Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – juin 2022

« Alerte à la nouvelle cocaïne, la 3-MMC »

Date de publication : 2 juin 2022

Le Parisien

Cette « nouvelle drogue de synthèse, bien moins chère que la cocaïne, se répand de plus en plus chez les 25-45 ans. Les médecins s’en inquiètent », révèle Elsa Mari dans Le Parisien.
« 
C’est la nouvelle coke », annonce un jeune homme de 29 ans, « qui en a « sniffé » pour la première fois il y a quelques mois ». Il décrit « des effets à mi-chemin entre la cocaïne et les amphétamines ». « En un an, on est passé de personne n’en prend à tout le monde en prend », s’étonne-t-il.
Même constat pour « 
Mathis*, 34 ans, consommateur régulier de drogues, qui voit la 3-MMC, autrefois cantonnée au milieu gay, pour ses effets désinhibants, se populariser », poursuit la journaliste. « Lui a pour habitude d’en consommer dans un cadre sexuel », note-t-elle. « Mais depuis un ou deux ans, mes potes hétéros me disent qu’ils en prennent aussi, cette fois-ci pour son côté stimulant. Et aussi parce que c’est tout simplement beaucoup moins cher que la cocaïne ! », détaille Mathis.
« 
C’est le nouveau produit de synthèse le plus observé depuis le début des années 2010 dans les saisies, les collectes et les cas cliniques », note l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). « Si, à ses débuts, dans les années 2010, elle était utilisée «presque exclusivement parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes», dans le but de «lever les inhibitions et d’augmenter le plaisir», en 2017, des usages ponctuels hors de ce contexte sont repérés, également chez des hétérosexuels, avant de se poursuivre en 2020 lors de fêtes, dans des clubs, chez un public diversifié », explique l’article.
« 
À l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), le Pr Laurent Karila, addictologue et psychiatre, voit en ce moment arriver, en consultation, les premiers cas de patients hétérosexuels, surtout les « 25-45 ans branchés, qui consomment déjà des drogues » », fait savoir Le Parisien.
« 
Certains prennent même de la 3-MMC pour se doper et mieux travailler », explique le professeur.
Le journal  décrit une « 
substance, facile d’accès que l’on fume, vapote, sniffe ou encore avale, après l’avoir achetée sur Internet et s’être fait livrer aussi facilement qu’une « commande Amazon » ».
« 
La 3-MMC, de la famille des cathinones de synthèse, reproduit chimiquement les effets de la feuille de khat, que l’on mâche notamment au Yémen, et dérivé de la méphédrone, interdite en 2012 à la suite d’un nombre important de décès au Royaume-Uni », précise l’addictologue.
« 
Les complications sont bien pires que celles de la cocaïne. Tous les organes peuvent être touchés à long terme », alerte-t-il. « La liste est longue : côté neurologique, il y a un risque de convulsions, d’AVC. Côté cardiaque ? D’infarctus, d’arrêt cardiaque. Et plus largement, d’atteintes rénales, de problèmes ORL, à cause de la poudre très irritante, d’états délirants, de troubles cognitifs, de risque suicidaire », révèle Le Parisien.

* Le prénom a été changé

 

« Troubles alimentaires : « Les confinements ont fait des ravages » »

Date de publication : 3 juin 2022

Libération

« Anorexie, boulimie… l’autre épidémie », annonce la Une de Libération. « Depuis les confinements, le nombre de cas de troubles de conduites alimentaires explose, touchant désormais de jeunes enfants. Dans un système de santé en crise, les délais de prise en charge s’allongent dramatiquement », alerte Chloé Rabs dans le journal.
La journaliste évoque le « 
compte Instagram, Elisa, 17 ans, partage son quotidien parsemé de recettes healthy et d’entraînements à la salle de sport (…) qu’elle accompagne d’un message un peu particulier : « On va s’en sortir, ne lâchez rien ! #TCA » ». « Comme 1% des femmes, Elisa souffre d’anorexie, une forme de trouble des conduites alimentaires (TCA). (…) Tout bascule (…) lors du premier confinement de mars 2020. (…) Très vite, le sport et son poids deviennent une obsession », raconte-t-elle.
« 
En août 2020, quatre mois plus tard, Elisa a perdu 15 kilos et n’en pèse plus que 56 pour 1m79. En France, plus de 600.000 personnes souffrent de TCA, particulièrement des femmes âgées entre 17 et 25 ans », indique Chloé Rabs.
« 
Si l’on englobe toutes les formes de troubles des conduites ­alimentaires, les professionnels estiment que 10% de la population pourrait même être concernée. Très préoccupants car très mortels − les TCA constituent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, juste après les accidents de la route −, ces troubles explosent depuis deux ans », souligne la journaliste.
« 
Les professionnels du secteur sont submergés par une « vague TCA » : + 30%, + 40%, voire + 50%, selon diverses estimations. Le CHU de Montpellier a ainsi affronté une augmentation de 53% d’hospitalisations entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021, et un boom de 234% des demandes de prise en charge », alerte-t-elle.
« 
Stress psychologique, appauvrissement brutal des relations sociales, précarisation professionnelle, déstructuration du rythme journalier… La crise sanitaire a été le cocktail parfait mais malheureux pour déclencher des TCA », explique Pierre Déchelotte, chef du service nutrition du CHU de Rouen, « où les demandes de consultations ont doublé depuis deux ans ». 
« 
En partenariat avec l’université Monash, la Butterfly Foundation, ligne d’écoute australienne pour les TCA, a ainsi passé en revue 72 études internationales et révèle que le problème est aussi planétaire que la pandémie de Covid 19 elle-même. Ainsi, en Amérique du Nord, les visites aux urgences pédiatriques ont bondi de 62% en 2020 par rapport aux années 2018-2019. De plus, la pression exercée sur les lignes d’assistance pour les troubles alimentaires a augmenté de 195% au Royaume-Uni, de 67% au Canada et de 57% aux Etats-Unis durant cette même période », détaille l’article.
« 
En 2020, 17% de la population (…) était atteinte [d’obésité], un chiffre qui a doublé depuis 1997, selon la dernière enquête épidémiologique nationale Obépi-Roche publiée en juin 2021 par la Ligue nationale contre l’obésité », note Chloé Rabs.
Selon les résultats d’une étude, « 
parus dans la revue Nutrients », « la prévalence des TCA était stable entre 2009 et 2018 puis a augmenté de manière significative en 2021. [Entre 2018 et 2021,] les chiffres ont quasiment doublé pour atteindre « près de 51% des filles et 31% des garçons interrogés », s’alarme Pierre Déchelotte.
« 
Les confinements ont vraiment fait des ravages. En deux ans, nos demandes de consultation ont doublé », confirme Xavier Pommereau, psychiatre au sein de la clinique Béthanie, en Gironde. « Situé à quelques mètres du campus de Bordeaux, le service accueille majoritairement des étudiantes », note l’article.
« 
Ses patients lui font désormais part de leur « désarroi » et de leur « angoisse » face à la guerre en Ukraine et les risques de troisième guerre mondiale brandis par le régime russe. Ou, plus prosaïquement, devant l’emballement de l’inflation qui pénalise un peu plus une population jeune déjà précarisée et gagnée par la paupérisation. Un climat anxiogène qui alimente ou déclenche des TCA », ajoute-t-il.
« 
L’utilisation intensive des réseaux sociaux, notamment pendant les périodes de confinement, est également pointée du doigt par les professionnels », souligne la journaliste. « En cause : la propagation de comptes fitness, menés par « des coachs qui se prétendent nutritionnistes parce qu’ils ont eu quatre heures de cours » », attaque Nicolas Sahuc, déplorant « le rôle destructeur d’Instagram ou de TikTok ». 
« 
Alors que le patient type est une adolescente ou une femme, on est confronté de plus en plus à des adultes, des hommes, mais surtout des enfants très jeunes », dépeint Philip Gorwood, chef de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. « C’est d’ailleurs la communauté des pédiatres et des pédopsychiatres qui a alerté en premier, à l’automne 2021, le gouvernement », rappelle la journaliste.
« 
Ces nouveaux profils s’accompagnent également de pathologies plus sévères, avec surtout une modification de symptômes qui laisse les spécialistes pour l’instant désarmés », ajoute-t-elle. « Les anorexiques sont d’ordinaire des adolescentes très perfectionnistes et très bonnes élèvesDésormais, on a affaire à de jeunes filles très instables émotionnellement, à haut niveau de risque suicidaire, et ne présentant pas forcément des poids très bas. Mais elles développent des aphagies », détaille Sébastien Guillaume, responsable de l’équipe TCA au CHU de Montpellier.
« 
Plus inquiétant encore, cette situation périlleuse s’immisce dans des services spécialisés déjà sous hypertension avec la crise structurelle des soins médicaux en France, et singulièrement dans les hôpitaux, où les professionnels ne peuvent désormais répondre aux besoins de tous les patients », s’alarme la journaliste.
« 
Depuis 4 mois, je cherche sans relâche une place en hospitalisation pour une patiente, sans résultat », déplore Nathalie Godart, présidente de la Fédération française anorexie boulimie (FFAB). Or, « plus on tarde à prendre ces pathologies en charge, moins on a de chances de parvenir à les guérir », prévient Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« 
Comme pour les généralistes, les TCA sont victimes d’importants déserts médicaux. Selon un rapport commun entre la FFAB et la Direction générale de l’offre de soins réalisé en 2019, sur les 2694 établissements de santé interrogés, seuls 8% − soit 219 établissements − déclarent prendre en charge des patients souffrant de troubles alimentaires », fait savoir Libération qui évoque « une double peine ». 
La journaliste souligne également une « 
urgence sous-diagnostiquée » en raison  notamment d’un « défaut de formation des professionnels ». « Des médecins traitants ne savent pas qu’il faut vérifier la kaliémie − le taux de potassium dans le sang − des patients boulimiques, qui se font vomir. Or un taux trop faible de potassium peut être fatal. Certains patients meurent de se faire vomir à outrance et les collègues ne le savent pas », explique Xavier Pommereau.
De plus, il regrette que « 
les patients souffrants de TCA aient toujours « mauvaise réputation » : « Des médecins traitent les jeunes filles de manipulatrices et pensent que si elles faisaient un effort, elles s’en sortiraient d’elles-mêmes », affirme-t-il.
« 
Il nous faut surtout des moyens pour recruter des soignants, des psychologues, des médecins spécialisés, etc. », estime Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« A l’occasion de la journée mondiale des TCA organisée le 2 juin pour la deuxième année, Nathalie Godart, présidente de la FFAB,  [a souhaité] sensibiliser sur [cette] urgence aussi majeure que sous diagnostiquée et sous-médiatisée », fait savoir Libération. « Une urgence dans l’état d’urgence médicale français : malgré les chiffres déjà alarmants, seul un patient sur sept souffrant de TCA serait identifié », révèle en conclusion la journaliste de Libération.

 

« Addictions chez les jeunes : « Les écrans ont un boulevard devant eux » »

Date de publication : 15 juin 2022

Libération

Libération fait savoir qu’« un sondage réalisé par Ipsos pour la Macif montre les évolutions récentes des comportements addictifs chez les 16-30 ans. […] On y apprend que l’alcool demeure la première substance consommée. Un jeune sur deux déclare en boire régulièrement et 31% de manière hebdomadaire. Pour le tabac, plus d’un jeune sur deux fume ou bien a déjà essayé et près de trois personnes interrogées sur dix déclarent en consommer régulièrement (29% contre 25% en 2021) ».
Le journal note que 
« pour les auteurs du sondage, la consommation de cannabis reste toujours «inquiétante» mais stable par rapport à 2020 : plus d’un tiers des jeunes interrogés en consomment ou ont déjà essayé. Ils sont 11% à en prendre régulièrement. Quant à l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le protoxyde d’azote, le LSD ou encore la cocaïne, on observe que si l’usage est moins élevé, la proportion des jeunes qui n’ont jamais testé ces drogues est en baisse ».
Libération évoque un
 « autre point saillant du sondage, l’addiction aux écrans : 63% des jeunes déclarent avoir perdu la notion du temps quand 48% n’arrivent plus à trouver le sommeil, en lien avec leur consommation d’écran. Plus grave, 74% déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers), cette fois-ci en lien avec tout type d’addiction (soit +6 points par rapport à 2021) ».
Le quotidien publie un entretien avec le psychologue clinicien Jean-Pierre Couteron, qui
 « analyse les effets de 2 ans de crise sanitaire sur la consommation de produits licites, alcool en tête, ou illicites ».
Il déclare notamment que
 « les consommations des jeunes sont un terrain sur lequel il est important de rester mobilisé. […] On sort de 2 ans de confinement et on sait que certains groupes ont moins consommé de substances. […] Des augmentations de consommation sont observées à présent, en lien avec des problématiques de santé mentale ».
Jean-Pierre Couteron observe que «
 selon la disponibilité, l’attractivité, la facilité ou pas à gérer tel ou tel objet d’addiction, on observe des jeux de passe-passe entre les différents usages. A ce niveau-là, les écrans ont un boulevard devant eux. C’est l’objet d’addiction le plus accessible, le moins problématique à utiliser au départ et celui où les conséquences peuvent être les moins visibles à l’extérieur ».
Il ajoute : 
« On peut regretter l’absence d’une vraie politique de prévention en France. Malgré la loi Evin, l’Etat ne joue pas son rôle de régulateur. […] Il faut donc encourager la prévention éducative, comme avec les programmes Primavera ou Unplugged qui sont défendus par des acteurs de la santé publique dont la Fédération addiction ».
« Il faut conforter la capacité à rencontrer les jeunes, avec leurs familles, pour leur donner des outils nécessaires pour faire autrement. Il est primordial de valoriser l’accompagnement éducatif, particulièrement pour les écrans »,
 continue le psychologue.

 

« Les directives anticipées sont aussi utiles en psychiatrie »

Date de publication : 20 juin 2022

Le Figaro

Pauline Fréour cite dans Le Figaro Aurélie Tinland, psychiatre à l’AP-HM à Marseille, qui observe : « Pour une personne atteinte de trouble psychiatrique, une hospitalisation sous contrainte est un traumatisme. Pour un médecin, c’est un échec. Et la France, malheureusement, en pratique beaucoup ».
La journaliste indique que « 
convaincue qu’il faut aider les patients à mieux vivre leur prise en charge hospitalière lors d’une crise, et surtout réduire les risques d’en arriver à cet extrême, elle a évalué l’impact des directives anticipées en psychiatrie rédigées par les patients, avec ou sans assistance. Et les résultats, publiés récemment dans Jama Psychiatry, sont indéniables ».
Pauline Fréour observe que «
 le concept de directives anticipées est davantage connu en référence à la fin de vie : il permet alors de faire savoir ses souhaits en cas de maladie grave et d’impossibilité de communiquer. En psychiatrie, les directives anticipées peuvent préciser le traitement à privilégier en cas de crise, les signes annonciateurs d’une décompensation, les personnes de confiance à joindre… Autant d’informations importantes que le patient n’est plus forcément en état de transmettre lors d’une prise en charge d’urgence ».
La journaliste explique que
 « s’inspirant de ce qui peut déjà exister à l’étranger (aux États-Unis, en Suisse, en Australie…), le Dr Tinland a développé, en collaboration avec des patients, un modèle de directives anticipées adaptée à la psychiatrie, dont elle a testé l’impact dans un essai clinique incluant 7 centres sur 3 villes (Marseille, Lyon et Paris) ».
« Environ la moitié des quelque 400 volontaires se sont vu proposer de rédiger les leurs avec l’assistance de médiateurs de santé – qui sont eux-mêmes des malades ayant surmonté une crise et ont été formés à l’université pour travailler en hôpital aux côtés du personnel soignant. L’autre groupe était informé sur le concept de directives anticipées mais ne se voyait pas offert d’aide pour les écrire. Tous souffraient de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de troubles schizo-affectifs »,
 précise Pauline Fréour.
Elle retient que « 
55% des patients du premier groupe ont saisi l’occasion et couché sur le papier ce qu’ils souhaitent voir appliquer en cas de problème, contre 7% dans l’autre groupe ».
La Dr Tinland remarque : «
 Par exemple, certains ne souhaitent pas recevoir du Loxapac en cas de crise car cela les excite au lieu de les calmer. À l’inverse, d’autres ne veulent surtout pas se voir administrer du Valium car ils en ont pris par le passé, ont eu du mal à se sevrer et ne veulent pas retomber en dépendance. Mais tout ça, un urgentiste ne le sait pas d’emblée ».
Pauline Fréour ajoute que «
 le document, qui est par la suite partagé avec les soignants du malade et ses proches, inclut aussi une description propre à chacun des symptômes annonciateurs d’une crise : perte de sommeil, achats compulsifs, pic de stress… Le malade peut aussi préciser ce qui est susceptible de le protéger d’une crise, afin que son entourage l’encourage en ce sens ».
La journaliste relève que 
« l’impact mesuré par l’étude est élevé : un tiers d’hospitalisations sous contrainte en moins à un an dans le premier groupe. Les auteurs postulent que les malades ont davantage accepté d’être hospitalisés quand nécessaire, probablement grâce à un repérage plus précoce de leurs symptômes. Ils observent aussi un meilleur rétablissement des patients et un sentiment accru de maîtriser ce qui leur arrive ».
« L’idée désormais est d’améliorer le déploiement et la visibilité de ces directives, ainsi que l’accompagnement efficace des médiateurs de santé », 
poursuit-elle.
Pauline Fréour note que «
 les résultats positifs obtenus dans l’étude du Jama Psychiatry ne seront toutefois généralisables que si le système de santé permet aux patients qui en identifient le besoin d’accéder en priorité à des soins », selon le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine de soins pénitentiaires au CHRU de Lille.

 

« Les troubles autistiques en panne de traitement »

Date de publication : 21 juin 2022

Libération

Eric Favereau constate dans Libération que « l’autisme reste un continent toujours aussi mystérieux, lourd de douleurs et de souffrances. Sur ce dossier longtemps polémique – avec une guerre éternelle entre ceux qui y voyaient une forte composante psy et les autres qui ne décelaient qu’un dérèglement neurologique –, les avancées scientifiques et cliniques sont en effet limitées, comme le montre une expertise de l’Inserm ».
Le journaliste souligne : «
 D’abord donc, exit le diagnostic d’autisme, on parle désormais de troubles du spectre de l’autisme (TSA), tous provenant d’imperfections dans le neuro-développement ».
Les experts de l’Inserm écrivent que 
« ces troubles apparaissent au cours de la petite enfance ; ils persistent à l’âge adulte. Environ 700.000 personnes en France seraient concernées, note l’Inserm. Ils se caractérisent par des altérations des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), des troubles du comportement, un répertoire d’intérêts et d’activités restreint et répétitif (tendance à répéter les mêmes gestes, paroles ou comportements) et enfin des réactions sensorielles inhabituelles ».
Eric Favereau remarque que
 « c’est un fourre-tout compliqué, aux signes variés. Et ainsi sont mis dans le même ensemble des personnes atteintes du syndrome d’Asperger – une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage – avec des enfants catatoniques, silencieux, s’automutilant profondément ».
Il ajoute que « face à ce trouble confus, une partie des chercheurs ont beaucoup espéré des neurosciences et de la génétique. Les résultats, aujourd’hui, sont parcellaires, comme le concède l’Inserm ».

Le document indique : 
« Les progrès des neurosciences et l’identification de facteurs de risque génétiques ou environnementaux ont permis de mieux appréhender les TSA, mais leurs causes demeurent encore assez mal comprises. […] Il est désormais bien établi qu’il s’agit de maladies d’origine multifactorielle, avec cependant une forte composante génétique. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux facteurs de risque reconnus. Cela n’exclut pas l’intervention de facteurs environnementaux durant la grossesse, mais leur nature exacte n’est pas connue. La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque. Par ailleurs, certains médicaments antiépileptiques administrés à la mère durant la grossesse, comme la Dépakine, sont actuellement sur la sellette ».
Eric Favereau observe :
 « Pour l’Inserm, pas un mot sur les causes relationnelles des TSA ».
Le journaliste continue :
 « Quid de la recherche thérapeutique ? Elle avance très lentement, en dépit d’annonces tonitruantes faites régulièrement. Ainsi, plusieurs essais cliniques ont été récemment abandonnés, «en raison de résultats jugés peu concluants, alors que les molécules étudiées avaient au départ généré beaucoup d’espoirs», note l’Inserm dans son expertise ».
Eric Favereau retient qu’«
 une des rares pistes qui demeurent tourne autour des médicaments anti-épileptiques ».
Le journaliste note en outre qu’«
 il y a aujourd’hui, comme un consensus sur un dépistage précoce. Même si certains s’inquiètent des effets délétères de la pose d’un diagnostic aussi lourd chez le tout jeune enfant. Pour l’Inserm, en tout cas, pas de doute, il faut dépister le plus tôt possible ».
Eric Favereau évoque enfin «
 les vieux autistes. Ils sont les grands oubliés. Enfermés dans des hôpitaux psychiatriques, souvent sans moyens. Ou isolés dans des structures sociales. Ils sont plusieurs dizaines de milliers. […] L’autisme a beau avoir été déclaré grande cause nationale en 2012, il reste encore bien des pas à franchir pour que la situation soit un peu moins désespérante ».

 

« Maltraitances : la protection de l’enfance à l’épreuve du secret médical »

Date de publication : 24 juin 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe : « Aux premières loges face aux cas de violences infantiles, peu de médecins osent faire des signalements. Le cadre juridique, très flou, tourne souvent au désavantage des soignants, qui risquent des poursuites de la part du conseil de l’Ordre ».
Anaïs Moran cite ainsi Eugénie Izard, pédopsychiatre, qui
 « traîne depuis 7 longues années une angoisse profonde et corrosive », « celle qui vous colle à la peau quand vos pairs, ceux qui étaient censés vous protéger, et protéger les enfants, se mettent à vous attaquer sans répit »,déclare la praticienne.
La journaliste explique que «
 le désarroi date du printemps 2015. De ce jour où le conseil départemental de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne a porté plainte contre elle devant la chambre disciplinaire, après qu’elle a signalé des soupçons de maltraitances physiques et psychologiques de la part d’un père sur sa fille de 8 ans ».
Eugénie Izard indique : 
« On m’a accusée de ne pas être restée à ma place. D’avoir pris le parti d’une mère aliénante qui manipulait son enfant. Alors que tout ce que j’avais fait, c’était prendre mes responsabilités et tenter de protéger de maltraitances un enfant ».
Anaïs Moran note que «
 sanctionnée par l’Ordre des médecins à une suspension temporaire d’exercice de la médecine d’une durée de 3 mois, Eugénie Izard a vu, le 30 mai, la plus haute juridiction administrative annuler la sanction ordinale. Un événement qui a permis de mettre en lumière le sujet de l’insécurité juridique dans laquelle sont plongés les praticiens à l’origine de signalements pour maltraitances infantiles ».
La journaliste observe que
 « face à des soupçons de maltraitances infantiles, les médecins sont comme piégés dans un conflit de normes et d’injonctions contradictoires, en raison d’un cadre juridique confus. Le code pénal prévoit bien que les praticiens, comme tout autre citoyen «pouvant empêcher […] soit un crime soit un délit contre l’intégrité corporelle [d’un enfant]», ont l’obligation d’intervenir. Il précise aussi qu’un signalement effectué auprès des autorités compétentes «ne peut engager la responsabilité civile, pénale ou disciplinaire de son auteur, sauf s’il est établi qu’il n’a pas agi de bonne foi» ».
« Mais les praticiens sont également soumis au code de la santé publique, dont certains textes laissent planer l’ambiguïté. Ainsi, le médecin doit protéger le mineur tout «en faisant preuve de prudence et de circonspection». Signaler auprès des autorités compétentes «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Des expressions sources d’interprétation qui, cumulées aux principes fondamentaux du «secret professionnel» et de l’interdiction de «s’immiscer sans raison professionnelle dans les affaires de famille», entretiennent le trouble », 
constate Anaïs Moran.
Elle indique qu’«
 avec sa consœur pédopsychiatre Françoise Fericelli, Eugénie Izard a cofondé le collectif de médecins Stop violences en avril 2021, afin d’œuvrer «contre les violences intrafamiliales et pour une meilleure protection des enfants maltraités». Le collectif regroupe 56 professionnels de toutes spécialités. Il dit avoir recensé une quinzaine de procédures disciplinaires en cours devant le conseil de l’Ordre ».
Françoise Fericelli déclare : 
« Nous, médecins, ne sommes ni enquêteur, ni policier, ni magistrat, mais nous avons un devoir de protéger les enfants. Notre seule possibilité de protection est de faire un signalement, et pour cela il faut être formé au repérage des maltraitances et ne pas avoir à craindre des représailles. Tout ce que nous souhaitons, c’est un cadre légal précis qui régisse les modalités d’alerte des médecins, notamment une obligation légale de signalement ».
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente de l’Ordre, remarque pour sa part : 
« On peut se mettre autour d’une table pour discuter des poursuites. Nous aussi, nous voulons voir les médecins devenir de vrais acteurs dans la lutte contre ces maltraitances. Il faut encore sensibiliser notre communauté, notamment au sein des conseils de l’Ordre locaux. On y travaille ».

 

Revue de presse santé psy – janvier 2022

« « Les jeunes arrivent en fauteuil roulant » : face à l’abus de gaz hilarant, les médecins sonnent l’alerte »

Date de publication : 20 janvier 2022
Le Parisien
Elsa Marnette observe en effet dans Le Parisien que « les soignants voient arriver de plus en plus de jeunes d’une vingtaine d’années incapables de marcher ou de sentir leurs extrémités, à cause de leur consommation de gaz hilarant. Selon eux, malgré l’arrêt du protoxyde d’azote et la rééducation, la récupération totale n’est pas garantie ».
La journaliste livre ainsi un reportage en région parisienne : « Le 5 janvier 2020, quand ils ont vu arriver aux urgences une patiente souffrant d’une atteinte neurologique atypique pour son jeune âge, les médecins ont eu «une grosse surprise», selon le chef du service neurologie de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ».
« Les soignants ont compris qu’ils assistaient à «l’émergence d’une nouvelle pathologie». Car depuis ce 5 janvier 2020, 26 autres personnes se sont présentées dans son hôpital avec ce même tableau clinique. Rien ne les distingue, si ce n’est leur jeunesse — 23 ans en moyenne — et les symptômes dont ils souffrent »,
 poursuit Elsa Marnette.
Le Dr Thomas de Broucker, chef de service, explique que « les patients présentent des fourmillements des quatre membres, surtout des jambes qui, progressivement, vont s’accompagner d’un déséquilibre. À force de ne plus sentir leurs membres inférieurs, ils ne peuvent plus marcher. Ils arrivent en fauteuil roulant ».
Le neurologue évoque en outre « des troubles moteurs, avec déficit de la force musculaire, mais aussi des troubles sphinctériens, comme une rétention d’urine, et des troubles de l’érection, car il y a atteinte de la moelle épinière. […] Tous ont une consommation de protoxyde d’azote monstrueuse, jusqu’à six bonbonnes par jour ».
Elsa Marnette relève que « ce gaz hilarant, traditionnellement utilisé en anesthésie ou en cuisine, fait l’objet d’un usage détourné à vocation festive : lorsqu’il est inhalé, il provoque euphorie et hallucinations. Mais aussi asphyxie, perte de connaissance, brûlures et troubles neurologiques sévères, surtout lorsque l’intoxication est importante et répétée ».
Le Dr de Broucker précise que « le principe de la neurotoxicité du N2O est que l’atome de cobalt qui est au centre de la molécule de cobalamine (ou vitamine B12) est neutralisé par le protoxyde d’azote. La vitamine B12 est totalement inactivée et n’effectue plus son rôle essentiel au fonctionnement du système nerveux central et périphérique ».
La journaliste remarque que « ce phénomène récent de consommer de très grosses doses peut laisser les soignants démunis », le chef de service soulignant : « On a des malades paraplégiques, qui récupèrent très vite et d’autres bien moins atteints, pour qui ce n’est pas le cas ».
Elsa Marnette ajoute que « les patients restent en moyenne 8 jours dans son service, le temps de voir un psychiatre s’ils le souhaitent, de recevoir de la vitamine B12 et de faire des examens complémentaires (IRM, ponction lombaire, bilan sanguin) ».
Le Dr Chérifa Chambaz, médecin coordonnateur au centre de rééducation fonctionnelle de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), déclare pour sa part : « Ce qui est alarmant, c’est cette jeunesse, ils sortent à peine de l’adolescence ».
La journaliste observe que « là-bas, les soignants, davantage habitués à la prise en charge de personnes âgées victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), ont également vu des patients jeunes affluer en fauteuil roulant depuis 2 ans. Il y en a eu un sur toute l’année 2019 et jusqu’à 6 en même temps, au mois de décembre dernier ».
Elsa Marnette indique que « les médecins de l’établissement effectuent d’abord un bilan et établissent une prise en charge de kinésithérapie, d’ergothérapie, parfois de psychothérapie et d’orthophonie. Puis, commence la rééducation proprement dite. […] L’équipe repart parfois de zéro : apprendre à tenir un stylo, à se brosser les cheveux… ».
La journaliste relève que « dans le service de neurologie de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, une consultation est systématiquement proposée 3 mois après la sortie du patient ». Le Dr de Broucker remarque cependant que « sur 27, on en a eu 4, en vrai ou par téléphone. C’est frappant comme on a du mal à les suivre ».
Dans un autre article, Elsa Marnette explique que « l’Île-de-France et les Hauts-de-France sont les deux régions où le nombre de cas explose, selon le rapport récemment publié par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) à partir des données des centres antipoison ».
La journaliste indique qu’« en 2020, 134 cas d’usage récréatif de protoxyde d’azote ont été rapportés aux centres antipoison de toute la France. […] À elle seule, l’Île-de-France concentre 25% de ces signalements, devant les Hauts-de-France. Dans le même temps, l’Anses rappelle qu’il y en avait eu 46 en 2019 et 20 entre 2017 et 2018 et s’inquiète d’une «croissance qui s’accélère» ».
L’Anses précise que « les données 2020 confirment la survenue de troubles neurologiques graves, notamment chez les consommateurs réguliers. Au moins un symptôme neurologique et/ou neuromusculaire était signalé dans 76,2% des cas. Parmi ces cas, les trois quarts avaient au moins un signe moteur et/ou sensitif, tels que des paresthésies (fourmillements, engourdissements, picotements), des hypoesthésies (diminution de la sensibilité), un déficit moteur, des tremblements des extrémités ou des douleurs musculaires ».
L’agence évoque « des consommations régulières depuis plus d’un an, de plusieurs dizaines voire centaines de cartouches par jour, cette consommation chronique favorisant avec le temps la survenue de lésions neurologiques sévères ».
Elle ajoute qu’« une prise en charge pluridisciplinaire doit être engagée entre généraliste, pédiatre, urgentiste, neurologue et addictologue pour l’accompagnement du patient dans sa guérison et son arrêt de consommation de protoxyde d’azote ».

Revue de presse santé psy – mai 2022

« Le dangereux appétit des jeunes pour la médecine esthétique »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui constate que « les 18-35 ans sont de plus en plus séduits par des injections ou des interventions esthétiques, en plein essor en France. Parfois proposées par de faux professionnels, celles-ci peuvent s’avérer très risquées ».
Margherita Nasi évoque ainsi le 
« rapport plus décomplexé des jeunes à la médecine esthétique… et à ses dérives. Depuis 2019, les 18-34 ans ont désormais davantage recours à la chirurgie que la tranche des 50-60 ans ». Tracy Cohen Sayag, directrice du groupe Clinique des Champs-Elysées, indique qu’« il y a 12 ans, à peine 5% de nos patients avaient moins de 35 ans, contre plus de 50% d’entre eux aujourd’hui ».
Margherita Nasi explique que
 « cette déferlante jeune s’explique en partie par les transformations que connaît ce secteur. Laser, injections, peelings, radiofréquence ont révolutionné le marché ». Tracy Cohen Sayag déclare que « la chirurgie reste une opération lourde, il faut aller au bloc opératoire. La médecine esthétique, elle, n’est pas invasive et a énormément progressé. On peut tout traiter, à condition d’être récurrent dans ses actes ».
Adel Louafi, président du SNCPRE (Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique), précise en outre que 
« dans les années 1990, certains produits pouvaient entraîner des déformations à long terme ou des réactions allergiques, comme le silicone injectable, utilisé par les frères Bogdanov. Désormais, on utilise des produits résorbables, extrêmement fiables et tolérés ».
Catherine Bergeret-Galley, secrétaire générale du SNCPRE, souligne quant à elle qu’
« avec la pandémie, de nombreux faux professionnels ont investi les réseaux sociaux. Ils proposent des prestations extrêmes : bouches marquées, très gros seins, très grosses fesses, yeux de biche en étirant la fente palpébrale vers le haut et l’extérieur… J’oriente les jeunes vers des demandes plus raisonnables. Et je les mets en garde contre les escroqueries ».
Margherita Nasi indique ainsi que 
« début janvier, le SNCPRE et plusieurs sociétés savantes ont lancé une alerte nationale contre les «injecteurs illégaux», ces faux médecins, pseudo-spécialistes ou prétendus cosmétologues qui cherchent à appâter les jeunes avec des images d’interventions réussies et des prix au rabais ».
Catherine Bergeret-Galley explique qu’«
 une véritable économie parallèle s’est montée en quelques années. Celle-ci s’est engouffrée sur un vide juridique : l’acide hyaluronique, utilisé pour les injections, est en vente libre. Sans parler des fois où l’on injecte de l’huile de paraffine ou du silicone industriel ».
Adel Louafi souligne que 
« ces piqûres sont dangereuses lorsqu’elles sont réalisées par des non-professionnels qui ne connaissent pas l’anatomie et sont incapables de réagir en cas d’effets indésirables. On peut se retrouver avec des déformations du visage, des croûtes noires, une peau rétractée, voire une partie du nez amputée. […] Les injecteurs illégaux n’hésitent pas à utiliser la même aiguille sur plusieurs clients. On risque de voir apparaître une déferlante d’infections chroniques transmissibles, comme l’hépatite C ».
Margherita Nasi relève en effet qu’
« il y aurait en France plusieurs centaines d’injecteurs illégaux, avec des milliers de patients concernés, selon le SNCPRE. Dans son cabinet, Adel Louafi reçoit régulièrement des jeunes qui consultent après des complications ».

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Covid-19 : être hospitalisé ferait vieillir votre cerveau de 20 ans »

Date de publication : 5 mai 2022

Le Point

Le Point relève que « les recherches sur le coronavirus ne cessent d’affiner nos connaissances sur la maladie et ses conséquences, à plus ou moins long terme, pour la santé », et fait savoir qu’une étude « s’attaque notamment aux dégâts potentiels d’une hospitalisation provoquée par une infection au Covid-19 ».
Le magazine retient que selon ce travail paru dans la revue 
eClinicalMedicine, « les problèmes de santé des personnes ayant été hospitalisées sont comparables à un vieillissement de leurs capacités cognitives d’une vingtaine d’années. Un tiers des patients au cœur de l’étude, menée au Royaume-Uni, se sentent débarrassés des symptômes un an après avoir été hospitalisés. Mais certains souffrent d’un déclin cognitif persistant, un Covid long affectant le cerveau ».
David Menon (université de Cambridge), auteur principal, souligne ainsi que 
« le Covid provoque des problèmes au niveau de différents organes, y compris le cerveau et nos fonctions cognitives, ainsi que notre santé mentale. Si vous avez un vaccin et tous vos rappels, vous aurez une maladie moins sévère et l’ensemble de ces problèmes seront atténués ».
Le Point explique que «
 les chercheurs ont fait passer des tests cognitifs à 46 patients, en moyenne 6 mois après leur entrée à l’hôpital entre mars et juillet 2020. Parmi eux, 16 avaient reçu une assistance respiratoire mécanique. Ils ont comparé les résultats de ce test avec ceux de 460 personnes n’ayant jamais eu le Covid ».
Le magazine observe que «
 les patients hospitalisés souffrent de déficiences cognitives, notamment une plus grande lenteur d’exécution. […] L’étude suggère que, même si les troubles cognitifs étaient différents, l’ampleur du changement est, en moyenne, comparable au déclin cognitif observé traditionnellement chez les personnes âgées de 50 à 70 ans ».
Le Point ajoute que
 « s’il n’y a pas de différences entre les patients testés 6 et 10 mois après hospitalisation, les chercheurs notent quelques prémices d’une amélioration et vont poursuivre ces tests à différentes échéances ».
David Menon estime ainsi que 
« ces essais vont nous permettre de comprendre les mécanismes sous-jacents et de produire des traitements efficaces pour lutter en amont, et même à l’avenir contre ces symptômes ».

 

« L’augmentation inquiétante des cas de « burn-out scolaire » chez les lycéens »

Date de publication : 11 mai 2022

Le Monde

Le Monde constate en effet qu’« alors que les élèves de terminale passent pour la première fois les épreuves d’enseignement de spécialité du baccalauréat, les enseignants s’alarment de l’anxiété provoquée notamment par le contrôle continu et l’orientation ».
Sylvie Lecherbonnier se penche ainsi sur ces 
« lycéens en burn-out scolaire. Le terme ne fait pas toujours consensus et le phénomène, caractérisé par un épuisement, une perte de sens et de motivation face à un stress chronique, est difficile à quantifier tant les indicateurs font défaut, mais les personnels de l’éducation nationale sont formels : les lycéens sont plus sujets qu’auparavant à l’anxiété, aux crises de larmes, voire à la dépression ou à la phobie scolaire ».
« Si de multiples facteurs entrent en ligne de compte dans le mal-être des adolescents, «l’angoisse de la performance», comme l’appellent les psychologues, n’est pas à négliger »,
 souligne la journaliste.
Franck Antraccoli, proviseur à Nantes et secrétaire général du syndicat de chefs d’établissement ID-FO, indique ainsi que 
« cette année, 30 élèves sur 1200 bénéficient d’un PAI [projet d’accueil individualisé] avec des décharges de cours, car ils n’arrivent plus à tout gérer. Il y a encore 3 ans, ils étaient à peine 10 ».
Saphia Guereschi, infirmière dans l’éducation nationale et secrétaire générale du Snics-FSU, confirme : 
« Les files d’attente devant nos infirmeries augmentent, et nous n’arrivons pas à répondre à toutes les demandes ».
Sylvie Lecherbonnier explique que «
 les lycéens baignent dans un océan d’incertitudes depuis plus de 2 ans. L’épidémie de Covid-19 est venue percuter la mise en place des réformes du lycée et du bac. Annulation ou report d’épreuves, passage à l’enseignement à distance et confinements ont bouleversé leurs conditions de travail, si bien qu’un élève de terminale, en 2022, n’aura suivi aucune année scolaire « normale » au lycée. Le contrôle continu, qui compte pour 40% de la note finale du baccalauréat, associé à la perspective de Parcoursup, joue aussi sur leurs nerfs ».
« L’impression de «jouer sa vie à chaque évaluation» domine, sans toujours connaître en plus précisément les règles du jeu de Parcoursup », 
ajoute-t-elle, qui s’interroge : « Y a-t-il un profil d’élève plus sujet à l’angoisse, voire au burn-out, que d’autres ? De l’avis des enseignants interrogés, les bons élèves, alors qu’ils ont de bonnes notes, sont plus angoissés ».
Une mère dont le fils a eu une dépression déclare : 
« On veut faire de nos enfants des chevaux de course. Il faut être performant, performant, performant… Mais que se passe-t-il quand ça craque ? Qu’est-ce qu’on leur propose ensuite ? ».

 

« Le QI de ces vraies jumelles élevées dans deux pays différents est inhabituel »

Date de publication : 13 mai 2022

Science et Vie

Ives Etienne relate dans Science et Vie « l’histoire de jumelles monozygotes séparées à l’âge de 2 ans et élevées dans deux pays différents. L’une en Corée, l’autre aux Etats-Unis. Des scientifiques se sont intéressés à leur cas, et surprise, ils ont constaté de grosses différences de QI ! Ce qui contredit les tests précédents sur des jumeaux monozygotes ».
Le journaliste explique que 
« les chercheurs à l’origine de ces travaux ont pu compter sur deux sœurs nées à Séoul en Corée du Sud en 1974, mais qui ont été séparées 2 ans plus tard lorsque l’une des deux jumelles s’est perdue sur un marché. Malgré toutes les démarches effectuées et une émission de télévision consacrée aux personnes disparues, la petite fille perdue n’a pas pu retrouver ses parents biologiques. Elle finit par être adoptée par un couple vivant à l’autre bout de la planète, aux États-Unis ».
Ives Etienne relève que
 « cette petite Coréenne est donc devenue américaine. […] En 2018, grâce au programme sud-coréen de réunification des membres de la même famille, elle soumet son ADN pour une analyse génétique. Deux ans plus tard, elle reçoit une information étonnante ! Elle a un frère et une sœur plus âgés qu’elle. Mais surtout, elle a une sœur jumelle ! ».
Le journaliste continue : «
 Lors de leur rencontre, les vraies jumelles ont accepté de passer une série de tests. Ils sont destinés à évaluer leur quotient intellectuel ainsi que leur profil de personnalité, leur santé mentale et leurs antécédents médicaux ».
Il observe que 
« les résultats obtenus concernant les capacités cognitives et l’intelligence des deux sœurs jumelles sont étonnants. Ils contredisent les travaux précédents qui affirment que même en cas de séparation dès la naissance, la différence moyenne de valeur de QI ne dépasse pas 7 points. En effet, l’écart de quotient intellectuel entre la sœur vivant aux États-Unis et la sœur vivant en Corée est de 16 points. Et c’est la jumelle coréenne qui possède le QI le plus élevé ! ».
Ives Etienne note que 
« pour les scientifiques, cet écart inattendu des capacités cognitives entre les deux jumelles reste étonnant. Il est difficile de dire s’il est dû à une éducation différente. En effet, la jumelle élevée aux États-Unis a malheureusement subi trois commotions cérébrales qui auraient pu affecter ses capacités cérébrales ».
Il ajoute qu’«
 en ce qui concerne la personnalité, les deux sœurs possèdent un profil général très comparable. Elles sont toutes les deux déterminées, organisées, consciencieuses. Elles sont aussi animées par une envie de réussir dans la vie. Malgré des expériences de vie très différentes et des environnements familiaux très opposés, la persistance de ce profil confirme bien que la génétique détermine en grande partie la personnalité ».
Le journaliste ajoute :
 « La santé est l’autre domaine dans lequel les deux sœurs possèdent de fortes ressemblances. Elles ont toutes les deux dû subir une ablation de tumeurs aux ovaires. Par contre, les deux jumelles ont une vision différente de la vie en générale. Alors que celle qui a grandi aux États-Unis est individualiste, celle qui vit en Corée du Sud possède de valeurs de vie plus collectivistes ».
Ives Etienne conclut que 
« les chercheurs ne tiennent pas à tirer de conclusions définitives. En effet, il faudrait pouvoir étudier plus de cas de jumeaux ayant été séparés dès le plus jeune âge. Ce qui est, heureusement, assez rare. Cette étude permet pourtant de se rendre compte de l’influence de la génétique. Mais aussi l’importance de l’environnement culturel et environnemental sur le développement d’un individu ».

 

« Signaler ou pas, les médecins généralistes face aux suspicions d’inceste »

Date de publication : 16 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui relève qu’« alors que les professionnels de santé dénoncent peu les situations de maltraitance sur les enfants, notamment par peur d’être poursuivis par les familles, la Ciivise préconise une clarification de leur devoir de signalement. Une piste qui fait débat ».
Le journal explique que
 « confronté à des signes de maltraitance, sexuelle ou non, sur un mineur, tout professionnel de santé est tenu de garantir sa protection en écrivant à la cellule de recueil des informations préoccupantes du département, ou en faisant un signalement au procureur de la République en cas de danger immédiat ».
« Toutefois, le code de déontologie médicale conditionne cette obligation d’alerter pour le médecin : elle intervient «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Un flou qui participe au faible nombre de remontées émanant du corps médical, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), chargée d’un état des lieux et de recommandations en la matière », 
remarque le quotidien.
Il note que «
 la Ciivise se prononce ainsi pour une clarification de l’obligation de signalement des médecins. L’instance assortit cette recommandation de celle de la suspension des poursuites disciplinaires à l’encontre des médecins qui effectuent des signalements, afin de les protéger d’éventuelles plaintes émanant de l’adulte agresseur ».
Le Monde précise que 
« la proposition fait suite à la médiatisation de quelques cas de soignants sanctionnés après avoir effectué des signalements. L’obligation de signalement, accompagnée d’une telle mesure de protection, permettrait de sécuriser les professionnels et «contribuerait à une meilleure protection des enfants», défend le collectif Stop Violences Médecins, qui regroupe une cinquantaine de praticiens ».
Le journal poursuit : 
« Le constat d’un «maillon faible» dans la chaîne de repérage est largement partagé, jusque dans les rangs des médecins. Même si aucune donnée précise et récente n’existe sur le sujet. Le pourcentage de 5% est régulièrement mis en avant : il correspondrait à la part des signalements pour maltraitance des enfants provenant des professionnels de santé selon la Haute Autorité de santé. Mais l’instance le reconnaît elle-même : ce chiffre, inscrit dans certains de ses rapports du milieu des années 2010, est issu d’un bulletin de l’Ordre des médecins datant de 2002 ».
« La solution préconisée d’une obligation de signalement pour les médecins, est loin, en revanche, de faire l’unanimité ; elle s’est heurtée à l’opposition immédiate de l’Ordre des médecins. Les professionnels sont déjà soumis à une «obligation de protection» des patients, selon l’organisme »,
continue Le Monde.
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des médecins, décalre ainsi : 
« Notre crainte, avec cette autre obligation, c’est que les familles maltraitantes éloignent leurs enfants du soin. Il y a déjà, aujourd’hui, toutes les possibilités pour faire un signalement quand un médecin a des suspicions ».

 

« Recevoir un jeune en consultation, c’est tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine »

Date de publication : 18 mai 2022

La Croix

Dans sa chronique pour La Croix, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine, observe : « Fabriquons-nous une génération en état de mal-être ? ».
Elle remarque ainsi qu’
« il est facile aujourd’hui de rendre la pandémie responsable de tous les maux de la société, mais la crise de la psychiatrie existe depuis bien longtemps. Ces deux dernières années ont surtout rendu plus visibles des disparités sociales inimaginables en France. Car non, cela n’allait pas de soi de suivre des cours en distanciel lorsqu’on ne possède pas d’ordinateur ou que le micro du smartphone est cassé. Non, ce n’était pas possible de se concentrer dans un contexte familial délétère ».
La psychiatre poursuit : « 
Je revois la détresse psychique de certains jeunes pour qui les études sont la seule bouée de sauvetage et qui se sentaient lâchés par le système. Restait la possibilité de consulter : c’est une autre histoire ! Combien sont passés entre les mailles du filet ? ».
Fatma Bouvet de la Maisonneuve écrit que 
« recevoir une jeune personne en consultation, c’est comme tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine. Il faut mettre en confiance un individu en souffrance, souvent en opposition et qui se sent incompris, mais il faut aussi ménager des parents, en particulier des mères, que l’on a souvent culpabilisés ».
« Une des priorités est de faire un diagnostic et de détecter d’éventuels symptômes annonciateurs de maladies sévères mais rares (schizophrénie, trouble bipolaire) qui doivent être traités à l’hôpital dans un premier temps. Et c’est là que le bât blesse car les délais sont aussi longs chez nos collègues de l’hôpital, qui gèrent des cas difficiles »
, remarque-t-elle.
Fatma Bouvet de la Maisonneuve ajoute que 
« l’augmentation des conduites suicidaires chez les jeunes est si alarmante qu’il est impératif de mobiliser toute la société autour d’eux. Pourquoi ne pas créer un département jeunesse dans chaque ministère afin d’être sûrs de ne jamais l’oublier ? ».

 

« Fatigue, idées suicidaires, harcèlement… Une étude pointe le mal-être des étudiantes et étudiants en sciences infirmières »

Date de publication : 24 mai 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui explique que « dans une enquête parue vendredi dernier, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières dresse un constat inquiétant ».
Cassandre Leray indique ainsi que 
« le dossier de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) concernant le «bien-être» des étudiantes et étudiants infirmiers dresse un constat alarmant. Depuis 2017, date de la dernière enquête, presque tous les indicateurs sont dans le rouge. Santé physique, mentale, précarité… ».
Mathilde Padilla, présidente de la fédération, souligne qu’«
 il y a une souffrance sur tous les aspects, qui s’est accentuée ces cinq dernières années ».
Cassandre Leray explique qu’
« éprouvés par une formation éreintante et un système de santé à bout de souffle, plus de 15.000 étudiants ont répondu dans le cadre de cette étude. Le résultat est sans appel : l’exigence est telle qu’il est difficile de tenir la cadence. En 2017, 66,3% des répondants estimaient que leur qualité de sommeil était «insuffisante» ou «très insuffisante», contre 62,3% en 2022 ».
« Une amélioration, à première vue. Sauf qu’en 2017, ils n’étaient que 7,8% à déclarer prendre des somnifères depuis le début de la formation contre… 28,1% en 2022. Et 4 étudiants sur 10 considèrent que la cause de cette prise est liée à leurs études »,
 continue la journaliste.
Elle souligne que «
 pour de nombreux étudiants en sciences infirmières s’ajoutent aux cours les inquantifiables heures de travail personnel. Il y a aussi les stages, réputés pour être épuisants, ou la nécessité d’avoir un job étudiant à côté pour joindre les deux bouts. Tout mener de front est ardu, à tel point que plus d’un étudiant sur deux se sent «souvent» ou «tout le temps» fatigué depuis le début de sa formation ».
Cassandre Leray ajoute que 
« le moral, lui aussi, en prend un coup. En 2017, 52,5% des apprentis infirmiers admettaient que leur santé mentale s’était dégradée depuis le début de leur formation. En 2022, ils sont 61,4%. Une augmentation de près de 10 points en cinq ans. Crises d’angoisse, dépression, idées suicidaires… L’étude relève une aggravation sous tous ces aspects ».
La journaliste observe que «
 le plus frappant : un étudiant sur six a déjà pensé au suicide durant ses études. Un chiffre plus de deux fois supérieur aux précédentes enquêtes. Seule amélioration : 23,3% des répondants ont déjà consulté un professionnel de la santé mentale, alors qu’ils n’étaient que 13,8 en 2017 ».
Mathilde Padilla note que «
 c’est positif mais à nuancer : cela augmente aussi parce qu’ils sont plus nombreux à aller mal ».
Cassandre Leray relève ainsi que
 « leur consommation d’anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques a augmenté : 34% en 2022, contre 27,3% en 2017. Parmi eux, 50% ont commencé ces traitements «à cause du retentissement de la formation» ».
« Pour certains, la souffrance peut même aller jusqu’à l’abandon de la formation. 59,2% des étudiants en sciences infirmières ont déjà pensé à arrêter leurs études. Cause numéro 1 : des problèmes au cours de leur stage (32%). Bizutage, sexisme, humiliations… », 
continue Cassandre Leray.
Elle souligne qu’« 
une personne sur six faisant ses études en sciences infirmières a déjà été victime d’agression sexuelle. Et, dans 70% des cas, sur le lieu de stage. Avec comme auteur de ces violences, un professionnel de santé (25%) ou un patient (53%) ».
Cassandre Leray conclut qu
e « pour la fédération, trois travaux sont à lancer de toute urgence. Une refonte générale de la formation en sciences infirmières, la mise en place d’une politique d’encadrement des stages aboutie, mais surtout redonner de l’attractivité à la profession. Car, si la situation s’est aggravée ces dernières années, les problèmes pointés par cette étude ont déjà été dénoncés. Sans réaction suffisante des pouvoirs publics pour y remédier ».

 

« Pourquoi le réchauffement climatique affecte le sommeil »

Date de publication : 24 mai 2022

Le Figaro

Delphine Chayet fait savoir dans Le Figaro que « des chercheurs ont réussi à mesurer l’impact de la température extérieure sur la qualité de nos nuits ».
La journaliste observe ainsi que «
 nous avons déjà perdu une heure de sommeil en moyenne depuis 25 ans (probablement à cause des écrans), et nos nuits devraient continuer à raccourcir à mesure que les températures grimpent… Si l’on ne prête pas attention à cette conséquence du changement climatique, «cette privation chronique risque de faire peser une menace pour la santé publique et le bien-être humain», préviennent les auteurs d’une étude publiée dans la revue One Earth ».
Delphine Chayet explique que 
« leur alerte est fondée sur l’analyse de la durée de 7 millions de nuits de sommeil enregistrées entre 2015 et 2017 dans 68 pays du monde. Les chercheurs (…) ont exploité des mesures individuelles prises par accéléromètre ».
« Ces bracelets connectés à un smartphone détectent le mouvement et permettent de quantifier le sommeil sur plusieurs nuits d’affilée. Les informations ainsi recueillies ont été mises en regard des conditions météorologiques locales, présentes et futures », 
précise la journaliste.
Elle retient que «
 l’augmentation des températures extérieures (…) réduit le temps de sommeil, principalement en retardant le moment de l’endormissement et dans une moindre mesure en avançant l’heure du réveil. La probabilité de dormir moins de 7 heures par nuit, et donc d’être en situation de privation, est ainsi multipliée par 3,5 à partir de 25 degrés à l’extérieur ».
Marc Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que 
« notre température corporelle obéit au rythme circadien : elle chute durant la nuit pour arriver à son point le plus bas vers 6 heures du matin. Si l’air ambiant est trop chaud, vous n’arriverez plus à vous refroidir, ce qui vous mettra dans l’inconfort. On estime que la température optimale pour un bon sommeil se situe autour de 19°C ».
Delphine Chayet ajoute que 
« dans l’étude, l’effet d’une montée des températures est deux fois plus marqué chez les personnes âgées de plus de 65 ans par rapport à celle d’âge moyen ».
Damien Davenne, chronobiologiste et professeur à l’université de Caen, explique que 
« chez les personnes âgées, la thermorégulation corporelle est moins performante, moins réactive, ce qui les rend plus vulnérables à des variations de température ».
La journaliste note en outre que 
« si le risque de subir un sommeil écourté est observé en toute saison et à toutes les latitudes, il est logiquement beaucoup plus prononcé l’été et dans les régions du monde les plus chaudes. […] Les chercheurs s’attendent à une aggravation de cette tendance dans le futur. Selon leurs projections, réalisées selon plusieurs scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, les habitants de la planète pourraient connaître une dizaine de nuits trop courtes supplémentaires d’ici la fin du siècle ».
Delphine Chayet rappelle que «
 le manque de sommeil a des effets sur la santé physique et mentale. Il est associé à une altération des fonctions cognitives, comme la mémoire et l’attention, et à un impact sur le moral. Il affecte aussi le système immunitaire et la fonction cardiovasculaire ».

 

« Le SOS des psychiatres lancé à la Première ministre »

Date de publication : 31 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien annonce que « 75 soignants lancent un appel à Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !». Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune que nous dévoilons, «un avenir très sombre nous attend» ».
Le journal indique ainsi que ces 
« soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions ».
Elsa Mari explique qu’«
 ils sont psychiatres, internes, psychologues, infirmiers… Et tous lancent un cri d’alerte à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans une tribune «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ».
La journaliste relève que
 « l’équation ne fonctionne plus. D’un côté, la pandémie de Covid-19 crée un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions ». Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, précise : « Surtout chez les jeunes, sans repères, angoissés par l’avenir. Quand on perd l’espoir, on met beaucoup de temps à le retrouver ».
Le chef de service ajoute que «
 15% des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières ».
Elsa Mari remarque que «
 ces difficultés ne sont pas nouvelles mais elles s’aggravent, les conséquences sont «dramatiques». Comble de cette tension, un dimanche d’avril, dans un hôpital de région parisienne, 18 patients, tous dans un état très grave, se sont retrouvés à attendre, alors qu’ils devaient être hospitalisés, en urgence. Pour les «accueillir, les rassurer, les surveiller», ce jour-là, seuls un psychiatre et un infirmier étaient là ».
Les signataires écrivent ainsi que «
 ce débordement des capacités d’accueil se traduit par des heures et des jours d’attente sur un brancard ou une chaise dans un couloir, des fugues, des agitations, voire des bagarres, et forcément des professionnels débordés et épuisés, ne souhaitant qu’une chose : changer de poste, d’hôpital, voire de métier. Quel gâchis ».
Antoine Pelissolo ajoute que « 
le recours à l’isolement et à la contention est en hausse car les soignants peuvent, parfois, être dépassés par la situation, ce qui ne devrait pas arriver ». « Et face à l’afflux de demandes, les malades, une fois hospitalisés, d’après le psychiatre, sortent plus vite, «résultat, ils rechutent» », continue la journaliste.
Les signataires écrivent en outre : 
« Alors que nous manquons de candidats, il pourrait paraître illusoire de fixer des objectifs de personnels à la hausse. Mais ne pas afficher de telles ambitions normales ne fait que nourrir la pénurie : les postes ne sont pas attractifs quand les candidats constatent que, de toute façon, ils seront en nombre insuffisant pour soigner correctement. La définition de ratios minimaux de soignants par service est une nécessité vitale, réclamée par tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de nos hôpitaux ».
« La fermeture de services, voire d’hôpitaux, ne peut conduire qu’à des drames humains par absence de soins, avec des conséquences économiques évidentes : chômage, arrêts de travail, complications sociales, etc. Il faut continuer à développer les soins ambulatoires, la prévention des crises et les pratiques orientées vers le rétablissement mais, tant qu’elles sont nécessaires, maintenir des équipes d’hospitalisation en effectifs suffisants pour éviter toute maltraitance », 
ajoutent-ils.

 

Revue de presse santé -psy – avril 2022

« La carte complète du génome humain enfin dévoilée »

Date de publication : 1er avril 2022

Le Figaro Le Parisien

Marc Cherki note en effet dans Le Figaro que « 6 articles publiés ce 31 mars dans la revue Science complètent – presque – le séquençage des 23 paires de chromosomes qui caractérisent l’espèce humaine. Car il y avait des « trous » à remplir et des erreurs à corriger. Il manquait 8% de la carte d’identité complète de l’ADN ».
« Il est maintenant possible d’affirmer que le génome complet comprend 3,1 milliards de paires de bases qui constituent un enchaînement de quatre lettres, A, T, C ou G, portés sur deux brins en forme de double hélice. Les scientifiques ont séquencé 225 millions de paires de bases supplémentaires qui n’avaient pas été identifiées ou bien localisées. Ces nouvelles régions permettent de supposer que 182 protéines présentes dans l’espèce humaine n’avaient pas encore été repérées »,
 remarque le journaliste.
Marc Cherki précise notamment que
 « les chercheurs se sont intéressés en particulier aux morceaux de l’ADN qui se répètent. Ils se situent notamment au milieu de chaque chromosome, une région appelée « centromère », et à la fin, baptisée « télomère ». Ces parties ont des fonctions spécifiques ».
Il relève que 
« le programme a mobilisé plus de 100 personnes dans le monde. Il a été supervisé par Karen Miga, chercheuse à l’Institut de génomique de l’université de Californie, à Santa Cruz, et par Adam Phillippy de l’Institut national de la recherche sur le génome humain, à Bethesda, qui dépend des NIH (National Institute of Health) ».
Le journaliste note qu’
« après ces publications, les chercheurs du monde entier disposent, en quelque sorte, d’une nouvelle « pierre de Rosette », selon l’expression d’Evan Eichler [chercheur à l’Institut médical Howard Hughes, à l’université de Washington], pour comparer le génome de chaque individu ».
« Car une autre originalité du travail a été de recenser le nombre de fois qu’une séquence était présente sur un chromosome. Cette quantification permet notamment de déterminer le risque pour un individu de développer une maladie et de comprendre pourquoi certaines personnes ou groupes ethniques pourraient développer, par exemple, une maladie cardiovasculaire, en cas d’erreur sur un gène codant pour une protéine qui transporte ou détruit les lipides », 
continue Marc Cherki.
Jean-François Deleuze, directeur du Centre national de recherche en génétique humaine du CEA et directeur scientifique du Centre d’études du polymorphisme humain, remarque pour sa part qu’«
 avec les méthodes actuelles de séquençage, seulement 50% des maladies génétiques sont comprises. Nous allons donc peut-être enfin mieux expliquer certaines maladies orphelines. […] Ce résultat est extrêmement important, car il permet, en outre, de comprendre des mécanismes clés de la biologie ».
Le Parisien note également que «
 21 ans après un premier « brouillon » fondateur, des scientifiques dévoilent une séquence complète, l’achèvement de plus de 30 années de travail sur notre ADN… livrant ses derniers secrets ».
Le journal retient entre autres que 
« les nouvelles données renseignent aussi sur 622 gènes médicalement pertinents, en particulier certains liés aux maladies coronariennes, à la schizophrénie ou à l’autisme. Les recherches vont se poursuivre et ce nouveau génome de référence sera le jalon d’une longue série ».

 

« Guerre en Ukraine : les conseils de psys pour répondre aux angoisses des plus jeunes »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien observe qu’« il n’y a pas que les adultes qui se préoccupent du conflit en Ukraine. Les enfants aussi, surtout lorsqu’ils ressentent et absorbent l’anxiété de leurs parents et de leurs copains. Il ne s’agit donc pas de dissimuler la réalité mais de mettre des mots, d’expliquer et de rassurer ».
Aurélie Curnier, psychologue clinicienne spécialisée sur les troubles des enfants et adolescents dans l’Hérault, indique ainsi : 
« On constate actuellement des cauchemars chez les enfants qui sont déjà sujets à l’anxiété ».
Thierry Baudet, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, explique que 
« les parents doivent être disponibles pour rassurer les enfants. Il faut pouvoir répondre, proposer d’en parler sans pour autant expliquer des choses qu’ils ne veulent pas savoir ! Bref, il faut s’adapter ».
Le Parisien livre 
« quelques réponses sur-mesure dans lesquelles piocher », à commencer par : « Est-ce que la France va partir en guerre ? ».
Clémence Prompsy, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, indique que «
 votre réponse va dépendre de l’âge de l’enfant, de son degré de maturité et d’émotivité. Mais en dessous de 8 ans, il vaut mieux minimiser. Pour relativiser, il peut être utile, par exemple, de rappeler qu’il y a déjà de nombreux conflits dans le monde dans lesquels la France est ou a été récemment impliquée et qu’il n’en a même pas entendu parler ».
Le quotidien ajoute :
 « Essayez, dans la mesure du possible, d’ajouter une note positive ». Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre et psychiatre à Saint-Denis, précise : « Aux adultes, surtout, de faire référence à certaines guerres dont on s’est sortis, qui sont à présent bien finies. Mais à l’heure actuelle, la réponse est non, on ne va pas partir en guerre ! C’est ce que l’enfant attend. Si la situation évolue, il sera toujours temps de lui réexpliquer la situation ».
Le Parisien continue : «
 Le réchauffement climatique, le Covid, maintenant la guerre, est-ce que c’est la fin du monde ? Attention, terrain piégé ! Doit-on en profiter pour sensibiliser les plus jeunes à l’état de la planète ou mieux vaut-il remiser ses grands discours écolos à une période plus propice ? ».
Aurélie Callet, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, remarque que «
 les enfants ont vu ça dans des films à la télé ou au cinéma. Alors on dit : bien sûr que non ce n’est pas la fin du monde parce qu’on n’est pas au cinéma dans un film catastrophe ! Et puis, on peut aussi parler des dinosaures. Dans l’Histoire, c’est un exemple de fin du monde qui a donné lieu à une nouvelle vie. La fin du monde, c’est aussi le début d’un autre monde ».

 

« Prescrit-on trop de médicaments contre les troubles de l’attention ? »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Figaro

Anne Prigent remarque dans Le Figaro que « c’est une tendance qui se confirme d’année en année : de plus en plus d’enfants prennent des médicaments destinés à lutter contre l’hyperactivité et les troubles de l’attention ».
« Ils contiennent tous du méthylphénidate, un psychostimulant. Et leur consommation a plus que doublé en dix ans, selon une étude qui a analysé les données de l’assurance-maladie portant sur 144.509 patients de 0 à 17 ans, publiée en février dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence »,
 explique la journaliste.
Elle note que « 
le nombre de boîtes délivrées est ainsi passé de 183.696 en 2010 à 453.598 en 2019. Cette même année, plus de 15.000 nouveaux enfants se sont vu prescrire du méthylphénidate. Ils étaient un peu plus de 10.000 en 2011 ».
Sébastien Ponnou, psychanalyste et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, co-auteur de l’étude, ajoute que
 « cette augmentation de la prescription se double d’une augmentation des durées de traitements. En 2011, la médiane était de 5 ans et demi. Depuis, nos données ne nous permettent pas de mesurer précisément l’évolution de cette durée jusqu’à 2019 mais le fait que le nombre total de prescriptions (la prévalence) a augmenté plus rapidement que le nombre de nouveaux patients (l’incidence) montre cette augmentation ».
Anne Prigent observe qu’«
 au total, 0,75% des enfants seraient sous méthylphénidate. Faut-il s’en inquiéter ? Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 3,5 à 5,6% des enfants scolarisés souffrent de TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité) en France ».
« Mais tous ne relèvent pas d’une prescription de médicament, qui, comme le rappelle la HAS, demeure un traitement de seconde intention, lorsqu’une prise en charge psychologique, éducative et sociale s’avère insuffisante », 
indique la journaliste.
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Henri-Laborit (Poitiers), déclare que
 « nous sommes encore loin de traiter tous les enfants souffrant de TDAH qui devraient l’être ».
Sébastien Ponnou remarque quant à lui :
 « Nous avons surtout constaté une prescription de méthylphénidate basée sur des déterminants sociaux et sur l’âge des enfants ».
Anne Prigent relève qu’«
 un enfant sur cinq sous méthylphénidate vit dans un foyer bénéficiant de la CMU ou d’un dispositif apparenté (alors que ces aides concernent 7,8% des Français). De la même manière, les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus souvent sous médicaments que ceux nés en janvier de la même année ».
Sébastien Ponnou indique : 
« On peut comprendre que cette quasi-année d’écart ait une influence qui n’a rien de pathologique sur l’attention de l’enfant ».
La journaliste continue : «
 Cette prescription chez des enfants qui ne souffrent sans doute pas de TDAH inquiète d’autant plus le chercheur que depuis septembre, les conditions de prescription du méthylphénidate se sont assouplies. La première ordonnance peut désormais être délivrée par un psychiatre, un neurologue ou un pédiatre installé en ville. Une décision prise à la demande des associations de parents pour limiter le retard de diagnostic et l’accès au médicament ».
Anne Prigent souligne 
« le paradoxe avec ce médicament : trop prescrit chez des enfants qui n’en ont pas besoin, il peut faire défaut à des enfants qui pourraient en bénéficier. La raison ? La difficulté de poser le diagnostic ».

 

« La médecine narrative, mieux écouter pour mieux soigner »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

Alice Le Dréau explique dans La Croix : « Utiliser les ressources offertes par l’écriture et le récit pour développer son empathie envers les patients, c’est le principe de la médecine narrative. Née aux États-Unis, cette approche, parfois jugée trop conceptuelle, fait son chemin en France ».
La journaliste relate un cours de médecine donné par le Pr Serge Perrot, chef de service au centre de la douleur de l’hôpital Cochin (Paris) : 
« Un cours un peu spécial, coanimé avec un écrivain, Mathieu Simonet, et qui propose de sensibiliser une dizaine d’étudiants de 3e année à la «médecine narrative» ».
Alice Le Dréau explique que 
« le concept, vu comme un complément de la «médecine fondée sur les faits» – rechercher les meilleures preuves disponibles pour résoudre un problème clinique –, est apparu au début des années 2000 aux États-Unis, avant de se diffuser en France, de manière encore assez confidentielle. L’idée : en s’appuyant sur les outils narratifs que sont le récit, la lecture et l’écriture, «apprendre à écouter le patient, pour mieux le soigner», résume Serge Perrot ».
La journaliste observe : 
« Écouter le malade pour établir un premier diagnostic : n’est-ce pas un réflexe de base pour tout médecin ? «C’est ce que nous faisons tous les jours», souligne un généraliste dubitatif. Pas si simple, réplique Serge Perrot, pour qui les entretiens médicaux sont souvent «très standardisés et techniques. On demande les antécédents, le parcours de santé, façon interrogatoire de police». Et de manière parfois expéditive ».
Alice Le Dréau remarque :
 « Comment muscler sa capacité d’écoute ? «Par la narration», répond Christian Delorenzo, docteur en «humanités médicales et philosophie» qui, à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), anime des formations à destination des soignants au côté d’un pédopsychiatre ».
La journaliste explique ainsi :
 « Lecture, écriture, puis partage des créations à voix haute… Organisées en trois temps, les séquences s’articulent autour d’œuvres toujours plus ou moins un lien avec le soin. Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, constitue l’un des supports pour parler du don d’organes ; Les Récits d’un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov sert à évoquer l’exercice de la médecine ; Oscar et la dame en rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt, le cancer pédiatrique ; Une mort très douce, de Simone de Beauvoir, la fin de vie… ».
Isabelle Galichon, 
« qui codirige […] un diplôme universitaire de médecine narrative à la faculté de médecine de Bordeaux », indique pour sa part que les textes « accrochent l’attention, bousculent les représentations et permettent de s’en approprier d’autres. […] On aurait tort de penser qu’en médecine il n’y a que des textes scientifiques, des études de cas cliniques, des comptes rendus de recherches qui peuvent apprendre quelque chose de la psychologie ou du ressenti du patient ».
Alice Le Dréau ajoute que 
« les ateliers d’écriture, dans lesquels les étudiants sont invités à composer sur leur propre expérience […] puis à partager leur texte, poussent chacun à développer ses propres capacités à raconter une histoire, à questionner le sens et la perception qu’il a de son métier et sa façon d’améliorer sa pratique ».
Serge Perrot souligne que
 « la médecine narrative aide à aiguiser le regard sur l’histoire du malade. Le parcours d’un patient, c’est un peu comme un polar. Au médecin de repérer des indices qui ont pu lui échapper ».
La journaliste poursuit : 
« Une plus grande empathie, une meilleure efficacité diagnostique, des capacités relationnelles renforcées, tels seraient les effets positifs de la médecine narrative, dont l’approche apparaît néanmoins trop conceptuelle aux yeux de certains professionnels. […] Une chose est sûre : entre la théorie et la pratique, il y a un pas à franchir. Et pas de recette miracle ».

 

« Les médecins font-ils preuve de suffisamment d’empathie ? »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

C’est ce la question que pose La Croix dans sa rubrique « débat ». Le journal souligne en effet : « Qualité primordiale de l’exercice de la médecine, l’empathie est de plus en plus menacée par le manque de temps et de moyens au sein de la profession ».
Le Pr Daniel Bontoux, membre de l’Académie de médecine, déclare que «
 l’empathie semble une qualité naturelle assez répandue chez les jeunes gens qui s’engagent dans les études de médecine. En revanche, on constate que celle-ci a tendance à s’atténuer à mesure que les études avancent, car le cursus devient de plus en plus technique et scientifique ».
« Pourtant, l’empathie est, suivant tous les avis et toutes les publications sur le sujet, un élément majeur et nécessaire pour une relation malade-médecin de qualité. Elle favorise à la fois le bien-être du médecin, le diagnostic et le suivi thérapeutique du patient. Seulement, l’exercice professionnel peut la mettre à rude épreuve »,
 observe-t-il.
Le Pr Bontoux souligne que «
 le grand souci vécu par le corps médical, c’est le manque de temps. Une consultation de médecins généralistes est vue comme devant durer 15 minutes. Or, les tâches administratives sont toujours plus lourdes et reposent de plus en plus sur le médecin, ce qui réduit sa disponibilité et son écoute. Résultat, le temps manque pour les choses essentielles que sont l’interrogatoire et l’examen clinique ».
Lolita Mercadié, docteure en psychologie, enseignante à l’université de médecine de Brest, remarque quant à elle que 
« l’empathie et ce que l’on appelle les «compétences relationnelles» ont longtemps été mises de côté dans la formation des étudiants en médecine. À Brest, ces enseignements sont obligatoires depuis 2013, de la deuxième à la cinquième année ».
« Le plus délicat est de parvenir à une forme de flexibilité émotionnelle : le médecin doit pouvoir comprendre le ressenti de son patient, partager un instant son point de vue, mais sans se laisser submerger ni se mettre en danger », 
souligne-t-elle.
La Dr Mercadié ajoute que «
 l’empathie ne doit pas virer à la sympathie, au sens premier du terme, qui est l’incapacité à faire la part des choses entre ses propres émotions et celles de son patient. C’est fragilisant voire épuisant pour le médecin et paradoxalement, pas forcément sécurisant pour le patient. […] J’encourage souvent les médecins hospitaliers à aller au contact des aides-soignants, des infirmiers, qui sont moins dans le raisonnement clinique et davantage dans le relationnel ».

 

« L’évolution du cerveau retracée sur toute la vie »

Date de publication : 8 avril 2022

Le Figaro

Pauline Fréour explique dans Le Figaro que « l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
La journaliste note ainsi qu’«
 il a fallu pas moins de 120.000 IRM et 2 millions d’heures d’ordinateur à l’équipe du Britannique Richard Bethlehem (Université de Cambridge), accompagné de nombreux autres chercheurs internationaux dont plusieurs Français, pour répondre à la question. Ce travail inédit, présenté mercredi dans Nature, permet de disposer pour la première fois de courbes de référence sur la croissance d’un cerveau en bonne santé, du fœtus de 15 semaines jusqu’aux 100 ans de l’adulte ».
Pauline Fréour précise : 
« Volume de la matière grise, de la substance blanche, volume ventriculaire, surface et épaisseur corticales… : ce travail colossal permet de disposer de référentiels sur l’évolution non pathologique des différents composants du cerveau, pour chacun des deux sexes ».
Elle relève notamment que 
« l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
« Il en ressort que le volume de matière grise (qui comprend les neurones) croît rapidement chez le fœtus dès la moitié de la grossesse, atteignant un pic chez l’enfant de 6 ans, avant de décroître doucement. Le volume de substance blanche (qui transmet les signaux des neurones) augmente aussi rapidement chez le fœtus, l’enfant, et parvient à son maximum juste avant que l’individu n’ait 29 ans ; le déclin s’accélère après 50 ans. Le volume de matière grise sous-corticale progresse jusqu’à 14 ans et demi », 
poursuit la journaliste.
Elle note que 
« ces courbes de croissance devraient être utilisées, dans un premier temps, à des fins de recherche car leur manipulation reste complexe. […] Mais les auteurs espèrent aussi que les versions ultérieures, intégrant encore davantage de données, pourront être utilisées pour établir des diagnostics médicaux ».
Richard Bethlehem indique ainsi que 
« ces courbes devraient permettre au neurologue de répondre à la question : “Cette zone est atypique, mais dans quelle mesure ?” ».
Pauline Fréour relève que «
 dans la maladie d’Alzheimer par exemple, la dégénérescence des neurones conduit à leur mort. Les personnes atteintes ont donc des risques de présenter une perte plus importante de tissu cérébral que d’autres individus du même âge en bonne santé ».
Richard Bethlehem précise qu’« 
on pourrait imaginer utiliser les courbes pour aider les médecins à identifier des signes de neurodégénérescence en comparant la vitesse à laquelle le volume du cerveau du patient a changé par rapport à ses pairs ».

 

« Consultations remboursées, le dispositif « MonPsy » sème la discorde »

Date de publication : 13 avril 2022

La Croix

La Croix constate en effet que « plusieurs organisations de psychologues ont appelé au boycott du protocole « MonPsy », destiné à permettre le remboursement de huit consultations. Lancé le 5 avril, il n’a pour le moment attiré qu’un millier de candidatures parmi les professionnels ».
Le journal explique que 
« ce dispositif permet le remboursement de 8 consultations annuelles chez un psychologue libéral. Une semaine après [son lancement], pourtant, il n’a recueilli que 1300 candidatures de psychologues […], dont seules 372 conventionnés par l’assurance-maladie ».
« Et il est loin de faire l’unanimité parmi les psychologues. Plusieurs organisations, dont le Syndicat national des psychologues (SNP), ont ainsi appelé au boycott. […] Contraire, selon eux, à leur déontologie et à leur pratique sur le terrain »,
 note La Croix.
Solenne Albert, psychologue clinicienne à Nantes, remarque que
 « 8 séances remboursées à l’année, ça ne correspond pas à notre travail. On ne peut dire à l’avance la durée qu’il faut pour sortir d’un deuil, retrouver goût à la vie, s’extraire de ses angoisses ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, évoque de son côté 
« un dispositif de première ligne, de dépistage et de prise en charge des difficultés psychologiques classées légères ».
Le quotidien s’interroge : 
« Mais à qui sera dévolue la charge de ce dépistage ? C’est là que le bât blesse : le protocole confie cette mission au médecin traitant. Si Frank Bellivier considère qu’«il s’agit là d’un parcours de soins normal qui ne fait qu’entériner un mode de coopération entre le médecin généraliste et le psychologue», Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du SNP, dénonce l’absence de légitimité des médecins ».
Il déclare que 
« seuls les psychologues ont une formation adéquate pour évaluer les troubles psychiques. Une petite dépression peut révéler en arrière-plan un effondrement plus inquiétant ».
La Croix évoque ainsi «
 un mépris général à l’égard de la profession, dont témoignerait également le tarif imposé pour les consultations, 40€ pour la première et 30€ pour les suivantes ».
Camille Mohoric Faedi, psychologue clinicienne, observe que 
« de telles conditions imposeront une pratique ubérisée, avec des patients à la chaîne toutes les 20 minutes. Ce n’est plus du soin, mais du low cost ».
Le journal observe que 
« pour les signataires de la tribune, la vraie solution pour répondre à la vague de souffrance psychique et à l’explosion de la demande en soins, amplifiée par le Covid, est de donner davantage de moyens aux établissements publics de soins, comme les Centres médico-psychologiques (CMP), où les listes d’attente peuvent durer jusqu’à 2 ans. Certains évoquent également le modèle italien, où le gouvernement vient d’octroyer une aide financière de 600€ pour financer des séances chez un psychologue ».

 

« La guerre en Ukraine a aussi des conséquences sur la santé psychologique des salariés »

Date de publication : 14 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque que « selon une étude réalisée par les Chambres de commerce et d’industrie en régions, citée dans un article des Échos, 90% des PME françaises s’inquiètent des retombées de la guerre en Ukraine sur leur activité ».
Le journal souligne ainsi que 
« si cette crise pèse sur le moral des chefs d’entreprise, elle n’épargne pas non plus celui des employés si l’on en croit l’ICAS. Cette organisation mondiale de prévention des risques psychosociaux propose aux entreprises des lignes d’écoute psychologique et juridique à destination des salariés : elle constate un regain d’appels depuis le début du conflit, le 24 février ».
Mathieu Wilkens, responsable des services ICAS Europe de l’Ouest, explique que 
« 9% des personnes qui contactent nos intervenants en France le font pour évoquer la guerre en Ukraine. […] Ce peut être parce qu’ils sont concernés directement par ce sujet, avec des proches vivant en Ukraine ou en Russie. Ou parce que cela génère chez eux une anxiété générale avec des interrogations plus larges : Est-ce que le conflit pourrait arriver chez nous ? ou, ai-je le droit d’aller bien alors que des personnes meurent pas loin de notre pays ? ».
Isabelle Tarty, vice-présidente de la FIRPS (Fédération des intervenants en risques psychosociaux), indique également que «
 les salariés ne vont pas bien. Cela se traduit par des troubles du sommeil, des irritabilités, une hausse des incivilités ».
Le quotidien observe que «
 même si le salarié n’a aucun lien avec le conflit, ce contexte anxiogène peut «réactiver d’anciens traumatismes ou des situations d’angoisse», sans compter «le sentiment d’impuissance ou d’incertitude» qu’il génère ».

 

« Le microbiote parle au cerveau… et vice-versa »

Date de publication : 15 avril 2022

Sciences et Avenir

Hervé Ratel remarque dans Sciences et Avenir : « Ça ne fait désormais plus de doute. Non seulement les 100.000 milliards de bactéries que compte notre microbiote intestinal font partie intégrante de notre organisme et contribuent pleinement à sa régulation mais les scientifiques s’aperçoivent aujourd’hui qu’il dialogue directement avec nos neurones ! ».
Le journaliste cite le chercheur Gérard Eberl, de l’institut Pasteur/Inserm (Paris), qui 
« vient de participer à une étude parue dans le magazine Science […] menée sur les souris. Axe d’investigation principal : NOD2, présent à l’intérieur des cellules, notamment les cellules immunitaires. NOD2 est un récepteur capable de détecter la présence de muropeptides, des petites molécules échappées de la paroi bactérienne ».
Le chercheur indique en effet que 
« toute bactérie qui prolifère ou qui meurt relargue des morceaux de sa coque ».
Hervé Ratel observe que
 « NOD2 s’avère n’être pas seulement présent dans les cellules immunitaires. A l’aide de techniques d’imagerie cérébrale, l’équipe de scientifiques a constaté que ce récepteur était également exprimé par les neurones de différentes régions du cerveau, et notamment l’hypothalamus, la zone cérébrale qui gère des fonctions essentielles comme la faim, la soif, la reproduction ou la température de l’organisme ».
Le journaliste relève ainsi que 
« lorsque des muropeptides issus des bactéries intestinales rentrent en contact avec des récepteurs NOD2 des neurones, ceux-ci s’éteignent, leur activité électrique étant alors réprimée et de fait régulée. Mais, si NOD2 est défaillant, les neurones ne peuvent plus être contrôlés par les muropeptides intestinaux ».
« Les conséquences pour l’organisme peuvent alors conduire à une perte de contrôle par le cerveau de la prise alimentaire et de la température corporelle. Des mutations de NOD2 chez l’être humain sont également associées à plusieurs désordres cérébraux, comme la bipolarité ou la maladie de Parkinson », 
continue Hervé Ratel.
Il s’interroge : «
 Les défaillances de NOD2 peuvent-elles être causées par le microbiote ? ». Gérard Eberl répond que « c’est en quelque sorte une causalité circulaire, comme l’œuf et la poule… Il peut y avoir un déséquilibre qui s’installe, du fait de l’alimentation par exemple. Une dérégulation épigénétique qui pourrait être accentuée par les bactéries du microbiote. Au fil du temps, ce déséquilibre serait de pire en pire ».
Hervé Ratel relève que 
« des études précédentes menées sur la souris avaient déjà suggéré que certains états psychologiques, par exemple un stress chronique, pouvaient influencer nos bactéries intestinales qui, ensuite, influençaient le cerveau. […] D’autre part, on sait que ce lien fonctionne dans l’autre sens : l’obésité cause une inflammation chronique qui, au bout de quelques années, aura une influence néfaste sur le cerveau et l’humeur ».
Le journaliste note ainsi que «
 la recherche sur ce lien direct entre microbiote et cerveau n’en est qu’à ses débuts ».

 

Revue de presse santé psy – mars 2022

« Dépression, constipation, anxiété… Dix signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 1er mars 2022

Le Monde

Sandrine Cabut indique en effet dans Le Monde : « Dépression majeure, anxiété, mais aussi baisse de l’audition, constipation ou encore perte de poids… Grâce à une méthodologie originale, des équipes françaises ont identifié dix pathologies significativement plus fréquentes chez les malades d’Alzheimer dans les 2 à 10 ans précédant le diagnostic que chez des témoins du même âge ».
« L’étude, dont le premier auteur est Thomas Nedelec (postdoctorant à l’Institut du cerveau, à Paris), a été publiée en ligne, le 23 février, dans 
The Lancet Digital Health », précise la journaliste.
Elle explique que 
« les chercheurs français ont exploité deux bases de données anonymisées de patients suivis en médecine générale, en France et au Royaume-Uni. De ces deux sources indépendantes, mais issues d’une même base européenne, THIN (The Health Improvement Network), ils ont extrait les cas de démence dus à la maladie (environ 20.000 dans chaque pays) et apparié chacun d’eux à un témoin de même âge. Ils ont ensuite testé le lien possible entre l’apparition de la maladie et 123 pathologies, en remontant jusqu’à 15 ans avant le diagnostic ».
Sandrine Cabut retient que «
 si les données recueillies ne mettent pas en évidence de facteurs fortement associés à Alzheimer entre 10 et 15 ans avant le diagnostic, 10 facteurs sont retrouvés de façon statistiquement significatives dans la période 2-10 ans : dépression, anxiété, troubles de l’adaptation au stress, perte d’audition, constipation, spondylarthrose cervicale, pertes de mémoire, fatigue et malaises, chutes, perte de poids ».
Carole Dufouil, directrice de recherche au centre Bordeaux Population Health (Inserm), co-auteure, indique que
 « l’un des avantages de l’approche agnostique, c’est-à-dire sans hypothèse, est de pouvoir révéler des facteurs inattendus, comme ici la constipation. C’est très complémentaire des études de cohorte ».
La journaliste remarque cependant que selon l’épidémiologiste,
 « une limite des bases de données médicales pour la recherche est l’absence de données sociales, comme le niveau d’études, qui jouent pourtant un rôle important dans la survenue des démences ».
Carole Dufouil ajoute qu’« en poursuivant ce travail, on espère mettre au point des scores de risque pour détecter précocement les personnes les plus à risque de développer une démence, et qu’elles puissent bénéficier d’une surveillance appropriée ».

 

« Psychiatrie : nos fous aussi maltraités que nos vieux »

Date de publication : 1er mars 2022

Libération Le Parisien

C’est ce que titre Libération, qui fait savoir que « dans un rapport rendu public ce mardi, la contrôleure générale des lieux de privation de libertés rend compte de la situation inhumaine que vivent les patients dans un centre de santé mentale à Lens ».
Eric Favereau constate ainsi : «
 Parfois, les services de psychiatrie sont le théâtre de dérapages effrayants, pires même que ceux dénoncés récemment dans les maisons de retraite. Et heureusement parfois, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté s’en inquiète lors de visites impromptues ».
« C’est ce qui vient de se passer, avec le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens (Pas-de-Calais), où à l’issue d’un contrôle effectué le mois dernier, Dominique Simonnot a décidé de saisir la justice et de rendre public le rapport […] «tant nous avons pu constater un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» »
, relève le journaliste.
Il souligne que 
« ce rapport est d’autant plus désespérant que la situation n’est pas nouvelle. Elle a déjà été dénoncée par le conseil départemental de santé mentale, mais rien ne semble se passer en dépit de la gravité des accusations. Des patients sont ainsi enfermés, attachés, alors qu’ils sont en hospitalisation libre ».
Eric Favereau note que 
« la lecture de ce rapport ressemble à une triste liste de griefs à la Prévert. Tout va mal. Au premier jour du contrôle, 56 patients sur 71 étaient en hospitalisation libre. Tous, pourtant, étaient enfermés dans des lieux clos ».
Le journaliste évoque l‘accès aux soins :
 « Celui-ci est systématiquement défaillant, selon le rapport. «Les patients pris en charge aux urgences du centre hospitalier font parfois l’objet de contention sur des brancards… Au sein des unités, le projet de soins n’est pas défini, les patients n’y sont pas associés, ni les personnes de confiance dont la désignation n’est pas toujours valide en raison du flou des procédures observées.» Au passage, le consentement du patient semble pour le moins superflu ».
Eric Favereau ajoute que 
« ces pratiques illégales touchent tous les patients, y compris les mineurs. «Adultes et mineurs font l’objet de mesures d’isolement et de contention arbitraires, mises en œuvre dans des conditions indignes.» […] Plus ahurissant, «l’isolement et la contention ne sont pas seulement pratiqués en chambre d’isolement mais indistinctement en chambre hôtelière, de sorte que l’on peut considérer que le centre ne dispose pas de 2 chambres d’isolement mais de 80 chambres d’isolement potentielles» ».
Le journaliste parle d’une 
« situation dantesque, qui perdure », ou encore relève que « le contrôle du juge des libertés et de la détention est ineffectif. Le patient a rarement accès à son juge. […] Au final, conclut le rapport, «le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens doit faire l’objet de mesures urgentes». On peut l’espérer, mais comment comprendre le silence des médecins, comme celui de la direction, et plus généralement l’indifférence des autorités de tutelle et de l’Agence régionale de santé ? », s’interroge Eric Favereau.
Le Parisien se penche également sur ce rapport. Le journal retient ainsi : 
« Mesures d’isolement et de contention abusives, chambres mal chauffées, violation de l’intimité… Le contrôleur général des lieux de privations de liberté réclame des mesures urgentes face aux traitements infligés dans le centre de santé mentale ».
« Il épingle le manque de pilotage global, le non-respect du droit et l’absence de formation du personnel du centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens, qui conduisent à des dysfonctionnements «d’une particulière gravité et anciens», portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes », 
explique le quotidien.
Le Parisien indique que 
« dans un courrier adressé en réponse, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé son intention de diffuser «une instruction» pour «clarifier les conditions de l’équilibre à trouver entre le risque de fugue du patient et l’importance de la comparution à l’audience». Par ailleurs, il «regrette profondément» qu’une décision de justice de mainlevée d’une mesure d’hospitalisation «n’ait pas été immédiatement mise en application» ».

 

« Guerre en Ukraine, pandémie, catastrophes climatiques… Comment parler des événements angoissants aux enfants »

Date de publication : 2 mars 2022

Libération

Libération relève en effet : « Attentats terroristes, pandémie de Covid-19, constats alarmants du Giec, et désormais guerre en Ukraine : les enfants du XXIe siècle sont particulièrement confrontés à des catastrophes mondialisées, largement médiatisées, et qu’ils ne comprennent pas toujours ».
« Les parents tentent de les rassurer, mais peinent parfois à trouver les bons mots. Pour Christine Barois, pédopsychiatre à Paris, le dialogue doit passer par une normalisation de l’incertitude et des émotions négatives »,
 note le quotidien.
Libération interroge ainsi : 
« Les enfants du XXIe siècle vivent-ils une époque plus angoissante que les générations précédentes ? ».
Christine Barois répond que 
« la différence est qu’on se préoccupe un peu plus de l’état d’esprit des enfants aujourd’hui. Les jeunes nés au XXe siècle ont quand même connu deux guerres mondiales, la grippe espagnole, ils ont dû s’habituer à la menace nucléaire pendant la guerre froide… ».
« Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, le sentiment d’angoisse est amplifié par la médiatisation intense des événements stressants. On est dans un monde de l’image, où tout est en direct. Les parents ont sûrement un rôle dans la supervision des médias accessibles aux enfants, mais il faut surtout rassurer en dialoguant. Je pense qu’il faut dire aux plus jeunes que les crises font partie de l’histoire, et que les périodes angoissantes et de récession sont suivies de moments plus féconds », 
poursuit la pédopsychiatre.
Le journal demande : «
 Comment parler d’événements angoissants à un enfant ? ».
Christine Barois répond qu’«
 il faut attendre que l’enfant commence la conversation, et ne pas forcément partir du principe qu’il a peur, par exemple. Si l’on voit qu’il a envie d’en parler ou que l’on détecte des signes d’anxiété, comme une mise en retrait ou des réactions plus agressives que d’habitude, le mieux est de s’asseoir avec lui et de lui dire : «Pose-moi toutes les questions que tu as.» C’est important de faire comprendre à un enfant que ce qu’il ressent est normal. Il faut qu’il valide son émotion, pas qu’il la chasse ».
« Mais peu importe ce que l’enfant ressent, ça ne sert à rien de lui dire que tout va bien et qu’il ne faut pas avoir peur. A la place, il vaut mieux trouver des exercices pour métaboliser l’émotion. En clair, l’aider à trouver des outils pour aller mieux quand on est anxieux. […] On n’a peut-être pas de prise sur la situation, mais on peut maîtriser son anxiété, notamment avec des exercices de respiration et de méditation ou des coloriages par exemple… L’idée est de mettre en place des stratégies pour faire diminuer le stress », 
explique-t-elle.
Christine Barois ajoute qu’«
 il ne faut surtout pas leur mentir. La seule chose certaine, c’est que l’on ne connaît pas l’avenir. En tant que parent, on doit être fiable. Si l’on dit une chose et que le contraire arrive ou que cela ne se passe pas comme on l’avait prédit, les enfants risquent de perdre confiance dans les adultes. C’est important aussi de leur dire qu’on a déjà traversé plein de crises et qu’elles font partie de la vie ».

 

« Des tics nerveux chez les adolescents consommant trop TikTok »

Date de publication : 4 mars 2022

Le Point

Le Point fait ainsi savoir : « Alors que la pandémie due au coronavirus a décuplé le nombre d’utilisateurs et de contenus, un rapport scientifique signale une recrudescence des tics nerveux chez les jeunes usant de cette application ».
Le magazine note que « 
le réseau social TikTok, renommé à l’international pour ses vidéos courtes et éclectiques, augmenterait le risque de souffrir de troubles neurologiques fonctionnels ».
Il explique que
 « des chercheurs de l’université de Floride ont démontré l’aggravation de ces symptômes pendant la crise sanitaire et les divers confinements. […] Une étude menée sur 20 adolescents, âgés de 11 à 21 ans, prouve que la fréquence de leurs tics a doublé avec TikTok ».
« Les personnes sondées ont estimé, sur une échelle de gravité de 0 à 6, la gravité de leurs tics, répondant unanimement par les chiffres 4 ou 5. En octobre 2021, une précédente étude avait accusé le réseau social de favoriser le développement du syndrome de Gilles de la Tourette »,
 relève Le Point.
Le magazine indique en outre qu’
« une coalition de 8 États américains, dont la Californie et la Floride, a annoncé, mercredi, le lancement d’une enquête sur la très populaire application TikTok, qu’ils accusent de causer des torts aux enfants en les incitant à y passer toujours plus de temps ».
« Les magistrats veulent examiner les «techniques utilisées par TikTok pour encourager les jeunes» à y passer plus de temps, à réagir aux contenus et interagir avec les créateurs »,
 note Le Point.

 

« Obésité : au-delà de la maladie, affronter les regards et les remarques blessantes »

Date de publication : 7 mars 2022

Le Monde

Le Monde observe que « les personnes obèses sont souvent la cible de discriminations. Pour les adolescents, la situation est particulièrement douloureuse. A l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité [le 4 mars], les associations appellent à des campagnes de sensibilisation ».
Le journal rappelle que 
« selon la dernière enquête de l’Obépi-Roche de 2020, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants de 8 à 17 ans en France […] a atteint 21% des enfants de 8 à 17 ans, avec 6% d’obésité ».
Le Monde note ainsi que 
« pour Léo […], 15 ans, le diagnostic de l’obésité est tombé en 2017, lorsqu’il avait 10 ans. Le jeune garçon, déscolarisé depuis trois ans, a été fortement touché par les moqueries de la part de ses camarades d’école ».
Il déclare : «
 On me traitait de gros, de moche. Quand je courais en cours de sport, on se moquait et on m’insultait ».
Le quotidien relève que «
 pour Valentine, 17 ans, le poids n’a jamais été un problème. Jusqu’à une consultation avec un médecin ». La jeune fille indique : « Il m’a parlé de mon poids anormal et m’a posé de nombreuses questions sur mon alimentation. A la fin du rendez-vous, il m’a donné le numéro d’un médecin nutritionniste. Ç’a a été direct et très violent ».
Le Monde remarque que 
« ce constat a été dur à encaisser. «Je me détestais. Je ne supportais plus de me regarder dans la glace», raconte la lycéenne. Sa confiance en elle s’est envolée ».
Le journal souligne ainsi que 
« la rencontre avec les médecins ne se passe pas toujours bien. Pour Anne-Sophie Joly, présidente fondatrice du Collectif national des associations d’obèses (CNAO), dont l’objectif est de faciliter le lien entre le patient et le médecin, il existe encore de nombreux cas de praticiens mal formés à traiter l’obésité, et les «réflexions assassines» persistent à l’égard des patients ».
Jean-Pierre Poulain, sociologue, déclare qu’« 
il convient d’aider à anticiper les contextes dans lesquels ces adolescents risquent d’être stigmatisés et à réagir autrement qu’en intériorisant la dévalorisation ».
Le Monde relève que «
 pour Léo, la famille a été d’un réel soutien. […] Aujourd’hui suivi par une nutritionniste en Bretagne, le jeune homme reprend progressivement une alimentation équilibrée. Il a recommencé à s’insérer socialement. […] Valentine, quant à elle, a trouvé du réconfort lorsqu’elle a rencontré son copain il y a un an ».
Le journal conclut que «
 la présidente du CNAO affirme que malgré de nombreux progrès en France, il est impératif de renforcer les réflexions et les actions sur l’obésité ». Anne-Sophie Joly souligne ainsi qu’« à partir du moment où la société arrêtera de stigmatiser par rapport à la maladie, les jeunes culpabiliseront moins de leur poids et de ce qu’ils sont ».

 

« Non, passé 20 ans notre cerveau n’est pas plus lent »

Date de publication : 8 mars 2022

Le Figaro

Soline Roy remarque en effet dans Le Figaro : « C’est un fait entendu : la vingtaine passée, notre cerveau commence à ralentir et nos capacités cognitives entament une inexorable chute… Vraiment ? Pas tant que cela, affirme une équipe de l’Institut de psychologie de l’université de Heidelberg (Allemagne) dans la revue Nature Human Behavior ».
La journaliste indique ainsi que 
« nos réponses seraient certes moins rapides à partir de 20 ou 25 ans, mais cela serait davantage dû à une plus grande prudence et à une moindre célérité motrice qu’à un déclin de nos capacités cognitives ».
Elle explique que «
 les auteurs ont travaillé sur des données collectées auprès de 1,3 million de personnes âgées de 10 à 80 ans, dans le cadre du « Project Implicit », lancé en 1998 par trois chercheurs des universités de Washington, de Harvard et de Virginie pour étudier les biais affectant nos jugements ».
Soline Roy note que les auteurs «
 observent que les réponses deviennent de plus en plus rapides de 10 à 20 ans, puis commencent à ralentir lentement. Mais la vitesse mentale proprement dite continue à augmenter jusqu’à la trentaine avant de rester stable jusqu’à au moins 60 ans ».
La journaliste précise que «
 cette rapidité de réponse semble, entre 10 et 20 ans, augmenter au prix d’une moindre précaution dans la prise de décision, tandis qu’après 20 ans on soupèse davantage ses actions ».
Louis Bherer, professeur au département de médecine de l’université de Montréal et chercheur à l’Institut de cardiologie et à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, indique que
 « les plus âgés sont plus précautionneux et vont ralentir leur réponse pour éviter les erreurs. On dit souvent que c’est parce qu’en vieillissant une certaine sagesse s’installe. En réalité, je pense qu’on a surtout moins envie de se tromper et qu’on est plus aux aguets quand on vous demande de mener une tâche mentale ».
Soline Roy continue :
 « Force est aussi d’admettre que l’avancée en âge diminue l’efficacité de la réponse motrice : selon l’étude, le temps nécessaire, une fois l’information reçue, pour l’encoder et la traduire en geste baisse entre 10 et 15 ans, puis ne cesse d’augmenter progressivement ».
Louis Bherer précise qu’«
 on parle bien de différences liées à l’âge plutôt que de vieillissement : ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont répondu à 20, 40 et 80 ans ».
La journaliste ajoute que «
 d’autres paramètres que le vieillissement cérébral entrent en compte, par exemple la maîtrise de l’outil informatique selon que l’on appartient ou non à une génération née avec lui. Autre limite, selon le chercheur : les auteurs ont recueilli peu de données chez les plus âgés, et aucun participant n’avait plus de 80 ans ».
Louis Bherer remarque que
 « l’espérance de vie est généralement bien supérieure, autour de 86 ans en France et au Canada, et en gériatrie, on considère que plusieurs changements importants surviennent après 75 ans. En ne testant pas les plus de 80 ans, on ne fait donc pas le tour de l’histoire ».
Soline Roy ajoute que «
 rien ne condamne nos capacités cognitives à la chute : une bonne hygiène de vie et le maintien d’une activité intellectuelle permettent de lutter contre le vieillissement cérébral. Dans un article publié en 2019 dans le Journal of gerontology : psychological sciences, le chercheur a ainsi montré «qu’après 75-80 ans, la santé physique maintenue par l’exercice régulier aide à maintenir la vitesse de pensée» ».
Elle note que «
 l’alimentation, et la maîtrise de certains facteurs de risques (cardiovasculaires notamment) sont aussi clairement associées à un meilleur maintien des capacités cognitives. De même que l’activité intellectuelle. […] Le bagage intellectuel acquis au début de la vie est donc essentiel, mais le maintien d’une activité intellectuelle tout au long de l’existence également ».

 

« De la perte de sens à la désespérance… »

Date de publication : 9 mars 2022

La Croix

La Croix livre la chronique de Marion Broucke, infirmière en soins palliatifs (AP-HP), titulaire d’un master de recherche en médecine palliative, et enseignante.
Celle-ci observe : 
« Depuis plus d’un an, je partage avec vous mes indignations en tant qu’infirmière sur les dysfonctionnements que je constate au quotidien dans l’exercice de ma profession-passion. Malheureusement, l’accumulation des incohérences et des tensions entre nos valeurs fondamentales […] et la réalité imposée par une vision marchande et étriquée de la politique de santé ont eu raison de mes capacités à supporter l’intolérable ».
Marion Broucke poursuit :
 « Faut-il rappeler ici la scandaleuse inertie face au mal-mourir en France, aboutissant à considérer que faire administrer la mort par les soignants est plus logique que leur donner les moyens de soulager et d’accompagner ? ».
« Faut-il rappeler le mépris dont sont victimes les infirmières, sous-payées, considérées comme de simples exécutantes par certains médecins qui nous croient incapables de penser, mais seulement de panser, et qui s’opposent au développement des IPA (Infirmières en pratique avancée) ? »
, ajoute-t-elle.
L’infirmière remarque : 
« Faut-il rappeler le phénomène massif de désaffection des infirmières hospitalières qui préfèrent se tourner vers d’autres horizons ? […] Faut-il expliciter que le scandale des Ehpad privés, s’il est parfaitement justifié, ne peut servir de bouc émissaire. Laisser entendre que les Ehpad publics ne seraient pas le lieu de pratiques tout aussi déplorables voire pires n’est que se cacher derrière son petit doigt ».
« La seule façon de ne pas maltraiter nos anciens dépendants est de mettre du personnel formé et suffisant à leur disposition. Imaginez le terrible sentiment qui envahit ces soignants, parfaitement conscients de ne pas être aussi bientraitants qu’ils le souhaiteraient mais qui ne peuvent matériellement faire mieux en raison des contraintes qu’on leur impose », 
continue Marion Broucke.
Elle note que «
 dans l’immobilisme général, notre système de santé s’effondre. Les désormais fameux cabinets de consultants ont édicté une pensée unique aux technocrates hospitaliers, les bases de l’hôpital-entreprise et l’adoration des tableurs Excel. Ils ont imposé la sanctification du taux d’occupation qui, hors des activités programmées, s’avère une catastrophe ».
Marion Broucke écrit ainsi :
 « Comme tant d’autres de mes collègues, je ne peux m’abîmer davantage. Je rends ma blouse. En plein syndrome d’épuisement professionnel, j’ai décidé d’abandonner ce combat donquichottesque contre d’invincibles moulins à vent ».

 

« La pollution de l’air affecte le fonctionnement du cerveau »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Figaro

Pauline Fréour note en effet dans Le Figaro que « deux études, publiées cette année et en 2021, montrent que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmente de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus ».
La journaliste explique qu’« 
une étude conduite sur un très grand nombre de Français vient de confirmer que les polluants de l’air impactent négativement les performances cognitives, faisant écho en cela à d’autres recherches associant pollution et risque de démence ».
Elle précise que 
« c’est la cohorte Constances qui a fourni à Bénédicte Jacquemin et à son équipe de l’Inserm des données sur plus de 61.000 personnes de 45 ans et plus. Les chercheurs en épidémiologie ont pris en compte les résultats des participants à des tests cognitifs, et leur exposition, selon leur lieu de résidence, à trois polluants liés au trafic routier (particules fines inférieures à 2,5 microns – PM2,5, dioxyde d’azote, carbone suie) ».
« Ils ont calculé que le score des performances cognitives chez les volontaires les plus exposés baissait de 1 à près de 5% par rapport aux individus moins exposés », 
note Pauline Fréour, selon des travaux qui viennent de paraître dans The Lancet Planetary Health.
Bénédicte Jacquemin indique que
 « les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, c’est-à-dire la capacité de prendre des décisions. […] Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent d’avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand effet sur les fonctions exécutives ».
Claudine Berr, épidémiologiste à l’Institut des neurosciences de Montpellier et co-auteur, explique que 
« selon leur taille, les polluants inhalés s’introduisent plus ou moins loin dans les poumons, induisant une inflammation locale et systémique pouvant s’étendre jusqu’au cerveau, car les cytokines, vectrices du signal inflammatoire, peuvent passer la barrière hématoencéphalique qui le protège ».
« Pour les particules fines, on estime qu’il pourrait aussi exister une voie directe : les PM2,5 entrant dans l’organisme par le nez se déplaceraient via le nerf olfactif jusqu’au bulbe olfactif, situé dans le cerveau. On s’interroge aussi sur un passage des particules par le sang, puisque l’on retrouve des polluants jusque dans les petits vaisseaux cérébraux »,
 note la spécialiste.
Claudine Berr ajoute : 
« Ces recherches montrent une production accrue de marqueurs du stress oxydant et de médiateurs de l’inflammation dans les cellules du système nerveux central. Ce contexte peut être à l’origine de dommages cérébraux, comme l’agrégation de protéines – que l’on observe d’ailleurs chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer – des atteintes vasculaires, voire la mort de neurones ».
Pauline Fréour relève que 
« Claudine Berr et son équipe de Montpellier ont par ailleurs publié cette année et en 2021 deux études montrant que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmentait de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus. […] Bénédicte Jacquemin prévoit de poursuivre son travail sur Constances en suivant l’évolution dans le temps des fonctions cognitives des participants ».

 

« Autisme : pourquoi les demandes de diagnostic explosent chez les adultes »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Parisien

Fanny Delporte constate dans Le Parisien que « depuis trois ans, il y trois fois plus de demandes pour des adultes au centre spécialisé de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Notamment parce que beaucoup de gens, souvent mal orientés ou mal renseignés, sont persuadés d’être autistes sans l’être. Problème : cela provoque un engorgement ».
La journaliste explique en effet que l’établissement 
« abrite le Centre de diagnostic et d’évaluation autisme adultes (CDEAA), l’un des trois lieux de ce type en Ile-de-France ».
Elle souligne que «
 ce phénomène provoque l’engorgement de nombreux centres de diagnostic de l’autisme, notamment en Île-de-France où il existe trois centres experts — un à Versailles et un à Créteil, intégrés au réseau de la fondation FondaMental, ainsi qu’un autre à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, conventionné avec le Craif (Centre de ressources autisme Île-de-France) ».
Le Craif remarque qu’«
 il peut y avoir un délai de 6 mois avant d’être reçu, mais cela dépend vraiment des périodes de l’année. Par exemple, il suffit qu’il y ait des reportages à la télévision pour que nous soyons débordés de demandes ».
Hélène Vulser, psychiatre et responsable du centre de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, observe qu’«
 au départ, les centres créés entre 2000 et 2010 étaient dédiés aux enfants. Puis nous avons eu de plus en plus de demandes d’adultes ».
Fanny Delporte note que 
« ces 3 à 4 dernières années, au CDEAA, 50% des adultes reçus avaient un résultat positif ». Hélène Vulser indique que « désormais c’est 20%. Certaines personnes ayant un problème d’interaction sociale se disent : Je dois être autiste ».
« Certains, assure-t-elle, tentent même d’avoir accès à plusieurs [centres], persuadés qu’ils sont autistes mais mal diagnostiqués », 
relève la journaliste.
Elle ajoute que «
 pour Hélène Vulser, la solution pour désengorger les services réside dans une formation plus fine et poussée de ce qu’elle appelle «la deuxième ligne», des réseaux de psychiatres qu’il faut former, pour faire un premier «tri» ».

 

« L’exposition à un air pollué altère les fonctions mentales »

Date de publication : 16 mars 2022

Le Monde

Clémentine Thiberge indique à son tour dans Le Monde qu’« une étude publiée dans The Lancet Planetary Health […] associe la pollution de l’air à la diminution des performances cognitives : plus une personne est exposée à un air pollué, plus ses fonctions mentales seront affectées ».
La journaliste explique que 
« des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’université de Rennes et de l’Ecole des hautes études en santé publique ont analysé les données de plus de 61.000 Français âgés de plus de 45 ans ».
« Ces participants font partie de la cohorte épidémiologique française Constances et ont été recrutés aléatoirement à partir des listes de l’Assurance-maladie. Les chercheurs ont établi un score de leurs performances cognitives à partir de tests mesurant la mémoire, la fluidité d’expression orale (fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (fonctions exécutives) », 
précise Clémentine Thiberge.
Elle note que les auteurs
 « ont superposé ces résultats avec des cartes dites « d’exposition » qui estiment la concentration de polluants à l’adresse du domicile de chaque participant. Dans cette étude, trois polluants ont été pris en compte : les particules fines (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie ».
Bénédicte Jacquemin, chargée de recherche à l’Inserm et coauteure, remarque ainsi : 
« Nous nous sommes concentrés sur ces trois polluants car ils sont associés ou issus du trafic automobile. Les évidences scientifiques dans tous les domaines de la santé montrent que ces polluants sont probablement les plus nocifs pour la santé ».
Clémentine Thiberge retient que 
« non seulement l’exposition à de plus grandes concentrations de polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances cognitives mais chaque polluant agirait différemment sur ces performances ».
Bénédicte Jacquemin observe que « 
les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives. Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 agissent davantage sur la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives ».
La journaliste relève que 
« pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5% du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés ».
Bénédicte Jacquemin précise que «
 5% à niveau individuel, cela n’a pas un impact fort. Mais nos résultats sont très importants au niveau de la population parce que tout le monde, ou presque, est exposé à un niveau de pollution atmosphérique plus élevé que ce qui est recommandé par l’OMS ».
Kyle Steenland, professeur d’épidémiologie à l’université Emory (Etats-Unis), note pour sa part que 
« cette étude est très importante, car elle est représentative de la population française. Il est nécessaire d’avoir plusieurs études sur ce sujet, sur des populations différentes, et de voir que nous obtenons à chaque fois les mêmes réponses est assez significatif ».
Bénédicte Jacquemin précise que 
« cette étude est transversale, c’est-à-dire que nous avons pris une photo de la situation à un moment donné. On montre une association. Pour établir une causalité, il faut une étude longitudinale c’est-à-dire avec un suivi sur le long terme, que nous prévoyons de faire par la suite ».
Clémentine Thiberge rappelle qu’«
 en 2020, des scientifiques estimaient, dans The Lancet, qu’en agissant par des changements dans la réglementation qui encadre les niveaux de pollution, près de 40% des cas de démences pourraient être évités, qu’ils tiennent au mode de vie ou à l’environnement ».

 

« Une « banque de cerveaux » contre la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 18 mars 2022

La Croix

Audrey Dufour se penche dans La Croix sur l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui « conserve plusieurs centaines de cerveaux, exclusivement dédiés à la recherche contre les maladies neurodégénératives. Ces échantillons proviennent de personnes décédées, malades ou saines, qui ont accepté ce don d’organe pas comme les autres ».
La journaliste explique ainsi qu’un bâtiment 
« héberge un centre unique en France : une « biobanque » de cerveaux. Dans une dizaine de congélateurs gris, maintenus à – 80°C, 750 hémisphères cérébraux de donneurs patientent ».
Elle précise que «
 cogérée par les hôpitaux de Paris et les associations de malades, cette biobanque est utilisée pour la recherche sur les maladies neurodégénératives : Alzheimer et Parkinson, mais aussi les syndromes cérébelleux, les scléroses en plaques, les dégénérescences lobaires fronto-temporales, et les scléroses latérales amyotrophiques (maladies de Charcot) ».
Marie-Claire Artaud-Botté, coordinatrice scientifique du centre, indique que
 « les dons ne servent qu’à la recherche sur ces maladies, rien d’autre ».
Audrey Dufour relève que
 « les chercheurs peuvent demander ici des échantillons pour valider leurs hypothèses sur les mécanismes impliqués dans ces pathologies. Depuis 2009, près de 200 projets de recherches ont été menés grâce aux cerveaux de la biobanque ».
La journaliste souligne que 
« si aucun traitement dirigé contre Alzheimer n’est pour l’instant disponible en France, la recherche avance ».
Maï Panchal, directrice scientifique de la fondation Vaincre Alzheimer, remarque ainsi : 
« On sait désormais que près de la moitié des cas peuvent être évités en agissant sur les facteurs de risque, comme la sédentarité, l’alcool, le tabagisme et autres. Surtout, on sait diagnostiquer précisément la maladie ».
Audrey Dufour précise notamment qu’«
 en cas de don, le prélèvement doit être effectué sous les 48 heures après le décès, dans l’un des 14 centres partenaires à travers la France. Le défunt est ensuite rendu à sa famille ».
« À la biobanque, on reconnaît sans peine que le don de cerveau est lourd de symbole et que la démarche nécessite une acceptation particulière des familles, bien plus que le don d’organes pour sauver des vies. Le consentement est révocable à tout moment, par la personne ou par sa famille après le décès », 
poursuit-elle.
Maï Panchal indique qu’«
 en général, on voit un vrai élan chez les malades et leurs proches pour aider à développer des traitements ».
Audrey Dufour ajoute que
 « le centre conserve les échantillons pendant 10 ans, de façon anonymisée mais avec l’historique de santé. Un détail nécessaire pour pouvoir prendre en compte, par exemple, les effets du tabagisme. Et espérer, un jour, vaincre les maladies neurodégénératives ».

 

« Voici comment la listeria peut gagner le cerveau »

Date de publication : 18 mars 2022

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir fait savoir que « la listeria, bactérie à l’origine d’une infection alimentaire rare mais très dangereuse, parvient parfois à gagner le cerveau en rendant certaines cellules infectées résistantes au système immunitaire, avance une étude publiée [dans Nature] ».
« Ce mécanisme « permet à ces cellules de survivre plus longtemps dans le sang et de passer en plus grand nombre dans le cerveau » », 
explique le magazine.
Il précise ainsi que
 « réalisée en plusieurs étapes sur des souris de laboratoire, censées bien refléter l’évolution de la maladie chez l’humain, l’étude […] montre, dans un premier temps, que la listeria passe dans le cerveau via certains globules blancs, les monocytes. Les chercheurs ont ensuite découvert comment ces cellules infectées gagnaient le cerveau sans être détruites par le système immunitaire. C’est une protéine présente dans la listeria qui semble les protéger ».
Sciences et Avenir retient que
 « cette protéine, dite InlB, fait passer les cellules touchées sous le radar des lymphocytes T, dont le rôle est de détruire les cellules infectées par un virus où une bactérie. Ce mécanisme « crée une niche de protection cellulaire qui encourage la dissémination et la persistance de la listeria » dans l’organisme, conclut l’étude ».
« Non seulement il permet à la listeria de passer dans le cerveau mais il lui laisse aussi le temps de survivre dans l’intestin et d’être présente dans les excréments. La bactérie peut donc être d’autant plus présente dans l’environnement et continuer à se propager ainsi »,
 continue le magazine.
Il observe que «
 ce mode d’action est une surprise, de l’aveu des chercheurs, qui ne s’attendaient pas à ce que la listeria neutralise ainsi l’action des lymphocytes T ».
Marc Lecuit (Institut Pasteur et Inserm), qui a coordonné ce travail, évoque ainsi un 
« mécanisme spécifique et inattendu, par lequel un pathogène augmente la durée de vie des cellules qu’il infecte ».

 

« La schizophrénie identifiée au niveau cellulaire »

Date de publication : 18 mars 2022

Le Figaro

Pierre Kaldy annonce dans Le Figaro que « deux anomalies du fonctionnement des neurones ont été décelées chez des patients schizophrènes par des chercheurs américains de l’école de médecine de l’Université Johns Hopkins ».
« Elles pourraient même expliquer les symptômes les plus fréquents de cette maladie mentale très invalidante avancent les auteurs dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (The Proceedings of the National Academy of Sciences – PNAS) »,
 note le journaliste.
Il explique que 
« les recherches sur les bases physiologiques de la schizophrénie étaient freinées par l’absence d’équivalent de la maladie chez l’animal et par la difficulté à étudier des neurones de patients, le plus souvent obtenus après leur décès ».
Pierre Kaldy relève qu’
« une nouvelle technique, mise au point en 2007 par le japonais Shinya Yamanaka, prix Nobel de physiologie et de médecine en 2012, a changé la donne. Elle permet de faire revenir des cellules de la peau de patients au stade de cellules souches pluripotentes, que l’on peut ensuite faire se différencier in vitro en d’autres cellules. En l’occurrence, ici, des neurones du cortex cérébral ».
« Cette approche, qui permet de cultiver et d’étudier directement des cellules de patients dont les caractéristiques cliniques et génétiques sont connues, est en train de révolutionner l’étude des troubles psychiatriques ayant une composante héréditaire »,
 observe le journaliste.
Il précise que ce travail fait 
« un lien chez 13 patients entre leurs symptômes et deux paramètres cellulaires précis. Le premier, lié à une inhibition excessive de l’activation des neurones, est proportionnel à la désorganisation de la pensée et au retrait émotionnel observés dans la maladie ».
« Le second est une accentuation de l’entrée de sodium dans les cellules, une composante essentielle de la communication entre neurones qui s’avère d’autant plus marquée que les patients présentent des hallucinations ou des délires »,
 continue Pierre Kaldy.
Isabelle Cloëz-Tayarani, chercheuse en neurobiologie à l’Institut Pasteur, remarque que
 « ces résultats sont très intéressants et cohérents avec une étude génétique menée en 2018 auprès de milliers de patients qui a aussi montré l’implication de canaux sodium dans l’origine de la schizophrénie ».
Pierre Kaldy note que 
« de vastes études génétiques ont permis d’identifier des centaines de marqueurs de risques génétiques de la maladie, liés le plus souvent à des gènes impliqués dans le développement du cerveau et le fonctionnement des neurones. Les risques associés à ces marqueurs génétiques restent néanmoins très faibles pris isolément, ce qui traduit une grande hétérogénéité des mécanismes menant au dysfonctionnement des neurones ».
Il ajoute que 
« cette vulnérabilité génétique plus ou moins forte suivant les personnes est ensuite soumise à des facteurs environnementaux qui peuvent aussi influer sur la progression de la maladie ».
Anne Giersch, chercheuse au CHU de Strasbourg, observe : 
« On peut penser qu’il existe chez des personnes déjà prédisposées un effet de seuil pour basculer dans la pathologie, un phénomène qui serait renforcé sous l’effet d’évènements extérieurs comme une infection virale in utero ou la consommation de cannabis à l’adolescence ».
Isabelle Cloëz-Tayarani indique que 
« si ces résultats sont confirmés par d’autres études neurophysiologiques, un nouveau champ de recherche sur la schizophrénie pourrait s’ouvrir à l’aide de culture in vitro de « mini-cerveaux » pour étudier sur des temps plus longs les neurones en réseau, et la perspective de pouvoir mettre au point des médicaments plus adaptés au profil génétique ou clinique des patients ».

 

« Atteint du syndrome d’enfermement, un patient communique par la pensée… Et des électrodes »

Date de publication : 23 mars 2022

Sciences et Avenir

Camille Gaubert relaie « une première » dans Sciences et Avenir : « Un patient totalement tétraplégique en raison de la maladie de Charcot a pu s’exprimer au moyen de deux électrodes implantées dans son cerveau et d’une interface informatique. Un succès médical, qui montre que paralysie ne rime pas avec mort ni inconscience ».
La journaliste explique que «
 deux microélectrodes, chacune de 3,2 mm de côté, ont été insérées dans la surface du cortex moteur – la partie du cerveau responsable du mouvement. […] Le patient, tétraplégique, souffre du Locked-In Syndrome (LIS), dans lequel il entend tout et comprend tout, mais ne peut ni bouger ni parler ».
Camille Gaubert précise que «
 si 85% des LIS sont causés par un accident vasculaire cérébral (AVC), d’après l’association ALIS, le cas de ce patient est différent : il est atteint de sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot. Cette maladie neurodégénérative […] provoque une perte progressive du contrôle moteur de son corps. Au point que contrairement à la plupart des personnes souffrant de LIS, ce patient-là ne peut même plus cligner des yeux. Une perte dramatique, puisqu’elle permet aux systèmes d’interface cerveau-ordinateur de fonctionner ».
Jonas Zimmermann, neuroscientifique principal au Centre Wyss à Genève et co-auteur de l’étude parue dans 
Nature Communications, indique qu’« à notre connaissance, notre étude est la première à réussir à communiquer avec une personne qui n’a plus de mouvement volontaire et pour qui cette interface est désormais le seul moyen de communication ».
Camille Gaubert continue : «
 Dans la chambre qui lui a été aménagée chez lui, le patient met 105 jours à apprendre à communiquer avec les deux électrodes implantées dans des zones de son cerveau dédiées au contrôle moteur. […] Pour l’aider, les scientifiques installent un second système de “neuro-feedback” qui l’informe au moyen d’un signal sonore s’il a réussi à activer l’électrode ou non ».
Ujwal Chaudhary, co-auteur, précise que 
« le patient module son ‘taux de décharge’ (activation des neurones, ndlr) jusqu’à ce que le son qu’il entend l’informe qu’il l’a bien fait. […] Nous avons demandé au patient quelle était sa stratégie, en réponse à quoi il a épelé ‘MOUVEMENT DES YEUX’, ce qui peut être interprété comme le fait que le patient essayait de faire des mouvements oculaires pour moduler son taux de décharge, comme avant l’implantation ».
La journaliste relève qu’«
 à force de tâtonnement, le patient réussit à moduler le signal sonore correspondant à l’activation de ses électrodes au jour 86. Au jour 98, enfin, il parvient à moduler le taux de décharge neuronal pour atteindre les objectifs fixés par l’interface. Au jour 106, il réussit à sélectionner des lettres lorsqu’elles lui sont énoncées à l’oreille ».
« Au-delà d’un certain seuil et s’il était maintenu plus de 250 millisecondes, le signal de décharge neuronale capté par les électrodes est converti par l’interface en “OUI”, tandis que sous un certain seuil, c’est traduit comme un “NON”. Lorsque le patient réussit à excéder les 80% de réussite lors des exercices d’entraînement, les chercheurs lui permettent de former ses propres phrases. Au rythme moyen d’un caractère par minute, il s’exprime enfin »,
 continue Camille Gaubert.
Elle cite Ujwal Chandhary : «
 “De nombreux médecins et théoriciens de la conscience” supposent que la mémoire et la conscience sont “affectés” par la paralysie, mais l’étude démontre que c’est faux, continue le chercheur. Enfin, ils rapportent la possibilité d’une “qualité de vie positive” même dans cet état, d’autant que leur système fonctionnait au domicile du patient ».
Niels Birbaumer, autre co-auteur, souligne : «
 Notre principale réalisation c’est la démonstration que les patients atteints de LIS ne sont ni morts ni inconscients mais heureux et conscients comme vous et moi ».
Jonas Zimmermann ajoute que ce système de communication «
 profitera aux personnes les plus gravement paralysées, celles qui vivent avec un accident vasculaire cérébral du tronc cérébral, une sclérose latérale amyotrophique ou une lésion de la moelle épinière de haut niveau ».

 

« Quand le sommeil joue à cache-cache »

Date de publication : 29 mars 2022

Le Monde

Marie-Laure Théodule remarque dans Le Monde : « Nuits trop courtes, insomnies à répétition, somnolence diurne… Bien que très invalidants, ces troubles sont encore trop peu reconnus comme une maladie ».
Damien Léger, responsable du centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), souligne ainsi que 
« beaucoup de gens ignorent que l’insomnie est une maladie. Pourtant, c’est un véritable syndrome répertorié en tant que tel dans la classification internationale des troubles du sommeil ».
La journaliste note que le médecin «
 voit défiler de plus en plus d’hommes jeunes et sportifs, sans pathologie connue, mais qui souffrent de la « maladie insomnie » après un événement déclenchant, familial ou professionnel. […] Le syndrome est très invalidant, spécialement dans la vie professionnelle : manque de motivation et d’initiative, perte de concentration, troubles de l’humeur, augmentation de l’anxiété et du risque d’accidents et d’erreurs ».
Marie-Laure Théodule indique notamment qu’«
 en France, environ 20% de la population est atteinte de cette maladie. La prévalence est plus forte chez les femmes (25%) que chez les hommes (17%), et elle a tendance à croître avec l’âge. Ou avec le contexte. Ainsi, elle a augmenté en 2020 lors des confinements dus au Covid-19, avant de retomber à 20% en 2021 ».
La journaliste souligne que 
« le manque de sommeil a de graves conséquences sur le métabolisme. L’organisme ne secrète plus assez d’hormones nécessaires à son équilibre, comme la leptine (satiété) ou le cortisol (stress). Fatiguées, énervées, les personnes grignotent plus et bougent moins. Ce qui favorise de nombreuses maladies : surpoids, obésité, diabète de type II, hypertension, AVC, dépression et cancers hormono-dépendants ».
Elle précise :
 « Ce sommeil trop bref tient à deux causes principales : les horaires de travail (notamment de nuit), avec le temps de trajet, et les écrans, avec leur lumière bleue ».
Marie-Laure Théodule explique en outre que
 « pour la dette de sommeil, il existe des méthodes assez simples. Le patient doit d’abord prendre conscience de son syndrome, par exemple à l’aide d’une bague connectée qui mesure le temps de sommeil. Puis on lui propose des contre-mesures – séance de luminothérapie de 20 minutes le matin, sieste, exercice physique, extinction des écrans une heure avant le coucher – afin d’ancrer de nouvelles habitudes ».
« Pour l’insomnie installée, «le traitement par thérapie cognitivo-comportementale [TCC] est efficace auprès de 90% des personnes que nous recevons», constate Damien Léger. Les patients suivent des séances en groupe, 2 heures par semaine, pendant quelques mois, afin de trouver leurs horaires et temps de sommeil optimaux. Ils y apprennent des exercices de respiration et de relaxation », 
continue la journaliste.
Elle note toutefois que «
 l’accès aux TCC, non remboursées en cabinet privé, n’est pas toujours facile. Donc 10% des Français prennent des somnifères, au risque de devenir dépendants aux benzodiazépines, comme le zolpidem (Stilnox) ou le zopiclone (Imovane). Une nouvelle molécule pourrait changer la donne, le daridorexant (Quviviq) de la société suisse Idorsia ».
Le Pr Léger indique que 
« pendant la nuit, il inhibe un neurotransmetteur qui stimule l’éveil, l’orexine, sans provoquer de somnolence diurne ». Marie-Laure Théodule remarque ainsi que la molécule «sera bientôt disponible en France, car elle vient d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché au niveau européen ».

 

« Inceste et violences sexuelles : ces médecins soumis au secret professionnel qui ont refusé de se taire »

Date de publication : 31 mars 2022

Le Parisien

Bérangère Lepetit note dans Le Parisien que « la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs demande la suspension des poursuites disciplinaires contre les professionnels qui signalent des cas. Deux pédopsychiatres témoignent ».
La journaliste observe ainsi : 
« Elles ont osé parler. Pour dénoncer des faits inquiétants qui mettaient en cause la santé de leurs patients mineurs, des enfants parfois âgés de 6, 8 ou 9 ans, elles ont écrit un signalement à un juge des enfants ou au procureur de la République ».
Bérangère Lepetit explique que
 « dans le cas de Françoise Fericelli, 59 ans, pédopsychiatre en Haute-Savoie depuis plus de 30 ans, cela a débuté en 2016, lorsqu’elle a évoqué une suspicion de maltraitance physique, psychologique et sexuelle sur l’un de ses petits patients par son père. Il faisait partie d’une fratrie de trois enfants de 6, 5 et 3 ans ».
La médecin,
 « sous le coup d’un avertissement du Conseil de l’Ordre et de procédures multiples du père à son encontre », remarque : « Écrire un signalement, ça prend beaucoup de temps, ça ne rapporte rien et ça peut mettre en danger ».
Bérangère Lepetit indique que «
 depuis, l’un des trois enfants s’est suicidé. Françoise Fericelli rappelle que les médecins ne seraient aujourd’hui, d’après la Haute Autorité de santé, à l’origine que de moins de 5% des signalements de violences sur mineurs. Un chiffre terriblement bas vu le statut de « confident » du pédopsychiatre et le nombre d’enfants concernés ».
La journaliste note en outre qu’« 
à 50 ans, Eugénie Izard, pédopsychiatre à Toulouse depuis près de 20 ans, a, elle, subi une sanction plus lourde. Ce jeudi matin, […] elle se rendra au Conseil d’État à Paris [où] aura lieu son audience qui devra décider du maintien ou non de sa condamnation en février 2021 par le Conseil de l’Ordre des médecins à une interdiction d’exercer de 3 mois ».
La médecin, présidente du Réseau des professionnels pour la protection de l’enfance et l’adolescence (Reppea), indique :
 « J’ai voulu écrire au juge pour protéger un enfant de 8 ans qui m’avait confié subir des maltraitances de la part de son père qui était médecin. J’ai toujours respecté les lois, j’ai toujours tenu compte du code de la déontologie, j’ai agi de manière objective et en toute bonne foi ; et je n’ai pas hésité un instant à faire ce signalement. […] Je paye le prix de mon engagement à vouloir protéger les enfants contre les sévices ».
Bérangère Lepetit observe que 
« les deux pédopsychiatres qui dénoncent « l’autocensure » dont font preuve bon nombre de leurs confrères et consœurs avouent aussi avoir depuis modifié leur façon d’exercer leur métier »
La Dr Fericelli précise ainsi : 
« Quand j’ai des cas de maltraitance, j’envoie mes patients vers des psychologues qui, eux, n’étant pas médecins, ne risquent pas de condamnations », tandis que la Dr Izard souligne : « Il est urgent de s’inquiéter de ces renversements pervers de la loi qui vont à l’encontre de nos fondements humanistes, éthiques et de notre propre serment ».

 

Revue de presse santé-psy février 2022

« Covid-19 : la « fatigue vaccinale », ce concept qui inquiète le gouvernement »

Date de publication : 22 février 2022

Le Parisien

Nicolas Berrod s’interroge en effet dans Le Parisien : « Faut-il administrer une deuxième dose de rappel, la fameuse 4e dose, aux personnes âgées et fragiles et pas seulement à celles immunodéprimées ? Pas pour l’instant, répond le gouvernement ».
Le journaliste remarque que 
« les raisons sont multiples : des données scientifiques encore fragiles, mais aussi l’évolution favorable de l’épidémie et le fait de « tenir compte de la fatigue vaccinale », a énuméré Olivier Véran ce dimanche ».
Le ministre de la Santé a observé que 
« ce sont ces Français qui disent : on a fait une dose, deux doses, trois doses. Vous nous demandez d’en faire une quatrième, on en a marre ! ».
Nicolas Berrod relève que
 « cette « fatigue vaccinale » désigne […] la « lassitude » et le « ras-le-bol » d’une partie de la population vis-à-vis de la vaccination contre le Covid ».
Le journaliste poursuit : 
« Le risque […] ? Qu’à force de demander à certains habitants de tendre encore une fois le bras pour se faire « piquer », cela ne devienne contre-productif et en décourage certains »
Stéphane Paul, immunologue, note ainsi : 
« C’est quelque chose que j’entends et que je comprends, car il n’y a pas encore vraiment de données scientifiques démontrant l’intérêt d’une 4e dose face au variant Omicron et dans le contexte d’une vague qui reflue. Ce ne serait pas rationnel pour le moment ».
Nicolas Berrod relève que «
 sa consœur Odile Launay estime elle aussi que cette « lassitude vaccinale » doit être prise en compte. Certes, plus de 90% des habitants majeurs en France ont été vaccinés contre le Covid et 70% ont reçu un premier rappel. «Mais cela a été mal accepté par une proportion non négligeable d’entre eux», et leur administrer une dose supplémentaire «pourrait renforcer leur méfiance vis-à-vis de la vaccination en général», développe la scientifique ».
Le journaliste cite en outre l’historien Patrick Zylberman, spécialiste des épidémies, qui 
« ne croit pas à un impact majeur, sur d’autres campagnes, de cette « lassitude vaccinale » vis-à-vis du Covid. «Chaque année, la population est assez mal couverte par la vaccination contre la grippe, parce que les gens oublient», estime-t-il. Et de rappeler qu’il «n’existe aucune vaccination obligatoire pour les adultes en France, à part pour les étudiants en médecine» ».

 

« Un long séjour dans l’espace n’est pas sans effet sur le cerveau »

Date de publication : 24 février 2022

Sciences et Avenir

Nicolas Mahaut observe dans Sciences et Avenir que « la santé des astronautes est un sujet crucial pour les scientifiques, et en particulier leur santé mentale ».
Le journaliste fait savoir que 
« des chercheurs en neurosciences indiquent dans une étude parue le 18 février 2022 que « les humains subissent des changements physiologiques extrêmes lorsqu’ils sont soumis à de longues périodes d’apesanteur et alors que nous continuons à devenir une espèce spatiale, il est impératif que nous comprenions pleinement les changements physiologiques qui se produisent dans le corps humain, y compris dans le cerveau » ».
Nicolas Mahaut relève que
 « cette même équipe internationale de chercheurs a étudié les modifications cérébrales induites par les vols spatiaux de longue durée. Leur recherche a été publiée dans la revue Frontiers in neural Circuits ».
Le journaliste rappelle que
 « d’autres scientifiques observaient déjà des modifications cérébrales liées aux séjours de longue durée dans l’espace. Nombreux seraient alors les impacts physiologiques après un certain temps passé en apesanteur. Ces impacts iraient d’une expansion des cavités dans lesquelles baigne le cerveau au déplacement de ce dernier dans la boite crânienne en passant par le rétrécissement de certaines structures cérébrales et fibres nerveuses ».
Il explique que «
 parmi les fibres nerveuses, se trouvent celles recouvertes d’une substance blanche et regroupées sous forme de faisceaux. Ces voies nerveuses qui intéressent particulièrement les auteurs de cette nouvelle étude sont généralement entourées d’un revêtement blanchâtre – la gaine de myéline – qui les protège et améliore la transmission des signaux nerveux le long des axones, ces sortes de bras dont disposent les neurones pour conduire les signaux nerveux ».
Nicolas Mahaut évoque ainsi 
« l’utilisation d’une technique d’imagerie par résonance magnétique (IRM) avec laquelle les scientifiques ont sondé les impacts d’une longue mission dans l’espace sur le cerveau. Appelé tractographie, cette technique permet de mettre en relief les fameux faisceaux de substance blanche ».
« En examinant le cerveau de cosmonautes, ils ont observé comment ce type de câblage cérébral se trouvait modifié 7 mois après leur retour de la station spatiale internationale (ISS). Les chercheurs identifient alors des changements dans différents faisceaux de fibres nerveuses composés de substance blanche tels que le corps calleux, le faisceau arqué, les faisceaux corticospinal, corticostrié et cérébelleux », 
précise Nicolas Mahaut.
Il indique que 
« ces modifications impliqueraient les fonctions cérébrales langagière, visuelle et sensorimotrice. […] Pour les scientifiques, ces changements perceptibles seraient une sorte de réponse adaptative à un environnement changeant. Un environnement dans lequel par exemple, les contraintes physiques liées au déplacement diffèrent de celles sur Terre et dans lequel la perception du corps se trouverait changée ».
Nicolas Mahaut ajoute que
 « cette avancée permettrait également d’enrichir les connaissances visant à mieux adapter l’Homme à de futures longues missions comme celles prévues vers Mars. Néanmoins, avant de concrétiser de telles projections, les chercheurs indiquent qu’il serait nécessaire de poursuivre les investigations en vue de mieux saisir les liens entre les conséquences cérébrales de ces longs voyages et leurs effets sur la cognition, le comportement et les émotions ».

 

COVID-19 sévère : un risque augmenté de trouble de santé mentale

COVID-19 sévère : un risque augmenté de trouble de santé mentalePar Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 25 février 2022

D’après certaines études, les personnes atteintes de COVID-19 présentent un risque accru d’anxiété et de dépression, mais ces travaux portaient sur des suivis courts avec une sélection restreinte de critères de santé mentale. Une nouvelle étude parue dans le BMJ avec un suivi de plus d’un an confirme ces craintes. Les personnes atteintes de COVID-19 présentent des risques accrus de troubles anxieux, dépressifs, stress et adaptation, troubles liés à l’utilisation d’opioïdes ou d’autres substances, mais aussi de déclin neurocognitif et troubles du sommeil par rapport à des sujets témoins.

Pour estimer les risques de troubles de santé mentale associés à un épisode aigu de COVID-19, une équipe américaine a effectué une étude de cohorte incluant 153.848 personnes ayant survécu au SRAS-CoV-2 et deux groupes témoins : l’un contemporain (n = 5 637 840) sans signe de SRAS-CoV-2 et un groupe témoin (n=5 859 251) antérieur à la pandémie.
Par rapport à ces derniers, le groupe COVID-19 a montré un risque accru de troubles anxieux (RR 1,35, 1,30 – 1,39, différence de risque 11,06 pour 1000 personnes/an), de troubles dépressifs (1,39, différence 15 pour 1000 personnes/an), de stress et troubles d’adaptation (1,38 ; 13,29 pour 1000 personnes/an) et d’utilisation d’antidépresseurs (1,55 ; 21,59 pour 1000 personnes/an) et de benzodiazépines (1,65 ; 10,46 pour 1000 personnes/an).
Le risque de prescriptions d’opioïdes a également augmenté (1,76 ; 35,90 pour 1000 personnes/an) ainsi que de troubles liés à l’usage de ces substances (1,34 ; 0,96 pour 1000 personnes/an). Le groupe COVID-19 a également montré un risque accru de déclin neurocognitif (1,8 ; 10,75 pour 1000 personnes/an) et de troubles du sommeil (1,4 ; 23,80 pour 1000 personnes/an).
De façon globale, le risque de diagnostic de trouble de santé mentale a été augmenté (1,6 ; 64,38 pour 1000 personnes/an). Et ce risque était systématiquement plus élevé dans le groupe de personnes admises à l’hôpital pour COVID-19 que pour une grippe saisonnière ou pour une autre cause.

Référence :
Yan Xie 
et al.
Risks of mental health outcomes in people with Covid-19: cohort study
BMJ 2022;376:e068993



« Se sentir proche de la nature réduit les risques de phobies animales »

Date de publication : 25 février 2022

Sciences et Avenir

Anne-Sophie Tassart annonce dans Sciences et Avenir que « des chercheurs ont remarqué une association entre proximité avec la nature et un risque moins élevé de développer une phobie des araignées ou des serpents ».
La journaliste explique ainsi qu’
« une équipe internationale a voulu savoir si un certain lien avec la nature permet de se protéger des phobies animales et plus particulièrement, d’une crainte irraisonnée des serpents et des araignées ».
Elle indique que 
« plus de 1000 participants hongrois ont été questionnés sur leur connexion à la nature mais aussi sur leur peur des serpents et des araignées, les phobies animales les plus répandues. Des photographies de ces animaux leur ont également été présentées et ils devaient indiquer leur ressenti ».
Anne-Sophie Tassart note que selon les résultats parus dans la revue 
People and Nature, « les personnes qui se sentent le plus proches de la nature ont eu des « scores » plus faibles concernant leur peur des araignées et des serpents. C’est également le cas des répondants vivant dans les zones les moins urbanisées ».
Les auteurs indiquent que 
« plus les gens se sentent connectés à la nature, moins ils sont affectés par les peurs ou les phobies des animaux. Nous pensons que cette étude présente une implication importante à la fois pour les efforts de conservation et les interventions thérapeutiques ».
Anne-Sophie Tassart rappelle qu’
« être phobique est un véritable problème de santé. En effet, ce trouble anxieux peut réduire grandement la qualité de vie des personnes qui le présentent. Cette peur extrême et irrationnelle interfère avec leur vie quotidienne ».
Les auteurs écrivent ainsi qu’«
 un grand nombre de revues précédentes, de méta-analyses et de données expérimentales suggèrent que la connexion avec la nature pourrait améliorer la santé, améliorer l’humeur, réduire le stress et favoriser le bien-être et le bonheur ».
La journaliste relève qu’«
 il reste cependant difficile de savoir dans quel sens s’établit l’association entre amour de la nature et absence de phobie animale ».

 

« La France vue par une infirmière : « Je fais le maximum pour que les gens se sentent bien » »

Date de publication : 28 février 2022

La Croix

La Croix poursuit sa série « La France vue par… », expliquant qu’« avant la présidentielle, [le journal] donne la parole à des Français de tous horizons pour qu’ils partagent leurs aspirations et leurs convictions ».
Le quotidien livre ainsi les propos d’«
 Emmanuelle Gascons, 46 ans, [qui] participe depuis 2015 au développement de la maison de santé de Labastide-Rouairoux (Tarn), un village à 50 minutes de route du premier hôpital ».
« Chaque jour, sa voiture emprunte les lacets qui la conduisent aux maisons des patients, prenant au passage le pouls d’une population âgée, vulnérable ou isolée. Son équipe a été en première ligne durant la vaccination en milieu rural, où elle s’est heurtée de plein fouet aux peurs et à la colère de ceux qui restent hostiles aux vaccins et au passe vaccinal »,
 observe La Croix.
Le journal demande ainsi :
 « Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? ».
Emmanuelle Gascons répond que «
 dans mon métier, il est impensable de ne pas faire ma tournée. Des gens dépendent de moi pour refaire leurs pansements, recevoir des piqûres, changer des perfusions, obtenir un conseil sur leur dossier médical… Parfois, je fais des courses ou le plein de bois de chauffage en l’absence d’une aide-ménagère ».
« Au-delà de mon sentiment d’utilité, je prends du plaisir chaque matin à l’idée de revoir mes patients. J’avoue que la frontière entre le professionnel et le personnel est parfois très ténue : on connaît leur maison, leur chambre, leurs enfants, leur histoire », 
ajoute-t-elle.
La Croix poursuit : « 
Comment vont les Français, vus de votre cabinet ? ».
L’infirmière remarque qu’«
 ils ne vont pas bien en ce moment. Ils ont du mal à faire le tri parmi les nouvelles à force de regarder les chaînes d’information en continu, ce qui génère de l’anxiété. Les vieux sont aussi très isolés : même s’ils connaissent leur voisinage, chacun reste chez soi. Quand nous mettons en place un dispositif d’alerte, mes interlocuteurs ont des difficultés à trouver trois contacts à prévenir en cas d’urgence. La solidarité intergénérationnelle est faiblarde, d’autant que les réunions de famille sont annulées du fait de la pandémie ».
Elle observe que 
« le Covid a accentué aussi l’insuffisance chronique des soins en milieu rural. Certains patients ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas opérés à temps à l’hôpital. Ils ont peur, ils se mettent vite en colère. Les comportements agressifs ont augmenté depuis 2 ans. Il existe enfin une misère invisible qu’on découvre en rentrant dans l’intimité des gens. Chez un patient, je dois faire chauffer l’eau dans une casserole car il n’a pas d’eau chaude pour se laver ».
Emmanuelle Gascons ajoute que 
« le plus important dans mon métier, c’est l’aspect relationnel : établir une complicité, sentir que les gens sont heureux de me voir et qu’ils me font confiance. On ne peut pas être utile sans tisser des liens avec les patients, lesquels adhèrent aux soins s’ils adhèrent à l’infirmière ».
« J’ai horreur de leur faire mal durant un acte et au besoin je m’arrange avec le médecin pour leur donner quelque chose qui les soulagera. Quand je finis ma tournée, il est essentiel de pouvoir dire que j’ai fait le maximum afin que les gens se sentent bien », 
poursuit l’infirmière.

 

Revue de presse santé psy – décembre 2021

« Dans le cerveau, le maniement des mots ressemble beaucoup à celui des outils »

Date de publication : 6 décembre 2021

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro qu’« on oppose souvent les « intellectuels », plus à l’aise avec le maniement des phrases qu’avec celui des outils, aux « manuels », pour lesquels c’est l’inverse. Or, pour le cerveau, cette dichotomie n’existe pas. En effet, que ce soit pour manier un outil ou analyser la syntaxe de certaines phrases complexes, il utilise les mêmes ressources cérébrales. C’est ce que vient de démontrer une étude menée par des chercheurs et chercheuses français et suédois publiée dans la revue Science ».
Claudio Brozzoli, chercheur en neurosciences de l’Inserm et co-coauteur, remarque ainsi :
 « Longtemps, on a considéré le langage comme une faculté formidable du cerveau humain, à l’origine un peu mystérieuse. Mais depuis une vingtaine d’années, des travaux scientifiques ont montré que certaines fonctions langagières, comme le traitement du sens des mots, par exemple, mettent en jeu des zones sensorimotrices du cerveau ».
Anne Prigent explique que les chercheurs «
 ont démontré que les deux compétences utilisaient les mêmes réseaux de neurones et que l’on pouvait améliorer les performances syntaxiques grâce au maniement d’outils, et inversement ».
La journaliste souligne que «
 ces découvertes pourraient avoir des applications très concrètes dans le domaine clinique ».
Simon Thibault, docteur en neurosciences et premier auteur de l’étude, indique ainsi : « Nous sommes en train de développer des protocoles pour la rééducation du langage de jeunes présentant un trouble développemental du langage, mais dont la capacité motrice est relativement préservée ».

Anne Prigent ajoute que
 « la possibilité de rééduquer les patients victimes d’accident vasculaire cérébral reste ouverte mais probablement plus complexe ». Claudio Brozzoli précise que « chez eux, lorsque le langage est impacté, les neurones sont détruits et le système moteur est aussi souvent impacté de façon conséquente ».

 

« Congés des soignants : « On n’y arrivera pas, il faut du repos » »

Date de publication : 16 décembre 2021

Libération

Libération note également qu’« entre épuisement général et postes non pourvus, les soignants de l’hôpital public sont pris en étau à la veille des fêtes de fin d’année et du pic de la cinquième vague de Covid-19 ».
Le journal cite notamment le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Rémi Salomon, qui 
« à l’approche des fêtes de fin d’année et à l’orée d’un nouveau pic de cas de Covid-19, […] s’inquiète de l’état de santé de ses équipes ».
Il déclare : 
« On ne peut pas sucrer les vacances. Noël c’est sacré. Il faut laisser le personnel fatigué se reposer car on ne sera pas sorti du tunnel après la période des fêtes ».
Libération relève que 
« le médecin, qui s’attend davantage à un «plateau» qu’à une «vague» épidémique, ignore comment affronter cette nouvelle crise dans ces conditions. […] L’hôpital public subit la suppression de lits et de personnel de plein fouet. Conjugué à la hausse des hospitalisations (près de 15.000 patients), le manque de moyens du corps médical se fait encore plus ressentir ».
Le journal indique que 
« lundi […] Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, incitait les professionnels de santé à décaler leurs congés de fin d’année, contre une rémunération plus importante ».
Eric Thibaud, chef du service des urgences de l’hôpital de Colmar, réagit : «
 C’est anormal de leur proposer de leur donner ce qu’ils méritent s’ils acceptent d’abandonner leurs acquis. […] Nos réas sont pleines. Nous sommes à +6 lits par rapport à notre capacité d’accueil de base. Avec du personnel épuisé et des blocs en moins, on n’y arrivera pas. Il faut du repos. […] Plus on continue à travailler et plus on tire sur la corde. C’est ubuesque ».
Libération cite en outre Marc Amouretti, médecin en réanimation dans la Drôme, pour qui 
« en 15 ans de carrière, c’est une des premières fois [qu’il] a pu poser quelques jours de vacances pour les fêtes ».
Il déclare : 
« J’aurais bien aimé avoir une semaine complète, mais ce sont des choses qu’on n’évoque même pas. En réanimation, avec le système de garde et dans une logique de continuité des soins, c’est toujours très compliqué. Cette année, avec l’épidémie, c’est vraiment pire, le moral est atteint ».
Jean-François Timsit, chef du service de médecine intensive et réanimation infectieuse à l’hôpital Bichat (Paris), indique quant à lui qu’«
 on ne fera pas marcher la machine plus fort, de toute façon, elle ne suivra pas. […] Nous sommes à peine convalescents d’un burn-out général. Nous ne sommes pas en état de brutaliser le personnel en maintenant une suractivité ».
Le journal cite enfin Linda Launay, infirmière suppléante de jour dans les trois services de réanimation de Bichat, qui 
« a déjà accepté de faire des nuits, par solidarité avec ses collègues ». Elle déclare : « Faut pas se mentir, je l’ai aussi fait pour l’argent. Ils nous ont comme ça, avec l’appât du gain. A chaque fois, ils surenchérissent ».

 

 

Revue de presse santé psy – novembre 2021


« Obèses, handicapés, malades psy… Un risque d’être moins bien soignés »

Date de publication : 8 novembre 2021

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe que « certaines discriminations ou maladresses peuvent nuire à leur prise en charge médicale générale ».
Anne Prigent évoque ainsi « les difficultés d’accès aux soins rencontrées par des populations déjà fragilisées par leur handicap ou leur pathologie chronique ».
Le Pr Rodolphe Charles, membre du collège de médecine générale et responsable du diplôme universitaire « Accès à la santé et lutte contre les discriminations » à l’université de Saint-Étienne, remarque que « ces difficultés favorisent les inégalités en santé et interrogent certaines dynamiques volontaires ou inconscientes d’une médecine de tri ».
La journaliste relève que « les personnes obèses qui intériorisent les préjugés liés au poids font état d’une moins bonne santé et d’une moins bonne prise en charge dans le système de santé, comme l’a montré une étude américaine publiée en 2021 dans Obesity. […] Un constat d’autant plus inquiétant que l’obésité est associée à de nombreuses pathologies et à une espérance de vie inférieure à celle de la population générale ».
Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses, déclare que « la stigmatisation n’est pas toujours consciente et frontale. Il y a aussi beaucoup de maladresse de la part des soignants. C’est, par exemple, la personne qui doit vous faire une prise de sang et qui râle parce qu’elle ne trouve pas vos veines. Ou l’échographiste qui trouve qu’il passe trop de temps pour faire les images. À force d’entendre ces réflexions, vous renoncez aux soins ».
Anne Prigent aborde un « autre exemple de population stigmatisée : les personnes atteintes d’une pathologie psychiatrique sévère et chronique. Ces dernières ont une espérance de vie diminuée de 15 à 20 ans par rapport à la population générale. Les causes identifiées à l’origine de cette surmortalité étant essentiellement somatiques (cancers et maladies cardiovasculaires), ce sont des situations médicales souvent évitables qu’il est possible de prévenir ou tout du moins prendre en charge suffisamment tôt ».
Le Dr Nabil Hallouche, président de l’Association nationale pour la promotion des soins somatiques en santé mentale (ANP3SM), observe que « pour toute autre population, on crierait au scandale devant un tel constat ».
La journaliste relève en outre que « lors de l’épidémie de Covid, les patients atteints de schizophrénie ont été moins fréquemment admis en unité de soins intensifs que les autres (23,7% contre 28,4%) ». Le Dr Guillaume Fond, « qui a mené une étude parue en avril dans Schizophrenia », indique : « Ce sont parfois des patients plus difficiles, qui vont par exemple arracher leur perfusion et demander plus de temps aux équipes ».
Anne Prigent ajoute que « cette moindre attention à ces patients particuliers n’a rien d’exceptionnel, hélas. De nombreuses études montrent des retards de diagnostic et de prise en charge. […] Face à des patients que l’on nomme pudiquement « compliqués », les médecins vont se lasser ou se laisser piéger par la maladie psychiatrique ».
La Dr Julie Gilles de la Londe, membre du collège des généralistes enseignants, souligne que « c’est lié à un problème plus général en médecine qu’on appelle la labélisation. Nous avons tendance à mettre des étiquettes sur les gens : il est diabétique, il est obèse, il est bipolaire, etc. Mais cela réduit les patients à un problème de santé, et nous ne voyons plus toute la complexité de leur situation ».
La journaliste s’interroge : « Comment lutter contre cette assignation à sa pathologie ou à son handicap ? La praticienne conseille aux personnes concernées de trouver un médecin traitant avec qui développer une véritable relation de confiance. Ce qui, pour nombre de ces patients, relève de l’exploit ».
Le Pr Charles observe que « pour lutter contre ces inégalités, les médecins doivent devenir militants, c’est-à-dire être conscients que les personnes qui souffrent de troubles psychiatriques ont plus de pathologies et n’accèdent pas facilement au système de soins. Ils doivent aussi savoir que les inégalités en santé sont liées à la situation socio-économique. Ensuite, il faut se former ».
 

« La pollution de l’air favoriserait certains troubles neurologiques »

Date de publication : 8 novembre 2021

Le Figaro

Soline Roy remarque dans Le Figaro : « Troubles reproductifs, respiratoires ou cardiovasculaires, cancers, diabète… Les méfaits de la pollution de l’air sur notre organisme sont de mieux en mieux connus. Mais il en est un qui passe encore souvent sous les radars : elle ferait le lit de troubles neurodéveloppementaux, neurodégénératifs et neuropsychiatriques ».
La journaliste indique qu’
« une récente revue de littérature épidémiologique de Santé publique France (SPF) en dresse un panorama inquiétant. Des relations « robustes » sont relevées entre l’exposition aux particules fines durant la gestation et les premières années de vie, et le risque de troubles du spectre autistique ».
« À long terme, les PM2,5 (particules fines inférieures à 2,5 microns) sont associées à une hausse de l’incidence de la maladie de Parkinson et de troubles psychiatriques (dépression, schizophrénie, troubles bipolaires ou de la personnalité), et les oxydes d’azote au risque de démence, sans que le lien de causalité soit encore clairement établi »,
 poursuit-elle.
Soline Roy ajoute que les pics de pollution «
 s’accompagnent d’une hausse des tentatives de suicide, des passages aux urgences pour décompensation psychiatrique, et pourraient aggraver un Alzheimer ou un Parkinson existant ».
Le Pr Franck Schürhoff, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor et professeur à l’université Paris-Est Créteil, remarque ainsi que 
« plus la densité de population est importante, plus il y a de pathologies psychiatriques. Pour l’expliquer, on a beaucoup étudié les facteurs psycho-sociaux, mais, depuis une dizaine d’années, on se dit que c’est peut-être lié à la pollution ».
Soline Roy note cependant que 
« l’étude de son impact direct reste balbutiante ». Le Dr Nicolas Hoertel, psychiatre à l’hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux) et maître de conférences à l’université de Paris, relève que « selon des travaux menés sur des jumeaux, les facteurs environnementaux contribueraient au moins pour moitié dans la dépression, un tiers dans les troubles bipolaires et un quart dans la schizophrénie ».
Le Pr Schürhoff explique : 
« On pense qu’il y a une période à risque, que c’est l’exposition de la mère lorsqu’elle est enceinte, donc le niveau de pollution à l’endroit où l’on naît et grandit, qui compte. L’exposition du cerveau en cours de maturation ferait le lit du développement de pathologies psychiatriques chez l’adulte jeune ».
Soline Roy indique que 
« le médecin va lancer une étude comparant, chez des sujets atteints de schizophrénie et des sujets sains, l’exposition à la pollution de la naissance à l’âge d’apparition de la maladie ».
La journaliste continue : 
« Quant aux mécanismes physiopathologiques, s’il existe des modèles de toxicité neurologique aiguë (l’intoxication au monoxyde de carbone responsable de syndromes parkinsoniens, par exemple), pour la pollution de l’air, on en reste aux hypothèses. Les particules fines pourraient passer la barrière hémato-encéphalique, pénétrer dans le cerveau via le nerf olfactif ou entraîner dans l’intestin «des déséquilibres qui affectent les maladies du système nerveux central», selon SPF ».
Le Pr Schurhoff rappelle que les maladies psychiatriques ont 
« une forte composante inflammatoire. Or les polluants de l’air inhalés font sécréter des cytokines pro-inflammatoires. Elles entraîneraient une inflammation cérébrale qui pourrait favoriser les pathologies psychiatriques, mais cela n’est pas encore formellement démontré ».
Soline Roy note enfin que 
« des résultats commencent à apparaître chez l’animal. […] C’est tout l’enjeu des recherches menées sur la plateforme Pollurisk par les équipes de Patrice Coll, directeur du Laboratoire inter-universitaire des systèmes atmosphériques (CNRS, universités de Paris et de Créteil), et Stéphane Jamain, généticien à l’Institut Mondor de recherche biomédicale et chercheur Inserm ».
Les chercheurs précisent :
 « Nous exposons des souris de différents âges […] aux mêmes types d’atmosphères que celles que l’on rencontre au quotidien, en simulant les processus de physico-chimie atmosphérique afin de reproduire des atmosphères complexes ».
« Puis nous étudions les modifications du comportement, notamment social, ou le niveau d’anxiété, et les modifications cérébrales (neuranatomie, marqueurs de vieillissement…) ainsi que l’expression de certains gènes dans le cerveau. On imagine publier les premiers résultats en 2022 »
, indiquent-ils.

 

« Les suicides et tentatives de suicide des jeunes sont-ils en hausse de 300% depuis le Covid ? »

Date de publication : 9 novembre 2021

Libération

C’est ce que demande un lecteur de Libération. Le journal relève en effet que « ce chiffre a récemment retenu l’attention médiatique. Calculé dans un hôpital parisien, il concerne les tentatives (et non les suicides) et n’est pas applicable à l’ensemble du pays, mais il est bien le symptôme d’un phénomène réel ».
Fabien Leboucq évoque ainsi des «
 données […] issues d’une lettre de recherche intitulée «Tendances temporelles des tentatives de suicide parmi les enfants dans la décennie avant et pendant la pandémie de Covid-19, à Paris». Publiée dans le Journal of the American Medical Association, elle porte sur les enfants de moins de 15 ans, admis aux urgences pédiatriques de l’hôpital parisien Robert-Debré, entre janvier 2010 et avril 2021. Soit 830 enfants. […] Cette augmentation ne concerne pas les suicides, puisque ces derniers ne sont pas pris en compte dans l’étude. Cette dernière porte sur les tentatives ».
Le journaliste note que 
« le coauteur de l’enquête Richard Delorme, psychiatre de l’enfance et de l’adolescent dans l’hôpital Robert-Debré, précise que les admissions aux urgences dans ce centre font l’objet de notes centralisées, prises par le personnel, depuis des années, et que c’est en se fondant sur ce registre qu’il a pu constater la hausse des tentatives de suicide (TS) chez les plus jeunes ».
« On retrouve bien dans cette publication le chiffre de + 299%. […] Ce dernier désigne l’augmentation des admissions aux urgences de l’hôpital Robert-Debré pour tentatives de suicide chez les moins de 15 ans entre juillet-août 2019 et mars-avril 2021. Soit entre le plus bas niveau de 2019, et le plus haut niveau de 2021 »,
 explique Fabien Leboucq.
Il note que « 
si on regarde la courbe des tendances, qui gomme les variations mensuelles, la progression est logiquement moins importante, même si la hausse reste spectaculaire. Peu avant 2020, ce chiffre avait déjà presque doublé. Depuis 2021, on compte plus de 40 admissions pour tentatives de suicide par bimestre dans l’hôpital Robert-Debré, c’est deux fois plus qu’avant 2020, et même quatre fois plus que pendant la période 2011-2017 ».
Le journaliste explique que
 « l’augmentation apparaît ainsi comme le fruit d’un double phénomène, selon l’étude : une tendance longue et haussière, depuis environ 2016, mais aussi donc une accélération forte dans la période de la pandémie ».
Les auteurs écrivent que 
« de nombreux facteurs peuvent avoir contribué à cette accélération, comme la sensibilité spécifique des enfants aux mesures de prévention [mitigation], la détérioration de la santé ou de la situation économique de la famille, l’augmentation du temps d’écran et de la dépendance aux médias sociaux, ou le deuil ».
Fabien Leboucq relève que 
« comme toute étude scientifique, celle des équipes de Richard-Debré comporte une partie «discussion», où les auteurs réfléchissent aux limites de leur travail. […] Le psychiatre Richard Delorme rappelle aussi que l’étude porte sur un bassin de population correspondant au quart nord-est de Paris et de l’Ile de France. Soit «une population plutôt défavorisée, dont les parents ont plus travaillé que les autres pendant le Covid, plus précaires économiquement» ».
De son côté, Vincent Jardon, responsable dans les Hauts-de-France de VigilanS, « 
un dispositif de suivi des personnes ayant tenté de se suicider, à partir des remontées d’informations de services d’urgences partenaires », remarque qu’« il faut se méfier d’une vision centrée sur un seul hôpital », mais relève que « le constat général semble assez partagé sur le territoire national ».
Fabien Leboucq précise que «
 le psychiatre fait état des chiffres qui lui ont été transmis par les hôpitaux de plusieurs villes. A Rouen, on constate que les entrées aux urgences pour des TS ont presque quadruplé entre 2019 et 2020. A Marseille, il y a eu chez les moins de 15 ans deux fois plus de TS en 2021 par rapport à 2020. A Nancy par contre, si les «crises suicidaires» ont bien augmenté, ce n’est pas le cas des tentatives ».
Le journaliste note en outre que 
« s’il est incontestable que les tentatives de suicides sont en hausse chez les plus jeunes, il n’est pas (encore) possible d’en dire autant pour les suicides, les données concernant ces derniers n’ayant pas encore fait l’objet de publications ».
« Quant aux autres marqueurs du phénomène suicidaire, comme les pensées noires ou les dépressions, ils semblent aussi en augmentation chez les jeunes », 
poursuit-il.

 

« Santé mentale : un rapport demande l’interdiction de mélanger adultes et enfants en psychiatrie »

Date de publication : 17 novembre 2021

Le Parisien Le Figaro La Croix

Bérangère Lepetit évoque dans Le Parisien « une pratique préoccupante et méconnue du grand public, pourtant en vigueur depuis des années dans le milieu hospitalier. Faute de lits suffisants dans les services de pédopsychiatrie – voire en leur absence dans certains départements – certains mineurs peuvent parfois être accueillis dans les unités destinées aux adultes ».
« Une situation qui, en plus de mettre mal à l’aise enfants et adolescents vulnérables, peut aussi leur faire courir des risques », 
relève la journaliste.
Elle indique qu’«
 à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, qui se tient samedi 20 novembre, [la Défenseure des droits Claire Hédon et le Défenseur des enfants Éric Delemar] émettent 29 recommandations dans [un] document intitulé «Santé mentale des enfants : le droit au bien-être». Avec pour objectif d’alerter les pouvoirs publics sur le manque de moyens alloués à la pédopsychiatrie en France, le nombre insuffisant de structures de soin mais aussi la nécessité d’une meilleure prévention en milieu scolaire ».
Ils écrivent notamment :
 « La Défenseure des droits recommande au ministre de la Justice, garde des Sceaux, et au ministre des Solidarités et de la Santé de proposer l’inclusion dans la loi de l’interdiction d’accueil d’un mineur en unité psychiatrique pour adulte ».
« Une requête liée aux saisines effectuées ces dernières années auprès des Défenseurs des droits et des enfants à ce sujet, mais aussi une demande portée depuis longtemps par les soignants », 
observe Bérangère Lepetit.
Éric Delemar remarque en effet :
 « Il y a quelques mois, nous avons été alertés à la suite de l’agression sexuelle d’une enfant de 13 ans dans un service psychiatrique ».
Claire Hédon souligne en outre que
 « la crise sanitaire a été un révélateur de difficultés qui existaient depuis des années. Mais même dans [les départements] qui sont dotés [de lits spécifiques en pédopsychiatrie], parfois, il y a embouteillage dans la prise en charge. Or, s’occuper de la santé mentale de l’enfant, c’est aussi s’occuper de son avenir d’adulte épanoui et d’une société qui va mieux ».
Viviane Kovess-Masfety, psychiatre et épidémiologiste, déclare pour sa part : «
 Ne dramatisons pas non plus la situation. Quand il n’y a pas assez de place en pédopsychiatrie, les enfants vont en pédiatrie. Il ne faut pas croire qu’on met des fillettes de 5 ans avec des grands schizophrènes. Le problème vient aussi du fait qu’on envoie en psychiatrie des enfants confrontés à des troubles psychologiques de base comme des problèmes d’éducation. Résultat : ces services sont submergés ».
Christine Barois, pédopsychiatre, note de son côté que
 « depuis 30 ans, il est compliqué de faire hospitaliser les mineurs en psychiatrie car ce qui a été privilégié historiquement c’est le soin ambulatoire, pour que l’enfant puisse rejoindre ses parents le soir. Or, quand la souffrance est trop grande ou le trouble trop important, le séjour long est nécessaire. Les moyens manquent cruellement, comme en psychiatrie en général ».
Bérangère Lepetit ajoute que « 
Claire Hédon et Éric Delemar insistent aussi sur la prévention à renforcer en France, à la nécessité de faire «de la médecine scolaire et du service social aux élèves une véritable priorité» ou «à permettre à chaque enfant scolarisé d’accéder à des activités permettant le développement de ses compétences psychosociales» ».
Le Figaro titre pour sa part que 
« les problèmes de santé mentale des enfants connaissent une aggravation ».
Agnès Leclair observe ainsi :
 « Troubles anxieux, phobies sociales, addictions… Pour la défenseur des droits, «il y a urgence». Elle alerte sur le manque de prise en charge des plus jeunes, pour lesquels la crise sanitaire a été un révélateur ».
La journaliste relève notamment qu’«
 au-delà des difficultés bien connues des services de pédopsychiatrie en France, son rapport appelle à dépasser une approche «strictement sanitaire» et à mettre l’accent sur la prévention. […] Pour assurer un meilleur suivi, plus global, des plus jeunes, [Claire Hédon] recommande notamment la création de «maisons des enfants» sur le modèle des «maisons des adolescents» ».
Agnès Leclair remarque que 
« si les effets à long terme de la pandémie ne sont pas connus, certains seraient déjà apparents, comme des situations de repli ou de «syndrome de la cabane». C’est en tout cas ainsi que l’institution interprète le doublement des demandes d’école à la maison, enregistré par la direction des services départementaux de l’Éducation nationale du département du Rhône pour l’année scolaire 2021-2022 ».
La Croix constate également que «
 la santé mentale des jeunes [est] mise à mal par la crise sanitaire, alerte la défenseure des droits ».
Le journal observe entre autres que «
 la fermeture des établissements scolaires et l’enseignement à distance ont aggravé «les risques d’addiction» aux écrans, a relevé le défenseur des enfants Éric Delemar ».
Ce dernier fait savoir que les professionnels 
« nous ont interpellés sur les difficultés des rythmes circadiens, des troubles alimentaires, du sommeil des enfants, qui étaient épuisés dans les écoles, qui souffrent de problèmes d’attention. Les professeurs ont du mal à les mobiliser sur des projets ».
La Croix ajoute que 
« les enfants et jeunes ont eu l’impression de ne pas être écoutés ni consultés pendant cette crise sanitaire ».

 

« Enfants nés d’un don : « Retrouver mon donneur était la pièce manquante d’un puzzle » »

Date de publication : 18 novembre 2021

La Croix

Alice Le Dréau livre dans La Croix les propos de Jeanne, 32 ans, qui « a su très tôt qu’elle était née grâce à un don de sperme. Il y a 3 ans, elle a retrouvé son donneur et des réponses à ses questionnements identitaires ».
La jeune femme observe ainsi : 
« Certains jours vous vous regardez dans un miroir et vous vous demandez : pourquoi ai-je ces oreilles ? Ces cheveux ? D’où me vient tel ou tel trait de personnalité ? ».
Alice Le Dréau explique qu’«
 elle avait 8 [ans] lorsqu’elle a découvert qu’elle était née d’un don de sperme. «Pour ma mère, cela n’avait jamais eu vocation à rester un secret.» […] Cela fait 3 ans que son père est mort. Mais 8 ans, c’est tôt pour se poser la question de ses origines ». Jeanne précise : « Quand bien même j’aurais voulu savoir, l’anonymat était, à l’époque, de rigueur pour tous les donneurs de sperme» ».
Elle poursuit : 
« De temps en temps, la question de l’identité de mon donneur me traversait l’esprit. [Il y a] comme une part de soi qui reste inconnue. Une pièce manquante. […] Le désir d’enfant de mes parents, je le connais. Mais le donneur ? Pourquoi avoir fait ce don ? Ce n’est pas tout à fait un don de sang ou d’organe ».
Alice Le Dréau indique qu’
« en 2019, elle voit passer une publicité pour des tests ADN. Interdits en France – les tests génétiques n’y sont autorisés qu’à des fins de médecine préventive –, ces tests dits « récréatifs » permettent à tout un chacun de savoir de quelle partie du monde sont originaires ses ancêtres ».
Jeanne observe : 
« Là, en parcourant le site, je comprends que la base de données établit aussi des correspondances génétiques. J’avais ouvert la boîte de Pandore ».
La journaliste note qu
’« en mars, la jeune femme envoie son échantillon. En reçoit les résultats le 6 avril. On lui signale la présence dans la base de données d’un cousin germain. «Blanc, comme mon donneur (et mon père), alors que ma mère est Antillaise !» Dès lors, elle remonte la piste via des plateformes de généalogie, les réseaux sociaux ».
Jeanne relève : 
« J’ai eu de la chance, une branche de la famille de mon donneur a un nom peu commun. Je n’ai pas eu à payer un détective privé, comme certains ».
Alice Le Dréau explique qu’
« en 3 semaines, elle localise son donneur. Lui écrit une lettre. La poste un mardi. Reçoit une réponse le jeudi. Après des mois d’échanges épistolaires, elle rencontre Didier ».Jeanne déclare : « Nous avons la même corpulence, les mêmes oreilles, un goût certain pour le chocolat noir. On me dit que l’on se ressemble. Perso, je ne trouve pas ça flagrant ».
La journaliste relève que 
« pour Jeanne, mettre un visage sur son donneur, c’était combler un vide mais aussi «remettre un peu d’humanité» dans son mode de conception. Se dire «que l’on n’est pas juste issue d’une manipulation en laboratoire». Se chercher un père aussi, elle qui a perdu le sien ? ».
Pierre Lévy-Soussan, pédopsychiatre, observe pour sa part : 
« Quand un adulte né d’un don part à la recherche de ses origines, il y a toujours eu, à la base, une fragilité de la position du ou des parents face à cette technique médicale. L’appel du biologique, à l’âge adulte, est alors l’effet de la fragilisation du lien psychique du parent vers l’enfant, faute de se considérer comme le “vrai parent” ».
Jeanne précise : «
 J’aurais pu vivre avec cette inconnue autour de mes origines, mais quand j’ai rencontré Didier, j’ai eu l’impression de terminer un puzzle. […] Cette pièce de puzzle ne suffit pas. Oui, l’identité se bâtit sur des réalités biologiques, génétiques, mais pas que. Sur des valeurs que nous inculquent ceux qui nous élèvent, aussi. Et bien sûr, on se construit par soi-même ».
Alice Le Dréau évoque en outre la nouvelle loi de bioéthique, rappelant qu
’« à partir de septembre 2022, tout donneur devra accepter de donner son identité si, à sa majorité, l’enfant né du don veut la connaître ».

 

« Une impressionnante ébauche d’atlas du cerveau »

Date de publication : 19 novembre 2021

Le Figaro

Soline Roy fait savoir dans Le Figaro qu’« un très large consortium américain a caractérisé et classé les cellules du cortex moteur avec une précision jamais atteinte à ce jour ».
La journaliste remarque ainsi : 
« Des centaines de milliards d’éléments de types différents, connectés les uns aux autres et communiquant en ordre apparemment dispersé dans divers dialectes, et dont les défaillances de quelques-uns peuvent mettre en difficulté l’ensemble du groupe… Cela vous paraît complexe ? Bienvenue au pays des neurosciences ! ».
Elle note qu’«
 en apparence, tout est simple : le cerveau recèle deux types de cellules, les neurones et les cellules gliales, qui les nourrissent, les supportent et les protègent. Complexifions un peu les choses avec les dendrites, multiples ramifications acheminant de l’information vers le corps du neurone, et l’axone, filament plus ou moins long qui lui permet d’en envoyer à son tour. Entre deux neurones, des synapses, par où transitent les infor­mations. Un schéma simple en apparence, qui cache une infinie complexité… ».
Soline Roy explique qu’«
 une trentaine de laboratoires de recherche réunis au sein de la Brain Initiative, dotée de plus de 6 milliards de dollars, a entrepris de dresser un « atlas » des cellules cérébrales et a livré début octobre, dans 17 articles publiés dans Nature, les premiers fruits de son travail. L’idée des membres du consortium : pour comprendre le fonctionnement de notre cerveau, il faut d’abord connaître chacun de ses constituants ».
La journaliste précise que
 « les auteurs se sont pour l’heure concentrés sur le cortex moteur, pilote de l’exécution des mouvements. Avantages : il est présent chez tous les mammifères, ce qui permet de comparer les résultats obtenus chez différentes espèces. […] De multiples techniques ont été utilisées, voire mises au point, pour caractériser et classer chacune des cellules de ce cortex moteur selon leur morphologie, leurs types de connexions, leur localisation, l’expression de leurs gènes, leurs modifications épigénétiques et leurs propriétés électrophysiologiques ».
Brian Lau, directeur de recherche à l’Institut du cerveau (ICM), remarque que «
 c’est un travail très impressionnant. J’ai distribué les articles à mon équipe, chacun d’entre eux est tellement riche que cela va nous prendre des mois pour tout digérer ! ».
Soline Roy note que
 « notre cerveau est cependant très loin d’être mis à nu… ».
Christophe Bernard, directeur de recherche à l’Institut de neurosciences des systèmes (Inserm/Université d’Aix-Marseille), observe que ces travaux «
 ne tiennent pas compte de deux réalités biologiques qui rendent les résultats très difficilement interprétables. D’une part, il a été démontré, notamment par mon équipe, que les protéines des cellules cérébrales fonctionnent avec un rythme circadien ; au niveau des synapses, par exemple, l’expression de 70% des protéines change en fonction de l’heure de la journée. […] Les auteurs ont regardé une image, mais on ne sait pas à quel instant ils ont prélevé le tissu neuronal chez les animaux, et l’image aurait peut-être été complètement différente si ça avait été 6 heures plus tard ».
Le chercheur évoque en outre le concept de 
« “dégénérescence du code” : dans le vivant, il existe de multiples types de solutions au même problème. Vous et moi n’avons pas les mêmes gènes ni la même histoire, donc l’expression de nos protéines est différente. Pourtant, nous fonctionnons à peu près de la même façon ».
Soline Roy note que 
« mesurer une variable biologique en faisant la moyenne de plusieurs individus ne donne donc qu’une idée imparfaite du fonctionnement de chacun, et c’est d’autant plus vrai pour le cerveau qu’il est constamment modelé par l’apprentissage et l’expérience ».
La journaliste retient que « 
ces travaux n’auront certes pas avant longtemps d’application en santé humaine. Mais comme l’a été le projet génome humain en son temps, «c’est une brique qui permet de l’imaginer», estime Brian Lau. La Brain Initiative, tout comme le Human Brain Projet européen et d’autres initiatives nationales comme le Brain/Minds japonais, ont mis leurs données en accès libre et envisagent de les interconnecter ».

 

« Malaise, maltraitances et burn-out : chez les jeunes sages-femmes, l’appel de la reconversion »

Date de publication : 23 novembre 2021

Le Monde

Margherita Nasi note dans Le Monde que « depuis le début de l’année, les sages-femmes multiplient les grèves et les manifestations. De nouveau, elles se mobilisent samedi 27 et dimanche 28 novembre. Mille trois cents jeunes professionnels étaient présents à la dernière manifestation, en octobre à Paris, soit un quart des étudiants. Un mouvement inédit, selon Chantal Seguin, directrice de l’école de sages-femmes de Grenoble ».
La responsable déclare que 
« les jeunes passent une sélection drastique pour accéder à l’école, endurent des années difficiles sur le plan théorique comme clinique, tous ces sacrifices pour se retrouver à multiplier les CDD à la sortie de l’école, avec un salaire de 1700 euros net par mois à bac + 5 ».
Margherita Nasi relève ainsi que 
« selon la dernière enquête « Bien-être étudiant » de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (Anesf), 7 étudiants en maïeutique sur 10 présentent des symptômes dépressifs, et 8 sur 10 souffrent d’un stress accru depuis leur entrée dans la formation. 27% ont déjà pensé à arrêter leurs études ou à se réorienter ».
La journaliste indique qu’«
 annoncées en septembre, les concessions du gouvernement – mise en place d’une prime de 100 euros net aux sages-femmes à l’hôpital et d’une hausse des salaires de 100 euros brut par mois – sont jugées insuffisantes par les organisations syndicales ».
Laura Faucher, présidente de l’Anesf, déclare que 
« ce geste n’est pas à la hauteur de nos responsabilités. Il faut rendre le métier plus attractif. Les étudiants sont traumatisés par les conditions de travail à l’hôpital et fuient. Pendant l’été 2021, certaines maternités ont dû fermer leurs portes en raison du manque de jeunes diplômés qui remplacent généralement les sages-femmes pendant leurs congés ».
Loona Mourenas, étudiante en quatrième année à Grenoble, note ainsi : 
« Deux promos au-dessus, sur 37 étudiants au départ, 19 seulement ont été diplômés. […] On voit des parturientes attendre devant les portes de l’hôpital pendant leur travail, ou accoucher sans péridurale alors que ce n’était pas leur souhait. Parfois, on ne peut même pas les suivre : on arrive juste au moment de l’expulsion, puis on quitte la patiente qu’on ne voit plus jamais. On frôle la maltraitance ».
Margherita Nasi remarque que 
« de plus en plus d’étudiants reportent la soutenance de leur mémoire d’un an, voire deux ans, en raison d’un programme extrêmement dense ».
Isabelle Derrendinger, secrétaire générale du conseil national de l’ordre des sages-femmes et directrice de l’école de Nantes, relève : 
« Lutte contre les violences faites aux femmes et contre les violences gynécologiques obstétricales, pratique de l’IVG… De multiples formations sont venues s’ajouter au programme ces dernières années. Les étudiants réclament une refonte du cursus avec la création d’une sixième année d’études ».
La journaliste continue : 
« D’après l’Asnef, les étudiants en maïeutique auraient 1400 heures de cours de plus que les étudiants en dentaire, dont la formation s’étend déjà sur 6 ans. Epuisées par leurs études, choquées par les mauvaises conditions de travail, les sages-femmes sont surtout démotivées par le manque de reconnaissance ».
Jade Gobet, étudiante en quatrième année à Dijon, évoque ainsi 
« les patientes qui ne s’adressent qu’au médecin alors qu’on fait le plus gros du boulot. Les ordonnances où on lit que la prescription est faite par le médecin, alors qu’elle est faite par nous. On n’est même pas reconnues sur un bout de papier ! ». L’étudiante déclare vouloir « partir dans le libéral, comme la moitié de [s]a promo ».
Margherita Nasi note ainsi que «
 d’après une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée en mars, le nombre de sages-femmes libérales (ou en activité mixte) ne cesse d’augmenter depuis 2012. En 2021, 34% des sages-femmes exercent une activité libérale, contre seulement 20% en 2012 ».
La journaliste indique que 
« pour faire face «au malaise profond et récurrent des sages-femmes», l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) propose l’octroi d’un «statut d’agent public spécifique». Son rapport, publié en septembre, est perçu comme injuste par une partie de la profession, qui réclame le statut de praticien hospitalier, au même titre que les médecins, les biologistes, les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens ».
Margherita Nasi remarque que
 « pour Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France, les sages-femmes ne peuvent pas prétendre au statut de praticien hospitalier «puisqu’elles n’ont pas une pratique du diagnostic et de la pathologie. Leur enseignement, qui est sur 5 ans, et non sur 7 ans plus 4 de spécialité comme les médecins, porte sur la grossesse normale et l’accouchement normal. Jamais on ne leur apprend les maladies. Nos rôles ne sont pas les mêmes, nous sommes complémentaires» ».
Le Monde annonce en outre «
 un accord signé entre les syndicats et le gouvernement pour de nouvelles hausses de salaires ».
Le journal explique que 
« les ministres de la santé, Olivier Véran, et de la fonction publique, Amélie de Montchalin, ainsi que le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, ont salué dans un communiqué les «avancées importantes» de ce document paraphé par Force ouvrière (FO), la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), côté employés, et la Fédération hospitalière de France (FHF), côté employeurs ».
Le Monde retient que «
 le protocole d’accord inclut notamment une «prime d’exercice médical» de 240 euros net par mois à partir de février, puis une augmentation salariale de 78 euros net en moyenne à partir du mois de mars pour les sages-femmes des hôpitaux publics, qu’elles soient titulaires ou contractuelles ».
« En additionnant ces mesures aux 183 euros décidés lors du Ségur de la santé et versés mensuellement depuis la fin de 2020, le gouvernement met en avant une «revalorisation nette de 500 euros par mois». Un montant plus élevé que les 360 euros mensuels promis à la mi-septembre par M. Véran », 
relève le journal.
Le Monde indique toutefois que 
« le protocole ne satisfait pas tous les syndicats de la profession. Un nouveau «week-end noir» est prévu du 26 au 29 novembre, à l’appel de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) et avec l’appui de la Confédération générale du travail (CGT) qui a déposé un préavis pour couvrir le mouvement. Chez les signataires, «on ne dit pas que c’est suffisant, mais c’est un accord d’étape qui reste positif», souligne Gilles Gadier (FO-Santé), qui entend «continuer à travailler» sur le statut et les effectifs ».

 

« Qui est Gabriel Sara, le cancérologue qui apaise la douleur par la musique ? »

Date de publication : 24 novembre 2021

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui indique que « ce médecin libanais exerçant à New York joue son propre rôle dans le film d’Emmanuelle Bercot. Celui d’un oncologue extraordinairement humain qui va accompagner jusqu’au bout l’ultime voyage de son patient atteint d’un cancer incurable ».
Le journal explique que «
 le Dr Gabriel Sara a créé un programme dans son hôpital new-yorkais pour aider le malade à gérer sa souffrance, «kidnapper son esprit de la salle de chimio vers quelque chose qui le fait rêver» ».
Le Parisien note que 
« ce 17 novembre, il enchaîne les interviews, les télés, se fait maquiller, déplacer d’une pièce à l’autre, et prêche inlassablement, avec chaleur, la bonne parole. Celle de l’empathie pour ses malades, à qui il fait danser le tango ou écouter de la musique live dans leurs chambres. Face à Benoît Magimel et Catherine Deneuve, Gabriel Sara, 67 ans, est la troisième star de « De son vivant ». C’est la première fois que cet oncologue-hématologue au service de cancérologie de l’hôpital Mont-Sinaï-Roosevelt, à New York, fait l’acteur ».
« Il n’avait pas prévu d’aller aussi loin, mais il tenait à faire connaître son approche très émotionnelle du malade, fondée sur la musique ou l’art pour atténuer certaines douleurs, à la réalisatrice Emmanuelle Bercot »,
 indique le quotidien.
Le Dr Sara déclare :
 « Quand la guerre du Liban a éclaté, en 1975, j’avais 21 ans et j’étais étudiant en 3e année de médecine à Beyrouth. La guerre a eu un effet énorme dans ma vie. La fac a fermé. J’ai rejoint la Croix Rouge libanaise, comme secouriste. J’ai vécu la guerre de façon très physique, très directe et très violente. Je me suis rendu compte quand j’ai commencé à être cancérologue que j’avais une aisance très grande à gérer les choses très graves. Et la mort. Vous voyez des amis, des parents, des voisins disparaître. Moi-même j’aurais dû être tué à plusieurs reprises. […] La guerre m’a rendu la mort très familière ».
Le Parisien explique que 
« Gabriel Sara quitte Beyrouth pour Paris, où il poursuit ses études de médecine, puis s’installe à New York ».
Le médecin poursuit :
 « J’ai toujours senti qu’il fallait donner un soutien émotionnel aux malades. J’aime les écouter, ils m’intéressent personnellement. Une jeune Italo-Américaine de 39 ans allait mourir de façon imminente d’un cancer du sein. Une femme adorable. Un soir, je lui demande : Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Elle me dit : Je crève d’envie de manger des lasagnes. Je réfléchis : On n’est même pas capable de faire plaisir à cette femme dans ses dernières heures ? Il y avait un bon restaurant italien à côté. Je lui ai fait livrer des lasagnes. Le lendemain elle avait un énorme sourire. Elle n’a vécu que 4 ou 5 jours, mais elle a raconté l’histoire à tout le monde. Ça m’a coûté une minute et 20 dollars pour donner du bonheur avec une chose aussi simple ».
« Combien de petits gestes peut-on faire pour rendre heureux un malade ? On peut améliorer la cuisine, leur apporter des fleurs, leur jouer de la musique, leur faire des massages, les aider à se maquiller… Les idées ne manquent pas. J’ai réfléchi à un programme de soutien émotionnel. En 2005, l’une de mes amies est décédée à 36 ans d’un cancer du sein. J’étais très copain aussi avec son mari. Ils disposaient de beaucoup de moyens et il m’a demandé s’il pouvait aider l’hôpital avec une levée de fonds. On a commencé comme ça »,
 continue l’oncologue.
Il indique ainsi :
 « Dans mon hôpital, on a conçu un programme de musicothérapie, d’art, on fait venir une maquilleuse professionnelle. Beaucoup de malades qui perdent leurs cheveux, leurs sourcils, n’ont pas les moyens d’acheter des produits de beauté. Se faire belle, même là, ça remonte le moral. On a engagé une masseuse. J’ai créé un programme de voyages, avec une loterie tous les deux mois. Le gagnant remportait une croisière. L’idée est d’aider le malade à gérer sa souffrance et de kidnapper son esprit de la salle de chimio vers quelque chose qui le fait rêver. C’est ce que j’appelle les petites choses qui font les grandes différences. Plus tard, on a ajouté le tango, que l’on voit dans le film. Ça a galvanisé la salle de chimio ».
Le Parisien observe : 
« La méthode Sara, qui repose uniquement sur des fonds privés, est-elle importable en France ? ».
Le Dr Sara répond que 
« c’est imaginable n’importe où dans le monde. Il faut deux facteurs : une personne qui est le moteur pour faire avancer le projet, comme un réalisateur de film, capable de motiver les gens et de créer l’enthousiasme. On ne peut pas faire ces choses comme un simple boulot. Et il faut un budget. Je ne crois pas au volontariat prolongé. Cette approche doit être encadrée et ne pas déborder d’un emploi du temps normal ».
« L’idée du film est de propager cette philosophie. Je ne suis pas dans le milieu hospitalier en France. On doit casser cette idée du médecin avec un pouvoir énorme et distant du malade, comme je l’ai connue et comme elle existe encore dans bien des endroits. Il faut que les étudiants en médecine sachent qu’on doit danser avec son malade, enlacer son malade, physiquement ou émotionnellement, créer une intimité avec lui. L’idée souvent propagée, c’est que si l’on devient trop proche du malade, on va être détruit émotionnellement. C’est faux. Le malade ressent que vous avez de l’empathie pour lui », 
déclare l’oncologue.

 

« Apprendre « les mots qui sauvent » pour devenir secouriste en santé mentale »

Date de publication : 29 novembre 2021

Le Figaro

Juliette Chaignon se penche dans Le Figaro sur les secouristes en santé mentale, qui « ont vocation à devenir un premier relais de prévention et d’orientation vers des professionnels de santé. […] Depuis 2019, l’association PSSM France a formé plus de 12.000 personnes à ces premiers secours ».
La journaliste explique ainsi que les participants à cette
 « formation d’un nouveau genre ont étudié les troubles dépressifs, la bipolarité et les comportements suicidaires. Depuis 2019, l’association Premiers secours en santé mentale (PSSM) forme, sans prérequis, des secouristes en santé mentale. À travers des jeux de rôle, des saynètes, des témoignages, des exercices et des œuvres d’art, les stagiaires apprivoisent les troubles psychiques, pour adopter un regard moins stigmatisant sur les troubles psychiques et apprendre à réagir dès les premiers signes ou lors d’une crise survenant dans leur cercle proche ».
Un participant à Bordeaux déclare : «
 Je perçois un peu plus l’envers du décor, la souffrance de ces personnes, avant je percevais ça comme une agression, un danger ». Une autre s’interroge : « Quelle différence entre un trouble schizo-affectif et un bipolaire avec troubles psychotiques ? ». La formatrice répond : « On laisse ça aux psychiatres. […] On ne pose pas de diagnostic ».
Juliette Chaignon souligne ainsi que 
« les secouristes en santé mentale ont plutôt vocation à devenir un premier relais de prévention et d’orientation vers des professionnels de santé ».
La journaliste explique que
 « durant les 14 heures de formation, un « plan d’action » et son moyen mnémotechnique (« AÉRER », pour approcher, écouter, réconforter, encourager, renseigner) s’ancre dans l’esprit des participants jusqu’à devenir un réflexe. Ils l’appliquent aux troubles les plus courants : troubles dépressifs, anxieux, psychotiques et liés à l’usage de drogues ou d’alcool. En France, plus d’une personne sur quatre (27,1%) a souffert de l’un de ces troubles au cours des 12 derniers mois ».
« Le groupe apprend aussi à réagir en cas de crise, et certains conseils peuvent étonner. En cas de comportement suicidaire, par exemple, rien ne sert de tourner autour du pot, mieux vaut poser directement la question : «As-tu des idées suicidaires ?» Cela n’en induira pas chez quelqu’un qui n’en a pas, souligne la formatrice, et n’augmentera pas le risque de passage à l’acte »
, continue Juliette Chaignon.
Elle continue : 
« Face à une personne semblant souffrir de troubles psychiques, le « plan PSSM » incite à écouter « sans juger », réconforter, informer et encourager à consulter des professionnels de santé, sans forcer la main. […] La formatrice incite aussi les secouristes à veiller à leur propre santé mentale pour intervenir sereinement. […] Pendant les cas pratiques, la formatrice ne donne pas de correction exacte, mais insiste sur l’attitude à tenir : ne pas stigmatiser la personne, la rassurer et l’aider ».
Juliette Chaignon observe que «
 les situations ne semblent pas manquer. Une travailleuse sociale s’est inscrite après avoir dû gérer une crise suicidaire au téléphone, une conseillère en insertion se sent «mieux armée» pour recevoir cet homme qui souvent «se tape la poitrine en parlant de coups de couteau», une responsable sécurité d’une entreprise d’intérimaires estime ne «pas (avoir) eu la bonne réaction» avec un ami dépressif ».

 

« L’activité physique a un effet anxiolytique »

Date de publication : 30 novembre 2021

Le Monde

Pascale Santi observe dans Le Monde que « l’activité physique régulière a des effets positifs sur la dépression, la littérature scientifique l’a montré depuis de nombreuses années. Elle atténue aussi les symptômes d’anxiété ».
La journaliste fait savoir qu’« 
une équipe suédoise de l’université de Göteborg a étudié chez 286 patients – 70% de femmes –, dont la moitié souffrait de troubles anxieux depuis au moins dix ans, de 39 ans d’âge moyen, les effets de séances d’exercice accompagné, en groupe, soit d’intensité modérée à faible, soit d’intensité élevée, pendant douze semaines, en les comparant à un ensemble de patients témoins ».
Elle retient que 
« l’étude, publiée en ligne dans Journal of Affective Disorders en novembre, montre que les symptômes d’anxiété ont été «significativement atténués avec ces exercices (une séance d’une heure trois fois par semaine), quelle que soit leur intensité, avec un peu plus d’effet lorsque l’exercice était plus soutenu» ».
Pascale Santi rappelle qu’« 
une méta-analyse coordonnée par Elizabeth Aylett (université de Manchester), qui a répertorié 15 études, réalisées sur 675 patients, avait déjà mis en évidence que l’exercice aérobique s’est avéré efficace dans le traitement de l’anxiété. Une étude conduite en prison auprès de 37 détenus (qui n’avaient jamais été incarcérés) par Fabien Legrand, maître de conférences en psychologie à l’université de Reims Champagne-Ardenne, illustre les bénéfices de l’exercice ».
La journaliste s’interroge : 
« Comment expliquer cet effet thérapeutique ? L’aspect socialisant du sport pourrait être porteur. Mais les effets positifs ont également été montrés en pratiquant une activité physique en solo. On sait par ailleurs que cela améliore l’estime de soi ».
Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie des hôpitaux Henri-Mondor et Albert-Chenevier (AP-HP, Créteil), indique qu’
« il a été démontré que l’aérobie, grâce à la régulation de la respiration qu’elle engendre, améliore le trouble de panique ». Il évoque en outre « les effets sur la gestion du stress, l’amélioration du sommeil, et donc indirectement sur la fatigue ».
Pascale Santi ajoute que «
 le sport a aussi un impact au niveau biologique ». Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), explique : « Cela favorise la neurogenèse, la production de nouvelles cellules. Cela modifie la sécrétion de certains neuromédiateurs (dopamine, sérotonine) et cela procure du plaisir par la sécrétion de certaines endorphines qui ont des propriétés apaisantes ».
Fabien Legrand précise que 
« l’activité physique va stimuler la production de dynorphines, qui sont des peptides opioïdes ayant un rôle bien établi dans l’atténuation de la douleur et l’apaisement de l’humeur ».
La journaliste conclut : 
« Mais comment agir pour motiver les personnes souffrant de troubles anxieux, souvent associés à de la fatigue, à faire de l’activité physique ? Il faut donner envie. Dans tous les cas, tout mouvement est bon à prendre ».

 

 

Revue de presse santé psy – octobre 2021

« Les rythmes cardiaques se synchronisent lorsqu’on écoute attentivement une histoire »

Date de publication : 1er octobre 2021

Sciences et Avenir

Anouk Tomas relève dans Sciences et Avenir que « les êtres humains sont des créatures sociales : nous interagissons quotidiennement les uns avec les autres, et partageons de nombreuses expériences de vie à plusieurs. Lorsque nous vivons la même chose au même moment, par exemple si nous regardons un film ou assistons à un concert, il arrive souvent que certaines de nos fonctions corporelles – comme la respiration ou le rythme cardiaque – se synchronisent ».
La journaliste fait savoir que
 « grâce à une série de 4 expériences, une équipe scientifique a observé que cette synchronisation va plus loin et s’applique également dans un contexte différent… Les résultats de leur étude, publiés dans la revue Cell Reports, montrent que les individus qui écoutent une histoire, même chacun de leur côté, présentent les mêmes fluctuations cardiaques : l’attention portée à la narration synchronise les battements de leur cœur ».
Anouk Tomas précise que «
 d’autres expériences ont permis aux scientifiques de montrer que c’est l’attention portée au stimulus narratif qui module cette synchronisation du rythme cardiaque : elle n’avait pas lieu ou du moins était beaucoup plus faible lorsque les participants étaient concentrés sur autre chose que l’histoire qu’ils écoutaient, par exemple s’ils devaient compter à rebours en même temps ».
Jacobo Diego Sitt, co-auteur de ce travail, indique que 
« ce qui est important, c’est que la personne qui écoute soit engagée cognitivement, attentive à ce qu’il se passe dans l’histoire. Le cœur réagit à ces signaux cérébraux ».
Anouk Tomas relève que 
« la concentration est un processus conscient : concentrer son attention sur quelque chose, par exemple sur quelqu’un qui parle, se fait généralement de façon volontaire et contrôlée. La synchronisation des rythmes cardiaques observée par les chercheurs est donc bien, au moins partiellement, induite par un traitement conscient de l’information auditive perçue ».
« C’est pourquoi ils proposent que cette découverte pourrait servir d’outil pour “tester” la conscience de certains patients, en particulier ceux dans des états où il est difficile voire impossible d’évaluer leur état de conscience (des patients dans le coma ou en état végétatif) », 
observe la journaliste.
Elle ajoute que
 « d’autres études sont encore à mener, notamment en comparant les résultats obtenus à ceux fournis par l’imagerie cérébrale (essentiellement l’électroencéphalogramme et l’IRM fonctionnelle), et sur un échantillon plus large de patients. M. Sitt a indiqué souhaiter comprendre le mécanisme neurologique qui se cache derrière cette synchronisation cardiaque : “comment le cerveau décompose l’histoire et quelles parties de celle-ci modulent la synchronisation” ».

 

« Les neurones qui perçoivent les caresses savent aussi calmer la peau agressée »

Date de publication : 4 octobre 2021

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « les neurones impliqués dans la perception d’une sensation agréable lors d’une caresse sont aussi capables, si la peau est lésée, d’apaiser l’inflammation locale et de limiter l’emballement de la réponse immunitaire », selon une étude parue dans Nature.
La journaliste explique que 
« lorsqu’on se brûle, qu’on se blesse ou qu’on a une infection cutanée, des neurones sensoriels, localisés au niveau de la peau, s’activent et transmettent au cerveau des signaux générateurs de douleur. Mais ce n’est pas tout : non contents de signaler le problème, certains semblent apporter une partie de la solution… ».
Sophie Ugolini, directrice de recherche au centre d’immunologie de Marseille-Luminy, indique ainsi qu’«
 outre ce rôle de système d’alerte important, certains de ces neurones sensoriels, impliqués dans les perceptions des caresses, sont capables de limiter la réaction inflammatoire en libérant des neuromédiateurs. Nous avons ainsi identifié une molécule, Tafa 4, capable de limiter l’inflammation et de favoriser la cicatrisation ».
Anne Prigent relève que «
 l’équipe de Sophie Ugolini travaille depuis plusieurs années sur les interactions entre le système nerveux sensoriel et le système immunitaire, un domaine de recherche original pour lequel elle a bénéficié d’un financement de recherche européen ».
La chercheuse précise : «
 La question fondamentale que nous nous posions au début du projet était : le système nerveux et le système immunitaire, activés simultanément lorsque la peau ou les tissus sont lésés, interagissent-ils pour promouvoir une réponse adaptée à l’agression ? ».
Anne Prigent note que «
 l’équipe a travaillé sur un modèle de souris génétiquement modifié pour comparer la réparation tissulaire après une surexposition aux UV (donc un coup de soleil) chez les rongeurs qui possédaient ou non certains neurones sensoriels. Les animaux dépourvus de certaines sous-populations de neurones présentaient une inflammation persistante et un défaut de cicatrisation ».
La journaliste retient que
 « l’équipe de chercheurs a montré qu’une sous-population de neurones innervant la peau, également impliqués dans la perception des caresses, sécrètent une molécule appelée Tafa 4 qui agit sur des cellules immunitaires impliquées dans l’inflammation, les macrophages ».
Sophie Ugolini souligne que «
 ces cellules de l’immunité, présentes ou recrutées dans les tissus, ont une activité pro-inflammatoire qui permet l’élimination des pathogènes. Cependant, la réaction inflammatoire, si elle persiste trop longtemps, peut devenir toxique pour les tissus sains et empêcher la cicatrisation ».
« Les neurones sensoriels interviennent en résolvant l’inflammation et en permettant la cicatrisation de la peau. En particulier, nous avons montré qu’ils sécrètent la protéine Tafa 4, qui agit sur les macrophages en réduisant leur production de cytokines inflammatoires et, au contraire, en favorisant la production d’un médiateur anti-inflammatoire, l’interleukine 10 (IL-10) », 
précise la chercheuse.
Anne Prigent remarque ainsi que
 « les neurones impliqués dans la perception d’une sensation agréable lors d’une caresse sont également capables, si la peau est lésée, d’apaiser l’inflammation locale et de limiter l’emballement de la réponse immunitaire en produisant la molécule Tafa 4. Un résultat pour le moins inattendu et qui ouvre un champ de recherche thérapeutique dans les maladies inflammatoires ».
Elle observe que 
« la molécule Tafa 4 pourrait en particulier être utilisée à chaque fois que le système immunitaire s’emballe de manière inappropriée, par exemple dans les maladies auto-immunes, comme la polyarthrite rhumatoïde ».
Sophie Ugolini indique en effet 
: « Nous sommes en train de tester en laboratoire les propriétés anti-inflammatoires de ce neuropeptide dans des modèles précliniques de maladies inflammatoires ».
Anne Prigent ajoute qu’«
 il faut aussi comprendre le rôle physiologique de cette molécule : les neurones de la peau la produisent-ils lors des caresses ? Dans le cas de maladies inflammatoires de la peau, comme le psoriasis ? ».

 

« La dépression chez les jeunes adultes peut favoriser la démence à un âge avancé »

Date de publication : 5 octobre 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir observe qu’« on savait déjà que la dépression chez les seniors est associée à un risque de démence. Mais il semblerait que ce risque commence bien plus tôt, car être déprimé pendant sa vingtaine serait déjà un facteur de risque pour une démence à un âge avancé ».
Le magazine indique en effet que
 « selon une étude de l’université de Californie à San Francisco (États-Unis), publiée […] dans le Journal of Alzheimer’s Disease, la dépression chez les jeunes adultes aurait un impact sur la cognition environ une dizaine d’années après, entraînant à long terme une chute cognitive pouvant aller jusqu’à une démence ».
Sciences et Avenir explique ainsi que 
« les chercheurs ont regroupé les données de santé d’environ 15.000 personnes âgées de 20 à 89 ans, afin d’élaborer un modèle avec les symptômes liés à la dépression dans chaque âge et leur progression ».
« Ensuite, ils ont appliqué ce modèle à 6.000 participants de plus de 70 ans, qui ont été suivis annuellement pendant près de onze ans. Ainsi, ils ont prédit quel niveau de dépression chacun d’entre eux devait avoir quand ils étaient plus jeunes »,
 relève l’article.
Willa Brenowitz, épidémiologiste spécialisée dans la santé mentale lors du vieillissement, auteure de ce travail, indique que 
« normalement, on prédit ‘en avant’ en se basant sur ce que l’on observe. Ici, nous avons prédit ‘en arrière’, en utilisant l’information des cohortes de participants plus jeunes pour obtenir une estimation des symptômes dépressifs des personnes âgées lorsqu’ils étaient plus jeunes ».

 

« Un laxatif contre les trous de mémoire »

Date de publication : 6 octobre 2021

Sciences et Avenir

Hervé Ratel note dans Sciences et Avenir : « Pertes de mémoire, troubles du langage, difficultés d’apprentissage… Beaucoup de problèmes psychiatriques s’accompagnent de déficits cognitifs multiples que les médications actuelles sont impuissantes à traiter ».
Le journaliste fait savoir qu’
« une équipe de chercheurs menée par Angharad de Cates et Susannah Murphy, du département de psychiatrie de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne) vient de publier un résultat intéressant dans la revue Translational Psychiatry et pourrait avoir trouvé un candidat-médicament efficace. Insolite, ce médicament existe depuis plusieurs années pour traiter… la constipation ».
Hervé Ratel explique ainsi que 
« plusieurs études animales ont montré par le passé que des molécules ciblant l’un des récepteurs à la sérotonine (le 5-HT4) pouvaient se montrer prometteuses pour améliorer les fonctions cognitives. La sérotonine est le neurotransmetteur ciblé notamment par les médicaments contre la dépression (les IRS) ».
« Mais de l’animal à l’être humain, il y a un monde et jusqu’à présent ces résultats prometteurs n’avaient jamais été reproduits. Pour courir le moins de risques possibles, l’équipe britannique a décidé de tester un médicament déjà bien éprouvé. Spécialement conçu pour se fixer sur ce récepteur à la sérotonine, le prucalopride est indiqué dans le traitement symptomatique de la constipation chronique. Il est essentiellement réservé aux femmes car son efficacité n’a pas été démontrée chez l’homme »,
 précise le journaliste.
Il relève que 
« 44 volontaires âgés de 18 à 36 ans ont participé à l’étude. La moitié a reçu le prucolapride. L’autre, un placebo. Après une semaine, les chercheurs leur ont fait passer un IRM pour mesurer leur activité cérébrale. Avant de pénétrer dans l’appareil, une série d’images d’animaux ou de paysages était montrée à chacun d’entre eux. Qui devait, à la sortie de l’IRM, se soumettre à plusieurs tests de mémoire ».
Les auteurs indiquent que 
« la principale conclusion de notre étude est que 6 jours d’administration de prucalopride à de jeunes volontaires sains ont conduit à une amélioration de la mémoire et à une activité neurale augmentée dans les hippocampes. Le groupe prucalopride a identifié 81% des images. Le groupe témoin, 76%. Statistiquement, cela nous semble très significatif ».
Hervé Ratel rappelle qu’en France, 
« ce médicament est uniquement vendu sous ordonnance. En 2013, la Haute Autorité de Santé (HAS) statuait que les services médicaux rendus (SMR) du produit étaient insuffisants pour lui permettre d’être pris en charge par la Sécurité sociale. […] S’il s’avère que cette molécule a effectivement des effets positifs sur la cognition, une reformulation comme “booster de mémoire“ pourrait sans nul doute lui redonner une seconde jeunesse… ».

 

« Une dépression grave guérie grâce à un dispositif innovant de stimulation cérébrale »

Date de publication : 7 octobre 2021

Le Figaro

Delphine Chayet observe dans Le Figaro que « souffrant depuis 5 ans d’une dépression gravissime, Sarah avait épuisé toutes les possibilités de traitements. Un dispositif novateur de stimulation cérébrale profonde, expérimenté au centre médical de l’université de Californie à San Francisco, a finalement permis une amélioration spectaculaire de son état ».
La journaliste note ainsi que
 « la patiente âgée de 36 ans a déclaré que la thérapie lui avait redonné «une vie digne d’être vécue», lui permettant de rire spontanément pour la première fois depuis longtemps ».
Delphine Chayet souligne que 
« ce cas clinique, décrit le 4 octobre dans la revue Nature Medicine, est jugé très prometteur ».
La Dr Marion Plaze, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne (Paris), réagit : 
« Les chercheurs sont parvenus pour la première fois dans le champ de la psychiatrie à mettre au point une stimulation cérébrale profonde personnalisée, adaptée au profil neurologique et clinique de la patiente. Ce travail donne des perspectives de soins pour tous les malades en échec thérapeutique ».
Delphine Chayet rappelle que 
« la dépression, qui touche entre 10% et 20% de la population à un moment ou un autre de la vie, peut être dans sa forme la plus sévère très invalidante ».
La journaliste souligne qu’«
 une part non négligeable des malades ne répond ni aux traitements médicamenteux, ni à l’électroconvulsivothérapie (électrochocs) ou à la stimulation magnétique transcrânienne, cette dernière étant proposée en France à titre compassionnel. En cas d’échec, les malades se retrouvent sans solution et en grande détresse ».
« C’est à ce public que s’adresse la stimulation cérébrale profonde. La technique est régulièrement utilisée pour traiter des patients atteints de la maladie de Parkinson et d’épilepsie, mais elle est encore au stade de la recherche en ce qui concerne la dépression. Le traitement suppose l’implantation chirurgicale, sous le cuir chevelu, d’électrodes reliées à un neurostimulateur placé sous la peau et chargées d’envoyer des impulsions électriques dans une région précise du cerveau »,
indique Delphine Chayet.
Olivier David, directeur de recherche à l’Inserm à Marseille, note que «
 toute la difficulté est de cibler correctement la zone à stimuler, car les réseaux neuronaux impliqués dans la dépression sont très larges ».
Delphine Chayet précise que 
« dans un premier temps, les médecins ont placé temporairement des électrodes dans plusieurs régions du cerveau pour explorer l’effet d’une stimulation. Parallèlement, la patiente devait répondre à des questionnaires mesurant son humeur. Les scientifiques ont ainsi réussi à montrer que les états émotionnels de Sarah étaient liés à certains schémas de l’activité électrique dans l’amygdale, une zone impliquée dans la gestion des émotions. Ils ont ensuite identifié une région cérébrale susceptible d’interagir avec ces schémas : le striatum ventral ».
« Dans un deuxième temps, l’équipe a pu implanter un dispositif permanent comportant un capteur dans l’amygdale pour détecter ces fluctuations électriques anormales et déclencher dans la foulée une stimulation grâce à une autre électrode placée dans le striatum ventral »,
 continue la journaliste.
Elle note que 
« le système ici mis en place délivre des impulsions intermittentes dont la durée optimale a été estimée à 6 secondes. Au rythme de 300 minichocs quotidiens, l’amélioration des symptômes est survenue au bout de 12 jours, et une rémission complète a été constatée plusieurs mois plus tard ».
Delphine Chayet ajoute que «
 cette réussite doit encore être reproduite chez d’autres malades, précisent les auteurs ».
Mircea Polosan, professeur de psychiatrie et chercheur (Inserm) à l’Institut des neurosciences de Grenoble, relève ainsi que 
« l’analyse directe de l’activité cérébrale peut sembler intrusive et prend du temps, mais cette approche individualisée sera sans doute le moyen optimal de soigner des patients très sévères et résistants ».

 

« Suicide de l’adolescent : des signaux d’alarme à connaître »

Date de publication : 11 octobre 2021

Le Figaro

Le Figaro fait savoir que « la HAS conseille de prendre au sérieux toutes les idées suicidaires chez les jeunes ».
Le journal indique ainsi : 
« «As-tu déjà pensé au suicide ?» Aux médecins, parents ou enseignants, souvent désarmés face au mal-être des adolescents, la Haute Autorité de santé conseille, dans des recommandations publiées le 30 septembre, de poser la question explicitement ».
Le Dr Charles-Édouard Notredame, psychiatre à l’hôpital universitaire de Lille et président du groupe de travail réuni par la HAS, explique que
 « parler du suicide n’est pas une incitation au passage à l’acte, c’est au contraire la meilleure façon de repérer les situations à risque et de les prendre en charge ».
Le Dr Bojan Mirkovic, psychiatre au Nouvel Hôpital de Navarre (Évreux), ajoute que 
« la question de l’envie de mourir, que je pose systématiquement en consultation, surprend beaucoup les enfants. Elle donne lieu à des démentis catégoriques des patients non concernés, mais elle permet aux autres de se confier. Les enquêtes réalisées après certains suicides montrent en effet que la plupart des enfants n’avaient pas osé en parler, par peur de ne pas être pris au sérieux ou d’inquiéter leur entourage ».
Le Figaro souligne que «
 la HAS entend lever le tabou. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents. Près de 600 jeunes de moins de 24 ans, en majorité des garçons, se tuent chaque année en France, tandis qu’environ 70.000 tentatives sont recensées ».
Le Dr Notredame indique que «
 la prévention est une responsabilité collective, chacun peut avoir un rôle à jouer ».
Le journal remarque qu’
« aux parents, le psychiatre recommande de ne « jamais banaliser » des propos de leur enfant sur la mort, mais d’en parler ouvertement, et de ne pas hésiter à consulter leur médecin traitant, une maison des adolescents, un centre médico-psychologique. Ou à appeler le nouveau numéro dédié, 31 14 ».
Le quotidien rappelle que 
« la dépression de l’enfant ne ressemble pas à celle de l’adulte, mais compose un puzzle de signes souvent difficiles à interpréter. Irritabilité, humeur instable, repli sur soi, perte d’intérêt pour les activités habituelles, rejet de l’école, entrée dans le tabagisme, difficultés pour s’endormir… ».
Géraldine Chanal, psychologue à l’association Phare, note cependant que 
« les parents me disent qu’ils ont du mal à placer le curseur entre ce qui relève d’un mal-être profond et ce qui est de l’ordre de la crise de l’adolescence. Ils doivent savoir qu’un changement radical de comportement qui perdure dans le temps (un enfant qui s’isole, se désintéresse de choses qui lui apportaient du plaisir) doit déclencher l’alarme ».
Le Figaro ajoute que «
 la HAS invite aussi les médecins, les éducateurs et les enseignants à redoubler de vigilance. «Le repérage repose sur une écoute active et un questionnement direct du patient», notent les experts. Ils préconisent l’utilisation du Bits, un test de repérage mis au point pour les médecins généralistes ».
« Ses initiales forment le rappel mnémotechnique des quatre sujets à aborder, quel que soit le motif de consultation : brimades, insomnies, tabac et stress. En cas de doute, le praticien doit interroger son patient sur ses éventuelles idées suicidaires présentes ou passées. Il peut aussi l’orienter vers un psychiatre », 
précise le journal.
Le Dr Notredame explique que «
 le spécialiste va évaluer lors d’un entretien en tête à tête la gravité de la crise, en mesurant la fréquence, l’intensité et le caractère envahissant des pensées suicidaires, le degré d’élaboration du scénario, ainsi que le niveau de douleur ressentie par l’adolescent. Il estimera aussi la vulnérabilité de son patient. Des antécédents familiaux, un trouble psychiatrique, un milieu familial défavorable, un harcèlement, un suivi par l’aide sociale à l’enfance sont des facteurs de risque de passage à l’acte ».
Le Figaro rappelle enfin que «
 des dispositifs d’éducation à la santé mentale ayant fait leur preuve existent pourtant. Mené en classe, le programme YAM comprend ainsi 3 heures de jeux de rôle, des ateliers interactifs, des affiches éducatives et deux conférences d’une heure sur la santé mentale. Une étude menée dans plusieurs pays européens a montré qu’il réduisait de moitié le nombre de tentatives de suicide par rapport à un groupe d’adolescents n’y ayant pas participé ».

 

« Alcoolisme : d’anciens buveurs au chevet des patients »

Date de publication : 11 octobre 2021

Le Parisien

La Dre Martine Perez remarque dans Le Parisien : « Comment rester abstinent dans un monde qui ne l’est pas, lorsque l’on est fragile vis-à-vis de l’alcool ? Les associations d’usagers représentent une aide au maintien de l’abstinence, grâce à d’anciens dépendants qui s’en sont sortis ».
La médecin et journaliste explique que « France Patients Experts Addictions, présidée par Sandra Pinel, forme ainsi d’anciens patients devenus experts en addiction pour accompagner des personnes dépendantes, dans des centres de soins, ou des associations ».

Martine Perez souligne ainsi 
« toutes les associations d’ex-buveurs font un travail indispensable qu’il s’agisse de la Croix bleue, des Alcooliques anonymes, ou de Vie libre. Ces structures, d’où le jugement est exclu, réalisent un accompagnement par des pairs, clé de la réussite ».
Martine Perez note qu’«
 en 2020, une étude américaine publiée dans la « Cochrane Library » a démontré l’importance des associations de patients, à partir d’une enquête évaluant les Alcooliques anonymes (AA). Cette association a été lancée en 1935 à la suite de la rencontre dans l’Ohio de 2 Américains qui cherchaient un moyen de rester sobre ».
« Ils ont formé un groupe de soutien, puis défini les 12 étapes pour le sevrage, la première étant d’accepter son incapacité à contrôler sa consommation ; la dernière étant d’aider les autres à rester sobres en devenant le parrain d’un nouveau membre »,
 rappelle la journaliste.
Elle indique que 
« dans cette analyse récente portant sur 10.000 participants, les chercheurs ont conclu que les Alcooliques anonymes étaient au moins aussi efficaces que la psychothérapie pour atteindre et maintenir l’abstinence ».

 

« Dérives des médecines parallèles : « On est plus vulnérable psychiquement après l’annonce d’un cancer » »

Date de publication : 14 octobre 2021

Le Parisien

Le Parisien publie un entretien avec Isabelle Guillemot, psychologue clinicienne en cancérologie, qui « met en garde les personnes atteintes de cancer face aux promesses de certains spécialistes des médecines parallèles, comme la naturopathie ».
Le journal observe en effet que «
 certains patients se tournent vers les médecines parallèles pour atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie. En 12 ans d’expérience à l’hôpital en cancérologie, Isabelle Guillemot a rencontré de nombreux patients tentés par le recours aux médecines parallèles. Désormais psychologue libérale à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), elle décrypte pour nous ce phénomène ».
Isabelle Guillemot explique qu’«
 il existe deux types de patients. Ceux qui tournent le dos à la médecine traditionnelle parce que les traitements leur font trop peur. Et ceux qui veulent lutter contre les effets secondaires, de la chimiothérapie notamment, mais qui ne le disent pas à leur oncologue ».
Le Parisien demande : 
« Que risquent les patients qui se tournent vers la naturopathie ? ».
La psychologue indique que «
 s’ils s’en servent en parallèle des traitements anticancéreux, le risque c’est l’interaction. Certaines plantes par exemple diminuent les effets thérapeutiques de la chimio sur le cancer. Le jeûne, lui, affaiblit l’organisme, ce qui a pour conséquence une majoration des effets secondaires de la chimio, et donc un traitement moins bien supporté ».
« Ceux qui ne se tournent que vers un naturopathe prennent le risque de voir la maladie proliférer rapidement. Même quand ils finissent par revenir vers nous, il est trop tard. J’ai déjà perdu des patients de cette façon, alors que leur cancer était parfaitement curable »,
 souligne-t-elle.
Isabelle Guillemot indique qu’«
 il faut déjà travailler sur l’annonce d’un cancer. Cela provoque toujours un état de sidération, une inquiétude face à la mort. Il faut préparer le patient en lui indiquant au fur et à mesure les résultats de ces examens, mais aussi prendre le temps d’évoquer les traitements qu’il va recevoir. On est toujours plus vulnérable psychiquement après l’annonce d’un cancer. Quand l’annonce fait peur, on cherche des alternatives auprès de personnes au discours moins effrayant. Il faut alors s’emparer des soins de supports proposés à l’hôpital, que ce soit le psychologue, l’infirmière d’annonce, le diététicien… ».
La psychologue clinicienne ajoute que 
« le malade doit absolument changer de lieu de traitement si l’annonce a été trop brutale, s’il est mal à l’aise avec son oncologue. Cela fait partie des droits du patient. Quand l’un de vos proches vous semble sous l’emprise d’un manipulateur, le tutoiement et le coût élevé des traitements parallèles proposés sont des signes inquiétants. Ça peut toucher absolument tout le monde, justement du fait de l’état de sidération provoqué par l’annonce d’un cancer. Vous pouvez alors faire appel au médecin traitant du malade ».

 

« Insomnie : vaincre l’anxiété qui mine vos nuits »

Date de publication : 18 octobre 2021

Le Parisien

La Dr Martine Perez observe dans Le Parisien que « nos états d’âme nous poursuivent aussi la nuit. Certains troubles psychiques fréquents, comme la dépression, l’anxiété généralisée ou les attaques de panique (qui sont des états anxieux aiguës) sont associés à des insomnies pénibles. Il arrive même parfois que ces maladies soient diagnostiquées lors d’une consultation pour des problèmes de sommeil ».
« Les épisodes dépressifs majeurs, avec perte d’envie, d’estime de soi, d’énergie, s’accompagnent de difficultés à dormir »
, poursuit-elle.
Le Pr Michel Lejoyeux, psychiatre, chef de service dans les hôpitaux Bichat à Paris et Beaujon, indique ainsi que 
« les troubles du sommeil dans la dépression sont quasiment systématiques. Il s’agit, le plus souvent, de réveil très précoce le matin, chez une personne accablée par l’idée d’une journée qui commence et qu’elle ne sait pas comment affronter, plus rarement de difficultés d’endormissement ».
Martine Perez explique que «
 le traitement de la dépression, désormais très standardisé, basé sur des antidépresseurs et des thérapies comportementales, permet aussi de venir à bout de l’insomnie. L’anxiété généralisée perturbe surtout l’endormissement. Les attaques de panique peuvent, elles, être associées à des réveils au milieu de la nuit, avec le cœur qui bat et une sensation de mort imminente ».
« Les recommandations pour le traitement sont aussi très claires : donner le moins possible de tranquillisants. Et mettre en place des psychothérapies, associées à de petites doses d’antidépresseurs. Ces psychothérapies visent à repérer les situations ou les pensées qui déclenchent l’angoisse, pour apprendre à les dépasser »
, précise la journaliste et médecin.
Elle ajoute que 
« quelques séances peuvent suffire à guérir l’anxiété, et donc l’insomnie. Le médecin généraliste est d’ailleurs souvent à même de repérer et de prendre en charge ces situations ».

 

« Covid-19 : plus de la moitié des survivants développent un Covid long »

Date de publication : 19 octobre 2021

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir observe que « des études précédentes avaient estimé qu’environ un tiers des patients de Covid-19 développeraient un Covid long. Cette proportion vient d’être revue à la hausse par une analyse regroupant l’ensemble des études sur ces symptômes à long terme ».
Le magazine indique ainsi que 
« plus de la moitié des personnes avec le Covid-19 vont présenter des symptômes 6 mois après l’infection », selon un travail paru dans JAMA Network Open.
Il explique que «
 les auteurs ont cherché tous les travaux parlant de Covid long ou de symptômes à long terme après le Covid-19. Cela a représenté 57 études avec un total de 250.351 patients non-vaccinés au moment de l’infection (diagnostiquée entre décembre 2019 et mars 2021) ».
« Parmi ces patients, 54% présentaient au moins un symptôme un mois après l’infection, 55% pendant deux à cinq mois, et 54% pendant 6 mois ou plus. De quoi montrer que la majorité de ces symptômes à rallonge étaient persistants dans la durée », 
note Sciences et Avenir.
Le magazine précise que «
 la majorité des personnes incluses dans ces études étaient hospitalisées (79%). Il pourrait donc être possible que les cas de Covid long soient surestimés. […] Cependant, les auteurs ont mis en évidence que cette proportion de Covid long est comparable entre les études comportant plus ou moins de personnes hospitalisées, résultat qui suggère que cette proportion de Covid long est indépendante des hospitalisations ».
Sciences et Avenir ajoute que 
« ces symptômes de Covid long étaient très variés et pouvaient affecter une grande partie du corps des patients. Les plus fréquents étaient la fatigue ou la faiblesse musculaire (38%), entraînant un déclin dans la mobilité (20%) ou le fonctionnement général de la personne (44%). Les personnes présentaient aussi des problèmes respiratoires (30%) et des troubles cardiaques ou digestifs, ainsi que des irritations cutanées ou même de la perte de cheveux (21%) ».
« Mais en plus de ces atteintes corporelles, certains des symptômes les plus fréquents concernaient des troubles neurologiques, comme des difficultés de concentration (24%) et des problèmes de mémoire (19%), ou psychologiques, notamment de l’anxiété (30 %), des troubles du sommeil (27%) et la dépression (20%) »,
 continue le magazine.
Paddy Ssentongo, chercheur à l’université Penn State (États-Unis) et co-auteur, remarque ainsi que
« le fardeau de mauvaise santé chez les survivants du Covid-19 est accablant. La bataille contre le Covid ne finit pas après l’infection aigüe. La vaccination est notre meilleure alliée pour éviter d’avoir le Covid-19 et ainsi diminuer la probabilité de développer un Covid long ».

 

« Contre les violences gynécologiques, enfin une charte des bonnes pratiques »

Date de publication : 21 octobre 2021

Le Parisien

Le Parisien indique en effet que « la profession publie ce jeudi un document écrit, rappelant aux blouses blanches les règles simples à respecter avec les patientes. […] Gestes ou propos déplacés… de nombreux témoignages de femmes victimes de violences gynécologiques ont poussé la profession à mettre noir sur blanc les règles d’une bonne consultation ».
Le journal relève ainsi que 
« le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) tape aujourd’hui du poing sur la table. En réaction à l’affaire Daraï [« gynécologue accusé de maltraitances et de viols »], il publie ce jeudi une charte inédite de bonnes pratiques, signée par toute la profession ».
Joëlle Belaisch-Allart, présidente du CNGOF, remarque que
 « ce texte, on en a besoin, c’est une certitude. Que tous les gynécologues de France et de Navarre l’affichent dans leur cabinet ! […] On demande d’abord à la patiente si elle est d’accord pour être examinée et on respecte son choix ».
Le Parisien note qu’«
 un autre travail d’ampleur débute, ce qu’on appelle les «recommandations pour la pratique», véritable bible du praticien. Rédigées par les médecins et patients, elles sont attendues d’ici un an et visent à améliorer la qualité et la sécurité des soins ».
Le journal s’interroge : 
« Suffisant ? Depuis les premières accusations, fin septembre, contre le Pr Daraï, mis en retrait de ses responsabilités de chef de service par l’AP-HP, le collectif « Stop aux violences obstétricales et gynécologiques » croule sous les témoignages de victimes passées par son cabinet. Mais pas seulement ».
Le quotidien relève que 
« dans l’ombre de la médiatique « affaire Tenon » se cachent d’autres dossiers, comme celui de Maria, qui a porté plainte pour viol aggravé contre un gynécologue du sud de la France, il y a quelques mois. Lors de son examen, la jeune femme de 29 ans décrit des mouvements de va-et-vient réalisés avec une sonde d’échographie, et des attouchements sur ses parties intimes ».
Le Parisien indique que Sonia Bisch, porte-parole du collectif, «
 appelle le gouvernement à lancer une campagne de communication sur le droit des patientes et créer un numéro d’urgence pour les victimes. Parmi les explications à ce problème de société, selon la militante, le manque de contrôle et de formation des blouses blanches ».
Le journal observe que
 « pourtant, après le rapport du Haut Conseil à l’égalité en 2018, l’enseignement commençait à évoluer. Quid du «changement en marche» dont parlait, à l’époque, Philippe Deruelle, l’ancien secrétaire du CNGOF ? «On avance mais doucement», reconnaît-il ».
« Certes, la prévention des violences gynécologiques fait bien partie des connaissances à acquérir par les étudiants de médecine, entre la 4e et 6e année. «Mais son application est hétérogène selon les villes et les envies.» Et les formations continues ? », 
continue Le Parisien. Philippe Deruelle répond que « le Covid a cassé la dynamique ».
Le journal conclut qu’« 
en attendant une révolution des pratiques, les femmes s’échangent […] les contacts de gynécologues bienveillants. Certaines […] s’en détournent carrément, préférant être suivies par des sages-femmes ».

 

« Dépression : comment faire face à la maladie d’un proche ? »

Date de publication : 25 octobre 2021

Le Parisien

Lucie Alexandre note dans Le Parisien que « la dépression ne produit pas seulement des ravages chez ceux qui la subissent. Les parents, conjoints, et enfants, se sentent souvent aussi éprouvés qu’impuissants. Des spécialistes livrent leurs conseils ».
La journaliste explique ainsi que «
 lorsqu’un proche sombre dans la dépression, il faut être à l’écoute tout en ayant conscience qu’on peut apporter du soutien, mais pas soigner à la place d’un professionnel.
Elle souligne tout d’abord que 
« le changement est souvent un avertissement. Constater qu’une personne abandonne soudain ses petites habitudes plaisantes du quotidien peut inciter à la vigilance. Car le trouble dépressif a ceci de caractéristique qu’il empêche de ressentir toute forme de plaisir, y compris vis-à-vis d’expériences qui autrefois procuraient à coup sûr de la joie ».
Lucie Alexandre ajoute que
 « d’autres signes peuvent aussi alerter. Perte de la volonté, vision pessimiste, tristesse continue, troubles du sommeil, manque d’appétit, renfermement sur soi, comportements addictifs, et ralentissement général physique et psychique, sont autant de symptômes d’un état dépressif latent. À condition bien sûr, qu’ils s’installent dans la durée ».
Samuel Dock, psychologue clinicien, précise que «
 la première chose à faire est de se renseigner pour évaluer ce qui arrive. On peut même consulter un psychiatre pour quelqu’un d’autre, ce n’est pas une trahison, car dans certains cas la personne encourt un vrai risque de passage à l’acte suicidaire ».
La journaliste explique ainsi que
 « les périls liés à la dépression sont aussi réels que répandus. Alors que selon un dernier rapport de l’Inserm datant de 2019, près d’une personne sur cinq en France a souffert ou souffrira d’un trouble dépressif au cours de sa vie, entre 5 et 20% des patients atteints par cette maladie mettent fin à leur jour. De quoi ne pas prendre les choses à la légère. Et si l’individu fait part de pensées morbides, ou d’envie d’en finir, direction sans attendre les urgences psychiatriques ».
« Lorsque notre proche se refuse à se faire soigner, il faut même parfois consentir à ce que l’on appelle une hospitalisation à la demande d’un tiers »,
 ajoute Lucie Alexandre.
Isabelle Secret-Bobolakis, psychiatre, secrétaire générale de la Fédération Française de Psychiatrie, remarque que 
« c’est une situation très dure, mais c’est parfois indispensable. Bien sûr on se fait aider d’un médecin, qui pose le diagnostic, et il faut lui faire confiance s’il estime qu’il n’y a pas d’autre solution que des soins sous contrainte ».
La journaliste observe qu’«
 avant de parvenir à cette extrémité, l’idéal est bien sûr de convaincre d’aller consulter. Un échange qui n’est pas toujours aisé ». Samuel Dock explique qu’« il faut bien choisir son moment pour engager la discussion, et verbaliser avec une grande clarté ses inquiétudes, dire : J’ai le sentiment que tu ne vas pas bien, tout en reconnaissant une forme d’impuissance ».
Lucie Alexandre note que le psychologue 
« pointe par ailleurs la nécessité de ne pas bousculer la personne dépressive, qui éprouve souvent de la culpabilité, tout en tentant de l’empêcher de se laisser aller. Un équilibre difficile à trouver ».
La journaliste continue :
 « Côté traitement, on peut d’abord se tourner vers le médecin généraliste, surtout en cas de premier épisode dépressif. Habilité à prescrire des antidépresseurs, il peut aussi orienter vers un psychiatre pour un suivi plus précis, ou en cas de soupçons de troubles psychiques associés comme la bipolarité ou la schizophrénie ».
« Et si les remèdes médicamenteux semblent indispensables dans les troubles sévères pour éviter des rechutes, on peut parfois s’en passer dans les dépressions légères. Ou du moins leur associer d’autres thérapies comme la psychanalyse, les thérapies cognitives-comportementales, efficaces contre les symptômes physiques de l’angoisse, mais aussi l’activité sportive. De plus en plus d’études scientifiques tendent à montrer son utilité dans la lutte contre la dépression »,
 ajoute-t-elle.
Lucie Alexandre conseille enfin de «
 se préserver soi-même ». Isabelle Secret-Bobolakis souligne qu’« il faut être à l’écoute, mais avoir conscience qu’on peut seulement soutenir l’autre et non le soigner, cela doit être délégué à un professionnel. Il faut aussi prendre du temps pour soi sans culpabiliser, ne pas s’oublier dans la maladie de l’autre, demander de l’aide pour que d’autres prennent le relais, et se ménager du temps pour continuer de voir du monde à l’extérieur ».

 

« Comment les traumas psychologiques répétés affectent le cerveau »

Date de publication : 26 octobre 2021

Le Figaro

Dans le cadre d’un dossier sur les troubles dissociatifs de l’identité (TDI), Le Figaro se penche sur les psychotraumatismes répétés. La Dr Laurence Carluer, neurologue, psychothérapeute et chercheur à l’Inserm (CHU de Caen), remarque ainsi : « Ils attaquent la capacité du cerveau à fabriquer du sens, c’est-à-dire à intégrer les différents processus cognitifs, émotionnels, physiques, en un tout cohérent. Comme il n’existe pas de perception de soi unifié avant 5-6 ans, des traumas répétés avant cet âge vont casser ce processus de représentation d’un tout et c’est ainsi que naissent les TDI ».
La Dr Stéphanie Khalfa (Laboratoire de neurosciences cognitives, Marseille) ajoute que «
 quand les traumas sont répétés et donc que le stress perdure, il y a globalement une diminution de l’activité dans le cortex préfrontal qui régule le traitement émotionnel et une augmentation de l’activité de l’amygdale chargée de détecter les menaces ».
« L’activité de l’hippocampe qui joue un rôle dans la mémorisation du contexte, dans le temps et dans l’espace, est également abaissée, pouvant expliquer les difficultés d’ancrage, de repérage des personnes atteintes de TDI. Dans le cortex pariétal postérieur, le précunéus impliqué dans la conscience de soi, dans l’intégration multisensorielle et dans la mémoire épisodique, est moins actif lui aussi. Or il est difficile de revenir en arrière »,
 remarque la spécialiste.
Le Figaro indique qu’«
 une étude parue dans le British Journal of Psychiatry de 2018 suggérait que la neuro-imagerie permettait de faire la différence entre personnes atteintes de TDI et personnes bien portantes avec une précision supérieure à celle attendue. Sans doute une voie de recherche pour raccourcir le délai nécessaire au diagnostic de cette pathologie si complexe ».

 

Covid-19 : « Une étude controversée sur un antidépresseur »

Date de publication : 28 octobre 2021

Le Figaro

Cécile Thibert s’interroge dans Le Figaro : « La fluvoxamine va-t-elle s’ajouter à la longue liste des traitements qui ont suscité en vain l’espoir dans cette pandémie ? ».
La journaliste indique qu’« 
une étude tout juste publiée dans The Lancet Global Health remet une pièce dans la machine en affirmant que ce médicament – un antidépresseur proche du Prozac – serait efficace pour réduire le risque d’hospitalisation chez les patients atteints du Covid-19. Révolution médicale pour certains, résultats très discutables pour d’autres : cette annonce est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique ».
Elle explique que l’étude «
 a été menée dans 11 hôpitaux brésiliens, auprès de 1700 patients infectés par le virus. Ces derniers ont été choisis parce qu’ils avaient au moins un facteur de risque de développer une forme grave […]. La moitié d’entre eux s’est vu distribuer le médicament antidépresseur à prendre deux fois par jour pendant 10 jours, tandis que l’autre moitié a reçu un placebo ».
Le Dr Nicolas Hoertel, psychiatre à l’hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux, AP-HP), observe que
 « les gens qui ont pris le traitement ont vu leur risque d’hospitalisation réduit de 66% et la mortalité de 91%, les résultats sont très significatifs. C’est une étude indépendante à la méthodologie très solide qui confirme d’autres résultats qui vont dans le même sens. S’il y a un traitement aujourd’hui qui doit faire la une de tous les journaux, c’est celui-là ! ».
Cécile Thibert note que le médecin
 « est sans doute l’un des premiers au monde à s’être intéressé de près à cette molécule, après avoir constaté que seuls de très rares patients de son service de psychiatrie avaient attrapé le Covid, malgré la présence de nombreux personnels malades ».
« Avec son équipe, ils avaient alors passé en revue les dossiers médicaux de 7200 patients hospitalisés à cause du Covid dans des hôpitaux publics parisiens entre janvier et avril 2020. Ils s’étaient alors aperçus que les patients sous antidépresseurs admis à l’hôpital pour un Covid représentaient un effectif bien plus faible qu’en temps normal (4,8% contre 8 à 15% en temps normal, selon le Dr Hoertel). Fort de son intuition, le médecin avait transmis ces données à d’autres équipes, dans l’espoir qu’elles aillent plus loin »
, rappelle la journaliste.
Le Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, remarque pour sa part : «
 Quand on regarde de près cette étude, il y a des éléments atypiques. Par exemple, ils prennent comme critère d’efficacité le fait de rester plus de 6 heures aux urgences. Cela ne veut strictement rien dire ! Ce n’est pas un critère solide. Être hospitalisé ou non, décéder ou non, voilà des critères solides ! ».
Cécile Thibert relève que «
 pour ces deux critères, l’étude montre clairement qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes. De même, le groupe sous antidépresseur ne semble pas se débarrasser plus vite du virus que le groupe placebo ».
Le Pr Molimard déclare ainsi que «
 c’est peut-être une étude intéressante, mais elle ne suffit absolument pas pour dire que ce traitement est efficace ».

 

Revue de presse santé psy – septembre 2021

« Surdoses aux opiacés : la France dans l’urgence »

Date de publication : 1er septembre 2021

Libération

Libération se penche sur « une épidémie dont on parle moins mais qui sévit dans l’ombre. Ce mardi, à l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation aux surdoses lancée en 2001, des associations et des professionnels de santé alertent les pouvoirs publics sur les dégâts liés aux overdoses. Et de rappeler que la France est loin d’être prête à faire face à une flambée des overdoses ».
Le journal souligne ainsi qu’«
 au-delà des retards en matière de réduction des risques et de prévention, les derniers chiffres publiés en avril par l’ANSM portant sur des données relevées en 2019 sont éloquents. Ils révèlent une augmentation des décès liés à la consommation d’opioïdes, licites ou non. Ainsi, en 2019, quelque 450 personnes sont mortes en France à la suite d’une overdose d’opioïdes et 77 après avoir fait une surdose de cocaïne ».
Libération précise que
 « dans l’Hexagone, l’accoutumance aux opioïdes provoque 5 morts par semaine. Mais ces données sont très largement sous-estimées. En France, les hommes sont très majoritairement concernés par les surdoses, avec un âge moyen situé à 38,7 ans. Généralement, on y meurt en raison d’une surdose liée à un médicament de substitution comme la méthadone plus qu’après un shoot d’héroïne ».
Le quotidien rappelle que 
« depuis 1999 outre-Atlantique, la crise des opioïdes aurait tué près d’un demi-million de personnes. Quelque 130 personnes y meurent chaque jour d’une overdose aux médicaments antalgiques qui créent une forte dépendance ».
Bertrand Leibovici, médecin addictologue spécialisé dans la réduction des risques liés à la toxicomanie, déclare ainsi que 
« le principal problème est devant nous. On ne peut pas exclure qu’il y ait une arrivée massive de Fentanyl en Europe continentale ».
Libération observe qu’« 
en Angleterre, au pays de Galles mais surtout en Ecosse, le nombre de décès causés par la drogue n’a jamais été aussi élevé qu’en 2020, selon un rapport publié début août. Un taux de 76,7 par million d’habitants, soit un bond de 3,8% par rapport à 2019. Des chiffres jamais vus depuis l’instauration de ces relevés en 1993. Une tendance liée à la consommation d’opiacés mais aussi à l’augmentation des morts à cause d’autres substances telles que la cocaïne ».
Bertrand Leibovici note que «
 la Grande-Bretagne donne le “la” pour le reste de l’Europe continentale, en matière de vêtement, de musique, et de drogues ». Le médecin rappelle en outre que les overdoses sont « des urgences médicales qui se déroulent dans un contexte d’insécurité juridique. Le gouvernement devrait s’engager à ne pas poursuivre les gens qui appellent les secours pour rapporter une overdose. Et leur faire passer le message. Car souvent, les personnes se sauvent et laissent la personne seule ».
Le quotidien ajoute que «
 pour le praticien, une autre façon de prévenir les overdoses serait de mettre à disposition de «la famille mais aussi les camarades de «défonce» des kits de naloxone [antidote aux opiacés ndlr]» ».
Bertrand Leibovici précise que
 « la naloxone ne suffit pas. Il faut surveiller l’usager après lui avoir administré la dose. Surtout s’il a fait une overdose de méthadone, qui est un opiacé lourd. Trois ou quatre heures après avoir reçu la naloxone, le consommateur peut en refaire une. La méthadone reste longtemps dans le corps, tandis que la naloxone a une durée d’action très brève ».
Nicolas Authier, psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie, note quant à lui qu’aux Etats-Unis et en Angleterre,
 « les médecins y prescrivent beaucoup plus de médicaments antalgiques opioïdes que nous. La population est donc beaucoup plus exposée. C’est pour ça que la France doit diffuser dès maintenant la naloxone afin d’éviter une crise similaire. En matière d’overdose, prévenir c’est efficace. Guérir, c’est souvent trop tard ».

 

« Le cerveau des rugbymen affecté dès la première saison professionnelle »

Date de publication : 2 septembre 2021

Le Point

Le Point annonce en effet que « selon une étude de l’université du pays de Galles du sud, dont les résultats complets seront publiés dans le prochain numéro du Journal of Experimental Physiology, […] un rugbyman peut voir son cerveau affecté dès sa première saison au niveau professionnel. Un déclin des fonctions cognitives et une baisse de l’afflux sanguin vers le cerveau ont été observés chez plusieurs joueurs au cours des recherches ».
Le magazine explique que
 « les scientifiques ont suivi une équipe professionnelle participant au United Rugby Championship. Ils ont examiné les joueurs avant, au milieu, et à la fin de la saison. Ils ont alors constaté que les fonctions cognitives […] et l’afflux sanguin vers le cerveau avaient baissé pour tous les joueurs. Et pas seulement ceux victimes d’une ou plusieurs commotions cérébrales au cours de la saison. Ce qui veut dire que n’importe quel choc à la tête, même s’il paraît mineur, mais effectué de façon répétée, peut avoir des conséquences ».
« L’étude suppose aussi que ces problèmes affectent davantage les joueurs professionnels parce que le rythme des matchs les empêche de réellement récupérer et de se reposer suffisamment longtemps entre deux chocs. De plus, selon la Fédération britannique de rugby, 20% des commotions cérébrales ont lieu à l’entraînement », 
continue Le Point.
L’article précise que 
« les données varient aussi en fonction du poste occupé. Un avant est plus susceptible d’être plaqué ou de se prendre des coups par rapport à un arrière ».
Le Point note par ailleurs que 
« cette étude survient alors qu’un collectif de joueurs, victimes de déficience mentale et autres troubles mentaux, a lancé une action en justice contre la Fédération internationale de rugby, pour la mauvaise prise en charge des commotions cérébrales sur les différents terrains à travers le monde. Certains souffrent aujourd’hui de pathologies graves, allant de la démence précoce à une maladie neurodégénérative ».

 

« Les Français usés par la crise sanitaire »

Date de publication : 6 septembre 2021

Le Figaro

Soline Roy note dans Le Figaro qu’« un an et demi après son apparition, le SARS-CoV-2 est toujours là et notre forme s’en ressent : 40% des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise, selon un sondage Odoxa pour les laboratoires Leurquin-Mediolanum ».
« Les congés d’été les ont moins reposés que d’habitude : seuls 26% des personnes interrogées se sentent plus reposées qu’avant les vacances, 8 points de moins que lors d’une précédente enquête publiée en 2017 », 
relève la journaliste.
Elle cite l’OMS, qui a observé que 
« la lassitude face à une pandémie est une réponse attendue et naturelle à une crise de santé publique prolongée, notamment parce que la sévérité et l’ampleur de la pandémie de Covid-19 ont demandé la mise en œuvre de mesures invasives ayant des impacts sans précédent sur la vie quotidienne de chacun ».
Soline Roy indique que 
« ce type de crise «sollicite nos capacités d’adaptation», explique le Pr Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP, Paris). Le fait qu’elle se prolonge «est un facteur de fragilisation. Certains pouvaient penser qu’on était sortis d’affaire, et ont un sentiment d’essoufflement» ».
La journaliste fait savoir que
 « dans une lettre à paraître dans la revue L’Encéphale, le Pr Nicolas Franck [psychiatre chef du pôle centre rive gauche au centre hospitalier Le Vinatier, Lyon] montre chez des étudiants et salariés suivis pendant les deux premiers confinements en France une détérioration plus nette des marqueurs de santé mentale lors du second, alors que la gravité de l’épidémie et la sévérité des mesures étaient moindres ».
« L’absence de perspective sur la sortie de crise n’aide pas : au printemps 2020, les Français espéraient voir disparaître le virus en quelques semaines ou mois ; la crise s’écoule désormais sans date de fin annoncée… », 
relève Soline Roy.
Florian Ferreri ajoute que «
 l’été n’a pas été tel que les gens l’avaient imaginé ». La journaliste explique : « Météo maussade, voyages et activités annulés, contraintes du passe sanitaire, tensions familiales et amicales autour de la vaccination, actualité estivale moins légère que d’ordinaire… Les batteries n’ont pas pu être rechargées à bloc ».
Elle note que
 « cela «ne créera pas de pathologies de toutes pièces», nuance le Pr Nicolas Franck. Mais les plus vulnérables peineront davantage à affronter «la vie en mode dégradé» que nous connaissons actuellement ».
Le Pr Ferreri évoque ainsi 
« des tensions, une irritabilité, des difficultés de sommeil qui puisent encore plus dans leurs réserves. Ce n’est probablement pas dramatique, mais on part pour l’hiver avec moins de réserve et certains auront le sentiment d’être moins efficaces et plus tendus ».
Soline Roy ajoute que de leur côté, les «
 autorités […] craignent aussi que la fatigue accumulée pousse le public à baisser la garde sur les gestes barrières. En France, l’enquête Coviprev menée par Santé publique France montre une diminution légère, mais régulière, du respect des gestes barrières ; baisse amplifiée peut-être par un sentiment de confiance apportée par la vaccination ».
« Or l’adhésion du public aux mesures de lutte contre l’épidémie est l’un des facteurs qui «sous-tendent l’évolution future de la pandémie», notait en juillet une équipe internationale dans The Lancet Regional Health »,
 remarque la journaliste.
Elle s’interroge : «
 Face à cette fatigue qui s’installe, que faire ? ». Le Pr Ferreri répond que « l’un des enjeux, quand on a l’impression de pas avoir eu la maîtrise (de la météo, de la crise sanitaire…), est de la retrouver sur des choses que l’on décide, des petits succès du quotidien ».
Soline Roy note qu’«
 améliorer son sommeil, retrouver un rythme régulier et une bonne hygiène de vie, faire du sport, «sont des choses simples et efficaces, mais parfois difficiles à mettre en œuvre. Certaines techniques de relaxation peuvent aussi être utiles». Il faut aussi miser sur l’alimentation. […] Certains médicaments peuvent aider au sommeil, «mais il faut en prendre le moins possible», met en garde le psychiatre ».

 

« Santé psychique : reprise à risque pour les télétravailleurs au long cours »

Date de publication : 8 septembre 2021

Le Monde

C’est ce qu’indique Le Monde, qui observe que « replonger dans le collectif d’entreprise constitue une source de souffrance psychique pour certains ».
François Desnoyers livre cet exemple :
 « Le retour au bureau un jour par semaine avait été programmé courant juin dans l’entreprise de Bastien (…). Après 15 mois en télétravail intégral lié au Covid-19, la nouvelle a alors été un véritable choc pour ce cadre dans la publicité. Une angoisse l’a saisi à l’idée de reprendre contact avec un «monde extérieur» qu’il ne fréquentait plus ».
« Le mal a rapidement été diagnostiqué : il était atteint du «syndrome de la cabane», cette difficulté à réintégrer l’environnement social dont on s’est, un temps, soustrait. Ce n’est qu’à petits pas et au prix d’efforts douloureux qu’il a finalement réussi à sortir de son isolement », 
explique le journaliste.
Il souligne que «
 bien d’autres salariés vivent aujourd’hui une trajectoire similaire. Alors que la plupart des entreprises s’engagent dans une phase de reprise et de retour partiel au bureau, des phénomènes d’anxiété se font jour au sein des effectifs. Si elles sont minoritaires, ces pathologies sont parfaitement identifiées par les professionnels de santé ».
Une médecin du travail d’Ile-de-France remarque ainsi que « le retour sur site pose question, le sujet est fréquemment abordé lors de mes visites médicales ».

Olivier Coldefy, psychologue expert, observe pour sa part que 
« ce retour peut être vécu comme une régression. Les périodes de confinement ont été subies, mais elles ont pu apporter des bénéfices secondaires : plus de transport, plus de promiscuité, une redécouverte de la vie familiale… ».
La médecin francilienne ajoute que 
« les gains sur le temps de sommeil ont également pu être considérables. […] Certains [salariés] sont par ailleurs très angoissés face au risque épidémique ».
Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint CFDT Cadres, remarque que 
« beaucoup n’avaient jusqu’à la crise pas goûté à l’autonomie offerte par le télétravail. Or ils ont constaté, à l’occasion des confinements, qu’ils étaient capables de travailler seuls ».
Le Monde relève que «
 le choc provoqué par le retour au bureau peut donc inciter certains d’entre eux à chercher à obtenir un maintien en télétravail intégral ». La médecin du travail confirme : « Nous recevons ce genre de demande ».
Le journal évoque «
 des problématiques que nombre de sociétés essaient de maîtriser, selon M. Coldefy. Il en veut pour preuve le fort accroissement des demandes d’ateliers sur les risques psychosociaux qui lui parviennent ».
Le psychologue précise :
 « Je vais en organiser autant en septembre et octobre prochains que sur l’ensemble de l’année 2019 ».
Le quotidien note qu’« 
à l’heure de la reprise, l’une des priorités de ces entreprises est de parvenir à détecter les salariés qui peinent à réintégrer l’organisation en présentiel », et cite notamment le cas d’Orange, « où un retour a été impulsé à compter du mois de juin après une phase de recours important au télétravail. […] Une étude sur l’état de stress des équipes françaises devrait être menée en fin d’année. Les managers devront par ailleurs favoriser la réintégration dans les murs de l’entreprise ».
« En parallèle, des sociétés tentent de mettre en place de nouvelles organisations sur le long cours. Elles doivent permettre notamment d’apaiser les tensions et de faire un pas en direction des salariés qui redoutent le retour en présentiel », 
continue Le Monde.

 

« L’établissement de santé mentale de Bailleul, symbole de la déliquescence de la psychiatrie en France »

Date de publication : 13 septembre 2021

Le Monde

Laurie Moniez remarque dans Le Monde que « l’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 km de là ».
Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance, déclare que « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France ».
Laurie Moniez observe que « dans le Nord, comme partout en France, […] la pénurie de psychiatres est devenue telle que des établissements de santé sont contraints de fermer des lits ou de fusionner pour assurer un minimum de garanties de soins aux patients ».
Le Dr Christian Müller, président de la Conférence des présidents de commission médicale d’établissement (CME) des Centres hospitaliers spécialisés (CHS) en psychiatrie, souligne que « même à Paris, à Sainte-Anne, ils ont du mal à recruter. La situation est particulièrement préoccupante et ce qu’il se passe à Bailleul est emblématique de la psychiatrie nationale ».
La journaliste continue : « Problème de démographie médicale, le nombre annuel de psychiatres formés a été divisé par 5 au milieu des années 1980. La crise est sans précédent, avec près de 30% des postes de praticiens vacants en France. […] Parallèlement, la psychiatrie ne séduit plus les étudiants en médecine. Comme à Bailleul, de nombreux postes d’internes ne sont pas pourvus en France ».
Le Dr Eric Salomé, président de la CME de l’EPSM des Flandres, remarque que « c’est une des spécialités les moins choisies. Il y a un problème d’attractivité et pourtant, on essaie de changer la représentation du métier auprès des jeunes ».
Le pédopsychiatre poursuit : « Chez nous, la baisse du nombre d’internes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Quand on est moins nombreux dans un service, il y a un effet boule de neige, avec un nombre de gardes qui augmente et une charge de travail qui s’accroît ».
« La concurrence est désormais sur les conditions de travail et sur les finances. Moi, je reste à l’EPSM des Flandres car je travaille avec des équipes qui me donnent envie, que mon travail est plus intéressant ici qu’ailleurs et que les projets sont passionnants »,
 continue le Dr Salomé.
Laurie Moniez note cependant que « d’autres ont préféré partir. En février, la direction de l’EPSM des Flandres a été contrainte de fermer une ligne de garde. […] En quelques mois, la direction a dû faire face à l’annonce du départ de 3 de ses 6 praticiens hospitaliers ».
La journaliste note que « dès son arrivée, en 2017, Valérie Bénéat-Marlier [directrice générale des EPSM Lille-Métropole et des Flandres] a pris d’importantes décisions pour faire face au déficit de près d’un million d’euros ».
La directrice indique que « désormais, on a les moyens de recruter correctement. On a une situation budgétaire saine, des projets innovants, mais sauf à vouloir tuer le service public psychiatrique, il faut corriger les écarts de rémunération entre public et privé ».
Laurie Moniez ajoute que « la directrice, comme les syndicats, réclame aussi une répartition plus juste des internes, car depuis la réforme du troisième cycle de 2017, la majorité d’entre eux sont affectés au CHU de Lille. L’Agence régionale de santé des Hauts-de-France, à Lille, reconnaît que «la baisse du nombre d’internes dans cet établissement peut s’expliquer par une modification des maquettes d’internat intervenue en 2017, avec pour conséquence d’augmenter le nombre de stages au profit des CHU» ».
« En attendant, c’est devant les locaux lillois de l’ARS que syndicats […] et élus locaux manifesteront le 16 septembre pour dire «non au démantèlement de l’EPSM de Bailleul et à la relocalisation de 70 lits de psychiatrie adulte sur le site de l’EPSM d’Armentières» »,
 continue la journaliste.
 

« Le télétravail présente-t-il un risque pour notre santé ? »

Date de publication : 20 septembre 2021

Le Figaro

Le Pr Christian Géraut, médecin spécialiste de la santé au travail, membre de l’Académie nationale de médecine, traite de cette question dans Le Figaro.
Après un véritable boom du télétravail, 
« actuellement, il semble y avoir des désirs de retour en présentiel, tant de la part des salariés, qui souhaitent se retrouver en compagnie de leurs collègues, que des employeurs, qui veulent disposer de leurs salariés sur place. Les directives gouvernementales deviennent plus souples », observe le spécialiste.
« 
La toute récente loi du 2 août 2021, dite pour « renforcer la prévention en santé au travail » cite, dans son article L. 4 622-2 du code du travail modifié, l’impact du télétravail sur la santé comme un sujet de surveillance particulière par les médecins du travail. Ils doivent évaluer la qualité de vie et des conditions de travail quelles qu’elles soient, y compris le travail à domicile, et les conséquences sur la santé des changements organisationnels. C’est une extension des tâches des médecins du travail », indique-t-il.
Concernant « 
les aspects positifs [du télétravail] qui influent favorablement sur le bien-être des salariés », le médecin cite :

  • « Sur leur santé : le télétravail permet d’éviter la contamination par le Covid ou d’autres infections, de s’épargner de longs et fatigants trajets, (…) de ne pas subir dans les grandes villes des encombrements sources de stress, ou des transports en commun surchargés et parfois désagréables ».

  • « Sur leur confort de vie : le télétravail offre à certains salariés la possibilité de déménager de grands centres urbains pour des habitats plus grands et plus aérés ». 

Le professeur fait état de « certains points négatifs pour la santé pourraient cependant être pris en compte et corrigés » :
– « Sur l’ergonomie du poste de travail » : le médecin évoque « [un] ordinateur (…) souvent de moindre performance » ; « un siège de bureau de bonne qualité ». « Faute de place adaptée, l’ordinateur est souvent mal situé dans un emplacement réduit, mal étudié, parfois devant une vitre exposée au soleil avec une luminance de 25.000 candélas par m2 alors que l’écran a une luminance de 25 candélas par m2. L’oeil s’adaptant automatiquement à la source lumineuse la plus intense va fatiguer sur l’écran de l’ordinateur dont la luminance est faible », poursuit-il. « L’absence de médecine du travail à domicile ne permet pas de corriger ces erreurs ergonomiques à l’origine de troubles ophtalmologiques (fatigue visuelle, vision trouble, ­diplopie, hémorragies conjonctivales, céphalées surtout occipitales, etc.) et de troubles ostéo­ articulaires, notamment des cervicalgies du fait d’une tension accrue sur les muscles du cou », note-t-il.
– « 
Sur l’hygiène de vie », le médecin indique  « des perturbations dans les horaires de sommeil, lorsque le travail se fait aux dépens du sommeil, le salarié voulant profiter de la « zone de tranquillité » le soir après le dîner et le coucher des enfants », et note que « la sédentarité accrue (notamment parce que le salarié ne se déplace plus à pied pour aller au travail, pour monter des escaliers, etc.) ajoute ses effets négatifs sur la santé physique et mentale ». 
– « 
Sur la vie sociale : certains salariés ressentent une sensation d’isolement à domicile (26% des salariés) », rapporte-t-il
– « 
Sur l’articulation avec la vie ­privée : avec le télétravail, apparaît une double tâche source de fatigue et parfois d’épuisement, avec une probable inégalité homme-femme, cette dernière s’occupant davantage des enfants tout en travaillant (elles sont 1,5 fois plus dérangées par les enfants qu’en période de travail normal d’après une enquête Ipsos) », assure-t-il.
« 
L’utilisation de casques anti-bruit n’est pas encore répandue ni financée », note le médecin.
« 
Certains se plaignent par ailleurs de ne plus avoir de véritable tranquillité et de capacité de récupération au domicile, le télétravail intervenant [parfois] à toute heure (…) L’habitude de solliciter les personnes à toute heure peut aussi entraîner le non-respect des jours habituels de repos », observe Christian Géraut.
« 
L’enquête Ipsos a montré qu’il y avait chez les salariés en télétravail 48% de stress en plus, et 34% de femmes en télétravail se plaignant de burn-out. Il existe aussi chez certains la crainte d’avoir un profil de carrière plus difficile, en particulier pour les femmes », souligne-t-il.

 

Alzheimer – « Entourez-le d’amour et protégez-vous »

Date de publication : 21 septembre 2021

Le Parisien

« À l’occasion de la journée mondiale [de la maladie d’Alzheimer], Élie Semoun adresse un message à tous ceux qui s’occupent d’un proche atteint par cette maladie. Elle touche 900.000 personnes en France », indique Elsa Mari dans Le Parisien.
« 
Dans son documentaire, « Mon vieux », l’humoriste Élie Semoun faisait vivre, à l’écran, le quotidien de son père Paul, atteint de la maladie d’Alzheimer », rappelle la journaliste. « Un an après, l’humoriste, parrain de la Fondation pour la recherche médicale, revient sur son deuil douloureux », ajoute-t-elle. L’humoriste évoque tout d’abord l’« élan de solidarité » qui a suivi son documentaire.
« 
Votre père a été diagnostiqué à 84 ans. Que saviez-vous alors de cette maladie ? », demande la journaliste. « Rien du tout, que des choses drôles ! Muriel Robin, qui est une très bonne amie, me parlait de sa maman qui racontait n’importe quoi et délirait. Il y a une forme de folie douce au début de la maladie », répond-t-il.
« 
Comment avez-vous géré ce rôle d’aidant ? », interroge Elsa Mari. « On s’abîme psychologiquement, on devient fou. Je craquais et je le ramenais à Lyon chez ma soeur. Puis on lui a trouvé une résidence pour personnes âgées, alors là, ça a été horrible, il a fallu le mettre dans un appartement de 40 m² et le laisser alors qu’il ne comprenait pas ce qu’il faisait là », raconte Élie Semoun.
« 
Il a commencé à embêter tout le monde, à réveiller sa voisine à 3 heures du matin, la directrice nous a dit qu’il serait temps de le confier à un Ehpad », poursuit-il. « L’autre étape a été de le convaincre d’y aller, de lui faire croire que ça allait être sympa, de tout positiver alors qu’au fond, c’était à pleurer. Mais on ne peut pas faire autrement. À un moment, il faut passer au-delà de sa culpabilité », se souvient-il.
« 
Tout est dégueulasse dans cette maladie. Avec ma soeur, on se disait parfois, « vivement qu’on en finisse », car notre père était un poids. Évidemment, c’était la tristesse, la colère qui nous faisaient penser cela. Personne ne veut voir son père, le Superman de son enfance, perdre ses facultés », témoigne-t-il. Quand « votre père comprend qu’il perd la mémoire », « c’est le pire dans la liste des horreurs. Il avait des accès de lucidité et ses yeux se noyaient de larmes car il devait s’apercevoir de son état », indique-t-il.
« 
Vous avez dit : « Le confinement a tué mon père ». Pourquoi ? », demande la journaliste. « L’isolement a accéléré sa chute. On n’a pas pu le voir durant deux mois et il pensait qu’on l’avait abandonné. On l’appelait tout le temps sur FaceTime, mais ça ne changeait rien, c’était virtuel », affirme l’humoriste. « Plein de personnes âgées sont mortes faute d’avoir reçu de l’affection », persiste-t-il.
« 
Je conseille à ceux qui sont dans cette situation de tout extérioriser, de lâcher prise et de dire à la personne qu’on l’aime avant qu’elle meure. Armez-vous de patience, ne lui en voulez pas s’il vous fait répéter dix fois, entourez-le d’amour, c’est très important, et pensez à vous protéger », recommande l’humoriste en conclusion.

 

« Psychiatrie : des Assises très attendues pour une discipline en crise »

Date de publication : 27 septembre 2021

Le Monde La Croix

C’est ce que titre Le Monde, qui note que « présentées par le ministère de la Santé comme un «moment historique du débat national», les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie amèneront-elles des réponses concrètes aux maux psychiques des Français et à la détresse de ceux qui les soignent ? ».
Le journal indique qu’«
 annoncées par Emmanuel Macron le 14 janvier 2021, d’abord prévues en juillet, elles se tiennent finalement ces 27 et 28 septembre et seront clôturées par le président de la République, une confirmation pour certains de l’attention portée au sujet par l’Elysée. Le contexte est d’autant plus périlleux que la pandémie, avec ses effets délétères sur la santé mentale de la population, a aggravé un état des lieux déjà critique ».
Le Monde relève ainsi qu’
« alors que les troubles psychiques (dépression, schizophrénie, troubles anxieux, addictions…) concernent des millions de Français, et représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’Assurance-maladie par pathologie, les rapports et tribunes s’accumulent depuis des années pour dénoncer une situation intenable, sur fond toutefois de fortes disparités sur le territoire ».
Le journal souligne notamment que «
 la capacité d’accueil en psy dans les hôpitaux publics a chuté de 13% entre 2013 et 2019, au profit du secteur privé. Les délais pour un premier rendez-vous dans les centres médico-psychologiques, premier maillon de prise en charge dans le secteur public, peuvent dépasser un an, notamment en pédopsychiatrie, particulièrement sinistrée. Ces derniers mois, certains jeunes ne trouvent pas de lit lorsqu’ils arrivent en urgence pour troubles anxieux et un fort risque suicidaire, alors que ces situations ont augmenté avec la pandémie ».
Le Monde poursuit :
 « Les deux jours d’Assises et les annonces attendues d’Emmanuel Macron pourront-ils éclaircir l’horizon ? Pour le professeur de psychiatrie et d’addictologie Michel Lejoyeux, qui préside la Commission nationale de la psychiatrie, lancée en janvier pour la préparation de ces journées, «ces Assises sont importantes mais ne régleront évidemment pas à elles seules la crise majeure de notre discipline». Le spécialiste espère toutefois «l’annonce de mesures structurantes et une reconnaissance, avec l’inscription de la psychiatrie et de la santé mentale comme “priorité nationale”» ».
Le quotidien précise : 
« Parmi les urgences, le Pr Lejoyeux pointe la démographie en berne des professionnels et en particulier des psychiatres, et les tensions pour l’accès aux soins de santé mentale ».
Le spécialiste indique que 
« face aux besoins considérables, la priorité n’est pas de mettre toute l’organisation par terre mais de renforcer l’existant. Pour sortir des prophéties auto-réalisatrices, on doit trouver une attractivité pour les jeunes ».
Le Monde note en effet que 
« le manque d’appétence pour la psychiatrie s’est encore confirmé cette année. Au terme des épreuves classantes nationales, où les médecins en formation choisissent leur spécialité, 71 postes de psychiatrie (soit 13% des postes proposés) n’ont pas trouvé preneurs », ajoutant que « nombre de professionnels, de familles, de patients, restent dubitatifs sur l’issue de ces Assises ».
Le Dr Nicolas Rainteau, psychiatre, responsable du centre de rétablissement et de réhabilitation (C2R) Jean-Minvielle, à Montpellier, a ainsi observé :
 « Les intervenants et les thématiques sont déjà bien connus. Ce sont les mêmes qu’aux différents congrès. Peur de ne rien voir de concret. […] L’état des lieux, tout le monde le connaît. Le délégué ministériel qui a été nommé en 2019 l’a fait, sans compter les nombreux rapports ces dernières années ».
« Parler des outils de soins ou d’accompagnement c’est bien, mais pourquoi n’y a-t-il jamais de discussion sur au service de quoi on met ces outils ? Je crains qu’une fois de plus, on se contente de survoler les sujets, sans résoudre les questions concrètes telles qu’elles se posent à nous, en bout de chaîne : comment on accompagne le retour à l’emploi des patients, pourquoi des projets innovants ne trouvent pas d’appui au niveau des mairies, régions, agences régionales de santé… ? […] Des moyens il y en a, mais c’est tout un système à repenser », 
poursuit le médecin.
Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, remarque pour sa part :
 « Nous sommes étonnés que seul le point de vue de l’hôpital soit présenté, alors que l’une des problématiques concerne la santé des étudiants qui souffrent du contexte sanitaire et qui nécessitent des approches décloisonnées ».
Le Monde ajoute que «
 beaucoup d’acteurs, notamment associatifs, regrettent une orientation surtout sanitaire et l’absence des débats des acteurs de l’accompagnement social et médico-social ».
De son côté, La Croix se penche sur 
« ces enfants qui pâtissent de la pénurie de pédopsychiatres ». Le journal note qu’« alors que se tiennent les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ces 27 et 28 septembre, les pédopsychiatres alertent sur leurs difficultés à répondre aux besoins grandissants des mineurs. Des familles, en particulier les plus modestes, se retrouvent sans solution pour leur enfant ».
Le quotidien relève que «
 le problème est connu depuis des années : la France manque de pédopsychiatres, tant dans le secteur public que dans le privé. […] Une pénurie d’autant plus sensible que la crise sanitaire a entraîné une augmentation des troubles anxieux et des tentatives de suicide chez les moins de 15 ans. […] Clés de voûte de la psychiatrie ambulatoire des mineurs, les centres médico-psychologiques (CMP) et médico-psycho-pédagogiques sont désormais contraints de faire du «tri» ».
La Croix note qu’«
 affichée comme une priorité par le gouvernement, la santé mentale des enfants sera l’un des thèmes majeurs des Assises de la psychiatrie qui s’ouvrent ce 27 septembre ».

 

« J’ai joué de l’alto pendant mon opération du cerveau »

Date de publication : 29 septembre 2021

Le Parisien

Le Parisien indique que « la chirurgie éveillée a permis à Adrien Tournier, 42 ans, de se faire ôter une tumeur tout en s’assurant que l’ablation ne le priverait pas de son métier d’altiste. Le musicien et son neurochirurgien racontent ».
Le journal note ainsi que le musicien 
« se souviendra toute sa vie du récital très particulier qu’il a donné la semaine dernière au CHU de Caen… pendant l’opération à cerveau ouvert au cours de laquelle une tumeur lui a été retirée le 21 septembre dernier ».
« Sur la vidéo disponible sur notre site Internet, on voit ce musicien professionnel jouer un chant de marins, « Le Forban », au violon alto, au cœur du bloc opératoire. Son neurochirurgien David Berro, 36 ans, et son équipe s’animent derrière la protection translucide qui sépare l’instrument et le malade de sa boîte crânienne béante, encadrée d’un champ opératoire stérile. Un peu plus loin dans la séquence, on observe le médecin appuyer à l’aide d’un outil muni de deux broches métalliques, directement sur le cerveau, et vérifier l’absence d’effet sur son patient », 
explique le quotidien.
David Berro précise qu’«
 une tumeur cérébrale se trouvait à un carrefour, dans une zone fonctionnelle responsable du langage, de la motricité et de la vue. On sollicite le patient pendant la chirurgie pour voir si les zones cérébrales qu’on veut enlever sont très utiles ou responsables d’une fonction particulière. On vérifie à l’aide d’une stimulation électrique. Si cela interfère avec une fonction, on n’enlève pas, sinon on le fait. De cette manière, on réalise une cartographie du cerveau ».
Adrien Tournier remarque pour sa part : 
« Je ne connaissais pas cette technique. Avant, oui, j’ai eu de l’appréhension et je me suis préparé psychologiquement, notamment avec une neuropsychologue. J’ai eu le trac, bien sûr, mais deux jours avant, j’étais prêt. Pendant l’opération, je n’ai pas eu peur. Le moment le plus impressionnant était celui de l’ouverture du crâne. Ça fait un peu comme une perceuse ».
Le Parisien rappelle que «
 la technique est utilisée depuis plusieurs décennies, le plus souvent pour des applications plus courantes comme le langage ou la vue ».
David Berro explique que
 « cela a un sens médical. On peut aussi passer par l’imagerie pour visualiser l’activité cérébrale, mais on ne peut pas passer un violon à l’IRM et cette méthode de la chirurgie éveillée est la plus fiable. Il reste assez rare de tester autre chose que la motricité et le langage, pour des contraintes techniques ».
« Le violon est sa profession, il était particulièrement important de préserver sa pratique. Cette zone du cerveau est importante pour la main droite et peut coordonner la musicalité. La stimulation était destinée à voir si on allait bloquer l’usage du violon et ça n’a pas été le cas »,
 poursuit le neurochirurgien.
Il ajoute que 
« l’opération a duré 4 heures et nous lui avons demandé de jouer 5 à 10 minutes. Grâce à ces tests, on a pu enlever tout ce qu’on voulait. Cette tumeur ne semblait pas trop méchante. Le patient est sorti sans problème. Il était très motivé, ce qui est indispensable pour ce genre d’opération. D’après les tests réalisés après la chirurgie, ses capacités n’ont pas été altérées et il pourra reprendre son activité professionnelle au terme de sa convalescence de 3 mois ».

 

« Le repérage des dépressions post-partum renforcé par le gouvernement »

Date de publication : 29 septembre 2021

Libération La Croix

Marlène Thomas relève dans Libération que « longtemps incomprise, minimisée, occultée, la dépression post-partum commence enfin à se faire une place dans les politiques publiques françaises. A l’occasion des Assises de la santé mentale à Paris, le secrétaire d’Etat à l’Enfance, Adrien Taquet, a rappelé une mesure, déjà annoncée l’an dernier dans le sillage du plan des «1000 premiers jours» : un «entretien systématique autour de la cinquième semaine après l’accouchement» sera instauré début 2022 pour repérer les dépressions post-partum ».
La journaliste rappelle en effet que «
 cette souffrance ne touche pas qu’une poignée de parents : un récent sondage OpinionWay pour Qare relève que 30% des mères sondées disent avoir connu un épisode dépressif après la naissance de leur enfant, ainsi que 18% des pères ».
Elle évoque une 
« nouveauté de 2021, «pour les femmes à risque, [le premier entretien à la cinquième semaine, ndlr] sera suivi d’un second entretien autour de la douzième semaine». […] Les facteurs de risque restent pour l’heure à déterminer. Antécédents de dépression, conditions socioéconomiques, mariage et entourage de la mère sont généralement scrutés par les spécialistes ».
Marlène Thomas note que Fanny Jacq, directrice santé mentale au service de téléconsultation Qare et psychiatre spécialisée en périnatalité, 
« salue une «bonne mesure» mais insiste sur la nécessité de prévoir pour toutes les femmes ces deux entretiens ».
La psychiatre souligne que 
« le pic de dépression post-partum est à peu près 3 mois après l’accouchement, s’il n’y a pas de consultation à ce moment-là, le rendez-vous précédent est un peu un coup d’épée dans l’eau ».
Marlène Thomas observe que
 « pour les experts, la période de dépression s’échelonne de 6 semaines après l’accouchement aux 3 ans révolus de l’enfant », et relève que « seules 5% des mères disent dans le sondage avoir été diagnostiquées par un spécialiste et 78% des parents n’avaient jamais entendu parler de la dépression post-partum lors des rendez-vous médicaux. Une absence de diagnostic liée également à une méconnaissance de cette pathologie et à un manque criant de formation du côté des professionnels de santé ».
La Croix remarque également que
 « le gouvernement s’attaque aux dépressions post-partum. Un «entretien systématique autour de la 5e semaine après l’accouchement» sera instauré début 2022 pour repérer ce mal encore méconnu, qui toucheraient entre 15 et 30% des mères, a déclaré […] le secrétaire d’État à l’enfance Adrien Taquet ».
Ce dernier a ajouté que 
« pour les femmes à risque, il sera suivi d’un second entretien autour de la 12e semaine ». Le journal note qu’« il sera effectué par des professionnels de santé : médecins traitants ou sages-femmes, qui auront été sensibilisés au repérage des dépressions post-partum, précise-t-on au secrétariat d’État. Si des signes de dépression sont détectés, le parent pourra être orienté vers un psychiatre ou psychologue ».

 

« Consultations psy remboursées et « effort massif »… Macron au chevet de la santé mentale »

Date de publication : 29 septembre 2021

Libération Le Figaro

Nathalie Raulin relève dans Libération que « c’est avec la ferme intention de remobiliser une discipline longtemps négligée par les pouvoirs publics qu’Emmanuel Macron a clôturé les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ce mardi ».
Le président de la République a ainsi déclaré : 
« Vos professions méritent la considération. Cela doit conduire à ce que le sujet prenne une place différente dans la société et le débat public ».
La journaliste observe que 
« cette réhabilitation en grande pompe doit beaucoup à la pandémie. La réduction des interactions sociales, la baisse d’activité physique tout comme la peur de la maladie ont affecté massivement la santé mentale de la population. Tabous, ces maux restent souvent sans soin. Seul un malade sur trois est aujourd’hui suivi par un professionnel de santé, à en croire un sondage CSA pour l’Unafam (Union nationale de familles ou amis de personnes malades ou handicapés) et la fondation Pierre-Deniker. De quoi augurer d’une situation explosive, l’anxiété pouvant dégénérer en dépression faute d’être soignée à temps ».
Nathalie Raulin explique que
 « pour élargir rapidement l’offre de soin et faciliter les prises en charge précoces, Macron fait assaut de pragmatisme. L’hôpital étant débordé, il en appelle au secteur privé. Après le «chèque psy» mis en place pour soutenir les étudiants affectés par la crise, puis du «forfait 100% psy enfant» instauré mi-avril en faveur des 3-17 ans, le Président annonce la création d’un forfait psy de plusieurs consultations, renouvelable si besoin ».
« Des consultations qui, sur prescription médicale, seront remboursées par l’Assurance maladie à hauteur de 40 euros pour la première et 30 euros pour les suivantes. Un tarif indécent aux yeux du syndicat national des psychologues, qui appelait mardi ses troupes à protester préventivement », 
relève la journaliste.
Nathalie Raulin ajoute que le chef de l’Etat 
« déclare vouloir «faire un effort massif pour l’hôpital». Au programme : rénovation des locaux, revalorisation des salaires et renforcement des équipes de soignants. Et le Président d’annoncer la création dès 2022 de 800 postes dans les centres médicaux psychologiques, structure de premier recours pour la santé mentale auprès de la population. Objectif : réduire le délai d’obtention d’un premier rendez-vous. Lequel peut aujourd’hui atteindre 18 mois dans les territoires les plus en tension ».
Pauline Fréour note également dans Le Figaro que «
 les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui se tenaient lundi et mardi ont été l’occasion d’un bilan inédit sur un secteur en plein marasme. Très attendues, les mesures annoncées […] par Emmanuel Macron ont cherché à rassurer et valoriser des professionnels à bout de souffle, minés par le manque d’attractivité du secteur, une demande croissante de soins et la détresse des patients et de leurs proches devant la difficulté, parfois, à se faire soigner ».
La journaliste explique notamment que 
« cela se traduit, au niveau humain, par plusieurs efforts, le plus symbolique étant la création de 800 postes dans des centres médico-psychologiques, structures locales accessibles gratuitement à tous, où les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent atteindre à certains endroits dix-huit mois. Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d’une quarantaine d’équipes mobiles pour aller à la rencontre des populations isolées et une augmentation du nombre d’«infirmiers en pratique avancée» (plus autonomes, spécialisés, capables de renouveler des ordonnances par exemple) supérieure à ce que prévoyait le « Ségur de la santé » ».
Pauline Fréour évoque «
 la généralisation à tout le territoire des consultations de psychologue remboursées par la Sécurité sociale sur prescription médicale, à hauteur de 40 euros la première et 30 euros les suivantes. Un tarif jugé insuffisant par les syndicats de la profession, mais qu’Emmanuel Macron a pour sa part défendu comme étant «un encadrement juste et équilibré et une tarification réaliste comparée à d’autres spécialités» ».
La journaliste note en outre qu’« 
un fonds spécial de 80 millions d’euros devrait être réservé au financement de la recherche en psychiatrie orienté vers l’intelligence artificielle, les neurosciences et les dispositifs médicaux, dans le cadre du 4e programme d’investissement d’avenir ».
« Professionnels et associations se disent satisfaits de l’analyse du problème présentée par le président, mais attendent encore de voir les retombées réelles de ses ambitions, en cette année préélectorale »,
 conclut Pauline Fréour.