Psychologue Marseille 7ème - Vanessa Hartmann Escojido -Infopsycho

Revue de presse santé psy – Septembre 2024

« Le surf sur ordonnance, pour soigner le corps et l’esprit dans les vagues »

Date de publication : 3 septembre 2024

Le Figaro

Annelot Huijgen explique dans Le Figaro qu’« à Biarritz, sur le conseil de leur médecin, des patients se sont inscrits dans une école de surf. Une expérience réussie de sport sur ordonnance, une pratique trop peu répandue malgré des bénéfices reconnus ».
La journaliste livre ainsi un reportage sur la Côte des Basques et le témoignage de patients, notant : « Le surf, c’est leur médecin qui le leur a prescrit, dans le cadre du traitement d’un cancer ou d’une dépression ».
Nicolas Pinot, fondateur de l’école de surf Pure Source, précise : « Avant la première séance, je rencontre le corps médical pour connaître les restrictions et les objectifs de chacun. L’approche est individualisée, sans pression : l’élève fait ce qu’il veut en fonction de son humeur et de ses capacités ».
Annelot Huijgen indique que « cet ancien membre de l’équipe de France a été le premier à obtenir le certificat «surf santé» des ministères des Sports et de la Santé en 2022 ».
Le responsable déclare que « l’objectif n’est pas de devenir un champion ou une championne, mais de se sentir mieux grâce à l’eau, aux mouvements et grâce au contact avec les autres ».
Nolwenn Cahaignon, attente d’une forme chronique d’arthrite inflammatoire, remarque ainsi : « Cela fait tellement de bien au moral et au corps de sortir de chez soi. […] Je n’arrivais plus à marcher. Maintenant, j’enfile ma combinaison toute seule et nous avons même acheté nos planches ».
Jérôme Barriol, qui participe dans le cadre de sa psychothérapie, observe quant à lui : « Jamais je n’aurais osé me lancer seul, surtout à 48 ans, dans ce sport, qui me semblait difficile et élitiste. J’habite pourtant à 600 mètres de la plage… ».
« Dans l’eau, on n’a pas le temps de réfléchir, ce qui a fortement diminué mes addictions. J’ai retrouvé la forme et une vie en société », 
poursuit-il.
François Chevrier, directeur médical à la clinique Château Caradoc, à Bayonne, souligne que « les retours d’expérience sur cette approche novatrice proposée à tous nos patients en hôpital de jour sont très positifs. Pour certains, le principal effet de la surf thérapie est d’arriver à mieux réguler leurs émotions, y compris de façon préventive, réduisant ainsi potentiellement la posologie des médicaments. Pour la plupart, le bénéfice est avant tout social ».
Annelot Huijgen observe cependant que « si les bienfaits du surf ont été prouvés scientifiquement et qu’il est utilisé comme thérapie depuis une quinzaine d’années aux États-Unis, en Afrique du Sud ou encore en Grande-Bretagne, il n’est proposé que par une cinquantaine de structures en France ».
Jean-Marc Saint-Geours, fondateur de l’association nationale Surf santé, remarque que « la surf thérapie, reconnue par le CNOSF (Comité national olympique et sportif français, NDLR), dispensée par des détenteurs d’un brevet d’État, est très encadrée. Mais le fait que les séances ne soient pas remboursées constitue un frein important ».
La journaliste relève que « le surf et d’autres sports, qui peuvent être prescrits par tous les médecins de famille tout comme par l’une des près de 500 maisons sport-santé, ne sont pris en charge qu’au cas par cas par des agences régionales de santé, des collectivités locales ou encore des mutuelles ».
Annelot Huijgen ajoute que « le second obstacle «au développement du sport en tant que soin est culturel», estime Virgile Caillet, délégué général de l’Union Sport & Cycle ».
Ce dernier déclare que « même si l’activité physique est reconnue comme thérapie non médicamenteuse par la Haute Autorité de santé depuis 2011 et que le dispositif de l’activité physique adaptée (APA) existe depuis 2016 et a été élargi en 2022, de nombreux médecins hésitent à la prescrire ».« L’inquiétante hausse de la consommation d’antidépresseurs chez les jeunes »

Date de publication : 4 septembre 2024

Le Figaro

Shaya Baldassari explique dans Le Figaro qu’« entre 2019 et 2023, le nombre de jeunes âgés de 12 à 25 ans ayant reçu une prescription de psychotropes a augmenté de 18%, selon un rapport de l’Assurance-maladie publié le 19 juillet dernier ».
La journaliste rappelle que « ces médicaments, qui peuvent être délivrés par un médecin généraliste, incluent plusieurs catégories : antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques, hypnotiques et stabilisateurs de l’humeur. Parmi eux, les antidépresseurs se distinguent par une hausse spectaculaire de 60%, ce qui représente 143.600 personnes supplémentaires sous traitement ».
« Au total, près de 936.000 jeunes ont été remboursés au moins une fois pour un médicament psychotrope en 2023, relève l’Assurance-maladie, qui qualifie cette augmentation de «préoccupante» », 
souligne Shaya Baldassari.
Elle s’interroge : « Comment expliquer cette hausse fulgurante ? Selon les professionnels de santé, la réponse la plus évidente réside dans la détérioration significative de la santé mentale des jeunes ».
Le Pr Michel Lejoyeux, chef du service psychiatrie-addictologie de l’hôpital Bichat (Pariss), souligne que « depuis 2020, la demande de soins a explosé au département psychiatrie des urgences. Nous constatons un niveau élevé de souffrance et de pathologies chez les plus jeunes. Il y a eu deux pandémies : l’une infectieuse, celle du Covid-19, puis une autre, d’ordre psychiatrique, dont nous ressentons encore les effets aujourd’hui ».
Shaya Baldassari note ainsi que « depuis septembre 2020, la santé mentale des adolescents (11-17 ans) et des jeunes adultes (18-24 ans) s’est particulièrement dégradée, avec une hausse marquée des consultations d’urgence pour troubles de l’humeur, idées suicidaires et gestes suicidaires ».
« En cause ? Les trois confinements de 2020 et 2021, qui ont duré plus de 5 mois au total, provoquant «une perturbation des rythmes scolaires, la disparition des loisirs, du sport, et la rupture des liens sociaux», souligne Frank Bellivier, professeur de psychiatrie à l’université Paris Cité et délégué ministériel à la Santé mentale et à la Psychiatrie », 
continue la journaliste.
Elle relève que « pour lui, cette «désorganisation» a entraîné des troubles du rythme circadien, exacerbés par une surconsommation d’écrans ».
Shaya Baldassari ajoute qu’« aux conséquences de la pandémie se superposent «un contexte économique et écologique anxiogène» et «une jeunesse en perte de repères, d’espoir et de sens, ce qui rend difficile la capacité à se projeter dans l’avenir», indique la psychologue clinicienne Delphine Py ».
La journaliste observe en outre que « le Pr Lejoyeux, qui recommande la prudence dans l’interprétation de ces chiffres, souligne la fin du « déni » concernant la santé mentale des jeunes. En effet, l’une des raisons possibles à l’augmentation du nombre de jeunes sous antidépresseurs pourrait être «une meilleure reconnaissance de la souffrance» ».
Le psychiatre déclare qu’« aujourd’hui, voir un jeune qui souffre n’est plus perçu comme quelque chose de normal lié à l’adolescence, nous identifions mieux les signes de détresse ».
Shaya Baldassari remarque par ailleurs que « la difficulté d’accès aux consultations spécialisées, conséquence de la multiplication des déserts médicaux et du coût élevé des thérapies, est également un facteur important ».
Delphine Py indique ainsi que « face à la souffrance d’un jeune et au manque de moyens pour le suivre psychologiquement ou psychiatriquement, il est fréquent que les médecins prescrivent des antidépresseurs comme solution rapide. […] Sans un suivi adapté, les antidépresseurs peuvent entraîner des risques de rechute, surtout si la prescription n’est pas correctement ajustée ».

« Chez l’adolescent, les antidépresseurs doivent être réservés aux états dépressifs sévères »

Date de publication : 4 septembre 2024

Le Figaro

Le Figaro livre un entretien avec le Dr Xavier Benarous, pédopsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), qui, « avec d’autres médecins, a créé un site internet d’aide à une prescription adaptée des psychotropes chez l’enfant et l’adolescent ».
Le journal interroge ainsi : « Dans quelles situations les antidépresseurs peuvent-ils être prescrits à un enfant ou un adolescent ? ».
Le pédopsychiatre répond qu’« ils sont indiqués dans le traitement des épisodes dépressifs sévères quand une psychothérapie bien conduite a échoué à soulager le jeune patient. Les symptômes sont variés, et incluent une tristesse ou un vécu de colère persistante, des difficultés de concentration, une modification de l’appétit et du sommeil, etc. On observe une rupture avec le fonctionnement habituel du jeune ».
Le Dr Benarous ajoute que « le traitement doit intervenir en parallèle d’une psychothérapie, et être maintenu au moins 6 à 12 mois pour éviter une rechute. Il faut être très attentif dans les premières semaines, car il y a un risque de majoration des symptômes anxieux à l’introduction de l’antidépresseur ».
Le Figaro poursuit : « Comment expliquez-vous la hausse des prescriptions d’antidépresseurs en France ? ».
Xavier Benarous déclare que « c’est d’abord un indicateur de la dégradation de la santé mentale des enfants et des adolescents. Le phénomène observé dans la plupart des pays occidentaux préexistait à la crise du Covid, mais s’est aggravé depuis. Le recours aux antidépresseurs témoigne aussi sans doute d’un meilleur repérage ».
« De ce point de vue, c’est plutôt encourageant. Mais la prise en charge de cette souffrance ne doit pas être seulement médicale ou médicamenteuse. Elle doit faire intervenir en premier lieu d’autres professionnels – les psychologues, les infirmières, les enseignants. Tout l’enjeu est de proposer des réponses appropriées, en réservant les médicaments à ceux qui en ont réellement besoin », 
souligne le pédopsychiatre.

« « Le même effet que la cigarette ou le sucre » : scroller sur les réseaux sociaux, la nouvelle addiction »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Parisien

Aymeric Renou et Jila Varoquier constatent dans Le Parisien que « regarder des vidéos à la chaîne sur son smartphone est devenu une habitude quotidienne pour des millions d’entre nous. Jusqu’à virer parfois à l’obsession, voire à l’addiction, avec des conséquences sur notre équilibre psychologique non négligeables ».
Les journalistes expliquent ainsi : « On sait que ce qu’on appelle également le «switch digital», l’habitude de faire défiler rapidement les vidéos proposées sur TikTok, Instagram, Facebook ou YouTube, mais aussi le «speed watching» qui consiste à regarder de manière accélérée des séries sur Netflix, Disney + ou Prime Vidéo sont des pratiques qui alertent les professionnels de santé ».
« L’effet « tunnel » dans lequel elles nous plongent nous éloigne du monde qui nous entoure, favorise les pertes d’attention. Psychiatres et neuroscientifiques s’inquiètent de l’usage abusif de ces applications qui amplifient les symptômes de dépression et d’anxiété », 
soulignent Aymeric Renou et Jila Varoquier.
Ils font savoir qu’« une nouvelle étude, tout juste publiée dans le très sérieux Journal of Experimental Psychology, enfonce le clou et ajoute un symptôme inattendu à tous ceux déjà identifiés. Cette manie de consommer rapidement de courtes séquences filmées à la chaîne pour, parfois, tromper un moment d’ennui, provoque en effet exactement le contraire, selon les résultats obtenus par une équipe de chercheurs de l’université de Toronto Scarborough au Canada ».
Katy Tam, autrice principale, précise ainsi : « Nos recherches démontrent que, si les gens accélèrent, avancent ou zappent les vidéos pour éviter de s’ennuyer, ce comportement augmente en fait l’ennui. Cela rend aussi le visionnage moins satisfaisant et moins stimulant. L’ennui vient de ce décalage entre notre implication et celle que nous aurions souhaité avoir ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d’addictologie, réagit : « Je ne suis pas étonné de ce résultat. Quand vous regardez une vidéo longue d’au moins une dizaine de minutes, sans pouvoir avancer rapidement ou zapper, un effet de stimulation du système de récompense finit par être sécrété par le cerveau qui a été attentif ».
« À l’inverse, de très courtes vidéos enchaînées produisent le même effet que la cigarette ou le sucre, une excitation importante qui procure du plaisir puis, ensuite, un crash. Au bout de 5 ou 10 crashs, on a le sentiment d’être vidé », 
indique le spécialiste.
Il évoque la plate-forme TikTok : « Elle a développé un algorithme pour capter et attirer votre attention en proposant des contenus stimulants qui vous ressemblent. Sur mon compte, j’ai foison de vidéos de salles de sport parce que j’ai regardé un peu cette thématique. Vous faites un peu de bricolage et vous vous retrouvez avec une multitude de tutos dans ces domaines et, bien sûr, des vidéos publicitaires pour acheter des outils. »
Aymeric Renou et Jila Varoquier ajoutent que « d’abord réservé aux accros des écrans, le phénomène n’a désormais rien d’anecdotique et touche des millions de personnes parmi les plus de 20 millions d’abonnés français à TikTok, les quelque 22 millions d’utilisateurs mensuels d’Instagram et les 48 millions de visiteurs par mois sur Facebook ».
Ils indiquent qu’« une clinique a même ouvert ses portes en début d’année, en Suisse, pour des séjours de désintoxication numérique spécialisés dans ce que certains appellent déjà le «binge scrolling», le défilement frénétique et jusqu’à plus soif de vidéos sur smartphone ».« Manque d’activité physique, alimentation, stress… Le surpoids et l’obésité ont augmenté en France en 20 ans »

Date de publication : 11 septembre 2024

Libération

Libération souligne en effet que « le surpoids et l’obésité augmentent en France, depuis au moins 20 ans. Le constat a déjà été dressé, mais Santé publique France livre […] les résultats d’une enquête inédite sur sa durée ».
Le journal indique que « pendant deux décennies, les scientifiques ont mené des enquêtes téléphoniques régulières auprès de milliers d’individus représentatifs de la population française. Les données de 124.551 personnes de 18 à 75 ans, réunies entre 1996 et 2017, ont été analysées ».
Le quotidien observe que « la proportion d’hommes se déclarant en surpoids a grimpé de 40% en 1996 à 48% en 2008. Elle semble depuis se stabiliser entre 48 et 50%. Quant à l’obésité, elle concernait 7% des hommes en 1996 : elle a dépassé les 14% en 2016 ».
« Une telle stabilisation ne se retrouve pas chez les femmes – qui sont en revanche moins nombreuses à déclarer une corpulence trop importante. Moins d’un quart se déclarait en surpoids en 1996 : 39% en présentaient un en 2017. L’obésité déclarée, inférieure à 6% en 1996, s’est établie à 14% en 2017 », 
remarque Libération.
Le journal ajoute que « ces résultats issus de déclarations devront être complétés par le recueil de données mesurées – il pourrait y avoir une sous-estimation. Ils corroborent tout de même les conclusions d’autres travaux ».
Libération poursuit : « Cette croissance de la corpulence «se retrouve dans tous les pays occidentaux», souligne Charlotte Verdot, épidémiologiste à Santé publique France. La tendance s’explique, entre autres, par des évolutions de mode de vie : plus de sédentarité et moins d’activité physique, «davantage de malbouffe»… ».
L’article rappelle que « le surpoids et l’obésité constituent des facteurs de risque majeurs de maladies non transmissibles, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, certains cancers ou de décès prématurés, ainsi que certaines maladies infectieuses – la crise Covid l’avait d’ailleurs bien mis en évidence ».
Charlotte Verdot indique en outre : « On peut mettre en parallèle les niveaux d’activité physique qui se dégradent dernièrement chez les femmes, alors qu’ils se maintiennent chez les hommes ».
Libération cite également Karine Clément, professeure de nutrition et directrice d’unité de recherche à l’Inserm, qui « pointe néanmoins un «manque de données liées à l’âge : on sait qu’il peut y avoir un basculement chez les femmes à la ménopause.» De même, des facteurs liés «au stress, aux perturbateurs endocriniens, aux mécanismes biologiques qui conduisent à la prise de poids chez certaines personnes», ne sont pas tous complètement appréhendés ».
Karine Clément souligne qu’il est « urgent d’avoir des campagnes de prise en charge à titre préventif », ainsi qu’« un accompagnement pour les personnes chez qui il est déjà installé », ajoute le quotidien.

« Le mois de naissance, un biais oublié dans l’évaluation du TDAH »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève qu’« alors que la Haute autorité de santé s’apprête à rendre de nouvelles recommandations sur le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDA/H), il est pertinent de rappeler la nécessité d’un diagnostic très affiné qui tient compte de l’âge ».
Madeleine Meteyer note ainsi qu’« une étude de l’Insee sortie le 2 septembre est venue décortiquer un mécanisme confusément connu mais jamais «prouvé» en France à cette échelle : être né en fin d’année est en moyenne un désavantage à l’école ».
La journaliste précise que « l’étude de l’Insee explique qu’être plus jeune d’un an lors de l’entrée à l’école baisse d’environ 20 points les performances à l’âge de 15 ans en mathématiques, en sciences et en lecture ».
Madeleine Meteyer souligne que « c’est beaucoup, l’équivalent d’une année d’études en moins. Les conséquences peuvent marquer une vie. Ainsi le niveau de diplôme est en moyenne inférieur chez les personnes nées en fin d’année et «le harcèlement les touche plus souvent», explique Alain Weill, médecin et directeur adjoint du groupement Epi-Phare ».
La journaliste ajoute que selon l’Insee, « «les élèves jeunes à l’entrée à l’école sont surreprésentés dans les diagnostics d’hyperactivité» -, un élément déterminant qui fait écho à une autre étude publiée en juin et consacrée au trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant, le désormais fameux TDAH ».
Madeleine Meteyer évoque « cette autre étude publiée le 20 juin par Epi-Phare [qui] a révélé que parmi les enfants d’un même niveau de scolarité, et après prise en compte des autres facteurs de risques (prématurité, exosition au tabac et à l’alcool in utero, fait d’être un garçon), la prescription de méthylphénidate […] et de séances d’orthophonie augmentait selon le mois de naissance ».
« Un effet d’âge relatif passé sous les radars… Et absurde sachant qu’il n’y a «aucune raison» dixit Alain Weill, l’un de ses rédacteurs, que Nathan né en décembre ait plus de risque d’avoir un TDAH que Jules né en janvier. Ni que Nathan né en décembre et ayant reçu un diagnostic TDAH se voie davantage prescrire du méthylphénidate ou des séances d’orthophonie que Jules né en janvier et ayant lui aussi reçu un diagnostic TDAH »,
 poursuit la journaliste.
Madeleine Meteyer souligne que « les natifs de février avaient, par rapport à ceux de janvier, 7% de «risque supplémentaire» de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux d’octobre 46% et ceux de décembre 55%. Mêmes tendances avec les séances d’orthophonie : 3% de« risque supplémentaire» pour les natifs de février ; 12% pour ceux d’avril, 49% pour ceux d’octobre ; 64% pour ceux de décembre. Étrange au vu de la finesse qu’exige ce diagnostic ».
La journaliste indique que « pour Alain Weill, l’étude peut indiquer que des professionnels ont «quelque part» fait avec trop de hâte leur travail. Les professeurs au moment d’alerter les parents ? Les médecins lors du diagnostic ? Les orthophonistes quand ils ont prescrit les séances ? ».
« Lui craint en effet que cette prescription supérieure de méthylphénidate chez les enfants plus jeunes traduise «un surdiagnostic de TDAH chez les enfants plus jeunes». Et donc un surdiagnostic de méthylphénidate dont la prescription a été en constance augmentation entre 2010 et 2019 »,
continue Madeleine Meteyer.
Elle cite enfin Hugo Peyre, pédopsychiatre au CHU de Montpellier et co-rédacteur du rapport, qui note quant à lui : « Nous n’interprétons pas tout à fait cette étude de la même manière Alain Weill et moi ».
Madeleine Meteyer retient : « S’il admet «possibles» les erreurs de diagnostic «induites par un écart de maturité dû à l’âge», il penche plus globalement pour une autre hypothèse que le surdiagnostic des natifs de décembre : le sous-diagnostic des natifs de janvier. Car le taux d’enfants TDAH est sans raison plus faible en France que dans les autres pays européens « alors que, dans le même temps, les familles nous disent avoir beaucoup de mal à faire diagnostiquer leurs enfants» ».« Près de la moitié des médecins ont déjà été harcelés sexuellement par un patient »

Date de publication : 11 septembre 2024

Le Parisien

« Plongée dans le cerveau d’une mère au fil de sa grossesse »

Date de publication : 17 septembre 2024

Le Figaro

« Des chercheurs [de l’université de Californie] ont soumis une femme enceinte à 26 examens par IRM [et autant de prélèvements sanguins], pour observer les changements cérébraux survenant durant cette période de grands remaniements », fait savoir Soline Roy dans Le Figaro.
« Un bel article, que l’on aurait envie de confirmer avec davantage de femmes », salut le Dr Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine (Sorbonne Université AP-HP, Paris) et auteur, avec son confrère Hugo Bottemanne, de l’ouvrage Dans le cerveau des mamans (Éditions du Rocher, 2022).
« Au cœur de l’aventure, Elizabeth Chrastil, professeur associée en neurobiologie du comportement à l’université de Californie, qui a « prêté » son cerveau pour l’expérience », indique la journaliste. « C’est compliqué de recruter des volontaires pour faire autant d’imageries cérébrales, en particulier des femmes enceintes. Elles sont réticentes, même si l’IRM n’est absolument pas irradiante. Ce sont donc souvent les femmes de l’équipe qui s’y collent ! »,explique Lucie Joly.
 « La scientifique, dont c’était la première grossesse, s’est donc glissée à 26 reprises dans la machine à IRM et subi autant de prélèvements sanguins pour y suivre les fluctuations hormonales. Cela a démarré trois semaines avant la conception (qui a eu lieu par fécondation in vitro), puis toutes les deux à trois semaines durant les 40 semaines de gestation, et enfin sept fois dans les deux années suivant l’accouchement », raconte l’article.
« Et semaine après semaine, les chercheurs ont observé des modifications de volume de diverses régions cérébrales », expliquent-ils dans la revue Nature Neuroscience. « Le volume de matière grise du cortex (la partie extérieure du cerveau, impliquée dans la plupart des fonctions cognitives) a diminué à mesure que la production d’hormones augmentait, et ce de façon durable même après l’accouchement ; le volume de matière blanche (située plus profondément et impliquée dans la communication entre hémisphères) a au contraire augmenté, principalement durant les deux premiers trimestres et de façon transitoire  », détaille Soline Roy. « La plupart des régions du cerveau ont été impactées », indiquent les auteurs.
« La persistance de ces changements deux ans après l’accouchement et les variations régionales de volume des structures cérébrales « laissent entrevoir des fondements cellulaires, tels que des altérations du nombre de cellules gliales ou de neurones, de la densité synaptique et de la myélinisation » », estiment-ils. « On peut même voir à partir d’une IRM cérébrale si une femme a eu un enfant, voir combien elle en a eu », souligne Lucie Joly.
« Une diminution du volume de matière grise, cela ne veut pas dire que les femmes enceintes deviennent moins intelligentes ! Au contraire, le cerveau va se surspécialiser, plein de connexions vont se faire pour permettre au cerveau de devenir “maternel” », reprend la psychiatre spécialisée. « Les mères ont en réalité des superpouvoirs qui leur permettent de mieux détecter les émotions sur les visages, d’être hypervigilantes, de mieux détecter et interpréter les pleurs des nouveau-nés… », révèle-t-elle.
« Malgré la richesse des données obtenues, mises par les auteurs à la disposition de la communauté scientifique, il faudra confirmer les résultats sur davantage de patientes », indique le journal. « Nous recueillons actuellement des données sur 10 à 20 femmes, et prévoyons de collecter des données sur un échantillon beaucoup plus large mais avec moins de points dans le temps », fait savoir Elizabeth Chrastil.
« Lucie Joly aurait aussi aimé que des tests soient réalisés mesurant d’autres facteurs pouvant expliquer certains changements cérébraux, par exemple le niveau de stress de la volontaire. Difficile également de savoir si le fait que la participante a eu recours à une fécondation in vitro change ou non la donne, sur le plan biologique (en particulier si un don de gamètes a eu lieu) tant que psychologique », reprend Le Figaro.
« Outre satisfaire la curiosité des chercheurs, l’enjeu de ce type de travaux est d’importance », souligne le journal. « Car la recherche biomédicale, et plus encore en neurosciences, s’est jusqu’à présent bien trop peu intéressée aux femmes en général et aux femmes enceintes en particulier », regrette Emily Jacobs.
« Et notre ignorance a des conséquences. Les scientifiques ne disposent pas des données nécessaires pour prédire la dépression post-partum avant qu’elle ne se manifeste ; nous ne disposons pas des données nécessaires pour comprendre les effets de la prééclampsie sur la santé cérébrale à un stade ultérieur de la vie », liste-t-elle.
Cet article « représente le lancement du Maternal Brain Project »un effort international qui entend cartographier avec précision le cerveau maternel », indique-t-elle. « Quatre-vingt-cinq pour cent des femmes connaissent une ou plusieurs grossesses au cours de leur vie Les neurosciences de la grossesse ne doivent donc pas être considérées comme un sujet de recherche de niche », insiste Laura Pritschet.« Les confinements liés au Covid ont-ils réellement fait vieillir prématurément le cerveau des adolescentes ? »

« Un guide pour améliorer le diagnostic des enfants présentant un TDAH »

Date de publication : 24 septembre 2024

Le Figaro
Libération

Bénédicte Lutaud observe dans Le Figaro : « T.D.A.H. Quatre lettres mystérieuses, désormais omniprésentes dans les médias, les réseaux sociaux, les conversations autour de la machine à café ».
La journaliste souligne qu’« encore sujet à controverses, le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité reste mal connu en France. Ce trouble du neurodéveloppement concerne pourtant autour de 5% des enfants dans le monde ».
Bénédicte Lutaud note ainsi que « professionnels de santé et familles concernées s’accordent tous sur ce constat : le TDAH est mal diagnostiqué en France », et indique que « face à l’émergence d’experts autoproclamés, tests et conférences en ligne en tous genres pour pallier le manque de spécialistes, le ministère de la Santé et l’association de patients HyperSupers-TDAH France avaient saisi la Haute Autorité de Santé afin qu’elle livre ses recommandations sur le sujet ».
La journaliste fait donc savoir que « la HAS livre ce lundi ses «recommandations de bonnes pratiques» pour «améliorer le diagnostic et la prise en charge du TDAH chez l’enfant et l’adolescent». Un groupe de travail constitué d’experts s’est appuyé notamment sur les recommandations américaines, mais aussi de pays nordiques, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie, d’Australie ou encore du Canada ».
Bénédicte Lutaud remarque que « «diagnostiquer le plus tôt possible ces enfants est essentiel» pour «éviter une aggravation des conséquences psychologiques, sociales et scolaires» du trouble, souligne […] la HAS ».
Le Pr Olivier Bonnot, enseignant de pédopsychiatrie à l’Université Paris-Saclay et président du groupe de travail, rappelle qu’« aujourd’hui, il faut un délai entre 4 et 6 ans pour avoir un diagnostic ».
Bénédicte Lutaud évoque notamment « des symptômes trompeurs » : « Le TDAH est à la fois diagnostiqué à tort pour certains enfants… et sous-diagnostiqué chez d’autres. […] Mais la difficulté tient également dans le fait que les symptômes qui le définissent – ils doivent avoir persisté au moins 6 mois – peuvent se retrouver dans de nombreux autres troubles ».
« C’est la raison pour laquelle un examen psychiatrique et clinique complet se doit de rechercher d’autres pistes, mais aussi d’autres troubles, soit associés au TDAH, soit, qui «miment» le TDAH »,
indique la journaliste.
Elle remarque que « le TDAH est par ailleurs classé en trois niveaux d’intensité : légère, modérée et sévère. Il n’y a pas d’âge limite inférieur pour observer des symptômes évocateurs, indique le groupe de travail. Toutefois, «avant l’âge de 5 ans, il est recommandé d’être encore plus prudent avant de poser le diagnostic, en raison de la variabilité développementale» des enfants ».
Bénédicte Lutaud continue : « En cas de suspicion, «tout médecin formé au diagnostic et au traitement du TDAH peut poser le diagnostic», tranche la HAS. Qu’il soit psychiatre ou pas, le plus important est que le médecin soit formé. L’objectif : gagner du temps et éviter toute perte de chance au patient ».
La journaliste ajoute que « «le diagnostic de TDAH est clinique», insiste la HAS, et il n’existe pas, à ce jour, «d’examen complémentaire ou de biomarqueur». Le diagnostic ne peut donc pas se faire en téléconsultation, hors «cas exceptionnel» ».
Et dans un autre article, Bénédicte Lutaud précise que « la Haute Autorité de santé clarifie les traitements adaptés à ce trouble du neurodéveloppement qui touche 5% des enfants dans le monde. Et écarte ceux qui n’en sont pas ».
Libération titre de son côté : « Troubles de l’attention chez l’enfant : la Haute Autorité de Santé liste ses pistes pour améliorer le diagnostic et le traitement ».
Le journal note aussi que la HAS « préconise un cadre précis pour diagnostiquer ce trouble. Et appelle les pouvoirs publics à développer l’offre de soins, face au manque de spécialistes ».
Le quotidien retient entre autres : « Un diagnostic et un accompagnement le plus tôt possible. C’est ce que préconise la HAS pour les enfants et adolescents atteints d’un trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité ».
Libération note que « l’autorité «appelle […] les pouvoirs publics à développer l’offre de soins pour réduire les délais de prise en charge, en permettant l’intervention de plus de médecins». Car les difficultés de diagnostic résident notamment dans un problème : la pénurie de professionnels spécialistes du TDAH ».
Olivier Bonnot, psychiatre, déclare ainsi que « quand un trouble est à ce point fréquent, on ne peut pas réserver le diagnostic et la prise en charge à un tout petit nombre de spécialistes ».

« Dépression, troubles bipolaires… Faut-il continuer à prendre son traitement pendant sa grossesse ? »

Date de publication : 23 septembre 2024

Le Figaro

Cécile Thibert s’interroge en effet dans Le Figaro : « Peut-on continuer de prendre un traitement psychotrope quand on est enceinte ? Parce qu’elle concerne la santé de l’enfant à naître aussi bien que celle de la mère, cette question génère beaucoup d’inquiétude ».
Le journaliste relève qu’« alors que jusqu’à 15% des femmes enceintes souffrent d’un trouble psychique, cette préoccupation est loin d’être anecdotique. Pour la première fois, des chercheurs ont fait une grande synthèse sur le sujet ».
Cécile Thibert indique ainsi que selon ce travail paru dans Molecular Psychiatry, « à l’exception de certaines molécules dont la dangerosité est bien établie (comme le valproate de sodium, notamment utilisé dans les troubles bipolaires), il n’existe pas de preuve robuste que l’utilisation de médicaments psychotropes pendant la grossesse entraîne des risques pour la maman ou le bébé ».
La journaliste explique que « selon les auteurs, bon nombre de risques présumés ont probablement été surestimés ou restent peu étudiés. Par exemple, ils ne retrouvent pas de lien tangible entre la prise d’antidépresseurs pendant la grossesse et le risque de troubles autistiques chez l’enfant à naître ».
Cécile Thibert précise que « les chercheurs ont tout de même identifié des associations entre la prise de certains médicaments et la survenue de complications, même si la causalité reste à établir. Par exemple, la prise d’antidépresseurs durant la grossesse serait liée à la naissance de bébés plus petits et/ou prématurés ».
Elle ajoute que « la paroxétine pendant le premier trimestre de grossesse pourrait augmenter le risque de malformations congénitales ou cardiaques. Ce médicament, destiné à traiter la dépression et les troubles anxieux, n’est pourtant pas interdit aux femmes enceintes en France ».
Le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat) réagit : « La paroxétine peut être utilisée à posologie efficace quel que soit le terme de la grossesse ».
Le Pr Benoît Marin, responsable du Crat et professeur de santé publique à Sorbonne Université, note ainsi que « des études ont effectivement fait état d’un lien entre la prise de paroxétine et l’augmentation du risque de cardiopathie congénitale, mais cela n’est pas confirmé par les études récentes de taille plus importante et de méthodologie plus rigoureuse ».
Le Dr Romain Dugravier, psychiatre en périnatalité au groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie et neurosciences, indique pour sa part que « les patientes comme les médecins étaient enclins à arrêter brusquement les traitements en cours de grossesse par peur des éventuelles répercussions. Ce n’est plus recommandé car une maladie psychiatrique mal soignée représente aussi des risques pour le fœtus. C’est une balance à trouver ».
Cécile Thibert rappelle que « certains médicaments sont toutefois à éviter absolument ». Le Pr Marin évoque ainsi « le valproate de sodium, indiqué dans les troubles bipolaires. On sait qu’il est responsable de malformations graves et de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant, or il existe des alternatives ».
La journaliste ajoute que « le lithium, lui aussi utilisé dans les troubles bipolaires, peut parfois augmenter le risque de malformations cardiaques. Mais chez certaines femmes, les alternatives médicamenteuses ne fonctionnent pas toujours. […] L’idéal est de consulter son psychiatre ou son médecin traitant en amont de la grossesse ».

Date de publication : 20 septembre 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui relève qu’« une étude américaine constate plus de différences sur l’évolution des jeunes filles que chez les jeunes garçons. Un résultat qui pose de nombreuses questions ».
Cécile Langlet se penche ainsi sur cette « étude publiée début septembre dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (Pnas) par une équipe de trois chercheurs de l’université de Washington aux États-Unis [qui] avance que le cerveau des jeunes filles aurait été plus fortement impacté par le confinement que celui des garçons, avec un vieillissement accéléré ».
La journaliste précise que « l’étude a impliqué plus d’une centaine d’adolescents américains, qui ont réalisé une IRM cérébrale, certains avant et d’autres après le confinement. D’après les chercheurs, ces analyses montrent un amincissement de l’ensemble du cerveau deux fois plus important chez les filles que chez les garçons ».
« Pour ces dernières, l’amincissement toucherait plus particulièrement les zones du cerveau impliquées dans la reconnaissance des visages, les interactions sociales et la communication alors que chez les garçons, seule la zone de reconnaissance des objets et des visages semble diminuée. L’absence ou la réduction de ces interactions pendant le confinement aurait donc eu un impact plus important sur le cerveau des filles »,
 explique Cécile Langlet.
Derek Hill, professeur en science de l’imagerie médicale et en santé numérique à l’université catholique de Louvain en Belgique, réagit à cette étude : « Un certain nombre de limites doivent être prises en compte avant de pouvoir généraliser ces résultats ».
La journaliste relève qu’« un premier problème de fond est que le nombre total d’IRM bien que raisonnable (160 avant la pandémie et 130 après), a été subdivisé en sous-ensembles et entre sujets masculins et féminins (29 masculins et 25 féminins par sous-ensemble). Ce nombre relativement faible de sujets réduit la fiabilité statistique de l’analyse ».
« Derek Hill fait aussi remarquer qu’à l’adolescence le cerveau est déjà en plein remaniement. Même sans confinement, il varie selon le niveau de puberté, selon les apprentissages ou encore l’environnement. Il paraît donc difficile d’affirmer que les variations observées par IRM sont directement liées aux seuls confinements », 
note Cécile Langlet.
La journaliste poursuit : « Les auteurs américains basent leurs conclusions sur un effet du stress qui serait ressenti plus fortement par les adolescentes pendant le confinement. […] Cependant, les auteurs n’ont aucune information qui leur permettrait d’établir le niveau de stress ressenti pendant les confinements par les personnes suivies ».
Elle cite la Dr Rebecca Sheriff, chercheuse senior en recherche clinique à l’université d’Oxford, qui remarque : « Il serait intéressant de savoir comment ces cerveaux évoluent avec un suivi plus long, c’est-à-dire si la maturation ralentit ou revient à des niveaux normaux ou inférieurs à la normale, en parallèle avec des informations sur les autres sources de stress, les facteurs de mode de vie et l’état mental, émotionnel et comportemental au fil du temps ».

Le Parisien remarque que « si le harcèlement sexuel est un problème récurrent dans de nombreux secteurs professionnels, il prend une dimension toute particulière dans le milieu médical. C’est le résultat d’une étude de l’Internal Medicine Journal, qui s’intéresse au harcèlement sexuel de différentes formes subi par des médecins de la part de leurs patients ».
Le journal indique ainsi qu’« une équipe de chercheurs, dirigée par la Dr Caroline Kamau-Mitchell du Birkbeck College londonien, ont […] combiné des résultats issus de 22 pays. Et les résultats ont de quoi laisser pantois ».
« Ils révèlent que 45% des médecins interrogés ont été victimes au cours de leur carrière. Dans le détail, 52,2% des femmes interrogées ont été concernées par ce fléau, et 34,4% des hommes. Ces médecins peuvent être issus de plusieurs spécialités »,
 note Le Parisien.
Le quotidien explique que « le harcèlement sexuel analysé dans cette étude peut revêtir différentes formes […] : attentions sexuelles non désirées, patients qui racontent des blagues à caractère sexuel, les invitent à sortir, les touchent de manière inappropriée, leur envoient des messages ou des lettres romantiques. La présentation injustifiée d’une partie du corps et les commentaires à connotation sexuelle sont également évoqués ».
Les auteurs précisent en outre que « le pourcentage de médecins ayant subi un harcèlement sexuel de la part de patients est le plus élevé au Royaume-Uni, suivi du Canada, de l’Australie, des États-Unis, d’Israël, de l’Allemagne et, enfin, de la Malaisie ».
Le Parisien ajoute que « l’un des problèmes principaux soulevé par ce travail est la déficience de canaux de signalement pour les médecins victimes de harcèlement ». La Dr Kamau-Mitchell remarque en effet que « comme pour de nombreuses formes de harcèlement, les voies de signalement sont insuffisantes ».
Le quotidien conclut que « parmi les solutions envisagées, l’installation d’alarmes de panique dans les cabinets de et services médicaux, qui permettraient aux médecins de recevoir de l’aide en urgence, simplement en pressant un bouton ».

Revue de presse santé psy – Juin 2024

« Les profondeurs du cerveau stimulées sans chirurgie »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Dans un laboratoire de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), hébergé à Genève », « une ingénieuse méthode de stimulation électrique, dite « par interférence temporelle transcrânienne » [(tTIS)], cible des zones précises enfouies dans l’encéphale, mais sans geste invasif », révèle Florence Rosier dans Le Monde.
« La tête coiffée d’un bonnet de Néoprène criblé de trous, Nicole patiente. Autour de son crâne, deux doctorants s’affairent, ruban centimétrique en main. Leur tâche : repérer les quatre points où ils positionneront, sur le cuir chevelu de cette jeune femme, les quatre électrodes qui cibleront, sans recours à la chirurgie, une structure nichée au centre de son cerveau, le striatum », raconte la journaliste.
« De la taille d’une grosse prune, cette zone joue un rôle crucial dans la motricité automatique, la prise de décision et la motivation, le contrôle des émotions et des impulsions – mais aussi dans les addictions ou la maladie de Parkinson, par exemple », révèle-t-elle.
« Une étude conduite par ce laboratoire, publiée le 29 mai dans la revue Nature Human Behaviour, démontre la capacité de cette technique, chez des volontaires humains, à stimuler le striatum à une fréquence telle – 80 hertz – qu’elle module un processus d’apprentissage moteur. Plus précisément, un apprentissage « par renforcement », qui mobilise le système de récompense du cerveau », explique Florence Rosier.
« La stimulation électrique par interférence temporelle transcrânienne (…) repose sur un concept proposé puis validé sur l’hippocampe de rongeurs en 2017 », reprend l’article. « C’est une double ruse », explique Friedhelm Hummel, qui dirige ce laboratoire de neuro-ingénierie de l’EPFL. « Dans cette technique, deux paires d’électrodes sont posées sur la tête. Première finesse, chaque paire délivre un courant alternatif de haute fréquence, mais l’une d’elles est réglée à 2 000 hertz, l’autre à 2 080 hertz », détaille la journaliste.
« Les neurones ne répondant qu’aux basses fréquences, ils restent insensibles à ces hautes fréquences », continue le neuroscientifique. « Seconde astuce« quand ces deux fréquences se croisent dans les profondeurs du cerveau, elles interfèrent – un peu comme deux ondes mécaniques créées à la surface de l’eau, quand nous y jetons deux pierres » », poursuit-il.
« Dans la nouvelle étude, 24 participants en bonne santé (dont 15 femmes, moyenne d’âge 25,3 ans) ont été soumis à une tTIS ciblant leur striatum. Tout en étant placés dans un appareil d’IRM, ils devaient moduler la force appliquée sur un capteur par leur main droite (dominante) pour suivre une cible mobile sur un écran. Tantôt ils étaient informés en temps réel du succès ou de l’échec de leur essai (apprentissage par « renforcement »), tantôt non », détaille Le Monde. Résultat, « lors de cet apprentissage par renforcement, les participants s’amélioraient en moyenne de 25%, même sans stimulation », résume Pierre Vassiliadis.
« Cette technique, par son caractère non invasif et sa capacité à moduler l’activité de structures cérébrales profondes, ouvre de nouvelles perspectives », estime Emmanuel Haffen, chef du service de psychiatrie adulte du CHU de Besançon. « Mais les données chez l’homme sont émergentes, il faut encore attendre un peu», nuance-t-il.
« Deux questions sont posées. La stimulation tTIS peut-elle promouvoir l’engagement dans l’effort ? Et le diamètre de la pupille, en lien avec le système de récompense du cerveau, peut-il être un marqueur de l’efficacité de la stimulation ? Réponse dans quelques mois », conclut Florence Rosier.

« Une amnésie post-concert rapportée par des fans de Taylor Swift »

Date de publication : 5 juin 2024

Le Monde

« Nommé « amnésie globale transitoire », ce phénomène, pas si rare, est décrit en lien avec des événements chargés d’émotions. Les personnes anxieuses ou dépressives y seraient plus sensibles », révèle Ynès Khoudi dans Le Monde.
« Si je devais décrire ma sensation, je dirais que le concert ne s’est pas encore produit », raconte Guenaëlle, 22 ans. « Et pourtant l’étudiante en master achats était bel et bien à La Défense Arena, à Paris, le 9 mai, pour assister à l’événement qu’elle attendait depuis presque un an : le concert de Taylor Swift, pop star américaine, sa chanteuse préférée », note la journaliste.
« Je suis incapable de me rappeler la couleur des tenues qu’elle a portées, par exemple. Par contre, je me souviens très bien de chaque détail du chemin du retour et de mon hôtel », explique Guenaëlle.
« En se plongeant dans la littérature, Nathan Carroll, psychiatre au Jersey Shore University Medical Center, dans le New Jersey (Etats-Unis), est tombé sur un syndrome : l’amnésie globale transitoire, ou ictus amnésique, qui se caractérise par une perte de mémoire sur une courte période », indique l’article.
« Le trop-plein d’excitation est vécu par le cerveau comme du stress, et cela impacte sa capacité à encoder les souvenirs », poursuit le psychiatre. « Notre mémoire est extrêmement sensible au stress, qu’il provienne d’une expérience positive ou négative », souligne-t-il.
« Selon une étude menée chez plus de 200 personnes en Argentine, publiée dans la revue de l’Académie brésilienne de neurologie Arquivos de Neuro-Psiquiatria, il s’agit pourtant d’un syndrome bien plus commun chez des individus plutôt âgés, entre 50 et 80 ans », observe Le Monde.
« On pourrait comparer ce phénomène à ce que font les états de stress post-traumatiques. L’intensité du souvenir, la sursollicitation de l’amygdale, les mécanismes à l’œuvre pour encoder la mémoire émotive sont sensiblement similaires », avance Yann Humeau, chercheur CNRS à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences (IINS) de Bordeaux.
« L’anticipation extrême peut induire de l’anxiété. La montée d’adrénaline et de cortisol, l’hormone du stress, peut contribuer au phénomène », développe la journaliste. « Depuis une vingtaine d’années, la recherche sur les pertes de mémoire post-traumatiques s’est focalisée sur l’hippocampe, une zone du cerveau particulièrement impliquée dans le stress », précise-t-elle.
« L’amnésie globale transitoire est une expérience « beaucoup plus commune qu’on le pense » », assure Nathan Carroll. « Car les concerts ne sont pas les seuls événements concernés : rendez-vous sportifs, mariages, cérémonies de remise des diplômes… Tous les moments susceptibles de rendre le cerveau « débordé » par l’anticipation, l’excitation, la pression ou l’émotion peuvent causer ce type d’amnésie », explique l’article.
« Les événements modérément excitants renforcent globalement la mémoire. Mais, à mesure que l’excitation augmente, l’attention se réduit, et nous nous souvenons de moins en moins des détails et du contexte », analyse Robert N. Kraft, professeur émérite de psychologie cognitive à l’université Otterbein dans l’Ohio (Etats-Unis).
« Nous ne sommes pas tous égaux face au risque d’oublier des portions d’une soirée que l’on considère comme importante, voire sa totalité », souligne la journaliste. « Les personnes souffrant d’anxiété ou de dépression sont bien plus susceptibles de subir cette perte de mémoire », avance Nathan Carroll. 
Le rôle du sommeil est « fondamental pour consolider les informations qui ont pu être encodées », rappelle Yann Humeau. « Or, l’excitation induite par l’anticipation d’un événement particulier peut le perturber », note Ynès Khoudi.

« À l’arrêt des antidépresseurs, 15% des patients souffriraient d’un syndrome de sevrage »

Date de publication : 7 juin 2024

Le Figaro

Delphine Chayet note dans Le Figaro que « l’existence d’un « syndrome de sevrage » survenant chez certains patients à l’arrêt de leur traitement antidépresseur est aujourd’hui reconnue dans les recommandations cliniques en psychiatrie. Vertiges, nausées, maux de tête, insomnie et irritabilité sont les symptômes les plus courants ».
La journaliste fait savoir que « dans la première analyse d’ampleur réalisée sur le sujet, des chercheurs de l’Université de Cologne évaluent à 15% le nombre de personnes qui connaissent, à l’arrêt de leur antidépresseur, un ou plusieurs désagréments directement causés par le sevrage, tandis que 3% subissent des troubles sévères ».
Les auteurs écrivent dans The Lancet Psychiatry : « Nos résultats montrent aussi qu’un patient sur trois décrit des effets indésirables du même type après l’arrêt d’un placebo, suggérant que les attentes du malade et de son médecin ont une influence ».
Delphine Chayet explique que « les scientifiques ont pris en compte les résultats de 79 essais cliniques et études observationnelles incluant au total plus de 21.000 patients âgés de 45 ans en moyenne – dont une grande majorité de femmes. La conclusion de cette synthèse est, à leurs yeux, «rassurante» ».
Christopher Baethge (Université de Cologne), co-auteur, remarque ainsi : « Nous espérons que ce résultat permettra d’informer les professionnels de santé et les patients sur les risques encourus à l’arrêt d’un antidépresseur, sans être inutilement alarmiste ».
« Notre travail ne signifie pas que les désagréments expérimentés par certaines personnes ne sont pas réels. Tout symptôme causant de l’inconfort ou de la détresse doit être pris en sérieux, et le malade doit être soutenu », 
ajoute le chercheur.
La journaliste observe que « les auteurs de l’étude ne relèvent pas un risque plus important de syndrome de sevrage en cas d’arrêt brutal des médicaments. Prudents, ils appellent à d’autres recherches sur ce point ».
Mark Horowitz, neurobiologiste et responsable d’une consultation spécialisée dans le syndrome de sevrage au Royaume-Uni, remarque pour sa part : « Leur résultat a été obtenu à partir d’études de court terme pour la plupart, dans lesquelles les patients étaient traités depuis 25 semaines en moyenne. Or il est prouvé que le risque de survenue d’effets indésirables à l’arrêt d’un antidépresseur augmente avec la durée de prise du traitement, de même que la sévérité des symptômes ».
« Il est très probable que la méta analyse sous-estime la fréquence et la sévérité des symptômes chez ces utilisateurs au long cours qui sont de plus en plus nombreux »
, déclare le spécialiste.

« A Millau, les larmes d’un psychiatre »

Date de publication : 11 juin 2024

Libération

Eric Favereau indique en effet dans Libération que « pour des raisons purement administratives, un psychiatre à diplôme étranger a dû quitter la France, mettant en péril la survie de la psychiatrie dans le Sud-Aveyron, et cela au grand désespoir du médecin psychiatre ».
Le journaliste explique que la semaine dernière, « le Dr Jean-Dominique Gonzalez, psychiatre, chef emblématique du secteur à l’hôpital de Millau, expliquait que «c’était fini», que «[son] collègue a dû quitter le territoire français le 31 mai», et qu’il se retrouvait quasi seul, juste avec un autre médecin à diplôme étranger, pour tenir et suivre une population de près de 80.000 personnes. Cet homme solide avec une longue et forte expérience, exerçant la psychiatrie depuis plus de 40 ans, ayant accompagné de grands malades, s’est alors effondré ».
Le Dr Gonzalez déclare : « J’ai craqué. D’un coup, les larmes m’ont monté aux yeux. On avait essayé des solutions depuis un mois, et je me suis dit que l’on était dans un monde de fous. On est là, dans un combat juridique, à chercher des solutions, alors que notre travail, c’est le soin. C’est d’aider. Mais où est-on ? Car ce sont quand même les autorités de tutelle qui devraient faire quelque chose, c’est la préfecture qui devrait trouver une solution. Face à cette intransigeance, ma passion dans le service public s’est cassée. Cela m’a provoqué un effondrement intérieur, ce que je n’avais jamais connu ».
« Les Padhue, ces fameux médecins à diplôme étranger, c’est eux qui viennent nous aider, ce n’est pas l’inverse. S’ils n’étaient pas là, le système français s’effondrerait »,
 ajoute-t-il.
Eric Favereau explique que « le 31 mai, un jeune psychiatre tunisien, aimé et apprécié de tous, exerçant depuis 18 mois dans le service de psychiatrie de l’hôpital de Millau, a dû quitter son poste et la France en raison d’une mesure d’OQTF. Il était en France depuis 2 ans. Son titre de séjour n’a pas été renouvelé en raison d’un imbroglio administratif, au prétexte qu’il n’avait pas pu s’inscrire dans les délais au concours de validation de ses diplômes. Il n’a pas pu le faire, car il attendait pour son dossier, a-t-il expliqué, l’arrivée d’un papier prouvant son diplôme tunisien – attestation nécessaire pour passer les épreuves de validation des connaissances permettant d’accéder à une autorisation d’exercice en France ».
« A l’hôpital de Millau, cela fut la stupeur. Et la crainte. Car tout le département du secteur de psychiatrie du Sud-Aveyron fonctionnait déjà avec seulement trois postes de psychiatres. Le départ de l’un rendrait la vie intenable aux autres. Une manifestation a eu lieu, le maire s’est décarcassé, le personnel aussi »,
 poursuit le journaliste.
Le Dr Gonzalez réagit : « On avait le sentiment d’avoir construit quelque chose d’humain. Quand j’ai commencé comme jeune interne dans le département, les hommes et les femmes étaient séparés, on avait des trousseaux de clés car toutes les portes étaient fermées. Nous, on était portés par l’idée de mettre les malades dans la ville, par la psychothérapie institutionnelle : soigner aussi les murs. Et on est arrivés à faire du bon travail ».

« Chez les jeunes, les écrans jusqu’au bout de la nuit »

Date de publication : 14 juin 2024

Le Parisien

« Une étude de l’Insee se penche sur l’effet négatif des écrans dans la vie courante », font savoir Bérangère Lepetit et Romain Gentils dans Le Parisien.
« OUI, je suis un peu accro ! » « Le téléphone, ça m’aide à m’endormir.», témoigne  Skander, lycéen parisien de 16 ans qui consulte Tik Tok  « Tous les soirs, vers 23 heures. Sinon, je ne m’endors pas », avoue-t-il.  
« Cette addiction est l’un des éléments notables qui ressortent de l’étude de l’Insee rendue publique ce jeudi. Pour la première fois, l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui étudie notamment les effets néfastes du numérique chez les tout petits et les enfants, se penche sur le lien qu’entretiennent les plus âgés avec leur téléphone, leur tablette et leur télévision (hors usage professionnel et scolaire) », indiquent les journalistes
« Et tente de mesurer l’impact négatif des écrans dans la vie courante des plus de 15 ans », ajoutent-t-ils.
« Les résultats sont édifiants : à partir de l’adolescence, une personne sur quatre déclare limiter son temps de sommeil pour rester sur son écran. Or les plus jeunes, entre 15 et 34 ans, sont aussi les plus prompts à déclarer les effets négatifs que cette exposition peut engendrer sur le sommeil et sur le temps accordé aux autres loisirs, aux relations avec la famille », révèlent-ils.
« 37% des 15-19 ans et 43% des 20-29 ans rognent ainsi sur leur nuit. Ils sont aussi 18% parmi les 20-24 ans à négliger leurs autres activités de loisirs. Et les hommes sont davantage concernés que les femmes. Entre 20 et 24 ans, ils sont même, d’après l’Insee, 51% (contre 35% des femmes) à retarder leur coucher pour profiter de leur téléphone ou de leur tablette », rapportent Le Parisien.
« Cela n’est pas très surprenant. Les pratiques à risque, comme la consommation d’alcool ou la vitesse, sont en général plus développées chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes », pointe Julie Solard, responsable de la division conditions de vie des ménages à l’Insee.
« Certains en oublient de dormir, de manger, préfèrent se disputer avec leur famille plutôt que de s’en passer et y pensent toute la journée, cela devient obsédant », abonde Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance.
« Les hommes jouent davantage aux jeux vidéo et courent le risque de rester connectés plus longtemps car les parties peuvent s’éterniser », confirme Grégoire Borst, professeur en psychologie du développement à l’université Paris Cité. « Il est prouvé que les pratiques parentales sont plus strictes vis-à-vis des filles que des garçons. Les filles font traditionnellement l’objet d’un contrôle parental plus important », avance aussi Grégoire Borst.
« Parfois, le matin, je suis fatiguée », reconnaît néanmoins Lamona, fan d’animes (les dessins animés japonais). « Ses acolytes, eux, filles et garçons, passent leur soirée et une partie de leur nuit, PlayStation en main,devant « Fifa », « Fortnite » », note l’article. « Il m’est même arrivé de ne pas aller en cours le matin », confesse Nathan. « Tous avouent aussi y avoir passé, de façon exceptionnelle, des nuits entières », souligne le journal
« L’étude de l’Insee comporte aussi des bonnes nouvelles. Les plus jeunes, s’ils consomment beaucoup de numérique, sont aussi pour la plupart conscients du problème. La moitié des moins de 30 ans essaient ainsi de limiter leur usage des écrans », fait savoir Le Parisien
« J’essaie de faire un travail là-dessus mais c’est compliqué parce que, l’air de rien, ça me permet de m’évader un peu », rapporte Bénédicte, enseignante. « Parfois, je m’endors avec le téléphone en main », reconnait-elle. « Au bout de trente minutes, je me dis stop, pour aller dormir », embraye Margot, 21 ans, en master« Même tentative de reprise en main chez Adrien, pompier de 21 ans, qui a installé sur son appareil un système pour calculer son temps d’écran », poursuit l’article.
« Hier, c’était deux heures trente ! », claironne- t-il. Grégoire Borst insiste sur cet enseignement de « bon augure », dit-il. « Il commence à y avoir une prise de conscience chez les jeunes là où, il y a encore quelque temps, certains parents ignoraient qu’exposer leurs jeunes enfants aux écrans pouvait être négatif », rappelle-t-il.

« Les chiens, de potentielles sentinelles de la santé humaine »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Figaro

Elisa Doré indique dans Le Figaro qu’« exposés, comme leurs maîtres, mais sur une durée de vie plus courte, les animaux de compagnie pourraient donner des indices précoces sur la toxicité de certains polluants ».
La journaliste relève que « le chien cohabite en effet très étroitement avec son maître, partageant les mêmes espaces de vie et parfois les mêmes sources de nourriture. De fait, il est exposé aux mêmes contaminants et subit donc potentiellement les mêmes effets néfastes sur sa santé ».
Elisa Doré explique que « dans une revue de littérature scientifique parue la semaine dernière dans Science, deux chercheuses de l’école de médecine vétérinaire de Virginie-Maryland de l’université de Blacksburg, aux États-Unis, ont compilé des études ayant tenté d’établir un lien entre la détérioration de la santé canine et celle de l’être humain, afin d’évaluer le potentiel de cette approche ».
La journaliste note que « les chiens sont notamment très sensibles aux perturbateurs endocriniens, des substances qui altèrent le fonctionnement du système hormonal. Parmi les plus connues : le bisphénol A ou encore les phtalates, présents dans les pesticides, les produits d’entretien, le plastique, mais aussi… certains jouets pour chien. En 2019, des chercheurs ont réussi à détecter aussi bien dans l’éjaculat du chien que dans celui de l’homme des quantités non négligeables de phtalates et d’autres perturbateurs endocriniens (PCB, PBDE et DEHP). […] Ces composés étaient dans les deux cas associés à une réduction significative de la motilité des spermatozoïdes, affectant probablement le niveau de fertilité des deux espèces ».
Renaud Tissier, professeur de pharmacologie et de toxicologie à l’École vétérinaire d’Alfort, remarque : « L’un des avantages du chien est que son espérance de vie est 6 fois plus courte que celle de l’humain. Cela peut aider les chercheurs à évaluer plus rapidement la réponse des animaux à ces facteurs environnementaux auxquels sont aussi exposés les humains. Cela permettrait aussi d’étudier les impacts sur plusieurs générations, afin de voir si les lignées d’animaux les plus exposés développent davantage certaines maladies ou certains troubles ».
Courtney Sexton et Audrey Ruple, auteures de l’article dans Science, ajoutent que « d’autres études suggèrent que le chien pourrait servir de bon indicateur d’exposition à certains pathogènes, mais aussi aux polluants atmosphériques, comme les composés organiques volatiles, les particules fines, ou encore à certains métaux lourds ».
Elisa Doré s’interroge toutefois : « Comment utiliser ces résultats en pratique ? La validation des chiens en tant que sentinelles nécessite encore des efforts de recherche ».
Le Dr Tissier relève que « le problème de certaines études épidémiologiques menées chez les chiens est qu’elles manquent encore d’envergure. Il faudrait réaliser un suivi de l’état de santé d’un grand nombre de chiens pendant plusieurs années, tout en évaluant leur exposition à une substance donnée, pour démontrer une éventuelle corrélation pour leur propre santé, puis éventuellement celle de l’homme ».
« Les auteurs suggèrent par exemple d’intégrer les informations démographiques et sanitaires des propriétaires à celles de leurs chiens, mais aussi de les combiner avec des données environnementales géocodées »,
 précise Elisa Doré.

« Pensées suicidaires, attaques de panique… Le Samu psy de Seine-Saint-Denis répond à l’autre bout du fil »

Date de publication : 18 juin 2024

Le Parisien

Elsa Marnette explique dans Le Parisien que « depuis la fin du mois de mai, une équipe constituée d’un infirmier psychiatrique et d’un médecin vient en appui du Samu [93] pour les appels liés à des troubles psychiatriques. Objectif : réduire les passages aux urgences, en prenant mieux en charge les patients ».
La journaliste décrit ainsi ce Samu psychiatrique de Seine-Saint-Denis, « un dispositif innovant, qui vient d’être mis en place dans les locaux du Samu 93, au sein de l’hôpital Avicenne, à Bobigny. Toute la journée, 5 jours par semaine, un infirmier, en collaboration avec un médecin psychiatre, assure une permanence téléphonique dédiée aux appels liés à des troubles psychiques ou psychiatriques ».
Elsa Marnette relève que « lorsqu’une personne en souffrance appelle le 15, elle échange d’abord avec un agent de régulation médicale puis avec un médecin. Ce dernier peut ensuite décider de transférer l’appel à Kevin Peiro ou un de ses 4 collègues » infirmiers.
La Dr Noémie Ayache, coordinatrice du Samu psy 93, indique : « Nous allons par exemple intervenir sur les pensées suicidaires, les attaques de panique, l’agitation sans violence, la décompensation psychotique ».
Elsa Marnette précise que le dispositif « a bénéficié d’un financement de 400.000 euros du Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie (Fiop) et ce, pour 3 ans ».
La journaliste note que « les objectifs du Samu Psy 93 sont multiples ». La Dr Ayache remarque ainsi : « Réduire les passages aux urgences, réduire au maximum les mesures coercitives (sursédation, contention, soins à la demande du représentant de l’État) mais aussi orienter au mieux les familles démunies, car le maillage territorial est très particulier. Il faut être expert ».
Elsa Marnette ajoute que « ce dispositif, qui existe à Paris, Lyon et Lille, y a déjà montré son efficacité ».
La Dr Ayache relève qu’« ici en Seine-Saint-Denis, 80% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences. Et parmi ces passages aux urgences, 60% donnent lieu à un retour à domicile. Alors qu’à Paris, depuis la mise en place du Samu psychiatrique, 50% des appels codés psy déclenchent un passage aux urgences ».
Anne-Laure Feral-Pierssens, cheffe du Samu 93, remarque pour sa part que « l’offre de soins est en difficulté, on a du mal à répondre aux besoins des patients et des familles, qui peuvent ne pas avoir accès à des soins psychiatriques en dehors de l’urgence. Le Samu psy vient ajouter des alternatives. C’est un dispositif de plus dans la prise en charge de ces patients. […] Cela permet à ces équipes de psychiatrie de prendre le temps d’une régulation de qualité et d’apporter au patient le juste soin au moment où il appelle ».

« Hyperactivité chez les enfants : la Ritaline et l’orthophonie davantage prescrites aux natifs de la fin d’année »

Date de publication : 21 juin 2024

Le Parisien

Le Parisien indique qu’« une différence d’âge de quelques mois a «un impact considérable sur la fréquence d’initiation du méthylphénidate mais aussi de l’orthophonie», avance une étude réalisée par le groupement Epi-Phare, qui rassemble l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie ».
Le journal explique en effet que selon cette étude, « les traitements à base de méthylphénidate (Ritaline et génériques) qui soignent les troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et les séances d’orthophonie sont davantage prescrits aux enfants nés en fin d’année ».
Le quotidien relève que « parmi les enfants d’un même niveau scolaire, les natifs de décembre ont 55% de risque supplémentaire de débuter un traitement par méthylphénidate et 64% de risque supplémentaire de recevoir des séances d’orthophonie que ceux nés en janvier de la même année ».
« Ce risque augmente régulièrement avec la différence d’âge : au sein d’un même niveau de scolarité, comparés aux enfants nés en janvier, les natifs de février ont 7% de risque supplémentaire de se voir prescrire du méthylphénidate, ceux d’avril 9%, ceux de juillet 29%, ceux d’octobre 46% », 
continue Le Parisien.
Le quotidien ajoute que « les mêmes tendances ont été observées concernant les séances d’orthophonie, dont le recours augmentait de 3% chez les enfants nés en février, de 12% chez les natifs d’avril, 30% chez ceux de juillet, 49% chez ceux d’octobre ».
Le Parisien précise que « pour expliquer ces écarts, les auteurs ont émis plusieurs hypothèses. Les plus jeunes enfants d’une classe pourraient être confrontés à des exigences trop élevées pour leur âge, particulièrement au cours des premières années d’école ».
Le journal relève que « les enfants les plus jeunes seraient alors plus susceptibles d’être diagnostiqués par erreur avec un déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou avec des troubles des apprentissages, alors que leurs difficultés ne sont pas anormales ».
Alain Weill, médecin de santé publique, directeur adjoint du groupement EPI-PHARE, ajoute : « Peut-être qu’on sous-diagnostique les troubles des élèves plus âgés qui parviennent à les «compenser» par une plus grande maturité ».
Le Parisien note que « ces résultats devraient, selon lui, conduire à certaines recommandations : «Ne pas forcément affirmer qu’un enfant de CP est censé savoir lire à Noël», ou bien «préciser le mois de naissance en cas de prescription de Ritaline ou d’orthophonie», ajoute le médecin ».

« Comment le partage du lit conjugal impacte votre sommeil ? »

Date de publication : 21 juin 2024

Science et Vie

Louise Guyonnet observe dans Science et Vie que « c’est dans le lit conjugal que la science s’invite désormais, pour apporter de nouveaux arguments aux bienfaits de cette séparation nocturne ».
La journaliste remarque ainsi qu’« opter pour des chambres séparées afin de privilégier un sommeil de qualité plutôt que de passer une autre nuit avec son partenaire est une idée de plus en plus acceptée. Elle est même devenue si courante qu’elle a reçu un nom : le divorce du sommeil. Cette séparation est désormais soutenue par la science : d’après une recherche, l’individu serait prêt à sacrifier un sommeil tranquille pour le plaisir du contact physique ».
Louise Guyonnet explique que « les chercheurs ont observé l’activité cérébrale de souris sur une durée de 24 heures. Ils ont d’abord remarqué que ces dernières suivent un cycle de sommeil parfaitement synchronisé, jusqu’à la phase de sommeil paradoxal. À ce moment-là, les souris les plus tactiles présentaient une phase significativement plus troublée ».
Les auteurs de ce travail paru dans Current Biology (A Eban-Rothschild et al.) remarquent : « Ces résultats suggèrent que même si les souris recherchent activement un contact physique avant de dormir et continuent de se blottir, une telle proximité physique avec leurs congénères conduit à une fragmentation du [sommeil non paradoxal] ».
Louise Guyonnet de conclure : « Pour préserver votre sommeil, vous devriez donc éviter de partager votre lit … le choix vous appartient ! ».

« Santé mentale : « Il nous manque 30 médecins et 66 infirmiers »… dans l’Oise, le CHI de Clermont peine à recruter »

Date de publication : 25 juin 2024

Le Parisien

Armelle Camelin livre dans Le Parisien un reportage au Centre Hospitalier Isarien (CHI), Établissement public de santé mentale (EPSM), à Clermont (Oise), qui « fait partie des 5 établissements publics de santé mentale les plus importants de l’Hexagone. Fleuron de la recherche en schizophrénie et pathologies résistantes, le CHI EPSM manque de médecins et de personnels ».
La journaliste note ainsi qu’« en 2023, 18.267 personnes ont franchi pour la première fois les portes d’un des services [de l’établissement]. 9486 personnes ont été prises en charge par les urgences et plus de 137.000 consultations ont été effectuées au sein de cet établissement qui s’occupe aussi bien des problèmes de santé mentale les plus courants, comme la dépression ou le burn-out, que des maladies psychiatriques invalidantes ».
Armelle Camelin indique qu’« en nombre de lits — 655, dont 634 pour les adultes et 21 pour les enfants — le CHI reste l’un des 5 établissements de prise en charge des problèmes de santé mentale les plus importants de France. Et pour faire fonctionner tout cela, 2700 agents, dont seulement 91 médecins et 5 internes ».
Servane Olivier, directrice adjointe du CHI, remarque qu’« avec 30 médecins de plus, on fonctionnerait normalement ». « D’après elle, la situation est devenue critique il y a 5 ans avec le départ en retraite de nombreux psychiatres qui n’ont pas été remplacés depuis », note la journaliste.
Le Dr Bruno Tournaire Bacchini, président de la commission médicale d’établissement (CME) et chef du service Oise Est au sein du pôle de psychiatrie infanto-juvénile, relève ainsi que « la moyenne d’âge chez les psychiatres qui continuent d’exercer au CHI est élevée et la carrière dans le public moins attractive. […] Je me souviens du temps où 25 médecins descendaient du train de Paris-Clermont le matin pour venir travailler au CHI, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous subissons la concurrence des établissements parisiens et du CHU d’Amiens. Et, comme nous sommes de moins en moins nombreux, le travail est de plus en plus difficile ».
Armelle Camelin observe que « dans son service, il y a encore quelques années, ils étaient 9 médecins, contre seulement 3 temps plein aujourd’hui ».
La journaliste poursuit : « Pour remédier au manque de médecins, le CHI fait appel à quelques médecins intérimaires, signe des contrats dit « de type 2 », avantageux financièrement pour de jeunes médecins, et accueille des assistants spécialistes étrangers qui, s’ils ne peuvent pas prescrire, peuvent en tout cas se former et doubler les gardes des internes ».
Armelle Camelin souligne que « la crèche ouverte jusqu’à 21h30 est plébiscitée, ainsi que le restaurant du personnel. […] Autre point d’attractivité : la journée de 12 heures pour le personnel soignant, qui lui permet d’effectuer son temps de travail en 3 jours, au lieu de 7h45 répartis sur 5 jours actuellement. […] Cette dernière mesure d’attractivité, plébiscitée par les salariés, fait bondir les responsables syndicaux ».
Fabrice Oganosoff, secrétaire du syndicat CGT, déclare ainsi : « D’après une étude publiée par l’Institut national de recherche de sécurité (INRS), ce type de poste long entraîne des effets néfastes pour la santé des agents, avec des problèmes d’hypertension, des risques de maladie cardiaque etc. Et aussi l’augmentation du nombre d’erreurs ».

« Drogues : une étude inédite dresse le portrait d’une France accro aux stimulants »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Monde

Thomas Saintourens explique dans Le Monde que « le marché national des drogues illicites dispose, pour son volet consacré à l’« offre », d’une documentation chiffrée vaste et sans cesse renouvelée. Saisies de cocaïne dissimulée à l’intérieur de conteneurs, catalogues toujours plus riches de drogues de synthèse livrées à domicile, points de deal vantant leur approvisionnement constant en cannabis de qualité : la diffusion massive de stupéfiants devait induire une demande nationale à la hauteur des produits en circulation ».
Le journaliste relève que « les données publiées ce mercredi par l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT) le confirment. Elles apportent les preuves chiffrées d’une consommation en plein essor de la majorité des substances illicites, portée par la cocaïne, les amphétamines ou encore la MDMA ».
L’OFDT souligne qu’« en 2023, près d’un adulte sur dix (9,4%) a consommé au moins une fois de la cocaïne au cours de sa vie contre 5,6% en 2017, soit la plus forte hausse en nombre de points (+ 3,8) mesurée parmi toutes celles des substances illicites autres que le cannabis ».
Thomas Saintourens relève notamment : « Produit phare du narcotrafic transatlantique, la cocaïne voit aussi son nombre d’adeptes grimper en « usage actuel » – c’est-à-dire au moins une fois dans l’année – de 1,6% en 2017 à 2,7% en 2023. Si l’on se réfère aux études datant de 1992, la proportion d’usagers de cocaïne en France a ainsi été multipliée par dix. La poudre blanche partage cette tendance haussière avec d’autres substances de la famille des stimulants, en particulier la MDMA, dont le taux d’expérimentation au cours de la vie s’établit désormais à 8,2%, contre 5% sept ans plus tôt. Mais aussi les amphétamines, à 4,3%, contre 2,2% en 2017 ».
« L’étude souligne que 14,6% des adultes de 18 à 64 ans ont déjà consommé au moins une fois une drogue illicite autre que le cannabis, un chiffre qui a doublé depuis 2017. L’usage actuel augmente de 70% sur la même période, passant de 2,3% à 3,9%. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à avoir déjà consommé ce type de drogues, que ce soit au cours de la vie (20,1% contre 9,3%) ou au cours des 12 derniers mois (5,2% contre 2,6%) »,
 continue le journaliste.
Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT, ajoute qu’« au-delà des liens avec des usages festifs, il y a des motivations à présent plus variées, en particulier pour tenir le choc face à des conditions de travail difficiles ».
Amine Benyamina, président de la Fédération française d’addictologie, relève quant à lui que « le principal constat concerne la hausse de stimulants naturels et synthétiques, liée à leur diffusion facilitée, avec une nouvelle forme de consommation, souligne le psychiatre addictologue. Les profils clairs de cocaïnomanes ou d’héroïnomanes n’existent plus vraiment, tandis que de plus en plus de patients sont des polyconsommateurs. Certains combinent l’usage de stimulants pour “accélérer” puis celui de substances aux effets sédatifs, alcool, cannabis, pour “atterrir” ».

« La kétamine, un anesthésiant porteur d’espoir contre la dépression résistante »

Date de publication : 26 juin 2024

Le Figaro

Le Figaro s’interroge : « La kétamine, une molécule à la réputation sulfureuse, peut-elle aider certains dépressifs ? Les recherches s’accumulent pour l’affirmer, notamment dans les cas où aucun autre traitement ne marche. Mais la prudence reste de mise car ses lourds effets secondaires restent un défi à canaliser ».
Le journal rappelle en effet que « la kétamine n’est pas un antidépresseur classique, comme ceux développés depuis les années 1960. C’est, à la base, un anesthésiant mais, depuis une vingtaine d’années, les psychiatres s’en saisissent comme d’une piste contre la dépression ».
« Par contraste avec les antidépresseurs habituels, la kétamine agit de manière fulgurante, même si on ignore précisément par quels mécanismes physiologiques elle répond aux symptômes dépressifs », 
note Le Figaro.
Le quotidien précise qu’« elle suscite notamment l’intérêt dans deux cas de figure : quand il faut un traitement ponctuel et urgent, en premier lieu face aux crises suicidaires, mais pas uniquement ; et quand aucun médicament classique ne fonctionne, c’est-à-dire dans le cas de dépressions dites «résistantes» ».
Le journal observe que « ces derniers mois, plusieurs travaux publiés dans de prestigieuses revues ont confirmé l’intérêt de la kétamine dans ces deux scénarios. Dans le premier cas, une étude publiée en avril dans le BMJ montre que de jeunes mères ont vu leur risque de dépression post-partum réduit après avoir reçu une seule dose d’eskétamine, un dérivé de la kétamine, à la naissance de leur bébé. Dans le deuxième cas, une étude publiée ce lundi dans Nature Medicine témoigne qu’un traitement à base de kétamine a évité plus de rechutes dépressives par rapport à des patients sous placebo ».
Le Figaro remarque que « ces études viennent alimenter un corpus favorable à l’usage de la kétamine face à la dépression, un bénéfice qui ne fait plus guère de doutes chez les psychiatres ».
Michel Hofmann, psychiatre aux hôpitaux de Genève, déclare ainsi : « Il faut la considérer comme un intermédiaire entre les antidépresseurs classiques et les électrochocs. […] Pour les patients chez qui les traitements classiques ne marchent pas, la kétamine ouvre une possibilité de ne pas aller jusqu’aux électrochocs ».
Le journal observe toutefois que « si l’eskétamine est déjà approuvée depuis plusieurs années aux États-Unis et en Europe contre certaines dépressions, certains psychiatres restent rétifs. Sans nier l’efficacité de la kétamine, ils redoutent le risque d’addiction, d’autant que la molécule est souvent détournée comme drogue ».
« L’enjeu est donc de parvenir à réduire le risque d’abus, de même que de lourds effets secondaires, comme l’apparition de troubles dissociatifs de la personnalité. C’est tout l’intérêt de l’étude publiée par Nature Medicine. Elle vise à tester un nouveau mode d’administration de la kétamine : un comprimé libérant progressivement le traitement dans l’organisme. […] Sur ce terrain, l’étude donne des résultats prometteurs même s’il faudra, là encore, les confirmer », 
note Le Figaro.

« Légalisation du cannabis au Canada : des effets majeurs chez les femmes enceintes »

Date de publication : 27 juin 2024

Sciences et Avenir

Lénaïg Corderoc’h explique dans Sciences et Avenir que « le 17 octobre 2018, la Loi sur le cannabis (Loi C-45) permettait aux Canadiens âgés d’au moins 18 ans de cultiver, posséder et consommer du cannabis à des fins récréatives. Une première dans un pays occidental, cinq ans après l’Uruguay, pionnier en la matière ».
La journaliste note ainsi : « Depuis la promulgation de cette loi, constate-t-on au Québec plus de troubles liés au cannabis chez les femmes enceintes ? C’est la question que s’est posée une équipe de recherche dirigée par le Pr José Ignacio Nazif-Munoz, de l’Université de Sherbrooke (Québec). Elle a fait l’objet d’une étude publiée le 20 juin 2024 dans la revue scientifique Addiction ».
Lénaïg Corderoc’h retient que « le taux de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez les femmes enceintes âgées de 15 à 49 ans dans la province canadienne de Québec a augmenté de plus de 20% après la promulgation de la Loi sur le cannabis, tandis que les taux de tous les autres troubles liés à la drogue et à l’alcool sont restés stables ».
Le Pr Nazif-Munoz remarque que « la consommation de cannabis pendant la grossesse est associée notamment à un risque élevé de naissance prématurée, d’admission en unité de soins intensifs néonatals et de faible poids à la naissance pour le bébé ».
La journaliste explique que « son équipe a mesuré l’évolution des taux mensuels de troubles liés au cannabis diagnostiqués chez la population enceinte au Québec.  Avant octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics de troubles liés au cannabis (…) par mois était de 14,5 pour 100.000 femmes enceintes. Après octobre 2018, le nombre moyen de diagnostics par mois a grimpé et s’est stabilisé à 23,5 pour 100.000 femmes enceintes ».
Le professeur ajoute : « Notre étude souligne l’importance du dépistage universel des troubles liés au cannabis. De plus, les femmes enceintes ayant des antécédents de troubles liés au cannabis pourraient bénéficier de dépistages répétés et de conseils adaptés pendant la grossesse ».
Maria Melchior, directrice de recherche à l’Inserm au sein de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (IPLESP), note pour sa part : « Cette étude canadienne observe une augmentation de la consommation des femmes enceintes suite à la légalisation du cannabis, ce qui n’est pas très surprenant. Chez les adultes, on note une augmentation du nombre de consommateurs, mais surtout du niveau de consommation des personnes qui en prenaient déjà ! ».

« Suicide, dépression : pourquoi les hommes ont-ils tant de mal à parler de leur souffrance mentale ? »

Date de publication : 28 juin 2024

Le Figaro

Thomas Lestavel constate en effet : « Consultations psys, passage à l’acte : les écarts de pratiques avec les femmes sont frappants. Si les hommes ne souffrent pas moins psychiquement, ils peuvent l’exprimer différemment ».
Le journaliste explique qu’« affronter ses problèmes psychiques reste difficile pour beaucoup, mais les statistiques laissent entendre que les hommes ont encore plus de mal à le faire. Sur le site Doctolib, les utilisatrices représentent 75% des rendez-vous pris auprès de psychologues, les utilisateurs 25% ».
Stéphane Rusinek, professeur de psychologie clinique à l’université Lille Nord-de-France, souligne qu’« il y a autant d’hommes que de femmes qui ne vont pas bien ».
Thomas Lestavel note qu’« ils ont tendance à accorder moins d’importance au psychisme. D’après un sondage mené l’an dernier par l’institut Odoxa auprès de 1005 Français, 20% des femmes mais 35% des hommes considèrent que la santé mentale est «une mode, une manière pour certaines personnes d’attirer l’attention». De même, ils sont 19% à considérer que la santé mentale «est moins importante que la santé physique», contre 6% chez les femmes ».
Le journaliste souligne que « la réticence à demander de l’aide a des répercussions potentiellement dramatiques. Deux fois plus d’hommes que de femmes mettent fin à leurs jours (12,6 pour 100.000 hommes contre 5,4 pour 100.000 femmes), selon l’OMS. En France, l’écart est encore plus important, avec trois fois plus de suicides chez les hommes. […] Autre différence, les hommes présentent moins de cas de dépression, mais davantage de troubles liés à la consommation de substances ».
Thomas Lestavel relève que « les normes masculines comme l’autonomie, la réussite extérieure ou l’esprit de compétition découragent l’expression des émotions et poussent certains à «prendre sur eux». Là où des femmes parlent de déprime ou de tristesse, des hommes préfèrent évoquer le stress ou un passage à vide, en minimisant les symptômes. Ils ont plus de mal à exposer leur intimité, même à leurs amis proches ».
Le journaliste remarque que « les symptômes chez les hommes sont plus difficiles à détecter : chez eux, la dépression peut fréquemment se traduire par «une augmentation de la fatigue, de l’irritabilité, de la colère, (…) des troubles du sommeil ou encore la consommation de drogues et d’alcool qui peut masquer les signes de dépression», explique l’American Psychological Association ».
Thomas Lestavel conclut que « malgré une certaine libération de la parole depuis les confinements liés au Covid-19, du chemin reste à parcourir pour que les hommes osent regarder leurs fragilités. Quitte à s’inspirer de l’Australie, où des campagnes de prévention ont sensibilisé les habitants aux dangers qu’ils prennent lorsqu’ils dissimulent leurs émotions ».
 

Revue de presse santé psy – Mai 2024

« Rapport sur les écrans et les enfants : les préconisations sont-elles applicables ? »

Date de publication : 2 mai 2024

La Croix

La Croix publie un entretien avec Anne Cordier, enseignante-chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine, qui« interroge la possibilité de mettre en œuvre les mesures du rapport sur l’usage des écrans par les enfants, remis au gouvernement mardi 30 avril. Elle préconise une familiarisation avec les outils de communication plutôt que leur interdiction drastique ».
Anne Cordier réagit ainsi : « Je suis partagée. D’une part, je suis très contente de voir apparaître dans ce rapport la mention de certains éléments comme la nécessité de restreindre l’accès aux « services prédateurs » (les grandes plateformes pensées pour capter l’attention des enfants, NDLR), de revoir les interfaces pour agir sur les notifications, ou le scrolling (faire défiler des publications, NDLR) à l’infini… Mais certains éléments m’inquiètent, notamment le nombre d’interdictions, qui ne reposent pas sur des faits scientifiques avérés ».
La Croix note que « le rapport préconise en effet la mise en place d’interdictions très strictes : aucun écran avant 3 ans, aucun accès à Internet avant 13 ans et pas de réseaux sociaux avant 15 ans. Ces mesures sont-elles applicables selon vous ? ».
La chercheuse répond que « ces interdictions me semblent difficilement applicables. Je m’interroge d’abord sur la faisabilité juridique et l’atteinte à la liberté qu’elles pourraient engendrer : le droit d’accès à l’information et à Internet est garanti par la loi. Et les mineurs sont des citoyens comme les autres. Nous n’allons pas aller dans les familles pour les sanctionner ou dénoncer ceux qui n’interdisent pas les écrans à leurs enfants ».
Elle ajoute que « ces recommandations me paraissent par ailleurs socialement absurdes. Les enquêtes de terrain menées en France sur l’accès à l’information des enfants et adolescents montrent le rôle d’Internet et des réseaux sociaux comme moyen prisé des jeunes pour s’informer, mais aussi écouter de la musique, lire… Les interdire pourrait entraver l’accès des mineurs à certaines pratiques sociales et à la culture ».
Anne Cordier souligne que « la familiarisation et l’éducation aux écrans et au numérique tout au long du parcours de vie de l’enfant puis de l’adolescent sont les clés. L’éducation aux médias existe déjà aujourd’hui, du cycle 2 à la terminale. L’école est précisément le lieu où l’on peut les accompagner ».
« Cette éducation aux médias doit s’assortir d’un soutien à la parentalité, mentionnée dans le rapport mais seulement pour les moins de 3 ans. Les parents sont réellement démunis, ils ont des questions et des inquiétudes légitimes. Je pense qu’il faudrait les accompagner tout au long de la croissance de l’enfant »,
 remarque la chercheuse.

« Intelligence artificielle : un nouveau modèle capable de lire les émotions ? »

Date de publication : 20 mai 2024

La Croix

Mélinée Le Priol remarque en effet dans La Croix : « Converser à l’oral de manière fluide tout en s’adaptant aux réactions de son interlocuteur : telle est désormais l’ambition de la Silicon Valley pour les assistants d’intelligence artificielle (IA). Ces ChatGPT ultra-perfectionnés remettent au goût du jour une vieille lubie de la tech, la reconnaissance des émotions ».
La journaliste relève ainsi que « dans la Silicon Valley, l’heure est aux assistants d’intelligence artificielle (IA). Ces interlocuteurs virtuels personnalisés serviront bientôt d’intermédiaires, selon leurs promoteurs, à «toutes nos interactions dans le monde numérique» : recherche en ligne, gestion de l’agenda, réponse aux mails… ».
« Outre la génération de texte et la synthèse vocale, le défi technique consistant à « lire les émotions » des utilisateurs sur leur visage (filmé par une caméra) a lui aussi été permis par les progrès récents de l’apprentissage profond (deep learning). […] La joie, la tristesse ou la peur sont ainsi identifiées sur la base de très nombreux exemples », 
indique Mélinée Le Priol.
Elle explique que « la découverte d’une architecture de réseau de neurones nommée Transformer, en 2017, a donné un sérieux coup d’accélérateur à un domaine fondé dès 1998 : l’informatique affective ».
La journaliste constate ainsi : « Mesurer la satisfaction d’un client à sa mine en cabine d’essayage, adapter la luminosité d’une pièce à l’ambiance qui y règne, anticiper la somnolence d’un automobiliste, vérifier la concentration d’étudiants ou de salariés en visioconférence… Les cas pratiques se sont multipliés ces dernières années. […] Sans toutefois percer auprès du grand public ».
Mélinée Le Priol observe que « cette technologie est, de fait, controversée pour son manque de fiabilité et les biais qu’elle charrie. Même les mastodontes s’y sont cassé les dents. En juin 2022, Microsoft a annoncé cesser le développement et la vente de tels outils en raison d’une «absence de consensus scientifique» sur la définition des émotions. Google avait fait de même quelques mois plus tôt ».
Giada Pistilli, responsable de l’éthique au sein de la start-up d’IA française Hugging Face, réagit : « Je doute fort que ces outils réussissent à dépasser les différences culturelles. Sourire est certes très bien vu aux États-Unis, mais dans tout une partie de l’Asie, c’est considéré comme un signe de moquerie ! Ces technologies relaient une vision du monde très centrée sur la culture occidentale ».

« L’impact du travail de nuit sur les salariés et les entreprises encore peu pris en compte »

Date de publication : 22 mai 2024

Le Monde

François Desnoyers remarque en effet dans Le Monde qu’« en désynchronisant leur horloge biologique et en accumulant une importante dette de sommeil, les salariés aux horaires atypiques réduisent leur efficacité professionnelle tout en s’exposant à de nombreux risques pour leur santé. Une problématique peu prise en compte par les entreprises ».
Le journaliste évoque le cas de Martine : « En 2023, cette ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines a appris que son cancer du sein, détecté en 2009, était reconnu comme maladie professionnelle par le conseil médical de Moselle. La fin d’un long combat pour la retraitée, qui a mis en lumière la dangerosité du travail de nuit : Martine avait effectué des gardes durant 28 ans ».
François Desnoyers note que « cette reconnaissance est venue confirmer le lien entre rythme de travail et apparition de tumeurs, évoqué par de nombreuses études. […] En cause notamment, le bouleversement des horaires de sommeil et d’activité, qui vont perturber les rythmes circadiens – l’horloge interne ».
Le journaliste explique que « le cancer du sein fait partie de la longue liste des « risques santé » avérés ou probables, liés aux horaires de travail atypiques. Problèmes cardiovasculaires, diabète, perturbations hormonales, prise de poids, troubles psychiques… Le travail de nuit, posté, du soir ou encore d’astreinte, a des effets délétères sur l’organisme ».
Philippe Cabon, enseignant-chercheur à l’université Paris Cité, remarque qu’« au sein des entreprises, on note, en conséquence, un risque d’accident plus élevé, mais aussi une augmentation de l’absentéisme. Autre problématique : le présentéisme. Des salariés se rendent au travail dans un état de santé dégradé, ce qui va entraîner une baisse de la productivité et davantage d’erreurs dans l’exécution des tâches ».
Le chercheur souligne que « nous sommes entrés dans une société “24/7” qui met à distance l’alternance jour-nuit. Cela concernait auparavant essentiellement le secteur des transports et l’industrie. Les services sont désormais de plus en plus touchés : l’amplitude horaire des magasins augmente, des astreintes se mettent en place la nuit, dans l’informatique par exemple… ».
« Pourtant, le sujet n’apparaît guère comme une priorité au sein des organisations »,
 remarque François Desnoyers. Philippe Cabon indique qu’« on retrouve dans l’entreprise ce que l’on perçoit dans la société en général : une sous-estimation de l’impact du sommeil sur la santé ».
François Desnoyers observe que « certaines organisations ont toutefois cherché à prendre en compte la question du sommeil dans leur gestion RH. La plupart ont mis en place des espaces de sieste pour leurs salariés ».
Le journaliste remarque que « de rares entreprises sont allées plus loin. Spécialisée dans le traitement de surface de cylindre, la PME alsacienne Rhenaroll a fait évoluer l’organisation du travail. Les salariés se relayaient auparavant en trois-huit, avec un changement de rythme (de nuit, de l’après-midi, du matin) chaque semaine ».
Son directeur, Hervé Marchand, fait savoir : « Nous avons mis en place un renouvellement des horaires plus rapide, tous les 2 jours. C’est moins pénalisant : le corps n’a pas le temps de s’habituer et ne doit donc pas se réadapter à chaque changement ».
François Desnoyers ajoute que « c’est dans le secteur du transport aérien que l’on trouve les initiatives les plus abouties pour gérer le risque fatigue – du fait notamment d’une réglementation européenne contraignante sur le sujet. Certaines compagnies s’appuient ainsi sur des modèles biomathématiques pour concevoir les plannings des salariés ».

« L’impact du manque de sommeil sur les salariés et les entreprises encore peu pris en compte »

Date de publication : 24 mai 2024

Le Monde

« En désynchronisant leur horloge biologique et en accumulant une importante dette de sommeil, les salariés aux horaires atypiques réduisent leur efficacité professionnelle tout en s’exposant à de nombreux risques pour leur santé. Une problématique peu prise en compte par les entreprises », indique François Desnoyers dans Le Monde.
« Cela a été une grande victoire pour Martine. En 2023, cette ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines a appris que son cancer du sein, détecté en 2009, était reconnu comme maladie professionnelle par le conseil médical de Moselle », raconte le journaliste. « La fin d’un long combat pour la retraitée, qui a mis en lumière la dangerosité du travail de nuit : Martine avait effectué des gardes durant vingt-huit ans », précise-t-il.
« Cette reconnaissance est venue confirmer le lien entre rythme de travail et apparition de tumeurs, évoqué par de nombreuses études », souligne l’article. « Le Centre international de recherche sur le cancer estime que le travail de nuit a un effet cancérigène probable », confirme Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers.
« En cause notamment, le bouleversement des horaires de sommeil et d’activité, qui vont perturber les rythmes circadiens – l’horloge interne », explique Le Monde. « Notre profession est sérieusement touchée par cette problématique », poursuit M. Amouroux. « La décision en Moselle pourrait faire boule de neige. De nombreuses salariées touchées par la même pathologie prennent aujourd’hui contact avec la CFDT Mineurs de Lorraine, qui a accompagné Martine dans son combat », révèle François Desnoyers.
« Le cancer du sein fait partie de la longue liste des « risques santé » avérés ou probables, liés aux horaires de travail atypiques. Problèmes cardiovasculaires, diabète, perturbations hormonales, prise de poids, troubles psychiques… Le travail de nuit, posté, du soir ou encore d’astreinte, a des effets délétères sur l’organisme », rappelle le journaliste.
« En parallèle, leur efficacité est réduite durant leur activité. La fatigue affecte la concentration, la vigilance, tout comme elle peut favoriser stress et irritabilité », ajoute-t-il. « Au sein des entreprises, on note, en conséquence, un risque d’accident plus élevé, mais aussi une augmentation de l’absentéisme », indique Philippe Cabon, enseignant-chercheur à l’université Paris Cité. « Autre problématique : le présentéisme. Des salariés se rendent au travail dans un état de santé dégradé, ce qui va entraîner une baisse de la productivité et davantage d’erreurs dans l’exécution des tâches », complète-t-il
« Pourtant, le sujet n’apparaît guère comme une priorité au sein des organisations », note Le Monde. « On retrouve dans l’entreprise ce que l’on perçoit dans la société en général : une sous-estimation de l’impact du sommeil sur la santé », observe M. Cabon.

« L’entraide entre patients, un nouvel élan pour la psychiatrie : « J’arrive de mieux en mieux à parler de ce que je vis » »

Date de publication : 29 mai 2024

Libération

Zoé Neboit note en effet dans Libération que « la «pair-aidance» entre personnes atteintes de maladie psychique fait peu à peu son chemin. A Paris, la Maison perchée, un lieu consacré à cette approche, a ouvert en 2022. Un changement important dans un milieu en proie à une crise de moyens inédite ».
La journaliste livre un reportage à La Maison perchée : « Inaugurée fin novembre 2022 à Paris, la Maison est un lieu associatif fait pour et surtout – c’est là qu’il est atypique – par des adultes de 18 à 40 ans atteints d’une maladie psychique : schizophrénie, bipolarité, trouble borderline ».
Zoé Neboit observe que « si le terme d’aidant est devenu, depuis quelques années, un élément de langage courant, ce concept voisin est encore méconnu. La pair-aidance, le fait de s’entraider entre personnes souffrant de la même maladie, a été théorisée dans les années 70 aux Etats-Unis, à l’époque où émergent les premiers élans de contestation des institutions psychiatriques ».
« La notion clé de la pair-aidance, c’est un savoir qui s’acquiert non pas par l’enseignement ou le raisonnement, mais par l’expérience. C’est l’idée que ce qu’une personne a vécu possède une valeur en soi. Qu’en se retrouvant dans le visage de l’autre, on en ressorte grandi »,
continue la journaliste.
Elle relève que « la Maison perchée, elle, se voit comme un laboratoire de pair-aidance. Au premier plan, il y a la Cafête perchée, tout en bois et plantes vertes, visible depuis les grandes vitres de la rue, et accessible au grand public. Aujourd’hui, c’est la bénévole pair-aidante Elsa Decool, 40 ans, ancienne data manager et diagnostiquée bipolaire à 29 ans qui tient la boutique ».
Elle déclare : « Il arrive que quelqu’un vienne s’asseoir, prenne un thé, et se mette à discuter de sa maladie pour la première fois avec quelqu’un d’autre qu’un psychiatre ».
Zoé Neboit poursuit : « Derrière un épais rideau jaune, deux fauteuils se font face dans un espace qui peut se cloisonner en faisant glisser le tissu : c’est le Nid. Proposé aux primo-arrivants, le Nid donne lieu à un échange en tête-à-tête avec un bénévole pair-aidant. Enfin, au fond du local, la salle principale est investie par la Canopée ».
La journaliste remarque que « ce programme pour jeunes adultes est le cœur battant du projet : il prévoit des groupes de parole, des ateliers artistiques ou encore des cafés thématiques. Le tout, orchestré en grande partie par des bénévoles pair-aidants. Repérés par l’association, ces membres de la communauté passent par une formation de 4 mois ».
Zoé Neboit ajoute que « le succès d’un lieu comme la Maison perchée, qui recense 9 salariés et depuis peu une psychologue, 35 pair-aidants et une communauté de 1600 membres, regroupant la Canopée et la Boussole (un programme pour les proches) est le signe d’un puissant désir de changement. De la société, mais surtout de l’institution psychiatrique ».

« #MeToo à l’hôpital : le gouvernement dévoile ses premières mesures »

Date de publication : 31 mai 2024

Le Parisien
Le Monde

Nicolas Berrod indique dans Le Parisien : « Formation « obligatoire », enquêteurs externes, cellule d’écoute… Le ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, annonce […] plusieurs mesures visant à accompagner les victimes et à mettre fin à l’«omerta» ».
Le journaliste explique que « ce plan a été élaboré après plusieurs réunions avec des associations, des syndicats et des instances diverses ces dernières semaines. […] Il est basé sur 4 axes : des enquêtes plus efficaces, une formation renforcée, un meilleur accompagnement des victimes et davantage de transparence ».
Nicolas Berrod rappelle en effet que « jusqu’à présent, les investigations en cas de signalement sont souvent menées en interne au sein des centres de santé, sans toujours aboutir ».
Le journaliste précise qu’« une cellule d’experts extérieurs va être mise sur place pour «donner aux enquêtes le maximum de chances d’aboutir» et «rassurer les victimes». Elle pourrait comporter, par exemple, des professionnels de santé engagés sur ce sujet et de jeunes retraités ».
Nicolas Berrod ajoute que « d’ici à 3 ans, le personnel des établissements de santé publics devra pour sa part avoir suivi une formation obligatoire aux violences sexistes et sexuelles. Cela concerne en particulier les responsables et maîtres de stage, qui encadrent les internes. Les modalités précises restent à définir, mais cela pourrait prendre la forme de 2 demi-journées ».
Le journaliste indique qu’« un autre volet concerne la libération de la parole, souvent très difficile. […] Pour répondre à ce désarroi, une association aura la responsabilité d’une ligne d’écoute dédiée ».
« À l’AP-HP, une cellule d’écoute pour les victimes d’abus a déjà été mise en place en septembre 2021. Mais moins de 300 signalements ont été faits à ce jour, et seuls 5% d’entre eux concernent des situations à caractère sexuel et sexiste (les autres renvoient surtout à du harcèlement moral) »,
 observe Nicolas Berrod.
Frédéric Valletoux déclare en outre : « On veut mettre en lumière ce qu’il se passe pour tourner la page de l’omerta ». Nicolas Berrod explique que « chaque établissement ou institution devra, chaque année, faire acte de transparence et publier le nombre de signalements, d’enquêtes et de sanctions en son sein ».
Le journaliste observe : « Ces mesures, qui seront suivies d’autres annonces «d’ici à la fin de l’été», suffiront-elles ? […] Les associations réclamaient notamment une formation obligatoire mais aussi la disparition des fresques pornographiques dans les salles de garde et la mise à l’écart, «par principe de précaution», de tout professionnel de santé visé par un signalement ».
Frédéric Valletoux répond que pour les fresques, « on a demandé aux directions de les faire effacer d’ici fin septembre au plus tard », et ajoute : « Dans le monde de la santé s’appliquent aussi les lois de la République, et notamment la présomption d’innocence. Le seul signalement ne peut pas conduire à une mise en retrait automatique et la procédure disciplinaire doit suivre son cours ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni notent également dans Le Monde que « cela fait bientôt 2 mois que le sujet des violences sexistes et sexuelles dans le secteur de la santé […] est revenu sur le devant de la scène ».
« De premiers axes d’action ont été dévoilés par le ministère de la Santé. […] Concernant l’enquête administrative menée par les établissements, une équipe nationale dédiée sera mise en place, avec un rôle d’appui auprès des hôpitaux »,
 indiquent les journalistes.
Elles évoquent un « autre volet, celui de la formation : les professionnels de santé qui ont à encadrer, établir les dossiers, accompagner les violences sexuelles et sexistes, auront obligation d’en avoir suivi une d’ici à 3 ans. Cela concerne, en particulier, les responsables et maîtres de stage des internes ».
« Il est aussi question d’une ligne d’écoute nationale et d’un accompagnement pluridisciplinaire des victimes que le ministère de la Santé prévoit de confier à une association. Engagement est pris d’une communication « large et transparente » autour de ces enjeux, avec des remontées annuelles sur les signalements, les délais de traitement, les sanctions »,
 continuent Mattea Battaglia et Camille Stromboni.
Elles observent que « ces annonces, qui n’ont pas été accompagnées d’une enveloppe budgétaire, recoupent des leviers assez génériques en matière de lutte contre ces violences. Elles sont une première étape, avant un « plan d’actions » promis à l’horizon de l’été ».

Revue de presse santé psy – avril 2024

« La psychiatrie va mal mais son image se porte bien »

Date de publication : 2 avril 2024

Libération

Eric Favereau évoque dans Libération « un des paradoxes du moment. Alors que, jusqu’à récemment, on n’entendait que l’énoncé d’un constat catastrophique de l’état de nos hôpitaux psychiatriques, avec la dénonciation d’une absence criante de personnel, avec des patients mal pris en charge, endormis, sédatés à outrance quand ils ne sont pas attachés sur des brancards faute de lits disponibles, voilà que lorsque l’on rentre dans un musée, lorsque l’on se rend dans une salle de cinéma ou lorsqu’on regarde tout simplement un documentaire sur la psychiatrie, on est rassuré : toutes ces œuvres renvoient l’image d’une prise en charge douce et aimante ».
Le journaliste remarque que « certes, tout n’est pas simple, les difficultés pointent en arrière-plan, mais l’humanité des soignants et le regard bienveillant des visiteurs font que cela fonctionne plutôt bien. On serait en somme bien loin du désastre annoncé ».
Eric Favereau observe notamment qu’« au Palais de Tokyo, dans l’exposition «Toucher l’insensé», on voit de la vie brute. C’est une belle réussite, on y assiste à une foule d’initiatives, toutes semblent bien fonctionner, c’est même rebelle et insolent. On crée, on soigne, on prend soin. […] La psychothérapie institutionnelle est partout fêtée et reconnue, que ce soit dans les librairies ou sur nos écrans, partout… Sauf dans les lieux de soins, où elle reste une pratique marginale, assommée par le triomphe des neurosciences et des médicaments », note le journaliste.
Il continue : « Pourquoi faire la fine bouche et douter, me direz-vous ? On reste un peu perdu par l’écart entre cette psychiatrie humaniste qui d’un côté a envahi nos musées, les salles de projections, les librairies, et de l’autre côte les remontées du terrain qui sont, elles, bien plus sombres ».
Eric Favereau remarque que « certes, il y a aujourd’hui une kyrielle de petites oasis où se font avec chaleur et compétence des prises en charge efficaces. De ces lieux-là, on n’en parle sûrement pas assez ».
« Pour autant, que peut-on en déduire ? Assiste-t-on à un renversement de tendance ? Sortirait-on d’un discours de plaintes pour nous rappeler qu’autre chose est possible ? Serait-ce la preuve qu’en dépit d’un climat sombre on peut faire des choses ? Ou bien tout cela n’est-il qu’un écran de fumée, enrubanné de nostalgie, pour supporter la lourdeur des temps présents ? »,
 conclut le journaliste.

« Sports extrêmes : attention aux hallucinations »

Date de publication : 4 avril 2024

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui observe qu’« alpinistes, navigateurs en solitaire et coureurs d’ultrafond sont les plus exposés à ces perceptions erronées, favorisées par le manque de sommeil ».
Pascale Santi remarque ainsi : « Avoir un compagnon imaginaire au point de partager une tablette de chocolat pour lui en donner un morceau, voir un double de soi, «un transformateur dans les nuages, un gars qui sort d’une caverne», comme l’a décrit Thomas Vennin, collaborateur à Montagnes Magazine, dans le livre Les Hallucinés. Un voyage dans les délires d’altitude (Paulsen, 2020). Nombreux sont les alpinistes, navigateurs en solitaire, coureurs de fond, à raconter des hallucinations qu’ils ont eues en pratiquant leur sport ».
Renaud Jardri, professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à Lille, précise : « C’est quelque chose que l’on perçoit en l’absence de stimulations des organes des sens, c’est-à-dire des choses que l’on voit alors qu’il n’y a rien, que l’on entend alors qu’il n’y a aucun son ».
« Si les hallucinations peuvent arriver à tout le monde, elles surviennent dans différents contextes, de maladies neurologiques ou psychiatriques, de consommation de substances toxiques, mais aussi en cas de stress physique et physiologique »,
 ajoute-t-il.
Pascale Santi indique que « chez les sportifs, cela se produit quand le corps est poussé à l’extrême. Par exemple, ne pas dormir pendant 24 ou 48 heures lors d’une course d’ultra-trail (sur une distance d’au moins 80 km), être dans des conditions de déshydratation. L’isolement peut aussi en favoriser l’émergence. […] En altitude, le phénomène est relativement clair ».
Jean-Paul Richalet, professeur de physiologie à l’université Sorbonne-Paris-Nord, précise : « Elle provoque un manque d’oxygène [hypoxie] qui induit une hyperventilation. Conséquence, le taux de CO2 dans le sang baisse, ce qui entraîne une contraction des vaisseaux sanguins cérébraux ».
La journaliste explique que « cette moindre vascularisation de certaines zones du cerveau peut entraîner, poursuit-il, «des symptômes neurologiques divers et variés, notamment des hallucinations, qui ne sont pas forcément les plus graves» ».
Pascale Santi note qu’« une étude publiée dans Médecine du sommeil en 2016 a montré que 56,3% des coureurs de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc avaient vécu une hallucination. Point positif : 81% des participants n’en ayant pas eu avaient effectué une sieste (d’environ dix minutes) lors de la course ».
Le Pr Jardri souligne qu’« à l’instar de la douleur, l’hallucination peut être un clignotant alertant le sportif. Il est donc fondamental d’informer en amont ». La journaliste évoque ainsi ces « bons réflexes : s’arrêter pour dormir, et redescendre un peu si on est en altitude ».

« Les femmes, premières victimes du burn-out : « Du jour au lendemain, je n’ai plus réussi à lire ni à tenir une conversation avec mes enfants » »

Date de publication : 5 avril 2024

Le Monde

Dans Le Monde, Brune Mauger observe que « de l’«effondrement» à la reconstruction, l’association bordelaise L’Burn prend en charge de nombreuses femmes épuisées de toute la France. Selon Santé publique France, ce sont elles, plus que les hommes, qui sont touchées par la souffrance psychique en lien avec le travail ».
La journaliste explique ainsi dans un reportage que « chaque lundi à Talence, en périphérie de Bordeaux, une dizaine de femmes passent discrètement le portail de la Maison des Burnettes, entourée d’un mur de verdure. L’ancienne propriété viticole fut le refuge des habitants de la ville pendant la seconde guerre mondiale. La demeure reçoit désormais des femmes, de tous âges, exerçant différents métiers, des mères célibataires pour la plupart, et victimes d’un syndrome d’épuisement professionnel ».
Brune Mauger note que l’association « fête ses 5 ans d’existence et reçoit des demandes d’adhésion toujours plus nombreuses ». Sa directrice, Anne-Sophie Vives, « qui a elle-même connu un « burn-out sévère », avec perte de la mémoire immédiate », explique : « Je l’ai longtemps caché à mon entourage. J’ai pu me reconstruire en parlant avec d’autres femmes de ma difficulté à concilier mon travail, mon rôle de mère et celui de femme ».
« Nous sommes aujourd’hui deux fois plus concernées, à cause des inégalités intrafamiliales et professionnelles, de la charge mentale et de la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle. C’est un épuisement multifactoriel, qui nécessite un accompagnement spécifique », 
ajoute la responsable.
Brune Mauger observe que « les chiffres de fréquentation à l’association confirment les dernières conclusions de Santé publique France. En effet, selon le bulletin épidémiologique du 5 mars, la souffrance psychique en lien avec le travail était deux fois plus importante en 2019 qu’en 2007 et, sur toute cette période, cette souffrance était deux fois plus élevée chez les femmes, avec notamment davantage de troubles anxieux et dépressifs ».
La journaliste précise que « grâce à des fonds publics et à plusieurs mécénats, dix salariées et une trentaine de bénévoles actives de l’association sont venues en aide à plus de 600 femmes en Gironde et ailleurs en France (grâce à la visioconférence) en 2023. Groupes de parole, permanence juridique ou encore ateliers de remobilisation professionnelle… le dispositif a été pensé avec des spécialistes du secteur (médecins, avocats), tout en se basant sur la « pair-aidance », l’entraide entre personnes ayant souffert de la même maladie somatique ou psychique ».
Anne-Sophie Vives souligne en outre qu’« il existe peu de structures qui permettent aux femmes de se faire aider. Elles arrivent parfois chez nous après une errance médicale, car elles n’ont pas trouvé de psychiatre. Des médecins généralistes nous envoient même leurs patientes ».

« Quels sont les bénéfices d’une thérapie avec un animal ? »

Date de publication : 12 avril 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe : « Qu’elle passe par un chien, un chat ou un cheval, la médiation animale peut faire beaucoup de bien aux malades, à condition de savoir choisir les professionnels qui encadrent la pratique ».
Le journal livre un entretien avec Boris Albrecht, directeur de la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer qui « soutient le développement de la médiation animale depuis 50 ans ».
Le responsable explique notamment : « Nous finançons des établissements sociaux, médico-sociaux et autres souhaitant développer la médiation animale au sein de leurs structures. Nous accompagnons également des laboratoires de recherche et commandons des études.
Le quotidien interroge : « Mais quelles sont les preuves scientifiques ? ».
Boris Albrecht répond qu’« apporter «la preuve scientifique absolue et unique» que la médiation animale fonctionne est irréalisable. La recherche ne peut étudier que des spécificités, par exemple, la modification du comportement d’enfants autistes en présence de chiens. Une fois l’objectif d’étude clairement défini, la difficulté méthodologique résulte du fait que l’on ne peut pas considérer un animal comme un médicament ».
« Le traitement de l’autisme montre que des séances avec des chevaux, si elles sont bien préparées, procurent un réel apaisement. Portée par l’animal, en contact intime avec lui, la personne ressent mieux son corps, ce qui la calme lorsqu’elle est agitée. […] Dans les années 1980 déjà, il a été établi que les propriétaires de chiens vivent en moyenne mieux et plus longtemps que les autres », 
poursuit le responsable.
Le Figaro continue : « Quels sont les principaux apports thérapeutiques de la médiation animale ? ».
Boris Albrecht indique qu’« elle peut être très bénéfique dans 3 domaines : l’amélioration psychologique, la réappropriation de son corps et celle du langage. […] Le simple fait de toucher l’animal, le sentir, bouger avec lui permettent parfois au patient d’améliorer la relation à son corps et à ses sens. Chez les personnes polyhandicapées, un massage peut avoir un effet relaxant pendant une demi-journée, mais si on l’associe à une séance de médiation animale, où le patient est porté délicatement à dos d’âne, par exemple, les effets bénéfiques peuvent perdurer des jours entiers ».
« Autre exemple : lorsqu’on introduit un chien spécialement entraîné dans une maison de retraite auprès de patients atteints de la maladie d’Alzheimer, très souvent ces patients sont plus motivés pour marcher et échanger… »,
 ajoute le responsable.
Boris Albrecht explique en outre que « la médiation animale est une pratique complexe qui peut difficilement être réalisée par une personne seule. Les professionnels ayant réellement une double compétence, un infirmier ou un psychologue avec de sérieuses connaissances en éthologie ou en soins vétérinaires, sont très rares. […] Un programme de médiation à visée thérapeutique doit être porté par des professionnels de santé qui se spécialisent dans le domaine de l’animal, mais qui s’associent surtout avec des experts animaliers, eux-mêmes sensibilisés au soin humain. En dehors des institutions, il faut rester très vigilant, car le secteur n’est pas réglementé. N’importe qui peut se déclarer expert ».

« La plasticité cérébrale, une précieuse alliée pour récupérer d’une lésion »

Date de publication : 19 avril 2024

Le Figaro

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian revient sur la plasticité cérébrale, expliquant que « cette faculté à compenser les atteintes au cerveau est particulièrement utile et impressionnante lorsque les deux hémisphères peinent à communiquer ».
Elle précise ainsi : « Lorsque nous apprenons à jouer d’un instrument, à conduire, etc., nous créons de nouvelles connexions dans le cerveau. Et plus nous empruntons ce nouveau chemin de l’information en nous entraînant, plus le signal passe vite et plus nous progressons. Le petit chemin finit par devenir une véritable autoroute. Notre cerveau, avant et après cet apprentissage, n’est plus tout à fait le même ».
Nathalie Szapiro-Manoukian indique que « cette capacité à créer de nouveaux chemins – que l’on appelle la plasticité cérébrale – existe tout au long de la vie. Elle permet même au cerveau de contourner un problème de malformation, comme l’absence de corps calleux qui est la structure la plus importante pour que nos deux hémisphères cérébraux communiquent entre eux. Or un nouveau-né sur quatre mille naît sans corps calleux, sans que cela ait nécessairement une incidence ».
Le Dr Paolo Bartolomeo, neurologue, directeur de recherche Inserm à l’Institut du Cerveau (Paris), explique que « grâce à la plasticité cérébrale, très active pendant le développement, le cerveau compense cette absence de corps calleux par des voies alternatives. La communication entre les deux hémisphères n’est donc pas interrompue, elle est seulement déviée ».
Nathalie Szapiro-Manoukian note que « le Dr Bartolomeo et son équipe travaillent sur les moyens d’améliorer la récupération après une lésion au niveau de l’un des hémisphères du cerveau. L’objectif est par exemple d’aider un adulte ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) à se remettre partiellement ou totalement des séquelles de l’attaque ».
Le Dr Bartolomeo précise ainsi : « Faire écouter beaucoup de musique classique aux patients est une piste que nous suivons car elle engage les deux hémisphères de façon synchronisée dans un cerveau normal. Notre hypothèse est que cette synchronisation pourrait être utile pour faciliter la compensation d’une fonction altérée au niveau d’un hémisphère, par l’autre hémisphère resté intact. Nous avons d’ailleurs obtenu des résultats préliminaires encourageants dans ce sens : une étude de faisabilité sur un nombre restreint de patients avec des troubles du langage (aphasie) vient d’être publiée ».
Le neurologue évoque en outre le neurofeedback : « L’idée est de pouvoir aider un patient à trouver et développer les activités qui améliorent le plus la communication entre ses deux hémisphères, grâce à l’électroencéphalogramme (EEG) ou à l’IRM fonctionnelle ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute : « Dernière piste explorée : stimuler la croissance des synapses pour induire de nouveaux chemins de l’information. Des chercheurs californiens s’intéressent notamment aux drogues psychédéliques. Leur étude, réalisée sur des neurones in vitro et publiée dans la revue Science en 2023, montre que ces drogues agissent à l’intérieur des neurones au niveau des récepteurs à sérotonine. Elles favorisent une repousse des neurones avec «un effet immédiat majeur», selon l’auteur principal de l’étude, David Oldon, qui a même qualifié ces molécules de «psychoplastogènes» ».
La praticienne remarque que « si ces pistes de recherches sont prometteuses, il faut toutefois garder en tête que toute lésion cérébrale n’est malheureusement pas récupérable ».

« Être ivre sans avoir bu d’alcool : qu’est-ce que le syndrome de fermentation intestinale ou d’auto-brasserie ? »

Date de publication : 24 avril 2024

Le Parisien

Julie Bernichan indique en effet dans Le Parisien : « Si, si… il est possible d’être ivre sans avoir bu une goutte d’alcool ».
La journaliste relève que lundi dernier, « un Belge de 40 ans, poursuivi pour état d’ivresse en récidive au volant, a été relaxé par le tribunal de police de Bruges. L’homme, qui avait été contrôlé avec un taux d’alcool de 0,91 mg par litre d’air expiré en avril 2022, et avec 0,71 mg/l en mai 2022, assurait ne pas avoir bu ».
« La consultation de trois médecins lui a permis de prouver que l’alcoolémie relevée au-dessus du seuil légal de 0,22 mg/l en Belgique était en fait due au syndrome d’auto-brasserie dont il souffrait, également connu sous le nom de syndrome de fermentation intestinale ou d’auto-fermentation »,
 explique Julie Bernichan.
Elle précise : « Lors de l’ingestion d’une grande quantité d’aliments riches en glucides comme le pain, les pommes de terre ou les haricots, les sucres fermentent dans le système digestif. Ils sont ensuite transformés en éthanol, la molécule de l’alcool ».
Barry Logan, directeur exécutif du Center for Forensic Science Research and Education de Philadelphie (Etats-Unis), explique ainsi : « Nous produisons tous de petites quantités d’alcool par fermentation, mais chez la plupart des individus, les niveaux sont bien trop faibles pour être mesurés ».
Julie Bernichan note que « dans la plupart des cas, l’éthanol produit est éliminé avant de passer dans le sang. Ce n’est pas le cas, en revanche, pour les personnes qui souffrent du syndrome d’auto-fermentation ».
« Plusieurs facteurs sont suspectés d’être à l’origine de cette mystérieuse affection. Une grande quantité de glucides absorbés d’abord, susceptibles d’être transformés en éthanol. Le déséquilibre du microbiote intestinal ensuite, avec la présence de bactéries ou de champignons spécifiques, qui pourrait aussi favoriser le processus de fermentation chez certains », 
explique la journaliste.
Elle ajoute que « des maladies sous-jacentes enfin, comme le diabète ou la maladie de Crohn, ou des opérations intestinales antérieures qui pourraient favoriser la survenue du syndrome, en modifiant les micro-organismes présents dans le système digestif ».
Julie Bernichan relève que « le taux d’alcool peut monter jusqu’à 4 g par litre dans le sang, selon la quantité de glucides ingérés, estime le Dr Jimmy Mohamed sur RTL. Un taux extrêmement élevé qui peut être responsable d’un coma éthylique notamment. Le processus d’auto-fermentation peut aussi induire des maladies propres à l’alcool comme des cirrhoses ou des cancers. […] Les scientifiques estiment que seules une vingtaine de personnes seraient officiellement touchées par le syndrome d’auto-brasserie. Un nombre qui serait largement sous-diagnostiqué ».
La journaliste conclut que « le premier des traitements pour bloquer le déclenchement du syndrome de l’auto-fermentation est d’adopter un régime alimentaire faible en glucides et en aliments ultra-transformés, susceptibles de perturber le microbiote intestinal. […] Les mesures diététiques peuvent s’accompagner de la prise de médicaments, antifongiques notamment, en fonction du diagnostic du médecin ».

« « Bousculés par ce que nous avons vu » : des experts demandent au gouvernement d’interdire les écrans aux moins de 3 ans »

Date de publication : 30 avril 2024

Le Parisien

Le Parisien fait savoir qu’« un rapport d’experts, qui sera remis […] au gouvernement, préconise d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de trois ans et de téléphones portables aux moins de 11 ans, en limitant strictement l’accès les années suivantes pour les adolescents ».
Le journal indique que « la commission d’experts spécialement missionnée par l’exécutif alerte sur «la réalité de l’hyper connexion subie des enfants» et «les conséquences pour leur santé, leur développement, leur avenir», mais aussi pour l’avenir «de notre société, notre civilisation» ».
Le quotidien souligne que « la commission explique avoir été «bousculée» devant «les stratégies de captation de l’attention des enfants» ». Les experts remarquent ainsi qu’« il s’est dégagé un consensus très net sur les effets négatifs, directs et indirects, des écrans, notamment sur le sommeil, la sédentarité – qui favorise l’obésité – ou encore la myopie »
Le Parisien ajoute que « les experts pointent les réseaux sociaux, «facteur de risque» de dépression ou d’anxiété, en cas de «vulnérabilité préexistante». Par ailleurs, «le niveau d’exposition des enfants» à des contenus pornographiques et violents «apparaît alarmant», écrivent-ils. Ils estiment que « les écrans ne sont pas à l’origine de troubles du neurodéveloppement» mais appellent à la «vigilance» pour «éviter l’amplification de symptômes» ».
« Pour «reprendre le contrôle», ils appellent à empêcher tout usage des écrans par des enfants de moins de 3 ans, en ouvrant ensuite, entre 3 et 6 ans, un accès «fortement limité», «avec des contenus de qualité éducative et accompagné par un adulte» »,
 précise le journal.
Il ajoute que « la commission préconise aussi de n’autoriser le téléphone portable qu’à partir de 11 ans, via un téléphone sans Internet jusqu’à 13 ans. À partir de 13 ans, elle propose de donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux, puis d’ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux «éthiques» ».
Amine Benyamina, neurologue et co-président du comité d’experts, a ainsi déclaré : « Nous avons été bousculés par ce que nous avons vu : des stratégies de captation de l’attention des enfants. Les biais cognitifs sont utilisés pour enfermer les enfants sur leurs écrans, les contrôler, les réengager, les monétiser ».

Revue de presse santé psy – mars 2024

« « Je ne veux plus être confrontée à la mort » : au CHU de Toulouse, on soigne les soignants en burn-out »

Date de publication : 4 mars 2024

Le Parisien

Julie Rimbert constate dans Le Parisien que « le CHU de Toulouse a mis en place le Centre de prévention de l’épuisement professionnel des soignants sur le site de l’hôpital Purpan. Depuis sa création en mai 2023, une centaine a déjà poussé sa porte ».
La journaliste livre ainsi un reportage au sein du Centre de prévention de l’épuisement professionnel des soignants (PEPS), « un dispositif unique en France ». Elle explique que « dans un bâtiment discret, les personnels de santé (soignants et non soignants) des hôpitaux publics, cliniques privées, Ehpad, établissements médico-sanitaires et des libéraux de la région toulousaine peuvent consulter pour burn-out, après y avoir été envoyés par le médecin du travail, leur médecin traitant ou à leur propre initiative ».
Fabrice Hérin, chef de service des pathologies professionnelles et environnementales au PEPS, précise : « Nous travaillons à la fois sur l’information du professionnel à risque qui présente des signes d’épuisement professionnel, la prise en charge d’un burn-out et l’accompagnement des professionnels pour éviter une rechute à la reprise d’activité ou l’envie de se reconvertir professionnellement ».
Julie Rimbert relève que « selon lui, les soignants avaient déjà bien des difficultés qui se sont accrues avec la crise Covid, «le manque de moyens» et une «vision biaisée» de la vie professionnelle ». Le chef de service remarque en effet : « Nous voyons beaucoup de 25 à 45 ans en souffrance dans leur travail parce qu’ils avaient idéalisé leur métier ».
La journaliste indique que « les patients sont pris en charge en consultations individuelles mais également collectives, autour de différents ateliers. […] Les équipes du PEPS constatent que les soignants ont souvent un sentiment de honte ou de culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur de leur tâche ».
Julie Rimbert cite Mélanie, infirmière de 52 ans, « qui a travaillé durant 30 ans dans les hôpitaux publics et des cliniques privées de la région de Toulouse. […] Licenciée depuis peu de la clinique toulousaine où elle occupait deux emplois différents, Mélanie veut désormais tourner la page du médical. Elle assure que l’épuisement professionnel est arrivé de façon insidieuse, par l’accumulation des tâches et du stress à son travail ».
« À la fois infirmière hygiéniste et infirmière cadre consistant à manager l’équipe d’infirmières, elle enchaînait les déplacements dans 6 départements de la région, générant beaucoup de responsabilités. Après 3 semaines de vacances l’été 2023, elle n’a plus eu la force de reprendre son poste », 
précise la journaliste.
L’infirmière indique : « Je suis quelqu’un de rigoureux qui veut toujours en faire plus, mais ce jour-là, je me suis écroulée sans m’en apercevoir. J’avais des problèmes physiques, donc mon médecin traitant m’a arrêtée et orientée vers le PEPS. Je subissais aussi du harcèlement au travail, mais on n’en parle pas entre salariés, on ne se raconte pas nos difficultés. Ici, j’ai été choquée lors des ateliers collectifs de découvrir que certains médecins étaient dans la même situation que moi, confrontés aux mêmes problèmes ».
Mélanie souligne : « Je ne me sens plus assez forte pour aider l’autre. […] J’ai compris ce qu’est réellement l’épuisement professionnel et je ne veux plus être confrontée à la maladie et la mort. Le PEPS m’a beaucoup aidée et je projette aujourd’hui de me reconvertir dans la littérature ».
Julie Rimbert indique que « ce service hors norme a reçu 106 patients, dont la moitié sont des infirmières, un tiers des aides-soignants mais aussi de jeunes médecins et du personnel administratif. […] Certains CHU de France, comme celui de Limoges, sont intéressés pour mettre en place une structure de ce type sur leur territoire ».

« Cerveau : le mythe des « 10% » largement invalidé par la science »

Date de publication : 5 mars 2024

Le Figaro

La Dr Nathalie Szapiro-Manoukian observe dans Le Figaro qu’« une publicité récente pour une grande enseigne de supermarchés met actuellement en scène une petite fille en visite au Palais de la découverte à qui on explique que l’être humain «n’utilise que 10% des capacités de son cerveau». Et celle-ci de s’émerveiller de toutes les avancées scientifiques réalisées avec si peu. […] La ficelle est un peu grosse, mais elle repose surtout sur un vieux mythe des neurosciences, invalidé depuis bien longtemps ! ».
La praticienne explique que « l’origine même de cette « théorie » n’est pas parfaitement claire. Ce serait un psychologue américain de Harvard, William James, qui aurait émis cette hypothèse au XIXe siècle. Pour sa défense, ce dernier ne disposait à l’époque d’aucune capacité d’imagerie cérébrale. Et il n’aurait par ailleurs jamais formulé les choses de manière aussi abrupte ».
« Reste que, pour une raison ou une autre, l’idée s’est popularisée. Peut-être parce qu’elle alimente le fantasme que nous pourrions devenir des « super-humains » dotés de facultés exceptionnelles si nous exploitions tout le potentiel supposé de cet organe »,
 relève Nathalie Szapiro-Manoukian.
Elle rappelle qu’« imaginer que 90% de notre cerveau – qui est l’organe le plus coûteux en énergie de notre organisme – serait au repos tandis que 10% seulement s’activerait est avant tout un non-sens physiologique absolu. L’électroencéphalogramme de haute résolution (EEG-HR) – ainsi appelé parce qu’il est doté de 256 électrodes contre 21 en moyenne lors d’un EEG classique – a permis de réfuter de manière définitive cette vieille croyance ».
Nathalie Szapiro-Manoukian explique que « cette technique permet de suivre ce qui se passe dans le cerveau en temps réel, à la milliseconde près, avec une précision spatiale redoutable. […] Même dans des situations où l’on pourrait avoir l’impression que le cerveau est en mode « off », comme lorsqu’une personne rêvasse, par exemple, les enregistrements haute résolution prouvent qu’il n’en est rien ».
Le Pr Marc Vérin, neurologue, fondateur de l’unité de recherche Brain Clinical and Experimental Neuroplasticity (B-Cline) à l’université d’Orléans et vice-président de la recherche au CHU d’Orléans, souligne que « quoi que l’on fasse – repos, mouvement automatique, réflexion, création, etc. -, il n’y a jamais seulement 10% du cerveau qui est actif. […] Le cerveau fait des associations entre différents souvenirs mémorisés. Pour cela, il met en jeu des zones temporales internes, dont les hippocampes, très utiles à la mémoire, ainsi que des zones frontales, pariétales et occipitales pour rechercher des souvenirs là où ils sont stockés ».
Nathalie Szapiro-Manoukian ajoute que « même dans les pathologies où le cerveau dysfonctionne, ses zones d’activité ne sont jamais réduites à la portion congrue de 10% ».
Le Pr Vérin précise que « dans les démences, le cerveau reste actif mais les connexions et les circuits sont désorganisés ou interrompus, d’où les répercussions sur la mémoire, la pensée, etc. Finalement, il faudrait une lésion grave et étendue – comme cela peut se voir dans certains accidents vasculaires hémorragiques massifs ou après un grave trauma crânien, par exemple – pour que le cerveau ne fonctionne plus qu’à 10% … avec un coma profond à la clé, où seules quelques régions cérébrales profondes ne seraient pas éteintes ».

« « Pourquoi le téléphone tue » : l’alerte du Dr Yannick Guillodo »

Date de publication : 6 mars 2024

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro que « les smartphones constituent un véritable fléau sanitaire. Et cela n’a rien à voir avec les ondes, a priori sans effets sur le cerveau. Un médecin du CHU de Brest appelle à réduire sa consommation d’une heure par jour ».
La journaliste livre ainsi les propos du Dr Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest et auteur du livre « Le smartphone tue »(éditions Baudelaire). Ce dernier explique que « chaque minute passée sur notre smartphone, c’est du temps de sédentarité en plus ».
Anne Prigent rappelle en effet que « plus on passe de temps assis ou allongé, plus on augmente son risque de développer une maladie chronique comme le diabète de type 2 et l’hypertension mais aussi de mourir précocement. Et c’est un fait, les écrans de loisir captent plus de 60% du temps libre des Français. Les activités hors du domicile comme faire du sport, visiter un lieu culturel ou faire les magasins ne représentent plus que 16,8% de ce temps libre ».
La journaliste ajoute que « vous pouvez pratiquer plusieurs heures de sport par semaine et pourtant être sédentaire, met en garde le médecin ! Il prend pour exemple son expérience professionnelle avec des joueurs d’équipes de football participant à la coupe d’Afrique des nations. En 2010, en dehors des entraînements, les footballeurs déambulaient dans le camp de base, jouaient au tennis de table… Neuf ans plus tard, les jeunes sportifs possédaient 2 ou 3 smartphones qu’ils consultaient en permanence en dehors des entraînements ».
Le Dr Guillodo s’interroge : « Que vont devenir ces footballeurs après leur carrière professionnelle ? Certains seront sans aucun doute inactifs, sédentaires et addicts aux écrans ».
Le médecin souligne en outre que « la distraction induite par les écrans perturbe les signaux de la satiété. Vous allez manger plus. Mais vous allez aussi manger moins sainement. C’est toujours plus facile d’avaler des chips en scrollant que d’éplucher une orange ».
Anne Prigent inique que « le médecin a proposé à la ville de Brest le challenge “Posons nos smartphones”. Fin novembre 2022, les Brestois ont été invités à poser leur smartphone une heure par jour pendant une semaine. Ce temps ainsi libéré était théoriquement l’occasion de pratiquer des activités de loisirs sans smartphone. Cette opération avait pour but de faire prendre conscience à la population qu’un usage excessif du smartphone avait des conséquences sur la santé ».
Le Dr Guillodo fait savoir : « Premier enseignement de cette expérience : 75% des personnes motivées pour relever ce défi ne sont parvenues à réduire d’une heure par jour leur temps de smartphone sur une semaine ! ».
La journaliste relève qu’« en revanche, 89% des personnes qui ont lâché leur smartphone une heure par jour ont été plus actives. Ce qui pour le médecin est un succès. […] Encouragé par ces résultats, le médecin souhaiterait voir s’étendre à toute la France ce défi qui, rappelons-le, ne coûte rien ».
Le praticien souligne ainsi qu’« on ne peut aujourd’hui faire de la prévention sans s’attaquer au smartphone ».

« Neurosciences : quand la musique nous soigne »

Date de publication : 7 mars 2024

Le Figaro

Jean Zanardo relève dans Le Figaro que « la musicothérapie n’est pas seulement un traitement de soutien apaisant. Elle a aussi une influence bien réelle sur notre cerveau ».
Le journaliste explique ainsi : « Des enfants en difficulté éducative et psychique, des adultes dépressifs, des personnes âgées souffrant de maladies neurodégénératives… Tous peuvent bénéficier de soins fondés sur l’écoute ou la pratique musicale. Mais pas n’importe comment : passer une chanson populaire aux résidents d’un Ehpad pour leur rappeler leur jeunesse ne peut être qualifié de musicothérapie, même si cela a un effet positif sur l’humeur de certains résidents ».
Jean Zanardo indique que « la musique n’est pas seulement relaxante ; en effet, elle modifie certaines connexions cérébrales avec un effet sur la mémoire et les capacités d’attention. Certains travaux ont montré que chez les autistes, la musique peut être un vecteur de communication, et elle est à même de diminuer les troubles du comportement ».
Dominique Bertrand, musicothérapeute, précise : « On crée un canal de communication avec le patient, un mode de synchronisation dans un cadre très simple, un même tempo, une même mesure. Le patient est invité à faire en même temps des choses différentes, à écouter l’autre tout en s’écoutant… ce qui n’est pas évident ».
Jean Zanardo relève que « c’est cette relation singulière qui est thérapeutique, et elle va pouvoir évoluer, progresser techniquement ».
Le journaliste observe ainsi que « la musique permet de se remémorer des expériences passées et d’éprouver à nouveau des sensations, elle est donc bénéfique pour les personnes âgées, même lourdement handicapées ».
Jean Zanardo indique que « concernant les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, une expérimentation récente a montré tout l’intérêt de la musicothérapie sur un petit groupe de patients atteints de maladies neurodégénératives suivis au Centre hospitalier d’Arpajon. Amateurs de musique, ils ont bénéficié d’une séance hebdomadaire de musicothérapie d’une durée d’une heure trente pendant un an avec une diminution significative des troubles du comportement ».

« Schizo, bipolaire, borderline… : « Arrêtez d’utiliser les troubles psychiques comme des insultes ! » »

Date de publication : 7 mars 2024

Le Point

Le Point observe en effet : « Schizophrène, autiste, bipolaire, borderline… Ces termes désignent des troubles psychiques qui, dans un sens large – avec la dépression sévère, l’anxiété, les idées suicidaires… –, touchent 13 millions de Français, soit 20% de la population ».
« Pourtant, ces troubles sont mal connus. Par ceux qui en souffrent d’abord, ce qui a pour conséquence une errance thérapeutique avant une prise en charge. Par les familles et les proches, qui gèrent, au quotidien, les effets d’une maladie souvent invalidante. Par le grand public, qui se fend pourtant facilement d’un avis psy à la moindre occasion. Par les politiques et les médias, enfin, qui n’hésitent pas à régulièrement employer ces termes comme des insultes ou des comparaisons mal à propos »,
 note le magazine.
Le Point livre un entretien avec le Dr Hugo Baup, psychiatre à l’hôpital de Périgueux, qui « vient de déposer deux pétitions en ligne – sur change.org et sur le site de l’Assemblée nationale – pour que les termes psychiatriques ne soient plus utilisés à tort et à travers. […] Il explique que ces pratiques trop courantes sont stigmatisantes pour les malades et qu’elles témoignent d’une grave méconnaissance des problématiques de santé mentale ».
Le Dr Baup explique que ces pétitions « sont destinées à faire cesser l’utilisation des termes qualifiant les troubles psychiques comme des insultes ou des arguments dévalorisants et à faire évoluer les mentalités. Actuellement, dans le débat public, on entend trop souvent « schizophrène », « autiste », « bipolaire », etc. pour rabaisser ou décrédibiliser quelqu’un, pour disqualifier un adversaire ou une politique ».
« Avec d’autres médecins et professionnels de santé, nous voulons que ces noms de troubles psychiques soient désormais correctement utilisés par les politiques, par les médias. De même que le fait de détourner en insulte une couleur de peau ou une orientation sexuelle est puni par la loi, nous demandons qu’il en soit ainsi pour les maladies mentales »
, poursuit le psychiatre.
Le Point interroge : « Ces abus de langage ont-ils des effets sur les patients atteints de ces troubles ? ».
Le Dr Baup répond : « Oui, et ils nous en parlent en consultation. Ces personnes ont déjà bien souvent du mal à comprendre le fonctionnement de leur maladie. Elles ont l’impression d’être un fardeau pour la société, pour leurs familles aussi, qui doivent faire avec une maladie souvent invalidante ».
« Le fait de les stigmatiser ainsi en utilisant leur trouble comme une insulte est très dévalorisant. C’est comme une seconde maladie, et cela freine, voire empêche leur rétablissement. Dans certains cas, cela peut aggraver ou déclencher des idées suicidaires. Il faut savoir que, lorsqu’on est atteint d’un trouble mental, il faut se battre contre la maladie, contre l’organisation catastrophique de soins en France et contre la stigmatisation »
, souligne-t-il.
Le magazine poursuit : « Comment faire pour mieux informer le grand public, les politiques et les médias sur la santé mentale ? ».
Le Dr Baup explique qu’« avec d’autres médecins, nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux pour vulgariser, tordre le cou aux idées reçues, mais aussi combattre la désinformation. Dans ce flou général, il y a une masse de données émanant de sites de coaching ou de pratiques ésotériques qui perd les gens. Sur X, je donne des informations précises sur les troubles, sur la manière dont on les prend en charge. J’essaie aussi de déculpabiliser les malades, car il y a beaucoup de mythes et de tabous autour de la santé mentale ».

« Pesticides, métaux, tabac, stress… Sur la piste des facteurs de risque de l’autisme »

Date de publication : 11 mars 2024

Le Figaro

Delphine Chayet se penche dans Le Figaro sur la cohorte Marianne, qui « a pour objectif de suivre dans le temps un groupe d’au moins 1700 enfants afin d’identifier les facteurs de risque, mais aussi de protection, de l’autisme ».
Le Pr Amaria Baghdadli, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU de Montpellier, à la tête du projet de recherche, précise qu’« il y a actuellement un consensus pour dire que les troubles du développement ont une origine génétique. Mais nous pensons qu’ils sont aussi influencés par des facteurs environnementaux liés au mode de vie – sédentarité, alimentation, âge -, à l’exposition à des produits chimiques et aux ressources financières de la famille ».
La journaliste indique que « ces éléments seront recherchés dans les examens proposés aux familles. Durant la grossesse, des prélèvements d’urine et de cheveux, ainsi que des prises de sang, sont réalisés au domicile par les équipes de la cohorte Marianne pour quantifier d’éventuelles expositions à des substances chimiques, comme les phtalates, ou à des métaux lourds ».
Delphine Chayet note que « plusieurs dizaines de molécules suspectées d’avoir des effets nocifs, identifiées par une revue de la littérature scientifique, sont recherchées ».
La journaliste ajoute que « le jour de l’accouchement, des infirmières se déplacent à la maternité pour recueillir des échantillons de placenta et de sang de cordon, qui seront analysés et conservés dans la banque biologique du CHU de Montpellier. Par la suite, les chercheurs collectent des fragments de selles des enfants pour étudier leur microbiote, ainsi que des dents de lait […] ».
Le Pr Baghdadli explique que « toutes ces informations sont destinées à être exploitées par des équipes scientifiques de l’Inserm et du CNRS. En reprenant ces éléments et en les comparant, nous pourrons identifier ce qui, dans l’environnement des enfants ayant reçu un diagnostic d’autisme, a pu jouer un rôle dans sa survenue ».
Delphine Chayet souligne en outre que « le fait d’avoir un enfant atteint d’un trouble du développement augmente significativement le risque pour les autres enfants de la fratrie. Alors que l’autisme touche 1% de la population environ, sa prévalence est estimée entre 10% et 20% chez les enfants avec antécédents familiaux. Le facteur génétique est pourtant peu connu des parents et des médecins généralistes ».
Le Pr Baghdadli observe que « cet aspect de vulnérabilité familiale est mentionné dans les recommandations de la Haute Autorité de santé, qui préconise une vigilance particulière. Mais nous nous sommes rendu compte que le système de soins en tient peu compte, par exemple lors des entretiens de dépistage réalisés par les sages-femmes au quatrième mois de grossesse ».
La journaliste précise enfin que « 80 familles se sont déjà portées volontaires pour le projet de recherche. […] Les scientifiques se donnent 4 ans pour recruter le plus de familles possibles ».

« Alzheimer : la piste séduisante de la stimulation visuelle et auditive pour « nettoyer » le cerveau »

Date de publication : 13 mars 2024

Le Figaro

Stéphany Gardier remarque ainsi dans Le Figaro : « De simples stimulations visuelles et auditives pourraient-elles ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ? ».
La journaliste observe que « c’est une hypothèse en vogue depuis quelques années, mais encore débattue dans la communauté scientifique. Des données expérimentales, publiées dans la revue Nature […], viennent néanmoins apporter de nouveaux éléments convaincants en faveur de cette «stimulation gamma sensorielle» ».
Stéphany Gardier explique que « la personne qui a dirigé ces travaux n’est autre que Li-Huei Tsai, professeur au MIT (Boston – États-Unis) et directrice du Picower Institute for Learning and Memory. Cette spécialiste de la maladie d’Alzheimer travaille depuis une dizaine d’années sur les effets cérébraux des stimulations sensorielles, notamment dans les maladies neurodégénératives ».
La journaliste note ainsi qu’« elle a mené les premières études sur le sujet en stimulant directement les cortex visuel et auditif dans le cerveau de souris. Son équipe avait montré que des stimulations de ces aires cérébrales à la fréquence bien précise de 40 Hz étaient les plus efficaces, un résultat qui a depuis été reproduit. Cette fréquence correspond à celle des ondes gamma produites par le cerveau dans des moments de concentration intense. […] C’est le système «glymphatique» qui serait mis en cause ».
Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et directeur général de la Fondation Alzheimer, précise que « la lymphe baigne tous les organes à l’exception du cerveau. En 2012, les travaux de la chercheuse danoise Maiken Nedergaard ont montré que celui-ci possédait une sorte de système lymphatique local dont le fonctionnement repose en partie sur des cellules de la glie (ensemble de cellules qui environnent les neurones dans le cerveau, NDLR), d’où ce nom de glymphatique ».
Stéphany Gardier continue : « Le système glymphatique assurerait un rôle de nettoyage. Ce circuit permettrait d’aller collecter dans le liquide interstitiel, puis de les éliminer, les déchets produits par le fonctionnement des cellules cérébrales. Parmi ces déchets il y a notamment la protéine Bêta-amyloïde, dont l’accumulation anormale est associée à la maladie d’Alzheimer. La stimulation multisensorielle améliorerait donc la fonction glymphatique, et ainsi l’élimination de la protéine ».
Elle explique donc que « les chercheurs ont testé l’efficacité de stimulations, mais de manière non invasive cette fois-ci : les animaux ont été exposés à des sons et des flashs lumineux. Les données montrent que les stimulations externes à 40 Hz sont bien les plus efficaces pour améliorer l’élimination de la protéine Bêta-amyloïde ».
La journaliste ajoute que « les chercheurs montrent qu’en bloquant l’action de certains transporteurs cellulaires considérés comme des éléments clés du système glymphatique, les stimulations sensorielles n’ont plus d’effet. Les stimulations à 40 Hz augmenteraient en outre la production d’un neuropeptide qui agit sur la contractilité des petites artères, ce qui intensifierait les flux d’échange avec le système glymphatique et améliorerait le drainage du cerveau ».
Jean-Léon Thomas, professeur au département de neurologie de l’université de Yale (Connecticut, États-Unis) et à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à Paris, souligne toutefois qu’« il faut être très prudent. La découverte du système glymphatique est très récente, et bien que séduisante et déjà bien étayée, elle suscite encore beaucoup de débats dans la communauté scientifique ».

« « Beaucoup méconnaissent encore le sommeil » : dormez, vous travaillerez mieux »

Date de publication : 13 mars 2024

Le Parisien

Virginie de Kerautem constate dans Le Parisien, « à quelques jours de la Journée internationale du sommeil, le 15 mars », que « les professionnels de santé au travail s’étonnent de voir que «beaucoup méconnaissent encore le sommeil» ».
La journaliste relève que « les salariés seraient, d’après l’Institut national du sommeil et de la vigilance, 20 à 40% à se plaindre à la médecine du travail de passer de mauvaises nuits. Résultat, souligne une étude de Qapa News, 77% des Français (presque 4 sur 5) ne se sentent pas prêts à entamer chaque matin une nouvelle journée de travail, soit 9 points de plus en quatre ans ! Plus de 60% ont envie de dormir au boulot… ».
Virginie de Kerautem rappelle qu’« avec une bonne nuit de sommeil, alternant phases de sommeil lent, profond et paradoxal pendant laquelle le cerveau se décharge à travers rêves ou cauchemars, on est censé se réveiller reposé. Contrairement à ce que croient 13% des 25-45 ans (Inserm), «non, dormir n’est pas une perte de temps, assène Mélanie Gillant, infirmière pour le service de prévention et de santé au travail Thalie. Le cerveau en a besoin» ».
La journaliste observe que « si 70% des êtres humains ont […] besoin de dormir 7 à 8 heures au quotidien, rappelle Karim Takhi, médecin pour le Service interentreprises de santé au travail de la boulangerie, 10 à 20% ont besoin de 9 à 10 heures et 5 à 10% n’ont besoin que de 4 heures à 5 heures ! Et plus on vieillit, moins on a besoin de sommeil ».
Le médecin souligne ainsi : « Il est nécessaire de respecter sa chronobiologie. Le corps est rythmé par des choses qui nous conditionnent au réveil ou au sommeil ».
Virginie de Kerautem explique que « la baisse de luminosité, par exemple, stimule la sécrétion de mélatonine, une hormone qui va déclencher l’endormissement. Sa production chute jusqu’au petit matin et cesse au réveil, lorsque la lumière revient. Or, comme cela est répété par les professionnels de santé, la lumière bleue des écrans (téléphone, ordinateur, téléviseur) bloque la sécrétion de mélatonine et perturbe donc fortement la qualité du sommeil ».
La journaliste note en outre que « pour surmonter les baisses de régime la journée, certains n’hésitent pas […] à s’octroyer une pause sieste. […] Si quelques entreprises ont installé des endroits spécifiques pour se reposer, d’autres voient la sieste d’un mauvais œil, sans parler des salariés qui n’osent pas s’assoupir aux sus et aux vues de leurs collègues et managers. Pourtant, la sieste d’une vingtaine de minutes est de plus en plus plébiscitée. Et pour cause ! Selon une étude de la Nasa, elle améliore les performances de 34% ».

« Pourquoi lire des histoires aux bébés prématurés ? »

Date de publication : 14 mars 2024

Le Point

Le Point publie un texte de Cécile Boulaire, maîtresse de conférences en littérature pour la jeunesse, Université de Tours, pour The Conversation, qui explique qu’« aux États-Unis, des services de néonatologie mettent en place des programmes de lecture pour les bébés prématurés. La France aussi commence à développer ce type d’initiatives ».
Elle note ainsi qu’« au Centre hospitalier universitaire de Nantes par exemple, une petite bibliothèque d’albums est à la disposition des parents de prématurés. À Amiens, ce sont les psychiatres de liaison qui viennent lire des histoires aux bébés. Ailleurs, des bénévoles ou des salariés d’associations se relaient. À Tours, un petit groupe réunissant bibliothécaires, lectrice salariée et chercheuse vient chaque semaine partager des histoires dans le service ».
Cécile Boulaire indique que « l’idée peut paraître d’abord saugrenue, aux parents comme aux soignants : pourquoi lire aux bébés des récits qu’ils sont bien trop petits pour comprendre ? Cependant, la mise en place de ces programmes repose sur des motivations rationnelles. Elles s’appuient sur l’importance des soins dits «de développement», qui recouvrent tout ce qui, au sein de ces services de grande technicité, ne sert pas prioritairement à faire survivre l’enfant mais l’engage dans son développement ultérieur ».
Elle rappelle qu’« un bébé qui naît avec beaucoup d’avance peut être conduit à passer de longues semaines dans un service hospitalier dans lequel le bruit, la lumière, un excès ou un défaut de stimulation peuvent gêner son développement. De là, le risque qu’il manifeste des difficultés directement liées à ses conditions d’hospitalisation ».
Cécile Boulaire explique que « les soins de développement s’intéressent à tout son environnement : sa position dans son incubateur, son environnement sensoriel (lumière, sons), son soutien affectif. Des études extrêmement rigoureuses ont ainsi montré que la présence des parents est bénéfique au développement du bébé, et qu’il faut tout faire pour encourager cette présence ».
« On a aussi pris conscience du soutien que pouvait apporter la musique, surtout si elle est chantée par les parents. Ce faisant, c’est l’importance fondamentale de la voix des parents, et en particulier de la mère, qui a intéressé les chercheurs : on incite désormais fortement les parents à parler et chanter à leur bébé. C’est dans ce cadre que sont apparues les premières manifestations d’intérêt pour la lecture en néonatologie »,
 relève la maîtresse de conférences.
Elle explique notamment que « la lecture à haute voix, proposée aux bébés lors de leurs brefs moments d’éveil calme, accompagne les parents dans la construction de leur lien à leur enfant. La musicalité des textes sollicite ses compétences auditives : le rythme d’une comptine, la variation d’intensité de la voix lisante tranchent sur l’environnement sonore pauvre de l’unité néonatale, et il n’est pas rare qu’à cette écoute, le bébé ouvre un œil, arrête un mouvement, tourne la tête ».
Cécile Boulaire précise que « si les premières lectures peuvent être faites par des intervenants (soignants, ou extérieurs au milieu médical), laisser les livres dans les chambres permet ensuite aux parents de reprendre seuls les albums, dans des moments d’intimité, et les partager à leur tour avec leur bébé ».
Elle ajoute qu’« implanter des programmes de lectures d’albums pour enfants dans un service de néonatologie ne tombe pas sous le sens, mais a montré son intérêt. Même les soignants reconnaissent que le climat change dans les chambres, et que les histoires lues aux bébés qu’ils et elles soignent leur permettent de voir leurs petits patients sous un autre jour. La présence des livres aide les parents à sortir de leur sidération et à se projeter vers l’avenir ».

« Le burn-out peut frapper très tôt : trentenaires et déjà « cramés » »

Date de publication : 22 mars 2024

Le Monde

Margherita Nasi observe dans Le Monde qu’« en France, de 5% à 10% de la population active souffrirait de cette forme extrême d’épuisement. Les jeunes actifs sont loin d’être épargnés, le début de la vie professionnelle constituant une période particulièrement à risque ».
La journaliste évoque ainsi les travaux de Philippe Zawieja, psychosociologue du travail, qui « identifie différents moments à risque dans une carrière professionnelle, à commencer par l’entrée dans la vie active ».
Ce dernier observe : « Les jeunes peuvent faire l’expérience d’une désillusion face à un métier longtemps fantasmé. Notamment quand les entreprises affichent des valeurs qui sont ensuite bafouées au quotidien, engendrant ainsi une souffrance éthique chez leurs recrues ».
Margherita Nasi relève que « le consultant note également un pic de burn-out après dix ans d’expérience, autour de la trentaine, en raison de paramètres démographiques ». Philippe Zawieja explique que « c’est le moment où on commence à avoir des enfants, où les premiers couples se séparent. Le risque diminue ensuite avec l’ancienneté ».
La journaliste indique notamment que « le Credir – une ONG spécialisée dans la prévention de l’épuisement – organise depuis dix ans des stages pour prévenir ou sortir du burn-out, et accueille un public de plus en plus jeune ».
Son directeur, Jean-Denis Budin, remarque ainsi que « la pandémie s’est accompagnée d’un essor des loisirs numériques, qui ont un impact néfaste sur la qualité du sommeil, en particulier chez les jeunes ».
Margherita Nasi note que « M. Budin évoque également une forme de «procrastination du sommeil», notamment chez les jeunes mères ». Il déclare qu’« elles ont des journées extrêmement chargées, et quand elles ont couché les enfants, au lieu de se reposer, elles vont sur les réseaux sociaux pour renouer avec une vie sociale qu’elles n’ont plus ».
La journaliste observe par ailleurs que « les femmes sont également plus présentes dans les métiers à risque, «à savoir les professions en contact avec un public fragile, ou socialement dévalorisées», précise Philippe Zawieja. Le psychosociologue regrette l’absence d’une «maison du burn-out» ».
Il explique : « Calquée sur le modèle des maisons de santé, une institution de ce type, financée par les pouvoirs publics, pourrait accueillir en ville toutes les victimes de burn-out, avec une prise en charge pluridisciplinaire ».
Margherita Nasi remarque ainsi que « pour l’instant, les seules initiatives destinées à prendre en charge cet épuisement professionnel sont organisées par des employeurs, des syndicats ou des particuliers, souvent passés eux-mêmes par le burn-out ».

« Procrastination : et si c’était le signe d’un trouble de l’attention ? »

Date de publication : 25 mars 2024

Le Figaro

Stéphany Gardier évoque dans Le Figaro la procrastination, « un trait de personnalité répandu, certes stressant pour l’intéressé(e) et potentiellement agaçant pour son entourage, mais qui n’a rien de pathologique au sens propre. Sauf… si ce comportement est en réalité la manifestation d’un trouble de l’attention. C’est du moins le message subtilement distillé via les réseaux sociaux […] par différentes entreprises proposant des programmes pour en finir avec la procrastination ».
La journaliste observe que « certains sites proposent même à l’internaute dans le doute d’évaluer la gravité du problème en 1 minute ! Un temps record pour obtenir son «niveau de symptômes du TDAH (trouble-déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, NDLR)» et même le type de TDAH détecté. Du pur «business», met en garde le Dr Hervé Caci, pédopsychiatre aux Hôpitaux pédiatriques de Nice CHU-Lenval et spécialiste du TDAH ».
Le médecin remarque qu’« on peut certes dépister un TDAH chez l’adulte en utilisant un autoquestionnaire validé par l’OMS. Mais le diagnostic doit être confirmé par un clinicien. Celui-ci pourra notamment prendre en compte les autres pathologies susceptibles d’accompagner le TDAH, afin de mettre en place une stratégie thérapeutique cohérente ».
Stéphany Gardier relève qu’« associé spontanément à l’enfance, le TDAH concerne pourtant aussi les adultes, chez qui le diagnostic peut être tardif. Un certain nombre d’enfants, les filles en particulier, parviennent à mettre en place – souvent inconsciemment — différents ajustements pour vivre avec leur TDAH sans que cela ne pose de problèmes majeurs dans leur quotidien ».
« Mais arrivés à l’âge adulte, il ne leur est pas toujours possible de continuer à compenser ce qui n’apparaissait jusque-là que comme des traits de caractère : la difficulté à rester concentré, l’agitation incessante, les oublis fréquents, l’impulsivité… Se pencher sur un dossier à la dernière minute peut fonctionner quand on est efficace dans l’urgence, mais si la capacité de travail diminue, cette stratégie ne fonctionne plus : les retards s’accumulent et la mécanique se grippe », 
poursuit la journaliste.
Stéphany Gardier observe que « certains patients peuvent être soulagés par le diagnostic de TDAH, mais l’annonce peut aussi être mal vécue ».
Christine Gétin, fondatrice et directrice de l’association HyperSupers TDAH France, souligne qu’« il est donc important qu’elle soit faite par un professionnel de santé formé, pour bien faire passer le message. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons toujours refusé de publier des tests et échelles, même validés, sur le site de notre association ».

« Dépression post-partum : les pères aussi en souffrent »

Date de publication : 26 mars 2024

Le Monde

Julien Lemaignen explique en effet dans Le Monde que « les psychiatres commencent à cerner les difficultés psychiques des hommes survenant autour de la naissance de leur enfant ».
Le journaliste relève ainsi que « la cohorte Elfe, qui suit 18.000 enfants nés en France en 2011, a permis d’en estimer la prévalence. La dépression post-partum concernerait 5% des pères contre de 15% à 16% des mères, selon une étude publiée dans The Lancet Public Health en janvier 2023, consacrée aux effets du congé paternité sur la santé mentale des parents. Le questionnaire EPDS – pour « Edinburgh Postnatal Depression Scale » – a été soumis à 13.000 mères et à 11.000 pères deux mois après la naissance ».
Maria Melchior, directrice de recherches à l’Inserm et coautrice, remarque que « la politique des “mille premiers jours” implique en principe un dépistage assez large de la dépression post-partum maternelle ; que les pères aussi puissent aller moins bien, c’est moins repéré ».
Cécile Corfdir, psychiatre au groupe hospitalo-universitaire Paris psychiatrie et neurosciences (GHU Paris), note pour sa part que « les symptômes de la dépression paternelle sont moins évidents ». Julien Lemaignen indique que « d’après elle, les signes évocateurs d’une dépression chez la mère sont surtout l’anxiété, les doutes quant aux capacités maternelles ainsi qu’une forte anticipation de l’avenir ; pour les pères, il s’agit souvent d’irritabilité, d’anhédonie – la perte du plaisir dans les activités qui en procurent habituellement – et une augmentation de consommation de toxiques ».
Le journaliste poursuit : « Parmi les facteurs de risque, Lucie Joly, psychiatre spécialiste de la périnatalité à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), cite les antécédents psychiatriques, une situation sociale précaire, les traumas infantiles et les difficultés professionnelles. Ces facteurs de risque sont proches de ceux de la dépression post-partum des mères ».
« Lucie Joly ajoute que le soin consiste essentiellement à déconstruire « les croyances paternelles dysfonctionnelles comme “je ne serai jamais un bon père, jamais capable d’élever un enfant” », 
relève Julien Lemaignen.
Le journaliste observe qu’« en général, «trop peu d’hommes sont préparés à l’accouchement», déplore Mme Joly. La psychiatre se désole aussi de la persistance du «stéréotype de l’homme fort» à cause duquel les difficultés psychiques des pères «restent un tabou, alors que l’on sait traiter la dépression et que plus on la prend en charge tôt, plus c’est facile et moins elle a d’impact sur le bébé» ».
Romain Dugravier, psychiatre GHU Paris et chef de service au centre de psychopathologie périnatale de l’Institut Paris Brune (CPPB), indique quant à lui que « les pères ont longtemps été pensés comme des tiers séparateurs de la relation mère-bébé. Aujourd’hui, ils expriment la demande forte d’être présents, ce que le congé paternité a encouragé ».

« Eva Menard, la musique comme thérapie »

Date de publication : 27 mars 2024

La Croix

Dans le cadre de la Journée annuelle d’information et de sensibilisation à l’épilepsie, Florence Pagneux explique dans La Croix qu’« Eva Menard, musicienne de 39 ans, est à l’origine d’un groupe de recherche sur les effets de la musique pour atténuer les crises d’épilepsie. Cette maladie, dont elle souffre, est encore largement taboue ».
La journaliste indique ainsi qu’« inspiré de « l’effet Mozart », le projet Epilepsia Waves […] propose d’expérimenter la création musicale, comme traitement complémentaire pour les personnes épileptiques ».
Florence Pagneux précise tout d’abord : « Elle a longtemps gardé pour elle ses tempêtes intérieures. Lors de sa première crise d’épilepsie, à 14 ans, Eva Menard est prise d’hallucinations visuelles et auditives, lui donnant l’impression de se voir hors de son corps. «Je me suis pensée folle, j’ai eu honte et je n’en ai parlé à personne.» Sauf que les crises reviennent, quelques années plus tard, et finissent par devenir beaucoup plus fréquentes. Elle finit par consulter un neurologue, sur les conseils d’une ostéopathe, qui pose enfin le diagnostic d’épilepsie 10 ans après sa première crise ».
Eva Menard souligne que « c’est une maladie tellement méconnue et taboue que je n’en connaissais pas les symptômes, qui peuvent être très divers d’une personne à l’autre. […] J’ai essayé un médicament qui n’a pas fonctionné, comme pour nombre de malades, et j’ai été obligée d’adapter mon mode de vie à cette maladie ».
Florence Pagneux explique qu’« elle est parvenue à diminuer la fréquence de ses crises en adoptant une hygiène de vie irréprochable et en pratiquant régulièrement la méditation ».
La journaliste indique donc qu’Eva Menard « est à l’origine du programme Epilepsia Waves, qui consiste à tester un répertoire musical susceptible d’atténuer la fréquence et l’intensité des crises d’épilepsie, en complément de traitements classiques ».
La musicienne déclare que « ce sera la première fois qu’une recherche va s’intéresser à l’effet Mozart sur l’épilepsie en France ».
Florence Pagneux observe que « des recherches menées à l’étranger ont en effet déjà démontré les effets bénéfiques de la sonate K448 du célèbre compositeur autrichien sur l’activité cérébrale. Ce programme inédit réunit une équipe pluridisciplinaire mêlant le Pr Fabrice Bartolomei du CHU de Marseille, l’experte en innovation santé Aude Nyadanu, un groupe de compositeurs du collectif Øpera et un musicologue, Pierre-Henri Dutron, spécialiste de Mozart ».
La journaliste explique qu’« une première phase va consister à recruter des patients volontaires pour tester des répertoires musicaux, et une seconde conduira à une étude clinique dans plusieurs hôpitaux ».

Revue de presse santé psy – février 2024

« Le daridorexant, un nouveau somnifère porteur d’espoir »

Date de publication : 5 février 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui observe que « 4 millions de Français souffrent d’insomnies à des degrés divers. Les médicaments sont-ils la solution ? L’arrivée d’un somnifère dernière génération relance le débat ».
Brigitte Fanny Cohen rappelle ainsi que « si les troubles du sommeil durent depuis plus de 3 mois, au moins trois fois par semaine, avec des difficultés au quotidien – fatigue, manque de concentration, irritabilité, somnolence -, on parle d’insomnies. Il faut alors consulter pour identifier leurs causes ».
« Elles sont nombreuses : certaines maladies comme la dépression, les apnées du sommeil, le syndrome des jambes sans repos… Mais aussi certains médicaments comme la cortisone ou des excitants pris avant de dormir comme le thé, le café ou l’alcool… Ou encore la lumière bleue des tablettes et autres smartphones qui perturbe la production de mélatonine et l’endormissement », 
indique la journaliste.
Elle explique que « soigner la cause permet le plus souvent de traiter l’insomnie. Parfois, on ne retrouve pas de raison bien identifiée aux insomnies chroniques qui représentent un véritable cauchemar pour ceux dont elles hantent les nuits ».
Brigitte Fanny Cohen observe que « les somnifères sont assez décriés et ne sont prescrits, en principe, que sur des périodes courtes : 28 jours maximum, pour aider à passer un cap difficile. […] Selon la Haute Autorité de santé, plus d’un quart des plus de 65 ans […] prennent des somnifères au long cours, 7 mois en moyenne mais parfois durant des décennies ».
Le Dr Patrick Lemoine, psychiatre, docteur en neurosciences, remarque en effet qu’« ils provoquent une dépendance inefficace et toxique : inefficace car ils ne guérissent pas les insomnies et toxique car ils entraînent de nombreux effets secondaires ».
Brigitte Fanny Cohen relève qu’« un nouveau somnifère (le daridorexant) sera commercialisé en mars 2024 en France. Il apporte une lueur d’espoir avec son mécanisme d’action différent des autres. Cet hypnotique de dernière génération s’attaque à l’orexine, une hormone qui intervient dans le sommeil mais aussi dans le contrôle du poids ».
Le Dr Damien Léger, directeur du Centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), explique qu’« il bloque les récepteurs des neurones qui fabriquent l’orexine. En cela, il favorise un endormissement plus rapide et augmente le temps de sommeil. Il améliore aussi l’éveil, le jour suivant, ce qui est totalement nouveau pour un somnifère. Dans les études, il n’a pas provoqué plus d’effets secondaires que le placebo ».
La journaliste observe que « l’arrivée de ce nouveau médicament risque de provoquer un raz de marée de prescriptions, ne respectant pas toujours les indications ».
Le Pr Léger souligne que « sa mise sur le marché sera encadrée par la Haute Autorité de santé, avec une étude pour savoir qui prend ce médicament et avec quels effets. Je la coordonne et nous allons être très vigilants : il ne s’agit pas de la pilule miracle pour dormir ».

« Loi contre les dérives sectaires : l’incitation à ne pas suivre un traitement médical sera-t-elle sanctionnée ? »

Date de publication : 6 février 2024

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui fait savoir que « les ordres des professionnels de santé appellent les députés à réintroduire dans le projet de loi le délit initialement prévu mais retiré lors de l’examen au Sénat. La rapporteuse du texte à l’Assemblée nous présente les « garde-fous » qu’elle compte proposer pour tenir compte des réserves du Conseil d’État ».
Nicolas Berrod explique que « dans sa version initiale, [l’article] prévoyait de punir d’un an de prison et de 15.000 euros d’amende «la provocation à abandonner ou à s’abstenir de suivre un traitement médical, lorsque cela est présenté comme bénéfique pour la santé des personnes visées alors que [cela] est, en l’état des connaissances médicales, manifestement susceptible d’entraîner des conséquences graves pour leur santé physique ou psychique» ».
« Mais le Sénat l’a provisoirement supprimé fin décembre, tandis que le Conseil d’État avait émis des réserves dès le mois de novembre »
, rappelle la journaliste.
Elle indique qu’« interrogés mardi 24 janvier à l’Assemblée, les représentants des principaux ordres professionnels (médecins, kinés, chirurgiens-dentistes, podologues, etc.) ont « unanimement » plaidé pour réinstaurer un tel délit ».
Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom), déclare ainsi : « On reçoit chaque jour des signalements et il existe déjà l’escroquerie et l’exercice illégal de la médecine, mais l’interdiction de faire de la propagande permettrait d’englober d’autres situations ».
Nicolas Berrod relève que « dans son avis, le Conseil d’État a pourtant estimé qu’une telle mesure n’était «ni nécessaire ni proportionnée». Parmi leurs arguments, les juges estiment qu’«il convient de garantir un équilibre entre les droits constitutionnels, afin, notamment, de ne pas remettre en cause la liberté des débats scientifiques et le rôle des lanceurs d’alerte». Or une atteinte à la liberté d’expression doit être «nécessaire, adaptée et proportionnée à l’objectif poursuivi», ce qui ne serait pas le cas ».
Le journaliste note que « la balle est désormais dans le camp des députés. [L’article] pourrait être rédigé différemment pour prendre en compte les remarques du Conseil d’État et limiter le risque de dérives. Car certains traitements, rejetés par la communauté scientifique dans un premier temps, peuvent finir par prouver leur efficacité sur la base de nouvelles études, par exemple ».
Brigitte Liso (Renaissance), rapporteuse du texte, évoque « 4 critères : que la personne soit malade, qu’il y ait une incitation à abandonner les soins, que cela entraîne un risque manifeste pour la santé et avec des conséquences graves ».

« « J’ai régulièrement envie d’en finir » : ces jeunes adultes de plus en plus affectés par des pensées suicidaires »

Date de publication : 6 février 2024

Le Parisien
Le Figaro
Le Monde

Léo Aguesse relaie dans Le Parisien « une nouvelle illustration, s’il en fallait encore une, d’une détérioration de la santé mentale des jeunes adultes. Les pensées suicidaires ou tentatives de suicide des 18-24 ans ont fortement augmenté depuis le Covid, dévoile […] le dernier baromètre de Santé publique France ».
Le journaliste retient que « les pensées suicidaires ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 chez les jeunes (passant de 3,3% à 7,2% en 2021) et les tentatives de suicide déclarées au cours de la vie ont augmenté de 50% par rapport à 2017 (de 6,1% à 9,2%) ».
Il cite notamment Arthur, 23 ans, dont « les phases de déprime ont toujours fait partie du quotidien » : « Je souffre depuis que je suis jeune du syndrome du côlon irritable, une maladie qui n’est pas grave mais très inconvenante. J’ai régulièrement envie d’en finir pour ne plus avoir mal ».
Léo Aguesse observe que « les mauvaises nouvelles qui s’accumulent depuis l’an passé le tirent vers le bas. «Une série d’évènements difficiles» pour Arthur, parmi lesquels plusieurs décès de proches et une séparation avec son ancienne compagne ».
Le jeune homme souligne : « Je suis clairement tombé dans une longue dépression, avec des envies suicidaires plus fortes qu’habituellement ».
Concernant cette étude, Léo Aguesse explique que « les racines du mal, multifactorielles, sont souvent les mêmes. Parmi les causes principales «figurent régulièrement la rupture amoureuse, les problèmes familiaux ou encore la perte d’emploi», souligne la psychologue Jessica Sautron. Mais cette préoccupation des jeunes adultes sur leur santé mentale est «nouvelle», relève la spécialiste, qui constate que la parole se libère ».
Le journaliste poursuit : « Les patients qu’elle reçoit dans son cabinet pointent bien souvent un «contexte sociétal assez morose», une «perte de sens» ou encore un «manque de perspectives d’avenir». Les réseaux sociaux, sorte de miroir déformant de la société, peuvent également participer à l’apparition d’un état dépressif ».
Léo Aguesse conclut que « la psychologue rappelle l’importance de la prévention, de «poser des questions autour de soi». Puis, lorsque les troubles dépressifs sont confirmés, il devient nécessaire de «se tourner vers la psychiatrie» et les structures existantes ».
Le Figaro remarque pour sa part que « près de 10% des jeunes femmes ont eu des pensées suicidaires en 2021 ».
Soline Roy explique aussi que cette « étude de Santé publique France montre une forte hausse des pensées suicidaires et des tentatives de suicide chez les 18-24 ans, en particulier chez les jeunes femmes ».
La journaliste souligne que « cette étude «confirme la détérioration de la santé mentale des jeunes adultes observée par ailleurs à partir des données de passage aux urgences et d’hospitalisation», écrivent les auteurs ».
Soline Roy ajoute que « ces hausses [de tentatives de suicide et d’idées suicidaires chez les jeunes adultes] pourraient également être partiellement attribuables à une «ouverture de la parole sur les questions de santé mentale» ».
« Des progrès restent cependant à faire dans la prise en charge : tous âges confondus, «un peu moins de 6 personnes ayant tenté de se suicider sur dix (57%) estimaient avoir reçu le soutien nécessaire pour s’en sortir lors de leur dernière tentative de suicide» »,
 souligne la journaliste.
Le Monde évoque également cette « forte hausse des pensées et des tentatives de suicide des jeunes adultes français ».
Le journal note que « ces résultats «constituent un changement important, puisque [les pensées suicidaires] étaient inférieures ou comparables [à celles des] autres tranches d’âge de la population dans les baromètres santé qui ont précédé la pandémie de Covid-19», rappelle l’agence de santé publique. Cette inversion de tendance vient «confirmer la progression importante du mal-être chez les plus jeunes» ».

« Psychédéliques : une première étude menée en France avec la psilocybine »

Date de publication : 12 février 2024

Le Figaro

Soline Roy évoque dans Le Figaro cette « étude pionnière en France sur la psychothérapie assistée par psilocybine, la substance active des champignons hallucinogènes ».
« Menée à l’Hôpital de réadaptation, de rééducation et d’addictologie du Grau-du-Roi (Gard) sur 30 patients atteints de troubles de l’usage de l’alcool associés à la dépression, celle-ci va tout d’abord étudier «la faisabilité et l’acceptabilité» du traitement avant qu’il ne soit éventuellement évalué sur une plus grande cohorte »
, précise la journaliste.
La Dr Amandine Luquiens, psychiatre addictologue au CHU de Nîmes, explique : « Nous incluons des patients dont l’addiction est sévère et chez qui les signes de dépression restent présents après le sevrage, ce qui est un gros facteur de risque de rechute ».
Soline Roy rappelle ainsi qu’« en moyenne, près de la moitié des patients alcoolodépendants rechutent dans les 6 mois suivant une cure de sevrage, et un tiers des patients dépressifs sont résistants aux traitements actuels ».
Elle note que « les psychédéliques ont plusieurs avantages sur les médicaments antidépresseurs, qui justifient le regain d’intérêt des médecins à leur endroit. Ces produits qui modifient l’état de conscience semblent efficaces en une ou deux prises, de façon immédiate et persistante. Ils agissent sur les récepteurs de la sérotonine, un neurotransmetteur notamment impliqué dans la gestion des humeurs et de l’anxiété, et induisent une altération profonde des perceptions et de la conscience, indique l’Inserm ».
Soline Roy relève notamment que « dans le cadre d’une étude récemment publiée dans Scientific Reports, des chercheurs new-yorkais ont fait passer des IRM à 11 patients dépendants à l’alcool, 3 jours avant d’avoir bénéficié d’une psychothérapie assistée par psilocybine, puis 2 jours après. Ils montrent des modifications de l’activité cérébrale qui «suggèrent une meilleure action dirigée vers un but, une meilleure régulation émotionnelle et une diminution de l’état de manque» ».
La journaliste souligne que « le maniement des psychédéliques nécessite […] un encadrement étroit de la part de l’équipe médicale. Chaque session doit avoir lieu dans un environnement chaleureux et rassurant, avec un accompagnement des soignants qui doivent rester auprès du patient tout au long de l’expérience ».
La Dr Luquiens remarque ainsi que « c’est chronophage pour les soignants, mais si cette stratégie s’avère efficace, elle pourrait être efficiente car en seulement deux prises le patient pourrait entrer en rémission ».
Soline Roy explique que « les patients, sevrés d’alcool depuis au moins 2 semaines, recevront de la psilocybine à deux reprises, à 3 semaines d’intervalles ». La Dr Luquiens précise : « Ils resteront hospitalisés pendant 4 semaines. Nos patients peuvent avoir des complications liées au sevrage et sont vulnérables psychologiquement ».
La journaliste note que « la prise de psilocybine est associée à une prise en charge psychothérapeutique avant, pendant et après la session ».
Soline Roy observe que « la psilocybine agit une quarantaine de minutes après la prise et son effet dure 6 heures, pendant lesquelles le patient, allongé sur son lit, les yeux masqués, doit être sollicité le moins possible : l’expérience psychédélique est un voyage intérieur que rien ne doit venir perturber ».
La journaliste précise que « la molécule a reçu une autorisation spéciale de l’Agence du médicament dans le cadre de cette étude, et est conditionnée en gélules au sein de la pharmacie de l’hôpital ».
Soline Roy ajoute qu’« en France, d’autres essais du même type sont prévus par d’autres équipes, avec de la psilocybine et une autre molécule issue de l’ergot de seigle : le fameux LSD. Ils signent le grand retour de la médecine psychédélique. Avant d’être détournées à des fins récréatives, ces substances avaient en effet été développées comme médicaments contre la dépression, l’anxiété ou la dépendance à l’alcool ».

« Dans la tête de Lise, aux personnalités multiples : « J’en ai voulu à mes 30 alters de me voler ma vie » »

Date de publication : 12 février 2024

Le Parisien

Dans Le Parisien, Julie Cloris brosse le portrait de cette « jeune femme [qui] a fait la paix avec sa multiplicité, après des années destructrices. « Vivre » avec plusieurs personnalités, soit des idées, des souvenirs et des goûts différents, serait le lot de 1,1 à 1,5% de la population », note la journaliste.
Julie Cloris explique que « Lise présente un « trouble dissociatif de l’identité » (TDI), ou « trouble de la personnalité multiple ». […] Pour Lise, de subtiles modulations dans la voix trahissent la « présence » d’un alter, mot qui vient de l’expression « état alternatif de conscience », mais qui s’est imposé dans l’esprit collectif comme « un autre » ».
Lise indique : « Moi, j’ai deux co-hôtes et plus de 30 alters, ils ne sont pas tous actifs. Mes deux co-hôtes se ressemblent beaucoup, on a la même façon de penser, une manière comparable de naviguer dans la vie ».
Elle précise : « C’est un état étrange, bizarre, parasite. On semble lunatique mais à l’intérieur, c’est encore plus incohérent. Parfois on ne se voit pas faire les choses, parfois on a des envies contraires. Ce n’est pas toujours concret : on est surtout tiraillé ».
Julie Cloris note que « la jeune femme ne sait pas quand ce flou s’est imposé en elle. «Ado, je croisais des gens qui me connaissaient, et je n’avais aucune idée de qui ils étaient. Des objets, des vêtements, apparaissaient dans ma chambre», relate-t-elle. Elle ressent «des difficultés relationnelles et physiques, beaucoup d’angoisse et d’anxiété». Lise ne se sent pas en confiance dans sa famille pour parler, elle doute, souffrant en silence ».
La jeune femme évoque « la guerrière » : « La première que j’ai conscientisée, [elle] est très différente de moi. Elle se tient très droite, les épaules redressées. Elle a une voix grave et posée. Elle est froide et rationnelle, son rythme cardiaque est stable. Quand je dis aujourd’hui que je suis multiple, il suffit qu’elle se montre pour que les gens me croient, c’est un peu ma bête de foire ».
Elle évoque aussi « la fulgurante », qui « est une tornade, elle veut ressentir pleinement les choses, faire la fête, manger des trucs sympas. Elle aime le contact, elle est très bavarde. Si elle n’a rien à faire, elle peut être frustrée et débarquer à 3 heures du matin ».
Julie Cloris explique que « pendant des années, ces deux antagonistes se sont fait la guerre. […] Entre «désespoir et résignation», Lise enchaîne les crises d’angoisse, les «crashs émotionnels», les douleurs physiques. Qu’elle travaille à la chaîne dans une usine de jour, comme vendeuse ou comme serveuse dans un bar de nuit, sa vie est une succession de hauts et de bas ».
« Lise s’enfonce dans une profonde dépression ; seule la guerrière surnage, elle traîne tout le monde chez une psychiatre. À la thérapeute, Lise dit entendre des voix dans sa tête. Des tests permettent d’écarter la schizophrénie. Vient alors le diagnostic de trouble dissociatif de l’identité »,
 indique la journaliste.
Elle relève que « faute de spécialiste pour la suivre au long cours, la jeune femme doit se débrouiller seule. Une grande aventure commence, qui passe, dit-elle, par le dialogue entre tous ses « moi » ».
Lise précise : « Au début du processus, on pensait vraiment qu’on était moins de dix, c’étaient en fait les alters les plus actifs. Il y avait beaucoup de mésentente entre nous, de peurs, de rejet. Je leur en ai voulu de me voler ma vie, de mettre fin à des relations, de semer le bazar. Il a fallu du temps pour que les choses s’apaisent, et on a réussi. On s’entend relativement bien maintenant, on s’entraide ».
Julie Cloris observe que « la reconnaissance d’un handicap physique lui permet de percevoir l’allocation avec laquelle elle vit. Et de se consacrer au bénévolat, la seule activité où elle peut adapter ses horaires et sa charge de travail à son état de fatigue ».

« Dans le Finistère, une psychiatrie efficace qui a « le souci de l’autre » »

Date de publication : 13 février 2024

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération que « tout n’est pas absolument pourri dans le royaume de la psychiatrie. Il y a ainsi des endroits où l’on ne manque pas de psychiatres ni d’infirmières, où les uns comme les autres sont contents de travailler, et où les patients sont non seulement pris en charge, mais bien pris en charge. Et cela se passe dans le Finistère, à Landerneau ».
Le journaliste se penche ainsi sur ce « service reposant sur la psychothérapie institutionnelle. Un lieu qui existe depuis une trentaine d’années, et qui satisfait patients comme médecins ».
Il cite la Dre Delphine Glachant, qui « a trouvé il y a un peu plus d’un an un poste à l’hôpital de Landerneau. Dans l’histoire de la psychiatrie publique, c’est un lieu qui n’est pas anodin, où depuis plus d’une trentaine d’années, on y pratique, à l’initiative du Dr Jean-Michel de Chaisemartin, une prise en charge humaniste, ouverte, en réseau, reposant sur ce que l’on appelle la psychothérapie institutionnelle. Et cela marche ».
La psychiatre observe dans la revue Pratiques : « Au-delà de la gentillesse des uns et des autres, une véritable culture de l’accueil est travaillée, qui traverse les patients et le personnel. […] A Landerneau, on fait de la psychiatrie de secteur, de la vraie, celle où tout le monde circule, patients, soignants, d’une unité à l’autre, vers la ville, vers la mer. Plus de dix gîtes [séjours thérapeutiques, ndlr] s’organisent chaque année, y compris pour aller à la pêche… Les personnes, les biens, la parole circulent ».
Elle ajoute que « la continuité d’être n’est pas qu’une formule. C’est un souci de l’autre. Quand quelqu’un commence à décompenser, on en aura tellement parlé au cours de plusieurs synthèses successives que lorsqu’il arrive sans prévenir au centre médico-psychologique, ça va de soi qu’il est accompagné à l’hôpital, tranquillement, où là-bas, il est attendu et accueilli ».
La Dre Glachant précise : « Pour moi, il y a une foule de facteurs qui nous permettent ce travail. Il y a au départ un projet de gens qui se sont engagés. L’air de rien, c’est une vision de soins très politiques. Les patients sont présents, dans la boucle. On pense que le soin, cela passe aussi par leur émancipation ».
La psychiatre souligne cependant que « notre secteur subit comme partout les méfaits des politiques de santé. L’établissement mène notamment une politique de contractualisation qui précarise et fragilise les personnels. Ils restent en CDD des années, ne sont stagiairisés qu’au bout de six, huit ans ».
« Ce mois-ci, le dispositif d’alarme du travailleur isolé [DATI], mis en place dans les services de psychiatrie après le double homicide [à l’hôpital psychiatrique] de Pau en 2004, est arrivé dans le service alors que jusque-là, les équipes s’en étaient passées. Ressentir ce besoin, c’est mauvais signe, et l’arrivée du DATI en lui-même modifie l’ambiance. Cela témoigne de situations dans lesquelles l’équipe se sent en insécurité »,
 ajoute la Dre Glachant.
Elle conclut néanmoins : « J’ai retrouvé un plaisir à travailler qui me fait beaucoup de bien. Il y a, il peut, y avoir plein de Landerneau dans la psychiatrie publique ».

« Femmes, hommes : les premières « preuves irréfutables » d’une différence de fonctionnement cérébral entre les sexes »

Date de publication : 20 février 2024

Sciences et Avenir

Camille Gaubert indique en effet dans Sciences et Avenir que « les cerveaux féminins et masculins ne fonctionnent pas tout à fait de la même manière, concluent de nouveaux travaux de l’université de Stanford publiés dans la revue PNAS ».
La journaliste retient que ce « nouveau modèle présenté par les scientifiques de l’équipe de Vinod Menon [professeur en psychiatrie et sciences du comportement à Stanford] affiche un taux de fiabilité inégalé : il parvient à prédire dans 90% des cas si le cerveau observé dans l’enregistrement par IRMf appartient à une femme ou un homme, et ce même en l’utilisant sur des jeux de données différents de celui qui lui a permis de s’entraîner ! Ce dernier compte environ 1.000 enregistrements par IRMf d’adultes de 20 à 35 ans issus du Human Connectome Project ».
Camille Gaubert indique que « ce projet soutenu par les autorités de santé américaines a l’ambition d’identifier les processus de connectivité cérébrale à l’œuvre dans divers troubles et maladies telles que la dyslexie, l’autisme ou la schizophrénie. En se basant sur ce millier d’enregistrements, le modèle d’IA par deep-learning (apprentissage profond) développé tout spécialement par les chercheurs a identifié trois réseaux et zones cérébrales permettant de distinguer les cerveaux féminins et masculins : le striatum, le système limbique – plus précisément le cortex orbitofrontal – et le réseau du mode par défaut ».
Camille Gaubert remarque : « Attention cependant, les scientifiques ne concluent à aucun déterminisme inné. […] Les chercheurs ne savent pas si ces différences entre femmes et hommes sont innées, par exemple dues à des influx hormonaux ou des caractéristiques génétiques, ou si elles sont façonnées tout au long de la vie par les attentes genrées de la société ».
La journaliste conclut que les chercheurs « espèrent que ces découvertes permettront de mieux comprendre, identifier et traiter les troubles et maladies psychiatriques et neurologiques dont la prévalence est nettement plus importante dans un sexe que dans un autre ».
Les auteurs observent ainsi que « le réseau du mode par défaut, le striatum et le système limbique sont également des lieux de dysfonctionnement dans les troubles psychiatriques dont les taux de prévalence sont biaisés entre hommes et femmes, notamment l’autisme, les troubles déficitaires de l’attention, la dépression, la toxicomanie, la schizophrénie et la maladie de Parkinson, qui ont tous des séquelles et des résultats sexospécifiques ».

« « Je nai jamais vu ça » : à Toulouse, le ministre de la Santé dénonce le manque de coopération du privé sur les urgences psychiatriques »

Date de publication : 21 février 2024

Le Parisien

Paul Périé observe en effet dans Le Parisien : « Le ton est ferme, les mots choisis et le message clair. Pour l’une de ses premières sorties médiatiques, le nouveau ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, était en visite au CHU de Purpan à Toulouse, ce mardi ».
Le journaliste explique qu’il a été « alerté par la députée Renaissance de Haute-Garonne Monique Iborra à la suite de deux viols dans la même nuit du 10 au 11 février et du suicide d’un patient hospitalisé aux urgences psychiatriques le 14 février dernier ».
« Après avoir reçu l’ensemble des acteurs publics et privés du secteur, celui qui a présidé pendant 11 ans la Fédération hospitalière de France et «visité des centaines d’hôpitaux» assure qu’il n’avait «jamais vu ça» », 
constate Paul Périé.
Le journaliste précise : « Dans sa ligne de mire, un secteur privé qui, selon lui, ne fait pas sa part, au détriment de la prise en charge des patients. […] Le ministre juge inacceptable de se retrouver dans de telles situations, alors que «des partenaires privés qui portent 75% du nombre de lits, n’acceptent pas des patients qui ne leur conviennent pas» ».
Frédéric Valletoux a ainsi déclaré : « C’est une crise inédite qui montre un paysage inacceptable de ce secteur de la santé mentale, qui ne fonctionne pas dans la métropole toulousaine, et cela depuis des années. J’ai découvert que le public et le privé ne coopèrent pas, des urgences psychiatriques qui pèsent uniquement sur l’hôpital… ».
Paul Périé relève que « s’il a annoncé des mesures de court terme, comme la réouverture de 15 lits accolés aux urgences psychiatriques du CHU de Purpan et la mise en place d’une équipe mobile, le ministre a surtout mis en avant «l’état d’esprit et la mentalité qui doivent changer» ».
Le journaliste ajoute que le ministre « a annoncé l’arrivée prochaine d’une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Celle-ci devra pointer les responsabilités et trouver les moyens pour faciliter cette coopération ».
Paul Périé note en outre que « Frédéric Valletoux s’est aussi montré très ferme, indiquant qu’il allait dorénavant conditionner les autorisations et les financements à la bonne coopération des acteurs ». Ce dernier a souligné que « l’hôpital ne peut pas être le réceptacle de ce que les autres ne veulent pas faire ».

« Dépression, troubles bipolaires… En Île-de-France, on peut tous devenir secouristes en santé mentale »

Date de publication : 21 février 2024

Le Parisien

Elsa Marnette constate dans Le Parisien qu’« alors que près de 30% des Français déclarent avoir présenté un trouble psychique dans l’année, l’Agence régionale de santé [d’Île-de-France] veut encourager la population à se former aux premiers secours dans ce domaine ».
La journaliste explique que ces formations aux premiers secours en santé mentale (PSSM), qui « se développent en France depuis 2018, se pratiquent déjà dans une trentaine de pays, parfois depuis plus de 20 ans ».
Elle note qu’« en 2021, soit après la crise sanitaire et le constat des dégâts qu’elle a occasionnés en matière de souffrance psychique, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont amplifié leur déploiement, avec l’objectif d’atteindre, sur tout le territoire national, 60.000 secouristes formés en 2023 et 150.000 en 2025 ».
« La première étape est franchie et l’ambition affichée a été dépassée : à la fin de l’année, on comptait plus de 90.000 secouristes dans toute la France dont près de 15.000 en Île-de-France », 
relève Elsa Marnette.
La journaliste observe ainsi que l’ARS d’Île-de-France « a débloqué des crédits, soit plus de 385.000 euros pour 2023. Priorité est donnée «aux personnes qui n’ont pas accès à la formation professionnelle continue, par exemple les associations locales du champ de la solidarité, les étudiants», détaille l’ARS, qui dit soutenir également «les formations de formateurs et les universités qui proposent les formations aux PSSM à leurs étudiants» ».
Elsa Marnette cite notamment Elsa, jeune habitante de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), qui « s’investit beaucoup dans la formation ». Elle déclare : « J’ai été confrontée à des personnes qui avaient des troubles psychiques et je n’ai pas su les orienter. […] Peu importe le trouble, nous avons appris la méthode Aérer mise en place par PSSM […] : A pour approcher et évaluer ; E pour écouter activement et sans jugement ; R pour réconforter et informer ; E pour encourager à aller vers des professionnels ; R pour renseigner sur les ressources disponibles (familles, amis…) ».

« Les jeunes sont désormais plus touchés par les idées suicidaires que la population générale, un mal aux causes profondes »

Date de publication : 26 février 2024

Le Monde

Mattea Battaglia et Camille Stromboni constatent en effet dans Le Monde qu’« en pleine crise de la psychiatrie, idées suicidaires et tentatives de suicide sont en hausse chez les 18-24 ans, tandis qu’elles stagnent dans les autres classes d’âge. Crise écologique, guerre, absence de perspectives… Le contexte anxiogène, même s’il n’explique pas tout, pèse sur les esprits des jeunes ».
Charles-Edouard Notredame, psychiatre au CHU de Lille, coordinateur de la ligne d’écoute nationale 3114 de prévention du suicide, souligne ainsi : « Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les discours de “désespérance” et les messages fatalistes ont des conséquences, à un âge où on se construit ».
Les journalistes notent que « le contexte anxiogène, s’il est loin d’expliquer à lui seul le mal-être d’une frange de la jeunesse, pèse sur les esprits. Mais c’est un enchevêtrement de facteurs qui mène certains jeunes jusqu’aux « idées noires » ou à la tentative de suicide. Des jeunes, semble-t-il, de plus en plus nombreux : c’est la tendance dessinée par le baromètre sur le sujet rendu public, le 6 février, par Santé publique France ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni soulignent que « cette enquête, déclarative, menée en 2021 […] auprès d’un échantillon de près de 30.000 personnes de 18 à 85 ans, a mis un coup de projecteur sur la détérioration de la santé mentale des 18-24 ans : les pensées suicidaires déclarées ont été multipliées par plus de 2 depuis 2014 dans cette tranche d’âge, passant de 3,3% à 7,2%. Une évolution d’autant plus marquante que les données pour les autres classes d’âge tendent à stagner, avec une prévalence de 4,2% pour l’ensemble des répondants ».
Les journalistes retiennent que « chez les jeunes majeurs toujours, les tentatives de suicide déclarées les 12 derniers mois ont augmenté de plus de 60% (de 0,7% en 2017 à 1,1% de cette tranche d’âge en 2021) ; celles sur l’ensemble de leur vie de 50% sur la même période (passant de 6,1% à 9,2%). Une rupture au regard des précédents baromètres qui, depuis le début des années 2000, et à intervalles réguliers, donnaient pour cette tranche d’âge des résultats inférieurs ou comparables à ceux des répondants plus âgés ».
Mattea Battaglia et Camille Stromboni remarquent que « sur le terrain, le constat est largement partagé : si le choc du Covid-19 et de ses confinements s’éloigne, la demande de soins, chez les jeunes adultes comme chez les adolescents, ne faiblit pas. Au contraire : services saturés en pédopsychiatrie et en psychiatrie, délais pour accéder à une consultation qui s’allongent (jusqu’à 6 mois après une tentative de suicide, alors qu’un contact avec un médecin dans le mois qui suit est généralement préconisé), chambres sanctuarisées aux urgences pédiatriques pour accueillir les « TS » (tentatives de suicide), lits occupés par des jeunes patients « suicidaires » en pédiatrie… Ni l’hôpital ni la médecine de ville ne voient baisser la vague ».
« Les professionnels le soulignent : les tensions sur le système de soins de premier recours, engorgé de toutes parts, et les prises en charge plus tardives, ont de lourdes conséquences. Car cela ne permet plus de faire de la prévention et de désamorcer les crises », 
continuent les journalistes.

« Une IA parvient à distinguer le cerveau des hommes et des femmes »

Date de publication : 27 février 2024

Le Figaro

Elisa Doré note à son tour dans Le Figaro qu’« un algorithme développé par des chercheurs américains a réussi à déterminer le sexe biologique des personnes à partir de l’analyse de leurs résultats d’IRM. Un défi qui résistait depuis longtemps aux neurologues ».
La journaliste explique : « On savait depuis longtemps que le sexe biologique détermine la production d’hormones par le cerveau. […] Récemment, une équipe de neurologues américains de l’université de Stanford en Californie s’est emparée de la question en misant sur une approche dans l’air du temps : l’intelligence artificielle. Et ils trouvent bien une différence cérébrale entre les hommes et les femmes. Du moins, si l’on s’en tient à aux aspects purement physiologiques de l’activité cérébrale, il n’y aurait plus aucun doute sur l’existence d’un dimorphisme sexuel du cerveau ».
Elisa Doré retient qu’« après avoir entraîné l’algorithme, il a été capable de dire, quasiment sans faute, si les IRM cérébrales qu’on lui présentait appartenaient à un cerveau d’homme ou de femme. Les résultats ont fait l’objet d’une publication dans la revue des Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (Pnas, Proceedings of the National Academy of Sciences) ».
La journaliste précise que « tout l’intérêt de l’algorithme développé par les chercheurs est qu’il est « explicable » : ils ont pu l’interroger sur son propre raisonnement interne et donc déceler les caractéristiques fonctionnelles qui, a priori, différaient entre les sexes ».
Elisa Doré continue : « Il en ressort que l’IA s’est principalement fondée sur l’activité de trois types de réseaux neuronaux intimement liés au traitement des émotions. Le premier, la région du striatum, est associé au traitement de l’information douloureuse et plus généralement au circuit de la récompense qui contrôle la motivation. Le second, le système limbique, est notamment impliqué dans l’attention, la mémoire et la régulation des émotions ».
« Mais c’est principalement l’activité du troisième réseau neuronal, que les neurologues appellent « le mode par défaut », qui aurait le plus influencé les conclusions de l’IA. Ce réseau connecte un ensemble de régions cérébrales qui s’activent au repos. Il est souvent lié à la rêverie mentale ou à la conscience de soi », 
explique la journaliste.
Le Pr Pascal Reynier, médecin biologiste au CHU d’Angers, réagit : « Il est très difficile de donner une signification claire à ces résultats. Cela pourrait signifier que nous aurions un mode de traitement des informations différent selon notre sexe biologique, qui pourrait notamment s’observer sur le plan comportemental mais aussi dans certaines pathologies par exemple ».
Elisa Doré note que « les auteurs espèrent que cette IA pourra servir à améliorer la compréhension des processus neuropathologiques voire, à terme, à améliorer les traitements et la prise en charge des patients ».

« Aux urgences psychiatriques de Toulouse, un suicide sur un brancard… »

Date de publication : 27 février 2024

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération qu’« après le suicide sur un brancard d’un malade psychique aux urgences de Toulouse le 14 février, le ministre de la Santé a dénoncé le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission et annoncé une kyrielle de mesures. Mais peut-on y croire ? ».
Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale des familles et amis de personnes malades ou handicapés psychiques (Unafam), observe ainsi : « Le 14 février, un patient concerné par un trouble bipolaire a mis fin à ses jours, après être resté 10 jours sur un brancard de consultation, faute de places pour une hospitalisation ».
Le journaliste indique qu’« on ne sait pour autant rien de plus de ce patient : ni son nom, ni son histoire, ni les raisons de son hospitalisation. Dix jours ainsi, enfermé dans un petit espace, dans un bureau de 3 m2, faute de lit. Dix jours, c’est terriblement long ».
Isabelle Prono, représentante du syndicat SUD santé sociaux au CHU de Toulouse, réagit : « Ce n’est pas normal que l’on n’ait pas pu trouver une place d’hospitalisation. Les patients qui nécessitent une hospitalisation en psychiatrie sont en grande souffrance, on les stocke dans des lieux qui ne sont pas prévus pour ça alors qu’on a fermé 8 lits qui sont toujours vides ».
Eric Favereau relève que « le nouveau ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, s’est déplacé dans la préfecture de Haute-Garonne. Une bonne décision. Il est rare, en effet, que des ministres se déplacent après la mort de patients. Il a dénoncé les mauvaises relations entre les secteurs hospitaliers privé et public, qui seraient responsables de ces attentes inhumaines. […] Frédéric Valletoux a annoncé une collection de mesures ».
Le journaliste note cependant que « comme à chaque fois, on préfère des annonces formelles, classiques comme un catalogue. […] Le disque paraît rayé et tous les acteurs sur place l’ont déjà anticipé : il ne se passera rien ou presque. Pas de moyens supplémentaires. Juste, cette fois-ci, un nouveau bouc émissaire : le secteur privé qui ne remplirait pas sa mission. Une critique que ce dernier a d’ailleurs très mal pris ».
Eric Favereau cite en conclusion Marie-Jeanne Richard, qui écrit dans une lettre ouverte au ministre de la Santé : « Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique. […] Le temps des déclarations et des seules ambitions doit être derrière nous pour laisser place à une réelle transformation de la prise en charge des troubles psychiques ».

« La qualité de nos nuits a un impact majeur sur notre santé, bien au-delà des effets néfastes de la fatigue »

Date de publication : 29 février 2024

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui consacre une double page au sujet. Elisa Doré explique ainsi que « pendant très longtemps, on a considéré le sommeil comme un temps mort sans grande utilité, d’où la tendance des sociétés industrielles à réduire progressivement le temps accordé à dormir. Or les dégâts d’une privation chronique du sommeil nous ont appris qu’il revêt en réalité une importance cruciale pour notre santé ».
« Somnolence, problèmes de concentration et sautes d’humeur, tout le monde a déjà ressenti les effets d’un manque de repos sur son quotidien. À plus long terme, les conséquences peuvent s’avérer plus graves en rendant le terrain propice à l’installation de certaines pathologies. On estime qu’un humain consacre en moyenne un tiers de sa vie à dormir. De la simple récupération à la mémorisation en passant par l’apprentissage, le sommeil assure un large spectre de fonctions complémentaires à celles de l’éveil mais très souvent sous-estimées »,
 note la journaliste.
Le Dr Marc Rey, neurologue et président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que « lorsque nous dormons, le cerveau restimule les circuits neuronaux utilisés dans la journée, par exemple pour retenir une leçon ou apprendre à faire du vélo. Par ce processus, il est capable de consolider les informations apprises, ce qui n’est pas possible en journée lorsque son activité est la plus intense ».
Elisa Doré relève que « les effets du sommeil s’étendent bien au-delà du cerveau. On sait que certaines hormones et protéines ne sont fabriquées que la nuit, et le temps passé à dormir est crucial pour l’ajustement de cette production. C’est le cas de l’hormone de croissance, une protéine essentielle au développement et à la réparation des tissus endommagés, ou encore des hormones impliquées dans la régulation de l’appétit ».
« De nombreuses études scientifiques ont par ailleurs établi un lien inextricable entre sommeil et immunité. Lorsqu’un agent pathogène pénètre dans l’organisme, il éveille le système de défense de notre corps en stimulant la production d’anticorps par nos cellules immunitaires, telles que les lymphocytes ou les cytokines », 
continue la journaliste.
Le Dr Rey précise que « la transmission de cette information “d’alerte”, par des mécanismes complexes, se déroule en grande partie la nuit, pendant laquelle les niveaux de cellules immunitaires sont plus élevés. Notre système immunitaire étant affaibli après une longue privation de sommeil, cela expliquerait pourquoi nous sommes plus susceptibles de tomber malade ».
Elisa Doré poursuit : « Outre une augmentation de la susceptibilité aux infections, une privation de sommeil sur le long terme peut faire le lit de pathologies chroniques plus graves. En outre, les chercheurs sont désormais certains du lien entre des nuits trop courtes et le risque d’obésité. […] Des études ont notamment rapporté la prévalence inquiétante de l’obésité chez les travailleurs de nuit qui ont un risque 30% plus élevé de développer cette pathologie au cours de leur vie ».
« Plus récemment, des chercheurs ont trouvé que cette catégorie de travailleurs était aussi exposée à un risque supérieur de 26% de cancer du sein, risque d’autant plus important chez les femmes ayant travaillé plus de deux nuits par semaine sur une durée supérieure à dix ans. […] Une piste de réflexion est que le risque de cancer du sein augmente avec les perturbations hormonales induites par l’inversion du rythme veille sommeil », 
explique la journaliste.
Dans un autre article, Stéphane Kovacs fait une « plongée dans la France qui dort mal », soulignant qu’« en 50 ans, nos concitoyens ont perdu 1h30 de sommeil chaque nuit. Un déficit aux conséquences sérieuses pour leur santé et leur bien-être ».

Revue de presse santé psy – janvier 2024

« Une application sur smartphone pour mieux vivre avec un acouphène »

Date de publication : 11 janvier 2024

Le Figaro

Delphine Chayet observe dans Le Figaro que « les acouphènes sont souvent à l’origine d’une grande détresse psychologique : perçus en continu, ces sons « fantômes » (sifflements, bourdonnements ou grésillements) éprouvent le moral, le sommeil et la vie sociale de ceux qui en souffrent ».
La journaliste indique que « certaines thérapies peuvent aider à mieux vivre avec ce fardeau au quotidien, même si elles n’éliminent pas l’acouphène en lui-même. Dans une étude publiée le 9 janvier, des chercheurs présentent ainsi les résultats obtenus chez des patients ayant bénéficié d’un accompagnement personnalisé sur leur smartphone ».
Delphine Chayet explique : « L’application MindEar présentée dans la revue Frontiers in Audiology and Otology est inspirée des thérapies comportementales et cognitives (TCC), qui ont fait leurs preuves pour réduire la détresse liée à ces sons que seul le patient perçoit, dans sa tête ou son oreille ».
« L’objectif de ces thérapies est d’interrompre le cercle vicieux des idées noires. Penser aux acouphènes de manière négative (« ce bruit va me rendre fou ») conduit en effet à des sentiments de détresse qui exacerbent à leur tour la perception du son « fantôme ». Les fausses croyances et les changements de comportement, comme le fait d’éviter des situations par peur d’empirer les acouphènes, aggravent encore le phénomène »,
 ajoute la journaliste.
Elle indique qu’« à raison de 10 minutes par jour pendant 8 semaines, le programme aide l’utilisateur à décrypter ce mécanisme et à reformuler ses pensées, à réguler son stress. L’application, payante, fait appel à un chatbot (un robot dédié à la conversation écrite) capable de repérer les difficultés particulières du patient et de lui proposer un soutien adapté ».
« En plus de la TCC, sont mis à disposition des exercices de relaxation et de respiration sous forme de podcast, de l’aide pour trouver le sommeil, ainsi qu’une thérapie sonore »
, précise Delphine Chayet.
Fabrice Bardy, audioprothésiste, docteur en neurosciences de l’audition et premier auteur de ce travail, souligne que « le patient sélectionne un environnement sonore plaisant (vent, oiseaux, vagues, etc.) qu’il peut ensuite jouer en continu à un volume plus bas que celui des acouphènes, via des haut-parleurs ou un casque, de façon à éviter le silence ».
Delphine Chayet retient ainsi que « les résultats de l’étude menée à l’université d’Auckland montrent l’efficacité de la méthode chez des patients souffrant d’acouphènes. Seize semaines après le lancement du programme, une amélioration cliniquement significative a été mesurée chez 62% des participants par des questionnaires validés ».
La journaliste observe que « le programme a notamment eu un effet positif sur l’état émotionnel, le self-control, le sommeil et la relaxation des patients. Le bénéfice est survenu plus rapidement (dès 8 semaines) chez ceux ayant eu accès à des téléconsultations de trente minutes avec un psychologue, en plus du programme sur smartphone. La possibilité de prendre rendez-vous avec un thérapeute formé a donc, depuis, été ajoutée dans l’application ».

« La musique émouvante soulage la douleur tel un analgésique ! »

Date de publication : 5 janvier 2024

Science et Vie

Lise Gougis note dans Science et Vie que « le pouvoir hypoalgésique de la musique est connu, et même utilisé comme outil thérapeutique. Mais certaines mélodies ne seraient-elles pas plus efficaces que d’autres pour soulager la douleur ? ».
La journaliste indique que « des chercheurs de l’université McGill de Montréal, au Canada, ont provoqué une légère sensation de brûlure sur le bras de volontaires, semblable à celle d’une tasse de thé chaude au contact de la peau, tout en leur passant des chansons qu’ils connaissaient ou non, des sons brouillés, voire rien, juste le silence. Puis, ils ont relevé la douleur ressentie par les individus ainsi que le caractère agréable des musiques ».
Lise Gougis retient que « pour combattre la douleur, mieux vaut écouter ses morceaux préférés : ils se sont révélés 3 fois plus efficaces que la musique relaxante sélectionnée par les chercheurs, atténuant la douleur de 10 points sur une échelle de 100, soit autant que certains analgésiques en vente libre ! ».
Elle ajoute que « parmi les chansons favorites des participants, celles décrites comme émouvantes procuraient plus de sensations agréables et étaient donc associées à une plus grande analgésie ».
Mathieu Roy, coauteur, indique que « notre hypothèse, c’est que ce type de musique procure plus de plaisir. Le plaisir et la douleur sont des principes opposés ; ainsi, tout ce qui est plaisant peut réduire la douleur ».
Lise Gougis rappelle que « d’autres travaux ont en effet démontré que la musique préférée active le noyau accumbens, centre des mécanismes de récompense dans le cerveau. Ce qui suggère qu’elle est une source de plaisir au même titre que la nourriture, le sexe ou les substances addictives ».
Mathieu Roy note ainsi : « Nous pensons que c’est l’activation de ce circuit de la récompense qui bloque la douleur ».
« Une piste qu’il creuse avec son équipe, en analysant les mécanismes cérébraux associés aux effets de la musique sur la douleur à l’aide d’une IRM fonctionnelle 
», conclut la journaliste.

« À quoi servent les tests de repérage des troubles neurocognitifs ? »

Date de publication : 12 janvier 2024

Le Figaro

C’est ce qu’explique Renaud Gosset dans Le Figaro, notant que « ces tests, évoqués dans le cadre de l’affaire Delon, permettent d’évaluer mémoire, langage, raisonnement mais aussi comportement du patient, et sont essentiels à l’établissement d’un plan de soins. Mais ils pourraient être davantage utilisés par les médecins généralistes ».
Le journaliste rappelle que « Santé publique France définit les TNC (troubles neurocognitifs, dont la maladie d’Alzheimer) comme les plus fréquentes des maladies neurodégénératives, entraînant une perte croissante des fonctions cognitives et des modifications du comportement à l’origine d’une perte d’autonomie du patient. Si aucun traitement curatif n’est disponible, des prises en soins personnalisées sont possibles ».
Il ajoute qu’« on dénombre 1,2 million de personnes touchées par les TNC en France en 2016 et l’on estime qu’elles seront 1.750.000 en 2030. Déceler les TNC par des tests adaptés est donc un enjeu face au vieillissement de la population ».
Le Pr Marc Verny, spécialiste en gériatrie et neurologie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière (Paris), indique ainsi que « ces tests permettent d’orienter le diagnostic vers des causes qui ne sont pas forcément liées à une maladie neuroévolutive, comme des pertes de mémoires liées à une dépression ou des difficultés de concentration liées à la consommation d’alcool ».
Renaud Gosset relève que « l’interprétation des tests ne peut donc être faite sans prendre en compte différents paramètres comme l’âge et le niveau socio-éducatif du patient, ainsi que son histoire médicale. Les tests cognitifs peuvent être accompagnés d’autres tests pour évaluer le degré d’intensité du trouble (de léger à fort) et le niveau de dépendance du patient ».
Le journaliste observe que « la Haute autorité de santé (HAS) alerte sur le fait qu’«en médecine générale, une des difficultés de la démarche diagnostique est d’écarter une dépression devant un déclin cognitif persistant objectivé par la clinique ou par les tests de repérage». Lorsque des troubles supplémentaires sont présents, comme des troubles psychiatriques (dépression, bipolarité, schizophrénie), une analyse fine est proposée grâce aux entretiens avec l’entourage, et des examens complémentaires comme une IRM ou une ponction lombaire permettent la détection de marqueurs spécifiques de maladies cognitives ».
Renaud Gosset souligne en outre qu’« en France, contrairement à d’autres pays, nul test de repérage n’est recommandé en soins primaires (chez le médecin généraliste). Lorsqu’un patient se plaint auprès de son médecin de perte de mémoire, de troubles cognitifs, de changement durable de comportement ou d’activité, une discussion pour recueillir des informations personnelles (antécédents médicamenteux, mode de vie, profession…) permet de poser l’hypothèse d’un déclin cognitif durable. L’impression du médecin peut être confrontée à des tests standardisés dits «de repérage explorant le déficit cognitif, fonctionnel voire comportemental». Le médecin choisi le test qui lui paraît le plus adapté ».
Le Pr Verny remarque cependant que « ces tests sont trop peu utilisés par les médecins généralistes, mais on constate un effet génération avec les jeunes médecins qui sont davantage sensibilisés à l’utilisation de ces tests ».

« « Je ne subis plus la maladie, je la gère » : les vertus de l’éducation thérapeutique »

Date de publication : 16 janvier 2024

La Croix

Corinne Renou-Nativel se penche dans La Croix sur les ateliers d’éducation thérapeutique : « Développés dans les années 1980 pour aider les patients diabétiques, [ils] améliorent la qualité de vie des malades chroniques et les rendent davantage acteurs de leur santé. Malgré de multiples bénéfices, l’offre reste limitée ».
La journaliste décrit un de ces ateliers : « À l’établissement d’Aincourt, l’un des sites de l’hôpital NOVO (Nord Ouest Val-d’Oise), la Dre Aurore Lagrange, pneumologue, anime un atelier d’éducation thérapeutique. Il s’adresse à des patients souffrant de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), une maladie incurable liée au tabagisme et aux expositions à des produits toxiques, notamment dans l’agriculture ».
Corinne Renou-Nativel note que « cette séance est le deuxième volet d’une série de trois ateliers sur « l’exacerbation » de la maladie, c’est-à-dire les périodes de crise. Avec bienveillance, la médecin invite les participants à dire ce qu’ils ont retenu de la session précédente consacrée aux signes d’un état stable ».
La journaliste indique que « malgré la gravité du sujet, la bonne humeur règne, les plaisanteries fusent. Et lorsque Aurore Lagrange demande comment chacun expliquerait l’exacerbation à son conjoint, une grande tendresse emplit la salle : plusieurs patients évoquent leur femme ou leur époux plus vigilant qu’eux-mêmes à leurs symptômes ».
Johan Gustin, souffrant d’emphysème et de BPCO, précise : « Avec l’effet de groupe, surgissent des questions qui correspondent à mes interrogations et d’autres auxquelles je n’avais pas pensé. J’ai participé à quatre ateliers d’éducation thérapeutique. Mieux comprendre ma maladie me permet de mieux la supporter. Je ne la subis plus, je la gère ».
Corinne Renou-Nativel explique qu’« au service de pneumologie d’Aincourt, des ateliers sont proposés aux patients volontaires par des médecins, mais aussi des infirmières ou des kinésithérapeutes, sur des thèmes transversaux et plus spécifiques (physiologie, diététique, traitements par oxygène, etc.) ».
La Dre Lagrange ajoute que « l’éducation thérapeutique est l’un des piliers du service de réhabilitation respiratoire pour apprendre aux patients à mieux connaître leur maladie et mieux vivre avec. L’atelier sur l’exacerbation, par exemple, a pour but de la repérer pour éviter une aggravation, réagir pour favoriser le retour à l’état stable sans passer par une hospitalisation et des complications graves ».
La journaliste poursuit : « D’abord apparue dans le domaine de la diabétologie, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) se développe depuis les années 1980. […] Depuis, elle s’est élargie à toutes les spécialités s’occupant de maladies chroniques, avec toujours pour conséquence la réduction du nombre et de la gravité des accidents aigus ».
Corinne Renou-Nativel relève que « les Hospices Civils de Lyon, qui regroupent 13 hôpitaux, proposent aujourd’hui 53 programmes ».
La Dre Corinne Feutrier, pharmacienne et coordinatrice de l’Utep 69 (Unité transversale d’éducation thérapeutique du patient du Rhône), indique ainsi que « sont concernées des pathologies classiques comme l’asthme, la sclérose en plaques et l’insuffisance cardiaque, mais aussi des maladies rares. Parmi ces programmes, 20 s’adressent aux enfants pour qu’ils deviennent à terme autonomes dans la gestion de leur maladie et avec leur traitement ».
La journaliste remarque : « Aux intervenants de s’adapter aux publics, de catégories socioprofessionnelles et d’âges différents. […] C’est aussi une manière de faciliter le dialogue entre médecins et patients, essentiel lors d’urgences, par exemple dans le cas d’un angio-œdème héréditaire. […] L’ETP a également l’avantage de sortir les patients de leur isolement et d’élargir leur regard sur la maladie ».
Corinne Renou-Nativel ajoute que « l’éducation thérapeutique pallie enfin, en partie du moins, au déficit de médecins. À défaut de pouvoir consulter dans des délais ou un périmètre raisonnable, les patients sont un peu mieux armés ».
La journaliste note cependant que « ces formations restent sous-développées en France, alors que la prévalence du nombre de patients atteints d’une maladie chronique reconnus en affection longue durée (ALD) augmente. […] Parmi les freins au développement d’une offre d’éducation thérapeutique, Corinne Feutrier place au premier chef un financement insuffisant ».

« Usage des écrans par les enfants : un groupe d’experts pour faire des propositions à Emmanuel Macron »

Date de publication : 22 janvier 2024

Le Monde

Damien Leloup et Pascale Santi remarquent dans Le Monde que « le chef de l’Etat a annoncé […] vouloir réguler l’accès des mineurs aux téléphones, tablettes, consoles de jeux… Un groupe d’experts devra faire émerger, d’ici au mois de mars, un constat partagé de l’impact des écrans sur la santé physique et mentale des enfants et adolescents, et évaluer l’effet des dispositifs de contrôle existants ».
Les journalistes expliquent que « ce groupe de dix membres a été réuni pour la première fois le 10 janvier. […] Il est coprésidé par la neurologue et neurophysiologiste Servane Mouton et le professeur de psychiatrie Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne). Les huit autres membres sont d’horizons divers : un épidémiologiste, un psychologue, deux juristes, deux spécialistes de l’éducation et deux du numérique ».
Damien Leloup et Pascale Santi précisent que « 4 axes de travail ont été fixés : faire émerger un constat partagé de l’impact des écrans sur la santé physique et mentale des enfants et des adolescents, évaluer l’efficacité des dispositifs de régulation existants, notamment de contrôle parental, élaborer une doctrine de régulation des écrans et enfin proposer et valoriser des outils adaptés à tous les publics, avec des approches différenciées selon l’âge ».
Les journalistes ajoutent que « les experts feront une revue de la littérature scientifique, et vont auditionner plusieurs personnes ».
Le Pr Benyamina indique que « l’ambition du président est non pas forcément d’interdire mais d’aller vers un changement de paradigme sur l’usage de l’écran ».
Damien Leloup et Pascale Santi rappellent qu’« une étude dans The Journal of Child Psychology and Psychiatry, publiée en septembre 2023, mettait toutefois en avant que le contexte d’utilisation et l’environnement familial joueraient un rôle plus important que le temps passé devant un écran ».
Les journalistes notent en outre que « faute de consensus scientifique sur les conséquences de l’exposition aux écrans, [les logiciels de contrôle parental] faisaient, eux, l’objet d’un certain consensus politique, y compris chez les fabricants. Google, Apple et tous les principaux constructeurs de téléphones ont lancé ces dernières années leurs propres solutions permettant de contrôler les accès des enfants ».

« Tabac, alcool, cannabis : les adolescents commencent à décrocher »

Date de publication : 26 janvier 2024

Le Figaro
Libération

Angélique Négroni relaie dans Le Figaro « une bonne nouvelle sur les usages des adolescents. Cette génération que l’on accable souvent de bien des maux a réduit sa consommation de cigarettes, de cannabis mais aussi d’alcool. Ce sont les résultats communiqués ce jeudi par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
La journaliste indique en effet que « du côté des collégiens, le niveau d’expérimentation du tabac a diminué de près de moitié entre 2018 et 2022, passant de 21,2% à 11,4%. De même, le cannabis marque un recul avec un taux de 6,7% en 2018 et de 5,3% en 2022 parmi les classes de quatrième et de troisième ».
« Quant à l’alcool, sa consommation chute également. Alors que 60% de mineurs affirmaient avoir pris une fois un verre en 2018, ils ne sont plus que 43,4% quatre ans plus tard. Un niveau qui reste toutefois encore élevé et qui fait dire aux auteurs de l’étude que «le collège reste une période importante d’initiation» à la prise d’alcool », 
remarque Angélique Négroni.
Elle souligne que « ces tendances à la baisse sont incontestablement positives sur le plan de la santé. […] Des consommations précoces ont parfois des conséquences irréversibles sur le cerveau. Mais l’étude montre aussi que, dès que l’on pousse les portes du lycée, on boit et on fume bien davantage qu’au collège. Que ce soit pour la consommation occasionnelle ou régulière, quasiment toutes les courbes montent en flèche dès la seconde et continuent de progresser jusqu’à la terminale ».
La journaliste retient « un élément encourageant : cette évolution se joue dans des proportions moindres qu’en 2018. Alors que le taux culminait à 88,7% cette année-là, il chute à 73,9% en 2022. Quant aux élèves qui affirment boire régulièrement, même si leur nombre reste encore élevé, avec un taux de 8%, ils étaient trois fois plus nombreux en 2018 ».
Angélique Négroni ajoute que « pour les fumeurs, c’est la même évolution : dès que l’on quitte le collège et que l’on devient lycéen, on résiste de moins en moins à la cigarette. Et plus on gravit les classes, plus on vide rapidement le paquet. Là encore, ces habitudes décrites dans l’étude de 2018 restent une constante en 2022, mais selon des volumes moins importants ».
« Ainsi, 60% des terminales qui fumaient en 2018 ne sont plus que 38% en 2022. Les 21% d’élèves de ces mêmes classes qui se disaient accro au tabac en 2018 chutent à 8% en 2022. L’engouement pour le vapotage joue-t-il sur cette baisse ? Si les lycéens sont moins nombreux à l’expérimenter, ceux qui y sont accros sont en revanche plus nombreux », 
continue Angélique Négroni.
Les auteurs soulignent que « le tassement de l’expérimentation de la cigarette électronique est contrecarré par des usages quotidiens qui progressent sensiblement, notamment chez les lycéennes, dont les niveaux d’usage sont aujourd’hui comparables à ceux des garçons ».
La journaliste note enfin : « Quant au cannabis, sa consommation est en baisse au lycée. «Pour autant, comme en 2018, un lycéen sur cinq consommateurs présente un risque élevé d’usage problématique ou de dépendance au cannabis», souligne l’étude ».
Angélique Négroni remarque que « la crise du Covid […] n’explique pas, selon les spécialistes, la baisse globale de ces usages. Pressentie comme durable, elle s’inscrit dans un recul généralisé amorcé dès 2010 et constaté par d’autres études internationales sur ces mêmes tranches d’âge ».
Libération relève également : « Les jeunes seraient-ils de plus en plus sages ? L’ensemble des niveaux d’usages de substances chez les adolescents est en baisse en 2022 par rapport à 2018, selon la deuxième édition de l’enquête nationale EnCLASS, menée par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Le journal observe notamment que « la substance la plus couramment expérimentée et consommée par les adolescents reste l’alcool. 10% des collégiens disent avoir déjà été ivres, et ce sans distinction selon le sexe. Mais depuis 2010, la consommation connaît une importante diminution. A l’époque, plus de 70% des collégiens avaient expérimenté l’alcool. En 2018, ce sont 60% d’entre eux qui déclaraient avoir expérimenté l’alcool, contre 43% d’après les derniers chiffres de 2022 ».

Revue de Presse santé psy – décembre 2023

« « On saucissonne le patient » : à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, la bataille des anciens contre les modernes »

Date de publication : 7 décembre 2023

Libération

Eric Favereau remarque dans Libération : « Faut-il soigner les malades mentaux par secteur géographique, comme on le fait depuis les années 50, ou par pathologie ? Ce dilemme traverse la psychiatrie française, qui renonce peu à peu à la sectorisation, faute de personnel et de moyens ».
Le journaliste livre un reportage à Rouvray (Seine-Maritime), dans « le 2e hôpital psy de France ».
Il explique ainsi que « le débat qui secoue l’hôpital psychiatrique du Rouvray, l’un des plus grands hôpitaux de France, est emblématique de la crise sans précédent que traverse la psychiatrie publique. En ces temps de pénurie de personnel, peut-on désormais continuer à soigner au plus près les patients dans leur globalité ? Ou bien faut-il rationaliser et soigner par pathologies, – dépressions, addictions, schizophrénies, etc. –, quitte à laisser tomber un travail de proximité, indispensable quand on prend en charge des troubles mentaux ? ».
Eric Favereau souligne que « ce débat est tout sauf anecdotique, car il est lourd de conséquences. […] Les 800 secteurs de psychiatrie en France sont pour un grand nombre d’entre eux moribonds, car pour bien fonctionner il leur faut des moyens et du personnel. Or plusieurs milliers de postes sont vacants ».
Le journaliste note que « Rouvray a fêté, l’an dernier, ses 200 ans. En 2018, l’hôpital a connu un mouvement social inédit, qui s’est traduit par une grève de la faim d’infirmières et d’aides-soignants, ce qui n’était jamais arrivé dans un pareil établissement. La cause ? Un manque cruel de personnel et des fermetures de lit en rafales ».
« Après 3 semaines de grève et 19 jours de grève de la faim, pour la première fois, l’agence régionale de santé acceptait une trentaine d’embauches supplémentaires. Un an après, peu de changements. Et la déception a prévalu. Treize postes sur les 30 promis ont été pourvus, et la création promise d’une unité pour adolescents est restée au stade de projet », 
constate Eric Favereau.
Le journaliste livre en outre un entretien avec Bruno Falissard, polytechnicien, pédopsychiatre, directeur du plus gros laboratoire de recherche sur la santé mentale, remarquant : « On parle de plus en plus de traiter les malades mentaux par «filières». Est-ce une bonne idée ? ».
Le psychiatre répond que « d’un côté, cette évolution peut paraître raisonnable. Le savoir sur les maladies mentales devenant de plus en plus riche et dense, tout le monde ne peut le suivre. Et si parallèlement les diagnostics se font précis, alors oui, tout cela pourrait pousser à une spécialisation légitime, comme on l’a connu dans le reste de la médecine ».
Il ajoute : « C’est un argument qui se discute. Car si on le retient, on va tout segmenter ; on va séparer avec l’âge, le sexe, etc. Pourquoi mettre un étudiant de 20 ans qui a fait une TS [tentative de suicide, ndlr] dans la même filière qu’une patiente âgée démente et suicidaire ? Est-ce souhaitable ? Ne risque-t-on de tout découper en morceaux ? Pour moi, la question centrale est de voir si cette filiarisation est efficace d’un point de vue clinique. Et donc de savoir si l’on a vraiment des diagnostics qui permettent de mettre au point une stratégie thérapeutique univoque ».
Bruno Falissard déclare qu’« il faut des soignants spécialisés, d’autres plus généralistes. Une plus grande spécialisation peut conduire à un sentiment d’efficacité sur le court terme, mais elle conduit également à une perte de la problématique réelle du patient ».

« Fatigue chronique, la maladie négligée »

Date de publication : 11 décembre 2023

Le Figaro

Delphine Chayet constate en effet dans Le Figaro que « trop de patients ne reçoivent pas de proposition de soins, malgré de graves répercussions sur leur quotidien ».
La journaliste observe : « Ils parlent de leur fatigue comme d’une «colocataire», d’un «adversaire» qui s’est imposé et a pris toute la place dans leur quotidien, d’un «tsunami». […] Ils se comparent à «une batterie vide», «une bougie qui s’éteint», un «zombie» enfermé dans «une vie sans horizon» ».
Delphine Chayet note que « les mots lancés lors d’une table ronde consacrée à la fatigue chronique, le 23 novembre dernier, sont durs. Ils reflètent la souffrance éprouvée face à ce symptôme ».
Isabelle Fornasieri, vice-présidente de l’Association française du syndrome de fatigue chronique (ASFC), souligne ainsi que « la fatigue persistante sévère, ou asthénie, concerne en France plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont le plus grand mal à faire reconnaître leur mal par la communauté médicale ».
Delphine Chayet précise qu’« en plus du trouble dont l’association tire son nom, qui est spécifique, la fatigue chronique est présente dans une grande variété de maladies : polyarthrites rhumatoïdes, hépatites, pathologies intestinales, rénales ou musculaires, Covid long, fibromyalgie, endométriose, etc. ».
La journaliste relève que « le manque d’écoute et de solutions proposées aux malades a poussé, en novembre 2021, 13 associations de malades à organiser la première « journée des fatigues », ponctuée de tables rondes et d’ateliers. Un groupe de travail national a été constitué sur le sujet. L’objectif est de créer un sursaut, à l’image de celui initié dans le domaine de la douleur il y a une dizaine d’années, pour faire progresser la recherche et améliorer les soins ».
Delphine Chayet explique que « la réalité des personnes souffrant d’asthénie n’a rien à voir avec la sensation que nous connaissons tous après une journée de travail ou une nuit trop courte. Comme la douleur, la fatigue est un signal d’alarme utilisé par l’organisme pour faire cesser une consommation d’énergie excessive. Mais le symptôme devient pathologique quand il se transforme en un épuisement physique ou mental constant, d’intensité fluctuante, et dont les patients ne se remettent pas malgré le repos et le sommeil ».
« Ce trouble a ceci de particulier que l’asthénie s’accompagne de crises d’épuisement colossal après un effort »,
 poursuit la journaliste. Isabelle Fornasieri remarque qu’« elles peuvent survenir à la caisse d’un supermarché ou après une douche, et la seule chose possible est alors de s’allonger dans le silence, sans stimulation ».
Delphine Chayet ajoute que « l’enquête menée sur internet en 2021 a mis en lumière la difficulté pour les personnes concernées d’obtenir un diagnostic et de se faire comprendre de leur entourage. […] Les sondés (en grande majorité des femmes âgées de 45 ans en moyenne, dont la moitié se dit fatiguée depuis plus de 6 ans) déplorent des répercussions négatives sur leur vie sociale, professionnelle et familiale. Or 89% d’entre eux n’ont jamais reçu de proposition de soin et 84% ne connaissent pas les outils permettant d’évaluer l’intensité de leur fatigue ».
La journaliste relève que « faute de réponse, de nombreux patients se tournent vers des médecines alternatives dont l’efficacité n’est pas démontrée. Les associations promeuvent de leur côté la stratégie du «pacing», qui consiste à fractionner ses activités dans la journée et à les alterner avec des périodes de repos, en veillant à ne jamais aller au-delà des ressources de l’organisme ».
Delphine Chayet précise que « deux autres types de prises en charge ont fait leurs preuves dans la fatigue chronique. Les thérapies comportementales aident à lutter contre l’isolement et les pensées noires. L’exercice physique graduel permet d’augmenter la capacité musculaire ou intellectuelle, et ainsi de réduire la fatigue causée par la réalisation d’une tâche ».

« Enfants et écrans : que dit vraiment la science ? »

Date de publication : 18 décembre 2023

Le Figaro

Pauline Léna s’interroge dans Le Figaro : « Faut-il faire confiance aux alertes régulières sur les écrans, et leurs effets supposés délétères sur la santé et les capacités d’apprentissage des enfants ? Pas toujours. Ou plutôt, pas encore… ».
La journaliste explique qu’« une gigantesque étude, publiée en novembre dernier dans Nature Human Behavior, fait le bilan de la majorité des travaux publiés dans ce domaine et jette un nouveau pavé dans la mare : les études qui disent que « les écrans », en général, sont mauvais pour les enfants ne sont… pas utiles. Car à force de brasser trop large, elles ne nous apprennent en réalité pas grand-chose ».
Pauline Léna relève ainsi que « les chercheurs de l’équipe de Taren Sanders, de l’Université catholique de Sydney (Australie), ont passé 5 ans à trier et à analyser 2557 méta-analyses sur l’effet des écrans sur les enfants et les adolescents. Ils ont ainsi observé que les travaux qui s’intéressent non pas simplement au temps d’exposition mais aussi au contenu de ce qui est proposé et dans quel contexte dessinent une image plus nuancée et surtout plus représentative des véritables usages ».
La journaliste observe que « seul ce type de données, encore trop rares, permettra de mettre au point des stratégies d’intervention pertinentes et ciblées, à la fois pour limiter les risques mais aussi profiter des bénéfices qu’apportent les nouvelles technologies ».
Jonathan Bernard, directeur de recherche en épidémiologie périnatale et pédiatrique à l’Inserm, remarque qu’« il faut d’abord distinguer les effets sur la santé physique de ceux qui peuvent affecter le développement cognitif, le langage ou la santé mentale ».
Pauline Léna note que « sur le plan physique, le sommeil semble impacté de manière négative. Reste à savoir si c’est la lumière bleue, les contenus excitants ou tout simplement le temps pris sur le sommeil qui jouent ».
« Il semblerait aussi que les écrans augmentent le risque de myopie, mais ceci est-il lié spécifiquement aux écrans eux-mêmes, ou au simple fait de passer trop de temps sur des tâches impliquant la vision de près plutôt que des activités d’extérieur, par exemple, qui sollicitent la vision de loin ? », 
continue la journaliste.
Elle évoque un « dernier axe d’inquiétude que soulignent les études : l’obésité. Là, plus encore que sur le sommeil et la vision, les effets sont sans doute indirects : sédentarité et grignotage pendant l’usage, temps pris sur les activités physiques, exposition aux publicités pour des aliments à mauvais score nutritionnel… ».
Pauline Léna remarque en outre que « l’étude australienne montre à la fois que les effets délétères, s’ils existent, restent modérés mais sont surtout tempérés dès lors que le contenu ou le contexte est pris en compte. Par exemple, les écrans envisagés globalement peuvent présenter un risque sur le niveau de compréhension ou d’apprentissage des enfants, mais l’effet observé est au contraire positif lorsque le programme utilisé a une vocation éducative ou qu’un parent participe à leur usage ».
Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement et de neurosciences cognitives de l’éducation à l’université Paris Descartes, indique que « les études sur les jeux vidéo interactifs ont permis d’observer des effets de transfert des compétences acquises pour le jeu à d’autres moments de la vie des joueurs, comme une plus grande capacité attentionnelle ».
La journaliste continue : « Prendre en considération le niveau d’interaction est sans doute la clé pour que chaque parent puisse envisager l’influence des écrans sur le développement et la santé de ses propres enfants : si les écrans sont en concurrence permanente avec des activités favorables à leur développement, comme les discussions en famille, les jeux avec leurs amis ou les balades au parc, il faut en diminuer l’usage. S’ils sont un soutien pour leurs apprentissages ou des opportunités pour interagir avec d’autres humains présents dans la même pièce, ils peuvent être utiles ».

« Santé mentale : les étudiants en détresse psychologique disposent désormais d’un numéro d’écoute gratuit »

Date de publication : 21 décembre 2023

Le Parisien

Bérangère Lepetit annonce dans Le Parisien qu’« à quelques jours des traditionnelles agapes, où la solitude peut se faire davantage ressentir, le gouvernement lance le 0800 724 900, une plate-forme gratuite et confidentielle d’écoute et d’accompagnement baptisée Cnaé, pour « Coordination nationale d’accompagnement des étudiantes et étudiants » ».
La journaliste explique qu’« elle est destinée à tous eux qui ressentiraient le besoin de parler, appeler à l’aide et peut-être contactée de 10 heures à 21 heures, du lundi au vendredi, et de 10 heures à 14 heures le samedi ».
« À l’autre bout du fil, des professionnels formés, notamment des psychologues, pourront écouter et orienter, si besoin, vers d’autres dispositifs », 
poursuit-elle.
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, précise que « l’idée est d’intervenir le plus tôt possible et leur apporter une réponse. S’ils ont besoin de parler à un psychologue, on pourra alors les aiguiller vers les services de santé étudiants ou leur parler du chèque Santé Psy (qui donne droit à 8 séances de consultation gratuites chez le psy chaque année) ».
Bérangère Lepetit rappelle en effet que « la détresse psychologique et les angoisses des étudiants n’ont pas disparu avec la fin de la pandémie de Covid-19. Les services de santé des étudiants ou encore de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) en font état : à l’heure de la hausse de la précarité des jeunes, de la crise climatique, nombreux sont ceux qui vont mal, souffrent d’angoisses et insomnies, ont du mal à se projeter vers l’avenir ».
Deborah Haddad-Baudry, psychologue à Paris et membre du dispositif Santé Psy, souligne qu’« il y a eu un avant et un après Covid. Je vois en consultation beaucoup de jeunes en manque de repères, de perspectives. Ils souffrent de problèmes de dépression, ont des rapports à l’autre problématiques ».
Bérangère Lepetit explique que « lancé en 2021, pendant la crise du Covid, le dispositif Santé Psy étudiant a été reconduit au moins jusqu’à la fin de l’année universitaire. 420 nouveaux étudiants ont pu bénéficier de ces consultations gratuites depuis septembre, 1100 psychologues (…) reçoivent les jeunes concernés ».
Gladys Mondière, présidente de la Fédération française des psychologues et de la psychologie (FFPP), souligne pour sa part que « nous sommes l’un des pays européens où il y a le moins de réponses disponibles pour ces jeunes. Le vivier des psys qui peuvent les recevoir n’est pas suffisant, notamment en dehors des grandes villes ».

Revue de presse santé psy – novembre 2023

« Un implant dans le cerveau pour atténuer TOC et épilepsie »

Date de publication : 2 novembre 2023

Sciences et Avenir

Simone Caron indique dans Sciences et Avenir qu’« une patiente américaine souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sévères et d’épilepsie s’est fait implanter des électrodes dans le cerveau. Grâce à la stimulation cérébrale profonde, les symptômes de ses deux maladies se sont nettement améliorés. Une première mondiale », selon ce travail paru dans Neuron.
La journaliste explique que « pour les patients atteints de TOC, plus du tiers d’entre eux ne répondent pas aux traitements et sont condamnés à vivre, revivre et revivre encore leurs obsessions et leurs compulsions. C’était le cas d’Amber Pearson, qui désespérée, a demandé à son médecin d’essayer une nouvelle technologie pour s’en sortir ».
« La jeune américaine, souffrant aussi d’épilepsie, devait recevoir un implant de stimulation cérébrale profonde, une technologie utilisée depuis 2013 pour prévenir les convulsions chez certains patients atteints d’épilepsie résistante aux médicaments. Essentiellement, il s’agit d’un appareil similaire à un pacemaker… mais dans le cerveau ! », 
explique Simone Caron.
Elle précise ainsi que « des électrodes sont placées directement dans la zone du cerveau impliquée dans l’épilepsie et sont connectées à un boîtier inséré sous la peau du crane, appelé le neurostimulateur. Celui-ci enregistre l’activité cérébrale et détecte les signaux électriques anormaux, précurseurs d’une crise. Il peut donc envoyer des impulsions pour bloquer le signal des convulsions avant même qu’une crise d’épilepsie ne se déclenche ».
« En effectuant des recherches avant sa chirurgie, Amber Pearson a découvert que la stimulation cérébrale profonde pouvait, dans de rares cas, être employée pour traiter d’autres conditions telles que les TOC. La patiente […] a donc demandé à ses médecins d’essayer de faire d’une pierre deux coups avec l’implant, ce qui n’avait jamais été fait auparavant »,
 relève la journaliste.
Simone Caron indique que « le professeur de chirurgie neurologique de l’École de Médecine de l’OHSU [Oregon Health & Science University] Ahmed Raslan a modifié la trajectoire des électrodes pour que celles-ci atteignent le noyau accumbens, une zone du cerveau associée à la motivation et à l’action, qui joue un rôle dans les TOC ».
La journaliste observe qu’« une fois l’implant posé, en 2019, le neurostimulateur avait immédiatement été activé pour prévenir les crises d’épilepsie, et avec succès. Mais pour apaiser les symptômes de TOC, l’équipe de recherche médicale devait d’abord analyser l’activité cérébrale de la patiente afin de détecter les signaux électriques associés à ses obsessions et compulsions ».
Simone Caron note que « quelques mois seulement après l’activation du neurostimulateur pour son TOC, la patiente rapportait qu’elle ne vivait plus certaines de ses obsessions et qu’elle ne sentait donc plus la nécessité de s’engager dans ses comportements compulsifs. Plusieurs années après l’opération, elle estime qu’elle passe environ 30 minutes par jour à répéter ses compulsions, alors qu’elle pouvait y passer plus de 8 heures par jours avant l’intervention ! ».
Amber Pearson remarque ainsi : « Avant de commencer le traitement de stimulation cérébrale profonde, je me lavais les mains jusqu’au sang. Mes mains étaient si sèches que ma peau se crevassait dès que je pliais les doigts. Mon TOC avait le contrôle sur ma vie ».

« Non, dormir peu ne va pas atrophier votre cerveau »

Date de publication : 8 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem s’interroge dans Le Point : « Si le manque de sommeil impacte la santé générale, est-ce qu’il altère vraiment le cerveau ? Peut-être pas, à en croire les conclusions d’une récente étude publiée dans la revue scientifique Nature Human Behaviour ».
La journaliste explique en effet que « des chercheurs de l’université d’Oslo (Norvège) ont analysé 8153 scanners cérébraux provenant de 3893 adultes en bonne santé. Ils n’ont trouvé aucune preuve d’une association entre la durée du sommeil et l’atrophie cérébrale ».
Les auteurs écrivent que « les analyses transversales (51.295 observations) ont montré des relations en forme de U inverse, dans lesquelles une durée de 6h30 était associée au cortex le plus épais et aux volumes les plus importants par rapport au volume intracrânien ».
« Cela concorde avec les données convergentes des recherches sur la mortalité, la santé et la cognition, qui indiquent qu’environ 7 heures sont associées à une bonne santé. Les analyses d’association à l’échelle du génome suggèrent que les gènes associés à un sommeil plus long chez les adultes qui ne dorment pas beaucoup sont liés à un sommeil plus court chez les personnes qui dorment plus que la moyenne »
, ajoutent-ils.
Johanna Amselem note que « le sommeil a également été l’objet d’une autre recherche menée par des neurobiologistes de l’université Northwestern, qui se sont intéressés à l’impact d’une nuit blanche ».
Les chercheurs indiquent que « non seulement la libération de dopamine a augmenté pendant la période de perte de sommeil aiguë, mais la plasticité synaptique a été améliorée, recâblant littéralement le cerveau pour maintenir une humeur pétillante pendant les jours suivants ».

« Autisme, « dys » : l’errance diagnostique, un calvaire familial »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

« Ce mardi, Emmanuel Macron détaille le nouveau dispositif de repérage et d’accompagnement des troubles du neuro-développement [promis par Emmanuel Macron à la Conférence nationale du handicap en mai dernier] », fait savoir Le Figaro.
Le journal raconte l’histoire d’Aurélie, mère d’Elouann, « un enfant « très agité », avec « des troubles du sommeil » et souvent « dans l’opposition » »  qui « a dû attendre l’âge de 6 ans pour obtenir un premier diagnostic, dans le cabinet privé d’un neuro-pédiatre ». « À 8 ans, de nouveaux examens sont réalisés pour affiner le diagnostic et vérifier qu’il ne souffrait pas également de troubles « dys » (troubles spécifiques du langage et des apprentissages) ou autistiques », poursuit-il.
« Entre-temps, sa mère, orientée vers un centre d’action médicosociale précoce, a dû répondre à une foule de questions inopportunes sur sa grossesse et sa relation avec son fils… », ajoute-t-il. « Comme j’avais fait une dépression post-partum, les professionnels ont laissé entendre qu’il y avait un lien. J’ai beaucoup culpabilisé », se souvient Aurélie.
« Après une première stratégie très axée sur les troubles du spectre de l’autisme (TSA), le gouvernement insiste sur l’importance d’agir sur tous les troubles du neuro-développement -autisme, dys (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie…), déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), trouble du développement intellectuel (TDI) car ils se cumulent fréquemment », observe Le Figaro.
« Aujourd’hui encore, le diagnostic précoce comme la prise en charge restent un parcours du combattant pour de nombreuses familles. Pour apporter à Elouann l’aide dont il a besoin, Aurélie doit s’armer de patience : un an d’attente pour les orthophonistes et dix-huit mois pour les psychiatres », souligne l’article.
« Et ce, même avec l’aide de la plateforme de coordination et orientation (PCO) mise en place dans le cadre de la précédente stratégie autisme et troubles du neuro-développement… », note-t-il.
« L’errance diagnostique et l’absence de prise en charge sont aussi liées à la pénurie de professionnels sur le terrain et la désertification médicale de certains territoires », pointe Nathalie Groh, présidente de la Fédération française des dys, qui « attend aujourd’hui des mesures d’ampleur pour répondre aux besoins des 6% à 8% des enfants touchés par classe d’âge ». « Le tarif de remboursement des professionnels dans le cadre de la plateforme est inférieur aux tarifs pratiqués en libéral. Ce qui ne favorise pas l’attractivité… », indique Stéphanie Jacquet, présidente de l’association TDAH-Pour une égalité des chances.
Autre difficulté, « ces troubles qui touchent 5 % des enfants sont encore mal connus et peu pris en compte. Les choses sont en train de changer, mais cela prend du temps », soupire-t-elle.
« À 8 ans, [Elouann] parlait de suicide, c’était horrible. Les enseignants sont aussi très mal informés. Ils font ce qu’ils peuvent, mais ils ne sont pas formés », témoigne Aurélie. « La formation des médecins généralistes pour aiguiller les parents tout comme celle des enseignants pour mieux comprendre les troubles des apprentissages sont essentielles », précise Nathalie Groh, présidente de la Fédération française des dys.

« La légalisation du cannabis associée à une hausse des psychoses au Canada »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

« Cinq ans après avoir légalisé la commercialisation du cannabis, le Canada fait aujourd’hui face à une augmentation des hospitalisations pour épisode psychotique lié à la prise de cette substance psychotrope, révèle une vaste enquête effectuée par des chercheurs canadiens et publiée dans la revue médicale américaine Jama Network Open », fait savoir Pierre Kaldy dans Le Figaro.
« Cette étude de santé publique est bien menée et il est intéressant que ses auteurs aient fait la différence entre l’étape de la légalisation du cannabis et celle de sa commercialisation qui a suivi », commente Marie Odile Krebs, professeur et chercheuse à l’Institut de psychiatrie et neurosciences de Paris.
Le journaliste évoque les « admissions pour épisode de psychose -quand la personne présente un délire -qui progressent le plus ». « Cela peut être dû non seulement à une offre plus abondante et plus accessible, mais aussi au fait que les produits ont maintenant des teneurs beaucoup plus élevées en THC, la substance hallucinogène du cannabis », précise le premier auteur de l’étude, Daniel T. Myran.
« C’est très alarmant, car le risque de développer une schizophrénie dans les trois ans triple chez ces personnes et devient énorme chez les adolescents s’ils arrivent aux urgences avec un épisode psychotique : 40% des jeunes hommes âgés de 14 à 18 ans ont eu par la suite des troubles schizophréniques, stade où la maladie est irréversible et beaucoup plus difficile à traiter », souligne le journaliste.  
« Curieusement, les autorités sanitaires canadiennes ont supprimé en 2019 l’obligation de mentionner le risque de psychose ou de schizophrénie dans les nombreux avertissements figurant sur les produits contenant du cannabis », observe Le Figaro.
« Depuis 2018, les ventes de produits non thérapeutiques avec du cannabis ont connu une très forte croissance au Canada, portées maintenant par une puissante industrie qui n’hésite pas à vanter les effets euphorisants et stimulants de la drogue », poursuit le journal. « Le marché du cannabis est encore très jeune au Canada et continue d’évoluer. Et je m’attends à ce qu’il se développe encore ces cinq prochaines années », commente Daniel T. Myran.
« Le Cannabis Act est en cours de révision, ce qui laisse espérer des changements sur la manière dont la drogue pourrait être vendue et régulée à l’avenir », indique Le Figaro. « Mais nous sommes inquiets car la situation peut s’aggraver pour la santé publique si le marché continue de se développer sans être suffisamment régulé », ajoute le chercheur.


Cannabis : « L’Académie de médecine s’oppose de nouveau à la légalisation »

Date de publication : 14 novembre 2023

Le Figaro

Le Figaro reprend dans ses colonnes la position de l’Académie de médecine : « Par méconnaissance de tous ses effets délétères, la légalisation de “l’usage récréatif” du cannabis constituerait une grave erreur sanitaire », estime-t-elle.
« Les académiciens expliquent que les effets toxiques du THC, le principal composé psychotrope de la drogue, sont bien connus, particulièrement pour les adolescents et jeunes adultes », note le journal.
« Plusieurs études ont confirmé ses effets délétères sur la maturation cérébrale, laquelle ne s’achève que vers 25 ans », précise l’Académie.
« Le risque est plus élevé que par le passé, avec « la multiplication par 6 en vingt-cinq ans du taux de THC dans sa résine ». Et la légalisation du produit  « ne réduit ni son usage ni ses trafics », entraînant plutôt une hausse de la consommation », rapporte Le Figaro.

« Une nouvelle molécule ouvre des perspectives contre la dépression sévère »

Date de publication : 22 novembre 2023

Le Figaro

Soline Roy rappelle dans Le Figaro que « 30% des personnes souffrant de dépression majeure ne répondent pas aux traitements disponibles. Or la maladie est tout sauf rare : plus de 2 millions de personnes en souffrent en France, et elle est en passe de devenir, selon l’OMS, la première cause d’invalidité d’ici à 2030 ».
La journaliste observe : « Et si la réponse se cachait au cœur même de nos neurones ? C’est la piste qu’a choisi de suivre une équipe de chercheurs français et canadiens. Ils ont développé un nouveau composé qui vaut ce mardi à Jocelyne Caboche, directrice de recherche au CNRS, le prix Marcel Dassault 2023 pour l’innovation en psychiatrie ».
Soline Roy note que « le lauréat est choisi par un jury international indépendant et le prix, doté de 90.000 euros, est remis chaque année par la Fondation FondaMental ».
Elle explique que « pour comprendre, il faut revenir au fonctionnement même du neurone. De façon schématique, pour véhiculer l’information, le neurone utilise des signaux électriques qui cheminent à travers un gigantesque réseau au sein de notre cerveau. Arrivé au « bout » du neurone (au niveau de la synapse), ce signal va libérer des messagers chimiques appelés neurotransmetteurs. Transmises au neurone suivant, ces molécules vont l’exciter, ou l’inhiber, puis être retransformées en signal électrique, et ainsi de suite ».
La journaliste indique que « dans la dépression, on observe un dérèglement de l’émission ou de la réception de ces neurotransmetteurs, principalement la sérotonine (chargée d’équilibrer le sommeil, l’appétit et l’humeur), la dopamine (en jeu dans la régulation de l’humeur et de la motivation), et la noradrénaline (impliquée dans l’attention et le sommeil) ».
« Les antidépresseurs classiques ciblent les récepteurs de ces molécules. Problème : ils ont un long délai d’action (au moins 4 semaines pour les principaux d’entre eux), et présentent de nombreux effets secondaires. Plus récente, la kétamine agit plus rapidement mais c’est un dérivé psychédélique qui doit être administré sous étroite surveillance médicale, et entraîne des risques d’addiction », 
continue Soline Roy.
La journaliste explique qu’« en 2018, une équipe franco-canadienne a proposé dans Nature Medicine une nouvelle cible thérapeutique : la protéine Elk-1, qui commande l’expression de gènes impliqués dans la régulation de l’humeur. Les chercheurs ont montré que cette protéine est surexprimée en cas de dépression. […] Outre un possible biomarqueur pour identifier plus vite les patients ne répondant pas aux traitements, c’est surtout une nouvelle cible thérapeutique jusque-là inexplorée ».
Soline Roy relève ainsi que « les auteurs ont mis au point un peptide (une petite chaîne d’acides aminés, semblable à la protéine Elk-1 mais plus courte) nommé PepElk. Greffé à un « cheval de Troie » qui lui permet de pénétrer dans le cerveau et les neurones, il empêche l’activation de la protéine Elk-1 ».
« L’administration à des souris adultes a amélioré leur réponse au stress et empêché les altérations comportementales qui lui sont liées, mais sans altérer «les niveaux de base de locomotion ou de mémoire», préservant donc ses fonctions essentielles. Reste à montrer son efficacité chez l’homme, et c’est tout l’intérêt du prix Dassault 
», remarque la journaliste.
Jocelyne Caboche précise que « la somme allouée est loin du total nécessaire, mais cela va nous permettre de commencer les premiers travaux, et c’est un levier très important pour trouver des investisseurs prêts à nous accompagner ».

« Vous avez tout intérêt à garder une bonne nouvelle pour vous »

Date de publication : 22 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem remarque dans Le Point : « Vous venez d’apprendre une bonne nouvelle et vous avez envie de la crier sur tous les toits ? Prudence, garder cette information secrète pourrait être bénéfique pour votre santé ».
La journaliste explique en effet que « selon une récente étude publiée par l’American Psychological Association, conserver cette bonne nouvelle rien que pour soi avant d’en parler aurait des bénéfices pour la santé mentale. […] Cela permettrait de se sentir plus vivant et même d’avoir davantage d’énergie ».
Johanna Amselem dévoile les détails de ce travail paru dans le Journal of Personality and Social Psychology : « Cette étude a été menée auprès de 500 personnes. Au total, elles sont 76% à avoir déclaré que la première chose qu’elles feraient après avoir appris une bonne nouvelle serait de… la partager ».
« Cinq expériences ont été réalisées pour comprendre ce qui motive les gens à garder certains secrets. Tous les participants ont pu consulter une liste de 40 bonnes nouvelles (gain d’argent, achat d’un cadeau, etc.) et ont ensuite distingué les nouvelles qu’ils gardaient pour eux et celles qu’ils partageaient »
, note la journaliste.
Les auteurs écrivent que « les gens détenaient en moyenne 14 à 15 bonnes nouvelles, dont 5 à 6 en moyenne étaient gardées secrètes. Les participants qui ont réfléchi à leurs secrets positifs ont déclaré se sentir plus énergiques. Les personnes qui ont déclaré avoir l’intention de partager leur nouvelle avec d’autres ont également déclaré se sentir plus énergiques, que la nouvelle soit secrète ou non ».
L’auteur principal, Michael Slepian, professeur agrégé de commerce à l’université de Columbia, précise : « Les gens gardent souvent des secrets positifs pour leur propre plaisir ou pour rendre une surprise plus excitante. Plutôt que de se fonder sur des pressions extérieures, les secrets positifs sont plus souvent choisis en raison de désirs personnels et de motivations internes. Les secrets positifs redonnent vie aux gens lorsqu’ils peuvent choisir de garder l’information secrète ».
Il ajoute : « Bien que les secrets négatifs soient beaucoup plus courants que les secrets positifs, certains des événements les plus joyeux de la vie commencent par des secrets comme une demande en mariage, la découverte d’une grossesse, des cadeaux, etc. ».
Johanna Amselem relève que « les chercheurs ont également découvert que garder les bonnes nouvelles secrètes peut donner aux gens un sentiment d’énergie et de vie, qu’ils aient ou non l’intention de partager ces informations plus tard avec quelqu’un ».

« La colère a (vraiment) des effets bénéfiques »

Date de publication : 23 novembre 2023

Le Point

Johanna Amselem remarque en effet dans Le Point : « Et si vous vous mettiez en colère pour atteindre vos objectifs ? C’est en tout cas la suggestion faite par des chercheurs américains. Selon une étude publiée par l’American Psychological Association, la colère pourrait être un moteur efficace pour atteindre ses objectifs ».
Heather Lench, professeure au département de psychologie et des sciences du cerveau à la Texas A & M University, auteure principale, observe ainsi que « les gens croient souvent qu’un état de bonheur est idéal et la majorité d’entre eux considèrent la poursuite du bonheur comme un objectif majeur de la vie ».
« Pourtant, elle rappelle que de précédentes études ont confirmé que les émotions négatives comme la colère donnaient également de bons résultats », 
note Johanna Amselem.
Le Pr Lench explique que « la théorie fonctionnaliste de l’émotion, étudiée depuis des décennies, suggère que toutes les émotions, bonnes ou mauvaises, sont des réactions à des événements dans l’environnement d’une personne et servent à alerter cette personne de situations importantes qui nécessitent des actions ».
Johanna Amselem indique qu’« afin de mieux comprendre le rôle de la colère dans la réalisation des objectifs, les chercheurs ont mené une série d’expériences impliquant plus de 1000 participants et analysé les données d’enquête de plus de 1400 répondants. Dans chaque expérience, les chercheurs ont suscité soit une réponse émotionnelle – comme la colère, l’amusement, le désir ou la tristesse –, soit un état émotionnel neutre. Chaque participant a ensuite été confronté à un objectif ».
Les auteurs écrivent dans le Journal of Personality and Social Psychology : « Dans toutes les expériences, la colère a amélioré la capacité des personnes à atteindre leurs objectifs par rapport à un état neutre. Dans certains cas, cela était associé à des scores plus élevés ou à des temps de réponse plus courts. Dans une expérience, la colère a également augmenté la tricherie pour obtenir un meilleur résultat ».
Le Pr Lench indique ainsi : « Nos recherches s’ajoutent aux preuves croissantes selon lesquelles un mélange d’émotions positives et négatives favorise le bien-être et que l’utilisation des émotions négatives comme outils peut être particulièrement efficace dans certaines situations ».

Revue de presse santé psy – octobre 2023

« Des implants testés pour retrouver le contrôle de bras paralysés grâce à la pensée »

Date de publication : 28 septembre 2023

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « pour la première fois, un implant cérébral couplé à un implant stimulant la moelle épinière est testé afin de permettre à un patient tétraplégique d’à nouveau bouger ses bras, mains et doigts par la pensée » selon l’entreprise néerlandaise Onward.
Le journal note que « la combinaison de ces deux technologies avait déjà permis à un patient paraplégique de retrouver un contrôle naturel de la marche par la pensée, une avancée qui avait fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Nature en mai. Mais c’est la première fois que cette double technique est employée pour les membres supérieurs ».
Jocelyne Bloch, chirurgienne qui « a réalisé les opérations d’implantation » et cofondatrice d’Onward, précise que « la mobilité du bras est plus complexe. […] La musculature de la main est assez fine, avec plein de petits muscles différents qui sont activés en même temps pour certains mouvements ».
Le Parisien indique que le patient « est un homme suisse de 46 ans ayant perdu l’usage de ses bras après une chute. Deux opérations ont eu lieu le mois dernier au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) de Lausanne ».
« La première pour placer l’implant cérébral de quelques centimètres de diamètre, développé par l’organisation française CEA-Clinatech, au-dessus du cerveau, à la place d’un petit bout d’os crânien. La deuxième pour placer les électrodes développées par Onward au niveau de la moelle cervicale, reliées à un petit boîtier implanté dans l’abdomen »,
 explique le quotidien.
Il ajoute que « l’implant cérébral (ou interface cerveau-machine, ICM) enregistre les régions du cerveau qui s’activent lorsque le patient réfléchit à un mouvement, et les communique aux électrodes. Une sorte de «pont digital» ».
Jocelyne Bloch indique que « ça se passe bien pour l’instant. On arrive à enregistrer l’activité cérébrale, et on sait que la stimulation marche. (…) Mais il est trop tôt pour parler de ce qu’il a fait comme progrès, ce qu’il est capable de faire maintenant ».
Le Parisien note enfin que « deux autres patients doivent participer à cet essai. Les résultats complets seront publiés ultérieurement ».

« La fermeture de lits en psychiatrie, un problème national »

Date de publication : 3 octobre 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe qu’« en cette rentrée 2023, la crise dans le secteur de la santé mentale s’aggrave un peu partout en France, notamment avec des patients non pris en charge ou tardivement ».
Eric Favereau note ainsi que « chaque jour, chaque semaine, des conflits éclatent un peu partout en France dans des hôpitaux psychiatriques, liés à la fermeture de lits. Dernier en date, à Nantes, le 27 septembre. Cela a pris la forme d’une lettre au procureur de la République, la CGT du CHU de Nantes alertant «sur une situation de mise en danger des patients (mineurs et adultes) et des professionnels en psychiatrie au sein de l’hôpital Saint-Jacques». Deux responsables syndicaux ont pointé la fermeture de 4 lits sur 12 dans l’unité Espace qui accueille des jeunes de 15 à 20 ans présentant des risques suicidaires ».
Le journaliste fait un « tour de France » et s’interroge : « Que déduire de ces successions répétées de restrictions, alors qu’au même moment la demande de soins augmente ? Ce n’est pas nouveau, mais cela ne s’arrête pas. Comme un goutte-à-goutte sans fin ».
Eric Favereau relève que « début septembre, une enquête de la Fédération hospitalière de France a confirmé que «les fermetures structurelles de lits se sont intensifiées après la crise sanitaire». Et qu’entre un quart et trois quarts des postes de médecins sont vacants dans 40% des établissements, 8% des établissements déplorant même le vide de plus de la moitié de leurs postes de médecins ».
Un infirmier normand observe : « Je ne sais plus trop ce que l’on peut attendre. Le personnel n’y croit plus, on soigne mal. A la population de s’énerver et de se battre ».

« « C’est une prison » : se faisant passer pour « fou », ce journaliste a passé une semaine dans un hôpital psychiatrique »

Date de publication : 5 octobre 2023

Le Parisien

Le Parisien indique en effet : « Diagnostics expéditifs, surmédication… En immersion durant une semaine dans un établissement psychiatrique parisien, le journaliste Alexandre Macé-Dubois a constaté les dysfonctionnements du système et raconte son expérience dans un ouvrage » (« A en devenir fou. Dans la peau d’un schizophrène », éditions Phébus).
Zoé Lauwereys explique ainsi que « pendant une semaine, le quotidien d’Alexandre Macé-Dubois a tourné autour de ces « fous ». Tout comme lui, ces patients étaient enfermés dans un hôpital psychiatrique parisien. Mais à la différence de ses camarades d’infortune, le journaliste indépendant de 32 ans s’y était laissé interner en simulant les symptômes d’une maladie mentale pour les besoins d’une enquête ».
« Le jeune journaliste a voulu « emmener le lecteur là où il ne peut pas aller ». Mais Alexandre Macé-Dubois se défend d’avoir voulu mener, tout du moins au début du projet, « une enquête à charge » à l’encontre du système psychiatrique »,
 note Zoé Lauwereys. Il précise dans un entretien : « Je voulais rencontrer ces patients, connaître leurs parcours, leur donner de la visibilité. J’ai dû jouer un rôle mais j’étais au plus proche des patients ».
Alexandre Macé-Dubois indique notamment : « Je m’étais pas mal documenté, lu des ouvrages, regardé des documentaires. J’ai aussi rencontré des schizophrènes. Mais ça n’a finalement pas été très compliqué. J’avais pris rendez-vous chez un spécialiste de la schizophrénie, je pensais qu’il aurait besoin de plusieurs séances pour me diagnostiquer. Je ne pensais pas qu’il allait tomber dans le piège si facilement ».
Le Parisien continue : « Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre séjour ? ».
Alexandre Macé-Dubois répond que « globalement, c’est l’ennui qui m’a le plus choqué. On m’a dit qu’une semaine, c’était très court comme séjour, mais une minute paraît deux heures. J’ai eu l’impression de rentrer de six mois de terrain de guerre. On passe nos journées dans une salle avec quatre chaises, une télé qui ne fonctionne pas, un baby-foot sans balle ».
« On attend que le temps passe. On regarde les autres faire les cent pas, certains pieds nus, on se scrute dans le blanc des yeux. On ne voit le psy que deux fois cinq minutes par semaine. Les journées sont rythmées par les repas et la prise de médicaments. C’est une prison »,
 poursuit le journaliste.
Il explique : « Tous ont des pathologies différentes et sont parqués au même endroit. Pour moi on les met à l’écart, on les parque, sans accompagnement réel. On ne veut pas les voir, on les invisibilise un peu plus. On sort dix minutes trois fois par jour dans une cour minuscule, tous habillés dans le pyjama bleu qu’on nous donne à notre arrivée, certains font des exercices de muscu. Ça m’a fait penser à une cour de prison. Et il y a de la résignation dans le regard des gens, de la fatalité. Comment peut-on penser qu’un patient sera soigné après un an dans ces conditions ? ».
Le journal interroge enfin : « Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? ».
Alexandre Macé-Dubois déclare que « c’est une catastrophe à bien des égards. Il faut mieux faire. Il ne faut pas opposer psychologie et psychothérapie. Il n’y a pas de psychiatrie sans écoute et sans bienveillance. Je pense que les psychiatres ont envie d’écouter les patients, mais faute de moyen et de temps leur donnent des médicaments qui, pour beaucoup, ne seraient utiles que dans l’urgence.
On met le patient hors d’état de nuire, cela prend moins de temps qu’un suivi personnalisé qui permettrait de comprendre les origines du trouble. Il faut remettre le patient au centre du système ».

« Violences conjugales : en Île-de-France, les victimes pourront porter plainte depuis les urgences »

Date de publication : 5 octobre 2023

Le Parisien

Le Parisien annonce en effet que « les victimes de violences conjugales pourront solliciter la police depuis les urgences de l’hôpital. Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, le préfet de police de Paris et quatre procureurs franciliens ont signé mercredi une convention pour que les victimes de violences conjugales puissent dorénavant déposer plainte dans tous les services d’urgence de l’AP-HP ».
Le journal explique qu’« expérimenté depuis octobre 2020 dans trois établissements (sur 16) de l’AP-HP (Saint-Antoine/Paris XIIe, Tenon/Paris XXe et Henri-Mondor à Créteil), le dispositif d’envergure nationale, lancé à la suite du Grenelle des violences conjugales de 2019, est ainsi généralisé à partir de jeudi à l’ensemble des services d’accueil et d’urgence de l’AP-HP ».
Nicolas Revel, directeur général de l’APH-HP, a déclaré : « Le pas que nous faisons peut paraître modeste mais en réalité il est très important pour faire avancer le combat. C’est la justice elle seule qui peut mettre à l’écart l’agresseur et protéger la victime ».
Le Parisien explique que « la convention nouvellement signée prévoit qu’un médecin urgentiste qui prend en charge une victime de violences conjugales lui demande si elle veut porter plainte. Dans l’affirmative, l’urgentiste contacte les services de police via une ligne dédiée ».
« L’audition se fera dans l’hôpital, en toute confidentialité. Si la victime ne souhaite pas déposer plainte, elle sera orientée vers un service d’accompagnement et l’urgentiste pourra éventuellement faire un signalement auprès du procureur de la République », 
poursuit le quotidien.
Il note que « selon l’AP-HP, 46 victimes (30 à Paris, 16 à Créteil) ont déposé plainte dans les locaux de l’AP-HP depuis le début de l’expérimentation. […] La région Ile-de-France a enregistré le nombre le plus élevé de morts violentes au sein du couple en 2022 d’après le rapport annuel du ministère de l’Intérieur, soit 19 victimes ».

« Le quotidien éprouvant des jeunes aidants »

Date de publication : 9 octobre 2023

Le Figaro

C’est ce que titre Le Figaro, qui rappelle que « près d’1 million de jeunes âgés de 16 à 25 ans deviennent le pilier d’un parent malade, d’un frère handicapé ou d’un grand-parent fragilisé, selon une nouvelle étude sur ce phénomène de société resté longtemps invisible ».
Le journal remarque ainsi : « Combien sont-ils ces enfants, adolescents ou jeunes adultes qui […] grandissent avec des lourdes responsabilités à l’âge de l’insouciance, béquille d’un frère handicapé, d’un père malade, d’une grand-mère dépendante ? ».
« 523.000 mineurs apportent une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie, estime une étude de la Drees parue en février 2023. 13% des 16 à 25 ans, soit près d’un million de jeunes, seraient en situation d’aidance, chiffre une étude réalisée auprès de 3000 jeunes par Macif et le Crédoc »
, précise le quotidien.
Le Figaro poursuit : « Soutien émotionnel, gestion des tâches domestiques, aide aux soins… 1 jeune aidant sur 10 entre 16 et 25 ans se dit éprouvé par l’accompagnement d’un proche, souligne l’enquête de la Macif et du Crédoc. Un lourd fardeau qui comprend l’entretien du domicile pour 78% d’entre eux, les soins à la personne pour 74% ou encore l’aide administrative pour 71% ».
« Pour ceux encore à l’école ou qui poursuivent des études, ce rôle auprès de leurs proches bouscule leur parcours. Un quart des jeunes aidants signalent un décrochage scolaire. Ils peuvent aussi endosser des responsabilités financières dans leur famille, ce qui a conduit plus d’un tiers d’entre eux (37%) à prendre un emploi en parallèle de leurs études ou à les raccourcir (30%). 54% des jeunes aidants subissent la charge mentale et le fardeau que cela représente et 1 tiers d’entre eux estiment être en moins bonne santé que les jeunes de leur âge »,
continue le journal.
Le Figaro note enfin qu’« après avoir été longtemps invisibles, ignorés des politiques publiques, la stratégie Agir pour les aidants 2020-2022 leur a apporté une première reconnaissance, notamment grâce à des actions de sensibilisation auprès des personnels de l’Éducation nationale. Le nouveau plan, annoncé le 6 octobre à l’occasion de la Journée nationale des aidants par la ministre des Solidarités et la ministre déléguée aux Personnes handicapées, devrait améliorer le système de bourse pour les jeunes étudiants aidants avec quatre points de charges supplémentaires ».

Troubles psychiques ; un risque de persistance de l’enfance à l’âge adulte

Troubles psychiques ; un risque de persistance de l'enfance à l'âge adulte

Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 11 octobre 2023

L’apparition de troubles psychologiques pendant l’enfance prédit chez certains patients des difficultés sur le long terme. Une étude montre que des symptômes psychiques constatés aux âges de 9-13 ans sont associés à un risque de moins bonne santé physique et/ou mentale vers 17-20 ans. Ces résultats parus dans le JAMA appuient une nouvelle fois l’importance d’une prise en charge précoce et pluridisciplinaire des troubles psychiques chez les enfants.
 
Que deviennent les jeunes enfants atteints de troubles psychologiques, au stade du jeune adulte sur le plan de la santé physique et mentale ? C’est à cette question qu’une équipe irlandaise a voulu répondre.
Pour cela, elle a étudié la trajectoire d’enfants pour qui les parents ont rapporté des difficultés psychologiques entre les âges de 9 à 13 ans ; problèmes de comportements, symptômes dépressifs, maladies mentales… La collecte de données a commencé en août 2007 et a été répétée pour la dernière fois en septembre 2018 soit jusqu’aux 17-20 ans des participants.
Les résultats évalués au stade jeune adulte comprenaient une mauvaise santé mentale, une mauvaise santé physique, l’isolement social, une consommation excessive de substances, un recours fréquent aux services de santé, un mal-être subjectif et des résultats éducatifs/économiques défavorables.
Sur 5141 participants inclus, plus d’un quart présentait un problème de santé mentale (27,5%). Parmi ces enfants, la moitié a présenté des difficultés à 17-20 ans ce qui s’est accompagné d’un surcroit de recours aux soins (+38% par rapport aux jeunes sans antécédents psychologiques). L’association était d’autant plus forte que la sévérité des troubles était élevée autour de 9-13 ans avec un risque multiplié par trois environ de mauvaise santé physique et mentale dans les années qui ont suivi.
 
Référence: 
Niamh Dooley et al.
Functional Outcomes Among Young People With Trajectories of Persistent Childhood Psychopathology
JAMA Netw Open. 2023;6(9):e2336520. 

« Une thérapie génique contre l’addiction à l’alcool »

Date de publication : 12 octobre 2023

Challenges

« Le test mené sur des singes [macaques rhésus (Macaca mulatta)] a permis de réduire leur consommation de plus de 90% », révèle Challenges.
« La consommation de quantités excessives d’alcool pendant de nombreuses années conduit à des niveaux plus faibles de dopamine, un neurotransmetteur central dans le phénomène de dépendance. Et seule la consommation d’alcool permet alors de rétablir ces niveaux », rappelle le magazine.
« Pour réinitialiser ce système de la récompense, les chercheurs ont acheminé, dans le cerveau des singes alcooliques, un gène codant une molécule qui favorise la survie des cellules cérébrales productrices de dopamine », détaille-t-il.
« Les résultats publiés dans Nature Medicine montrent que les singes ainsi traités ont réduit spontanément et durant les douze mois d’observation leur consommation d’alcool de plus de 90%, à un niveau proche de zéro », rapporte-t-il. « Reste pour l’équipe de l’université Science et santé d’Oregon, à Portland (Etats-Unis), à transformer l’essai en clinique, chez l’humain », conclut Challenges.

« Tentative de suicide : ce dispositif qui limite la récidive »

Date de publication : 16 octobre 2023

Le Figaro

Anne Prigent rappelle dans Le Figaro que « chaque année en France, 150.000 à 200.000 personnes font une tentative de suicide, dont une part importante récidivera », et se penche sur VigilanS, « un dispositif qui maintient le contact avec les personnes ayant été hospitalisées pour une tentative de suicide ».
« Le but : éviter un nouveau passage à l’acte en maintenant un lien personnalisé avec la personne en souffrance sans envahir son existence. Et c’est efficace ! », 
observe la journaliste.
Le Pr Guillaume Vaiva, psychiatre au CHU de Lille, souligne ainsi : « On sait que 40% des personnes dont c’est la première tentative vont renouveler leur geste dans leur vie, dont plus de la moitié dans les 6 mois ».
Anne Prigent indique que « le risque d’une récidive, dans les 12 mois après une tentative de suicide, chute de près de 40% chez les personnes prises en charge, selon une étude publiée récemment par Santé publique France ».
La journaliste retient en outre « le caractère coût efficace du dispositif : chaque euro investi permettrait d’en économiser deux. En moyenne, 248 euros de coûts de santé seraient ainsi économisés pour chaque patient inclus dans VigilanS ».
Anne Prigent explique notamment qu’« une personne qui tente de se suicider est le plus souvent dirigée vers un service d’urgences ou en réanimation. Lorsqu’elle quitte l’hôpital, le médecin lui remet un programme de soins et lui propose d’entrer dans le dispositif VigilanS. Elle reçoit alors une carte ressource, avec un numéro à appeler en cas de besoin. […] Le service hospitalier transmet également au dispositif VigilanS les coordonnées du patient, de son médecin traitant et de son psychiatre, ainsi que des éléments sur la tentative de suicide ».
La journaliste ajoute que « l’équipe de «vigilanseurs», comme ils s’appellent, recontacte la personne dans les dix à vingt jours qui suivent sa sortie de l’hôpital. Il s’agit de savoir comment elle va et de reprendre avec elle les éléments du programme de soins ».
Le Pr Vaiva précise : « Rien ne se fait sans l’accord des patients qui, dans la grande majorité des cas, acceptent. Par ailleurs, nous prévenons les soignants habituels du patient qu’il est entré dans le dispositif. […] Si la personne va bien, qu’elle a trouvé une façon d’aller mieux, nous en resterons là, mais on lui rappelle qu’elle peut toujours nous contacter ».
Anne Prigent note enfin que « la veille dure 6 mois, éventuellement renouvelables. Elle concerne les adultes mais aussi les adolescents et les enfants. […] Aujourd’hui, 32 centres VigilanS couvrent l’ensemble des régions françaises y compris les territoires d’outre-mer ».

« Crise de la psychiatrie : des patients toujours plus abandonnés »

Date de publication : 17 octobre 2023

Libération

C’est ce que titre Libération, qui note que « le baromètre de l’Union des familles et amis de personnes malades ou handicapées psychiques pointe de nouveau le délabrement de la prise en charge des patients, entre restrictions de liberté, refus de visite des proches et difficultés financières ».
Eric Favereau se penche ainsi sur ce document de l’Union nationale des associations des familles et amis de personnes malades et /ou handicapées psychiques (Unafam) : « Près des deux tiers des personnes interrogées – sur plus de 4000 répondants – assurent que l’accès à un psychiatre ou à un psychologue est «de plus en plus difficile». Dès le départ, ça coince ».
Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Unafam, observe que « le manque de moyens observé en psychiatrie ne vient pas seulement restreindre l’accès ou le maintien dans les soins, mais il vient aussi détériorer la prise en charge des patients. 83% d’entre eux déclarent avoir rencontré d’importantes difficultés lors de la prise en charge de leur proche. Dans environ 60% des cas, le patient a subi des mesures d’isolement et dans 30% des cas, des mesures de contention ».
Le journaliste note que « ces restrictions de liberté sont significatives, car elles apparaissent, de plus en plus, comme un symptôme des tensions actuelles ».
Eric Favereau évoque en outre « les refus de visite des proches, qui se multiplient. Or, ils doivent être motivés et être strictement adaptés aux circonstances, selon les textes ».
L’Unafam souligne qu’« il est difficile de croire que pour 44% des répondants qui en ont souffert, le refus était adapté. Le droit de visite est un droit qui est aujourd’hui en France mieux respecté dans les institutions pénitentiaires que dans les hôpitaux psychiatriques, où sont autorisées et légitimées l’interdiction et la privation absolue de liberté des patients vivant avec des troubles psychiques ».
Le journaliste observe que « plus généralement, la vie des malades psychiques reste un parcours du combattant, déjà tout bêtement sur le plan financier ».
L’Unafam précise que « le manque de moyens est criant : 71% des répondants déclarent venir en aide financièrement à leur proche. Pour 40% d’entre eux, cela les fragilise économiquement ».
Marie-Jeanne Richard ajoute : « Notre baromètre démontre que l’Etat français n’a pas pris la mesure des besoins. Des droits fondamentaux sont toujours bafoués. Nous appelons de nos vœux non seulement une accélération du changement, mais que celui-ci puisse se faire sur tous les territoires car les inégalités régionales restent massives ».

« Sommeil des enfants : le cauchemar des parents »

Date de publication : 25 octobre 2023

Libération

« Actualité anxiogène, écrans omniprésents, voisins bruyants… Petits et adolescents dorment de moins en moins longtemps, affectant leurs capacités d’apprentissage ou les rendant davantage irritables. Un rythme et une fatigue parfois difficiles à gérer à la maison », indique Marie-ève Lacasse dans Libération.
Selon les statistiques « les enfants dorment en moyenne deux heures de moins par nuit qu’il y a vingt ans. Chez les ados, la durée de sommeil varie entre 7h47 et 9h07 les jours d’école et entre 9h31 et 10h22 les jours non scolaires (selon une étude de 2020 portant sur 165.793 jeunes) », fait savoir la journaliste.
Parmi les difficultés repérées, « la problématique des petits appartements, la télé allumée et les écrans, bien sûr, mais aussi les enfants de différents âges qui dorment dans la même pièce à des heures différentes », souligne la psychiatre Sylvie Royant-Parola du Réseau Morphée, une équipe pluridisciplinaire de spécialistes du sommeil. 
« A l’adolescence, le sommeil est souvent source de conflits dans les ­familles et les insomnies des jeunes, en raison notamment des écrans, sont une véritable épidémie, comme l’avait documenté Libération en octobre 2022 », note Libération.
« Pour cette tranche d’âge, on a fait différentes enquêtes avec le Réseau Morphée et nous avons constaté que 30% des jeunes dorment six heures ou moins par nuit, ce qui est insuffisant », observe le Dr Royant-Parola. « Les recommandations, c’est huit ou neuf heures par nuit. Six heures c’est dans le rouge, sept c’est acceptable. Les ados n’ont pas conscience que c’est quelque chose d’important, une priorité », insiste-t-elle.
« Les problèmes psychologiques, les temps de trajet trop longs, la surcharge de travail, les activités extrascolaires, les sorties et les psychotropes sont autant de raisons qui affectent leurs nuits », note l’article. « Et ce phénomène ne se limite pas à l’Occident », assure le Dr Maxime Elbaz, docteur en neurosciences et directeur technique du centre du sommeil et de la vigilance de l’Hôtel Dieu (AP-HP), à Paris.
« On l’observe dans tous les pays. Santé publique France avait publié une vaste étude en 2011 et l’on constatait déjà que la durée de sommeil des ados diminue d’année en année de trente à quarante minutes et qu’ils cumulent une dette chronique de sommeil qu’ils essaient de récupérer le weekend, en vain », poursuit-il.
« Cette carence a un impact direct sur le développement et le comportement », relève Marie-ève Lacasse. « Un manque de vigilance, des fautes d’inattention qui peuvent conduire à des difficultés scolaires ou potentiellement à des accidents de vélo ou de scooter », ajoute le Dr Royant-Parola.
« Sans oublier que ça peut favoriser la prise de poids ou la résistance aux infections, avec l’amenuisement des défenses immunitaires [la privation de sommeil diminue l’effet protecteur des lymphocytes et épuise les systèmes de l’immunorégulation, ndlr]. Et puis, les ados carencés en sommeil ont tendance à se dévaloriser, à voir les choses plus en noir », avertit le médecin.
« Comment y remédier ? », s’interroge la journaliste. « Les conseils des docteurs Elbaz et Royant-Parola se rejoignent : interdire l’écran au lit, se coucher et se réveiller à la même heure, maintenir une température ambiante dans la chambre à 18 ou 19 degrés, éviter le sport en soirée, terminer ses devoirs pour ne pas avoir l’esprit préoccupé, privilégier un repas du soir léger à base de sucres lents », liste l’article.
« Certes… Mais les horaires de travail des parents, les situations familiales complexes voire violentes, la personnalité explosive des ados (ou des parents) et les appartements minuscules rendent ces recommandations difficiles à mettre en œuvre », estime la journaliste.
« Le diagnostic de carence est difficile à établir car à moins d’un suivi pour maladies graves, les ados n’ont pas forcément le réflexe (ni leurs parents) de prendre un rendez-vous annuel avec leur généraliste, comme le constate le Dr Juliette Guillossou, médecin à Paris », observe Libération.

« Troubles du comportement alimentaire : traitements, prise en charge… Où en est la recherche ? »

Date de publication : 26 octobre 2023

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui constate que « de plus en plus d’adolescents (généralement des adolescentes) et de jeunes adultes souffrent de TCA. Des chercheurs appellent à investir davantage pour la recherche, afin notamment d’identifier des médicaments efficaces ».
Nathalie Godart, pédopsychiatre et présidente de la Fédération française Anorexie Boulimie (FFAB), souligne ainsi qu’en France, « les fonds attribués à la santé mentale sont insuffisants. Et dans cette catégorie, les TCA sont le parent pauvre ».
Nicolas Berrod remarque qu’« aux yeux de ces scientifiques, il y a d’autant plus urgence à inverser la donne et à davantage investir sur les troubles alimentaires (anorexie, boulimie, etc.) que les demandes de prise en charge ont explosé depuis le Covid. Isolement, perte de repères, rythme de vie perturbé… Les confinements répétés ont fait basculer de nombreux patients dans la « spirale » de la maladie ».
Le journaliste relève qu’« en France, la FFAB estime qu’environ un million de personnes (essentiellement des jeunes femmes) souffrent de troubles alimentaires compulsifs ». Hugo Saoudi, psychiatre à la clinique de la Fédération santé étudiants de France (FSEF) à Paris, déclare qu’« eu égard à ce nombre, la recherche n’est clairement pas au niveau ».
Nicolas Berrod indique que « de nouvelles études permettraient, notamment, de mieux comprendre les causes et les mécanismes de «ces maladies multifactorielles et très complexes, à la fois dans leur origine et dans leur développement», avance le médecin ».
Le journaliste explique que « s’agissant des médicaments, seul le Prozac dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement d’un trouble alimentaire, plus spécifiquement la boulimie. […] Certains médicaments psys (antidépresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, etc.) peuvent être prescrits pour soulager les symptômes, mais sans forcément agir sur les mécanismes qui les provoquent ».
« La recherche avance malgré tout, avec les fonds limités disponibles », 
note Nicolas Berrod. Le Pr Marie Grall, du service d’addictologie et de psychiatrie du CHU de Nantes, souligne que « de nombreux travaux sont menés pour mieux comprendre ces troubles ou mieux les prendre en charge, en testant des thérapeutiques innovantes ».
Nicolas Berrod indique ainsi que « l’un des médicaments faisant l’objet d’un essai clinique est le nalméfène. […] L’étude NABAb vise à évaluer son éventuelle efficacité «pour réduire le craving (sorte d’impulsion irrépressible) lié aux addictions comportementales (jeu d’argent pathologique, addiction sexuelle et addiction à l’alimentation)», détaille l’hôpital ».

« Personnes transgenres : face au manque d’accès aux soins, le parcours de la débrouille »

Date de publication : 31 octobre 2023

Le Monde

Lilas Pepy indique dans Le Monde que « de nombreuses études révèlent un état de santé préoccupant chez les personnes transgenres. Transphobie, refus de soin, manque de formation des soignants, rareté de l’offre en soins de transition… En réaction aux carences institutionnelles, milieux associatifs et praticiens volontaires se mobilisent ».
La journaliste souligne : « Transphobie, refus de soin, manque manifeste de formation des soignants dans l’accueil des personnes transgenres, retard dans les diagnostics de pathologies, rareté de l’offre en soins de transition : voici le quotidien des personnes trans dans l’accès à la santé ».
Elle explique que « les associations LGBT+ et certains praticiens dénoncent depuis des années le manque d’accessibilité à des soins primaires de qualité pour les personnes trans, alors que les chiffres sur leur état de santé globale sont vertigineux. Entre 0,3% et 4,5% des adultes sont concernés selon les études et leur méthodologie, d’après l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH) ».
Lilas Pepy évoque « une étude américaine présentée en juin 2023, incluant 66.682 patients trans reçus aux urgences entre 2006 et 2016, [qui] montre que ces derniers arrivent dans un état de santé bien plus dégradé que les personnes cisgenres (qui se reconnaissent dans le genre attribué à leur naissance) : 58,2% des visites sont liées à des maladies chroniques pour les premiers, contre 19,2% des visites pour les seconds ».
Sophie Le Goff, médecin généraliste, remarque ainsi : « Lorsque j’ai commencé à recevoir des patients trans il y a quelques années, j’ai été déboussolée : alors qu’il s’agissait d’une patientèle jeune, les besoins en santé étaient très importants. […] Mes patients n’avaient pas accès au soin en raison d’une offre inexistante ou inadaptée, ou s’étaient eux-mêmes exclus du système de santé à la suite de discriminations ou de violences ».
La praticienne ajoute : « Lors de formations ou de sensibilisations que j’anime, certains professionnels m’assurent qu’ils n’ont pas de patients trans. Or, c’est statistiquement impossible. La vraie question est : quelle place laissent-ils aux gens qui ont des besoins en santé spécifiques pour s’exprimer dans leurs consultations ? ».
Lilas Pepy évoque un « autre obstacle, en lien avec la transition médicale cette fois, le manque de praticiens à l’origine d’un traitement hormonal. En France, tout médecin peut réaliser une primo-prescription d’hormones féminisantes – de type œstrogènes. La plupart des personnes en transition se tournent vers leur médecin généraliste ».
Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente de l’association OUTrans, note cependant que « rien qu’en Ile-de-France seulement une trentaine le fait sur les 10.000 référencés par Ameli [le site de l’Assurance-maladie] ».
La journaliste observe que « la testostérone pouvant, quant à elle, être détournée pour des actions de dopage, seuls quelques spécialistes – endocrinologues, urologues, gynécologues, andrologues, médecins de la reproduction – peuvent rédiger la primo-prescription d’hormones masculinisantes. Dans les faits, la testostérone est prescrite par des endocrinologues. En 2021, OUTrans a contacté une soixantaine d’entre eux exerçant dans la région : seulement 5 acceptaient de recevoir des patients trans ».
Lilas Pepy ajoute que « des médecins continuent, par ailleurs, d’exiger un certificat établi par un psychiatre avant toute prescription, alors même que l’OMS a sorti la transidentité du champ des maladies mentales pour la faire entrer dans celui de la santé sexuelle, en 2019. Enfin, certaines caisses d’assurance-maladie conditionnent l’accès à une affection de longue durée – qui permet une prise en charge des soins de transition – à l’avis d’un psychiatre ».
La journaliste relève qu’« au-delà d’un manque évident de formation, de nombreux praticiens soulignent l’absence de recommandations de bonnes pratiques officielles de la Haute Autorité de santé, qui a été saisie par le ministère de la santé en 2021, et a réuni pour la première fois, en avril 2023, un groupe de travail sur la question. L’Institution explique que «la validation de ces recommandations est prévue au deuxième trimestre 2024» ».