Psychologue Marseille 7ème - Vanessa Hartmann Escojido -Infopsycho

Revue de presse santé psy – octobre 2022

« Crises non épileptiques psychogènes : à Marseille, un service hospitalier « fait le pont entre le corps et l’esprit » »

Date de publication : 26 octobre 2022

Libération

C’est ce qu’indique Libération, qui explique qu’« à la Timone, un service se spécialise dans le traitement de cette maladie rare, dont les manifestations ressemblent à s’y méprendre à celles de l’épilepsie, sans toutefois en être ».
Samantha Rouchard rappelle ce que sont ces crises non épileptiques psychogènes, ou Cnep :
 « Cela touche environ 5 personnes sur 100.000 par an, à 80% des femmes. Si ses manifestations ressemblent à l’épilepsie, sur l’EEG la Cnep se différencie car elle n’implique pas de perturbations de l’activité électrique ».
« Que les femmes soient plus touchées par des troubles comme l’anxiété ou la dépression peut expliquer qu’elles soient plus enclines aux Cnep »,
 note la journaliste.
Marie Arthuis, psychiatre, précise que
 « derrière ces crises, on trouve une portion non négligeable de cas d’abus sexuels, de traumatismes physiques et de violences qui s’expriment par le corps car la parole ne peut pas se faire. Et les personnes victimes d’abus sont majoritairement des femmes. Le corps se lâche là où la personne ne s’autorise pas à le faire. Ce qui est probablement lié à la position des femmes dans la société ».
Samantha Rouchard indique que 
« les Cnep se soignent principalement grâce à une psychothérapie », puis note qu’« il y a 3 ans, la [psychiatre] a intégré cette unité de neurologie, rejointe depuis par deux psychologues. Ce service, centre ressource des épilepsies résistantes au traitement, voit 20 à 30% de sa patientèle atteinte de Cnep. D’où le choix de créer un dispositif pluridisciplinaire pour prendre en charge le patient dans son entièreté, s’inspirant de ce qui se fait déjà au CHRU de Nancy ».
Marine Cossettini, psychologue, remarque qu’
« en médecine, on distingue souvent corps et esprit et dans ce service, on fait le pont entre les deux ».
Samantha Rouchard note que « 
pour la neurologue du service, Agnès Trébuchon, la présence psy a permis de faire «progresser» les choses. A la Timone, les patientes Cnep viennent parfois de loin pour consulter après avoir été pas mal «ballottées». Car cette maladie reste très mal appréhendée par le corps médical. Aux urgences, il est fréquent que les patientes soient traitées d’hystériques ».
La journaliste poursuit : 
« Médecin et psychologues du service œuvrent pour faire évoluer les mentalités et transmettre ce qu’ils savent de cette maladie. Pour Marie Arthuis, les nombreuses femmes qui travaillent dans ce service ont peut-être aussi changé la donne ».

 

« Covid long, AVC, perte de matière grise : les mauvaises surprises à long terme du Sars-CoV-2 »

Date de publication : 27 octobre 2022

Libération

Olivier Monod constate dans Libération que « près de 3 ans après l’apparition du Covid-19, l’éventail complet des séquelles de la maladie reste mal connu. En France, la huitième vague semble sur le déclin et n’a pas causé d’engorgement des hôpitaux, principalement grâce à la bonne couverture vaccinale de la population ».
« Le Covid semble ne plus être un sujet d’inquiétude, ni politique ni sociale, malgré les 80 morts quotidiens dus à la maladie (et un total d’au moins 156 000 victimes en France). La solidarité envers les personnes fragiles a fait long feu et l’apparition du nouveau variant BQ.1.1 ne déchaîne pas les passions », 
relève le journaliste.
Il rappelle toutefois que 
« l’impact sanitaire du Covid-19 ne s’arrête pas aux morts immédiats. Les effets d’une infection par le virus Sars-Cov-2 plusieurs mois après la phase aiguë de la maladie sont toujours étudiés, et ne se limitent pas au fameux Covid long. Cerveau, cœur, diabète, système immunitaire, Libération fait un tour d’horizon des conséquences possibles de la maladie ».
Olivier Monod explique notamment que «
 certaines personnes souffrent de symptômes du Covid pendant plusieurs mois. Popularisées sous le nom de Covid long, ces «affections post-Covid» concernent, en France, «20 % des personnes ayant été infectées», 18 mois après l’infection, écrit le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) ».
« Une récente étude cosignée par la chercheuse française Sandrine Thuret met en évidence une possible perturbation de la création de nouveaux neurones – la neurogénèse – chez les patients souffrant de confusion pendant la phase aiguë du Covid. […] Le mécanisme en cause est l’activation du système inflammatoire par le virus, qui va générer des troubles dans le cerveau »,
 note le journaliste.
Il cite en outre Vincent Prévot, directeur de recherche de l’Inserm, qui indiquait en juin dernier que 
« le virus créait des micro-hémorragies dans le cerveau qui pourraient expliquer certains des symptômes développés par les patients atteints du Covid long. Si cela peut être réversible, une fragilité du système nerveux central pourrait augmenter le risque de développer une maladie neurodégénérative bien des années plus tard ».
Olivier Monod poursuit : 
« Mais tous les patients ne présentent pas les mêmes symptômes. De la perte de l’odorat au malaise à l’effort, l’éventail est large ».
Le journaliste évoque notamment le cœur :
 « Le virus Sars-Cov-2 est capable d’infecter de nombreuses autres cellules humaines que celles du poumon. «Ce virus aime toucher les parois des petits vaisseaux sanguins», affirme Olivier Robineau [infectiologue à l’hôpital de Tourcoing]. En août 2021, une étude suédoise parue dans The Lancet mettait à jour un risque d’infarctus du myocarde multiplié par 3 la semaine suivant l’infection ».
Olivier Monod souligne que 
« même un an après l’infection, les personnes ayant contracté le Covid sont plus à risque d’une pathologie cardiovasculaire pouvant aller d’un trouble du rythme cardiaque à une attaque, en passant par une myocardite ».
Olivier Robineau précise : 
« On est encore au début de l’apparition d’une nouvelle maladie. Beaucoup d’hypothèses différentes sont explorées, parfois très anxiogènes et c’est normal. Mais il faut faire attention aux extrapolations trop rapides. Les études manquent encore de robustesse ».
François Chollet, neurologue, indique pour sa part : 
« Ce que l’on peut dire, c’est que le Covid peut provoquer des anomalies cérébrales visibles à l’IRM. […] Nous ne connaissons pas encore leur signification. Est-ce qu’elles peuvent expliquer des symptômes du Covid long ? Une lésion du système nerveux central peut expliquer un trouble du rythme cardiaque… il y a des débats ».
Olivier Monod relève en outre que
 « le Covid-19 a été très tôt associé à un déchaînement du système immunitaire, la fameuse tempête cytokinique qui conduisait les personnes en réanimation. Mais cette hausse de l’inflammation peut durer dans le temps ».
Le Dr Robineau indique que 
« 6 mois après l’infection, on peut encore avoir des marqueurs de l’inflammation plus élevés que chez des personnes n’ayant pas fait d’infection. Mais on a tendance à montrer que ces marqueurs diminuent avec le temps ».
« Le Covid a aussi été associé à une hausse du diabète de type 2, mais les scientifiques sont plus circonspects sur cette association »,
 ajoute le journaliste. Le Dr Robineau précise : « Cela peut être un biais induit par le fait que le Covid accélère la détection d’un diabète qu’on aurait mis en évidence plus tard ».

 

« Et si les jeux vidéo étaient bons pour le cerveau des enfants ? »

Date de publication : 28 octobre 2022

Le Figaro

Anne Prigent note en effet dans Le Figaro que « ce nouveau passe-temps très populaire chez les plus jeunes les aiderait à développer certaines aptitudes cognitives, selon les résultats d’une étude publiée en ligne sur le site Jama Network Open ».
La journaliste explique ainsi que 
« les enfants adeptes des jeux vidéo auraient une meilleure mémoire de travail, celle qui est sollicitée pour faire du calcul mental ou encore retenir les syllabes et les mots lors de la lecture. Chez les enfants joueurs, les scientifiques ont également noté une meilleure capacité d’inhibition ».
Anne Prigent indique que
 « les chercheurs de l’Université du Vermont se sont appuyés sur la cohorte américaine ABCD, portant sur le développement cognitif du cerveau de l’adolescent. Ils ont analysé les données cognitives et les données d’imagerie cérébrale de plus de 2000 participants âgés de 9 et 10 ans, en séparant ces enfants en deux groupes : ceux qui ne jouaient pas du tout aux jeux vidéo, et ceux qui jouaient trois heures par jour ou plus ».
« Pour chaque groupe, les chercheurs ont évalué les performances des enfants dans deux tâches mesurant la mémoire à court terme et la capacité d’inhibition, et ils ont observé l’activité cérébrale des enfants pendant l’exécution de ces tâches »,
 poursuit la journaliste.
Elle retient que 
« les enfants jouant 3 heures ou plus par jour étaient plus rapides et plus précis dans les deux tâches cognitives et présentaient une activité cérébrale plus élevée dans les régions associées à l’attention et à la mémoire. Ces enfants avaient aussi une activité cérébrale moins marquée dans les régions liées à la vision ; selon les auteurs, cette observation pourrait s’expliquer par l’acquisition par les joueurs d’une plus grande efficacité du traitement visuel ».
Anne Prigent note que
 « pour autant, si votre enfant vient vous dire qu’il peut jouer des heures à la console parce que c’est bon pour son cerveau, vous n’êtes pas obligé de l’écouter. Il est en effet impossible, pour le moment, rappellent les auteurs de l’étude, de savoir si c’est le fait de jouer davantage qui améliore les performances cognitives, ou si de meilleures performances cognitives conduisent à jouer davantage ».

 

« Maladie d’Alzheimer : les incroyables effets du ping-pong »

Date de publication : 31 octobre 2022

Le Parisien

« Le ping-pong [ou tennis de table] apparaît en effet comme l’une des activités les plus bénéfiques. Pratiquer ce sport de raquettes entraînerait des améliorations dans la socialisation, la concentration, la perception de l’espace ou encore la coordination motrice », révèle Le Parisien.
« 
Depuis les années 1990, il y a eu seulement deux publications scientifiques sur le sujet », regrette le Dr Pierre-Louis Bernard. « Pour mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et quantifier scientifiquement les bénéfices de ce sport, une nouvelle étude va être lancée l’an prochain », fait savoir le journal.
« 
Commandée et financée par l’association France Alzheimer, elle sera pilotée par Pierre-Louis Bernard. Un échantillon de 200 personnes atteintes d’Alzheimer, accompagnées de leurs aidants, participera à différents tests d’analyses », précise-t-il. « Pendant six mois, ils auront des entraînements de tennis de table deux fois par semaine », indique le chercheur.
« 
Depuis la signature, il y a trois ans, d’un partenariat entre France Alzheimer et la Fédération française de tennis de table (FFTT), 25 clubs ont été conventionnés pour proposer des séances adaptées », rappelle l’article. Le sport y est « une parenthèse d’une heure et demie où les participants ne pensent plus à la maladie », constate Lucie Coulon, coordinatrice sport santé à la FFTT.
« 
L’étude du docteur Bernard, si elle est conclusive, pourrait permettre de reconnaître ces séances comme une forme de thérapie et faciliter leur prise en charge. Les protocoles sont déjà bien arrêtés », observe Le Parisien. « On préconise huit malades et leurs aidants par groupe, avec un éducateur qui leur est totalement consacré », détaille Lucie Coulon.
« 
Ces temps d’exercice sont également l’occasion d’offrir du répit aux aidants », souligne Le Parisien. « Le tennis de table est simple et abordable, avec un bénéfice évident pour les pratiquants », constate le Dr Kévin Rabiant, spécialiste en neurosciences et responsable du service études et recherche à France Alzheimer. « Estime de soi, inclusivité sociale, travail de l’équilibre et diminution du risque de chutes sont les effets positifs que la FFTT observe également », conclut Le Parisien.

 

Revue de presse santé – septembre 2022

« Une étude révèle une baisse des suicides en France pendant les confinements de 2020 »

Date de publication : 6 septembre 2022

Le Monde Le Parisien La Croix

Le Monde fait savoir que « la crise liée au Covid-19 a eu des «effets contrastés» sur la population française, estime l’Observatoire national du suicide (ONS) dans un rapport […] évoquant une baisse générale des suicides lors des confinements de 2020 et une évolution différenciée des gestes suicidaires en fonction des populations ».
Le journal retient que «
 la pandémie n’a pas entraîné «une hausse immédiate des conduites suicidaires», explique l’observatoire de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). […] Les gestes suicidaires ont même «diminué au début de la pandémie malgré une augmentation des troubles anxio-dépressifs et des difficultés de sommeil» ».
Le Monde indique que 
« les décès par suicide dans la population générale ont ainsi baissé de 20% et 8% durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes, et les hospitalisations en court séjour pour lésions auto-infligées de 10% sur 2020 par rapport à la période 2017-2019 ».
Le quotidien ajoute que 
« ces chiffres […] correspondent aux données «recueillies dans d’autres pays de niveau économique similaire», et suggèrent que les confinements «ont pu atténuer ponctuellement le risque suicidaire» grâce au «sentiment de partage d’une épreuve collective» ou encore en raison de la «surveillance accrue par les proches» ».
Le Monde précise cependant que 
« cette baisse ne s’est pas poursuivie hors confinement, car «le nombre global de décès par suicide, leur répartition selon l’âge ou le lieu du décès» entre le début de janvier 2020 et la fin de mars 2021 «ne paraissent pas avoir été affectés par la pandémie» ».
Le Parisien relève également que
 « les décès par suicide dans la population générale ont diminué […] durant les deux confinements de 2020 par rapport aux années précédentes. Mais la pandémie a eu des «effets contrastés». Les hospitalisations pour lésions auto-infligées ont nettement augmenté pour les adolescentes et jeunes femmes ».
Le journal explique que selon l’ONS, 
« ces dernières ont été affectées «par le premier confinement, avec une hausse des syndromes dépressifs, qui n’ont pas retrouvé les niveaux antérieurs à la pandémie une fois passées ses phases les plus aiguës», […] évoquant le «rôle d’accentuation» des vulnérabilités psychologiques préexistantes joué par le Covid-19 chez les jeunes issues de milieux socio-économiques défavorisés ».
« La DREES appelle toutefois à une interprétation prudente de ces chiffres en raison de possibles «effets rebonds» et de la «tendance générale à la baisse des conduites suicidaires, observable depuis les années 1980» »,
 conclut Le Parisien.
La Croix titre pour sa part : 
« Pendant la crise sanitaire, des tentatives de suicide en forte hausse chez les jeunes femmes ». Le journal observe que « pour tous les niveaux de vie, les femmes sont particulièrement vulnérables entre 15 et 19 ans, mais plus particulièrement pour celles appartenant aux 25% des ménages les plus modestes ».

 

« Covid, burn-out… Dans les entreprises, les arrêts maladie repartent à la hausse »

Date de publication : 8 septembre 2022

Le Parisien

Catherine Gasté constate en effet dans Le Parisien que « dans les entreprises, la tendance est plutôt au mal-être, si l’on en croit les résultats sur 7 ans du baromètre annuel « Absentéisme » réalisé par l’organisme de protection sociale complémentaire Malakoff Humanis ».
La journaliste indique qu’«
 après une baisse significative durant la période du Covid (36% en 2020 et 38% en 2021), la proportion de salariés absents au moins une fois dans l’année pour maladie est repassée au-dessus de la barre des 40% en 2022 : à 42% contre 34% en 2012… ».
Anne-Sophie Godon-Rensonnet, en charge du baromètre, observe ainsi qu’en 2020 et 2021 
« il y a eu beaucoup de salariés en chômage partiel donc pas ou peu d’arrêts maladie. On sait aussi que le télétravail a été un «protecteur» des arrêts de courte durée. Enfin, les arrêts un peu plus longs sont souvent liés à des opérations qui ont été mises en stand-by ».
Catherine Gasté relève que 
« si, entre mi-2021 mi-2022, le Covid représente le premier motif d’absence avec 22% des arrêts maladie, les motifs psychologiques deviennent la deuxième cause des arrêts (20%) et devancent les troubles musculosquelettiques (16%) ».
« Ce bond des arrêts pour risques psychosociaux et burn-out peut en partie s’expliquer par «une période marquée, au-delà de la crise sanitaire, par de grands bouleversements qui affectent le monde de l’entreprise et le travail lui-même», souligne Malakoff Humanis. Ils constituent par ailleurs le principal motif des arrêts longs : 28% contre 14% en 2016 »
, continue la journaliste.
Elle évoque en outre «
 de fortes disparités. Une «surreprésentation des jeunes (18-34 ans) constante», selon l’étude, depuis 2016. Près d’un sur deux (46%) a déposé au moins un arrêt maladie en 2022, et la moitié d’entre eux ont eu des arrêts multiples ».
Catherine Gasté en précise «
 les principaux motifs : là encore, Covid et troubles psychologiques en forte hausse. D’ailleurs, 26% des jeunes jugent leur santé mauvaise ou moyenne, dont un tiers sur le plan mental. Un jeune sur deux se dit stressé souvent ou très souvent au travail. […] Les plus de 50 ans en revanche sont les moins nombreux à avoir des arrêts maladie, une «sous-représentation constante» (34% en 2022) ».
La journaliste ajoute que 
« les femmes s’arrêtent plus que les hommes : 48% contre 37% des hommes en 2022 ». Anne-Sophie Godon-Rensonnet évoque des « conditions de travail et d’emplois souvent plus précaires. Il y a des secteurs d’activité entiers où ce sont plutôt les femmes qui ont les postes avec des conditions de travail pénibles, moins bien rémunérés ».
Catherine Gasté note enfin que «
 devenir manager ne fait plus rêver », relevant que « le taux de fatigue explose chez les managers, quel que soit leur sexe : 59% disent avoir ce sentiment. D’ailleurs, 4 sur 10 ont au moins été arrêtés une fois dans l’année et 22% pour des troubles psychologiques ».

 

« Pandémie et capacités physiques et cognitives, retour sur le cas des enfants »

Date de publication : 21 septembre 2022

Le Monde

Pascale Santi constate dans Le Monde que « les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont eu des répercussions sur l’activité physique et le niveau de sédentarité des Français, enfants et adolescents au premier chef ».
La journaliste rappelle que
 « bouger est un facteur de protection de nombreuses maladies chroniques et ses bienfaits sont prouvés sur la santé physique, mentale et sociale des jeunes, sans parler de l’amélioration de certaines performances cognitives et des apprentissages scolaires. »
Elle note ainsi que «
 l’agence sanitaire Santé publique France (SPF) a lancé, début septembre, la campagne «Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager, c’est important» ».
Pascale Santi observe que 
« les experts alertent depuis plus de 10 ans […] sur une situation préoccupante. Selon plusieurs études, 8 ados sur 10 n’atteignent pas le niveau d’activité physique recommandé. Parallèlement, le temps de sédentarité ne cesse de croître, en raison de l’explosion des temps d’écran. Un cocktail délétère, aggravé par la pandémie ».
La journaliste revient sur les «
 résultats […] d’une étude dont [Martine Duclos, cheffe du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand] a été coordinatrice, menée dans l’Allier et le Puy-de-Dôme auprès de 90 enfants de CE1 et de CE2 ».
Pascale Santi retient que selon ce travail paru en octobre 2021 dans
 International Journal Environmental and Public Health, « les capacités physiques ont significativement baissé, confirmant les premières données : la capacité d’endurance (VO2 max) a chuté de 25% en un an, les capacités motrices (sauter, courir, passer d’un pied à l’autre…) d’environ 20%. La diminution des capacités cognitives est de 25% dans la publication, et non plus de 40% comme annoncé » lors de résultats préliminaires en juin 2021.
« Par ailleurs, si, dans les données préliminaires, l’IMC avait grimpé de 2 à 3 points en moyenne, l’augmentation n’est que de 1 point dans l’étude publiée », ajoute-t-elle.
La journaliste note cependant que
 « selon plusieurs chercheurs, des aspects de cette publication interrogent ».
L’un d’eux observe :
 « Comparativement aux résultats de l’étude préliminaire réalisée avec 90 enfants testés à deux périodes différentes, laissant supposer un suivi longitudinal, dans l’étude publiée, les tests ont été réalisés dans deux classes différentes, donc avec des enfants différents. Il est donc difficile d’interpréter et de comparer les résultats en raison d’un manque d’informations sur les conditions de l’étude ».
Michel Desmurget, directeur de recherche en neurosciences à l’Institut des sciences cognitives Marc-Jeannerod (Inserm, CNRS), remarque pour sa part : «
 Certes, les résultats sur la cognition sont moins alarmants, mais ils restent élevés, et ils vont dans le même sens que d’autres travaux sur ce sujet. La baisse des compétences cognitives, du temps de sommeil, de lecture… est observée depuis plusieurs années ».
Pascale Duché, directrice du laboratoire Impact de l’activité physique sur la santé de l’université de Toulon, note quant à elle que
 « la question est de savoir si la reprise des activités scolaires, physiques et sportives va permettre de retrouver les niveaux d’avant le Covid, qui étaient déjà très bas ».

 

« Un Français récompensé pour avoir trouvé la cause de la narcolepsie et son traitement principal »

Date de publication : 23 septembre 2022

Le Parisien

C’est ce que titre Le Parisien, qui observe : « C’est une maladie «bizarre», «incroyable», mais aussi «dévastatrice», dont les patients atteints «souffrent terriblement». Le Français Emmanuel Mignot, 63 ans, a consacré sa carrière à l’étude de la narcolepsie, jusqu’à en trouver la cause et permettre ainsi d’éclairer un peu l’un des grands mystères de la biologie : le sommeil ».
Le journal fait savoir que 
« sa découverte lui vaut d’être aujourd’hui récompensé par un grand prix américain, le Breakthrough Prize, aux côtés du Japonais Masashi Yanagisawa, arrivé à des conclusions similaires au même moment ».
« Grâce à ces recherches, des médicaments qui promettent de révolutionner le traitement de la narcolepsie et d’autres troubles du sommeil sont aujourd’hui en cours de développement »,
 note le quotidien.
Le Parisien explique qu
’« il y a 30 ans, jeune diplômé de médecine et de sciences, Emmanuel Mignot décide de se rendre aux États-Unis durant son service militaire, afin d’étudier le fonctionnement d’un médicament alors utilisé contre la narcolepsie. […] Il enseigne à présent à l’université Stanford, en Californie, où des narcoleptiques du monde entier viennent le consulter ».
« Finalement, en 1999, la trouvaille : un récepteur situé sur des cellules du cerveau des chiens narcoleptiques est anormal. Ce récepteur est comme une serrure, qui ne réagit qu’en présence de la bonne clé : une molécule, découverte en même temps par le Japonais Masashi Yanagisawa, qui la baptise orexine (aussi parfois appelée hypocrétine). Il s’agit d’un neurotransmetteur, produit dans l’hypothalamus, à la base du cerveau, par une toute petite population de neurones », 
précise le quotidien.
Le journal note qu’« 
Emmanuel Mignot réalise les premiers tests chez les humains. Et les résultats sont époustouflants : les niveaux d’orexine dans le cerveau des patients narcoleptiques sont à zéro. La voie d’action de la maladie est donc similaire : chez les chiens, la serrure est cassée, mais chez l’humain, c’est la clé qui manque. Ce qui explique également pourquoi la maladie peut être héréditaire chez les chiens, et non chez les humains ».
« En donnant un médicament mimant l’orexine dans le cadre d’essais, les résultats sont «vraiment miraculeux», raconte le chercheur français. Les patients ont alors «des yeux différents», ils sont «juste réveillés, calmes», une vraie «transformation.» Le défi reste aujourd’hui de développer la formulation délivrant la bonne dose, au bon moment »,
 ajoute Le Parisien.
Le journal relève enfin que 
« toutes les questions ne sont pas pour autant résolues. Emmanuel Mignot essaie aujourd’hui de prouver que la narcolepsie est déclenchée par le virus de la grippe. Selon lui, le système immunitaire, chargé de nous défendre contre les infections, peut se mettre à confondre les neurones produisant l’orexine avec certains virus de la grippe, et finir par les attaquer. Or une fois morts, ces neurones ne peuvent pas se renouveler, et les patients ne pourront plus produire d’orexine de leur vie ».

 

« Quand la réalité virtuelle aide à combattre la douleur »

Date de publication : 26 septembre 2022

Le Figaro

Delphine Chayet note en effet dans Le Figaro que « comme l’hypnose, la réalité virtuelle peut être utilisée au bloc opératoire en complément d’une anesthésie locale. Casque couvrant les yeux et les oreilles, le patient est transporté dans un paysage bucolique en trois dimensions, son attention retenue par une voix relaxante pendant que le médecin opère ».
La journaliste relève qu’
« un des bienfaits de cette technologie, qui a en France une place encore modeste à l’hôpital, vient d’être remis en évidence par une étude publiée dans Plos One : elle permet de réduire les doses de sédatifs administrés pendant l’intervention quand le patient manifeste des signes de douleur ou d’anxiété ».
Delphine Chayet explique que « 
des scientifiques de l’université du Colorado Hospital (États-Unis) ont comparé les parcours d’une trentaine d’adultes opérés pour une chirurgie bénigne de la main, avec ou sans programme de réalité virtuelle ».
« Alors qu’ils ont reçu moins de médicaments destinés à les faire somnoler, les patients ayant bénéficié du programme immersif affichent des taux de satisfaction postopératoires identiques aux individus pris en charge de façon habituelle. Ils ont passé moins de temps en salle de réveil. Les chercheurs américains rappellent qu’une sédation excessive peut être à l’origine de complications respiratoires », 
continue la journaliste.
Antoine Bioy, professeur de psychologie à l’université Paris 8 et praticien au CHU de Bordeaux, observe que
 « l’approche, destinée au grand public pour des gestes médicaux simples, est intéressante dans la mesure où tous les services hospitaliers n’ont pas d’hypnothérapeutes ou de sophrologues formés ».
Delphine Chayet précise que «
 la technologie permet de réunir plusieurs méthodes de relaxation. L’immersion dans un décor naturel – jardin, forêt, plage… – s’accompagne d’exercices de respiration, de bruits apaisants et d’une voix enregistrée qui guide le patient dans l’expérience, attirant son attention sur le mouvement des feuilles ou des vagues ».
La journaliste relève qu’
« à l’hôpital Saint-Joseph [à Paris], où le casque est testé depuis 6 mois pour les coloscopies, le Dr Marie-Charlotte Desmaizières [médecin anesthésiste] constate son effet positif ».
La praticienne indique : 
« Il nous est arrivé d’observer des signes objectifs de douleur, par exemple une tachycardie, sans que le patient exprime une quelconque gêne. Globalement, nous parvenons à diminuer, voire à supprimer la sédation et à réduire la durée de surveillance post-interventionnelle ».
Yacine Hadjiat, spécialiste de la douleur à l’Inserm et expert en santé digitale, explique que
 « via la distraction active et l’hypnothérapie, on stimule notamment les systèmes inhibiteurs et endogènes de contrôle de la douleur, de type endorphines. La douleur est une expérience subjective, physique et émotionnelle, influencée par de multiples facteurs, d’où la nécessité d’interventions dites multimodales ».
Delphine Chayet relève toutefois que «
 malgré un intérêt grandissant, la réalité virtuelle reste une pratique émergente ».
La Dr Fanny Lévy, psychiatre à la Pitié-Salpêtrière et présidente de la société MyReVe, remarque ainsi :
 « La recherche et la technologie ont fait de grands progrès, mais le déploiement est limité par le coût des casques et le manque de formation des professionnels de santé. Elle pourrait pourtant être proposée à un très grand nombre de patients – à condition que les programmes soient conçus par des médecins ».

 

« De « faux » cerveaux pour mieux comprendre le vieillissement précoce »

Date de publication : 28 septembre 2022

La Croix

Audrey Dufour explique dans La Croix qu’« une équipe de l’Institut Pasteur a développé des organoïdes cérébraux, des structures vivantes qui reproduisent un stade très précoce et incomplet du cerveau. Ces organoïdes doivent servir pour mieux comprendre et soigner les atteintes neurodégénératives de maladies rares ».
La journaliste indique ainsi que
 « le laboratoire de Miria Ricchetti à l’Institut Pasteur, à Paris, travaille sur les maladies génétiques progéroïdes. Rares, ces troubles provoquent un vieillissement accéléré chez les enfants et une très courte espérance de vie, comme la progéria. Chaque boule blanche dans la boîte est en réalité un organoïde cérébral, sorte de «bébé cerveau» ».
Elle précise que 
« ces organoïdes ne sont pas des cerveaux complets et ne peuvent pas le devenir. Au bout de 2 ou 3 mois, ils cessent leur développement, faute d’une vascularisation. Pour qu’ils se développent, il faudrait les implanter dans un animal, ce qui aboutirait à une chimère, technique autorisée par la dernière loi de bioéthique ».
Audrey Dufour note que «
 ces cellules sont tout de même bien vivantes, et on enregistre même une activité électrique, presque comme on le ferait pour de «vrais» cerveaux ».
Miria Ricchetti remarque ainsi : 
« C’est assez spectaculaire, et je crois qu’on ne saisit pas encore toutes les implications de ces organoïdes ».
La journaliste explique que 
« l’équipe part des cellules de la peau des enfants malades, qu’on a prélevées pour confirmer le diagnostic. Ces cellules sont traitées pour devenir des cellules souches pluripotentes induites (les CSPi). Celles-ci sont alors mises en culture pour donner des neurones. Là, diverses techniques permettent de créer non plus une simple couche de cellules, mais un véritable «organoïde» en trois dimensions ».
« Ces organoïdes issus de patients malades sont ensuite comparés à d’autres organoïdes issus de personnes saines, pour mieux comprendre les mécanismes neurodégénératifs des maladies du vieillissement accéléré. Les structures millimétriques dans les boîtes servent également à tester d’éventuels traitements »
, continue Audrey Dufour.
Elle ajoute : « 
Avec, à terme, une application à d’autres maladies plus répandues ? ». Miria Ricchetti précise cependant que « ces organoïdes présentent plus de limitations pour Alzheimer et Parkinson ».

 

« « Le sevrage est plus complexe qu’il y a 30 ans » : au coeur d’un service d’addictologie aux côtés de jeunes patients »

Date de publication : 29 septembre 2022

Le Parisien

Le Parisien publie un reportage au sein de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif, où « les soignants voient de plus en plus de jeunes gravement dépendants. Nous avons pu pénétrer dans ce service où on les aide à sortir de cet enfer ».
Elsa Mari évoque ainsi «
 des visages d’enfants, cœur meurtri et cerveau abîmé, [qui] puisent tout au fond d’eux la force d’affronter leur addiction. Et il en faut pour quitter, ce qu’ils appellent « la prison » de la drogue, ce diable grimé en ange, qui vous ouvre grands les bras pour mieux les refermer, comme un piège tendu. Le confinement a creusé le lit de leur dépression et sa levée les a propulsés dans des soirées, où l’on revivait à l’excès ».
Le Pr Amine Benyamina, chef du service de psychiatrie et d’addictologie, souligne : 
« On observe une explosion des dépendances chez les jeunes. D’anciens produits reviennent en force et de nouveaux de synthèse, arrivent, tous les jours. Les trafiquants ont toujours un train d’avance sur nous ».
Elsa Mari évoque le cannabis : «
 Avec 5 millions de fumeurs dans l’année, le marché français est toujours l’un des plus importants d’Europe. Derrière, et de loin, avec 600.000 usagers, la cocaïne est 4 fois plus expérimentée qu’il y a 20 ans, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) ».
Elle aborde l’alcool : 
« Si la consommation bat en retraite, le binge-drinking, les «beuveries express», qui sont banalisées chez les jeunes, multiplie par 3 les risques de dépendance. Certains, à 30 ans, ont déjà le foie d’un autre. Aucune blouse blanche ne voyait de greffés de moins de 50 ans, il y a 15 ans. […] Même désolation pour le gaz hilarant, qui, pour quelques marrades répétées, vaut aux jeunes une atteinte du cerveau ».
La journaliste précise : «
 Que ce soit en consultation, en hospitalisation de jour ou à temps complet, personne n’arrive ici sous la contrainte. Cela fait bien longtemps que les soignants ont compris que la méthode dure était infructueuse. Mais un contrat moral les lie : pas de contact avec l’extérieur durant les 3 premiers jours de sevrage, les plus durs ».
« Au fil des ans, la tâche des soignants s’est durcie : patients plus jeunes, polyaddictions… »,
 poursuit-elle. Éric Saunier, psychiatre, indique ainsi que « le sevrage est bien plus complexe qu’il y a 30 ans ».
« Alors, la dépendance se combat sur tous les fronts, à coups de substituts, de thérapies comportementales, d’ateliers »,
 relève Elsa Mari.

 

Revue de presse santé psy – juillet 2022

« « Infamante » ou « légitime », la notion de viol en gynécologie fait débat »

Date de publication : 6 juillet 2022

Le Figaro

Cécile Thibert observe dans Le Figaro que « les plaintes pour viol visant la gynécologue et secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou ont relancé le débat sur les violences faites aux femmes dans le cadre des consultations de gynécologie ».
« Ces accusations, que la secrétaire d’État réfute, sont portées par deux anciennes patientes. Contesté par nombre de médecins, approuvé par d’autres, l’usage du mot «viol» en matière de gynécologie interroge autant qu’il divise »,
 constate la journaliste.
La Dr Bénédicte Costantino, gynécologue
 « impliquée sur la question des violences gynécologues », remarque : « Je conçois que l’utilisation de ce terme est compliquée et que cela cristallise les tensions. Dans l’imaginaire collectif, il renvoie toujours à un crime avec une intention sexuelle, pas à un examen gynécologique. Mais en pratique, il n’y a pas d’autre terme juridique pour qualifier une pénétration non consentie. Pour ma part, j’utilise le terme de  »viol médical » ».
Cécile Thibert rappelle ainsi que
 « le Code pénal (article 222-23) définit un viol comme «tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise» ».
Maître Avi Bitton, avocat pénaliste, déclare quant à lui que
 « le viol est constitué si la pénétration s’est faite de manière intentionnelle sans le consentement de la patiente, quel que soit le mobile. Mais si le procureur estime qu’il s’agit d’un malentendu sur le consentement, que l’on n’a pas affaire à une personne malade qui se sert de sa blouse pour violer des personnes, il peut décider de ne pas la poursuivre ».
La journaliste observe que 
« ce terme de «viol», les représentants des gynécologues obstétriciens le refusent absolument ».
Le Pr Jean-Marie Antoine, président de la Société française de gynécologie, observe : 
« Il peut arriver que des médecins soient brutaux, impatients, pressés et qu’ils ne demandent pas véritablement le consentement à la personne avant de réaliser un acte invasif. Il est clair que cela peut être ressenti comme une brutalité par le ou la patiente ».
« Mais l’objectif n’est évidemment pas du tout de violer les gens, mais de réaliser un examen médical afin de poser un diagnostic. Le viol est un crime. On ne peut pas mettre un violeur et un professionnel qui fait son travail sur le même plan. Ce terme est infamant et inadapté pour notre profession »,
 poursuit le médecin.
La Dr Costantino poursuit : «
 Le mot  »viol » doit amener une prise de conscience dans notre profession. Ce n’est parce qu’on est médecin que l’on peut pénétrer des personnes sans leur consentement. En revanche, je suis d’accord qu’il faudrait distinguer le viol médical – c’est-à-dire un examen nécessitant une pénétration vaginale ou anale, réalisé sans recueil du consentement – du viol sexuel. Dans le Code pénal, le viol est un crime passible de 15 ans de réclusion criminelle, on ne peut pas appliquer cette peine dans le cadre des violences gynécologiques. Pour le moment, il y a une espèce de vide juridique qui demande à être comblé ».
Cécile Thibert indique que 
« les représentants de la profession souhaitent urgemment voir la définition de viol être révisée. Fin juin, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français s’est positionné en ce sens, réclamant que soient «bien distingués les actes à caractère sexuel et les examens médicaux vaginaux ou rectaux pratiqués dans le cadre d’une prise en charge médicale» ».
La journaliste note que «
 du côté des associations de patientes, cette revendication ne passe pas ».
Sonia Bisch, fondatrice et porte-parole de l’association «Stop aux violences obstétricales et gynécologiques», déclare : 
« Nous recevons 200 témoignages par mois de cas de violences gynécologiques provenant de toute la France, le problème est systémique. Ce dont on se rend compte, c’est que lorsque ces personnes ont été pénétrées par surprise ou qu’elles se sont plaintes de douleurs et que le professionnel de santé a poursuivi son geste, cela entraîne généralement un stress post-traumatique à la fois physique et psychique identique à celui vécu par les autres victimes de viol ».
Le Pr Antoine remarque pour sa part : 
« Ce n’est pas parce que des plaintes émergent que tous les médecins se comportent mal ou qu’ils ne respectent pas leurs patientes. L’immense majorité sont attentifs et extrêmement respectueux. C’est une dérive de jeter l’opprobre sur toute une profession ».
Cécile Thibert observe qu’
« entre les instances représentatives de la profession et les associations de patientes, le dialogue semble rompu. En revanche, tous s’accordent sur un point : il faut que les professionnels de santé soient davantage formés au recueil du consentement. Une nécessité pourtant entérinée il y a 20 ans par la loi Kouchner ».

 

« Face au Covid-19, des anticorps responsables de lésions cérébrales »

Date de publication : 7 juillet 2022

Le Parisien

Le Parisien fait savoir que « la réponse immunitaire au Covid-19, qui abîme les vaisseaux sanguins du cerveau, pourrait être responsable des symptômes du « Covid long ». C’est le résultat d’une étude basée sur un faible nombre de cas et publiée mardi par des chercheurs américains ».
« Les cerveaux de 9 personnes décédées rapidement après avoir contracté le Covid-19 ont été étudiés pour cet article publié dans la revue Brain. L’équipe de chercheurs des Instituts américains pour la santé (NIH) n’a pas détecté de traces de virus dans le cerveau mais, à l’inverse, des anticorps, à l’origine de dégâts sur les parois des vaisseaux sanguins qui provoquent notamment des inflammations », 
note le quotidien.
Il ajoute que «
 cette découverte pourrait expliquer certains des effets durables du Covid-19, comme des migraines, une fatigue chronique, la perte du goût et de l’odorat, des problèmes de sommeil ou encore la sensation de « brouillard cérébral », un état de fatigue intellectuelle. Elle pourrait aussi ouvrir des pistes pour de futurs traitements ».
Avindra Nath, premier auteur, observe ainsi : 
« Nous avions déjà montré les dégâts touchant des vaisseaux sanguins sur les cerveaux de patients lors d’autopsies, mais nous ne comprenions pas ce qui provoquait cela. […] Je pense qu’avec cet article, nous avons de nouveaux éléments sur ce processus ».
Le Parisien explique que 
« les cerveaux des 9 patients, âgés de 24 ans à 73 ans, ont été comparés à 10 autres d’un groupe de contrôle. Les chercheurs y ont observé les inflammations neuronales et la réponse immunitaire. […] Les anticorps produits en réponse au Covid-19 ont ciblé, par erreur, les cellules qui composent la barrière hémato-encéphalique, une structure qui entoure les vaisseaux sanguins du cerveau et essaie de bloquer les substances étrangères ».
« La dégradation ainsi provoquée peut à son tour entraîner des fuites de protéines, des saignements et des caillots sanguins, ce qui augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Une fuite peut également déclencher une réponse immunitaire afin de réparer les cellules endommagées, ce qui provoque une inflammation. Le fonctionnement biologique de ces parties touchées du cerveau s’en retrouve ainsi déréglé »
, continue le journal.
Avindra Nath remarque qu’
« il est tout à fait possible que la même réponse immunitaire touche les patients atteints de Covid long, ce qui provoque des blessures cérébrales. Ces résultats ont donc des implications thérapeutiques très importantes ».

 

« Tentatives de suicide chez les ados : la « pandémie silencieuse » »

Date de publication : 8 juillet 2022

Libération

Julien Lecot remarque dans Libération que « les pédopsychiatres sont confrontés depuis des mois à une forte hausse des gestes suicidaires chez les mineurs. Une explosion longtemps mise sur le compte du Covid mais qui perdure dans un contexte globalement anxiogène ».
Le journaliste évoque ainsi une
 « hausse sans précédent des admissions d’adolescents aux urgences pour des troubles de l’humeur ou gestes suicidaires. La plupart des pédopsychiatres attribuaient cette explosion au climat anxiogène de la pandémie : de plus en plus d’enfants mal dans leur peau débarquaient dans leurs services à mesure que les contaminations au Covid-19 grimpaient et que les menaces de restrictions sanitaires planaient. Une hausse en grande majorité portée par des jeunes filles ».
« Avec la levée progressive des restrictions sanitaires depuis février et la relégation de la pandémie au second plan de l’actualité, on pouvait espérer que la situation s’améliore mais il n’en a rien été », 
continue Julien Lecot.
Julie Rolling, pédopsychiatre au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des hôpitaux universitaires de Strasbourg, remarque : 
« On est arrivés à une sorte de plateau très haut, qui ne semble pas vouloir redescendre ».
Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré à Paris, confirme : 
« Il y a toujours un flux énorme de jeunes patients, on est encore une fois dépassés. A la mi-juin, j’ai envoyé un courrier à l’Agence régionale de santé pour leur dire qu’on était une nouvelle fois au bord du craquage ».
Julien Lecot relève qu’«
 au centre hospitalier Guillaume-Régnier de Rennes, on sort les chiffres : avant l’arrivée du Covid, le pôle de pédopsychiatrie accueillait en moyenne 25 enfants par mois pour des idées suicidaires ou tentatives de suicide. Au cours des trois derniers mois, le service a continué sur ce rythme (au moins 50 patients) avec une très forte proportion de filles (environ 80%) et un rajeunissement global, beaucoup ayant entre 10 ans et 12 ans. Alors que la pandémie, sur cette période, semblait loin ».
« Pour la cheffe du pôle pédopsychiatrie, Sylvie Tordjman, au stress chronique de la crise sanitaire qui «est toujours là» sont venus s’ajouter d’autres événements anxiogènes. A commencer par la guerre en Ukraine »,
 note le journaliste.
Il poursuit : « 
A Strasbourg, Julie Rolling évoque aussi un «effet cumulatif» entre la crise sanitaire, ce conflit aux portes de l’Europe, la menace d’une crise économique ou encore le réchauffement climatique. Autant de facteurs qui font que «beaucoup d’adolescents montrent des difficultés à se projeter vers l’avenir, avec une perte de confiance globale envers les adultes à qui ils reprochent ce qu’il arrive à la planète» ».
Julien Lecot souligne que
 « la dégradation de la santé mentale des adolescents sur le long terme vient mettre à genoux tout le secteur de la pédopsychiatrie, déjà en très mauvais état avant la pandémie. Et alors que les centres médico-psychologiques saturent – les délais d’attente pour une consultation peuvent atteindre 18 mois – et que l’hôpital souffre d’une pénurie de personnel, la situation ne va pas en s’améliorant ».
Julie Rolling indique ainsi : «
 On est dans un état d’engorgement jamais atteint. On a tout optimisé chez nous, on ne peut pas le faire davantage. Sans moyens supplémentaires sur la table, ça continuera d’être préjudiciable pour les adolescents ».
Julien Lecot ajoute qu’
« outre une augmentation du personnel et du nombre de lits, les pédopsychiatres interrogés plaident pour une prévention renforcée, en impliquant au maximum les parents. […] Les professionnels conseillent notamment aux parents d’aller consulter s’ils constatent un changement de comportement chez leur enfant, une plus grande irritabilité, des troubles du sommeil, une tristesse et un repli sur soi ou encore la consommation de drogues ou d’alcool ».

 

« Covid-19 : plus de la moitié des jeunes Français ont eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021 »

Date de publication : 8 juillet 2022

La Croix

La Croix remarque en effet : « Plus de deux ans après l’arrivée du Covid-19, quel est l’état de santé psychologique de la population ? Une enquête réalisée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes, […] appréhende le phénomène dépressif et suicidaire dans six pays d’Europe : la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Pologne, l’Irlande et la Suède ».
Le journal retient que «
 40% des Français se sentent davantage déprimés depuis l’arrivée du Covid-19. C’est la même proportion qu’en Espagne, mais c’est moins que les Allemands (44%), les Polonais (51%) et les Irlandais (53%). Le pays le moins touché (38%) est la Suède ».
« En France, 51% des femmes de moins de 35 ans ont le sentiment d’être plus déprimées depuis le début de la pandémie, contre 37% des hommes du même âge. Le lieu de résidence a également un impact fort sur le sentiment de déprime. Les habitants de l’agglomération parisienne sont davantage déprimés depuis le début de la crise (47%) que ceux vivant dans des communes rurales (33%) », 
observe le quotidien.
La Croix souligne que 
« les jeunes, surtout, semblent payer le prix fort de la crise sanitaire. Ainsi, 62% des 18-24 ans déclarent avoir eu des pensées suicidaires depuis septembre 2021, contre 34% dans l’ensemble de la population ».
Le journal note que «
 la France ressort, avec l’Espagne, comme l’un des pays où l’incidence des pensées suicidaires est la plus faible (20%, contre 34% pour l’Irlande ou 25% pour la Suède). La France est en revanche en tête des pays européens pour le risque de passage à l’acte. Parmi ceux qui ont répondu avoir déjà pensé sérieusement à se suicider, 30% ont déjà fait une tentative. Le taux s’élève à 19% en Allemagne, 22% en Espagne ou encore 25% en Suède ».
La Croix ajoute que 
« pourtant, l’étude souligne le faible recours aux psychologues et aux psychiatres. Seulement 16% de la population française y a fait appel, contre 25% des Polonais, 20% des Allemands ou des Espagnols et 19% des Suédois ».

 

« L’animal de compagnie, un véritable atout pour le cerveau de votre enfant ! »

Date de publication : 8 juillet 2022

Le Figaro

Dans Le Figaro, la Dr Nathalie Szapiro-Manoukian note en effet : « Moins de stress, plus d’estime de soi, plus d’activité physique… Nos animaux de compagnie sont souvent cités en exemple pour ces bienfaits, mais rarement pour leur aide au développement cognitif. Pourtant, ils excellent aussi dans ce domaine ! ».
Le Pr Laurent Begue-Shankland, directeur de la Maison des Sciences de l’homme Alpes, explique que 
« les bébés sont comme magnétisés par les animaux, qui captent extraordinairement leur attention visuelle. Quelques heures après la naissance, les nouveau-nés fixent avec plus d’attrait et de curiosité, des configurations lumineuses simulant le déplacement d’une poule, plutôt que des figures aléatoires ou des figures reproduisant ce mouvement à l’envers ».
Le spécialiste indique qu’«
 à 7 mois, des photographies de chiens ou de lézards activent des réseaux neuronaux distincts de ceux qui sont mobilisés face à des photos d’objets familiers tels que des meubles. Quand on donne l’occasion à des nourrissons de 18 à 33 mois d’interagir avec, au choix, des jouets attractifs ou des animaux (y compris des animaux peu mobiles), ce sont ces derniers qui les captivent le plus ».
La Dr Marine Grandgeorge, docteure en psychologie et Maître de conférences en éthologie à l’Université Rennes 1, indique aussi que 
« la présence d’un animal motive le tout-petit à vouloir interagir avec lui et pour cela, favorise son développement moteur, cognitif – en particulier la concentration, via l’effet apaisant de l’animal – sans oublier le langage pour l’appeler ou pour l’inciter à rapporter un jouet ».
Le Pr Begue-Shankland ajoute : 
« Les recherches montrent que les animaux encouragent et facilitent aussi les interactions avec d’autres humains (enfants ou adultes) ».
La Dr Szapiro-Manoukian observe que 
« chez les enfants atteints de trouble du spectre autistique, la question se pose tout particulièrement car les compétences sociales leur font justement défaut. Pour la Dr Grandgeorge, il faut cependant se garder de toute généralité ».
La psychologue souligne que 
« l’attrait pour l’animal ne concerne pas tous les enfants ayant un trouble du spectre autistique (TSA), mais lorsque cet attrait existe, une présence de l’animal dans le foyer ou dans le cadre de la médiation animale est très positive ».
La Dr Szapiro-Manoukian remarque enfin qu’«
 une récente étude parue dans le Journal of Pediatric Nursing a comparé l’évolution d’enfants atteints d’un TSA vivant sans chat à qui l’on a proposé l’adoption d’un félin d’un tempérament calme, et celle d’autres enfants atteints également d’un TSA, mais ne se voyant proposer l’animal que 18 semaines plus tard ; les détenteurs «précoces» ont développé une meilleure empathie. Un premier résultat très intéressant qu’il faut désormais confirmer… ».

 

« Santé mentale : plus de deux tiers des étudiants sont en situation de mal-être »

Date de publication : 11 juillet 2022

Le Parisien

Claire Berthelemy relève dans Le Parisien que « 2 ans après le début de la pandémie de Covid, les chiffres concernant la santé mentale des étudiants alarment toujours les professionnels. Une nouvelle enquête publiée ce lundi 11 juillet annonce la couleur : près de 70% des étudiants déclarent se trouver en situation de mal-être ».
Fabrice Grière, directeur général adjoint du Groupe Intériale en charge de la mutuelle LMDE, remarque que «
 dans notre précédente enquête en 2019, la problématique de la santé mentale était déjà marquée. Elle s’est fortement détériorée. Le Covid est venu accentuer un problème déjà existant. Il a aggravé des problèmes financiers et est venu amplifier ce sentiment de mal-être des étudiants. Mais les raisons sont multiples : trois quarts des étudiants interrogés sont pessimistes sur la société et sur l’impact du changement climatique. On voit même arriver des phénomènes d’éco-anxiété ».
La journaliste retient que 
« le Covid a impacté la vie étudiante pour 68% d’entre eux, 59% leur pratique sportive, 52% les interactions sociales avec leurs proches, et 44% leur vie sentimentale et familiale. 38% souffrent de stress post-traumatique ».
Camille Vansimaeys, responsable de la recherche de l’association Nightline, qui 
« propose un espace d’écoute, avec une ligne téléphonique et un chat », remarque que « d’année en année, nous avons observé plus d’appels. Nous avons ouvert des antennes dans plusieurs villes, ce qui peut expliquer l’augmentation, mais même dans les villes historiques, le nombre d’appels a augmenté ».
Claire Berthelemy précise que 
« chez Nightline, si le sujet du Covid est plutôt passé en arrière-plan – de 10% des écoutes de mai 2021 à septembre 2021 à 4% d’octobre 2021 à mai 2022 – on constate que ce sont toujours les mêmes sujets qui sont abordés : ceux liés aux relations amicales, conjugales ou familiales, ceux liés à la santé mentale avec le stress, l’isolement, la solitude, et enfin ceux liés au contexte d’étude et à ce qu’ils vivent ».
Camille Vansimaeys indique :
 « On a une évolution malgré tout cette année sur les appels en lien avec la santé mentale, c’est la question du suicide : nous sommes passés de 11% des appels sur ce sujet à 18,5%. Ce sont des chiffres inquiétants sur la gravité de la situation de la santé mentale chez les étudiants ».

 

« Comment l’hypnose peut aider certains obèses »

Date de publication : 26 juillet 2022

Le Figaro

Anne Prigent note dans Le Figaro que « l’hypnose médicale séduit de plus en plus de patients et de professionnels de santé : dans la douleur chronique, pour se libérer d’une addiction, pour lutter contre les insomnies… ».
Le Dr Jean-Marc Benhaïem, responsable du DU d’hypnose à Paris-VI, relève cependant qu’
« alors que, depuis 30 ans, elle a fait l’objet de plus de 500 études dans le contrôle de la douleur, les études manquent par ailleurs ».
« C’est notamment le cas dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité », 
remarque la journaliste.
Le Pr Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat à Paris, note qu’
« on manque de preuves sur l’intérêt réel de cette méthode. Beaucoup d’offres sont en réalité de fausses promesses. En effet, l’obésité étant une maladie multifactorielle, il est illusoire de dire “on va guérir l’obésité par l’hypnose”. Il faut plutôt se demander sur quels facteurs en cause dans la prise de poids, l’hypnose peut agir ».
Anne Prigent explique que 
« c’est ce qu’il s’est attaché à faire avec une équipe de diététiciens de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Avec l’étude Hypnodiet, publiée dans The American Journal of Clinical Nutrition, les chercheurs ont démontré que l’hypnose réduit l’impulsivité et la désinhibition vis-à-vis de l’alimentation ».
Fabienne Delestre, diététicienne et coautrice, précise que 
« certaines personnes souffrant d’obésité ont tendance à se suralimenter en présence de facteurs stimulants. Cela peut-être face à des aliments alléchants ou à des émotions comme la tristesse ou la gaité. Pour ces patients qui ont une forte désinhibition, les conseils diététiques sont inefficaces ».
Anne Prigent indique ainsi que 
« les chercheurs ont recruté 82 personnes présentant une forte impulsivité alimentaire, évaluée rigoureusement à l’aide d’un questionnaire. Puis, par tirage au sort, ils les ont répartis en deux groupes. Le premier bénéficiait d’un accompagnement diététique habituel sous forme de 8 séances collectives, quand le second participait en complément à des séances d’hypnose ericksonienne et d’apprentissage de l’autohypnose ».
« Les résultats montrent une réduction de près de 70% des envies et impulsions alimentaires dans le groupe hypnose contre 11% dans le groupe contrôle. Les signaux de faim sont mieux contrôlés », 
retient la journaliste.
Elle ajoute : 
« Les chercheurs précisent bien que l’objectif de l’étude n’était pas forcément d’obtenir une perte de poids importante. En effet, il n’existe pas de méthode miracle pour perdre beaucoup de poids durablement ».
Le Pr Hansel préciwse : « Cette étude valide l’hypnose et l’autohypnose comme outils supplémentaires pouvant être proposés aux patients à forte désinhibition. Tout en sachant qu’au niveau individuel, la réponse n’est pas prévisible ».

 

Revue de presse santé psy – juin 2022

« Alerte à la nouvelle cocaïne, la 3-MMC »

Date de publication : 2 juin 2022

Le Parisien

Cette « nouvelle drogue de synthèse, bien moins chère que la cocaïne, se répand de plus en plus chez les 25-45 ans. Les médecins s’en inquiètent », révèle Elsa Mari dans Le Parisien.
« 
C’est la nouvelle coke », annonce un jeune homme de 29 ans, « qui en a « sniffé » pour la première fois il y a quelques mois ». Il décrit « des effets à mi-chemin entre la cocaïne et les amphétamines ». « En un an, on est passé de personne n’en prend à tout le monde en prend », s’étonne-t-il.
Même constat pour « 
Mathis*, 34 ans, consommateur régulier de drogues, qui voit la 3-MMC, autrefois cantonnée au milieu gay, pour ses effets désinhibants, se populariser », poursuit la journaliste. « Lui a pour habitude d’en consommer dans un cadre sexuel », note-t-elle. « Mais depuis un ou deux ans, mes potes hétéros me disent qu’ils en prennent aussi, cette fois-ci pour son côté stimulant. Et aussi parce que c’est tout simplement beaucoup moins cher que la cocaïne ! », détaille Mathis.
« 
C’est le nouveau produit de synthèse le plus observé depuis le début des années 2010 dans les saisies, les collectes et les cas cliniques », note l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). « Si, à ses débuts, dans les années 2010, elle était utilisée «presque exclusivement parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes», dans le but de «lever les inhibitions et d’augmenter le plaisir», en 2017, des usages ponctuels hors de ce contexte sont repérés, également chez des hétérosexuels, avant de se poursuivre en 2020 lors de fêtes, dans des clubs, chez un public diversifié », explique l’article.
« 
À l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), le Pr Laurent Karila, addictologue et psychiatre, voit en ce moment arriver, en consultation, les premiers cas de patients hétérosexuels, surtout les « 25-45 ans branchés, qui consomment déjà des drogues » », fait savoir Le Parisien.
« 
Certains prennent même de la 3-MMC pour se doper et mieux travailler », explique le professeur.
Le journal  décrit une « 
substance, facile d’accès que l’on fume, vapote, sniffe ou encore avale, après l’avoir achetée sur Internet et s’être fait livrer aussi facilement qu’une « commande Amazon » ».
« 
La 3-MMC, de la famille des cathinones de synthèse, reproduit chimiquement les effets de la feuille de khat, que l’on mâche notamment au Yémen, et dérivé de la méphédrone, interdite en 2012 à la suite d’un nombre important de décès au Royaume-Uni », précise l’addictologue.
« 
Les complications sont bien pires que celles de la cocaïne. Tous les organes peuvent être touchés à long terme », alerte-t-il. « La liste est longue : côté neurologique, il y a un risque de convulsions, d’AVC. Côté cardiaque ? D’infarctus, d’arrêt cardiaque. Et plus largement, d’atteintes rénales, de problèmes ORL, à cause de la poudre très irritante, d’états délirants, de troubles cognitifs, de risque suicidaire », révèle Le Parisien.

* Le prénom a été changé

 

« Troubles alimentaires : « Les confinements ont fait des ravages » »

Date de publication : 3 juin 2022

Libération

« Anorexie, boulimie… l’autre épidémie », annonce la Une de Libération. « Depuis les confinements, le nombre de cas de troubles de conduites alimentaires explose, touchant désormais de jeunes enfants. Dans un système de santé en crise, les délais de prise en charge s’allongent dramatiquement », alerte Chloé Rabs dans le journal.
La journaliste évoque le « 
compte Instagram, Elisa, 17 ans, partage son quotidien parsemé de recettes healthy et d’entraînements à la salle de sport (…) qu’elle accompagne d’un message un peu particulier : « On va s’en sortir, ne lâchez rien ! #TCA » ». « Comme 1% des femmes, Elisa souffre d’anorexie, une forme de trouble des conduites alimentaires (TCA). (…) Tout bascule (…) lors du premier confinement de mars 2020. (…) Très vite, le sport et son poids deviennent une obsession », raconte-t-elle.
« 
En août 2020, quatre mois plus tard, Elisa a perdu 15 kilos et n’en pèse plus que 56 pour 1m79. En France, plus de 600.000 personnes souffrent de TCA, particulièrement des femmes âgées entre 17 et 25 ans », indique Chloé Rabs.
« 
Si l’on englobe toutes les formes de troubles des conduites ­alimentaires, les professionnels estiment que 10% de la population pourrait même être concernée. Très préoccupants car très mortels − les TCA constituent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les 15-24 ans, juste après les accidents de la route −, ces troubles explosent depuis deux ans », souligne la journaliste.
« 
Les professionnels du secteur sont submergés par une « vague TCA » : + 30%, + 40%, voire + 50%, selon diverses estimations. Le CHU de Montpellier a ainsi affronté une augmentation de 53% d’hospitalisations entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021, et un boom de 234% des demandes de prise en charge », alerte-t-elle.
« 
Stress psychologique, appauvrissement brutal des relations sociales, précarisation professionnelle, déstructuration du rythme journalier… La crise sanitaire a été le cocktail parfait mais malheureux pour déclencher des TCA », explique Pierre Déchelotte, chef du service nutrition du CHU de Rouen, « où les demandes de consultations ont doublé depuis deux ans ». 
« 
En partenariat avec l’université Monash, la Butterfly Foundation, ligne d’écoute australienne pour les TCA, a ainsi passé en revue 72 études internationales et révèle que le problème est aussi planétaire que la pandémie de Covid 19 elle-même. Ainsi, en Amérique du Nord, les visites aux urgences pédiatriques ont bondi de 62% en 2020 par rapport aux années 2018-2019. De plus, la pression exercée sur les lignes d’assistance pour les troubles alimentaires a augmenté de 195% au Royaume-Uni, de 67% au Canada et de 57% aux Etats-Unis durant cette même période », détaille l’article.
« 
En 2020, 17% de la population (…) était atteinte [d’obésité], un chiffre qui a doublé depuis 1997, selon la dernière enquête épidémiologique nationale Obépi-Roche publiée en juin 2021 par la Ligue nationale contre l’obésité », note Chloé Rabs.
Selon les résultats d’une étude, « 
parus dans la revue Nutrients », « la prévalence des TCA était stable entre 2009 et 2018 puis a augmenté de manière significative en 2021. [Entre 2018 et 2021,] les chiffres ont quasiment doublé pour atteindre « près de 51% des filles et 31% des garçons interrogés », s’alarme Pierre Déchelotte.
« 
Les confinements ont vraiment fait des ravages. En deux ans, nos demandes de consultation ont doublé », confirme Xavier Pommereau, psychiatre au sein de la clinique Béthanie, en Gironde. « Situé à quelques mètres du campus de Bordeaux, le service accueille majoritairement des étudiantes », note l’article.
« 
Ses patients lui font désormais part de leur « désarroi » et de leur « angoisse » face à la guerre en Ukraine et les risques de troisième guerre mondiale brandis par le régime russe. Ou, plus prosaïquement, devant l’emballement de l’inflation qui pénalise un peu plus une population jeune déjà précarisée et gagnée par la paupérisation. Un climat anxiogène qui alimente ou déclenche des TCA », ajoute-t-il.
« 
L’utilisation intensive des réseaux sociaux, notamment pendant les périodes de confinement, est également pointée du doigt par les professionnels », souligne la journaliste. « En cause : la propagation de comptes fitness, menés par « des coachs qui se prétendent nutritionnistes parce qu’ils ont eu quatre heures de cours » », attaque Nicolas Sahuc, déplorant « le rôle destructeur d’Instagram ou de TikTok ». 
« 
Alors que le patient type est une adolescente ou une femme, on est confronté de plus en plus à des adultes, des hommes, mais surtout des enfants très jeunes », dépeint Philip Gorwood, chef de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. « C’est d’ailleurs la communauté des pédiatres et des pédopsychiatres qui a alerté en premier, à l’automne 2021, le gouvernement », rappelle la journaliste.
« 
Ces nouveaux profils s’accompagnent également de pathologies plus sévères, avec surtout une modification de symptômes qui laisse les spécialistes pour l’instant désarmés », ajoute-t-elle. « Les anorexiques sont d’ordinaire des adolescentes très perfectionnistes et très bonnes élèvesDésormais, on a affaire à de jeunes filles très instables émotionnellement, à haut niveau de risque suicidaire, et ne présentant pas forcément des poids très bas. Mais elles développent des aphagies », détaille Sébastien Guillaume, responsable de l’équipe TCA au CHU de Montpellier.
« 
Plus inquiétant encore, cette situation périlleuse s’immisce dans des services spécialisés déjà sous hypertension avec la crise structurelle des soins médicaux en France, et singulièrement dans les hôpitaux, où les professionnels ne peuvent désormais répondre aux besoins de tous les patients », s’alarme la journaliste.
« 
Depuis 4 mois, je cherche sans relâche une place en hospitalisation pour une patiente, sans résultat », déplore Nathalie Godart, présidente de la Fédération française anorexie boulimie (FFAB). Or, « plus on tarde à prendre ces pathologies en charge, moins on a de chances de parvenir à les guérir », prévient Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« 
Comme pour les généralistes, les TCA sont victimes d’importants déserts médicaux. Selon un rapport commun entre la FFAB et la Direction générale de l’offre de soins réalisé en 2019, sur les 2694 établissements de santé interrogés, seuls 8% − soit 219 établissements − déclarent prendre en charge des patients souffrant de troubles alimentaires », fait savoir Libération qui évoque « une double peine ». 
La journaliste souligne également une « 
urgence sous-diagnostiquée » en raison  notamment d’un « défaut de formation des professionnels ». « Des médecins traitants ne savent pas qu’il faut vérifier la kaliémie − le taux de potassium dans le sang − des patients boulimiques, qui se font vomir. Or un taux trop faible de potassium peut être fatal. Certains patients meurent de se faire vomir à outrance et les collègues ne le savent pas », explique Xavier Pommereau.
De plus, il regrette que « 
les patients souffrants de TCA aient toujours « mauvaise réputation » : « Des médecins traitent les jeunes filles de manipulatrices et pensent que si elles faisaient un effort, elles s’en sortiraient d’elles-mêmes », affirme-t-il.
« 
Il nous faut surtout des moyens pour recruter des soignants, des psychologues, des médecins spécialisés, etc. », estime Philip Gorwood, de Saint-Anne.
« A l’occasion de la journée mondiale des TCA organisée le 2 juin pour la deuxième année, Nathalie Godart, présidente de la FFAB,  [a souhaité] sensibiliser sur [cette] urgence aussi majeure que sous diagnostiquée et sous-médiatisée », fait savoir Libération. « Une urgence dans l’état d’urgence médicale français : malgré les chiffres déjà alarmants, seul un patient sur sept souffrant de TCA serait identifié », révèle en conclusion la journaliste de Libération.

 

« Addictions chez les jeunes : « Les écrans ont un boulevard devant eux » »

Date de publication : 15 juin 2022

Libération

Libération fait savoir qu’« un sondage réalisé par Ipsos pour la Macif montre les évolutions récentes des comportements addictifs chez les 16-30 ans. […] On y apprend que l’alcool demeure la première substance consommée. Un jeune sur deux déclare en boire régulièrement et 31% de manière hebdomadaire. Pour le tabac, plus d’un jeune sur deux fume ou bien a déjà essayé et près de trois personnes interrogées sur dix déclarent en consommer régulièrement (29% contre 25% en 2021) ».
Le journal note que 
« pour les auteurs du sondage, la consommation de cannabis reste toujours «inquiétante» mais stable par rapport à 2020 : plus d’un tiers des jeunes interrogés en consomment ou ont déjà essayé. Ils sont 11% à en prendre régulièrement. Quant à l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le protoxyde d’azote, le LSD ou encore la cocaïne, on observe que si l’usage est moins élevé, la proportion des jeunes qui n’ont jamais testé ces drogues est en baisse ».
Libération évoque un
 « autre point saillant du sondage, l’addiction aux écrans : 63% des jeunes déclarent avoir perdu la notion du temps quand 48% n’arrivent plus à trouver le sommeil, en lien avec leur consommation d’écran. Plus grave, 74% déclarent avoir ressenti des troubles, des sentiments de mal-être ou des difficultés concrètes (accidents, situations de violence, problèmes financiers), cette fois-ci en lien avec tout type d’addiction (soit +6 points par rapport à 2021) ».
Le quotidien publie un entretien avec le psychologue clinicien Jean-Pierre Couteron, qui
 « analyse les effets de 2 ans de crise sanitaire sur la consommation de produits licites, alcool en tête, ou illicites ».
Il déclare notamment que
 « les consommations des jeunes sont un terrain sur lequel il est important de rester mobilisé. […] On sort de 2 ans de confinement et on sait que certains groupes ont moins consommé de substances. […] Des augmentations de consommation sont observées à présent, en lien avec des problématiques de santé mentale ».
Jean-Pierre Couteron observe que «
 selon la disponibilité, l’attractivité, la facilité ou pas à gérer tel ou tel objet d’addiction, on observe des jeux de passe-passe entre les différents usages. A ce niveau-là, les écrans ont un boulevard devant eux. C’est l’objet d’addiction le plus accessible, le moins problématique à utiliser au départ et celui où les conséquences peuvent être les moins visibles à l’extérieur ».
Il ajoute : 
« On peut regretter l’absence d’une vraie politique de prévention en France. Malgré la loi Evin, l’Etat ne joue pas son rôle de régulateur. […] Il faut donc encourager la prévention éducative, comme avec les programmes Primavera ou Unplugged qui sont défendus par des acteurs de la santé publique dont la Fédération addiction ».
« Il faut conforter la capacité à rencontrer les jeunes, avec leurs familles, pour leur donner des outils nécessaires pour faire autrement. Il est primordial de valoriser l’accompagnement éducatif, particulièrement pour les écrans »,
 continue le psychologue.

 

« Les directives anticipées sont aussi utiles en psychiatrie »

Date de publication : 20 juin 2022

Le Figaro

Pauline Fréour cite dans Le Figaro Aurélie Tinland, psychiatre à l’AP-HM à Marseille, qui observe : « Pour une personne atteinte de trouble psychiatrique, une hospitalisation sous contrainte est un traumatisme. Pour un médecin, c’est un échec. Et la France, malheureusement, en pratique beaucoup ».
La journaliste indique que « 
convaincue qu’il faut aider les patients à mieux vivre leur prise en charge hospitalière lors d’une crise, et surtout réduire les risques d’en arriver à cet extrême, elle a évalué l’impact des directives anticipées en psychiatrie rédigées par les patients, avec ou sans assistance. Et les résultats, publiés récemment dans Jama Psychiatry, sont indéniables ».
Pauline Fréour observe que «
 le concept de directives anticipées est davantage connu en référence à la fin de vie : il permet alors de faire savoir ses souhaits en cas de maladie grave et d’impossibilité de communiquer. En psychiatrie, les directives anticipées peuvent préciser le traitement à privilégier en cas de crise, les signes annonciateurs d’une décompensation, les personnes de confiance à joindre… Autant d’informations importantes que le patient n’est plus forcément en état de transmettre lors d’une prise en charge d’urgence ».
La journaliste explique que
 « s’inspirant de ce qui peut déjà exister à l’étranger (aux États-Unis, en Suisse, en Australie…), le Dr Tinland a développé, en collaboration avec des patients, un modèle de directives anticipées adaptée à la psychiatrie, dont elle a testé l’impact dans un essai clinique incluant 7 centres sur 3 villes (Marseille, Lyon et Paris) ».
« Environ la moitié des quelque 400 volontaires se sont vu proposer de rédiger les leurs avec l’assistance de médiateurs de santé – qui sont eux-mêmes des malades ayant surmonté une crise et ont été formés à l’université pour travailler en hôpital aux côtés du personnel soignant. L’autre groupe était informé sur le concept de directives anticipées mais ne se voyait pas offert d’aide pour les écrire. Tous souffraient de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de troubles schizo-affectifs »,
 précise Pauline Fréour.
Elle retient que « 
55% des patients du premier groupe ont saisi l’occasion et couché sur le papier ce qu’ils souhaitent voir appliquer en cas de problème, contre 7% dans l’autre groupe ».
La Dr Tinland remarque : «
 Par exemple, certains ne souhaitent pas recevoir du Loxapac en cas de crise car cela les excite au lieu de les calmer. À l’inverse, d’autres ne veulent surtout pas se voir administrer du Valium car ils en ont pris par le passé, ont eu du mal à se sevrer et ne veulent pas retomber en dépendance. Mais tout ça, un urgentiste ne le sait pas d’emblée ».
Pauline Fréour ajoute que «
 le document, qui est par la suite partagé avec les soignants du malade et ses proches, inclut aussi une description propre à chacun des symptômes annonciateurs d’une crise : perte de sommeil, achats compulsifs, pic de stress… Le malade peut aussi préciser ce qui est susceptible de le protéger d’une crise, afin que son entourage l’encourage en ce sens ».
La journaliste relève que 
« l’impact mesuré par l’étude est élevé : un tiers d’hospitalisations sous contrainte en moins à un an dans le premier groupe. Les auteurs postulent que les malades ont davantage accepté d’être hospitalisés quand nécessaire, probablement grâce à un repérage plus précoce de leurs symptômes. Ils observent aussi un meilleur rétablissement des patients et un sentiment accru de maîtriser ce qui leur arrive ».
« L’idée désormais est d’améliorer le déploiement et la visibilité de ces directives, ainsi que l’accompagnement efficace des médiateurs de santé », 
poursuit-elle.
Pauline Fréour note que «
 les résultats positifs obtenus dans l’étude du Jama Psychiatry ne seront toutefois généralisables que si le système de santé permet aux patients qui en identifient le besoin d’accéder en priorité à des soins », selon le Pr Pierre Thomas, chef du pôle psychiatrie, médecine légale et médecine de soins pénitentiaires au CHRU de Lille.

 

« Les troubles autistiques en panne de traitement »

Date de publication : 21 juin 2022

Libération

Eric Favereau constate dans Libération que « l’autisme reste un continent toujours aussi mystérieux, lourd de douleurs et de souffrances. Sur ce dossier longtemps polémique – avec une guerre éternelle entre ceux qui y voyaient une forte composante psy et les autres qui ne décelaient qu’un dérèglement neurologique –, les avancées scientifiques et cliniques sont en effet limitées, comme le montre une expertise de l’Inserm ».
Le journaliste souligne : «
 D’abord donc, exit le diagnostic d’autisme, on parle désormais de troubles du spectre de l’autisme (TSA), tous provenant d’imperfections dans le neuro-développement ».
Les experts de l’Inserm écrivent que 
« ces troubles apparaissent au cours de la petite enfance ; ils persistent à l’âge adulte. Environ 700.000 personnes en France seraient concernées, note l’Inserm. Ils se caractérisent par des altérations des interactions sociales, des problèmes de communication (langage et communication non verbale), des troubles du comportement, un répertoire d’intérêts et d’activités restreint et répétitif (tendance à répéter les mêmes gestes, paroles ou comportements) et enfin des réactions sensorielles inhabituelles ».
Eric Favereau remarque que
 « c’est un fourre-tout compliqué, aux signes variés. Et ainsi sont mis dans le même ensemble des personnes atteintes du syndrome d’Asperger – une forme d’autisme sans déficience intellectuelle ni retard de langage – avec des enfants catatoniques, silencieux, s’automutilant profondément ».
Il ajoute que « face à ce trouble confus, une partie des chercheurs ont beaucoup espéré des neurosciences et de la génétique. Les résultats, aujourd’hui, sont parcellaires, comme le concède l’Inserm ».

Le document indique : 
« Les progrès des neurosciences et l’identification de facteurs de risque génétiques ou environnementaux ont permis de mieux appréhender les TSA, mais leurs causes demeurent encore assez mal comprises. […] Il est désormais bien établi qu’il s’agit de maladies d’origine multifactorielle, avec cependant une forte composante génétique. Etre un garçon et présenter des antécédents familiaux sont deux facteurs de risque reconnus. Cela n’exclut pas l’intervention de facteurs environnementaux durant la grossesse, mais leur nature exacte n’est pas connue. La naissance prématurée constitue un autre facteur de risque. Par ailleurs, certains médicaments antiépileptiques administrés à la mère durant la grossesse, comme la Dépakine, sont actuellement sur la sellette ».
Eric Favereau observe :
 « Pour l’Inserm, pas un mot sur les causes relationnelles des TSA ».
Le journaliste continue :
 « Quid de la recherche thérapeutique ? Elle avance très lentement, en dépit d’annonces tonitruantes faites régulièrement. Ainsi, plusieurs essais cliniques ont été récemment abandonnés, «en raison de résultats jugés peu concluants, alors que les molécules étudiées avaient au départ généré beaucoup d’espoirs», note l’Inserm dans son expertise ».
Eric Favereau retient qu’«
 une des rares pistes qui demeurent tourne autour des médicaments anti-épileptiques ».
Le journaliste note en outre qu’«
 il y a aujourd’hui, comme un consensus sur un dépistage précoce. Même si certains s’inquiètent des effets délétères de la pose d’un diagnostic aussi lourd chez le tout jeune enfant. Pour l’Inserm, en tout cas, pas de doute, il faut dépister le plus tôt possible ».
Eric Favereau évoque enfin «
 les vieux autistes. Ils sont les grands oubliés. Enfermés dans des hôpitaux psychiatriques, souvent sans moyens. Ou isolés dans des structures sociales. Ils sont plusieurs dizaines de milliers. […] L’autisme a beau avoir été déclaré grande cause nationale en 2012, il reste encore bien des pas à franchir pour que la situation soit un peu moins désespérante ».

 

« Maltraitances : la protection de l’enfance à l’épreuve du secret médical »

Date de publication : 24 juin 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui observe : « Aux premières loges face aux cas de violences infantiles, peu de médecins osent faire des signalements. Le cadre juridique, très flou, tourne souvent au désavantage des soignants, qui risquent des poursuites de la part du conseil de l’Ordre ».
Anaïs Moran cite ainsi Eugénie Izard, pédopsychiatre, qui
 « traîne depuis 7 longues années une angoisse profonde et corrosive », « celle qui vous colle à la peau quand vos pairs, ceux qui étaient censés vous protéger, et protéger les enfants, se mettent à vous attaquer sans répit »,déclare la praticienne.
La journaliste explique que «
 le désarroi date du printemps 2015. De ce jour où le conseil départemental de l’Ordre des médecins de Haute-Garonne a porté plainte contre elle devant la chambre disciplinaire, après qu’elle a signalé des soupçons de maltraitances physiques et psychologiques de la part d’un père sur sa fille de 8 ans ».
Eugénie Izard indique : 
« On m’a accusée de ne pas être restée à ma place. D’avoir pris le parti d’une mère aliénante qui manipulait son enfant. Alors que tout ce que j’avais fait, c’était prendre mes responsabilités et tenter de protéger de maltraitances un enfant ».
Anaïs Moran note que «
 sanctionnée par l’Ordre des médecins à une suspension temporaire d’exercice de la médecine d’une durée de 3 mois, Eugénie Izard a vu, le 30 mai, la plus haute juridiction administrative annuler la sanction ordinale. Un événement qui a permis de mettre en lumière le sujet de l’insécurité juridique dans laquelle sont plongés les praticiens à l’origine de signalements pour maltraitances infantiles ».
La journaliste observe que
 « face à des soupçons de maltraitances infantiles, les médecins sont comme piégés dans un conflit de normes et d’injonctions contradictoires, en raison d’un cadre juridique confus. Le code pénal prévoit bien que les praticiens, comme tout autre citoyen «pouvant empêcher […] soit un crime soit un délit contre l’intégrité corporelle [d’un enfant]», ont l’obligation d’intervenir. Il précise aussi qu’un signalement effectué auprès des autorités compétentes «ne peut engager la responsabilité civile, pénale ou disciplinaire de son auteur, sauf s’il est établi qu’il n’a pas agi de bonne foi» ».
« Mais les praticiens sont également soumis au code de la santé publique, dont certains textes laissent planer l’ambiguïté. Ainsi, le médecin doit protéger le mineur tout «en faisant preuve de prudence et de circonspection». Signaler auprès des autorités compétentes «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Des expressions sources d’interprétation qui, cumulées aux principes fondamentaux du «secret professionnel» et de l’interdiction de «s’immiscer sans raison professionnelle dans les affaires de famille», entretiennent le trouble », 
constate Anaïs Moran.
Elle indique qu’«
 avec sa consœur pédopsychiatre Françoise Fericelli, Eugénie Izard a cofondé le collectif de médecins Stop violences en avril 2021, afin d’œuvrer «contre les violences intrafamiliales et pour une meilleure protection des enfants maltraités». Le collectif regroupe 56 professionnels de toutes spécialités. Il dit avoir recensé une quinzaine de procédures disciplinaires en cours devant le conseil de l’Ordre ».
Françoise Fericelli déclare : 
« Nous, médecins, ne sommes ni enquêteur, ni policier, ni magistrat, mais nous avons un devoir de protéger les enfants. Notre seule possibilité de protection est de faire un signalement, et pour cela il faut être formé au repérage des maltraitances et ne pas avoir à craindre des représailles. Tout ce que nous souhaitons, c’est un cadre légal précis qui régisse les modalités d’alerte des médecins, notamment une obligation légale de signalement ».
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente de l’Ordre, remarque pour sa part : 
« On peut se mettre autour d’une table pour discuter des poursuites. Nous aussi, nous voulons voir les médecins devenir de vrais acteurs dans la lutte contre ces maltraitances. Il faut encore sensibiliser notre communauté, notamment au sein des conseils de l’Ordre locaux. On y travaille ».

 

Revue de presse santé psy – janvier 2022

« « Les jeunes arrivent en fauteuil roulant » : face à l’abus de gaz hilarant, les médecins sonnent l’alerte »

Date de publication : 20 janvier 2022
Le Parisien
Elsa Marnette observe en effet dans Le Parisien que « les soignants voient arriver de plus en plus de jeunes d’une vingtaine d’années incapables de marcher ou de sentir leurs extrémités, à cause de leur consommation de gaz hilarant. Selon eux, malgré l’arrêt du protoxyde d’azote et la rééducation, la récupération totale n’est pas garantie ».
La journaliste livre ainsi un reportage en région parisienne : « Le 5 janvier 2020, quand ils ont vu arriver aux urgences une patiente souffrant d’une atteinte neurologique atypique pour son jeune âge, les médecins ont eu «une grosse surprise», selon le chef du service neurologie de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ».
« Les soignants ont compris qu’ils assistaient à «l’émergence d’une nouvelle pathologie». Car depuis ce 5 janvier 2020, 26 autres personnes se sont présentées dans son hôpital avec ce même tableau clinique. Rien ne les distingue, si ce n’est leur jeunesse — 23 ans en moyenne — et les symptômes dont ils souffrent »,
 poursuit Elsa Marnette.
Le Dr Thomas de Broucker, chef de service, explique que « les patients présentent des fourmillements des quatre membres, surtout des jambes qui, progressivement, vont s’accompagner d’un déséquilibre. À force de ne plus sentir leurs membres inférieurs, ils ne peuvent plus marcher. Ils arrivent en fauteuil roulant ».
Le neurologue évoque en outre « des troubles moteurs, avec déficit de la force musculaire, mais aussi des troubles sphinctériens, comme une rétention d’urine, et des troubles de l’érection, car il y a atteinte de la moelle épinière. […] Tous ont une consommation de protoxyde d’azote monstrueuse, jusqu’à six bonbonnes par jour ».
Elsa Marnette relève que « ce gaz hilarant, traditionnellement utilisé en anesthésie ou en cuisine, fait l’objet d’un usage détourné à vocation festive : lorsqu’il est inhalé, il provoque euphorie et hallucinations. Mais aussi asphyxie, perte de connaissance, brûlures et troubles neurologiques sévères, surtout lorsque l’intoxication est importante et répétée ».
Le Dr de Broucker précise que « le principe de la neurotoxicité du N2O est que l’atome de cobalt qui est au centre de la molécule de cobalamine (ou vitamine B12) est neutralisé par le protoxyde d’azote. La vitamine B12 est totalement inactivée et n’effectue plus son rôle essentiel au fonctionnement du système nerveux central et périphérique ».
La journaliste remarque que « ce phénomène récent de consommer de très grosses doses peut laisser les soignants démunis », le chef de service soulignant : « On a des malades paraplégiques, qui récupèrent très vite et d’autres bien moins atteints, pour qui ce n’est pas le cas ».
Elsa Marnette ajoute que « les patients restent en moyenne 8 jours dans son service, le temps de voir un psychiatre s’ils le souhaitent, de recevoir de la vitamine B12 et de faire des examens complémentaires (IRM, ponction lombaire, bilan sanguin) ».
Le Dr Chérifa Chambaz, médecin coordonnateur au centre de rééducation fonctionnelle de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), déclare pour sa part : « Ce qui est alarmant, c’est cette jeunesse, ils sortent à peine de l’adolescence ».
La journaliste observe que « là-bas, les soignants, davantage habitués à la prise en charge de personnes âgées victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), ont également vu des patients jeunes affluer en fauteuil roulant depuis 2 ans. Il y en a eu un sur toute l’année 2019 et jusqu’à 6 en même temps, au mois de décembre dernier ».
Elsa Marnette indique que « les médecins de l’établissement effectuent d’abord un bilan et établissent une prise en charge de kinésithérapie, d’ergothérapie, parfois de psychothérapie et d’orthophonie. Puis, commence la rééducation proprement dite. […] L’équipe repart parfois de zéro : apprendre à tenir un stylo, à se brosser les cheveux… ».
La journaliste relève que « dans le service de neurologie de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, une consultation est systématiquement proposée 3 mois après la sortie du patient ». Le Dr de Broucker remarque cependant que « sur 27, on en a eu 4, en vrai ou par téléphone. C’est frappant comme on a du mal à les suivre ».
Dans un autre article, Elsa Marnette explique que « l’Île-de-France et les Hauts-de-France sont les deux régions où le nombre de cas explose, selon le rapport récemment publié par l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) à partir des données des centres antipoison ».
La journaliste indique qu’« en 2020, 134 cas d’usage récréatif de protoxyde d’azote ont été rapportés aux centres antipoison de toute la France. […] À elle seule, l’Île-de-France concentre 25% de ces signalements, devant les Hauts-de-France. Dans le même temps, l’Anses rappelle qu’il y en avait eu 46 en 2019 et 20 entre 2017 et 2018 et s’inquiète d’une «croissance qui s’accélère» ».
L’Anses précise que « les données 2020 confirment la survenue de troubles neurologiques graves, notamment chez les consommateurs réguliers. Au moins un symptôme neurologique et/ou neuromusculaire était signalé dans 76,2% des cas. Parmi ces cas, les trois quarts avaient au moins un signe moteur et/ou sensitif, tels que des paresthésies (fourmillements, engourdissements, picotements), des hypoesthésies (diminution de la sensibilité), un déficit moteur, des tremblements des extrémités ou des douleurs musculaires ».
L’agence évoque « des consommations régulières depuis plus d’un an, de plusieurs dizaines voire centaines de cartouches par jour, cette consommation chronique favorisant avec le temps la survenue de lésions neurologiques sévères ».
Elle ajoute qu’« une prise en charge pluridisciplinaire doit être engagée entre généraliste, pédiatre, urgentiste, neurologue et addictologue pour l’accompagnement du patient dans sa guérison et son arrêt de consommation de protoxyde d’azote ».

Revue de presse santé psy – mai 2022

« Le dangereux appétit des jeunes pour la médecine esthétique »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui constate que « les 18-35 ans sont de plus en plus séduits par des injections ou des interventions esthétiques, en plein essor en France. Parfois proposées par de faux professionnels, celles-ci peuvent s’avérer très risquées ».
Margherita Nasi évoque ainsi le 
« rapport plus décomplexé des jeunes à la médecine esthétique… et à ses dérives. Depuis 2019, les 18-34 ans ont désormais davantage recours à la chirurgie que la tranche des 50-60 ans ». Tracy Cohen Sayag, directrice du groupe Clinique des Champs-Elysées, indique qu’« il y a 12 ans, à peine 5% de nos patients avaient moins de 35 ans, contre plus de 50% d’entre eux aujourd’hui ».
Margherita Nasi explique que
 « cette déferlante jeune s’explique en partie par les transformations que connaît ce secteur. Laser, injections, peelings, radiofréquence ont révolutionné le marché ». Tracy Cohen Sayag déclare que « la chirurgie reste une opération lourde, il faut aller au bloc opératoire. La médecine esthétique, elle, n’est pas invasive et a énormément progressé. On peut tout traiter, à condition d’être récurrent dans ses actes ».
Adel Louafi, président du SNCPRE (Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique), précise en outre que 
« dans les années 1990, certains produits pouvaient entraîner des déformations à long terme ou des réactions allergiques, comme le silicone injectable, utilisé par les frères Bogdanov. Désormais, on utilise des produits résorbables, extrêmement fiables et tolérés ».
Catherine Bergeret-Galley, secrétaire générale du SNCPRE, souligne quant à elle qu’
« avec la pandémie, de nombreux faux professionnels ont investi les réseaux sociaux. Ils proposent des prestations extrêmes : bouches marquées, très gros seins, très grosses fesses, yeux de biche en étirant la fente palpébrale vers le haut et l’extérieur… J’oriente les jeunes vers des demandes plus raisonnables. Et je les mets en garde contre les escroqueries ».
Margherita Nasi indique ainsi que 
« début janvier, le SNCPRE et plusieurs sociétés savantes ont lancé une alerte nationale contre les «injecteurs illégaux», ces faux médecins, pseudo-spécialistes ou prétendus cosmétologues qui cherchent à appâter les jeunes avec des images d’interventions réussies et des prix au rabais ».
Catherine Bergeret-Galley explique qu’«
 une véritable économie parallèle s’est montée en quelques années. Celle-ci s’est engouffrée sur un vide juridique : l’acide hyaluronique, utilisé pour les injections, est en vente libre. Sans parler des fois où l’on injecte de l’huile de paraffine ou du silicone industriel ».
Adel Louafi souligne que 
« ces piqûres sont dangereuses lorsqu’elles sont réalisées par des non-professionnels qui ne connaissent pas l’anatomie et sont incapables de réagir en cas d’effets indésirables. On peut se retrouver avec des déformations du visage, des croûtes noires, une peau rétractée, voire une partie du nez amputée. […] Les injecteurs illégaux n’hésitent pas à utiliser la même aiguille sur plusieurs clients. On risque de voir apparaître une déferlante d’infections chroniques transmissibles, comme l’hépatite C ».
Margherita Nasi relève en effet qu’
« il y aurait en France plusieurs centaines d’injecteurs illégaux, avec des milliers de patients concernés, selon le SNCPRE. Dans son cabinet, Adel Louafi reçoit régulièrement des jeunes qui consultent après des complications ».

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Hausse de la consommation de cocaïne en France : « On fait face à une épidémie » »

Date de publication : 3 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien publie une enquête sur la « hausse de la consommation de cocaïne en France » et livre un entretien avec le Pr Amine Benyamina, chef du service psychiatrie-addictologie à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif, président de la Fédération française d’addictologie, qui « alerte sur cette drogue, désormais consommée par tout le monde, du chef d’entreprise au lycéen ».
Le journal interroge ainsi : «
 Constatez-vous une hausse des consultations pour addiction à la cocaïne ? ».
Le Pr Benyamina répond qu’« 
en ce moment, c’est pratiquement un patient sur deux ! La demande est tellement importante que désormais tous les addictologues de mon service reçoivent des cocaïnomanes en consultation. Ce phénomène est étonnant. Que se passe-t-il ? Est-ce un effet du Covid ? Depuis des années, on constate une hausse de la consommation mais je dirais qu’il y a un effet loupe évident, ces derniers mois. On fait face à une épidémie de cocaïne ».
Le spécialiste souligne que
 « dans les années 1980, cette drogue était réservée à une élite, à la presse audiovisuelle, aux chefs d’entreprise. Aujourd’hui, il n’y a plus de déterminisme social. C’est un étudiant en école de commerce, un jeune employé d’une boîte de pub, des journalistes, beaucoup, des soignants, aussi. Des gamins en consomment de temps en temps et la cocaïne circule même dans des lycées. En consultation, les plus jeunes patients ont 16 à 17 ans ».
Il indique en outre que
 « la cocaïne est plus pure, sa qualité est « meilleure », elle est davantage consommée, les effets, plus importants. Voilà pourquoi la drogue qui circule actuellement est plus dangereuse ».
Le Pr Benyamina explique que
 « le risque, c’est une atteinte cardiovasculaire, neurologique, d’arrêt cardiaque, de la sphère ORL. C’est une drogue très addictive qui a des effets sur l’humeur. C’est un crash d’avion. Une fois l’effet parti, l’atterrissage est difficile. Quand on se retrouve comme un animal déprimé et rabougri, on en reprend ».
« Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il n’y a pas de traitement. Pour l’héroïne, on a des produits de substitution. Pour la cocaïne, rien. Conséquence, on reconstruit ce qui est cassé : on traite les maladies psychiatriques, les problèmes cardiaques, on répare des cloisons nasales. On est démuni. Malgré toutes nos alertes, on pense encore que la cocaïne n’est pas dangereuse », 
remarque le spécialiste.

 

« Covid-19 : être hospitalisé ferait vieillir votre cerveau de 20 ans »

Date de publication : 5 mai 2022

Le Point

Le Point relève que « les recherches sur le coronavirus ne cessent d’affiner nos connaissances sur la maladie et ses conséquences, à plus ou moins long terme, pour la santé », et fait savoir qu’une étude « s’attaque notamment aux dégâts potentiels d’une hospitalisation provoquée par une infection au Covid-19 ».
Le magazine retient que selon ce travail paru dans la revue 
eClinicalMedicine, « les problèmes de santé des personnes ayant été hospitalisées sont comparables à un vieillissement de leurs capacités cognitives d’une vingtaine d’années. Un tiers des patients au cœur de l’étude, menée au Royaume-Uni, se sentent débarrassés des symptômes un an après avoir été hospitalisés. Mais certains souffrent d’un déclin cognitif persistant, un Covid long affectant le cerveau ».
David Menon (université de Cambridge), auteur principal, souligne ainsi que 
« le Covid provoque des problèmes au niveau de différents organes, y compris le cerveau et nos fonctions cognitives, ainsi que notre santé mentale. Si vous avez un vaccin et tous vos rappels, vous aurez une maladie moins sévère et l’ensemble de ces problèmes seront atténués ».
Le Point explique que «
 les chercheurs ont fait passer des tests cognitifs à 46 patients, en moyenne 6 mois après leur entrée à l’hôpital entre mars et juillet 2020. Parmi eux, 16 avaient reçu une assistance respiratoire mécanique. Ils ont comparé les résultats de ce test avec ceux de 460 personnes n’ayant jamais eu le Covid ».
Le magazine observe que «
 les patients hospitalisés souffrent de déficiences cognitives, notamment une plus grande lenteur d’exécution. […] L’étude suggère que, même si les troubles cognitifs étaient différents, l’ampleur du changement est, en moyenne, comparable au déclin cognitif observé traditionnellement chez les personnes âgées de 50 à 70 ans ».
Le Point ajoute que
 « s’il n’y a pas de différences entre les patients testés 6 et 10 mois après hospitalisation, les chercheurs notent quelques prémices d’une amélioration et vont poursuivre ces tests à différentes échéances ».
David Menon estime ainsi que 
« ces essais vont nous permettre de comprendre les mécanismes sous-jacents et de produire des traitements efficaces pour lutter en amont, et même à l’avenir contre ces symptômes ».

 

« L’augmentation inquiétante des cas de « burn-out scolaire » chez les lycéens »

Date de publication : 11 mai 2022

Le Monde

Le Monde constate en effet qu’« alors que les élèves de terminale passent pour la première fois les épreuves d’enseignement de spécialité du baccalauréat, les enseignants s’alarment de l’anxiété provoquée notamment par le contrôle continu et l’orientation ».
Sylvie Lecherbonnier se penche ainsi sur ces 
« lycéens en burn-out scolaire. Le terme ne fait pas toujours consensus et le phénomène, caractérisé par un épuisement, une perte de sens et de motivation face à un stress chronique, est difficile à quantifier tant les indicateurs font défaut, mais les personnels de l’éducation nationale sont formels : les lycéens sont plus sujets qu’auparavant à l’anxiété, aux crises de larmes, voire à la dépression ou à la phobie scolaire ».
« Si de multiples facteurs entrent en ligne de compte dans le mal-être des adolescents, «l’angoisse de la performance», comme l’appellent les psychologues, n’est pas à négliger »,
 souligne la journaliste.
Franck Antraccoli, proviseur à Nantes et secrétaire général du syndicat de chefs d’établissement ID-FO, indique ainsi que 
« cette année, 30 élèves sur 1200 bénéficient d’un PAI [projet d’accueil individualisé] avec des décharges de cours, car ils n’arrivent plus à tout gérer. Il y a encore 3 ans, ils étaient à peine 10 ».
Saphia Guereschi, infirmière dans l’éducation nationale et secrétaire générale du Snics-FSU, confirme : 
« Les files d’attente devant nos infirmeries augmentent, et nous n’arrivons pas à répondre à toutes les demandes ».
Sylvie Lecherbonnier explique que «
 les lycéens baignent dans un océan d’incertitudes depuis plus de 2 ans. L’épidémie de Covid-19 est venue percuter la mise en place des réformes du lycée et du bac. Annulation ou report d’épreuves, passage à l’enseignement à distance et confinements ont bouleversé leurs conditions de travail, si bien qu’un élève de terminale, en 2022, n’aura suivi aucune année scolaire « normale » au lycée. Le contrôle continu, qui compte pour 40% de la note finale du baccalauréat, associé à la perspective de Parcoursup, joue aussi sur leurs nerfs ».
« L’impression de «jouer sa vie à chaque évaluation» domine, sans toujours connaître en plus précisément les règles du jeu de Parcoursup », 
ajoute-t-elle, qui s’interroge : « Y a-t-il un profil d’élève plus sujet à l’angoisse, voire au burn-out, que d’autres ? De l’avis des enseignants interrogés, les bons élèves, alors qu’ils ont de bonnes notes, sont plus angoissés ».
Une mère dont le fils a eu une dépression déclare : 
« On veut faire de nos enfants des chevaux de course. Il faut être performant, performant, performant… Mais que se passe-t-il quand ça craque ? Qu’est-ce qu’on leur propose ensuite ? ».

 

« Le QI de ces vraies jumelles élevées dans deux pays différents est inhabituel »

Date de publication : 13 mai 2022

Science et Vie

Ives Etienne relate dans Science et Vie « l’histoire de jumelles monozygotes séparées à l’âge de 2 ans et élevées dans deux pays différents. L’une en Corée, l’autre aux Etats-Unis. Des scientifiques se sont intéressés à leur cas, et surprise, ils ont constaté de grosses différences de QI ! Ce qui contredit les tests précédents sur des jumeaux monozygotes ».
Le journaliste explique que 
« les chercheurs à l’origine de ces travaux ont pu compter sur deux sœurs nées à Séoul en Corée du Sud en 1974, mais qui ont été séparées 2 ans plus tard lorsque l’une des deux jumelles s’est perdue sur un marché. Malgré toutes les démarches effectuées et une émission de télévision consacrée aux personnes disparues, la petite fille perdue n’a pas pu retrouver ses parents biologiques. Elle finit par être adoptée par un couple vivant à l’autre bout de la planète, aux États-Unis ».
Ives Etienne relève que
 « cette petite Coréenne est donc devenue américaine. […] En 2018, grâce au programme sud-coréen de réunification des membres de la même famille, elle soumet son ADN pour une analyse génétique. Deux ans plus tard, elle reçoit une information étonnante ! Elle a un frère et une sœur plus âgés qu’elle. Mais surtout, elle a une sœur jumelle ! ».
Le journaliste continue : «
 Lors de leur rencontre, les vraies jumelles ont accepté de passer une série de tests. Ils sont destinés à évaluer leur quotient intellectuel ainsi que leur profil de personnalité, leur santé mentale et leurs antécédents médicaux ».
Il observe que 
« les résultats obtenus concernant les capacités cognitives et l’intelligence des deux sœurs jumelles sont étonnants. Ils contredisent les travaux précédents qui affirment que même en cas de séparation dès la naissance, la différence moyenne de valeur de QI ne dépasse pas 7 points. En effet, l’écart de quotient intellectuel entre la sœur vivant aux États-Unis et la sœur vivant en Corée est de 16 points. Et c’est la jumelle coréenne qui possède le QI le plus élevé ! ».
Ives Etienne note que 
« pour les scientifiques, cet écart inattendu des capacités cognitives entre les deux jumelles reste étonnant. Il est difficile de dire s’il est dû à une éducation différente. En effet, la jumelle élevée aux États-Unis a malheureusement subi trois commotions cérébrales qui auraient pu affecter ses capacités cérébrales ».
Il ajoute qu’«
 en ce qui concerne la personnalité, les deux sœurs possèdent un profil général très comparable. Elles sont toutes les deux déterminées, organisées, consciencieuses. Elles sont aussi animées par une envie de réussir dans la vie. Malgré des expériences de vie très différentes et des environnements familiaux très opposés, la persistance de ce profil confirme bien que la génétique détermine en grande partie la personnalité ».
Le journaliste ajoute :
 « La santé est l’autre domaine dans lequel les deux sœurs possèdent de fortes ressemblances. Elles ont toutes les deux dû subir une ablation de tumeurs aux ovaires. Par contre, les deux jumelles ont une vision différente de la vie en générale. Alors que celle qui a grandi aux États-Unis est individualiste, celle qui vit en Corée du Sud possède de valeurs de vie plus collectivistes ».
Ives Etienne conclut que 
« les chercheurs ne tiennent pas à tirer de conclusions définitives. En effet, il faudrait pouvoir étudier plus de cas de jumeaux ayant été séparés dès le plus jeune âge. Ce qui est, heureusement, assez rare. Cette étude permet pourtant de se rendre compte de l’influence de la génétique. Mais aussi l’importance de l’environnement culturel et environnemental sur le développement d’un individu ».

 

« Signaler ou pas, les médecins généralistes face aux suspicions d’inceste »

Date de publication : 16 mai 2022

Le Monde

C’est ce que titre Le Monde, qui relève qu’« alors que les professionnels de santé dénoncent peu les situations de maltraitance sur les enfants, notamment par peur d’être poursuivis par les familles, la Ciivise préconise une clarification de leur devoir de signalement. Une piste qui fait débat ».
Le journal explique que
 « confronté à des signes de maltraitance, sexuelle ou non, sur un mineur, tout professionnel de santé est tenu de garantir sa protection en écrivant à la cellule de recueil des informations préoccupantes du département, ou en faisant un signalement au procureur de la République en cas de danger immédiat ».
« Toutefois, le code de déontologie médicale conditionne cette obligation d’alerter pour le médecin : elle intervient «sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience». Un flou qui participe au faible nombre de remontées émanant du corps médical, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), chargée d’un état des lieux et de recommandations en la matière », 
remarque le quotidien.
Il note que «
 la Ciivise se prononce ainsi pour une clarification de l’obligation de signalement des médecins. L’instance assortit cette recommandation de celle de la suspension des poursuites disciplinaires à l’encontre des médecins qui effectuent des signalements, afin de les protéger d’éventuelles plaintes émanant de l’adulte agresseur ».
Le Monde précise que 
« la proposition fait suite à la médiatisation de quelques cas de soignants sanctionnés après avoir effectué des signalements. L’obligation de signalement, accompagnée d’une telle mesure de protection, permettrait de sécuriser les professionnels et «contribuerait à une meilleure protection des enfants», défend le collectif Stop Violences Médecins, qui regroupe une cinquantaine de praticiens ».
Le journal poursuit : 
« Le constat d’un «maillon faible» dans la chaîne de repérage est largement partagé, jusque dans les rangs des médecins. Même si aucune donnée précise et récente n’existe sur le sujet. Le pourcentage de 5% est régulièrement mis en avant : il correspondrait à la part des signalements pour maltraitance des enfants provenant des professionnels de santé selon la Haute Autorité de santé. Mais l’instance le reconnaît elle-même : ce chiffre, inscrit dans certains de ses rapports du milieu des années 2010, est issu d’un bulletin de l’Ordre des médecins datant de 2002 ».
« La solution préconisée d’une obligation de signalement pour les médecins, est loin, en revanche, de faire l’unanimité ; elle s’est heurtée à l’opposition immédiate de l’Ordre des médecins. Les professionnels sont déjà soumis à une «obligation de protection» des patients, selon l’organisme »,
continue Le Monde.
Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des médecins, décalre ainsi : 
« Notre crainte, avec cette autre obligation, c’est que les familles maltraitantes éloignent leurs enfants du soin. Il y a déjà, aujourd’hui, toutes les possibilités pour faire un signalement quand un médecin a des suspicions ».

 

« Recevoir un jeune en consultation, c’est tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine »

Date de publication : 18 mai 2022

La Croix

Dans sa chronique pour La Croix, Fatma Bouvet de la Maisonneuve, psychiatre et écrivaine, observe : « Fabriquons-nous une génération en état de mal-être ? ».
Elle remarque ainsi qu’
« il est facile aujourd’hui de rendre la pandémie responsable de tous les maux de la société, mais la crise de la psychiatrie existe depuis bien longtemps. Ces deux dernières années ont surtout rendu plus visibles des disparités sociales inimaginables en France. Car non, cela n’allait pas de soi de suivre des cours en distanciel lorsqu’on ne possède pas d’ordinateur ou que le micro du smartphone est cassé. Non, ce n’était pas possible de se concentrer dans un contexte familial délétère ».
La psychiatre poursuit : « 
Je revois la détresse psychique de certains jeunes pour qui les études sont la seule bouée de sauvetage et qui se sentaient lâchés par le système. Restait la possibilité de consulter : c’est une autre histoire ! Combien sont passés entre les mailles du filet ? ».
Fatma Bouvet de la Maisonneuve écrit que 
« recevoir une jeune personne en consultation, c’est comme tenir entre ses mains une vaisselle en porcelaine. Il faut mettre en confiance un individu en souffrance, souvent en opposition et qui se sent incompris, mais il faut aussi ménager des parents, en particulier des mères, que l’on a souvent culpabilisés ».
« Une des priorités est de faire un diagnostic et de détecter d’éventuels symptômes annonciateurs de maladies sévères mais rares (schizophrénie, trouble bipolaire) qui doivent être traités à l’hôpital dans un premier temps. Et c’est là que le bât blesse car les délais sont aussi longs chez nos collègues de l’hôpital, qui gèrent des cas difficiles »
, remarque-t-elle.
Fatma Bouvet de la Maisonneuve ajoute que 
« l’augmentation des conduites suicidaires chez les jeunes est si alarmante qu’il est impératif de mobiliser toute la société autour d’eux. Pourquoi ne pas créer un département jeunesse dans chaque ministère afin d’être sûrs de ne jamais l’oublier ? ».

 

« Fatigue, idées suicidaires, harcèlement… Une étude pointe le mal-être des étudiantes et étudiants en sciences infirmières »

Date de publication : 24 mai 2022

Libération

C’est ce que titre Libération, qui explique que « dans une enquête parue vendredi dernier, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières dresse un constat inquiétant ».
Cassandre Leray indique ainsi que 
« le dossier de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (Fnesi) concernant le «bien-être» des étudiantes et étudiants infirmiers dresse un constat alarmant. Depuis 2017, date de la dernière enquête, presque tous les indicateurs sont dans le rouge. Santé physique, mentale, précarité… ».
Mathilde Padilla, présidente de la fédération, souligne qu’«
 il y a une souffrance sur tous les aspects, qui s’est accentuée ces cinq dernières années ».
Cassandre Leray explique qu’
« éprouvés par une formation éreintante et un système de santé à bout de souffle, plus de 15.000 étudiants ont répondu dans le cadre de cette étude. Le résultat est sans appel : l’exigence est telle qu’il est difficile de tenir la cadence. En 2017, 66,3% des répondants estimaient que leur qualité de sommeil était «insuffisante» ou «très insuffisante», contre 62,3% en 2022 ».
« Une amélioration, à première vue. Sauf qu’en 2017, ils n’étaient que 7,8% à déclarer prendre des somnifères depuis le début de la formation contre… 28,1% en 2022. Et 4 étudiants sur 10 considèrent que la cause de cette prise est liée à leurs études »,
 continue la journaliste.
Elle souligne que «
 pour de nombreux étudiants en sciences infirmières s’ajoutent aux cours les inquantifiables heures de travail personnel. Il y a aussi les stages, réputés pour être épuisants, ou la nécessité d’avoir un job étudiant à côté pour joindre les deux bouts. Tout mener de front est ardu, à tel point que plus d’un étudiant sur deux se sent «souvent» ou «tout le temps» fatigué depuis le début de sa formation ».
Cassandre Leray ajoute que 
« le moral, lui aussi, en prend un coup. En 2017, 52,5% des apprentis infirmiers admettaient que leur santé mentale s’était dégradée depuis le début de leur formation. En 2022, ils sont 61,4%. Une augmentation de près de 10 points en cinq ans. Crises d’angoisse, dépression, idées suicidaires… L’étude relève une aggravation sous tous ces aspects ».
La journaliste observe que «
 le plus frappant : un étudiant sur six a déjà pensé au suicide durant ses études. Un chiffre plus de deux fois supérieur aux précédentes enquêtes. Seule amélioration : 23,3% des répondants ont déjà consulté un professionnel de la santé mentale, alors qu’ils n’étaient que 13,8 en 2017 ».
Mathilde Padilla note que «
 c’est positif mais à nuancer : cela augmente aussi parce qu’ils sont plus nombreux à aller mal ».
Cassandre Leray relève ainsi que
 « leur consommation d’anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques a augmenté : 34% en 2022, contre 27,3% en 2017. Parmi eux, 50% ont commencé ces traitements «à cause du retentissement de la formation» ».
« Pour certains, la souffrance peut même aller jusqu’à l’abandon de la formation. 59,2% des étudiants en sciences infirmières ont déjà pensé à arrêter leurs études. Cause numéro 1 : des problèmes au cours de leur stage (32%). Bizutage, sexisme, humiliations… », 
continue Cassandre Leray.
Elle souligne qu’« 
une personne sur six faisant ses études en sciences infirmières a déjà été victime d’agression sexuelle. Et, dans 70% des cas, sur le lieu de stage. Avec comme auteur de ces violences, un professionnel de santé (25%) ou un patient (53%) ».
Cassandre Leray conclut qu
e « pour la fédération, trois travaux sont à lancer de toute urgence. Une refonte générale de la formation en sciences infirmières, la mise en place d’une politique d’encadrement des stages aboutie, mais surtout redonner de l’attractivité à la profession. Car, si la situation s’est aggravée ces dernières années, les problèmes pointés par cette étude ont déjà été dénoncés. Sans réaction suffisante des pouvoirs publics pour y remédier ».

 

« Pourquoi le réchauffement climatique affecte le sommeil »

Date de publication : 24 mai 2022

Le Figaro

Delphine Chayet fait savoir dans Le Figaro que « des chercheurs ont réussi à mesurer l’impact de la température extérieure sur la qualité de nos nuits ».
La journaliste observe ainsi que «
 nous avons déjà perdu une heure de sommeil en moyenne depuis 25 ans (probablement à cause des écrans), et nos nuits devraient continuer à raccourcir à mesure que les températures grimpent… Si l’on ne prête pas attention à cette conséquence du changement climatique, «cette privation chronique risque de faire peser une menace pour la santé publique et le bien-être humain», préviennent les auteurs d’une étude publiée dans la revue One Earth ».
Delphine Chayet explique que 
« leur alerte est fondée sur l’analyse de la durée de 7 millions de nuits de sommeil enregistrées entre 2015 et 2017 dans 68 pays du monde. Les chercheurs (…) ont exploité des mesures individuelles prises par accéléromètre ».
« Ces bracelets connectés à un smartphone détectent le mouvement et permettent de quantifier le sommeil sur plusieurs nuits d’affilée. Les informations ainsi recueillies ont été mises en regard des conditions météorologiques locales, présentes et futures », 
précise la journaliste.
Elle retient que «
 l’augmentation des températures extérieures (…) réduit le temps de sommeil, principalement en retardant le moment de l’endormissement et dans une moindre mesure en avançant l’heure du réveil. La probabilité de dormir moins de 7 heures par nuit, et donc d’être en situation de privation, est ainsi multipliée par 3,5 à partir de 25 degrés à l’extérieur ».
Marc Rey, président de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), rappelle que 
« notre température corporelle obéit au rythme circadien : elle chute durant la nuit pour arriver à son point le plus bas vers 6 heures du matin. Si l’air ambiant est trop chaud, vous n’arriverez plus à vous refroidir, ce qui vous mettra dans l’inconfort. On estime que la température optimale pour un bon sommeil se situe autour de 19°C ».
Delphine Chayet ajoute que 
« dans l’étude, l’effet d’une montée des températures est deux fois plus marqué chez les personnes âgées de plus de 65 ans par rapport à celle d’âge moyen ».
Damien Davenne, chronobiologiste et professeur à l’université de Caen, explique que 
« chez les personnes âgées, la thermorégulation corporelle est moins performante, moins réactive, ce qui les rend plus vulnérables à des variations de température ».
La journaliste note en outre que 
« si le risque de subir un sommeil écourté est observé en toute saison et à toutes les latitudes, il est logiquement beaucoup plus prononcé l’été et dans les régions du monde les plus chaudes. […] Les chercheurs s’attendent à une aggravation de cette tendance dans le futur. Selon leurs projections, réalisées selon plusieurs scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, les habitants de la planète pourraient connaître une dizaine de nuits trop courtes supplémentaires d’ici la fin du siècle ».
Delphine Chayet rappelle que «
 le manque de sommeil a des effets sur la santé physique et mentale. Il est associé à une altération des fonctions cognitives, comme la mémoire et l’attention, et à un impact sur le moral. Il affecte aussi le système immunitaire et la fonction cardiovasculaire ».

 

« Le SOS des psychiatres lancé à la Première ministre »

Date de publication : 31 mai 2022

Le Parisien

Le Parisien annonce que « 75 soignants lancent un appel à Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !». Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune que nous dévoilons, «un avenir très sombre nous attend» ».
Le journal indique ainsi que ces 
« soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions ».
Elsa Mari explique qu’«
 ils sont psychiatres, internes, psychologues, infirmiers… Et tous lancent un cri d’alerte à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans une tribune «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ».
La journaliste relève que
 « l’équation ne fonctionne plus. D’un côté, la pandémie de Covid-19 crée un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions ». Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, précise : « Surtout chez les jeunes, sans repères, angoissés par l’avenir. Quand on perd l’espoir, on met beaucoup de temps à le retrouver ».
Le chef de service ajoute que «
 15% des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières ».
Elsa Mari remarque que «
 ces difficultés ne sont pas nouvelles mais elles s’aggravent, les conséquences sont «dramatiques». Comble de cette tension, un dimanche d’avril, dans un hôpital de région parisienne, 18 patients, tous dans un état très grave, se sont retrouvés à attendre, alors qu’ils devaient être hospitalisés, en urgence. Pour les «accueillir, les rassurer, les surveiller», ce jour-là, seuls un psychiatre et un infirmier étaient là ».
Les signataires écrivent ainsi que «
 ce débordement des capacités d’accueil se traduit par des heures et des jours d’attente sur un brancard ou une chaise dans un couloir, des fugues, des agitations, voire des bagarres, et forcément des professionnels débordés et épuisés, ne souhaitant qu’une chose : changer de poste, d’hôpital, voire de métier. Quel gâchis ».
Antoine Pelissolo ajoute que « 
le recours à l’isolement et à la contention est en hausse car les soignants peuvent, parfois, être dépassés par la situation, ce qui ne devrait pas arriver ». « Et face à l’afflux de demandes, les malades, une fois hospitalisés, d’après le psychiatre, sortent plus vite, «résultat, ils rechutent» », continue la journaliste.
Les signataires écrivent en outre : 
« Alors que nous manquons de candidats, il pourrait paraître illusoire de fixer des objectifs de personnels à la hausse. Mais ne pas afficher de telles ambitions normales ne fait que nourrir la pénurie : les postes ne sont pas attractifs quand les candidats constatent que, de toute façon, ils seront en nombre insuffisant pour soigner correctement. La définition de ratios minimaux de soignants par service est une nécessité vitale, réclamée par tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de nos hôpitaux ».
« La fermeture de services, voire d’hôpitaux, ne peut conduire qu’à des drames humains par absence de soins, avec des conséquences économiques évidentes : chômage, arrêts de travail, complications sociales, etc. Il faut continuer à développer les soins ambulatoires, la prévention des crises et les pratiques orientées vers le rétablissement mais, tant qu’elles sont nécessaires, maintenir des équipes d’hospitalisation en effectifs suffisants pour éviter toute maltraitance », 
ajoutent-ils.

 

Revue de presse santé -psy – avril 2022

« La carte complète du génome humain enfin dévoilée »

Date de publication : 1er avril 2022

Le Figaro Le Parisien

Marc Cherki note en effet dans Le Figaro que « 6 articles publiés ce 31 mars dans la revue Science complètent – presque – le séquençage des 23 paires de chromosomes qui caractérisent l’espèce humaine. Car il y avait des « trous » à remplir et des erreurs à corriger. Il manquait 8% de la carte d’identité complète de l’ADN ».
« Il est maintenant possible d’affirmer que le génome complet comprend 3,1 milliards de paires de bases qui constituent un enchaînement de quatre lettres, A, T, C ou G, portés sur deux brins en forme de double hélice. Les scientifiques ont séquencé 225 millions de paires de bases supplémentaires qui n’avaient pas été identifiées ou bien localisées. Ces nouvelles régions permettent de supposer que 182 protéines présentes dans l’espèce humaine n’avaient pas encore été repérées »,
 remarque le journaliste.
Marc Cherki précise notamment que
 « les chercheurs se sont intéressés en particulier aux morceaux de l’ADN qui se répètent. Ils se situent notamment au milieu de chaque chromosome, une région appelée « centromère », et à la fin, baptisée « télomère ». Ces parties ont des fonctions spécifiques ».
Il relève que 
« le programme a mobilisé plus de 100 personnes dans le monde. Il a été supervisé par Karen Miga, chercheuse à l’Institut de génomique de l’université de Californie, à Santa Cruz, et par Adam Phillippy de l’Institut national de la recherche sur le génome humain, à Bethesda, qui dépend des NIH (National Institute of Health) ».
Le journaliste note qu’
« après ces publications, les chercheurs du monde entier disposent, en quelque sorte, d’une nouvelle « pierre de Rosette », selon l’expression d’Evan Eichler [chercheur à l’Institut médical Howard Hughes, à l’université de Washington], pour comparer le génome de chaque individu ».
« Car une autre originalité du travail a été de recenser le nombre de fois qu’une séquence était présente sur un chromosome. Cette quantification permet notamment de déterminer le risque pour un individu de développer une maladie et de comprendre pourquoi certaines personnes ou groupes ethniques pourraient développer, par exemple, une maladie cardiovasculaire, en cas d’erreur sur un gène codant pour une protéine qui transporte ou détruit les lipides », 
continue Marc Cherki.
Jean-François Deleuze, directeur du Centre national de recherche en génétique humaine du CEA et directeur scientifique du Centre d’études du polymorphisme humain, remarque pour sa part qu’«
 avec les méthodes actuelles de séquençage, seulement 50% des maladies génétiques sont comprises. Nous allons donc peut-être enfin mieux expliquer certaines maladies orphelines. […] Ce résultat est extrêmement important, car il permet, en outre, de comprendre des mécanismes clés de la biologie ».
Le Parisien note également que «
 21 ans après un premier « brouillon » fondateur, des scientifiques dévoilent une séquence complète, l’achèvement de plus de 30 années de travail sur notre ADN… livrant ses derniers secrets ».
Le journal retient entre autres que 
« les nouvelles données renseignent aussi sur 622 gènes médicalement pertinents, en particulier certains liés aux maladies coronariennes, à la schizophrénie ou à l’autisme. Les recherches vont se poursuivre et ce nouveau génome de référence sera le jalon d’une longue série ».

 

« Guerre en Ukraine : les conseils de psys pour répondre aux angoisses des plus jeunes »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien observe qu’« il n’y a pas que les adultes qui se préoccupent du conflit en Ukraine. Les enfants aussi, surtout lorsqu’ils ressentent et absorbent l’anxiété de leurs parents et de leurs copains. Il ne s’agit donc pas de dissimuler la réalité mais de mettre des mots, d’expliquer et de rassurer ».
Aurélie Curnier, psychologue clinicienne spécialisée sur les troubles des enfants et adolescents dans l’Hérault, indique ainsi : 
« On constate actuellement des cauchemars chez les enfants qui sont déjà sujets à l’anxiété ».
Thierry Baudet, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Avicenne, à Bobigny, explique que 
« les parents doivent être disponibles pour rassurer les enfants. Il faut pouvoir répondre, proposer d’en parler sans pour autant expliquer des choses qu’ils ne veulent pas savoir ! Bref, il faut s’adapter ».
Le Parisien livre 
« quelques réponses sur-mesure dans lesquelles piocher », à commencer par : « Est-ce que la France va partir en guerre ? ».
Clémence Prompsy, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, indique que «
 votre réponse va dépendre de l’âge de l’enfant, de son degré de maturité et d’émotivité. Mais en dessous de 8 ans, il vaut mieux minimiser. Pour relativiser, il peut être utile, par exemple, de rappeler qu’il y a déjà de nombreux conflits dans le monde dans lesquels la France est ou a été récemment impliquée et qu’il n’en a même pas entendu parler ».
Le quotidien ajoute :
 « Essayez, dans la mesure du possible, d’ajouter une note positive ». Marie-Claude Bossière, pédopsychiatre et psychiatre à Saint-Denis, précise : « Aux adultes, surtout, de faire référence à certaines guerres dont on s’est sortis, qui sont à présent bien finies. Mais à l’heure actuelle, la réponse est non, on ne va pas partir en guerre ! C’est ce que l’enfant attend. Si la situation évolue, il sera toujours temps de lui réexpliquer la situation ».
Le Parisien continue : «
 Le réchauffement climatique, le Covid, maintenant la guerre, est-ce que c’est la fin du monde ? Attention, terrain piégé ! Doit-on en profiter pour sensibiliser les plus jeunes à l’état de la planète ou mieux vaut-il remiser ses grands discours écolos à une période plus propice ? ».
Aurélie Callet, psychologue familiale à Boulogne-Billancourt, remarque que «
 les enfants ont vu ça dans des films à la télé ou au cinéma. Alors on dit : bien sûr que non ce n’est pas la fin du monde parce qu’on n’est pas au cinéma dans un film catastrophe ! Et puis, on peut aussi parler des dinosaures. Dans l’Histoire, c’est un exemple de fin du monde qui a donné lieu à une nouvelle vie. La fin du monde, c’est aussi le début d’un autre monde ».

 

« Prescrit-on trop de médicaments contre les troubles de l’attention ? »

Date de publication : 4 avril 2022

Le Figaro

Anne Prigent remarque dans Le Figaro que « c’est une tendance qui se confirme d’année en année : de plus en plus d’enfants prennent des médicaments destinés à lutter contre l’hyperactivité et les troubles de l’attention ».
« Ils contiennent tous du méthylphénidate, un psychostimulant. Et leur consommation a plus que doublé en dix ans, selon une étude qui a analysé les données de l’assurance-maladie portant sur 144.509 patients de 0 à 17 ans, publiée en février dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence »,
 explique la journaliste.
Elle note que « 
le nombre de boîtes délivrées est ainsi passé de 183.696 en 2010 à 453.598 en 2019. Cette même année, plus de 15.000 nouveaux enfants se sont vu prescrire du méthylphénidate. Ils étaient un peu plus de 10.000 en 2011 ».
Sébastien Ponnou, psychanalyste et maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen Normandie, co-auteur de l’étude, ajoute que
 « cette augmentation de la prescription se double d’une augmentation des durées de traitements. En 2011, la médiane était de 5 ans et demi. Depuis, nos données ne nous permettent pas de mesurer précisément l’évolution de cette durée jusqu’à 2019 mais le fait que le nombre total de prescriptions (la prévalence) a augmenté plus rapidement que le nombre de nouveaux patients (l’incidence) montre cette augmentation ».
Anne Prigent observe qu’«
 au total, 0,75% des enfants seraient sous méthylphénidate. Faut-il s’en inquiéter ? Selon la Haute Autorité de santé (HAS), 3,5 à 5,6% des enfants scolarisés souffrent de TDAH (Trouble du déficit de l’attention avec/sans hyperactivité) en France ».
« Mais tous ne relèvent pas d’une prescription de médicament, qui, comme le rappelle la HAS, demeure un traitement de seconde intention, lorsqu’une prise en charge psychologique, éducative et sociale s’avère insuffisante », 
indique la journaliste.
Le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Henri-Laborit (Poitiers), déclare que
 « nous sommes encore loin de traiter tous les enfants souffrant de TDAH qui devraient l’être ».
Sébastien Ponnou remarque quant à lui :
 « Nous avons surtout constaté une prescription de méthylphénidate basée sur des déterminants sociaux et sur l’âge des enfants ».
Anne Prigent relève qu’«
 un enfant sur cinq sous méthylphénidate vit dans un foyer bénéficiant de la CMU ou d’un dispositif apparenté (alors que ces aides concernent 7,8% des Français). De la même manière, les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus souvent sous médicaments que ceux nés en janvier de la même année ».
Sébastien Ponnou indique : 
« On peut comprendre que cette quasi-année d’écart ait une influence qui n’a rien de pathologique sur l’attention de l’enfant ».
La journaliste continue : «
 Cette prescription chez des enfants qui ne souffrent sans doute pas de TDAH inquiète d’autant plus le chercheur que depuis septembre, les conditions de prescription du méthylphénidate se sont assouplies. La première ordonnance peut désormais être délivrée par un psychiatre, un neurologue ou un pédiatre installé en ville. Une décision prise à la demande des associations de parents pour limiter le retard de diagnostic et l’accès au médicament ».
Anne Prigent souligne 
« le paradoxe avec ce médicament : trop prescrit chez des enfants qui n’en ont pas besoin, il peut faire défaut à des enfants qui pourraient en bénéficier. La raison ? La difficulté de poser le diagnostic ».

 

« La médecine narrative, mieux écouter pour mieux soigner »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

Alice Le Dréau explique dans La Croix : « Utiliser les ressources offertes par l’écriture et le récit pour développer son empathie envers les patients, c’est le principe de la médecine narrative. Née aux États-Unis, cette approche, parfois jugée trop conceptuelle, fait son chemin en France ».
La journaliste relate un cours de médecine donné par le Pr Serge Perrot, chef de service au centre de la douleur de l’hôpital Cochin (Paris) : 
« Un cours un peu spécial, coanimé avec un écrivain, Mathieu Simonet, et qui propose de sensibiliser une dizaine d’étudiants de 3e année à la «médecine narrative» ».
Alice Le Dréau explique que 
« le concept, vu comme un complément de la «médecine fondée sur les faits» – rechercher les meilleures preuves disponibles pour résoudre un problème clinique –, est apparu au début des années 2000 aux États-Unis, avant de se diffuser en France, de manière encore assez confidentielle. L’idée : en s’appuyant sur les outils narratifs que sont le récit, la lecture et l’écriture, «apprendre à écouter le patient, pour mieux le soigner», résume Serge Perrot ».
La journaliste observe : 
« Écouter le malade pour établir un premier diagnostic : n’est-ce pas un réflexe de base pour tout médecin ? «C’est ce que nous faisons tous les jours», souligne un généraliste dubitatif. Pas si simple, réplique Serge Perrot, pour qui les entretiens médicaux sont souvent «très standardisés et techniques. On demande les antécédents, le parcours de santé, façon interrogatoire de police». Et de manière parfois expéditive ».
Alice Le Dréau remarque :
 « Comment muscler sa capacité d’écoute ? «Par la narration», répond Christian Delorenzo, docteur en «humanités médicales et philosophie» qui, à l’hôpital intercommunal de Créteil (Val-de-Marne), anime des formations à destination des soignants au côté d’un pédopsychiatre ».
La journaliste explique ainsi :
 « Lecture, écriture, puis partage des créations à voix haute… Organisées en trois temps, les séquences s’articulent autour d’œuvres toujours plus ou moins un lien avec le soin. Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal, constitue l’un des supports pour parler du don d’organes ; Les Récits d’un jeune médecin de Mikhaïl Boulgakov sert à évoquer l’exercice de la médecine ; Oscar et la dame en rose, d’Éric-Emmanuel Schmitt, le cancer pédiatrique ; Une mort très douce, de Simone de Beauvoir, la fin de vie… ».
Isabelle Galichon, 
« qui codirige […] un diplôme universitaire de médecine narrative à la faculté de médecine de Bordeaux », indique pour sa part que les textes « accrochent l’attention, bousculent les représentations et permettent de s’en approprier d’autres. […] On aurait tort de penser qu’en médecine il n’y a que des textes scientifiques, des études de cas cliniques, des comptes rendus de recherches qui peuvent apprendre quelque chose de la psychologie ou du ressenti du patient ».
Alice Le Dréau ajoute que 
« les ateliers d’écriture, dans lesquels les étudiants sont invités à composer sur leur propre expérience […] puis à partager leur texte, poussent chacun à développer ses propres capacités à raconter une histoire, à questionner le sens et la perception qu’il a de son métier et sa façon d’améliorer sa pratique ».
Serge Perrot souligne que
 « la médecine narrative aide à aiguiser le regard sur l’histoire du malade. Le parcours d’un patient, c’est un peu comme un polar. Au médecin de repérer des indices qui ont pu lui échapper ».
La journaliste poursuit : 
« Une plus grande empathie, une meilleure efficacité diagnostique, des capacités relationnelles renforcées, tels seraient les effets positifs de la médecine narrative, dont l’approche apparaît néanmoins trop conceptuelle aux yeux de certains professionnels. […] Une chose est sûre : entre la théorie et la pratique, il y a un pas à franchir. Et pas de recette miracle ».

 

« Les médecins font-ils preuve de suffisamment d’empathie ? »

Date de publication : 5 avril 2022

La Croix

C’est ce la question que pose La Croix dans sa rubrique « débat ». Le journal souligne en effet : « Qualité primordiale de l’exercice de la médecine, l’empathie est de plus en plus menacée par le manque de temps et de moyens au sein de la profession ».
Le Pr Daniel Bontoux, membre de l’Académie de médecine, déclare que «
 l’empathie semble une qualité naturelle assez répandue chez les jeunes gens qui s’engagent dans les études de médecine. En revanche, on constate que celle-ci a tendance à s’atténuer à mesure que les études avancent, car le cursus devient de plus en plus technique et scientifique ».
« Pourtant, l’empathie est, suivant tous les avis et toutes les publications sur le sujet, un élément majeur et nécessaire pour une relation malade-médecin de qualité. Elle favorise à la fois le bien-être du médecin, le diagnostic et le suivi thérapeutique du patient. Seulement, l’exercice professionnel peut la mettre à rude épreuve »,
 observe-t-il.
Le Pr Bontoux souligne que «
 le grand souci vécu par le corps médical, c’est le manque de temps. Une consultation de médecins généralistes est vue comme devant durer 15 minutes. Or, les tâches administratives sont toujours plus lourdes et reposent de plus en plus sur le médecin, ce qui réduit sa disponibilité et son écoute. Résultat, le temps manque pour les choses essentielles que sont l’interrogatoire et l’examen clinique ».
Lolita Mercadié, docteure en psychologie, enseignante à l’université de médecine de Brest, remarque quant à elle que 
« l’empathie et ce que l’on appelle les «compétences relationnelles» ont longtemps été mises de côté dans la formation des étudiants en médecine. À Brest, ces enseignements sont obligatoires depuis 2013, de la deuxième à la cinquième année ».
« Le plus délicat est de parvenir à une forme de flexibilité émotionnelle : le médecin doit pouvoir comprendre le ressenti de son patient, partager un instant son point de vue, mais sans se laisser submerger ni se mettre en danger », 
souligne-t-elle.
La Dr Mercadié ajoute que «
 l’empathie ne doit pas virer à la sympathie, au sens premier du terme, qui est l’incapacité à faire la part des choses entre ses propres émotions et celles de son patient. C’est fragilisant voire épuisant pour le médecin et paradoxalement, pas forcément sécurisant pour le patient. […] J’encourage souvent les médecins hospitaliers à aller au contact des aides-soignants, des infirmiers, qui sont moins dans le raisonnement clinique et davantage dans le relationnel ».

 

« L’évolution du cerveau retracée sur toute la vie »

Date de publication : 8 avril 2022

Le Figaro

Pauline Fréour explique dans Le Figaro que « l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
La journaliste note ainsi qu’«
 il a fallu pas moins de 120.000 IRM et 2 millions d’heures d’ordinateur à l’équipe du Britannique Richard Bethlehem (Université de Cambridge), accompagné de nombreux autres chercheurs internationaux dont plusieurs Français, pour répondre à la question. Ce travail inédit, présenté mercredi dans Nature, permet de disposer pour la première fois de courbes de référence sur la croissance d’un cerveau en bonne santé, du fœtus de 15 semaines jusqu’aux 100 ans de l’adulte ».
Pauline Fréour précise : 
« Volume de la matière grise, de la substance blanche, volume ventriculaire, surface et épaisseur corticales… : ce travail colossal permet de disposer de référentiels sur l’évolution non pathologique des différents composants du cerveau, pour chacun des deux sexes ».
Elle relève notamment que 
« l’analyse des dizaines de milliers d’IRM fournies par plus de 100 équipes à travers le monde a permis d’identifier ou de confirmer des étapes clés du développement du cerveau humain ».
« Il en ressort que le volume de matière grise (qui comprend les neurones) croît rapidement chez le fœtus dès la moitié de la grossesse, atteignant un pic chez l’enfant de 6 ans, avant de décroître doucement. Le volume de substance blanche (qui transmet les signaux des neurones) augmente aussi rapidement chez le fœtus, l’enfant, et parvient à son maximum juste avant que l’individu n’ait 29 ans ; le déclin s’accélère après 50 ans. Le volume de matière grise sous-corticale progresse jusqu’à 14 ans et demi », 
poursuit la journaliste.
Elle note que 
« ces courbes de croissance devraient être utilisées, dans un premier temps, à des fins de recherche car leur manipulation reste complexe. […] Mais les auteurs espèrent aussi que les versions ultérieures, intégrant encore davantage de données, pourront être utilisées pour établir des diagnostics médicaux ».
Richard Bethlehem indique ainsi que 
« ces courbes devraient permettre au neurologue de répondre à la question : “Cette zone est atypique, mais dans quelle mesure ?” ».
Pauline Fréour relève que «
 dans la maladie d’Alzheimer par exemple, la dégénérescence des neurones conduit à leur mort. Les personnes atteintes ont donc des risques de présenter une perte plus importante de tissu cérébral que d’autres individus du même âge en bonne santé ».
Richard Bethlehem précise qu’« 
on pourrait imaginer utiliser les courbes pour aider les médecins à identifier des signes de neurodégénérescence en comparant la vitesse à laquelle le volume du cerveau du patient a changé par rapport à ses pairs ».

 

« Consultations remboursées, le dispositif « MonPsy » sème la discorde »

Date de publication : 13 avril 2022

La Croix

La Croix constate en effet que « plusieurs organisations de psychologues ont appelé au boycott du protocole « MonPsy », destiné à permettre le remboursement de huit consultations. Lancé le 5 avril, il n’a pour le moment attiré qu’un millier de candidatures parmi les professionnels ».
Le journal explique que 
« ce dispositif permet le remboursement de 8 consultations annuelles chez un psychologue libéral. Une semaine après [son lancement], pourtant, il n’a recueilli que 1300 candidatures de psychologues […], dont seules 372 conventionnés par l’assurance-maladie ».
« Et il est loin de faire l’unanimité parmi les psychologues. Plusieurs organisations, dont le Syndicat national des psychologues (SNP), ont ainsi appelé au boycott. […] Contraire, selon eux, à leur déontologie et à leur pratique sur le terrain »,
 note La Croix.
Solenne Albert, psychologue clinicienne à Nantes, remarque que
 « 8 séances remboursées à l’année, ça ne correspond pas à notre travail. On ne peut dire à l’avance la durée qu’il faut pour sortir d’un deuil, retrouver goût à la vie, s’extraire de ses angoisses ».
Frank Bellivier, délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, évoque de son côté 
« un dispositif de première ligne, de dépistage et de prise en charge des difficultés psychologiques classées légères ».
Le quotidien s’interroge : 
« Mais à qui sera dévolue la charge de ce dépistage ? C’est là que le bât blesse : le protocole confie cette mission au médecin traitant. Si Frank Bellivier considère qu’«il s’agit là d’un parcours de soins normal qui ne fait qu’entériner un mode de coopération entre le médecin généraliste et le psychologue», Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du SNP, dénonce l’absence de légitimité des médecins ».
Il déclare que 
« seuls les psychologues ont une formation adéquate pour évaluer les troubles psychiques. Une petite dépression peut révéler en arrière-plan un effondrement plus inquiétant ».
La Croix évoque ainsi «
 un mépris général à l’égard de la profession, dont témoignerait également le tarif imposé pour les consultations, 40€ pour la première et 30€ pour les suivantes ».
Camille Mohoric Faedi, psychologue clinicienne, observe que 
« de telles conditions imposeront une pratique ubérisée, avec des patients à la chaîne toutes les 20 minutes. Ce n’est plus du soin, mais du low cost ».
Le journal observe que 
« pour les signataires de la tribune, la vraie solution pour répondre à la vague de souffrance psychique et à l’explosion de la demande en soins, amplifiée par le Covid, est de donner davantage de moyens aux établissements publics de soins, comme les Centres médico-psychologiques (CMP), où les listes d’attente peuvent durer jusqu’à 2 ans. Certains évoquent également le modèle italien, où le gouvernement vient d’octroyer une aide financière de 600€ pour financer des séances chez un psychologue ».

 

« La guerre en Ukraine a aussi des conséquences sur la santé psychologique des salariés »

Date de publication : 14 avril 2022

Le Parisien

Le Parisien remarque que « selon une étude réalisée par les Chambres de commerce et d’industrie en régions, citée dans un article des Échos, 90% des PME françaises s’inquiètent des retombées de la guerre en Ukraine sur leur activité ».
Le journal souligne ainsi que 
« si cette crise pèse sur le moral des chefs d’entreprise, elle n’épargne pas non plus celui des employés si l’on en croit l’ICAS. Cette organisation mondiale de prévention des risques psychosociaux propose aux entreprises des lignes d’écoute psychologique et juridique à destination des salariés : elle constate un regain d’appels depuis le début du conflit, le 24 février ».
Mathieu Wilkens, responsable des services ICAS Europe de l’Ouest, explique que 
« 9% des personnes qui contactent nos intervenants en France le font pour évoquer la guerre en Ukraine. […] Ce peut être parce qu’ils sont concernés directement par ce sujet, avec des proches vivant en Ukraine ou en Russie. Ou parce que cela génère chez eux une anxiété générale avec des interrogations plus larges : Est-ce que le conflit pourrait arriver chez nous ? ou, ai-je le droit d’aller bien alors que des personnes meurent pas loin de notre pays ? ».
Isabelle Tarty, vice-présidente de la FIRPS (Fédération des intervenants en risques psychosociaux), indique également que «
 les salariés ne vont pas bien. Cela se traduit par des troubles du sommeil, des irritabilités, une hausse des incivilités ».
Le quotidien observe que «
 même si le salarié n’a aucun lien avec le conflit, ce contexte anxiogène peut «réactiver d’anciens traumatismes ou des situations d’angoisse», sans compter «le sentiment d’impuissance ou d’incertitude» qu’il génère ».

 

« Le microbiote parle au cerveau… et vice-versa »

Date de publication : 15 avril 2022

Sciences et Avenir

Hervé Ratel remarque dans Sciences et Avenir : « Ça ne fait désormais plus de doute. Non seulement les 100.000 milliards de bactéries que compte notre microbiote intestinal font partie intégrante de notre organisme et contribuent pleinement à sa régulation mais les scientifiques s’aperçoivent aujourd’hui qu’il dialogue directement avec nos neurones ! ».
Le journaliste cite le chercheur Gérard Eberl, de l’institut Pasteur/Inserm (Paris), qui 
« vient de participer à une étude parue dans le magazine Science […] menée sur les souris. Axe d’investigation principal : NOD2, présent à l’intérieur des cellules, notamment les cellules immunitaires. NOD2 est un récepteur capable de détecter la présence de muropeptides, des petites molécules échappées de la paroi bactérienne ».
Le chercheur indique en effet que 
« toute bactérie qui prolifère ou qui meurt relargue des morceaux de sa coque ».
Hervé Ratel observe que
 « NOD2 s’avère n’être pas seulement présent dans les cellules immunitaires. A l’aide de techniques d’imagerie cérébrale, l’équipe de scientifiques a constaté que ce récepteur était également exprimé par les neurones de différentes régions du cerveau, et notamment l’hypothalamus, la zone cérébrale qui gère des fonctions essentielles comme la faim, la soif, la reproduction ou la température de l’organisme ».
Le journaliste relève ainsi que 
« lorsque des muropeptides issus des bactéries intestinales rentrent en contact avec des récepteurs NOD2 des neurones, ceux-ci s’éteignent, leur activité électrique étant alors réprimée et de fait régulée. Mais, si NOD2 est défaillant, les neurones ne peuvent plus être contrôlés par les muropeptides intestinaux ».
« Les conséquences pour l’organisme peuvent alors conduire à une perte de contrôle par le cerveau de la prise alimentaire et de la température corporelle. Des mutations de NOD2 chez l’être humain sont également associées à plusieurs désordres cérébraux, comme la bipolarité ou la maladie de Parkinson », 
continue Hervé Ratel.
Il s’interroge : «
 Les défaillances de NOD2 peuvent-elles être causées par le microbiote ? ». Gérard Eberl répond que « c’est en quelque sorte une causalité circulaire, comme l’œuf et la poule… Il peut y avoir un déséquilibre qui s’installe, du fait de l’alimentation par exemple. Une dérégulation épigénétique qui pourrait être accentuée par les bactéries du microbiote. Au fil du temps, ce déséquilibre serait de pire en pire ».
Hervé Ratel relève que 
« des études précédentes menées sur la souris avaient déjà suggéré que certains états psychologiques, par exemple un stress chronique, pouvaient influencer nos bactéries intestinales qui, ensuite, influençaient le cerveau. […] D’autre part, on sait que ce lien fonctionne dans l’autre sens : l’obésité cause une inflammation chronique qui, au bout de quelques années, aura une influence néfaste sur le cerveau et l’humeur ».
Le journaliste note ainsi que «
 la recherche sur ce lien direct entre microbiote et cerveau n’en est qu’à ses débuts ».

 

Revue de presse santé psy – mars 2022

« Dépression, constipation, anxiété… Dix signes avant-coureurs de la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 1er mars 2022

Le Monde

Sandrine Cabut indique en effet dans Le Monde : « Dépression majeure, anxiété, mais aussi baisse de l’audition, constipation ou encore perte de poids… Grâce à une méthodologie originale, des équipes françaises ont identifié dix pathologies significativement plus fréquentes chez les malades d’Alzheimer dans les 2 à 10 ans précédant le diagnostic que chez des témoins du même âge ».
« L’étude, dont le premier auteur est Thomas Nedelec (postdoctorant à l’Institut du cerveau, à Paris), a été publiée en ligne, le 23 février, dans 
The Lancet Digital Health », précise la journaliste.
Elle explique que 
« les chercheurs français ont exploité deux bases de données anonymisées de patients suivis en médecine générale, en France et au Royaume-Uni. De ces deux sources indépendantes, mais issues d’une même base européenne, THIN (The Health Improvement Network), ils ont extrait les cas de démence dus à la maladie (environ 20.000 dans chaque pays) et apparié chacun d’eux à un témoin de même âge. Ils ont ensuite testé le lien possible entre l’apparition de la maladie et 123 pathologies, en remontant jusqu’à 15 ans avant le diagnostic ».
Sandrine Cabut retient que «
 si les données recueillies ne mettent pas en évidence de facteurs fortement associés à Alzheimer entre 10 et 15 ans avant le diagnostic, 10 facteurs sont retrouvés de façon statistiquement significatives dans la période 2-10 ans : dépression, anxiété, troubles de l’adaptation au stress, perte d’audition, constipation, spondylarthrose cervicale, pertes de mémoire, fatigue et malaises, chutes, perte de poids ».
Carole Dufouil, directrice de recherche au centre Bordeaux Population Health (Inserm), co-auteure, indique que
 « l’un des avantages de l’approche agnostique, c’est-à-dire sans hypothèse, est de pouvoir révéler des facteurs inattendus, comme ici la constipation. C’est très complémentaire des études de cohorte ».
La journaliste remarque cependant que selon l’épidémiologiste,
 « une limite des bases de données médicales pour la recherche est l’absence de données sociales, comme le niveau d’études, qui jouent pourtant un rôle important dans la survenue des démences ».
Carole Dufouil ajoute qu’« en poursuivant ce travail, on espère mettre au point des scores de risque pour détecter précocement les personnes les plus à risque de développer une démence, et qu’elles puissent bénéficier d’une surveillance appropriée ».

 

« Psychiatrie : nos fous aussi maltraités que nos vieux »

Date de publication : 1er mars 2022

Libération Le Parisien

C’est ce que titre Libération, qui fait savoir que « dans un rapport rendu public ce mardi, la contrôleure générale des lieux de privation de libertés rend compte de la situation inhumaine que vivent les patients dans un centre de santé mentale à Lens ».
Eric Favereau constate ainsi : «
 Parfois, les services de psychiatrie sont le théâtre de dérapages effrayants, pires même que ceux dénoncés récemment dans les maisons de retraite. Et heureusement parfois, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté s’en inquiète lors de visites impromptues ».
« C’est ce qui vient de se passer, avec le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens (Pas-de-Calais), où à l’issue d’un contrôle effectué le mois dernier, Dominique Simonnot a décidé de saisir la justice et de rendre public le rapport […] «tant nous avons pu constater un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» »
, relève le journaliste.
Il souligne que 
« ce rapport est d’autant plus désespérant que la situation n’est pas nouvelle. Elle a déjà été dénoncée par le conseil départemental de santé mentale, mais rien ne semble se passer en dépit de la gravité des accusations. Des patients sont ainsi enfermés, attachés, alors qu’ils sont en hospitalisation libre ».
Eric Favereau note que 
« la lecture de ce rapport ressemble à une triste liste de griefs à la Prévert. Tout va mal. Au premier jour du contrôle, 56 patients sur 71 étaient en hospitalisation libre. Tous, pourtant, étaient enfermés dans des lieux clos ».
Le journaliste évoque l‘accès aux soins :
 « Celui-ci est systématiquement défaillant, selon le rapport. «Les patients pris en charge aux urgences du centre hospitalier font parfois l’objet de contention sur des brancards… Au sein des unités, le projet de soins n’est pas défini, les patients n’y sont pas associés, ni les personnes de confiance dont la désignation n’est pas toujours valide en raison du flou des procédures observées.» Au passage, le consentement du patient semble pour le moins superflu ».
Eric Favereau ajoute que 
« ces pratiques illégales touchent tous les patients, y compris les mineurs. «Adultes et mineurs font l’objet de mesures d’isolement et de contention arbitraires, mises en œuvre dans des conditions indignes.» […] Plus ahurissant, «l’isolement et la contention ne sont pas seulement pratiqués en chambre d’isolement mais indistinctement en chambre hôtelière, de sorte que l’on peut considérer que le centre ne dispose pas de 2 chambres d’isolement mais de 80 chambres d’isolement potentielles» ».
Le journaliste parle d’une 
« situation dantesque, qui perdure », ou encore relève que « le contrôle du juge des libertés et de la détention est ineffectif. Le patient a rarement accès à son juge. […] Au final, conclut le rapport, «le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens doit faire l’objet de mesures urgentes». On peut l’espérer, mais comment comprendre le silence des médecins, comme celui de la direction, et plus généralement l’indifférence des autorités de tutelle et de l’Agence régionale de santé ? », s’interroge Eric Favereau.
Le Parisien se penche également sur ce rapport. Le journal retient ainsi : 
« Mesures d’isolement et de contention abusives, chambres mal chauffées, violation de l’intimité… Le contrôleur général des lieux de privations de liberté réclame des mesures urgentes face aux traitements infligés dans le centre de santé mentale ».
« Il épingle le manque de pilotage global, le non-respect du droit et l’absence de formation du personnel du centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens, qui conduisent à des dysfonctionnements «d’une particulière gravité et anciens», portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes », 
explique le quotidien.
Le Parisien indique que 
« dans un courrier adressé en réponse, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé son intention de diffuser «une instruction» pour «clarifier les conditions de l’équilibre à trouver entre le risque de fugue du patient et l’importance de la comparution à l’audience». Par ailleurs, il «regrette profondément» qu’une décision de justice de mainlevée d’une mesure d’hospitalisation «n’ait pas été immédiatement mise en application» ».

 

« Guerre en Ukraine, pandémie, catastrophes climatiques… Comment parler des événements angoissants aux enfants »

Date de publication : 2 mars 2022

Libération

Libération relève en effet : « Attentats terroristes, pandémie de Covid-19, constats alarmants du Giec, et désormais guerre en Ukraine : les enfants du XXIe siècle sont particulièrement confrontés à des catastrophes mondialisées, largement médiatisées, et qu’ils ne comprennent pas toujours ».
« Les parents tentent de les rassurer, mais peinent parfois à trouver les bons mots. Pour Christine Barois, pédopsychiatre à Paris, le dialogue doit passer par une normalisation de l’incertitude et des émotions négatives »,
 note le quotidien.
Libération interroge ainsi : 
« Les enfants du XXIe siècle vivent-ils une époque plus angoissante que les générations précédentes ? ».
Christine Barois répond que 
« la différence est qu’on se préoccupe un peu plus de l’état d’esprit des enfants aujourd’hui. Les jeunes nés au XXe siècle ont quand même connu deux guerres mondiales, la grippe espagnole, ils ont dû s’habituer à la menace nucléaire pendant la guerre froide… ».
« Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, le sentiment d’angoisse est amplifié par la médiatisation intense des événements stressants. On est dans un monde de l’image, où tout est en direct. Les parents ont sûrement un rôle dans la supervision des médias accessibles aux enfants, mais il faut surtout rassurer en dialoguant. Je pense qu’il faut dire aux plus jeunes que les crises font partie de l’histoire, et que les périodes angoissantes et de récession sont suivies de moments plus féconds », 
poursuit la pédopsychiatre.
Le journal demande : «
 Comment parler d’événements angoissants à un enfant ? ».
Christine Barois répond qu’«
 il faut attendre que l’enfant commence la conversation, et ne pas forcément partir du principe qu’il a peur, par exemple. Si l’on voit qu’il a envie d’en parler ou que l’on détecte des signes d’anxiété, comme une mise en retrait ou des réactions plus agressives que d’habitude, le mieux est de s’asseoir avec lui et de lui dire : «Pose-moi toutes les questions que tu as.» C’est important de faire comprendre à un enfant que ce qu’il ressent est normal. Il faut qu’il valide son émotion, pas qu’il la chasse ».
« Mais peu importe ce que l’enfant ressent, ça ne sert à rien de lui dire que tout va bien et qu’il ne faut pas avoir peur. A la place, il vaut mieux trouver des exercices pour métaboliser l’émotion. En clair, l’aider à trouver des outils pour aller mieux quand on est anxieux. […] On n’a peut-être pas de prise sur la situation, mais on peut maîtriser son anxiété, notamment avec des exercices de respiration et de méditation ou des coloriages par exemple… L’idée est de mettre en place des stratégies pour faire diminuer le stress », 
explique-t-elle.
Christine Barois ajoute qu’«
 il ne faut surtout pas leur mentir. La seule chose certaine, c’est que l’on ne connaît pas l’avenir. En tant que parent, on doit être fiable. Si l’on dit une chose et que le contraire arrive ou que cela ne se passe pas comme on l’avait prédit, les enfants risquent de perdre confiance dans les adultes. C’est important aussi de leur dire qu’on a déjà traversé plein de crises et qu’elles font partie de la vie ».

 

« Des tics nerveux chez les adolescents consommant trop TikTok »

Date de publication : 4 mars 2022

Le Point

Le Point fait ainsi savoir : « Alors que la pandémie due au coronavirus a décuplé le nombre d’utilisateurs et de contenus, un rapport scientifique signale une recrudescence des tics nerveux chez les jeunes usant de cette application ».
Le magazine note que « 
le réseau social TikTok, renommé à l’international pour ses vidéos courtes et éclectiques, augmenterait le risque de souffrir de troubles neurologiques fonctionnels ».
Il explique que
 « des chercheurs de l’université de Floride ont démontré l’aggravation de ces symptômes pendant la crise sanitaire et les divers confinements. […] Une étude menée sur 20 adolescents, âgés de 11 à 21 ans, prouve que la fréquence de leurs tics a doublé avec TikTok ».
« Les personnes sondées ont estimé, sur une échelle de gravité de 0 à 6, la gravité de leurs tics, répondant unanimement par les chiffres 4 ou 5. En octobre 2021, une précédente étude avait accusé le réseau social de favoriser le développement du syndrome de Gilles de la Tourette »,
 relève Le Point.
Le magazine indique en outre qu’
« une coalition de 8 États américains, dont la Californie et la Floride, a annoncé, mercredi, le lancement d’une enquête sur la très populaire application TikTok, qu’ils accusent de causer des torts aux enfants en les incitant à y passer toujours plus de temps ».
« Les magistrats veulent examiner les «techniques utilisées par TikTok pour encourager les jeunes» à y passer plus de temps, à réagir aux contenus et interagir avec les créateurs »,
 note Le Point.

 

« Obésité : au-delà de la maladie, affronter les regards et les remarques blessantes »

Date de publication : 7 mars 2022

Le Monde

Le Monde observe que « les personnes obèses sont souvent la cible de discriminations. Pour les adolescents, la situation est particulièrement douloureuse. A l’occasion de la Journée mondiale contre l’obésité [le 4 mars], les associations appellent à des campagnes de sensibilisation ».
Le journal rappelle que 
« selon la dernière enquête de l’Obépi-Roche de 2020, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants de 8 à 17 ans en France […] a atteint 21% des enfants de 8 à 17 ans, avec 6% d’obésité ».
Le Monde note ainsi que 
« pour Léo […], 15 ans, le diagnostic de l’obésité est tombé en 2017, lorsqu’il avait 10 ans. Le jeune garçon, déscolarisé depuis trois ans, a été fortement touché par les moqueries de la part de ses camarades d’école ».
Il déclare : «
 On me traitait de gros, de moche. Quand je courais en cours de sport, on se moquait et on m’insultait ».
Le quotidien relève que «
 pour Valentine, 17 ans, le poids n’a jamais été un problème. Jusqu’à une consultation avec un médecin ». La jeune fille indique : « Il m’a parlé de mon poids anormal et m’a posé de nombreuses questions sur mon alimentation. A la fin du rendez-vous, il m’a donné le numéro d’un médecin nutritionniste. Ç’a a été direct et très violent ».
Le Monde remarque que 
« ce constat a été dur à encaisser. «Je me détestais. Je ne supportais plus de me regarder dans la glace», raconte la lycéenne. Sa confiance en elle s’est envolée ».
Le journal souligne ainsi que 
« la rencontre avec les médecins ne se passe pas toujours bien. Pour Anne-Sophie Joly, présidente fondatrice du Collectif national des associations d’obèses (CNAO), dont l’objectif est de faciliter le lien entre le patient et le médecin, il existe encore de nombreux cas de praticiens mal formés à traiter l’obésité, et les «réflexions assassines» persistent à l’égard des patients ».
Jean-Pierre Poulain, sociologue, déclare qu’« 
il convient d’aider à anticiper les contextes dans lesquels ces adolescents risquent d’être stigmatisés et à réagir autrement qu’en intériorisant la dévalorisation ».
Le Monde relève que «
 pour Léo, la famille a été d’un réel soutien. […] Aujourd’hui suivi par une nutritionniste en Bretagne, le jeune homme reprend progressivement une alimentation équilibrée. Il a recommencé à s’insérer socialement. […] Valentine, quant à elle, a trouvé du réconfort lorsqu’elle a rencontré son copain il y a un an ».
Le journal conclut que «
 la présidente du CNAO affirme que malgré de nombreux progrès en France, il est impératif de renforcer les réflexions et les actions sur l’obésité ». Anne-Sophie Joly souligne ainsi qu’« à partir du moment où la société arrêtera de stigmatiser par rapport à la maladie, les jeunes culpabiliseront moins de leur poids et de ce qu’ils sont ».

 

« Non, passé 20 ans notre cerveau n’est pas plus lent »

Date de publication : 8 mars 2022

Le Figaro

Soline Roy remarque en effet dans Le Figaro : « C’est un fait entendu : la vingtaine passée, notre cerveau commence à ralentir et nos capacités cognitives entament une inexorable chute… Vraiment ? Pas tant que cela, affirme une équipe de l’Institut de psychologie de l’université de Heidelberg (Allemagne) dans la revue Nature Human Behavior ».
La journaliste indique ainsi que 
« nos réponses seraient certes moins rapides à partir de 20 ou 25 ans, mais cela serait davantage dû à une plus grande prudence et à une moindre célérité motrice qu’à un déclin de nos capacités cognitives ».
Elle explique que «
 les auteurs ont travaillé sur des données collectées auprès de 1,3 million de personnes âgées de 10 à 80 ans, dans le cadre du « Project Implicit », lancé en 1998 par trois chercheurs des universités de Washington, de Harvard et de Virginie pour étudier les biais affectant nos jugements ».
Soline Roy note que les auteurs «
 observent que les réponses deviennent de plus en plus rapides de 10 à 20 ans, puis commencent à ralentir lentement. Mais la vitesse mentale proprement dite continue à augmenter jusqu’à la trentaine avant de rester stable jusqu’à au moins 60 ans ».
La journaliste précise que «
 cette rapidité de réponse semble, entre 10 et 20 ans, augmenter au prix d’une moindre précaution dans la prise de décision, tandis qu’après 20 ans on soupèse davantage ses actions ».
Louis Bherer, professeur au département de médecine de l’université de Montréal et chercheur à l’Institut de cardiologie et à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, indique que
 « les plus âgés sont plus précautionneux et vont ralentir leur réponse pour éviter les erreurs. On dit souvent que c’est parce qu’en vieillissant une certaine sagesse s’installe. En réalité, je pense qu’on a surtout moins envie de se tromper et qu’on est plus aux aguets quand on vous demande de mener une tâche mentale ».
Soline Roy continue :
 « Force est aussi d’admettre que l’avancée en âge diminue l’efficacité de la réponse motrice : selon l’étude, le temps nécessaire, une fois l’information reçue, pour l’encoder et la traduire en geste baisse entre 10 et 15 ans, puis ne cesse d’augmenter progressivement ».
Louis Bherer précise qu’«
 on parle bien de différences liées à l’âge plutôt que de vieillissement : ce ne sont pas les mêmes personnes qui ont répondu à 20, 40 et 80 ans ».
La journaliste ajoute que «
 d’autres paramètres que le vieillissement cérébral entrent en compte, par exemple la maîtrise de l’outil informatique selon que l’on appartient ou non à une génération née avec lui. Autre limite, selon le chercheur : les auteurs ont recueilli peu de données chez les plus âgés, et aucun participant n’avait plus de 80 ans ».
Louis Bherer remarque que
 « l’espérance de vie est généralement bien supérieure, autour de 86 ans en France et au Canada, et en gériatrie, on considère que plusieurs changements importants surviennent après 75 ans. En ne testant pas les plus de 80 ans, on ne fait donc pas le tour de l’histoire ».
Soline Roy ajoute que «
 rien ne condamne nos capacités cognitives à la chute : une bonne hygiène de vie et le maintien d’une activité intellectuelle permettent de lutter contre le vieillissement cérébral. Dans un article publié en 2019 dans le Journal of gerontology : psychological sciences, le chercheur a ainsi montré «qu’après 75-80 ans, la santé physique maintenue par l’exercice régulier aide à maintenir la vitesse de pensée» ».
Elle note que «
 l’alimentation, et la maîtrise de certains facteurs de risques (cardiovasculaires notamment) sont aussi clairement associées à un meilleur maintien des capacités cognitives. De même que l’activité intellectuelle. […] Le bagage intellectuel acquis au début de la vie est donc essentiel, mais le maintien d’une activité intellectuelle tout au long de l’existence également ».

 

« De la perte de sens à la désespérance… »

Date de publication : 9 mars 2022

La Croix

La Croix livre la chronique de Marion Broucke, infirmière en soins palliatifs (AP-HP), titulaire d’un master de recherche en médecine palliative, et enseignante.
Celle-ci observe : 
« Depuis plus d’un an, je partage avec vous mes indignations en tant qu’infirmière sur les dysfonctionnements que je constate au quotidien dans l’exercice de ma profession-passion. Malheureusement, l’accumulation des incohérences et des tensions entre nos valeurs fondamentales […] et la réalité imposée par une vision marchande et étriquée de la politique de santé ont eu raison de mes capacités à supporter l’intolérable ».
Marion Broucke poursuit :
 « Faut-il rappeler ici la scandaleuse inertie face au mal-mourir en France, aboutissant à considérer que faire administrer la mort par les soignants est plus logique que leur donner les moyens de soulager et d’accompagner ? ».
« Faut-il rappeler le mépris dont sont victimes les infirmières, sous-payées, considérées comme de simples exécutantes par certains médecins qui nous croient incapables de penser, mais seulement de panser, et qui s’opposent au développement des IPA (Infirmières en pratique avancée) ? »
, ajoute-t-elle.
L’infirmière remarque : 
« Faut-il rappeler le phénomène massif de désaffection des infirmières hospitalières qui préfèrent se tourner vers d’autres horizons ? […] Faut-il expliciter que le scandale des Ehpad privés, s’il est parfaitement justifié, ne peut servir de bouc émissaire. Laisser entendre que les Ehpad publics ne seraient pas le lieu de pratiques tout aussi déplorables voire pires n’est que se cacher derrière son petit doigt ».
« La seule façon de ne pas maltraiter nos anciens dépendants est de mettre du personnel formé et suffisant à leur disposition. Imaginez le terrible sentiment qui envahit ces soignants, parfaitement conscients de ne pas être aussi bientraitants qu’ils le souhaiteraient mais qui ne peuvent matériellement faire mieux en raison des contraintes qu’on leur impose », 
continue Marion Broucke.
Elle note que «
 dans l’immobilisme général, notre système de santé s’effondre. Les désormais fameux cabinets de consultants ont édicté une pensée unique aux technocrates hospitaliers, les bases de l’hôpital-entreprise et l’adoration des tableurs Excel. Ils ont imposé la sanctification du taux d’occupation qui, hors des activités programmées, s’avère une catastrophe ».
Marion Broucke écrit ainsi :
 « Comme tant d’autres de mes collègues, je ne peux m’abîmer davantage. Je rends ma blouse. En plein syndrome d’épuisement professionnel, j’ai décidé d’abandonner ce combat donquichottesque contre d’invincibles moulins à vent ».

 

« La pollution de l’air affecte le fonctionnement du cerveau »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Figaro

Pauline Fréour note en effet dans Le Figaro que « deux études, publiées cette année et en 2021, montrent que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmente de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus ».
La journaliste explique qu’« 
une étude conduite sur un très grand nombre de Français vient de confirmer que les polluants de l’air impactent négativement les performances cognitives, faisant écho en cela à d’autres recherches associant pollution et risque de démence ».
Elle précise que 
« c’est la cohorte Constances qui a fourni à Bénédicte Jacquemin et à son équipe de l’Inserm des données sur plus de 61.000 personnes de 45 ans et plus. Les chercheurs en épidémiologie ont pris en compte les résultats des participants à des tests cognitifs, et leur exposition, selon leur lieu de résidence, à trois polluants liés au trafic routier (particules fines inférieures à 2,5 microns – PM2,5, dioxyde d’azote, carbone suie) ».
« Ils ont calculé que le score des performances cognitives chez les volontaires les plus exposés baissait de 1 à près de 5% par rapport aux individus moins exposés », 
note Pauline Fréour, selon des travaux qui viennent de paraître dans The Lancet Planetary Health.
Bénédicte Jacquemin indique que
 « les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives, c’est-à-dire la capacité de prendre des décisions. […] Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent d’avantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand effet sur les fonctions exécutives ».
Claudine Berr, épidémiologiste à l’Institut des neurosciences de Montpellier et co-auteur, explique que 
« selon leur taille, les polluants inhalés s’introduisent plus ou moins loin dans les poumons, induisant une inflammation locale et systémique pouvant s’étendre jusqu’au cerveau, car les cytokines, vectrices du signal inflammatoire, peuvent passer la barrière hématoencéphalique qui le protège ».
« Pour les particules fines, on estime qu’il pourrait aussi exister une voie directe : les PM2,5 entrant dans l’organisme par le nez se déplaceraient via le nerf olfactif jusqu’au bulbe olfactif, situé dans le cerveau. On s’interroge aussi sur un passage des particules par le sang, puisque l’on retrouve des polluants jusque dans les petits vaisseaux cérébraux »,
 note la spécialiste.
Claudine Berr ajoute : 
« Ces recherches montrent une production accrue de marqueurs du stress oxydant et de médiateurs de l’inflammation dans les cellules du système nerveux central. Ce contexte peut être à l’origine de dommages cérébraux, comme l’agrégation de protéines – que l’on observe d’ailleurs chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer – des atteintes vasculaires, voire la mort de neurones ».
Pauline Fréour relève que 
« Claudine Berr et son équipe de Montpellier ont par ailleurs publié cette année et en 2021 deux études montrant que l’exposition accrue aux particules fines PM2,5 augmentait de 20% le risque de démence et accélère le déclin cognitif chez des personnes âgées de 65 ans et plus. […] Bénédicte Jacquemin prévoit de poursuivre son travail sur Constances en suivant l’évolution dans le temps des fonctions cognitives des participants ».

 

« Autisme : pourquoi les demandes de diagnostic explosent chez les adultes »

Date de publication : 14 mars 2022

Le Parisien

Fanny Delporte constate dans Le Parisien que « depuis trois ans, il y trois fois plus de demandes pour des adultes au centre spécialisé de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Notamment parce que beaucoup de gens, souvent mal orientés ou mal renseignés, sont persuadés d’être autistes sans l’être. Problème : cela provoque un engorgement ».
La journaliste explique en effet que l’établissement 
« abrite le Centre de diagnostic et d’évaluation autisme adultes (CDEAA), l’un des trois lieux de ce type en Ile-de-France ».
Elle souligne que «
 ce phénomène provoque l’engorgement de nombreux centres de diagnostic de l’autisme, notamment en Île-de-France où il existe trois centres experts — un à Versailles et un à Créteil, intégrés au réseau de la fondation FondaMental, ainsi qu’un autre à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, conventionné avec le Craif (Centre de ressources autisme Île-de-France) ».
Le Craif remarque qu’«
 il peut y avoir un délai de 6 mois avant d’être reçu, mais cela dépend vraiment des périodes de l’année. Par exemple, il suffit qu’il y ait des reportages à la télévision pour que nous soyons débordés de demandes ».
Hélène Vulser, psychiatre et responsable du centre de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, observe qu’«
 au départ, les centres créés entre 2000 et 2010 étaient dédiés aux enfants. Puis nous avons eu de plus en plus de demandes d’adultes ».
Fanny Delporte note que 
« ces 3 à 4 dernières années, au CDEAA, 50% des adultes reçus avaient un résultat positif ». Hélène Vulser indique que « désormais c’est 20%. Certaines personnes ayant un problème d’interaction sociale se disent : Je dois être autiste ».
« Certains, assure-t-elle, tentent même d’avoir accès à plusieurs [centres], persuadés qu’ils sont autistes mais mal diagnostiqués », 
relève la journaliste.
Elle ajoute que «
 pour Hélène Vulser, la solution pour désengorger les services réside dans une formation plus fine et poussée de ce qu’elle appelle «la deuxième ligne», des réseaux de psychiatres qu’il faut former, pour faire un premier «tri» ».

 

« L’exposition à un air pollué altère les fonctions mentales »

Date de publication : 16 mars 2022

Le Monde

Clémentine Thiberge indique à son tour dans Le Monde qu’« une étude publiée dans The Lancet Planetary Health […] associe la pollution de l’air à la diminution des performances cognitives : plus une personne est exposée à un air pollué, plus ses fonctions mentales seront affectées ».
La journaliste explique que 
« des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’université de Rennes et de l’Ecole des hautes études en santé publique ont analysé les données de plus de 61.000 Français âgés de plus de 45 ans ».
« Ces participants font partie de la cohorte épidémiologique française Constances et ont été recrutés aléatoirement à partir des listes de l’Assurance-maladie. Les chercheurs ont établi un score de leurs performances cognitives à partir de tests mesurant la mémoire, la fluidité d’expression orale (fluence verbale) et la capacité à prendre des décisions (fonctions exécutives) », 
précise Clémentine Thiberge.
Elle note que les auteurs
 « ont superposé ces résultats avec des cartes dites « d’exposition » qui estiment la concentration de polluants à l’adresse du domicile de chaque participant. Dans cette étude, trois polluants ont été pris en compte : les particules fines (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le carbone suie ».
Bénédicte Jacquemin, chargée de recherche à l’Inserm et coauteure, remarque ainsi : 
« Nous nous sommes concentrés sur ces trois polluants car ils sont associés ou issus du trafic automobile. Les évidences scientifiques dans tous les domaines de la santé montrent que ces polluants sont probablement les plus nocifs pour la santé ».
Clémentine Thiberge retient que 
« non seulement l’exposition à de plus grandes concentrations de polluants serait associée significativement à un plus bas niveau de performances cognitives mais chaque polluant agirait différemment sur ces performances ».
Bénédicte Jacquemin observe que « 
les capacités les plus impactées sont la fluence verbale et les fonctions exécutives. Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 agissent davantage sur la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives ».
La journaliste relève que 
« pour les participants les plus exposés, les chercheurs ont constaté une différence allant de 1 à près de 5% du score des performances cognitives par rapport aux participants moins exposés ».
Bénédicte Jacquemin précise que «
 5% à niveau individuel, cela n’a pas un impact fort. Mais nos résultats sont très importants au niveau de la population parce que tout le monde, ou presque, est exposé à un niveau de pollution atmosphérique plus élevé que ce qui est recommandé par l’OMS ».
Kyle Steenland, professeur d’épidémiologie à l’université Emory (Etats-Unis), note pour sa part que 
« cette étude est très importante, car elle est représentative de la population française. Il est nécessaire d’avoir plusieurs études sur ce sujet, sur des populations différentes, et de voir que nous obtenons à chaque fois les mêmes réponses est assez significatif ».
Bénédicte Jacquemin précise que 
« cette étude est transversale, c’est-à-dire que nous avons pris une photo de la situation à un moment donné. On montre une association. Pour établir une causalité, il faut une étude longitudinale c’est-à-dire avec un suivi sur le long terme, que nous prévoyons de faire par la suite ».
Clémentine Thiberge rappelle qu’«
 en 2020, des scientifiques estimaient, dans The Lancet, qu’en agissant par des changements dans la réglementation qui encadre les niveaux de pollution, près de 40% des cas de démences pourraient être évités, qu’ils tiennent au mode de vie ou à l’environnement ».

 

« Une « banque de cerveaux » contre la maladie d’Alzheimer »

Date de publication : 18 mars 2022

La Croix

Audrey Dufour se penche dans La Croix sur l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui « conserve plusieurs centaines de cerveaux, exclusivement dédiés à la recherche contre les maladies neurodégénératives. Ces échantillons proviennent de personnes décédées, malades ou saines, qui ont accepté ce don d’organe pas comme les autres ».
La journaliste explique ainsi qu’un bâtiment 
« héberge un centre unique en France : une « biobanque » de cerveaux. Dans une dizaine de congélateurs gris, maintenus à – 80°C, 750 hémisphères cérébraux de donneurs patientent ».
Elle précise que «
 cogérée par les hôpitaux de Paris et les associations de malades, cette biobanque est utilisée pour la recherche sur les maladies neurodégénératives : Alzheimer et Parkinson, mais aussi les syndromes cérébelleux, les scléroses en plaques, les dégénérescences lobaires fronto-temporales, et les scléroses latérales amyotrophiques (maladies de Charcot) ».
Marie-Claire Artaud-Botté, coordinatrice scientifique du centre, indique que
 « les dons ne servent qu’à la recherche sur ces maladies, rien d’autre ».
Audrey Dufour relève que
 « les chercheurs peuvent demander ici des échantillons pour valider leurs hypothèses sur les mécanismes impliqués dans ces pathologies. Depuis 2009, près de 200 projets de recherches ont été menés grâce aux cerveaux de la biobanque ».
La journaliste souligne que 
« si aucun traitement dirigé contre Alzheimer n’est pour l’instant disponible en France, la recherche avance ».
Maï Panchal, directrice scientifique de la fondation Vaincre Alzheimer, remarque ainsi : 
« On sait désormais que près de la moitié des cas peuvent être évités en agissant sur les facteurs de risque, comme la sédentarité, l’alcool, le tabagisme et autres. Surtout, on sait diagnostiquer précisément la maladie ».
Audrey Dufour précise notamment qu’«
 en cas de don, le prélèvement doit être effectué sous les 48 heures après le décès, dans l’un des 14 centres partenaires à travers la France. Le défunt est ensuite rendu à sa famille ».
« À la biobanque, on reconnaît sans peine que le don de cerveau est lourd de symbole et que la démarche nécessite une acceptation particulière des familles, bien plus que le don d’organes pour sauver des vies. Le consentement est révocable à tout moment, par la personne ou par sa famille après le décès », 
poursuit-elle.
Maï Panchal indique qu’«
 en général, on voit un vrai élan chez les malades et leurs proches pour aider à développer des traitements ».
Audrey Dufour ajoute que
 « le centre conserve les échantillons pendant 10 ans, de façon anonymisée mais avec l’historique de santé. Un détail nécessaire pour pouvoir prendre en compte, par exemple, les effets du tabagisme. Et espérer, un jour, vaincre les maladies neurodégénératives ».

 

« Voici comment la listeria peut gagner le cerveau »

Date de publication : 18 mars 2022

Sciences et Avenir

Sciences et Avenir fait savoir que « la listeria, bactérie à l’origine d’une infection alimentaire rare mais très dangereuse, parvient parfois à gagner le cerveau en rendant certaines cellules infectées résistantes au système immunitaire, avance une étude publiée [dans Nature] ».
« Ce mécanisme « permet à ces cellules de survivre plus longtemps dans le sang et de passer en plus grand nombre dans le cerveau » », 
explique le magazine.
Il précise ainsi que
 « réalisée en plusieurs étapes sur des souris de laboratoire, censées bien refléter l’évolution de la maladie chez l’humain, l’étude […] montre, dans un premier temps, que la listeria passe dans le cerveau via certains globules blancs, les monocytes. Les chercheurs ont ensuite découvert comment ces cellules infectées gagnaient le cerveau sans être détruites par le système immunitaire. C’est une protéine présente dans la listeria qui semble les protéger ».
Sciences et Avenir retient que
 « cette protéine, dite InlB, fait passer les cellules touchées sous le radar des lymphocytes T, dont le rôle est de détruire les cellules infectées par un virus où une bactérie. Ce mécanisme « crée une niche de protection cellulaire qui encourage la dissémination et la persistance de la listeria » dans l’organisme, conclut l’étude ».
« Non seulement il permet à la listeria de passer dans le cerveau mais il lui laisse aussi le temps de survivre dans l’intestin et d’être présente dans les excréments. La bactérie peut donc être d’autant plus présente dans l’environnement et continuer à se propager ainsi »,
 continue le magazine.
Il observe que «
 ce mode d’action est une surprise, de l’aveu des chercheurs, qui ne s’attendaient pas à ce que la listeria neutralise ainsi l’action des lymphocytes T ».
Marc Lecuit (Institut Pasteur et Inserm), qui a coordonné ce travail, évoque ainsi un 
« mécanisme spécifique et inattendu, par lequel un pathogène augmente la durée de vie des cellules qu’il infecte ».

 

« La schizophrénie identifiée au niveau cellulaire »

Date de publication : 18 mars 2022

Le Figaro

Pierre Kaldy annonce dans Le Figaro que « deux anomalies du fonctionnement des neurones ont été décelées chez des patients schizophrènes par des chercheurs américains de l’école de médecine de l’Université Johns Hopkins ».
« Elles pourraient même expliquer les symptômes les plus fréquents de cette maladie mentale très invalidante avancent les auteurs dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences américaine (The Proceedings of the National Academy of Sciences – PNAS) »,
 note le journaliste.
Il explique que 
« les recherches sur les bases physiologiques de la schizophrénie étaient freinées par l’absence d’équivalent de la maladie chez l’animal et par la difficulté à étudier des neurones de patients, le plus souvent obtenus après leur décès ».
Pierre Kaldy relève qu’
« une nouvelle technique, mise au point en 2007 par le japonais Shinya Yamanaka, prix Nobel de physiologie et de médecine en 2012, a changé la donne. Elle permet de faire revenir des cellules de la peau de patients au stade de cellules souches pluripotentes, que l’on peut ensuite faire se différencier in vitro en d’autres cellules. En l’occurrence, ici, des neurones du cortex cérébral ».
« Cette approche, qui permet de cultiver et d’étudier directement des cellules de patients dont les caractéristiques cliniques et génétiques sont connues, est en train de révolutionner l’étude des troubles psychiatriques ayant une composante héréditaire »,
 observe le journaliste.
Il précise que ce travail fait 
« un lien chez 13 patients entre leurs symptômes et deux paramètres cellulaires précis. Le premier, lié à une inhibition excessive de l’activation des neurones, est proportionnel à la désorganisation de la pensée et au retrait émotionnel observés dans la maladie ».
« Le second est une accentuation de l’entrée de sodium dans les cellules, une composante essentielle de la communication entre neurones qui s’avère d’autant plus marquée que les patients présentent des hallucinations ou des délires »,
 continue Pierre Kaldy.
Isabelle Cloëz-Tayarani, chercheuse en neurobiologie à l’Institut Pasteur, remarque que
 « ces résultats sont très intéressants et cohérents avec une étude génétique menée en 2018 auprès de milliers de patients qui a aussi montré l’implication de canaux sodium dans l’origine de la schizophrénie ».
Pierre Kaldy note que 
« de vastes études génétiques ont permis d’identifier des centaines de marqueurs de risques génétiques de la maladie, liés le plus souvent à des gènes impliqués dans le développement du cerveau et le fonctionnement des neurones. Les risques associés à ces marqueurs génétiques restent néanmoins très faibles pris isolément, ce qui traduit une grande hétérogénéité des mécanismes menant au dysfonctionnement des neurones ».
Il ajoute que 
« cette vulnérabilité génétique plus ou moins forte suivant les personnes est ensuite soumise à des facteurs environnementaux qui peuvent aussi influer sur la progression de la maladie ».
Anne Giersch, chercheuse au CHU de Strasbourg, observe : 
« On peut penser qu’il existe chez des personnes déjà prédisposées un effet de seuil pour basculer dans la pathologie, un phénomène qui serait renforcé sous l’effet d’évènements extérieurs comme une infection virale in utero ou la consommation de cannabis à l’adolescence ».
Isabelle Cloëz-Tayarani indique que 
« si ces résultats sont confirmés par d’autres études neurophysiologiques, un nouveau champ de recherche sur la schizophrénie pourrait s’ouvrir à l’aide de culture in vitro de « mini-cerveaux » pour étudier sur des temps plus longs les neurones en réseau, et la perspective de pouvoir mettre au point des médicaments plus adaptés au profil génétique ou clinique des patients ».

 

« Atteint du syndrome d’enfermement, un patient communique par la pensée… Et des électrodes »

Date de publication : 23 mars 2022

Sciences et Avenir

Camille Gaubert relaie « une première » dans Sciences et Avenir : « Un patient totalement tétraplégique en raison de la maladie de Charcot a pu s’exprimer au moyen de deux électrodes implantées dans son cerveau et d’une interface informatique. Un succès médical, qui montre que paralysie ne rime pas avec mort ni inconscience ».
La journaliste explique que «
 deux microélectrodes, chacune de 3,2 mm de côté, ont été insérées dans la surface du cortex moteur – la partie du cerveau responsable du mouvement. […] Le patient, tétraplégique, souffre du Locked-In Syndrome (LIS), dans lequel il entend tout et comprend tout, mais ne peut ni bouger ni parler ».
Camille Gaubert précise que «
 si 85% des LIS sont causés par un accident vasculaire cérébral (AVC), d’après l’association ALIS, le cas de ce patient est différent : il est atteint de sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot. Cette maladie neurodégénérative […] provoque une perte progressive du contrôle moteur de son corps. Au point que contrairement à la plupart des personnes souffrant de LIS, ce patient-là ne peut même plus cligner des yeux. Une perte dramatique, puisqu’elle permet aux systèmes d’interface cerveau-ordinateur de fonctionner ».
Jonas Zimmermann, neuroscientifique principal au Centre Wyss à Genève et co-auteur de l’étude parue dans 
Nature Communications, indique qu’« à notre connaissance, notre étude est la première à réussir à communiquer avec une personne qui n’a plus de mouvement volontaire et pour qui cette interface est désormais le seul moyen de communication ».
Camille Gaubert continue : «
 Dans la chambre qui lui a été aménagée chez lui, le patient met 105 jours à apprendre à communiquer avec les deux électrodes implantées dans des zones de son cerveau dédiées au contrôle moteur. […] Pour l’aider, les scientifiques installent un second système de “neuro-feedback” qui l’informe au moyen d’un signal sonore s’il a réussi à activer l’électrode ou non ».
Ujwal Chaudhary, co-auteur, précise que 
« le patient module son ‘taux de décharge’ (activation des neurones, ndlr) jusqu’à ce que le son qu’il entend l’informe qu’il l’a bien fait. […] Nous avons demandé au patient quelle était sa stratégie, en réponse à quoi il a épelé ‘MOUVEMENT DES YEUX’, ce qui peut être interprété comme le fait que le patient essayait de faire des mouvements oculaires pour moduler son taux de décharge, comme avant l’implantation ».
La journaliste relève qu’«
 à force de tâtonnement, le patient réussit à moduler le signal sonore correspondant à l’activation de ses électrodes au jour 86. Au jour 98, enfin, il parvient à moduler le taux de décharge neuronal pour atteindre les objectifs fixés par l’interface. Au jour 106, il réussit à sélectionner des lettres lorsqu’elles lui sont énoncées à l’oreille ».
« Au-delà d’un certain seuil et s’il était maintenu plus de 250 millisecondes, le signal de décharge neuronale capté par les électrodes est converti par l’interface en “OUI”, tandis que sous un certain seuil, c’est traduit comme un “NON”. Lorsque le patient réussit à excéder les 80% de réussite lors des exercices d’entraînement, les chercheurs lui permettent de former ses propres phrases. Au rythme moyen d’un caractère par minute, il s’exprime enfin »,
 continue Camille Gaubert.
Elle cite Ujwal Chandhary : «
 “De nombreux médecins et théoriciens de la conscience” supposent que la mémoire et la conscience sont “affectés” par la paralysie, mais l’étude démontre que c’est faux, continue le chercheur. Enfin, ils rapportent la possibilité d’une “qualité de vie positive” même dans cet état, d’autant que leur système fonctionnait au domicile du patient ».
Niels Birbaumer, autre co-auteur, souligne : «
 Notre principale réalisation c’est la démonstration que les patients atteints de LIS ne sont ni morts ni inconscients mais heureux et conscients comme vous et moi ».
Jonas Zimmermann ajoute que ce système de communication «
 profitera aux personnes les plus gravement paralysées, celles qui vivent avec un accident vasculaire cérébral du tronc cérébral, une sclérose latérale amyotrophique ou une lésion de la moelle épinière de haut niveau ».

 

« Quand le sommeil joue à cache-cache »

Date de publication : 29 mars 2022

Le Monde

Marie-Laure Théodule remarque dans Le Monde : « Nuits trop courtes, insomnies à répétition, somnolence diurne… Bien que très invalidants, ces troubles sont encore trop peu reconnus comme une maladie ».
Damien Léger, responsable du centre du sommeil et de la vigilance à l’Hôtel-Dieu (Paris), souligne ainsi que 
« beaucoup de gens ignorent que l’insomnie est une maladie. Pourtant, c’est un véritable syndrome répertorié en tant que tel dans la classification internationale des troubles du sommeil ».
La journaliste note que le médecin «
 voit défiler de plus en plus d’hommes jeunes et sportifs, sans pathologie connue, mais qui souffrent de la « maladie insomnie » après un événement déclenchant, familial ou professionnel. […] Le syndrome est très invalidant, spécialement dans la vie professionnelle : manque de motivation et d’initiative, perte de concentration, troubles de l’humeur, augmentation de l’anxiété et du risque d’accidents et d’erreurs ».
Marie-Laure Théodule indique notamment qu’«
 en France, environ 20% de la population est atteinte de cette maladie. La prévalence est plus forte chez les femmes (25%) que chez les hommes (17%), et elle a tendance à croître avec l’âge. Ou avec le contexte. Ainsi, elle a augmenté en 2020 lors des confinements dus au Covid-19, avant de retomber à 20% en 2021 ».
La journaliste souligne que 
« le manque de sommeil a de graves conséquences sur le métabolisme. L’organisme ne secrète plus assez d’hormones nécessaires à son équilibre, comme la leptine (satiété) ou le cortisol (stress). Fatiguées, énervées, les personnes grignotent plus et bougent moins. Ce qui favorise de nombreuses maladies : surpoids, obésité, diabète de type II, hypertension, AVC, dépression et cancers hormono-dépendants ».
Elle précise :
 « Ce sommeil trop bref tient à deux causes principales : les horaires de travail (notamment de nuit), avec le temps de trajet, et les écrans, avec leur lumière bleue ».
Marie-Laure Théodule explique en outre que
 « pour la dette de sommeil, il existe des méthodes assez simples. Le patient doit d’abord prendre conscience de son syndrome, par exemple à l’aide d’une bague connectée qui mesure le temps de sommeil. Puis on lui propose des contre-mesures – séance de luminothérapie de 20 minutes le matin, sieste, exercice physique, extinction des écrans une heure avant le coucher – afin d’ancrer de nouvelles habitudes ».
« Pour l’insomnie installée, «le traitement par thérapie cognitivo-comportementale [TCC] est efficace auprès de 90% des personnes que nous recevons», constate Damien Léger. Les patients suivent des séances en groupe, 2 heures par semaine, pendant quelques mois, afin de trouver leurs horaires et temps de sommeil optimaux. Ils y apprennent des exercices de respiration et de relaxation », 
continue la journaliste.
Elle note toutefois que «
 l’accès aux TCC, non remboursées en cabinet privé, n’est pas toujours facile. Donc 10% des Français prennent des somnifères, au risque de devenir dépendants aux benzodiazépines, comme le zolpidem (Stilnox) ou le zopiclone (Imovane). Une nouvelle molécule pourrait changer la donne, le daridorexant (Quviviq) de la société suisse Idorsia ».
Le Pr Léger indique que 
« pendant la nuit, il inhibe un neurotransmetteur qui stimule l’éveil, l’orexine, sans provoquer de somnolence diurne ». Marie-Laure Théodule remarque ainsi que la molécule «sera bientôt disponible en France, car elle vient d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché au niveau européen ».

 

« Inceste et violences sexuelles : ces médecins soumis au secret professionnel qui ont refusé de se taire »

Date de publication : 31 mars 2022

Le Parisien

Bérangère Lepetit note dans Le Parisien que « la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs demande la suspension des poursuites disciplinaires contre les professionnels qui signalent des cas. Deux pédopsychiatres témoignent ».
La journaliste observe ainsi : 
« Elles ont osé parler. Pour dénoncer des faits inquiétants qui mettaient en cause la santé de leurs patients mineurs, des enfants parfois âgés de 6, 8 ou 9 ans, elles ont écrit un signalement à un juge des enfants ou au procureur de la République ».
Bérangère Lepetit explique que
 « dans le cas de Françoise Fericelli, 59 ans, pédopsychiatre en Haute-Savoie depuis plus de 30 ans, cela a débuté en 2016, lorsqu’elle a évoqué une suspicion de maltraitance physique, psychologique et sexuelle sur l’un de ses petits patients par son père. Il faisait partie d’une fratrie de trois enfants de 6, 5 et 3 ans ».
La médecin,
 « sous le coup d’un avertissement du Conseil de l’Ordre et de procédures multiples du père à son encontre », remarque : « Écrire un signalement, ça prend beaucoup de temps, ça ne rapporte rien et ça peut mettre en danger ».
Bérangère Lepetit indique que «
 depuis, l’un des trois enfants s’est suicidé. Françoise Fericelli rappelle que les médecins ne seraient aujourd’hui, d’après la Haute Autorité de santé, à l’origine que de moins de 5% des signalements de violences sur mineurs. Un chiffre terriblement bas vu le statut de « confident » du pédopsychiatre et le nombre d’enfants concernés ».
La journaliste note en outre qu’« 
à 50 ans, Eugénie Izard, pédopsychiatre à Toulouse depuis près de 20 ans, a, elle, subi une sanction plus lourde. Ce jeudi matin, […] elle se rendra au Conseil d’État à Paris [où] aura lieu son audience qui devra décider du maintien ou non de sa condamnation en février 2021 par le Conseil de l’Ordre des médecins à une interdiction d’exercer de 3 mois ».
La médecin, présidente du Réseau des professionnels pour la protection de l’enfance et l’adolescence (Reppea), indique :
 « J’ai voulu écrire au juge pour protéger un enfant de 8 ans qui m’avait confié subir des maltraitances de la part de son père qui était médecin. J’ai toujours respecté les lois, j’ai toujours tenu compte du code de la déontologie, j’ai agi de manière objective et en toute bonne foi ; et je n’ai pas hésité un instant à faire ce signalement. […] Je paye le prix de mon engagement à vouloir protéger les enfants contre les sévices ».
Bérangère Lepetit observe que 
« les deux pédopsychiatres qui dénoncent « l’autocensure » dont font preuve bon nombre de leurs confrères et consœurs avouent aussi avoir depuis modifié leur façon d’exercer leur métier »
La Dr Fericelli précise ainsi : 
« Quand j’ai des cas de maltraitance, j’envoie mes patients vers des psychologues qui, eux, n’étant pas médecins, ne risquent pas de condamnations », tandis que la Dr Izard souligne : « Il est urgent de s’inquiéter de ces renversements pervers de la loi qui vont à l’encontre de nos fondements humanistes, éthiques et de notre propre serment ».

 

Revue de presse santé-psy février 2022

« Covid-19 : la « fatigue vaccinale », ce concept qui inquiète le gouvernement »

Date de publication : 22 février 2022

Le Parisien

Nicolas Berrod s’interroge en effet dans Le Parisien : « Faut-il administrer une deuxième dose de rappel, la fameuse 4e dose, aux personnes âgées et fragiles et pas seulement à celles immunodéprimées ? Pas pour l’instant, répond le gouvernement ».
Le journaliste remarque que 
« les raisons sont multiples : des données scientifiques encore fragiles, mais aussi l’évolution favorable de l’épidémie et le fait de « tenir compte de la fatigue vaccinale », a énuméré Olivier Véran ce dimanche ».
Le ministre de la Santé a observé que 
« ce sont ces Français qui disent : on a fait une dose, deux doses, trois doses. Vous nous demandez d’en faire une quatrième, on en a marre ! ».
Nicolas Berrod relève que
 « cette « fatigue vaccinale » désigne […] la « lassitude » et le « ras-le-bol » d’une partie de la population vis-à-vis de la vaccination contre le Covid ».
Le journaliste poursuit : 
« Le risque […] ? Qu’à force de demander à certains habitants de tendre encore une fois le bras pour se faire « piquer », cela ne devienne contre-productif et en décourage certains »
Stéphane Paul, immunologue, note ainsi : 
« C’est quelque chose que j’entends et que je comprends, car il n’y a pas encore vraiment de données scientifiques démontrant l’intérêt d’une 4e dose face au variant Omicron et dans le contexte d’une vague qui reflue. Ce ne serait pas rationnel pour le moment ».
Nicolas Berrod relève que «
 sa consœur Odile Launay estime elle aussi que cette « lassitude vaccinale » doit être prise en compte. Certes, plus de 90% des habitants majeurs en France ont été vaccinés contre le Covid et 70% ont reçu un premier rappel. «Mais cela a été mal accepté par une proportion non négligeable d’entre eux», et leur administrer une dose supplémentaire «pourrait renforcer leur méfiance vis-à-vis de la vaccination en général», développe la scientifique ».
Le journaliste cite en outre l’historien Patrick Zylberman, spécialiste des épidémies, qui 
« ne croit pas à un impact majeur, sur d’autres campagnes, de cette « lassitude vaccinale » vis-à-vis du Covid. «Chaque année, la population est assez mal couverte par la vaccination contre la grippe, parce que les gens oublient», estime-t-il. Et de rappeler qu’il «n’existe aucune vaccination obligatoire pour les adultes en France, à part pour les étudiants en médecine» ».

 

« Un long séjour dans l’espace n’est pas sans effet sur le cerveau »

Date de publication : 24 février 2022

Sciences et Avenir

Nicolas Mahaut observe dans Sciences et Avenir que « la santé des astronautes est un sujet crucial pour les scientifiques, et en particulier leur santé mentale ».
Le journaliste fait savoir que 
« des chercheurs en neurosciences indiquent dans une étude parue le 18 février 2022 que « les humains subissent des changements physiologiques extrêmes lorsqu’ils sont soumis à de longues périodes d’apesanteur et alors que nous continuons à devenir une espèce spatiale, il est impératif que nous comprenions pleinement les changements physiologiques qui se produisent dans le corps humain, y compris dans le cerveau » ».
Nicolas Mahaut relève que
 « cette même équipe internationale de chercheurs a étudié les modifications cérébrales induites par les vols spatiaux de longue durée. Leur recherche a été publiée dans la revue Frontiers in neural Circuits ».
Le journaliste rappelle que
 « d’autres scientifiques observaient déjà des modifications cérébrales liées aux séjours de longue durée dans l’espace. Nombreux seraient alors les impacts physiologiques après un certain temps passé en apesanteur. Ces impacts iraient d’une expansion des cavités dans lesquelles baigne le cerveau au déplacement de ce dernier dans la boite crânienne en passant par le rétrécissement de certaines structures cérébrales et fibres nerveuses ».
Il explique que «
 parmi les fibres nerveuses, se trouvent celles recouvertes d’une substance blanche et regroupées sous forme de faisceaux. Ces voies nerveuses qui intéressent particulièrement les auteurs de cette nouvelle étude sont généralement entourées d’un revêtement blanchâtre – la gaine de myéline – qui les protège et améliore la transmission des signaux nerveux le long des axones, ces sortes de bras dont disposent les neurones pour conduire les signaux nerveux ».
Nicolas Mahaut évoque ainsi 
« l’utilisation d’une technique d’imagerie par résonance magnétique (IRM) avec laquelle les scientifiques ont sondé les impacts d’une longue mission dans l’espace sur le cerveau. Appelé tractographie, cette technique permet de mettre en relief les fameux faisceaux de substance blanche ».
« En examinant le cerveau de cosmonautes, ils ont observé comment ce type de câblage cérébral se trouvait modifié 7 mois après leur retour de la station spatiale internationale (ISS). Les chercheurs identifient alors des changements dans différents faisceaux de fibres nerveuses composés de substance blanche tels que le corps calleux, le faisceau arqué, les faisceaux corticospinal, corticostrié et cérébelleux », 
précise Nicolas Mahaut.
Il indique que 
« ces modifications impliqueraient les fonctions cérébrales langagière, visuelle et sensorimotrice. […] Pour les scientifiques, ces changements perceptibles seraient une sorte de réponse adaptative à un environnement changeant. Un environnement dans lequel par exemple, les contraintes physiques liées au déplacement diffèrent de celles sur Terre et dans lequel la perception du corps se trouverait changée ».
Nicolas Mahaut ajoute que
 « cette avancée permettrait également d’enrichir les connaissances visant à mieux adapter l’Homme à de futures longues missions comme celles prévues vers Mars. Néanmoins, avant de concrétiser de telles projections, les chercheurs indiquent qu’il serait nécessaire de poursuivre les investigations en vue de mieux saisir les liens entre les conséquences cérébrales de ces longs voyages et leurs effets sur la cognition, le comportement et les émotions ».

 

COVID-19 sévère : un risque augmenté de trouble de santé mentale

COVID-19 sévère : un risque augmenté de trouble de santé mentalePar Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts]  – Date de publication : 25 février 2022

D’après certaines études, les personnes atteintes de COVID-19 présentent un risque accru d’anxiété et de dépression, mais ces travaux portaient sur des suivis courts avec une sélection restreinte de critères de santé mentale. Une nouvelle étude parue dans le BMJ avec un suivi de plus d’un an confirme ces craintes. Les personnes atteintes de COVID-19 présentent des risques accrus de troubles anxieux, dépressifs, stress et adaptation, troubles liés à l’utilisation d’opioïdes ou d’autres substances, mais aussi de déclin neurocognitif et troubles du sommeil par rapport à des sujets témoins.

Pour estimer les risques de troubles de santé mentale associés à un épisode aigu de COVID-19, une équipe américaine a effectué une étude de cohorte incluant 153.848 personnes ayant survécu au SRAS-CoV-2 et deux groupes témoins : l’un contemporain (n = 5 637 840) sans signe de SRAS-CoV-2 et un groupe témoin (n=5 859 251) antérieur à la pandémie.
Par rapport à ces derniers, le groupe COVID-19 a montré un risque accru de troubles anxieux (RR 1,35, 1,30 – 1,39, différence de risque 11,06 pour 1000 personnes/an), de troubles dépressifs (1,39, différence 15 pour 1000 personnes/an), de stress et troubles d’adaptation (1,38 ; 13,29 pour 1000 personnes/an) et d’utilisation d’antidépresseurs (1,55 ; 21,59 pour 1000 personnes/an) et de benzodiazépines (1,65 ; 10,46 pour 1000 personnes/an).
Le risque de prescriptions d’opioïdes a également augmenté (1,76 ; 35,90 pour 1000 personnes/an) ainsi que de troubles liés à l’usage de ces substances (1,34 ; 0,96 pour 1000 personnes/an). Le groupe COVID-19 a également montré un risque accru de déclin neurocognitif (1,8 ; 10,75 pour 1000 personnes/an) et de troubles du sommeil (1,4 ; 23,80 pour 1000 personnes/an).
De façon globale, le risque de diagnostic de trouble de santé mentale a été augmenté (1,6 ; 64,38 pour 1000 personnes/an). Et ce risque était systématiquement plus élevé dans le groupe de personnes admises à l’hôpital pour COVID-19 que pour une grippe saisonnière ou pour une autre cause.

Référence :
Yan Xie 
et al.
Risks of mental health outcomes in people with Covid-19: cohort study
BMJ 2022;376:e068993



« Se sentir proche de la nature réduit les risques de phobies animales »

Date de publication : 25 février 2022

Sciences et Avenir

Anne-Sophie Tassart annonce dans Sciences et Avenir que « des chercheurs ont remarqué une association entre proximité avec la nature et un risque moins élevé de développer une phobie des araignées ou des serpents ».
La journaliste explique ainsi qu’
« une équipe internationale a voulu savoir si un certain lien avec la nature permet de se protéger des phobies animales et plus particulièrement, d’une crainte irraisonnée des serpents et des araignées ».
Elle indique que 
« plus de 1000 participants hongrois ont été questionnés sur leur connexion à la nature mais aussi sur leur peur des serpents et des araignées, les phobies animales les plus répandues. Des photographies de ces animaux leur ont également été présentées et ils devaient indiquer leur ressenti ».
Anne-Sophie Tassart note que selon les résultats parus dans la revue 
People and Nature, « les personnes qui se sentent le plus proches de la nature ont eu des « scores » plus faibles concernant leur peur des araignées et des serpents. C’est également le cas des répondants vivant dans les zones les moins urbanisées ».
Les auteurs indiquent que 
« plus les gens se sentent connectés à la nature, moins ils sont affectés par les peurs ou les phobies des animaux. Nous pensons que cette étude présente une implication importante à la fois pour les efforts de conservation et les interventions thérapeutiques ».
Anne-Sophie Tassart rappelle qu’
« être phobique est un véritable problème de santé. En effet, ce trouble anxieux peut réduire grandement la qualité de vie des personnes qui le présentent. Cette peur extrême et irrationnelle interfère avec leur vie quotidienne ».
Les auteurs écrivent ainsi qu’«
 un grand nombre de revues précédentes, de méta-analyses et de données expérimentales suggèrent que la connexion avec la nature pourrait améliorer la santé, améliorer l’humeur, réduire le stress et favoriser le bien-être et le bonheur ».
La journaliste relève qu’«
 il reste cependant difficile de savoir dans quel sens s’établit l’association entre amour de la nature et absence de phobie animale ».

 

« La France vue par une infirmière : « Je fais le maximum pour que les gens se sentent bien » »

Date de publication : 28 février 2022

La Croix

La Croix poursuit sa série « La France vue par… », expliquant qu’« avant la présidentielle, [le journal] donne la parole à des Français de tous horizons pour qu’ils partagent leurs aspirations et leurs convictions ».
Le quotidien livre ainsi les propos d’«
 Emmanuelle Gascons, 46 ans, [qui] participe depuis 2015 au développement de la maison de santé de Labastide-Rouairoux (Tarn), un village à 50 minutes de route du premier hôpital ».
« Chaque jour, sa voiture emprunte les lacets qui la conduisent aux maisons des patients, prenant au passage le pouls d’une population âgée, vulnérable ou isolée. Son équipe a été en première ligne durant la vaccination en milieu rural, où elle s’est heurtée de plein fouet aux peurs et à la colère de ceux qui restent hostiles aux vaccins et au passe vaccinal »,
 observe La Croix.
Le journal demande ainsi :
 « Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever le matin ? ».
Emmanuelle Gascons répond que «
 dans mon métier, il est impensable de ne pas faire ma tournée. Des gens dépendent de moi pour refaire leurs pansements, recevoir des piqûres, changer des perfusions, obtenir un conseil sur leur dossier médical… Parfois, je fais des courses ou le plein de bois de chauffage en l’absence d’une aide-ménagère ».
« Au-delà de mon sentiment d’utilité, je prends du plaisir chaque matin à l’idée de revoir mes patients. J’avoue que la frontière entre le professionnel et le personnel est parfois très ténue : on connaît leur maison, leur chambre, leurs enfants, leur histoire », 
ajoute-t-elle.
La Croix poursuit : « 
Comment vont les Français, vus de votre cabinet ? ».
L’infirmière remarque qu’«
 ils ne vont pas bien en ce moment. Ils ont du mal à faire le tri parmi les nouvelles à force de regarder les chaînes d’information en continu, ce qui génère de l’anxiété. Les vieux sont aussi très isolés : même s’ils connaissent leur voisinage, chacun reste chez soi. Quand nous mettons en place un dispositif d’alerte, mes interlocuteurs ont des difficultés à trouver trois contacts à prévenir en cas d’urgence. La solidarité intergénérationnelle est faiblarde, d’autant que les réunions de famille sont annulées du fait de la pandémie ».
Elle observe que 
« le Covid a accentué aussi l’insuffisance chronique des soins en milieu rural. Certains patients ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas opérés à temps à l’hôpital. Ils ont peur, ils se mettent vite en colère. Les comportements agressifs ont augmenté depuis 2 ans. Il existe enfin une misère invisible qu’on découvre en rentrant dans l’intimité des gens. Chez un patient, je dois faire chauffer l’eau dans une casserole car il n’a pas d’eau chaude pour se laver ».
Emmanuelle Gascons ajoute que 
« le plus important dans mon métier, c’est l’aspect relationnel : établir une complicité, sentir que les gens sont heureux de me voir et qu’ils me font confiance. On ne peut pas être utile sans tisser des liens avec les patients, lesquels adhèrent aux soins s’ils adhèrent à l’infirmière ».
« J’ai horreur de leur faire mal durant un acte et au besoin je m’arrange avec le médecin pour leur donner quelque chose qui les soulagera. Quand je finis ma tournée, il est essentiel de pouvoir dire que j’ai fait le maximum afin que les gens se sentent bien », 
poursuit l’infirmière.

 

Revue de presse santé psy – décembre 2021

« Dans le cerveau, le maniement des mots ressemble beaucoup à celui des outils »

Date de publication : 6 décembre 2021

Le Figaro

Anne Prigent observe dans Le Figaro qu’« on oppose souvent les « intellectuels », plus à l’aise avec le maniement des phrases qu’avec celui des outils, aux « manuels », pour lesquels c’est l’inverse. Or, pour le cerveau, cette dichotomie n’existe pas. En effet, que ce soit pour manier un outil ou analyser la syntaxe de certaines phrases complexes, il utilise les mêmes ressources cérébrales. C’est ce que vient de démontrer une étude menée par des chercheurs et chercheuses français et suédois publiée dans la revue Science ».
Claudio Brozzoli, chercheur en neurosciences de l’Inserm et co-coauteur, remarque ainsi :
 « Longtemps, on a considéré le langage comme une faculté formidable du cerveau humain, à l’origine un peu mystérieuse. Mais depuis une vingtaine d’années, des travaux scientifiques ont montré que certaines fonctions langagières, comme le traitement du sens des mots, par exemple, mettent en jeu des zones sensorimotrices du cerveau ».
Anne Prigent explique que les chercheurs «
 ont démontré que les deux compétences utilisaient les mêmes réseaux de neurones et que l’on pouvait améliorer les performances syntaxiques grâce au maniement d’outils, et inversement ».
La journaliste souligne que «
 ces découvertes pourraient avoir des applications très concrètes dans le domaine clinique ».
Simon Thibault, docteur en neurosciences et premier auteur de l’étude, indique ainsi : « Nous sommes en train de développer des protocoles pour la rééducation du langage de jeunes présentant un trouble développemental du langage, mais dont la capacité motrice est relativement préservée ».

Anne Prigent ajoute que
 « la possibilité de rééduquer les patients victimes d’accident vasculaire cérébral reste ouverte mais probablement plus complexe ». Claudio Brozzoli précise que « chez eux, lorsque le langage est impacté, les neurones sont détruits et le système moteur est aussi souvent impacté de façon conséquente ».

 

« Congés des soignants : « On n’y arrivera pas, il faut du repos » »

Date de publication : 16 décembre 2021

Libération

Libération note également qu’« entre épuisement général et postes non pourvus, les soignants de l’hôpital public sont pris en étau à la veille des fêtes de fin d’année et du pic de la cinquième vague de Covid-19 ».
Le journal cite notamment le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Rémi Salomon, qui 
« à l’approche des fêtes de fin d’année et à l’orée d’un nouveau pic de cas de Covid-19, […] s’inquiète de l’état de santé de ses équipes ».
Il déclare : 
« On ne peut pas sucrer les vacances. Noël c’est sacré. Il faut laisser le personnel fatigué se reposer car on ne sera pas sorti du tunnel après la période des fêtes ».
Libération relève que 
« le médecin, qui s’attend davantage à un «plateau» qu’à une «vague» épidémique, ignore comment affronter cette nouvelle crise dans ces conditions. […] L’hôpital public subit la suppression de lits et de personnel de plein fouet. Conjugué à la hausse des hospitalisations (près de 15.000 patients), le manque de moyens du corps médical se fait encore plus ressentir ».
Le journal indique que 
« lundi […] Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, incitait les professionnels de santé à décaler leurs congés de fin d’année, contre une rémunération plus importante ».
Eric Thibaud, chef du service des urgences de l’hôpital de Colmar, réagit : «
 C’est anormal de leur proposer de leur donner ce qu’ils méritent s’ils acceptent d’abandonner leurs acquis. […] Nos réas sont pleines. Nous sommes à +6 lits par rapport à notre capacité d’accueil de base. Avec du personnel épuisé et des blocs en moins, on n’y arrivera pas. Il faut du repos. […] Plus on continue à travailler et plus on tire sur la corde. C’est ubuesque ».
Libération cite en outre Marc Amouretti, médecin en réanimation dans la Drôme, pour qui 
« en 15 ans de carrière, c’est une des premières fois [qu’il] a pu poser quelques jours de vacances pour les fêtes ».
Il déclare : 
« J’aurais bien aimé avoir une semaine complète, mais ce sont des choses qu’on n’évoque même pas. En réanimation, avec le système de garde et dans une logique de continuité des soins, c’est toujours très compliqué. Cette année, avec l’épidémie, c’est vraiment pire, le moral est atteint ».
Jean-François Timsit, chef du service de médecine intensive et réanimation infectieuse à l’hôpital Bichat (Paris), indique quant à lui qu’«
 on ne fera pas marcher la machine plus fort, de toute façon, elle ne suivra pas. […] Nous sommes à peine convalescents d’un burn-out général. Nous ne sommes pas en état de brutaliser le personnel en maintenant une suractivité ».
Le journal cite enfin Linda Launay, infirmière suppléante de jour dans les trois services de réanimation de Bichat, qui 
« a déjà accepté de faire des nuits, par solidarité avec ses collègues ». Elle déclare : « Faut pas se mentir, je l’ai aussi fait pour l’argent. Ils nous ont comme ça, avec l’appât du gain. A chaque fois, ils surenchérissent ».