle ne saurait être utilisée «dans une logique de substitution à l’intervention humaine», insistent le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) ».
La Croix note que « l’algorithme peut en effet commettre des erreurs – aussi bien des faux négatifs (une lésion ou une anomalie lui échappe) que des faux positifs (il identifie des lésions qui n’en sont pas en réalité). Plus largement, ces outils «peuvent être binaires lorsqu’ils ne sont pas utilisés avec un regard critique» ».
« Le «contrôle humain à toutes les étapes du soin» fait ainsi partie des 16 recommandations émises par cet avis, qui compte du reste 7 points de vigilance. Parmi eux, le risque qu’il y a à considérer ces systèmes numériques comme «des solutions de substitutions des équipes médicales», dans un contexte de raréfaction des ressources hospitalières », 
souligne le journal.

« Prédire l’apparition des troubles anxieux dès l’adolescence »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro que « chez certains, l’angoisse peut devenir excessive et persistante, et entraîner différentes manifestations, allant de la phobie au trouble anxieux généralisé en passant par l’agoraphobie ».
La journaliste note ainsi que « sur toute une vie, une personne sur cinq souffrira d’un trouble anxieux. Ce sont les troubles psychologiques les plus fréquents. Ils débutent souvent dans l’enfance ou pendant l’adolescence, et «on sait que le diagnostic d’anxiété chez le jeune adolescent est prédictif d’anxiété plus tard», explique le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, directeur du centre Psychiatrie du développement et trajectoires à Paris ».
Anne Prigent s’interroge : « Qu’en est-il des adolescents sans troubles diagnostiqués ? Peut-on repérer les plus à risques de développer une anxiété clinique une fois adulte ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre les chercheurs du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (Inserm/ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli (CNRS/Université Paris-Saclay) ».
Elle explique que « les scientifiques ont suivi un groupe de plus de 2000 adolescents européens âgés de 14 ans, pendant 9 ans. Les participants ont rempli des questionnaires en ligne sur leur état de santé psychologique à 14, 18 et 23 ans ».
Anne Prigent note ainsi qu’« à l’aide de l’intelligence artificielle, les chercheurs ont pu déterminer que la présence à l’adolescence de neuroticisme (tendance à ressentir des émotions négatives comme la peur, la colère, la culpabilité…, une mauvaise maîtrise des pulsions et une inadaptation face au stress), du désespoir (associé à un manque d’optimisme et de confiance en soi) et de symptômes émotionnels (qui regroupent des signes aussi divers que des maux de tête ou d’estomac, un sentiment d’inquiétude, d’abattement ou de peur), augmente significativement le risque de troubles anxieux plus tard ».
Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre, directeur de recherche Inserm et co-auteur de ce travail, souligne que « cette étude montre des prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés qui pourraient permettre de détecter plus tôt les patients et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne ».
« Mais, attention, mettent en garde les pédopsychiatres, il n’est pas question de faire passer ces tests à l’ensemble des adolescents de 14 ans »,
continue la journaliste.
Le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, remarque ainsi que « les études scientifiques restent tout à fait intéressantes, car elles nous permettent d’avancer dans la compréhension du fonctionnement cérébral et psychique des adolescents. Mais, en pratique, il n’y a aucun intérêt à prédire à un jeune de 14 ans des troubles qui surviendront dans quelques années. D’autant que ces prédictions peuvent être totalement remises en question par des éléments de vie ».
Le spécialiste ajoute que « dans la crise d’adolescence, on assiste à des fluctuations d’humeur. Rien d’anormal. En revanche, il faut être vigilant lorsque les changements s’installent, se majorent, s’amplifient. Il faut faire attention à l’adolescent qui s’isole, qui arrête son sport favori, qui stoppe une activité culturelle ou encore qui a des troubles du sommeil permanents ou a tout le temps mal quelque part ».

« « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année qui n’est en réalité qu’un concept publicitaire »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Monde

Mathilde Damgé relève dans Le Monde que « depuis une quinzaine d’années, l’expression «Blue Monday» reparaît au mois de janvier sur les réseaux sociaux et dans les médias… Le «lundi le plus déprimant de l’année» tombe cette année le 16 janvier, dans un contexte particulièrement morose ».
La journaliste explique cependant que « ce concept, prétendument basé sur les calculs savants d’un psychologue, n’a d’existence que dans l’esprit d’experts en marketing. Décryptage de cette « infaux » à visée commerciale, bien éloignée des problèmes psychologiques réels ».
Elle rappelle ainsi que « le Blue Monday (qui s’inspire de l’expression anglaise to feel blue, «être déprimé») désignerait de manière irréfutable le troisième lundi de janvier comme le jour le plus déprimant de l’année… selon une prétendue étude scientifique parue en 2005, laquelle se base sur [une] équation ».
Mathilde Damgé explique que « cette équation relève plus d’une farce que de l’arithmétique : certains facteurs sont inquantifiables (météo, manque de motivation, etc.). Son auteur, Cliff Arnall, qui se présente comme psychologue, a lui-même admis en 2010 qu’il n’y avait rien de scientifique derrière ce calcul, et qu’il avait été commandé par une société de publicité pour le compte de l’agence de voyages Sky Travel. Ironie de l’histoire, il milite depuis pour son «abolition» dans le cadre d’une campagne sponsorisée par le comité touristique des îles Canaries ».
Dean Burnett, chercheur en neurosciences, souligne que « ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie. C’est également irrespectueux envers ceux qui souffrent de vraie dépression, car cela sous-entend qu’il s’agit d’une expérience temporaire et mineure, dont tout le monde souffre ».

« Anxiolytiques, antidépresseurs : comment se sevrer des médicaments psychotropes ? »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Figaro

Anne-Laure Lebrun constate dans Le Figaro qu’« une petite baisse s’amorçait ces dernières années, mais la pandémie de Covid-19 a relancé de plus belle les prescriptions de psychotropes ».
La journaliste relève ainsi : « Anxiété, angoisse, troubles du sommeil… Face à ces souffrances psychiques, «les instaurations d’antidépresseurs (+ 23%), d’anxiolytiques (+ 15%) et d’hypnotiques (+ 26%) pour de nouveaux patients sont en très forte croissance en 2021», notait en mai 2021 le rapport du groupement d’intérêts scientifiques Epi-Phare ».
Anne-Laure Lebrun souligne : « Des médicaments efficaces mais à utiliser avec parcimonie, et qu’il faut savoir arrêter, en raison du risque de dépendance ou de difficultés à l’arrêt. Les benzodiazépines utilisées contre l’anxiété et/ou l’insomnie mais aussi les antidépresseurs sont particulièrement concernés, et le risque est d’autant plus élevé que la prescription est prolongée et les doses importantes. Or, force est de constater que les ordonnances inappropriées sont encore trop nombreuses ».
La journaliste relève que « plus de la moitié des consommateurs de benzodiazépines y sont exposés plus de 2 ans, alors que la durée maximale de prescription recommandée est de 12 semaines pour les anxiolytiques et de 4 semaines pour les hypnotiques. Ces prescriptions inadaptées font le lit de la dépendance. Des études estiment que l’addiction aux benzodiazépines touche 50% à 80% des patients. Celle-ci s’exprime par l’incapacité de s’en passer et la nécessité d’augmenter les doses en raison de l’installation d’une accoutumance ».
« Il est alors très difficile de se sevrer, et lorsque les patients tentent d’interrompre leur traitement, un syndrome de sevrage peut surgir dans les jours qui suivent. Ce syndrome est marqué par le retour de l’anxiété ou des troubles du sommeil, mais aussi par l’apparition de nouveaux symptômes tels que des tremblements involontaires, des douleurs musculaires, des nausées, des céphalées, une photophobie ou des convulsions », 
continue Anne-Laure Lebrun.
Le D Alexandra Dereux, responsable de l’unité ambulatoire d’addictologie de l’hôpital Fernand-Widal (AP-HP), souligne que « le syndrome de sevrage peut engager le pronostic vital des patients. C’est pour cette raison que l’arrêt doit se faire de manière très progressive ».
La journaliste relève que « l’accompagnement psychologique, et en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), est également clé dans ce long processus afin d’agir sur l’insomnie chronique et l’anxiété qui ont justifié initialement la prescription. Ce suivi psychologique maximise les chances de réussite du sevrage : environ 80% de patients restent abstinents après une TCC, contre 7% sans aucune intervention et 40% en cas d’intervention brève réalisée par le médecin généraliste ».
Anne-Laure Lebrun note en outre que « s’il est difficile de prédire qui seront les patients concernés, on constate que ceux ayant présenté une relative intolérance au début du traitement sont davantage sujets aux manifestations de sevrage que les autres ».
Le Pr Christophe Lançon, chef du service de santé mentale adulte au CHU de Marseille, ajoute que « plus la demi-vie de l’antidépresseur est courte et plus les symptômes seront prononcés ».

« Le grand spleen des étudiants en médecine face à la crise de l’hôpital : « On se prend une douche froide » »

Date de publication : 17 janvier 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui note : « Alors que le système de soins craque, comment le vivent les futurs carabins, déjà pris dans le rouleau compresseur des études ? La situation les démoralise ».
Elsa Mari remarque ainsi : « Paul et Julian avalent vite leur croissant. Dans quelques minutes, ils prendront le chemin pavé qui mène à « la BU ». Comme tous les étudiants en médecine croisés ce matin devant le campus des Cordeliers, à Paris, les deux copains de 24 ans y ingurgiteront des tonnes de révisions, de la neurologie, de l’ophtalmo, de la dermato. Ils tiendront, ils l’espèrent, jusqu’à 22 heures, la fermeture de la bibliothèque universitaire. C’est leur dessein de la journée, ce sera celui du lendemain ».
La journaliste indique que « ces années de sacrifice à en perdre la tête feront d’eux des médecins généralistes. De campagne, aiment-ils dire. Paul, à Tours, la région lui plaît ; Julian, en Ardèche, entre la mer et l’Italie. L’hôpital n’a pas leurs faveurs. Manque de bras, manque de personnels, manque de tout… ».
Ils remarquent ainsi : « Infirmiers, aides-soignants… Tout le monde s’en va ! On n’ira pas, ça donne pas du tout envie ! […] Ça fout le blues ! ».
Elsa Mari note que « leur stage a conforté leur intuition. Paul […] est passé par les urgences et la pédiatrie ». Il déclare : « J’ai eu l’impression de voir des machines. Les médecins sont tellement débordés qu’ils manquent d’empathie. Ils parlent même du patient devant lui comme s’il n’était pas là ! […] Cette semaine, on s’est dit : Si t’avais su, t’aurais fait médecine ? On a tous dit non. ».
Charlotte remarque pour sa part : « On se demande dans quel monde on va débarquer ». Elsa Mari indique que « l’étudiante en 4e année savait tout ça, son métier serait éreintant, les études « un sacrifice », les gardes « un enfer ». Il n’empêche, sa première nuit aux urgences lui a fait l’effet d’une claque ».
« Elle garde l’image des couloirs « blindés » de malades sur des brancards. […] Prises en charge à retardement, manque de médecins, sentiment d’impuissance. Lassés d’attendre, les patients souffrants l’alpaguent en la voyant passer en blouse blanche. […] Mais rien ne la découragera de devenir chirurgienne. […] Charlotte essayera de tenir le plus longtemps possible à l’hôpital », 
relève la journaliste.
L’étudiante déclare ainsi : « Je veux être médecin et je serai médecin, quoi qu’il en coûte. C’est ma vocation. […] À un moment, vers 45-50 ans, je pense que je me dirai ça suffit, j’ai trop donné, et j’irai dans le privé ».
Elsa Mari observe que « cette idée d’une demi-carrière dans le public revient souvent chez les futurs carabins. Pas question d’affronter des tempêtes toute leur vie, ils font déjà face à la première : survivre aux études de médecine, douloureuse traversée ».
Estelle souligne quant à elle : « On arrive des étoiles dans les yeux et on se prend une douche froide. C’est dur d’avancer en visualisant qu’à la fin de médecine ce ne sera pas comme on l’espère. Mais il faut se battre ! Qui changera les choses, sinon ? ».

« Les analogies entre réseaux sociaux et drogues posent un problème »

Date de publication : 20 janvier 2023

L'Express

L’Express constate que « l’usage excessif des réseaux sociaux par les plus jeunes est de plus en plus redouté. Contenus violents, insultes, harcèlement… La modération de ces plateformes, souvent limitée quand elle n’est pas inexistante, n’a pas de quoi rassurer les parents ».
« Pas plus que le fonctionnement des algorithmes qui visent à capturer le plus possible de « temps de cerveau disponible », au détriment des études ou d’autres activités. Et face à la détresse de certains enfants anxieux, dépressifs ou suicidaires, les questions se multiplient », 
remarque le magazine.
Il livre ainsi un entretien avec Séverine Erhel, maître de conférences en psychologie cognitive à Rennes 2, selon qui « il est nécessaire de réguler les plateformes tout en prenant garde à mieux identifier leurs risques et éviter les amalgames ».
La chercheuse en psychologie indique que « les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux de manière excessive ont souvent des troubles de l’anxiété, de la dépression et de l’estime de soi, comme une image corporelle négative. Nous tentons actuellement de mesurer les associations entre ces différents facteurs et un aspect bidirectionnel n’est pas à exclure. Il est aussi possible que plus un individu anxieux ou dépressif utilise les réseaux sociaux, plus il accentue ses troubles ».
Séverine Erhel ajoute que « de nombreuses études montrent aussi qu’il est possible que les adolescents qui ont ces profils ont des stratégies de gestion de leur stress inadaptées : plutôt que de travailler sur la cause de leur anxiété ou dépression, ils se réfugient dans le monde numérique, par exemple en recherchant un jugement positif ».
« Mais il faut aussi rappeler que l’usage problématique du numérique concerne moins de 10% de la population. Il en est probablement de même pour les réseaux sociaux. […] C’est sur ces personnes qu’il faut concentrer les efforts en matière de prévention en santé mentale »,
poursuit-elle.
L’Express interroge : « Faut-il procéder à un sevrage des réseaux sociaux chez les adolescents dépressifs ou suicidaires ? ».
Séverine Erhel répond qu’« il s’agit d’une mauvaise solution car cela leur enlève une béquille, certes mauvaise, mais qui les aide à gérer leur état. Et comme tout sevrage, cela peut se révéler particulièrement violent. Il faut traiter les causes plus que les conséquences, avec une prise en charge par un professionnel de santé qui va aider à diminuer les interactions sur les réseaux ».
Le magazine poursuit : « Peut-on vraiment affirmer que les algorithmes peuvent rendre accroc aux réseaux sociaux au même titre qu’une drogue ? ».
La chercheuse souligne : « Je me méfie des analogies hâtives qui créent une confusion entre l’addiction aux substances et celle aux réseaux sociaux, qui n’est pas à strictement parler une addiction, mais un usage problématique ».
« Ce type de comparaison est faux, d’abord sur le plan neurobiologique, car l’ampleur des modifications et des conséquences dans notre cerveau n’est pas comparable ; ensuite en matière de santé, parce que des substances comme l’alcool ou le tabac peuvent provoquer des cancers, pas les réseaux sociaux. Enfin, cela reviendrait à considérer que le problème vient uniquement des technologies et pas d’autres déterminants psychologiques et socio-économiques »,
 remarque Séverine Erhel.
Elle ajoute que « nous pouvons reprendre le pouvoir au niveau individuel en privilégiant le monde des logiciels et applications libres et décentralisés […], et au niveau collectif avec l’éducation aux médias et la régulation des plateformes par les pouvoirs publics ».

« Eviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être »

Date de publication : 23 janvier 2023

Le Monde

Le Monde livre la tribune d’un collectif de médecins, de chercheurs et d’élus qui « estime […] nécessaire de refonder notre vision de la santé publique en l’élargissant à des domaines autres que le seul monde médical ».
Les signataires observent ainsi : « Notre système de santé, entend-on partout, est en crise. Mais c’est inexact. Ce qui est en crise, ce n’est pas un système de santé, c’est-à-dire un système qui aborde la santé dans toutes ses dimensions avec pour objectif premier d’éviter la maladie, mais un système de soins. Et, au surplus, essentiellement fondé sur les soins médicaux ».
Il évoquent « un système qui date et dont les tares, pourtant congénitales, ont longtemps été ignorées : du fait du paiement à l’acte, renforcement de la concurrence en lieu et place de la coopération des établissements de santé entre eux et avec la médecine de ville ; inadaptation aux maladies chroniques et dégénératives aujourd’hui dominantes ; manque de moyens pour la recherche ; inégalités sociales et territoriales grandissantes […] ».
Ils soulignent que « l’heure est grave, et la crise se signale d’abord par le manque inquiétant de médecins et d’infirmiers à l’hôpital comme en ville. Des spécialités sont sinistrées : psychiatrie, cardiologie, rhumatologie, gynécologie, pédiatrie et bien d’autres. Partout les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent… à six mois, à un an… conduisant à des situations dramatiques et – cela commence à être sérieusement documenté – à des pertes de chance de survie ».
Les signataires indiquent que « la crise est profonde, systémique, touchant tous les aspects de notre système de soins. Ce n’est pas demain que cela changera. Quand bien même ce serait possible, il y faudrait du temps. Soudain, on se rend compte que ce ne serait pas plus mal d’éviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être ».
Ils expliquent ainsi ue « la santé n’est pas liée qu’aux soins, mais à tout un ensemble, bien plus large, de déterminants de santé. Plusieurs études ont cherché à les quantifier, elles convergent généralement en expliquant que 20% de notre état de santé repose sur le système de soins et de protection sociale, 15% sur les déterminants génétiques et biologiques propres à l’individu ou à son groupe, 15% sur l’environnement physique et 50% sur l’environnement social et économique ».
« Mais, en France, aujourd’hui on continue à fonctionner en tuyaux d’orgue sans accorder aux élus, aux citoyens, aux patients, aux éducateurs, à tous, la place qu’ils devraient occuper dans les instances de santé et sans leur donner les moyens d’agir pour la santé dans tous les territoires, à leur échelle. Et dans le même esprit on continue de ne consacrer à la prévention que moins de 5% des dépenses totales de santé »,
 notent-ils.
Les signataires notent que « les acteurs locaux savent faire et voudraient faire mieux encore : cantines, services aux personnes âgées, culture et vie associative, sports, toutes choses qui ont un impact très fort sur la santé. Au-delà de ces dépenses, il faudrait développer, en proximité et au quotidien, la culture de santé publique, l’information et l’éducation à la santé, dans les écoles, les centres sociaux ou les associations de quartier ».
« Les établissements hospitaliers, premiers concernés par le manque de professionnels, se démènent souvent pour des actions de prévention, mais leurs moyens financiers sont également très limités et la tarification à l’activité les condamne à une impossible et immorale « rentabilité ». […] Finançons donc, au niveau voulu et collectivement, toutes ces initiatives et fabriquons ensemble un véritable système de santé territorialisé »
, concluent-ils.

« Fin de vie : vers le suicide assisté plutôt que l’euthanasie »

Date de publication : 24 janvier 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui relève que « le comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer a rendu un avis où il ne s’oppose pas au suicide assisté. Une attitude de plus en plus partagée, même si elle paraît un brin hypocrite aux yeux de certains ».
Eric Favereau note ainsi qu’« alors que se poursuit chaque week-end la Convention citoyenne sur la fin de vie […], se multiplient en parallèle des colloques, des réunions, des prises de position sur cette question, avec en toile de fond une éventuelle modification législative en France. […] A mi-chemin de ce processus, il ressort que la possibilité la plus fréquemment citée (car peut-être la moins conflictuelle) serait d’aller vers une dépénalisation de l’aide au suicide, voire une autorisation du suicide assisté ».
Le journaliste observe qu’« après l’avis en partie dans ce sens du Comité national d’éthique, […] c’est la position que vient d’adopter le groupe «Ethique et Cancer» de la Ligue nationale contre le cancer ».
Cette dernière remarque : « S’il était admis par le législateur que le cadre juridique actuel de la fin de vie ne permet pas de répondre humainement à certaines demandes d’aide à mourir exprimées par des personnes malades, une aide active à mourir sous la forme d’une assistance au suicide pourrait alors être prévue et encadrée par la loi ».
Eric Favereau note que « des questions demeurent. […] Par exemple, faut-il ou non faire une énième chimiothérapie à ce patient qui le réclame, alors que les médecins savent que cela ne sert à rien ? Faut-il, à l’inverse, accepter la demande de fin de vie médicalisée à ce malade qui n’en peut plus de cette vie sans espoir, épuisé par des traitements devenus trop lourds ? ».
« L’avis du comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer est en cela utile. Dans ce long travail, les experts font d’abord un constat, largement partagé par tous les professionnels de santé : en France, nous sommes en manque chronique de soins palliatifs »
, continue Eric Favereau.
« Puis le texte revient sur la question de la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès, dispositif prévu par la loi Claeys-Leonetti sous certaines conditions. Ledit comité constate que cette avancée réelle ne répond pas à toutes les situations ni à toutes les demandes. Et que, de ce fait, trois scénarios existent devant «la demande qui s’exprime de faire évoluer le cadre légal qui interdit actuellement les aides actives à mourir» », relève le journaliste.
Il précise qu’« il y a le scénario qui consiste à ne pas bouger, attendant que les structures des soins palliatifs montent en puissance partout sur le territoire. Le second est celui d’une dépénalisation de l’assistance au suicide. Et, enfin, existe celui d’une «dépénalisation de l’euthanasie en réponse à une demande de la personne» ».
Eric Favereau note que « cette dernière proposition est clairement refusée par le comité, qui met en avant «les réticences» massives du corps médical et du corps soignant. […] Le scénario du statu quo, lui, n’a pas non plus les faveurs du comité. Reste donc celui de «lever les obstacles juridiques au suicide assisté» ».
Le journaliste explique que « cette ouverture – nouvelle – vers le suicide assisté repose, de fait, sur des arguments particuliers, ceux-là mêmes que l’on retrouve dans l’avis du Comité national d’éthique, comme d’ailleurs également dans l’attitude des acteurs du monde des soins palliatifs, très opposés à l’euthanasie ».
« Ils partent du constat, ou plutôt du sentiment, que le corps médical ne veut pas donner la mort, en tout cas ne veut pas collaborer directement avec des pratiques d’euthanasie. De ce fait, il se décharge de la décision de fin de vie comme de sa mise en pratique sur le patient : à lui de faire le geste. Reste que c’est quand même le médecin qui prescrit le produit létal, mais ce n’est pas lui qui le donne. Cette attitude, considérée par certains comme un brin hypocrite, permet de contourner les oppositions d’une partie des professionnels de santé à l’euthanasie médicale », 
observe Eric Favereau.
Il ajoute que « ces mêmes professionnels de santé insistent pour dire que, paradoxalement, la fin de vie est de leur ressort. Une contradiction évidente à laquelle le législateur devra éventuellement répondre. Qui doit, en effet, décider ? Le médecin ou le patient ? ».

« Santé au travail : les promesses de l’intelligence artificielle pour améliorer la prévention »

Date de publication : 25 janvier 2023

Le Monde

François Desnoyers rappelle dans Le Monde que « lorsque des accidents surviennent en entreprise, les comptes-rendus sont souvent rédigés de façon spontanée, sans formatage. Des propos libres qui apportent de nombreuses précisions, une richesse contextuelle, mais ont leur revers : ils sont très difficiles à exploiter. Une problématique que des outils d’intelligence artificielle (IA) pourraient pallier, forts de leur capacité à faire ressortir d’une masse textuelle récurrences des signaux faibles ».
Le journaliste s’interroge : « L’IA peut-elle être un atout pour la santé et la sécurité des travailleurs ? C’est ce que pensent aujourd’hui nombre de scientifiques, qui observent le potentiel croissant de solutions technologiques et les perspectives prometteuses qu’elles dessinent pour la prévention en entreprise ».
Martin Bieri, chargé d’études au sein du laboratoire d’innovation numérique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), remarque que « les avancées sont impressionnantes. Dans des organisations qui comptent des métiers à risque, où l’on observe beaucoup d’accidents, l’IA peut être une aide précieuse pour exploiter les données et mieux comprendre la multiplication d’incidents ».
François Desnoyers note que « des solutions sont d’ores et déjà déployées dans certaines d’entre elles, comme le logiciel Plus de la société Safety Data – Omnicontact. Il doit «améliorer la sécurité grâce au traitement automatique de données textuelles et faire office d’aide à la décision», explique l’une de ses salariés, Céline Raynal. D’autres outils ambitionnent de surveiller en temps réel les espaces de travail et leurs occupants, dans le seul but déclaré de les sécuriser, et de lancer une alerte si un danger est repéré ».
Le journaliste évoque entre autres les « équipements connectés capables de mesurer et de transmettre des données biométriques du salarié (la fréquence cardiaque, par exemple) et des positions articulaires ».
Timothée Silvestre, chargé de prospective au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), note que « l’IA sera en capacité de donner l’alerte sur la fatigue d’un travailleur en combinant l’analyse de différents paramètres. L’enregistrement de certains mouvements ou du cumul de poids portés pourront par ailleurs être réalisés avec des capteurs portés, afin de prévenir des risques pour le corps du salarié, notamment de troubles musculosquelettiques ».
François Desnoyers continue : « Des solutions d’IA en devenir pourraient ainsi favoriser la sécurité et la santé des salariés. Mais une grande incertitude demeure : se déploieront-elles sur le terrain ? Sur le sujet, rien n’est joué d’avance, préviennent les scientifiques ».
Timothée Silvestre note que « ce n’est pas parce qu’une technologie est mature qu’elle est adoptée. Il faut qu’elle rencontre son marché, des besoins utilisateurs et qu’elle soit acceptée par les opérateurs ».

« Légalisation du cannabis, qu’en pensent les addictologues ? »

Date de publication : 26 janvier 2023

La Croix

Jeanne Ferney s’interroge dans La Croix : « Un «débat dépassionné» sur le cannabis est-il possible en France ? C’est en tout cas ce que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle de ses vœux dans un projet d’avis adopté le 24 janvier. Le Cese, lui, a choisi son camp : celui d’une légalisation encadrée des usages dits récréatifs du cannabis ».
La journaliste indique que « son argumentaire repose essentiellement sur l’idée que la politique de prévention actuelle est un échec ».
Le Cese remarque : « Malgré la mise en place d’un système de prohibition depuis plus de 50 ans, un des plus répressifs d’Europe, la France est le pays de l’Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs et de consommatrices de stupéfiants ».
Jeanne Ferney note ainsi que « selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 45% des 15-64 ans ont déjà consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie, contre 27% dans l’ensemble de l’Union européenne ».
La journaliste précise que « dans le scénario du Cese, seules les personnes majeures pourraient se procurer du cannabis, «dans des points de vente dédiés soumis à licence». La répression du trafic illégal visant les mineurs serait par ailleurs renforcée, et toute publicité interdite. Autre condition sine qua non : la création d’une filière de production française ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), président de la Fédération française d’addictologie, précise que « contrairement à ce qu’on imagine, la légalisation n’est pas synonyme de dépénalisation aveugle. […] Parce que c’est de la drogue, on a une espèce d’inhibition, une barrière psychologique, mais le fait est qu’on ne viendra pas à bout du cannabis. L’urgence, c’est d’en réduire les risques ».
Le Dr Bernard Basset, président de l’association Addictions France, ajoute : « Il n’est évidemment pas question d’encourager la consommation d’un produit psychoactif et dangereux tel que le cannabis, ni d’en faire un marché libre comme dans le Colorado, mais force est de constater que le système actuel ne marche pas. Il faut en tirer les conclusions et sortir des positions idéologiques. […] Nous devons prendre le temps d’observer les pistes tracées ailleurs, comme au Canada ».

« Psychiatrie : peut-on se passer de l’enfermement ? »

Date de publication : 31 janvier 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui remarque que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement restent l’unique moyen de protéger la personne d’elle-même ».
Anne Prigent rappelle ainsi que « depuis 2004, le consentement aux soins est inscrit dans la loi française. Aucun acte médical ou traitement ne peut donc être pratiqué sans l’accord libre et éclairé de la personne. Il existe cependant une exception : la psychiatrie. Dans cette spécialité, il reste possible de recourir aux soins sans consentement, à l’isolement et à la contention ».
Le Dr David Masson, responsable du département de réhabilitation psychosociale du Centre psychothérapeutique de Nancy, indique qu’« il s’agit de répondre à des situations où les personnes sont en incapacité de consentir aux soins en raison d’une conscience altérée de leurs troubles ou des besoins de soin, alors que leur état psychique nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance médicale. […] Ces pratiques sont très encadrées et doivent être utilisées en ultime recours ».
Anne Prigent remarque que « chaque année, plus d’un quart des personnes hospitalisées en psychiatrie l’ont été sans consentement, rappelle une étude de l’Institut de recherche et d’économie de la santé (Irdes) publiée en juin 2022. Soit près de 80.000 personnes ! Parmi elles, 3 personnes sur 10 seront concernées par des mesures d’isolement ».
La journaliste poursuit : « Qui sont les personnes hospitalisées sous contrainte? Principalement des malades souffrant de troubles psychiatriques sévères, notamment de schizophrénie et de troubles bipolaires ».
Le Dr Laurent Defromont, psychiatre, chef de pôle psychiatrie du secteur 59G21 dans les Hauts-de-France, précise cependant que« l’enfermement peut concerner tout un chacun. Si vous arrivez aux urgences avec des idées suicidaires, vous pouvez tout à fait être hospitalisé sans votre consentement ».
Anne Prigent note qu’« une hospitalisation sans consentement est souvent très mal vécue par les patients » et cite notamment Sandra, qui « se dit traumatisée par son expérience » : « Je ne peux plus retourner à l’hôpital, même dans un autre service, sans faire une crise d’angoisse. Et je refuse de me faire hospitaliser dans un service de psychiatrie depuis ».
La journaliste souligne qu’« il est pourtant possible d’agir pour diminuer le nombre d’hospitalisations sous contrainte ».
La Dr Rachel Bocher, chef de service en psychiatrie au CHU de Nantes, remarque ainsi que « la meilleure façon d’éviter le soin sans consentement est d’intervenir suffisamment tôt avec des politiques de prévention et des soins de premiers recours ».
Anne Prigent observe cependant que « les hospitalisations sous contraintes ne baissent pas, bien au contraire. Pourquoi ? ».
Le Pr Antoine Pelissolo, responsable du service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor à Créteil, répond : « À cause notamment des difficultés d’accès aux psychiatres en ville et du manque de lits d’hospitalisation : il est en effet parfois plus facile d’hospitaliser une personne sous contrainte, même si elle ne s’y oppose pas entièrement, car les services de psychiatrie sont alors obligés de l’accepter ».
Anne Prigent note que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement sont un pis-aller qui demeure cependant l’unique moyen pour protéger la personne d’elle-même. Mais aussi, de façon plus inavouée, de protéger la société ».
Déborah Sebbane, présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA), remarque que « cela n’a rien à voir avec du soin. Nous pensons au contraire que plus les patients verront leurs droits respectés, plus la psychiatrie respectera ce qu’ils considèrent comme utile pour eux-mêmes, et mieux ils se porteront. Nous devons repenser nos façons de faire. Ce n’est pas uniquement une question de moyens, mais aussi d’organisation et de formation ».
La journaliste évoque ainsi « des solutions ambulatoires pour prévenir et gérer les crises, mais aussi un accompagnement après l’hospitalisation pour éviter les rechutes. Les solutions existent, mais les bonnes pratiques ont du mal à se généraliser ».

Revue de presse santé psy – décembre 2023

« Alzheimer : un traitement ralentit enfin la maladie »

Le Figaro
Le Parisien
La Croix

Pauline Fréour indique en effet dans Le Parisien qu’« ont été publiés dans le New England Journal of Medicine les résultats d’un essai clinique évaluant l’efficacité d’un anticorps monoclonal, le lecanemab, à ralentir la progression de la maladie. Même si l’efficacité est mesurée, et s’accompagne d’effets indésirables non négligeables, cet effet positif, inédit depuis 30 ans, ouvre la voie à une nouvelle ère de traitements, commentent les experts ».
La journaliste explique que « le lecanemab, codéveloppé par deux laboratoires, le japonais Eisai et l’américain Biogen, montre pour la première fois un effet significatif et constant sur l’évolution de la maladie ».
Elle relève que « l’immunothérapie a été donnée pendant 18 mois à 898 patients présentant une forme légère d’Alzheimer (pas de signe de démence ou sans retentissement sur le quotidien), face à 897 malades identiques recevant un placebo. Le traitement consistait en une injection par voie intraveineuse toutes les 2 semaines ».
Pauline Fréour constate que « le déclin cognitif et fonctionnel (…) des patients traités était moins rapide que celui du groupe placebo, avec une différence d’un demi-point sur une échelle en comptant 18 ».
Pauline Fréour note en outre qu’« à l’imagerie médicale (PET scan), les plaques amyloïdes, anomalies typiques de la maladie d’Alzheimer, qui conduisent à la mort des neurones, régressaient fortement sous l’effet du traitement, alors qu’elles continuaient à progresser légèrement dans le groupe placebo ».
La journaliste remarque toutefois : « Difficile de traduire cela en changements concrets dans la vie des malades. Le traitement offre-t-il plusieurs mois supplémentaires d’autonomie aux patients ? ».
Le Pr Florence Pasquier, responsable du Centre mémoire au CHU de Lille, observe qu’« en 18 mois, on voit que l’état des participants sous traitement n’évolue pas beaucoup, et que le déclin est beaucoup moins sévère. Les résultats vont dans le bon sens, c’est très encourageant ».
Le Pr Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), note pour sa part que « le bénéfice reste modeste, mais c’est quand même un signal historique. C’est une étude bien conduite, avec des résultats puissants, incontestables. Cela valide l’hypothèse de la cascade amyloïde, sur laquelle nous travaillons de longue date. […] Au vu de ces résultats, on peut enfin espérer être efficace contre la maladie ».
Pauline Fréour souligne que « le lecanemab n’est pas pour autant un remède miracle. Il ne guérit pas la maladie ni ne la fait régresser. Mais les experts espèrent qu’il puisse être amélioré en traitant les malades plus longtemps que 18 mois (les patients de l’essai continuent de recevoir les injections, d’ailleurs). En confirmant l’intérêt de jouer sur les plaques amyloïdes, il ouvre aussi la voie à de nouveaux traitements futurs, « avec une meilleure tolérance», suggère le Pr Florence Pasquier ».
La journaliste précise en effet que le lecanemab « induit parfois des effets indésirables sévères. Ainsi, 17,3% des patients qui l’ont pris ont souffert de micro-hémorragies cérébrales, presque deux fois plus que le groupe placebo. Et 12,6% des personnes ayant reçu le médicament ont été atteintes d’un œdème cérébral (1,7% dans le groupe placebo). Ces effets indésirables étaient en majorité peu ou pas symptomatiques et découverts à l’occasion du suivi par imagerie médicale ».
Le Pr Dubois déclare que « le risque est globalement maîtrisable ».
Le Parisien relaie également ces « résultats positifs pour un médicament réduisant le déclin cognitif ».
Le journal retient ainsi : « Les résultats complets de cette étude clinique avancée (phase III) menée sur près de 1800 personnes suivies pendant 18 mois ont confirmé une réduction de 27% du déclin cognitif des patients traités avec le lecanemab. […] Cette proportion « statistiquement significative » selon les deux groupes avait déjà été annoncée fin septembre ».
« Mais l’étude complète […] précise aussi les taux d’incidence d’effets indésirables du lecanemab, parfois graves et notablement plus fréquents que dans le groupe de patients sous placebo »,
 note le quotidien.
Bart De Strooper, directeur de l’Institut britannique de recherche sur la démence, indique que « c’est le premier médicament qui livre une véritable option de traitement pour des personnes atteintes d’Alzheimer. Bien que les bénéfices cliniques apparaissent quelque peu limités, on peut s’attendre à ce qu’ils deviennent plus apparents si le médicament est administré sur une plus longue période ».
La Croix titre pour sa part : « Contre Alzheimer, un essai clinique peu concluant ».
Le quotidien souligne que « ce potentiel traitement n’est pas curatif : il est à prendre dès le stade très précoce de la maladie pour freiner son évolution. Ce qui pose un premier problème, car la maladie d’Alzheimer se détecte souvent tardivement. Surtout, les résultats de l’essai clinique […] invitent à la précaution ».
« La bonne nouvelle, c’est qu’effectivement le traitement permettrait de ralentir légèrement le déclin cognitif, à hauteur de 27%, chez les quelque 900 personnes ayant reçu l’anticorps, par rapport à un groupe de taille équivalente ayant reçu le placebo »,
 note le journal, qui évoque aussi « des effets secondaires très graves chez certains patients ».

« Temps de travail : les internes attaquent les hôpitaux universitaires en justice »

Date de publication : 2 décembre 2022

Le Parisien
Le Monde

Le Parisien note en effet : « Ils entendent faire respecter le plafond légal de 48 heures de travail par semaine. Les syndicats d’internes en médecine et pharmacie ont assigné devant la justice la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) de France ».
« L’Isni, l’Isnar-IMG (médecine) et la FNSIP-BM (pharmacie) veulent ainsi faire appliquer une décision du Conseil d’État. Le 22 juin, la haute juridiction administrative avait enjoint aux hôpitaux publics de se doter d’un «dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter» le temps de travail de leurs médecins et internes »,
 précise le quotidien.
Les syndicats indiquent : « Nous avons dès juillet lancé un ultimatum à tous les CHU, leur laissant une chance de mettre en œuvre des réponses concrètes à ce problème. Constatant qu’aucun progrès sérieux n’avait vu le jour, nous avons décidé ce lundi 28 novembre d’attaquer (la trentaine de) CHU en justice pour que le droit du travail des internes soit enfin respecté ».
Le Parisien relève que « selon un sondage de juillet 2021 cité par les syndicats, 70% des internes déclarent dépasser les 48 heures hebdomadaires, et la moitié 58 heures ».
Les trois syndicats ajoutent que « ce dépassement organisé du temps de travail a de lourdes conséquences sur notre santé mentale », et soulignent que selon une enquête syndicale de 2021, « 75% des étudiants en médecine présentaient des symptômes anxieux, 67% des symptômes de burn-out, 39% des symptômes dépressifs et 19% des idées suicidaires ».
Le journal relève que « les trois syndicats dénoncent «le cynisme de la situation», qui sert à «pallier le manque de moyens de l’hôpital public» ».
Le Monde indique également que « les syndicats d’internes en médecine et pharmacie ont assigné devant la justice la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) de France pour faire respecter le plafond légal de 48 heures de travail par semaine ».
Le journal observe que « les internes affirment assurer, «à un salaire dérisoire de 5,42 euros par heure réellement travaillée», un «travail de secrétariat, de brancardage, d’aide opératoire»… Autant de salariés que «le CHU n’a plus à employer», rappellent-ils. «Le dépassement du temps de travail ne sert pas à notre formation mais à notre exploitation», accusent-ils ».

« Déni de grossesse, mettre des mots sur l’impensé »

Date de publication : 5 décembre 2022

Le Figaro

Le Figaro consacre une double page au déni de grossesse, relevant que « c’est souvent dans les heures qui suivent la prise de conscience de la grossesse que le ventre des femmes apparaît enfin. Un phénomène surprenant qui s’observe aussi chez les femmes qui tardent à annoncer l’événement ».
Luisa Attali, docteur en psychopathologie, chercheure associée aux universités de Paris, remarque ainsi : « Ces histoires font naître de nombreux fantasmes, car pour beaucoup de personnes, il n’y a rien de plus incompréhensible qu’une femme qui ne se rend pas compte qu’elle est enceinte. Pourtant, le déni est un mécanisme de défense auquel l’être humain a largement recours pour se protéger et faire face à des situations qui le dépassent ».
Sophie Marinopoulos, psychologue et psychanalyste, évoque « son début de carrière au planning familial de Nantes » : « À cette époque, on ne parlait pas encore de déni de grossesse. J’ai utilisé ce terme pour la première fois en 1996 […]. Il est dommage que l’on s’y intéresse peu en dehors des faits divers, mais malheureusement la société s’intéresse globalement peu aux aspects psychiques de la grossesse ».
« La médecine a fait d’énormes progrès pour soigner le corps, cependant on oublie souvent qu’au-dessus de l’utérus il y a une femme, et que parfois cette femme peut être en souffrance ou traverser un moment de vulnérabilité », 
remarque la psychologue.
Catherine Wolljung-Bour, sage-femme au pôle gynécologie et obstétrique du centre hospitalier universitaire de Strasbourg, souligne quant à elle qu’« il n’y a pas de profil type ! Il faut sortir des clichés de la femme jeune qui ne connaît pas son corps. Le déni de grossesse peut toucher toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur statut socio-économique, qu’elles aient déjà eu des enfants ou non ».
Le Figaro relève que « pour Sophie Marinopoulos, il existe un déni du corps avant le déni de grossesse ». La psychologue observe que « ces femmes ne sont pas à l’écoute de leurs sensations, de leurs émotions, on pourrait les décrire comme “dures au mal”, souvent peu expressives mais c’est avant tout la manifestation d’une carence psychique précoce. On retrouve dans leur histoire un déni de leurs besoins affectifs dès la première enfance ».
« Cela peut aussi concerner des femmes qui «s’oublient» parce qu’elles sont surmenées ou en épuisement. La psychanalyste souligne donc l’importance de ne pas négliger les déclarations de grossesse après le premier trimestre, dites «tardives», qui peuvent être le signe d’une vulnérabilité »,
 continue le journal.
Le quotidien s’interroge : « Comment mettre une femme face à une réalité dont elle n’a pas conscience ou qu’elle a refoulée ? ». Luisa Attali répond qu’« il faut être prudent et bien choisir ses mots, car cela peut être très violent. Mieux vaut éviter d’asséner “Vous avez fait un déni de grossesse”, mais plutôt constater “Vous avez découvert votre grossesse tardivement” ».
Le Figaro remarque en outre que « c’est souvent dans les heures qui suivent cette prise de conscience que le ventre des femmes apparaît enfin. Un phénomène là encore surprenant, bien qu’il soit également observé chez des femmes conscientes de leur grossesse, mais qui tardent à l’annoncer pour des raisons professionnelles ou personnelles ».
Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil national de l’ordre des sages-femmes, explique qu’« en cas de déni, l’utérus va se développer non pas vers l’avant mais en direction de la colonne vertébrale et vers le haut. Lors de la révélation de la grossesse, l’utérus reprend sa place normale. Les fœtus se positionnent différemment quand il y a un déni par rapport aux grossesses classiques mais ils se développent le plus souvent tout à fait normalement ».
Le journal note ainsi que « le poids à la naissance de ces bébés ne serait pas inférieur à celui des autres bébés. Un surrisque de mortalité existe cependant quand les mères ne découvrent la grossesse qu’au dernier moment et accouchent seules ».

« L’hyperphagie boulimique : un trouble grave du comportement alimentaire, souvent ignoré ! »

Date de publication : 21 décembre 2022

Science et Vie

Science et Vie se penche sur l’hyperphagie boulimique, « un trouble grave du comportement alimentaire, qui peut avoir des impacts importants sur la santé physique et mentale. Pourtant, ce trouble est trop peu connu, il est donc important de sensibiliser les personnes à cette maladie ».
Le magazine rappelle ainsi que « l’hyperphagie boulimique est un trouble alimentaire. Il se caractérise par des crises compulsives dans lesquelles la personne va avoir une envie frénétique de manger sans pour autant ressentir la faim. Durant ces crises, la personne perd complètement le contrôle. Elle mange alors de grosses quantités de nourriture sans pouvoir se retenir. Après la crise, lorsqu’elle prend conscience de tout ce qu’elle vient d’avaler, la personne développe un profond sentiment de honte sans pour autant chercher à évacuer cet excès alimentaire ».
Science et Vie note que « ce trouble du comportement alimentaire s’accompagne très souvent d’une prise de poids. Cette dernière peut mener vers le surpoids et l’obésité. La personne risque alors de développer toute une série de troubles. On trouve notamment des maladies cardiaques, des problèmes d’hypertension, des pathologies cardiovasculaires et du diabète ».
« Si l’état physique de la personne se dégrade, il y a un fort impact sur la santé mentale également. La personne s’isole petit à petit puis de plus en plus. L’anxiété et les symptômes dépressifs s’installent alors », 
ajoute l’article.
Il indique que « l’hyperphagie boulimique est deux à trois fois plus fréquente que la boulimie. Elle concerne 0,6 à 2,3% de la population mondiale. De nombreuses personnes souffrent de ce trouble et ne réalisent même pas qu’elles en sont atteintes ou le découvrent tardivement. La sensibilisation est donc d’une grande importance ».
Science et Vie ajoute que « plusieurs facteurs entrent en jeu dans le développement de l’hyperphagie boulimique. Il s’agit d’un trouble complexe dont les symptômes sont déclenchés par des événements et des émotions négatives telles que l’ennui ou l’anxiété »,.
Le magazine explique qu’« il existe deux grands types de traitements qui sont souvent proposés de pair : les traitements psychologiques et les médicaments. La thérapie cognitive comportementale est un traitement psychologique. […] Les traitements médicamenteux comme les antidépresseurs sont utiles pour diminuer les crises d’hyperphagie boulimique. Cependant, ils comportent un risque d’effets secondaires comme des céphalées, des problèmes de sommeil, de la fatigue et des nausées au début du traitement. Dans la plupart des cas, les traitements psychologiques donnent de bien meilleurs résultats que les médicaments utilisés seuls ».
Science et Vie souligne enfin que « l’hyperphagie boulimique est une maladie qui reste encore trop souvent négligée et sous-estimée. Dans de nombreux cas, les patients n’osent pas en parler, même à leur entourage par crainte du jugement. Pourtant la meilleure manière de les aider est de les accompagner et de les encourager, car des solutions existent ».

Date de publication : 1er décembre 2022

Revue de presse santé psy – novembre 2022

« Le CBD est-il si inoffensif que cela ? »

Date de publication : 7 novembre 2022

Le Parisien

« En quelques années, le cannabidiol, sous-produit de la fleur de cannabis consommable en toute légalité, compte tenu de sa faible teneur en THC, la molécule psychotrope, s’est invité jusque dans nos assiettes, grâce à une réglementation floue. Paré de toutes les vertus, relaxant, déstressant, apaisant selon ses adeptes, il soulagerait aussi bien les maux de dos que de tête, les nuits agitées », indique Aline Gérard dans Le Parisien.
« 
C’est un produit autour duquel la science tâtonne encore. Son effet anxiolytique lui-même est sujet à caution : est-il dû à l’effet placebo, à la présence de THC, aux deux combinés ? On l’ignore », explique Nicolas Authier, chef des services de pharmacologie médicale et de médecine de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
« 
Ni classé drogue ni substance vénéneuse, [le CBD] ne doit pas en France avoir plus de 0, 3 % de THC », note la journaliste. « Mais cela ne signifie pas qu’il est totalement inoffensif. Le CBD a beau n’être pas classé réglementairement comme psychotrope, il a des effets psychoactifs », décrypte le spécialiste de la douleur.
« 
C’est par ce biais qu’on en observe les bénéfices chez des patients : ils se disent moins anxieux, dorment mieux », poursuit-il. La journaliste rappelle ses « effets sur l’activité cérébrale. Le plus connu est un effet sédatif ». Alors, « mieux vaut ne pas en consommer deux à trois heures avant de prendre le volant », prévient le médecin. « Réflexes ralentis, somnolence, votre conduite pourrait en pâtir », insiste la journaliste.
Concernant le dosage, « 
il faut raisonner en milligrammes. C’est uniquement comme cela qu’on peut savoir où on en est dans sa consommation », explique le psychiatre. « Ce sont les huiles à prendre sous forme orale qui sont les plus adaptées », précise-t-il. « Même s’il n’y a pas de risque de surdosage, l’idéal est de s’en tenir à 50 mg par jour », fait savoir Le Parisien.
« 
À faible dose et ponctuellement, comme lors d’un événement stressant, il y a peu voire aucun risque, à condition que le produit soit de bonne qualité et que vous soyez en bonne santé », résume le praticien « En revanche, à partir de 150 à 250 mg/ jour, il préconise de se faire accompagner par un médecin ou pharmacien, ne serait-ce que pour éviter certains mélanges déconseillés avec des médicaments (Ibuprofène, antidépresseurs) ou pour éviter des troubles gastro intestinaux », complète la journaliste.
« 
En aucun cas le cannabidiol peut être considéré comme un médicament : ce n’est ni un antidépresseur, ni un antalgique (antidouleur) », insiste Nicolas Authier. « Prétendre qu’il permet de réduire le diabète, la survenue de maladies cardiovasculaires ou les maladies de peau, c’est de l’escroquerie », assène le médecin.
« 
Le seul usage à visée thérapeutique du CBD validé scientifiquement, à ce jour, concerne certaines formes d’épilepsie » : « L’Epidyolex est le seul médicament enrichi en cannabidiol autorisé en France », rappelle-t-il.
« 
Évitez de le fumer », recommande enfin la journaliste. « À moins de vaporiser auparavant les fleurs en les broyant à l’aide d’un appareil spécial, fumer un joint riche en CBD est tout aussi toxique que fumer une cigarette. Problèmes respiratoires, cardiovasculaires, cancer : les risques sont les mêmes », alerte le médecin. « Il conseille en parallèle aux ados de faire attention aux Puff, ces mini-cigarettes électroniques jetables à la mode, enrichies en CBD », souligne Le Parisien.

 

« La psychiatrie s’effrite en silence »

Date de publication : 8 novembre 2022

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération que « dans le monde des hôpitaux psychiatriques, on le sait, on l’écrit même souvent, cela se délite d’un peu partout, mais voilà «tout le monde s’en fout». Parfois, cela peut déborder ».
Le journaliste observe que «
 la semaine dernière, cette syndicaliste, psychiatre, ne savait plus comment contenir son amertume. Dans un mail, elle a lâché : «Je suis en colère. 400 millions plus 150 millions sont accordés à la pédiatrie et aux soins critiques. Et la psychiatrie, tout le monde s’en fout.» Faisant référence aux mesures du gouvernement pour aider les urgences pédiatriques, la voilà presque aigrie, injuste même ».
La psychiatre ajoute : 
« Ça fait des années que la psychiatrie subit un Ondam [Objectif national de dépenses d’assurance maladie, ndlr] bien en deçà des autres spécialités. Régulièrement la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté vient dire les mauvaises conditions d’accueil et de soins des patients en psychiatrie. Mauvaises est bien en deçà de la réalité. Indignes, en dessous de tout. Inacceptables. Certes tout ne se résout pas par l’argent mais quand même ! Comment on peut soigner en psychiatrie sans moyens humains ? Ça dit bien la non-place dans la société des malades mentaux ».
Eric Favereau remarque que 
« cette psychiatre a néanmoins raison dans sa véhémence, car le monde de la psychiatrie publique n’est plus à la dérive, il est dans un trou noir, on y résiste comme on peut, sans souffle. Rien ne se passe, un univers à l’abandon. Il y a beau avoir un délégué ministériel chargé du dossier, mais qui s’en soucie ? ».
« Les fous sont absents de la sphère publique ; ils ne font pas l’actualité, sauf quand ils fuguent quelques heures (on dit alors qu’ils s’évadent !) ou quand ils sont violents (ce qui est, en pourcentage, beaucoup moins fréquent que chez les personnes dites «normales»). Qui se souvient qu’au printemps 2022, voilà à peine six mois, des centaines de soignants lançaient un appel à Elisabeth Borne, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ? »,
 continue le journaliste.
Il ajoute : «
 Depuis ? Rien. Si ce n’est, à intervalles réguliers, comme un symptôme de la situation, des rapports de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté qui viennent nous rappeler les dérives inédites de certains établissements psychiatriques. Le dernier en date, rendu public la semaine dernière, fait suite à la visite de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Vendée – le Centre hospitalier Georges-Mazurelle de La Roche-sur-Yon – effectuée par six contrôleurs du 27 juin au 6 juillet 2022. Bilan sévère, donnant lieu «au constat d’un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» ».
Eric Favereau conclut : «
 Ainsi va la vie de tous les jours, loin des règles élémentaires de droit, chez les malades que l’on hospitalise à La Roche-sur-Yon. Un rapport qui comme les autres est passé largement inaperçu ».

 

« Des ultrasons pour mieux observer le cerveau des bébés »

Date de publication : 8 novembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet relève en effet dans Le Figaro : « Être en mesure d’observer le fonctionnement du cerveau des nouveau-nés pour y détecter d’éventuelles anomalies, et cela sans danger ni gêne : voilà de quoi révolutionner la détection et la prise en charge précoces de divers troubles neurologiques ».
Mickaël Tanter, physicien et directeur de recherche à l’Inserm, indique que 
« jusqu’à présent, seule l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettait d’observer l’activité du cerveau avec une bonne résolution, mais cette technique n’est pas utilisable en routine chez des enfants. Elle est très bruyante et le bébé ne doit pas bouger ».
La journaliste explique que 
« c’est donc une autre piste que creuse l’entreprise Iconeus, qu’il a cocréée, logée dans un bâtiment de l’hôpital Cochin (Paris) et dont le laboratoire de recherche développe un appareil à ultrasons cent fois plus sensible qu’un échographe standard. La machine permet d’observer en temps réel le flux sanguin du cerveau, qui traduit l’activité neuronale ».
Mickaël Tanter précise ainsi :
 « L’appareil est peu onéreux, facile à déplacer d’une chambre à l’autre, et sans risque. Il suffit de poser une sonde sur le crâne du nourrisson, sans même le stimuler, alors qu’il est tranquillement dans sa couveuse ».
Delphine Chayet note que «
 les scientifiques espèrent découvrir des anomalies de communication entre les différentes régions du cerveau, qui seraient annonciatrices de troubles du neurodéveloppement, tels que l’autisme ou l’hyperactivité ».
La journaliste fait savoir que
 « l’échographe de neuro-imagerie, conçu avec des scientifiques de l’École de physique-chimie de Paris, va d’abord être testé auprès d’une trentaine de bébés à l’hôpital Robert-Debré (Paris) ».
Pierre Gressens, neuropédiatre et directeur d’unité à l’Inserm, ajoute que
 « l’étape suivante sera le suivi d’un plus grand nombre d’enfants durant plusieurs années pour surveiller leur évolution et vérifier que la machine a permis de détecter précocement des signes d’alerte ».
Delphine Chayet remarque que
 « si l’échographie ultrarapide s’avère efficace, un repérage pourra à terme être proposé juste après leur naissance à tous les enfants à risque (nés prématurément ou ayant des frères et sœurs atteints). Un dépistage dans les premiers mois de la vie, suivi d’un accompagnement adapté, augmente en effet les chances de progrès et réduit le risque de handicap »

 

« Une charte pour encadrer les recherches sur les neurotechnologies »

Date de publication : 9 novembre 2022

Le Figaro

Vincent Bordenave remarque dans Le Figaro : « Faire remarcher un paralytique, combattre les maladies dégénératives, mais aussi écrire un article directement par la pensée, sans l’aide d’un clavier. Ces perspectives réjouissantes, et parfois inquiétantes, sont autant de promesses des neurotechnologies, domaine en plein essor ».
Le journaliste observe que «
 le développement des neurosciences s’apparente à un jeu d’équilibriste balançant d’un côté vers des progrès souhaitables pour le plus grand nombre et même indispensables pour certains ».
Il cite ainsi Hervé Chneiweiss, neurobiologiste et neurologue, président du comité d’éthique de l’Inserm, 
« à l’origine d’une charte de développement responsable des neurotechnologies […] présentée le 17 novembre prochain par le ministère de la Recherche ».
Le spécialiste déclare que
 « l’enjeu est double : faire que ce domaine, porteur d’espoir, tienne toutes ses promesses, et secundo, le faire des conditions responsables. […] Les neurotechnologies ont d’ores et déjà permis des progrès faramineux dans de nombreux domaines. Historiquement, on peut citer l’utilisation de l’électroencéphalogramme pour diagnostiquer et traiter l’épilepsie. Il y a un tournant majeur à la fin des années 1980 avec l’implant de stimulation à haute fréquence comme traitement précoce de la maladie de Parkinson, qui concerne désormais près de 1 million de personnes dans le monde. En l’espace d’une trentaine d’années, ces progrès scientifiques ont donc bénéficié à un très large panel ».
Vincent Bordenave note qu
’« en parallèle, ces techniques penchent également vers des dérives que se sont évertuées à nous présenter de nombreuses œuvres des science-fiction, avec l’effrayante perspective de manipulation de la pensée ».
« Car ces approches technologiques s’attaquent au plus intime de chacun d’entre nous : notre conscience et, parfois, nos pensées les plus secrètes. Les avancées spectaculaires des neurosciences permettent en effet de toucher à la mémoire, aux souvenirs, et même d’influer sur les processus décisionnels »,
 relève le journaliste.
Hervé Chneiweiss souligne que «
 c’est toute l’importance de cette charte signée par l’ensemble des acteurs français du domaine, du public comme du privé. Ne pas sacrifier les progrès possibles à cause des dérives. Il faut pour ça convaincre de l’utilité de ces technologies et faire preuve de pédagogie sur les risques pour que chacun en ait pleinement conscience. Pour une fois, nous sommes en avance sur le mouvement et on peut réussir à tracer des limites avant qu’elles ne soient franchies ».

 

« La dépression post-partum, un mal enfin mesuré en France »

Date de publication : 15 novembre 2022

Le Monde

« Entre 15% et 20% des mères souffrent d’une dépression dans l’année suivant la naissance de leur enfant », fait savoir Pascale Santi dans Le Monde.
« 
Même les personnes les plus endurcies ne sont pas à l’abri. Laure Manaudou a confié récemment avoir fait une dépression post-partum pendant un an », souligne la journaliste.
« 
Selon l’enquête nationale périnatale 2021, menée auprès de 12.723 femmes, publiée en octobre, 16,7% des femmes ayant accouché en mars 2021 ont présenté des signes de dépression post-partum deux mois après l’accouchement. Ces scores, mesurés pour la première fois, ont été calculés sur la base des dix questions de l’échelle de dépression postnatale d’Edimbourg (EPDS) », détaille l’article.
« Ces chiffres sont concordants avec les autres pays similaires à la France, avec un taux de dépression maternelle postnatale variant de 15% à 20%, avec un pic de fréquence à deux-quatre mois et un autre à six mois », constate Camille Le Ray, chercheuse à l’Inserm et gynécologue-obstétricienne à la maternité Port-Royal (Paris), qui a coordonné l’étude. « Les pères ou coparents ne sont pas épargnés, mais il existe moins de données sur le sujet », note Le Monde.
« Ces chiffres nous inquiètent. Cela veut dire qu’une femme sur sept n’est pas bien après son accouchement, ce qui représente plus de 100.000 femmes par an. C’est inquiétant d’un point de vue sociétal, car la plupart des grossesses sont désirées. L’état de la femme se serait dégradé pendant la grossesse et/ou après l’accouchement », observe Anne Chantry, sage-femme et chercheuse à l’Inserm.
« 
La dépression post-partum se distingue du baby blues, un événement transitoire attendu qui concerne de 30% à 80% des accouchées dans la semaine qui suit, et qui dure de sept à dix jours », fait savoir Pascale Santi. « Les mères ont un sentiment d’incapacité à s’occuper de leur bébé, se disent que les autres seront plus à même de le faire, ce qui est spécifique de la dépression post-partum », décrit Sylvie Viaux-Savelon, pédopsychiatre périnatale à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon.
« La dépression post-partum est un tabou dans notre pays, car la maternité doit être forcément chose heureuse », estimait Adrien Taquet, alors secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, le 9 octobre 2020, lors des annonces des mesures en faveur des 1000 premiers jours de l’enfant. « L’arrivée d’un bébé est l’un des moments les plus à risque dans la vie d’une femme, avec des bouleversements hormonaux, corporels, organisationnels, familiaux ou professionnels », poursuit Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP, Colombes, Hauts-de-Seine) et chercheuse.
« 
Conséquence tragique, le suicide est la deuxième cause de mortalité des mères dans l’année qui suit l’accouchement, derrière les maladies cardio-vasculaires, avec 35 décès par suicide de 2013 à 2015, soit une femme par mois, comme l’avait révélé l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (Inserm, Santé publique France), rendue publique début 2021 », alerte Le Monde.
« 
Cette étude avait alors créé un électrochoc. Dans neuf cas sur dix, il y avait des signes d’alerte », révèle le journal. « Par exemple, les mères avaient du mal à s’occuper de leur bébé en suites de couches ou n’étaient pas venues à des rendez-vous de suivi de grossesse », constate Sylvie Viaux-Savelon. « D’où la nécessité de former les soignants de première ligne », insiste le journal.
« 
La dépression post-partum peut altérer les interactions précoces avec le bébé », met en garde Pascale Santi. « Plusieurs travaux ont mis en évidence un risque accru de troubles psychiatriques pendant la petite enfance, l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte chez les enfants dont les mères ont présenté une dépression post-partum », souligne Sarah Tebeka.
La journaliste évoque des causes « 
multifactorielles ». « Les antécédents de troubles psychiatriques, qu’ils soient individuels – ce qui est le cas pour la moitié des femmes – ou familiaux, sont le principal facteur de risque d’une dépression périnatale. Des variants de gènes candidats à la dépression, notamment ceux impliqués dans des voies sérotoninergiques, l’axe du stress, les rythmes circadiens ou encore l’ocytocine, sont aussi associés », explique Sarah Tebeka.
La psychiatre, avance « 
d’autres facteurs de vulnérabilité : l’isolement, la précarité, des événements de vie stressants comme des conflits familiaux, des traumatismes, des violences, parfois au travail ».
« 
Autant de données qui montrent l’urgence d’agir et de dépister le plus tôt possible. Depuis juillet, un entretien postnatal précoce, réalisé par une sage-femme ou par un médecin généraliste, est obligatoire », rappelle Pascale Santi.
« 
Dans les faits, toutes les femmes ne le font pas (…). L’enjeu est de taille : seules 40% à 50% des dépressions seraient diagnostiquées, et seulement la moitié des femmes déprimées trouveraient à qui s’adresser, mentionnait le rapport issu de la commission sur les 1000 premiers jours de la vie de l’enfant présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik », alerte la journaliste.

 

« Ces villes qui font de la santé mentale un enjeu de premier plan »

Date de publication : 24 novembre 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui observe que « même si ce domaine ne fait pas partie de leurs prérogatives, des municipalités s’engagent pour déstigmatiser ce sujet, cerner les besoins de la population et travailler à des solutions ».
Isabelle Hennebelle livre ainsi un reportage au Clubhouse de Nantes,
 « structure consacrée à l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap psychique : schizophrénie, bipolarité, dépression sévère… Ici, les adhérents contribuent, selon leur envie et leur capacité du moment, au fonctionnement du lieu, toujours en binôme afin de s’entraider : accueil, repas, ménage, comptabilité… ».
La journaliste explique : «
 La méthode Clubhouse, «fondée sur le modèle d’une journée de travail, permet à un membre sur trois en moyenne de reprendre une activité professionnelle», glisse Alice Aubineau, directrice de l’antenne nantaise ouverte il y a 2 ans, après celles de Paris, Bordeaux, Lyon et Lille, rejointes bientôt par Bastia et Rennes. A Nantes, le Clubhouse est financé à 50% par le privé et à 50% par le public, dont une subvention de 100.000 euros de la ville de Nantes ».
Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes, ajoute que la ville
 « déploie une série d’actions depuis plusieurs années. Il y a urgence, encore plus depuis le Covid : la pandémie a mis en lumière la stigmatisation autour des troubles psychiques et le manque d’investissements ».
Sylvie Justome (Génération Ecologie), adjointe au maire de Bordeaux en charge de la sécurité sanitaire et de la santé, indique pour sa part : 
« Nous sommes actifs sur ce sujet, car nous avons conscience que la santé du citoyen ne dépend pas seulement des soins, mais de ses conditions de vie en général. Qu’il s’agisse d’accès au logement, à la culture, au sport, aux espaces verts, aux mobilités urbaines, nous cherchons à ce que toutes nos actions incluent un objectif de santé mentale ».
Isabelle Hennebelle observe que 
« l’enjeu est de taille. Chaque année, un Français sur cinq est touché par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes. Le taux de suicide est au-dessus de la moyenne européenne, certes plus dans les premiers, l’incidence s’améliorant depuis plusieurs décennies ».
La journaliste note ainsi que 
« dans l’Hexagone, «l’accès aux soins est difficile : seules 40 à 60% des personnes souffrant de troubles psychiques sont aujourd’hui prises en charge, et la qualité des soins est très inégale», relève l’Institut Montaigne dans une étude de décembre 2020. En cause, «des ressources mal réparties sur le territoire, des barrières financières, des délais d’attente très longs, des cloisonnements forts entre médecine somatique, psychiatrie et médico-social, une forte stigmatisation». Et les centres médico-psychologiques, dispositifs sectorisés de soins gratuits, présents partout sur le territoire, sont débordés ».
Isabelle Hennebelle explique donc que
 « face à l’ampleur des besoins, un nombre croissant de villes mettent en place un conseil local de santé mentale (CLSM) afin, notamment, de lutter contre la stigmatisation, promouvoir le bien-être et le rétablissement et prévenir les troubles ».
Fanny Pastant, coordinatrice nationale des CLSM, précise que 
« généralement présidés par un élu local, coanimés par la psychiatrie publique et accordant une place centrale aux personnes vivant avec un trouble psychique ou aux aidants, ces espaces de concertation apparus dans les années 2000 rassemblent aussi les professionnels de la santé, les services sociaux, et tout acteur concerné par le sujet ».
Isabelle Hennebelle relève toutefois qu’
« en dépit de l’activisme des villes engagées, le chemin est encore long ». Alain Dannet, du centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale, remarque qu’« encore trop de maires cantonnent la santé mentale à une approche exclusivement sanitaire, et considèrent donc que ce sujet n’est pas de leur ressort, alors qu’il est éminemment politique et social ».
Fanny Pastant ajoute que « 
la couverture du territoire reste partielle et les moyens insuffisants : il existe actuellement 260 CLSM actifs, il en faudrait 800 pour que l’ensemble des Français en bénéficient ».

 

« L’addiction aux jeux en ligne, c’est une maladie »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien livre un entretien avec Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et professeur des universités à Paris-Saclay, qui « rappelle qu’une addiction aux jeux en ligne peut mener à «d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue» ».
Le journal note ainsi qu’«
 alors que la Coupe du monde de football au Qatar pourrait battre des records de mises et engendrer de nouveaux « addicts » aux paris sportifs en ligne, le spécialiste alerte sur les dangers que représente le jeu excessif : isolement, dépression, endettement, voire problèmes de couple et tentatives de suicide ».
Laurent Karila rappelle que «
 l’addiction au jeu est reconnue comme une maladie », et en évoque « les conséquences » : « Elles sont multiples. Financières et sociales, avec de l’endettement, de l’adhésion massive à des crédits de consommation… […] On a régulièrement un isolement social fort, les malades n’en parlant pas autour d’eux. Psychologiquement, on peut aller vers la dépression, voire des tendances suicidaires et des passages à l’acte. Un « addict » au jeu en ligne peut aussi verser dans d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue ».
Le Parisien interroge : 
« Combien de parieurs en ligne sont addicts en France ? ». L’addictologue répond qu’« on n’a pas le chiffre précis, mais on sait que 15% d’entre eux présentent un risque de jeu problématique, c’est-à-dire, en gros, de basculer dans une addiction. C’est une grosse proportion. Ce sont essentiellement des jeunes : 72% des joueurs sont des hommes de 18 à 35 ans ».
Le journal poursuit : 
« Comment s’en sortir ? ». Laurent Karila souligne qu’« il faut une prise en charge totale. Aller voir son médecin ne suffit pas. Celui-ci doit orienter vers des spécialistes qui vont traiter chaque aspect de la maladie : médicale, avec un psychiatre ou un addictologue, mais aussi sociale, psychologique. […] Il est aussi possible de s’interdire volontairement de jouer. Mais attention, cela ne suffit pas : l’addiction est une drogue, elle peut contourner ces mesures d’auto-exclusion ».

 

« Les psychiatres hospitaliers se mobilisent contre «l’abandon» de leur secteur »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque en effet : « Manque de lits d’hospitalisation, fermetures de centres faute d’effectifs suffisants… Les psychiatres hospitaliers sont invités à se mobiliser ce mardi contre le «délabrement» d’un secteur public victime d’un «abandon» de l’État, selon leurs syndicats ».
Le journal fait savoir que
 « 4 organisations appellent à la grève et à des manifestations, notamment à 11h à Paris, devant le ministère de la Santé. Des rassemblements sont annoncés dans d’autres villes, devant les agences régionales de santé (ARS) ou des hôpitaux ».
Le quotidien explique que
 « ces syndicats dénoncent un «abandon de la psychiatrie publique» qui «se caractérise au quotidien par le manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP)». Une situation liée à la pénurie d’effectifs de médecins et d’infirmiers, qui «touche aujourd’hui 5 établissements hospitaliers sur 6», selon un communiqué intersyndical ».
Le Parisien cite le Dr Norbert Skurnik, président de l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), qui déclare :
 « Rien qu’en Île-de-France, 60.000 à 70.000 personnes, dont au moins 60% sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile ».
Le journal relève ainsi : 
« Dans un contexte de «durcissement» des conditions de travail, la spécialité n’attire plus les jeunes médecins, déplore le Dr Skurnik, citant le chiffre de 100 internes à répartir en région parisienne, «là où il en faudrait 150» ».
Le quotidien note que le psychiatre 
« défend une augmentation de «20 à 25%» des salaires des psychiatres hospitaliers, sous forme de primes de pénibilité. Quatorze mois après sa présentation, le plan annoncé par Emmanuel Macron à l’issue d’assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes dans les CMP, est jugé insuffisant par la profession ».
Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens d’exercice hospitalier (INPH), souhaite également 
« un plan pour l’attractivité des carrières. Il y a nécessité que les pouvoirs publics reprennent le dialogue social avec les psychiatres ».
Le Parisien rappelle que le ministre de la Santé, François Braun, a 
« promis qu’un bilan serait tiré «très prochainement» des assises organisées en septembre 2021 ».

 

Revue de presse santé psy – octobre 2022

« Crises non épileptiques psychogènes : à Marseille, un service hospitalier « fait le pont entre le corps et l’esprit » »

Date de publication : 26 octobre 2022

Libération

C’est ce qu’indique Libération, qui explique qu’« à la Timone, un service se spécialise dans le traitement de cette maladie rare, dont les manifestations ressemblent à s’y méprendre à celles de l’épilepsie, sans toutefois en être ».
Samantha Rouchard rappelle ce que sont ces crises non épileptiques psychogènes, ou Cnep :
 « Cela touche environ 5 personnes sur 100.000 par an, à 80% des femmes. Si ses manifestations ressemblent à l’épilepsie, sur l’EEG la Cnep se différencie car elle n’implique pas de perturbations de l’activité électrique ».
« Que les femmes soient plus touchées par des troubles comme l’anxiété ou la dépression peut expliquer qu’elles soient plus enclines aux Cnep »,
 note la journaliste.
Marie Arthuis, psychiatre, précise que
 « derrière ces crises, on trouve une portion non négligeable de cas d’abus sexuels, de traumatismes physiques et de violences qui s’expriment par le corps car la parole ne peut pas se faire. Et les personnes victimes d’abus sont majoritairement des femmes. Le corps se lâche là où la personne ne s’autorise pas à le faire. Ce qui est probablement lié à la position des femmes dans la société ».
Samantha Rouchard indique que 
« les Cnep se soignent principalement grâce à une psychothérapie », puis note qu’« il y a 3 ans, la [psychiatre] a intégré cette unité de neurologie, rejointe depuis par deux psychologues. Ce service, centre ressource des épilepsies résistantes au traitement, voit 20 à 30% de sa patientèle atteinte de Cnep. D’où le choix de créer un dispositif pluridisciplinaire pour prendre en charge le patient dans son entièreté, s’inspirant de ce qui se fait déjà au CHRU de Nancy ».
Marine Cossettini, psychologue, remarque qu’
« en médecine, on distingue souvent corps et esprit et dans ce service, on fait le pont entre les deux ».
Samantha Rouchard note que « 
pour la neurologue du service, Agnès Trébuchon, la présence psy a permis de faire «progresser» les choses. A la Timone, les patientes Cnep viennent parfois de loin pour consulter après avoir été pas mal «ballottées». Car cette maladie reste très mal appréhendée par le corps médical. Aux urgences, il est fréquent que les patientes soient traitées d’hystériques ».
La journaliste poursuit : 
« Médecin et psychologues du service œuvrent pour faire évoluer les mentalités et transmettre ce qu’ils savent de cette maladie. Pour Marie Arthuis, les nombreuses femmes qui travaillent dans ce service ont peut-être aussi changé la donne ».

 

« Covid long, AVC, perte de matière grise : les mauvaises surprises à long terme du Sars-CoV-2 »

Date de publication : 27 octobre 2022

Libération

Olivier Monod constate dans Libération que « près de 3 ans après l’apparition du Covid-19, l’éventail complet des séquelles de la maladie reste mal connu. En France, la huitième vague semble sur le déclin et n’a pas causé d’engorgement des hôpitaux, principalement grâce à la bonne couverture vaccinale de la population ».
« Le Covid semble ne plus être un sujet d’inquiétude, ni politique ni sociale, malgré les 80 morts quotidiens dus à la maladie (et un total d’au moins 156 000 victimes en France). La solidarité envers les personnes fragiles a fait long feu et l’apparition du nouveau variant BQ.1.1 ne déchaîne pas les passions », 
relève le journaliste.
Il rappelle toutefois que 
« l’impact sanitaire du Covid-19 ne s’arrête pas aux morts immédiats. Les effets d’une infection par le virus Sars-Cov-2 plusieurs mois après la phase aiguë de la maladie sont toujours étudiés, et ne se limitent pas au fameux Covid long. Cerveau, cœur, diabète, système immunitaire, Libération fait un tour d’horizon des conséquences possibles de la maladie ».
Olivier Monod explique notamment que «
 certaines personnes souffrent de symptômes du Covid pendant plusieurs mois. Popularisées sous le nom de Covid long, ces «affections post-Covid» concernent, en France, «20 % des personnes ayant été infectées», 18 mois après l’infection, écrit le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) ».
« Une récente étude cosignée par la chercheuse française Sandrine Thuret met en évidence une possible perturbation de la création de nouveaux neurones – la neurogénèse – chez les patients souffrant de confusion pendant la phase aiguë du Covid. […] Le mécanisme en cause est l’activation du système inflammatoire par le virus, qui va générer des troubles dans le cerveau »,
 note le journaliste.
Il cite en outre Vincent Prévot, directeur de recherche de l’Inserm, qui indiquait en juin dernier que 
« le virus créait des micro-hémorragies dans le cerveau qui pourraient expliquer certains des symptômes développés par les patients atteints du Covid long. Si cela peut être réversible, une fragilité du système nerveux central pourrait augmenter le risque de développer une maladie neurodégénérative bien des années plus tard ».
Olivier Monod poursuit : 
« Mais tous les patients ne présentent pas les mêmes symptômes. De la perte de l’odorat au malaise à l’effort, l’éventail est large ».
Le journaliste évoque notamment le cœur :
 « Le virus Sars-Cov-2 est capable d’infecter de nombreuses autres cellules humaines que celles du poumon. «Ce virus aime toucher les parois des petits vaisseaux sanguins», affirme Olivier Robineau [infectiologue à l’hôpital de Tourcoing]. En août 2021, une étude suédoise parue dans The Lancet mettait à jour un risque d’infarctus du myocarde multiplié par 3 la semaine suivant l’infection ».
Olivier Monod souligne que 
« même un an après l’infection, les personnes ayant contracté le Covid sont plus à risque d’une pathologie cardiovasculaire pouvant aller d’un trouble du rythme cardiaque à une attaque, en passant par une myocardite ».
Olivier Robineau précise : 
« On est encore au début de l’apparition d’une nouvelle maladie. Beaucoup d’hypothèses différentes sont explorées, parfois très anxiogènes et c’est normal. Mais il faut faire attention aux extrapolations trop rapides. Les études manquent encore de robustesse ».
François Chollet, neurologue, indique pour sa part : 
« Ce que l’on peut dire, c’est que le Covid peut provoquer des anomalies cérébrales visibles à l’IRM. […] Nous ne connaissons pas encore leur signification. Est-ce qu’elles peuvent expliquer des symptômes du Covid long ? Une lésion du système nerveux central peut expliquer un trouble du rythme cardiaque… il y a des débats ».
Olivier Monod relève en outre que
 « le Covid-19 a été très tôt associé à un déchaînement du système immunitaire, la fameuse tempête cytokinique qui conduisait les personnes en réanimation. Mais cette hausse de l’inflammation peut durer dans le temps ».
Le Dr Robineau indique que 
« 6 mois après l’infection, on peut encore avoir des marqueurs de l’inflammation plus élevés que chez des personnes n’ayant pas fait d’infection. Mais on a tendance à montrer que ces marqueurs diminuent avec le temps ».
« Le Covid a aussi été associé à une hausse du diabète de type 2, mais les scientifiques sont plus circonspects sur cette association »,
 ajoute le journaliste. Le Dr Robineau précise : « Cela peut être un biais induit par le fait que le Covid accélère la détection d’un diabète qu’on aurait mis en évidence plus tard ».

 

« Et si les jeux vidéo étaient bons pour le cerveau des enfants ? »

Date de publication : 28 octobre 2022

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « ce nouveau passe-temps très populaire chez les plus jeunes les aiderait à développer certaines aptitudes cognitives, selon les résultats d’une étude publiée en ligne sur le site Jama Network Open ».
La journaliste explique ainsi que 
« les enfants adeptes des jeux vidéo auraient une meilleure mémoire de travail, celle qui est sollicitée pour faire du calcul mental ou encore retenir les syllabes et les mots lors de la lecture. Chez les enfants joueurs, les scientifiques ont également noté une meilleure capacité d’inhibition ».
Anne Prigent indique que
 « les chercheurs de l’Université du Vermont se sont appuyés sur la cohorte américaine ABCD, portant sur le développement cognitif du cerveau de l’adolescent. Ils ont analysé les données cognitives et les données d’imagerie cérébrale de plus de 2000 participants âgés de 9 et 10 ans, en séparant ces enfants en deux groupes : ceux qui ne jouaient pas du tout aux jeux vidéo, et ceux qui jouaient trois heures par jour ou plus ».
« Pour chaque groupe, les chercheurs ont évalué les performances des enfants dans deux tâches mesurant la mémoire à court terme et la capacité d’inhibition, et ils ont observé l’activité cérébrale des enfants pendant l’exécution de ces tâches »,
 poursuit la journaliste.
Elle retient que 
« les enfants jouant 3 heures ou plus par jour étaient plus rapides et plus précis dans les deux tâches cognitives et présentaient une activité cérébrale plus élevée dans les régions associées à l’attention et à la mémoire. Ces enfants avaient aussi une activité cérébrale moins marquée dans les régions liées à la vision ; selon les auteurs, cette observation pourrait s’expliquer par l’acquisition par les joueurs d’une plus grande efficacité du traitement visuel ».
Anne Prigent note que
 « pour autant, si votre enfant vient vous dire qu’il peut jouer des heures à la console parce que c’est bon pour son cerveau, vous n’êtes pas obligé de l’écouter. Il est en effet impossible, pour le moment, rappellent les auteurs de l’étude, de savoir si c’est le fait de jouer davantage qui améliore les performances cognitives, ou si de meilleures performances cognitives conduisent à jouer davantage ».

 

« Maladie d’Alzheimer : les incroyables effets du ping-pong »

Date de publication : 31 octobre 2022

Le Parisien

« Le ping-pong [ou tennis de table] apparaît en effet comme l’une des activités les plus bénéfiques. Pratiquer ce sport de raquettes entraînerait des améliorations dans la socialisation, la concentration, la perception de l’espace ou encore la coordination motrice », révèle Le Parisien.
« 
Depuis les années 1990, il y a eu seulement deux publications scientifiques sur le sujet », regrette le Dr Pierre-Louis Bernard. « Pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et quantifier scientifiquement les bénéfices de ce sport, une nouvelle étude va être lancée l’an prochain », fait savoir le journal.
« 
Commandée et financée par l’association France Alzheimer, elle sera pilotée par Pierre-Louis Bernard. Un échantillon de 200 personnes atteintes d’Alzheimer, accompagnées de leurs aidants, participera à différents tests d’analyses », précise-t-il. « Pendant six mois, ils auront des entraînements de tennis de table deux fois par semaine », indique le chercheur.
« 
Depuis la signature, il y a trois ans, d’un partenariat entre France Alzheimer et la Fédération française de tennis de table (FFTT), 25 clubs ont été conventionnés pour proposer des séances adaptées », rappelle l’article. Le sport y est « une parenthèse d’une heure et demie où les participants ne pensent plus à la maladie », constate Lucie Coulon, coordinatrice sport santé à la FFTT.
« 
L’étude du docteur Bernard, si elle est conclusive, pourrait permettre de reconnaître ces séances comme une forme de thérapie et faciliter leur prise en charge. Les protocoles sont déjà bien arrêtés », observe Le Parisien. « On préconise huit malades et leurs aidants par groupe, avec un éducateur qui leur est totalement consacré », détaille Lucie Coulon.
« 
Ces temps d’exercice sont également l’occasion d’offrir du répit aux aidants », souligne Le Parisien. « Le tennis de table est simple et abordable, avec un bénéfice évident pour les pratiquants », constate le Dr Kévin Rabiant, spécialiste en neurosciences et responsable du service études et recherche à France Alzheimer. « Estime de soi, inclusivité sociale, travail de l’équilibre et diminution du risque de chutes sont les effets positifs que la FFTT observe également », conclut Le Parisien.

 

Revue de presse santé – septembre 2022

« Une étude révèle une baisse des suicides en France pendant les confinements de 2020 »

Date de publication : 6 septembre 2022

Le Monde Le Parisien La Croix

Le Monde fait savoir que « la crise liée au Covid-19 a eu des «effets contrastés» sur la population française, estime l’Observatoire national du suicide (ONS) dans un rapport […] évoquant une baisse générale des suicides lors des confinements de 2020 et une évolution différenciée des gestes suicidaires en fonction des populations ».
Le journal retient que «
 la pandémie n’a pas entraîné «une hausse immédiate des conduites suicidaires», explique l’observatoire de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). […] Les gestes suicidaires ont même «diminué au début de la pandémie malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil» ».
Le Monde indique que 
« les décès par suicide dans la population générale ont ainsi baissé de 20% et 8% durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes, et les hospitalisations en court séjour pour lésions auto-infligées de 10% sur 2020 par rapport à la période 2017-2019 ».
Le quotidien ajoute que 
« ces chiffres […] correspondent aux données «recueillies dans d’autres pays de niveau économique similaire», et suggèrent que les confinements «ont pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire» grâce au «sentiment de partage d’une épreuve collective» ou encore en raison de la «surveillance accrue par les proches» ».
Le Monde précise cependant que 
« cette baisse ne s’est pas poursuivie hors confinement, car «le nombre global de décès par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès» entre le début de janvier 2020 et la fin de mars 2021 «ne paraissent pas avoir été affectés par la pandémie» ».
Le Parisien relève également que
 « les décès par suicide dans la population générale ont diminué […] durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. Mais la pandémie a eu des «effets contrastés». Les hospitalisations pour lésions auto-infligées ont nettement augmenté pour les adolescentes et jeunes femmes ».
Le journal explique que selon l’ONS, 
« ces dernières ont été affectées «par le premier confinement, avec une hausse des syndromes dépressifs, qui n’ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la pandémie une fois passées ses phases les plus aiguës», […] évoquant le «rôle d’accentuation» des vulnérabilités psychologiques préexistantes joué par le Covid-19 chez les jeunes issues de milieux socio-économiques défavorisés ».
« La DREES appelle toutefois à une interprétation prudente de ces chiffres en raison de possibles «effets rebonds» et de la «tendance générale à la baisse des conduites suicidaires, observable depuis les années 1980» »,
 conclut Le Parisien.
La Croix titre pour sa part : 
« Pendant la crise sanitaire, des tentatives de suicide en forte hausse chez les jeunes femmes ». Le journal observe que « pour tous les niveaux de vie, les femmes sont particulièrement vulnérables entre 15 et 19 ans, mais plus particulièrement pour celles appartenant aux 25% des ménages les plus modestes ».

 

« Covid, burn-out… Dans les entreprises, les arrêts maladie repartent à la hausse »

Date de publication : 8 septembre 2022

Le Parisien

Catherine Gasté constate en effet dans Le Parisien que « dans les entreprises, la tendance est plutôt au mal-être, si l’on en croit les résultats sur 7 ans du baromètre annuel « Absentéisme » réalisé par l’organisme de protection sociale complémentaire Malakoff Humanis ».
La journaliste indique qu’«
 après une baisse significative durant la période du Covid (36% en 2020 et 38% en 2021), la proportion de salariés absents au moins une fois dans l’année pour maladie est repassée au-dessus de la barre des 40% en 2022 : à 42% contre 34% en 2012… ».
Anne-Sophie Godon-Rensonnet, en charge du baromètre, observe ainsi qu’en 2020 et 2021 
« il y a eu beaucoup de salariés en chômage partiel donc pas ou peu d’arrêts maladie. On sait aussi que le télétravail a été un «protecteur» des arrêts de courte durée. Enfin, les arrêts un peu plus longs sont souvent liés à des opérations qui ont été mises en stand-by ».
Catherine Gasté relève que 
« si, entre mi-2021 mi-2022, le Covid représente le premier motif d’absence avec 22% des arrêts maladie, les motifs psychologiques deviennent la deuxième cause des arrêts (20%) et devancent les troubles musculosquelettiques (16%) ».
« Ce bond des arrêts pour risques psychosociaux et burn-out peut en partie s’expliquer par «une période marquée, au-delà de la crise sanitaire, par de grands bouleversements qui affectent le monde de l’entreprise et le travail lui-même», souligne Malakoff Humanis. Ils constituent par ailleurs le principal motif des arrêts longs : 28% contre 14% en 2016 »
, continue la journaliste.
Elle évoque en outre «
 de fortes disparités. Une «surreprésentation des jeunes (18-34 ans) constante», selon l’étude, depuis 2016. Près d’un sur deux (46%) a déposé au moins un arrêt maladie en 2022, et la moitié d’entre eux ont eu des arrêts multiples ».
Catherine Gasté en précise «
 les principaux motifs : là encore, Covid et troubles psychologiques en forte hausse. D’ailleurs, 26% des jeunes jugent leur santé mauvaise ou moyenne, dont un tiers sur le plan mental. Un jeune sur deux se dit stressé souvent ou très souvent au travail. […] Les plus de 50 ans en revanche sont les moins nombreux à avoir des arrêts maladie, une «sous-représentation constante» (34% en 2022) ».
La journaliste ajoute que 
« les femmes s’arrêtent plus que les hommes : 48% contre 37% des hommes en 2022 ». Anne-Sophie Godon-Rensonnet évoque des « conditions de travail et d’emplois souvent plus précaires. Il y a des secteurs d’activité entiers où ce sont plutôt les femmes qui ont les postes avec des conditions de travail pénibles, moins bien rémunérés ».
Catherine Gasté note enfin que «
 devenir manager ne fait plus rêver », relevant que « le taux de fatigue explose chez les managers, quel que soit leur sexe : 59% disent avoir ce sentiment. D’ailleurs, 4 sur 10 ont au moins été arrêtés une fois dans l’année et 22% pour des troubles psychologiques ».

 

« Pandémie et capacités physiques et cognitives, retour sur le cas des enfants »

Date de publication : 21 septembre 2022

Le Monde

Pascale Santi constate dans Le Monde que « les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont eu des répercussions sur l’activité physique et le niveau de sédentarité des Français, enfants et adolescents au premier chef ».
La journaliste rappelle que
 « bouger est un facteur de protection de nombreuses maladies chroniques et ses bienfaits sont prouvés sur la santé physique, mentale et sociale des jeunes, sans parler de l’amélioration de certaines performances cognitives et des apprentissages scolaires. »
Elle note ainsi que «
 l’agence sanitaire Santé publique France (SPF) a lancé, début septembre, la campagne «Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager, c’est important» ».
Pascale Santi observe que 
« les experts alertent depuis plus de 10 ans […] sur une situation préoccupante. Selon plusieurs études, 8 ados sur 10 n’atteignent pas le niveau d’activité physique recommandé. Parallèlement, le temps de sédentarité ne cesse de croître, en raison de l’explosion des temps d’écran. Un cocktail délétère, aggravé par la pandémie ».
La journaliste revient sur les «
 résultats […] d’une étude dont [Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand] a été coordinatrice, menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et de CE2 ».
Pascale Santi retient que selon ce travail paru en octobre 2021 dans
 International Journal Environmental and Public Health, « les capacités physiques ont significativement baissé, confirmant les premières données : la capacité d’endurance (VO2 max) a chuté de 25% en un an, les capacités motrices (sauter, courir, passer d’un pied à l’autre…) d’environ 20%. La diminution des capacités cognitives est de 25% dans la publication, et non plus de 40% comme annoncé » lors de résultats préliminaires en juin 2021.
« Par ailleurs, si, dans les données préliminaires, l’IMC avait grimpé de 2 à 3 points en moyenne, l’augmentation n’est que de 1 point dans l’étude publiée », ajoute-t-elle.
La journaliste note cependant que
 « selon plusieurs chercheurs, des aspects de cette publication interrogent ».
L’un d’eux observe :
 « Comparativement aux résultats de l’étude préliminaire réalisée avec 90 enfants testés à deux périodes différentes, laissant supposer un suivi longitudinal, dans l’étude publiée, les tests ont été réalisés dans deux classes différentes, donc avec des enfants différents. Il est donc difficile d’interpréter et de comparer les résultats en raison d’un manque d’informations sur les conditions de l’étude ».
Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives Marc-Jeannerod (Inserm, CNRS), remarque pour sa part : «
 Certes, les résultats sur la cognition sont moins alarmants, mais ils restent élevés, et ils vont dans le même sens que d’autres travaux sur ce sujet. La baisse des compétences cognitives, du temps de sommeil, de lecture… est observée depuis plusieurs années ».
Pascale Duché, directrice du laboratoire Impact de l’activité physique sur la santé de l’université de Toulon, note quant à elle que
 « la question est de savoir si la reprise des activités scolaires, physiques et sportives va permettre de retrouver les niveaux d’avant le Covid, qui étaient déjà très bas ».

 

« Un Français récompensé pour avoir trouvé la cause de la narcolepsie et son traitement principal »

Date de publication : 23 septembre 2022

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui observe : « C’est une maladie «bizarre», «incroyable», mais aussi «dévastatrice», dont les patients atteints «souffrent terriblement». Le Français Emmanuel Mignot, 63 ans, a consacré sa carrière à l’étude de la narcolepsie, jusqu’à en trouver la cause et permettre ainsi d’éclairer un peu l’un des grands mystères de la biologie : le sommeil ».
Le journal fait savoir que 
« sa découverte lui vaut d’être aujourd’hui récompensé par un grand prix américain, le Breakthrough Prize, aux côtés du Japonais Masashi Yanagisawa, arrivé à des conclusions similaires au même moment ».
« Grâce à ces recherches, des médicaments qui promettent de révolutionner le traitement de la narcolepsie et d’autres troubles du sommeil sont aujourd’hui en cours de développement »,
 note le quotidien.
Le Parisien explique qu
’« il y a 30 ans, jeune diplômé de médecine et de sciences, Emmanuel Mignot décide de se rendre aux États-Unis durant son service militaire, afin d’étudier le fonctionnement d’un médicament alors utilisé contre la narcolepsie. […] Il enseigne à présent à l’université Stanford, en Californie, où des narcoleptiques du monde entier viennent le consulter ».
« Finalement, en 1999, la trouvaille : un récepteur situé sur des cellules du cerveau des chiens narcoleptiques est anormal. Ce récepteur est comme une serrure, qui ne réagit qu’en présence de la bonne clé : une molécule, découverte en même temps par le Japonais Masashi Yanagisawa, qui la baptise orexine (aussi parfois appelée hypocrétine). Il s’agit d’un neurotransmetteur, produit dans l’hypothalamus, à la base du cerveau, par une toute petite population de neurones », 
précise le quotidien.
Le journal note qu’« 
Emmanuel Mignot réalise les premiers tests chez les humains. Et les résultats sont époustouflants : les niveaux d’orexine dans le cerveau des patients narcoleptiques sont à zéro. La voie d’action de la maladie est donc similaire : chez les chiens, la serrure est cassée, mais chez l’humain, c’est la clé qui manque. Ce qui explique également pourquoi la maladie peut être héréditaire chez les chiens, et non chez les humains ».
« En donnant un médicament mimant l’orexine dans le cadre d’essais, les résultats sont «vraiment miraculeux», raconte le chercheur français. Les patients ont alors «des yeux différents», ils sont «juste réveillés, calmes», une vraie «transformation.» Le défi reste aujourd’hui de développer la formulation délivrant la bonne dose, au bon moment »,
 ajoute Le Parisien.
Le journal relève enfin que 
« toutes les questions ne sont pas pour autant résolues. Emmanuel Mignot essaie aujourd’hui de prouver que la narcolepsie est déclenchée par le virus de la grippe. Selon lui, le système immunitaire, chargé de nous défendre contre les infections, peut se mettre à confondre les neurones produisant l’orexine avec certains virus de la grippe, et finir par les attaquer. Or une fois morts, ces neurones ne peuvent pas se renouveler, et les patients ne pourront plus produire d’orexine de leur vie ».

 

« Quand la réalité virtuelle aide à combattre la douleur »

Date de publication : 26 septembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet note en effet dans Le Figaro que « comme l’hypnose, la réalité virtuelle peut être utilisée au bloc opératoire en complément d’une anesthésie locale. Casque couvrant les yeux et les oreilles, le patient est transporté dans un paysage bucolique en trois dimensions, son attention retenue par une voix relaxante pendant que le médecin opère ».
La journaliste relève qu’
« un des bienfaits de cette technologie, qui a en France une place encore modeste à l’hôpital, vient d’être remis en évidence par une étude publiée dans Plos One : elle permet de réduire les doses de sédatifs administrés pendant l’intervention quand le patient manifeste des signes de douleur ou d’anxiété ».
Delphine Chayet explique que « 
des scientifiques de l’université du Colorado Hospital (États-Unis) ont comparé les parcours d’une trentaine d’adultes opérés pour une chirurgie bénigne de la main, avec ou sans programme de réalité virtuelle ».
« Alors qu’ils ont reçu moins de médicaments destinés à les faire somnoler, les patients ayant bénéficié du programme immersif affichent des taux de satisfaction postopératoires identiques aux individus pris en charge de façon habituelle. Ils ont passé moins de temps en salle de réveil. Les chercheurs américains rappellent qu’une sédation excessive peut être à l’origine de complications respiratoires », 
continue la journaliste.
Antoine Bioy, professeur de psychologie à l’université Paris 8 et praticien au CHU de Bordeaux, observe que
 « l’approche, destinée au grand public pour des gestes médicaux simples, est intéressante dans la mesure où tous les services hospitaliers n’ont pas d’hypnothérapeutes ou de sophrologues formés ».
Delphine Chayet précise que «
 la technologie permet de réunir plusieurs méthodes de relaxation. L’immersion dans un décor naturel – jardin, forêt, plage… – s’accompagne d’exercices de respiration, de bruits apaisants et d’une voix enregistrée qui guide le patient dans l’expérience, attirant son attention sur le mouvement des feuilles ou des vagues ».
La journaliste relève qu’
« à l’hôpital Saint-Joseph [à Paris], où le casque est testé depuis 6 mois pour les coloscopies, le Dr Marie-Charlotte Desmaizières [médecin anesthésiste] constate son effet positif ».
La praticienne indique : 
« Il nous est arrivé d’observer des signes objectifs de douleur, par exemple une tachycardie, sans que le patient exprime une quelconque gêne. Globalement, nous parvenons à diminuer, voire à supprimer la sédation et à réduire la durée de surveillance post-interventionnelle ».
Yacine Hadjiat, spécialiste de la douleur à l’Inserm et expert en santé digitale, explique que
 « via la distraction active et l’hypnothérapie, on stimule notamment les systèmes inhibiteurs et endogènes de contrôle de la douleur, de type endorphines. La douleur est une expérience subjective, physique et émotionnelle, influencée par de multiples facteurs, d’où la nécessité d’interventions dites multimodales ».
Delphine Chayet relève toutefois que «
 malgré un intérêt grandissant, la réalité virtuelle reste une pratique émergente ».
La Dr Fanny Lévy, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière et présidente de la société MyReVe, remarque ainsi :
 « La recherche et la technologie ont fait de grands progrès, mais le déploiement est limité par le coût des casques et le manque de formation des professionnels de santé. Elle pourrait pourtant être proposée à un très grand nombre de patients – à condition que les programmes soient conçus par des médecins ».

 

« De « faux » cerveaux pour mieux comprendre le vieillissement précoce »

Date de publication : 28 septembre 2022

La Croix

Audrey Dufour explique dans La Croix qu’« une équipe de l’Institut Pasteur a développé des organoïdes cérébraux, des structures vivantes qui reproduisent un stade très précoce et incomplet du cerveau. Ces organoïdes doivent servir pour mieux comprendre et soigner les atteintes neurodégénératives de maladies rares ».
La journaliste indique ainsi que
 « le laboratoire de Miria Ricchetti à l’Institut Pasteur, à Paris, travaille sur les maladies génétiques progéroïdes. Rares, ces troubles provoquent un vieillissement accéléré chez les enfants et une très courte espérance de vie, comme la progéria. Chaque boule blanche dans la boîte est en réalité un organoïde cérébral, sorte de «bébé cerveau» ».
Elle précise que 
« ces organoïdes ne sont pas des cerveaux complets et ne peuvent pas le devenir. Au bout de 2 ou 3 mois, ils cessent leur développement, faute d’une vascularisation. Pour qu’ils se développent, il faudrait les implanter dans un animal, ce qui aboutirait à une chimère, technique autorisée par la dernière loi de bioéthique ».
Audrey Dufour note que «
 ces cellules sont tout de même bien vivantes, et on enregistre même une activité électrique, presque comme on le ferait pour de «vrais» cerveaux ».
Miria Ricchetti remarque ainsi : 
« C’est assez spectaculaire, et je crois qu’on ne saisit pas encore toutes les implications de ces organoïdes ».
La journaliste explique que 
« l’équipe part des cellules de la peau des enfants malades, qu’on a prélevées pour confirmer le diagnostic. Ces cellules sont traitées pour devenir des cellules souches pluripotentes induites (les CSPi). Celles-ci sont alors mises en culture pour donner des neurones. Là, diverses techniques permettent de créer non plus une simple couche de cellules, mais un véritable «organoïde» en trois dimensions ».
« Ces organoïdes issus de patients malades sont ensuite comparés à d’autres organoïdes issus de personnes saines, pour mieux comprendre les mécanismes neurodégénératifs des maladies du vieillissement accéléré. Les structures millimétriques dans les boîtes servent également à tester d’éventuels traitements »
, continue Audrey Dufour.
Elle ajoute : « 
Avec, à terme, une application à d’autres maladies plus répandues ? ». Miria Ricchetti précise cependant que « ces organoïdes présentent plus de limitations pour Alzheimer et Parkinson ».

 

« « Le sevrage est plus complexe qu’il y a 30 ans » : au coeur d’un service d’addictologie aux côtés de jeunes patients »

Date de publication : 29 septembre 2022

Le Parisien

Le Parisien publie un reportage au sein de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, où « les soignants voient de plus en plus de jeunes gravement dépendants. Nous avons pu pénétrer dans ce service où on les aide à sortir de cet enfer ».
Elsa Mari évoque ainsi «
 des visages d’enfants, cœur meurtri et cerveau abîmé, [qui] puisent tout au fond d’eux la force d’affronter leur addiction. Et il en faut pour quitter, ce qu’ils appellent « la prison » de la drogue, ce diable grimé en ange, qui vous ouvre grands les bras pour mieux les refermer, comme un piège tendu. Le confinement a creusé le lit de leur dépression et sa levée les a propulsés dans des soirées, où l’on revivait à l’excès ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie, souligne : 
« On observe une explosion des dépendances chez les jeunes. D’anciens produits reviennent en force et de nouveaux de synthèse, arrivent, tous les jours. Les trafiquants ont toujours un train d’avance sur nous ».
Elsa Mari évoque le cannabis : «
 Avec 5 millions de fumeurs dans l’année, le marché français est toujours l’un des plus importants d’Europe. Derrière, et de loin, avec 600.000 usagers, la cocaïne est 4 fois plus expérimentée qu’il y a 20 ans, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Elle aborde l’alcool : 
« Si la consommation bat en retraite, le binge-drinking, les «beuveries express», qui sont banalisées chez les jeunes, multiplie par 3 les risques de dépendance. Certains, à 30 ans, ont déjà le foie d’un autre. Aucune blouse blanche ne voyait de greffés de moins de 50 ans, il y a 15 ans. […] Même désolation pour le gaz hilarant, qui, pour quelques marrades répétées, vaut aux jeunes une atteinte du cerveau ».
La journaliste précise : «
 Que ce soit en consultation, en hospitalisation de jour ou à temps complet, personne n’arrive ici sous la contrainte. Cela fait bien longtemps que les soignants ont compris que la méthode dure était infructueuse. Mais un contrat moral les lie : pas de contact avec l’extérieur durant les 3 premiers jours de sevrage, les plus durs ».
« Au fil des ans, la tâche des soignants s’est durcie : patients plus jeunes, polyaddictions… »,
 poursuit-elle. Éric Saunier, psychiatre, indique ainsi que « le sevrage est bien plus complexe qu’il y a 30 ans ».
« Alors, la dépendance se combat sur tous les fronts, à coups de substituts, de thérapies comportementales, d’ateliers »,
 relève Elsa Mari.

 

Revue de presse santé psy – juillet 2022

« « Infamante » ou « légitime », la notion de viol en gynécologie fait débat »

Date de publication : 6 juillet 2022

Le Figaro

Cécile Thibert observe dans Le Figaro que « les plaintes pour viol visant la gynécologue et secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou ont relancé le débat sur les violences faites aux femmes dans le cadre des consultations de gynécologie ».
« Ces accusations, que la secrétaire d’État réfute, sont portées par deux anciennes patientes. Contesté par nombre de médecins, approuvé par d’autres, l’usage du mot «viol» en matière de gynécologie interroge autant qu’il divise »,
 constate la journaliste.
La Dr Bénédicte Costantino, gynécologue
 « impliquée sur la question des violences gynécologues », remarque : « Je conçois que l’utilisation de ce terme est compliquée et que cela cristallise les tensions. Dans l’imaginaire collectif, il renvoie toujours à un crime avec une intention sexuelle, pas à un examen gynécologique. Mais en pratique, il n’y a pas d’autre terme juridique pour qualifier une pénétration non consentie. Pour ma part, j’utilise le terme de  »viol médical » ».
Cécile Thibert rappelle ainsi que
 « le Code pénal (article 222-23) définit un viol comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise» ».
Maître Avi Bitton, avocat pénaliste, déclare quant à lui que
 « le viol est constitué si la pénétration s’est faite de manière intentionnelle sans le consentement de la patiente, quel que soit le mobile. Mais si le procureur estime qu’il s’agit d’un malentendu sur le consentement, que l’on n’a pas affaire à une personne malade qui se sert de sa blouse pour violer des personnes, il peut décider de ne pas la poursuivre ».
La journaliste observe que 
« ce terme de «viol», les représentants des gynécologues obstétriciens le refusent absolument ».
Le Pr Jean-Marie Antoine, président de la Société française de gynécologie, observe : 
« Il peut arriver que des médecins soient brutaux, impatients, pressés et qu’ils ne demandent pas véritablement le consentement à la personne avant de réaliser un acte invasif. Il est clair que cela peut être ressenti comme une brutalité par le ou la patiente ».
« Mais l’objectif n’est évidemment pas du tout de violer les gens, mais de réaliser un examen médical afin de poser un diagnostic. Le viol est un crime. On ne peut pas mettre un violeur et un professionnel qui fait son travail sur le même plan. Ce terme est infamant et inadapté pour notre profession »,
 poursuit le médecin.
La Dr Costantino poursuit : «
 Le mot  »viol » doit amener une prise de conscience dans notre profession. Ce n’est parce qu’on est médecin que l’on peut pénétrer des personnes sans leur consentement. En revanche, je suis d’accord qu’il faudrait distinguer le viol médical – c’est-à-dire un examen nécessitant une pénétration vaginale ou anale, réalisé sans recueil du consentement – du viol sexuel. Dans le Code pénal, le viol est un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, on ne peut pas appliquer cette peine dans le cadre des violences gynécologiques. Pour le moment, il y a une espèce de vide juridique qui demande à être comblé ».
Cécile Thibert indique que 
« les représentants de la profession souhaitent urgemment voir la définition de viol être révisée. Fin juin, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français s’est positionné en ce sens, réclamant que soient «bien distingués les actes à caractère sexuel et les examens médicaux vaginaux ou rectaux pratiqués dans le cadre d’une prise en charge médicale» ».
La journaliste note que «
 du côté des associations de patientes, cette revendication ne passe pas ».
Sonia Bisch, fondatrice et porte-parole de l’association «Stop aux violences obstétricales et gynécologiques», déclare : 
« Nous recevons 200 témoignages par mois de cas de violences gynécologiques provenant de toute la France, le problème est systémique. Ce dont on se rend compte, c’est que lorsque ces personnes ont été pénétrées par surprise ou qu’elles se sont plaintes de douleurs et que le professionnel de santé a poursuivi son geste, cela entraîne généralement un stress post-traumatique à la fois physique et psychique identique à celui vécu par les autres victimes de viol ».
Le Pr Antoine remarque pour sa part : 
« Ce n’est pas parce que des plaintes émergent que tous les médecins se comportent mal ou qu’ils ne respectent pas leurs patientes. L’immense majorité sont attentifs et extrêmement respectueux. C’est une dérive de jeter l’opprobre sur toute une profession ».
Cécile Thibert observe qu’
« entre les instances représentatives de la profession et les associations de patientes, le dialogue semble rompu. En revanche, tous s’accordent sur un point : il faut que les professionnels de santé soient davantage formés au recueil du consentement. Une nécessité pourtant entérinée il y a 20 ans par la loi Kouchner ».

 

« Face au Covid-19, des anticorps responsables de lésions cérébrales »

Date de publication : 7 juillet 2022

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « la réponse immunitaire au Covid-19, qui abîme les vaisseaux sanguins du cerveau, pourrait être responsable des symptômes du « Covid long ». C’est le résultat d’une étude basée sur un faible nombre de cas et publiée mardi par des chercheurs américains ».
« Les cerveaux de 9 personnes décédées rapidement après avoir contracté le Covid-19 ont été étudiés pour cet article publié dans la revue Brain. L’équipe de chercheurs des Instituts américains pour la santé (NIH) n’a pas détecté de traces de virus dans le cerveau mais, à l’inverse, des anticorps, à l’origine de dégâts sur les parois des vaisseaux sanguins qui provoquent notamment des inflammations », 
note le quotidien.
Il ajoute que «
 cette découverte pourrait expliquer certains des effets durables du Covid-19, comme des migraines, une fatigue chronique, la perte du goût et de l’odorat, des problèmes de sommeil ou encore la sensation de « brouillard cérébral », un état de fatigue intellectuelle. Elle pourrait aussi ouvrir des pistes pour de futurs traitements ».
Avindra Nath, premier auteur, observe ainsi : 
« Nous avions déjà montré les dégâts touchant des vaisseaux sanguins sur les cerveaux de patients lors d’autopsies, mais nous ne comprenions pas ce qui provoquait cela. […] Je pense qu’avec cet article, nous avons de nouveaux éléments sur ce processus ».
Le Parisien explique que 
« les cerveaux des 9 patients, âgés de 24 ans à 73 ans, ont été comparés à 10 autres d’un groupe de contrôle. Les chercheurs y ont observé les inflammations neuronales et la réponse immunitaire. […] Les anticorps produits en réponse au Covid-19 ont ciblé, par erreur, les cellules qui composent la barrière hémato-encéphalique, une structure qui entoure les vaisseaux sanguins du cerveau et essaie de bloquer les substances étrangères ».
« La dégradation ainsi provoquée peut à son tour entraîner des fuites de protéines, des saignements et des caillots sanguins, ce qui augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Une fuite peut également déclencher une réponse immunitaire afin de réparer les cellules endommagées, ce qui provoque une inflammation. Le fonctionnement biologique de ces parties touchées du cerveau s’en retrouve ainsi déréglé »
, continue le journal.
Avindra Nath remarque qu’
« il est tout à fait possible que la même réponse immunitaire touche les patients atteints de Covid long, ce qui provoque des blessures cérébrales. Ces résultats ont donc des implications thérapeutiques très importantes ».

 

« Tentatives de suicide chez les ados : la « pandémie silencieuse » »

Date de publication : 8 juillet 2022

Libération

Julien Lecot remarque dans Libération que « les pédopsychiatres sont confrontés depuis des mois à une forte hausse des gestes suicidaires chez les mineurs. Une explosion longtemps mise sur le compte du Covid mais qui perdure dans un contexte globalement anxiogène ».
Le journaliste évoque ainsi une
 « hausse sans précédent des admissions d’adolescents aux urgences pour des troubles de l’humeur ou gestes suicidaires. La plupart des pédopsychiatres attribuaient cette explosion au climat anxiogène de la pandémie : de plus en plus d’enfants mal dans leur peau débarquaient dans leurs services à mesure que les contaminations au Covid-19 grimpaient et que les menaces de restrictions sanitaires planaient. Une hausse en grande majorité portée par des jeunes filles ».
« Avec la levée progressive des restrictions sanitaires depuis février et la relégation de la pandémie au second plan de l’actualité, on pouvait espérer que la situation s’améliore mais il n’en a rien été », 
continue Julien Lecot.
Julie Rolling, pédopsychiatre au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des hôpitaux universitaires de Strasbourg, remarque : 
« On est arrivés à une sorte de plateau très haut, qui ne semble pas vouloir redescendre ».
Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré à Paris, confirme : 
« Il y a toujours un flux énorme de jeunes patients, on est encore une fois dépassés. A la mi-juin, j’ai envoyé un courrier à l’Agence régionale de santé pour leur dire qu’on était une nouvelle fois au bord du craquage ».
Julien Lecot relève qu’«
 au centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes, on sort les chiffres : avant l’arrivée du Covid, le pôle de pédopsychiatrie accueillait en moyenne 25 enfants par mois pour des idées suicidaires ou tentatives de suicide. Au cours des trois derniers mois, le service a continué sur ce rythme (au moins 50 patients) avec une très forte proportion de filles (environ 80%) et un rajeunissement global, beaucoup ayant entre 10 ans et 12 ans. Alors que la pandémie, sur cette période, semblait loin ».
« Pour la cheffe du pôle pédopsychiatrie, Sylvie Tordjman, au stress chronique de la crise sanitaire qui «est toujours là» sont venus s’ajouter d’autres événements anxiogènes. A commencer par la guerre en Ukraine »,
 note le journaliste.
Il poursuit : « 
A Strasbourg, Julie Rolling évoque aussi un «effet cumulatif» entre la crise sanitaire, ce conflit aux portes de l’Europe, la menace d’une crise économique ou encore le réchauffement climatique. Autant de facteurs qui font que «beaucoup d’adolescents montrent des difficultés à se projeter vers l’avenir, avec une perte de confiance globale envers les adultes à qui ils reprochent ce qu’il arrive à la planète» ».
Julien Lecot souligne que
 « la dégradation de la santé mentale des adolescents sur le long terme vient mettre à genoux tout le secteur de la pédopsychiatrie, déjà en très mauvais état avant la pandémie. Et alors que les centres médico-psychologiques saturent – les délais d’attente pour une consultation peuvent atteindre 18 mois – et que l’hôpital souffre d’une pénurie de personnel, la situation ne va pas en s’améliorant ».
Julie Rolling indique ainsi : «
 On est dans un état d’engorgement jamais atteint. On a tout optimisé chez nous, on ne peut pas le faire davantage. Sans moyens supplémentaires sur la table, ça continuera d’être préjudiciable pour les adolescents ».
Julien Lecot ajoute qu’
« outre une augmentation du personnel et du nombre de lits, les pédopsychiatres interrogés plaident pour une prévention renforcée, en impliquant au maximum les parents. […] Les professionnels conseillent notamment aux parents d’aller consulter s’ils constatent un changement de comportement chez leur enfant, une plus grande irritabilité, des troubles du sommeil, une tristesse et un repli sur soi ou encore la consommation de drogues ou d’alcool ».

 

« Covid-19 : plus de la moitié des jeunes Français ont eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021 »

Date de publication : 8 juillet 2022

La Croix

La Croix remarque en effet : « Plus de deux ans après l’arrivée du Covid-19, quel est l’état de santé psychologique de la population ? Une enquête réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes, […] appréhende le phénomène dépressif et suicidaire dans six pays d’Europe : la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, l’Irlande et la Suède ».
Le journal retient que «
 40% des Français se sentent davantage déprimés depuis l’arrivée du Covid-19. C’est la même proportion qu’en Espagne, mais c’est moins que les Allemands (44%), les Polonais (51%) et les Irlandais (53%). Le pays le moins touché (38%) est la Suède ».
« En France, 51% des femmes de moins de 35 ans ont le sentiment d’être plus déprimées depuis le début de la pandémie, contre 37% des hommes du même âge. Le lieu de résidence a également un impact fort sur le sentiment de déprime. Les habitants de l’agglomération parisienne sont davantage déprimés depuis le début de la crise (47%) que ceux vivant dans des communes rurales (33%) », 
observe le quotidien.
La Croix souligne que 
« les jeunes, surtout, semblent payer le prix fort de la crise sanitaire. Ainsi, 62% des 18-24 ans déclarent avoir eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021, contre 34% dans l’ensemble de la population ».
Le journal note que «
 la France ressort, avec l’Espagne, comme l’un des pays où l’incidence des pensées suicidaires est la plus faible (20%, contre 34% pour l’Irlande ou 25% pour la Suède). La France est en revanche en tête des pays européens pour le risque de passage à l’acte. Parmi ceux qui ont répondu avoir déjà pensé sérieusement à se suicider, 30% ont déjà fait une tentative. Le taux s’élève à 19% en Allemagne, 22% en Espagne ou encore 25% en Suède ».
La Croix ajoute que 
« pourtant, l’étude souligne le faible recours aux psychologues et aux psychiatres. Seulement 16% de la population française y a fait appel, contre 25% des Polonais, 20% des Allemands ou des Espagnols et 19% des Suédois ».

 

« L’animal de compagnie, un véritable atout pour le cerveau de votre enfant ! »

Date de publication : 8 juillet 2022

Le Figaro

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet : « Moins de stress, plus d’estime de soi, plus d’activité physique… Nos animaux de compagnie sont souvent cités en exemple pour ces bienfaits, mais rarement pour leur aide au développement cognitif. Pourtant, ils excellent aussi dans ce domaine ! ».
Le Pr Laurent Begue-Shankland, directeur de la Maison des Sciences de l’homme Alpes, explique que 
« les bébés sont comme magnétisés par les animaux, qui captent extraordinairement leur attention visuelle. Quelques heures après la naissance, les nouveau-nés fixent avec plus d’attrait et de curiosité, des configurations lumineuses simulant le déplacement d’une poule, plutôt que des figures aléatoires ou des figures reproduisant ce mouvement à l’envers ».
Le spécialiste indique qu’«
 à 7 mois, des photographies de chiens ou de lézards activent des réseaux neuronaux distincts de ceux qui sont mobilisés face à des photos d’objets familiers tels que des meubles. Quand on donne l’occasion à des nourrissons de 18 à 33 mois d’interagir avec, au choix, des jouets attractifs ou des animaux (y compris des animaux peu mobiles), ce sont ces derniers qui les captivent le plus ».
La Dr Marine Grandgeorge, docteure en psychologie et Maître de conférences en éthologie à l’Université Rennes 1, indique aussi que 
« la présence d’un animal motive le tout-petit à vouloir interagir avec lui et pour cela, favorise son développement moteur, cognitif – en particulier la concentration, via l’effet apaisant de l’animal – sans oublier le langage pour l’appeler ou pour l’inciter à rapporter un jouet ».
Le Pr Begue-Shankland ajoute : 
« Les recherches montrent que les animaux encouragent et facilitent aussi les interactions avec d’autres humains (enfants ou adultes) ».
La Dr Szapiro-Manoukian observe que 
« chez les enfants atteints de trouble du spectre autistique, la question se pose tout particulièrement car les compétences sociales leur font justement défaut. Pour la Dr Grandgeorge, il faut cependant se garder de toute généralité ».
La psychologue souligne que 
« l’attrait pour l’animal ne concerne pas tous les enfants ayant un trouble du spectre autistique (TSA), mais lorsque cet attrait existe, une présence de l’animal dans le foyer ou dans le cadre de la médiation animale est très positive ».
La Dr Szapiro-Manoukian remarque enfin qu’«
 une récente étude parue dans le Journal of Pediatric Nursing a comparé l’évolution d’enfants atteints d’un TSA vivant sans chat à qui l’on a proposé l’adoption d’un félin d’un tempérament calme, et celle d’autres enfants atteints également d’un TSA, mais ne se voyant proposer l’animal que 18 semaines plus tard ; les détenteurs «précoces» ont développé une meilleure empathie. Un premier résultat très intéressant qu’il faut désormais confirmer… ».

 

« Santé mentale : plus de deux tiers des étudiants sont en situation de mal-être »

Date de publication : 11 juillet 2022

Le Parisien

Claire Berthelemy relève dans Le Parisien que « 2 ans après le début de la pandémie de Covid, les chiffres concernant la santé mentale des étudiants alarment toujours les professionnels. Une nouvelle enquête publiée ce lundi 11 juillet annonce la couleur : près de 70% des étudiants déclarent se trouver en situation de mal-être ».
Fabrice Grière, directeur général adjoint du Groupe Intériale en charge de la mutuelle LMDE, remarque que «
 dans notre précédente enquête en 2019, la problématique de la santé mentale était déjà marquée. Elle s’est fortement détériorée. Le Covid est venu accentuer un problème déjà existant. Il a aggravé des problèmes financiers et est venu amplifier ce sentiment de mal-être des étudiants. Mais les raisons sont multiples : trois quarts des étudiants interrogés sont pessimistes sur la société et sur l’impact du changement climatique. On voit même arriver des phénomènes d’éco-anxiété ».
La journaliste retient que 
« le Covid a impacté la vie étudiante pour 68% d’entre eux, 59% leur pratique sportive, 52% les interactions sociales avec leurs proches, et 44% leur vie sentimentale et familiale. 38% souffrent de stress post-traumatique ».
Camille Vansimaeys, responsable de la recherche de l’association Nightline, qui 
« propose un espace d’écoute, avec une ligne téléphonique et un chat », remarque que « d’année en année, nous avons observé plus d’appels. Nous avons ouvert des antennes dans plusieurs villes, ce qui peut expliquer l’augmentation, mais même dans les villes historiques, le nombre d’appels a augmenté ».
Claire Berthelemy précise que 
« chez Nightline, si le sujet du Covid est plutôt passé en arrière-plan – de 10% des écoutes de mai 2021 à septembre 2021 à 4% d’octobre 2021 à mai 2022 – on constate que ce sont toujours les mêmes sujets qui sont abordés : ceux liés aux relations amicales, conjugales ou familiales, ceux liés à la santé mentale avec le stress, l’isolement, la solitude, et enfin ceux liés au contexte d’étude et à ce qu’ils vivent ».
Camille Vansimaeys indique :
 « On a une évolution malgré tout cette année sur les appels en lien avec la santé mentale, c’est la question du suicide : nous sommes passés de 11% des appels sur ce sujet à 18,5%. Ce sont des chiffres inquiétants sur la gravité de la situation de la santé mentale chez les étudiants ».

 

« Comment l’hypnose peut aider certains obèses »

Date de publication : 26 juillet 2022

Le Figaro

Anne Prigent note dans Le Figaro que « l’hypnose médicale séduit de plus en plus de patients et de professionnels de santé : dans la douleur chronique, pour se libérer d’une addiction, pour lutter contre les insomnies… ».
Le Dr Jean-Marc Benhaïem, responsable du DU d’hypnose à Paris-VI, relève cependant qu’
« alors que, depuis 30 ans, elle a fait l’objet de plus de 500 études dans le contrôle de la douleur, les études manquent par ailleurs ».
« C’est notamment le cas dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité », 
remarque la journaliste.
Le Pr Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat à Paris, note qu’
« on manque de preuves sur l’intérêt réel de cette méthode. Beaucoup d’offres sont en réalité de fausses promesses. En effet, l’obésité étant une maladie multifactorielle, il est illusoire de dire “on va guérir l’obésité par l’hypnose”. Il faut plutôt se demander sur quels facteurs en cause dans la prise de poids, l’hypnose peut agir ».
Anne Prigent explique que 
« c’est ce qu’il s’est attaché à faire avec une équipe de diététiciens de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Avec l’étude Hypnodiet, publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs ont démontré que l’hypnose réduit l’impulsivité et la désinhibition vis-à-vis de l’alimentation ».
Fabienne Delestre, diététicienne et coautrice, précise que 
« certaines personnes souffrant d’obésité ont tendance à se suralimenter en présence de facteurs stimulants. Cela peut-être face à des aliments alléchants ou à des émotions comme la tristesse ou la gaité. Pour ces patients qui ont une forte désinhibition, les conseils diététiques sont inefficaces ».
Anne Prigent indique ainsi que 
« les chercheurs ont recruté 82 personnes présentant une forte impulsivité alimentaire, évaluée rigoureusement à l’aide d’un questionnaire. Puis, par tirage au sort, ils les ont répartis en deux groupes. Le premier bénéficiait d’un accompagnement diététique habituel sous forme de 8 séances collectives, quand le second participait en complément à des séances d’hypnose ericksonienne et d’apprentissage de l’autohypnose ».
« Les résultats montrent une réduction de près de 70% des envies et impulsions alimentaires dans le groupe hypnose contre 11% dans le groupe contrôle. Les signaux de faim sont mieux contrôlés », 
retient la journaliste.
Elle ajoute : 
« Les chercheurs précisent bien que l’objectif de l’étude n’était pas forcément d’obtenir une perte de poids importante. En effet, il n’existe pas de méthode miracle pour perdre beaucoup de poids durablement ».
Le Pr Hansel préciwse : « Cette étude valide l’hypnose et l’autohypnose comme outils supplémentaires pouvant être proposés aux patients à forte désinhibition. Tout en sachant qu’au niveau individuel, la réponse n’est pas prévisible ».