Archive for the ‘Revue de presse’ Category.

Revue de presse santé psy – janvier 2023

« Le congé de paternité réduit le risque de dépression post-partum chez les pères »

Date de publication : 4 janvier 2023

Le Monde

Le Monde note en effet que « si la dépression post-partum (DPP) chez les mères commence à être bien documentée, cette même pathologie chez les pères reste encore un tabou et ne fait l’objet que de très peu d’études. C’est pourtant une problématique réelle, puisqu’on estime que la DPP paternelle touche de 8% à 10% des pères à travers le monde dans l’année suivant la naissance de leur enfant ».
Le journal indique que « comme toute autre dépression, il s’agit d’une maladie multifactorielle », et cite la Dre Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), à Colombes, et chercheuse.
Elle déclare ainsi : « On peut dresser un parallèle entre les pères et les mères : la précarité, des antécédents psychiatriques, une grossesse difficile, le chamboulement social ou le manque de sommeil survenant avec l’arrivée d’un bébé sont autant de facteurs qui peuvent déclencher une DPP chez l’un ou l’autre des parents ».
Le Monde explique que « chez les pères, la DPP peut se manifester différemment. Là où une mère exprimera surtout de la tristesse, un père pourra manifester de la colère et de l’irritabilité ». La Dre Tebeka note qu’« ils développent aussi des conduites d’alcoolisation ou de consommation de produits illicites ».
Le journal souligne que « cette pathologie n’est pas à prendre à la légère. En effet, d’après la psychiatre, «les pères, comme les mères, jouent un rôle central dans le développement de l’enfant, autant en positif qu’en négatif». La dépression d’un père peut aussi peser sur la santé mentale de la mère. Il est donc important de prendre des mesures qui permettront de réduire le risque de DPP paternelle ».
Le quotidien fait savoir qu’« une étude de l’Inserm pilotée par la chercheuse Maria Melchior […] montre les effets positifs du congé de paternité sur la santé mentale des pères. Les chercheurs se sont basés sur un échantillon provenant de la cohorte Elfe […] et se sont intéressés aux effets de ce congé, d’une durée de 14 jours à l’époque [2011], sur la prévalence de la DPP chez les deux parents, 2 mois après la naissance de l’enfant ».
« 5,7% des pères n’ayant pas pris ce congé développent une DPP quand seulement 4,5% de ceux qui ont fait le choix de s’arrêter présentent cette pathologie. Même les pères ayant programmé un congé parental, mais ne l’ayant pas pris au cours des 2 premiers mois (ils ont 6 mois pour le prendre), semblent bénéficier d’une telle perspective, 4,8% d’entre eux souffrant d’une dépression »,
 ajoute Le Monde.
Le journal conclut par une « bonne nouvelle, en 2021, le congé de paternité est passé de 14 à 28 jours. L’étude va donc pouvoir continuer et s’enrichir de nouvelles données ».

« Pourquoi la dépression postnatale touche aussi les hommes »

Date de publication : 5 janvier 2023

Le Figaro

Pauline Fréour note à son tour dans Le Figaro que « des chercheurs français ont cherché à évaluer l’impact du congé paternité octroyé en France depuis 2002 sur la santé psychique du couple parental. Leurs résultats ont été publiés mercredi dans la revue The Lancet Public Health ».
La journaliste rappelle que « la dépression du post-partum (ou postnatale) est une pathologie psychiatrique, diagnostiquée lorsque certains symptômes sont présents au quotidien pendant au moins 15 jours : difficultés à fonctionner (aller au travail, s’occuper de ses enfants, se concentrer…), tristesse (chez les mères notamment), irritabilité voire colère (chez les hommes) ».
« Les mécanismes sous-jacents sont les mêmes pour les deux sexes : cette période de grand changement qu’est l’arrivée d’un bébé peut générer une fragilité particulière, et amorcer des problèmes psychologiques plus durables. Les facteurs de vulnérabilité sont multiples : avoir subi des traumatismes dans l’enfance ou l’adolescence, avoir déjà souffert de dépression, être précaire, isolé ou encore exercer un travail stressant »,
 continue Pauline Fréour.
Elle explique que « l’équipe de Maria Melchior, épidémiologiste et directrice de recherche Inserm à l’institut Pierre Louis de santé publique, s’est appuyée sur le suivi de la cohorte Elfe. […] Les jeunes accouchées étaient rencontrées lors d’un entretien peu après la naissance du bébé. Puis 2 mois plus tard, père et mère étaient contactés par téléphone. L’occasion de vérifier si le père avait droit au congé paternité et s’il envisageait de le prendre ou l’avait déjà pris. Les deux parents se voyaient aussi poser les questions de «l’échelle de dépression postnatale d’Édimbourg» ».
La journaliste relève que « les hommes ayant pris leur congé ou prévoyant de le prendre souffraient moins de dépression du post-partum que ceux qui n’envisageaient pas d’y recourir (respectivement 4,5%, 4,8% et 5,7%) ».
Les chercheurs remarquent : « Cela suggère qu’en plus des bénéfices que le congé paternité peut avoir sur la dynamique familiale et le développement de l’enfant, cette disposition peut aussi avoir des retombées positives sur la santé mentale des pères ».
Pauline Fréour ajoute que « le congé de paternité s’avère non seulement protecteur pour les hommes, mais il est aussi bénéfique pour l’enfant ».
Les chercheurs soulignent qu’« il permet aux pères de passer du temps avec leur bébé très tôt et de s’adonner à des activités telles que le peau à peau ou les repas. Ces moments (partagés) réduisent le risque pour l’enfant de présenter plus tard des troubles émotionnels ou du comportement, d’anxiété ou de dépression, ou de retard de langage ».
Le Dr Sarah Tebeka, psychiatre spécialisée en psychiatrie périnatale au CHU Louis-Mourier à Colombes (AP-HP) et enseignante-chercheuse à l’Université Paris Cité, note pour sa part : « Beaucoup de choses se développent autour de la femme en périnatalité, ce qui est tout à fait positif, mais n’oublions pas qu’il faut être deux pour danser la valse. La santé du père est l’un des principaux déterminants de la santé de la femme et de l’enfant. Or la dépression du père est encore très taboue, y compris chez les cliniciens et les chercheurs ».
« L’enjeu consiste donc à repérer les hommes concernés. Mais pour cela, encore faut-il les rencontrer. Certains acteurs de la périnatalité s’ouvrent au sujet »,
 observe Pauline Fréour.
La journaliste cite notamment le Pr Catherine Massoubre, chef du pôle de psychiatrie du CHU de Saint-Etienne, qui indique que « depuis un an, nous les incluons systématiquement dans le dépistage proposé aux mères quand ils les accompagnent ».

« Un ancien alcoolique décrypte la maladie dans un livre sans tabou »

Date de publication : 5 janvier 2023

Le Parisien

Le Parisien indique en effet que « dans « Sacrée descente », Yann Alex G. […] explique avec clarté et pudeur les mécanismes d’addiction à l’alcool, qu’il aimerait voir considérée comme une drogue. En attendant, il applaudit l’opération Dry January qui invite à limiter sa consommation durant tout le mois de janvier ».
Le journal note que « désormais abstinent, ce col blanc est devenu «patient expert addictions» au sein d’une fédération nationale (France Patients Experts Addictions, FPEA) et intervient à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), dont le service en la matière est reconnu nationalement ».
Le quotidien livre un entretien avec l’auteur, demandant : « À qui s’adresse votre livre ? ».
Yann Alex G. répond que « la première partie est destinée à ceux qui veulent comprendre la maladie et le chemin qui y mène, les gens ayant une relation malsaine avec l’alcool mais aussi ceux dont un proche est touché. La seconde partie s’adresse au grand public pour lui dire : Ouvrez les yeux ! Notre société de bons vivants offre un marketing excessif autour de l’alcool. Tous les jours, des élèves attendent leur bus pour les cours à côté d’une pub pour de la bière à 8 degrés, surnommée la bière de la défonce (elle équivaut presque à quatre whiskys). J’y détaille aussi cette pression sociale (un homme est viril s’il boit ; une femme qui refuse un verre est louche…), l’alcool dans le milieu professionnel, etc. J’explique comment dire non dans ce type de situation ».
Le Parisien poursuit : « Devrait-on supprimer totalement l’alcool du paysage ? ».
L’auteur répond : « Pas du tout ! La prohibition, ça ne marche pas. Toutes les sociétés vivent avec des drogues. Mais il faut réguler. Nous vivons dans une société « open bar » où tout est fait pour nous alcooliser : publicités, promotions, etc. […] La loi Evin, détricotée, n’est plus assez forte et n’est pas adaptée à Internet. Les bouteilles en magasin devraient être vendues derrière une vitre. L’âge des clients devrait être vérifié réellement. […] ».
Il évoque l’opération Dry January : « Cette initiative s’inscrit dans la mode du « consommer sain ». Cela permet de parler d’alcool de manière ludique au pays des bons vivants. Car l’alcoolisme reste la maladie de la honte. Celui qui était dans le déni peut ainsi avoir une prise de conscience et décider d’aller voir son médecin généraliste ».

« Psychiatrie : la piste prometteuse de l’inflammation chronique »

Date de publication : 9 janvier 2023

Le Figaro

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet dans Le Figaro : « Schizophrénie, troubles bipolaires, dépression, trouble du spectre autistique (TSA)… Malgré des progrès dans la prise en charge des maladies psychiatriques, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Raison pour laquelle la Pr Marion Leboyer souhaite changer radicalement la façon d’aborder les troubles mentaux ».
Elle explique que la responsable du département de psychiatrie des hôpitaux universitaires Henri-Mondor (Créteil), directrice de la Fondation FondaMental, « souhaite faire de la psychiatrie une médecine de précision au même titre que la cancérologie ».
Le Pr Leboyer indique ainsi : « Les pathologies psychiatriques sont des maladies d’origine biologique comme les autres ».
Nathalie Szapiro-Manoukian explique que « les pathologies psychiatriques touchent des personnes ayant hérité d’un patrimoine génétique les rendant plus vulnérables aux facteurs de risque environnementaux, et qui ont été exposées de façon précoce et/ou répétée à des stress variés: infections, mode de vie urbain, maltraitance infantile, migration, prise de drogues, etc. Leur organisme produit trop de molécules inflammatoires, à l’origine d’une inflammation chronique qui finit par gagner le cerveau ».
Le Dr Ryad Tamouza, chercheur et immunologiste aux côtés de la Pr Leboyer, remarque ainsi : « Pendant la grossesse, toute une série de preuves épidémiologiques montre une relation entre le fait d’avoir une infection, une maladie auto-immune, un stress, etc. et le développement d’un trouble psychiatrique chez l’enfant par la suite ».
Il précise que « les virus pour l’instant identifiés sont banals : herpès, virus d’Epstein-Barr, grippe, etc. Il n’y a pas de virus spécifique associé au développement d’une affection psychiatrique. Suite à une infection de la future maman par l’un de ces virus et si le fœtus a un patrimoine génétique qui le rend moins apte à se défendre, cela peut générer de l’inflammation et éventuellement altérer son neurodéveloppement. La toxoplasmose est aussi reconnue comme facteur de risque de survenue de maladie psychiatrique chez l’enfant en raison du tropisme cérébral de ce parasite ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute qu’« on sait désormais qu’il existe aussi des psychoses auto-immunes. L’équipe de la Pr Leboyer, en collaboration avec l’équipe de Laurent Groc à Bordeaux, est à l’origine du concept. Il s’agit de maladies psychiatriques caractérisées par la présence d’autoanticorps dirigés contre des récepteurs de neurotransmetteurs dans le cerveau. Proches de certaines protéines de pathogènes (virus ou parasite par exemple), les structures de ces récepteurs sont «reconnues» par ces autoanticorps qui déclenchent une réponse immunitaire ».
Le Pr Leboyer précise : « En attaquant par erreur ces récepteurs situés au niveau des synapses, les autoanticorps initialement dirigés contre les virus, les parasites, etc., empêchent la neurotransmission de se faire normalement, favorisant l’apparition de troubles psychotiques ».
« Nous allons démarrer en 2023 un programme hospitalier de recherche clinique pour tester l’efficacité de stratégies thérapeutiques immunomodulatrices (anti-inflammatoires, perfusion d’immunoglobulines) en plus du traitement habituel chez ces porteurs d’autoanticorps. Ces psychoses auto-immunes représentent un pourcentage non négligeable de troubles bipolaires et de troubles schizophréniques – souvent des formes très sévères – et nous espérons que ces stratégies pourront entraîner des améliorations, voire des rémissions »,
 indique-t-elle.

« Débat sur la fin de vie : les malades et anciens malades prennent la parole »

Date de publication : 9 janvier 2023

Le Parisien

Le Parisien note en effet que « tandis que la convention citoyenne sur la fin de vie reprend ses travaux ce week-end, des débats organisés par les comités éthiques régionaux se tiennent partout en France. Nous avons assisté à une rencontre organisée au CHU de Limoges ».
Bérangère Lepetit relate ainsi : « Ils l’ont parfois frôlé, la mort. L’ont redouté. S’en sont approchés sans pour autant y croire tout à fait. Et c’est d’ailleurs parce qu’ils ont été atteints d’un cancer, s’en sont remis ou pas encore, que Christine, Odile, Pierre-Yves, Laurence et Madeleine, tous membres du comité de patients d’oncohématologie du Limousin posent un regard aigu sur la fin de vie, en ce jour gris d’hiver, au CHU de Limoges ».
La journaliste explique qu’« invités par l’espace de réflexion éthique de Nouvelle-Aquitaine (ERENA) à débattre de ce sujet éminemment sensible, en plein débat national et alors qu’une convention citoyenne réfléchit ce premier week-end de janvier et ce, pendant trois mois, à la possibilité de changer l’actuelle loi, eux aussi prennent la parole, pour une fois. Leur regard est rare, précieux ».
Bérangère Lepetit observe : « Tandis que les derniers sondages font état d’une large adhésion des Français à la légalisation de l’euthanasie (9 sur 10 d’après un sondage Ifop), la salle du CHU de Limoges penche plutôt du côté des « antis ». Il y a par exemple Pierre-Yves, ancien médecin qui a contracté une leucémie il y a 12 ans ».
Il déclare : « On vit trop vite. Il faut prendre le temps de vivre, et de mourir. Que les personnes puissent accéder à la mort de façon pacifiée. Les soins palliatifs, c’est la première période du deuil ».
La journaliste relève que « tous ces patients s’accordent en tout cas sur un sujet : mieux communiquer, diffuser l’information à la population. Que les jeunes, dès leurs 18 ans, puissent être sensibilisés et connaître les différents choix qui s’offrent à eux. Tous recommandent d’écrire leurs directives anticipées, ces fameux souhaits de fin de vie ».
Bérangère Lepetit observe enfin que « le débat va prendre fin. Il a été « serein ». […] Reste encore à savoir si l’exécutif se saisira en 2023 des observations et de l’avis de la population, et de quelle manière ».

« Quelle éthique pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la santé ? »

Date de publication : 10 janvier 2023

Le Figaro
La Croix

Soline Roy fait savoir dans Le Figaro que « le Comité national d’éthique publie un avis sur les questions posées par l’utilisation de l’IA pour le diagnostic médical ».
La journaliste note ainsi : « Identifier en un éclair un AVC sur un scanner cérébral. Prévoir le risque suicidaire en analysant des conversations sur un réseau social. Déceler une maladie de Parkinson débutante grâce à un changement de démarche. Dépister un cancer du poumon à un stade ultra-précoce… ».
« Les promesses de l’intelligence artificielle (IA) sont nombreuses, et elle en remplit déjà beaucoup à toutes les étapes du soin, de la conception des médicaments au suivi post-traitement en passant par le dépistage et le diagnostic. Mais à l’aube d’une révolution médicale qui nous propose de mettre notre santé aux mains des machines, les questions soulevées sont nombreuses. Et en particulier les questions éthiques »,
 remarque-t-elle.
Soline Roy explique ainsi que « le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN), sous l’égide du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), rend public ce mardi un avis sur les enjeux liés à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine du diagnostic médical. Des enjeux «hétérogènes, voire parfois contradictoires, alertent les experts, entre intérêts économiques et industriels, promesses thérapeutiques pour les patients, modification de la pratique professionnelle des personnels de santé concernés et objectifs de régulation pour les autorités publiques» ».
La journaliste relève que « les concepteurs d’IA médicales n’ont que peu de comptes à rendre sur leurs produits. En France, précisent les auteurs de l’avis, ces dispositifs médicaux sont évalués par la Haute Autorité de santé lorsqu’ils ont vocation à être pris en charge par l’Assurance-maladie ».
Ils écrivent ainsi que « la presque totalité des algorithmes utilisés par les professionnels de santé se voient donc exclus de l’évaluation par la HAS puisqu’ils n’ont pour la plupart pas vocation à être vendus aux patients ».
Soline Roy poursuit : « Faut-il élargir le périmètre de la HAS ? Et sur quels critères évaluer ces nouveaux «systèmes très singuliers comparativement à, par exemple, un abaisse-langue ou des béquilles» ? Les risques de biais sont nombreux, à commencer par le choix des bases de données sur lesquelles sont entraînés ces programmes informatiques, lesquelles doivent donc être «elles-mêmes évaluées» ».
La journaliste relève que « l’une des règles d’or édictées par les membres du CNPEN et du CCNE est celle de «l’explicabilité» : un médecin doit toujours pouvoir expliquer ce que l’IA a découvert ou suggéré. Ces «décisions» doivent aussi toujours pouvoir être questionnées : il ne faut pas «se priver des avantages apportés par ces outils», mais se donner «constamment les moyens de prendre de la distance avec le résultat fourni» ».
Soline Roy s’interroge : « La machine totalement autonome existera-t-elle ? «Il faudra redéfinir le rôle et la responsabilité de l’expert», juge Philippe Moingeon, spécialiste de l’utilisation de l’IA pour le développement de médicaments. Mais de nombreux experts parient encore sur une longue supériorité de l’intelligence humaine ».
La Croix remarque de son côté : « Intelligence artificielle dans la santé, la prudence du comité d’éthique ».
Le journal retient ainsi que « l’intelligence artificielle utilisée pour le diagnostic médical ouvre des perspectives majeures, par exemple en permettant d’identifier des microlésions échappant à l’œil humain sur des radiographies, ou encore en permettant aux médecins de surveiller en continu les indicateurs biologiques des patients à domicile ».
Le quotidien ajoute qu’« elle ne saurait être utilisée «dans une logique de substitution à l’intervention humaine», insistent le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) ».
La Croix note que « l’algorithme peut en effet commettre des erreurs – aussi bien des faux négatifs (une lésion ou une anomalie lui échappe) que des faux positifs (il identifie des lésions qui n’en sont pas en réalité). Plus largement, ces outils «peuvent être binaires lorsqu’ils ne sont pas utilisés avec un regard critique» ».
« Le «contrôle humain à toutes les étapes du soin» fait ainsi partie des 16 recommandations émises par cet avis, qui compte du reste 7 points de vigilance. Parmi eux, le risque qu’il y a à considérer ces systèmes numériques comme «des solutions de substitutions des équipes médicales», dans un contexte de raréfaction des ressources hospitalières », 
souligne le journal.

« Prédire l’apparition des troubles anxieux dès l’adolescence »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro que « chez certains, l’angoisse peut devenir excessive et persistante, et entraîner différentes manifestations, allant de la phobie au trouble anxieux généralisé en passant par l’agoraphobie ».
La journaliste note ainsi que « sur toute une vie, une personne sur cinq souffrira d’un trouble anxieux. Ce sont les troubles psychologiques les plus fréquents. Ils débutent souvent dans l’enfance ou pendant l’adolescence, et «on sait que le diagnostic d’anxiété chez le jeune adolescent est prédictif d’anxiété plus tard», explique le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre, directeur du centre Psychiatrie du développement et trajectoires à Paris ».
Anne Prigent s’interroge : « Qu’en est-il des adolescents sans troubles diagnostiqués ? Peut-on repérer les plus à risques de développer une anxiété clinique une fois adulte ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre les chercheurs du laboratoire Trajectoires développementales et psychiatrie (Inserm/ENS Paris-Saclay) et du Centre Borelli (CNRS/Université Paris-Saclay) ».
Elle explique que « les scientifiques ont suivi un groupe de plus de 2000 adolescents européens âgés de 14 ans, pendant 9 ans. Les participants ont rempli des questionnaires en ligne sur leur état de santé psychologique à 14, 18 et 23 ans ».
Anne Prigent note ainsi qu’« à l’aide de l’intelligence artificielle, les chercheurs ont pu déterminer que la présence à l’adolescence de neuroticisme (tendance à ressentir des émotions négatives comme la peur, la colère, la culpabilité…, une mauvaise maîtrise des pulsions et une inadaptation face au stress), du désespoir (associé à un manque d’optimisme et de confiance en soi) et de symptômes émotionnels (qui regroupent des signes aussi divers que des maux de tête ou d’estomac, un sentiment d’inquiétude, d’abattement ou de peur), augmente significativement le risque de troubles anxieux plus tard ».
Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre, directeur de recherche Inserm et co-auteur de ce travail, souligne que « cette étude montre des prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés qui pourraient permettre de détecter plus tôt les patients et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne ».
« Mais, attention, mettent en garde les pédopsychiatres, il n’est pas question de faire passer ces tests à l’ensemble des adolescents de 14 ans »,
continue la journaliste.
Le Pr Philippe Duverger, pédopsychiatre au CHU d’Angers, remarque ainsi que « les études scientifiques restent tout à fait intéressantes, car elles nous permettent d’avancer dans la compréhension du fonctionnement cérébral et psychique des adolescents. Mais, en pratique, il n’y a aucun intérêt à prédire à un jeune de 14 ans des troubles qui surviendront dans quelques années. D’autant que ces prédictions peuvent être totalement remises en question par des éléments de vie ».
Le spécialiste ajoute que « dans la crise d’adolescence, on assiste à des fluctuations d’humeur. Rien d’anormal. En revanche, il faut être vigilant lorsque les changements s’installent, se majorent, s’amplifient. Il faut faire attention à l’adolescent qui s’isole, qui arrête son sport favori, qui stoppe une activité culturelle ou encore qui a des troubles du sommeil permanents ou a tout le temps mal quelque part ».

« « Blue Monday », le jour le plus déprimant de l’année qui n’est en réalité qu’un concept publicitaire »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Monde

Mathilde Damgé relève dans Le Monde que « depuis une quinzaine d’années, l’expression «Blue Monday» reparaît au mois de janvier sur les réseaux sociaux et dans les médias… Le «lundi le plus déprimant de l’année» tombe cette année le 16 janvier, dans un contexte particulièrement morose ».
La journaliste explique cependant que « ce concept, prétendument basé sur les calculs savants d’un psychologue, n’a d’existence que dans l’esprit d’experts en marketing. Décryptage de cette « infaux » à visée commerciale, bien éloignée des problèmes psychologiques réels ».
Elle rappelle ainsi que « le Blue Monday (qui s’inspire de l’expression anglaise to feel blue, «être déprimé») désignerait de manière irréfutable le troisième lundi de janvier comme le jour le plus déprimant de l’année… selon une prétendue étude scientifique parue en 2005, laquelle se base sur [une] équation ».
Mathilde Damgé explique que « cette équation relève plus d’une farce que de l’arithmétique : certains facteurs sont inquantifiables (météo, manque de motivation, etc.). Son auteur, Cliff Arnall, qui se présente comme psychologue, a lui-même admis en 2010 qu’il n’y avait rien de scientifique derrière ce calcul, et qu’il avait été commandé par une société de publicité pour le compte de l’agence de voyages Sky Travel. Ironie de l’histoire, il milite depuis pour son «abolition» dans le cadre d’une campagne sponsorisée par le comité touristique des îles Canaries ».
Dean Burnett, chercheur en neurosciences, souligne que « ce genre de calculs menace la compréhension que le public a de la science et de la psychologie. C’est également irrespectueux envers ceux qui souffrent de vraie dépression, car cela sous-entend qu’il s’agit d’une expérience temporaire et mineure, dont tout le monde souffre ».

« Anxiolytiques, antidépresseurs : comment se sevrer des médicaments psychotropes ? »

Date de publication : 16 janvier 2023

Le Figaro

Anne-Laure Lebrun constate dans Le Figaro qu’« une petite baisse s’amorçait ces dernières années, mais la pandémie de Covid-19 a relancé de plus belle les prescriptions de psychotropes ».
La journaliste relève ainsi : « Anxiété, angoisse, troubles du sommeil… Face à ces souffrances psychiques, «les instaurations d’antidépresseurs (+ 23%), d’anxiolytiques (+ 15%) et d’hypnotiques (+ 26%) pour de nouveaux patients sont en très forte croissance en 2021», notait en mai 2021 le rapport du groupement d’intérêts scientifiques Epi-Phare ».
Anne-Laure Lebrun souligne : « Des médicaments efficaces mais à utiliser avec parcimonie, et qu’il faut savoir arrêter, en raison du risque de dépendance ou de difficultés à l’arrêt. Les benzodiazépines utilisées contre l’anxiété et/ou l’insomnie mais aussi les antidépresseurs sont particulièrement concernés, et le risque est d’autant plus élevé que la prescription est prolongée et les doses importantes. Or, force est de constater que les ordonnances inappropriées sont encore trop nombreuses ».
La journaliste relève que « plus de la moitié des consommateurs de benzodiazépines y sont exposés plus de 2 ans, alors que la durée maximale de prescription recommandée est de 12 semaines pour les anxiolytiques et de 4 semaines pour les hypnotiques. Ces prescriptions inadaptées font le lit de la dépendance. Des études estiment que l’addiction aux benzodiazépines touche 50% à 80% des patients. Celle-ci s’exprime par l’incapacité de s’en passer et la nécessité d’augmenter les doses en raison de l’installation d’une accoutumance ».
« Il est alors très difficile de se sevrer, et lorsque les patients tentent d’interrompre leur traitement, un syndrome de sevrage peut surgir dans les jours qui suivent. Ce syndrome est marqué par le retour de l’anxiété ou des troubles du sommeil, mais aussi par l’apparition de nouveaux symptômes tels que des tremblements involontaires, des douleurs musculaires, des nausées, des céphalées, une photophobie ou des convulsions », 
continue Anne-Laure Lebrun.
Le D Alexandra Dereux, responsable de l’unité ambulatoire d’addictologie de l’hôpital Fernand-Widal (AP-HP), souligne que « le syndrome de sevrage peut engager le pronostic vital des patients. C’est pour cette raison que l’arrêt doit se faire de manière très progressive ».
La journaliste relève que « l’accompagnement psychologique, et en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), est également clé dans ce long processus afin d’agir sur l’insomnie chronique et l’anxiété qui ont justifié initialement la prescription. Ce suivi psychologique maximise les chances de réussite du sevrage : environ 80% de patients restent abstinents après une TCC, contre 7% sans aucune intervention et 40% en cas d’intervention brève réalisée par le médecin généraliste ».
Anne-Laure Lebrun note en outre que « s’il est difficile de prédire qui seront les patients concernés, on constate que ceux ayant présenté une relative intolérance au début du traitement sont davantage sujets aux manifestations de sevrage que les autres ».
Le Pr Christophe Lançon, chef du service de santé mentale adulte au CHU de Marseille, ajoute que « plus la demi-vie de l’antidépresseur est courte et plus les symptômes seront prononcés ».

« Le grand spleen des étudiants en médecine face à la crise de l’hôpital : « On se prend une douche froide » »

Date de publication : 17 janvier 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui note : « Alors que le système de soins craque, comment le vivent les futurs carabins, déjà pris dans le rouleau compresseur des études ? La situation les démoralise ».
Elsa Mari remarque ainsi : « Paul et Julian avalent vite leur croissant. Dans quelques minutes, ils prendront le chemin pavé qui mène à « la BU ». Comme tous les étudiants en médecine croisés ce matin devant le campus des Cordeliers, à Paris, les deux copains de 24 ans y ingurgiteront des tonnes de révisions, de la neurologie, de l’ophtalmo, de la dermato. Ils tiendront, ils l’espèrent, jusqu’à 22 heures, la fermeture de la bibliothèque universitaire. C’est leur dessein de la journée, ce sera celui du lendemain ».
La journaliste indique que « ces années de sacrifice à en perdre la tête feront d’eux des médecins généralistes. De campagne, aiment-ils dire. Paul, à Tours, la région lui plaît ; Julian, en Ardèche, entre la mer et l’Italie. L’hôpital n’a pas leurs faveurs. Manque de bras, manque de personnels, manque de tout… ».
Ils remarquent ainsi : « Infirmiers, aides-soignants… Tout le monde s’en va ! On n’ira pas, ça donne pas du tout envie ! […] Ça fout le blues ! ».
Elsa Mari note que « leur stage a conforté leur intuition. Paul […] est passé par les urgences et la pédiatrie ». Il déclare : « J’ai eu l’impression de voir des machines. Les médecins sont tellement débordés qu’ils manquent d’empathie. Ils parlent même du patient devant lui comme s’il n’était pas là ! […] Cette semaine, on s’est dit : Si t’avais su, t’aurais fait médecine ? On a tous dit non. ».
Charlotte remarque pour sa part : « On se demande dans quel monde on va débarquer ». Elsa Mari indique que « l’étudiante en 4e année savait tout ça, son métier serait éreintant, les études « un sacrifice », les gardes « un enfer ». Il n’empêche, sa première nuit aux urgences lui a fait l’effet d’une claque ».
« Elle garde l’image des couloirs « blindés » de malades sur des brancards. […] Prises en charge à retardement, manque de médecins, sentiment d’impuissance. Lassés d’attendre, les patients souffrants l’alpaguent en la voyant passer en blouse blanche. […] Mais rien ne la découragera de devenir chirurgienne. […] Charlotte essayera de tenir le plus longtemps possible à l’hôpital », 
relève la journaliste.
L’étudiante déclare ainsi : « Je veux être médecin et je serai médecin, quoi qu’il en coûte. C’est ma vocation. […] À un moment, vers 45-50 ans, je pense que je me dirai ça suffit, j’ai trop donné, et j’irai dans le privé ».
Elsa Mari observe que « cette idée d’une demi-carrière dans le public revient souvent chez les futurs carabins. Pas question d’affronter des tempêtes toute leur vie, ils font déjà face à la première : survivre aux études de médecine, douloureuse traversée ».
Estelle souligne quant à elle : « On arrive des étoiles dans les yeux et on se prend une douche froide. C’est dur d’avancer en visualisant qu’à la fin de médecine ce ne sera pas comme on l’espère. Mais il faut se battre ! Qui changera les choses, sinon ? ».

« Les analogies entre réseaux sociaux et drogues posent un problème »

Date de publication : 20 janvier 2023

L'Express

L’Express constate que « l’usage excessif des réseaux sociaux par les plus jeunes est de plus en plus redouté. Contenus violents, insultes, harcèlement… La modération de ces plateformes, souvent limitée quand elle n’est pas inexistante, n’a pas de quoi rassurer les parents ».
« Pas plus que le fonctionnement des algorithmes qui visent à capturer le plus possible de « temps de cerveau disponible », au détriment des études ou d’autres activités. Et face à la détresse de certains enfants anxieux, dépressifs ou suicidaires, les questions se multiplient », 
remarque le magazine.
Il livre ainsi un entretien avec Séverine Erhel, maître de conférences en psychologie cognitive à Rennes 2, selon qui « il est nécessaire de réguler les plateformes tout en prenant garde à mieux identifier leurs risques et éviter les amalgames ».
La chercheuse en psychologie indique que « les jeunes qui utilisent les réseaux sociaux de manière excessive ont souvent des troubles de l’anxiété, de la dépression et de l’estime de soi, comme une image corporelle négative. Nous tentons actuellement de mesurer les associations entre ces différents facteurs et un aspect bidirectionnel n’est pas à exclure. Il est aussi possible que plus un individu anxieux ou dépressif utilise les réseaux sociaux, plus il accentue ses troubles ».
Séverine Erhel ajoute que « de nombreuses études montrent aussi qu’il est possible que les adolescents qui ont ces profils ont des stratégies de gestion de leur stress inadaptées : plutôt que de travailler sur la cause de leur anxiété ou dépression, ils se réfugient dans le monde numérique, par exemple en recherchant un jugement positif ».
« Mais il faut aussi rappeler que l’usage problématique du numérique concerne moins de 10% de la population. Il en est probablement de même pour les réseaux sociaux. […] C’est sur ces personnes qu’il faut concentrer les efforts en matière de prévention en santé mentale »,
poursuit-elle.
L’Express interroge : « Faut-il procéder à un sevrage des réseaux sociaux chez les adolescents dépressifs ou suicidaires ? ».
Séverine Erhel répond qu’« il s’agit d’une mauvaise solution car cela leur enlève une béquille, certes mauvaise, mais qui les aide à gérer leur état. Et comme tout sevrage, cela peut se révéler particulièrement violent. Il faut traiter les causes plus que les conséquences, avec une prise en charge par un professionnel de santé qui va aider à diminuer les interactions sur les réseaux ».
Le magazine poursuit : « Peut-on vraiment affirmer que les algorithmes peuvent rendre accroc aux réseaux sociaux au même titre qu’une drogue ? ».
La chercheuse souligne : « Je me méfie des analogies hâtives qui créent une confusion entre l’addiction aux substances et celle aux réseaux sociaux, qui n’est pas à strictement parler une addiction, mais un usage problématique ».
« Ce type de comparaison est faux, d’abord sur le plan neurobiologique, car l’ampleur des modifications et des conséquences dans notre cerveau n’est pas comparable ; ensuite en matière de santé, parce que des substances comme l’alcool ou le tabac peuvent provoquer des cancers, pas les réseaux sociaux. Enfin, cela reviendrait à considérer que le problème vient uniquement des technologies et pas d’autres déterminants psychologiques et socio-économiques »,
 remarque Séverine Erhel.
Elle ajoute que « nous pouvons reprendre le pouvoir au niveau individuel en privilégiant le monde des logiciels et applications libres et décentralisés […], et au niveau collectif avec l’éducation aux médias et la régulation des plateformes par les pouvoirs publics ».

« Eviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être »

Date de publication : 23 janvier 2023

Le Monde

Le Monde livre la tribune d’un collectif de médecins, de chercheurs et d’élus qui « estime […] nécessaire de refonder notre vision de la santé publique en l’élargissant à des domaines autres que le seul monde médical ».
Les signataires observent ainsi : « Notre système de santé, entend-on partout, est en crise. Mais c’est inexact. Ce qui est en crise, ce n’est pas un système de santé, c’est-à-dire un système qui aborde la santé dans toutes ses dimensions avec pour objectif premier d’éviter la maladie, mais un système de soins. Et, au surplus, essentiellement fondé sur les soins médicaux ».
Il évoquent « un système qui date et dont les tares, pourtant congénitales, ont longtemps été ignorées : du fait du paiement à l’acte, renforcement de la concurrence en lieu et place de la coopération des établissements de santé entre eux et avec la médecine de ville ; inadaptation aux maladies chroniques et dégénératives aujourd’hui dominantes ; manque de moyens pour la recherche ; inégalités sociales et territoriales grandissantes […] ».
Ils soulignent que « l’heure est grave, et la crise se signale d’abord par le manque inquiétant de médecins et d’infirmiers à l’hôpital comme en ville. Des spécialités sont sinistrées : psychiatrie, cardiologie, rhumatologie, gynécologie, pédiatrie et bien d’autres. Partout les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent… à six mois, à un an… conduisant à des situations dramatiques et – cela commence à être sérieusement documenté – à des pertes de chance de survie ».
Les signataires indiquent que « la crise est profonde, systémique, touchant tous les aspects de notre système de soins. Ce n’est pas demain que cela changera. Quand bien même ce serait possible, il y faudrait du temps. Soudain, on se rend compte que ce ne serait pas plus mal d’éviter au maximum d’avoir besoin de soins en favorisant la santé et le bien-être ».
Ils expliquent ainsi ue « la santé n’est pas liée qu’aux soins, mais à tout un ensemble, bien plus large, de déterminants de santé. Plusieurs études ont cherché à les quantifier, elles convergent généralement en expliquant que 20% de notre état de santé repose sur le système de soins et de protection sociale, 15% sur les déterminants génétiques et biologiques propres à l’individu ou à son groupe, 15% sur l’environnement physique et 50% sur l’environnement social et économique ».
« Mais, en France, aujourd’hui on continue à fonctionner en tuyaux d’orgue sans accorder aux élus, aux citoyens, aux patients, aux éducateurs, à tous, la place qu’ils devraient occuper dans les instances de santé et sans leur donner les moyens d’agir pour la santé dans tous les territoires, à leur échelle. Et dans le même esprit on continue de ne consacrer à la prévention que moins de 5% des dépenses totales de santé »,
 notent-ils.
Les signataires notent que « les acteurs locaux savent faire et voudraient faire mieux encore : cantines, services aux personnes âgées, culture et vie associative, sports, toutes choses qui ont un impact très fort sur la santé. Au-delà de ces dépenses, il faudrait développer, en proximité et au quotidien, la culture de santé publique, l’information et l’éducation à la santé, dans les écoles, les centres sociaux ou les associations de quartier ».
« Les établissements hospitaliers, premiers concernés par le manque de professionnels, se démènent souvent pour des actions de prévention, mais leurs moyens financiers sont également très limités et la tarification à l’activité les condamne à une impossible et immorale « rentabilité ». […] Finançons donc, au niveau voulu et collectivement, toutes ces initiatives et fabriquons ensemble un véritable système de santé territorialisé »
, concluent-ils.

« Fin de vie : vers le suicide assisté plutôt que l’euthanasie »

Date de publication : 24 janvier 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui relève que « le comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer a rendu un avis où il ne s’oppose pas au suicide assisté. Une attitude de plus en plus partagée, même si elle paraît un brin hypocrite aux yeux de certains ».
Eric Favereau note ainsi qu’« alors que se poursuit chaque week-end la Convention citoyenne sur la fin de vie […], se multiplient en parallèle des colloques, des réunions, des prises de position sur cette question, avec en toile de fond une éventuelle modification législative en France. […] A mi-chemin de ce processus, il ressort que la possibilité la plus fréquemment citée (car peut-être la moins conflictuelle) serait d’aller vers une dépénalisation de l’aide au suicide, voire une autorisation du suicide assisté ».
Le journaliste observe qu’« après l’avis en partie dans ce sens du Comité national d’éthique, […] c’est la position que vient d’adopter le groupe «Ethique et Cancer» de la Ligue nationale contre le cancer ».
Cette dernière remarque : « S’il était admis par le législateur que le cadre juridique actuel de la fin de vie ne permet pas de répondre humainement à certaines demandes d’aide à mourir exprimées par des personnes malades, une aide active à mourir sous la forme d’une assistance au suicide pourrait alors être prévue et encadrée par la loi ».
Eric Favereau note que « des questions demeurent. […] Par exemple, faut-il ou non faire une énième chimiothérapie à ce patient qui le réclame, alors que les médecins savent que cela ne sert à rien ? Faut-il, à l’inverse, accepter la demande de fin de vie médicalisée à ce malade qui n’en peut plus de cette vie sans espoir, épuisé par des traitements devenus trop lourds ? ».
« L’avis du comité d’éthique de la Ligue nationale contre le cancer est en cela utile. Dans ce long travail, les experts font d’abord un constat, largement partagé par tous les professionnels de santé : en France, nous sommes en manque chronique de soins palliatifs »
, continue Eric Favereau.
« Puis le texte revient sur la question de la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès, dispositif prévu par la loi Claeys-Leonetti sous certaines conditions. Ledit comité constate que cette avancée réelle ne répond pas à toutes les situations ni à toutes les demandes. Et que, de ce fait, trois scénarios existent devant «la demande qui s’exprime de faire évoluer le cadre légal qui interdit actuellement les aides actives à mourir» », relève le journaliste.
Il précise qu’« il y a le scénario qui consiste à ne pas bouger, attendant que les structures des soins palliatifs montent en puissance partout sur le territoire. Le second est celui d’une dépénalisation de l’assistance au suicide. Et, enfin, existe celui d’une «dépénalisation de l’euthanasie en réponse à une demande de la personne» ».
Eric Favereau note que « cette dernière proposition est clairement refusée par le comité, qui met en avant «les réticences» massives du corps médical et du corps soignant. […] Le scénario du statu quo, lui, n’a pas non plus les faveurs du comité. Reste donc celui de «lever les obstacles juridiques au suicide assisté» ».
Le journaliste explique que « cette ouverture – nouvelle – vers le suicide assisté repose, de fait, sur des arguments particuliers, ceux-là mêmes que l’on retrouve dans l’avis du Comité national d’éthique, comme d’ailleurs également dans l’attitude des acteurs du monde des soins palliatifs, très opposés à l’euthanasie ».
« Ils partent du constat, ou plutôt du sentiment, que le corps médical ne veut pas donner la mort, en tout cas ne veut pas collaborer directement avec des pratiques d’euthanasie. De ce fait, il se décharge de la décision de fin de vie comme de sa mise en pratique sur le patient : à lui de faire le geste. Reste que c’est quand même le médecin qui prescrit le produit létal, mais ce n’est pas lui qui le donne. Cette attitude, considérée par certains comme un brin hypocrite, permet de contourner les oppositions d’une partie des professionnels de santé à l’euthanasie médicale », 
observe Eric Favereau.
Il ajoute que « ces mêmes professionnels de santé insistent pour dire que, paradoxalement, la fin de vie est de leur ressort. Une contradiction évidente à laquelle le législateur devra éventuellement répondre. Qui doit, en effet, décider ? Le médecin ou le patient ? ».

« Santé au travail : les promesses de l’intelligence artificielle pour améliorer la prévention »

Date de publication : 25 janvier 2023

Le Monde

François Desnoyers rappelle dans Le Monde que « lorsque des accidents surviennent en entreprise, les comptes-rendus sont souvent rédigés de façon spontanée, sans formatage. Des propos libres qui apportent de nombreuses précisions, une richesse contextuelle, mais ont leur revers : ils sont très difficiles à exploiter. Une problématique que des outils d’intelligence artificielle (IA) pourraient pallier, forts de leur capacité à faire ressortir d’une masse textuelle récurrences des signaux faibles ».
Le journaliste s’interroge : « L’IA peut-elle être un atout pour la santé et la sécurité des travailleurs ? C’est ce que pensent aujourd’hui nombre de scientifiques, qui observent le potentiel croissant de solutions technologiques et les perspectives prometteuses qu’elles dessinent pour la prévention en entreprise ».
Martin Bieri, chargé d’études au sein du laboratoire d’innovation numérique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), remarque que « les avancées sont impressionnantes. Dans des organisations qui comptent des métiers à risque, où l’on observe beaucoup d’accidents, l’IA peut être une aide précieuse pour exploiter les données et mieux comprendre la multiplication d’incidents ».
François Desnoyers note que « des solutions sont d’ores et déjà déployées dans certaines d’entre elles, comme le logiciel Plus de la société Safety Data – Omnicontact. Il doit «améliorer la sécurité grâce au traitement automatique de données textuelles et faire office d’aide à la décision», explique l’une de ses salariés, Céline Raynal. D’autres outils ambitionnent de surveiller en temps réel les espaces de travail et leurs occupants, dans le seul but déclaré de les sécuriser, et de lancer une alerte si un danger est repéré ».
Le journaliste évoque entre autres les « équipements connectés capables de mesurer et de transmettre des données biométriques du salarié (la fréquence cardiaque, par exemple) et des positions articulaires ».
Timothée Silvestre, chargé de prospective au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), note que « l’IA sera en capacité de donner l’alerte sur la fatigue d’un travailleur en combinant l’analyse de différents paramètres. L’enregistrement de certains mouvements ou du cumul de poids portés pourront par ailleurs être réalisés avec des capteurs portés, afin de prévenir des risques pour le corps du salarié, notamment de troubles musculosquelettiques ».
François Desnoyers continue : « Des solutions d’IA en devenir pourraient ainsi favoriser la sécurité et la santé des salariés. Mais une grande incertitude demeure : se déploieront-elles sur le terrain ? Sur le sujet, rien n’est joué d’avance, préviennent les scientifiques ».
Timothée Silvestre note que « ce n’est pas parce qu’une technologie est mature qu’elle est adoptée. Il faut qu’elle rencontre son marché, des besoins utilisateurs et qu’elle soit acceptée par les opérateurs ».

« Légalisation du cannabis, qu’en pensent les addictologues ? »

Date de publication : 26 janvier 2023

La Croix

Jeanne Ferney s’interroge dans La Croix : « Un «débat dépassionné» sur le cannabis est-il possible en France ? C’est en tout cas ce que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) appelle de ses vœux dans un projet d’avis adopté le 24 janvier. Le Cese, lui, a choisi son camp : celui d’une légalisation encadrée des usages dits récréatifs du cannabis ».
La journaliste indique que « son argumentaire repose essentiellement sur l’idée que la politique de prévention actuelle est un échec ».
Le Cese remarque : « Malgré la mise en place d’un système de prohibition depuis plus de 50 ans, un des plus répressifs d’Europe, la France est le pays de l’Union européenne qui compte en proportion le plus de consommateurs et de consommatrices de stupéfiants ».
Jeanne Ferney note ainsi que « selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, 45% des 15-64 ans ont déjà consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie, contre 27% dans l’ensemble de l’Union européenne ».
La journaliste précise que « dans le scénario du Cese, seules les personnes majeures pourraient se procurer du cannabis, «dans des points de vente dédiés soumis à licence». La répression du trafic illégal visant les mineurs serait par ailleurs renforcée, et toute publicité interdite. Autre condition sine qua non : la création d’une filière de production française ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif), président de la Fédération française d’addictologie, précise que « contrairement à ce qu’on imagine, la légalisation n’est pas synonyme de dépénalisation aveugle. […] Parce que c’est de la drogue, on a une espèce d’inhibition, une barrière psychologique, mais le fait est qu’on ne viendra pas à bout du cannabis. L’urgence, c’est d’en réduire les risques ».
Le Dr Bernard Basset, président de l’association Addictions France, ajoute : « Il n’est évidemment pas question d’encourager la consommation d’un produit psychoactif et dangereux tel que le cannabis, ni d’en faire un marché libre comme dans le Colorado, mais force est de constater que le système actuel ne marche pas. Il faut en tirer les conclusions et sortir des positions idéologiques. […] Nous devons prendre le temps d’observer les pistes tracées ailleurs, comme au Canada ».

« Psychiatrie : peut-on se passer de l’enfermement ? »

Date de publication : 31 janvier 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui remarque que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement restent l’unique moyen de protéger la personne d’elle-même ».
Anne Prigent rappelle ainsi que « depuis 2004, le consentement aux soins est inscrit dans la loi française. Aucun acte médical ou traitement ne peut donc être pratiqué sans l’accord libre et éclairé de la personne. Il existe cependant une exception : la psychiatrie. Dans cette spécialité, il reste possible de recourir aux soins sans consentement, à l’isolement et à la contention ».
Le Dr David Masson, responsable du département de réhabilitation psychosociale du Centre psychothérapeutique de Nancy, indique qu’« il s’agit de répondre à des situations où les personnes sont en incapacité de consentir aux soins en raison d’une conscience altérée de leurs troubles ou des besoins de soin, alors que leur état psychique nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance médicale. […] Ces pratiques sont très encadrées et doivent être utilisées en ultime recours ».
Anne Prigent remarque que « chaque année, plus d’un quart des personnes hospitalisées en psychiatrie l’ont été sans consentement, rappelle une étude de l’Institut de recherche et d’économie de la santé (Irdes) publiée en juin 2022. Soit près de 80.000 personnes ! Parmi elles, 3 personnes sur 10 seront concernées par des mesures d’isolement ».
La journaliste poursuit : « Qui sont les personnes hospitalisées sous contrainte? Principalement des malades souffrant de troubles psychiatriques sévères, notamment de schizophrénie et de troubles bipolaires ».
Le Dr Laurent Defromont, psychiatre, chef de pôle psychiatrie du secteur 59G21 dans les Hauts-de-France, précise cependant que« l’enfermement peut concerner tout un chacun. Si vous arrivez aux urgences avec des idées suicidaires, vous pouvez tout à fait être hospitalisé sans votre consentement ».
Anne Prigent note qu’« une hospitalisation sans consentement est souvent très mal vécue par les patients » et cite notamment Sandra, qui « se dit traumatisée par son expérience » : « Je ne peux plus retourner à l’hôpital, même dans un autre service, sans faire une crise d’angoisse. Et je refuse de me faire hospitaliser dans un service de psychiatrie depuis ».
La journaliste souligne qu’« il est pourtant possible d’agir pour diminuer le nombre d’hospitalisations sous contrainte ».
La Dr Rachel Bocher, chef de service en psychiatrie au CHU de Nantes, remarque ainsi que « la meilleure façon d’éviter le soin sans consentement est d’intervenir suffisamment tôt avec des politiques de prévention et des soins de premiers recours ».
Anne Prigent observe cependant que « les hospitalisations sous contraintes ne baissent pas, bien au contraire. Pourquoi ? ».
Le Pr Antoine Pelissolo, responsable du service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor à Créteil, répond : « À cause notamment des difficultés d’accès aux psychiatres en ville et du manque de lits d’hospitalisation : il est en effet parfois plus facile d’hospitaliser une personne sous contrainte, même si elle ne s’y oppose pas entièrement, car les services de psychiatrie sont alors obligés de l’accepter ».
Anne Prigent note que « pour de nombreux psychiatres, les soins sans consentement sont un pis-aller qui demeure cependant l’unique moyen pour protéger la personne d’elle-même. Mais aussi, de façon plus inavouée, de protéger la société ».
Déborah Sebbane, présidente de l’Association des jeunes psychiatres et des jeunes addictologues (AJPJA), remarque que « cela n’a rien à voir avec du soin. Nous pensons au contraire que plus les patients verront leurs droits respectés, plus la psychiatrie respectera ce qu’ils considèrent comme utile pour eux-mêmes, et mieux ils se porteront. Nous devons repenser nos façons de faire. Ce n’est pas uniquement une question de moyens, mais aussi d’organisation et de formation ».
La journaliste évoque ainsi « des solutions ambulatoires pour prévenir et gérer les crises, mais aussi un accompagnement après l’hospitalisation pour éviter les rechutes. Les solutions existent, mais les bonnes pratiques ont du mal à se généraliser ».

Revue de presse santé psy – décembre 2023

« Alzheimer : un traitement ralentit enfin la maladie »

Le Figaro
Le Parisien
La Croix

Pauline Fréour indique en effet dans Le Parisien qu’« ont été publiés dans le New England Journal of Medicine les résultats d’un essai clinique évaluant l’efficacité d’un anticorps monoclonal, le lecanemab, à ralentir la progression de la maladie. Même si l’efficacité est mesurée, et s’accompagne d’effets indésirables non négligeables, cet effet positif, inédit depuis 30 ans, ouvre la voie à une nouvelle ère de traitements, commentent les experts ».
La journaliste explique que « le lecanemab, codéveloppé par deux laboratoires, le japonais Eisai et l’américain Biogen, montre pour la première fois un effet significatif et constant sur l’évolution de la maladie ».
Elle relève que « l’immunothérapie a été donnée pendant 18 mois à 898 patients présentant une forme légère d’Alzheimer (pas de signe de démence ou sans retentissement sur le quotidien), face à 897 malades identiques recevant un placebo. Le traitement consistait en une injection par voie intraveineuse toutes les 2 semaines ».
Pauline Fréour constate que « le déclin cognitif et fonctionnel (…) des patients traités était moins rapide que celui du groupe placebo, avec une différence d’un demi-point sur une échelle en comptant 18 ».
Pauline Fréour note en outre qu’« à l’imagerie médicale (PET scan), les plaques amyloïdes, anomalies typiques de la maladie d’Alzheimer, qui conduisent à la mort des neurones, régressaient fortement sous l’effet du traitement, alors qu’elles continuaient à progresser légèrement dans le groupe placebo ».
La journaliste remarque toutefois : « Difficile de traduire cela en changements concrets dans la vie des malades. Le traitement offre-t-il plusieurs mois supplémentaires d’autonomie aux patients ? ».
Le Pr Florence Pasquier, responsable du Centre mémoire au CHU de Lille, observe qu’« en 18 mois, on voit que l’état des participants sous traitement n’évolue pas beaucoup, et que le déclin est beaucoup moins sévère. Les résultats vont dans le bon sens, c’est très encourageant ».
Le Pr Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), note pour sa part que « le bénéfice reste modeste, mais c’est quand même un signal historique. C’est une étude bien conduite, avec des résultats puissants, incontestables. Cela valide l’hypothèse de la cascade amyloïde, sur laquelle nous travaillons de longue date. […] Au vu de ces résultats, on peut enfin espérer être efficace contre la maladie ».
Pauline Fréour souligne que « le lecanemab n’est pas pour autant un remède miracle. Il ne guérit pas la maladie ni ne la fait régresser. Mais les experts espèrent qu’il puisse être amélioré en traitant les malades plus longtemps que 18 mois (les patients de l’essai continuent de recevoir les injections, d’ailleurs). En confirmant l’intérêt de jouer sur les plaques amyloïdes, il ouvre aussi la voie à de nouveaux traitements futurs, « avec une meilleure tolérance», suggère le Pr Florence Pasquier ».
La journaliste précise en effet que le lecanemab « induit parfois des effets indésirables sévères. Ainsi, 17,3% des patients qui l’ont pris ont souffert de micro-hémorragies cérébrales, presque deux fois plus que le groupe placebo. Et 12,6% des personnes ayant reçu le médicament ont été atteintes d’un œdème cérébral (1,7% dans le groupe placebo). Ces effets indésirables étaient en majorité peu ou pas symptomatiques et découverts à l’occasion du suivi par imagerie médicale ».
Le Pr Dubois déclare que « le risque est globalement maîtrisable ».
Le Parisien relaie également ces « résultats positifs pour un médicament réduisant le déclin cognitif ».
Le journal retient ainsi : « Les résultats complets de cette étude clinique avancée (phase III) menée sur près de 1800 personnes suivies pendant 18 mois ont confirmé une réduction de 27% du déclin cognitif des patients traités avec le lecanemab. […] Cette proportion « statistiquement significative » selon les deux groupes avait déjà été annoncée fin septembre ».
« Mais l’étude complète […] précise aussi les taux d’incidence d’effets indésirables du lecanemab, parfois graves et notablement plus fréquents que dans le groupe de patients sous placebo »,
 note le quotidien.
Bart De Strooper, directeur de l’Institut britannique de recherche sur la démence, indique que « c’est le premier médicament qui livre une véritable option de traitement pour des personnes atteintes d’Alzheimer. Bien que les bénéfices cliniques apparaissent quelque peu limités, on peut s’attendre à ce qu’ils deviennent plus apparents si le médicament est administré sur une plus longue période ».
La Croix titre pour sa part : « Contre Alzheimer, un essai clinique peu concluant ».
Le quotidien souligne que « ce potentiel traitement n’est pas curatif : il est à prendre dès le stade très précoce de la maladie pour freiner son évolution. Ce qui pose un premier problème, car la maladie d’Alzheimer se détecte souvent tardivement. Surtout, les résultats de l’essai clinique […] invitent à la précaution ».
« La bonne nouvelle, c’est qu’effectivement le traitement permettrait de ralentir légèrement le déclin cognitif, à hauteur de 27%, chez les quelque 900 personnes ayant reçu l’anticorps, par rapport à un groupe de taille équivalente ayant reçu le placebo »,
 note le journal, qui évoque aussi « des effets secondaires très graves chez certains patients ».

« Temps de travail : les internes attaquent les hôpitaux universitaires en justice »

Date de publication : 2 décembre 2022

Le Parisien
Le Monde

Le Parisien note en effet : « Ils entendent faire respecter le plafond légal de 48 heures de travail par semaine. Les syndicats d’internes en médecine et pharmacie ont assigné devant la justice la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) de France ».
« L’Isni, l’Isnar-IMG (médecine) et la FNSIP-BM (pharmacie) veulent ainsi faire appliquer une décision du Conseil d’État. Le 22 juin, la haute juridiction administrative avait enjoint aux hôpitaux publics de se doter d’un «dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter» le temps de travail de leurs médecins et internes »,
 précise le quotidien.
Les syndicats indiquent : « Nous avons dès juillet lancé un ultimatum à tous les CHU, leur laissant une chance de mettre en œuvre des réponses concrètes à ce problème. Constatant qu’aucun progrès sérieux n’avait vu le jour, nous avons décidé ce lundi 28 novembre d’attaquer (la trentaine de) CHU en justice pour que le droit du travail des internes soit enfin respecté ».
Le Parisien relève que « selon un sondage de juillet 2021 cité par les syndicats, 70% des internes déclarent dépasser les 48 heures hebdomadaires, et la moitié 58 heures ».
Les trois syndicats ajoutent que « ce dépassement organisé du temps de travail a de lourdes conséquences sur notre santé mentale », et soulignent que selon une enquête syndicale de 2021, « 75% des étudiants en médecine présentaient des symptômes anxieux, 67% des symptômes de burn-out, 39% des symptômes dépressifs et 19% des idées suicidaires ».
Le journal relève que « les trois syndicats dénoncent «le cynisme de la situation», qui sert à «pallier le manque de moyens de l’hôpital public» ».
Le Monde indique également que « les syndicats d’internes en médecine et pharmacie ont assigné devant la justice la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) de France pour faire respecter le plafond légal de 48 heures de travail par semaine ».
Le journal observe que « les internes affirment assurer, «à un salaire dérisoire de 5,42 euros par heure réellement travaillée», un «travail de secrétariat, de brancardage, d’aide opératoire»… Autant de salariés que «le CHU n’a plus à employer», rappellent-ils. «Le dépassement du temps de travail ne sert pas à notre formation mais à notre exploitation», accusent-ils ».

« Déni de grossesse, mettre des mots sur l’impensé »

Date de publication : 5 décembre 2022

Le Figaro

Le Figaro consacre une double page au déni de grossesse, relevant que « c’est souvent dans les heures qui suivent la prise de conscience de la grossesse que le ventre des femmes apparaît enfin. Un phénomène surprenant qui s’observe aussi chez les femmes qui tardent à annoncer l’événement ».
Luisa Attali, docteur en psychopathologie, chercheure associée aux universités de Paris, remarque ainsi : « Ces histoires font naître de nombreux fantasmes, car pour beaucoup de personnes, il n’y a rien de plus incompréhensible qu’une femme qui ne se rend pas compte qu’elle est enceinte. Pourtant, le déni est un mécanisme de défense auquel l’être humain a largement recours pour se protéger et faire face à des situations qui le dépassent ».
Sophie Marinopoulos, psychologue et psychanalyste, évoque « son début de carrière au planning familial de Nantes » : « À cette époque, on ne parlait pas encore de déni de grossesse. J’ai utilisé ce terme pour la première fois en 1996 […]. Il est dommage que l’on s’y intéresse peu en dehors des faits divers, mais malheureusement la société s’intéresse globalement peu aux aspects psychiques de la grossesse ».
« La médecine a fait d’énormes progrès pour soigner le corps, cependant on oublie souvent qu’au-dessus de l’utérus il y a une femme, et que parfois cette femme peut être en souffrance ou traverser un moment de vulnérabilité », 
remarque la psychologue.
Catherine Wolljung-Bour, sage-femme au pôle gynécologie et obstétrique du centre hospitalier universitaire de Strasbourg, souligne quant à elle qu’« il n’y a pas de profil type ! Il faut sortir des clichés de la femme jeune qui ne connaît pas son corps. Le déni de grossesse peut toucher toutes les femmes, quel que soit leur âge, leur statut socio-économique, qu’elles aient déjà eu des enfants ou non ».
Le Figaro relève que « pour Sophie Marinopoulos, il existe un déni du corps avant le déni de grossesse ». La psychologue observe que « ces femmes ne sont pas à l’écoute de leurs sensations, de leurs émotions, on pourrait les décrire comme “dures au mal”, souvent peu expressives mais c’est avant tout la manifestation d’une carence psychique précoce. On retrouve dans leur histoire un déni de leurs besoins affectifs dès la première enfance ».
« Cela peut aussi concerner des femmes qui «s’oublient» parce qu’elles sont surmenées ou en épuisement. La psychanalyste souligne donc l’importance de ne pas négliger les déclarations de grossesse après le premier trimestre, dites «tardives», qui peuvent être le signe d’une vulnérabilité »,
 continue le journal.
Le quotidien s’interroge : « Comment mettre une femme face à une réalité dont elle n’a pas conscience ou qu’elle a refoulée ? ». Luisa Attali répond qu’« il faut être prudent et bien choisir ses mots, car cela peut être très violent. Mieux vaut éviter d’asséner “Vous avez fait un déni de grossesse”, mais plutôt constater “Vous avez découvert votre grossesse tardivement” ».
Le Figaro remarque en outre que « c’est souvent dans les heures qui suivent cette prise de conscience que le ventre des femmes apparaît enfin. Un phénomène là encore surprenant, bien qu’il soit également observé chez des femmes conscientes de leur grossesse, mais qui tardent à l’annoncer pour des raisons professionnelles ou personnelles ».
Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil national de l’ordre des sages-femmes, explique qu’« en cas de déni, l’utérus va se développer non pas vers l’avant mais en direction de la colonne vertébrale et vers le haut. Lors de la révélation de la grossesse, l’utérus reprend sa place normale. Les fœtus se positionnent différemment quand il y a un déni par rapport aux grossesses classiques mais ils se développent le plus souvent tout à fait normalement ».
Le journal note ainsi que « le poids à la naissance de ces bébés ne serait pas inférieur à celui des autres bébés. Un surrisque de mortalité existe cependant quand les mères ne découvrent la grossesse qu’au dernier moment et accouchent seules ».

« L’hyperphagie boulimique : un trouble grave du comportement alimentaire, souvent ignoré ! »

Date de publication : 21 décembre 2022

Science et Vie

Science et Vie se penche sur l’hyperphagie boulimique, « un trouble grave du comportement alimentaire, qui peut avoir des impacts importants sur la santé physique et mentale. Pourtant, ce trouble est trop peu connu, il est donc important de sensibiliser les personnes à cette maladie ».
Le magazine rappelle ainsi que « l’hyperphagie boulimique est un trouble alimentaire. Il se caractérise par des crises compulsives dans lesquelles la personne va avoir une envie frénétique de manger sans pour autant ressentir la faim. Durant ces crises, la personne perd complètement le contrôle. Elle mange alors de grosses quantités de nourriture sans pouvoir se retenir. Après la crise, lorsqu’elle prend conscience de tout ce qu’elle vient d’avaler, la personne développe un profond sentiment de honte sans pour autant chercher à évacuer cet excès alimentaire ».
Science et Vie note que « ce trouble du comportement alimentaire s’accompagne très souvent d’une prise de poids. Cette dernière peut mener vers le surpoids et l’obésité. La personne risque alors de développer toute une série de troubles. On trouve notamment des maladies cardiaques, des problèmes d’hypertension, des pathologies cardiovasculaires et du diabète ».
« Si l’état physique de la personne se dégrade, il y a un fort impact sur la santé mentale également. La personne s’isole petit à petit puis de plus en plus. L’anxiété et les symptômes dépressifs s’installent alors », 
ajoute l’article.
Il indique que « l’hyperphagie boulimique est deux à trois fois plus fréquente que la boulimie. Elle concerne 0,6 à 2,3% de la population mondiale. De nombreuses personnes souffrent de ce trouble et ne réalisent même pas qu’elles en sont atteintes ou le découvrent tardivement. La sensibilisation est donc d’une grande importance ».
Science et Vie ajoute que « plusieurs facteurs entrent en jeu dans le développement de l’hyperphagie boulimique. Il s’agit d’un trouble complexe dont les symptômes sont déclenchés par des événements et des émotions négatives telles que l’ennui ou l’anxiété »,.
Le magazine explique qu’« il existe deux grands types de traitements qui sont souvent proposés de pair : les traitements psychologiques et les médicaments. La thérapie cognitive comportementale est un traitement psychologique. […] Les traitements médicamenteux comme les antidépresseurs sont utiles pour diminuer les crises d’hyperphagie boulimique. Cependant, ils comportent un risque d’effets secondaires comme des céphalées, des problèmes de sommeil, de la fatigue et des nausées au début du traitement. Dans la plupart des cas, les traitements psychologiques donnent de bien meilleurs résultats que les médicaments utilisés seuls ».
Science et Vie souligne enfin que « l’hyperphagie boulimique est une maladie qui reste encore trop souvent négligée et sous-estimée. Dans de nombreux cas, les patients n’osent pas en parler, même à leur entourage par crainte du jugement. Pourtant la meilleure manière de les aider est de les accompagner et de les encourager, car des solutions existent ».

Date de publication : 1er décembre 2022

Revue de presse santé psy – novembre 2022

« Le CBD est-il si inoffensif que cela ? »

Date de publication : 7 novembre 2022

Le Parisien

« En quelques années, le cannabidiol, sous-produit de la fleur de cannabis consommable en toute légalité, compte tenu de sa faible teneur en THC, la molécule psychotrope, s’est invité jusque dans nos assiettes, grâce à une réglementation floue. Paré de toutes les vertus, relaxant, déstressant, apaisant selon ses adeptes, il soulagerait aussi bien les maux de dos que de tête, les nuits agitées », indique Aline Gérard dans Le Parisien.
« 
C’est un produit autour duquel la science tâtonne encore. Son effet anxiolytique lui-même est sujet à caution : est-il dû à l’effet placebo, à la présence de THC, aux deux combinés ? On l’ignore », explique Nicolas Authier, chef des services de pharmacologie médicale et de médecine de la douleur au CHU de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
« 
Ni classé drogue ni substance vénéneuse, [le CBD] ne doit pas en France avoir plus de 0, 3 % de THC », note la journaliste. « Mais cela ne signifie pas qu’il est totalement inoffensif. Le CBD a beau n’être pas classé réglementairement comme psychotrope, il a des effets psychoactifs », décrypte le spécialiste de la douleur.
« 
C’est par ce biais qu’on en observe les bénéfices chez des patients : ils se disent moins anxieux, dorment mieux », poursuit-il. La journaliste rappelle ses « effets sur l’activité cérébrale. Le plus connu est un effet sédatif ». Alors, « mieux vaut ne pas en consommer deux à trois heures avant de prendre le volant », prévient le médecin. « Réflexes ralentis, somnolence, votre conduite pourrait en pâtir », insiste la journaliste.
Concernant le dosage, « 
il faut raisonner en milligrammes. C’est uniquement comme cela qu’on peut savoir où on en est dans sa consommation », explique le psychiatre. « Ce sont les huiles à prendre sous forme orale qui sont les plus adaptées », précise-t-il. « Même s’il n’y a pas de risque de surdosage, l’idéal est de s’en tenir à 50 mg par jour », fait savoir Le Parisien.
« 
À faible dose et ponctuellement, comme lors d’un événement stressant, il y a peu voire aucun risque, à condition que le produit soit de bonne qualité et que vous soyez en bonne santé », résume le praticien « En revanche, à partir de 150 à 250 mg/ jour, il préconise de se faire accompagner par un médecin ou pharmacien, ne serait-ce que pour éviter certains mélanges déconseillés avec des médicaments (Ibuprofène, antidépresseurs) ou pour éviter des troubles gastro intestinaux », complète la journaliste.
« 
En aucun cas le cannabidiol peut être considéré comme un médicament : ce n’est ni un antidépresseur, ni un antalgique (antidouleur) », insiste Nicolas Authier. « Prétendre qu’il permet de réduire le diabète, la survenue de maladies cardiovasculaires ou les maladies de peau, c’est de l’escroquerie », assène le médecin.
« 
Le seul usage à visée thérapeutique du CBD validé scientifiquement, à ce jour, concerne certaines formes d’épilepsie » : « L’Epidyolex est le seul médicament enrichi en cannabidiol autorisé en France », rappelle-t-il.
« 
Évitez de le fumer », recommande enfin la journaliste. « À moins de vaporiser auparavant les fleurs en les broyant à l’aide d’un appareil spécial, fumer un joint riche en CBD est tout aussi toxique que fumer une cigarette. Problèmes respiratoires, cardiovasculaires, cancer : les risques sont les mêmes », alerte le médecin. « Il conseille en parallèle aux ados de faire attention aux Puff, ces mini-cigarettes électroniques jetables à la mode, enrichies en CBD », souligne Le Parisien.

 

« La psychiatrie s’effrite en silence »

Date de publication : 8 novembre 2022

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération que « dans le monde des hôpitaux psychiatriques, on le sait, on l’écrit même souvent, cela se délite d’un peu partout, mais voilà «tout le monde s’en fout». Parfois, cela peut déborder ».
Le journaliste observe que «
 la semaine dernière, cette syndicaliste, psychiatre, ne savait plus comment contenir son amertume. Dans un mail, elle a lâché : «Je suis en colère. 400 millions plus 150 millions sont accordés à la pédiatrie et aux soins critiques. Et la psychiatrie, tout le monde s’en fout.» Faisant référence aux mesures du gouvernement pour aider les urgences pédiatriques, la voilà presque aigrie, injuste même ».
La psychiatre ajoute : 
« Ça fait des années que la psychiatrie subit un Ondam [Objectif national de dépenses d’assurance maladie, ndlr] bien en deçà des autres spécialités. Régulièrement la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté vient dire les mauvaises conditions d’accueil et de soins des patients en psychiatrie. Mauvaises est bien en deçà de la réalité. Indignes, en dessous de tout. Inacceptables. Certes tout ne se résout pas par l’argent mais quand même ! Comment on peut soigner en psychiatrie sans moyens humains ? Ça dit bien la non-place dans la société des malades mentaux ».
Eric Favereau remarque que 
« cette psychiatre a néanmoins raison dans sa véhémence, car le monde de la psychiatrie publique n’est plus à la dérive, il est dans un trou noir, on y résiste comme on peut, sans souffle. Rien ne se passe, un univers à l’abandon. Il y a beau avoir un délégué ministériel chargé du dossier, mais qui s’en soucie ? ».
« Les fous sont absents de la sphère publique ; ils ne font pas l’actualité, sauf quand ils fuguent quelques heures (on dit alors qu’ils s’évadent !) ou quand ils sont violents (ce qui est, en pourcentage, beaucoup moins fréquent que chez les personnes dites «normales»). Qui se souvient qu’au printemps 2022, voilà à peine six mois, des centaines de soignants lançaient un appel à Elisabeth Borne, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ? »,
 continue le journaliste.
Il ajoute : «
 Depuis ? Rien. Si ce n’est, à intervalles réguliers, comme un symptôme de la situation, des rapports de la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté qui viennent nous rappeler les dérives inédites de certains établissements psychiatriques. Le dernier en date, rendu public la semaine dernière, fait suite à la visite de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Vendée – le Centre hospitalier Georges-Mazurelle de La Roche-sur-Yon – effectuée par six contrôleurs du 27 juin au 6 juillet 2022. Bilan sévère, donnant lieu «au constat d’un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» ».
Eric Favereau conclut : «
 Ainsi va la vie de tous les jours, loin des règles élémentaires de droit, chez les malades que l’on hospitalise à La Roche-sur-Yon. Un rapport qui comme les autres est passé largement inaperçu ».

 

« Des ultrasons pour mieux observer le cerveau des bébés »

Date de publication : 8 novembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet relève en effet dans Le Figaro : « Être en mesure d’observer le fonctionnement du cerveau des nouveau-nés pour y détecter d’éventuelles anomalies, et cela sans danger ni gêne : voilà de quoi révolutionner la détection et la prise en charge précoces de divers troubles neurologiques ».
Mickaël Tanter, physicien et directeur de recherche à l’Inserm, indique que 
« jusqu’à présent, seule l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permettait d’observer l’activité du cerveau avec une bonne résolution, mais cette technique n’est pas utilisable en routine chez des enfants. Elle est très bruyante et le bébé ne doit pas bouger ».
La journaliste explique que 
« c’est donc une autre piste que creuse l’entreprise Iconeus, qu’il a cocréée, logée dans un bâtiment de l’hôpital Cochin (Paris) et dont le laboratoire de recherche développe un appareil à ultrasons cent fois plus sensible qu’un échographe standard. La machine permet d’observer en temps réel le flux sanguin du cerveau, qui traduit l’activité neuronale ».
Mickaël Tanter précise ainsi :
 « L’appareil est peu onéreux, facile à déplacer d’une chambre à l’autre, et sans risque. Il suffit de poser une sonde sur le crâne du nourrisson, sans même le stimuler, alors qu’il est tranquillement dans sa couveuse ».
Delphine Chayet note que «
 les scientifiques espèrent découvrir des anomalies de communication entre les différentes régions du cerveau, qui seraient annonciatrices de troubles du neurodéveloppement, tels que l’autisme ou l’hyperactivité ».
La journaliste fait savoir que
 « l’échographe de neuro-imagerie, conçu avec des scientifiques de l’École de physique-chimie de Paris, va d’abord être testé auprès d’une trentaine de bébés à l’hôpital Robert-Debré (Paris) ».
Pierre Gressens, neuropédiatre et directeur d’unité à l’Inserm, ajoute que
 « l’étape suivante sera le suivi d’un plus grand nombre d’enfants durant plusieurs années pour surveiller leur évolution et vérifier que la machine a permis de détecter précocement des signes d’alerte ».
Delphine Chayet remarque que
 « si l’échographie ultrarapide s’avère efficace, un repérage pourra à terme être proposé juste après leur naissance à tous les enfants à risque (nés prématurément ou ayant des frères et sœurs atteints). Un dépistage dans les premiers mois de la vie, suivi d’un accompagnement adapté, augmente en effet les chances de progrès et réduit le risque de handicap »

 

« Une charte pour encadrer les recherches sur les neurotechnologies »

Date de publication : 9 novembre 2022

Le Figaro

Vincent Bordenave remarque dans Le Figaro : « Faire remarcher un paralytique, combattre les maladies dégénératives, mais aussi écrire un article directement par la pensée, sans l’aide d’un clavier. Ces perspectives réjouissantes, et parfois inquiétantes, sont autant de promesses des neurotechnologies, domaine en plein essor ».
Le journaliste observe que «
 le développement des neurosciences s’apparente à un jeu d’équilibriste balançant d’un côté vers des progrès souhaitables pour le plus grand nombre et même indispensables pour certains ».
Il cite ainsi Hervé Chneiweiss, neurobiologiste et neurologue, président du comité d’éthique de l’Inserm, 
« à l’origine d’une charte de développement responsable des neurotechnologies […] présentée le 17 novembre prochain par le ministère de la Recherche ».
Le spécialiste déclare que
 « l’enjeu est double : faire que ce domaine, porteur d’espoir, tienne toutes ses promesses, et secundo, le faire des conditions responsables. […] Les neurotechnologies ont d’ores et déjà permis des progrès faramineux dans de nombreux domaines. Historiquement, on peut citer l’utilisation de l’électroencéphalogramme pour diagnostiquer et traiter l’épilepsie. Il y a un tournant majeur à la fin des années 1980 avec l’implant de stimulation à haute fréquence comme traitement précoce de la maladie de Parkinson, qui concerne désormais près de 1 million de personnes dans le monde. En l’espace d’une trentaine d’années, ces progrès scientifiques ont donc bénéficié à un très large panel ».
Vincent Bordenave note qu
’« en parallèle, ces techniques penchent également vers des dérives que se sont évertuées à nous présenter de nombreuses œuvres des science-fiction, avec l’effrayante perspective de manipulation de la pensée ».
« Car ces approches technologiques s’attaquent au plus intime de chacun d’entre nous : notre conscience et, parfois, nos pensées les plus secrètes. Les avancées spectaculaires des neurosciences permettent en effet de toucher à la mémoire, aux souvenirs, et même d’influer sur les processus décisionnels »,
 relève le journaliste.
Hervé Chneiweiss souligne que «
 c’est toute l’importance de cette charte signée par l’ensemble des acteurs français du domaine, du public comme du privé. Ne pas sacrifier les progrès possibles à cause des dérives. Il faut pour ça convaincre de l’utilité de ces technologies et faire preuve de pédagogie sur les risques pour que chacun en ait pleinement conscience. Pour une fois, nous sommes en avance sur le mouvement et on peut réussir à tracer des limites avant qu’elles ne soient franchies ».

 

« La dépression post-partum, un mal enfin mesuré en France »

Date de publication : 15 novembre 2022

Le Monde

« Entre 15% et 20% des mères souffrent d’une dépression dans l’année suivant la naissance de leur enfant », fait savoir Pascale Santi dans Le Monde.
« 
Même les personnes les plus endurcies ne sont pas à l’abri. Laure Manaudou a confié récemment avoir fait une dépression post-partum pendant un an », souligne la journaliste.
« 
Selon l’enquête nationale périnatale 2021, menée auprès de 12.723 femmes, publiée en octobre, 16,7% des femmes ayant accouché en mars 2021 ont présenté des signes de dépression post-partum deux mois après l’accouchement. Ces scores, mesurés pour la première fois, ont été calculés sur la base des dix questions de l’échelle de dépression postnatale d’Edimbourg (EPDS) », détaille l’article.
« Ces chiffres sont concordants avec les autres pays similaires à la France, avec un taux de dépression maternelle postnatale variant de 15% à 20%, avec un pic de fréquence à deux-quatre mois et un autre à six mois », constate Camille Le Ray, chercheuse à l’Inserm et gynécologue-obstétricienne à la maternité Port-Royal (Paris), qui a coordonné l’étude. « Les pères ou coparents ne sont pas épargnés, mais il existe moins de données sur le sujet », note Le Monde.
« Ces chiffres nous inquiètent. Cela veut dire qu’une femme sur sept n’est pas bien après son accouchement, ce qui représente plus de 100.000 femmes par an. C’est inquiétant d’un point de vue sociétal, car la plupart des grossesses sont désirées. L’état de la femme se serait dégradé pendant la grossesse et/ou après l’accouchement », observe Anne Chantry, sage-femme et chercheuse à l’Inserm.
« 
La dépression post-partum se distingue du baby blues, un événement transitoire attendu qui concerne de 30% à 80% des accouchées dans la semaine qui suit, et qui dure de sept à dix jours », fait savoir Pascale Santi. « Les mères ont un sentiment d’incapacité à s’occuper de leur bébé, se disent que les autres seront plus à même de le faire, ce qui est spécifique de la dépression post-partum », décrit Sylvie Viaux-Savelon, pédopsychiatre périnatale à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon.
« La dépression post-partum est un tabou dans notre pays, car la maternité doit être forcément chose heureuse », estimait Adrien Taquet, alors secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, le 9 octobre 2020, lors des annonces des mesures en faveur des 1000 premiers jours de l’enfant. « L’arrivée d’un bébé est l’un des moments les plus à risque dans la vie d’une femme, avec des bouleversements hormonaux, corporels, organisationnels, familiaux ou professionnels », poursuit Sarah Tebeka, psychiatre à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP, Colombes, Hauts-de-Seine) et chercheuse.
« 
Conséquence tragique, le suicide est la deuxième cause de mortalité des mères dans l’année qui suit l’accouchement, derrière les maladies cardio-vasculaires, avec 35 décès par suicide de 2013 à 2015, soit une femme par mois, comme l’avait révélé l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (Inserm, Santé publique France), rendue publique début 2021 », alerte Le Monde.
« 
Cette étude avait alors créé un électrochoc. Dans neuf cas sur dix, il y avait des signes d’alerte », révèle le journal. « Par exemple, les mères avaient du mal à s’occuper de leur bébé en suites de couches ou n’étaient pas venues à des rendez-vous de suivi de grossesse », constate Sylvie Viaux-Savelon. « D’où la nécessité de former les soignants de première ligne », insiste le journal.
« 
La dépression post-partum peut altérer les interactions précoces avec le bébé », met en garde Pascale Santi. « Plusieurs travaux ont mis en évidence un risque accru de troubles psychiatriques pendant la petite enfance, l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte chez les enfants dont les mères ont présenté une dépression post-partum », souligne Sarah Tebeka.
La journaliste évoque des causes « 
multifactorielles ». « Les antécédents de troubles psychiatriques, qu’ils soient individuels – ce qui est le cas pour la moitié des femmes – ou familiaux, sont le principal facteur de risque d’une dépression périnatale. Des variants de gènes candidats à la dépression, notamment ceux impliqués dans des voies sérotoninergiques, l’axe du stress, les rythmes circadiens ou encore l’ocytocine, sont aussi associés », explique Sarah Tebeka.
La psychiatre, avance « 
d’autres facteurs de vulnérabilité : l’isolement, la précarité, des événements de vie stressants comme des conflits familiaux, des traumatismes, des violences, parfois au travail ».
« 
Autant de données qui montrent l’urgence d’agir et de dépister le plus tôt possible. Depuis juillet, un entretien postnatal précoce, réalisé par une sage-femme ou par un médecin généraliste, est obligatoire », rappelle Pascale Santi.
« 
Dans les faits, toutes les femmes ne le font pas (…). L’enjeu est de taille : seules 40% à 50% des dépressions seraient diagnostiquées, et seulement la moitié des femmes déprimées trouveraient à qui s’adresser, mentionnait le rapport issu de la commission sur les 1000 premiers jours de la vie de l’enfant présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik », alerte la journaliste.

 

« Ces villes qui font de la santé mentale un enjeu de premier plan »

Date de publication : 24 novembre 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui observe que « même si ce domaine ne fait pas partie de leurs prérogatives, des municipalités s’engagent pour déstigmatiser ce sujet, cerner les besoins de la population et travailler à des solutions ».
Isabelle Hennebelle livre ainsi un reportage au Clubhouse de Nantes,
 « structure consacrée à l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap psychique : schizophrénie, bipolarité, dépression sévère… Ici, les adhérents contribuent, selon leur envie et leur capacité du moment, au fonctionnement du lieu, toujours en binôme afin de s’entraider : accueil, repas, ménage, comptabilité… ».
La journaliste explique : «
 La méthode Clubhouse, «fondée sur le modèle d’une journée de travail, permet à un membre sur trois en moyenne de reprendre une activité professionnelle», glisse Alice Aubineau, directrice de l’antenne nantaise ouverte il y a 2 ans, après celles de Paris, Bordeaux, Lyon et Lille, rejointes bientôt par Bastia et Rennes. A Nantes, le Clubhouse est financé à 50% par le privé et à 50% par le public, dont une subvention de 100.000 euros de la ville de Nantes ».
Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes, ajoute que la ville
 « déploie une série d’actions depuis plusieurs années. Il y a urgence, encore plus depuis le Covid : la pandémie a mis en lumière la stigmatisation autour des troubles psychiques et le manque d’investissements ».
Sylvie Justome (Génération Ecologie), adjointe au maire de Bordeaux en charge de la sécurité sanitaire et de la santé, indique pour sa part : 
« Nous sommes actifs sur ce sujet, car nous avons conscience que la santé du citoyen ne dépend pas seulement des soins, mais de ses conditions de vie en général. Qu’il s’agisse d’accès au logement, à la culture, au sport, aux espaces verts, aux mobilités urbaines, nous cherchons à ce que toutes nos actions incluent un objectif de santé mentale ».
Isabelle Hennebelle observe que 
« l’enjeu est de taille. Chaque année, un Français sur cinq est touché par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes. Le taux de suicide est au-dessus de la moyenne européenne, certes plus dans les premiers, l’incidence s’améliorant depuis plusieurs décennies ».
La journaliste note ainsi que 
« dans l’Hexagone, «l’accès aux soins est difficile : seules 40 à 60% des personnes souffrant de troubles psychiques sont aujourd’hui prises en charge, et la qualité des soins est très inégale», relève l’Institut Montaigne dans une étude de décembre 2020. En cause, «des ressources mal réparties sur le territoire, des barrières financières, des délais d’attente très longs, des cloisonnements forts entre médecine somatique, psychiatrie et médico-social, une forte stigmatisation». Et les centres médico-psychologiques, dispositifs sectorisés de soins gratuits, présents partout sur le territoire, sont débordés ».
Isabelle Hennebelle explique donc que
 « face à l’ampleur des besoins, un nombre croissant de villes mettent en place un conseil local de santé mentale (CLSM) afin, notamment, de lutter contre la stigmatisation, promouvoir le bien-être et le rétablissement et prévenir les troubles ».
Fanny Pastant, coordinatrice nationale des CLSM, précise que 
« généralement présidés par un élu local, coanimés par la psychiatrie publique et accordant une place centrale aux personnes vivant avec un trouble psychique ou aux aidants, ces espaces de concertation apparus dans les années 2000 rassemblent aussi les professionnels de la santé, les services sociaux, et tout acteur concerné par le sujet ».
Isabelle Hennebelle relève toutefois qu’
« en dépit de l’activisme des villes engagées, le chemin est encore long ». Alain Dannet, du centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en santé mentale, remarque qu’« encore trop de maires cantonnent la santé mentale à une approche exclusivement sanitaire, et considèrent donc que ce sujet n’est pas de leur ressort, alors qu’il est éminemment politique et social ».
Fanny Pastant ajoute que « 
la couverture du territoire reste partielle et les moyens insuffisants : il existe actuellement 260 CLSM actifs, il en faudrait 800 pour que l’ensemble des Français en bénéficient ».

 

« L’addiction aux jeux en ligne, c’est une maladie »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien livre un entretien avec Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et professeur des universités à Paris-Saclay, qui « rappelle qu’une addiction aux jeux en ligne peut mener à «d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue» ».
Le journal note ainsi qu’«
 alors que la Coupe du monde de football au Qatar pourrait battre des records de mises et engendrer de nouveaux « addicts » aux paris sportifs en ligne, le spécialiste alerte sur les dangers que représente le jeu excessif : isolement, dépression, endettement, voire problèmes de couple et tentatives de suicide ».
Laurent Karila rappelle que «
 l’addiction au jeu est reconnue comme une maladie », et en évoque « les conséquences » : « Elles sont multiples. Financières et sociales, avec de l’endettement, de l’adhésion massive à des crédits de consommation… […] On a régulièrement un isolement social fort, les malades n’en parlant pas autour d’eux. Psychologiquement, on peut aller vers la dépression, voire des tendances suicidaires et des passages à l’acte. Un « addict » au jeu en ligne peut aussi verser dans d’autres addictions, comme l’alcool ou la drogue ».
Le Parisien interroge : 
« Combien de parieurs en ligne sont addicts en France ? ». L’addictologue répond qu’« on n’a pas le chiffre précis, mais on sait que 15% d’entre eux présentent un risque de jeu problématique, c’est-à-dire, en gros, de basculer dans une addiction. C’est une grosse proportion. Ce sont essentiellement des jeunes : 72% des joueurs sont des hommes de 18 à 35 ans ».
Le journal poursuit : 
« Comment s’en sortir ? ». Laurent Karila souligne qu’« il faut une prise en charge totale. Aller voir son médecin ne suffit pas. Celui-ci doit orienter vers des spécialistes qui vont traiter chaque aspect de la maladie : médicale, avec un psychiatre ou un addictologue, mais aussi sociale, psychologique. […] Il est aussi possible de s’interdire volontairement de jouer. Mais attention, cela ne suffit pas : l’addiction est une drogue, elle peut contourner ces mesures d’auto-exclusion ».

 

« Les psychiatres hospitaliers se mobilisent contre «l’abandon» de leur secteur »

Date de publication : 29 novembre 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque en effet : « Manque de lits d’hospitalisation, fermetures de centres faute d’effectifs suffisants… Les psychiatres hospitaliers sont invités à se mobiliser ce mardi contre le «délabrement» d’un secteur public victime d’un «abandon» de l’État, selon leurs syndicats ».
Le journal fait savoir que
 « 4 organisations appellent à la grève et à des manifestations, notamment à 11h à Paris, devant le ministère de la Santé. Des rassemblements sont annoncés dans d’autres villes, devant les agences régionales de santé (ARS) ou des hôpitaux ».
Le quotidien explique que
 « ces syndicats dénoncent un «abandon de la psychiatrie publique» qui «se caractérise au quotidien par le manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP)». Une situation liée à la pénurie d’effectifs de médecins et d’infirmiers, qui «touche aujourd’hui 5 établissements hospitaliers sur 6», selon un communiqué intersyndical ».
Le Parisien cite le Dr Norbert Skurnik, président de l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), qui déclare :
 « Rien qu’en Île-de-France, 60.000 à 70.000 personnes, dont au moins 60% sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile ».
Le journal relève ainsi : 
« Dans un contexte de «durcissement» des conditions de travail, la spécialité n’attire plus les jeunes médecins, déplore le Dr Skurnik, citant le chiffre de 100 internes à répartir en région parisienne, «là où il en faudrait 150» ».
Le quotidien note que le psychiatre 
« défend une augmentation de «20 à 25%» des salaires des psychiatres hospitaliers, sous forme de primes de pénibilité. Quatorze mois après sa présentation, le plan annoncé par Emmanuel Macron à l’issue d’assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes dans les CMP, est jugé insuffisant par la profession ».
Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens d’exercice hospitalier (INPH), souhaite également 
« un plan pour l’attractivité des carrières. Il y a nécessité que les pouvoirs publics reprennent le dialogue social avec les psychiatres ».
Le Parisien rappelle que le ministre de la Santé, François Braun, a 
« promis qu’un bilan serait tiré «très prochainement» des assises organisées en septembre 2021 ».

 

Revue de presse santé psy – octobre 2022

« Crises non épileptiques psychogènes : à Marseille, un service hospitalier « fait le pont entre le corps et l’esprit » »

Date de publication : 26 octobre 2022

Libération

C’est ce qu’indique Libération, qui explique qu’« à la Timone, un service se spécialise dans le traitement de cette maladie rare, dont les manifestations ressemblent à s’y méprendre à celles de l’épilepsie, sans toutefois en être ».
Samantha Rouchard rappelle ce que sont ces crises non épileptiques psychogènes, ou Cnep :
 « Cela touche environ 5 personnes sur 100.000 par an, à 80% des femmes. Si ses manifestations ressemblent à l’épilepsie, sur l’EEG la Cnep se différencie car elle n’implique pas de perturbations de l’activité électrique ».
« Que les femmes soient plus touchées par des troubles comme l’anxiété ou la dépression peut expliquer qu’elles soient plus enclines aux Cnep »,
 note la journaliste.
Marie Arthuis, psychiatre, précise que
 « derrière ces crises, on trouve une portion non négligeable de cas d’abus sexuels, de traumatismes physiques et de violences qui s’expriment par le corps car la parole ne peut pas se faire. Et les personnes victimes d’abus sont majoritairement des femmes. Le corps se lâche là où la personne ne s’autorise pas à le faire. Ce qui est probablement lié à la position des femmes dans la société ».
Samantha Rouchard indique que 
« les Cnep se soignent principalement grâce à une psychothérapie », puis note qu’« il y a 3 ans, la [psychiatre] a intégré cette unité de neurologie, rejointe depuis par deux psychologues. Ce service, centre ressource des épilepsies résistantes au traitement, voit 20 à 30% de sa patientèle atteinte de Cnep. D’où le choix de créer un dispositif pluridisciplinaire pour prendre en charge le patient dans son entièreté, s’inspirant de ce qui se fait déjà au CHRU de Nancy ».
Marine Cossettini, psychologue, remarque qu’
« en médecine, on distingue souvent corps et esprit et dans ce service, on fait le pont entre les deux ».
Samantha Rouchard note que « 
pour la neurologue du service, Agnès Trébuchon, la présence psy a permis de faire «progresser» les choses. A la Timone, les patientes Cnep viennent parfois de loin pour consulter après avoir été pas mal «ballottées». Car cette maladie reste très mal appréhendée par le corps médical. Aux urgences, il est fréquent que les patientes soient traitées d’hystériques ».
La journaliste poursuit : 
« Médecin et psychologues du service œuvrent pour faire évoluer les mentalités et transmettre ce qu’ils savent de cette maladie. Pour Marie Arthuis, les nombreuses femmes qui travaillent dans ce service ont peut-être aussi changé la donne ».

 

« Covid long, AVC, perte de matière grise : les mauvaises surprises à long terme du Sars-CoV-2 »

Date de publication : 27 octobre 2022

Libération

Olivier Monod constate dans Libération que « près de 3 ans après l’apparition du Covid-19, l’éventail complet des séquelles de la maladie reste mal connu. En France, la huitième vague semble sur le déclin et n’a pas causé d’engorgement des hôpitaux, principalement grâce à la bonne couverture vaccinale de la population ».
« Le Covid semble ne plus être un sujet d’inquiétude, ni politique ni sociale, malgré les 80 morts quotidiens dus à la maladie (et un total d’au moins 156 000 victimes en France). La solidarité envers les personnes fragiles a fait long feu et l’apparition du nouveau variant BQ.1.1 ne déchaîne pas les passions », 
relève le journaliste.
Il rappelle toutefois que 
« l’impact sanitaire du Covid-19 ne s’arrête pas aux morts immédiats. Les effets d’une infection par le virus Sars-Cov-2 plusieurs mois après la phase aiguë de la maladie sont toujours étudiés, et ne se limitent pas au fameux Covid long. Cerveau, cœur, diabète, système immunitaire, Libération fait un tour d’horizon des conséquences possibles de la maladie ».
Olivier Monod explique notamment que «
 certaines personnes souffrent de symptômes du Covid pendant plusieurs mois. Popularisées sous le nom de Covid long, ces «affections post-Covid» concernent, en France, «20 % des personnes ayant été infectées», 18 mois après l’infection, écrit le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) ».
« Une récente étude cosignée par la chercheuse française Sandrine Thuret met en évidence une possible perturbation de la création de nouveaux neurones – la neurogénèse – chez les patients souffrant de confusion pendant la phase aiguë du Covid. […] Le mécanisme en cause est l’activation du système inflammatoire par le virus, qui va générer des troubles dans le cerveau »,
 note le journaliste.
Il cite en outre Vincent Prévot, directeur de recherche de l’Inserm, qui indiquait en juin dernier que 
« le virus créait des micro-hémorragies dans le cerveau qui pourraient expliquer certains des symptômes développés par les patients atteints du Covid long. Si cela peut être réversible, une fragilité du système nerveux central pourrait augmenter le risque de développer une maladie neurodégénérative bien des années plus tard ».
Olivier Monod poursuit : 
« Mais tous les patients ne présentent pas les mêmes symptômes. De la perte de l’odorat au malaise à l’effort, l’éventail est large ».
Le journaliste évoque notamment le cœur :
 « Le virus Sars-Cov-2 est capable d’infecter de nombreuses autres cellules humaines que celles du poumon. «Ce virus aime toucher les parois des petits vaisseaux sanguins», affirme Olivier Robineau [infectiologue à l’hôpital de Tourcoing]. En août 2021, une étude suédoise parue dans The Lancet mettait à jour un risque d’infarctus du myocarde multiplié par 3 la semaine suivant l’infection ».
Olivier Monod souligne que 
« même un an après l’infection, les personnes ayant contracté le Covid sont plus à risque d’une pathologie cardiovasculaire pouvant aller d’un trouble du rythme cardiaque à une attaque, en passant par une myocardite ».
Olivier Robineau précise : 
« On est encore au début de l’apparition d’une nouvelle maladie. Beaucoup d’hypothèses différentes sont explorées, parfois très anxiogènes et c’est normal. Mais il faut faire attention aux extrapolations trop rapides. Les études manquent encore de robustesse ».
François Chollet, neurologue, indique pour sa part : 
« Ce que l’on peut dire, c’est que le Covid peut provoquer des anomalies cérébrales visibles à l’IRM. […] Nous ne connaissons pas encore leur signification. Est-ce qu’elles peuvent expliquer des symptômes du Covid long ? Une lésion du système nerveux central peut expliquer un trouble du rythme cardiaque… il y a des débats ».
Olivier Monod relève en outre que
 « le Covid-19 a été très tôt associé à un déchaînement du système immunitaire, la fameuse tempête cytokinique qui conduisait les personnes en réanimation. Mais cette hausse de l’inflammation peut durer dans le temps ».
Le Dr Robineau indique que 
« 6 mois après l’infection, on peut encore avoir des marqueurs de l’inflammation plus élevés que chez des personnes n’ayant pas fait d’infection. Mais on a tendance à montrer que ces marqueurs diminuent avec le temps ».
« Le Covid a aussi été associé à une hausse du diabète de type 2, mais les scientifiques sont plus circonspects sur cette association »,
 ajoute le journaliste. Le Dr Robineau précise : « Cela peut être un biais induit par le fait que le Covid accélère la détection d’un diabète qu’on aurait mis en évidence plus tard ».

 

« Et si les jeux vidéo étaient bons pour le cerveau des enfants ? »

Date de publication : 28 octobre 2022

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « ce nouveau passe-temps très populaire chez les plus jeunes les aiderait à développer certaines aptitudes cognitives, selon les résultats d’une étude publiée en ligne sur le site Jama Network Open ».
La journaliste explique ainsi que 
« les enfants adeptes des jeux vidéo auraient une meilleure mémoire de travail, celle qui est sollicitée pour faire du calcul mental ou encore retenir les syllabes et les mots lors de la lecture. Chez les enfants joueurs, les scientifiques ont également noté une meilleure capacité d’inhibition ».
Anne Prigent indique que
 « les chercheurs de l’Université du Vermont se sont appuyés sur la cohorte américaine ABCD, portant sur le développement cognitif du cerveau de l’adolescent. Ils ont analysé les données cognitives et les données d’imagerie cérébrale de plus de 2000 participants âgés de 9 et 10 ans, en séparant ces enfants en deux groupes : ceux qui ne jouaient pas du tout aux jeux vidéo, et ceux qui jouaient trois heures par jour ou plus ».
« Pour chaque groupe, les chercheurs ont évalué les performances des enfants dans deux tâches mesurant la mémoire à court terme et la capacité d’inhibition, et ils ont observé l’activité cérébrale des enfants pendant l’exécution de ces tâches »,
 poursuit la journaliste.
Elle retient que 
« les enfants jouant 3 heures ou plus par jour étaient plus rapides et plus précis dans les deux tâches cognitives et présentaient une activité cérébrale plus élevée dans les régions associées à l’attention et à la mémoire. Ces enfants avaient aussi une activité cérébrale moins marquée dans les régions liées à la vision ; selon les auteurs, cette observation pourrait s’expliquer par l’acquisition par les joueurs d’une plus grande efficacité du traitement visuel ».
Anne Prigent note que
 « pour autant, si votre enfant vient vous dire qu’il peut jouer des heures à la console parce que c’est bon pour son cerveau, vous n’êtes pas obligé de l’écouter. Il est en effet impossible, pour le moment, rappellent les auteurs de l’étude, de savoir si c’est le fait de jouer davantage qui améliore les performances cognitives, ou si de meilleures performances cognitives conduisent à jouer davantage ».

 

« Maladie d’Alzheimer : les incroyables effets du ping-pong »

Date de publication : 31 octobre 2022

Le Parisien

« Le ping-pong [ou tennis de table] apparaît en effet comme l’une des activités les plus bénéfiques. Pratiquer ce sport de raquettes entraînerait des améliorations dans la socialisation, la concentration, la perception de l’espace ou encore la coordination motrice », révèle Le Parisien.
« 
Depuis les années 1990, il y a eu seulement deux publications scientifiques sur le sujet », regrette le Dr Pierre-Louis Bernard. « Pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et quantifier scientifiquement les bénéfices de ce sport, une nouvelle étude va être lancée l’an prochain », fait savoir le journal.
« 
Commandée et financée par l’association France Alzheimer, elle sera pilotée par Pierre-Louis Bernard. Un échantillon de 200 personnes atteintes d’Alzheimer, accompagnées de leurs aidants, participera à différents tests d’analyses », précise-t-il. « Pendant six mois, ils auront des entraînements de tennis de table deux fois par semaine », indique le chercheur.
« 
Depuis la signature, il y a trois ans, d’un partenariat entre France Alzheimer et la Fédération française de tennis de table (FFTT), 25 clubs ont été conventionnés pour proposer des séances adaptées », rappelle l’article. Le sport y est « une parenthèse d’une heure et demie où les participants ne pensent plus à la maladie », constate Lucie Coulon, coordinatrice sport santé à la FFTT.
« 
L’étude du docteur Bernard, si elle est conclusive, pourrait permettre de reconnaître ces séances comme une forme de thérapie et faciliter leur prise en charge. Les protocoles sont déjà bien arrêtés », observe Le Parisien. « On préconise huit malades et leurs aidants par groupe, avec un éducateur qui leur est totalement consacré », détaille Lucie Coulon.
« 
Ces temps d’exercice sont également l’occasion d’offrir du répit aux aidants », souligne Le Parisien. « Le tennis de table est simple et abordable, avec un bénéfice évident pour les pratiquants », constate le Dr Kévin Rabiant, spécialiste en neurosciences et responsable du service études et recherche à France Alzheimer. « Estime de soi, inclusivité sociale, travail de l’équilibre et diminution du risque de chutes sont les effets positifs que la FFTT observe également », conclut Le Parisien.

 

Revue de presse santé – septembre 2022

« Une étude révèle une baisse des suicides en France pendant les confinements de 2020 »

Date de publication : 6 septembre 2022

Le Monde Le Parisien La Croix

Le Monde fait savoir que « la crise liée au Covid-19 a eu des «effets contrastés» sur la population française, estime l’Observatoire national du suicide (ONS) dans un rapport […] évoquant une baisse générale des suicides lors des confinements de 2020 et une évolution différenciée des gestes suicidaires en fonction des populations ».
Le journal retient que «
 la pandémie n’a pas entraîné «une hausse immédiate des conduites suicidaires», explique l’observatoire de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). […] Les gestes suicidaires ont même «diminué au début de la pandémie malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil» ».
Le Monde indique que 
« les décès par suicide dans la population générale ont ainsi baissé de 20% et 8% durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes, et les hospitalisations en court séjour pour lésions auto-infligées de 10% sur 2020 par rapport à la période 2017-2019 ».
Le quotidien ajoute que 
« ces chiffres […] correspondent aux données «recueillies dans d’autres pays de niveau économique similaire», et suggèrent que les confinements «ont pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire» grâce au «sentiment de partage d’une épreuve collective» ou encore en raison de la «surveillance accrue par les proches» ».
Le Monde précise cependant que 
« cette baisse ne s’est pas poursuivie hors confinement, car «le nombre global de décès par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès» entre le début de janvier 2020 et la fin de mars 2021 «ne paraissent pas avoir été affectés par la pandémie» ».
Le Parisien relève également que
 « les décès par suicide dans la population générale ont diminué […] durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. Mais la pandémie a eu des «effets contrastés». Les hospitalisations pour lésions auto-infligées ont nettement augmenté pour les adolescentes et jeunes femmes ».
Le journal explique que selon l’ONS, 
« ces dernières ont été affectées «par le premier confinement, avec une hausse des syndromes dépressifs, qui n’ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la pandémie une fois passées ses phases les plus aiguës», […] évoquant le «rôle d’accentuation» des vulnérabilités psychologiques préexistantes joué par le Covid-19 chez les jeunes issues de milieux socio-économiques défavorisés ».
« La DREES appelle toutefois à une interprétation prudente de ces chiffres en raison de possibles «effets rebonds» et de la «tendance générale à la baisse des conduites suicidaires, observable depuis les années 1980» »,
 conclut Le Parisien.
La Croix titre pour sa part : 
« Pendant la crise sanitaire, des tentatives de suicide en forte hausse chez les jeunes femmes ». Le journal observe que « pour tous les niveaux de vie, les femmes sont particulièrement vulnérables entre 15 et 19 ans, mais plus particulièrement pour celles appartenant aux 25% des ménages les plus modestes ».

 

« Covid, burn-out… Dans les entreprises, les arrêts maladie repartent à la hausse »

Date de publication : 8 septembre 2022

Le Parisien

Catherine Gasté constate en effet dans Le Parisien que « dans les entreprises, la tendance est plutôt au mal-être, si l’on en croit les résultats sur 7 ans du baromètre annuel « Absentéisme » réalisé par l’organisme de protection sociale complémentaire Malakoff Humanis ».
La journaliste indique qu’«
 après une baisse significative durant la période du Covid (36% en 2020 et 38% en 2021), la proportion de salariés absents au moins une fois dans l’année pour maladie est repassée au-dessus de la barre des 40% en 2022 : à 42% contre 34% en 2012… ».
Anne-Sophie Godon-Rensonnet, en charge du baromètre, observe ainsi qu’en 2020 et 2021 
« il y a eu beaucoup de salariés en chômage partiel donc pas ou peu d’arrêts maladie. On sait aussi que le télétravail a été un «protecteur» des arrêts de courte durée. Enfin, les arrêts un peu plus longs sont souvent liés à des opérations qui ont été mises en stand-by ».
Catherine Gasté relève que 
« si, entre mi-2021 mi-2022, le Covid représente le premier motif d’absence avec 22% des arrêts maladie, les motifs psychologiques deviennent la deuxième cause des arrêts (20%) et devancent les troubles musculosquelettiques (16%) ».
« Ce bond des arrêts pour risques psychosociaux et burn-out peut en partie s’expliquer par «une période marquée, au-delà de la crise sanitaire, par de grands bouleversements qui affectent le monde de l’entreprise et le travail lui-même», souligne Malakoff Humanis. Ils constituent par ailleurs le principal motif des arrêts longs : 28% contre 14% en 2016 »
, continue la journaliste.
Elle évoque en outre «
 de fortes disparités. Une «surreprésentation des jeunes (18-34 ans) constante», selon l’étude, depuis 2016. Près d’un sur deux (46%) a déposé au moins un arrêt maladie en 2022, et la moitié d’entre eux ont eu des arrêts multiples ».
Catherine Gasté en précise «
 les principaux motifs : là encore, Covid et troubles psychologiques en forte hausse. D’ailleurs, 26% des jeunes jugent leur santé mauvaise ou moyenne, dont un tiers sur le plan mental. Un jeune sur deux se dit stressé souvent ou très souvent au travail. […] Les plus de 50 ans en revanche sont les moins nombreux à avoir des arrêts maladie, une «sous-représentation constante» (34% en 2022) ».
La journaliste ajoute que 
« les femmes s’arrêtent plus que les hommes : 48% contre 37% des hommes en 2022 ». Anne-Sophie Godon-Rensonnet évoque des « conditions de travail et d’emplois souvent plus précaires. Il y a des secteurs d’activité entiers où ce sont plutôt les femmes qui ont les postes avec des conditions de travail pénibles, moins bien rémunérés ».
Catherine Gasté note enfin que «
 devenir manager ne fait plus rêver », relevant que « le taux de fatigue explose chez les managers, quel que soit leur sexe : 59% disent avoir ce sentiment. D’ailleurs, 4 sur 10 ont au moins été arrêtés une fois dans l’année et 22% pour des troubles psychologiques ».

 

« Pandémie et capacités physiques et cognitives, retour sur le cas des enfants »

Date de publication : 21 septembre 2022

Le Monde

Pascale Santi constate dans Le Monde que « les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont eu des répercussions sur l’activité physique et le niveau de sédentarité des Français, enfants et adolescents au premier chef ».
La journaliste rappelle que
 « bouger est un facteur de protection de nombreuses maladies chroniques et ses bienfaits sont prouvés sur la santé physique, mentale et sociale des jeunes, sans parler de l’amélioration de certaines performances cognitives et des apprentissages scolaires. »
Elle note ainsi que «
 l’agence sanitaire Santé publique France (SPF) a lancé, début septembre, la campagne «Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager, c’est important» ».
Pascale Santi observe que 
« les experts alertent depuis plus de 10 ans […] sur une situation préoccupante. Selon plusieurs études, 8 ados sur 10 n’atteignent pas le niveau d’activité physique recommandé. Parallèlement, le temps de sédentarité ne cesse de croître, en raison de l’explosion des temps d’écran. Un cocktail délétère, aggravé par la pandémie ».
La journaliste revient sur les «
 résultats […] d’une étude dont [Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand] a été coordinatrice, menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et de CE2 ».
Pascale Santi retient que selon ce travail paru en octobre 2021 dans
 International Journal Environmental and Public Health, « les capacités physiques ont significativement baissé, confirmant les premières données : la capacité d’endurance (VO2 max) a chuté de 25% en un an, les capacités motrices (sauter, courir, passer d’un pied à l’autre…) d’environ 20%. La diminution des capacités cognitives est de 25% dans la publication, et non plus de 40% comme annoncé » lors de résultats préliminaires en juin 2021.
« Par ailleurs, si, dans les données préliminaires, l’IMC avait grimpé de 2 à 3 points en moyenne, l’augmentation n’est que de 1 point dans l’étude publiée », ajoute-t-elle.
La journaliste note cependant que
 « selon plusieurs chercheurs, des aspects de cette publication interrogent ».
L’un d’eux observe :
 « Comparativement aux résultats de l’étude préliminaire réalisée avec 90 enfants testés à deux périodes différentes, laissant supposer un suivi longitudinal, dans l’étude publiée, les tests ont été réalisés dans deux classes différentes, donc avec des enfants différents. Il est donc difficile d’interpréter et de comparer les résultats en raison d’un manque d’informations sur les conditions de l’étude ».
Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives Marc-Jeannerod (Inserm, CNRS), remarque pour sa part : «
 Certes, les résultats sur la cognition sont moins alarmants, mais ils restent élevés, et ils vont dans le même sens que d’autres travaux sur ce sujet. La baisse des compétences cognitives, du temps de sommeil, de lecture… est observée depuis plusieurs années ».
Pascale Duché, directrice du laboratoire Impact de l’activité physique sur la santé de l’université de Toulon, note quant à elle que
 « la question est de savoir si la reprise des activités scolaires, physiques et sportives va permettre de retrouver les niveaux d’avant le Covid, qui étaient déjà très bas ».

 

« Un Français récompensé pour avoir trouvé la cause de la narcolepsie et son traitement principal »

Date de publication : 23 septembre 2022

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui observe : « C’est une maladie «bizarre», «incroyable», mais aussi «dévastatrice», dont les patients atteints «souffrent terriblement». Le Français Emmanuel Mignot, 63 ans, a consacré sa carrière à l’étude de la narcolepsie, jusqu’à en trouver la cause et permettre ainsi d’éclairer un peu l’un des grands mystères de la biologie : le sommeil ».
Le journal fait savoir que 
« sa découverte lui vaut d’être aujourd’hui récompensé par un grand prix américain, le Breakthrough Prize, aux côtés du Japonais Masashi Yanagisawa, arrivé à des conclusions similaires au même moment ».
« Grâce à ces recherches, des médicaments qui promettent de révolutionner le traitement de la narcolepsie et d’autres troubles du sommeil sont aujourd’hui en cours de développement »,
 note le quotidien.
Le Parisien explique qu
’« il y a 30 ans, jeune diplômé de médecine et de sciences, Emmanuel Mignot décide de se rendre aux États-Unis durant son service militaire, afin d’étudier le fonctionnement d’un médicament alors utilisé contre la narcolepsie. […] Il enseigne à présent à l’université Stanford, en Californie, où des narcoleptiques du monde entier viennent le consulter ».
« Finalement, en 1999, la trouvaille : un récepteur situé sur des cellules du cerveau des chiens narcoleptiques est anormal. Ce récepteur est comme une serrure, qui ne réagit qu’en présence de la bonne clé : une molécule, découverte en même temps par le Japonais Masashi Yanagisawa, qui la baptise orexine (aussi parfois appelée hypocrétine). Il s’agit d’un neurotransmetteur, produit dans l’hypothalamus, à la base du cerveau, par une toute petite population de neurones », 
précise le quotidien.
Le journal note qu’« 
Emmanuel Mignot réalise les premiers tests chez les humains. Et les résultats sont époustouflants : les niveaux d’orexine dans le cerveau des patients narcoleptiques sont à zéro. La voie d’action de la maladie est donc similaire : chez les chiens, la serrure est cassée, mais chez l’humain, c’est la clé qui manque. Ce qui explique également pourquoi la maladie peut être héréditaire chez les chiens, et non chez les humains ».
« En donnant un médicament mimant l’orexine dans le cadre d’essais, les résultats sont «vraiment miraculeux», raconte le chercheur français. Les patients ont alors «des yeux différents», ils sont «juste réveillés, calmes», une vraie «transformation.» Le défi reste aujourd’hui de développer la formulation délivrant la bonne dose, au bon moment »,
 ajoute Le Parisien.
Le journal relève enfin que 
« toutes les questions ne sont pas pour autant résolues. Emmanuel Mignot essaie aujourd’hui de prouver que la narcolepsie est déclenchée par le virus de la grippe. Selon lui, le système immunitaire, chargé de nous défendre contre les infections, peut se mettre à confondre les neurones produisant l’orexine avec certains virus de la grippe, et finir par les attaquer. Or une fois morts, ces neurones ne peuvent pas se renouveler, et les patients ne pourront plus produire d’orexine de leur vie ».

 

« Quand la réalité virtuelle aide à combattre la douleur »

Date de publication : 26 septembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet note en effet dans Le Figaro que « comme l’hypnose, la réalité virtuelle peut être utilisée au bloc opératoire en complément d’une anesthésie locale. Casque couvrant les yeux et les oreilles, le patient est transporté dans un paysage bucolique en trois dimensions, son attention retenue par une voix relaxante pendant que le médecin opère ».
La journaliste relève qu’
« un des bienfaits de cette technologie, qui a en France une place encore modeste à l’hôpital, vient d’être remis en évidence par une étude publiée dans Plos One : elle permet de réduire les doses de sédatifs administrés pendant l’intervention quand le patient manifeste des signes de douleur ou d’anxiété ».
Delphine Chayet explique que « 
des scientifiques de l’université du Colorado Hospital (États-Unis) ont comparé les parcours d’une trentaine d’adultes opérés pour une chirurgie bénigne de la main, avec ou sans programme de réalité virtuelle ».
« Alors qu’ils ont reçu moins de médicaments destinés à les faire somnoler, les patients ayant bénéficié du programme immersif affichent des taux de satisfaction postopératoires identiques aux individus pris en charge de façon habituelle. Ils ont passé moins de temps en salle de réveil. Les chercheurs américains rappellent qu’une sédation excessive peut être à l’origine de complications respiratoires », 
continue la journaliste.
Antoine Bioy, professeur de psychologie à l’université Paris 8 et praticien au CHU de Bordeaux, observe que
 « l’approche, destinée au grand public pour des gestes médicaux simples, est intéressante dans la mesure où tous les services hospitaliers n’ont pas d’hypnothérapeutes ou de sophrologues formés ».
Delphine Chayet précise que «
 la technologie permet de réunir plusieurs méthodes de relaxation. L’immersion dans un décor naturel – jardin, forêt, plage… – s’accompagne d’exercices de respiration, de bruits apaisants et d’une voix enregistrée qui guide le patient dans l’expérience, attirant son attention sur le mouvement des feuilles ou des vagues ».
La journaliste relève qu’
« à l’hôpital Saint-Joseph [à Paris], où le casque est testé depuis 6 mois pour les coloscopies, le Dr Marie-Charlotte Desmaizières [médecin anesthésiste] constate son effet positif ».
La praticienne indique : 
« Il nous est arrivé d’observer des signes objectifs de douleur, par exemple une tachycardie, sans que le patient exprime une quelconque gêne. Globalement, nous parvenons à diminuer, voire à supprimer la sédation et à réduire la durée de surveillance post-interventionnelle ».
Yacine Hadjiat, spécialiste de la douleur à l’Inserm et expert en santé digitale, explique que
 « via la distraction active et l’hypnothérapie, on stimule notamment les systèmes inhibiteurs et endogènes de contrôle de la douleur, de type endorphines. La douleur est une expérience subjective, physique et émotionnelle, influencée par de multiples facteurs, d’où la nécessité d’interventions dites multimodales ».
Delphine Chayet relève toutefois que «
 malgré un intérêt grandissant, la réalité virtuelle reste une pratique émergente ».
La Dr Fanny Lévy, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière et présidente de la société MyReVe, remarque ainsi :
 « La recherche et la technologie ont fait de grands progrès, mais le déploiement est limité par le coût des casques et le manque de formation des professionnels de santé. Elle pourrait pourtant être proposée à un très grand nombre de patients – à condition que les programmes soient conçus par des médecins ».

 

« De « faux » cerveaux pour mieux comprendre le vieillissement précoce »

Date de publication : 28 septembre 2022

La Croix

Audrey Dufour explique dans La Croix qu’« une équipe de l’Institut Pasteur a développé des organoïdes cérébraux, des structures vivantes qui reproduisent un stade très précoce et incomplet du cerveau. Ces organoïdes doivent servir pour mieux comprendre et soigner les atteintes neurodégénératives de maladies rares ».
La journaliste indique ainsi que
 « le laboratoire de Miria Ricchetti à l’Institut Pasteur, à Paris, travaille sur les maladies génétiques progéroïdes. Rares, ces troubles provoquent un vieillissement accéléré chez les enfants et une très courte espérance de vie, comme la progéria. Chaque boule blanche dans la boîte est en réalité un organoïde cérébral, sorte de «bébé cerveau» ».
Elle précise que 
« ces organoïdes ne sont pas des cerveaux complets et ne peuvent pas le devenir. Au bout de 2 ou 3 mois, ils cessent leur développement, faute d’une vascularisation. Pour qu’ils se développent, il faudrait les implanter dans un animal, ce qui aboutirait à une chimère, technique autorisée par la dernière loi de bioéthique ».
Audrey Dufour note que «
 ces cellules sont tout de même bien vivantes, et on enregistre même une activité électrique, presque comme on le ferait pour de «vrais» cerveaux ».
Miria Ricchetti remarque ainsi : 
« C’est assez spectaculaire, et je crois qu’on ne saisit pas encore toutes les implications de ces organoïdes ».
La journaliste explique que 
« l’équipe part des cellules de la peau des enfants malades, qu’on a prélevées pour confirmer le diagnostic. Ces cellules sont traitées pour devenir des cellules souches pluripotentes induites (les CSPi). Celles-ci sont alors mises en culture pour donner des neurones. Là, diverses techniques permettent de créer non plus une simple couche de cellules, mais un véritable «organoïde» en trois dimensions ».
« Ces organoïdes issus de patients malades sont ensuite comparés à d’autres organoïdes issus de personnes saines, pour mieux comprendre les mécanismes neurodégénératifs des maladies du vieillissement accéléré. Les structures millimétriques dans les boîtes servent également à tester d’éventuels traitements »
, continue Audrey Dufour.
Elle ajoute : « 
Avec, à terme, une application à d’autres maladies plus répandues ? ». Miria Ricchetti précise cependant que « ces organoïdes présentent plus de limitations pour Alzheimer et Parkinson ».

 

« « Le sevrage est plus complexe qu’il y a 30 ans » : au coeur d’un service d’addictologie aux côtés de jeunes patients »

Date de publication : 29 septembre 2022

Le Parisien

Le Parisien publie un reportage au sein de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, où « les soignants voient de plus en plus de jeunes gravement dépendants. Nous avons pu pénétrer dans ce service où on les aide à sortir de cet enfer ».
Elsa Mari évoque ainsi «
 des visages d’enfants, cœur meurtri et cerveau abîmé, [qui] puisent tout au fond d’eux la force d’affronter leur addiction. Et il en faut pour quitter, ce qu’ils appellent « la prison » de la drogue, ce diable grimé en ange, qui vous ouvre grands les bras pour mieux les refermer, comme un piège tendu. Le confinement a creusé le lit de leur dépression et sa levée les a propulsés dans des soirées, où l’on revivait à l’excès ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie, souligne : 
« On observe une explosion des dépendances chez les jeunes. D’anciens produits reviennent en force et de nouveaux de synthèse, arrivent, tous les jours. Les trafiquants ont toujours un train d’avance sur nous ».
Elsa Mari évoque le cannabis : «
 Avec 5 millions de fumeurs dans l’année, le marché français est toujours l’un des plus importants d’Europe. Derrière, et de loin, avec 600.000 usagers, la cocaïne est 4 fois plus expérimentée qu’il y a 20 ans, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Elle aborde l’alcool : 
« Si la consommation bat en retraite, le binge-drinking, les «beuveries express», qui sont banalisées chez les jeunes, multiplie par 3 les risques de dépendance. Certains, à 30 ans, ont déjà le foie d’un autre. Aucune blouse blanche ne voyait de greffés de moins de 50 ans, il y a 15 ans. […] Même désolation pour le gaz hilarant, qui, pour quelques marrades répétées, vaut aux jeunes une atteinte du cerveau ».
La journaliste précise : «
 Que ce soit en consultation, en hospitalisation de jour ou à temps complet, personne n’arrive ici sous la contrainte. Cela fait bien longtemps que les soignants ont compris que la méthode dure était infructueuse. Mais un contrat moral les lie : pas de contact avec l’extérieur durant les 3 premiers jours de sevrage, les plus durs ».
« Au fil des ans, la tâche des soignants s’est durcie : patients plus jeunes, polyaddictions… »,
 poursuit-elle. Éric Saunier, psychiatre, indique ainsi que « le sevrage est bien plus complexe qu’il y a 30 ans ».
« Alors, la dépendance se combat sur tous les fronts, à coups de substituts, de thérapies comportementales, d’ateliers »,
 relève Elsa Mari.

 

Revue de presse santé psy – juillet 2022

« « Infamante » ou « légitime », la notion de viol en gynécologie fait débat »

Date de publication : 6 juillet 2022

Le Figaro

Cécile Thibert observe dans Le Figaro que « les plaintes pour viol visant la gynécologue et secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou ont relancé le débat sur les violences faites aux femmes dans le cadre des consultations de gynécologie ».
« Ces accusations, que la secrétaire d’État réfute, sont portées par deux anciennes patientes. Contesté par nombre de médecins, approuvé par d’autres, l’usage du mot «viol» en matière de gynécologie interroge autant qu’il divise »,
 constate la journaliste.
La Dr Bénédicte Costantino, gynécologue
 « impliquée sur la question des violences gynécologues », remarque : « Je conçois que l’utilisation de ce terme est compliquée et que cela cristallise les tensions. Dans l’imaginaire collectif, il renvoie toujours à un crime avec une intention sexuelle, pas à un examen gynécologique. Mais en pratique, il n’y a pas d’autre terme juridique pour qualifier une pénétration non consentie. Pour ma part, j’utilise le terme de  »viol médical » ».
Cécile Thibert rappelle ainsi que
 « le Code pénal (article 222-23) définit un viol comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise» ».
Maître Avi Bitton, avocat pénaliste, déclare quant à lui que
 « le viol est constitué si la pénétration s’est faite de manière intentionnelle sans le consentement de la patiente, quel que soit le mobile. Mais si le procureur estime qu’il s’agit d’un malentendu sur le consentement, que l’on n’a pas affaire à une personne malade qui se sert de sa blouse pour violer des personnes, il peut décider de ne pas la poursuivre ».
La journaliste observe que 
« ce terme de «viol», les représentants des gynécologues obstétriciens le refusent absolument ».
Le Pr Jean-Marie Antoine, président de la Société française de gynécologie, observe : 
« Il peut arriver que des médecins soient brutaux, impatients, pressés et qu’ils ne demandent pas véritablement le consentement à la personne avant de réaliser un acte invasif. Il est clair que cela peut être ressenti comme une brutalité par le ou la patiente ».
« Mais l’objectif n’est évidemment pas du tout de violer les gens, mais de réaliser un examen médical afin de poser un diagnostic. Le viol est un crime. On ne peut pas mettre un violeur et un professionnel qui fait son travail sur le même plan. Ce terme est infamant et inadapté pour notre profession »,
 poursuit le médecin.
La Dr Costantino poursuit : «
 Le mot  »viol » doit amener une prise de conscience dans notre profession. Ce n’est parce qu’on est médecin que l’on peut pénétrer des personnes sans leur consentement. En revanche, je suis d’accord qu’il faudrait distinguer le viol médical – c’est-à-dire un examen nécessitant une pénétration vaginale ou anale, réalisé sans recueil du consentement – du viol sexuel. Dans le Code pénal, le viol est un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, on ne peut pas appliquer cette peine dans le cadre des violences gynécologiques. Pour le moment, il y a une espèce de vide juridique qui demande à être comblé ».
Cécile Thibert indique que 
« les représentants de la profession souhaitent urgemment voir la définition de viol être révisée. Fin juin, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français s’est positionné en ce sens, réclamant que soient «bien distingués les actes à caractère sexuel et les examens médicaux vaginaux ou rectaux pratiqués dans le cadre d’une prise en charge médicale» ».
La journaliste note que «
 du côté des associations de patientes, cette revendication ne passe pas ».
Sonia Bisch, fondatrice et porte-parole de l’association «Stop aux violences obstétricales et gynécologiques», déclare : 
« Nous recevons 200 témoignages par mois de cas de violences gynécologiques provenant de toute la France, le problème est systémique. Ce dont on se rend compte, c’est que lorsque ces personnes ont été pénétrées par surprise ou qu’elles se sont plaintes de douleurs et que le professionnel de santé a poursuivi son geste, cela entraîne généralement un stress post-traumatique à la fois physique et psychique identique à celui vécu par les autres victimes de viol ».
Le Pr Antoine remarque pour sa part : 
« Ce n’est pas parce que des plaintes émergent que tous les médecins se comportent mal ou qu’ils ne respectent pas leurs patientes. L’immense majorité sont attentifs et extrêmement respectueux. C’est une dérive de jeter l’opprobre sur toute une profession ».
Cécile Thibert observe qu’
« entre les instances représentatives de la profession et les associations de patientes, le dialogue semble rompu. En revanche, tous s’accordent sur un point : il faut que les professionnels de santé soient davantage formés au recueil du consentement. Une nécessité pourtant entérinée il y a 20 ans par la loi Kouchner ».

 

« Face au Covid-19, des anticorps responsables de lésions cérébrales »

Date de publication : 7 juillet 2022

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « la réponse immunitaire au Covid-19, qui abîme les vaisseaux sanguins du cerveau, pourrait être responsable des symptômes du « Covid long ». C’est le résultat d’une étude basée sur un faible nombre de cas et publiée mardi par des chercheurs américains ».
« Les cerveaux de 9 personnes décédées rapidement après avoir contracté le Covid-19 ont été étudiés pour cet article publié dans la revue Brain. L’équipe de chercheurs des Instituts américains pour la santé (NIH) n’a pas détecté de traces de virus dans le cerveau mais, à l’inverse, des anticorps, à l’origine de dégâts sur les parois des vaisseaux sanguins qui provoquent notamment des inflammations », 
note le quotidien.
Il ajoute que «
 cette découverte pourrait expliquer certains des effets durables du Covid-19, comme des migraines, une fatigue chronique, la perte du goût et de l’odorat, des problèmes de sommeil ou encore la sensation de « brouillard cérébral », un état de fatigue intellectuelle. Elle pourrait aussi ouvrir des pistes pour de futurs traitements ».
Avindra Nath, premier auteur, observe ainsi : 
« Nous avions déjà montré les dégâts touchant des vaisseaux sanguins sur les cerveaux de patients lors d’autopsies, mais nous ne comprenions pas ce qui provoquait cela. […] Je pense qu’avec cet article, nous avons de nouveaux éléments sur ce processus ».
Le Parisien explique que 
« les cerveaux des 9 patients, âgés de 24 ans à 73 ans, ont été comparés à 10 autres d’un groupe de contrôle. Les chercheurs y ont observé les inflammations neuronales et la réponse immunitaire. […] Les anticorps produits en réponse au Covid-19 ont ciblé, par erreur, les cellules qui composent la barrière hémato-encéphalique, une structure qui entoure les vaisseaux sanguins du cerveau et essaie de bloquer les substances étrangères ».
« La dégradation ainsi provoquée peut à son tour entraîner des fuites de protéines, des saignements et des caillots sanguins, ce qui augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Une fuite peut également déclencher une réponse immunitaire afin de réparer les cellules endommagées, ce qui provoque une inflammation. Le fonctionnement biologique de ces parties touchées du cerveau s’en retrouve ainsi déréglé »
, continue le journal.
Avindra Nath remarque qu’
« il est tout à fait possible que la même réponse immunitaire touche les patients atteints de Covid long, ce qui provoque des blessures cérébrales. Ces résultats ont donc des implications thérapeutiques très importantes ».

 

« Tentatives de suicide chez les ados : la « pandémie silencieuse » »

Date de publication : 8 juillet 2022

Libération

Julien Lecot remarque dans Libération que « les pédopsychiatres sont confrontés depuis des mois à une forte hausse des gestes suicidaires chez les mineurs. Une explosion longtemps mise sur le compte du Covid mais qui perdure dans un contexte globalement anxiogène ».
Le journaliste évoque ainsi une
 « hausse sans précédent des admissions d’adolescents aux urgences pour des troubles de l’humeur ou gestes suicidaires. La plupart des pédopsychiatres attribuaient cette explosion au climat anxiogène de la pandémie : de plus en plus d’enfants mal dans leur peau débarquaient dans leurs services à mesure que les contaminations au Covid-19 grimpaient et que les menaces de restrictions sanitaires planaient. Une hausse en grande majorité portée par des jeunes filles ».
« Avec la levée progressive des restrictions sanitaires depuis février et la relégation de la pandémie au second plan de l’actualité, on pouvait espérer que la situation s’améliore mais il n’en a rien été », 
continue Julien Lecot.
Julie Rolling, pédopsychiatre au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des hôpitaux universitaires de Strasbourg, remarque : 
« On est arrivés à une sorte de plateau très haut, qui ne semble pas vouloir redescendre ».
Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré à Paris, confirme : 
« Il y a toujours un flux énorme de jeunes patients, on est encore une fois dépassés. A la mi-juin, j’ai envoyé un courrier à l’Agence régionale de santé pour leur dire qu’on était une nouvelle fois au bord du craquage ».
Julien Lecot relève qu’«
 au centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes, on sort les chiffres : avant l’arrivée du Covid, le pôle de pédopsychiatrie accueillait en moyenne 25 enfants par mois pour des idées suicidaires ou tentatives de suicide. Au cours des trois derniers mois, le service a continué sur ce rythme (au moins 50 patients) avec une très forte proportion de filles (environ 80%) et un rajeunissement global, beaucoup ayant entre 10 ans et 12 ans. Alors que la pandémie, sur cette période, semblait loin ».
« Pour la cheffe du pôle pédopsychiatrie, Sylvie Tordjman, au stress chronique de la crise sanitaire qui «est toujours là» sont venus s’ajouter d’autres événements anxiogènes. A commencer par la guerre en Ukraine »,
 note le journaliste.
Il poursuit : « 
A Strasbourg, Julie Rolling évoque aussi un «effet cumulatif» entre la crise sanitaire, ce conflit aux portes de l’Europe, la menace d’une crise économique ou encore le réchauffement climatique. Autant de facteurs qui font que «beaucoup d’adolescents montrent des difficultés à se projeter vers l’avenir, avec une perte de confiance globale envers les adultes à qui ils reprochent ce qu’il arrive à la planète» ».
Julien Lecot souligne que
 « la dégradation de la santé mentale des adolescents sur le long terme vient mettre à genoux tout le secteur de la pédopsychiatrie, déjà en très mauvais état avant la pandémie. Et alors que les centres médico-psychologiques saturent – les délais d’attente pour une consultation peuvent atteindre 18 mois – et que l’hôpital souffre d’une pénurie de personnel, la situation ne va pas en s’améliorant ».
Julie Rolling indique ainsi : «
 On est dans un état d’engorgement jamais atteint. On a tout optimisé chez nous, on ne peut pas le faire davantage. Sans moyens supplémentaires sur la table, ça continuera d’être préjudiciable pour les adolescents ».
Julien Lecot ajoute qu’
« outre une augmentation du personnel et du nombre de lits, les pédopsychiatres interrogés plaident pour une prévention renforcée, en impliquant au maximum les parents. […] Les professionnels conseillent notamment aux parents d’aller consulter s’ils constatent un changement de comportement chez leur enfant, une plus grande irritabilité, des troubles du sommeil, une tristesse et un repli sur soi ou encore la consommation de drogues ou d’alcool ».

 

« Covid-19 : plus de la moitié des jeunes Français ont eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021 »

Date de publication : 8 juillet 2022

La Croix

La Croix remarque en effet : « Plus de deux ans après l’arrivée du Covid-19, quel est l’état de santé psychologique de la population ? Une enquête réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes, […] appréhende le phénomène dépressif et suicidaire dans six pays d’Europe : la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, l’Irlande et la Suède ».
Le journal retient que «
 40% des Français se sentent davantage déprimés depuis l’arrivée du Covid-19. C’est la même proportion qu’en Espagne, mais c’est moins que les Allemands (44%), les Polonais (51%) et les Irlandais (53%). Le pays le moins touché (38%) est la Suède ».
« En France, 51% des femmes de moins de 35 ans ont le sentiment d’être plus déprimées depuis le début de la pandémie, contre 37% des hommes du même âge. Le lieu de résidence a également un impact fort sur le sentiment de déprime. Les habitants de l’agglomération parisienne sont davantage déprimés depuis le début de la crise (47%) que ceux vivant dans des communes rurales (33%) », 
observe le quotidien.
La Croix souligne que 
« les jeunes, surtout, semblent payer le prix fort de la crise sanitaire. Ainsi, 62% des 18-24 ans déclarent avoir eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021, contre 34% dans l’ensemble de la population ».
Le journal note que «
 la France ressort, avec l’Espagne, comme l’un des pays où l’incidence des pensées suicidaires est la plus faible (20%, contre 34% pour l’Irlande ou 25% pour la Suède). La France est en revanche en tête des pays européens pour le risque de passage à l’acte. Parmi ceux qui ont répondu avoir déjà pensé sérieusement à se suicider, 30% ont déjà fait une tentative. Le taux s’élève à 19% en Allemagne, 22% en Espagne ou encore 25% en Suède ».
La Croix ajoute que 
« pourtant, l’étude souligne le faible recours aux psychologues et aux psychiatres. Seulement 16% de la population française y a fait appel, contre 25% des Polonais, 20% des Allemands ou des Espagnols et 19% des Suédois ».

 

« L’animal de compagnie, un véritable atout pour le cerveau de votre enfant ! »

Date de publication : 8 juillet 2022

Le Figaro

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet : « Moins de stress, plus d’estime de soi, plus d’activité physique… Nos animaux de compagnie sont souvent cités en exemple pour ces bienfaits, mais rarement pour leur aide au développement cognitif. Pourtant, ils excellent aussi dans ce domaine ! ».
Le Pr Laurent Begue-Shankland, directeur de la Maison des Sciences de l’homme Alpes, explique que 
« les bébés sont comme magnétisés par les animaux, qui captent extraordinairement leur attention visuelle. Quelques heures après la naissance, les nouveau-nés fixent avec plus d’attrait et de curiosité, des configurations lumineuses simulant le déplacement d’une poule, plutôt que des figures aléatoires ou des figures reproduisant ce mouvement à l’envers ».
Le spécialiste indique qu’«
 à 7 mois, des photographies de chiens ou de lézards activent des réseaux neuronaux distincts de ceux qui sont mobilisés face à des photos d’objets familiers tels que des meubles. Quand on donne l’occasion à des nourrissons de 18 à 33 mois d’interagir avec, au choix, des jouets attractifs ou des animaux (y compris des animaux peu mobiles), ce sont ces derniers qui les captivent le plus ».
La Dr Marine Grandgeorge, docteure en psychologie et Maître de conférences en éthologie à l’Université Rennes 1, indique aussi que 
« la présence d’un animal motive le tout-petit à vouloir interagir avec lui et pour cela, favorise son développement moteur, cognitif – en particulier la concentration, via l’effet apaisant de l’animal – sans oublier le langage pour l’appeler ou pour l’inciter à rapporter un jouet ».
Le Pr Begue-Shankland ajoute : 
« Les recherches montrent que les animaux encouragent et facilitent aussi les interactions avec d’autres humains (enfants ou adultes) ».
La Dr Szapiro-Manoukian observe que 
« chez les enfants atteints de trouble du spectre autistique, la question se pose tout particulièrement car les compétences sociales leur font justement défaut. Pour la Dr Grandgeorge, il faut cependant se garder de toute généralité ».
La psychologue souligne que 
« l’attrait pour l’animal ne concerne pas tous les enfants ayant un trouble du spectre autistique (TSA), mais lorsque cet attrait existe, une présence de l’animal dans le foyer ou dans le cadre de la médiation animale est très positive ».
La Dr Szapiro-Manoukian remarque enfin qu’«
 une récente étude parue dans le Journal of Pediatric Nursing a comparé l’évolution d’enfants atteints d’un TSA vivant sans chat à qui l’on a proposé l’adoption d’un félin d’un tempérament calme, et celle d’autres enfants atteints également d’un TSA, mais ne se voyant proposer l’animal que 18 semaines plus tard ; les détenteurs «précoces» ont développé une meilleure empathie. Un premier résultat très intéressant qu’il faut désormais confirmer… ».

 

« Santé mentale : plus de deux tiers des étudiants sont en situation de mal-être »

Date de publication : 11 juillet 2022

Le Parisien

Claire Berthelemy relève dans Le Parisien que « 2 ans après le début de la pandémie de Covid, les chiffres concernant la santé mentale des étudiants alarment toujours les professionnels. Une nouvelle enquête publiée ce lundi 11 juillet annonce la couleur : près de 70% des étudiants déclarent se trouver en situation de mal-être ».
Fabrice Grière, directeur général adjoint du Groupe Intériale en charge de la mutuelle LMDE, remarque que «
 dans notre précédente enquête en 2019, la problématique de la santé mentale était déjà marquée. Elle s’est fortement détériorée. Le Covid est venu accentuer un problème déjà existant. Il a aggravé des problèmes financiers et est venu amplifier ce sentiment de mal-être des étudiants. Mais les raisons sont multiples : trois quarts des étudiants interrogés sont pessimistes sur la société et sur l’impact du changement climatique. On voit même arriver des phénomènes d’éco-anxiété ».
La journaliste retient que 
« le Covid a impacté la vie étudiante pour 68% d’entre eux, 59% leur pratique sportive, 52% les interactions sociales avec leurs proches, et 44% leur vie sentimentale et familiale. 38% souffrent de stress post-traumatique ».
Camille Vansimaeys, responsable de la recherche de l’association Nightline, qui 
« propose un espace d’écoute, avec une ligne téléphonique et un chat », remarque que « d’année en année, nous avons observé plus d’appels. Nous avons ouvert des antennes dans plusieurs villes, ce qui peut expliquer l’augmentation, mais même dans les villes historiques, le nombre d’appels a augmenté ».
Claire Berthelemy précise que 
« chez Nightline, si le sujet du Covid est plutôt passé en arrière-plan – de 10% des écoutes de mai 2021 à septembre 2021 à 4% d’octobre 2021 à mai 2022 – on constate que ce sont toujours les mêmes sujets qui sont abordés : ceux liés aux relations amicales, conjugales ou familiales, ceux liés à la santé mentale avec le stress, l’isolement, la solitude, et enfin ceux liés au contexte d’étude et à ce qu’ils vivent ».
Camille Vansimaeys indique :
 « On a une évolution malgré tout cette année sur les appels en lien avec la santé mentale, c’est la question du suicide : nous sommes passés de 11% des appels sur ce sujet à 18,5%. Ce sont des chiffres inquiétants sur la gravité de la situation de la santé mentale chez les étudiants ».

 

« Comment l’hypnose peut aider certains obèses »

Date de publication : 26 juillet 2022

Le Figaro

Anne Prigent note dans Le Figaro que « l’hypnose médicale séduit de plus en plus de patients et de professionnels de santé : dans la douleur chronique, pour se libérer d’une addiction, pour lutter contre les insomnies… ».
Le Dr Jean-Marc Benhaïem, responsable du DU d’hypnose à Paris-VI, relève cependant qu’
« alors que, depuis 30 ans, elle a fait l’objet de plus de 500 études dans le contrôle de la douleur, les études manquent par ailleurs ».
« C’est notamment le cas dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité », 
remarque la journaliste.
Le Pr Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat à Paris, note qu’
« on manque de preuves sur l’intérêt réel de cette méthode. Beaucoup d’offres sont en réalité de fausses promesses. En effet, l’obésité étant une maladie multifactorielle, il est illusoire de dire “on va guérir l’obésité par l’hypnose”. Il faut plutôt se demander sur quels facteurs en cause dans la prise de poids, l’hypnose peut agir ».
Anne Prigent explique que 
« c’est ce qu’il s’est attaché à faire avec une équipe de diététiciens de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Avec l’étude Hypnodiet, publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs ont démontré que l’hypnose réduit l’impulsivité et la désinhibition vis-à-vis de l’alimentation ».
Fabienne Delestre, diététicienne et coautrice, précise que 
« certaines personnes souffrant d’obésité ont tendance à se suralimenter en présence de facteurs stimulants. Cela peut-être face à des aliments alléchants ou à des émotions comme la tristesse ou la gaité. Pour ces patients qui ont une forte désinhibition, les conseils diététiques sont inefficaces ».
Anne Prigent indique ainsi que 
« les chercheurs ont recruté 82 personnes présentant une forte impulsivité alimentaire, évaluée rigoureusement à l’aide d’un questionnaire. Puis, par tirage au sort, ils les ont répartis en deux groupes. Le premier bénéficiait d’un accompagnement diététique habituel sous forme de 8 séances collectives, quand le second participait en complément à des séances d’hypnose ericksonienne et d’apprentissage de l’autohypnose ».
« Les résultats montrent une réduction de près de 70% des envies et impulsions alimentaires dans le groupe hypnose contre 11% dans le groupe contrôle. Les signaux de faim sont mieux contrôlés », 
retient la journaliste.
Elle ajoute : 
« Les chercheurs précisent bien que l’objectif de l’étude n’était pas forcément d’obtenir une perte de poids importante. En effet, il n’existe pas de méthode miracle pour perdre beaucoup de poids durablement ».
Le Pr Hansel préciwse : « Cette étude valide l’hypnose et l’autohypnose comme outils supplémentaires pouvant être proposés aux patients à forte désinhibition. Tout en sachant qu’au niveau individuel, la réponse n’est pas prévisible ».

 

Revue de presse santé psy – juin 2022

« Alerte à la nouvelle cocaïne, la 3-MMC »

Date de publication : 2 juin 2022

Le Parisien

Cette « nouvelle drogue de synthèse, bien moins chère que la cocaïne, se répand de plus en plus chez les 25-45 ans. Les médecins s’en inquiètent », révèle Elsa Mari dans Le Parisien.
« 
C’est la nouvelle coke », annonce un jeune homme de 29 ans, « qui en a « sniffé » pour la première fois il y a quelques mois ». Il décrit « des effets à mi-chemin entre la cocaïne et les amphétamines ». « En un an, on est passé de personne n’en prend à tout le monde en prend », s’étonne-t-il.
Même constat pour « 
Mathis*, 34 ans, consommateur régulier de drogues, qui voit la 3-MMC, autrefois cantonnée au milieu gay, pour ses effets désinhibants, se populariser », poursuit la journaliste. « Lui a pour habitude d’en consommer dans un cadre sexuel », note-t-elle. « Mais depuis un ou deux ans, mes potes hétéros me disent qu’ils en prennent aussi, cette fois-ci pour son côté stimulant. Et aussi parce que c’est tout simplement beaucoup moins cher que la cocaïne ! », détaille Mathis.
« 
C’est le nouveau produit de synthèse le plus observé depuis le début des années 2010 dans les saisies, les collectes et les cas cliniques », note l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). « Si, à ses débuts, dans les années 2010, elle était utilisée «presque exclusivement parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes», dans le but de «lever les inhibitions et d’augmenter le plaisir», en 2017, des usages ponctuels hors de ce contexte sont repérés, également chez des hétérosexuels, avant de se poursuivre en 2020 lors de fêtes, dans des clubs, chez un public diversifié », explique l’article.
« 
À l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), le Pr Laurent Karila, addictologue et psychiatre, voit en ce moment arriver, en consultation, les premiers cas de patients hétérosexuels, surtout les « 25-45 ans branchés, qui consomment déjà des drogues » », fait savoir Le Parisien.
« 
Certains prennent même de la 3-MMC pour se doper et mieux travailler », explique le professeur.
Le journal  décrit une « 
substance, facile d’accès que l’on fume, vapote, sniffe ou encore avale, après l’avoir achetée sur Internet et s’être fait livrer aussi facilement qu’une « commande Amazon » ».
« 
La 3-MMC, de la famille des cathinones de synthèse, reproduit chimiquement les effets de la feuille de khat, que l’on mâche notamment au Yémen, et dérivé de la méphédrone, interdite en 2012 à la suite d’un nombre important de décès au Royaume-Uni », précise l’addictologue.
« 
Les complications sont bien pires que celles de la cocaïne. Tous les organes peuvent être touchés à long terme », alerte-t-il. « La liste est longue : côté neurologique, il y a un risque de convulsions, d’AVC. Côté cardiaque ? D’infarctus, d’arrêt cardiaque. Et plus largement, d’atteintes rénales, de problèmes ORL, à cause de la poudre très irritante, d’états délirants, de troubles cognitifs, de risque suicidaire », révèle Le Parisien.

* Le prénom a été changé

 

« Troubles alimentaires : « Les confinements ont fait des ravages » »

Date de publication : 3 juin 2022

Libération

« Anorexie, boulimie… l’autre épidémie », annonce la Une de Libération. « Depuis les confinements, le nombre de cas de troubles de conduites alimentaires explose, touchant désormais de jeunes enfants. Dans un système de santé en crise, les délais de prise en charge s’allongent dramatiquement », alerte Chloé Rabs dans le journal.
La journaliste évoque le « 
compte Instagram, Elisa, 17 ans, partage son quotidien parsemé de recettes healthy et d’entraînements à la salle de sport (…) qu’elle accompagne d’un message un peu particulier : « On va s’en sortir, ne lâchez rien ! #TCA » ». « Comme 1% des femmes, Elisa souffre d’anorexie, une forme de trouble des conduites alimentaires (TCA). (…) Tout bascule (…) lors du premier confinement de mars 2020. (…) Très vite, le sport et son poids deviennent une obsession », raconte-t-elle.
« 
En août 2020, quatre mois plus tard, Elisa a perdu 15 kilos et n’en pèse plus que 56 pour 1m79. En France, plus de 600.000 personnes souffrent de TCA, particulièrement des femmes âgées entre 17 et 25 ans », indique Chloé Rabs.
« 
Si l’on englobe toutes les formes de troubles des conduites ­alimentaires, les professionnels estiment que 10% de la population pourrait même être concernée. Très préoccupants car très mortels − les TCA constituent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, juste après les accidents de la route −, ces troubles explosent depuis deux ans », souligne la journaliste.
« 
Les professionnels du secteur sont submergés par une « vague TCA » : + 30%, + 40%, voire + 50%, selon diverses estimations. Le CHU de Montpellier a ainsi affronté une augmentation de 53% d’hospitalisations entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021, et un boom de 234% des demandes de prise en charge », alerte-t-elle.
« 
Stress psychologique, appauvrissement brutal des relations sociales, précarisation professionnelle, déstructuration du rythme journalier… La crise sanitaire a été le cocktail parfait mais malheureux pour déclencher des TCA », explique Pierre Déchelotte, chef du service nutrition du CHU de Rouen, « où les demandes de consultations ont doublé depuis deux ans ». 
« 
En partenariat avec l’université Monash, la Butterfly Foundation, ligne d’écoute australienne pour les TCA, a ainsi passé en revue 72 études internationales et révèle que le problème est aussi planétaire que la pandémie de Covid 19 elle-même. Ainsi, en Amérique du Nord, les visites aux urgences pédiatriques ont bondi de 62% en 2020 par rapport aux années 2018-2019. De plus, la pression exercée sur les lignes d’assistance pour les troubles alimentaires a augmenté de 195% au Royaume-Uni, de 67% au Canada et de 57% aux Etats-Unis durant cette même période », détaille l’article.
« 
En 2020, 17% de la population (…) était atteinte [d’obésité], un chiffre qui a doublé depuis 1997, selon la dernière enquête épidémiologique nationale Obépi-Roche publiée en juin 2021 par la Ligue nationale contre l’obésité », note Chloé Rabs.
Selon les résultats d’une étude, « 
parus dans la revue Nutrients », « la prévalence des TCA était stable entre 2009 et 2018 puis a augmenté de manière significative en 2021. [Entre 2018 et 2021,] les chiffres ont quasiment doublé pour atteindre « près de 51% des filles et 31% des garçons interrogés », s’alarme Pierre Déchelotte.
« 
Les confinements ont vraiment fait des ravages. En deux ans, nos demandes de consultation ont doublé », confirme Xavier Pommereau, psychiatre au sein de la clinique Béthanie, en Gironde. « Situé à quelques mètres du campus de Bordeaux, le service accueille majoritairement des étudiantes », note l’article.
« 
Ses patients lui font désormais part de leur « désarroi » et de leur « angoisse » face à la guerre en Ukraine et les risques de troisième guerre mondiale brandis par le régime russe. Ou, plus prosaïquement, devant l’emballement de l’inflation qui pénalise un peu plus une population jeune déjà précarisée et gagnée par la paupérisation. Un climat anxiogène qui alimente ou déclenche des TCA », ajoute-t-il.
« 
L’utilisation intensive des réseaux sociaux, notamment pendant les périodes de confinement, est également pointée du doigt par les professionnels », souligne la journaliste. « En cause : la propagation de comptes fitness, menés par « des coachs qui se prétendent nutritionnistes parce qu’ils ont eu quatre heures de cours » », attaque Nicolas Sahuc, déplorant « le rôle destructeur d’Instagram ou de TikTok ». 
« 
Alors que le patient type est une adolescente ou une femme, on est confronté de plus en plus à des adultes, des hommes, mais surtout des enfants très jeunes », dépeint Philip Gorwood, chef de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. « C’est d’ailleurs la communauté des pédiatres et des pédopsychiatres qui a alerté en premier, à l’automne 2021, le gouvernement », rappelle la journaliste.
« 
Ces nouveaux profils s’accompagnent également de pathologies plus sévères, avec surtout une modification de symptômes qui laisse les spécialistes pour l’instant désarmés », ajoute-t-elle. « Les anorexiques sont d’ordinaire des adolescentes très perfectionnistes et très bonnes élèvesDésormais, on a affaire à de jeunes filles très instables émotionnellement, à haut niveau de risque suicidaire, et ne présentant pas forcément des poids très bas. Mais elles développent des aphagies », détaille Sébastien Guillaume, responsable de l’équipe TCA au CHU de Montpellier.
« 
Plus inquiétant encore, cette situation périlleuse s’immisce dans des services spécialisés déjà sous hypertension avec la crise structurelle des soins médicaux en France, et singulièrement dans les hôpitaux, où les professionnels ne peuvent désormais répondre aux besoins de tous les patients », s’alarme la journaliste.
« 
Depuis 4 mois, je cherche sans relâche une place en hospitalisation pour une patiente, sans résultat », déplore Nathalie Godart, présidente de la Fédération française anorexie boulimie (FFAB). Or, « plus on tarde à prendre ces pathologies en charge, moins on a de chances de parvenir à les guérir », prévient Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« 
Comme pour les généralistes, les TCA sont victimes d’importants déserts médicaux. Selon un rapport commun entre la FFAB et la Direction générale de l’offre de soins réalisé en 2019, sur les 2694 établissements de santé interrogés, seuls 8% − soit 219 établissements − déclarent prendre en charge des patients souffrant de troubles alimentaires », fait savoir Libération qui évoque « une double peine ». 
La journaliste souligne également une « 
urgence sous-diagnostiquée » en raison  notamment d’un « défaut de formation des professionnels ». « Des médecins traitants ne savent pas qu’il faut vérifier la kaliémie − le taux de potassium dans le sang − des patients boulimiques, qui se font vomir. Or un taux trop faible de potassium peut être fatal. Certains patients meurent de se faire vomir à outrance et les collègues ne le savent pas », explique Xavier Pommereau.
De plus, il regrette que « 
les patients souffrants de TCA aient toujours « mauvaise réputation » : « Des médecins traitent les jeunes filles de manipulatrices et pensent que si elles faisaient un effort, elles s’en sortiraient d’elles-mêmes », affirme-t-il.
« 
Il nous faut surtout des moyens pour recruter des soignants, des psychologues, des médecins spécialisés, etc. », estime Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« A l’occasion de la journée mondiale des TCA organisée le 2 juin pour la deuxième année, Nathalie Godart, présidente de la FFAB,  [a souhaité] sensibiliser sur [cette] urgence aussi majeure que sous diagnostiquée et sous-médiatisée », fait savoir Libération. « Une urgence dans l’état d’urgence médicale français : malgré les chiffres déjà alarmants, seul un patient sur sept souffrant de TCA serait identifié », révèle en conclusion la journaliste de Libération.

 

« Addictions chez les jeunes : « Les écrans ont un boulevard devant eux » »

Date de publication : 15 juin 2022

Libération

Libération fait savoir qu’« un sondage réalisé par Ipsos pour la Macif montre les évolutions récentes des comportements addictifs chez les 16-30 ans. […] On y apprend que l’alcool demeure la première substance consommée. Un jeune sur deux déclare en boire régulièrement et 31% de manière hebdomadaire. Pour le tabac, plus d’un jeune sur deux fume ou bien a déjà essayé et près de trois personnes interrogées sur dix déclarent en consommer régulièrement (29% contre 25% en 2021) ».
Le journal note que 
« pour les auteurs du sondage, la consommation de cannabis reste toujours «inquiétante» mais stable par rapport à 2020 : plus d’un tiers des jeunes interrogés en consomment ou ont déjà essayé. Ils sont 11% à en prendre régulièrement. Quant à l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le protoxyde d’azote, le LSD ou encore la cocaïne, on observe que si l’usage est moins élevé, la proportion des jeunes qui n’ont jamais testé ces drogues est en baisse ».
Libération évoque un
 « autre point saillant du sondage, l’addiction aux écrans : 63% des jeunes déclarent avoir perdu la notion du temps quand 48% n’arrivent plus à trouver le sommeil, en lien avec leur consommation d’écran. Plus grave, 74% déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers), cette fois-ci en lien avec tout type d’addiction (soit +6 points par rapport à 2021) ».
Le quotidien publie un entretien avec le psychologue clinicien Jean-Pierre Couteron, qui
 « analyse les effets de 2 ans de crise sanitaire sur la consommation de produits licites, alcool en tête, ou illicites ».
Il déclare notamment que
 « les consommations des jeunes sont un terrain sur lequel il est important de rester mobilisé. […] On sort de 2 ans de confinement et on sait que certains groupes ont moins consommé de substances. […] Des augmentations de consommation sont observées à présent, en lien avec des problématiques de santé mentale ».
Jean-Pierre Couteron observe que «
 selon la disponibilité, l’attractivité, la facilité ou pas à gérer tel ou tel objet d’addiction, on observe des jeux de passe-passe entre les différents usages. A ce niveau-là, les écrans ont un boulevard devant eux. C’est l’objet d’addiction le plus accessible, le moins problématique à utiliser au départ et celui où les conséquences peuvent être les moins visibles à l’extérieur ».
Il ajoute : 
« On peut regretter l’absence d’une vraie politique de prévention en France. Malgré la loi Evin, l’Etat ne joue pas son rôle de régulateur. […] Il faut donc encourager la prévention éducative, comme avec les programmes Primavera ou Unplugged qui sont défendus par des acteurs de la santé publique dont la Fédération addiction ».
« Il faut conforter la capacité à rencontrer les jeunes, avec leurs familles, pour leur donner des outils nécessaires pour faire autrement. Il est primordial de valoriser l’accompagnement éducatif, particulièrement pour les écrans »,
 continue le psychologue.

 

« Les directives anticipées sont aussi utiles en psychiatrie »

Date de publication : 20 juin 2022

Le Figaro

Pauline Fréour cite dans Le Figaro Aurélie Tinland, psychiatre à l’AP-HM à Marseille, qui observe : « Pour une personne atteinte de trouble psychiatrique, une hospitalisation sous contrainte est un traumatisme. Pour un médecin, c’est un échec. Et la France, malheureusement, en pratique beaucoup ».
La journaliste indique que « 
convaincue qu’il faut aider les patients à mieux vivre leur prise en charge hospitalière lors d’une crise, et surtout réduire les risques d’en arriver à cet extrême, elle a évalué l’impact des directives anticipées en psychiatrie rédigées par les patients, avec ou sans assistance. Et les résultats, publiés récemment dans Jama Psychiatry, sont indéniables ».
Pauline Fréour observe que «
 le concept de directives anticipées est davantage connu en référence à la fin de vie : il permet alors de faire savoir ses souhaits en cas de maladie grave et d’impossibilité de communiquer. En psychiatrie, les directives anticipées peuvent préciser le traitement à privilégier en cas de crise, les signes annonciateurs d’une décompensation, les personnes de confiance à joindre… Autant d’informations importantes que le patient n’est plus forcément en état de transmettre lors d’une prise en charge d’urgence ».
La journaliste explique que
 « s’inspirant de ce qui peut déjà exister à l’étranger (aux États-Unis, en Suisse, en Australie…), le Dr Tinland a développé, en collaboration avec des patients, un modèle de directives anticipées adaptée à la psychiatrie, dont elle a testé l’impact dans un essai clinique incluant 7 centres sur 3 villes (Marseille, Lyon et Paris) ».
« Environ la moitié des quelque 400 volontaires se sont vu proposer de rédiger les leurs avec l’assistance de médiateurs de santé – qui sont eux-mêmes des malades ayant surmonté une crise et ont été formés à l’université pour travailler en hôpital aux côtés du personnel soignant. L’autre groupe était informé sur le concept de directives anticipées mais ne se voyait pas offert d’aide pour les écrire. Tous souffraient de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de troubles schizo-affectifs »,
 précise Pauline Fréour.
Elle retient que « 
55% des patients du premier groupe ont saisi l’occasion et couché sur le papier ce qu’ils souhaitent voir appliquer en cas de problème, contre 7% dans l’autre groupe ».
La Dr Tinland remarque : «
 Par exemple, certains ne souhaitent pas recevoir du Loxapac en cas de crise car cela les excite au lieu de les calmer. À l’inverse, d’autres ne veulent surtout pas se voir administrer du Valium car ils en ont pris par le passé, ont eu du mal à se sevrer et ne veulent pas retomber en dépendance. Mais tout ça, un urgentiste ne le sait pas d’emblée ».
Pauline Fréour ajoute que «
 le document, qui est par la suite partagé avec les soignants du malade et ses proches, inclut aussi une description propre à chacun des symptômes annonciateurs d’une crise : perte de sommeil, achats compulsifs, pic de stress… Le malade peut aussi préciser ce qui est susceptible de le protéger d’une crise, afin que son entourage l’encourage en ce sens ».
La journaliste relève que 
« l’impact mesuré par l’étude est élevé : un tiers d’hospitalisations sous contrainte en moins à un an dans le premier groupe. Les auteurs postulent que les malades ont davantage accepté d’être hospitalisés quand nécessaire, probablement grâce à un repérage plus précoce de leurs symptômes. Ils observent aussi un meilleur rétablissement des patients et un sentiment accru de maîtriser ce qui leur arrive ».
« L’idée désormais est d’améliorer le déploiement et la visibilité de ces directives, ainsi que l’accompagnement efficace des médiateurs de santé », 
poursuit-elle.
Pauline Fréour note que «
 les résultats positifs obtenus dans l’étude du Jama Psychiatry ne seront toutefois généralisables que si le système de santé permet aux patients qui en identifient le besoin d’accéder en priorité à des soins », selon le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine de soins pénitentiaires au CHRU de Lille.

 

« Les troubles autistiques en panne de traitement »

Date de publication : 21 juin 2022

Libération

Eric Favereau constate dans Libération que « l’autisme reste un continent toujours aussi mystérieux, lourd de douleurs et de souffrances. Sur ce dossier longtemps polémique – avec une guerre éternelle entre ceux qui y voyaient une forte composante psy et les autres qui ne décelaient qu’un dérèglement neurologique –, les avancées scientifiques et cliniques sont en effet limitées, comme le montre une expertise de l’Inserm ».
Le journaliste souligne : «
 D’abord donc, exit le diagnostic d’autisme, on parle désormais de troubles du spectre de l’autisme (TSA), tous provenant d’imperfections dans le neuro-développement ».
Les experts de l’Inserm écrivent que 
« ces troubles apparaissent au cours de la petite enfance ; ils persistent à l’âge adulte. Environ 700.000 personnes en France seraient concernées, note l’Inserm. Ils se caractérisent par des altérations des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), des troubles du comportement, un répertoire d’intérêts et d’activités restreint et répétitif (tendance à répéter les mêmes gestes, paroles ou comportements) et enfin des réactions sensorielles inhabituelles ».
Eric Favereau remarque que
 « c’est un fourre-tout compliqué, aux signes variés. Et ainsi sont mis dans le même ensemble des personnes atteintes du syndrome d’Asperger – une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage – avec des enfants catatoniques, silencieux, s’automutilant profondément ».
Il ajoute que « face à ce trouble confus, une partie des chercheurs ont beaucoup espéré des neurosciences et de la génétique. Les résultats, aujourd’hui, sont parcellaires, comme le concède l’Inserm ».

Le document indique : 
« Les progrès des neurosciences et l’identification de facteurs de risque génétiques ou environnementaux ont permis de mieux appréhender les TSA, mais leurs causes demeurent encore assez mal comprises. […] Il est désormais bien établi qu’il s’agit de maladies d’origine multifactorielle, avec cependant une forte composante génétique. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux facteurs de risque reconnus. Cela n’exclut pas l’intervention de facteurs environnementaux durant la grossesse, mais leur nature exacte n’est pas connue. La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque. Par ailleurs, certains médicaments antiépileptiques administrés à la mère durant la grossesse, comme la Dépakine, sont actuellement sur la sellette ».
Eric Favereau observe :
 « Pour l’Inserm, pas un mot sur les causes relationnelles des TSA ».
Le journaliste continue :
 « Quid de la recherche thérapeutique ? Elle avance très lentement, en dépit d’annonces tonitruantes faites régulièrement. Ainsi, plusieurs essais cliniques ont été récemment abandonnés, «en raison de résultats jugés peu concluants, alors que les molécules étudiées avaient au départ généré beaucoup d’espoirs», note l’Inserm dans son expertise ».
Eric Favereau retient qu’«
 une des rares pistes qui demeurent tourne autour des médicaments anti-épileptiques ».
Le journaliste note en outre qu’«
 il y a aujourd’hui, comme un consensus sur un dépistage précoce. Même si certains s’inquiètent des effets délétères de la pose d’un diagnostic aussi lourd chez le tout jeune enfant. Pour l’Inserm, en tout cas, pas de doute, il faut dépister le plus tôt possible ».
Eric Favereau évoque enfin «
 les vieux autistes. Ils sont les grands oubliés. Enfermés dans des hôpitaux psychiatriques, souvent sans moyens. Ou isolés dans des structures sociales. Ils sont plusieurs dizaines de milliers. […] L’autisme a beau avoir été déclaré grande cause nationale en 2012, il reste encore bien des pas à franchir pour que la situation soit un peu moins désespérante ».

 

« Maltraitances : la protection de l’enfance à l’épreuve du secret médical »

Date de publication : 24 juin 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe : « Aux premières loges face aux cas de violences infantiles, peu de médecins osent faire des signalements. Le cadre juridique, très flou, tourne souvent au désavantage des soignants, qui risquent des poursuites de la part du conseil de l’Ordre ».
Anaïs Moran cite ainsi Eugénie Izard, pédopsychiatre, qui
 « traîne depuis 7 longues années une angoisse profonde et corrosive », « celle qui vous colle à la peau quand vos pairs, ceux qui étaient censés vous protéger, et protéger les enfants, se mettent à vous attaquer sans répit »,déclare la praticienne.
La journaliste explique que «
 le désarroi date du printemps 2015. De ce jour où le conseil départemental de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne a porté plainte contre elle devant la chambre disciplinaire, après qu’elle a signalé des soupçons de maltraitances physiques et psychologiques de la part d’un père sur sa fille de 8 ans ».
Eugénie Izard indique : 
« On m’a accusée de ne pas être restée à ma place. D’avoir pris le parti d’une mère aliénante qui manipulait son enfant. Alors que tout ce que j’avais fait, c’était prendre mes responsabilités et tenter de protéger de maltraitances un enfant ».
Anaïs Moran note que «
 sanctionnée par l’Ordre des médecins à une suspension temporaire d’exercice de la médecine d’une durée de 3 mois, Eugénie Izard a vu, le 30 mai, la plus haute juridiction administrative annuler la sanction ordinale. Un événement qui a permis de mettre en lumière le sujet de l’insécurité juridique dans laquelle sont plongés les praticiens à l’origine de signalements pour maltraitances infantiles ».
La journaliste observe que
 « face à des soupçons de maltraitances infantiles, les médecins sont comme piégés dans un conflit de normes et d’injonctions contradictoires, en raison d’un cadre juridique confus. Le code pénal prévoit bien que les praticiens, comme tout autre citoyen «pouvant empêcher […] soit un crime soit un délit contre l’intégrité corporelle [d’un enfant]», ont l’obligation d’intervenir. Il précise aussi qu’un signalement effectué auprès des autorités compétentes «ne peut engager la responsabilité civile, pénale ou disciplinaire de son auteur, sauf s’il est établi qu’il n’a pas agi de bonne foi» ».
« Mais les praticiens sont également soumis au code de la santé publique, dont certains textes laissent planer l’ambiguïté. Ainsi, le médecin doit protéger le mineur tout «en faisant preuve de prudence et de circonspection». Signaler auprès des autorités compétentes «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Des expressions sources d’interprétation qui, cumulées aux principes fondamentaux du «secret professionnel» et de l’interdiction de «s’immiscer sans raison professionnelle dans les affaires de famille», entretiennent le trouble », 
constate Anaïs Moran.
Elle indique qu’«
 avec sa consœur pédopsychiatre Françoise Fericelli, Eugénie Izard a cofondé le collectif de médecins Stop violences en avril 2021, afin d’œuvrer «contre les violences intrafamiliales et pour une meilleure protection des enfants maltraités». Le collectif regroupe 56 professionnels de toutes spécialités. Il dit avoir recensé une quinzaine de procédures disciplinaires en cours devant le conseil de l’Ordre ».
Françoise Fericelli déclare : 
« Nous, médecins, ne sommes ni enquêteur, ni policier, ni magistrat, mais nous avons un devoir de protéger les enfants. Notre seule possibilité de protection est de faire un signalement, et pour cela il faut être formé au repérage des maltraitances et ne pas avoir à craindre des représailles. Tout ce que nous souhaitons, c’est un cadre légal précis qui régisse les modalités d’alerte des médecins, notamment une obligation légale de signalement ».
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente de l’Ordre, remarque pour sa part : 
« On peut se mettre autour d’une table pour discuter des poursuites. Nous aussi, nous voulons voir les médecins devenir de vrais acteurs dans la lutte contre ces maltraitances. Il faut encore sensibiliser notre communauté, notamment au sein des conseils de l’Ordre locaux. On y travaille ».

 

Revue de presse santé psy – janvier 2022

« « Les jeunes arrivent en fauteuil roulant » : face à l’abus de gaz hilarant, les médecins sonnent l’alerte »

Date de publication : 20 janvier 2022
Le Parisien
Elsa Marnette observe en effet dans Le Parisien que « les soignants voient arriver de plus en plus de jeunes d’une vingtaine d’années incapables de marcher ou de sentir leurs extrémités, à cause de leur consommation de gaz hilarant. Selon eux, malgré l’arrêt du protoxyde d’azote et la rééducation, la récupération totale n’est pas garantie ».
La journaliste livre ainsi un reportage en région parisienne : « Le 5 janvier 2020, quand ils ont vu arriver aux urgences une patiente souffrant d’une atteinte neurologique atypique pour son jeune âge, les médecins ont eu «une grosse surprise», selon le chef du service neurologie de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ».
« Les soignants ont compris qu’ils assistaient à «l’émergence d’une nouvelle pathologie». Car depuis ce 5 janvier 2020, 26 autres personnes se sont présentées dans son hôpital avec ce même tableau clinique. Rien ne les distingue, si ce n’est leur jeunesse — 23 ans en moyenne — et les symptômes dont ils souffrent »,
 poursuit Elsa Marnette.
Le Dr Thomas de Broucker, chef de service, explique que « les patients présentent des fourmillements des quatre membres, surtout des jambes qui, progressivement, vont s’accompagner d’un déséquilibre. À force de ne plus sentir leurs membres inférieurs, ils ne peuvent plus marcher. Ils arrivent en fauteuil roulant ».
Le neurologue évoque en outre « des troubles moteurs, avec déficit de la force musculaire, mais aussi des troubles sphinctériens, comme une rétention d’urine, et des troubles de l’érection, car il y a atteinte de la moelle épinière. […] Tous ont une consommation de protoxyde d’azote monstrueuse, jusqu’à six bonbonnes par jour ».
Elsa Marnette relève que « ce gaz hilarant, traditionnellement utilisé en anesthésie ou en cuisine, fait l’objet d’un usage détourné à vocation festive : lorsqu’il est inhalé, il provoque euphorie et hallucinations. Mais aussi asphyxie, perte de connaissance, brûlures et troubles neurologiques sévères, surtout lorsque l’intoxication est importante et répétée ».
Le Dr de Broucker précise que « le principe de la neurotoxicité du N2O est que l’atome de cobalt qui est au centre de la molécule de cobalamine (ou vitamine B12) est neutralisé par le protoxyde d’azote. La vitamine B12 est totalement inactivée et n’effectue plus son rôle essentiel au fonctionnement du système nerveux central et périphérique ».
La journaliste remarque que « ce phénomène récent de consommer de très grosses doses peut laisser les soignants démunis », le chef de service soulignant : « On a des malades paraplégiques, qui récupèrent très vite et d’autres bien moins atteints, pour qui ce n’est pas le cas ».
Elsa Marnette ajoute que « les patients restent en moyenne 8 jours dans son service, le temps de voir un psychiatre s’ils le souhaitent, de recevoir de la vitamine B12 et de faire des examens complémentaires (IRM, ponction lombaire, bilan sanguin) ».
Le Dr Chérifa Chambaz, médecin coordonnateur au centre de rééducation fonctionnelle de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), déclare pour sa part : « Ce qui est alarmant, c’est cette jeunesse, ils sortent à peine de l’adolescence ».
La journaliste observe que « là-bas, les soignants, davantage habitués à la prise en charge de personnes âgées victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), ont également vu des patients jeunes affluer en fauteuil roulant depuis 2 ans. Il y en a eu un sur toute l’année 2019 et jusqu’à 6 en même temps, au mois de décembre dernier ».
Elsa Marnette indique que « les médecins de l’établissement effectuent d’abord un bilan et établissent une prise en charge de kinésithérapie, d’ergothérapie, parfois de psychothérapie et d’orthophonie. Puis, commence la rééducation proprement dite. […] L’équipe repart parfois de zéro : apprendre à tenir un stylo, à se brosser les cheveux… ».
La journaliste relève que « dans le service de neurologie de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, une consultation est systématiquement proposée 3 mois après la sortie du patient ». Le Dr de Broucker remarque cependant que « sur 27, on en a eu 4, en vrai ou par téléphone. C’est frappant comme on a du mal à les suivre ».
Dans un autre article, Elsa Marnette explique que « l’Île-de-France et les Hauts-de-France sont les deux régions où le nombre de cas explose, selon le rapport récemment publié par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) à partir des données des centres antipoison ».
La journaliste indique qu’« en 2020, 134 cas d’usage récréatif de protoxyde d’azote ont été rapportés aux centres antipoison de toute la France. […] À elle seule, l’Île-de-France concentre 25% de ces signalements, devant les Hauts-de-France. Dans le même temps, l’Anses rappelle qu’il y en avait eu 46 en 2019 et 20 entre 2017 et 2018 et s’inquiète d’une «croissance qui s’accélère» ».
L’Anses précise que « les données 2020 confirment la survenue de troubles neurologiques graves, notamment chez les consommateurs réguliers. Au moins un symptôme neurologique et/ou neuromusculaire était signalé dans 76,2% des cas. Parmi ces cas, les trois quarts avaient au moins un signe moteur et/ou sensitif, tels que des paresthésies (fourmillements, engourdissements, picotements), des hypoesthésies (diminution de la sensibilité), un déficit moteur, des tremblements des extrémités ou des douleurs musculaires ».
L’agence évoque « des consommations régulières depuis plus d’un an, de plusieurs dizaines voire centaines de cartouches par jour, cette consommation chronique favorisant avec le temps la survenue de lésions neurologiques sévères ».
Elle ajoute qu’« une prise en charge pluridisciplinaire doit être engagée entre généraliste, pédiatre, urgentiste, neurologue et addictologue pour l’accompagnement du patient dans sa guérison et son arrêt de consommation de protoxyde d’azote ».

Revue de presse santé psy – mai 2022

« Le dangereux appétit des jeunes pour la médecine esthétique »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui constate que « les 18-35 ans sont de plus en plus séduits par des injections ou des interventions esthétiques, en plein essor en France. Parfois proposées par de faux professionnels, celles-ci peuvent s’avérer très risquées ».
Margherita Nasi évoque ainsi le 
« rapport plus décomplexé des jeunes à la médecine esthétique… et à ses dérives. Depuis 2019, les 18-34 ans ont désormais davantage recours à la chirurgie que la tranche des 50-60 ans ». Tracy Cohen Sayag, directrice du groupe Clinique des Champs-Elysées, indique qu’« il y a 12 ans, à peine 5% de nos patients avaient moins de 35 ans, contre plus de 50% d’entre eux aujourd’hui ».
Margherita Nasi explique que
 « cette déferlante jeune s’explique en partie par les transformations que connaît ce secteur. Laser, injections, peelings, radiofréquence ont révolutionné le marché ». Tracy Cohen Sayag déclare que « la chirurgie reste une opération lourde, il faut aller au bloc opératoire. La médecine esthétique, elle, n’est pas invasive et a énormément progressé. On peut tout traiter, à condition d’être récurrent dans ses actes ».
Adel Louafi, président du SNCPRE (Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique), précise en outre que 
« dans les années 1990, certains produits pouvaient entraîner des déformations à long terme ou des réactions allergiques, comme le silicone injectable, utilisé par les frères Bogdanov. Désormais, on utilise des produits résorbables, extrêmement fiables et tolérés ».
Catherine Bergeret-Galley, secrétaire générale du SNCPRE, souligne quant à elle qu’
« avec la pandémie, de nombreux faux professionnels ont investi les réseaux sociaux. Ils proposent des prestations extrêmes : bouches marquées, très gros seins, très grosses fesses, yeux de biche en étirant la fente palpébrale vers le haut et l’extérieur… J’oriente les jeunes vers des demandes plus raisonnables. Et je les mets en garde contre les escroqueries ».
Margherita Nasi indique ainsi que 
« début janvier, le SNCPRE et plusieurs sociétés savantes ont lancé une alerte nationale contre les «injecteurs illégaux», ces faux médecins, pseudo-spécialistes ou prétendus cosmétologues qui cherchent à appâter les jeunes avec des images d’interventions réussies et des prix au rabais ».
Catherine Bergeret-Galley explique qu’«
 une véritable économie parallèle s’est montée en quelques années. Celle-ci s’est engouffrée sur un vide juridique : l’acide hyaluronique, utilisé pour les injections, est en vente libre. Sans parler des fois où l’on injecte de l’huile de paraffine ou du silicone industriel ».
Adel Louafi souligne que 
« ces piqûres sont dangereuses lorsqu’elles sont réalisées par des non-professionnels qui ne connaissent pas l’anatomie et sont incapables de réagir en cas d’effets indésirables. On peut se retrouver avec des déformations du visage, des croûtes noires, une peau rétractée, voire une partie du nez amputée. […] Les injecteurs illégaux n’hésitent pas à utiliser la même aiguille sur plusieurs clients. On risque de voir apparaître une déferlante d’infections chroniques transmissibles, comme l’hépatite C ».
Margherita Nasi relève en effet qu’
« il y aurait en France plusieurs centaines d’injecteurs illégaux, avec des milliers de patients concernés, selon le SNCPRE. Dans son cabinet, Adel Louafi reçoit régulièrement des jeunes qui consultent après des complications ».

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Covid-19 : être hospitalisé ferait vieillir votre cerveau de 20 ans »

Date de publication : 5 mai 2022

Le Point

Le Point relève que « les recherches sur le coronavirus ne cessent d’affiner nos connaissances sur la maladie et ses conséquences, à plus ou moins long terme, pour la santé », et fait savoir qu’une étude « s’attaque notamment aux dégâts potentiels d’une hospitalisation provoquée par une infection au Covid-19 ».
Le magazine retient que selon ce travail paru dans la revue 
eClinicalMedicine, « les problèmes de santé des personnes ayant été hospitalisées sont comparables à un vieillissement de leurs capacités cognitives d’une vingtaine d’années. Un tiers des patients au cœur de l’étude, menée au Royaume-Uni, se sentent débarrassés des symptômes un an après avoir été hospitalisés. Mais certains souffrent d’un déclin cognitif persistant, un Covid long affectant le cerveau ».
David Menon (université de Cambridge), auteur principal, souligne ainsi que 
« le Covid provoque des problèmes au niveau de différents organes, y compris le cerveau et nos fonctions cognitives, ainsi que notre santé mentale. Si vous avez un vaccin et tous vos rappels, vous aurez une maladie moins sévère et l’ensemble de ces problèmes seront atténués ».
Le Point explique que «
 les chercheurs ont fait passer des tests cognitifs à 46 patients, en moyenne 6 mois après leur entrée à l’hôpital entre mars et juillet 2020. Parmi eux, 16 avaient reçu une assistance respiratoire mécanique. Ils ont comparé les résultats de ce test avec ceux de 460 personnes n’ayant jamais eu le Covid ».
Le magazine observe que «
 les patients hospitalisés souffrent de déficiences cognitives, notamment une plus grande lenteur d’exécution. […] L’étude suggère que, même si les troubles cognitifs étaient différents, l’ampleur du changement est, en moyenne, comparable au déclin cognitif observé traditionnellement chez les personnes âgées de 50 à 70 ans ».
Le Point ajoute que
 « s’il n’y a pas de différences entre les patients testés 6 et 10 mois après hospitalisation, les chercheurs notent quelques prémices d’une amélioration et vont poursuivre ces tests à différentes échéances ».
David Menon estime ainsi que 
« ces essais vont nous permettre de comprendre les mécanismes sous-jacents et de produire des traitements efficaces pour lutter en amont, et même à l’avenir contre ces symptômes ».

 

« L’augmentation inquiétante des cas de « burn-out scolaire » chez les lycéens »

Date de publication : 11 mai 2022

Le Monde

Le Monde constate en effet qu’« alors que les élèves de terminale passent pour la première fois les épreuves d’enseignement de spécialité du baccalauréat, les enseignants s’alarment de l’anxiété provoquée notamment par le contrôle continu et l’orientation ».
Sylvie Lecherbonnier se penche ainsi sur ces 
« lycéens en burn-out scolaire. Le terme ne fait pas toujours consensus et le phénomène, caractérisé par un épuisement, une perte de sens et de motivation face à un stress chronique, est difficile à quantifier tant les indicateurs font défaut, mais les personnels de l’éducation nationale sont formels : les lycéens sont plus sujets qu’auparavant à l’anxiété, aux crises de larmes, voire à la dépression ou à la phobie scolaire ».
« Si de multiples facteurs entrent en ligne de compte dans le mal-être des adolescents, «l’angoisse de la performance», comme l’appellent les psychologues, n’est pas à négliger »,
 souligne la journaliste.
Franck Antraccoli, proviseur à Nantes et secrétaire général du syndicat de chefs d’établissement ID-FO, indique ainsi que 
« cette année, 30 élèves sur 1200 bénéficient d’un PAI [projet d’accueil individualisé] avec des décharges de cours, car ils n’arrivent plus à tout gérer. Il y a encore 3 ans, ils étaient à peine 10 ».
Saphia Guereschi, infirmière dans l’éducation nationale et secrétaire générale du Snics-FSU, confirme : 
« Les files d’attente devant nos infirmeries augmentent, et nous n’arrivons pas à répondre à toutes les demandes ».
Sylvie Lecherbonnier explique que «
 les lycéens baignent dans un océan d’incertitudes depuis plus de 2 ans. L’épidémie de Covid-19 est venue percuter la mise en place des réformes du lycée et du bac. Annulation ou report d’épreuves, passage à l’enseignement à distance et confinements ont bouleversé leurs conditions de travail, si bien qu’un élève de terminale, en 2022, n’aura suivi aucune année scolaire « normale » au lycée. Le contrôle continu, qui compte pour 40% de la note finale du baccalauréat, associé à la perspective de Parcoursup, joue aussi sur leurs nerfs ».
« L’impression de «jouer sa vie à chaque évaluation» domine, sans toujours connaître en plus précisément les règles du jeu de Parcoursup », 
ajoute-t-elle, qui s’interroge : « Y a-t-il un profil d’élève plus sujet à l’angoisse, voire au burn-out, que d’autres ? De l’avis des enseignants interrogés, les bons élèves, alors qu’ils ont de bonnes notes, sont plus angoissés ».
Une mère dont le fils a eu une dépression déclare : 
« On veut faire de nos enfants des chevaux de course. Il faut être performant, performant, performant… Mais que se passe-t-il quand ça craque ? Qu’est-ce qu’on leur propose ensuite ? ».

 

« Le QI de ces vraies jumelles élevées dans deux pays différents est inhabituel »

Date de publication : 13 mai 2022

Science et Vie

Ives Etienne relate dans Science et Vie « l’histoire de jumelles monozygotes séparées à l’âge de 2 ans et élevées dans deux pays différents. L’une en Corée, l’autre aux Etats-Unis. Des scientifiques se sont intéressés à leur cas, et surprise, ils ont constaté de grosses différences de QI ! Ce qui contredit les tests précédents sur des jumeaux monozygotes ».
Le journaliste explique que 
« les chercheurs à l’origine de ces travaux ont pu compter sur deux sœurs nées à Séoul en Corée du Sud en 1974, mais qui ont été séparées 2 ans plus tard lorsque l’une des deux jumelles s’est perdue sur un marché. Malgré toutes les démarches effectuées et une émission de télévision consacrée aux personnes disparues, la petite fille perdue n’a pas pu retrouver ses parents biologiques. Elle finit par être adoptée par un couple vivant à l’autre bout de la planète, aux États-Unis ».
Ives Etienne relève que
 « cette petite Coréenne est donc devenue américaine. […] En 2018, grâce au programme sud-coréen de réunification des membres de la même famille, elle soumet son ADN pour une analyse génétique. Deux ans plus tard, elle reçoit une information étonnante ! Elle a un frère et une sœur plus âgés qu’elle. Mais surtout, elle a une sœur jumelle ! ».
Le journaliste continue : «
 Lors de leur rencontre, les vraies jumelles ont accepté de passer une série de tests. Ils sont destinés à évaluer leur quotient intellectuel ainsi que leur profil de personnalité, leur santé mentale et leurs antécédents médicaux ».
Il observe que 
« les résultats obtenus concernant les capacités cognitives et l’intelligence des deux sœurs jumelles sont étonnants. Ils contredisent les travaux précédents qui affirment que même en cas de séparation dès la naissance, la différence moyenne de valeur de QI ne dépasse pas 7 points. En effet, l’écart de quotient intellectuel entre la sœur vivant aux États-Unis et la sœur vivant en Corée est de 16 points. Et c’est la jumelle coréenne qui possède le QI le plus élevé ! ».
Ives Etienne note que 
« pour les scientifiques, cet écart inattendu des capacités cognitives entre les deux jumelles reste étonnant. Il est difficile de dire s’il est dû à une éducation différente. En effet, la jumelle élevée aux États-Unis a malheureusement subi trois commotions cérébrales qui auraient pu affecter ses capacités cérébrales ».
Il ajoute qu’«
 en ce qui concerne la personnalité, les deux sœurs possèdent un profil général très comparable. Elles sont toutes les deux déterminées, organisées, consciencieuses. Elles sont aussi animées par une envie de réussir dans la vie. Malgré des expériences de vie très différentes et des environnements familiaux très opposés, la persistance de ce profil confirme bien que la génétique détermine en grande partie la personnalité ».
Le journaliste ajoute :
 « La santé est l’autre domaine dans lequel les deux sœurs possèdent de fortes ressemblances. Elles ont toutes les deux dû subir une ablation de tumeurs aux ovaires. Par contre, les deux jumelles ont une vision différente de la vie en générale. Alors que celle qui a grandi aux États-Unis est individualiste, celle qui vit en Corée du Sud possède de valeurs de vie plus collectivistes ».
Ives Etienne conclut que 
« les chercheurs ne tiennent pas à tirer de conclusions définitives. En effet, il faudrait pouvoir étudier plus de cas de jumeaux ayant été séparés dès le plus jeune âge. Ce qui est, heureusement, assez rare. Cette étude permet pourtant de se rendre compte de l’influence de la génétique. Mais aussi l’importance de l’environnement culturel et environnemental sur le développement d’un individu ».

 

« Signaler ou pas, les médecins généralistes face aux suspicions d’inceste »

Date de publication : 16 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui relève qu’« alors que les professionnels de santé dénoncent peu les situations de maltraitance sur les enfants, notamment par peur d’être poursuivis par les familles, la Ciivise préconise une clarification de leur devoir de signalement. Une piste qui fait débat ».
Le journal explique que
 « confronté à des signes de maltraitance, sexuelle ou non, sur un mineur, tout professionnel de santé est tenu de garantir sa protection en écrivant à la cellule de recueil des informations préoccupantes du département, ou en faisant un signalement au procureur de la République en cas de danger immédiat ».
« Toutefois, le code de déontologie médicale conditionne cette obligation d’alerter pour le médecin : elle intervient «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Un flou qui participe au faible nombre de remontées émanant du corps médical, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), chargée d’un état des lieux et de recommandations en la matière », 
remarque le quotidien.
Il note que «
 la Ciivise se prononce ainsi pour une clarification de l’obligation de signalement des médecins. L’instance assortit cette recommandation de celle de la suspension des poursuites disciplinaires à l’encontre des médecins qui effectuent des signalements, afin de les protéger d’éventuelles plaintes émanant de l’adulte agresseur ».
Le Monde précise que 
« la proposition fait suite à la médiatisation de quelques cas de soignants sanctionnés après avoir effectué des signalements. L’obligation de signalement, accompagnée d’une telle mesure de protection, permettrait de sécuriser les professionnels et «contribuerait à une meilleure protection des enfants», défend le collectif Stop Violences Médecins, qui regroupe une cinquantaine de praticiens ».
Le journal poursuit : 
« Le constat d’un «maillon faible» dans la chaîne de repérage est largement partagé, jusque dans les rangs des médecins. Même si aucune donnée précise et récente n’existe sur le sujet. Le pourcentage de 5% est régulièrement mis en avant : il correspondrait à la part des signalements pour maltraitance des enfants provenant des professionnels de santé selon la Haute Autorité de santé. Mais l’instance le reconnaît elle-même : ce chiffre, inscrit dans certains de ses rapports du milieu des années 2010, est issu d’un bulletin de l’Ordre des médecins datant de 2002 ».
« La solution préconisée d’une obligation de signalement pour les médecins, est loin, en revanche, de faire l’unanimité ; elle s’est heurtée à l’opposition immédiate de l’Ordre des médecins. Les professionnels sont déjà soumis à une «obligation de protection» des patients, selon l’organisme »,
continue Le Monde.
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des médecins, décalre ainsi : 
« Notre crainte, avec cette autre obligation, c’est que les familles maltraitantes éloignent leurs enfants du soin. Il y a déjà, aujourd’hui, toutes les possibilités pour faire un signalement quand un médecin a des suspicions ».

 

« Recevoir un jeune en consultation, c’est tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine »

Date de publication : 18 mai 2022

La Croix

Dans sa chronique pour La Croix, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine, observe : « Fabriquons-nous une génération en état de mal-être ? ».
Elle remarque ainsi qu’
« il est facile aujourd’hui de rendre la pandémie responsable de tous les maux de la société, mais la crise de la psychiatrie existe depuis bien longtemps. Ces deux dernières années ont surtout rendu plus visibles des disparités sociales inimaginables en France. Car non, cela n’allait pas de soi de suivre des cours en distanciel lorsqu’on ne possède pas d’ordinateur ou que le micro du smartphone est cassé. Non, ce n’était pas possible de se concentrer dans un contexte familial délétère ».
La psychiatre poursuit : « 
Je revois la détresse psychique de certains jeunes pour qui les études sont la seule bouée de sauvetage et qui se sentaient lâchés par le système. Restait la possibilité de consulter : c’est une autre histoire ! Combien sont passés entre les mailles du filet ? ».
Fatma Bouvet de la Maisonneuve écrit que 
« recevoir une jeune personne en consultation, c’est comme tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine. Il faut mettre en confiance un individu en souffrance, souvent en opposition et qui se sent incompris, mais il faut aussi ménager des parents, en particulier des mères, que l’on a souvent culpabilisés ».
« Une des priorités est de faire un diagnostic et de détecter d’éventuels symptômes annonciateurs de maladies sévères mais rares (schizophrénie, trouble bipolaire) qui doivent être traités à l’hôpital dans un premier temps. Et c’est là que le bât blesse car les délais sont aussi longs chez nos collègues de l’hôpital, qui gèrent des cas difficiles »
, remarque-t-elle.
Fatma Bouvet de la Maisonneuve ajoute que 
« l’augmentation des conduites suicidaires chez les jeunes est si alarmante qu’il est impératif de mobiliser toute la société autour d’eux. Pourquoi ne pas créer un département jeunesse dans chaque ministère afin d’être sûrs de ne jamais l’oublier ? ».

 

« Fatigue, idées suicidaires, harcèlement… Une étude pointe le mal-être des étudiantes et étudiants en sciences infirmières »

Date de publication : 24 mai 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui explique que « dans une enquête parue vendredi dernier, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières dresse un constat inquiétant ».
Cassandre Leray indique ainsi que 
« le dossier de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) concernant le «bien-être» des étudiantes et étudiants infirmiers dresse un constat alarmant. Depuis 2017, date de la dernière enquête, presque tous les indicateurs sont dans le rouge. Santé physique, mentale, précarité… ».
Mathilde Padilla, présidente de la fédération, souligne qu’«
 il y a une souffrance sur tous les aspects, qui s’est accentuée ces cinq dernières années ».
Cassandre Leray explique qu’
« éprouvés par une formation éreintante et un système de santé à bout de souffle, plus de 15.000 étudiants ont répondu dans le cadre de cette étude. Le résultat est sans appel : l’exigence est telle qu’il est difficile de tenir la cadence. En 2017, 66,3% des répondants estimaient que leur qualité de sommeil était «insuffisante» ou «très insuffisante», contre 62,3% en 2022 ».
« Une amélioration, à première vue. Sauf qu’en 2017, ils n’étaient que 7,8% à déclarer prendre des somnifères depuis le début de la formation contre… 28,1% en 2022. Et 4 étudiants sur 10 considèrent que la cause de cette prise est liée à leurs études »,
 continue la journaliste.
Elle souligne que «
 pour de nombreux étudiants en sciences infirmières s’ajoutent aux cours les inquantifiables heures de travail personnel. Il y a aussi les stages, réputés pour être épuisants, ou la nécessité d’avoir un job étudiant à côté pour joindre les deux bouts. Tout mener de front est ardu, à tel point que plus d’un étudiant sur deux se sent «souvent» ou «tout le temps» fatigué depuis le début de sa formation ».
Cassandre Leray ajoute que 
« le moral, lui aussi, en prend un coup. En 2017, 52,5% des apprentis infirmiers admettaient que leur santé mentale s’était dégradée depuis le début de leur formation. En 2022, ils sont 61,4%. Une augmentation de près de 10 points en cinq ans. Crises d’angoisse, dépression, idées suicidaires… L’étude relève une aggravation sous tous ces aspects ».
La journaliste observe que «
 le plus frappant : un étudiant sur six a déjà pensé au suicide durant ses études. Un chiffre plus de deux fois supérieur aux précédentes enquêtes. Seule amélioration : 23,3% des répondants ont déjà consulté un professionnel de la santé mentale, alors qu’ils n’étaient que 13,8 en 2017 ».
Mathilde Padilla note que «
 c’est positif mais à nuancer : cela augmente aussi parce qu’ils sont plus nombreux à aller mal ».
Cassandre Leray relève ainsi que
 « leur consommation d’anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques a augmenté : 34% en 2022, contre 27,3% en 2017. Parmi eux, 50% ont commencé ces traitements «à cause du retentissement de la formation» ».
« Pour certains, la souffrance peut même aller jusqu’à l’abandon de la formation. 59,2% des étudiants en sciences infirmières ont déjà pensé à arrêter leurs études. Cause numéro 1 : des problèmes au cours de leur stage (32%). Bizutage, sexisme, humiliations… », 
continue Cassandre Leray.
Elle souligne qu’« 
une personne sur six faisant ses études en sciences infirmières a déjà été victime d’agression sexuelle. Et, dans 70% des cas, sur le lieu de stage. Avec comme auteur de ces violences, un professionnel de santé (25%) ou un patient (53%) ».
Cassandre Leray conclut qu
e « pour la fédération, trois travaux sont à lancer de toute urgence. Une refonte générale de la formation en sciences infirmières, la mise en place d’une politique d’encadrement des stages aboutie, mais surtout redonner de l’attractivité à la profession. Car, si la situation s’est aggravée ces dernières années, les problèmes pointés par cette étude ont déjà été dénoncés. Sans réaction suffisante des pouvoirs publics pour y remédier ».

 

« Pourquoi le réchauffement climatique affecte le sommeil »

Date de publication : 24 mai 2022

Le Figaro

Delphine Chayet fait savoir dans Le Figaro que « des chercheurs ont réussi à mesurer l’impact de la température extérieure sur la qualité de nos nuits ».
La journaliste observe ainsi que «
 nous avons déjà perdu une heure de sommeil en moyenne depuis 25 ans (probablement à cause des écrans), et nos nuits devraient continuer à raccourcir à mesure que les températures grimpent… Si l’on ne prête pas attention à cette conséquence du changement climatique, «cette privation chronique risque de faire peser une menace pour la santé publique et le bien-être humain», préviennent les auteurs d’une étude publiée dans la revue One Earth ».
Delphine Chayet explique que 
« leur alerte est fondée sur l’analyse de la durée de 7 millions de nuits de sommeil enregistrées entre 2015 et 2017 dans 68 pays du monde. Les chercheurs (…) ont exploité des mesures individuelles prises par accéléromètre ».
« Ces bracelets connectés à un smartphone détectent le mouvement et permettent de quantifier le sommeil sur plusieurs nuits d’affilée. Les informations ainsi recueillies ont été mises en regard des conditions météorologiques locales, présentes et futures », 
précise la journaliste.
Elle retient que «
 l’augmentation des températures extérieures (…) réduit le temps de sommeil, principalement en retardant le moment de l’endormissement et dans une moindre mesure en avançant l’heure du réveil. La probabilité de dormir moins de 7 heures par nuit, et donc d’être en situation de privation, est ainsi multipliée par 3,5 à partir de 25 degrés à l’extérieur ».
Marc Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que 
« notre température corporelle obéit au rythme circadien : elle chute durant la nuit pour arriver à son point le plus bas vers 6 heures du matin. Si l’air ambiant est trop chaud, vous n’arriverez plus à vous refroidir, ce qui vous mettra dans l’inconfort. On estime que la température optimale pour un bon sommeil se situe autour de 19°C ».
Delphine Chayet ajoute que 
« dans l’étude, l’effet d’une montée des températures est deux fois plus marqué chez les personnes âgées de plus de 65 ans par rapport à celle d’âge moyen ».
Damien Davenne, chronobiologiste et professeur à l’université de Caen, explique que 
« chez les personnes âgées, la thermorégulation corporelle est moins performante, moins réactive, ce qui les rend plus vulnérables à des variations de température ».
La journaliste note en outre que 
« si le risque de subir un sommeil écourté est observé en toute saison et à toutes les latitudes, il est logiquement beaucoup plus prononcé l’été et dans les régions du monde les plus chaudes. […] Les chercheurs s’attendent à une aggravation de cette tendance dans le futur. Selon leurs projections, réalisées selon plusieurs scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, les habitants de la planète pourraient connaître une dizaine de nuits trop courtes supplémentaires d’ici la fin du siècle ».
Delphine Chayet rappelle que «
 le manque de sommeil a des effets sur la santé physique et mentale. Il est associé à une altération des fonctions cognitives, comme la mémoire et l’attention, et à un impact sur le moral. Il affecte aussi le système immunitaire et la fonction cardiovasculaire ».

 

« Le SOS des psychiatres lancé à la Première ministre »

Date de publication : 31 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien annonce que « 75 soignants lancent un appel à Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !». Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune que nous dévoilons, «un avenir très sombre nous attend» ».
Le journal indique ainsi que ces 
« soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions ».
Elsa Mari explique qu’«
 ils sont psychiatres, internes, psychologues, infirmiers… Et tous lancent un cri d’alerte à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans une tribune «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ».
La journaliste relève que
 « l’équation ne fonctionne plus. D’un côté, la pandémie de Covid-19 crée un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions ». Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, précise : « Surtout chez les jeunes, sans repères, angoissés par l’avenir. Quand on perd l’espoir, on met beaucoup de temps à le retrouver ».
Le chef de service ajoute que «
 15% des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières ».
Elsa Mari remarque que «
 ces difficultés ne sont pas nouvelles mais elles s’aggravent, les conséquences sont «dramatiques». Comble de cette tension, un dimanche d’avril, dans un hôpital de région parisienne, 18 patients, tous dans un état très grave, se sont retrouvés à attendre, alors qu’ils devaient être hospitalisés, en urgence. Pour les «accueillir, les rassurer, les surveiller», ce jour-là, seuls un psychiatre et un infirmier étaient là ».
Les signataires écrivent ainsi que «
 ce débordement des capacités d’accueil se traduit par des heures et des jours d’attente sur un brancard ou une chaise dans un couloir, des fugues, des agitations, voire des bagarres, et forcément des professionnels débordés et épuisés, ne souhaitant qu’une chose : changer de poste, d’hôpital, voire de métier. Quel gâchis ».
Antoine Pelissolo ajoute que « 
le recours à l’isolement et à la contention est en hausse car les soignants peuvent, parfois, être dépassés par la situation, ce qui ne devrait pas arriver ». « Et face à l’afflux de demandes, les malades, une fois hospitalisés, d’après le psychiatre, sortent plus vite, «résultat, ils rechutent» », continue la journaliste.
Les signataires écrivent en outre : 
« Alors que nous manquons de candidats, il pourrait paraître illusoire de fixer des objectifs de personnels à la hausse. Mais ne pas afficher de telles ambitions normales ne fait que nourrir la pénurie : les postes ne sont pas attractifs quand les candidats constatent que, de toute façon, ils seront en nombre insuffisant pour soigner correctement. La définition de ratios minimaux de soignants par service est une nécessité vitale, réclamée par tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de nos hôpitaux ».
« La fermeture de services, voire d’hôpitaux, ne peut conduire qu’à des drames humains par absence de soins, avec des conséquences économiques évidentes : chômage, arrêts de travail, complications sociales, etc. Il faut continuer à développer les soins ambulatoires, la prévention des crises et les pratiques orientées vers le rétablissement mais, tant qu’elles sont nécessaires, maintenir des équipes d’hospitalisation en effectifs suffisants pour éviter toute maltraitance », 
ajoutent-ils.

 

Revue de presse santé -psy – avril 2022

« La carte complète du génome humain enfin dévoilée »

Date de publication : 1er avril 2022

Le Figaro Le Parisien

Marc Cherki note en effet dans Le Figaro que « 6 articles publiés ce 31 mars dans la revue Science complètent – presque – le séquençage des 23 paires de chromosomes qui caractérisent l’espèce humaine. Car il y avait des « trous » à remplir et des erreurs à corriger. Il manquait 8% de la carte d’identité complète de l’ADN ».
« Il est maintenant possible d’affirmer que le génome complet comprend 3,1 milliards de paires de bases qui constituent un enchaînement de quatre lettres, A, T, C ou G, portés sur deux brins en forme de double hélice. Les scientifiques ont séquencé 225 millions de paires de bases supplémentaires qui n’avaient pas été identifiées ou bien localisées. Ces nouvelles régions permettent de supposer que 182 protéines présentes dans l’espèce humaine n’avaient pas encore été repérées »,
 remarque le journaliste.
Marc Cherki précise notamment que
 « les chercheurs se sont intéressés en particulier aux morceaux de l’ADN qui se répètent. Ils se situent notamment au milieu de chaque chromosome, une région appelée « centromère », et à la fin, baptisée « télomère ». Ces parties ont des fonctions spécifiques ».
Il relève que 
« le programme a mobilisé plus de 100 personnes dans le monde. Il a été supervisé par Karen Miga, chercheuse à l’Institut de génomique de l’université de Californie, à Santa Cruz, et par Adam Phillippy de l’Institut national de la recherche sur le génome humain, à Bethesda, qui dépend des NIH (National Institute of Health) ».
Le journaliste note qu’
« après ces publications, les chercheurs du monde entier disposent, en quelque sorte, d’une nouvelle « pierre de Rosette », selon l’expression d’Evan Eichler [chercheur à l’Institut médical Howard Hughes, à l’université de Washington], pour comparer le génome de chaque individu ».
« Car une autre originalité du travail a été de recenser le nombre de fois qu’une séquence était présente sur un chromosome. Cette quantification permet notamment de déterminer le risque pour un individu de développer une maladie et de comprendre pourquoi certaines personnes ou groupes ethniques pourraient développer, par exemple, une maladie cardiovasculaire, en cas d’erreur sur un gène codant pour une protéine qui transporte ou détruit les lipides », 
continue Marc Cherki.
Jean-François Deleuze, directeur du Centre national de recherche en génétique humaine du CEA et directeur scientifique du Centre d’études du polymorphisme humain, remarque pour sa part qu’«
 avec les méthodes actuelles de séquençage, seulement 50% des maladies génétiques sont comprises. Nous allons donc peut-être enfin mieux expliquer certaines maladies orphelines. […] Ce résultat est extrêmement important, car il permet, en outre, de comprendre des mécanismes clés de la biologie ».
Le Parisien note également que «
 21 ans après un premier « brouillon » fondateur, des scientifiques dévoilent une séquence complète, l’achèvement de plus de 30 années de travail sur notre ADN… livrant ses derniers secrets ».
Le journal retient entre autres que 
« les nouvelles données renseignent aussi sur 622 gènes médicalement pertinents, en particulier certains liés aux maladies coronariennes, à la schizophrénie ou à l’autisme. Les recherches vont se poursuivre et ce nouveau génome de référence sera le jalon d’une longue série ».

 

« Guerre en Ukraine : les conseils de psys pour répondre aux angoisses des plus jeunes »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien observe qu’« il n’y a pas que les adultes qui se préoccupent du conflit en Ukraine. Les enfants aussi, surtout lorsqu’ils ressentent et absorbent l’anxiété de leurs parents et de leurs copains. Il ne s’agit donc pas de dissimuler la réalité mais de mettre des mots, d’expliquer et de rassurer ».
Aurélie Curnier, psychologue clinicienne spécialisée sur les troubles des enfants et adolescents dans l’Hérault, indique ainsi : 
« On constate actuellement des cauchemars chez les enfants qui sont déjà sujets à l’anxiété ».
Thierry Baudet, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, explique que 
« les parents doivent être disponibles pour rassurer les enfants. Il faut pouvoir répondre, proposer d’en parler sans pour autant expliquer des choses qu’ils ne veulent pas savoir ! Bref, il faut s’adapter ».
Le Parisien livre 
« quelques réponses sur-mesure dans lesquelles piocher », à commencer par : « Est-ce que la France va partir en guerre ? ».
Clémence Prompsy, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, indique que «
 votre réponse va dépendre de l’âge de l’enfant, de son degré de maturité et d’émotivité. Mais en dessous de 8 ans, il vaut mieux minimiser. Pour relativiser, il peut être utile, par exemple, de rappeler qu’il y a déjà de nombreux conflits dans le monde dans lesquels la France est ou a été récemment impliquée et qu’il n’en a même pas entendu parler ».
Le quotidien ajoute :
 « Essayez, dans la mesure du possible, d’ajouter une note positive ». Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre et psychiatre à Saint-Denis, précise : « Aux adultes, surtout, de faire référence à certaines guerres dont on s’est sortis, qui sont à présent bien finies. Mais à l’heure actuelle, la réponse est non, on ne va pas partir en guerre ! C’est ce que l’enfant attend. Si la situation évolue, il sera toujours temps de lui réexpliquer la situation ».
Le Parisien continue : «
 Le réchauffement climatique, le Covid, maintenant la guerre, est-ce que c’est la fin du monde ? Attention, terrain piégé ! Doit-on en profiter pour sensibiliser les plus jeunes à l’état de la planète ou mieux vaut-il remiser ses grands discours écolos à une période plus propice ? ».
Aurélie Callet, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, remarque que «
 les enfants ont vu ça dans des films à la télé ou au cinéma. Alors on dit : bien sûr que non ce n’est pas la fin du monde parce qu’on n’est pas au cinéma dans un film catastrophe ! Et puis, on peut aussi parler des dinosaures. Dans l’Histoire, c’est un exemple de fin du monde qui a donné lieu à une nouvelle vie. La fin du monde, c’est aussi le début d’un autre monde ».

 

« Prescrit-on trop de médicaments contre les troubles de l’attention ? »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Figaro

Anne Prigent remarque dans Le Figaro que « c’est une tendance qui se confirme d’année en année : de plus en plus d’enfants prennent des médicaments destinés à lutter contre l’hyperactivité et les troubles de l’attention ».
« Ils contiennent tous du méthylphénidate, un psychostimulant. Et leur consommation a plus que doublé en dix ans, selon une étude qui a analysé les données de l’assurance-maladie portant sur 144.509 patients de 0 à 17 ans, publiée en février dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence »,
 explique la journaliste.
Elle note que « 
le nombre de boîtes délivrées est ainsi passé de 183.696 en 2010 à 453.598 en 2019. Cette même année, plus de 15.000 nouveaux enfants se sont vu prescrire du méthylphénidate. Ils étaient un peu plus de 10.000 en 2011 ».
Sébastien Ponnou, psychanalyste et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, co-auteur de l’étude, ajoute que
 « cette augmentation de la prescription se double d’une augmentation des durées de traitements. En 2011, la médiane était de 5 ans et demi. Depuis, nos données ne nous permettent pas de mesurer précisément l’évolution de cette durée jusqu’à 2019 mais le fait que le nombre total de prescriptions (la prévalence) a augmenté plus rapidement que le nombre de nouveaux patients (l’incidence) montre cette augmentation ».
Anne Prigent observe qu’«
 au total, 0,75% des enfants seraient sous méthylphénidate. Faut-il s’en inquiéter ? Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 3,5 à 5,6% des enfants scolarisés souffrent de TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité) en France ».
« Mais tous ne relèvent pas d’une prescription de médicament, qui, comme le rappelle la HAS, demeure un traitement de seconde intention, lorsqu’une prise en charge psychologique, éducative et sociale s’avère insuffisante », 
indique la journaliste.
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Henri-Laborit (Poitiers), déclare que
 « nous sommes encore loin de traiter tous les enfants souffrant de TDAH qui devraient l’être ».
Sébastien Ponnou remarque quant à lui :
 « Nous avons surtout constaté une prescription de méthylphénidate basée sur des déterminants sociaux et sur l’âge des enfants ».
Anne Prigent relève qu’«
 un enfant sur cinq sous méthylphénidate vit dans un foyer bénéficiant de la CMU ou d’un dispositif apparenté (alors que ces aides concernent 7,8% des Français). De la même manière, les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus souvent sous médicaments que ceux nés en janvier de la même année ».
Sébastien Ponnou indique : 
« On peut comprendre que cette quasi-année d’écart ait une influence qui n’a rien de pathologique sur l’attention de l’enfant ».
La journaliste continue : «
 Cette prescription chez des enfants qui ne souffrent sans doute pas de TDAH inquiète d’autant plus le chercheur que depuis septembre, les conditions de prescription du méthylphénidate se sont assouplies. La première ordonnance peut désormais être délivrée par un psychiatre, un neurologue ou un pédiatre installé en ville. Une décision prise à la demande des associations de parents pour limiter le retard de diagnostic et l’accès au médicament ».
Anne Prigent souligne 
« le paradoxe avec ce médicament : trop prescrit chez des enfants qui n’en ont pas besoin, il peut faire défaut à des enfants qui pourraient en bénéficier. La raison ? La difficulté de poser le diagnostic ».

 

« La médecine narrative, mieux écouter pour mieux soigner »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

Alice Le Dréau explique dans La Croix : « Utiliser les ressources offertes par l’écriture et le récit pour développer son empathie envers les patients, c’est le principe de la médecine narrative. Née aux États-Unis, cette approche, parfois jugée trop conceptuelle, fait son chemin en France ».
La journaliste relate un cours de médecine donné par le Pr Serge Perrot, chef de service au centre de la douleur de l’hôpital Cochin (Paris) : 
« Un cours un peu spécial, coanimé avec un écrivain, Mathieu Simonet, et qui propose de sensibiliser une dizaine d’étudiants de 3e année à la «médecine narrative» ».
Alice Le Dréau explique que 
« le concept, vu comme un complément de la «médecine fondée sur les faits» – rechercher les meilleures preuves disponibles pour résoudre un problème clinique –, est apparu au début des années 2000 aux États-Unis, avant de se diffuser en France, de manière encore assez confidentielle. L’idée : en s’appuyant sur les outils narratifs que sont le récit, la lecture et l’écriture, «apprendre à écouter le patient, pour mieux le soigner», résume Serge Perrot ».
La journaliste observe : 
« Écouter le malade pour établir un premier diagnostic : n’est-ce pas un réflexe de base pour tout médecin ? «C’est ce que nous faisons tous les jours», souligne un généraliste dubitatif. Pas si simple, réplique Serge Perrot, pour qui les entretiens médicaux sont souvent «très standardisés et techniques. On demande les antécédents, le parcours de santé, façon interrogatoire de police». Et de manière parfois expéditive ».
Alice Le Dréau remarque :
 « Comment muscler sa capacité d’écoute ? «Par la narration», répond Christian Delorenzo, docteur en «humanités médicales et philosophie» qui, à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), anime des formations à destination des soignants au côté d’un pédopsychiatre ».
La journaliste explique ainsi :
 « Lecture, écriture, puis partage des créations à voix haute… Organisées en trois temps, les séquences s’articulent autour d’œuvres toujours plus ou moins un lien avec le soin. Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, constitue l’un des supports pour parler du don d’organes ; Les Récits d’un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov sert à évoquer l’exercice de la médecine ; Oscar et la dame en rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt, le cancer pédiatrique ; Une mort très douce, de Simone de Beauvoir, la fin de vie… ».
Isabelle Galichon, 
« qui codirige […] un diplôme universitaire de médecine narrative à la faculté de médecine de Bordeaux », indique pour sa part que les textes « accrochent l’attention, bousculent les représentations et permettent de s’en approprier d’autres. […] On aurait tort de penser qu’en médecine il n’y a que des textes scientifiques, des études de cas cliniques, des comptes rendus de recherches qui peuvent apprendre quelque chose de la psychologie ou du ressenti du patient ».
Alice Le Dréau ajoute que 
« les ateliers d’écriture, dans lesquels les étudiants sont invités à composer sur leur propre expérience […] puis à partager leur texte, poussent chacun à développer ses propres capacités à raconter une histoire, à questionner le sens et la perception qu’il a de son métier et sa façon d’améliorer sa pratique ».
Serge Perrot souligne que
 « la médecine narrative aide à aiguiser le regard sur l’histoire du malade. Le parcours d’un patient, c’est un peu comme un polar. Au médecin de repérer des indices qui ont pu lui échapper ».
La journaliste poursuit : 
« Une plus grande empathie, une meilleure efficacité diagnostique, des capacités relationnelles renforcées, tels seraient les effets positifs de la médecine narrative, dont l’approche apparaît néanmoins trop conceptuelle aux yeux de certains professionnels. […] Une chose est sûre : entre la théorie et la pratique, il y a un pas à franchir. Et pas de recette miracle ».

 

« Les médecins font-ils preuve de suffisamment d’empathie ? »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

C’est ce la question que pose La Croix dans sa rubrique « débat ». Le journal souligne en effet : « Qualité primordiale de l’exercice de la médecine, l’empathie est de plus en plus menacée par le manque de temps et de moyens au sein de la profession ».
Le Pr Daniel Bontoux, membre de l’Académie de médecine, déclare que «
 l’empathie semble une qualité naturelle assez répandue chez les jeunes gens qui s’engagent dans les études de médecine. En revanche, on constate que celle-ci a tendance à s’atténuer à mesure que les études avancent, car le cursus devient de plus en plus technique et scientifique ».
« Pourtant, l’empathie est, suivant tous les avis et toutes les publications sur le sujet, un élément majeur et nécessaire pour une relation malade-médecin de qualité. Elle favorise à la fois le bien-être du médecin, le diagnostic et le suivi thérapeutique du patient. Seulement, l’exercice professionnel peut la mettre à rude épreuve »,
 observe-t-il.
Le Pr Bontoux souligne que «
 le grand souci vécu par le corps médical, c’est le manque de temps. Une consultation de médecins généralistes est vue comme devant durer 15 minutes. Or, les tâches administratives sont toujours plus lourdes et reposent de plus en plus sur le médecin, ce qui réduit sa disponibilité et son écoute. Résultat, le temps manque pour les choses essentielles que sont l’interrogatoire et l’examen clinique ».
Lolita Mercadié, docteure en psychologie, enseignante à l’université de médecine de Brest, remarque quant à elle que 
« l’empathie et ce que l’on appelle les «compétences relationnelles» ont longtemps été mises de côté dans la formation des étudiants en médecine. À Brest, ces enseignements sont obligatoires depuis 2013, de la deuxième à la cinquième année ».
« Le plus délicat est de parvenir à une forme de flexibilité émotionnelle : le médecin doit pouvoir comprendre le ressenti de son patient, partager un instant son point de vue, mais sans se laisser submerger ni se mettre en danger », 
souligne-t-elle.
La Dr Mercadié ajoute que «
 l’empathie ne doit pas virer à la sympathie, au sens premier du terme, qui est l’incapacité à faire la part des choses entre ses propres émotions et celles de son patient. C’est fragilisant voire épuisant pour le médecin et paradoxalement, pas forcément sécurisant pour le patient. […] J’encourage souvent les médecins hospitaliers à aller au contact des aides-soignants, des infirmiers, qui sont moins dans le raisonnement clinique et davantage dans le relationnel ».

 

« L’évolution du cerveau retracée sur toute la vie »

Date de publication : 8 avril 2022

Le Figaro

Pauline Fréour explique dans Le Figaro que « l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
La journaliste note ainsi qu’«
 il a fallu pas moins de 120.000 IRM et 2 millions d’heures d’ordinateur à l’équipe du Britannique Richard Bethlehem (Université de Cambridge), accompagné de nombreux autres chercheurs internationaux dont plusieurs Français, pour répondre à la question. Ce travail inédit, présenté mercredi dans Nature, permet de disposer pour la première fois de courbes de référence sur la croissance d’un cerveau en bonne santé, du fœtus de 15 semaines jusqu’aux 100 ans de l’adulte ».
Pauline Fréour précise : 
« Volume de la matière grise, de la substance blanche, volume ventriculaire, surface et épaisseur corticales… : ce travail colossal permet de disposer de référentiels sur l’évolution non pathologique des différents composants du cerveau, pour chacun des deux sexes ».
Elle relève notamment que 
« l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
« Il en ressort que le volume de matière grise (qui comprend les neurones) croît rapidement chez le fœtus dès la moitié de la grossesse, atteignant un pic chez l’enfant de 6 ans, avant de décroître doucement. Le volume de substance blanche (qui transmet les signaux des neurones) augmente aussi rapidement chez le fœtus, l’enfant, et parvient à son maximum juste avant que l’individu n’ait 29 ans ; le déclin s’accélère après 50 ans. Le volume de matière grise sous-corticale progresse jusqu’à 14 ans et demi », 
poursuit la journaliste.
Elle note que 
« ces courbes de croissance devraient être utilisées, dans un premier temps, à des fins de recherche car leur manipulation reste complexe. […] Mais les auteurs espèrent aussi que les versions ultérieures, intégrant encore davantage de données, pourront être utilisées pour établir des diagnostics médicaux ».
Richard Bethlehem indique ainsi que 
« ces courbes devraient permettre au neurologue de répondre à la question : “Cette zone est atypique, mais dans quelle mesure ?” ».
Pauline Fréour relève que «
 dans la maladie d’Alzheimer par exemple, la dégénérescence des neurones conduit à leur mort. Les personnes atteintes ont donc des risques de présenter une perte plus importante de tissu cérébral que d’autres individus du même âge en bonne santé ».
Richard Bethlehem précise qu’« 
on pourrait imaginer utiliser les courbes pour aider les médecins à identifier des signes de neurodégénérescence en comparant la vitesse à laquelle le volume du cerveau du patient a changé par rapport à ses pairs ».

 

« Consultations remboursées, le dispositif « MonPsy » sème la discorde »

Date de publication : 13 avril 2022

La Croix

La Croix constate en effet que « plusieurs organisations de psychologues ont appelé au boycott du protocole « MonPsy », destiné à permettre le remboursement de huit consultations. Lancé le 5 avril, il n’a pour le moment attiré qu’un millier de candidatures parmi les professionnels ».
Le journal explique que 
« ce dispositif permet le remboursement de 8 consultations annuelles chez un psychologue libéral. Une semaine après [son lancement], pourtant, il n’a recueilli que 1300 candidatures de psychologues […], dont seules 372 conventionnés par l’assurance-maladie ».
« Et il est loin de faire l’unanimité parmi les psychologues. Plusieurs organisations, dont le Syndicat national des psychologues (SNP), ont ainsi appelé au boycott. […] Contraire, selon eux, à leur déontologie et à leur pratique sur le terrain »,
 note La Croix.
Solenne Albert, psychologue clinicienne à Nantes, remarque que
 « 8 séances remboursées à l’année, ça ne correspond pas à notre travail. On ne peut dire à l’avance la durée qu’il faut pour sortir d’un deuil, retrouver goût à la vie, s’extraire de ses angoisses ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, évoque de son côté 
« un dispositif de première ligne, de dépistage et de prise en charge des difficultés psychologiques classées légères ».
Le quotidien s’interroge : 
« Mais à qui sera dévolue la charge de ce dépistage ? C’est là que le bât blesse : le protocole confie cette mission au médecin traitant. Si Frank Bellivier considère qu’«il s’agit là d’un parcours de soins normal qui ne fait qu’entériner un mode de coopération entre le médecin généraliste et le psychologue», Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du SNP, dénonce l’absence de légitimité des médecins ».
Il déclare que 
« seuls les psychologues ont une formation adéquate pour évaluer les troubles psychiques. Une petite dépression peut révéler en arrière-plan un effondrement plus inquiétant ».
La Croix évoque ainsi «
 un mépris général à l’égard de la profession, dont témoignerait également le tarif imposé pour les consultations, 40€ pour la première et 30€ pour les suivantes ».
Camille Mohoric Faedi, psychologue clinicienne, observe que 
« de telles conditions imposeront une pratique ubérisée, avec des patients à la chaîne toutes les 20 minutes. Ce n’est plus du soin, mais du low cost ».
Le journal observe que 
« pour les signataires de la tribune, la vraie solution pour répondre à la vague de souffrance psychique et à l’explosion de la demande en soins, amplifiée par le Covid, est de donner davantage de moyens aux établissements publics de soins, comme les Centres médico-psychologiques (CMP), où les listes d’attente peuvent durer jusqu’à 2 ans. Certains évoquent également le modèle italien, où le gouvernement vient d’octroyer une aide financière de 600€ pour financer des séances chez un psychologue ».

 

« La guerre en Ukraine a aussi des conséquences sur la santé psychologique des salariés »

Date de publication : 14 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque que « selon une étude réalisée par les Chambres de commerce et d’industrie en régions, citée dans un article des Échos, 90% des PME françaises s’inquiètent des retombées de la guerre en Ukraine sur leur activité ».
Le journal souligne ainsi que 
« si cette crise pèse sur le moral des chefs d’entreprise, elle n’épargne pas non plus celui des employés si l’on en croit l’ICAS. Cette organisation mondiale de prévention des risques psychosociaux propose aux entreprises des lignes d’écoute psychologique et juridique à destination des salariés : elle constate un regain d’appels depuis le début du conflit, le 24 février ».
Mathieu Wilkens, responsable des services ICAS Europe de l’Ouest, explique que 
« 9% des personnes qui contactent nos intervenants en France le font pour évoquer la guerre en Ukraine. […] Ce peut être parce qu’ils sont concernés directement par ce sujet, avec des proches vivant en Ukraine ou en Russie. Ou parce que cela génère chez eux une anxiété générale avec des interrogations plus larges : Est-ce que le conflit pourrait arriver chez nous ? ou, ai-je le droit d’aller bien alors que des personnes meurent pas loin de notre pays ? ».
Isabelle Tarty, vice-présidente de la FIRPS (Fédération des intervenants en risques psychosociaux), indique également que «
 les salariés ne vont pas bien. Cela se traduit par des troubles du sommeil, des irritabilités, une hausse des incivilités ».
Le quotidien observe que «
 même si le salarié n’a aucun lien avec le conflit, ce contexte anxiogène peut «réactiver d’anciens traumatismes ou des situations d’angoisse», sans compter «le sentiment d’impuissance ou d’incertitude» qu’il génère ».

 

« Le microbiote parle au cerveau… et vice-versa »

Date de publication : 15 avril 2022

Sciences et Avenir

Hervé Ratel remarque dans Sciences et Avenir : « Ça ne fait désormais plus de doute. Non seulement les 100.000 milliards de bactéries que compte notre microbiote intestinal font partie intégrante de notre organisme et contribuent pleinement à sa régulation mais les scientifiques s’aperçoivent aujourd’hui qu’il dialogue directement avec nos neurones ! ».
Le journaliste cite le chercheur Gérard Eberl, de l’institut Pasteur/Inserm (Paris), qui 
« vient de participer à une étude parue dans le magazine Science […] menée sur les souris. Axe d’investigation principal : NOD2, présent à l’intérieur des cellules, notamment les cellules immunitaires. NOD2 est un récepteur capable de détecter la présence de muropeptides, des petites molécules échappées de la paroi bactérienne ».
Le chercheur indique en effet que 
« toute bactérie qui prolifère ou qui meurt relargue des morceaux de sa coque ».
Hervé Ratel observe que
 « NOD2 s’avère n’être pas seulement présent dans les cellules immunitaires. A l’aide de techniques d’imagerie cérébrale, l’équipe de scientifiques a constaté que ce récepteur était également exprimé par les neurones de différentes régions du cerveau, et notamment l’hypothalamus, la zone cérébrale qui gère des fonctions essentielles comme la faim, la soif, la reproduction ou la température de l’organisme ».
Le journaliste relève ainsi que 
« lorsque des muropeptides issus des bactéries intestinales rentrent en contact avec des récepteurs NOD2 des neurones, ceux-ci s’éteignent, leur activité électrique étant alors réprimée et de fait régulée. Mais, si NOD2 est défaillant, les neurones ne peuvent plus être contrôlés par les muropeptides intestinaux ».
« Les conséquences pour l’organisme peuvent alors conduire à une perte de contrôle par le cerveau de la prise alimentaire et de la température corporelle. Des mutations de NOD2 chez l’être humain sont également associées à plusieurs désordres cérébraux, comme la bipolarité ou la maladie de Parkinson », 
continue Hervé Ratel.
Il s’interroge : «
 Les défaillances de NOD2 peuvent-elles être causées par le microbiote ? ». Gérard Eberl répond que « c’est en quelque sorte une causalité circulaire, comme l’œuf et la poule… Il peut y avoir un déséquilibre qui s’installe, du fait de l’alimentation par exemple. Une dérégulation épigénétique qui pourrait être accentuée par les bactéries du microbiote. Au fil du temps, ce déséquilibre serait de pire en pire ».
Hervé Ratel relève que 
« des études précédentes menées sur la souris avaient déjà suggéré que certains états psychologiques, par exemple un stress chronique, pouvaient influencer nos bactéries intestinales qui, ensuite, influençaient le cerveau. […] D’autre part, on sait que ce lien fonctionne dans l’autre sens : l’obésité cause une inflammation chronique qui, au bout de quelques années, aura une influence néfaste sur le cerveau et l’humeur ».
Le journaliste note ainsi que «
 la recherche sur ce lien direct entre microbiote et cerveau n’en est qu’à ses débuts ».